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Déjouez les pièges des "covenants"


bancaires
Les contrats de prêts bancaires contiennent souvent des clauses
appelées covenants, qui si elles ne sont pas respectées peuvent
entraîner le remboursement anticipé de l'emprunt. De quoi s'agit-il ?
Votre entreprise est-elle concernée ? Explications et conseils.
Nathalie Mourlot | LEntreprise.com | Mis en ligne le 23/12/2009

Un chef d'entreprise qui obtient le crédit qu'il a


demandé est généralement tellement heureux Quelques covenants financiers à la mode
d'avoir eu gain de cause - a fortiori s'il a
réussi à négocier des conditions Les contrats de prêts bancaires incluent
intéressantes - qu'il ne se préoccupe pas de souvent un ou plusieurs des ratios
lire dans les détails le contrat qu'il signe. Mais ci-dessous. Selon les cas, la valeur du ratio
attention ! Il est de plus en plus fréquent que
les contrats de prêt standards des banques doit être supérieure à un certain plancher ou
contiennent des clauses qui peuvent sembler inférieure à un certain plafond, précisé dans
inoffensives à première vue, mais qui sont le contrat.
susceptibles de se transformer en bombes à
- Ratio "dette financière nette (1) / fonds
retardement.
propres"
Ces clauses sont désignées par le terme - Ratio "dette financière nette (1) / excédent
anglais de "covenants". Compte tenu de brut d'exploitation (2)"
l'importance que revêtent aujourd'hui les
covenants dans la vie des entreprises, tout
- Ratio "frais financiers (3) / excédent brut
dirigeant doit connaître les risques encourus d'exploitation (2)"
par sa société si celle-ci est soumise à des - Ratio de couverture des frais financiers :
clauses de ce type. Avec deux objectifs : sur "résultat d'exploitation / frais financiers (3)"
un plan défensif, faire face aux menaces
relatives aux covenants présents dans les - Ratio de couverture du service de la dette :
contrats de prêt en cours ; et de manière "cash-flow net (4) / frais financiers (3)".
préventive, limiter les dangers lors des futures - Ratio de levier : "dette financière nette (1) /
négociations de crédits. Tout ce que vous
résultat d'exploitation"
devez savoir, grâce à l'expertise de Sophie
Moreau-Garenne, managing director chez (1) Dette financière nette = dette à moyen et
Duff & Phelps. long terme + encours d'affacturage + crédits
baux + concours à court terme + comptes
1- Familiarisez-vous avec les covenants
courants d'associés bloqués - disponibilités
Qu'est-ce qu'un covenant bancaire ? Il s'agit et valeurs mobilières de placement. (2)
d'une clause insérée dans un contrat de crédit Excédent brut d'exploitation = résultat
(de toute durée) conclu entre une banque et
une entreprise, qui oblige cette dernière à d'exploitation +/- dotations nettes aux
respecter certaines règles. Il existe deux amortissements et provisions d'exploitation.
grands types de covenants. Première (3) Frais financiers = produits financiers -
catégorie : les covenants qui contraignent la
société à respecter des ratios financiers au
charges financières hors impact des effets
moment de la clôture annuelle de ses de change et des mouvements de provisions
comptes. Pour la banque, inclure ces ratios financières. (4) Cash-flow net = résultat net +
dans le contrat de prêt, c'est se donner les
moyens de vérifier que l'entreprise à qui elle
dotations nettes aux amortissements et aux
prête de l'argent à un moment donné provisions sur actifs immobilisés - variation
continuera, sur toute la durée du crédit, du besoin en fonds de roulement.
d'avoir une structure financière et une
rentabilité qui lui permettront de rembourser
ses échéances. Avant fin décembre...
Les ratios utilisés varient d'une banque à ... Agissez !
l'autre. Il est impossible de les lister tous. Votre entreprise va arrêter ses comptes
L'encadré page 105 présente quelques annuels le 31 décembre ? Si vous ne l'avez
covenants financiers très courants. Les seuils
ou les plafonds précisés dans les contrats
peuvent différer selon les banques. Mais dans pas encore fait, c'est le moment de regarder
l'ensemble, ces derniers temps, celles-ci ont
eu tendance à durcir leurs exigences.
avec votre expert-comptable si les covenants
financiers auxquels votre société est
Deuxième catégorie de covenants : les soumise seront respectés fin 2009.
clauses obligeant les dirigeants de l'entreprise Sinon, n'attendez pas que votre banquier
à tenir la banque informée des modifications
de structure juridique ou d'actionnariat de la
découvre votre manquement à vos
société, ou de ses nouveaux projets obligations contractuelles : informez-le sans
stratégiques... Dans certains cas, les plus tarder !
covenants en question se contentent de fixer
une obligation d'information du banquier ;
dans d'autres cas, ils vont jusqu'à contraindre Fac-similé d'un contrat comprenant des
les dirigeants à recueillir l'accord de ce covenants (extrait)
dernier avant de procéder à l'opération
envisagée. Il est courant, par exemple, qu'une Pendant toute la durée du présent contrat
clause interdise à la société d'emprunter de prêt à moyen terme, la banque pourra se
auprès d'autres établissements de crédit sans
l'accord de la banque signataire du contrat. prévaloir des covenants définis de la façon
suivante :
Pourquoi les banquiers insèrent-ils ce type de - Dette financière nette consolidée/fonds
covenants dans leurs conventions ? Pour une propres consolidés < ou = 0,70 au 31
raison simple : ils veulent être informés des
changements importants qui affectent la vie décembre de chaque année.
de l'entreprise à laquelle ils ont prêté, aussi - Dette financière nette consolidée/excédent
longtemps que celle-ci n'a pas fini de les brut d'exploitation consolidé < ou = 5 au 31
rembourser. Toujours avec le même objectif -
le seul qui importe pour un créancier : se
décembre de chaque année.
prémunir contre les impayés ! - Frais financiers consolidés/excédent brut
d'exploitation consolidé < ou = 0,25 au 31
2 - Prenez conscience de leurs dangers décembre de chaque année.
En cas de non-respect d'un covenant, quel
En cas de non-respect des ratios de
qu'il soit, la sanction prévue est extrêmement covenants susvisés, la banque pourra
lourde : il est toujours stipulé dans le contrat décider de prononcer l'exigibilité du crédit à
que l'entreprise aura alors à régler moyen terme.
immédiatement l'intégralité du montant de
l'emprunt restant dû. On imagine facilement
les problèmes que cette exigibilité immédiate peut poser à une société qui pensait disposer encore, pour
rembourser son crédit, d'une période de deux, trois, quatre ou cinq ans (voire davantage), et qui se trouve dans
l'obligation de régler d'un coup une énorme somme d'argent !

Dans les faits, il est rare que la banque applique cette sanction. En effet, le banquier sait bien qu'en mettant
l'entreprise en demeure de le rembourser sur- le-champ, il risque fort de la précipiter dans la cessation de
paiements, laquelle a huit ou neuf chances sur dix d'aboutir (à court ou moyen terme) à une liquidation judiciaire.
Et il sait aussi à quel point, dans le cadre d'une liquidation, la probabilité pour la banque de récupérer ses billes
est faible. C'est pourquoi la banque ne déclenche l'exigibilité immédiate du solde restant dû que lorsque la
rupture des covenants s'accompagne d'autres signaux d'alerte donnant à penser que l'entreprise se trouve, de
toute façon, au bord du dépôt de bilan.

Si ce n'est pas le cas, le responsable bancaire va préférer utiliser le non-respect des covenants comme moyen
de pression sur les dirigeants de la société. Comment ? En expliquant à ces derniers que la banque pourrait les
obliger à rembourser la totalité de l'emprunt restant dû, mais qu'elle y renoncera moyennant certains efforts de
leur part... En pratique, l'entreprise se voit très souvent contrainte d'accepter une augmentation du coût de ses
crédits. Très fréquemment aussi, la banque lui facture des frais pour temps passé en renégociations.

Risque d'intervention du banquier

Dans le cas où la société a rompu un covenant financier, le responsable bancaire peut exiger des dirigeants
qu'ils prennent très vite des mesures : blocage de tous les investissements, cessions d'actifs, fermeture d'usines
ou de magasins, licenciements... Du jour au lendemain, par l'intermédiaire de clauses que le chef d'entreprise a
signées sans y prêter attention, le banquier obtient le pouvoir d'intervenir dans ses prises de décision. Un
revirement de situation vécu comme un traumatisme... Pour éviter d'en arriver là, il faut prendre des mesures
concernant aussi bien les contrats de prêt en cours de remboursement que les futures négociations de crédits.

3 - Crédits en cours : anticipez les périls

Comment limiter vos risques sur les emprunts en cours ? Pour commencer, passez en revue tous vos contrats
bancaires et lisez-les attentivement afin de voir s'ils contiennent ou non des covenants. Une fois que vous les
aurez mis en évidence, étudiez soigneusement la façon dont ils sont rédigés. Puis, avec l'aide d'un conseil
extérieur à l'entreprise (expert-comptable, spécialiste financier, avocat...), évaluez les risques que vous encourez
aujourd'hui et dans les mois qui viennent.
Gérer, c'est prévoir

Si cette analyse montre que votre société a de fortes probabilités de rompre l'un de ses covenants (ou
plusieurs), n'hésitez pas : anticipez ! Demandez à votre banquier un rendez-vous dans les plus brefs délais.
Cette initiative le mettra dans de bonnes dispositions, car il y verra la preuve de vos capacités de gestionnaire -
"gérer, c'est prévoir" - et de votre volonté de transparence à son égard. Au cours de cet entretien, vous lui
expliquerez que votre entreprise ne sera pas en mesure de respecter tel ou tel covenant à la prochaine
échéance (par exemple, au 31 décembre prochain, si votre exercice comptable est calé sur l'année civile).

Vous exposerez au banquier les raisons de ce manquement, et, point capital, les mesures que vous avez déjà
prises et que vous allez prendre pour redresser la situation : actions d'amélioration de la trésorerie, de réduction
des dettes, de renforcement des fonds propres... Votre argumentaire doit s'appuyer sur un business plan
complet et réaliste, dont vous commenterez les principaux points lors du rendez-vous, et que vous laisserez à
votre banquier en partant. Précision importante : les prévisions de trésorerie incluses dans votre business plan
devront renseigner votre interlocuteur sur la capacité de votre entreprise à honorer ses prochaines échéances
de crédit.

Si vous doutez de pouvoir respecter un covenant dans trois semaines ou dans deux mois, mais que vous ne
prévoyiez aucune difficulté de remboursement à un horizon de six à douze mois, votre responsable bancaire
tendra à se montrer compréhensif. En revanche, une rupture de covenants qui s'accompagnerait d'un problème
de remboursement de crédits aurait pour effet de rendre votre banquier très nerveux...

Si vous êtes dans ce cas de figure, vous devez prendre des mesures d'assainissement de votre situation
financière d'une portée telle que vous puissiez à nouveau très vite honorer vos échéances de crédit. Et il vous
faudra non seulement mettre ce plan de redressement en œuvre, mais aussi convaincre votre banquier de sa
pertinence. A défaut, celui-ci prendra en partie la main, selon le mécanisme décrit plus haut...

4 - Nouveaux emprunts : limitez les risques

Dans l'avenir, quand vous solliciterez de nouveaux prêts, accordez autant d'attention aux covenants prévus par
les banques qu'aux taux proposés. Sachez-le : les établissements financiers tendent à présenter à leurs clients
des contrats standards, incluant des covenants identiques pour une catégorie donnée de sociétés. Mais, comme
les autres conditions appliquées aux entreprises (taux, commissions, garanties, etc.), les covenants sont
négociables. Bonne nouvelle ! Cela signifie que lorsque vous aurez besoin d'un crédit, vous pourrez faire jouer
la concurrence entre banques non seulement en termes de tarifs, mais aussi d'obligations contractuelles.

A cet effet, l'idéal est de vous faire conseiller par un expert doté d'une clientèle d'entreprises suffisamment large
et diversifiée pour avoir une bonne vision de ce que votre société peut espérer négocier. Par exemple, le
remplacement d'un ratio qui vous semble difficilement tenable par un autre plus réaliste ; ou la mutation de
l'obligation d'obtenir un accord de la banque avant de procéder à une opération importante en une simple
obligation d'information ; voire, si la chance est avec vous, la suppression pure et simple d'un covenant qui vous
gêne !

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