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DE LA PRESENCE AU THEATRE Bernard Bénech «Le thdtre est lieu de a présence Te conois le théttre comme un espace structurel qui est re taphysique dela présence. Un théttre qui es en contradiction formelle quant aTexpit,ausens et aux méthodes avec ce qui se passe dans le monde sur lepan da reprsentation.» ‘Nan ate, HORS OREILLE Theure des enregistrements & outrance, des duplications de tout, quel pouvoir conserve un art qui par excellence met en rapport des individus dans leur singulaité propre dartstes ? Car le thédtre est une machine a liens entre des créateurs, et sa visée centrale est la performance de Tacteur dont justerent on vante ou non la présence “Toute société secréte une forme de présence laure, et notre mon- de actuel n'y manque pas : dans un univers de marché d'une part, de structures dautre part, sinon encore par une mainmise sur la cation, par Tangent sentend, attitude générale concerne plus la consommation et certains prestiges qulune vérté déchange au sein une communauté Pourtant le théatre est 2, qui perpétue une tradition, celle dune rise en rapport des consciences sur ls plans esthetique et moral, avec ses codes, et ses rtuels, avec une mise en ceuvre dune réaité, celle propre & univers dramatique, laquelle ouvre au dépassement Lact perceptf par lequel seffectue le phénoténe de présence im- plique nécessairement un rapport entre des domaines précis, dans un espace rendu double la salle eta scéne. Leterme de « représen- p= y avoir une éthique de la présence au thédtre ? A tation » qui désigne lévénement, pa la connotation dont lusage a chargé (se mettre en représentation) ne semble pas traduire ce que le simple mot de « présentation » suggére diunique quant & la présence. eseique 11 “0 — J art de théitre est um art de a présence. Sil paticipe rea rent au spectaculaite, ce nest pas cet aspect quien détemings spécifitéCestqullmet en jeu des forces touchant ala obey tla conscience, en particulier parle langage La mise en jeu théatrale comporte en sa substance une crcl | dlénergies entre un auteur, un acteur, un personnage, ainsi que spectateur pour lequel normalement elle seffectue. Sil présng qualifi le plus souvent le jeu du grand acteur, on peut cependay considérer les diverses interactionsequi se manifestent dans ing aéation, notamment la scénographie, la mitre, ou encore ly. siqu, comme des appuis effiaces et nécessires dela présence. Laprésence de auteur : La question st dimportance du point de vue de lesthétique del création, de connate le éle joué par auteur quand il est encore pour dire son mot. I peut méme étre acteur comme le fut Malte © et favoir proféé. I peut méme avoir aussi dit son mot, et non dy roindees, quant la scéne et la présentation de sa pice art, Caprés Aristote, est imitation de la ve, I revient &Taute davoir mis en place cette imitation. Sa présence se prolonge ind. iment dans Iceuvee,non seulement parles indications mais park processus de création auquell faut se mettre aécoute dans long nisation et dans le mouvement, Cest ce quentendait Louis Jourt en conselant de regarder par dessus lépaule de Vécrivain écrivant Par deride, pour tenter d’en percevoir la trace naissante, pour en situer avec justess le centre, t nous verrons que cest dans san gue que cela se passe Dans Les Aceurs de bore foi pide de Marivaux quia pas &t jou de-son vivant, ily a un message de theatre: celui un rapport ene la fiction et la vie. Cest un impromptu de présence, Le comédien Blaise aime Lisette dans la rélité, mais le jeu, Tépreuve, consisted faire jouer pa Lisette son amour pour Metin, et bien stra rendrele premier jaloux. Cette rencontre entre jeujoué et reaction réelle on- fronteacteu et personage au méme instant. Celui qui manipale, Merlin, est en quelque sorte Tater en partite connivenceavecle spectateur, mais lest également metteuren scine et acter, double de Marivaux hi-méme. Le projet dont ls fils sous-tendent lime diateté du ju, rassermblelatotalté dela conception et ealmine dans une incandescence dela présence Les exemples dune maitrise de Teruree dans son ensemble, te c& Jui de Copi, ne sont pas simombreux au XX siéde. Avec apparition du metteur en scine sopéte une sision entre écrture iterate e Teriture scnique. Le nouvel ativan se veut & la fois serviteur et ede} corel Acie on des ‘auteur inde parle Forge Jouret salan Sjoue tentre éien sisted adrele lecon- sipule, avecle double edans tele aireet ur et Cest le cas pour Louis Jouvet qui afirme le plus grand pourTauteur, pour son texte, etfon sit que Jean Giauoux respect aitconsié ax repetitions, et ql ait tenu compte de a manire Got recente jeu des acteurs, Farfcisle texte nest plus qu pé- exe pourserviruneidée comme ce fut le fut pour certaine ides ah réperotedassique, commeles nombreuses adaptations de Dom Shan, Le terte enfin, et cat Tidée dAntonin Artaud, ra plus été potent qu comme un des eéments dela scne, au méme tite que Jp lumitre ou la musique. On peut citer Tadeuse Kantor pour qui est la mise en scéne concréte qui prédomine et devance le text, Jequel apparatt plus que comme une sorte dobjet trouvé entrant entension avecle jeu des acteurs. Cerest ps la présence deTauteur quiprédomine mais celle du céateur de a ec, Kantor état pré- sent en personne surlascéne dela représentation. (Ona pt observer que auteur nétait guére accepté cornme interve nant sur le lieu de création thera, Lexemnple de Samuel Beckett surveilant les mises en scéne de ses ceuvres & Pars, Belin ou Londres prowve a quel point la présence delauteur est dérangeante’ ‘en particulier pour les acteurs qu ont tendancea interroger quand tune déisionsimpose. Il prenaitle parti de se taie, de sourite.Lors delapremitre mise en scine de En attendant Godot par Roger Blin at ‘péitreBabylone, en 1952, le comédien Jean Martin dit ue Beckett ne veut pas que ses acteurs jouent mais fassent exacternent ce quil leur dit, quil devent furieux quand ils esaient de ouer, Sa présence A touts les répétitions suscite une nervositégrandissante, le ques tiomnement des comeédiensle mettant dans un état de panique. ‘Londres, ilinspire une animosité a presque toute Féquipe parce aqila des idées précises sur les intonations, les nuances, les ges tes, et tous les aspects techniques, contredisant es indications du tmetteur en scéne Anthony Page, faisant éclater en sanglots Tac trie Bille Whitelaw en la harclant pour quelle essaie encore une phrase, rien qu'une fois. « Beckett ait presque rechten vis-é-vis de sonthédtr,éerit Lue Bondy, & propos de Godot Berlin. Il avait rt utente: la mise en scéne, pour lu, etait de verouller ce quil voulat avoir mis dans le tere. I nese préocupat pas trop dela poston de Taceur Il ervaie« Slee», mas ne interogeat pas trop sur la né cessté pour ce silence dtrevéeu dans un re. Or construire un silence, Ceres pas seulement die dun acteur earéte de jouer». I faut que cela Sinsrive dans une respiration. Des pauses frmelle, hors respiration, riapportent rien» Lacondusion quelon peut tier de ces exemples,choisis parm tant autres, montreun changement du statut dela présence quiriesten aucun cas dévalorisant pou Tauteur, mais marque un tournant dans a ooo - Tevclution de ce qui sejoue danslescoulises du thre, cest--ire une certane ambigulté en ce qui concern les valeurs et ls signif- cations deTécrit'une part et du vécu de 'ceuvrejouse autre pat. La seine devient alors le lieu d'une mise en présence parle truche- rent dun auteur des différentes composantes dela création, Laprésence del'acteur Cesteneffetatraverslespersonnages/acteursquelécrivainrencontre Jepublc. aresponsabilitédelactenrest entire: «Il faut comprencre un autre univers que le sien, ne pas essayer dtr cei de auteur sci, ‘mais bien au contrive soubler pour aller vers le monde de Tautewr et entry, si possible, complétement dedons », se disait Michel Bouquet, fasciné par univers de Jean Anouilh « habité de singes et de rats, automates » auxquels il faut donner chair en se nourrissant de a substance de Toruvre Le comédien, il se définit plut6t personnellement par ce mot que par celui dacteur, ne doit jamais étre « un personnage pour le personnage », mais plutot une sorte de passeur:« un individu {qui Sachame a ne pas étre lui pour devenr les autres est pour moi remarquable, » Evoquant des comédiens comme Max Dearly ou Raimu, Bouquet remarque que ce qui faisat leur force ne ré- sidait pas dans leur apparence plutét commune, mais dans la ‘maniére dont is vivaientintéricurement leur jeu: « Cstce qui ha- bite le comédien qui est interessant. La présence du comédin, cest reflrion.» Le phénoméne de présence nest pas do a Tincarnation lun rle, dune figure, mais dune perception endue intense de ce ui affleure de cette vie intérieure qui la fois fascine et terrorise. Placéfaceau secret, confrontéalénigme que consttueen soiun per sonnage imaginair, le spectateur se trouve soudain entrapercevoir cequilne doit pas wir. I se révele a jourla vrae fonction du thé tre comme manifestation du sacré, source de fascination mais ausi Aeterreurauniveau symbolique elon Hege!«lerapprtentrelefond ct la forme visible par laquelle Tide doit passer dela représentaton de Iartist dcelleduspctater ne peut tre que dune naturepurement sym boique»), nous mettant en contact avec « une énergie dangereuse, incompréhensibe, malaisément maniable, éminemmentefficace Cette émergence du numineux (cette catégore « comprend un él ‘ment, une qualitéabsolument spétiale, quise soustrat tout ce que Deir Ha, San Bsa, Fad 1979 ee Luc Bondy extrt un eneetien par dans Nowe Revue Francie NSE (epee 1900) {Michel Bouget, La Lon de comb, Misreave ot Lace, 1997, capt I Lacon lvoixleythme p53 4. Roger Callie, Lome eles dts Galan p27. ‘nous avons appelé rationnel), est complétement inaccessible & la compréhension conceptuelle et en tant que tlle, constitue un ar rétons, quelque chose dineffzble »°, bouleverse Tinterprétation rationnelle en nous mettant face au « tout autre »,& ce qui existe cen dehors de soi, en relation avec une énergie fusant d'une réalité insasissable, provoquant terreur et pitié, cathartique, et dont la seule issue proposée est [assimilation & notte éte Je reléve, mal- ‘gr sa relative longueur, ce passage de Rudolf Otto définissant la notion de facinant carl me semble qu partir delle on arive a sai- sir avec une plus grande profondeur ce que met en scéneleffective présence: « Le conteru quateatif du nurninewx dont le mystérieux est afore est ume part Telementrpuls que nous avons de analy, e tremendum auguel se rattacke la majestas. Dautre par, cest en méme temps quelque chose qui eerce un attrat particulier, qui captive fascine et forme avec Téémentrépulsif du temendum une étrange harmonie de contrates.Autant le divin, sous la forme du démoniaque, est pour Time objet de tereur et dhorreur, autant, en méme temps il charme et attire, La créature qui devant lui tremble, sumile et perd courage éprouve en méme temps limpulion de se tourner vers lu-méme dune facon queleonque..Acotéde élément troublantapparate quelque chose (qui sé, entraine, ravit étrangement, qui croft en intensté jusqut produire le dlr et Tvesse; cet element dionysiaque de Vaction du ‘numen. Nous lappelleron le «fascinant ».* On a pu rapprocher le jeu de Tacteur de ce qui se passe lors des phénoménes de posses- sion, Michel Liris',a propos dela possession pat les zas(esprits), ‘en Ethiopie, évoque un rapprochement avec le théatre. Lindivida 4ui la subit paralt avoir « une sorte de vestiice de personnalités » 4quil peat revétir, des comportements et des atitudes tout fait, correspondant aux espritsinvoques. La démarche comme celle comeédien est de « seffacer deriée Tentté dont il aa jouer le de» « tout se pase comme sil uae la maniére d'un acteur un rle de forcend dans lequel le déroulement des gestes et des parle serait ar rété Tavarce», Dans la danse du Choa par exemple, Texécutant secoue sa téte et ses épaules darriére en avant, émettant une sorte de « bruissement vocal cbtenu en appuyant la langue conte le palais ade maniére& produire un son...» Le guest cette danse apprise, exécutée de fagon régulize & une vitesse moderée, en fonction da zar appelé et qui chevauche le comps, caractéristique dela transe comportant mouvements violent et émission bruyante du soufte et également une langue spéciale, un ambarique déformé phonéti- aquement. La similitude cependantcesse du moment oi fon consi- dre que ce sont des manifestations de forces étrangéres et que la présence des esprits est re La qualité principale que Ton requiert dum acteur est précstna cette présence qu seule permet incarnation dun treissu deling ginaire d'un érivain. Sans cete présence, le personnage nest gun aquiun déguisement, un oripeau de plus dans le commerce des my = présentations. Le public ne sy trompe pas qui vient assister aj) performance de tel ou tel acteur :1a présence de l'ndividu prime, rmagie des transiguations. Venait-on volt TAvare ou Jean Vig) | Louis Jouvet ou ledocteur Knock? La premiére moitié di XX sid semble avoir adulé Tacteur-personnage. Pa la suite, aprés les a. nées soixante, les démarches de création collective ont insu une résence quine résidait pas dans individu jouay ¢ ‘un rOle, mais dans les rapports entre des comédiens créant une ry. | lite véeue. Le theftre lst plus alors ce ut est raconté, mais ce gg | arzive parle devenr, un happening i Sile theatre est ce qui parait par les failles de cet enclos de scéne | qui le constitue, ce qui se dit en proféré de cette grotte pythiqu, | par cette bouche dombre, les signes que générent les fragments qui | nous sont dennés, i est bien le leu du surgissement de linvsi entre jeu par lequel est monteé ce qui cache et dévile en mene temps le caché, permet dentrevoir ce qui unit Foculte du mystétes Tappatence. La présence, loin de se réduire& ce que Ton afirme dun acteur, aparalt comme un phénoméne qui évile la profondear parlarésonance,autrement dt pares mises en rapport du fragment et dela totalit, du présent et du passé, du suet et de Tobjet. Lad ‘mension propre dea présence est ouverture parlaquelle stalitle constat dune altri réelle nature autre de Lténergie des corps Pour ne considérer que le XX’ sie, il nous parait que la notion de présence de lacteur a évolué. Concernant les monstres sacés Mounet-Sully ou Sarah Bernhardt, cest la personnalité poussée vers Fextréme dune expression individulle qui comptait. Mais apres cette prise de conscience quau-dela du caractére sailant mis en vedette, le corps, tout corps, pouvait, par experience, connaite ct développer ses facultés pour ensuite construire un personnage dans un jeu relationnel, aparait une préoccupation nouvelle pour Ja mimesis, pour nepas dire le mime, et pour ce qui rlave des trans: formations émotionnelles physiques a partir dun travail intérieut, psychologique. 5 Rule, te sare p20 6 Rods pe oe 7 Mid! Leiba Peto te ep thtrachen e piens de Gor, Mice de Eirgu, Quote Caliaed 1008,p980(957,1018 ah ime ilar? side say tune cue vente eq setae sigue au ; i ‘sible, | snéme bilitle ‘tion acts, ussée Mais vemis alte anage pour sane rieur, fondo. a CCopeau se propose de donner au coméien« force de résis ance sof que du cer, cole muscu, marie des nerfs ta recherche commune est celle Tune « harmonie perdue » entre te et intériorté: «I faut que cher eux, note Copeau, tout mouve- men seccompagne d'un état de consclenceintime particulier cu mouse merc accompli». Cependant i n'y 2mul dédoublement comme dans Ieparadore de Diderot car, ayant balayé toute affectation fause, mafrisela passion ou le moment dramatique, mais en est en méme temps possédé. Jean louis Barrault, dansla foulée dArtaud, trace le portrait de a eur comme « athléte affetf ». Un sportf virtuose de toutes les azobaties que le corps peut offir au champ spirituel. Mais cest ‘Artaud qui, par son insistance sur la question du comps, par sa 1é- wlte contre toutes les symboliques, en applle prophétiquement au jolsionnel, au biologique, &la présence physique de lavant-angue Le thé wai, écrit, mest toujours appara comme lexercice dun ace dangereuet terrible, ot ailleurs aussi bien Tidée de theatre et de spectacle sBlimine que celle de toute science, de toute religion et de tout ‘art Lace dont je parle vse a la transformation organique et physique sai du corps humain », Le theatre peut devenir machine &trans- former les corps ? Mettre la «cruauté » dela ve sur la scéne peut i changer a vie? Il faudrait que le théitre soit resonance au monde, ce qui nest guére le cas dans un monde oii la cruauté est charrige parles réseaux d'images. Pour lacteur cependant et par contre, i reste que le jeu se construit dans la présence a faute : «II semble ‘uel corps tut enter, rit Romain Weingarten & propos dArtaud, puss son tour émettre un certain son qui soit Pharmonique de lensem ledesesraports avec la vie; tout acteur sit quausen de laprésenc, le corps rect une affectation nouvelle... irs le corps de Tacteur au srt de la téndbreuse Mere se transmue en un centre rayonnant de rapports entizrement nouveaux, capable, de par sa nature analogique cela dont ies issu, dexprimer cla. Lart tout entier me semble attaché a cette possiblté dexprimer dans un signe le rapport dun re particulier a la totale de etre». Yoshi Oida dans LActeur invisible rapplle que Tacteur doit se sen- tir entre ciel et tere, que le corps de Tacteur est un corps dansant, ‘ek que cette danse est la vie dela scene. Parla concentration, par Jecentrage des énergies sur le haa, par « une sorte de mobilisation physique invisible, ot le comps bouge de 'intérieut par attention atu ‘ythme biologique que traduit le Jo Ha Kyu (commencement, déve loppement, final), acteurva dispenser son énergie au spectateur qui sera alors transportésinon transforme :« Jai limpression quien un sens énergie de lartiste (le peintr) est transmise a celui qu regard au a travers des couleurs, des textures t des formes. Pour acter, le probleme dquivalent st de maintenir ae «présence » forte face au publi, Méme silest incapable de le mettre en mots, le public peut sentir énergie de Tincerpréte.. Quand on joue, le but est pas de montrr le « person- nage » que fon jove. Adela du personnage, existe un « dre humain plus fondamental » qui donne ve ala scone, Se contenter de construire Iepersonmagenesuft pas» IIne faut pas oublier que ce qui se passe sur scéne nest I que pour les spectaters. I nest pas seulement question de donner mais de recevoirdu public découter sa «voix», de communieravecle monde et avec tous les hornmes.« Le corps, conseile Michal Chekthow, doit poi assim des eats poychologiques et sen péndre,jusqu devenir tne veritable cass de résonance, une sorte démetteu-réepteur-amplif catewr drmages, de sentiments, démotons, dimpulsions de toutes sortes (le viable le de Farts eréateur riest pas simplement de copier Tepparenceextérieure de lave dans toutes ses manifestations avec tus ses prolongements(.) Le corps de Facteur ne prend tout sa valeur que Iorsquil est animé par une volonté artistique continue... cest donc par Tintérieur qui fut remanier,re-faconer, le cores de Tater...cec nous carméne a la seconde des qualité essentieles exigts de Tater = une vie psychologique intense» y a cependant une consigne impor tance: lerteur serait, pour Tacteur, dappliquer au personnage ses propres sentiments Lévolution du théitre et en particulier de Tart de Tacteu, montre a quel point le jeu corporel rendu plus conscient ‘ pu modifier le vécu méme de la présence. Ce qui compte nest pas seulement lexpression indviduelle un grand talent, mais plt®e une gestion particulére des moyens donnés a Tétre humain, par une discipline du corps et de Tespit Il sagit dun art dont les artisans sont préoccupés de la nature humaine et des interrogations quelle comporte, autrement dit dune métaphysique de a présence La présence vocale « Lavo, est Tathenté dus homme ou d'une femme gui sera plus vrai possible par rapport on enforce.» WibalBouut, LL dente Le regard (émergence du cerveau, eta voix (émergence du sou), avec les mouverents (émergence de a volont) sont les trois comn- ‘posantes par lesquelles le comédien effectue la mise en présence de son monde interme, Le regard et le geste sont les appuis du dite par Leite ea Franc la Pode Hate, Jacques pen 3B 9 Guy carpet, Arau Ladle arg deme, UGE. 173,286 10. Romain wegen Caer Res art 9, 1969, 757 1. Yoshi Os, Latur, tes Suc, 198, pp. 73-66 12 Mikael Chae, Boe Ate, Olver Pee, 190, 3.2022. canter lesquels le personnage prend corps. Cest par Tarticulation de ces trois moyens dexpression que se réalisece que on appelle la « pré- sence » [lest évident que le rendu vocal est a ésultante d'un état particulier du comps (resonances lies la morphologie, respiration, prononciation, ete), mais aussi dun travail non seulement sur la tise en bouche, mais en corps, du text. La voix propre aux acteurs se difference de la voix parlée ordinaire par laticulation, par Tin- tensité, et par une conscience de la circulation de lénergie sonore ‘de fagon précis en rapport avec Veet & produite. On doit considé- rer quel virtuosté vocale, tla matrise des possiblités sonores de ses organes par Yacteur constituent une part essentille de Tffet de présence, Dans la mesure ot Ton doit considérer le langage comme ‘une musique, deux formes particuliées permettent la gestion du proféré: le continuum et le contraste. La premitre qualité, propre au chant, lephrasé, permet a Tauditeur dentrer dans un univers par ticlir dlécriture Le contraste est le passage dune qualité de voix & ‘une autre, un changement dela hauteur, vers I haut u vers le bas, ‘ou encore un changement dappui vocal des résonances aun endroit précis du corps. (Ces deux actions de a voix lors dune performance sont dalicates et dangereuses dans la mesure ot elles ne doivent pas étre gratuites ‘i utilisées en surenchére de ce qui est dit. Cest par leurs jeux que le public persoit intrinité pa laquelle Tacteur a choist décaire le personnage.Acela sajoutent les rythmes etlesintonations, Le texte rest autre chose quune pation aprés quel comédlen ena choisi organisation rythmique CCest cette préparation que se lilt avec soin Louis Jouvet pour aquile texte était avant tout une respiration. Le rythme cependant, sauf dans les cas oi la scansion est déterinée comme primordial, peut varier en fonction dela condition physique de acteur et dla condition du public de 'ambiance collective, est de cette attention A Taccord entre scene et salle quil épond, et la réussite dine re présentation repose souvent sur cetteharmonie, sur cette qualité de présence Les intonations sont par contre en rapport direct avec la mémoic, ce sont des codes auitifs:« lst pares irtonatons quo est tenu au courant ces éats dime d'un personage, dit Michel Bouquet, (Cese sa virile en quelque sorte puisque ses cri renseignentsurcequil est profondément.» ® Dans toute manifestation de présence, la fonction du rythme est cessentille La mise en rapport des éléments, comps et gests, mots cet voix, couleurs et lumiéres,constitue la base céatrice grace & la quelle la matiére de Teeuveeentreraen sympathie avec le spectateu, sa facuté imaginative et sa respiration Laren on thease ani noeeoeposcn Tondo dela présence. Ele est projection du corps vers Taute, pour aut, | rele ce quilya deplus authentique en chacun et témoignant dey sources originelles des sons dans le corps. Selon les Dogons, dang lecorps deThorne la parce suit une évolution parallel celle de lacroissance deT8treumain : androgyne etcantonnée dansleca. vveau et les clavicules du foetus, elle se diférentie ensuite en mileee | femelle, passe parle véhicule du sang 8 travers les organesintergs selon des trajets précis. Pour eux le corps est une sorte de métier _ tisserla parole. Il est étrange de noter cette quasi similitude avec | conception du bouddhisme tantrique, ot la déesse parole parcour > les chakras du corps, du son premier inaudible ala parle étalée de la bouche, Ces conceptions sont sans doute des legons que ls ac teurs pourraient entendre parce quélles enracinent la voix dansla + ralité des corps. Quandlerideau se ove, Tacteur doit réponde pre» sent, Il peut se faite attendee, mais pas trop sinon ine sera bient&t plus autre chose quelui-méme.Lattente des spectateurstransforme | Te comédien en personage Le dire comme présence } « Cesta que la réctaton de Tepos peut incur un scours autres dans sa langue archatque, voire étrangere,voire se poursuivre au temps présent avec toute Tarimation de Tater, mais cest la fon dun di cours indirect, isl entre des gullemets dans le fil durée, sie ju, est sur une cone impliquant a présence non seulement da chau, mas des specateus.» cqustacn, esp 260 os percé et le bois qui chantent, transmettent une vértépremite enfouie. La matiérequentelacent les mouvements de vie du mon- treur,insuffiée des notes souvent nasilardes de sa voix, surgi so dain dans le vif de Finstant. Sa présence partcipe de celle du jon- leur caché qui ejoue parle geste et a parole lactecréateur origin exemple du bunratu, avec la higrarchie de ses trois manipulateurs dont deux sont cagoulés, la polyvocalité du conteur, le gud asst- rant toutes les voix, témoigne de cette ascension et acession des poupées au présent del ve. Crest parlamélodie des mots quele texte chante. Cest parTinvsble du présent que la parole éclaire. Cest par les forces du retour que se cée la distance par laquelle le spectateur est emporté. Rien de tel au théttre quel personnage comme absence, Cest peut-éte la lef magique de La Cerisaie de Tchekow ou du Dibbouk d’r'Shi. la sorrue secrete qui ouvre au ttre de Kantor. 1 Miche Reaquet Conde conte, pe 8, 37.54, 8 Stier weeks ede les ac ansl: ‘ep feta forme ‘sible que ende Strela Skil | omposantes du dit et du non-dit, du texte et du sous-texte, Jamet du aché son et u sence, autement dit du rhe, une trae qui est avant tout parcours, ta veable condition du spectateur est cele dun écoutant qui fe, dun voyant qui construit le monde, La veritable condition ip facteur trouve sa forme accomplie dans Iémotion quil susie aprésence-absence est Tun des codes qui permet Iémergence du sentiment exthétiqu dansla mesure oils effets alternés de Tiden- tiation et de la distanciation, cesta-dite du méme et de autre, nt sur état de conscience et le modifient Tecomédien constrt, scupte avecle temps ne ret pas dit. Sa petenc reve des powois de fascination du prophétique delalan- spe Sil recherche stanisavenne du revive intériur permet de donner leur couleur affective aux mots comme aux gestes,rendant lnsiustion du die iradiante, ne faut pas omettee risque rée par equal seffectue de facon plénire la performance en sa durée. Dans le chapitreinttulé « Diction et chant » de La construction du persnnage, Stanslavskinsstenon surlavirtuostépropreaacteu, nas sur fate de transmission par lequelYoruvre parvient au spec tateur, Cest-ddice par les sensations dont les mots sont porteuts. «La parole, écrit Stanislavski,cest dela musique, Dans une pice, le tere de chaque rl est une modi, un opéra, ou une symphonie Sur la ‘sine lapronondiaton est un art aus dif que Tart de chante. est martquiexige un entratnement et une technique fort proces del vir- tuosité Lorsquum acter, en possession dune voi bien entrainée et dune technique vocale magistrale, dit son texte, je suis complétement emporté parson art souverin. Sila du rythe,esuisiwolotairement entatné parcerythmeet parleton deses paroles, suis profondément rem. Sil én jusul ime des mts, i mlemmene sa ute dan es recon les ls secrets de ae du cramatuge, en méme erp que dans les replis cals de son de du i lacteurajout Forrement vivant du son ace conter vivant des mots, il permet mon regard ineérieurdentrevoir les images qui a construites Taide desa propre force créatrice. »"* Nous void au carr du phénoméne qui fait la force du thédtre la ranitre dontlespectateurest en quelquesorte

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