LIBERTE-EGALITE-FRATERNITE
EE REPUBLIQUE FRANCAISE
LE
Paris, le 11 février 2016
Monsieur le Premier ministre,
Le monde du travail est entré dans une phase de profonds changements : le bouleversement lié
‘au numérique, I’émergence de nouvelles formes d’emploi, de nouveaux statuts, de la multi-activité. Le
triptyque traditionnel (formation initiale, travail et retraite) est mis & mal. La vie professionnelle est
aujourd'hui fragmentée et nous oblige & sécuriser les parcours professionnels.
Le 24 mars prochain, le projet de loi visant a instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections
pour les entreprises et les salariés, sur lequel notre commission sera saisie au fond, sera présenté en
Conseil des ministres. Un avant-projet de loi a été récemment diffusé par la presse et a suscité de
nombreuses réactions,
Ce texte prend acte de ces réalités et poursuit un double objectif : protéger de maniére effective les
salariés avec des mesures appropriées et accorder de nouveaux droits (CPA, droit & la déconnexion,
affirmation des droits fondamentaux dans un Préambule au code du travail..), mais aussi offrir plus de
souplesse aux entreprises pour leur permettre de s’adapter a un monde sans cesse en mouvement, dans
des conditions négociées. Nous partageons ces objectifs et nous considérons, comme vous, que rien ne
serait pire que le statu quo.
Toutefois, nous voulons vous faire part de nos interrogations voire méme de notre opposition sur
plusieurs dispositions, dont certaines ont été ajoutées & la derni@re minute, contenues dans ce qui n'est
encore qu’un avant-projet de loi
Nous appelons d’abord votre attention sur quatre dispositions qui ne nous semblent pas
acceptables en l'état,
La premire concerne Ie plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif.
Nous avons déja adopté deux référentiels d’indemnités, lesquels permettent de répondre a Pobjectif
oursuivi par notte majorité : apporter de la prévisibilité aux employeurs tout en garantissant le respect
du principe de réparation intégrale du préjudice. Nous demandons donc la suppression du baréme.
La deuxitme traite du motif de licenciement retenu pour un salarié qui refuserait de se voir appliquer
les dispositions d'un accord en faveur de Yemploi. Il doit s'agir d'un licenciement pour motif
Economique et non d'un licenciement pour motif personnel ; parce que notamment le motif de
licenciement (la préservation ow le développement de l'emploi) n’est pas inhérent a la personne du
salarié.
La toisiéme concerne article 30 bis qui modifi de la définition du licenciement pour motif
Sconomique. Proposer que les difficultés économiques soient caractérisées notamment « par tout
lément de nature & justifier de ces difficultés » n°est pas acceptable tant cette formulation est floue et
source de contfictualité,Enfin, la quatrigme concerne une autre nouveauté de cet article sur le terrain du_périmetre
appréciation du motif économique. Désormais, Vappréciation des difficultés économiques, des
mutations technologiques ou de la nécessité dassurer la sauvegarde de sa compétitivité s’effectuerait
«Au niveau du secteur d'activité commun aux entreprises implantées sur le territoire national du
groupe auguel elle appartient». Ml s'agit d°un véritable glissement en passant dune appréciation
internationale & une appréciation nationale. Et ce alors méme que chacun sait que les groupes