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Maths en ru CEN aes i La renaissance de la pensée'grecque a 7 feyrévolution( Muti % or < PSU Earl eile ale pavages... | Les trajectoires, de Buridan a Jules Verne mail gst GAG Comment tirer un coup franc Hii La cryptographie aussi a Phonneur Le prix du ministére a par ailleurs récompensé des recherches en lien avec la eryptographie menées par Antonio Acin, professeur i PInstitut catalan de recherche, en Espagne, Stéphane Pironio, chercheur qualifié du Fonds de la recherche scientifique a Université libre de Bruxelles (OLB), et Serge Massar, directeur de recherche du Fonds de la recherche scientifique a "ULB. Un rbot & trois spires capable de se déplacer dns un pan A cause de ia symetrie ale de cet objet, se un mouvement le long de Psxe du nageur est ven. tuellement possible. On peut repérersa position parla coordonnée cd centre dela sphere centrale Te long de I'axe de symétrie, a forme de objet éeant, quant elle, competementcaractriée par Teslongueurs et des deux bras, Le probleme de Janege peut se formuler de la fagon suivante: est. cncapabled'effecter une brass (un changement de forme pend untemps apts lquelon etonve Ja forme initile) qui induise un changement d= poston ((0 ex liferen de (1))? Poa épondre Ala question il fut comprendre comment a posi tion du nageur olue lrsqu'il change de forme Lanai des equations de Stokes reliant force et. vitesse induit une relation linéaire ete es chan ements de position et les changements de formes a type = s)he fs) dans aque ls fonctions f, ef, ne sont pas explicits (en particu- lier, le fait que le fluide soit modisé par les équa- tions de Stokes et pas par n'importe quelle équation linéaire intervient) mais dépendent dela forme de objet donnée par (i, :). Si 'on ne bouge qu'un seul bras, autre estan fixe, 'équation précédente se simplifie et prend la forme $- 4(;), qui se résout en ¢ = F;(l,), ob F, est une primitive de f, On trouve alors que.¢est une fonction de la ton- ‘gueur du bras que I'on bouge,et si l'on bouze pério- diquement j,i en sera de méme pour c. Le robot ‘etourne périodiquement son point de départet ne peut avancer. On retrouve ainsi le théoréme de la Coquille Saint-Jacques et la nécessité d’avoir deux moyens de contre. De méme, dans le cas des deux contrdles,on s‘aper goit facitement que s'il existe une fonction G telle ave t)- 22 ot de Gil, ) dune constante. Une déformation pério- dique conduit alors encore un déplacement pério- digue du robot. Une condition sfisante et ocalemen néeessaire pour ne pas avoir une tlle fonction G est que %1,1}-2i(4}40 Cette elation nest pas facile & établir puisque les fonctions f, etf; ne sont pas explicites ! Des arguments techniques mon- trent néanmoins qu’elle est vraie. Par conséquent, le nageur de Najafi et Golestanian peut effective- ment nager & faible nombre de Reynolds. Ce type d’argument est & la base de la théotie du controle (théorie qui permet ’étudier les systémes ‘qui dépendent de « contrdles » lasses au libre choix de Iutlisateur, comme ici les longueurs jet, des bras). On peut ensuite chercher la manitre d'ac- tionner les contriles de fagon &optimiser un ertére supplémentaire (comme ici minimiser l’énergie mécanique que doit fourir le robot pour pousser le liquide pour un méme déplacement), C'est le domaine de la théorie du contréle optimal, qui per- ‘met en particulier de caleuler (numériquement) la fagon optimale de faire les brassées pour le robot a trois sphéres (voir la figure ci-dessous). ‘© Lia Ha, SSA Course ene tos « nageurs » de type Najaf et Golestanian Celui du premier plan est congu pour ale lo plus vite possitle avec la méme énergie de brassée que les autres, Cos travaux initiés en 2008 ont de nombreuses extensions. On peut étudier des mécanismes pos- ‘dant plus de deux contrées (qui autorisent des mou: vements plus complexes = translations et rotations dans le plan ou Iespace). Un exemple est montré ci-contre avec un robot & trois sphéres, dont les bras disposés & 120° les uns des autres sont sus. ceptibles de s"allonger ou de se rétrécir (d’od trois contrdles). Les mouvements réalisables par ce robot sont toutes les translations horizontales et toutes les rotations planaires. Le lecteur est invité & se rendre & l'adresse www.emap.polytechnique.fi/ ~alouges/nage-php pour de plus amples précisions. Du point de vue des applications, il faudra étudier des situations plus réalistes comme des assemblées de nageurs (pour pouvoir comprendre la locomo- tion de groupes de bactéries afin, par exemple, de les aider & se développer, ou au contraire les frei ner), Vinfluence des bords sur le domaine fluide (atractifs ou répulsifs pour le nageur).., La com- préhension de toutes ces questions associée au pro: arts de la technologie fourniront peut-tte les outils chirurgicaux de demain, O-RA. DOSSIER De I'héritage aux mathématiques nouvelles ‘Abu al-Wafa, I'ami des tangentes = — Averroés, commentateur d'Aristote De la science a l'art Uastolae : un oyau mathématique La multiplication d'autrefois... Uinfini, une question de taille © 6000 es pays arabes sont aujourd'hui l confrontés § une révolte contre des entats qui les ont souvent laissés dans un état de sous-développement économique et intellectuel. Il n'est pas inutile de rappeler qu'il y 2 quelques siécles, les savants arabes, en redécouvrant, exploitant et enrichissant les découvertes mathématiques des Grecs anciens, ont permis a Occident dinverser le cours de la décadence scientifique qui était la sienne, Nous vous proposons de partager une réflexion parfois méconnue de ces savants autour de I'exploitation de "espace : en géographie, en astronomie, en géométrie ou dans l'art. a tangente 13 ae ee uaatecome ‘De l'héeritage + aux mathématiques nouvelles + Héritiers des Grecs, mais aussi des Indiens, les mathé- ‘maticiens arabes ont développé des théories nouvelles qu’ leur tour ils ont transmises & V’Occident dans la seconde moitié du Moyen Age. C'est le cas de I’algébre et de la manipulation des nombres arabes, grace notamment 4 al-Khwarizmi. Dans ce dossier, ‘nous entendrons par « mathémasiques arabes » {a production marhéma- tique qui s'est exprimée en Tangue arabe, de la fin de ur siete jusqu'au début du xx sidcte et, par exten- sion, la production mathé- ‘matique qui s'est exprimée, @ partir de la fin du xf sigcle et indépendamment dorigines etlniques ou linguistiques, en persan, en hébreu et parfois en latin. Lempereur 19 14 tangente tien. v début du vif sidele de notre ére, la Ase srecque s'étiole, Aucun grand mathématicien n'est appara. depuis Diophante. Cependant, des centres culturels existent, retransmettant des connaissances teintées de philosophie. Le coup de grice vient alors de la fermeture, en 529, par Mempereur Justinien, de Académie, fondée par Platon. Le souverain byzantin ne pouvait toléret ce foyer de paganisme dans son empire devenu chrétien. De nombreux penseurs comme Simplicius préferent s'exiler. Certains philo- sophies, installés en Asie mineure, combattus ‘comme hérétiques car professant le nestoria- nisme (branche dissidente du christianisme), doivent eux aussi quitter Empire byzantin, + Lexil chez les Sassanides Les uns et les autres se retrouvent dans des terres que les Arabes devaient conquérit un sigcle plus tard. Contrairement a une eroyance répandue, ce territoire n’était pas dépourvu de centres culturels. influence grocque se faisait encore sentir, comme a Alexandrie ou a Antioche, D’autres centres se développent, & fermer Justinien _ fait lAcadémie fondée par Platon, foyer de paganisme dans un empire devenu chré. Nisibe (actuelle Nusaybin, dans le sud-est de la Turquie actuelle) pnis a Edesse dans des écoles religicuses out s’enseigne, en syriaque, la théoto- gie chrétienne orientale. Surtout, le souverain sas- sanide Khosro 1" (connu en Occident sous le nom de Chosrots) est soucieux de développer la cult re. Il accucille ces réfugiés dans I’Académie de Gungishapur,situge dans Pest de P'Iran actuel. 1 fait traduire en peblevi, 'ancétre du persan, de nombreux ouvrages des T'arrivée de_penseurs srees ou syriagues Aprés la conguéte du Proche-Orient par les Arabes, Ia dynastie régnante, les Omeyyades, sinstalle & Damas. On perd de vue pendant plus ‘'un siele evolution de la vie intellectuelle dans es contrées. A cette époque, quelques biblio- th&ques privées se sont consttuées, en particulier sous le régne d’al-Walid 1 (de 705 & 715). Faisant chuter les Omeyyades, le califat abbasside sinstalle & Bagdad et, aprés un demi-sigcle trou- Dig, il privilege les sciences et Les lettres, invention de la numérotation de positon, celle que nous atiisons de nos jours, avec I'utlisation 59 Héritiers des Grecs, histoires ‘De I'héritage aux mathématiques nouvelles mais aussi des Indiens, les mathé- maticiens arabes ont développé des théories nouvelles qu’a leur tour ils ont transmises a I’Occident dans la seconde moitié du Moyen Age. C'est le cas de l’algébre et de la manipulation des nombres arabes, grace notamment 4 al-Khwarizmi. Dans ce dossier, nous entendrons par « mathémariques arabes » la production mathéma- rique qui s'est exprimée en langue arabe, de la fin du uf siécte jusquiau début dd xix sicle et, par exten sion, la production mathé- ‘matique qui set exprimée, 4 partir de ta fin du xf sigele et indépendamment dorigines ethniques ou linguistiques, en persan, en hébreu et parfois en tauin Llempereur tien. us début du vi siete de notre ére, la A ence grecque s’étiole. Aucun grand mathématicien n'est apparu depuis, Diophante. Cependant, des centres culturels existent, retransmettant des connaissances teintées de philosophic. Le coup de grace vient alors de la fermeture, en $29, par lempereur Justinien, de I'Académie, fondée par Platon. Le souverain byzantin ne pouvait tolérer ce foyer de paganisme dans son empire devenu chrétien. De nombreux penseurs comme Simplicius préférent s'exiler. Certains philo- sophes, installés en Asie mincure, combattus comme hérétiques car professant le nestoria- nisme (branche dissidente du christianisme), doivent eux aussi quitter I'Empire byzantin. + L’exil chez les Sassanides Les uns et les autres se retrouvent dans des terres que les Arabes devaient conquérir un sigcle plus tard. Contrairement a une eroyance répandue, ce territoire n'était pas dépourvu de centres culturels. Linfluence greeque se faisait encore sentir, comme & Alexandric ou Antioche, D’autres centres se développent, & fait Justinien fermer UAcadémie fondée par Platon, foyer de paganisme dans un empire devenu chré- Nisibe (actuelle Nusaybin, dans le sud-est do la Turquie actuelle) puis a Edesse dans des écoles religieuses ob s'enseigne, en syriague, la théolo- gic chrétienne orientale. Surtou, le souverain sas- sanide Khosre I* (connu en Occident sous le nom de Chosroés) est soucieux de développer lacultu- re, Il aceueille ces réfugiés dans I’Académie de Gundishapur,située dans Vest de Iran actuel. fait traduire en peblevi, Pancétre du persan, de nombreux ouvrages dés T'arrivée de penseurs grees ou syriggues Aprés Ja conquéte du Proche-Orient par les Arabes, la dynastie régnante, les Omeyyades, s"installe & Damas. On perdi de vue pendant plus un siéle I évolution de lave intellectuelle dans 2s contrées. A cette époque, quelques biblio- théques privées se sont constituées, en particulier sous le régne d’al-Walid 1 (de 708 a 715). Faisant chuter les Omeyyades, le caifat abbasside sinstalle & Bagdad et, aprés un demi-siéeletrou- big il privilégie les seiences et ls lettres. invention de la numérotation de position, celle ‘que nous uilisons de nos jours, avec utilisation du 0 pour noter une absence de valeur, apparatt en Inde vers le vi ou vu siécle de notre éxe. Vers 770, un héte indien de marque offre au Calife un ouvrage (indien) expliquant cette nouvelle nota- tion des nombres. Sous le régne d’Haroun ar- Rashid (de 786 a 809), mais surtout sous celui de son fils al-Mamoun (de 809 & 833), les philo- sophes et les savants sont aidés et encouragés. Ce dernier erée la Maison de la sagesse (al bayt al Hikhma), s'inspirant de l'Académie de Gundishapur qu'il vient de fermer. Ce lieu de ren- contre de savants était composé d'un observatoire astronomique et d'une bibliotheque scientifique. De nombreuses traductions de textes grees, mais ‘aussi indiens, sont effectuées, ce qui permet d’en cconserver certains, dont aucun exemplaire origi- rel ne nous soit parvenu directement. Parmi ces ‘raductions, deux ouvrages émergent et exercent une grande fascination : les Eléments d’Euelide et PAlmageste de Ptokémée. Ce demier nous est ailleurs conau par son nom arabe + Des mathématiques nouvelles Des mathématiques nowvelles peuvent alors se developper. Parmi les mathématiciens tavaillant 4 Bagdad & cette époque, Mohammed al- Kharizmi (vers 753 ; vers 850), originaire du Kharezm en Asio centrale, est cetainement fe plus conmu, Dans son premier ouvrage, Kitab al Jab, il présente une théorie complete des équ tions du second degré. Contrairement aux Grecs, il donne des méthodes effectives de résolution Comme les Indiens avant Iu, it désigne Iincon- rue par le mot jidr,signifiant racine, car comme celle de l'arbre, elle nous est cachée et le but est de Vexteaire Cependant, al-Khwarizmi est surtout céldbre grace & son second ouvrage, De numero indorum, qui nous est parvenu par sa traduction latine datant du x sidcle. ly explique comment addi- tionner et multiplier les nombres indiens nouwvel- lement introduits. Il est le premier développer des techniques mathématiques nouvelles. Son ceuvte n'est pas tellement novatrice mais elle ale grand mérite d'éte Mhéritiée des mathématiques sgrecques et indienne, tout en étant le premier pas en avant des mathématiques arabes, importance d’al-Khvwarizmi est surtout du @ impact de ses ouvrages en Cccident, et & leur influence pour faire connaitre et adopter la numérota- tion de position et les chifres dts arabes que nous utilisons de nos jours Vivant deux sigoles plus tard, Muhammed al-Biruni (073-1048) établi i aussi un lien entre inde et le LES MATHEMATIQUES ARABES monde arabe. TI voyage en Inde vers 1020 et y étudie la culture avec un regard trés scientifique. On trouve, dans son ouvrage Tarikh al- Hind (Histoite de Inde), le meilleur compte-rendu que nous possédions des mathé- matiques indiennes. 1 cexplique, lui aussi, la numé- ration de position et son maniement ; il commente ‘ou protonge des résultats donnés par Brahmagupta, en patticulier sur les poly- ‘gones. A la fin du 1x sigele, Bagdad est moins propice au développement des sciences. Le calife et Ia hig rarchie religieuse condam- nent la rationalité dans la compréhension divine et renoncent & soutenir les initiatives scientifiques. Cependant, pendant cing siécles environ, des savants de langue arabe feront progresser les ‘mathématiques. Thabit ibn Qurra (836-901) cal- cule des aires de portions de paraboles et se pas- sionne pour les nombres amicaux (deux nombres tels que la somme des diviseurs stricts de Pun est gale a Pautre, et vice versa, comme 220 et 284, sont qualifiés damicaux), Abou al-Wafa (940-vers 998) explore la trigonométrie et donne des tables des sinus extrémement précises, Al- Haytham (965-1039) s"intéresse ai des propristés _géométriques, souvent inspirées de problémes liés a optique. En algébre, al-Karkhi (vers 953 ; vers 1029), demier grand mathématicien de Bagdad nom ale Karaji), étudie des (aussi le AI erbert aura spiveste 11) ete demon ‘usration datat de 1460, Np vriiedle B i alles DLC begs ‘Cune écise de lune par a-Brui, _éthodes de recherches de racines carrées et s'in- téresse a des résolutions d”équations de degré 3 ou 4, sans toutefois en donner une méthode générale ‘Omar Khayyam (1048- vers 1123), podte ses heures ot pétri des éerits d’Euclide, tente de don- ner des solutions géométriques & de telles équa- tions. Charaf at-Tousi cherche lui aussi résoudre des équations du troisiéme degré, Dans son ouvra- ge Mifiah al-hisab (clé de Varithmétique), Jemshid al-Kashi manie des fractions décimales, intéresse aux proprétés des triangles et caleule ‘x avec seize décimales. Il est le demier grand rmathématicien de langue arabe. A sa mort (vers 1430), MOceident est pret a prendre larelbve. + De I'Orient vers 'Occident Les conditions de la transmission des connais- sances mathématiques vers ’Occident ne sont pas parfaitement établies. II parait certains cependant que V'installation des Arabes en Espagne en soit le principal canal. De nombreux ouvrages. mathématiques furent éerits au temps de la splendeur du califat de Cordoue, Certain letrés, connaissant larabe, ont consulté ces couvrages et ont parla suite eux-mémes parfois écrit des livres en latin, Gerbert Aurillac, le pape de Ian mil (sous le nom Sylvestre II), en est un exemple. Aprés un voyage on Espagne, il se familiarise avec la culture musulmane, On tui doit sans doute la premitre introduction en France des chiffres arabes, ceux que novs utilisons de nos Jours, Deux siécles plus tard, Léonard de Pise (1180-1250), conn sous le DE L'HERITAGE AUX MATHEMATIQUES NOUVELLES ‘nom de Fibonacci, suivra son pére en Afrique du Nord, oi il s‘initicra aux mathématiques. A son retour en Italie, il exposera ses connaissances dans Liber abaci en 1202. Ce livre, dans lequel Fibonacci explique des résolutions d’équations de degré 1 et 2 ot divers problémes de géométrie quill résout par des méthodes inspirées des ‘Arabes, obtiendra un grand succes ‘Au x0f sicle apparaissent les premigres traduc- tions en latin des textes arabes. Elles sont dues & Robert de Chester, mais surtout & Gérard de ‘Crémone, qui, ayant appris arabe a Cordoue, tra- duit des textes d'al-Khwarizmi et de Thabit ibn Qua. On voit ainsi poindre Iattrait de nos pays pour ces mathématiques nouvelles. Puis aux xi* ct xirFsigcles, principalement en Italie, fleurissent de nombreux ouvrages dont le but est d'inculguer les chiffres arabes & ceux qui ont besoin de calou- ler vite et avee précision. Ils sont souvent rédigés cn langue vernaculaire, et non en fatin, Pourquoi cn Italie ? Il se trouve que Pise, Venise et Génes entretiennent alors un commerce important avec Orient, En France et en Angleterre, la Grande Peste et la guerre de Cent Ans ont décimé la popu- lation, tandis que les universités prolongent un enseignement rigide et inapte & evolution. I faut attendre le remarquable ouvrage de Nicolas Chuquet (vers 1450 ; vers 1488), THiparty en la science des nombres, pour avoir, en frangais, une explication de cette nouvelle discipline appelée algdbre », nom ti du ttre d’un ouvrage d’al- Khwarizmi Lors de Pirésistible développement des sciences au sigcle suivant, on cherchera a minimiser U'ap- port des Arabes aux mathématiques, préférant rechercher heritage gréco-latin plus conforme a la continuité de notre culture, On redécouvre de ros jours son importance dans le développement de Talgebre, usage des nombres arabes et la transmission d'une partie des textes anciens. oO BH. Compter en arabe : La langue arabe est classe, comme I’hébreu, dans es langues sémitiques. Ell écrit de droite & gauche. La langue classique est és codifige et son usage est souvent dédié usage religieux de islam. La langue parle es erent d'un pays autre au point que, par exemple, un Syrien pine & comprencre le dia- lecte marocain. La langue classique a pour objet principal Ia lecture du Coran, Cependant, une langue calquée sur elle, mais de grammeire légbrement simplifée fait office de langue de culture véhiculée en paniculier pac les jonraux et Ia télévision, La prononciation de arabe est difficile pour un francophone car de nombreux sons gutturaux exis tent pas en francais, ni dans aucune langue européenne. Les voyelles bréves (« a», « i» et « ou ») ne sont pas notées; elles servent I'rtcultion et sont parfois dfféremment prononcées d'un dialecte& autre. 1 existe trois voyelles longues, qui sont « a», «i» patois correspondant au «y » de « yaourt», et « ou» qui désigne aussi le« w » anglais, Ce qui importe, c'est a racine du mot: ainsi kita, livre, est composé de « kb ». On retrouve ces trois lettres dans de nombreux mots de méme famille. Le mot sifr quia donne en frangais« chiffre » &t « zéro», est composé de sf. Nos chiftes, souvent appelés arabes, ne sont uilisés qu'en Afrique du Nord. L’Egypte et le Proche- Orient utlsent une autre écrture. Nous vous présenton ei les nombres de 110. Pour transcription, Je « w» se prononce comme en anglais, le «h » dans wahed est une expiration forte venue du fond di gosier, le « kh » correspond @ la jta espagnole (ou le « ch » allemand de Bach), apostrophe note le «<‘ayn », émission de voix obtenue en serran le larynx, le «> note le « th» anglais de thin mais pro- noneé « t» dans la plupart des dialetes. Notons aussi qu’en Algérie 2se dit zoudj Occident I 2 3 4 5 6 ? 8 9 10 Orient y Y r rf ° x ¥ A q ye Prononciation | wahed | (i)tnen |t(a)lata| arba’a | khamsa | sitta | sab’a |t(a)mania| tis’a | ‘achra Ente 11 et 9, les unités vennent avant les dzsnes. Ain 18 se dit Ltamsaachra Mia comespond & 100, et alfa 1000 Chiffre d’algorisme i — ewoling sae, Les mathématiciens indiens introduisent le 2éro vers le vie siecle et le nomme sunya, Crestedire « vide ». Les mathématiciens arabes, qui 'empruntent au 1° sigele, le ra: | open duisent par sf de méme sens. Ce terme es latnisé dans Tes textes oeedenau de Ia | Bitte iesihe: jes tape dsbeahs Spee Msplahaleliensavsy Sith tah finv Moyen Age en cif, souvent prononc€ a 'talienne tifa; francis i evient chr. A Yépoque, waiter quelqu'un de « chive algorsme » signifat qu'on le pre nat pour un aul. AZgorisme était une déformation du nom du mathématiclen arabe al- Khvvarizmi, dont Pouvzage, seulement connu dans sa traduction latine De numero indorum, avi difsé en Oceident cet nouvelle maniere de compter E | Mth 5 OYeM Ls Peetu. oSEoG falda cre ais ve anil Baldo cretlnliN Gale jae Enitalion oi 'on répugne & prononcer deux consonnes consécutives, cif ses'esttrans- | PIG Ns formé en zefiro, qui devient zéro dans nove langue. Comme tous les chiffes arabes es étaient nouveaux a l'époque, une confusion s'instaura et le mot chiffre se mit & désigner ds lors tous ces nouveaux symboles, le terme zéro conservant son sens origin. la Pour rsoudre equation 1? + 10x= 99, a-Khwarigmi compiate le carré de longuour xen ajoutant ‘uatre rectangles de longueur 51/2. La surface totale vaut @ + 10x, soit 38, Enajovtant ia surtace des quatre coin, obtint 64, Or le cBté du grand caré est x + 8,00 x= 3. leh | ype” ebad sare iioliids | Be sea debi lees ST miso wwe tongente 17 histoires l'ami des tangentes + ‘Abu al-Wafa était un immense astronome et mathématicien. Parmi les différents domaines oitils‘est illustré figure la géo- métrie, comme en témoigne son livre Sur indispensable aux artisans en fait de construction. Cet ouvrage ne nous est connu que par une traduction persane incomplete. € dans une grande famille de Taif, Abu al- N ‘Wafa (vers 940-998) est initié aux mathé- ‘matiques par es oncles. Vers 959, il se rend ‘au grand centre culture! qu’est Bagdad, oi il res- tera définitivement. Bn chercheur modeme, i entre- tient une importante correspondance avec les autres savants de son €poque. Il travaille a la Maison de 1a sagesse oi il est l'un des derniers spécialistes des ceuvres grecques : il traduira en particulier Dio- phante et Hipparque et commentera al-Khwarizmi devient ensuite astronome & la cour, II s‘intéresse aux mouvements de la Tune (le calendrier musul- man est en effet lunaire, et cet astre posséde un mouvement complexe). Il observe, & Bagdad, 'éclipse de lune du24 mai 997. Al-Biruni observe la méme éclipse a Kath, ce qui leur permet de déter- miner la différence de longitude entre les deux villes avec grande précision. Abu al-Wafa améliore les tables lunaires et met en évidence ce que Tycho Brahe appellera la « troisiéme variation ». En arithmétique, il maftrise parfaitement la numé- ration de position. Mais dans son ouvrage Ce qui est nécessaire en arithmétique pour les comptables etles hommes d’afiaires, il ne présente pas ces tech- niques & son public, car jusées trop difficiles. Par contre il y introduit les nombres négatifs, sous la forme de dettes. Mais c’est en géométrie que Abu. al-Wafa va s'illustrer Il étudie la fonction tangente et met au point des méthodes de calcul des fonc- tions sinus et tangente, qui lui permettront de pro- dui des tables trigonomsétriques avec huit décimales (celle de Ptolémée en comportat trois), On lui doit les notions de cercle tigonomérique, de sécante (Vin verse de la fonction cosinus, la ot elle ne s’annule pas) et de casécante (Vinverse de la fonction sinus). 1 établit de nombreuses relations tigonométriques. Fe. Criton et J.-J. Dupas "Abu al-Wafa, + (On lui attribue également la formule des sinus en trigonométrie sphérique. II fera faire de grand pro- agrés & cette discipline Dissections est par la trigonomeétrie sphérique qu’il aborde étude des polyédres réguliers et semi-réguliers, ens’intéressant aux triangles (sphériques) qui pavent Ja sphére. Ils sont connus aujourd hui sous le nom de triangles de Moebius. Les triangles rectangles sphériques des systomes de symétries tradsrique,cctaéerique et kesaédrique (de gauche & droite pavant a sonre 11 décrit six des sept polyédres semi-réguliers que ‘’on obtent par roncatue (il semblerait qu'il ait oublié Je dodécabdre tronqué,mais le texte qui nous est par- vvenu sur le sujet n'est pas complet). Il explique correctement que l'on obtient le cuboctaédre (res- pectivement l'icosidodécaédre) soit par dichoto- _mie des ardtes du cube (respectivement du dodca&ere), soit par dichotomie des arétes de Ioctatdre (res- pectivement de l"ivosaédre), ° Lesnotions de « dualité» et de « polyédre dual» ® n’avaient pas été dégagées a ’époque d’Abual- $ Wafa, Le dual d'un polyédre régalier P sera ici ‘obtenu en reliant les centres de Faces adjacentes, de P. Lenom moderne de « cuboetadre » (res- ppectivement « icosidodéeaddre ») signifie bien ‘que ce polyédre est intermédiaire entre le cube et loctaédre (respectivement entre Picosaédre et le dodécaedre). Le polyédre intermé entre le tétratdre et son dual (@ savoir. le tétraédre), qui devrait s’appeler le « tétraté. trabdre », est en fait Voctaédre. eecccccccccoce eeeee Polyedrerégulier Poiyéere tronqué MATHEMATIQUES ARABES Polyédre quasl-réguller Polyédre tronqué Polyédre réguiler dual Tetrabdretronqué Tétrabare ube Cube tronqus Cuboctaéare Octaberetronqué Octabare © s-1 Dp, Dodéeabere Dodécabare tongue leosidodcabare loosaédre ronqué leosaddre Les polyédres réguliors et semi-réguliers étudié par Abu al-Wafa (dans une présentation moderne). Dans son livre Sur indispensable auc artisans en faitde construction,en plus de V’étude des polyedes, ‘Abu al-Wata s“intéresse aux constructions ala regle cet au compas (exactes et inappliquables, ou appro- cchées etexploitées par des artisans), en ayant un faible pour celles qui sont réalisables avec un compas ¢’écartement constant. I se demande, par exemple comment inscrire un triangle équilatéral dans un carré de fagon symétrique par rapport a la diago- nale du carré ? ‘La solution donnée par Abu al-Wafa est ts élégante soitun cam ABCD, construire le centre O du carré, ‘construire le cerele circonscrit, construire le cercle T-de centre D passant par O ; ce cercle coupe le cerele circonscrit en E et F, les segments rouges [EB] et [FB] coupent les c6tés [CD] et [AD] en G et H, le triangle BHG jaune est équilatéral, ‘Yoyons un autre probleme : comment découper 1 carrés identiques en un nombre minimum de mor ceaux, de telle sorte que I’on puisse obtenir un ‘rand carré par assemblage des morceaux décou- és ? Autrement dit, comment découper un grand ccarré en m petits carrés ? Le cas ob n est un carré parfait est évident et exclu. La solution pour n est immédiate, ABU AL-WAFA, Pourn = 3, la solution suivante, avec six pices, était , et dont le Russe Evgrat Stepanovitch Fedorov a montré en 1891 qu’il y en vat dix-sept, pas un de plus ni de moins, exacte- ment autant que de pavages différents représentés sur les plafonds du palais de Grenade. Trés forts, Tes artistes paveurs de I’Allambra ! O-EB. MATHEMATIQUES ARABES ‘ravailler des artisans moins familiersdes constructions géométriques, utilisation ‘des payés aurait conduit. la découverte de Pautosimilarité vers le xv sitele En effet, les tulles de Girih peuvent Gire construites 3 partir de mostéles rédults, Décagone auto-similare cien par leurs structures et ears symeétries. Tout cela n'est encore qu'une hypothiése, qu’aus ‘can textone vient confirmer: En outre, cette théo- rie réduit ces décors fascinants a Vatilisation de «ing formes Cémentaires, Les artisans de époque ontils devancé de plusieurs siteles les mathéma ticiens occidentaux ? Leurs déeouvertes nesont-lles ‘que le fruit ¢”un hasard ou de Vinspiration ? Des ‘tudes ont en cours, Loin de ces polémiques,déiee- tons-nous de ces motifs, qui réjouissent aussi bien Veil du non-scientifique que celui du mathémati- JD. ; ‘Les transformations — de la géoasévie Vat Bibliotheque Tangente 25, 160 pages, 2008. + Cing sites d'avance ! Lote Mangin, Pour la Science 385, mai 2007 + Bien avant Penrose, Jean-Jacques Dupas, Tangente 116, nai-juin 2007 Lun des pavages de Alhambra, Une polémique cécurrente, encore aujourd hy est de savoir ion retouve bien dans le palais de TAhambra es di-sent eroupes cistalograahiques. 4u pan, ous en manque quelques-uns histoires L'astrolabe, un joyau mathématique Vastrolabe est un instrument emblématique des sciences arabes. Son nom, le « joyau mathématique », en témoigne. Mais ce terme recouvre plusieurs concepts et outils, et notamment I'astrolabe plani- sphérique. Essayons de retracer I'itinéraire et I'utilisa- tion de cet objet. astrolabe planisphétique classique est I conmstitué de deux faces qui correspon- dent & dew instruments distinets. Le premier permet de mesurer la hauteur des astres (astrolabe signifie « preneur d'astres » en gree). Le second est un calculatour analogique basé sur une projection stéréographique de la sphre céles- te mobile et dela sphére fixe. Cest un instrument indispensable qui permet de résoudre, par simple lecture, des problémes d’astronomie de position (déterminer Pheure ;s’orente, de jour comme de nuit; positionner une étile...) Astrolabe Gate abrigué & La période greeque Lrastrolabe planisphérique est done une applica- tion de la projection stéréographique (voir ‘Tangente Bibliothéque 40, Mathématiques et Géographie, 2011), concept qui serait dd a Eudoxe de Cnide (iv* siécle avant JC), a Apollonius de Perge (ut sigcle avant, J.-C.) ou a Vastronome Hipparque (uf siécle avant J-C.). Drailleurs, l'araignée, la partie mobile de V'astro- labe, est attrbuée & Apollonius de Perge. Hélas, ‘aucun fexte connu ne corrobore ces affirmations, et la découverte de Mastrolabe reste un mystét, Ensuite, les textes de Vitruve ( siécle avant J.-C.) comprendraient, selon certains, des descrip- tions d'astrolabes mécanisés ! Plus tard, Claude Prolémée (vers 100 ; vers 170) ne fait pas mention de I'astrolabe dans son Almageste, mais évoque ‘un instrument foroscopique voisin dans son traits astrologie la Tétrabible. La projection stéréo- 26 tongente 99» vrcsois) Dat a-atharalistamiyyan, invenaire 5.36 W). ae + 4 graphique est décrite dans son Planisphére. La encore, rien ne permet d’afirmer ou d’infirmer que Claude Ptolémée connaissait Pastrolabe. Par contre, nous sommes srs qu'il utilisait une sphé- re armillaire (ou modéle de la sphére céleste) décrite dans Almageste. Un traité sur Mastrolabe aurait 6 écrit vers 375 par Théon d’Alexandrie, Mais la premigre des- cription de instrument semble duc a Jean Philopon, qui vivait & Alexandrie au v°sigele. Son traité décrit comment résoudre onze problémes astronomiques. Nous sommes huit cents ans aprés Eudoxe! Vers 650, l'évéque syriaque Sévére Sebokhit ééerit 1a résolution de vingt-cing pro- blémes, dans un traité qui sera abondamment cite Mais P'astrolabe est encore rudimentaire: le tym pan ne posséde que des cercles d’égale hauteur (les almucantarats, de Varabe al-mugantara, ou ‘arches du pont ») + Le perfectionnement Quelques décennics apres le passage de l'Egypte sous la domination arabe, au vu siécle, Pensei- gnement d’Alexandrie se déplace & Antioche, puis (au 1% sigcle) & Harran, en Mésopotamie. Le cali- fe abbasside al-Mamun, qui accéde au pouvoir en 813, va donner une nouvelle impulsion aux seiences, en fondant la Maison de la sagesse (lieu de reunion, d’échange et de conservation d’ou- vrages) et en faisant traduire de nombreux ‘ouvrages grees en arabe, Par exemple al-Hajjaj traduit en 827 Ia Syntave mathématique de Protémée, qui deviendra I'Almageste, c'est-i-dire le « Trés-Grand » (livre) en arabe. On a tongtemps attribué 4 Messahala (vers 740-815) un traité, connu sous le nom de Composition de Vastrolabe, mais des études récentes montrent qu'il ne s'agit que dune syn- these de diverses ceuvres tardives. Liouvrage écrit Putilisation de Vastrolabe, et sa traduction latine sera imprimée dés 1501 & Nuremberg. Le premier traité du monde arabe serait celui d’al- Fazari (vi sigcle) qui aurait construt le premier astrolabe du monde arabe. Ce mathématicien et astronome @ aussi traduit dimportants traités ‘mathématiques indiens. De ces deux sources, sgrecque et indienne, va naitre une science origina- Je. Un important ouvrage dastronomie et d’astro- logie est oeuvre d’al-Farghani (ou Alfraganus, 1X sigcle), qui reste c&lébre pour sa mesure (trop ‘courte !) du rayon de la terre ALKhwarizmi (vers 783-850) état, entre autres, astronome, Il écrivit un traité sur la construction de Vastrolabe, et un autre sur son ulilisation. Sur le tympan d'un astrolabe figurent deux réseaux principaux de cerele (les cercles de hauteur men- tionnés plus haut), et les cercles d’azimut qu'il introduit (ces cercles permettent de s'orienter de Jour comme de nuit, ou réciproquement de déter- miner Vazimut des asttes). Al-Khwarizmi est aussi a Vorigine du carré des ombres au dos des astrolabes, ce quien fait des instruments topogra- Phigues (Ge dispositif permet la mesure de dis- tances inaccessibles, ainsi que le caleul de la tan- ‘gente et de la cotangente ’un angle). Pour calcu- ler par simple lecture le sinus ou le cosinus d'un angle, il erée le cadran des sinus. AL-Biruni (973-1048) continua de perfectionner instrument en inventant Ia ligne crépusculaire (qui détermine le début du crépuscule du matin ou la fin du crépuscule du soir). Il faut savoir que, dans le calendrier musulman, le jour commence & la fin du crépuseule du soir, done cette ligne ‘marque la fin d'une journée et le début de la sui- vvante, Al-Biruni inttoduit également des lignes permettant de déterminer les heures des priéres ‘musulmanes en fonetion de la date. I dvise le ciel en douze maisons pour les applications astrolo- giques. Pour avoir un astrolabe complet, il ne ‘manque alors plus qu'un calendrier zodiacal, per- ‘mettant de déterminer pour chaque jour de l'année la position sur I'éctiptique du soleil. Ce sera Veuve d’al-Biruni et d'al-Siji (xt sigcle), Les Braphiques des azimuts de ta Qibla, qui permet- tent d’en connaitre la direction, seront ensuite QUES ARABES ajoutées, Par ailleurs, de l'autre o6té de empire, vers 710, les Arabes envaissent "Espagne, ct une nouvelle cole «astrolabiste » vase créer a Cordoue Le développement de l'astro- labe dans le monde arabe est done complexe Vinstrument va svenrichir de fonctionnalités liges aux besoins de Vépoque, qu'il soient scienti- fiques (cal- cul d’astro- nomie de position, trigonom trie), pra- tiques_(eva- ur Vheure, sorienter), reli gieux (calcul des heures de_priéres), ou astrologiques (confection d’horescopes). Calculateur universe, il sera le compagnon des savants pendant plus de mille ans. A 'heure des applications pour ‘éléphones portables, il revét un charme désuet. ot pédagogique, puisque les uilisateurs peuvent toucher du doigt» la course du soleil ou des Stoiles dans le ciel o sD. Castrolabe aujourd'hui + Liastrolabe ~ histoire, théorie et pratique. Raymond ¢'Hollander, Institut océanographique, oie A cause de la précession des équinoxes, les astrolabes donnent des indications erronées. Pourtant, les collectionneurs s‘arrachent & prix d’or les instruments d’époque. De nos jours, Brigitte Alix ( www.astrolabes fr ) fabrique encore, de fagon artisanal, des « joyaux mathé- ‘atiques ». Chaque exemplaire est unique, Pour apprendre & vous en servir, le Palais de la découverte organise des stages. Le festival Vastronomie de Fleurance n'est pas en reste (voir www fermedesetoiles.com poar Ia session A venir & P6%6 2011). Si l'atelicr est reconduit, vous construire votre propre astrolabe (assemblage d’un tympan en carton et d'une ataignée en plastique transparent), résoudre2 les douze probltmes fondamentaux, et repartirez convaineu(e) que votre instrument est plus “utile qu’une carte du ciel. 390 pages, 1999, *+ Les activités autour de astrolabe organisées par Roland Lehoucg, que vous pouvez retrouver & adresse uip:/iwwwfestival- astronomic.cony Voecasion du XX* festival dastronomie de Fleurance, 2010, tangente 27 _ ‘Ayspaig °y ye sessng “3 sed aid ‘Al-Samawal, enfant prodige {bn Yaya Maghsibi Samal (vers 150; vers 1180) malt en Irak, & Bagdad, dans une famille de eres sinterese la médecine taux matématigues, pprenant a geome Pat lalecire des Eénents’Encide, A Sama. val lites travaux "Abu Kami, fares sucess AL Kh. A 1B as, toute iterate disponibie ext deja tombe te les mais de ct aodidate proce. It ‘Wade cose, las era complér es ul- tase amines ides qu'il trouve dns les livres, Ses recherches aboutisent au flat, bryant al-Bahir abr (seria dans al bre»), son iit eps cbr, drt vou {ste ans, qui coment des ies une grande orignal. Dans la premire pane consacrés Aan, l mohpicaton, la division ete caleul des racines d'un polyadme, al-Sama- val end alate les operations dearth ‘nétiqueélémentire, Sa méthode consse en Je tralinen: des incon Vide de tous les outils arthmétiques, dela méme manigre ve Varihrticien rate le connu » dint Jes pussancesdo'nconnue nr. 2, 41.224... (es exposants négatifs et mul n'ont as &E défnis au xv sicle par des mth- euopsens ees opéationsanth- tiquessurcelles-ieffctes ide dune représemttion ingénieuse des polyndmes por dsabeau. Tot ela suppse aise concept. de sombre négatif:a-Saiamal le eveloppe, Jul accontant une existence autonome Gus. alos fs nombres negation ili 43 qu acescirement ans centines fats), etongant esl de multiplication et dad. dition des nombres posts et négtit. Les deuxitme et qutribme parties de son tite abodent a théorc des uations. Ony trouve lecalel de some des prec ene at res deus cans et de leurs cubes, tune gle de formiton de coefficients binomiaun. fait usage dune forme de isconement par Scan, ‘ence, ce questo init costite une van ce majeure dans compréhenson des reves cies, La triste pari, qui s'sppuie sure lvreX des Elements Euclid conceme tude des quanitésiratonneies, bref Al-Tusi, expert en équations ans la ligne d’Omar Khayyam, Sharaf al-Din al-Tusi (1135-1213) va promouvoie une autre forme d’algbre, cel qu permet dstudier les courbes grace & leurs équa. ions, préfigurant ainsi la géométric algébrique. Issu du Nord de FIran, non loin de Nishapur (patie Omar Khayyam), il enseigne dans diversesvilles de Syrie, y formant de nombreux mathématiciens. Retourné en Irn, il professe a Bagdad, on ‘I termine sa vie, écrivant & cette période plusieurs traités, dont son Traité sur les Equations de 1209.11 trait d équatons de degré au moins tos, es dvisant cn ving ing sortes : douze types d'équations de degré au moins deux, hit types d'Sques ‘ions de degré trois n'ayant que des solutions positives, ct cing types de ces équations Pouvant n'avoir aucune solution positive, comme x* + a = bx avec a et b ponitis Mtraite ces équations de mani¢xe fort originale, donnant ses preuves d’algebre un ‘our analytique. Ramenant en effet I'équation étudige & bx ~ x = a, il considere la courbe d'équation y = bx — x° et prouve — utilisant implicitement la notion de V5 rathématiques en 1969, i est devenu, en 1994, codirecteur PAR dulaboratcite de finance-assurance du Cente de recherche et statistique (CRESD, et a dirigé Wnstitut de finance de [Université Paris- Dauphine. Ila été vice-président en charge de la recherche de cette méme université, poste dont &é nommé, le 27 janvier dernier, ministre chargé des réformes économiques et sociales au ire tunisien - pour peu de temps : suite au récent remaniement, il quitte le gouvernement inté- il'a dO démissionner aprés a sein du gouvernement provi rimaire le 1* mars. ‘An’en pas douter, Elyés Jouini aime le métissage : celui des cultures, lui qui n'a pas cess¢ de naviguer entre sa Tunisie nata~ le et la France de ses brillantes études ; mais aussi celui des disciplines, puisquil travail, & la croisée des mathématiques et de Téconomie, sur la modelisation des marchés financiers, dans une approche originale qui méle aussi psychologie et socio log. Ces travaux qui lui ont valu, entre autres, le prix du meilleur jeune économiste de France (oartagé avec Esther Duflo, professeur au Massachusetts Institute of Technology) Thabit ibn Qurra renouvelle les idées , 5 tae | dAristote en éliminant les paradoxes de Aristote : l'infini est | linfind actuel. Dar essence inachevé Selon Aristote (~384 ; ~322), qui inspirera tous les philosophes du Moyen Age et de la Renaissance, il ne peut y avoir d‘infini « actuel », c’est-4-dire que l'on puisse considérer comme un nombre et qui soit manipulable comme tel. Aristote affirme : « Vinfini est le contraire de ce que l'on dit : en effet il n'est Pas ce qui n’a rien 3 I'extérieur de soi, mais c’est ce dont quelque chose est toujours a I'extérieur de lui ‘est cela V'infini. Est donc infini ce dont, quand on le prend selon la quantité, il est toujours possible de prendre quelque chose a I'extérieur. » De mame que la division d'un segment ne s‘achéve jamais, et que tout nombre a un nombre plus grand que lui, il ne saurait y avoir un nombre ultime, un nombre infi- ni « actuel » que Von puisse utiliser sans contradiction. Nh Pour Aristote, la définition et la réalité d'un étre (comme lin- I), fini) sont une seule et méme chose. La définition d'un étre en « épuise la réalité ». Il ne fait pas la différence entre la pensée qui peut étre virtuelle et la réalité d’un de Cantorbéry (ou saint Anselme) distinguera Vidée de Dieu de la réalité de Dieu et S‘attachera d passer de l'une a Vautre. Thabit ibn Qu la pluralité de l'infini Thabit ibn Qurra (vers 836-801) se pose la question du dénombrement des mes, en nombre infini,« prev» par Dieu, si le monde ne se fnit jamais. Sur cette base théo- logiaue, il réfuteVimpossiilité de infin! actuel,fondée Sur les infnis plus grands que d'autres. Le geste opératoi~ iV. £ Jean Philopon : Le monde a été créée Si infinin’existe pas, Méternité non plus, affirme Jean Philopon (vers 490 ; vers $75). Létemité du ‘monde est inacceptable, elon ui, car elle réin- froduit linfini actuel quiArstote pensait avoir Gliminé. Et Phitopon utilise le rejet de Finfni actuel pour démontrer que le monde a été créé. Si le nombre des hommes engendrés jusqu'au temps de Socrate est infin, dit Pilopon, alors le nombre des hommes qui ont existé jusqu’a aujourd'hui est plus grand encore. Comme ii ne peut y avoir de nombre plus grand que infin, alors le monde n'a pas existé de toute éteri et ila donc existé un eréateur, Dieu. re décisif de Thabit ibn Quera est de définir « égalité » de deux ensembles ininis (par exemple les nombres pairs et les nombres impairs) quand on peut associer, 3 un élément de Tun, un seul élément de V'autre et réciproquement (correspondance bi-univoque). Connaissant cela, il maintient que 'ensemble des nombres pairs est éyal a ensemble des nombres impairs et & la moiti€ de ensemble des nombres : pas de contradiction Thabit peut manipuierdif- férents infinis {il ne va cependant pas plus loin en pensant que infni est ce ui est égal a lune de ses parties). I tranché le noeud gordien, et Dedekind et Cantor perfectionneront la notion dix siécles plus tard Référence : Thabit ibn Quera et infini numérique. Tony Lévy, Pour La Science 278, 2000.

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