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Les noms de l’Egypte en hébreu et leur étymologie Sa déja Cerit un certain nombre articles sur les noms de O isons, ‘Sasment bur Ton ou Toute doe nome eh hebrew). Mon propos est iei de donner une vue d’ensemble des problemes et de faire une mise au point. Ul convient d'aillours de rappe- ler dabord quels sont les noms de I'Egypte en égyptien et de dire un mot du gree Aiyraros Les Egyptiens appelaient leur pays Kim.f ele (pays) noire, que Von retrouve dans le copte KHMe. Cette désignation vient de Ia couleur de Ja owe qui recouvrait le fond de la vallée lorsque, aprés la erue, les eaux étaient retires, — par opposition 4 la couleur rouge du désert environ- nant (). Us utlisaient aussi les termes T'.0j «les deux pays, désignant 1a Haute et Ia Basse-Egypte, Tomrj, ele pays mj, dant la significa tion est inconnue, et méme, occasionnellement, Ldb.u sles deux rives (@u Nils. On remarquera que deux de ees noms sont des duels. Le nom gree Alyezros, dont dérive, par le latin Aegyptus, le nom de Egypte dans bon nombre de langues modernes, est généralement consi- ddéré comme une transposition de Pégyptien Hwi-ki-Pth «le ehateau du ka de Ptah», qui était le nom du temple de Memphis, puis, par exten- sion, de la ville de Memphis elle-méme @). Les Grees auraient done appliqué le nom de Memphis au pays entier. G. Lefebvre ajoute que, dans le mot éayptien, Ay était prononeé ku, comme on le voit par Ia transcription cunéiforme Hikuptah, et que cela explique dans le nom rec la voealisation de la deuxiéme syllabe -pu- (8). Cest au mot Aéytin- ‘wo: « égyptien » que remonte le terme «copte , par l'intermédiaire du mot arabe Qibt"”/Qub(! «coptes», qui avait perdu la premiere syliabe (1) On trouvera Ia plupart d'etre eux mentionnes, ches aqui suivent. @) A. Erwan et H. Ranke, La eolisation égyptienne, trad, de Ch. Maries, pt wy @) G. Leresvns, Grammaire de Véyptien clasign, p.6, 0. (8). @) G. Lereaene, loc. el. Cfe aussi Hexcr-Orro, Kleines Wrerbuch der Aeguplo- logic, s¥- Aaypten. in faisant, dans les notes 90 Les NOMS DE L'éGYPTE EN HERRED 4u terme gree). Clest sans nul doute au gree également, et toujours avec chute de la premiére syllabe, que se rattache un terme d’hebrew talmudique "VBS giphit ou ABA giphtt «égyptien s, ecoptes, fem. IPYBY giphtth, que Y'on trouve l'une ou l'autre fois). Dans trois pas- sages du Talmud ¢), il est question de livres hébreux teaduits en égyp- tien, traductions qui devaient exister au 2 siéele aprés J.-C. L. Blau pense que le terme giphtith designe Ia langue et lecriture coptes, mais A. Erman n'exelut pas la possbilité qu’'a cette époque il s'agisse de la langue et de Mécriture démotiques !). On se rappelera qu’avant la redé- couverte de la langue des higroglyphes, le copte, en Europe était appelé «égyptien +). A e6té d'un nom plus proprement sémitique, dont il sera question plus loin, le syriaque connell, lui aussi, pour désigner 'Egypte, tun terme qui vient également du gree: "aghibhfows, et qui peut d’ailleurs se préventer avec de légéres variantes Lhebreu biblique a désigné Egypte de plusieurs maniéres différen- tes. Le second fils de Noé s'appelle Cham (hébr. BIT fam). Crest un aneétre éponyme, pare de toute une série de peuples, dont les Egyp- tions). Exceptionnellement et tardivement, son nom intervient dans une périphrase qui désigne "Egypte, Le Ps.78,51 parle des tentes de Gham ; les Ps, 105,23.27 et 106,22 du pays de Cham, L’étymologie de ce nom est inconnue. Certains avaient eru pouvoir suggérer un rapproche~ ment avec le nom égyptien Kim.t(), mais le dictionnaire hébreu de W. Gesenius, rev par F. Buhl (17* éd., 1915), assure qu'l n'y a aucun rapport entre les deux mots. (1) On est un peu étonné de tire dans S.D.B., 2, col 759: + Le nom gree Ayu, fn lat Aegyptus, vient du terme of (se) néarox “les eoptes {@) M.Jasznow, A Dictionary ofthe Targumim, the Talmud Babli and Yerushalmé, and the Midrashie Literature, 1, p-241 ; Jacob Lewy, Worlerbich uber die Talmudin tind Midraschim, 1921, 1, p. 32 (@) Baraitha Sabbath 115 0; Megitia 18 0. (1) A. Enotes, Hebrsche Bacher in agyptscher Sprache und Self, dans 24S 38 (897, p. 10956. (6) M. Cowen, dang A. Mesuuer et M. Cone, Les langues du monde, 192%, p. 155. (6) Dont a ete tine Padjectif ychamitiques © Gn, 5.52; 6,10; 108. (8) Par ex J. Ponst, Hebritsches und chaldaisches Handwrterbuchdber das A.T., 1 408; D. 8, 1.2, p.515; Ba. Konic, Hebraisches und aramatsches Werlerbuck zum AT, pel 1 Severe muaraowiove Lorsque les Israélites se furent installés en Egypte, ils y séjournérent jusqu’’ 'exode sur un tervitoize que la Bible appelle« terre de Goshen» ‘ou simplement «Goshen (194 Gisen). Ce terme ne s'applique pas a Egypte entire. Sa localisation précise est incertaine, On situe sou- vent eette terre dans I'est du Delta et on T'dentifie fréquemment & la vallée du Wadi Tumilat. L’égyptologue Henti Brugsch eroyait avoir rotrouvé le nom Goshen en égyptin, parce qu'il Iai QuSeM le noi d'un district du XX* nome de la Basse-Egypte, Mais A. H. Gardiner proposa, pour le nom de ce district, une autre lecture: Ssm.t. D'autre pari, le livre de Josué mentionne, lors de la conquete de Cansan, une région qui s'appelle également Goshen (10,41; 11,16), et méme une ville du mame nom (15,51). On a done pu penser que les Israélites dési- {gusient ainsi, d'une maniere générale, une région frontive & Vorient du delta du Nil. Enfin, Z. Mayani, en rapprochant le nom de termes indo- iraniens, y voyait un emprunt qui se référait & "idée de « bétails. Tou- jours est-il que, jusqu'a présent, on n'a pas retrouve ce terme dans les sources égyptiennes @) Pour désigner la Haute-Fgypte, la Bible utilise le mot OPIN Path- 1s, mais cest un terme rare, puisqu‘l n'est employé que cing fois Quant aux habitants de la Haute-gypte, ils sont appelés POND Pathrusim@). Ine semble faire aucun doute que Pathros désigne la Haute-Egypte (*). Le mot parait bien venir de I'égyptien psty rsj «la terre du Suds. On le retrouve en accadien: Pastu-ri-su ou Pa-tu-i-si Isaie et Jérémie le citent en méme temps que Migrayim @): il ne faut done pas lui donner Je méme sens. En outre, dans Js., 11,11, il est ‘mentionné entre Migrayim et Kals, qui désigne I'Ethiopie, ou plus exac- tement la Nubie (eft Ed. Lipiishi, art. Kush, dans Diet. encyc. de ta B, p.723). Dans E., 29,14, le prophéte fait dize a Yahweh qu'il raménera (1) A. Cuawen, La Genise [= L. Pmor et A, Cuawen, La Sainte Bible, 1,1" partie) P.A71; J. Vencone, Jestph en Egypte, p. 183 svv.; R. Norv, The Land of Goshen, dans Archeo-Bitleal Egypt, p. 80-88; et LdA 1H, col. 7554... Gasen, o Von trou ‘vera d'autres référence, @) Is, 1M: Jer, 441.15; Be, 20,14; 30,14, En outze, Havevy, Journal Asia- sigue, 1892, p.371, et deutres proposent de le restituer, av lew de OB Paras la Perse, dans E., 27,10 et 385 @) ewe paceagee: in, 1014; 1 Che, 112. (Ba, Liressx, art. Pats, dans Dicliann. eneyelop. deta Bible (1987), p. 981, qul cite J. Lemmoviren, Pathres, dans BIE 35 (1025), p. 60-82, (6) Poor ee nom, eft plus loi, 2 les Figyptiens «dans le pays de Pathros, dans le pays de leur origine». 11 semble faire allusion & une ancienne tradition selon laquelle le berceau de Ia race égyptienne se serait situe en Haute-Egypte (). Dans quatre passages (*), le mot “HS Masér qui, par ailleurs, veut dire sinvestissements, «fortification», est généralement considéré comme une désignation poétique de I'fgypte. On peut cependant émettre quelques dontes. Lest en effet remarquable que, dans aucun de ces passages, mila version des Septante ni la Vulgate n'ont vu Egypte, mais ont interprété Masér comme un nom commun, traduisant, par exemple, par + (eaux) enfermées, gardées + ou «(willes) fortifiées». Dans Mickée, 7, 12, oi le mot apparait deux fois, Ia version des Septante traduit, la premire fois par af xédets aov af dirgal «tes villes fortes» la seconde fois par da Tigav «depuis Tyr9, ce qui sugutre de corriger Mayor (W982) en missir C133) ou meme en missér (HED). D'apres le Dictionnaire de ta Bible(), c'est par erreur que les anciennes versions ont pris Masér pour un nom commun. Bien que les anciens Egyptiens Waient jamais désigné leur pays par ce nom, on peut admettre, dit, qu'il vient ede ce que la route dAsie en Egypte était détendue par des forteressess. Dans les fleuves mentionnés par ces passages, G. Gesenius voyait les bras du Delta et il en concluait que Masér devait désigner Ia Basse-Feypte ('). Le mot Masér présente une ressemblance et peut-étre tune parenté étymologique avec le nom dont il va tre question mainte- want et qui, dans la Bible, désigne le plus souvent I’Bgypte. Ce pourrait, ttre, éventuellement, un argument supplémentaire pour voir dans Ma sr un nom propre, ‘Le nom qui désigne habituellement Egypte dans la Bible est DIED Misrayim, avee une terminaison, au moins apparente, de duc. 11 est extrémement fréquent (680 fois). En général, il s‘applique a TRgypte entigre, Dans Is. 11,11; Jer., 44,15 et Es., 90,18sv., on le traduit par Basse-Egypte, parce qu'il est employé en méme temps que Pathrds; (2). Fons, ep.elly M, p.252, @) DR, 19.24; Ie, 1983 97.253 Mich, 712 @ F. Vicounovx, D. B., 8%. Malsor (IV, col, 8685v.). (@ @ Gransios, Thesonris linguae brace lchaldaeas V-T.,,p- 815, A propoe eT Egypte, tere fortifice, i rappele une étymologiesanserite qui svait été proposte pour Afjertac: dguplas«Tortiiées. Pour le sens de Basee-Eaypte, volr auss! Ea. Lanctsas, art. Murur, dans Diaionn. encyl deta Bible, p.873, 93 BGYPTE PHARAONIQUE mais ceei ne peut étre tenu pour une preuve absolue (). Le mot peut ‘signer le pays, mais aussi le peuple(*). Le gentilice est "3D Misrt égyptiens, plur. Misrim. Ce nom parait commun & toutes ou, en tout eas, & presque toutes les langues sémitiques. On trouve: Msrm en ougaritique Misr, Migr et ‘Missari dans les textes d’ELAmarna; Mugur et Musré dans les inserip- tions assyricumes des 8 et 7 siteles, Migir en wévbubylouten gen et phénicien; Msrym en vieil-araméen; Mesrén en syriaque: Migr en arabe. En phénicien, en araméen et en syriaque, le mot pourrait étre un duel, mais ce n'est pas certain, On retroave le mot en vieux-perse: ‘Mudrdja(@). Il en existe des transcriptions greeques, par exemple Méoron chez Flavius Josophe (Ant, 1, 6, 2), Méoga chez Stéphane de Byzance. Enfin, eest le terme qui sert & désigner "Egypte en hebrew moderne Abstraction faite du probléme posé par Ia Lerminaison -ayim, quelle pourrait étre Nétymologie du nom Misrayim? On en a proposé un cer- ‘ain nombre, souvent dailleurssujettes & caution, dont voici quelques échantillons. Tl y a @abord des rapprochements avec 'hébrea lul- rméme. On devait foreément songer tout d'abord & Masér, qui en aurait en quelque sorte Ie singulior(), Faudrait-i, alors, rattacher le mot & une racine SWR ou SRR slier ensemble» ou NSR egarder , xproté- sere? Dans ce cas, Egypte auruit été une ¢terze fortiige +), On se souvient que, dans 2 R, 19,24, la Vulgate rend Masér par aguas clausas ‘des eaux enferméss», Cette traduetion a peut-tre fait penser i 98 insar lieu étroit (rae. SRR). Toujours estil que, pour Naville, le mot (1) Dans quelques pessages (notamment 1 R, 10,28; 2.R, 71852 Chr 18s), le om Misrayim parts appliquer assez mal A Egypte. Certains se sont done deman= des sice terme ne pouvait pas designer quelquefos une autre contré, en Arabic, 08 en Cllele (Mugu?) on encore si ne fallait pas, dans ces passages, corigr le texte Clr L. Koren ot W. Bacxoareven, Hebraishes und aramsches Lexikon =u A T., 8 bd. € fase.) 501 et les commentaires de 1, Pier et A. Ceamen, La Salle Bible, aux passages cites. @) P. ex. Gry 45,2, ee G) Cle les dctionnsres hébreux, dei ites, de W. Gusestes de L. Koran et W. Bauwaarrver. Clr aussi RINGOREN, dans Theologisehes Warterbiek zum AT, 4 (0981, co. 1101 () Ge Rasece, lo. (©) Cast la sone qua donualt & Mayor Hoouane, Dhalig, 4 2, cits par Geessive, ‘Theenuras, p-815, On ne manque évidemment pas de rappeer ce que disait Diodore fe Sele, 1,31: 5 Afporros navrayétey guouds logigarar «L'Pagypte est naturelle ment fortfde de tous cots, om Les NOMS DE L'GYPTE EN HEBREW Misrayim se réfore & des eaux enfermées dans des fossés et par des ‘murs @). Moins probable encore est "hypathése de M. Fraenkel, qui met Je mot en relation avee mafar« pluie 2). Certains se sont laisséinspirer par V'arabe, oi Mise” désigne Egypte, mais of al-Misr" designe ta Ville (par excellence). On aurait alors dans Miseayim une évolution sémantique analogue a celle que Yon a dans le nom gree Atjeato: twits de ville (peuL-Ure celle de Plah) employe pour le pays). Mais le mot mig!” peut aussi signifier une terre rouge, et Yon aurait alors une allusion @ la couleur bronzée des Egyptiens (8). On ne pouvait rmanquer de faire des incursions, méme fantaisistes, du cbté de l'égyp- tien ou du copte. Flavius Joséphe, Ant, 1, 6,2, pensait déja que le nom (éorgy) avait une origine égyptienne: "Erygyy 88 nai Mecroalos # avi vip ng0onyogiay wsun «oly vig Atyuzroy Mécrony xai Mectoaions 1oig Alyenriovs darres of vainy xaiotyer «Les Mesréens ont conservé leur souvenir vivant dans leur nom, car nous tous, ceux dei, nous appelons Egypte Mesrée et les Egyptiens Mesréens». S. Reinisch croyait retrouver dans le nom sémitique de Egypte les deux syllabes mes eengendrer® et Ra esoleil» ). W. Spiegelberg rapproche la racine SWR, SRR de Masir dune racine égyptienne gr + comprimers, ¢étreindre, dont on tire, dit-il, avec le préfixe bien conn m, le nom imdr «ce qui entoure, ele murs, qui correspond exactement & Madr). Enfin, ily a déja longtemps que lon a pense aussi au copte meTO’ PO ‘royaume (). Dans le domaine sémitique, les rapprochement les plus plausibles pourraient encore bien se trouver du e6té de l'accadien, Pour -Magir on a pensé & massartu e garde », «garnison »() ot pour Misrayim, (0) Naviite, ete par. K. Cuwse, dans Bnepeopedia Biblia, 3 (1902), col. 3162. (2) Dans Bublische Zeitschrift, N. Fy 5 (1961), p.86, ete par Ruxoansn, lr (8) Cir L. Koencen et W. Bavwosterwen, Lesleon in Veer Teslamenti Libros, 558. (©) J. Fonsr, opell, I, p. 778 (6) S. Renwisen, Ober die Namen Agyptens bei den Semilon und Grieshen, Eine Aistrisehetymologische Untesucturg, dans Sitzungsber. der philos-histor. Clase der aise. Aad. der Wise, 30 (1858), 7.38 (6) W. Souaeineno, Hn neuer Vorsehlag ur Erkléung von BY, dans RT 2t (0899), p. 89s @) Wam, Abdallati’s Denkwirdighiten Agyptens aus dem Arabischen dberslt 1-20, ots par S. Reseon, ops o, pr BB, Gantnnee, Thesaurus, p-816, meationne ‘galement cette etymologe. (8) W. Gesenrus, Hebe. ram. Handwie, p. 459; L, Korwen et W. Batwa ven, Heb u. aram. Lez, 6d. (fase), p.580. 95 SGYPTE PHARAONIQUE 4 migru « frontiére» ow eterritoire»(), d’autant plus que Varaméen mis- ra signitie + frontiéree également et que arabe mise” peut avoir ce sens aussi, Dans ce eas, Egypte serait le pays qui est & la frontiére, ou tout simplement le territoire. 11 faut bien reeonnaitre cependant quau- cone de ees étymologies n'a jamais fait Punanimité. Les plus plausibles sont controversées. Teste alors le probléme, trés discuté, lui aussi, posé par Ia termine -ayim, S‘agit-il, dans le mot Misrayim, d'un véritable duel? Ul existe, en hébreu, vingt-sept noms de liewx affectés de Ia terminaison -ayim. Les anciens, dont Popinion remonte & l'exégése rabbinique, les considé- raient comme des ducls. Puis cette idée a été battue en bréche, 4 partir ‘de Wellhausen, semble-til, qui voyait dans ~ayim une terminaison loca- tive et qui a été largement suivi. Pour les tenants de cette théorie, Misrayim n'est pas un duel). Jai moi-méme publié une petite étude sur ces toponymes, oii je erois avoir montré que ces noms ne devaient pas nécessairement s'expliquer tous de la méme maniére et que certains entre eux, Misrayim par exemple, pouvaient trés bien tre des duels @). Cependant, méme si Misrayim est un duel, plusieurs interpré= tations restent encore possibles. Si le mot signfie «tersitoire » ow «royaume , son duel voudrait dire le «double territoire » ou le «double royaume , par référence & la Haute eta la Basse-Egypte (1). L'égyptien Tra} serait un argument en faveur de cette interprétation. Si le mot signifie «frontiére>, il ne faudrait pas s'étonner qu'il soit affecté d'un ‘indice de dualité», puisqu'll inclut un concept double, une frontiére délimitant deux régions @). D'autre part, si, comme l'avait vu Gese- 1s, le mot Masdr avait d'abord désigne Ia Basse-Egypte, puis avait (1) L. Koenuen et W. Bacwaanrsn, ope, p. 5 (2) On trouvera des riféronees dans T. K. Cuzrse, Encyclopedia Bitliea, I, col 3161 et dans Browy-Duiven-Braces, A Hebrew and English Leviin ofthe OT. (Oxford, 1972) @) Ch. Fowrinoy, Les noms de lier en -ayim dans Ja Bible, dans UgaritFor schungen, 8 (1971), p. S840. (4) Tnterprétation es frequente, Deli chez W. vow Heawornr, Ueber den Duatis, dans Abhondl, der kénigl. Aad. der Wiss. su Balin, 1880, p.175, u1 (trade, fran, pair P. Cavssar: W, vow Henman, Inirad, d auore sur le Kani e autres essai, PAL, nea); F. E, Kose, Historokrit, Lehoge. dr heb. Spracke, 1, 2, §257 a: F. Boner, 0 Ribs (Pliads), 1, p a {6) On trouve dans plusieurs langues des mots qu, sans désigner deux choses, sat an duel parce quis faclent un concept double (6) Gesests, Thesaurus, p- 815, 96 LES Noms DE L'EGYPTE EN néBREL {1€ mis au duel pour exprimer la Haute et la Basse-Egypte, ce serait un duel elliptique, comme quand on dit ¢le Royaume des Deux Siciles» pour Naples et Ia Sicile. Le fait que l'on trouve parfois réunis les deux mots Misrayim et Pathrés, ce qui devrait se comprendre: «les deux Egyptes (la Haute et la Basse) ef In Haute-Pgypte, ne peut constituer tune objection contre un éventuel duel eliptique, ear celui-ci eonnait, pasfois des ehungissements de ve type). 11 y a ailleurs eu Cuutres ianires de voir dans Miseayim un duel elliptique: pour F. Hommel, le nom (= les deux Misr) faisait référence a "Egypte proprement dite (Mise) + V'Arabie du Nord-Ouest (Musur) @). Et pour Bauer et Lean- der, le mot pourrait représenter Egypte et la Nubie@). Par ailleurs, dans la premigre édition de sa grammaire hébratque (@), Gesenius avait envisagé la possbilité que le nom représente I'Pgypte a gauche et & droite du Nil, — une hypothése qui fait penser a l’égyptien Ld. eles deux rives (du Nil). On a aussi cherché & justifier le duel par le fait que \aypte était protégée par une double chaine de montagnes,une chaine arabe Est, une chaine libyenne & POuest @), ou par une double forti- fication ), mais c'est beaucoup plus douteux. Si Mésrayim est un duel, — ce qui n'est pas certain, — Vinterprétation la plus raisonnable est certainement dy voir la Haute et la Basse-lgypte Charles Foxrusoy (1 En vedique, le duel elleptique Mite (~ Mitra et Varupa) peut tee suis abun singulier complémentaire: Mitra .. Varuyo a @ F. Howser, Bttrologie urd Geographic des allen Orients,p. 1, @) H. Bavnw a. P. Leanoen, Hist Gramm. der hebr. Spr des A. T., § 08 @ W. Gesexwes, Lehrged. der hee. Spr, 530 (@) A. Kronen, Die Volkertaf, p.273sv (6) G. Evens, Aegyplen und die Bacher Moses, 1, p. 85-00 7

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