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Méthodes non-dynamiques
Bruno Tassin
11 décembre 2005
1 Introduction
Depuis la révolution industrielle et le développement urbain, l’ingénieur s’est heurté à la définition
de méthodes de dimensionnement de canalisations visant à évacuer les débits engendrés par les zones
imperméabilisées lors d’évènements pluvieux.
Les origines des difficultés sont liées au caractère aléatoire du phénomène naturel engendrant les débits
(la pluie) ; au problème de la représentation spatiale de la surface sur laquelle elle coule (le bassin ver-
sant), qui est par nature bidimensionnel, et hétérogène ; à la liaison entre le ruissellement bidimensionnel et
l’écoulement unidimensionnel.
Ainsi, la méthode scientifique basée sur la résolution des équations de la mécanique des fluides dans les
différents éléments constituant le système étudié ne pouvait être appliquée, et d’autres méthodes permettant
une représentation macroscopique du bassin versant ont dû être mises en oeuvre.
Avant l’émergence des moyens de calculs puissants que constituent les ordinateurs, des méthodes
simples et robustes devaient être utilisées pour concevoir les réseaux d’assainissement. Ce sont ces mé-
thodes que nous allons présenter dans ce chapitre.
La méthode rationnelle a vu le jour aux Etats-Unis, à la fin du 19e siècle. La méthode de Caquot, du
nom d’un ingénieur du corps des Ponts et Chaussées a été développé sur la base de la méthode rationnelle,
pour la France, tout d’abord durant les années 40 puis modifiée en 1977. C’est une méthode qui est encore
aujourd’hui extrêmement utilisée.
Toutefois la complexité croissante des systèmes d’évacuation des eaux pluviales - présence de systèmes
de stockages, maillage, bassins versant homogènes - font que «la méthode peut encore rendre des services
dans certains cas, mais son domaine d’application doit être très fortement résuit par rapprot aux pratiques
précédentes» (CERTU, 2003)
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l’intensité de la pluie en différents endroits. Toutefois, une certaine durée est nécessaire pour
qu’une baisse de l’intensité de la pluie se traduise par une baisse des débits à l’exutoire. Il y
a donc une relation entre ces débits et ces pluies, mais aussi avec l’étendue du bassin versant
drainé et le temps nécessaire aux crues pour apparaître et se maintenir. Ainsi, les niveaux de
pluie pris en compte dans le dimensionnement des émissaires principaux doivent correspondre
au temps nécessité pour la concentration de l’ensemble des eaux de ruissellement du bassin
versant.»
La notion sous-jacente à ces observations est celle du temps de concentration tc : temps nécessaire à
l’eau pour pour atteindre l’exutoire depuis le point hydrauliquement le plus éloigné de celui-ci.
Si l’on considère une averse de durée supérieure à tc , si l’on considère un coefficient de ruissellement
constant et propriété intrinsèque du bassin versant alors, le débit de pointe à l’exutoire s’écrit :
Q = CiA (1)
avec
Q débit maximal à l’exutoire
C Coefficient de ruissellement (sans unité)
i intensité moyenne maximale sur la durée tc
pour une période de retour donnée
A superficie du bassin versant
Cette méthode est basée sur une estimation du temps de concentration qui s’avère être une opération très
délicate et laborieuse. Il importe par ailleurs de faire attention aux différentes unités utilisées dans l’appli-
cation de cette formule. Des facteurs multiplicatifs peuvent être introduits pour des raisons d’homogénéité.
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C = 0.14 + 0.64Cimp + 5I (6)
avec
Cimp coefficient d’imperméabilisation = Aimp /A
I pente moyenne le long de la conduite principale (cm/m ou %)
Aimp surface imperméabilisée effectivement reliée au réseau d’assainissement
Dans le cas de la méthode rationnelle, des valeurs des coefficients de ruissellement sont rassemblées
dans le tableau 1 :
TAB . 1 – Différentes valeurs du coefficient C pour des périodes de retour comprises entre 5 et 10 ans d’après,
d’après la CG 1333 (1949) (de l’urbanisme, 1989)
C = Cimp (7)
tc = ts + tr (8)
ts est déterminé par des méthodes empiriques. La formule de Terstriep (1969) 9 est un exemple de
formulation obtenue :
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K coefficient de Strickler
Rh Rayon hydraulique de la canalisation
I pente ( m/m)
La combinaison de ces deux formulations permet de déterminer tc . Une méthode par itération est néces-
saire compte tenu de la nécessité de recalculer i pour chaque nouvelle évaluation de tc .
V = V1 +V2 (12)
0 0
V1 = fac Qt p = fac βQ pt p (13)
avec
V1 volume écoulé m3
Q Débit moyen écoulé m3 /s
tp temps écoulé entre le début et le débit de pointe de l’averse min
β paramètre sans unité
Qp débit de pointe m3 /s
0
fac facteur multiplicatif lié aux unités 60
00
V2 = fac δQ ptc (14)
avec
V2 volume écoulé m3
tc temps de concentration du bassin versant étudié (min)
δ paramètre sans unité
Q p débit de pointe m3 /s
00
fac facteur multiplicatif lié aux unités 60
Dans les cas les plus fréquents t p > tc . En remplaçant t p par tc dans l’équation 13, on majore Q p , et donc
on prend un certain coefficient de sécurité.
En remplaçant dans l’équation 12 V , V1 et V2 par leurs expressions, on aboutit la formule de Caquot :
1 α H
Qp = C A (15)
6 β + δ tc
avec
H
= (itc ) = atcb (16)
tc
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Caquot propose de lever la difficulté de l’estimation du temps de concentration en utilisant la formula-
tion empirique :
tc = µ(E)I c Ad Q pf (17)
√
E = L/ A (18)
où E représente le coefficient de forme du bassin (allongement) définit par l’équation 18 avec L plus
long chemin hydraulique sur le bassin versant (Attention E est sans unité, ce qui implique que si L est
exprimé en m, alors A doit être exprimé en m2 ) et
α = A−ε (19)
Les paramètres
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paramètres concernant le bassin versant
µ(E), c, d, f l’ensemble de ces paramètres intervient dans la définition du temps de concentration tc (voir
équation 17). L’application de la méthode de Caquot représente l’équation 17 de la manière suivante :
soit
µ(E) = 0.28E 0.84
c = −0.41
d = 0.51
f = −0.29
A superficie (ha)
tc temps de concentration (min)
avec E coefficient de forme sans unité Ces formulations ne sont valables que si elles sont
I pente du bassin m/m
Q p débit de pointe m3 /s
appliquées sur des bassins homogènes, à la fois aux plans topographique, d’occupation du sol, des
caractéristiques du réseau utilisé.
Application de la formule de Caquot Pour l’application de l’équation 20, des tableaux reprennent les
valeurs des exposants à utiliser, en fonction de la période de retour désirée et de la région pluviométrique.
Dans ces tableaux, l’allongement du bassin versant n’apparaît plus. En effet les paramètres ont été
calculés pour un allongement E = 2.
Un tel tableau est reproduit dans la tableau 2
TAB . 2 – Application de la formule de Caquot selon les trois régions pluviométriques françaises
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REGION I
REGION II
REGION III
Ces formulations numériques ont été établies pour des bassins versants dont l’allongement vaut 2. Dans
le cas où l’allongement du bassin est différent, il y a lieu de corriger la valeur du débit calculé à l’aide du
tableau 2 par un facteur multiplicatif :
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BASSIN 1
BASSIN 2
BASSIN 3
BASSIN 4
BASSIN 5
3. définir par tronçon le point caractéristique. Le point caractéristique est celui qui va caractériser le
tronçon de canalisation en terme de dimension. On considérera que s’écoulera dans l’ensemble du
tronçon le débit calculé sur la base de la superficie du bassin versant déterminé au point caractéris-
tique. Ainsi, si le point caractéristique est situé à l’amont du tronçon, alors le bassin versant sera petit,
le débit correspondant réduit, et le diamètre du tronçon étudié faible. La partie basse du tronçon sera
donc sous-dimensionnée. Au contraire, si le pont caractéristique est à l’aval du tronçon, alors le bas-
sin versant pris en compte sera plus important et le diamètre retenu pour la canalisation globalement
surdimensionné. Pour positionner le point caractéristique, et sachant que le niveau d’eau dans la ca-
nalisation sera régi par les pertes de charges, on choisit le point tel que les pertes de charges dues au
surplus de débit rentrant dans le tronçon au point caractéristique (entrée ponctuelle) soient égales aux
pertes de charges que l’on aurait en faisant rentrer continuement le surplus de débit, tout au long du
tronçon considéré. Le calculs d’hydraulique à surface libre indiquent que ce point est situé au 5/9 de
l’amont du tronçon. Dans la pratique, on placera le point caractéristique au milieu de la canalisation,
sauf pour les tronçons situés à l’amont du bassin versant, pour lesquels le point caractéristique est
situé à 55% de l’amont du tronçon.
4. rechercher les bassins versants associés à chaque point caractéristique
5. définir les assemblages. Des bassins seront dits en série, lorsque l’exutoire d’un des bassins constitue
l’entrée de l’autre. Les bassins seront dits en parallèle lorsque leurs exutoires convergent vers le même
bassin versant. Ainsi, sur la figure 2 :
– les bassins 1 et 3 sont en série et donnent B13
– les bassins 2 et 4 sont en série et donnent B24
– les bassins B13 et B24 sont en parallèle et donnent B13//24
– le bassin B13//24 est en série avec le bassin 5
6. calculer pour chacun des bassin assemblé le débit de pointe par la formule de Caquot, en tenant
compte des assemblages. Les formules d’assemblages sont rassemblées dans le tableau 3. A j ,C j , I j , L j
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Aeq Ceq Ieq Eeq
2
∑C j A j ∑Lj
Série ∑Aj Lj
√∑ L j
∑Aj
∑√ ∑Aj
Ij
∑C j A j ∑ I j Qp j L(Q p jMAX )
Parallèle ∑Aj √
∑Aj ∑ Qp j ∑Aj
sont les paramètres individuels des sous bassins, Aeq ,Ceq , Ieq , Leq représentent les paramètres équiva-
lents, L(Q p jMAX ) correspond à la longueur du sous bassin ayant le plus fort débit de pointe individuel.
Il importe de faire attention aux unités employées. les valeurs numériques produites par l’instruction
technique sont valables pour
– A exprimé en ha
– I exprimé en m/m
– C et E sont sans unité. E doit donc être calculé avec L et A exprimés dans des unités comparables.
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Références
CERTU (2003). La ville et son assainissement. Technical report, Centre d’étude et de recherche sur les
techniques urbaines.
de l’urbanisme, Service Technique (1989). Mémento d’Hydrologie Urbains. Documentation française.
Kuichling, E. (1889). The relation between the rainfall and the discharge of sewers in populous districts.
Transaction of the american society of Civil enginners, 20, 37–40.
Mulvany, T.J. (1850). On the use of self-registering rain and flood gauges. Proceedings of the institution of
civil engineers, 4(2), 1–8.
Singh, V.P. (1988). Hydrologic systems : Rainfall-Runoff modeling, volume 1. Prentice Hall.
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