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uridique La responsabilité civile et pénale de l’organisateur d’une battue Dans un monde ou lactivité cynégétique est parfois montrée du doigt, 4 tort ou a raison, par les autres usagers de la forét, la sécurité des chasseurs et des non-chasseurs constitue une préoccupation majeure. 'u €gard 3 la tale du gibier chassé et aux possibles collisions avec un ani- ‘mal en fuite la battue, plus que tout auire mode de chasse, crsallise le débat eta rendu indispensable la responsabili- sation des chasseurs, ‘Aujourd’hui, le corpus juridique touche, en la matigre, tous ceux qui, au sens de article L. 420-3 alinéa Ter du Code fen- vironnement, sfadonnent & un «acte volontaire lié & la recherche, & la pour- suite ou a Vattente du gibier ayant pour but ou pour résultat la capture ou la mort de celui-ci>. I en va ainsi des chasseurs évi- cdemment (cf notre article dans le numé- ro 185) mais aussi des organisateurs dune battue, cette demiére catégorie étant appréciée largement par la jurispru dence, En effet, aux yeux du juge, les organi- sateurs de battues comprennent le pro- priétaire d'un teritoire (qu'il exerce lui- méme le droit de chasse avec des invités ‘u le loue sous son nom), le président dune association de chasse (association loi 1901 ou ACCA, le détenteur d'une chasse commerciale, le preneur d'un bien rural qui exploite les terres et loue & bail la chasse, ainsi que toutes les per indispensable rond autour du chef de battue donnant les consignes. sonnes déléguées & organisation d'une chasse désignées par les précédentes per- sonnes. auteur se propose de mettre en lumiére les risques, sur le plan civil et sur le plan pénal, qu’encourent ces demie- res. ‘A--Lefondement léga de a responsa- bilité civile des organisateurs de battue Le fondement de la responsabilité civ le des organisateurs de battues réside Tir ahorizontale. Chaque chasseur est responsable de son tr. 34 Samy dans Vartcle 1384, alinéa ter, du Code civil, quel énonce que «On est respon- sable non seulement du dommage que Yon cause par son propre fait, mais enco- re de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondte, ou des choses que l'on a sous sa garde>. Il aut donc consider que les interve- nants d une battue sont ceux, au sens de la loi, dont «doit répondres Vorganisa- tear Bien entendu, il ne s‘agit pas seule- ment des postés mais également des rabatteurs, armés ou non, Les juges cherchent a caractériser une éventuelle carence dans organisation de la battue. A titre d’exemple, la Cour d’appel de lyon, dans un arrét du 22 mai 2008, a stigmatsé le fait que, avant le début de batiue, r’avaient pas été rappelées les consignes de. sécurité concernant le repérage précis de la position des chas- ars “Tebligation de ts chant, la nomination d'un responsable des lignes de tir et le port de giles fluorescent. En espace, Vorganisateur a fat valoir il avait appelé les chasseurs a la pru- nce, ce qui a été jugé manifestement insufisant par ses juges, lesquels ont est mé_que es failles dans organisation axa favor la suvenance de acc lent. Sur un plan pécuniaire, les magistrats ont estimé que ces filles avaient ‘concouru a la survenance du dommage Poste surélevé obligatoire dans les zones de laine, {hauteur de 30 % et ont done condam- 1é Vorganisateur & relever et garantir le chasseur auteur du tir a hauteur de 30 % des condarnnations mises 3 sa charge. La Cour d'appel de Riom, dans un arrét du 13 mai 2004, a eu l'occasion de se prononeer sur la responsabilité d'un rabatteur armé qui avait tré, lors d'une baattue aux sangliers, sur un autre rabat- teur le blessant mortellement. Vorganisateur, pour se dédouaner, avait mis en avant le fat que le rabatteur malheureux avangait dans un ravin ou la progression était dificile et la visibilté mauvaise, Yargument étant retoqué par les magistrats. La juridiction a estimé que le rabatteur armé avait commis une faute majeure en tirant dans la traque sans méme se sou cier de la présence éventuelle d'autres rabatteurs et en oubliant que l'usage de son arme n'était possible que pour assu- rer sa sécurité et celle des chiens accor- pagnateurs. Les juges ont, in fine, opéré un parta de responsabltés 3 hatteur des eo tiers pour le treur et d'un tiers pour Yor ganisateur dela battue qui n'a pas pris les mesures de sécurité nécessaires et qui a laissé la battue se dérouler dans un lais- sevaller général B- La couverture du risque pour For- sganisateur de battue Lorganisateur doit impérativement souscrie une assurance pour garantir sa responsabilité civile ainsi que celle de ses delégués éventuels. La police d’assurance souscrite doit ouvir les dommages tant corporels que ‘matériels qui peuvent survenir & V'occa- sion d’une battue. La garantie doit couvrir a a fois les per sonnes morales, une ACCA par exemple, et les personnes physiques exercant une activité en son sein, notamment dans organisation de la battue. Il faut noter que les juges prennent en compte Valéa naturel etinhérent a a pra- tique de la chasse et ne reiennent done ppas_systématiquement la responsabilité de Vassociaion en cas accent de chasse. Ainsi, la société de chasse organisatr ce de ha atte au cours de lnqulle un rabatteur est décédé, encomé par un cerf traqué par les chiens, a &é jugée inresponsable de cet accident, la Cour rappel de Limoges ayant estimé, dans son arrét du 23 juin 2011, que la partici pation a cette activité comport une Acceptation du risque et que la société de chasse ravait pas pour mission d'organ- ser, de diriger ou de contrOlerl'actvité de ses membres. Les risques pénaux pour Vorganisateur Contrairement a la responsabilité civi- le, la responsabilité pénale de Vorganisa- teur de la chasse ne peut éire couverte par une assurance, Pour celui-ci, le support législatif cessentiel de sa responsabilité pénale rési- de dans article 121-3 du Code pénal Celui-ci énonce que les. personnes physiques equi ont pas causé cece: ‘ment le dommage, mais qui ont créé ou contiibué a créer la situation qui a per mis la réalisation du dommage ou qui n'ont pas pris les mesures permettant de ‘La signalisation est la responsabilité exclusive de Vorganisateur de battue. éviter»_ sont responsables pénalement gil est établi qu'elles ont, soit «violé de facon manifestement délibérée une obli- gation partculiére de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le regle- ‘ments, soit «commis une faute caractér- sée et qui exposait autrui aun risque dune particule gravité quielles ne pouvaient ignorer», En vertu de latticle 121-2 du Code pénal, la responsabilité des personnes morales ~ et done des associations de chasseurs ~ peut étre engagée pour les infractions commises «pour leur comp- ter, «par leurs organes ou représentants», Clestadire par lassemblée générale, le conseil d'administration, le bureau, les dirigeants de l'association, Une association reconnue responsable pénalement risque une peine diamende ont le montant est égal au quintuple de celui prév pour es personnes phiques pour la méme infraction. La personne morale peut également aire sanctionnée par la dissolution, le placement sous surveillance judiciaite, Pinterdiction a ttre tempporaire ou déini- dexercer certaines activités, A titre d’exemple, une association de chasse a été condamnée pour homicide involontaire suite au déces d'un chasseur rmortellement blessé par le tir d'un autre chasseur lors d'une battue au grand gibier organisée par l'association. La Cour d'appel, apres avoir énoncé ope ets toa sa cause doce ins le tir du chasseur, releve qu'en méconnaissance des consignes difusées par l'Office national de la chasse, la traque a été sonnée sans matérilisation des postes, sans placement préalable et avertisement donné a chaque tireur, sans rappel de lobligation de procéder & Un tirfichant au sol et sans determination des angles de tir. Les juges ajoutent que l'auteur de l'ac- cident, qui connaissait existence de ces, Cconsignes et qui était chargé de diriger la battue en agissant pour le compte de la personne morale, a admis qu'il n‘avait Tappelé aucun de ces impératifs aux par ticipants (Cass. crim, 8 mars 2008). Un autre exemple de décision de justi- ceest assez représentatif de exigence de prudence demandée aux organisateurs de battue, (Cass. Crim, 14 décembre 2010) Un chasseur qui participait comme tra- queur a une battue aux sangliers organi sée par une association communale de chasse agréée a été mortellement blessé par le tir horizontal d'un autre chasseur. Le président de l'association de chasse ‘a @é condamné au visa de Varticle 221 6 du code pénal,cest-a-cire pour homi- cide involontair. Lar retient quill a choisi une zone exigué, rarement utilisée pour la chasse et quien méconnaissance du réglement de chasse de I'ACCA qui interit Fes pos- tes mobiles et les trs dans la traque, il a autoriséI'auteur du tir changer de poste et. tirer dans la friche alors que, compte tenu de la portée de tir de la carabine de ce chasseur, il existait un fort risque dac- cident pour les traqueurs. In fine, il est clair que Vorganisation dune bate er tose secur nécessite la part de Vorganisateur un respect Scrupuleux et un rappel des regs et que cette fonction tend 2 se professionnaliser et ne s/improvise plus. ‘Arnaud Pelpel, Avocat & la Cour sTmyhur 35

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