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1-Intégrale de Riemann

Le programme ne précise pas si la définition de l'intégrale de Riemann doit


figurer dans le cours. Certains collègues commencent ce cours
directement avec la définition de la primitive d'une fonction, et

Ainsi, le théorème fondamental de l'analyse, qui


établit le lien entre l'intégration et la dérivation, devient trivial.

A mon avis, ce cours est quand même l'occasion ou jamais de définir


l'intégrale de Riemann. Même si on passe sur les détails, on peut donner
les trois définitions de ce premier chapitre et évoquer l'interprétation
géométrique qui est très liée à la définition des sommes de Darboux.

Subdivisions et sommes de Darboux

Définition Une subdivision d'ordre d'un intervalle est une partie

finie telle que

On notera l'ensemble des subdivisions de .

Exemple [subdivision équidistante] Lorsque avec , on

parle de la subdivision équidistante d'ordre de ; on la note parfois

. Le nombre est le pas (uniforme) de cette subdivision.

Définition La somme de Darboux inférieure resp. supérieure de

relativement à une subdivision sont définies


par

resp.

1
où est la longueur du sous-intervalle .

Les sommes de Darboux sont des réels bien définis si la fonction est

bornée, .

Sauf mention du contraire, dans tout ce qui suit, les fonctions considérées
seront toujours bornées sur l'intervalle en question, sans que cela soit
nécessairement dit explicitement.

Remarque Etudier l'interprétation géométrique des sommes de

Darboux comme aire des rectangles de base , encadrant

l'épigraphe de de en-dessous resp. au-dessus.

Exercice Montrer qu'en ajoutant un point (entre et ) à , la


somme de Darboux inférieure (resp. supérieure) croît (resp. décroît). En
déduire qu'on a

et

Utiliser le résultat précédent et la subdivision pour montrer


que

2
Solution .

Remarque Lorsque pour , on dit que est plus fine que

. (C'est une relation d'ordre partiel sur .)

Fonctions Riemann-intégrables, intégrale de Riemann

Définition La fonction est Riemann-intégrable sur ssi les deux


nombres

coïncident ; ce nombre est alors appellé l'intégrale de Riemann de sur

(ou de à ), et noté .

L'ensemble des fonctions Riemann-intégrables sur est noté .

Remarque L'existence de et est évidente: il suffit de constater

que les ensembles et sont non-vides

(prendre ) et majorés resp. minorés d'après l'exercice

précédent. On peut aussi montrer que et sont atteints lorsque


le pas de la subdivision, tend vers zéro. La taille de ce pas

induit la structure d'une base de filtre sur , permettant de considérer

la limite de et en .

Remarque Revenir sur l'interprétation géométrique de et , en


considérant la limite de subdivisions de plus en plus fines.

3
Remarque La ``variable d'intégration'' dans est une
``variable muette'', elle peut être remplacée par n'importe quelle autre
variable (qui n'intervient pas déjà ailleurs dans la même formule).

Donnons encore une propsition d'ordre plutôt technique, avant d'énoncer


une condition d'intégrabilité suffisante dans tous les cas que nous allons
rencontrer.

Proposition (Critère d'intégrabilité de Riemann.) Une fonction est

Riemann-intégrable sur ssi pour tout il existe une subdivision

telle que .

Démonstration Par déf. de et ,

et . Avec
, il vient que

. Donc si

, on a la subdivision souhaitée. Réciproquement,

si une telle subdivision existe pour tout , alors et coïncident


évidemment.

Théorème Toute fonction monotone ou continue sur un intervalle est


Riemann-intégrable.

Démonstration Si est monotone, le et est atteint au bord de

chaque sous-intervalle . On a donc

. Il suffit donc de choisir le pas de la subdivision assez petit,

, pour que ceci soit inférieur à un donné, d'où


l'intégrabilité d'après le critère de Riemann.
Pour une fonction continue, la démonstration est admise dans le cadre de

ce cours. A titre indicatif: est à remplacer par

, où sont les points de l'intervalle fermé et borné

en lesquels la fonction continue atteint son maximum et minimum. On

4
utilise maintenant le fait qu'une fonction continue sur y est
uniformément continue , pour donné il existe (indépendant du

point ) tel que . Donc, pour , on a

. Ceci devient aussi petit que voulu, car on peut


prendre des subdivisions équidistantes pour lesquelles

, il suffit donc de prendre assez petit.


Pour montrer qu'une fonction continue est uniformément continue sur un

intervalle borné , on peut utiliser que l'ensemble des boules ouvertes

telles que , est un recouvrement ouvert

de , dont on peut extraire un recouvrement fini d'après le théorème


de Heine-Borel. Le minimum de ces correspond au de l'uniforme
continuité (au pire pour au lieu de ).
(Pour une démonstration du théorème de Heine-Borel, voir ailleurs...)

Corollaire De même, une fonction (bornée!) continue sauf en un nombre


fini de points, ou monotone sur chaque sous-intervalle d'une partition finie

de , est Riemann-intégrable . (On peut en effet utiliser l'additivité des

sommes de Darboux , pour

qui entraîne celle de et de même pour .)

Remarque [fonction de Dirichlet] La fonction de Dirichlet,

n'est pas Riemann-intégrable, car on a

En effet, sur chaque il existe un point irrationnel, donc

, mais aussi un point rationnel, d'où . Ainsi et

est somme des longeurs des sous-intervalles et donc égale à .

Remarque Le pas uniforme des subdivisions équidistantes simplifie


beaucoup l'expression des sommes de Darboux (exercice!).

On peut montrer que pour , on a

5
La réciproque est vraie si est continue.

Sommes de Riemann

Les sommes de Darboux ne sont pas très utiles pour le calcul effectif
d'une intégrale, par exemple à l'aide d'un ordinateur, car il est en général
assez difficile de trouver les inf et sup sur les sous-intervalles. On
considère plutôt

ou

Plus généralement:

Définition Si vérifie , on appelle

une subdivision pointée et

la somme de Riemann associée à la subdivision pointée . Si on pose

de plus , on a

c'est de là que vient la notation .

Théorème Si , alors les sommes de Riemann tendent

vers , independamment du choix des , lorsque la subdivision


devient de plus en plus fine.

Démonstration Par définition, il est évident que

. Soit et tel que .

6
Alors on a aussi , quel que soit le choix des , et a

fortiori pour tout . D'où le résultat.

Si est continue, atteint son minimum et maximum sur chaque

en un certain et . On obtient donc les sommes de Darboux


comme cas particulier des sommes de Riemann, en associant à chaque

des points tels que .

En particulier, lorsque la fonction est monotone, par exemple croissante,

sur un sous-intervalle , alors et . Les sommes de

Riemann et données en début de ce paragraphe coïncident donc avec


les sommes de Darboux inférieure et supérieure pour une fonction
croissante.

2-Propriétés de l'intégrale de Riemann

Proposition Pour , on a

En particulier, on a

Démonstration L'inégalité est conséquence immédiate de la

définition de resp. . Pour montrer , il suffit de prendre

Théorème [de Chasles] Soit . Alors,

et on a la relation de Chasles :

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Démonstration Pour tout , on a évidemment

et . Ceci entraîne

. Le même s'applique à . Ainsi l'intégrabilité sur

et implique celle sur , et la relation de Chasles.

Réciproquement, tout qui contient se décompose en avec

, et on a les mêmes relations pour les sommes de

Darboux. Pour passer à et , on peut toujours supposer ,


quitte à l'ajouter, sans perte de généralité. On en déduit le théorème.
(Exercice: détailler cette démonstration.)

Définition Pour , on définit

et pour , .

Remarque Avec ces conventions, la relation de Chasles est valable quel

que soit l'ordre de (par exemple aussi pour ). C'est en effet


la principale motivation pour ces définitions, ce qui laisse deviner l'utilité
et importance de cette relation dans les applications.
Il convient d'être très vigilant concernant cette généralisation lorsqu'on
utilise des inégalités (telles que celles de la Prop. ), qui ne sont

généralement valables que pour .

Proposition est un sous-espace vectoriel du -espace vectoriel

des fonctions de dans , et , est une

forme linéaire sur . Autrement dit, et surtout

8
Et :

Démonstration Les sommes de Darboux ne sont pas linéaires (car et


ne sont pas additives). Passons donc par les sommes de Riemann, dont

la linéarité, , est évidente, ce qui

donne, par passage à la limite , le résultat souhaité. (Exercice:


détailler ceci...)

Proposition Pour ,( ), on a:

(1)

(2)

et (3)

Démonstration (1): et .

(2): .

(3): on a , avec le (2) donc et .

Remarque La réciproque du (1) est évidemment fausse,

n'implique pas . (Contre-exemple: sur .)

Remarque Dans le cas , , on a que est l'aire de


l'épigraphe

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Théorème [de la moyenne] Soit (fonction continue de

). Alors

Démonstration étant continue, on a

D'après l'éq. ,

D'après le thm. des valeurs intermédiaires appliqué à (continue) entre

et , on a (ou ) tel que

3-Intégrale de Riemann et primitives

En principe il est possible de calculer des intégrales en utilisant


simplement la définition en terme des sommes de Darboux. Or, ceci est
généralement assez lourd et difficile. De plus, ayant fait le calcul de
l'intégrale sur un intervalle, il faut le refaire pour chaque autre intervalle à
laquelle on s'intéresse (à moins de pouvoir faire un changement de
variables plus ou moins compliqué).

Exemple Calculer pour et , en utilisant des

subdivisions équidistantes de .

Solution Comme est une fonction croissante sur , elle est intégrable
et les sommes de Darboux coïncident avec les sommes de Riemann

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Pour , cette somme est bien connue: , et donc

Pour , il faut utiliser , d'où

(Pour trouver la valeur de , on peut utiliser , et

observer que la pemière expression est la valeur de en . En


permutant somme et dérivées, on calcule alors la dérivée de la somme

géométrique égale à , puis sa limite en .)

On voit que la méthode se généralise à n'importe quel , mais pour

les choses se compliquent. Aussi, pour calculer avec

, il faut faire des changements de variables pour se ramener au


cas ci-dessus.

L'objet de ce chapitre est d'introduire la notion de primitive d'une fonction,


qui permettra d'éviter ce genre de calcul, en utilisant les conclusions du
présent et les méthodes des suivants chapitres.

Primitive d'une fonction continue

Soit et une fonction numérique définie sur .

Définition Une fonction est une primitive de dans ssi


est dérivable sur , et

dans .

Proposition Si et sont deux primitives de , alors est une

constante sur tout intervalle .

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Démonstration Soit . On applique le théorème des accroissements

finis à la fonction , dérivable sur comme somme de


fonctions dérivables. On a donc

Donc , ce qui est une constante, indépendante de


qui peut parcourir l'ensemble des points de .

Remarque Le mot «intervalle» est essentiel dans cette proposition: si

est réunion d'intervalles (ouverts) disjoints, peut être différent sur


chacun des intervalles.

Existence d'une primitive

Théorème Toute fonction continue possède une primitive ,

donnée par .

Démonstration Vérifions que la fonction convient.

D'abord, cette intégrale existe pour tout car continue sur

donc . Calculons

(relation de Chasles )

D'après le thm. de la moyenne , tel que

Donc

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(NB: Si ou on ne peut considérer que la limite à gauche ou à

droite, tex2html_image_mark>#tex2html_wrap_inline4476# ou .)

Remarque Ce résultat permet d'identifier l'intégration comme une anti-

différentiation (à une constante près), puisque pour


.

Intérêt de la primitive

D'après le thm précédent, est une primitive de , et

d'après la proposition , toute primitive de est égale à , à une

constante près. Donc, si est une primitive quelconque de , alors

, et

en utilisant la relation de Chasles .

Ainsi, la connaissance d'une primitive quelconque d'une fonction sur

un ensemble permet de calculer l'intégrale de sur n'importe quel

intervalle , en appliquant la formule

Ainsi, bien que cela soit possible, on n'utilise dans la pratique quasiment
jamais la définition de l'intégrale de Riemann en terme de sommes de
Darboux , pour la calculer. Sauf exceptions, on cherchera toujours une

primitive de par les méthodes qui seront développées dans la suite, pour
appliquer la formule ci-dessus.

4-Pratique du Calcul intégral

Nous allons ici aborder quelques méthodes pour calculer des primitives
d'une large classe de fonctions.

Intégrale indéfinie

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Soit continue. On note l'une quelconque des primitives

de , définie à une constante près que l'on ajoute toujours explicitement.

Exemple . Ici, , on peut donc avoir des

constantes différentes sur et sur . Autrement dit, est une


fonction constante sur chaque sous-intervalle de .

On dit que est l'intégrale indéfinie de , alors que


s'appelle intégrale définie.

Remarque On utilise la notion d'intégrale indéfinie comme synonyme de


primitive. On pourrait faire une distinction plus rigoureuse en définissant

l'intégrale indéfinie comme l'une quelconque des fonctions de la

forme , ou n'est pas spécifié. (C'est ainsi qu'on la


détermine et qu'on l'utilise, dans l'esprit du sous-chapitre qui précède.)
Les deux définitions sont équivalentes au détail près qu'on n'obtient alors
pas toutes les primitives par les intégrales indéfinies: en effet, en
changeant la borne inférieure on ne peut pas obtenir toutes les

constantes, si est borné ou si les primitives de sont bornées, si

est finie.

Primitives des fonctions usuelles

Par dérivation, on vérifie aisément la validité des relations données dans


le tableau . De même, on vérifie par dérivation (règle de chaîne!) que

avec

Tableau: Primitives des fonctions usuelles

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Cette formule sera étudiée plus en détail dans le paragraphe . Elle
permet d'utiliser les formules élémentaires ci-dessus pour toute une classe
de fonctions élémentaires «composées». Son application notamment au

cas (et donc ) est immédiate et donne:

Exercice Généraliser le formulaire précédent, en remplaçant dans

l'intégrand par .

Intégration par parties

Proposition Pour , on a

ou encore, avec et en utilisant les intégrales définies:

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Démonstration On a

D'où (en absorbant la constante d'intégration dans les intégrales


indéfinies) la première partie de la proposition. La deuxième partie
s'obtient en prenant la valeur en moins la valeur en .

Remarque Cette relation est souvent utilisé pour diminuer

successivement le degré d'un polynôme qui multiplie une fonction

que l'on sait intégrer.


Elle sert aussi pour l'intégration des expressions faisant intervenir les
fonctions trigonometriques, où l'on retombe sur la fonction d'origine après
deux intégrations.

Exemple Calculons la primitive . On posera deux fois

successivement :

Exemple Calculons la primitive . On posera successivement

, puis :

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On met tous les dans le membre de gauche et obtient après division
par 2:

Formule de Taylor avec reste intégral

Comme application importante de l'intégration par parties, démontrons le


Théorème [formule de Taylor avec reste intégral]

Pour et , on a

(4)

(Rappel: on note les fonctions fois continûment dérivables sur .)

Cette formule de Taylor avec reste intégral est historiquement la première


parmi les différentes formules de Taylor (cf. chap. , page ), trouvée par
Monsieur Brook Taylor (1685-1731).

Elle sert pour le calcul de développements limités qui seront étudiés au


chapitre suivant. Elle donne une approximation polynômiale de la fonction

au voisinage de : en effet, si est proche de , alors les termes de la

forme deviennent très petits, d'autant plus que est élevé. Le


dernier terme, appelé «reste intégral» du développement, tend encore

plus vite vers zéro que (comme on le démontre au chapitre ).

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Démonstration Pour , la formule est vraie: en effet, elle s'écrit dans
ce cas

ce qui exprime simplement le fait que est une primitive de , lorsque

Supposons maintenant ( ) vraie pour un certain , et que

admette une dérivée continue sur . Ainsi, les deux facteurs


dans le reste intégral vérifient les conditions suffisantes pour pouvoir faire

une intégration par partie, avec et

. Alors

La borne supérieure du crochet donne zéro et pour la borne inférieure les

signes se compensent, on a donc

et en reportant ceci dans ( ), on trouve la formule au rang .

Changement de variable d'intégration

Proposition Soit continue et un difféomorphisme, une

bijection telle que et soient continûment dérivables. Dans ce cas,

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avec

Autrement dit, est une primitive de . En terme d'intégrales


définis, on a

Démonstration Il faut et il suffit de montrer que a comme dérivée

. Or, d'après la règle de chaîne, on a

Or, et (ce qui se montre en dérivant

). Donc

Pour une intégrale définie, on a donc

ce qui revient au même que la formule donnée dans l'énoncé avec

et .

Applications -- Disposition pratique:

Ce théorème permet de calculer si l'on sait calculer , ou


réciproquement. Il est à la base de tout «l'art de l'intégration », qui

consiste à trouver les bons changements de variables .

Dans la pratique, on écrit alors

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On écrit symboliquement , et on substitue ces deux équations
dans l'intégrale en question:

Puis, ayant trouvé la primitive du membre de droite, on retourne à la

variable en substituant .

Exemple Calculons la primitive sur l'intervalle . Posons


. C'est justifié car est une bijection différentiable

de sur , et la fonction réciproque est également


dérivable à l'interieur de cette intervalle. D'où

N.B.: En terme des définitions de la proposition, on a travaillé avec


plutôt qu'avec ; c'est souvent plus ainsi qu'on procède dans la pratique.

Remarque Il faut s'assurer que la fonction est effectivement une


bijection, généralement en considérant ses propriétés de monotonie. Dans
le cas echéant, il faut découper l'intervalle d'intégration en des sous-
intervalles sur lesquels est monotone.

Formule de la moyenne généralisée.

Comme application intéressante des changements de variable,


considérons le

Théorème [de la moyenne, généralisé.] Soient et sur ]


[a,b. Alors,

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Exercice Démontrer ce théorème, en étudiant la fonction

pour justifier le changement de variable .

Solution: La fonction est bien définie ( intégrable car continue) et

dérivable sur , avec sur . Donc est strictement

croissante sur ][a,b, et idem pour , qui est donc bijection de sur

. est dérivable et . Ainsi on peut faire le


changement de variable pour passer de à :

En utilisant le théorème de la moyenne pour ,

on a le résultat cherché, avec (puisque ).

Intégration de fractions rationnelles: décomposition en


éléments simples

Dans ce (long) chapitre, on montre comment on trouve une primitive pour

toute fraction rationnelle , où sont de polynômes. On


procède par étapes, en illustrant la théorie à l'aide de l'exemple

La première partie de ce chapitre est plutôt algébrique: nous citons et


utilisons ici plusieurs théorèmes importants d'algèbre sans démonstration,
qui n'a pas sa place dans ce cours d'analyse.

Division euclidienne

1 étape: On utilise le

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Théorème [et définition: division euclidienne]

Soient , . Alors il existe un unique couple de


tel que

et

On dit que est le quotient et le reste de la division euclidienne de


par .

Ainsi on peut écrire

avec . Le polynôme s'appelle partie entière de la


fraction rationnelle.

Exemple On effectue la division euclidienne comme suit:

On a donc

Polynômes irreductibles

2 étape: On considère donc dorénavant une fraction rationnelle

telle que . Pour procéder, on pose

Définition Les polynômes irréductibles (sur ) sont les polynômes de

degré 1 et les polynômes de degré 2 sans racine réelle ( avec

).
Un polynôme est unitaire ssi le coefficient du terme de plus haut degré
est 1.

On se servira du

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Théorème Tout polynôme de se décompose de manière unique en
un produit de la forme

c'est à dire d'une constante qui est le coefficient du terme de plus haut
degré de , et de polynômes irréductibles unitaires: sont les racines
(distinctes) de , leurs multiplicités, et les facteurs de degré 2 sont

sans racine réelle ( avec ).

On utilise cette décomposition pour le polynôme au dénominateur de


la fraction rationnelle. On suppose de plus que le numérateur n'a pas de
facteur commun avec le dénominateur, sinon on simplifie par ce facteur
commun.

Exemple Pour trouver la factorisation , on commence par chercher


des racines ``évidentes'' en tâtonnant (i.e. en essayant pour les valeurs

0, ,...). On trouve que et , donc

divise .
On effectue la division euclidienne

Or, , par conséquent,

En effet, est un trinôme du 2 degré à discriminant négatif.

Pôles et éléments simples

3 étape

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Définition On dit que , est une fraction rationnelle
irréductible ssi les polynômes et sont sans facteur commun.
On appelle pôles de la fraction rationnelle irréductible les racines du
polynôme .

Soit la
décomposition irréductible de .
On appelle éléments simples de espèce relatifs aux pôles , les
fonctions rationnelles du type

où les sont des constantes réelles.


On appelle éléments simples de espèce relatifs aux polynômes

irréductibles , les fonctions rationnelles du type

où les sont des constantes réelles.

Exemple Décrire les éléments simples de

 éléments simples de espèce :


· le pôle de multiplicité 2 2 éléments simples :

· pôle de multiplicité 1 1 éléments simple : .

 éléments simples de espèce : · 1 seul, associé au facteur

irreductible : .

Attention : il faut toujours d'abord s'assurer de la décomposition complète

du dénominateur! Par exemple, aurait pu être écrit comme

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; ce qui ne permet pas de voir immédiatement
les éléments simples.

Théorème Soit une fct. rationnelle irréductible . Alors

1. Si , (div.euclidienne de par ), on a

dans .

2. se décompose de manière unique comme somme de tous les


éléments simples relatifs à :

Exercice Donner la structure de la décomposition en éléments simples de

.
On a

(*)

NB: quand on ne demande que la structure de la décomposition, on peut

laisser les indéterminées.

Calcul des coefficients d'une décomposition en éléments simples

4 étape: (la plus dure...)

(a) : POUR LES PÔLES SIMPLES DE MULTIPLICITÉ 1

On multiplie l'éq. (des) par , et on prend : dans le membre

de droite ne survit que , dont la valeur est donné par le membre de

gauche, avec (simplifié).

25
Par exemple, appliquons ceci au calcul de : En multipliant (*) par

, on a

et en posant ,

(b) : LES COEFF. DES PÔLES DE MULTIPLICITÉ

Pour trouver le coefficient qui correspond à un pôle d'ordre , on

multiplie par , puis on prend : de manière analogue à ce


qui précède, on trouve le coeff. recherché.

Dans notre exemple, on détermine ainsi en multipliant par :

et en prenant , .

(c) : LES COEFF. DES FACTEURS QUADRATIQUES

On peut appliquer la même méthode, mais avec les racines complexes de

ces facteurs . Pour celà, on multiplie par le facteur

, puis on prend égal à une des racines complexes du

facteur, pour trouver (avec la partie réelle et imaginaire) les coeff. et

: Dans notre cas,

les racines sont donc les 2 racines 3 non-triviales de l'unité, .


(En effet, il convient de vérifier que est vraiment un pôle en calculant

.)

26
En multipliant (*) par

et en prenant , on trouve ainsi

ce qui donne (partie réelle et imaginaire) les coefficients et après un


petit calcul. Cependant, ici ce calcul de nombres complexes est un peu
lourd et on utilisera plutôt une autre méthode, par exemple celle des
limites.

(d) : LES AUTRES COEFF. DES PÔLES DE MULTIPLICITÉ

Ces coefficients peuvent aussi se calculer par la méthode du


changement de variable . Ceci nous ramène à un pôle en
. Pour calculer les coefficients associés à ce pôle, on fait la division par les

autres facteurs de suivant les puissances croissantes en , à


l'ordre ; on s'arrête lorsque le reste ne contient que des termes de
degré supérieur ou égale à , de façon à pouvoir mettre en facteur .
Le quotient donne alors tous les coefficients associés au pôle .

Exemple Dans notre exemple, le changement de variable est


, donc

On divise alors par


suivant les puissances croissantes, à l'ordre 1:

D'où:

27
En divisant par , on a donc

et on déduit du premier terme que et .

NB: cette méthode est surtout intéressante s'il y a un pôle de multiplicité

élevée ( ) et peu d'autres facteurs dans , ou alors s'il s'agit dès le


début d'un pôle en (ce qui évite le changement de variable).

(e) : MÉTHODES GÉNÉRALES POUR LES COEFF. RESTANTS


(i) : méthode des limites

Cette méthode consiste à multiplier d'abord par la plus basse puissance


qui intervient dans la décomposition en éléments simples, et de prendre la
limite (où il suffit de garder les puissances les plus élevées). Ainsi,
on a dans le membre de droite la somme des coefficients qui
correspondent à cette puissance, qui permet de déterminer un coefficient
en terme des autres.

Exemple Dans notre exemple, on multiplie par , la limite donne alors

et donc .
(ii) : méthode des valeurs particulières

Une autre méthode consiste à simplement prendre des valeurs


particulières pour (différents des pôles) et ainsi d'avoir un système
d'équations qui permettra de déterminer les coefficients manquants.

Exemple Dans notre exemple, prenons :

et donc .

Remarque: dans le cas général, il faut ainsi créer un système d'autant


d'équations (indépendantes) qu'il reste de coefficients à déterminer.

(iii) : par identification

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La méthode générique qui marche toujours mais qui n'est pas toujours
pas la plus rapide, consiste à réécrire la somme des éléments simples sur

le dénominateur commun qui est , et d'identifier les coeff. des

mêmes puissances de du membre de gauche (coefficients de ) et du

membre de droite (les multipliés par une partie des facteurs de

).

Ainsi on obtient un système d'équations linéaires dont la solution donne


les coefficients (manquants).

Application au calcul de primitives

Avec la technique étudiée dans ce chapitre, on peut intégrer toute fonction

rationnelle . En effet, on commence par simplifier par les

facteurs irréductibles de pour désormais pouvoir supposer

irréductible. Ensuite, au cas ou , on effectue la division


euclidienne pour avoir

avec

Enfin, on décompose en éléments simples. On n'a donc plus qu'à


trouver les primitives pour les deux types d'éléments simples,

et
La première intégrale ne pose pas de problème, sa primitive est

si et si
Considérons donc le 2e type d'intégrale. On l'écrit d'abord sous la forme

avec et . Ainsi, le premier terme est de la forme

, avec la primitive (resp. pour ).

Tout ce qui reste donc à calculer est la primitive ( ).

29
Pour ce faire, on se ramène par un changement de variable à cette

intégrale avec et avec , en posant successivement ,

puis ).

Pour calculer , on pose , , .


[justifier ce chgt de variable !]
Alors

(rappel: ).
Pour , une primitive est . Sinon, on fait une intégration par
partie d'un facteur pour diminuer l'exposant de 2:

où la dernière ligne est obtenue en faisant passer toutes les

dans le membre de gauche puis en divisant par le coefficient . Avec

et , on a enfin

ce qui permet, avec , de calculer pour tout .

Remarque Dans la pratique, on effectue le changement de variables pour

passer de à en une seule fois.

Exemple On écrira par exemple

30
avec .

Primitives des fonctions rationnelles de et

Définition On dit que est une fonction rationnelle de et s'il

existent des polynômes (en 2 variables) ( ,

idem pour ) tels que .

Exemple : ici, , .

Méthode d'intégration:

On distingue 3 cas (aide mnémotechnique: la nouvelle variable est chaque


fois invariante sous la transformation considérée)

 si , on pose (invariant, or )

 si , on pose (invar., or )

 si , on pose (invar., mais , chgt de


signe)

Exemple . On pose , , donc

on arrive ainsi à une simple fraction rationnelle à intégrer, et on


substituera finalement dans le résultat.

Autres fractions rationnelles

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Dans les cas suivants, on peut encore se ramener à la recherche d'une
primitive d'une fraction rationnelle:

Théorème

a) :

on pose . Avec , ,
on retrouve une fraction rationnelle en .

b) avec :
on pose

et on retrouve encore une fraction rationnelle en .

c) :
On transforme la racine en une des formes suivantes:

 : on pose alors

 : on pose alors

 : on pose alors ou

Dans chacun des cas, on retombe sur une fraction rationnelle d'un

des types qui précèdent (avec ou ).

Exemple : on a , on posera

donc , d'ou , et

32
La notion de fonctions équivalentes devrait être connue du cours

d'Analyse 1, sous la forme . On la réintroduit ici en


utilisant la nouvelle notion de fonctions négligeables, qui est très utile
notamment dans le cadre des développements limités.

Fonctions négligeables

Dans ce qui suit, on considère des fonctions à valeurs dans ,

définis sur un voisinage pointé d'un point , au


voisinage de sauf eventuellement en ce point même. (On rappelle que

constitue une base de voisinages de ).

Pour ne pas trop alourdir les notations, on convient qu'une égalité entre
fonctions sous-entend la restriction à l'intersection des domaines de
définition.

Définition La fonction est dite négligeable devant au voisinage de


, ss'il existe un voisinage pointé de et une fonction de limite

nulle en , telle que (dans ). On écrit

t.q. et

On appelle la notation de Landau et la notation de Hardy.

Exemple On a .

Exemple La fonction nulle est négligeable devant toute fonction


en tout point (prendre ). D'autre part,

(car )
dans un voisinage de .

Remarque Alors que la notation de Hardy paraît plus «logique», on utilise


dans la pratique plus souvent celle de Landau, car elle permet l'abus de
notation très pratique qui consiste à écrire

33
au lieu de

Lorsqu'on utilise cette notation, chaque terme représente une


fonction quelconque de , négligeable devant , mais à priori inconnue et

différente d'un éventuel autre terme .


On prendra aussi garde de toujours préciser le point auquel la relation de

négligence s'applique. Ainsi on peut avoir mais pour


différents.

Exemple Si est bornée et tend vers l'infini, alors .

Exemple On a ssi (car alors ), et l'opposé


au voisinage de 0.

Exemple On a et pour tout .


(Exercice: pourquoi?)

La proposition suivante permet de trouver autant d'exemples que l'on


souhaite:

Proposition Si la fonction est définie dans un voisinage pointé de ,

alors .

Démonstration Exercice. (Il suffit d'utiliser ).

Remarque Le seul cas ou n'est pas défini dans un voisinage de est


celui ou a une infinité de zéros dans chaque voisinage ( aussi près que

l'on veut) de , par exemple pour .

Proposition La relation est transitive ,

et compatible avec la multiplication,

pour toutes fonctions .

34
Démonstration Exercice. (Il suffit de substituer , , etc.)

Remarque Attention: la relation n'est pas compatible avec l'addition!

Par exemple, et , mais .

Remarque Dans la pratique, on utilise donc la notation (voire )

pour représenter une fonction quelconque, à priori inconnue, telle que

. On écrit ainsi par exemple ,

...

Attention: Il convient de garder en mémoire que le symbole


correspond, chaque fois qu'il apparaît, à une nouvelle (autre) fonction .

On a ainsi par exemple , mais

seulement .

Noter aussi que pour , ( ), mais malgré cette

«égalité», !

Fonctions équivalentes

Définition On dit que est équivalent à au voisinage de ssi est


négligeable devant ; on écrit

Proposition Si est défini dans un voisinage pointé de , alors

Démonstration Exercice (utiliser la déf. pour m.q. ).

35
Remarque La présente définition de fonctions équivalentes est donc plus
générale que celle en terme de limite, car elle s'applique aussi dans les

cas ou n'est pas bien défini, voir Rem. .

Proposition La relation est une relation d'équivalence , elle est

reflexive ( ), symétrique ( ) et transitive:

et

Démonstration Exercice (encore avec etc.).

Proposition [limites] Si , alors existe ssi existe, et si elles


existent, ces deux limites sont égales.

Proposition [produit, quotient, puissance] On peut prendre le produit,


quotient (lorsqu'il est défini) et une puissance quelconque d'équivalences
.

Démonstration Exercice (avec etc.).

Remarque Dans le cas général, on ne peut additionner des équivalences:

mais .

Proposition [composée] Soit et t.q. alors

Démonstration exercice (comme avant, on trouve ).

Proposition [comment trouver des équivalents]

i) si

ii) , pour continue dans un voisinage


(pointé) de .

Démonstration D'après la définition, si , alors

, donc . Utilisons ceci avec la définition de la

36
dérivée: , et en multipliant cette équivalence par , il
vient le (i).

Le (ii) est équivalent à . Montrons que

. Soit donc ; on a . Or,

, donc et .

Développements limités : définition et propriétés

Les développements limités consistent grosso modo à trouver une


approximation polynômiale à une fonction plus compliquée, au voisinage
d'un point choisi. Ils ont de nombreuses applications dans d'autres
sciences (physique,...), mais aussi dans les mathématiques elles-mêmes,
en particulier en analyse numérique.

D.L. d'ordre en

Définition On dit que admet un ssi il existe un polynôme

et une fonction t.q.

et

On appelle alors la partie régulière du DL, et le reste

d'ordre , que l'on note aussi .

Exemple [fondamental] ,

donc admet un de partie régulière et de

reste .

Remarque On permet le cas , mais les seuls cas utiles sont ceux ou

(adhérence de ), par exemple ou .

Remarque Il faut insister sur le fait qu'un développement limité est une
stricte égalité mathématique, il ne faut donc jamais «oublier» le reste en
faveur de la partie régulière. D'ailleurs, dans certains cas le reste peut
être plus intéressant que la partie régulière.

37
Remarque Comme la formule simplifie pour , on se ramène

souvent à ce cas en considérant , en faisant un changement

de variables , puis un , dans lequel on resubstitue


finalement .

Corollaire (Conséquences de la définition.) -- On se limite ici aux cas


ou est un intervalle, éventuellement privé du point .

 Si admet un DL en , alors admet une limite en , égale à

. Si , cela implique que est continue en . Sinon,

admet un prolongement par continuité en (en posant

), dont le DL coïncide avec celui de .

 Si admet et , alors est dérivable en et

Exemple Pour , , n'est pas définie en 0 mais

admet un (de partie régulière nulle et avec ) et donc


une limite (nulle) et donc un prolongement par continuité en 0. Pour

, ce prolongement est dérivable en 0 ( partie du corrolaire) (avec

), mais la dérivée n'est pas continue en 0 si : en effet

n'admet pas de limite en 0

pour .

Remarque L'exemple précédent montre que même si admet un DL à un


ordre aussi élevé qu'on veut, cela n'implique jamais que la dérivée soit
continue, et donc encore moins que la fonction soit deux fois dérivable!
(Prendre arbitrairement grand dans l'exemple .)

Unicité du D.L.

38
Lemme [troncature] Si admet un de partie régulière , alors

admet , dont la partie régulière sont les termes de


degré de .

Démonstration Exercice facile: il suffit de montrer que les termes

avec peuvent s'écrire comme reste d'ordre :

avec

Théorème [unicité] Si admet un DL , il est unique, et sont uniques.

Démonstration (par recurrence). Pour , et

sont déterminés de façon unique. Supposons que le

de est unique, et que admet un ,

. D'après le Lemme qui précède,

avec est

un de . D'après l'hypothèse de récurrence, ainsi que le

reste sont uniques. Or, . Ce coefficient, et

sont donc également uniques.

Remarque Autre démonstration: soit

, avec

et . En considérant de

l'équation précédente, on a . Si , on peut alors soustraire

de cette équation, la diviser par (pour ), et on repart


du début avec une équation du même type mais avec diminué d'un

39
rang, de laquelle on déduit , etc... Quand enfin on arrive à ,
ayant identifié le terme constant et soustrait des deux membres,

l'équation devient , d'où également l'unicité des restes.

Corollaire paire (par rapport au pt. ) pair,

Démonstration paire , donc (en

comparant partie régulière du de et de ).

Existence des D.L. -- Formules de Taylor

Dans ce paragraphe, on affirme l'existence du D.L. pour les fonctions


suffisament dérivables, et on précise en même temps une expression
explicite des coefficients de la partie régulière en terme des dérivées de la
fonction au point du D.L.

Théorème [de Taylor-Lagrange] Si est fois continûment dérivable

sur , alors admet un de partie régulière

(de coefficient ), avec le reste de Lagrange d'ordre ,

Remarque A titre mnemotechnique, le reste d'ordre a donc la même


expression qu'un terme d'ordre de la partie régulière, sauf que le
«coefficient» n'est pas une constante dans la mesure ou le point ci-
dessus dépend de .

Démonstration Avec l'hypothèse de ce théorème, nous avons déjà


démontré la formule de Taylor

40
avec le reste intégral d'ordre ,

dans le chapitre (page ), comme application de l'intégration par


parties . Pour que cette formule corresponde effectivement à un D.L., il

faut montrer que est négligeable devant , lorsque .


Pour cela, utilisons le théorème de la moyenne généralisée, avec

pour . Il existe donc tel que

Cette dernière intégrale vaut

d'où la formule du reste de Lagrange (avec ).

étant continue donc bornée sur , on a que tend

vers zéro, c'est à dire .

Remarque On peut montrer que le théorème reste vrai sous la condition

moins forte que existe et soit fois dérivable sur .

Par exemple, , admet un de partie régulière nulle et de

reste . La dérivée n'est pas définie en

0, mais le reste peut néanmoins s'exprimer comme avec .


La formule avec reste intégral reste en effet vraie dans ces conditions,

mais le est en général une intégrale impropre, définie comme

, qui converge (C'est à dire cette limite existe et elle

est finie), car la primitive s'exprime en termes de qui est continue par
hypothèse.

(Dans l'exemple précédent, on a l'intégrale impropre qui

converge car la primitive admet une limite en 0.)

41
Remarque Dans le cas particulier (mais fréquent) où , et en posant

avec , la formule de Taylor-Lagrange s'appelle formule de


MacLaurin:

Une autre version de la formule de Taylor, nécessitant une hypothèse


moins forte, mais donnant un résultat plus faible, est le

Théorème [Taylor-Young] Si existe, alors admet de


partie régulière

Nous en admettons ici la démonstration, on peut p.ex. consulter [Ramis &


al, Cours de Math Spé, III] .

Application : D.L. de quelques fct élémentaires

En utilisant la formule de Taylor, on obtient les DL(0) des fonctions

élémentaires donnés ci-dessous, où représente

une fonction inconnue de la forme , avec .

42
Les fonctions et ont comme DL les termes en

puissances paires resp. impaires de , ce sont donc ceux de ,

mais avec des signes + partout. (En effet, et

.)

Opérations sur les D.L.

Combinaison linéaire, produit et quotient de D.L.

Proposition Si admettent des de partie régulière resp. ,

alors et admettent des de partie régulière

resp. des termes de degré de .

Si , admet un de partie régulière obtenue par division

selon les puissances croissantes, à l'ordre .

Démonstration Il suffit de remplacer par leur D.L. et de développer


les expressions. (Exercice: détailler ceci!)

Exemple Obtenir le de par division des de et .

Solution: on trouve

Intégration d'un D.L.

Proposition Si est dérivable et admet un , de partie

régulière , alors admet un de partie

régulière .

Remarque On ne peut en général dériver un DL, même si dérivable. Ex:

admet mais n'a pas de limite en 0 donc pas de DL à


aucun ordre.

43
Composée de D.L.

Proposition Si admet un de partie régulière et admet un

de partie régulière , alors admet un de partie

régulière obtenue par les termes de degré de (polynôme


composé).

Exemple avec .

Application des D.L. : Etude locale d'une courbe

On considère définie sur admettant un de

partie régulière , t.q. .

Alors la tangente à la courbe de a pour équation ,

et la position de par rapport à est donnée par le signe de :

cas: pair.

le point est dit ordinaire

au dessus de , en-dessous de ,

Si extremum; dans ce cas: minimum et

convexe, et maximum et concave au voisinage de .


cas: impair.

est un pt. d'inflexion, traverse en .

Convexité et concavité à droite et à gauche de selon le signe de

(cf. ci-dessus).

Exercice Faire un dessin représentatif pour chacun des 4 cas possibles (


pair/impair, et )

44
D.L. en

Définition On dit que , (resp. ), admet un

(resp. ) ssi t.q.

(avec toujours une fonction de la forme , ).

Donc admet un ssi admet un ; c'est ainsi

qu'on détermine dans la pratique les (même si on n'écrit pas

explicitement le changement de variables ).

Corollaire Si admet un , alors admet une limite finie en

(comme dans le cas d'un ).

Remarque Si s'écrit comme différence de deux fonctions qui

n'admettent pas une limite finie, peut quand même admettre un


lorsque ces deux fonctions sont équivalentes en l'infini. Pour le trouver, on
met en facteur une fonction équivalente (généralement une puissance de
), pour pouvoir faire un D.L. de l'autre facteur (différence de deux DL).
Si suffissament de termes des deux DL s'anullent, il est possible que le
produit soit un D.L. au sens strict (sinon c'est un D.L. généralisé).

Exemple de : Séparément les deux

racines n'admettent pas de . Or, ,


et en utilisant

on a

, En

développant, on a , d'où le résultat cherché.

45
Application : étude d'une branche infinie en

Pour trouver l'asymptote (si elle existe) à la courbe d'une fonction , on

cherche un de la fonction . Si ,

alors , donc la droite d'équation

est asymptote à .

Remarque On peut renoncer à l'introduction de la fonction , et faire le «

» directement à partir de la fonction . Cependant, l'expression

n'est pas un au sens strict de la

définition, à cause du premier terme qui n'est pas un polynôme en .

La position de par rapport à au voisinage de l'infini se déduit du signe

de . Pour le connaître, on peut chercher le prochain terme

non-nul dans le de . Si avec ,

alors on a . Le signe de indique donc


la position de par rapport à : pour , est au-dessus de au
voisinage de , sinon en-dessous. Le même raisonnement s'applique au

voisinage de , en tenant compte du signe de : ici c'est


qui indique si est au-dessus ou en-dessous de .

Si la courbe a une convexité ou concavité définie au voisinage de ,


est convexe ssi elle est au-dessus de , sinon concave; c'est tout à fait

analogue à l'étude locale en un point , sauf que l'asymptote joue le


rôle de la tangente.

Notons que peut ne pas admettre de avec assez grand pour


déterminer la position par rapport à , comme c'est le cas pour

; ici on peut toutefois affirmer que est au-dessus de

46
Sous-sections

Introduction -- définitions générales

Une équation différentielle (ED) d'ordre est une équation faisant

intervenir une fonction ainsi que ses dérivées jusqu'à l'ordre . Par
exemple, une telle équation pourrait être

Dans le 2e exemple, il est sous-entendu que est fonction de , ou plutôt

que signifie l'application : c'est en effet une égalité entre


fonctions.

Définition L'équation différentielle d'ordre la plus générale peut


toujours s'écrire sous la forme

ou est une fonction de variables. Nous ne considérons que le cas

ou et sont à valeurs dans . Une solution à une telle équation

différentielle sur l'intervalle est une fonction (une fonction

qui est fois continûment dérivable) telle que pour tout , on

ait .

Exercice Vérifier que

• est une solution à la 1e équation sur tout , pour tout

fixé;

• est une solution à la 2e équation, sur , pour tout

47
Remarque Pour des raisons qui seront développés dans la suite, on dit
aussi ``intégrer l'ED'' au lieu de ``trouver une solution à l'ED''.

Dans ce chapitre, on donnera des méthodes pour trouver l'ensemble de


toutes les solutions à une certaine classe d'équations différentielles.

Equations différentielles du ordre

Définition Une équation différentielle est du 1er ordre si elle ne fait

intervenir que la première dérivée .

Eq.diff. à variables séparées

Définition Une équation différentielle de 1er ordre est dite à variables


séparées si elle peut s'écrire sous la forme

Une telle équation différentielle peut s'intégrer facilement: En effet, on

écrit , puis, symboliquement,

(On écrit ici explicitement la constante d'intégration arbitraire (qui


est déjà implicitement présente dans les l'intégrales indéfinies) pour ne
pas l'oublier.)

Il s'agit donc d'abord de trouver des primitives et de et de , et

ensuite d'exprimer en terme de (et de ):

C'est pour cette raison que l'on dit aussi «intégrer» pour «résoudre» une
équation différentielle.

Exemple Résoudre sur l'équation différentielle

. On peut «séparer les variables» ( et ) en divisant

par , ce qui est permis ssi (car d'après l'énoncé). On a

48
avec , soit ( )

(On a simplifié en utilisant que .)


En prenant l'exponentielle de cette equation, on a finalement

avec : en effet, le signe de tient compte des deux

possibilités pour , et on vérifie que est aussi solution

(mais pour laquelle le calcul précédent, à partir de la division par , n'est


pas valable.)

Détermination de la cte. d'intégration

La constante d'intégration est fixée lorsqu'on demande que pour un

donnée, on ait une valeur donnée de . (On parle


d'un problème aux valeurs initiales.)
On arrive au même résultat en travaillant dès l'intégration de l'équation
différentielle avec des intégrales définis:

La fonction ainsi obtenue est directement telle que , sans


passer par la détermination de la constante d'intégration.

Equations différentielles linéaires

Définition Une équation différentielle d'ordre est linéaire ssi elle est de
la forme

avec

49
Proposition L'application qui à la fonction associe la nouvelle

fonction , est une application linéaire .

Démonstration En effet,

et pour tout ,

Définition L'équation différentielle

s'appelle équation homogène associée à .

Proposition L'ensemble des solutions à est le noyau de

l'application linéaire , c'est donc un sous-espace vectoriel de .

L'ensemble des solutions à est donné par

avec

les solutions sont de la forme , ou est une solution particulière

de , et parcourt toutes les solutions de l'équation homogène .

50
Démonstration La première partie est évidente. En ce qui concerne la

partie, d'une part toute fonction de la fome est solution de : en

effet, . D'autre part, soient et

solutions à , alors on peut voir comme la solution particulière et

toute autre solution vérifie ,

donc la différence est bien une solution à , donc un

élément de .

Principe de superposition

Si , une solution particulière est donnée par ,

où est une solution à (pour ).

C'est une conséquence directe (voire la définition) de la linéarité de


l'opérateur .

On reviendra sur ce principe très important (voire fondamental


notamment en ce qui concerne les lois de la nature) dans les cas
particuliers des équations différentielles linéaires du 1er et du 2nd ordre.

Equations différentielles linéaires du ordre

Définition Une équation différentielle linéaire (EDL) du 1er ordre est une
équation différentielle qui peut s'écrire sous la forme

ou sont des fonctions continues sur un même intervalle , et on

demandera .

A cette équation différentielle on peut associer la même équation avec


:

C'est l'équation homogène associée à (EDL), ou équation sans second

membre. (On la note aussi ou .)

Structure de l'ens. de solutions

51
Proposition L'ensemble des solutions à est un sev. des fonctions

. L'ensemble des solutions à (E) est obtenu en ajoutant à toutes les

solutions de une solution particulière quelconque de .

Démonstration On vérifie que la fonction nulle et fois une solution à

sont toujours des solutions à , donc c'est un s.e.v.

On vérifie que si on a deux solutions et à , alors leur différence est

solution à . Donc réciproquement on obtient tous les en ajoutant

à un quelconque tous les

Résolution de l'équation homogène associée

En effet, est une équation différentielle à var.séparées , en

l'écrivant . En l'intégrant, on obtient

et avec

Solution particulière par variation de la constante

On cherche la solution particulière sous la forme , avec une

fonction à déterminer (``variation de la constante''). On trouve que est


solution ssi

(on peut intéger car c'est une composée de fct.continues , et on peut

oublier la constante car elle correspond à une solution de ).


Une solution particulière est donc

52
et la solution générale est donc

Exemple Résoudre sur l'équation différentielle

Solution: Résolvons d'abord sur l'équation homogène

On obtient

La solution générale de est donc

(avec pour tenir compte des valeurs absolues, et étant


solution aussi).

Cherchons ensuite une solution particulière de sous la forme

(tex2html_image_mark>#tex2html_wrap_inline2302# est ici une


fonction continûment dérivable sur ).

On a alors ce qui donne dans (E):

et comme dans la théorie générale (et c'est toujours ainsi par

construction), il ne reste que le terme en , soit:

On intègre par partie, en posant

ce qui donne

53
Sur , ; une solution particulière est donc obtenue pour ,

et la solution générale de est donné par

Remarque Si et sont deux solutions particulières à , alors est

solution de , et la solution générale à est

arbitraire

Changement de variable

De façon générale, pour résoudre une équation différentielle du 1er ordre,


il faut trouver un moyen d'arriver à une équation différentielle à variables
séparées . La méthode de la variation de la constante est en effet un
moyen de passer de l'équation différentielle linéaire inhomogène (qui n'est
pas à var.séparées) à une équation pour la nouvelle fonction

(où , solution homogène, est une fonction connue,

lorsqu'on a résolu ) qui est en effet à variables séparées.

C'est donc en fait un changement de variable qui fait passer de l'équation

pour à une équation plus simple pour , que l'on sait intégrer, et dont la

solution permet de remonter à .

De façon analogue, il existe souvent un changement de variable qui

permet de passer d'une équation différentielle quelconque pour à une


équation différentielle linéaire pour une nouvelle fonction , que l'on sait

résoudre, et qui permet ensuite de trouver .

Exemple L'équation de Bernoulli devient une

équation linéaire ( ) pour .

L'équation de Ricatti admet la solution évidente

, et on trouve les autres solutions en posant ; ce qui donne en

54
effet une équation linéaire ( ) pour .
(Exercice: resoudre ces deux équations différentielles.)

Equations différentielles linéaires du ordre à coefficients


constants

On s'intéresse mainenant aux équations différentielles du 2e ordre, mais

seules aux EDL ou les coefficients sont des constantes réelles.

Définitions

Définition Une EDL du ordre à coeff. constants est une équation


différentielle de la forme

ou ( ), et ( ouvert de ). L'équation homogène (ou


sans second membre) associée est

D'après les résultats généraux on sait que l'ensemble des solutions à

est un e.v., et que la solution générale à est de la forme

(...).

Nous admettons les résultats supplémentaires:

Proposition

Pour tout et , admet une unique solution telle que

, .

Les solutions à sur forment un e.v. de dimension 2 (sur ), noté

Si sont deux solutions indépendantes de ( libre dans

), alors est une base de , c'est à dire

55
Pour , on définit le wronskien ,

Si pour un , alors pour tout , et c'est une CNS

pour que soit linéairement indépendant et donc une base de


.

Résolution de l'équation homogène associée

On cherche la solution sous la forme , . On a donc et

, donc devient .

Définition L'équation

se nomme équation caractéristique de .

Proposition le signe de , on a les résultats suivants:

admet 2 racines réelles distinctes , et

est une base de .


:

admet 1 racine double , et est une base

de .

admet 2 racines complexes conjuguées et (

, ), et est une base de

56
Dans chacun des cas, la solution générale à est donc

avec .

Démonstration

Il est clair que sont solutions à . Leur wronskien est égal à

donc sont indépendants et base de .


:

On vérifie que est solution de : ,

et donc

car en effet

(comme ).

Le wronskien est égal à

donc sont indépendants et base de .

:
On a

et donc

les coefficients étant la partie réelle et imaginaire de . Le

calcul est identique pour .

57
Le wronskien est égal à

car , donc sont indépendants et base de .

Ainsi, on a dans tous les cas possibles.

>>>>>Solution particulière à

On distingue encore 2 cas particuliers et une méthode générale:

ou et (un polynôme).

On cherche la solution sous la forme , ou est un polynôme.


dont on peut préciser le degré:

- si n'est pas racine de , alors ;

- si est l'une des deux racines de , alors ;

- si est racine double de , alors .

• Remarques:

i) Cette méthode s'applique notamment pour , c-à-d. .

ii) On peut aussi chercher une solution sous la forme , où

est une fonction à déterminer; en remplaçant ceci dans , on


obtient une équation différentielle pour , de laquelle on tire (qui doit

être égal à , modulo les ctes d'intégration qui correspondent à une


solution homogène). Ce procédé est en fait équivalent à la méthode de
la variation de la constante.

où .

On distingue encore une fois deux cas :

58
i) n'est pas racine de : Dans ce cas, les fonctions ,

ne sont pas solutions de . Une solution particulière de

sera de la forme , où les constantes se


déterminent par identification.

ii) est racine de , donc les fonctions , sont

solutions de . Une solution particulière de sera de la forme

, où les constantes se déterminent par


identification.

principe de superposition:

Si , une solution particulière est donnée par ,

où est une solution à (pour ). (Conséquence

de la linéarité de .)

Exemple Résoudre sur .

a) équation homogène: L'équation caractéristique est . La

solution générale de est donc .

b) solution particulière à : convient.

c) solution particulière à : En remplaçant

dans l'équation, on trouve

, donc et .

d) conclusion: la solution générale est .

méthode de variation des constantes.

Soient et deux solutions indépendantes de . On cherche une

solution particulière de sous la forme , où et sont des

fonctions vérifiant . Ainsi, , et devient

(car pour ).

59
Donc, sont solutions du système

Ce système se résoud aisément, ce qui donne , puis par


intégration.

Exemple Résolvons . La solution de est

, (cf. exemple précédent)

Cherchons une solution particulière. Les solutions , sont

indépendantes, en effet leur wronskien vaut . Cherchons une

solution sous la forme , avec .


sont solutions à

donc

avec les primitives

On a donc la solution particulière

et la solution générale en ajoutant .


Le cours d'algèbre linéaire

60
[et interprétation géométrique]
Soit un sous-ensemble de .

Une fonction est appelée application vectorielle à valeurs dans


.

Les deux fonctions et telles que

sont appelées les applications composantes de (ou: associées à) .

Le plan étant rapporté à un repère , on note le point dont les

coordonnées sont . Lorsque le paramètre parcourt , le

point décrit un sous-ensemble du plan, appelé la courbe de (ou:

associée à) .
Le système d'équations

est appelé une représentation paramétrique de .


On dit alors que est une courbe paramétrée.

Plan d'étude d'une courbe parametrée

On procède en 6 étapes, précisées ci-dessous:

1) Préciser le domaine de définition


c'est à dire l'ensemble des points en lesquel les deux applications
composantes et sont définis.
2) Recherche de périodes et symétries

Si et , la fonction est -
périodique: on peut alors restreindre l'étude à l'intersection de avec un
intervalle de longueur , et on obtient ainsi toute la courbe.
Si est symétrique et on a une des symétries suivantes:

(i) et ( et fcts paires de ),

(ii) et ( impaire et paire),

61
(iii) et ( paire et impaire),

(iv) et ( et impaires),

alors on restreint l'étude à , et on obtient toute la courbe


(i) qui est parcourue 2 fois
(ii) en complétant l'arc par une symétrie par rapport à l'axe
(iii) en complétant l'arc par une symétrie par rapport à l'axe
(iv) en complétant l'arc par une symétrie par rapport à l'origine .
3) Rechercher les eventuelles branches infinies:
voir chapitre
4) Faire un tableau de variations

pour et , en étudiant les signes de et .


5) Etudier les points particuliers
tels que points stationnaires (= singuliers), points doubles: voir chapitre
6) Tracer la courbe
en s'aidant des résultats précédants, notamment en reportant aussi les
points singuliers, tangentes et asymptotes.

Etude des branches infinies

Définition La courbe présente une branche infinie (ou: un arc infini), si


au moins une des coordonnées tend vers l'infini, pour , avec

Les cas suivants sont possibles:

et : admet la droite d'équation


comme asymptote verticale

et : admet la droite d'équation


comme asymptote horizontale

et : On étudie :

Si , alors admet une branche parabolique dans la direction

Si , alors admet une branche parabolique dans la direction

Si , on étudie la fonction :

62
Si alors admet la droite d'équation

comme asymptote, et la position de dépend du signe de .

(On peut utiliser un pour le trouver.)

Si alors admet une branche parabolique dans la


direction de la droite d'équation .
Si n'admet pas de limite, on ne sait pas conclure.

Si n'admet pas de limite, on ne peut conclure sur la nature de l'arc


infini.

Etude de points particuliers

Définition On suppose que et sont dérivables en .

Le vecteur est appelé le vecteur dérivée de en . On

note aussi par .

Si , c'est à dire , le point est dit point

ordinaire. La droite de vecteur directeur et passant par est

appelée tangente à en .
Une représentation paramétrique de est donc donnée par

et on peut en déduire facilement une équation de la forme (ou

si ) en exprimant dans la deuxième équation en


terme de à l'aide de la première équation:

Si , c'est à dire , alors le point est dit


stationnaire ou singulier.

63
Etude en un point stationnaire .

On suppose que les fonctions et sont au plusieurs fois dérivables.

Si et : Dans ce cas, la tangente à

en est la droite qui passe par de vecteur directeur le vecteur

de composantes .

Si , : On généralise le cas précédent. La

tangente à en est la droite qui passe par et qui a comme

vecteur directeur .

Position de par rapport à en un point

On designe par le premier entier tel que :

et par le premier entier strictement supérieur à tel que les vecteurs


et ne soient pas colinéaires. (On peut écrire

car pour la dernière relation n'est pas satisfaite non plus.

Ecrivons la formule de Taylor-Young à l'ordre , le :

avec et .

En écrivant sous forme vectorielle, il vient:

64
Or, sont colinéaires à , donc

Etudions le vecteur dans le repère . Si

et designent ses composantes dans cette base, on a les


équivalences (au voisinage de )

et
Selon la parité de et de , on a les résultats suivants:

Définition

pair et impair: au voisinage de , et a le signe de :

traverse la tangente en , qui est un point de rebroussement de


espèce.

65
pair et pair: au voisinage de , et , indépendamment

du signe de : ne traverse pas la tangente ; est un point de


rebroussement de espèce.

impair et pair: au voisinage de , change de signe et :

touche la tangente ; est appele ``méplat''.

impair et impair: au voisinage de , et changent de signe:

traverse la tangente en , qui est appelé point d'inflexion.

Points doubles (ou multiples)

Définition S'il existe tels que , on dit que est un


point double (ou multiple).

Pour trouver les points doubles, il faut donc résoudre le système

avec . (C'est en général un calcul assez lourd….)

Etude d'un exemple

Etudions la courbe définie par .

Domaine de définition: et sont définis sur


Recherche de symétries: il n'y a pas de symétries évidentes. ( est paire
mais n'a pas de parité définie.)
Etude de branches infinies .

: On a et , il faut donc étudier , et

: La droite d'équation est asymptote à la


courbe pour les deux arcs infinis .

66
: On a et (selon la signe de ). On étudie

donc , on a donc deux branches parabolique de

direction en

étude du signe de et :

donc a le signe de et a le signe de :

étude en

est un point stationnaire .

Calculons les derivées successives de et en pour connaître le


vecteur directeur de la tangente et la nature du point:

Donc admet une tangente en de vecteur

directeur .

(Son équation est donc .)

Nature du point:

est non colinéaire à , on est donc dans le

cas , le point est un pt de rebroussement de


espèce.

67
recherche de points doubles:

cherchons tel que ,

car . Donc

Le premier choix de signes est à exclure car il correspond à ,

soit . Donc sont les solutions à , soit

et .

Le point double est donc .

Tracé de la courbe: (cf. figure ci-dessous)


on reporte les asymptotes, le pt. stationnaire avec sa tangente. En partant

de , au dessus de l'asymptote, on rejoint le pt. avec une


tangente horizontale, puis on repart pour vers ,

(brache parabolique de direction ) (pour ).

Pour au voisinage de , on vient de en-dessous de l'asymptote ,

et on rejoint le pt. singulier avec la tangente de vecteur directeur

, puis on repart de l'autre coté de cette tangente, en passant par le

pt. double (5,6), pour la branche parabolique de direction , quand


(pour ).

68
Figure: Graphe de la courbe étudiée, avec l'asymptote et le vecteur
directeur de la tangente en le point de rebroussement.

Espaces vectoriels

Jusqu'à la fin du lycée, les mathématiques ( l'analyse comme la géométrie


) se pratiquent dans des espaces de dimension 2 ou 3 ( le plan ou l'espace
physique). Très vite apparaît la nécessité de travailler dans des espaces
de dimension supérieure, ne serait-ce que pour modéliser des problèmes
faisant intervenir un nombre de variables plus grand que 2. Les espaces
de dimension plus grande que 3 échappent totalement à la perception.
Même si on peut, par projection sur et , entrevoir l'aspect d'objets
mathématiques vivants dans ou plus, on ne peut les visualiser dans
toute leur globalité. Aussi faut il un cadre théorique pour pouvoir aborder
les dimensions plus grandes. La théorie des espaces vectoriels a pour
objet de fixer cette théorie.

69
Définition Soient A et B des ensembles. On appelle loi externe sur B une

application . Par convention, si A et x B, on notera

Définition Soit (k,+,.) un corps et soit (E,+) un groupe abélien . Soit


aussi :k E E une loi externe sur E ( on utilisera la convention
d'écriture précédente ). Le triplet (E,+,.) a une structure d'espace
vectoriel sur k ( ou de k-espace vectoriel) si:

1 désignant l'unité de la seconde loi de k et x E: 1.x=x.

E .

E .

E .
k est appelé le corps de base de l'espace vectoriel E.

Remarque Par abus d'écriture, on notera E le k-espace vectoriel (E,+,.).

Définition Soit k un corps. Un élément d'un k-espace vectoriel est appelé


un vecteur.

Proposition Soit k un corps. Soit E un k-espace vectoriel . On note 0 le


neutre de la loi + sur k, 0 aussi le neutre de la loi + sur E et 1 le neutre
de la loi . sur k. Soient v E et k. On a les propriétés suivantes:

0v=0
-1v=-v

Si v=0 et que 0 alors v=0.

Démonstration

On a: v+0v=(1+0)v=v. En soustrayant v des deux côtés de cette égalité,


on obtient 0v=0.
0=0v=(1-1)v=1v+-1v=v+-1v. -1v est donc l'opposé de v. -1v est alors
égal à -v.

Si =0 et que 0 alors existe dans k . On peut multiplier les deux


membres de notre égalité de départ par . Cela donne v= .0=0.

70
Définition Soit k un corps et E un k-espace vectoriel . Soit V un sous
ensemble de E. V est un sous espace vectoriel de E si:

(V,+) est un sous groupe de (E,+) .


Si k et si x V alors x V.

Proposition Soit k un corps. Un sous espace vectoriel d'un k-espace


vectoriel est un k-espace vectoriel.

Démonstration Il suffit de vérifier les axiomes définissant les k-espaces


vectoriels .

Proposition Soient k un corps, E un k espace vectoriel et V un sous


ensemble de E. V est un sous espace vectoriel de E si et seulement si

k, x,y V, V.

Démonstration Le sens direct est évident. Pour la réciproque, il suffit de


vérifier les deux points de la proposition précédente . Prenons, pour cela,

x V et k. Posons =- et y=x. Le vecteur , qui est élément


de V, est égale au vecteur x- x qui est égale au vecteur nul. On en

déduit que 0 V. D'autre part, en prenant cette fois ci =1, et =-1, on a

=1x-1y=x-y. Le premier vecteur de cette série d'égalité est


élément de V, il en est alors de même de x-y. Nous venons ainsi de
vérifier que (V,+) était un sous groupe de (E,+). Terminons en

remarquant que si k =0 et que x,y V, alors le vecteur x+ y est


élément de V. Mais il est égal à x. Donc x est élément de V, cqfd.

Dans toute cette section, k désigne un corps.

Définition Soit I un ensemble et soit A= une partie de k indicée


par I. On dit que A est à support fini si l'ensemble des éléments i de I tels

que est non nul est de cardinal fini.

Définition Soit E un k-espace vectoriel . Soit A une partie de E. On

suppose que A= où I est un ensemble permettant d'indexer A.


On appelle combinaison linéaire des éléments de A tout élément de E
donné par

71
où est une famille à support fini de scalaires de k.

Remarque Comme la famille des est à support fini , il n'y a pas de


problème de convergence de la somme précédente.

Définition - Proposition Soit E un k-espace vectoriel . Soit A un sous


ensemble de E. L'ensemble des combinaisons linéaires des éléments de
A est un sous espace vectoriel de E appelé sous espace vectoriel de E
engendré par A. On notera Vect(A) le sous espace vectoriel engendré par

A. De plus, si A= x ,...,x , on notera Vect(A)=<x ,...,x >.

Démonstration Soient x et y deux éléments de E qui s'écrivent comme

combinaison linéaire d'éléments de A. Il existe donc des scalaires et


de k pour tout i I, tels que

Soient et k. Le vecteur x+ y s'écrit

qui est encore une combinaison linéaire d'éléments de A. x+ y est donc


élément du sous espace vectoriel engendré par A et cela permet de
conclure.

Proposition Soit A une partie d'un k-espace vectoriel E. Le sous espace


vectoriel engendré par A est le plus petit sous espace vectoriel de E qui
contient A.

Démonstration Tout sous espace vectoriel contenant A contient toute


combinaison linéaire de vecteurs de A. Donc le sous espace vecoriel
engendré par A est inclu dans tout sous espace vectoriel contenant A.

Définition Soit E un k-espace vectoriel. Soit aussi V un sous espace


vectoriel de E ( qui peut éventuellement être égal à E). Soient A une

72
famille de vecteurs de V. Cette famille est une partie génératrice de V ou
génératrice dans V si l'espace vectoriel engendré par A est égal à V, ou
autrement dit si Vect(A)=V. On dit encore que A engendre V.

Définition Soit A une partie de E un espace vectoriel sur k. Indexons les


éléments de A par l'ensemble I. A est appelée partie libre de E ou famille
indépendante de vecteurs de E si pour tout sous ensemble à support fini

de k, l'égalité

implique que .
Dans le cas contraire la partie A est dite partie liée dans E ou famille
dépendante de vecteurs de E.

Proposition Si E est un k-espace vectoriel et que A est une partie liée


de vecteurs de E alors l'un des vecteurs de cette partie s'écrit comme
combinaison linéaire des autres vecteurs de A.

Démonstration Soit A la partie liée dans E considéré et soit I un ensemble

permettant d'indexé cette partie. Posons A= . La partie A est liée

dans E. On peut donc trouver un sous ensemble de scalaire de k


non tous nuls tels que

Soit i I tel que 0. L'égalité précédente peut se ré-écrire:

soit en multipliant à droite et à gauche par :

On a ainsi bien écrit un des vecteurs de A comme combinaison linéaire des


autres vecteurs de A

73
k désigne un corps.

Définition Soit E un k-espace vectoriel. Soit I un ensemble et soit A=

une famille d'éléments de E. Cette famille est une base de E si


elle est à la fois libre dans E et génératrice de E tout entier . On notera
généralement les bases sous la forme d'une suite de vecteurs: (x ) .

Définition Soit E un k-espace vectoriel . Soit I un ensemble. Une famille

est dite:

libre maximale dans E si elle est libre dans E et que pour tout vecteur y

de E différent de x i I, la famille est liée dans E.


génératrice minimale si elle engendre E tout entier et si, quand on la
prive d'un de ses éléments, elle n'engendre plus E.

Proposition Soit E un k-espace vectoriel . Soit I un ensemble et A=

une famille de vecteurs de E. On a équivalence entre:

A est une base de E.


A est libre maximale dans E.
A est génératrice minimale dans E

Démonstration Montrons 1 2: Soit A= une base de E. A est


donc libre et génératrice dans E. Montrons qu'elle est libre maximale .
Soit y un vecteur de E qui n'est pas élément de A. Comme A est une base
de E, A engendre E et on peut toujours trouver une famille à support fini

de scalaires de k tels que

La combinaison linéaire est donc nulle alors que ses coefficients

ne le sont pas tous. Ceci implique que la famille définie par

74
est liée et ce quelque soit y dans E. La famille n'est donc
incluse dans aucune famille libre plus grande qu'elle même. Elle est donc
bien libre maximale.

Montrons maintenant la réciproque, c'est à dire que 2 1. Soit


une famille libre maximale dans E. Nous devons montrer qu'elle est
génératrice. C'est à dire que si x est un vecteur de E, alors x s'écrit
comme combinaison linéaire des . Prenons donc un vecteur x de E.

Comme est libre maximale dans E, la famille est


liée dans E. Cela signifie qu'il existe une famille à support fini

de scalaires de k non tous nuls tels que

Si =0 alors cela implique que la famille n'est pas libre dans E.


est donc inversible et on peut écrire:

Comme x est quelconque dans E, la famille est bien génératrice


dans E.

Montrons que 1 3. Soit A= une base de E. A est donc


génératrice. Montrons que A est génératrice minimale. Supposons que ce
ne soit pas le cas. Il existe alors un vecteur x de A qui est combinaison
linéaire des autres éléments de A. A ne peut alors être libre. A est donc
nécessairement génératrice minimale.

Montrons enfin que 3 1. Considérons une famille A= de


vecteurs de E. Supposons que cette famille est génératrice minimale et
montrons que c'est une base de E. Il faut vérifier que A est une famille

libre. Si ce n'est pas le cas, il existe une famille à support fini de


scalaires de k telle que

75
et telle que les ne sont pas tous nuls. Soit i I tel que 0. On peut

écrire x en fonction des vecteurs x , i i . Par conséquent, comme tout


vecteur de E s'écrit en fonction de A, tout vecteur de E s'écrit en fonction

de A . Ainsi, A n'est pas génératrice minimale dans E. Cela est


contraire à notre hypothèse de départ. Donc A est bien une base de E.

Définition - Proposition Soit E un k-espace vectoriel . Soit (e ) une


base de E. Pour un élément x de E il existe une unique famille à support

fini de scalaire de k telle que

Le scalaire s'appelle la ième coordonnée du vecteur x relativement à la


base (e ) .

Démonstration Comme (e ) engendre E, il existe une famille à support

fini telle que Supposons qu'il existe une seconde

famille à support fini telle que Alors


Mais la famille (e ) est libre dans E. La seule possibilité pour l'égalité

precédente est que =0 I. Soit encore I. Cela établit


bien l'unicité des coordonnées de x relativement à une base de E.

Définition Soit k un corps et E un k-espace vectoriel . E est un k-espace


vectoriel de dimension finie si il possède une famille génératrice de
cardinal fini. Dans le cas contraire, E est dit de dimension infinie.

Proposition Soit E un espace vectoriel sur un corps k. On suppose que E


est de dimension finie . Alors E possède une base . De plus cette base
est de cardinal fini.

76
Démonstration Comme E est de dimension finie, il possède une famille

génératrice finie A= . A étant de cardinal fini, on peut extraire de


A la plus petite partie de A qui soit génératrice de E. Nommons A' cette
sous partie de A. A' est alors génératrice minimale . C'est donc une base
de E. A' est clairement de cardinal fini.

Remarque On commence à s'en douter: dans un espace vectoriel de


dimension finie, toutes les bases ont même cardinal. Ce cardinal sera
appelé la dimension de l'espace vectoriel. Le lemme qui suit a pour objet
de préparer la démonstration de cette propriété.

Lemme Soit E un espace vectoriel sur un corps k. Soient e ,...,e des


vecteurs de E formant une base de E. Soient aussi v ,...,v des
vecteurs de E. Supposons que m>n. Alors v ,...,v forme une famille liée
de vecteurs de E.

Démonstration Raisonnons par l'absurde et supposons que la famille v


,...,v est libre dans E. Comme (e ) engendre E, on peut trouver

des coefficients k pour i=1,...,n tels que v = . v étant non


nul, on peut supposer, quitte à re-indexer les differents termes de la

somme, que 0. On est alors en droit d'écrire:

Soit encore:

Nous venons en fait de mettre e sous la forme e = où

k. Montrons par récurrence que l=1,...,m k tels que e = v

+...+ v + . Cela revient à montrer que e Vect(v ,...,v ,e

77
,...,e ). Supposons cette propriété vraie à l'ordre l et montrons la à
l'ordre l+1. On sait que v <e ,...,e > mais i=1,...,l e <v ,...,v
,e ,...,e >. Autrement dit i=1,...,l e <v ,...,v ,e ,...,e >. On
peut donc trouver des coefficients ,..., tels que v =

. On peut de plus supposer que l'un des


coefficients ,..., est non nul. Si cela n'était pas le cas alors la
famille v ,...,v serait liée dans E, ce qui est contraire à notre
hypothèse de récurrence. Supposons, quitte à re-indexer les e que
est non nul. On a alors:

En multipliant chacun des membres de cette égalité par , on obtient


une écriture de e de la forme:

où est élément de k i=1,...,n. Ceci termine notre récurrence. Mais

comme n>m, chaque e s'écrit: e = où k i=1,...,n. On


déduit de cela que pour tout i=1,...,n, e <v ,...,v >. Mais comme

E=Vect(e ,...e ) , v est lié à la famille v i=1,...,n si p>n. Ce qui est


en contradiction avec notre hypothèse de départ et prouve la proposition.

On peut maintenant formuler et démontrer le théorème fondamental


suivant:

Théorème Soit k un corps et soit E un k-espace vectoriel . Si E est de


dimension finie alors toutes les bases de E ont même cardinale.

Démonstration Comme E est de dimension fini, E possède au moins une


base. Supposons qu'il en existe deux et montrons qu'elles ont même
cardinal.Soient e = (e ,...,e ) et f = (f ,...,f ) deux bases de E.
Supposons que m>n. Comme e est une base de E, on peut appliquer le

78
lemmme précédent . Par conséquent f est liée . Ceci est impossible car f
est une base de E. Donc m n. En faisant le même raisonement en
permutant le rôle de e et celui de f, on obtient n m. On est alors en droit
d'écrire: n=m.

Ce théorème démontré, la définition suivante a un sens.

Définition Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps k.


Si E est réduit à son élément nul alors on dit que la dimension de E est 0.
Sinon, on appelle dimension de E et on note dim E, le cardinal d'une base
de E.

Le théorème suivant est aussi vrai pour un k-espace vectoriel de


dimension infinie. La démonstration cependant nécessite l'usage de
l'axiome de choix . Nous nous y intéresserons dans le paragraphe
``Espaces vectoriels de dimension infinie''.

Théorème de la base incomplète Soient k un corps et E un espace


vectoriel de dimension finie sur k. Soit n=dim E et soit e=(e ,...,e )
une famille libre de E. On suppose que m<n. On peut alors trouver des
vecteurs f ,...,f dans E tels que (e ,...,e , ,...,f ) soit une base
de E. On dit qu'on à complété la famille e en une base de E.

Démonstration Comme e n'engendre pas E, on peut trouver un vecteur f

dans E tel que f n'est pas élément de Vect(e ,...,e ). La réunion e


forme donc une famille libre de E. Si cette nouvelle famille est génératrice
de E, alors c'est une base de E et m+1=n. Le théorème est démontré. Si
ce n'est pas le cas, on recommence le processus. On construit ainsi des
vecteurs f ,...,f . Ce processus s'arrête nécessairemant quand
m+l=n. (Sinon on construit une famille libre de cardinal plus grand que la
dimensio

k désigne un corps. Rappelons qu'un sous espace vectoriel d'un espace


vectoriel E est un espace vectoriel pour la loi interne et la loi externe
induites de E.

79
Définition Soit E un k espace vectoriel et soit V un sous espace vectoriel
de E. Une base du sous espace vectoriel V est une base de V en tant
qu'espace vectoriel.

Définition On dit qu'un sous espace vectoriel est de dimension finie si il


est engendré , en tant qu'espace vectoriel, par une famille de cardinal
fini.

Remarquons que si un sous espace vectoriel d'un espace vectoriel est de


dimension finie alors ce sous espace possède des bases et que toutes ces
bases ont même cardinal.

Définition La dimension d'un sous espace vectoriel de dimension finie est


le cardinal d'une base de ce sous espace vectoriel.

Définition Soient V et V' deux sous espaces vectoriels du k-espace


vectoriel E. On note V+V' l'ensemble somme de ces deux sous espaces
vectoriels V et V':

Proposition Si V et V' sont deux sous espaces vectoriels du k-espace


vectoriel E alors V+V' est aussi un sous espace vectoriel de E.

Démonstration C'est facile, il suffit de vérifier que si x et y sont éléments


de E alors il en est de même de x-y .

Définition Soit E un k-espace vectoriel et soient V et V' deux sous espaces

vectoriels de E. On dit que V et V' sont en somme directe si V V'= .


On note V V' le sous espace somme de deux sous espaces
supplémentaires.

Définition Soient V et V' deux sous espaces vectoriels du k-espace


vectoriel E. On suppose que V et V' sont en somme directe dans E et que
V V'=E alors V et V' sont dit supplémentaires dans E. V est un
supplémentaire de V' dans E.

Le théorème suivant est énoncé et démontré dans ce paragraphe dans le


cadre de la dimension finie. Il est cependant encore vrai en dimension
infinie mais la démonstration nécessite l'utilisation de l'axiome de choix .
Celle ci sera établie dans le paragraphe ``espace vectoriel de dimension
infinie''.

80
Théorème Soit E un k-espace vectoriel de dimension finie . Soit V un sous
espace vectoriel de E. Alors V possède un sous espace supplémentaire
dans E.

Démonstration Soit n=dim E. Comme V est un sous espace vectoriel de E,


il est aussi de dimension finie. Posons k=dim V. Soient e ,...,e des
vecteurs de V qui définissent une base de V. Cette famille, libre dans V,
l'est aussi dans E. L'utilisation du théorème de la base incomplète nous
permet d'être assurer de l'existence de n-k vecteurs e ,...,e tels que
la famille (e ,...,e ) forme une base de E. Soit V' le sous espace vectoriel

engendré par e ,...,e . Il est clair que V V'= et que V+V'=E. V' est
donc bien un sous espace supplémentaire au sous espace V.

Théorème Si V et V' sont deux sous espaces vectoriels de dimension finie


du k-espace vectoriel E alors dim V+dim V'=dim (V+V')+dim V V'

Démonstration Remarquons que V V' est un sous espace vectoriel de V et


de V'. Posons m=dim V, m'=dim V'et k=dim V V'. Soit aussi (e ,...,e )
une base de V, que l'on complète en une base (e ,...,e ,f ,...,f ) de V

et en une base (e ,...,e ,f' ,...,f ) de V'. La famille e ,...,e ,f ,...,f

,f' ,...,f est donc une base de V+V'. On peut alors écrire les
égalités: dim(V+V')=k+m-k+m'-k=m+m'-k=dim V+dim V'-dim V V'.

Définition

Un sous espace vectoriel de dimension un est appelé une droite


vectorielle.
Un sous espace vectoriel de dimension un est appelé une plan vectoriel.

Définition Soit p un entier positif. On appelle rang d'un système de


vecteurs v ,...,v de l'espace vectoriel E la dimension de Vect(v ,...v ).

Comme les vecteurs v ,...,v sont en nombre fini, la dimension du sous


espace vectoriel qu'ils engendrent est nécessairement de dimension finie.
La définition est donc correcte.

81
Comme nous l'avons déjà mentionné, les propriétés d'existence d'un
supplémentaire pour un sous espace vectoriel, d'existence d'une base
et le théorème de la base incomplète sont vraies en dimension infinie.
Nous allons maintenant établir ces 3 propriétés.

Proposition Soit k un corps et E un k-espace vectoriel . Soit V un sous


espace vectoriel de E. Soient aussi W1 un sous espace vectoriel de E tel

que V W= et W2 un sous espace vectoriel de E tel que V+W2=E.


Alors il existe un supplémentaire W de V contenu dans W2 et contenant
W1.

Démonstration Considérons l'ensemble A des sous espaces vectoriels de E


contenant W1 et contenus dans W2. A n'est pas vide car W1 est élément
de A. A est partiellement ordonné par la relation ``être inclu dans ou
être égal à'': . Considérons une partie totalement ordonné de A.
Considérons ensuite la réunion des éléments de cette partie et notons la
U. Comme la partie est totalement ordonnée, cette réunion est encore un
sous espace vectoriel de E qui contient W1 et qui est contenu dans W2.
Cette réunion a comme seul élément commun avec V le vecteur nul de E.
U est de plus un majorant de cette partie pour la relation d'ordre donné
par l'inclusion. A est donc un ensemble inductif . Appliquons le lemme de
Zorn . Il existe un élément maximal pour A. Notons le W. W vérifie:

W V= .
W1 W W2.
W' A, W' W.

Montrons que W est un supplémentaire à V. Au regard de ce que l'on sait


déjà, il suffit de pouver que V+W=E. Soit x E=V+W2. x s'écrit: x=v+w
où v V et où w W2. Si on trouve w W et v' V tels que x=v'+w alors
c'est gagné. Si w W, w est trouvé. Sinon, on considére le sous espace
vectoriel X engendré par W et w . Ce sous epace vectoriel contient
strictement W. Par conséquent, comme W est maximale dans A, X
n'appartient pas à A. Mais X vérifie les points 2 et 3 précédents. Il ne
vérifie donc pas le point 1. Cela signifie qu'il existe un vecteur y X V. y
est donc d'une part élément de V mais a d'autre part une écriture de la

forme y=w'+ w où k et où w' W. Si =0, alors y, élément de V, est

aussi élément de W. Cela est impossible car W A. Donc 0. Alors: w =

82
(y-w)'. Cela donne: x=v+ y- w'. Mais v+ y V et w' W. On a
bien obtenu la décomposition voulue et notre théorème est démontré.

On peut formuler le corollaire immédiat à ce résultat:

Corollaire Soit k un corps et soit E un k-espace vectoriel . Soit V un sous


espace vectoriel de E. Alors V possède un supplémentaire dans E.

Démonstration C'est immédiat via la proposition precédente.

Proposition Soit E un espace vectoriel (non réduit à ) sur le corps k. E


possède une base.

Démonstration Soit A l'ensemble de toute les familles libres de E. A est

non vide car si v est un vecteur non nul de E alors v est une famille
libre dans E. A est un ensemble partiellement ordonné par l'inclusion.
Soit B une partie de A totalement ordonnée non vide. Alors la réunion
des éléments de cette famille est encore un élément de A. Cette réunion,
de plus, est un majorant de A. Donc A est inductif . A possède alors un
élément maximal. Notons F cette famille libre de vecteurs de E et élément
maximal de A. Cette famille est libre maximale dans E. C'est par
conséquent une base de E.

Proposition Théorème de la base incomplète en dimension infinie Soit (e )


une partie génératrice de E. Soit I' un sous ensemble de I tel que (e
) est libre dans E. Alors il existe I' I'' I tel que (e ) soit une
base de E.

Démonstration Remarquons qu'on a présupposer l'existence de partie


génératrice dans E. Ceci est, d'après la propriété précédente , évident.
Considérons cette fois ci l'ensemble A des familles libres (e ) avec I' J
I. A est ordonné partiellement par l'inclusion. Si B est une partie de A
totalement ordonnée pour l'inclusion, alors la famille réunion des
éléments de B est encore élément de A. De plus, cette réunion majore B.
On en déduit que A est inductif . D'après le lemme de Zorn, A possède un
élément maximal. Soit I' J I tel que (e ) soit l'élément maximal de
A. Cette famille est libre. Montrons qu'elle est aussi génératrice. Il suffit
pour cela de remarquer que pour tout vecteur e , avec k n'appartenant

pas à J, la famille (e ) e est liée dans E. Par conséquent, comme

83
(e ) engendre E et que (e ) Vect((e ) ) alors (e ) engendre
E. C'est donc bien une base de E.

Applications linéaires et espaces vectoriels


quotients

Introduction
Les applications linéaires sont parmi les plus importantes en
mathématiques. Elles interviennent dans de nombreuses situations. En
analyse, elles servent par exemple à approximer localement des fonctions
ou des équations différentielles. En algèbre, on peut les utiliser pour
représenter des équations. En géométrie, elles modélisent les symétries
d'un objet...
Nous étudierons dans cette leçon leurs principales propriétés. Nous
verrons que ces dernières sont nombreuses et justifient l'intérêt qui leur
est porté. Nous terminerons cette partie par une intrusion dans le monde
des espaces vectoriels quotients. L'importance de ces derniers est liée en
particulier au fait que pour un sous espace donné dans un espace vectoriel
il n'existe pas de supplémentaire cannonique. Nous verrons que les
espaces quotients permettent de définir pour un sous espace vectoriel
donné un supplémentaire bien particulier.
Dans tout ce chapitre k désigne un corps.

Définitions
Définition Soient E et F des k-espaces vectoriels et une application de E

dans F. est une application k-linéaire si pour tout x et y dans E et tout

et dans k, ( x+ y)= (x)+ (y).


On notera (E,F) l'ensemble des applications linéaires de E dans F. On
utilisera, quand aucune confusion n'est à craindre, le mot ``linéaire'' à la
place de ``k-linéaire''.

Définition Si est une application linéaire du k espace vectoriel E dans le


k espace vectoriel F alors:

Si E=F est un endomorphisme. L'ensemble des endomorphismes d'un


espace vectoriel E sera noté (E).

84
Si est bijective est un isomorphisme.

Si E=F et que est bijective alors est un automorphisme. L'ensemble


des automorphismes d'un espace vectoriel sera noté GL(E) (Groupe
linéaire de E).

L'utilisation du mot groupe dans la définition précédente sera justifiée plus


loin.
Définition Deux espaces vectoriels sont isomorphes si il existe un
isomorphisme entre ces deux espaces vectoriels.
L'importance des isomorphismes entre les espaces vectoriels est la même
que celle des isomorphismes en théorie des groupes ou que celle des
homéomorphismes entre espaces topologiques. Des espaces vectoriels
isomorphes auront les mêmes propriétés ``vectorielles''. Cette notion
permettra de classer les espaces vectoriels. Toute propriété ``vectorielle''
vraie pour un espace vectoriel donné sera vraie pour un espace vectoriel
qui lui est isomorphe.
Proposition ``Etre isomorphe à'' est une relation d''équivalence sur
l'ensemble des espaces vectoriels sur un corps k.
Démonstration C'est facile.
Définition Soit E un k-espace vectoriel. L'application qui à un vecteur x de
E associe lui même est appelée application identique sur E ou Identité de
E. On la note Id ( ou Id quand aucune confusion n'est à craindre ): x
E, Id (x)=x. On vérifie immédiatement que cette application est linéaire
.

Propriétés
Proposition Soient E et F des k-espaces vectoriels. Soit E' un sous espace

vectoriel de E et soit une application linéaire de E dans F. Alors (E')


est un sous espace vectoriel de F. Le sous espace vectoriel de F image

de E par est noté Im .

Démonstration Soient y,y' (E'). Il existe donc x,x' E tels que y= (x) et

y'= (x'). Soient , k.Il suffit de vérifier que y+ y' est élément de

(E'). Mais y+ y'= (x)+ (x') = ( x+ x').

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Définition Soient E et F deux k-espaces vectoriels. Soit une application

linéaire de E dans F. Le sous ensemble de E des vecteurs annulant est

appelé noyau de et est noté Ker .

Proposition Le noyau d'un application linéaire est un sous espace vectoriel


de l'espace de départ de l'application linéaire .

Démonstration Soit l'application linéaire considérée. Notons E l'espace

vectoriel sur lequel est définie. Soient aussi x,y Ker , , k. Il suffit

là aussi de vérifier que x+ y Ker . Mais ( x+ y = (x)+

(y)=0. Ker est donc bien un sous espace vectoriel de E.

La propriété qui suit est extrêmement utile pour prouver l'injectivité d'une
application linéaire.

Proposition Soient E et F deux k-espaces vectoriels. Soit une application


linéaire définie de E dans F. On a équivalence entre:

Ker = 0 .

est injective.

Démonstration Remarquons que E et F étant des espaces vectoriels, ce

sont aussi des groupes pour leur loi interne respective et que ,
application linéaire de E dans F, est aussi un homomorphisme entre ces

deux groupes . Or on sait que dans ce cas préçis, l'injectivité de est


équivalente au fait que son noyau est réduit à l'élément neutre du groupe
de départ .

Définition Soient E et F deux k-espaces vectoriels et une application

linéaire de E dans F. Rappelons que Im est un sous espace vectoriel de F

. Si Im est un sous espace vectoriel de dimension finie dans F alors

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on appelle rang de l'aplication linéaire la dimension de Im . On notera

rg le rang de .

Proposition Soient E et F des k-espaces vectoriels. Soit une application

linéaire de E dans F. Soit I un ensemble et A= une famille de

vecteurs de E indexés par I. Si A est une famille génératrice de E alors

(A)= est une famille génératrice de Im .

Démonstration Soit y Im . Il existe x dans E tel que y=f(x). Mais la

famille A est génératrice dans E. Donc il existe une famille de


scalaires ( à support finie ) de k telle que

Comme est linéaire,

y étant quelconque dans Im , la propriété est démontrée.

Corollaire Si E et F sont deux k espaces vectoriels, que E est de dimension

finie et que est une application linéaire de E dans F alors est de rang
fini dans F.

Démonstration Comme E est de dimension finie , E possède une famille A

génératrice et de cardinal fini. L'image de cette famille par est une

famille génératrice de Im qui est encore de cardinal fini. Par définition

d'un espace vectoriel de dimension finie, Im est alors de dimension finie.

Et le rang de étant la dimension de Im , est bien de rang fini.

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Proposition Formule du rang Si E et F sont des k-espaces vectoriels, que E

est de dimension finie , et que est une application linéaire de E dans F

alors vérifie: dim Ker f+rg =dim E.

Démonstration E étant de dimension finie, on peut trouver une base de

cardinal fini de Ker . Posons n=dim E et p=dim Ker . Soit

une base de Ker . Prenons un sous espace E' supplémentaire à Ker .

Cette base peut se complèter en une base de E où les

vecteurs forment une base de ce supplémentaire. L'image de

cette base par est génératrice de Im . Donc Im =Vect(f(e ),...,f(e

)). Cette famille est, de plus, libre dans Im : Si ,..., sont n-p

scalaires de k tels que alors . Mais ceci

implique que est élément de Ker . Cette somme est une


somme de vecteurs qui sont dans un sous espace supplémentaire E' de

Ker . La somme est donc élément de E'. est alors dans E' Ker

. La seule possibilité est . Mais cette famille est libre dans E

donc =0 pour tout i=p+1,...,n. Ces scalaires ayant été choisis de façon

quelconque dans k, La famille f(e ),...f(e ) est libre dans Im .

C'est donc une base de Im et dim Im =n-p. Mais dim Im =rg .

L'égalité n=(n-p)+p équivaut donc à dim E= rg +dim Ker .

Corollaire Si E et F sont deux espaces vectoriels tels que E est de


dimension finie et que F est isomorphe à E alors F est aussi de dimension
finie et dim E=dim F.

Démonstration Comme E et F sont isomorphes , il existe un

isomorphisme :E F. étant, par définition, une application bijective,

elle est en particulier surjective et Im =F. Mais Im étant d'après la


proposition précédente de dimension finie , il en est de même de F. On

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peut alors parler de la dimension de F. Cette dimension est égale à rg .

Mais comme est aussi injective, Ker = 0 et dim Ker =0. La

formule précédente appliquer au cas ici étudié donne rg =dim E. Donc


dim E= dim F. E et F ont même dimension.

Mais la réciproque de ce théorème est aussi vraie.

Proposition Si E et F sont deux k-espaces vectoriels de même dimension


alors ils sont isomorphes .

Démonstration Soit n la dimension de E. Soit (e ) une base de E et

soit (f ) une base de F. Choisissons pour l'application linéaire qui

envoie e sur pour tout i=1,...,n. Cela signifie qu'un point x de E

s'écrivant , (x) vaudra: . ainsi définie est bien


linéaire. De plus son noyau est réduit à l'élément nul de E . Son rang est
donc égal à n. Cela signifie que son image est de dimension n mais aussi

qu'elle est surjective. définie bien un isomorphisme entre E et F .

Terminons par la propriété suivante qui n'a rien de très surprenant:

Proposition Soient E, F, G trois k-espaces vectoriels . Soient et deux


applications linéaires définies l'une de E dans F et l'autre de F dans G.

Alors est une application linéaire définie de E dans G.

Démonstration Soient x et y deux éléments de E, et deux éléments de

k. La linéarité de puis celle de implique: ( x+ y)= ( (x)+

(y))= g (x)+ (y), ce qui démontre la propriété.

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