BOURDON «FORESTIER
Sandrine RICHER
‘Apoline CAGNAT
Wiliam BOURDON Amélie LEFEBVRE
Léa FORESTIER Bertrand REPOLT
Vincent BRENGARTH
‘vocals associés ‘vocals colaborateus
Monsieur Mathieu PIGASSE
Banque LAZARD FRERES
121 boulevard Haussmann
75008 PARIS.
Par porteur
Monsieur Xavier NIEL
Sociétés ILIAD / FREE
16 rue de da Ville-'Eveque
75008 PARIS
Monsieur Pierre BERGE
Fondation Pierre Bergé — Yves Saint
Laurent
5 avenue Marceau
75116 Paris
Paris, le 8 juin 2016
Aff. : Aude LANCELIN / L'OBS
Messieurs,
Nous vous écrivons en qualité de Conseils de Madame Aude LANCELIN qui a
récemment fait l'objet d’une mesure de licenciement dont vous savez qu'elle
nous a instruits pour saisir, au plus vite, le Conseil de Prud’hommes.
Vous ne pouvez pas ignorer, de notre point de vue, que ce licenciement est
dénué de toute cause réelle et sérieuse et, surtout, que sa mise en oeuvre est
entachée de sérieuses irrégularités, et ce du fait d’un contexte trés particulier
qui nous améne & vous écrire directement.
156 nue 0 Row T. 01 42 60 32 60
75001 PARIS For 42 60 19.43,
Toque R 13 ‘contact@baurdn forestier com
Membres dune association agreée le raglament des honorares par chésue est accepteIl n'y a pas de doutes pour nous sur le fait que ce licenciement, par son
inspiration et sa mise en ceuvre, est sans précédent dans l'histoire de Obs et,
au-dela, de la presse francaise
C'est pourquoi, en écho a cette dimension exceptionnelle, nous vous
interpelons pour obtenir de vous des réponses @ un certain nombre de
questions fondamentales qui restent aujourd’hui en suspens.
Ces questions persistantes sont connues de tous et résultent d’un contexte dont
la presse a largement rendu compte ces derniers jours, ainsi que vous ne pouvez
Vignorer.
Nous savons qu’en votre qualité d’actionnaires mais également de Président et
membres du Conseil de surveillance de la société, vous étes ceux qui peuvent et
doivent apporter & notre cliente les éclaircissements nécessaires & la bonne
compréhension d’une décision que nous contestons et qui lui a causé un
préjudice considérable.
Des éléments confirment en effet que cette décision a été prise, de maniére
tout a fait singuliére, par certains membres du Conseil de surveillance de la
société. Et cela en contravention manifeste avec la « Charte » de L’Obs qui
stipule que les actionnaires «s‘interdisent d’intervenir d'une quelconque
maniére sur le travail journalistique des membres de la rédaction »
Il est établi que, le 11 mai dernier, c'est bien a |’occasion d’une réunion du
Conseil de surveillance de L’Obs que Monsieur Claude PERDRIEL a tenu
publiquement et sans ambages des propos menacants a I'égard de notre cliente.
Nous ne trahissons pas sa pensée en rappelant qu’il aurait alors considéré que
Madame Aude LANCELIN ne respectait pas la ligne éditoriale « sociale-
démocrate » du journal et qu'elle publiait des « articles anti-démocratiques dans
ses pages ».
Le contenu du SMS adressé par Monsieur Claude PERDRIEL le 14 mai 2016 &
18h26, dont nous rappelons comme suit le contenu : « Chére Aude, vous avez
toute ma sympathie mais Ia décision du dernier conseil est évidemment
irrévocable. Votre talent est indiscutable, vous étes jeune, vous n’aurez pas de
probleme pour trouver du travail, nombreux sont ceux qui vous soutiennent.
Moralement c’est important. Je respecte vos opinions mais je pense qu’elles ontinfluencé votre travail », ne laisse pas non plus le moindre doute sur les raisons
véritables de cette éviction.
Il est en conséquence selon nous indiscutable que cette chronologie ruine
totalement la procédure et les motifs que L'Obs a tenté artificiellement
d’articuler a l’égard de notre cliente, et réitérés publiquement, en l’espéce des
raisons de nature « managériale ».
Cest peu dire que I’éviction brutale de notre cliente a suscité désapprobation,
consternation et, évidemment, interrogations. On relévera & cet égard le
communiqué des sociétés des rédacteurs ou des journalistes du Groupe LE
MONDE et de la société des rédacteurs de L’Obs en date du 3 juin 2016
relevant :
«Nous sommes particuligrement préoccupés par la brutalité du
licenciement d’Aude LANCELIN et sa connotation politique assumée par un
actionnaire, méthode inédite dans ’histoire de I'Obs, comme dans celle du
Groupe LE MONDE. »
Au-dela, et pour répondre a cette exigence de compréhension Iégitime de notre
cliente, nous vous remercions, et nous considérons qu’il ne saurait y avoir
d'obstacle 8 cet égard, de bien vouloir nous donner votre point de vue sur les
points cruciaux suivants :
- Selon vous, les actionnaires sont-ils habilités 4 obtenir une décision de
licenciement a |’égard de Madame Aude LANCELIN ? Et si oui, quelles
pouvaient étre les bases de cette décision ? Et dans la négative, comment.
expliquer alors, les évenements tels qu’ils ont été relatés ?
- Nous vous remercions également de nous confirmer que la décision qui
a été prise de licencier Madame Aude LANCELIN était effectivement
considérée comme de nature irrévocable six jours avant que n/ait eu lieu
son entretien préalable de licenciement? Si votre réponse était
affirmative sur ce point, ce dont nous peinons a douter eu égard aux
éléments mentionnés ci-dessus, quel est votre regard sur les conditions
dans lesquelles cette procédure de licenciement est intervenue ?
- Avez-vous connaissance, comme certains articles de presse en évoquent
la possibilité, de ce que les membres du Conseil de surveillance, ou
certains d’entre eux, aient pu étre inspirés, dans la décision prise & I’égard
de notre cliente par une intervention de nature politique ?Nous vous remercions de noter que nous estimons qu’il ne saurait y avoir
d’obstacles 8 ce que vous répondiez a l'ensemble de ces questions car Madame
Aude LANCELIN est en droit d’exiger de comprendre les raisons qui ont conduit
a cette situation inédite.
Le contexte et les éléments rappelés ci-dessus démontrent, d’une part, que la
lettre de «licenciement » qui lui a été adressée n’y suffit aucunement et,
d’autre part, que votre réponse aux questions posées ci-dessus est devenue
absolument indispensable.
Conformément & nos régles déontologiques, évidement nous sommes préts &
converser avec celui de nos Confréres en charge de la défense de vos intéréts.
Nous vous prions d'agréer, Messieurs, lexpression de nos salutations
distinguées.
wv \ Le —™\
Frank BERTON William BOURDON