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A l’heure ou certains de mes amis s’apprêtent à rendre un hommage à Jean-Louis Crousse, mais étant

moi-même empêché de m’y rendre, et pour ceux qui sont dans le même cas, il s’agit ici de partager un
petit texte de Jean-Louis :

Les funambules d’amour (Jean-Louis Crousse)

« On disait d’eux on les appelait les funambules d’amour toujours sur les places des villages au solstice de
l’été ils déroulaient une sorte de câble un gros fil dont ils ne se séparaient jamais et très attentifs ils
étudiaient la configuration des lieux les maisons les arbres et puis ils déployaient ce fil ce cordage
quelque part ils le tendaient entre deux arbres précisément et l’un de ceux-ci pour le temps de l’acrobatie
portait le nom de hasard et l’autre celui de nécessité. Puis tous accouraient recherchaient les coins
d’ombres et regardaient. L’église était pour la circonstance éclairée et de même toutes les maisons du
village. Seul restait lumineusement sombre l’espace qui séparait les deux danseurs de corde.

Alors partant chacun d’un de ces arbres ils se rejoignaient silencieusement lentement au centre de la place
au point central de ce fil et là au cœur de la nuit la plus courte ils s’embrassaient silencieusement
lentement et ensuite revenaient à reculons à leur point de départ.

On disait d’eux on les appelait les funambules d’amour. »

Forest, le 25 mars 1987

Ces funambules d’amour sont encore évoqués dans un très beau texte du « Voyage léger », toujours sur ce
fond de ces effleurements d’ailes, de la musique fragile qui nous rendait ce poète si cher

« et vous aussi, les (…) funambules qui vous embrassez en toute quiétude à cinquante mètre du sol –
asseyez-vous à mes côtés, ensemble nous guettons ce moment où s’arrête, et médite, et s’apprête, d’un air
fragile, on dirait, d’un coup d’ailes traversant le siècle une sorte de musique, de pensée, peut-être, au rebord
parfois désolé du monde »

Jen-Louis Crousse

C. cisèle ses incertitudes, ses questionnements et ses bifurcations jusqu’au plus profond des ombres et des
espérances. Il nous donne à entendre un sourire sur la vie et un chant sur le ténu. Son hésitante passion, son
frêle phrasé et sa malice font sourire les sens des mots, comme des dons qui accroissent et renouvellent nos
fugitives intuitions.

C’est aussi un David qui catapulte sa bonne graine dans l’œil d’un Goliath dont le grotesque pouvoir est
biffé à l’agenda de nos projets.

C., poète, comme anathème en sourdine, pour conspuer les pompes du spectaculaire.

Un « long hiver » traversé de multiples saisons, d’exploits de troubadour.

C. l’a intensément murmurée, sa cantilène.

Voyez-vous, il est dans l'air...

Robert Paul

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