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MANUEL D'ORTHOPEDIE

DENTO-FACIALE

Francis BASSIGNY
Professeur à la Faculté de Chirurgie dentaire
de l'Université Paris VII

avec la collaboration de
PIERRE CANAL
Assistant à la Faculté de Chirurgie dentaire
de l'Université Paris VII

MASSON
Paris New York Barcelone
Milan Mexico Sao Paulo
1983
TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS -j iv
LISTE DES ABRÉVIATIONS x

Chapitre T. — Généralités 1

Chapitre 2. — Notions de base 3


Notions de biométrie 3
Considérations génétiques en orthopédie dento-faciale 5
Phénomènes de dentition. Morphogenèse des arcades dentaires. Établissement de l'occlusion. . . 7
Phénomènes de dentition 7
La dentition temporaire (7). La dentition permanente (7).
Morphogenèse des arcades dentaires 8
Agencements intra-arcades. Relations inter-arcades statiques et cinétiques en denture temporaire et
adulte '12
- Denture temporaire (12). Denture adulte (12).
La croissance normale du massif cranio-facial 16
Croissance générale et maturation 16
Rythme de croissance (16). Maturation et croissance (17).
Croissance cranio-faciale 18
Moyens d'étude (18). Facteurs influençant la croissance normale de la face (19). Les différents
types d'os au niveau cranio-facial (20).
Croissance des éléments cranio-faciaux 20
' Le facteur neuro-musculaire 24
. Les fonctions de la sphère oro-faciale 25
' L'harmonie du visage et de la denture 27

Chapitre 3. — Le bilan orthodontique 31


La terminologie : un langage orthodontique 31
Objectifs (31). Conventions adoptées (31). Terminologie orthodontique (32).
Les classifications d'Angle et de Ballard 35
S La classification d'Angle 35
y.La classification de Ballard 36
L'établissement du dossier orthodontique 38
La consultation orthodontique. Modalités pratiques 38
L'examen clinique sans documents : première consultation (38). La prescription des examens
complémentaires (43), La deuxième consultation et la.prise d'empreinte (43). La troisième
consultation (44). Photographies (44). Radiographies panoramiques (44). Téléradiogra-
phies (46). Les moulages (48).
L'interprétation du dossier orthodontique 49
L'examen des moulages 49
L'examen des photographies 49
L'analyse des téléradiographies de profil 49
L'anatomie céphalométrique (49). La typologie faciale et mandibulaire (51). Les analyses
'>! céphalométriques (56). Les superpositions (62).
Aperçu des procédés de simulation 64
Le bilan orthodontique 65
Méthodologie 65
Récapitulation 65

Chapitre 4. — Les anomalies orthodontiques 67


Étio-pathogénie des anomalies orthodontiques 67
Les anomalies dentaires 68
vin Table des inaltérés.

Les agénésies 71
Les dents incluses 72
La dysharmonie dento-maxillaire (D. D. M.) 75
La dysharmonie dento-dentaire (D. D. D.). Analyse de Bolton 80
Les anomalies alvéolaires 80
Les anomalies alvéolaires antérieures du sens sagittal 80
La proalvéolie (80). La rétroalvéolie (82).
Les anomalies alvéolaires antérieures du sens vertical 83
Supraclusion (83). Infraclusion antérieure (ou béance antérieure) (84).
Les anomalies alvéolaires latérales 85
L'infraclusion ou béance latérale 85
Les dysfonctions. Les parafonctions 85
Les anomalies du sens transversal 88
Les anomalies du sens antéro-postérieur 92
Les malocclusions de la classe II, division 2 98
Les mésio-positions 102
Les malocclusions de la classe 111 102
Les anomalies basales du sens vertical 109
Les excès verticaux des maxillaires (109). Les insuffisances verticales des maxillaires (111).
Tableau comparatif entre E. V. M. et I. V. M. (113).
Les fentes et les fissures labiales et palatines 113

Chapitre 5. — Le traitement des anomalies orthodontiques 117


Notions de base 117
Les principes biomécaniques des dispositifs orthodontiques. Le déplacement des dents et les
réactions des tissus en orthodontie 117
Notions de mécanique appliquée aux déplacements orthodontiques (117). La réponse bio-
logique à une force orthodontique (120). Facteurs influençant le déplacement (123).
Les objectifs de traitement 123
Les différents objectifs du traitement (123). Objectifs occlusaux (124). Objectifs esthé-
tiques (125). Innocuité (127). Pérennité à long terme (127). Objectifs particuliers (128).
L'établissement du plan de traitement 129
Que traiter ? (129). Quand traiter ? (130). Comment traiter ? (131).
Les extractions de dents adultes en orthodontie 132
Les appareils de traitement actif 136
Les appareils amovibles mécaniques (136). Les appareils orthopédiques (140). Les techniques
multibagues ou mufti-attaches (148).
Les thérapeutiques non mécaniques 163
La chirurgie 165
Les principes de traitement des anomalies orthodontiques 171
Le traitement des agénésies 171
Traitement des agénésies d'incisives latérales supérieures (171).
Le traitement des dents incluses 173
Le traitement de la dysharmonie dento-maxillaire 176
Les objectifs de traitement d'une dysharmonie dento-maxillaire (176). Les données du
problème (176). L'évaluation du déficit d'espace global : D. D. M. prévisible (177). Les
alternatives thérapeutiques (178).
Le traitement des anomalies alvéolaires antérieures 182
Traitement des proalvèolies (182). Traitement des rétro-alvéolies (182). Traitement de la
supraclusion (183). Traitement des béances antérieures d'origine fonctionnelle (183).
Le traitement des anomalies du sens transversal 184
Le problème de l'expansion (185).
Le traitement des anomalies du sens antéro-postérieur 186
Le traitement des malocclusions de la classe II, division 1 (186). Le traitement des malocclu-
sions de la classe II, division 2 (192). Le traitement des malocclusions de la classe III (193).
Le traitement des anomalies basales du sens vertical 196
Les lésions iatrogènes post-thérapeutiques 197
La contention 198
La récidive 200
L'équilibration occlusale post-orthodontique 201
Aperçu du traitement des fentes et fissures labiales ou palatines 202

BIBLIOGRAPHIE 203

INDEX ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 205


CONTENTS

Chapter 1. — Introduction 1

Chapter 2. — Basic Principles 3

Essentials of biométries 3
Genetic considérations in orthodontics 5
Dentition. Morphogenesis of dental arches. Development of occlusion
Idéal construction. Static and kinetic arches relationships in deciduous and adult dentition. . 12
Growth and maturation of the craniofacial skeleton 16
The neuromuscular factor 24
Functions of the orofacial area 25

Chapter 3. — Orthodontie évaluation 31

Terminology: an orthodontie language 31


The Angle's and Ballard's classification '. 35
Establishing orthodontie records 38
Interprétation of orthodontie records 49
Orthodontie évaluation (or diagnosis) 65

Chapter 4. — Orthodontie abnormalities and malocclusions 67

Pathogenesis of malocclusions 67
Dental abnormalities 68
Missing teeth 71
Impacted teeth 72
Dento-skeletal discrepancy 75
Tooth-size relationships'discrepancy 80
Alveolar processes malocclusions 80
Dysfunctions. Parafunctions - 85
Transverse malocclusions 88
Antero-posterior malocclusions 92
Vertical skeletal malocclusions 109
Cleft lip and cleft palate 113

Chapter 5. — Treatment of orthodontie malocclusions 117

Basic principles 117


Treatment objectives 123
Planning the treatment 129
Principles of treatment of malocclusions and dental abnormalities 171
Rétention 198
Relapse 200
Post-orthodontie équilibration 201
Essentials of cleft palate and cleft lip treatment 202

ALPHABETICAL INDEX 205


LISTE DES ABREVIATIONS

A.P. : antéro-postérieur.
A.T.M. : articulation temporo-maxillaire.
D.D.D. : dysharmonie dento-dentaire.
D.D.M. : dysharmonie dento-maxillaire.
D.S. : déviation standard.
D.V. : dimension verticale.
E.I.F. : étage inférieur de la face.
E.M.F. : étage moyen de la face.
E.V.I. : insuffisance verticale des maxillaires.
E.V.M. : excès vertical des maxillaires.
F.E.B. : forces extra-buccales.
F.O.M. : fronde occipito-mentonnière.
G.P. : gouttière de positionnement (« tooth-positioner » ou « T. P. »).
H.E.I. : hauteur de l'étage inférieur de la face.
I.C.M. : intercuspidie maximale.
M. : moyenne.
M.D. : mésio-distal.
R.A. : croissance mandibulaire dans le sens d'une rotation antérieure.
R.C. : relation centrée.
R.P. : croissance mandibulaire dans le sens d'une rotation postérieure.
S.A.D.A.M. : syndrome algo-dysfonctionnel de l'appareil manducateur.
T.I.M. : tractions inter-maxillaires.
U.S. : appellation américaine du terme français.
V.L. : vestibulo-lingual.
GÉNÉRALITÉS

• Définitions. ANOMALIE ORTHODONTIQUE : une anomalie ortho-


L'ORTHOPÉDIE DENTO-FACIALE est une discipline dontique affecte par définition la sphère oro-faciale.
de l'art dentaire qui a pour objet : Elle est perçue, par le profane, comme une pertur-
bation esthétique immédiatement perceptible. Par
— l'étude du développement de la face, des maxil-
exemple, des dents trop en avant ou trop en arrière,
laires et des dents,
un mauvais alignement de la denture, ou encore des
— l'analyse des anomalies de ce développement,
lèvres trop proéminentes, en fonction de la situation
— la correction de. ces anomalies,
de la denture.
afin d'améliorer l'harmonie du visage et de la denture Cette anomalie peut être également définie comme
et de permettre un déroulement satisfaisant des un écart par rapport à une normalité (p. 3), au
fonctions. sens statistique du terme ; la notion de normalité
ORTHOPÉDIE DENTO-FACIALE ET ORTHODONTIE : en débordant le cadre strictement orthodontique pour
Europe, ces deux termes prennent le plus souvent rejoindre les concepts philosophiques.
deux significations différentes La définition suivante peut être proposée : les
L'Orthopédie dento-faciale a pour objet la modifi- anomalies orthodontiques constituent un ensemble
cation de la forme ou des rapports relatifs des struc- de variations dans la morphologie et les fonctions de
tures maxillo-faciales, c'est-à-dire des modifications la sphère oro-faciale, entraînant un préjudice esthé-
des bases osseuses. tique et/ou fonctionnel.
Elle s'adresse plus particulièrement à de jeunes Dans une optique préventive, on peut également
enfants en denture temporaire ou en denture mixte. définir une anomalie comme ce qui risque de provo-
L'orthodontie a pour objet l'amélioration des posi- quer des conséquences défavorables, à plus ou moins
tions des dents, des formes des arcades dentaires et long terme, sur la denture, le parodonte ou l'A. T. M.
de leurs rapports, c'est-à-dire des modifications alvéo- Cette dernière conception constitue probablement
lo-dentaires. l'orientation future de l'orthodontie, l'amélioration
Elle s'adresse plus particulièrement aux enfants esthétique de la denture et du visage n'étant pas
en période de constitution de la denture adolescente, négligée.
aux adolescents en cours ou en fin de croissance et On distingue des anomalies morphologiques :
aux adultes, jusqu'à 35-40 ans, dans certaines condi- — anomalies dentaires : absence ou inclusion
tions. . d'un germe.
Toutefois, chez un individu en cours de croissance — dysharmonie entre la taille des dents et la taille
des modifications orthodontiques peuvent entraîner des maxillaires,
des modifications orthopédiques, et vice versa. — anomalies des relations d'arcades, dans les
L'Association américaine des orthodontistes a trois sens de l'espace,
décidé, en 1978, que le terme « Orthopédie dento- — anomalies des structures osseuses : réduction
faciale » est un synonyme acceptable pour « Ortho- ou augmentation de volume de l'un des deux maxil-
dontie ». laires, dans les trois sens de l'espace,
2 Généralités

— anomalies des rapports entre la base du crâne ture, recherchée en orthodontie, permet d'améliorer
et les maxillaires : grands syndromes cranio-faciaux, l'image de soi, de favoriser une meilleure insertion
— anomalies des tissus mous : brièveté de la lèvre sociale, d'augmenter les chances de rencontre et de
supérieure, langue trop volumineuse, anomalies d'in- promotion sociale. Elle peut encore retarder le vieillis-
sertion des freins, défauts parodontaux, sement si l'enveloppe musculaire et cutanée est bien
des anomalies fonctionnelles : répartie.
— anomalies cinétiques des relations d'arcades, L'amélioration des fonctions de la sphère oro-faciale.
— anomalie d'une fonction oro-faciale : déglu- Le rétablissement d'une fonction occlusale proche
tition, ventilation, phonation, etc. des conditions habituelles, une implantation des dents
A l'étude de ces anomalies orthodontiques, s'ajou- dans de bonnes conditions parodontales, le rétablisse-
tent les malformations congénitales (fissures et fentes ment normal de certaines fonctions de la sphère
labiales et palatines), les séquelles orthodontiques oro-faciale — déglutition, ventilation, etc. - - la
des grands syndromes cranio-faciaux et les séquelles suppression de certaines parafonctions sont autant
des traumatismes faciaux. d'objectifs fonctionnels poursuivis en orthopédie
dento-faciale : ces améliorations devant favoriser
• Pourquoi corriger les anomalies orthodontiques ? l'absence de troubles et la pérennité du système
L'amélioration de Vaspect du visage et de la denture. manducateur.
L'une des caractéristiques des sociétés occiden- Toutefois, il ne fait aucun doute qu'un pourcen-
tales, c'est la recherche d'une apparence esthétique tage important d'individus ayant une occlusion
plaisante, que ce soit au niveau du corps ou de ce s'écartant de la moyenne et que le spécialiste consi-
qui le recouvre, vêtements, parures, maquillage, etc. dère comme devant être traités ne constitue pas un
La primauté accordée à l'individu a comme corollaire problème du point de vue de la santé publique.
une grande attention apportée aux soins et à l'entre- L'approfondissement des connaissances en occluso-
tien de son propre corps et, éventuellement, à la dontie, en parodontologie, en prothèse, le développe-
correction de ses défauts. Le maquillage féminin, ment de mesures préventives, tendent à donner une
en dehors de sa fonction erotique n'étant qu'un des base plus sûre pour la justification des interventions
moyens d'atténuer certains éléments disgracieux du en O. D. F., ce qui entraîne, par un effet d'interaction
visage. une accentuation des exigences concernant les critères
L'amélioration esthétique du visage et de la den- de réussite d'un traitement.
NOTIONS DE BASE

L'O. D. F. fait appel à des notions de base pour L'ensemble de ces connaissances doit faire partie
s'édifier en tant que discipline autonome. L'intégra- intégrante du bagage intellectuel du praticien ou du
tion de ces données fondamentales dans le champ spécialiste, l'orthodontie n'étant plus, bien heureu-
des connaissances d'un praticien compétent en ortho- sement. « une simple affaire d'appareils ».
dontie est une nécessité.

NOTIONS DE BIOMÉTRIE
En orthodontie, le praticien est appelé à comparer hasard » — ou bien constitué à partir de certains
la variabilité d'un caractère par rapport à ce qui est critères — il s'agit d'un « échantillon sélectionné » —
considéré comme normal, afin d'en déduire des par exemple : enfants présentant des agénésies d'inci-
conséquences thérapeutiques. Il tient compte éga- sives latérales supérieures.
lement des résultats des études selon lesquelles l'effet Cette sélection prend en compte des individus
de telle thérapeutique est significatif à tel ou tel « normaux » et « anormaux ». pour un échantillon
niveau. Cette démarche implique la connaissance de pris au hasard (population normale) et des individus
notions de méthodologie statistique. présentant un ou des caractères normaux ou anormaux
pour un échantillon sélectionné.
Définition : la biométrie est la science qui a pour
objet d'appliquer les méthodes statistiques aux phé- A partir d'un échantillon pris au hasard, il reste
nomènes biologiques ayant des caractéristiques mesu- à préciser une marge de variabilité, représentative
rables. de la normalité de la population étudiée.
Cet échantillon peut, d'autre part, être défini comme
• Population, échantillon, normalité. un grand échantillon si l'effectif des individus n ^ 30,
ou un petit échantillon si l'effectif est < 30.
La normalité d'un caractère est définie à partir
Les méthodes de calcul et l'interprétation des
d'un échantillon représentatif d'une population cons-
tituée par un groupe de référence (groupe humain résultats seront différentes suivant la dimension de
de telle ou telle race, population d'enfants de telle l'échantillon : les petits échantillons ont moins de
tranche d'âge, etc.). chance de déceler une faible différence.
Comme il n'est matériellement pas possible d'étu-
dier un caractère particulier sur l'ensemble d'une • Les différentes catégories de caractères.
population, au sens statistique du terme, il s'avère Les caractères étudiés sur les différents échantillons
nécessaire de sélectionner un échantillon, soit par peuvent être qualitatifs ou quantitatifs. Les caractères
tirage au sort — il s'agit d'un « échantillon pris au qualitatifs ne permettent que l'étude de pourcentages.
Considérations génétiques 5

mesures peut être rigoureusement proportionnelle. cartésiennes (fig. \b). Elle présente une orientation
Dans ce cas, il s'agit d'une corrélation positive, le privilégiée.
coefficient de corrélation r = + 1, ce qui signifie Toutefois, l'expression « statistiquement signifi-
que 100 % de la variation observée est fonction de catif » ne doit pas être prise comme une relation de
la liaison entre les deux variables étudiées. Si l'aug- cause à effet ni comme une vérité indiscutable. Cette
mentation n'est pas exactement proportionnelle. information statistique nécessite d'être confrontée
r sera situé entre 0 et + 1 . aux données empiriques, à l'intuition et à l'esprit
Plus le coefficient r est proche de J, plus l'on pourra d'observation du clinicien et du chercheur. Elle
parler d'une corrélation hautement significative entre fournit la probabilité d'une liaison.
les deux variables. Ce coefficient mesure donc l'inten- Les indications données par les méthodes statis-
sité ou l'indépendance de la liaison entre deux tiques en orthodontie ne sont qu'un des éléments de
variables. la décision thérapeutique.
Un coefficient de corrélation r de 0,7 est habituel- A titre d'exemple, en céphalométrie (v. p. 56).
lement considéré comme un minimum pour faire la l'utilisation de la méthode statistique revient à
démonstration d'une signification clinique. Cela constituer un échantillon sélectionné d'individus dits
signifie que 51 % de la variabilité des caractères « normaux » présentant, selon le promoteur de telle
n'est pas liée par la corrélation. méthode, un visage et une occlusion satisfaisante,
Si les deux mesures ne coïncident pas, « ne proches de l'idéal, à comparer les moyennes et les
fluctuent » pas, d'une façon relativement identique, écarts-types des différentes mesures céphalométriques
on parle d'une corrélation nulle, sensiblement égale obtenues à celles d'individus présentant des anomalies
àO. orthodontiques.
Si l'une des mesures augmente quand l'autre dimi- Les mesures biométriques permettent d'attirer
nue, la corrélation est négative. Si cette corrélation l'attention sur un caractère présentant une variabi-
négative n'est pas exactement proportionnelle r sera lité marquée par rapport à la moyenne, mais le sens
situé entre 0 et — 1. clinique intuitif ne doit pas être supplanté par des
La représentation graphique d'une corrélation est considérations non déterminantes. Il faut se garder
donnée par un nuage de points sur des coordonnées de tout fétichisme mathématique.
La notion de normalité, en orthodontie, recèle
une multiplicité de facteurs qu'il est parfois tout à fait
impossible de n'envisager qu'à l'aide de méthodes
statistiques. Par exemple, Ricketts définit la norma-
lité au niveau de la denture comme une position que
les dents doivent occuper pour être stables et en
harmonie les unes avec les autres et avec toutes les
structures anatomiques.
Il n'existe pas « d'individu normal moyen » comme
a pu le penser Quetelet en 1835 mais plutôt toute
une série de types normaux d'individus, ce qui rend
FIG. 1. — b) La droite de régression. l'interprétation et l'utilisation des méthodes statis-
L'ellipse représente le nuage de points. tiques beaucoup plus complexes sinon aléatoires en
r = pente de la droite. orthodontie.

CONSIDERATIONS GENETIQUES
EN ORTHOPÉDIE DENTO-FACIALE
Ce chapitre ne constitue qu'un bref survol des logique de la transmission d'un caractère particulier
connaissances actuelles sur la génétique et ses rela- dans une population (isolât protégé constitué par
tions avec l'O. D. F. une population primitive ou sédentaire);
— méthode des jumeaux : l'influence des facteurs
Les moyens d'étude.
génétiques a été analysée sur des jumeaux univitellins
1. Recherches sur l'homme : soumis à des facteurs d'environnement différents:
— la génétique des populations : étude épidémio- — méthode des familles : la transmission des
6 Notions de hase

malocclusions orthodontiques a été étudiée par la L'hérédité des comportements neuro-musculaires :


méthode des familles, à l'aide d'anomalies parti- la mise en évidence d'une influence héréditaire est
culièrement caractérisées, telle la prognathie mandi- particulièrement délicate et la réalité en est discutée.
bulaire vraie (transmission, sur un mode dominant, Toutefois, la dotation génétique des os est l'élément
du caractère « prognathe inférieur » dans la famille essentiel de leur formation et de leur croissance.
des Habsbourg, par exemple) ; Cela conduit certains auteurs à ne pas chercher à
— méthode des fratries : étude de la carte géné- corriger certaines anomalies orthodontiques en esti-
tique des frères et des sœurs, étudiée paire par paire. mant que le comportement neuro-musculaire est
héréditaire et ne pourra se modifier (position très
2. Expérimentations sur des mammifères inférieurs : controversée).
des manipulations génétiques sur des animaux à Un trouble fonctionnel peut être en relation avec
reproduction rapide (souris) ont permis d'analyser des facteurs secondaires mais l'hérédité des compor-
le mode de transmission de différentes structures tements fonctionnels peut se concevoir « dans le
osseuses, telle la forme mandibulaire, grâce à des cadre d'un ensemble structural génétiquement déter-
souches isogéniques (tous les animaux de l'échan- miné » (Pellerin).
tillon sont génétiquement identiques).
Modalités de transmission des malocclusions : la
transmission se ferait selon un mode polygénique.
Quelques définitions. bien que pour certains (R. Stewart et M. Spcnce)
une malocclusion puisse résulter d'une mutation au
Le génotype : c'est l'ensemble des potentialités niveau d'un simple locus. Les anomalies peuvent être
d'un individu, déterminé par la combinaison des transmises suivant les lois de l'hérédité et résulter
allèles ou gènes, au moment de la fécondation. de la combinaison non harmonieuse des gènes paren-
Le phénotype est défini comme l'ensemble des taux.
caractères morphologiques et physiologiques visibles
d'un organisme vivant. Critères de variation : les corrélations les plus signi-
Seuls certains caractères héréditaires s'exprime- ficatives s'observent au sein d'une même fratrie sans
ront dans les apparences du phénotype. différentiation selon le sexe.
Il faut différencier les caractères correspondant à
Les stades de « l'expression génétique ». — La à l'origine ethnique (prognathisme facial de la race
transmission des informations données par les gènes noire, brachygnathie de la race vietnamienne...) et
se fera à trois stades successifs de la formation de ceux en rapport avec les traits de la lignée familiale,
l'être vivant : non limitée aux ascendants directs.
— au moment de la différenciation cellulaire D'après Hunter, l'hérédité des dimensions verti-
(embryogenèse); cales serait beaucoup plus constante que celle des
— au cours de la morphogénèse des différents dimensions antéro-postérieures. En conséquence, les
organes (organogénèse); altérations de la fonction pourraient avoir un reten-
— après la naissance, tout au long de la croissance. tissement plus important au niveau antéro-postérieur
que vertical.
L'influence des facteurs génétiques sur le dévelop-
pement dento-cranio-facial. — Les principaux carac- Circonstances d'apparition des traits génétiques :
tères étudiés en génétique cranio-faciale concernent : les traits génétiques dans la région cranio-faciale
sont sujets à modification : un enfant peut ressembler
— les caractères dentaires : les agénésies se trans-
fortement à l'un des parents dans le jeune âge et ne
mettent suivant un mode strictement héréditaire,
plus montrer une telle ressemblance à la fin de la
de même que certaines dimensions ou formes den-
croissance. Certains caractères génétiques s'expriment
taires ;
à des moments spécifiques : la taille et la forme du nez,
— les caractères cranio-faciaux : les os d'origine
par exemple, ne deviennent comparables à celles de
cartilagineuse (base du crâne) paraissent essentiel-
l'un des ascendants qu'au moment de l'adolescence,
lement sous la dépendance de facteurs génétiques.
de même pour les lèvres (fig. 22).
Au niveau alvéolaire : il est difficile de déterminer
l'influence respective des facteurs héréditaires et des Conclusion : le mode individuel de développement
facteurs d'environnement. Toutefois, il ne paraît pas dento-cranio-facial a une base génétique. Cette base
justifié de tracer une frontière trop précise entre base génétique est retrouvée dans la lignée familiale. Le
osseuse et zone alvéolaire en fonction de leur modalité modèle de la lignée familiale permet de reconnaître
de développement. dans un individu les traits de chaque ascendant. La

<\
Phénomènes de dentition. Morphogénèse des arcades dentaires. Etablissement de l'occlusion 7

combinaison des traits du modèle familial peut tous les cas, le modèle cranio-facial hérité (génotype)
conduire à une harmonie ou une dysharmonie des est sujet à des modifications en fonction des facteurs
structures faciales, dentaires et dento-faciales. Dans d'environnement, ce qui détermine le phénotype.

PHÉNOMÈNES DE DENTITION.
MORPHOGÉNÈSE DES ARCADES DENTAIRES.
ÉTABLISSEMENT DE L'OCCLUSION

PHÉNOMÈNES DE DENTITION LA DENTITION TEMPORAIRE

• Le développement de la dent : l'éruption. Cette période s'étend sur 5 à 6 ans à partir de la


La formation et l'éruption d'une dent comportent naissance. A la naissance, sauf exception rarissime
(Louis XIV). aucune dent n'a fait son éruption.
plusieurs stades :
Jusqu'à 6 ans, les phénomènes de dentition sont
1. Phase d'éruption passive : début de calcification intimement liés aux phénomènes de croissance des
de la couronne, puis achèvement de la couronne. maxillaires qui vont modifier les arcades dans leur
L'apposition osseuse, au niveau des corticales, dimension et dans leur rapport.
augmente la distance entre le germe et le bord basi-
laire, mais le germe ne s'élève pas.
• Chronologie de Véruption des dents tempo-
2. Phase d'éruption active pré-fonctionnelle : au raires : apparition d'une incisive centrale inférieure
moment de la formation de la racine, la migration vers 6 mois 1/2, en moyenne.
en direction de la crête d'arcade est plus rapide que Tout retard (ou toute avance, mais moins signifi-
l'apposition osseuse. L'apparition de la couronne cativement) entraîne la plupart du temps, une évo-
dans la cavité buccale se produit après fusion de lution retardée de la denture permanente ; la lame
l'épithélium adamantin réduit et de l'épithélium dentaire de remplacement des dents permanentes
buccal, dans la gencive attachée. étant histologiquement liée à l'évolution de la lame
3. Mise en place fonctionnelle (en moyenne 3/4 de dentaire primitive, génératrice des germes tempo-
la hauteur radiculaire) : raires, sauf pour les molaires.
Vers 2 ans 1/2, l'ensemble des dents temporaires
1er stade : la racine n'est pas encore totalement
a fait son éruption. Cette denture de 20 dents sera
édifiée, l'apex est largement ouvert.
fonctionnelle pendant 4 ans, jusqu'à l'apparition de
2e stade : édification apicale complète.
la première dent permanente.
4. Adaptation occlusale : en fonction des rapports
établis avec les dents antagonistes.
• Développement des arcades dentaires tem-
poraires :
• Processus d''exfoliation des dents temporaires :
la rhizalyse : Entre 2 ans 1/2 et 3 ans. les arcades temporaires
1er stade : résorption radiculaire de la dent tem- sont entièrement constituées. Les dents présentent
poraire, correspondant au début de la formation de des points de contact par leur face proximale.
la racine de la dent permanente sous-jacente. Entre 4 et 5 ans, le développement rapide des
2e stade : chute de la couronne résiduelle. maxillaires, en fonction de la croissance, entraîne
l'apparition de diastèmes entre certaines dents.
• Position respective des germes et des dents
temporaires: monoradiculées. — Le germe est situé
en position apicale et linguale par rapport à la racine LA DENTITION PERMANENTE
de la dent temporaire/la zone linguale de la racine
est résorbée en premier, ensuite le germe se situe Cette période s'étend de 6 ans à 18-20 ans.
immédiatement en-dessous de la racine de la dent
temporaire qui se rhizalyse sur toute sa longueur. Chronologie de l'éruption des dents permanentes


8 Notions de base

FILLES GARÇONS

FILLES GARÇONS

Ages moyens d'éruption dentaire avec un intervalle de variation d'un écart-type et d'autre de chaque moyenne
(Hurme, 1949). In : LAUTROU A., Abrégé d'anatomie dentaire, Masson, Paris, 1980.

bords libres des incisives centrales inférieures ou


MORPHOGÉNESE supérieures et les points les plus distaux des deuxièmes
DES A R C A D E S D E N T A I R E S molaires de lait, en denture mixte (ou les points les
plus mésiaux des premières molaires permanentes,
La morphogénèse des arcades dentaires s'étale sur en denture permanente). Cette mesure représente
une vingtaine d'années. Elle comporte des phases la flèche de l'arcade dentaire. Elle peut être faussée
d'activité, au cours desquelles apparaissent des grou- par une mésio-position unilatérale d'origine iatro-
pes de dents et des phases de stabilité sans modifi- gène.
cations apparentes de la denture. Le périmètre d'arcade dentaire : mesure de la
courbe passant par les points les plus mésiaux des
Définitions. premières molaires permanentes, le milieu de la
ligne d'arcade, latéralement, les pointes des canines
La longueur d'arcade : distance mesurée à un et les bords libres des incisives (sans tenir compte
moment donné, entre un point médian, tangent aux des malpositions localisées).
Phénomènes de dentition. Morphogenese des areades dentaires. Etablissement de l'occlusion 9

• Phase de denture temporaire stable : cette


période dure environ 4 ans, j u s q u ' à l'apparition
des premières molaires permanentes ou l'expulsion
d'une incisive centrale temporaire. A ce stade, on
note habituellement des diastèmes interincisifs (dia-
stèmes de Bogue). L'absence de ces diastèmes est
une présomption de dysharmonie dento-maxillaire.

• Phase de constitution de la denture mixte


stable (fie. 3).
FIG. 2.
L = longueur d'arcade.
l.m. = largeur molaire.
Le. = largeur canine.
Courbe p à p' (en pointillés) = périmètre d'arcade.

La largeur d'arcade
1. Au niveau des canines (1. c.) : distance mesurée
entre les pointes cuspidiennes.
2. Au niveau des premières molaires (1. m.) :
distance mesurée entre les cuspides centro-vestibu-
laires des dents de 6 ans.

Les différentes phases.

m Phase de constitution de la denture temporaire :


cette période d u r e environ 2 a n s ; l'apparition de FIG. 3. — Phase de constitution de la denture mixte.
la première dent temporaire se faisant en moyenne Éruption des incisives permanentes (d'après SCHOUR et
MASSI.ER, 1941). In: LAUTROU A.. Abrégé d'anatomie den-
entre 4 et 6 mois. Séquence habituelle : incisives taire. Masson, Paris, 1980.
centrales, latérales, l r e molaire, canines, 2 L molaire.
Baume distingue deux types d'arcades temporaires :
a) Apparition de la première molaire permanente,
-- arcades de type 1 : elles présentent des diastèmes remplacement des incisives temporaires par les inci-
simiens entre incisives latérales et canines maxillaires sives permanentes.
et entre canines et premières molaires mandibulaires ; Cette phase se situe en moyenne entre 6 et 8 ans.
— arcade de type 2 : sans diastèmes simiens. Le déficit d'espace pour la mise en place des inci-

Les étapes de la morphogenese des arcades dentaires (Demogé) :

Denture Phases d'activité et d'inactivité

Phase de constitution de la denture temporaire


Denture temporaire Phase de denture temporaire stable

Phase de constitution de la denture mixte


Denture mixte Phase de denture mixte stable
Phase de constitution de la denture adolescente

Phase de denture adolescente stable


Phase de constitution de la denture adulte jeune
Denture permanente Phase de denture adulte jeune stable - 2 e molaires évoluées
Phase de constitution de la denture adulte complète
Phase de denture adulte complète - 3e molaires évoluées
10 Notions de hase

• Phase de constitution de la denture ado-


lescente : au cours de cette période, les canines
et prémolaires permanentes évoluent. Cette phase
dure en moyenne 2 à 3 ans. Elle se caractérise par :
des séquences d'éruption très variées, des rythmes
d'apparition parfois différents entre les deux maxil-
laires et entre deux hémi-maxillaires, des phénomènes
de compensation qui peuvent se trouver modifiés
par la séquence d'éruption.
Parfois, la dent de 12 ans fait son éruption avant le
remplacement des dents intermédiaires. Dans ce cas,
les phases 5. 6 et 7 se trouvent réunies en une seule.

Phénomènes de compensation dus à la croissance


FIG. 4. — Phase de constitution de la denture adolescente.
(In : LAUTROU. Abrégé d'anatomie 'dentaire. Paris. (fig. 4) :
Masson, 1980). — sens sagittal : il existe une deuxième avancée
des incisives, comparable à celle observable au cours
de la phase de constitution de la denture mixte:
sives permanentes sur une arcade dentaire trop petite
— sens transversal (d'après Moorees) :
sera compensée par trois mécanismes :
. à la mandibule : la distance intercanine est
— un mécanisme dentaire : utilisation des diastèmes fixée après l'éruption des incisives permanentes
interincisifs et des diastèmes simiens: • (D. S. ± 3 mm):
— une augmentation de la largeur d'arcade par . au maxillaire : augmentation de la distance
une vestibulo-version accentuée des incisives per- intercanine.
manentes par rapport aux incisives temporaires:
— un élargissement dû à la croissance : augmenta-
tion de la largeur intercanine (3 mm) au cours du Compensation dentaire :
remplacement des incisives.

b) Éruption de la dent de 6 ans : fermeture des


espaces simiens : M = 0,9 mm par hémi-arcade, au maxillaire
— arcades de type 1 : la dent de 6 ans inférieure M = 1,7 mm par hémi-arcade, à la mandibule.
se retrouve en mésioclusion (diastème simien infé-
Ce « crédit d'espace » constitue l'espace de dérive
rieur plus important que le supérieur) ;
mésiale (lce-\vay-\J. S.).
— arcades de type 2 : rapport cuspide à cuspide Cette différence est proportionnellement plus
des dents de 6 ans. importante chez les filles.
Cette phase est particulièrement importante dans
la constitution des arcades dentaires. Si un seul Utilisation du crédit d'espace :
mécanisme de compensation ne donne pas le sup-
En moyenne, les premières molaires permanentes
plément de place nécessaire, les incisives permanentes
présentent, en denture mixte, des rapports de cuspide
présentent des malpositions et des malocclusions
à cuspide ou une légère mésioclusion de la première
diverses.
molaire inférieure — ce qui correspond soit à un
Séquence d'éruption : 1, 6, 2 à la mandibule; 6, 1, 2 plan terminal rectiligne, soit à un plan terminal à
au maxillaire. marche mésial (fig. 5b).
Après la chute des deuxièmes molaires temporaires,
s Phase de denture mixte stable : cette phase les premières molaires se déplacent mésialement.
dure de 2 à 3 ans, de la mise en place fonctionnelle Cette « dérive mésiale » physiologique, plus impor-
des incisives permanentes au début de la mobilité tante à la mandibule, sera utilisée pour rétablissement
des premières molaires temporaires ou des canines d'une occlusion molaire de classe 1. Le péri-
temporaires. Elle se caractérise par une stabilité mètre d'arcade en sera raccourci d'autant, c'est-à-dire
dimensionnelle des arcades dentaires (période privi- de 1,7 mm x 2, à la mandibule, en moyenne. Des
légiée pour les traitements précoces orthopédiques). malpositions mineures du secteur incisif pourront.

,
4 Notions de base

les caractères quantitatifs permettent l'étude de admis comme limite de la variabilité de la normalité,
moyennes. au sens statistique du terme.
Par ailleurs, on différencie des caractères contrôlés, ± 1 écart-type -> environ 68 % de l'échantillon
effectués à partir d'expérimentations et des caractères ± 2 écarts-types -> environ 95 % de l'échantillon
aléatoires effectués à partir d'observations. Ces carac- ± 3 écarts-types -> environ 99 % de l'échantillon
tères mesurés sur l'échantillon seront définis par des La distribution des valeurs peut être reportée gra-
paramètres de position et des paramètres de dispersion. phiquement sur des axes de coordonnées cartésiens.
Les paramètres de position : Cette distribution peut obéir à une loi de probabilité
dite « loi normale » représentée par une courbe en
— la moyenne : elle est obtenue en divisant la
somme de toutes les mesures x effectuées par le cloche ou courbe de Gauss, centrée autour de la
nombre de mesures à effectuer, n. Il s'agit d'une moyenne et d'équation parfaitement déterminée
moyenne arithmétique : (fig. la).
x
m——.
n vf
La moyenne est tout à fait insuffisante comme
élément d'information, si elle est citée isolément:
— le mode : c'est la valeur présentée par le plus
grand nombre de sujets, en biométrie;
— la médiane : c'est la valeur à partir de laquelle
-2<r -1er m +i<r +2<r x
il existe autant de valeurs plus grandes que de valeurs «= étendue >
plus petites.
FIG. 1. — a) La courbe de Gauss (loi normale).
Les paramètres de dispersion : ils permettent de m = moyenne.
préciser dans quelle mesure les valeurs ou les carac- a = écart-type : distance entre les points d'inflexion
tères étudiés s'écartent de la moyenne. et l'axe de symétrie.
+ la = 68 % de l'échantillon.
1. L'intervalle de dispersion ou étendue : il cor- + 2<j = 95 % de l'échantillon.
respond aux valeurs extrêmes, les plus élevées et les
plus faibles.
2. La variance : elle est destinée à mesurer la Le mode correspond à la partie la plus haute de
variabilité des valeurs autour de la moyenne. Chaque la courbe, Vétendue est représentée par les extrémités
de la courbe.
variable présente un écart par rapport à la moyenne :
Dans le cas d'une loi normale, le mode et la moyenne
e = x — m. sont confondus, il s'agit d'une variable continue et
Il s'agit de représenter par un indice l'ensemble d'une distribution normale.
des écarts à la moyenne. La variance est donc définie Il se trouve qu'en biologie, les grandeurs mesu-
comme la moyenne des carrés des écarts à la moyenne, rables sont généralement réparties selon des lois
soit : guère éloignées de la loi normale, si toutefois l'échan-
2 tillon est ^ 30.
, E(JC - m)
variance = a = . L'écart-type correspond graphiquement à la dis-
n tance entre les points d'inflexion de la courbe et
3. L'écart-type : la racine carrée de la variance l'axe de symétrie.
est appelée l'écart-type ou déviation standard (D. S.
ou S. D. en anglais). • Les corrélations statistiques.
Le pourcentage des valeurs situé entre deux écarts- La nature éventuelle d'une liaison entre 2 carac-
types correspond à 68 % de l'échantillon, dans le tères quantitatifs découle dû calcul d'un coefficient
cadre d'une loi normale. On pourra retrouver fré- de corrélation entre deux variables entièrement aléa-
quemment cette indication, par exemple pour une toires, par leur nature et leur distribution ; par exem-
mesure céphalométrique. ple : la hauteur de l'étage inférieur de la face et la
Exemple : mesure de la direction de croissance (axe Y). On ne
Angle mandibulaire/plan de Francfort = 25" + 3, s'intéresse ici qu'aux corrélations linéaires.
la notation + 3 correspond à un « écart-type » ou On peut représenter graphiquement la variabilité
une « déviation standard ». Elle correspond aux des deux mesures pour chaque individu en reportant
individus dits « normaux ». en abscisse el en ordonnée ces deux mesures pour tous
L'écart-type (ou parfois deux écarts-types) peut être les individus de l'échantillon. L'augmentation des
Phénomènes de dentition. Morphogénèse des arcades dentaires. Établissement de l'occlusion 11

parfois, être améliorées ou supprimées lors du rem- ture permanente, de la séquence d'éruption et des
placement des molaires temporaires, particulièrement proportions relatives entre les deux dentures.
si les points de contact interincisifs et incisivo-canins
sont favorables. En conclusion : le périmètre d'arcade se modifie
Par ailleurs, l'organisation des arcades est condi- surtout en fonction de la dérive mésiale. Par ailleurs,
tionnée également par la séquence d'éruption des le redressement lingual des incisives, à la fin de la
dents postérieures. Le processus de remplacement croissance, a encore tendance à réduire tardivement
des dents postérieures dure en moyenne une année cette dimension.
avec des variations très importantes. Les modifica-
tions accompagnant ce remplacement sont fréquem-
b) Évolution de la longueur d'arcade :
ment asymétriques.
— mesure relativement stable en denture tempo-
Les différentes séquences d'éruption des prémolaires raire;
et canines (Van der Linden) : on constate une grande — accroissement au moment de l'évolution des
variabilité, encore plus marquée chez les garçons : incisives (M = 2,2 mm au maxillaire, 1,3 mm à la
mandibule);
a) A la mandibule : - diminution beaucoup plus importante au mo-
— séquence (3, 4) 5 : la canine et la première pré- ment du remplacement des molaires temporaires
molaire évoluent simultanément, avant la deuxième (dérive mésiale):
prémolaire permanente; — diminution tardive, due au redressement des
— séquence 3 (4, 5) : canine puis première et incisives inférieures qui deviennent plus droites sur
deuxième prémolaire simultanément; leurs bases osseuses, particulièrement en cas de crois-
— séquence 3, 4, 5 : les dents postérieures évoluent sance de type rotation antérieure. Exemple : après
l'une après l'autre; 15 ans, diminution de 0 à 2,3 mm.
— séquence 4, 3, 5, 7 : séquence la plus favorable.
Au total, les variations de la longueur d'arcade
b) Au maxillaire : sont comparables à celles du périmètre d'arcade.
C'est entre 4 et 6 ans, et entre 10 et 14 ans, que ces
— (3, 4, 5) : les dents évoluent simultanément:
variations se produisent.
— 4 (5, 3) : les deuxièmes prémolaires et canines
évoluent simultanément;
— 4,5,3 : les dents postérieures évoluent l'une après c) Variations de la largeur d'arcade :
l'autre, séquence la plus favorable.
Il se produit une apposition osseuse constante au
niveau des corticales externes :
• Phase de denture adoleseente stable : canines
et prémolaires évoluées (traitement orthodontique). Au maxillaire :
. accroissement de 5 à 8 ans 1/2 :
• Phase de denture adulte jeune : deuxièmes . diminution, avant l'éruption des canines vers
10 ans.
molaires évoluées (traitement orthodontique).
— A la mandibule : en moyenne, la dislance entre
les canines est stable après leur mise en place fonc-
L'évolution des arcades dentaires tionnelle.
(récapitulation). — Au niveau des prémolaires et molaires mandibu-
laires : on constate une augmentation après 6 ans.
Cette augmentation est en moyenne de 1,9 mm jusqu'à
a) Évolution du périmètre d'arcade :
13 ans. Elle est suivie par une légère diminution.
— Au maxillaire : légère augmentation entre 5 et
Augmentation de largeur moyenne, de 6 à 18 ans :
18 ans : 1,3 mm pour les garçons 0,5 mm pour les
filles. — entre les canines supérieures : + 5 mm
— entre les premières molaires supé-
— A la mandibule : diminution entre 6 et 18 ans :
rieures : + 4 mm
3,4 mm pour les garçons, 4,5 mm pour les filles, pour
une arcade, dans sa totalité (Moorees). — entre les canines mandibulaires :
— entre les premières molaires infé-
Les variations individuelles sont très importantes rieures
ricures : —-
en fonction des rapports, denture temporaire — den- D S r 3
12 Notions de base

AGENCEMENTS INTRA-ARCADES
RELATIONS INTERARCADES STATIQUES ET CINÉTIQUES
EN DENTURE TEMPORAIRE ET ADULTE

DENTURE TEMPORAIRE

• Agencements intra-arcades. — La forme des


arcades temporaires est pratiquement assimilable
à un demi-cercle. On observe fréquemment des
diastèmes simiens et des diastèmes interincisifs.
Les dents temporaires n'ont pas d'axe particulier.
Elles sont implantées verticalement. Le plan d'occlu-
sion est plat (pas de courbe de Spcc).

• Relations interarcades (normalité) (fig. 5c;).


L'occlusion est du type occlusion engrenante : une
dent est en rapport d'occlusion avec deux dents
antagonistes, sauf les incisives centrales mandibu-
laires et les deuxièmes molaires maxillaires, cette
règle admettant quelques exceptions au niveau des
dents latérales. L'engrénemcnt est peu marqué, le
recouvrement incisif est faible. 3
FIG. 5 h. — Le plan terminal
des arcades dentaires temporaires :
1. A marche mésiale.
2. Rectiligne.
3. A marche distale.
In: LAUTROU A.. Abrégé d'anatoinie dentaire. Masson,
Paris. 1980.

Ces différents types de rapports préfigurent les


relations qui s'établiront entre les premières molaires
permanentes; la disposition à marche mésiale étant
FIG. 5 a. — Vue restihuluire des hémi-arcades temporaires la plus favorable à des relations ultérieures de cas de
droites en intereuspide maximale.
classe I d'Angle, en denture adulte.
Présence de diastèmes simiens entre l'incisive latérale
et la canine au maxillaire et entre la canine et la pre-
mière molaire à la mandibule. DENTURE ADULTE

L'agencement qui sera décrit relève d'une disposi-


A ce stade, les canines sont mésialées d'une 12 dent tion idéale qu'il ne saurait être question de considérer
par rapport aux supérieures : comme un objectif thérapeutique standard, en fonc-
Le plan terminal : il correspond aux rapports tion des variations considérable- dans les formes,
des faces distales des deuxièmes molaires temporaires les volumes cl les proportions des arcade> dentaires.
maxillaires et mandibulaires. dans le sens antéro-pos- Les différentes solutions thérapeutiques adoptées
térieur (fig. 5/)) : comporteront également des variations par rapport
. plan terminal à marche mésiale (disposition la à ces agencements idéaux. Il est toutefois indispen-
plus classique) : face distale de la deuxième molaire sable de définir des critères occlusaux : c ,
temporaire mandibulaire mésialée:
. plan terminal droit : rapport cuspides à cuspides : • Agencements intra-arcades.
. plan terminal à marche distale : face distale de
la deuxième molaire temporaire mandibulaire dis- a) Dans le plan horizontal :
talée. — Au niveau des dents cuspidées : les cables occlu-
Agencements intra-arcades. Relations interarcades en denture temporaire et adulte 13

sales d'une même arcade présentent des dimensions — Les espaces interproximaux : cette zone
vestibulo-linguales sensiblement égales. Il en résulte de contact détermine la création d'embrasures,
que les cuspides d'appui (primaires) sont disposées c'est-à-dire d'espaces en forme de pyramide entre
selon la même courbe tant au maxillaire (cuspides deux dents voisines.
linguales) qu'à la mandibule (cuspides vestibulaires). Cependant, l'existence ou non de contacts den-
A la courbe des cuspides d'appui, correspond, sur taires sera fonction de la dimension des dents et
l'arcade antagoniste, une courbe des fosses et des de la proportion relative arcade alvéolaire et denture;
fossettes. l'existence de diastèmes ne constituant pas en soi
— Au niveau incisivo-canin : l'arc incisivo-canin un facteur pathogène, si d'autre part, les agencements
se situe dans le prolongement de la courbe des cuspides intra-arcades et les relations interarcades sont satis-
d'appui. faisants.
— Les crêtes proximales : en fonction des éléments
b) Dans le plan antéro-postérieur : l'orientation précédents, les crêtes marginales de deux dents col-
axiale des unités dentaires, de la canine à la dernière latérales doivent se situer au même niveau et présenter
molaire, détermine des courbes traduisant la conti- des versants externes avec une même inclinaison
nuité des arcades dentaires. (règle de symétrie des embrasures).
— A la mandibule : les cuspides vestibulaires des e) Courbe d'arcade : les bords libres et les cuspides
dents cuspidées déterminent une courbe à concavité vestibulaires dessinent la courbe de l'arcade dentaire
supérieure, la courbe de Spee qui naît au sommet de qui sera déterminée par la morphologie des bases
la canine et suit la ligne des cuspides vestibulaires osseuses et l'équilibre neuro-musculaire.
(fig. 6a).
— Au maxillaire : les cuspides vestibulaires des
dents cuspidées sont disposées selon une courbe à • Relations interarcades idéales. — Elles seront
convexité inférieure. définies en fonction de critères occlusaux et en tenant
compte des objectifs orthodontiques. Ces relations
c) Dans le plan transversal : l'orientation vestibulo- interarcades doivent s'analyser au moment des
linguale des unités dentaires détermine la courbe de contacts dentaires maximum (intercuspidie maximale)
Wilson ou courbe de compensation (fig. 6b). et au cours des différentes excursions de la mandibule.
— Au maxillaire : les tables occlusales sont orien-
a) Relations statiques :
tées du côté vestibulaire, les axes des dents étant pro-
gressivement basculés vestibulairement et les apex Uocclusion engrenante (fig. 7). — Elle est caractéris-
linguales. tique des mammifères et peut être assimilée à un engre-
— A la mandibule : à l'inverse, les tables occlusales nage de mécanique hautement spécialisée dont les
sont orientées lingualement, les axes des dents étant déplacements peuvent s'effectuer dans les trois sens
progressivement basculés lingualement. de l'espace.
— Dans le sens vestibulo-lingual : l'arcade maxil-
Au maxillaire, et à l'inverse à la mandibule, les laire est plus large et plus longue que l'arcade man-
tables occlusales sont d'autant plus orientées vesti- dibulaire. Il existe un surplomb vestibulaire des dents
bulairement que les dents sont plus postérieures maxillaires par rapport aux dents mandibulaires,
(disposition hélicoïdale). d'une valeur moyenne de 2 mm au niveau des inci-
d) La zone de contact : L'élément essentiel de sives, qui montre une diminution progressive dans
l'agencement d'une arcade dentaire idéale, c'est la le sens mésio-distal.
zone de contact proximal qui assure la continuité Le recouvrement incisif(p. 33) dépend d'une inter-
de cette arcade. action de facteurs anatomiques et fonctionnels qui

FIG. 6. — a) La courbe de Spee, reliant les sommets des


cuspides vestibulaires, à la mandibule (tiré de l'ouvrage :
Abrégé d'anatomie dentaire DE LAUTRÔU).
14 Sot ions de base

FIG. 7. — L'occlusion engrenante.


En vue vestibulaire : toutes les dents s'articulent avec deux dents antagonistes, excepté l'incisive centrale mandibu-
laire et la troisième molaire maxillaire.
(In : LAUTROU A., Abrégé ci'Anatomie dentaire, Masson, Paris, 1980).

concourent à l'équilibre interincisif, le surplomb et Rapport d'occlusion en intercuspidie maximale


le recouvrement incisif étant liés l'un à l'autre. Le (I. C. M.) :
recouvrement des dents mandibulaires par les dents
maxillaires, dans les secteurs latéraux, dépend de la L'intercuspidie maximale est une situation dans
hauteur des cuspides et de la profondeur des fosses. laquelle les dents des deux arcades présentent un
Il se réduit progressivement dans le sens mésio-dis- maximum de points de contacts. Les surfaces occlu-
tal (fig. 286). sales étant convexes, les points de contacts sont
Cette disposition est nécessaire pour permettre des punctiformes. aussitôt après la phase de constitu-
conditions de simultanéité des contacts dentaires au tion de la denture adulte jeune, puis deviennent
cours de la fermeture. progressivement des surfaces d'appui avec l'âge.
Ces rapports conduisent les dents à s'articuler dans En I. C. M., les forces occlusales transmises par
le sens vestibulo-lingual de la façon suivante : cus- les cuspides d'appui doivent être axiales et passer
pides vestibulaires mandibulaires en relation avec par une zone proche du centre de résistance de la dent.
le sillon mésio-distal maxillaire et cuspides linguales Le nombre et la disposition des points de contact
maxillaires en relation avec le sillon mésio-distal en I. C. M. concourent à la stabilité des unités den-
mandibulaire. taires (fig. 8, 9, 10), les contacts bilatéraux étant
Du côté lingual, les cuspides linguales présentent également répartis.
également un surplomb par rapport aux cuspides Un tel agencement des rapports d'occlusion cor-
linguales maxillaires. respond à des relations de la classe I d'Angle, en
— Dans le sens mésio-distal : les dents mandibu- 1. C. M. et des rapports cuspides-embrasures des
laires sont en mésioclusion d'une demi-cuspide par faces vestibulaires des dents cuspidées et cuspides-
rapport aux dents maxillaires, ce qui correspond à fosses centrales ou marginales, au niveau lingual.
la définition des cas de la classe I d'Angle. Ainsi,
une dent s'articulera avec deux dents antagonistes, b) Relations cinétiques.
sauf les incisives centrales mandibulaires et les
troisièmes molaires maxillaires. La relation centrée : les rapports d'occlusion en
— Au niveau vestibulaire : les dents maxillaires I. C. M. doivent concourir à la stabilité des unités
recouvrent les dents mandibulaires. dentaires et à la liberté des différentes excursions
— Au niveau lingual : les dents mandibulaires fonctionnelles. Ils ne peuvent être cependant consi-
recouvrent les dents maxillaires. dérés comme une position de référence, c'est la rela-
Agencements intra-arcades. Relations interarcades en denture temporaire et adulte 15

FIG. 8. — Surfaces d'appui du premier groupe FIG. 10. — Surfaces d'appui du 3e groupe
(rapports d'occlusion des surfaces d'appui). (rapports d'occlusion des surfaces d'appui).
In: LAUTROU A., Abrégé d'anatomie dentaire. Masson. In: LAUTROU A., Abrégé d'anatomie dentaire, Masson,
Paris, 1980. Paris. 1980.

Les critères de fonctionnement idéal au cours des


différentes excursions :
— Guidage antérieur satisfaisant : les crêtes margi-
nales concaves des incisives maxillaires, par leur incli-
naison, le surplomb et le recouvrement incisif, par
leur importance, déterminent la pente incisive.
— Désocclusion postérieure, en bout à bout incisif,
en rapport avec un minimum d'ouverture buccale et
un espace de 1 à 2 mm entre les molaires. Ceci étant
fonction de la pente incisive et de la pente condyliennc
(rappel : la pente condylienne correspond à l'incli-
naison du versant distal du condyle temporal).
— Mouvement de latéralité : pas de contact du
FIG. 9. — Surfaces d'appui du 2e groupe côté non travaillant et protection canine du côté tra-
(rapports d'occlusion des surfaces d'appui). vaillant, ces dents assurant seules la désocclusion
In: LAUTROU A., Abrégé d'anatomie dentaire. Masson. (v. p. 124).
Paris, 1980.
Cet ensemble de dispositions statiques et dynami-
ques :
tion centrée qui constitue, pour l'orthodontiste, la — concourent au fonctionnement harmonieux de
position de référence la plus satisfaisante, en raison l'appareil manducateur — les dents ne constituant
de sa précision de détermination et de sa fiabilité. qu'un des éléments de l'ensemble maxillaire, articu-
Cette relation centrée articulaire doit coïncider lation, muscles, dents, enveloppe cutanée:
à peu près avec l'I. C. M. (pas plus de 1 mm de - assurent la pérennité des organes dentaires et
décalage entre R. C. et I. C. M. dans le sens sagittal). du parodonte.
16 Notions de base

LA CROISSANCE NORMALE
DU MASSIF CRANIO-FACIAL l

La plupart des traitements orthodontiques s'adres-


sa-nt à des sujets en période de croissance présentant
une certaine dysharmonie entre les différents élé-
ments de la face.
Le taux de croissance, la quantité de croissance
résiduelle, la direction de croissance propre à chaque
individu, sont des éléments indispensables à l'établis-
sement d'un diagnostic précis et à l'élaboration d'un
plan de traitement individualisé.
En outre, la croissance descriptive des os de la face
et des maxillaires permet d'appréhender les ajuste-
ments progressifs qui conduisent à une architecture
faciale équilibrée.

CROISSANCE G É N É R A L E
ET M A T U R A T I O N

Définitions
La croissance : c'est le développement progressif
d'un organisme ou d'un organe, de la naissance
jusqu'à la taille adulte. Infantile ' Juvénile Adolescent Adulte
La maturation : c'est le processus de différenciation
des tissus, grâce auquel un organe devient pleinement FIG. 11. — Courbe moyenne
apte à remplir sa fonction. du taux de croissance statural.

à l'apparition des caractères sexuels secondaires,


RYTHME DE CROISSANCE à la croissance en longueur et à la maturation muscu-
laire. Après cessation de ces phénomènes, la croissance
La croissance passe par des phases d'accélération est terminée, c'est le début de la période adulte.
et de décélération, ce que montre la courbe du taux Les variations de la taille de l'individu et des maxil-
de croissance staturale, visualisant l'augmentation laires sont à peu près synchrones, sauf en lin de
de taille, par unité de temps (v. fig. 11). croissance (fig. 12).
Le taux de croissance est très élevé de la naissance L'étude de la croissance staturale permet de
jusqu'à 6 mois. Il diminue de façon importante au suivre la croissance faciale. Toutefois, cette courbe
cours de la période infantile (6 mois à 2 ans). Au cours ne tient compte que de l'âge civil. Or, suivant les
de la période juvénile, de 2 ans jusqu'à l'époque pré- individus, des variations très importantes existent.
pubertaire (10-11 ans, chez les filles et 12-13 ans, chez qui ne'permettent pas de situer un sujet en parti-
les garçons), la pente de la courbe est très faible. culier sur cette courbe, de façon fiable, uniquement
Puis le taux de croissance augmente de façon consi- en fonction de l'âge civil. Il faudra donc déterminer
dérable jusqu'au pic pubertaire (en moyenne 12 ans l'âge osseux d'un sujet, correspondant à un stade
chez les filles et 14 ans chez les garçons). 11 diminue de développement osseux précis.
ensuite progressivement jusqu'à s'annuler totalement
Il est nécessaire en effet pour l'établissement d'un
vers 15 à 16 ans chez les filles et 18 ans chez les gar-
plan de traitement, en orthodontie, de préciser le
çons. Cette dernière phase adolescente correspond
stade de maturation du sujet. Ceci afin de pouvoir
profiter d'une forte poussée de croissance* ou bien
1. Chapitre rédigé par Pierre Canal. de débuter le traitement bien avant le taux maximum
Croissance normale du massif cranio-facial 17

CM/MM PAR ANNEE

20 22 24
AGE EN ANNEE

Fie. 12. — Comparaison des rythmes d''accroissement en fonction du temps,


de la taille, des condyles, des sutures chez les garçons.
Croissance de la taille évaluée en centimètres.
Croissance de la mandibulaire et du maxillaire en millimètres.

de croissance ou encore de pouvoir apprécier si la langienne, signe la survenue de la grande poussée


croissance est virtuellement terminée, afin d'en éviter de croissance pubertaire. Cet os est visible, en
les effets. moyenne, un an avant le pic de croissance pubertaire,
plus précisément 9 mois avant chez les filles et 12 mois
MATURATION ET CROISSANCE avant chez les garçons (fig. 13).
On peut donc à partir de l'analyse de la radio de
la main, déterminer pour chaque individu, le stade
Définitions
de maturation qu'il a atteint et le reporter sur la
Age dentaire : stade de dentition atteint par un courbe du taux de croissance. Ceci permet d'estimer
sujet à un moment donné de son développement. ce qu'il reste de croissance à venir. Lorsque l'épiphyse
Aucune corrélation statistiquement significative entre de la première phalange du pouce (PP) déborde
croissance faciale et âge dentaire, entre âge dentaire sa diaphyse et présente du côté interne, un prolon-
et âge osseux. gement comparable à la visière d'une casquette
Age osseux : stade de maturation des os d'un sujet, vue à l'envers, ceci correspond au stade PP t cap,
à un moment donné, correspondant à l'activité des c'est-à-dire au pic de croissance pubertaire (fig. 14).
cartilages de conjugaison.
Caractères sexuels et stades de croissance : de très
Moyens d'étude de l'âge osseux :
fortes corrélations ont été trouvées entre l'apparition
— la lecture de l'âge osseux se fait classiquement des caractères sexuels et la date du pic de croissance.
à partir de radiographies du poignet. Cette région Les règles surviennent 17 mois + 2,5 mois après
comporte de nombreux petits os, dont l'apparition le pic de croissance, c'est-à-dire quelque temps avant
est progressive. L'âge moyen de calcification suit la fin de la croissance, de même pour la pilosité chez
une progression dont la moyenne est connue. Cepen- les garçons.
dant la variabilité de cette estimation est importante,
ce qui rend ce procédé assez imprécis; Fin de la croissance staturale : la soudure des épi-
— la lecture de l'âge osseux à partir d'une radio- physes radiales et cubitales marque la fin de la crois-
graphie de la main (fig. 13) : les stades de maturation sance staturale.
des épiphyses phalangiennes montrent de très fortes En conclusion, l'utilisation de certains indicateurs
corrélations avec la croissance staturale et faciale. de la maturation est difficile, en fonction de leur
Chaque stade est situé avec une certaine marge de importante variabilité. La grande stabilité des stades
variation par rapport au pic pubertaire. Certains de maturation phalangiennes S et PPj cap, par rap-
stades coïncident avec le taux maximum de crois- port au stade d'ossification — et ceci quelle que soit
sance staturale. à la puberté. la population — constitue des critères sûrs pour situer
L'apparition d'un petit os, le sésamoïde (s) situé un enfant sur sa courbe de croissance, en fonction
sur la face interne de l'articulation métacarpo-pha- du pic pubertaire.
FiG. 13. — Schéma d'une radiographie de la main.
Les stades d'ossification :
Stade P P , : lorsque l'épiphyse de la première pha-
lange de l'index est aussi large que sa dia-
physe.
Stade MP, : lorsque l'épiphyse de la phalange
médiane du majeur est aussi large que sa
diaphyse,
Stade S : apparition du sésamoïde en regard de la
face interne de la diaphyse de la pre-
mière phalange du pouce.
Stade PP, : lorsque l'épiphyse de la première pha-
lange du pouce déborde sa diaphyse. De
plus, côté interne, elle présente un pro-
longement comparable à la visière d'une
casquette (que l'on verrait à l'envers).
Stade M P , c a p : lorsque l'épiphyse de la phalange
médiane du majeur déborde sa diaphyse.
Stade DP J ( M p : soudure dei'épiphyse de la première pha-
lange du majeur à sa diaphyse.
Stade PP,„' : soudure de Pëpiphyse de la phalange
médiane du majeur à sa diaphyse.
Stade Rad„ : soudure de l'épiphyse du radius à sa
diaphyse. Fin de la croissance.
HA : taux maximum de croissance.

CROISSANCE CRANIO-FACIALE

MOYENS D'ÉTUDE

Les téléradiographies : elles permettent d'évaluer


les modifications dues à la croissance :
— par des procédés de superposition (v. p. 62),
problème de la stabilité du plan de référence;
— par la méthode des implants en Tantale, au
maxillaire ou à la mandibule, chez le vivant. Ce
procédé permet de suivre à l'aide de clichés radio-
graphiques, le déplacement d'une structure osseuse
par rapport au reste du cranio-face et la variation
de la forme de la structure considérée.
F I G . 13.
C M / M M PAR ANNEE

FIG. 14.
Croissance normale du massif cranio-facial Ie)

Des techniques histo-anatomiques : études sur en hâtant la soudure des épiphyses, c'est-à-dire en
cadavres, d'âges variés. activant la maturation.
Les techniques avec expérimentation animale : b) Les facteurs extrinsèques :
— sôit directement : condylectomie sur singe par — les facteurs nutritionnels : la notion d'équilibre
exemple ; alimentaire est essentielle en pédiatrie. Elle est liée
— soit indirectement : étude à l'échelle cellulaire à la notion de rations quantitatives et qualitatives
des phénomènes de croissance et des effets des pro- optimales selon le stade de la croissance. Par exemple,
cessus de contrôle, à l'aide de procédés histologiques une sous-alimentation peut retarder la croissance,
(Petrovic). une sur-alimentation peut l'accélérer.
Sur le plan qualitatif, le facteur protéique est
Étude de cas pathologiques observés en clinique
déterminant. Jouent également un rôle, les glucides,
humaine (Delaire).
les vitamines A, B 2 et D:
L'utilisation de méthodes statistiques : — les facteurs socio-économiques : leur influence
dans les sociétés occidentales s'estompe. Avant le
— méthodes statistiques classiques : études longi-
20 e siècle, on a pu noter que les enfants des classes
tudinales, ou transversales (v. p. 3) ;
sociales les plus favorisées présentaient un dévelop-
— analyses multivariates : elles permettent la
pement plus rapide et plus régulier que les autres;
description d'inter-relations multiples. « D a n s l'état
— les facteurs affectifs : une carence maternelle
actuel, les risques statistiques sont mal déterminées,
peut entraîner des répercussions sur la qualité de la
du fait même de ces inter-relations, c'est pourquoi
conduite alimentaire et également sur le développe-
il s'agit de méthodes non pas décisionnelles, où le
ment intellectuel, psychique et culturel. Cette carence
risque doit être connu (diagnostic, traitement), mais
peut entraîner des arrêts de croissance p a r diminution
descriptives » (Charron).
du taux de sécrétion des hormones somatotropes et
Ce type d'analyse a permis de détecter des carac- somatornédines. Les enfants replacés dans un climat
tères et des relations stables, et surtout de placer affectif équilibré, retrouvent une croissance h a r m o -
l'enfant dans une classe définie ; nieuse. Ceci confirme qu'il existe un véritable méca-
— modélisation : il s'agit de créer un modèle qui nisme psycho-neuro-endocrinien, dont la perturba-
rende compte des phénomènes de croissance par tion provoque un trouble de la croissance.
approximations successives. Ces carences affectent également la maturation
normale des fonctions de la sphère buccale.
FACTEURS INFLUENÇANT
• Facteurs locaux.
LA CROISSANCE NORMALE DE LA FACE
L'interaction des facteurs généraux et locaux
• Facteurs généraux. influence de façon complexe la croissance faciale
de l'enfant.
a) Les facteurs intrinsèques :
a) Influence des différentes fonctions : elle sera
— Les facteurs génétiques (v. p. 6).
développée dans le chapitre « Étio-pathogénie »
— Les facteurs endocriniens : l'hypophyse, la
(v. p. 67).
thyroïde et les glandes sexuelles sécrètent des hor-
mones agissant directement ou indirectement sur b) Rapport périoste-muscle : il faut souligner
la croissance. l'importance des rapports périoste-muscle, la fonc-
La s o m a t h o r m o n e S T H , sécrétée p a r l'hypophyse, tion musculaire j o u a n t un rôle de premier plan dans
agit p a r voie indirecte en activant la croissance. la croissance faciale.
Les hormones thyroïdiennes, associées à la S T H . Le périoste est une enveloppe recouvrant la surface
augmentent l'action de celle-ci. des os, la couche profonde est ostéogénique et la
..Les hormones sexuelles mâles et femelles jouent couche interne fibreuse. Ce tissu possède également
un rôle modérateur, décélérateur, sur la croissance. un pouvoir résorptif.

FIG. 14. — Maximum 'accroissement de taille.


Situation des stades d'ossification de la main sur la cou je du taux de croissance, pour les garçons: H v : maximum
d'accroissement de taille (d'après HELM, BJÔRK et coll.).
20 Notions de base

tive ». Les appareils orthopédiques (p. 140) utilisent


LES DIFFÉRENTS TYPES D'OS
cette propriété.
AU NIVEAU CRANIO-FACIAL — Os de membrane avec apparition ultérieure de
cartilage secondaire (clavicule, mandibule) : les carti-
lages condyliens, coronoïdiens et symphysaires appa-
a) L'os alvéolaire : les faisceaux du desmodonte raissent à la 16e semaine de la vie I. U. Chez l'enfant,
s'insèrent sur un tissu osseux, dense, lamellaire, le cartilage condylien serait essentiellement un centre
présentant le même aspect macroscopique que l'os de croissance secondaire adaptative comparable aux
dense des corticales maxillaires, il s'agit de l'os alvéo- sites de croissance membraneuse.
laire. Il présente toutefois une caractéristique parti-
culière, c'est sa double striation fibrillaire. 11 forme c) Os enchondral (os du squelette axial, des mem-
une coque mince en relation avec l'os spongieux bres, de la base du crâne) : ces os sont précédés d'une
environnant et sert de soutien aux dents. Dans les maquette cartilagineuse. Entre deux os d'origine
régions où le maxillaire est très étroit, l'os alvéolaire enchondrale persiste une bande de cartilage ou
se confond avec les corticales internes et externes. synchondrose ou suture cartilagineuse qui peut
Cet os présente une structure intermédiaire entre os accroître son épaisseur de façon interstitielle. L'ossi-
compact et os spongieux, capable d'adaptation aux fication enchondrale ultérieure augmente la dimen-
conditions mécaniques impliquées par la fonction sion des os voisins.
occlusale.*)C Les synchondroses sphéno-occipitales et septo-
L'os spongieux qui entoure et soutient la coque ethmoïdales sont actives très longtemps, jusqu'à
alvéolaire, par la nature des travées osseuses qui le l'âge adulte (fig. 15). Elles ne sont pas modifiables
constituent, est comparable à l'os compact, mais la par un traitement.
proportion entre travées osseuses et espaces médul- Pour Delaire « cette notion de prolifération active,
laires est différente : les travées sont plus grêles et primaire, des synch'ondroses de la base du crâne,
les lacunes conjonctivo-vasculaires plus importantes. et ceci pendant des années, est fondamental pour
Ce type d'os est très sensible à une pression fonction- comprendre la céphalogénèse normale ».
nelle.

b) L'os de membrane : c'est un os d'origine conjonc- CROISSANCE


tive. DES ÉLÉMENTS CRANIO-FACIAUX
— Os de membrane avec ossification directe z^bs
de la voûte du crâne et de la face par exemple. La face est appendue à la base du crâne. Son déve-
Les premiers points d'ossification préfigurant les loppement en est dépendant en partie.
futures.' pièces squelettiques s'étendent en taches
d'huile, si bien que les bords des pièces squelettiques
• La croissance de la base du crâne. - Cette
se rapprochent de plus en plus. Elles laissent entre
structure est composée de l'ethmoïde, du sphénoïde,
elles une bande conjonctive étroite appelée « suture
de l'occipital et d'une partie du frontal et du temporal.
membraneuse ».
La croissance, à ce niveau, est d'origine essentiel-
— Les sutures membraneuses ou syndesmoses : lement cartilagineuse, par le jeu des synchondroses
elles constituent un lien entre les pièces osseuses et des phénomènes d'apposition-résorption.
et sont composées d'une couche ostéogène externe
et d'une couche fibreuse, de part et d'autre d'une zone a) Accroissement en longueur : elle se fait par un
médiane lâche; les couches ostéogènes étant le siège certain nombre de synchondroses orientées trans-
d'une croissance osseuse active», Pour Delaire. ces versalement. Ces sutures se ferment très tôt, soit
sutures sont, en fait, « de merveilleux joints de dila- à la naissance, soit dans les 5 ou 6 premières années
tation à rattrapage automatique par prolifération de la vie. Seules les synchondroses sphéno-occipitales
conjonctive et ossification marginale ». Ce sont et septo-ethmoïdales sont actives jusqu'à Page adulte
également des « joints amortisseurs, rupteurs de (Baume).
force ». L'activité de la synchondrose sphéno-occipitale
Pour cet auteur, l'aspect des sutures, leur siège, a pour effet de déplacer en bas et en arrière le conduit
leur direction, leur nombre, sont directement soumis auditif externe et surtout la cavité glénoïde. Cette
aux forces qui s'exercent sur elles et sur les os qu'elles action des synchondroses est complétée par des
unissent. Elles ne sont donc pas dotées d'un potentiel phénomènes d'apposition-résorption mineurs qui
de croissance propre. Elles doivent être sollicitées; entraînent la formation des arcades sourcillières.
ce sont des sites de « croissance secondaire adapta- orbitaires et des sinus frontaux.
Croissance normale du massif cranio-facial 21

b) Accroissement en largeur : le rôle des sutures le palatin, le malaire, les os propres du nez et un os
longitudinales — en particulier de la suture méto- impair : le vomer. Seul, le maxillaire supérieur sera
pique — est de courte durée, puisqu'elles sont pra- étudié.
tiquement toutes disparues à trois ans. Très tôt inter-
viendront seuls les phénomènes de remodelage. a) Accroissement en largeur : cet accroissement
se produit par le jeu des sutures sagittales inter-
!• La croissance du complexe naso-maxillaire. — nasales, inter-maxillaires, inter-palatines et par remo-
11 comprend cinq os pairs : le maxillaire supérieur. delage (fig. 16).

Lame criblée de l'ethmoïde


(cartilagineuse |

Synchondrose
inter-sphénoïdale

Synchondrose
ethmoïdo-sphénoïdale

Synchondrose
sphéno -occipitale

Synchondrose
i ntra -occipitale
postérieure

FIG. 15. — Les synchondroses transverses de la base du crâne (d'après COUSIN).

Suture inter- incisive

Suture incisivo- canine


(ou prémaxillo• maxillaire)

Suture inter - ma x i I la i re

Suture maxillo - palatine


ou palatine transverse)

Suture inter-palaiine
FIG. 16. — Les sutures au niveau de la voûte palatine, à 5 ans (d'après COUSIN).
22 Notions de base

Après cinq ans, ces sutures sont pratiquement • La croissance de la mandibule. — C'est le seul
inactives. Le palais s'élargit en arrière par l'allon- os mobile de la face. La mandibule est relice à la
gement divergent de l'arcade, au fur et à mesure base du crâne à sa partie postérieure par l'intermé-
de l'apparition des dents monophysaires. Certaines diaire des cavités glénoïdes qui se déplacent en bas
sutures, notamment la suture palatine médiane, ne et en arrière. La croissance sagittale de la mandibule
sont pas synostosôes avant l'âge adulte (jusquà doit donc être quantitativement plus importante que
25 ans), et permettent donc, de ce fait, une action celle du maxillaire, afin de conserver une articulation
orthopédique (disjonction, p. 140).t dento-dentaire normale entre le maxillaire et la
La prolifération de la suture maxillo-malaire et mandibule. C'est un os complexe, tant par son ossi-
les remodelages augmentent la largeur bizygomatique fication (os de membrane et cartilages secondaires)
d'une façon continue, à un rythme de plus en plus que par ses modifications morphologiques).
réduit, de la naissance jusqu'à l'âge adulte. La croissance en hauteur des branches montantes
éloigne le corps de la mandibule du maxillaire. Dans
b) Accroissement en hauteur et en longueur : au l'espace ainsi libéré, se développent, par apposition,
niveau des sutures fronto-maxillaires, maxillo-ma- les procès alvéolaires, conjointement aux phénomènes
laires, zygomatico-malaires, ptérygo-palatines, pré- de dentition. Une apposition osseuse plus faible se
maxillo-malaires et palatines transverses, cette der- produit dans la zone inférieure de la mandibule,
nière restant en activité pendant toute la vie. éloignant le canal dentaire de la surface de l'os.
L'accroissement en hauteur et en longueur serait dû
à la faculté d'adaptation de ces sutures, sous a) Accroissement en largeur : la synchondrose sym-
l'influence active du septum nasahet de remodelages physairc se ferme dès les premiers mois de la vie.
fonctionnelles. L'augmentation de largeur de la mandibule résulte
La zone antéro-inférieure du maxillaire supérieur essentiellement de son allongement, associé à la
se résorbe au fur et à mesure de la poussée sagittale, divergence progressive des deux hémi-mandibules,
ce qui rend plus saillante la région naso-maxillaire postérieurement.
(Enlow). Cet accroissement en largeur sera plus sensible,
en particulier au niveau des condyles.
— La voûte palatine : sa forme est plate à la nais-
sance. Elle s'éloigne du plancher de l'orbite au cours b) Accroissement en longueur (fig. 17) : le rôle du
de la croissance, laissant le sinus maxillaire derrière cartilage condylien, longtemps considéré comme
elle, cet abaissement étant concomitant à l'abaisse- déterminant, est maintenant assez discuté :
ment de la langue. De plus, la concavité du palais
se constitue lors de l'édification des procès-alvéolaires — Au niveau de la branche montante : l'apposition
par résorption du côté nasal et apposition du côté en arrière et la résorption en avant de la branche
buccal. montante créent progressivement la place pour l'évo-
lution de toutes les dents. L'apposition étant plus
— Les orbites : les globes oculaires atteignent leur importante que la résorption, le ramus recule et
taille définitive à trois ans.
— Le sinus : il se forme au moment de l'éruption
des dents temporaires. Il aurait une action modelante
sur le maxillaire, par sa faible pression positive
(Delaire).
— Le nez : sa croissance dépend tout particulière-
ment de l'ensemble septo-ethmoïdal (lame perpen-
diculaire de l'ethmoïde + cartilage de la cloison).
— La tubérosité : à ce niveau, se produit une acti-
vité appositionnelle permettant la mise en place des
deuxièmes et troisièmes molaires jusqu'à 20 ans, en
moyenne.
— Les procès-alvéolaires : ils servent de support
aux arcades dentaires et n'existent qu'en fonction de
la présence des dents. Ils se développent par une
apposition osseuse considérable, conjointement aux
phénomènes de dentition. Ils jouent un rôle de
« rattrapage de jeu » entre la croissance de la man- FIG. 17. — Croissance horizontale de la mandibule
dibule et du maxillaire. (d'après ENLOW).
Croissance normale du massif cranio-facial 23

s'épaissit. Ce processus continue jusqu'à l'évolution le seul cartilage secondaire persistant après la nais-
des dents de sagesse. sance. Il est recouvert d'une épaisse couche de tissu
— Au niveau du corps : ce phénomène de remode- conjonctif (chondroblastes et préchondroblastes).
lage entraîne un allongement du corps (fig. 18) le C'est un cartilage unique dans l'organisme : il peut
menton se modelant autant par résorption sus-sym- s'accroître en- épaisseur, non seulement par crois-
physaire que par apposition symphysaire. sance interstitielle mais également par croissance
appositionnelle. La surface cartilagineuse prolifé-
rant, des résorptions compensatrices très complexes,
dans les trois sens de l'espace, se produisent au niveau
du col du condyle.
Le condyle joue un rôle de « différentiel » entre
l'activité de la suture sphéno-occipitale qui entraîne
l'occipital et la cavité glénoïde en bas et en arrière
et la mandibule qui se dirige avec la face en bas et
en avant (Charron).
Bjôrk assigne au condyle une fonction de guide
de la croissance mandibulaire, ce que nie Delaire,
FIG. 18. — Répartition des zones d'apposition ( + ) et de pour qui la croissance du condyle est uniquement
résorption ( —) au niveau de la mandibule (d'après
ENLOW). adaptative.

•/ Conclusion.
c) Accroissement en hauteur : la branche montante
est très courte à la naissance. Elle s'accroît grâce à
Les proportions cranio-faciales. — Les dimensions
l'activité du cartilage condylien. Un remodelage
du crâne s'accroissent rapidement dans les premières
osseux donne sa forme définitive à la tête et au col
années de la vie :
du condyle. Cet accroissement détermine la D. V.
en même temps que la longueur totale de la mandi- — à 7 ans, plus des 3/4 du volume définitif est
bule. atteint;
— chez l'adulte, le crâne est 50 % plus volumineux
d) Étude de quelques structures particulières de la que celui du nouveau-né, alors que la face l'est
mandibule : deux fois plus;
— le coroné ou apophyse coronoïde : il s'édifie à la Il en est de même pour la face :
suite des tractions du muscle temporal, au cours
— à la naissance, la face représente le 7e du crâne.
du développement de la fonction masticatoire. Par
A 20 ans, elle en représentera la moitié;
son remodelage, il ralentit l'effet d'élargissement de
— à 5 ans, la hauteur, la profondeur et la largeur
la mandibule en arrière;
de la face ont atteint, pour 80 % leur taille définitive,
— rangle mandibulaire : il tend à se fermer avec ce qui est essentiel, car la plupart des traitements
l'âge, le plus souvent. Il peut changer de morphologie, orthodontiques sont réalisés entre 5 et 20 ans. Cette
selon le type de croissance (Bjôrk).
marge de 20 % est appréciable, et pourtant, relati-
— le condyle (fig. 19) : le cartilage condylien est vement réduite, dans la mesure où elle diminue au
fur et à mesure de l'âge.

' Croissance et traitement. — Selon le type de dys-


morphose, il est essentiel de préciser l'âge osseux
du sujet et son potentiel de croissance restante, donc
de le situer sur sa courbe de croissance.
Un appareillage orthopédique sera d'autant plus
efficace s'il est porté jeune, alors que persiste une
possibilité d'ajustement sutural important.
Un décalage antéro-postérieur dans le sens de la
classe II pourra être traité au moment de la poussée
de croissance pubertaire.
Un traitement dont l'action va dans le sens de la
croissance sera plus efficace. Si la croissance est
FIG. 19. — Croissance du condyle (d'après ENLOW). défavorable (croissance verticale), le traitement sera

BASSIGNY
24 Notions de base

relativement impuissant contre les effets de ce type Que ce soit au niveau du diagnostic, de l'étiologie,
de croissance. Il sera donc préférable de commencer du pronostic ou du traitement, une bonne connais-
le traitement après que le maximum de croissance sance de la croissance permet, dans tous les cas, de
soit passé (p. 18). cerner plus précisément les problèmes thérapeutiques.

LE FACTEUR NEURO-MUSCULAIRE

On ne reviendra pas sur la description des struc- tion antigravidique) et à maintenir les postures habi-
tures des fibres musculaires ni sur leurs propriétés tuelles. C'est une activité réflexe. Ses variations sont
qui sont supposées connues. dues à des informations proprioceptives (sensibilité
nerveuse adaptée aux organes qui permettent le
mouvement) et à des informations visuelles ou auri-
• Les deux types de muscles. culaires (canaux semi-circulaires);
a) Les muscles lisses : ils sont sous la dépendance — la contraction isotonique : le muscle se raccourcit
d'un contrôle uniquement réflexe, leur localisation au cours de la contraction des fibres musculaires.
est, en majeure partie, viscérale. Les muscles lisses Cette activité est réflexe et volontaire.
ne présentent pas de striation transversale, ils n'inté-
ressent pas la cavité buccale. • État de repos. Etat de fonction.
b) Les muscles striés : ils présentent une striation a) État de repos. — La posture musculaire habi-
transversale caractéristique due à l'assemblage des tuelle est conditionnée par le tonus musculaire. Cette
myofibrilles. Le muscle strié est sous la dépendance activité musculaire permanente ne correspond à
des informations du système nerveux central, par aucun mouvement et n'entraîne pas de fatigue. Seul
l'intermédiaire d'un nerf moteur; l'ensemble de la un petit nombre de fibres musculaires sont contractées
voie nerveuse et des fibres musculaires constituent à un instant donné.
« l'unité motrice ». Cette unité motrice se compose : La contraction isotonique permanente est assurée
— d'un motoneurone, dont le corps cellulaire est par le réflexe myotatique ou réflexe d'étirement. Ce
situé : réflexe peut être défini « comme la contraction d'un
. dans la corne antérieure de la moelle, muscle provoquée par son propre étirement ».
. au niveau des noyaux des nerfs crâniens: Exemple : l'abaissement provoqué vers le bas du
— d'un axone; menton et son relâchement entraînent une réponse
— de fibres musculaires. réflexe qui tend à ramener la mandibule vers le haut :
c'est le réflexe myotatique trigéminal « il consiste
Les muscles striés sont toujours placés en situation en une contraction des muscles élévateurs en réponse
antagoniste pour permettre le mouvement des élé- à leur propre étirement ».
ments squelettiques mobiles (la mandibule par exem-
La contraction des élévateurs déclenche à son tour
ple) et des surfaces cutanées.
le réflexe myotatique inverse qui correspond à une
A chaque muscle, répond en outre un muscle abolition du tonus des muscles élévateurs, pendant
synergique, adapté à la réalisation d'un même mou- une durée limitée à quelques millisecondes (période
vement. dite « silencieuse »). Ces deux réflexes sont basés
sur la notion d'innervation réciproque : ils sont
• Les deux modes de contraction. opposés, l'un inhibe l'autre.
Le raccourcissement ou l'allongement d'une fibre LE TONUS : le tonus musculaire correspond à
musculaire est le résultat de sa contraction. On dis- l'impression d'une certaine fermeté des muscles striés
tingue deux types de contraction : à la palpation et à la résistance passive de ces muscles
— la contraction isométrique : les fibres musculaires à l'étirement. 11 est déterminé par les propriétés
sont sous tension à la suite d'une modification interne, élastiques des fibres musculaires et des tissus envi-
mais le muscle ne montre aucun changement dimen- ronnants et les réflexes myotatiques.
sionnel. Ce tonus présente des variations au cours de la vie.
Le tonus posfural correspond à ce mode de contrac- On note à la puberté, par exemple, une légère aug-
tion, il est destiné à lutter contre la pesanteur (fonc- mentation du tonus labial.
Fonctions de la sphère oro-faciale 25

b) État de fonction. — Le comportement neuro- saire à l'exécution des fonctions : c'est ce que l'on
musculaire individuel est l'expression de la varia- nomme les engrammes cérébraux. Le renforcement
bilité que prend la réponse à un besoin donné, et la fixation de l'engramme est lié à la répétition du
c'est-à-dire une fonction. Le déroulement d'une fonc- mouvement, de la fonction ou du geste. Cette répé-
tion nécessite la mise en place d'une ou plusieurs tition permet d'acquérir progressivement un auto-
conduites motrices. matisme. Cette engr-animation des différentes activités
• Maturation : l'ensemble des conduites motrices fonctionnelles n'est réellement terminée que vers
reproduisant les comportements d'un individu est le 10 ans. A cette époque, l'ensemble des circuits néces-
résultat de son expérience propre, au cours de la saires à l'accomplissement des fonctions de la sphère
petite enfance (apprentissage des relations avec le oro-faciale, est mis en place. La déglutition et la
milieu extérieur, maturation des fonctions végéta- phonation, par exemple, tout au moins au niveau
tives). des points d'appui linguaux, sont de type adulte,
Les influx nerveux issus des récepteurs proprio- chez un enfant de 10 ans, dont la maturation est
ceptifs servent à réaliser « le câblage » cérébral néces- habituelle.

LES FONCTIONS DE LA SPHÈRE ORO-FACIALE

Dans le cadre de la sphère oro-faciale, s'exercent — Linsalivation : le bol alimentaire est imbibé et
de nombreuses fonctions dont le fonctionnement et modifié chimiquement par la salive;
l'interaction peuvent avoir une incidence sur le — La mastication du bol : elle consiste en un mou-
développement cranio-facial (théorie de Moss). vement alternatif d'ouverture-fermeture de la man-
dibule, associé à des mouvements avant-arrière et
• Les fonctions vitales des mouvements transversaux, mouvements que l'on
retrouve chez tous les omnivores. La langue, les joues
a) La fonction ventilatoire (au niveau des voies et les lèvres agissent, en outre, de manière coordonnée
aériennes supérieures et moyennes). pour guider le bol entre les dents et éviter les morsures
Définition : c'est une fonction adaptée à l'échange des tissus mous.
d'oxygène et de gaz carbonique entre l'organisme Il existe des contacts occlusaux au cours des diffé-
et le milieu ambiant et à la protection des variations rents cycles masticatoires, on peut donc noter des
climatiques et microbiologiques de l'atmosphère. Si relations physiologiques entre les muscles mastica-
la déglutition est la fonction vitale du fœtus, dès la teurs, les réflexes parodontaux et la fonction occlusale.
naissance, la fonction ventilatoire est la fonction
vitale la plus importante. Chez le nouveau-né, il — La déglutition : c'est l'acte par lequel le contenu
existe un réflexe inné de ventilation nasale : si l'on buccal — salive, liquide ou bol alimentaire — est
obture les narines d'un nourrisson, aucune ventila- propulsé de la bouche dans l'estomac. Il succède à
tion buccale suppléante n'apparaît. la mastication. Fréquence : 500 à 2 000 fois par
Rôle de la ventilation nasale : elle est destinée à 24 heures (Lehr). Durée : environ 1 seconde.
assurer le filtrage et la désinfection, l'humidification Pour éviter le passage du bol alimentaire dans les
et le réchauffement de l'air ambiant. Le flux venti- voies aériennes supérieures hautes ou inférieures,
latoire subit ces différentes modifications au niveau cet acte nécessite l'arrêt de la respiration et la fer-
de la partie haute de l'arbre respiratoire : pyramide meture des cavités naturelles postérieures par les-
nasale, fosses nasales et sinus. Seule, la ventilation quelles transite le flux ventilatoire.
buccale d'effort est physiologique. — La déglutition du nourrisson : des mouvements
b) La fonction alimentaire de déglutition sont déjà décelables dès la 13e semaine
— L'incision : elle est liée à la présence de contacts I. U. (déglutition du liquide amniotique). Chez le
incisifs ou tout au moins d'une distance horizontale nouveau-né, les arcades sont plates, sans dents, la
minimum entre les bords libres des incisives supé- langue s'étale largement entre les arcades. Il existe
une véritable macroglossie naturelle.
rieures et inférieures. On peut l'apparenter à l'action
d'une paire de ciseaux (action sécante): La déglutition est un acte réflexe, à cet âge. déclen-
26 Notions de base
;
ché par le contact des lèvres avec un objet quelconque
(stimulation au contact labial). La musculature oro-
Voile du palais
faciale joue le rôle d'un joint périphérique. Les
muscles péri-buccaux et les buccinateurs participent
activement aux mouvements de la déglutition.
La déglutition chez le nouveau-né est caractérisée
par un étalement de langue entre les arcades, une
stabilisation de la mandibule par l'action de la
musculature faciale et une forte contraction labiale.
— La maturation de la déglutition : elle est fonction: Epiglotte

— des modifications de l'environnement buccal:


apparition des dents et augmentation de hau-
teur relative des procès alvéolaires, ce qui
entraîne une diminution relative du volume
lingual, une bascule pharyngée de la langue Cfesophage
et une modification des rapports des articu-
lations temporo-mandibulaires : FIG. 20. — La phase buccale de la déglutition.
— de la maturation des circuits nerveux et de la
modification des zones de stimulation ;
— des changements du mode de nutrition : — le masséter se contracte et les dents entrent
liquide -> semi-liquide -> solide. en contact en position d'I. C. M.
Cette phase est sous contrôle volontaire, elle peut
Il existe une phase de transition plus ou moins
longue à partir de 18 mois entre la déglutition de être arrêtée à n'importe quel moment.
type infantile et celle de type adulte. La pression exercée, au niveau antérieur, par la
langue qui ne se déplace pas mais présente simplement
La mise en occlusion fonctionnelle des dents de 6 ans une onde de déformation, (Fontenelle, Woda) peut
et des incisives, coïncide en moyenne, avec l'établisse- atteindre 100 g par cm2 (Proffit).
ment d'une déglutition de type adulte. La persistance
de la propulsion linguale antérieure ne doit être c) La fonction immunitaire : au niveau pharyngé,
considérée comme anormale qu'à partir de la dixième les amygdales palatines constituent, de par leur situa-
année. tion au carrefour pharyngé et buccal « la deuxième
— La déglutition de type adulte : on reconnaît ligne de défense » de l'arbre ventilatoire, et per-
quatre phases à la déglutition dont trois mettent enjeu mettent dès lors une protection immunitaire (fig. 3.0
des structures oro-pharyngées : la préparation à la et 31).
déglutition, une phase buccale sous contrôle volon- Elles réalisent l'élimination des germes et des virus,
taire, une phase pharyngée sous contrôle réflexe et grâce aux lymphocytes, elles assurent une barrière
une phase œsophagienne. inflammatoire locale grâce aux histiocytes et une
fonction immuno-sécrétoire (production d'Ig A 11 S
— La phase buccale : tous les mouvements décrits et d'Ig A 7 S).
se déroulent pratiquement en même temps : Les amygdales pharyngées (végétations adénoïdes)
— l'orbiculaire des lèvres se contracte de ma- (fig. 29 et 31) sont le siège d'une forte réponse immu-
nière invisible, contraction isotonique, (ex. : nitaire, grâce aux lymphocytes T.
au cours de la déglutition de la salive) ou de Il est important de noter qu'il existe un déficit en
manière visible, contraction isométrique, (ex. : anticorps sériques et surtout sécrétoires pendant les
déglutition d'un nutriment consistant) : six premiers mois de la vie, ce déficit va en décrois-
— la respiration s'arrête par élévation du voile sant jusqu'à 6 ans. Cette période correspond à la
du palais, suivie par l'obturation du larynx survenue des maladies infectieuses chez l'enfant et à
par abaissement de Fépiglottc ; une pathologie des organes lymphoïdes se manifestant
— la pointe de la langue prend appui approxi- par une hypertrophie plus ou moins importante et
mativement au niveau du raphé médian, à la une infection surajoutée, dans certains cas (v. Rôle
suite d'une contraction du mylo-hyoïdien. dans les anomalies antérieures, p. 86).
Une onde péristaltique se produit, qui en-
traîne le bol vers le pharynx grâce aux muscles d) La fonction antigravitaire : elle détermine l'équi-
linguaux; libre du tronc céphalique.
Harmonie du visage et de la denture 27

• Les fonctions sociales : la langue entre les arcades dentaires. On notera la


similitude des appuis linguaux au cours de la déglu-
a) La phonation : tition de type adulte et au cours de l'articulation
Définition : c'est la production de sons à l'aide de des palatales antérieures T, D, N.
phonèmes, c'est-à-dire d'éléments sonores d'un lan- Comme l'écrit Château, dans la triade « dégluti-
gage donné possédant des caractéristiques distinctives tion-phonation-comportement habituel » (ou pos-
par rapport aux autres sons du langage. Le son est ture habituelle), c'est le troisième élément qui constitue
émis par la glotte au niveau du larynx. 11 est transformé probablement le facteur essentiel du développement
au cours de son passage dans les cavités pharyngées dento-facial, les deux autres n'étant que des « témoins
et buccales, pour devenir un langage articulé, formé associés ».
de phonèmes. La phonation est un phénomène com-
plexe, seule la phase sus-glottique se situe dans le b) La mimique : elle fait participer l'ensemble des
cadre des préoccupations orthodontiques. C'est à ce muscles peauciers et labiaux à l'expression d'une
stade que les effecteurs buccaux entrent en jeu. pensée ou d'un sentiment.
Lors de l'articulation des phonèmes consonan- • Conclusion : des perturbations dans le déroule-
tiques occlusaux T, D, N et constrictifs S, Z, C, H, J, ment normal de ces différentes fonctions pourront
F, V, I, la phonation normale est caractérisée par une avoir un effet plus ou moins marqué sur le dévelop-
absence d'appui de la langue sur les secteurs incisifs pement des maxillaires, de la face et sur la position
supérieur et inférieur et une absence d'interposition de des dents.

L'HARMONIE DU VISAGE ET DE LA DENTURE


Le visage comporte une série de modelés et d'aplats, culturel donné : il est probablement difficile d'être
de dépressions et de proéminences, dont la disposi- albinos pour un individu mélanoderme. Un progna-
tion équilibrée, les proportions et la symétrie engen- thisme facial accentué — les lèvres paraissant situées
drent l'impression de beauté, ou tout au moins d'har- très en avant dans le profil — chez un individu leuco-
monie. Les différents éléments de la face sont derme, peut constituer un handicap. Toutefois, la
constitués d'unités anatomiques relativement auto- multiplicité des mélanges raciaux, dans les sociétés
nomes : le front, l'ensellure nasale et le nez, la lèvre occidentales, doit faire envisager chaque cas sans
supérieure et la lèvre inférieure, le menton, les pom- a priori et surtout en tenant compte de la propre image
mettes et les joues. Ces volumes s'apprécient sur un de soi que perçoit le sujet.
visage détendu et au repos. Le caractère d'un visage Les proportions du visage devraient s'apprécier
est également déterminé par les mimiques et les comme on peut le faire pour une sculpture, en tour-
expressions mises en jeu au cours des relations nant autour de l'œuvre d'art. L'usage s'est établi de
sociales, reflet des différentes tractions ou étirements différencier la face et le profil.
musculaires, eux-mêmes induits par le système ner- La face est caractérisée par sa longueur, mesurée
veux central. Les peintres et les sculpteurs ont de entre la racine des cheveux et la base inférieure du
tout temps cherché à préciser et à définir, en fonction menton, et sa largeur mesurée au niveau des pom-
de leurs propres besoins, des normes esthétiques, mettes. Cette notion est si essentielle qu'elle sert de
des « canons de la beauté » qui leur soient un guide base à une classification des types de face (p. 51).
pour la reproduction du visage humain. Dans un visage équilibré, la face peut être longue et
L'orthodontie ne se donne pas pour but de rendre étroite, courte et large ou intermédiaire entre ces
beau tous les individus traités. Ses objectifs esthé- deux tendances.
tiques se limitent à retrouver des proportions faciales Le profil d'un visage est caractérisé par sa convexité:
harmonieuses, grâce à des modifications des formes la convexité cutanée est déterminée par le nez, les
et des proportions relatives des lèvres, du menton, lèvres et le menton. Le nez constitue l'élément central
des différents étages de la face et éventuellement du du profil, autour de cette structure s'ordonnent
nez. l'étage inférieur du visage avec lèvres et menton, et
Les dimensions du visage ne sont guère quantifia- l'étage supérieur incorporant le front.
bles, comme le pensaient les artistes de la Renaissance. On différencie des profils concave (fig. 2lu).
Il faut chercher à replacer l'individu dans son milieu convexe (fig. 2\b) et rectiligne. Un profil peut être
28 Notions de base

convexité cutanée, nez inclus, a tendance à diminuer


avec l'âge, comme le fait la convexité squelettiquc
(v. p. 58). Cette évolution peut transformer un profil
très convexe, chez un jeune enfant présentant des
lèvres proéminentes et un nez court, d'aspect enfan-
tin, en un profil plutôt concave, après la puberté,
grâce à un nez de longueur importante, une symphyse
plus épaisse et des lèvres plus tendues. Une estimation
esthétique conduite en période de croissance est donc
sujette à révision.
Un dernier élément qu'on ne peut modifier par le
traitement d'orthodontie concoure au modelé d'un
profil, c'est le front dont l'orientation, droite ou
inclinée, et la position relative par rapport au reste
de la face, par le jeu des volumes et des courbes et
de leur prolongation, détermine des types de profil
très variés (cisfrontal : front en avant, transfrontal :
front en arrière).

• Les éléments modifiables par un traitement


FIG. 21. — a) Profil convexe (garçon de 12 ans). d'orthodontie : quelques points de repère :
b) Profil concave (fille de 12 ans).
Les lèvres : la bouche, d'où s'échappent des sons
indispensables aux fonctions de relation, où pénètrent
harmonieux si la concavité n'est pas trop marquée, les aliments, premier maillon d'une fonction vitale,
ce qui correspond à des lèvres fines et un nez et un comporte également une connotation sensuelle, tant
menton importants. Cette caractéristique convient par la séduction du sourire que par la forme des lèvres,
plus particulièrement aux hommes. A contrario, un premier médiateur de la possession ou de la tendresse.
profil convexe, déterminé par un nez de dimension C'est dire combien les lèvres, sous-tendues par la den-
relativement moyenne et des lèvres bien ourlées dont ture et mises en mouvement par les muscles oro-fa-
le vermillon est assez épais, peut convenir à un ciaux, participent à l'harmonie du visage, dévoilant
visage féminin. au moment du sourire, une denture de belle apparence,
La convexité cutanée présente des modifications sans carie, bien alignée, surmontée par une gencive de
importantes au cours de la maturation. Or, la majorité coloration plaisante et d'aspect discret. La forme
des patients recevant un traitement d'orthodontie des lèvres s'apprécie en tenant compte de leur épais-
sont encore en période de croissance. En outre, cer- seur, de leur longueur (largeur bicommissurale : 1. b.)
tains éléments caractéristiques de la face ne présentent (fig. 21 c) et de leur concavité cutanée. 11 faut différen-
leur dimension définitive qu'après la puberté. La cier l'épaisseur du vermillon : e. v. (ou partie rose des

s.l.m.
s.l.m

FIG. 21. — c et d) Les lèvres.


c) De profil : épaisseur totale de la lèvre supérieure (e.t.); épaisseur de la lèvre au niveau de la concavité (e.c):
sillon labio-mentonnier (s.l.m.): sillon labio-nasal (s.l.n.).
d) De face : largeur bi-commissurale (l.b.c): épaisseur du vermillon (e.v.).
Harmonie du visage et de la denture 29

Le sourire : au cours du sourire, la disposition la


plus harmonieuse semble être une symétrie entre la
courbe des bords incisifs supérieurs et la courbe de
la partie supérieure de la lèvre inférieure. Le sourire
le plus plaisant ne découvre que la gencive libre des
incisives supérieures, la lèvre inférieure ne recouvrant
pas les incisives supérieures. Si la lèvre supérieure
découvre trop la gencive, on parle, dans ce cas, d'un
sourire gingival, caractéristique assez inesthétique,
quand elle est prononcée.

La position des dents antérieures


— Les incisives : l'impression de dents « bien droi-
tes » ou trop inclinées vers l'avant ou vers l'arrière,
est un facteur déterminant dans l'harmonie de la
denture (v. fig. 326).
— Les canines : selon leur forme, pointues ou
arrondies, selon le sexe, elles peuvent être relativement
visibles ou placées à un niveau tel que leur pointe
ne soit guère plus basse que les bords libres des inci-
sives. La fonction occlusale déterminera, en dernier
ressort, leur position.

Le menton. — Il peut être plat, ou bien la symphyse


FIG. 22. — Garçon. Profils à 12 et 14 ans (pointillés) : mentonnière peut être prononcée (fig. 37A). Cette
épaississement des lèvres, malgré le recul incisif- crois- caractéristique s'harmonise avec un nez plutôt impor-
sance du nez (superposition de Steiner). tant et des lèvres de dimension moyenne. Le menton
peut être plus en avant et plus marqué chez les
lèvres) et l'épaisseur totale de la lèvre entre les faces hommes.
vestibulaires des incisives et la zone la plus antérieure La ligne esthétique de Steiner donne une indica-
du vermillon (fig. 216). Cette épaisseur a tendance tion intéressante pour la position relative des lèvres,
parfois à augmenter si la croissance du nez est impor- du menton et du nez. Règle donnée par Steiner : la
tante, ce qui peut masquer les effets d'un recul des ligne joignant le milieu de la base du nez et la partie
dents antérieures (fig. 22). Par ailleurs, la zone cutanée la plus antérieure de la symphyse doit être tangente
au-dessus du vermillon doit posséder, pour être de aux deux lèvres (fig. 32è et p. 61 ligne de Ricketts).
forme agréable, une légère concavité, le sillon labio-
mentonnier (s. 1. m.) pour l'inférieur, et labio-nasal : La hauteur de l'étage inférieur de la face (fig. 32a) :
pour le supérieur : (s. 1. n.) (fig. 21 c et d). cette dimension est très sensible à l'influence du trai-
En position de repos — obtenue en passant avec tement orthodontique. En cas d'excès, elle peut être
douceur les doigts sur les lèvres — les lèvres sont : aggravée, rarement diminuée par un traitement.
soit en contact, soit séparées par un espace inter-
labial minime entre 2 et 3 mm. La houppe du menton • Conclusion : on voit que l'articulation de ces diffé-
ne doit présenter aucune contraction forcée — aspect rents éléments, aux proportions très variables, est
en peau d'orange — pour obtenir une occlusion particulièrement complexe et ne peut se réduire à
labiale. quelques règles chiffrées. Un praticien compétent en
Les lèvres sont sous-tendues par les dents. Leur orthodontie doit posséder ou cultiver un certain sens
position relative par rapport au secteur dentaire esthétique qui tienne compte des critères esthétiques
antérieur détermine ou non un sourire harmonieux. contemporains.
LE BILAN ORTHODONTIQUE

LA TERMINOLOGIE : UN LANGAGE ORTHODONTIQUE


La description des anomalies orthodontiques CONVENTIONS ADOPTÉES
requère l'utilisation d'un langage particulier dont
la signification doit être connue. On différencie
La terminologie, telle qu'elle est proposée, cor-
— des anomalies des bases maxillaires :
respond à la nomenclature adoptée conjointement par
— des anomalies alvéolaires:
la Fédération dentaire internationale et la Société
— des anomalies des relations d'arcades, statiques
française d'Orthopédie dento-faciale. Elle sera limitée
et cinétiques;
aux termes les plus usuels.
— des anomalies de position des dents.

OBJECTIFS Orientation dans l'espace.

La terminologie permet de décrire, de façon précise, a) La description des anomalies maxillaires et


les différentes anomalies orthodontiques. Elle est alvéolaires se fait dans les trois sens de l'espace, à
uniquement descriptive et n'évoque, en principe, l'aide de trois plans de référence (fig. 23) :
aucune idée d'étiologie, de pathogénie ou de traite- — un plan sagittal médian vertical ;
ment. — un plan frontal perpendiculaire au premier;

^ < ^ \ PLAN
PLAN SAGITTAt
SAGITTAL
^Z^"^ 1 MEDIAN
PLAN FRONTAL

PLAN
HORIZONTAL

FiG. 23. — Les trois plans d'orientation.


32 Bilan orthodontique

— un plan horizontal, au niveau du plan d'occlu-


sion, perpendiculaire au plan sagittal. Terminologie
des anomalies des maxillaires.
b) La description des anomalies de position des
dents se fait en prenant comme base de référence (Bases osseuses et procès alvéolaires) :
la courbe de l'arcade, le plan horizontal étant maté-
rialisé par le plan d'occlusion. — le terme maxillaire désigne le maxillaire supé-
rieur;
Construction linguistique. — le terme mandibule désigne le maxillaire infé-
rieur.
La structure que l'on veut définir est désignée par
un radical d'origine grecque. • Anomalies des bases osseuses : on utilise le
Ce radical est précédé par un préfixe qui précise radical GNATHIE : prononcer ti:
la situation dans l'espace, et un qualificatif qui indique
le niveau. Exemple : Anomalies topographiques :
PRO GNATHIE
— sens antéro-postérieur ; pro ou rétrognathie '
INFÉRIEURE
— sens vertical : infra ou supragnathie : affectent les
préfixe radical niveau secteurs antérieurs et postérieurs. Ces termes ne
sont plus guère utilisés;
Préfixes : — sens transversal, concerne le maxillaire unique-
— dans le sens antéro-postérieur : ment :
PRO : trop en avant, endognathie : le maxillaire est trop étroit:
RÉTRO : trop en arrière ; exognathie : le maxillaire est trop large.
— dans le sens vertical : Anomalies de volume
INFRA : trop en haut par rapport au plan — Latérognathie : ce terme est utilisé plus parti-
d'occlusion, culièrement pour la mandibule (anomalie anato-
SUPRA : trop en bas;
mique);
— dans le sens transversal : — Micrognathiejmacrognathie : indique une réduc-
ENDO : en dedans de la situation « normale », tion ou une augmentation d'ensemble du volume de
EXO : en dehors de la situation « normale ». l'un des maxillaires.
Qualificatifs : Ces termes sont surtout utilisés dans la description
des grands syndromes cranio-faciaux.
inférieur/supérieur
total/partiel — Brachygnathie : longueur antéro-postérieurc
symétrique/asymétrique diminuée 2.
unilatéral/bilatéral — Dolichognathie : longueur antéro-postérieure
unimaxillaire/bimaxillaire. augmentée 2.
Ces caractéristiques modifient également les rela-
tions sagittales.
TERMINOLOGIE ORTHODONTIQUE

• Anomalies alvéolaires.
Terminologie des tissus mous.
Sens antéro-postérieur (uniquement pour le secteur
Au niveau des lèvres :
antérieur) :
— prochéilie : lèvres trop en avant ;
— pro-alvéolie : désigne une vestibulo-version d'un
— rétrochéilie : lèvres trop en arrière ;
groupe de dents et de l'os alvéolaire qui les
Si les deux lèvres donnent l'impression d'être trop
supporte;
en avant dans le profil : biprochéilie — terme simi-
— rétro-alvéolie : désigne une linguo-version.
laire : biprotrusion.
— Éversion de la lèvre : concavité exagérée de l'une Sens vertical (secteur antérieur) :
des lèvres. — supra-alvéolie : arcade alvéolaire antérieure trop
Au niveau du menton : basse par rapport au plan d'occlusion ;
— progénie : menton très proéminent;
1. Différencier « prognathie » (anomalie orthodontique)
— rétrogénie : menton effacé. et « prognathisme facial » de la race noire, caractère eth-
Ensellure nasale : concavité située à la jonction du nique.
front et du nez. 2. Termes proposés par Château.
Terminologie : un langage orthodontique 33

— infra-alvéolie : arcade alvéolaire antérieure trop Sens vertical : recouvrement :


haute. a) Supraclusion (uniquement au secteur antérieur) :
excès de recouvrement incisif (fig. 25a).
Sens transversal (uniquement pour les secteurs
latéraux) : b) Infraclusion :
— secteur antérieur : absence ou insuffisance de
— endo-alvéolie : version linguale d'un groupe de recouvrement incisif (fig. 256);
dents latérales et de l'os alvéolaire qui les sup- — secteur postérieur : absence de contacts occlu-
porte ; saux au niveau d'un groupe de dents cuspidées.
— exo-ahéolie : version vestibulaire, peu utilisé Termes synonymes :
(en général, d'origine iatrogène).
béance antérieure = infraclusion antérieure:
béance latérale = infraclusion latérale.
Terminologie des relations interarcades Le terme BÉANCE tend à être de plus en plus utilisé,
(rapports d'occlusion). car plus concis.

• Relations statiques. — Les arcades sont divisées Secteur transversal (secteurs antérieur et latéral) :
en trois secteurs : un secteur antérieur, et deux sec- linguoelusion et vestibuloclusion :
teurs latéraux. a) Au secteur antérieur, une rétroalvéolie supérieure,
La courbe d'arcade sert de ligne de référence. Le anomalie des procès alvéolaires, peut s'accompagner
radical CLUSION permet de décrire les rapports d'occlu- d'une linguoelusion, anomalie des relations d'arcades
sion dans les trois sens de l'espace. Sa compréhension (fig. 25c).
est universelle. b) Au secteur latéral :
L'utilisation du terme ...CLUSION, sans précision — vestibuloclusion exagérée, en cas d'inclinaison
particulière, implique qu'il s'agit des dents inférieures. vestibulaire des prémolaires ou/et des molaires supé-
rieures (fig. 25a);
Sens antéro-postérieur : secteurs antérieur et laté- — linguoelusion : recouvrement des dents supé-
raux. rieures par les inférieures (fig. 25c).
— Secteurs latéraux (canines comprises) :
mésioclusion : trop en avant : • Relations cinétiques. — Ces anomalies apparais-
distoclusion : trop en arrière. sent au cours du chemin de fermeture de la mandibule,
seul os mobile de la face.
Cette description correspond à la classification Elles correspondent à un décalage marqué entre
d'Angle, qui sera décrite page 35. la position de contacts maximum des dents et la
— Secteur antérieur : surplomb normal ( ~ 2 mm), position la plus haute et la plus reculée des condyles
exagéré, inversé (v. fig. 25). Le surplomb (S), c'est la (relation centrée) (v. p. 124) :
distance entre les bords libres des incisives centrales — dans le sens antéro-postérieur : proglissement:
supérieures et inférieures, parallèlement au plan — dans le sens latéral : latéro-glissement ou latéro-
occlusal (v. fig. 24a et b). déviation : ce dernier terme illustrant bien la déviation
des milieux incisifs au cours du mouvement de fer-
meture.

Terminologie des anomalies de position


des dents.
La courbe d'arcade sert de référence, le plan hori-
zontal est matérialisé par le plan d'occlusion, la
description se fait dans les sens vestibulo-lingual.
mésio-distal et vertical. Le radical ...VERSION indique
une inclinaison anormale du grand axe de la dent.
- dans le sens vestibulo-lingual :
vestibulo-version : localisée à 1 ou 2 dents (fig. 25/'):
linguo-version : localisée à 1 ou 2 dents (fig. 25?):
FIG. 24. — a) Surplomb et recouvrement
au niveau des incisives. — dans le sens mésio-distal :
b) Surplomb et recouvrement au niveau des prémolaires mésioversion:
et des molaires. distoversion (fig. 25/;):
34 Bilan orthodontique

f g h i

FIG. 25. — Schéma des malpositions et malocclusions dentaires.

FIG. 26. — a) Rotation mono-marginale mésio-restibulaire.


b) Rotation axiale mésio-restibulaire.

— dans le sens vertical : - Béante ou inocclusion labiale : les lèvres ne se


infraposition (ou ...TOPIE) : dent trop haute par rap- joignent pas, en position de repos (+ de 3 mm).
port au plan d'occlusion : — Engrènement : degré d'interpénétration des
supraposition (ou ...TOPIE) : dent trop basse (fig. 25/'). cuspides d'une arcade dans les embrasures antago-
11 est préférable d'éviter le radical ...GRESSION, qui nistes.
implique une idée de déplacement (v. p. 119). — Malocclusion : engrènement anormal des dents,
en intercuspidie maximale.
Rotation : — Dysmorphose .anomalie morphologique, définie
rotation axiale, autour de l'axe longitudinal de la par rapport aux normes habituelles d'une population
dent (fig. 26a) ; donnée.
rotation marginale : l'axe de rotation est mésial ou — Ectopie : situation d'une dent éloignée de son
distal (fig. 26b). emplacement habituel.

Quelques termes couramment employés. Rappel : les anomalies orthodontiques ne sont pas
des maladies, elles constituent rarement des syn-
— Encombrement dentaire : caractérise un aligne- dromes. Il est donc plus correct de parler de signes
ment incorrect des dents. (Ce terme n'implique pas cliniques (découverts par le praticien) et d' « entité
d'idée diagnostic). clinique » (au lieu de syndrome).
Classifications d'Angle et de Ballard 35

Remarque : la terminologie n'est pas aussi innocente de prouver que la mandibule est en arrière, ce qui
qu'il n'y paraît. Dire en effet qu'il existe une « pro- est loin d'être toujours évident.
gnathie supérieure » c'est être capable de faire la Parler d' « endognathie » signifie que le maxillaire
preuve que le maxillaire supérieur est en avant, ou incriminé est trop étroit, ce qui implique une idée
bien, lorsqu'on parle de « rétrognathie inférieure », thérapeutique d'élargissement qui peut être aléatoire
ou impossible, à la mandibule.

LES CLASSIFICATIONS D'ANGLE ET DE BALLARD

Elles facilitent la communication entre les pra- Elle doit être complétée par la description des
ticiens pour la définition de certaines conditions rapports d'occlusion antéro-postérieurs au niveau
morphologiques et de certaines entités cliniques. des canines permanentes et au niveau des incisives
Elles servent également de base pour l'établisse- centrales supérieures et inférieures.
ment du bilan orthodontique. Elle définit uniquement des relations d'arcades au
niveau vestibulaire, sans précision quant aux rapports
des cuspides linguales.
La classification d'Angle peut donner l'impression
LA CLASSIFICATION D'ANGLE
de faire double emploi avec la nomenclature précé-
dente. Sa compréhension est universelle; elle a donc
Elle permet de décrire les relations d'arcades dans été utilisée pour le classement des différents types
le sens antéro-postérieur. Elle est basée sur les rap- d'anomalies, dans le plan de cet ouvrage. Elle pré-
ports d'occlusion des faces vestibulaires des molaires sente, par ailleurs, l'intérêt de décrire un décalage
de 6 ans dans le sens antéro-postérieur, en intercuspi- antéro-postérieur, sans implication diagnostic ou
die maximale. thérapeutique.

Classe I Classe II. division 1

Classe II, division 2 Classe III


FIG. 27. — a) Les classes d'Angle : rapports molaires, canines et incisifs.
36 Bilan orthodontique

L'énoncé d'une classe d'Angle ne constitue pas Cette anomalie constitue, par exception, une entité
en soi un diagnostic orthodontique, sauf une excep- clinique spécifique.
tion. L'énoncé d'une classe II, division 2, suffit à énoncer
un diagnostic orthodontique.
La classe I.
La classe III (fig. 21 d).
Définition : la dent de 6 ans inférieure est mésialée
d'une demi-cuspide par rapport à la dent de 6 ans — Au niveau molaire : mésioclusion des dents de
supérieure. 6 ans inférieures.
En conséquence, la canine inférieure est en avance — Au niveau du secteur antérieur : occlusion inver-
d'une demi-dent par rapport à la canine supérieure, sée ou non.
ceci constituant ce que l'on appelle une « occlusion Remarques :
engrenante » (v. fig. 7, p. 14 et fig. 27a). — il est nécessaire de préciser le degré de décalage
molaire (par exemple : 1/3 de cuspide. une demi-
La classe II.
cuspide ou une largeur de prémolaire, etc.) ;
Au niveau molaire : distoclusion des dents de 6 ans — s'il existe une classe II molaire unilatérale (ou
inférieures. une classe III), on parle de classe II, division 1, sub-
La classe II comporte deux subdivisions qui se division D, si par exemple, la classe II se situe à droite.
différencient suivant l'inclinaison des incisives supé-
rieures :
— la classe II, division 1 (fig. 27b) : présente une LA CLASSIFICATION DE BALLARD
vestibulo-version des incisives centrales supérieures:
— la classe II, division 2 (fig. 27c) : présente une Les relations des bases osseuses, dans le sens antéro-
linguo-version des incisives centrales supérieures. postérieur ne coïncident pas nécessairement avec les

FIG. 27. — b) Les classes squelettiques de Ballard.


un cas de Classe II squelettique et de Classe 1 dentaire (A N B = — 7").
Classifications d'Angle et de Ballard 37

relations occlusales. C'est pourquoi Ballard a pro- Utilisation pratique de la terminologie.


posé une classification des relations des bases osseuses La description d'un tableau clinique obéit à cer-
qui complète la classification d'Angle, classification taines règles (v. l'exemple de la figure 65a et b) :
des relations d'arcades. Elle tient compte des rapports
relatifs de la mandibule par rapport aux maxillaires 1. Classer le sujet :
et de l'inclinaison des incisives. Elle permet de
visualiser des compensations dentaires, en cas de — classe d'Angle : malocclusion de la classe II,
décalage des bases. division 1 ;
Ce décalage des bases est apprécié grâce à l'angle — type facial (v. p. 51) : face longue... :
ANB (v. p. 58 Détermination et p. 61 Les critiques — type de croissance ( v. p. 53): rotation postérieure.
que l'on peut en faire).
2. Préciser les anomalies morphologiques et fonc-
Classe squelettique I : rapport harmonieux entre tionnelles :
les maxillaires, incisives normalement placées.
— au niveau des dents et des arcades :
Classe squelettique II : position trop postérieure
a) anomalies dentaires (ex. : agénésies, inclusions;
de la mandibule, ANB --* vestibulo-version des inci-
néant sur la figure 65) :
sives supérieures et inférieures. Contacts incisifs
b) dysharmonie dento-maxillaire (D. D. M.) sur
(v. fig. 27a).
la figure 65, dysharmonie dento-dentaire:
Classe squelettique III : position trop antérieure c) anomalies des relations d'arcades dans les 3 sens
de la mandibule, ANB N. légère vestibulo-version de l'espace et par secteur, statiques et cinétiques :
des incisives supérieures, légère linguo-version des classes II molaires et canines, infraclusion antérieure,
incisives inférieures, contacts incisifs (fig. 21b). vestibulo-version incisives supérieures (v. fig. 65):

FlG. 27. — c) Les classes squelettiques de Ballard :


un cas de Classe III squelettique et de Classe I dentaire (A N B = + 1°).
38 Bilan orthodontique

d) anomalies de position des dents et malocclusions b) anomalies des bases maxillaires : prognathie
unitaires. maxillaire...
— Au niveau des structures osseuses : La tendance actuelle est de simplifier à l'extrême
a) anomalies alvéolaires antérieures : l'énoncé des anomalies orthodontiques, en ne retenant
. béance antérieure, que ce qui fera l'objet d'un traitement et en faisant
. proalvéolie supérieure; apparaître en premier les anomalies majeures.

L'ÉTABLISSEMENT DU DOSSIER ORTHODONTIQUE

LA CONSULTATION 4. Synthèse thérapeutique réalisée à l'aide de


ORTHODONTIQUE l'observation clinique et du dossier orthodontique
MODALITÉS PRATIQUES complet.
5. Compte rendu du bilan orthodontique et du
plan de traitement, au cours de la troisième visite.
Méthodologie.
Ces modalités sont à peu près constantes, sauf cas
1. Examen clinique sans documents
particulier.
2. Constitution du dossier orthodontique
Les différentes éventualités sont figurées dans le
3. Le bilan orthodontique
schéma ci-après.
4. Élaboration du plan de traitement.
Les modalités pratiques de la consultation ortho-
dontique. L'EXAMEN CLINIQUE SANS DOCUMENTS
La mise au point et l'exposé d'un plan de trai- PREMIÈRE CONSULTATION
tement nécessitent, en moyenne, cinq étapes, dont
trois consultations.
Un examen complet, exo et endo-buccal est pra-
1. Première consultation sans documents : à l'issue tiqué, au cours de cette première consultation. Il
de cette consultation, sont prescrits, si nécessaire, doit permettre de décider de l'opportunité d'appro-
des examens complémentaires. fondir ou non le problème. La prescription d'examens
2. Constitution du dossier orthodontique. complémentaires sera faite éventuellement à la fin
3. Deuxième consultation et prise d'empreintes. de cet examen.
Etablissement du dossier orthodontique 39

Renseignements généraux. • Vexamen du visage, de profil.


Technique d'examen. — Le patient est assis sur le
Sexe, âge civil précis, cadre familial (père, mère fauteuil en position orthogonale, le regard dirigé
ou tuteur, frères et sœurs), responsable légal de vers l'horizon. Si nécessaire, maintenir la tête du
l'enfant, origine ethnique, état de santé. patient pour obtenir une bonne orientation (à peu
près selon le plan de Francfort cutané).
Interrogatoire. Noter :
— l'impression d'ensemble : convexité du profil,
— Motif de la consultation : esthétique ? fonction-
harmonie des proportions, appréciation qualitative
nelle ? ou les deux ?
de l'étage inférieur de la face, de l'angle goniaque;
— L'enfant a-t-il déjà suivi un traitement ortho-
— l'examen du front : inclinaison et position rela-
dontique ?
tive par rapport au profil:
— Le patient et la famille sont-ils informés des
— l'examen du ne: : longueur, forme, orientation
contraintes d'un traitement d'orthodontie ?
de la base inférieure, maturation apparente;
— Traits familiaux : l'un des membres de la famille
— l'examen des lèvres : forme.
(collatéraux compris) présente-t-il les mêmes anoma-
lies dentaires ou squelettiques ? . la lèvre supérieure doit présenter une légère
concavité, de même que la lèvre inférieure (c'est
— Habitudes déformantes : suçage digital ou
« l'ourlée » de la lèvre) - épaisseur et longueur) :
labial, têtage de la langue ?
— Date d'évolution des premières dents tempo- . le rapport des lèvres entre elles ;
raires (v. p. 9). . la position relative par rapport au profil :
— l'examen du menton : importance de l'éminence
mentonnière — situation dans le profil : (menton
Examen du visage. effacé, menton proéminent) — palpation. pour en
apprécier la tonicité.
• Vexamen du visage, de face.
Technique d'examen. — Jusqu'à 11-12 ans. le Examen de la denture et de Vocclusion.
patient est debout en position de repos mandibulaire.
en face du praticien, assis sur une chaise d'opérateur. Technique d'examen : le dossier du fauteuil est
incliné à 45°, le praticien est situé en position de 9 h.
Après 12 ans (selon la taille), patient et praticien
sont assis l'un en face de Vautre. Cet examen est
pratiqué au cours d'une conversation détendue avec Examen des arcades séparées.
l'enfant, afin d'acquérir sa confiance et sa sympathie. On débutera l'examen par le maxillaire inférieur.
Noter : Les dents.
— F impression d'ensemble : harmonie générale
NOTER : l'âge dentaire (en denture mixte, apprécier
de la face, proportions du visage : face longue ou
la mobilité de certaines dents temporaires), un retard
face courte, appréciation qualitative de l'importance
d'éruption localisé, un encombrement antérieur ou
de l'étage inférieur de la face, position relative de
latéral, une ectopie, des malpositions, des rotations
la symphyse par rapport au plan sagittal médian,
et des versions localisées.
les dents étant en contact:
— Vexamen du nez : stade de maturation (nez infan- EXAMEN DE LA COURBE D'OCCLUSION AUX DEUX
tile, nez d'adulte), hauteur du nez, largeur de la base, ARCADES : technique d'examen. — Dans le sens
dimension et symétrie des orifices narinaires, orien- sagittal : réglette rigide placée au niveau molaire
tation de la base du nez: et prémolaire; dans le sens transversal : au niveau
— l'examen des lèvres : épaisseur du vermillon canine et prémolaire.
- longueur bicommissurale - position habituelle. Cet examen permet de mettre en évidence une
au repos (pour obtenir une totale décontraction, courbe de Spee exagérée ou inversée, une supraclu-
effleurer les lèvres avec les doigts) : lèvres jointes sion incisive, une bascule de cette courbe dans le
ou inocclusion labiale — sillon labio-mentonnier — sens transversal.
rapport des lèvres et des dents au repos et au cours
du sourire; Le parodonte.
— l'examen du menton : largeur épaisseur de la NOTER : l'hygiène bucco-dentaire, l'état de la
symphyse - fossette. gencive, la hauteur de gencive attachée, les sites de
40 Bilan orthodontique

dépôts tartriques (présomption d'une mastication — Sens transversal (praticien face au patient) :
unilatérale), les freins médians et latéraux. mise en évidence d'une déviation des milieux incisifs,
de la relation centrée jusqu'à fintercuspidie maximale
L'état des dents : susceptibilité particulière à la
(signe de latérodéviation mandibulaire) (v. p. 89).
carie ?
— Sens antéro-postérieur (praticien situé latéra-
Recherche de la relation centrée. lement par rapport au patient) : mise en évidence
d'un proglissement mandibulaire (v. p. 104).
Elle se fera avant l'examen de l'occlusion en inter-
- Noter, en millimètres, l'importance du décalage,
cuspidie maximale.
entre relation centrée et intercuspidie maximale et le
Technique d'examen. sens du décalage (antéro-postérieur ou transversal,
— Expliquer le « pourquoi » de cette recherche ou les deux).
(analogie avec une charnière de porte et un casse-noix). — Montrer au patient, à l'aide d'un miroir, le
— Prendre le poignet du patient et lui demander décalage entre relation centrée et I. C. M. et renou-
de laisser sa main inerte; l'agiter plusieurs fois et veler cette mise en évidence pour la personne accom-
lui dire « maintenant je vais faire pareil avec ta pagnante.
mâchoire du bas, ça ne fait pas mal du tout, il faut
Rappel. — Un fort décalage entre relation centrée
laisser ta mâchoire toute molle, comme ta main ».
et intercuspidie maximale :
Position : le patient est en position allongée, les
a) Dans le sens sagittal :
bras reposant sur les accoudoirs du fauteuil, les
jambes non croisées, le plus détendu possible. — transforme une classe I, examinée en intercuspi-
Le praticien se situe en position de 10 h, l'index die maximale, en classe II en relation centrée, et
et le pouce de la main gauche au niveau des prémo- fait apparaître des rapports exagérés dans le sens
laires, la première phalange de ses doigts dépassant vestibulo-lingual (fig. 25d) au niveau des secteurs
légèrement la ligne des cuspides, pour éviter tout latéraux (fig. 28<s, 4) :
contact dentaire. L'index de la main droite est — aggrave l'importance du décalage antéro-posté-
recourbé sous le menton, le pouce prend appui par rieur d'une malocclusion de la classe II;
un contact très léger au niveau de la symphyse men- — diminue l'importance du décalage antéro-posté-
tonnière. rieur d'une malocclusion de la classe III.
b) Dans le sens transversal : met en évidence une
Manipulations.
latéro-déviation provoquée par une endo-alvéolie
— Demander au patient de « laisser la bouche à symétrique (v. p. 89).
demi-ouverte » et de « lâcher » le menton. c) Dans le sens vertical : la relation centrée n'est
— Manipuler la mandibule jusqu'au contact avec pas une position de référence pour l'étude de la
la pulpe de l'index et du pouce gauche, plusieurs fois dimension verticale, s'il existe un fort décalage avec
de suite, sans forcer vers l'arrière. l'I. C. M.
— Effectuer des mouvements de « tap-tap » rapides.
— Effacer progressivement les doigts pour recher- Mise en évidence des prématurités :
cher le premier contact dentaire. a) En denture mixte :
— 11 peut être commode d'utiliser l'ongle du pouce - Au niveau des canines de lait : toute canine
droit pour permettre un guidage antérieur. Recom- temporaire n'ayant pas subi une abrasion physio-
mencer cette manœuvre plusieurs fois, puis maintenir logique, constitue l'un des signes d'une latéro-dévia-
la mandibule en position de relation centrée. tion ou d'un proglissement mandibulaire.
Incidents. — Impossibilité de retrouver la relation - Incisive centrale ou latérale en linguocclusion :
centrée : prescrire un myorelaxant ou préparer une ces malpositions localisées entraînent très fréquem-
« Jig » de Lucia. ment un proglissement.
b) En denture adulte : prématurité au niveau des
Recherche d'un éventuel décalage dents de 12 ans ou à d'autres niveaux.
entre la relation centrée
et l'intercuspidie maximale. Examen de l'occlusion
en intercuspidie maximale
L'analyse s'effectue dans le sens transversal et (avec le maximum de contacts dentaires).
dans le sens antéro-postérieur (c'est le praticien
qui modifie sa position d'examen). A partir de la Examen des milieux incisifs :
position de relation centrée, prier le patient de serrer 1. Par rapport au plan sagittal médian : repères
ses dents au maximum. au crayon dermographiquc
Etablissement du dossier orthodontique 41

2. Coïncidence ou non des deux milieux incisifs. rapports A. P. molaires et canines droits et gauches,
3. Position relative du frein de la lèvre supérieure surplomb incisif.
par rapport au milieu supérieur.
SENS VERTICAL. — Mesure du recouvrement incisif
4. Noter le ou les milieux déviés et le sens de la
(orerbite, U. S.) (fig. 24a) : technique d'examen :
déviation.
il se fera dans le même temps que la mesure du sur-
La coïncidence des milieux incisifs entre eux est plomb, la réglette est située au même niveau que
nécessaire pour l'obtention d'une occlusion antérieure précédemment. Demander au patient d'ouvrir légè-
correcte, sauf cas particuliers. rement, ce qui fait apparaître le bord libre des inci-
Étude des relations d'arcades en intercuspidie maxi- sives inférieures, et disposer une deuxième réglette
male. — Cet examen se fera, par commodité, dans en plastique, perpendiculairement à la première,
les trois sens de l'espace ; technique d'examen : pour mesurer le recouvrement incisif.
— secteur gauche : le patient est prié de tourner En cas de béance. le surplomb est estimé avec la
fortement la tête vers la droite, le praticien s'incline réglette placée verticalement.
à droite pour examiner le secteur latéral le plus pos- N. B. : le recouvrement incisif et le surplomb seront
sible de face, en s'aidant au besoin, d'un miroir, plus commodément mesurés sur les moulages et les
en cas de faible ouverture labiale: téléradiographies.
— secteur droit : le patient est prié de tourner la
tête fortement à gauche, même position pour le Résultats : noter la valeur du recouvrement incisif
praticien. en demi-millimètres. Il est affecté du signe + en cas
de recouvrement incisif normal ou excessif, du
SENS ANTÉRO-POSTÉRIEUR. — Noter : signe — en cas de recouvrement incisif insuffisant ou
a) Les relations sagittales au niveau des pre- inexistant (béance ou infraclusion incisive) (v. fig. 25b).
mières molaires permanentes et des canines : Il est mesuré au niveau des incisives centrales
1. En denture mixte : droites et gauches, en cas d'asymétrie.
— deuxièmes molaires temporaires: plan ter- Préciser le niveau de la supraclusion ou de l'infra-
minal à marche mésiale. distale ou droit clusion (incisive ou incisivo-canine).
(v. fig. 5b);
SENS TRANSVERSAL. — Technique d'examen : il
— canines temporaires : présomption des rela- se fait dans le même temps que l'examen du sens
tions ultérieures au niveau des canines per-
sagittal, au niveau des secteurs latéraux.
manentes.
Noter :
2. En denture permanente : premières molaires
et canines : préciser le type de classe d'Angle, à droite — les relations vestibulo-linguales au niveau des
et à gauche. secteurs latéraux droit et gauche, molaires, prémo-
laires et canines : linguoeelusion ou vestibulocclu-
b) Au niveau des incisives : sion exagérées ;
— orientation des incisives supérieures (vestibulo — examiner au papier à articulé fin les contacts
ou linguoversion apparente (v. p. 35. classe II, divi- occlusaux en I. C. M.
sion 1 ou 2);
— mesure du surplomb incisif (overjet, U. S.) Étude des malocclusions localisées.
(fig. 24a) ; technique d'examen : Noter : une linguoeelusion ou une vestibulocclu-
Le patient étant en intercuspidie maximale, placer sion localisée à une dent.
une réglette métallique, orientée selon le plan d'occlu-
sion, tangente au bord libre des incisives centrales Examen cinétique
supérieures et en contact avec les incisives centrales de la fonction occlusale.
inférieures.
Résultats : noter le surplomb en demi-millimètres. — Rechercher des contacts prématurés du côté
Il est affecté du signe + si les incisives supérieures non travaillant ; utiliser l'expression « faites basculer
sont en avant des inférieures et du signe — en cas votre mâchoire du côté droit ».
d'occlusion antérieure inversée. On le mesure au — Rechercher une protection canine ou une pro-
niveau de l'incisive la plus vestibulée en cas d'asy- tection de groupe.
métrie légère; ou bien au niveau des incisives supé-
rieures droites et gauches en cas d'asymétrie pro- Palpations.
noncée.
— Palpation exobuccale prétraguienne et intraauri-
Conclusion : malocclusion de la classe x d'Anale. culaire —> symétrie du déplacement condylien ou
42 Bilan orthodontique

craquements, crépitements, douleurs. Éventuelle aus- Noter : l'interposition linguale antérieure ou/et
cultation au stéthoscope. latérale : préciser le type de déglutition, arcades
— Palpation endobuccale des ptérygoïdiens. serrées ou non serrées.
Test : tester les réflexes nauséeux (miroir appliqué
En fin d'examen. au niveau du palais mou).
Montrer au patient, à l'aide d'un miroir, les
• Examen de la phonation : noter un zézaiement
différentes anomalies observées, et présenter un
ou un chuintement.
modèle de démonstration, dont l'occlusion est idéale.
• Examen de la ventilation :
Examen de la musculature — noter le diamètre des orifices narinaires et leur
labio-linguale. orientation, la présence de mucosités;
— disposer un miroir au niveau de la cavité buccale
• Examen de la langue. entrouverte, puis des orifices narinaires, pour appré-
cier la répartition du flux ventilatoire:
Au repos : cet examen se fera dans le même temps
— apprécier le volume des amygdales palatines et
que l'examen des arcades séparées en position de
pharyngées (végétations adénoïdes).
repos mandibulaire et en bouche ouverte.
Interrogatoire : rhinites fréquentes, angines, ronfle-
Noter :
ments nocturnes, allergies.
— la situation habituelle de la langue, à l'intérieur
des arcades dentaires, ou interposée en permanence
entre les arcades (fig. 34) ; Examen parodontal.
— son volume;
— l'étalement latéral, sur les faces occlusales des Noter les lésions préexistantes au traitement.
dents inférieures;
— des indentations éventuelles sur les bords laté-
raux. Les conclusions du premier examen :
faut-il traiter ? Quand traiter ?
Mouvements volontaires. — Demander au patient
de faire des mouvements d'élévation, en bouche 1. L'examen du visage et de la denture ne semblent
ouverte : mise en évidence d'un frein de la langue pas justifier un traitement ontiodontique, dans
trop court; des mouvements de latéralité ; mise en l'immédiat. Rassurer la famille et convoquer l'enfant
évidence d'une asymétrie dans la fonction. avant douze ans.
2. L'examen clinique a permis de noter l'existence
• Examen de la musculature labiale : d'anomalies orthodontiques :
— apprécier la tonicité labiale en insérant un / re éventualité : après un exposé des contraintes
index au niveau de chaque commissure et en deman- imposées par un traitement d'orthodontie, Ja moti-
dant au patient de bien vouloir serrer ses lèvres; vation du patient ou de l'entourage est insuffisante
— placer un index au niveau du sillon gingivo- pour envisager de débuter un traitement. Sauf cas
labial inférieur et demander au patient d'essayer très exceptionnels, il n'existe pas d' « urgence » en
de chasser le doigt. orthodontie. Revoir l'enfant avant 12 ans.
2e éventualité : l'âge dentaire du patient ne permet
pas d'entreprendre le traitement immédiatement :
Examen des fonctions. convoquer l'enfant en fonction de l'évolution de
certaines dents permanentes. Visites de contrôle
m La déglutition. — Demander au patient d'ava- tous les trimestres, pour la motivation à l'hygiène.
ler sa salive. A ce stade, certains praticiens demandent une télé-
radiographie de profil, pour juger du mode de
Examen exobuccal : noter une éventuelle contrac- croissance, par comparaison avec un cliché ultérieur.
tion isotonique exagérée des muscles labiaux et de
3e éventualité : un traitement d'orthodontie semble
la houppe du menton, au cours du temps buccal. nécessaire; certains éléments restent à préciser :
Examen endobuccal : écarter légèrement les lèvres, — le praticien prescrit des examens complémen-
soit avec un instrument, soit avec l'index et le pouce, taires pour la constitution d'un dossier orthodontique
au niveau des canines. complet;
Etablissement du dossier orthodontique 43

— il précise en quoi consiste ce dossier (photogra- • La prescription d'examens médicaux ou para-


phies du visage, dossier radiographique, empreintes médicaux. — Consultation O. R. L., consultation
des maxillaires, examens particuliers, etc.) et quelle orthophonique, avis médical (rhumatismes articu-
est son utilité : établissement du bilan orthodontique laires aigus, comitiaux, handicapés mentaux légers),
et élaboration d"un plan de traitement. consultation psychologique, éventuellement.
Ces différents documents doivent parvenir au pra-
ticien avant le deuxième rendez-vous.
Contrôle de la plaque dentaire.
• Le contrôle des documents, après réception.
— Par coloration à la fluorescéine.
— A la fin de l'examen clinique, on n'effectuera pas — Radiographie panoramique : contrôler la qualité
de fluoration à ce stade, sauf cas particulier, pour et la lisibilité du cliché, noter les dents présentes ou
éviter une augmentation de la résistance à l'acide, absentes, le stade de dentition, l'état des dents (caries,
de l'émail (collage des attaches). lésions apicales, etc.), la présence de dents incluses,
d'agénésies et la morphologie des septa.
LA PRESCRIPTION — Radiographies « long cône » : contrôler l'état
DES EXAMENS COMPLEMENTAIRES parodontal, la forme des apex, l'existence d'éven-
tuelles résorptions.
(En vue de la constitution — Téléradiographie : superposition des olives auri-
du dossier orthodontique complet, p. 45). culaires, lisibilité du profil cutané, absence de pro-
glissement constaté:
• Le dossier photographique. — Radiographie de la main : contrôle de la lisibi-
— Prescription de photographies anthropomé- lité des phalanges.
triques du visage, de face et de profil.
— Éventuellement, réalisation par le praticien,
de photographies intrabuccales. LA DEUXIÈME CONSULTATION
ET LA PRISE D'EMPREINTES
• Le dossier radiographique. — La prescription de
radiographies doit tenir compte de ce que l'on recher- 1. Lecture, au fauteuil, de la radiographie pano-
che. 11 est inutile d'irradier l'enfant sans nécessité en ramique : contrôle des caries, des obturations, des
prescrivant de multiples radiographies, ce qui aug- dents incluses ou absentes, des dents surnuméraires,
mente d'autre part le coût des examens. de l'état de formation des germes et de leur position.
Prescription minimum : une radiopanoramique 2. Contrôle de la mobilité de certaines dents tempo-
(v. p. 45) des radiographies rétro-alvéolaires « long raires.
cône », au niveau des incisives supérieures et infé-
rieures, une téléradiographie de profil avec le profil 3. Palpation pour localiser des dents incluses pala-
cutané visible (v. p. 46). tines ou vestibulaires.
Cas particuliers. 4. Prescription, si nécessaire, de radiographies
— Téléradiographie, en bouche ouverte, pour obte- complémentaires :
nir l'image du condyle. Ce cliché est inutile si le film — pour la localisation d'une dent incluse ou
réalisé en occlusion est de bonne qualité. d'une dent surnuméraire, de découverte fortuite :
— En cas d'encombrement dentaire apparent : — pour l'évaluation d'une dent dépulpée, pour
radiographie « long cône » des prémolaires et des la mesure des germes des dents de sagesse.
canines inférieures droites et gauches, ou bien télé- 5. La prise d'empreintes : c'est le premier acte
radiographies à 45° droite et gauche (irradiation plus réellement effectué ' sur l'enfant, en consultation
importante).
orthodontique. Malgré son apparente facilité, il
— En cas de linguoeelusion unilatérale ou d'asy- doit être conduit comme un acte majeur, dans un
métrie apparente de la mandibule : radiographie en climat non agressif, en évitant de provoquer des
incidence axiale. réflexes nauséeux prononcés, ou pire, des vomis-
— En cas de présomption de dents incluses : examens sements.
particuliers (p. 74).
— Au stade prépubertaire et pubertaire : radiogra- a) Instrumentation - matériaux :
phie des mains (fig. 13). — porte-empreintes standards multiperforés. gar-
44 Bilan orthodontique

nis à l'aide de cire « Peripherie » ou porte-empreintes Si la nécessité d'extraire n'est pas évidente, il est
anatomiques type « COE » ; préférable de présenter cette éventualité comme
— alginate à prise rapide. certaine.
Le praticien montrera les différents appareillages
b) Technique opératoire :
prévus, en ne dissimulant pas les inconvénients
— Principe : les empreintes orthodontiques sont qu'ils comportent. Enfin, si possible, le dossier de
réalisées en compression. On cherchera à obtenir les fin de traitement d'un cas similaire sera présenté.
empreintes des sillons gingivo-jugaux, des tubérosités Les différentes séquences du traitement seront
et des trigones. précisées en détail, ainsi que le temps prévu au fauteuil
— Positions du patient et du praticien : et l'aménagement des horaires. Les problèmes d'hono-
. empreinte inférieure : patient et dossier du fau- raires seront éclaircis à ce stade ou dès la première
teuil à 45°, le praticien étant situé de face, assis sur la consultation, selon les habitudes de chacun, de même
chaise d'opérateur ; que les démarches administratives, pour les orga-
. empreinte supérieure : le praticien se place nismes sociaux.
debout, parallèlement au patient, le bras gauche
Le praticien s'efforcera de répondre à toutes les
maintenant sa tête, ce qui permettra de l'incliner au
questions, sans chercher à minimiser les contraintes
maximum vers l'avant, au moment de la prise d'em-
d'un traitement d'orthodontie et en insistant sur
preinte.
l'efficacité des thérapeutiques, si la coopération
c) Prémédication : si l'on a décelé, au cours du est bonne.
premier rendez-vous, une tendance aux réflexes Si l'enfant n'était pas présent à cet entretien, il
nauséeux, prescrire : soit du Primpéran, soit un barbi- est souhaitable de lui montrer, dans une autre séance,
turique léger du type Belladénal (une dragée 1 heure les anomalies qu'il présente et les dispositifs prévus
avant le rendez-vous, ou deux dragées pour un pour les corriger, et de répondre à ses interrogations.
adolescent âgé) ; enfant accompagné. Un personnel auxiliaire bien formé et moins inti-
midant pour l'enfant, peut se charger de cette infor-
6. Prise de cires en relation centrée et en inter-
mation.
cuspidie maximale.
Un compte rendu synthétique écrit peut être
7. Nouveau contrôle de la plaque dentaire. également transmis par courrier ; le double en sera
8. Présentation rapide des principaux dispositifs envoyé au praticien transférant.
envisagés, information générale sur le traitement
d'orthodontie, visualisation d'un programme audio-
visuel, éventuellement. LA RÉALISATION D ' U N DOSSIER
Tous les éléments sont réunis à ce stade pour O R T H O D O N T I Q U E COMPLET
l'élaboration de la synthèse thérapeutique, c'est-à-
dire l'établissement du bilan orthodontique (p. 63) PHOTOGRAPHIES
et du plan de traitement (p. 129).
Orientation : le visage est orienté suivant le plan
de Francfort cutané (v. p. 47).
LA TROISIÈME CONSULTATION :
Photographies de face. — Un cliché pris en position
LE COMPTE RENDU
d'I. C. M. : cette incidence permet de faire apparaître
une asymétrie fonctionnelle (v. p. 89). Pour réaliser
L'exposé du bilan orthodontique et du plan de
un cliché de face, pris au cours du sourire, faire
traitement est effectué au cours de la troisième visite.
prononcer le mot « tchiiise ».
Au cours de cet entretien, sont conviés le père et
la mère, ou le responsable légal du patient. Le patient Photographies de profil. — Un cliché du profil droit
assistera ou non au compte rendu, selon son âge. (profil pur) sur papier noir et blanc mat et fond noir
Jusqu'à 10-11 ans, sa présence n'est pas nécessaire. (fig. 28a).
Le temps prévu pour cette consultation doit être Certains radiologues réalisent une photographie
suffisamment long pour répondre à toutes les ques- sur film radiographique, superposable à la télé-
tions que les parents se posent. radiographie de profil.
Le praticien utilisera le dossier orthodontique
complet pour expliquer, en termes simples, les ano- RADIOGRAPHIES PANORAMIQUES
malies qvr'n a constatées. \\ e x p o r t a et jwstàfteîa
son choix thérapeutique (avec ou sans extraction, La radiographie panoramique constitue un des
précoce ou tardif, en une étape ou deux étapes). éléments essentiels du dossier radiographique. Elle
Etablissement du dossier orthodontique 45

FIG. 28. — a) Photographies orthodontiques du visage.


1, 2, 3 : les trois incidences : face, sourire, profil droit, posture cervicale habituelle, lèvres au repos.
4 : décalage entre R. C. et I. C. M. en intercuspidie maximale : classe 1 molaire et canine : cas simple (en haut). En rela-
tion centrée : classe II molaire et canine, vestibuloclusion exagérée des secteurs latéraux : cas difficile (en bas).
46 Bilan orthodontique

permet, sur un film unique, de donner une vue com- courbe des arcades du patient. Il est donc nécessaire
plète des maxillaires et des dents, et éventuellement de faire un réglage particulier pour les enfants. En
des A. T. M. principe, il faut s'ajuster aux variations de la courbe
La qualité de ce cliché est toutefois inférieure aux pour obtenir une lisibilité suffisante.
qualités du cliché rétro-alvéolaire conventionnel: En raison du principe même de la tomographie,
elle est suffisante pour les besoins de l'examen ortho- une dent incluse, très à distance du plan de coupe,
dontique. L'irradiation qu'elle entraîne est plus peut ne pas apparaître. Un apex présentant une
faible que celle d'un bilan complet effectué avec coudure peut sembler résorbé. Une petite dent
des radiographies dentaires classiques. supplémentaire médiane, au maxillaire, est susceptible
de ne pas être décelée en raison du flou antérieur,
Principes. — La radiographie panoramique est
propre à certains appareils. La qualité des clichés
une tomographie (zonographie), c'est-à-dire un pro-
est particulièrement variable, elle tient au mode
cédé radiologique permettant d'obtenir, sur un film
d'utilisation et à la vitesse du film.
radiographique, une image nette d'une seule tranche
Malgré ses imperfections, la radiographie pano-
de coupe, plus ou moins épaisse, de la structure
ramique représente un examen irremplaçable en
examinée, tout en supprimant les superpositions
orthodontie.
gênantes, cette structure pouvant être plate ou courbe.
Pour les maxillaires, on obtient à partir d'une TÉLÈRADIOGRAPHIES
tranche de section courbe, une image développée
sur la surface plane d'un film radiographique.
• Généralités.
Caractéristiques d'une installation de radiographie
Définition. — La téléradiographie est une technique
panoramique. — Les maxillaires étant des surfaces
radiologique particulière basée sur la standardisation
courbes, les techniques de radiographies panora-
et la reproductibilité des clichés. La tête du sujet est
miques sont adaptées à cette particularité. Selon les
placée à une distance fixe de la source d'émission
appareils, la source d'émission comporte 1, 2 ou
(de 1,50 à 4 m) et selon une orientation déterminée ;
3 centres de rotation, la vitesse de rotation peut
deux clichés pris à un très court intervalle de temps
varier. Le film peut être plat ou courbe. Trois tech-
étant strictement superposables.
niques sont possibles :
1. La source d'émission et le film tournent autour Principes
du patient. 1. L'augmentation de la distance sujet-source
2. Le patient pivote entre la source d'émission et d'émission (fixe) diminue fortement l'agrandissement
le film. des structures latérales, qui devient négligeable
3. La source d'émission est placée dans la cavité (fig. 28/?). Cette distance est une des caractéristiques
buccale du patient et le film est maintenu le long des de l'appareil.
joues (Status X) : il ne s'agit plus d'une tomographie. 2. Une distance constante entre source d'émission
et sujet permet la reproductibilité de clichés succes-
Les appareils disponibles sur le marché
sifs, donc la comparaison de ces clichés standardisés.
— Le Panorex : deux centres de rotation, film 3. Le rayon central passe par le centre des olives
plat, une image floue médiane. auriculaires du céphalostat (fig. 29).
— L'orthopantomogramme : trois centres de rota-
tion, film courbe, lisibilité des A. T. M. secteur
antérieur sans déformations, épaisseur de la tranche • Caractéristiques âe l'installation radiologique.
de coupe inférieure au Panorex. — Une installation radiologique, pour la prise de
— Le Panellipse : axe constamment mobile, cour- téléradiographies, comprend : un générateur, une
bure de l'appareil réglable, film courbe. source d'émission de rayons X et un fixateur d'am-
— Le rotograph : le patient pivote sur lui-même, la poule, un céphalostat avec un porte-cassette.
cassette effectue une rotation en sens inverse. Le générateur : puissance de 90 à 120 KV. Plus
Conclusion. — En fonction de la multiplicité des la distance augmente et plus la puissance doit aug-
appareils, il est important de connaître le modèle menter. Plus la puissance augmente, moins le temps
de pose est long et plus l'irradiation est diminuée.
utilisé pour la prise du cliché, le niveau exact de la
tranche de coupe et son épaisseur. Le tube à rayons X : il est maintenu dans une
La qualité des clichés dépend, en grande partie, position déterminée à l'aide du fixateur d'ampoule.
de la concordance entre la courbe de l'appareil Ce dernier est placé sur un mur ou relié à un support
(qui pour certains est une courbe moyenne) et la scellé au sol.
Etablissement du dossier orthodontique 47

SOURCE A
SOURCE B SUJET

FIG. 28. — b) Vaugmentation de la distance sujet-source d'émission diminue fortement


l'agrandissement des structures latérales.

FIG. 29. Les trois incidences, pour la prise d'une téléradiographie,


avec le sujet dans le céphalostat.
a) Incidence de face (image en norma frontalis).
b) Incidence de profil (image en norma lateralis).
c) Incidence axiale (image en norma axialis).

Le céphalostat (fig. 29) : cet appareil est destiné à rieure du rebord orbitaire externe est repérée par
immobiliser la tête du patient et à Yorienter selon une pointe orbitaire.
les différences incidences. Deux olives auriculaires Ces trois repères permettent d'orienter la tête du
radio-claires sont introduites au fond des canaux sujet suivant le plan de Francfort cutané, déterminé
auditifs externes, en pression douce. La zone infé- par trois points : le point le plus élevé de la surface
48 Bilan orthodontique

supérieure des deux conduits auditifs externes (porion placée en hyperextension, le rayon central est perpen-
céphalométrique) et l'un des rebords sous-orbitaires diculaire au plan de Francfort cutané.
externes. Cette incidence permet d'apprécier la forme crâ-
nienne, dans un plan horizontal, la symétrie de la
La cassette : elle contient le film radiographique,
mandibule et son implantation dans les cavités
des écrans renforçateurs et des procédés particuliers
glénoïdes. Elle peut être utile pour déceler ou confir-
pour la mise en évidence des tissus mous.
mer des anomalies du sens transversal (asymétrie).
Le porte-cassette : il est fixé au céphalostat.
d) Incidence oblique. — La ligne joignant les
Le film : il est habituellement de format 24 x 30, olives auriculaires est orientée selon une angulation
à développement rapide. déterminée par rapport au rayon central.
Incidence à 45° : le plan sagittal médian est angulé
• Les différentes incidences. à 45° par rapport au rayon principal et à la plaque.
Cette incidence permet de visualiser avec une
a) Incidence de profil ou antéro-postériewe, dite précision suffisante les germes des prémolaires et
« image en norma lateralis » (fig. 29/?). — Le sujet canines inférieures, sauf en cas de rotation.
est placé dans le céphalostat, la joue gauche au contact Incidence à 60" : cette incidence permet de mesurer
de la cassette. la largeur M. D. des germes des dents de sagesse
Le rayon central passe par le centre des olives (cas d'extraction de première ou deuxième molaire).
auriculaires — c'est-à-dire au niveau des conduits
auditifs externes — il est perpendiculaire au plan
sagittal médian. C'est l'incidence la plus utilisée en LES MOULAGES
orthodontie. Le film de profil peut être pris selon
les 4 positions mandibulaires suivantes : Les moulages orthodontiques coulés en plâtre
— en intercuspidie maximale (définition p. 14) ; blanc orthodontique doivent être taillés suivant des
— en relation centrée, si le décalage entre I. C. M. critères de présentation déterminés. Ne seront décrits
et R. C. est important ; brièvement dans ce paragraphe, que les critères de
— en position de repos physiologique, pour l'esti- réalisation de la fondation Tweed (Tucson, U. S. A.)
mation de l'espace libre (méthode très aléatoire) ; et du C. E. O. (fig. 30).
— en ouverture buccale maximum : pour la déter-
mination du condyle mandibulaire (difficulté de • Matériel.
superposition avec l'image en I. C. M.). — plâtre blanc orthodontique ;
C'est la position en I. C. M. qui est habituellement — taille-plâtre avec angulatcur (Wehmer) :
la plus utilisée.
Les téléradiographies prises en incidence antéro-
postérieure ou en « norma lateralis » présentent
un grand intérêt pour :
— l'élaboration du diagnostic et du plan de
traitement ;
— le contrôle des effets d'un traitement :
— les travaux de recherche ;
— les prévisions de croissance.
b) Incidence de face ou frontale, dite « image en 7cm
norma frontalis » (fig. 29a). — Le sujet est disposé
face à la cassette, la ligne joignant les deux olives
auriculaires est perpendiculaire au rayon principal.
Le rayon incident passe par le plan sagittal médian.
Intérêt : permet d'apprécier la symétrie des struc-
FIG. 30. — La taille des moulages.
tures et les rapports transversaux des maxillaires.
A : face inférieure du moulage supérieur. B : face infé-
Elle est d'un usage beaucoup moins habituel et sa rieure du moulage inférieur. C : vue antéro-postérieure
lecture est quelquefois difficile. des moulages, en intercuspide maximale.
a) Critères de la Fondation Tweed.
c) Incidence axiale (ou basale), dite « image en b) Critères du Collège européen d'Orthodontie (d'après
norma axialis » (fig. 29c). — La tête du sujet est J.-P. ORTIAL, Orthodontie française, 1974).
Interprétation du dossier orthodontique

— pierre d'Arkansas ; Taille des angles et du secteur antérieur


— papier abrasif à l'eau n° 00 ;
La finition :
— eau savonneuse ;
— moule caoutchouc Rocky Mountain, réf. — obturation des porosités et nettoyage des collets ;
— finition des angles à la pierre d'Arkansas et
• Technique de laboratoire. finition des bases et des bords au papier abrasif à
l'eau :
Taille des moulages : — polissage, après séjour dans l'eau savonneuse
— le plan inférieur du moulage mandibulaire est pendant 24 heures et séchage.
taillé parallèlement au plan d'occlusion des molaires 11 n'est pas nécessaire d'être aussi rigoureux pour
et prémolaires ; des modèles de travail.
— à l'aide d'un crayon monté horizontalement Les seuls critères essentiels sont :
(trusquin) à 72 mm, le plan horizontal du modèle
1. Le parallélisme de la base inférieure du modèle
supérieur est tracé, les deux moulages étant en
inférieur avec le plan d'occlusion ou avec les dents
I. C. M.;
cuspidées inférieures.
— la zone postérieure verticale du modèle supé-
rieur est taillée perpendiculairement au raphé médian. 2. Le parallélisme des bords verticaux postérieurs,
On réalise à ce stade les angulations : ce qui permet de retrouver l'occlusion en intercuspidie
— la base verticale inférieure du modèle inférieur maximale.
est taillée parallèlement à la base verticale du modèle 11 existe des occluseurs en plastique préfabriqués
supérieur, les deux moulages étant en occlusion, ce comportant une charnière postérieure, qui permettent
qui permet, en plaçant les modèles sur la tranche d'éviter cette manipulation tout en assurant une
verticale, de retrouver l'occlusion en I. C. M. présentation standardisée (occluseur de Bordet).

L'INTERPRETATION DU DOSSIER ORTHODONTIQUE

L'EXAMEN DES M O U L A G E S Examen des moulages à l'envers :


— situation du bord libre des incisives inférieures ;
L'examen des moulages permet d'analyser, dans — rapports cuspides-fosses en I. C. M., cuspides
les trois sens de l'espace, les relations d'arcades en primaires supérieures et fosses inférieures.
I. C. M., en dehors de la présence du patient, examen
complété par l'étude de la radiographie panora-
mique. L'EXAMEN
DES PHOTOGRAPHIES
Examen des arcades séparées :
— formule dentaire ;
— forme des arcades : comparaison des formes Ces documents sont très utiles pour l'estimation
d'arcades maxillaire et mandibulaire : esthétique, en l'absence du patient.
— symétrie des arcades : le raphé médian et Estimation qualitative (v. p. 27).
l'emplacement de la suture inter-maxillaire consti- Estimation semi-quantitative : les lignes esthé-
tuent de bons repères, pour le maxillaire ; tiques (p. 58).
— le degré de supraclusion et l'importance de la
courbe d'occlusion : placer la base supérieure sur les L'ANALYSE
dents inférieures les plus antérieures et les plus DES TÉLÉRADIOGRAPHIES
postérieures et vice-versa ; DE PROFIL
— malpositions, ectopies ;
— facettes d'abrasions ;
L'ANATOMIE CÉPHALOMÉTRIQUE
— mesure de la D. D. M. actuelle (v. p. 78).
Examen des arcades en I. C. M. — Relations Définition : reconnaissance sur une téléradiographie
dans les trois sens de l'espace en I. C. M. (v. p. 49). en incidence latérale (ou axiale ou frontale) de l'image
Cette étude précise et complète l'examen cndo-buccal. des structures cutanées, squelettiqucs, dentaires et
50 Bilan orthodontique

muqueuses ; les structures les plus radio-opaques le bord le plus postérieur (branche montante) et le
étant les plus calcifiées. plus supérieur (branche horizontal) (fig. 65 c).
— 3e cas : décalage et absence de croisement :
Technique de tracé : le film est placé sur un négato-
prendre la moyenne des 2 hémi-mandibules. Cette
scope, le profil cutané à droite. Le tracé ou céphalo-
image signe une asymétrie de la mandibule (fig. 74).
gramme est exécuté sur un papier acétate, à l'aide
d'un crayon graphite à mine dure. Il permet de déter- Le tracé des dents :
miner les différents points et plans nécessaires à — les premières molaires : les rapports sagittaux
une analyse céphalométrique. au niveau des premières molaires gauches et le
Principe du tracé : les structures gauches les plus tracé correspondant sont exécutés en comparant
proches du rayon principal sont repérées. l'image radiologique et les moulages placés en
Les structures squelettiques : le tracé de la mandi- I. C. M.;
bule : — les incisives : l'incisive centrale supérieure la
plus vestibulée est tracée aux deux maxillaires. S'il
— 1er cas : les deux hémi-mandibules coïncident :
existe une importante différence d'inclinaison entre
tracé unique.
les deux incisives, la droite et la gauche sont dessinées.
— 2e cas : décalage dans les sens vertical et hori-
zontal avec croisement au niveau de l'angle : prendre Le repérage des structures : (fig. 31).

FIG. 31. — Le repérage des structures osseuses, dentaires, cutanées et muqueuses.


Interprétation du dossier orthodontique 51

Les structures squelettiques : 4. Ligne tangente au bord inférieur de la symphyse


— la base du crâne : le basi-occipital (1), le sphé- mentonnière.
noïde (2), l'ethmoïde (3), le frontal (4) avec ses La face est divisée en deux étages, l'étage moyen et
corticales interne et externe ; l'étage inférieur.
— les sutures : la suture sphéno-occipitale (5), la
suture sphéno-ethmoïdale (6), la suture naso-fron-
tale (7) ; • La face.
— les orbites droite et gauche (8) : rebord inférieur
et latéral ; L'indice de proportion faciale (I. P. F.). — La
— les os propres du nez (9) ; mesure des proportions entre les deux étages de la
— les maxillaires : face peut être effectuée sur une téléradiographie de
. le maxillaire : fente ptérygo-maxillaire (10), profil, grâce aux mesures suivantes (fig. 32) :
voûte palatine (11), palais primaire (12), palais — hauteur totale de la face (H. T. F.) = distance
secondaire (13), sinus maxillaire (14), plancher du Nasion-Na/Menton-Me ;
sinus (15), — hauteur de l'étage moyen (E. M. F.) = distance
. la mandibule : condyle (16), échancrure sig- Nasion-Na, projection orthogonale de l'épine nasale
moïde (17), coroné (18), branche horizontale (19), antérieure sur la ligne Na/Me soit ENA ;
branche montante (20), symphyse mentonnière (21) ; — hauteur de l'étage inférieur (E. I. F.) = distance
— l'écaillé de l'occipital (22) ; entre la, projection orthogonale de l'épine nasale
— les vertèbres cervicales (23) (particulièrement antérieure ENA, et le point Menton-Me.
l'apophyse odontoïde de l'axis) (24) ; En moyenne, la différence de pourcentage entre
— l'os hyoïde (25). E. M. F. et E. I. F. est de 10 % en faveur de l'E. I. F.
La denture : les premières molaires (26), les si toutefois l'inclinaison vers le haut ou vers le bas de
incisives (27). Noter les rapports du sinus maxillaire l'épine nasale antérieure ne vient pas fausser tota-
avec la denture. lement l'interprétation de ces proportions.
Les structures muqueuses : la langue (28), les végé- La longueur de la face. — De nombreuses classi-
tations adénoïdes (29), et les amygdales (30), le fications des types de face ont été proposées. La
pharynx (31), le voile du palais (32). classification proposée (établie aux U. S. A.) n'est
Les structures cutanées : le profil cutané avec le pas idéale ; elle a le mérite de la simplicité et son
nez (34) et les orifices narinaires (35), les lèvres, utilisation semble se répandre dans la littérature
face interne et face externe (33), le cou (36), le men- orthodontique.
ton.
Les trois types de face. - - Cette classification
LA TYPOLOGIE FACIALE
différencie trois types de face : face longue, face
ET MANDIBULAIRE
moyenne, face courte. Elle comporte des sous-
classes, selon les proportions entre hauteurs verticales
maxillaires postérieures et antérieures :
La typologie faciale.
La mesure des proportions faciales antérieure et
L'estimation des proportions faciales et crâniennes postérieure (fig. 32) :
est un des éléments essentiels du bilan orthodontique.
Cette étude peut se faire au cours de l'examen cli- — hauteur faciale postérieure = distance entre
nique, sur les photographies de face et de profil et Gonion-(Go) et le point déterminé par le sommet
sur les téléradiographies de profil. du condyle en projection orthogonale sur la ligne SN
prolongée, soit Go-CS ;
Il est nécessaire d'analyser la longueur et la largeur
de la face. — hauteur du ramus : distance Go -> sommet du
condyle ;
— hauteur dento-alvéolaire postérieure au maxil-
• Le visage. — Pour les besoins de la description, laire OP-PP : distance entre la cuspide mésio-vesti-
le visage est divisé, dans, le sens vertical, en trois bulaire de la première molaire supérieure et la zone
étages. Ces proportions sont déterminées sur des inférieure de la voûte palatine, le long du grand axe de
photos de face, de haut en bas, par quatre lignes la dent ;
horizontales, parallèles à la ligne bipupillaire. — hauteur mandibulaire postérieure OP-MP :
1. Ligne tangente à la racine des cheveux. distance entre la cuspide mésio-vestibulaire de la
2. Ligne tangente au bord supérieur des sourcils. première molaire inférieure et le plan mandibulaire
3. Ligne passant par le point sous-nasal cutané. Go-Me, en projection orthogonale ;
52 Bilan orthodontique

Fie. 32. — La mesure des proportions faciales antérieures et postérieures.

— hauteur alvéolaire antérieure et supérieure : de hauteur verticale est associée à un excès de dévelop-
distance verticale de l'épine nasale antérieure au pement du maxillaire, dans le sens vertical.
bord libre de l'incisive centrale ; Les faces longues comportent deux sous-classes
— hauteur alvéolaire antérieure et inférieure : qui se différencient selon la longueur de la branche
distance du bord libre de l'incisive inférieure au plan montante (ou ramus).
mandibulaire.
a) Face longue avec branche montante longue,
Le type de face longue. — A l'examen clinique, la sans béance antérieure : la face est très fortement
face paraît allongée et étroite, l'étage inférieur de allongée, l'angle-plan mandibulaire/SN est aug-
la face est augmenté, le profil est convexe, le menton menté. Il existe un excès maxillaire vertical (H. V. P.).
semble peu marqué, la largeur faciale au niveau des l'angle entre le plan d'occlusion et le plan palatin
pommettes paraît souvent diminuée. Les orifices est augmenté au niveau des premières molaires,
narinaires ont un diamètre réduit (fig. 33/)). l'étage inférieur de la face est très fortement augmenté,
L'examen des arcades montre souvent une voûte il existe un sourire gingival, les lèvres sont de lon-
palatine haute, des relations de classe II fréquentes gueur normale, l'inocclusion labiale est très fréquente.
et. au niveau alvéolaire antérieur, une béance ou b) Face longue avec branche montante courte ou
une supraclusion. normale, avec béance antérieure : l'angle-plan mandi-
L'examen des téléradiographies montre que la bulaire/SN est très fortement augmenté. La branche
hauteur totale de la face est augmentée et spéciale- horizontale est fortement inclinée vers le haut et
ment l'étage inférieur de la face. L'augmentation vers l'avant, la forme mandibulaire est de type
Interprétation du dossier orthodontique 53

rotation postérieure + + +. l'étage inférieur de la La largeur de la face. — La largeur de la face,


face est légèrement augmenté, l'angle entre le plan mesurée au niveau des pommettes, est, le plus
d'occlusion et le plan palatin est sensiblement souvent, liée à sa hauteur. On différencie des faces
normal. Il existe fréquemment une béance antérieure. larges (euryprosope), des faces étroites (leptopro-
Le type de face courte. — A l'examen clinique, la sope) et des faces moyennes (mésoprosope).
face est plutôt courte et large, les pommettes sail-
lantes la symphyse quelquefois prononcée, le profil
est souvent concave. Ce type de face comporte, la La typologie mandibulaire
plupart du temps, une réduction de hauteur de
l'étage inférieur de la face (fig. 33b). Les faces courtes Elle permet de préciser les différentes formes
comportent deux sous-classes : mandibulaires et de prévoir le mode de croissance
à ce niveau.
— Pc sous-classe : la hauteur de la branche mon-
Bjôrk différencie trois types de direction de crois-
tante est augmentée, l'angle S N/plan mandibulaire
sance mandibulaire, selon les formes mandibulaires
est fortement diminué, la hauteur maxillaire posté-
observables sur téléradiographie de profil :
rieure est légèrement réduite, l'étage inférieur de
la face est légèrement diminué ; — un type de rotation mandibulaire antérieure,
— 2e sous-classe : la hauteur de la branche mon- la direction de croissance étant plutôt horizontale ;
tante est diminuée, l'angle S N/plan mandibulaire — un type de rotation mandibulaire moyen (rota-
est légèrement réduit, la hauteur maxillaire posté- tion antérieure moyenne) ;
rieure est fortement réduite. — un type de rotation postérieure, la direction de
Par ailleurs, l'étage inférieur de la face est fortement croissance étant plutôt dirigée verticalement.
diminué. L'estimation des différentes formes mandibulaires
Dans cette sous-classe, le problème se situe au est étroitement complémentaire des notions de face
niveau du maxillaire postérieur. longue et de face courte, mais la corrélation face
Le type de face moyenne. — Il est plus éloigné des longue — rotation postérieur — et face courte
caractéristiques du type de face longue. — rotation antérieure — n'est pas toujours évidente.

a b
FIG. 33.
a) Un type harmonieux de face courte.
b) Un type harmonieux de face longue.
54 Bilan orthodontique

FiG. 34. — a) Un type de rotation mandibulaire antérieure caractéristique (adulte).

Tableau comparatif Signes de rotation antérieure Signes de rotation postérieure


(fig. 34 a) (fig. 34 /))

f orientation du condyle Plutôt dirige verticalement Plutôt dirigé en arrière


Au niveau du condyle <
(_ col du condyle Épais Fin

Branche montante — longueur Longue et large Étroite et courte

Bord inférieur de la branche horizontale :


— forme Courbure anté-goniaque légère Forte courbure anté-goniaque
ou absence de courbure (man-
dibule en forme de rocking-
chair)

( orientation Grand axe dirigé vers l'arrière Grand axe dirigé vers l'avant
Symphyse mentonnière <
(^ forme Épaisse et en « bulbe d'oignon » Fine et « en goutte d'eau »

Inclinaison des incisives inférieures :


par rapport à l'axe de la symphyse Axe fortement divergent (vesti- Axe incisif sensiblement dans
bulo-versée) Taxe de la symphyse

Hauteur de l'étage inférieur de la face Plutôt diminuée Plutôt augmentée


Interprétation du dossier orthodontique 55

FIG. 34. b) Un type de rotation inandibulaire postérieure caractéristique.

Tableau comparatif (p. 54). Toutefois, chez un sujet présentant une mandibule
dont la morphologie est de type « rotation posté-
Tableau comparatif des deux types extrêmes de
rieure » (ou antérieure), on pourra, pendant un temps
forme inandibulaire induits par une direction de
transitoire, constater une croissance dans le sens
croissance à rotation postérieure ou antérieure.
d'une rotation antérieure (et vice-versa), soit au
Faut-il privilégier certains signes ? cours de la croissance, soit en fonction des modifi-
Les éléments suivants semblent constituer les cations provoquées par le traitement.
signes les plus déterminants :
— orientation et forme du condyle ; L'énoncé du type facial et du type de croissance
— longueur et forme de la branche montante, mandibulaire est un élément essentiel du bilan
proportion par rapport à la branche horizontale : orthodontique. Ces notions permettent de classer
— forme du bord inférieur de la mandibule : un individu dans une catégorie, après avoir défini
— implantation des incisives inférieures dans la les relations d'arcades antéro-postérieures — c'est-
symphyse et volume symphysaire. à-dire la classe d'Angle — qu'il présente (v. p. 35).

BASSIGNY
56 Bilan orthodontique

différentes structures du massif craniofacial d'un


LES ANALYSES CEPHALOMETRIQUES individu sont comparées les unes aux autres et situées
dans le cadre d'une typologie faciale et mandibu-
laire (analyse de Delaire).
Définition.
Technique d'interprétation d'un céphalogramme,
Les points.
destinée à servir de guide pour l'élaboration du
diagnostic et du plan de traitement. Elles servent à
préciser les relations des structures osseuses, les A partir des structures précédemment reconnues
relations dento-alvéolaires et dento-dentaires, dans (v. p. 50), il est possible de repérer différents points.
le sens antéro-postérieure essentiellement. Ils permettront la détermination des lignes et des
On différencie deux types d'analyse céphalo- plans nécessaires aux différentes analyses céphalo-
métrique : métriques.
On différencie des points osseux et des points
— les analyses dimensionnelles basées sur des
cutanés ; des points médians (m) et des points laté-
données statistiques ;
raux (1) (droit et gauche) ; des points osseux (o) et
— les analyses typologiques (ou structurales).
des points construits (c). La lettre « o ». indique un
Analyses basées sur des comparaisons avec des point osseux, repérable sur crâne sec.
standards. — Principe des analyses dimensionnelles :
les mesures linéaires et angulaires d'un individu
• Les points osseux (fig. 35a)
sont comparées à des moyennes obtenues à partir
d'un échantillon standard sélectionné (v. p. 5). Base du crâne :
représentant des individus dont le visage est harmo-
— Basion, Ba (m, o) : point le plus inférieur et '.-:
nieux et l'occlusion idéale ; ou bien, l'échantillon
plus antérieur du trou occipital (foramen magnum
est représenté par un nombre beaucoup plus impor-
En cas de difficulté de repérage, ce point peut être
tant d'individus tirés au hasard (v. p. 3).
situé approximativement à l'aplomb de l'apophyse
Analyses typologiques. — Les proportions des odontoïde de l'axis (fig. 31, n" 24).

PtAN MANDIBULAIRE
DE DOWNS

FIG. 35. — a) Les points, les plans et les lignes.


Interprétation du dossier orthodontique 57

— Sellion, S (m, c) : centre de l'image de la selle — Gnathion : point construit à l'intersection de la


turcique, déterminé par inspection, sans tenir compte bissectrice de l'angle formé par le plan facial (Na-Pog)
des apophyses clinoïdes. et le plan mandibulaire de Downs (v. p. 56) avec
— Nasion, Na (m, o) : point le plus antérieur de la symphyse.
la suture naso-frontale. Si la suture est encore ouverte, — Point B (m, o) : point le plus postérieur de la
prendre le point le plus supérieur, au niveau du concavité formée par la corticale alvéolaire externe,
frontal. au niveau incisif. Il se situe, en moyenne, au niveau
— Opisthion, Op (m, o) (pour mémoire) : point de l'apex de l'incisive inférieure.
le plus postérieur du trou occipital — difficile à
repérer. • Les points cutanés (fig. 35c/) :

Points déterminant le plan de Francfort : — Point sous-nasal (m) : point de jonction entre
la lèvre et le nez.
— Orbital, Or (1, o) : également appelé point
— Sillon labial supérieur (m) : point le plus
sous-orbitaire. C'est le point le plus inférieur de
postérieur de la lèvre supérieure (au milieu de la
l'image du rebord orbitaire. S'il existe deux images
ligne unissant le point sous-nasal et le point le plus
visibles des orbites droite et gauche, ce point est
antérieur de la lèvre supérieure).
déterminé à égale distance des deux rebords infé-
— Sillon labial inférieur (m) : point le plus posté-
rieurs droit et gauche.
rieur de la concavité, situé entre lèvre inférieure et
— Porion céphalométrique, Po (1, c) : sommet symphyse.
de l'olive auriculaire, c'est-à-dire 4 mm au-dessus
- Stomion. Sto (m) : point à la jonction des lèvres
du centre de l'olive.
supérieures et inférieures ou point le plus inférieur
— Porion osseux : point correspondant au point de la lèvre supérieure, en cas d'inocclusion labiale.
le plus supérieur du canal auditif externe (C. A. E.) (36)
(v. fig. 31) qui se confond rarement avec l'image des N. B. : importance de ce point pour la situation
olives. des bords libres des incisives supérieures par rapport
aux lèvres, dans le cadre de l'estimation esthétique.
Au niveau du maxillaire supérieur :
— Pogonion cutané (m) : point le plus antérieur
— Épine nasale antérieure, E. N. A. (m, o) : de la symphyse cutanée. Importance de ce point
point le plus antérieur de l'épine nasale antérieure, à dans l'estimation de la convexité cutanée.
l'extrémité du palais secondaire. — Nasion cutané (m) : point le plus postérieur
N. B. : c'est un point parfois difficile à repérer de l'ensellure nasale, en regard du Nasion osseux
car il est souvent masqué par les muscles releveurs des (idem).
lèvres. Dans cette éventualité, il est possible, en
première approximation, de le situer très près de Les lignes et les plans.
l'aile du nez.
— Épine nasale postérieure, E. N. P. (m, o) : point Ils sont déterminés par les points précédemment
le plus postérieur de l'épine nasale postérieure, à décrits et parallèles au plan sagittal médian.
l'extrémité du palais secondaire.
— Point A : point le plus postérieur de la concavité • Définitions.
formée par la corticale alvéolaire externe, au niveau — plan d'orientation : la tête du sujet est orientée
incisif. dans le céphalostat selon ce plan :
Au niveau de la mandibule : — plan de référence : plan choisi comme origine
des mesures linéaires ou angulaires ;
— Articulaire. Ar (c. m) : point construit à l'inter-
section de la face exocrânienne du basi-occipital Remarque : un plan d'orientation peut être égale-
et du bord postérieur du condyle mandibulaire. ment un plan de référence (plan de Francfort).
— Gonion, Go (c, 1) : point construit, à l'inter- — plan de superposition : plan utilisé pour appré-
section de la bissectrice de l'angle formé par le bord cier les modifications dues à la croissance et au
postérieur de la branche montante et le plan mandi- traitement (v. p. 62).
bulaire, avec l'angle mandibulaire.
— Menton, Me (m, o) : point le plus inférieur de la • Les différents plans et lignes (fig. 35a)
corticale symphysaire.
— Pogonion, Po (m, o) : point le plus antérieur a) Plan d'orientation :
de la corticale symphysaire antérieure. Il est déter- — plan sagittal médian ;
miné par balayage, à partir du point Nasion. — plan de Francfort céphalométrique, Po-Or. Ce
58 Bilan orthodontique

plan est également utilisé par certains auteurs . A N B : différence arithmétique entre S N B
comme plan de référence (Tweed, Downs) ; et S N A. Cette mesure est affectée du signe négatif
— plan de Francfort anthropologique : Porion quand A est en avant de B (Riedel). A N B signe le
osseux-Or (Ricketts) (fig. 37). décalage des bases maxillaires.
b) Lignes ou plans de référence : S N/Francfort — Type de croissance :
céphalométrique-Francfort anthropologique. . Angle de l'axe Y : 60° ± 6 : angle inféro-anté-
c) Autres plans : rieur de la ligne S-Gn par rapport au plan de Franc-
— plan facial : Na-Pog ; fort. Il exprime la direction générale de la croissance.
— axe Y (S-Gn) : donne la direction générale de la . Angle F M A : 25° : angle déterminé par le
croissance ; plan de Francfort et le plan mandibulaire de Downs
— plan mandibulaire de Downs, déterminé par (Tweed).
le point Menton et une tangente à la convexité . Angle de divergence des maxillaires : angle
antérieure au Gonion ; formé par le plan mandibulaire et le plan bispinal.
— plan bispinal (ENA-ENP) : correspond à la Moyenne : 20 à 30° ; cas hyperdivergents : + 30" ;
surface nasale du palais osseux ; cas hypodivergents : — de 20°. Cette mesure peut
— plan dentaire A-Pog ; il tient compte de la être comparée avec la précédente.
position relative des deux maxillaires.
Analyse de la denture :
Axes incisifs supérieur et inférieur, correspondant
a) Angle inter-incisif : angle des axes incisifs
au grand axe des incisives centrales. On utilise, en
supérieurs et inférieurs (125 à 130°).
général, la dent la plus vestibulée.
Il peut être utile de noter au niveau des incisives b) Position des incisives inférieures par rapport
supérieures, l'angle couronne-racine (v. p. 68) ; au plan dentaire A-Pog (Ricketts) :
— plan d'occlusion de Ricketts : déterminé par — mesure linéaire : distance du bord libre de
le plan de recouvrement des cuspides vestibulaires l'incisive inférieure, en projection orthogonale, à
des molaires et prémolaires, sans tenir compte des la ligne A-Pog. Cette mesure est affectée du signe +
rapports incisifs. Il permet de préciser où se situe si le bord libre est en avant de A-Pog, et du signe —
la supraclusion (ou l'infraclusion) au niveau incisif; s'il est en arrière. M = 0,5 mm.
— ligne Na-Ba (plan de superposition). — mesure angulaire : angle formé par le grand
axe de l'incisive inférieure et la ligne A-Pog : complète
l'information précédente. En moyenne, l'incisive
Quelques mesures et leur signification. se situe à + 1 mm et 22° par rapport à A-Pog (D. S.
- 1, + 3).
Une vingtaine de mesures sont vraiment d'un Un échantillon clinique sélectionné par Ricketts
usage courant et universel. donne des écarts de 0 à 4 mm pour 70 % des cas
>vec une D. S. de + 2 (v. p. 4) :
Analyse du squelette (v. fig. 35a).
c) par rapport au plan d'occlusion de Ricketts :
— Angle facial : angle formé par la ligne Na-Pog 70 à 75°, pour l'incisive inférieure, soit 60° pour
et le plan de Francfort. Cet angle précise la position l'incisive supérieure.
relative de la mandibule et donne une indication
sur le degré de pro ou de rétrusion mandibulaire. Analyse esthétique :
Moyenne : 88° D. S. + 3,5 (par rapport au plan de — ligne esthétique de Steiner (fig. 35/;) ;
Francfort céphalométrique). — ligne esthétique de Ricketts (p. 60).
— Convexité squetêttique : mesure de l'angle formé
par le plan dentaire A-Pogonion et la ligne Na-
point A, les cas moyens se situant entre 0 et 2°. Un L'analyse de Tweed (fig. 36)
profil facial convexe est affecté du signe +, et concave,
du signe —. Elle est utilisée par les tenants de la méthode
Edgewise, avec des compléments par rapport à la
— Mesure du décalage des bases osseuses : méthode originale.
. Angle "S~N~A et S~~N~B : "S~N~Â augmente légè-
rement avec l'âge, surtout chez les garçons, l'augmen- Plans et lignes utilisés :
tation de SNA et SNB est concomitante. Ces deux — plan de Francfort céphalométrique ;
angles mesurent la position relative des maxillaires — plan mandibulaire de Downs ;
par rapport à la base du crâne. — lignes SNa, Na A, Na B ;
Interprétation du dossier orthodontique 59

FlG. 35 b.
Ligne esthétique de Steiner (milieu de la base du nez-Pog
cutané) : en moyenne, les lèvres affleurent la ligne.
Plan facial cutané (Na cutané-Pog cutané) : en
moyenne, la face vestibulaire de l'incisive supérieure est
parallèle à ce plan (a ± 3°).
Nasion vertical, perpendiculaire au plan de Francfort
(en moyenne, distance Pog - Na vertical = -6 à
— 8 mm).
Le point A est sur la ligne :
— si Pog-Na vertical > 8 mm -» rétrognathie infé-
rieure ;
— si le point A est en avant de Na vertical -• progna-
thie supérieure.

LIGNE — axe de l'incisive inférieure prolongé j u s q u ' a u


ESTHETIQUE
plan de Francfort et au plan mandibulaire de Downs ;
DE STEINER
— plan d'occlusion de D o w n s : point médian
entre les deux bords libres incisifs supérieurs et
inférieurs et l'intercuspidation molaire.

Les angles :
— Angle F M A, intersection du plan mandibu-
laire et du plan de Francfort :
FlG. 35 b. — Angle  J B (ir^B-STTÀ) :

FIG. 36. — Tracé des points, plans et lignes pour l'analyse de Tweed.
60 Bilan orthodontique

— Angle Z : permet d'apprécier le profil cutané : — si F M A < que 22e. I M P A est inférieur
ligne tangente au Pog cutané et à la lèvre la plus à 92°.
antérieure ; c) La correction céphalométrique: l'orientation
— Angle F M I A: intersection de l'axe de l'inci- de l'incisive inférieure en fin de traitement est décidée
sive inférieure et du plan de Francfort ; en fonction des données précédentes. La différence
— Angle I M P A : angle formé par l'incisive entre l'angulation initiale et l'angulation finale consti-
inférieure et le plan mandibulaire. tue la correction céphalométrique Pour obtenir cette
correction, l'axe ideal déterminé par la formule
Le triangle de Tweed :
de Tweed est tracé sur le céphalogramme, à partir
a) La détermination du type de croissance : Tweed de l'apex de l'incisive inférieure. Le nouvel angle
analyse le type de croissance, à partir de de l'incisive inférieure, par rapport au plan mandi-
l'angle F M A : bulaire. est reporté : on divise ce nombre par 2,5.
— entre 16 et 28° la croissance est dirigée en bas pour obtenir l'équivalent en mm. On multiplie par 2,
et en avant, type normal ; cette mesure étant valable pour une hémi-arcade.
— entre 28 et 35" la croissance est dirigée plus Ajouter la valeur obtenue au calcul de la D. D. M.
verticalement ; en la multipliant par - 2.
— au-dessus de 35° la croissance est très verticale,
le pronostic est défavorable. N. B. : La corrélation entre l'axe de l'incisive
inférieure et la base osseuse semble très contestable
b) La position de l'incisive inférieure : Tweed et en contradiction avec les données de la physio-
propose de situer la position de l'incisive inférieure logie.
en fin de traitement, en fonction de ces mesures :
— si F M A est compris entre 22 et 28°, F M I A L'analyse statique de Ricketts (fig. 37).
doit être égal à 68° ;
— si F M A > que 28°, F M I A doit être égal Elle ne constitue que le premier élément d'une
à 65°: analyse prévisionnelle des modifications provoquées

PLAN DE FRANCFORT
ANTHROPOLOGIQUE

Fie. 37. — Tracé des points, plans et lignes pour l'analyse de Ricketts.
Interprétation du dossier orthodontique 61

par la croissance et le traitement. Elle utilise des


points et des plans spécifiques : La validité
des analyses céphalométriques.
à) Les points :
— P. T. : point situé à l'intersection du point
Historiquement l'apport de la céphalométrie a
le plus supérieur et du point le plus postérieur de la
fait considérablement progresser l'orthodontie, tant
fente ptérygo-maxillaire.
au niveau de la recherche que des objectifs théra-
— P. m. : point situé au niveau de la corticale peutiques. La sécurité apparente donnée par ces
externe symphysaire là où la convexité devient une mesures chiffrées ne doit pas masquer les limites
concavité, ou bien situé à égale distance entre le et les insuffisances de ce procédé d'évaluation. Les
point B et le point Pogonion, si la corticale est critiques que l'on peut en faire sont de plusieurs
plate. ordre :
— C.C. : intersection du plan Ba-Na avec l'axe
facial PT-Gn. a) Critiques liées au procédé radiologique et à
b) Les plans : l'évaluation des mesures. — Il s'agit tout d'abord
d'une image en 2 dimensions, les analyses tridimen-
— D. C. : projection du centre du condyle sur la
sionnelles étant d'un usage trop complexe pour la
ligne Ba-Na.
pratique quotidienne.
— Xi : centre de la branche montante déterminé
Certains points, certaines structures sont parfois
par une construction géométrique correspondant
très difficiles à préci