1. Un style de juriste
Ex : XVI en entier ; Ch 2 : « Des lois divines et des lois humaines. »
« On ne doit pas statuer par les lois divines ce qui doit l’être par les
lois humaines, ni régler par les loi humaines ce qui doit l’être par les
lois divines. »
Recherche leur principes et les énumère de 1 à 3.
2. Un style de sociologue
- Objectif, descriptif, explicatif , que Montesquieu élabore contre les
théologiens(il recourt peu au lexique de la foi, au mot âme)
4. Un style de moraliste :
- Maximes : XXV, 1 « Du sentiment pour la religion » : « L’ homme pieux et l’
athée parlent toujours de religion, l’ un parle de ce qu’il aime, et l’ autre de ce qu’
il craint. »
- Le pessimisme , mêlé à l’ ironie :
XXV, 13 (Très humble remontrance aux inquisiteurs d’ Espagne et de Portugal) :
« Une juive de 18 ans, brûlée à Lisbonne au dernier auto-da-fé ,donna occasion à
ce petit ouvrage ; et je crois bien que c’ est le plus inutile qui ai jamais été écrit.
Quand il s’ agit de prouver des choses si claires, on est sûr de ne pas convaincre. »
Peut-être y a-t-il 3 sens à moraliste pour Montesquieu ?
- Il énonce les maximes de conduite et prone une éthique (stoïcisme)
- Il réfléchit sur la morale et ses sources religieuses, naturelle, civiles) entre bonté
naturelle et vertu enseignée
XXIV : « rendre l’ homme bon citoyen »
D’où le rôle de l’ amour et de la crainte comme correctif et la fonction des lois comme
motif opprimant.
- Il étudie en fait les mœurs . il anticipe sur l’ ethnologue et le sociologue et rejoint
la pratique de l’ essayiste entre dogmatisme et réalisme.
5. Un style d’ écrivain :
- L’ obscurité des énoncés
- Les saillies
- La brevitas héritée d’ une lecture admirative Tacite
XXV, 12(Des lois pénales) « Il faut éviter les lois pénales en fait de religion »
Brièveté de la formule.
Qui ne fait que reprendre le titre.
- La manière de composer les paragraphes,
- La manière de distinguer et former les chapitres
XXV, 1 : interrogation sur la longueur du paragraphe, très court, qui aurait pu
être un titre (XXV, 1 Du sentiment pour la religion ) L’ homme pieux et l’
athée parlent toujours de religion ; l’ un parle de ce qu’il aime et l’ autre de ce
qu’ il craint.
- La structuration à la fois droite, ondulatoire et cyclique de la Veme partie comme
tout autonome et en même temps conclusion, reprise ,et aboutissement de tout L'
Esprit des Lois
Avec un tout un art du tissage et du leitmotiv (la loi naturelle, la nature, des
thèmes, l’inceste, les Japonais qui reviennent)
6. Un style d’ homme :
- L’ obsession de l’ un et du multiple
- Les métaphores de l’ attraction empruntées à Newton
I. Rhétorique de M :
Le but de tout ouvrage à thèse comme L' Esprit des Lois est à la fois d’ enseigner (docere), de
convaincre pour faire agir ses idées exprimées (movere)et le plus souvent en réussissant à
plaire (placere)
C’est que….
B. Monere et movere. Les analyses débouchent sur la mise en place d’ une stratégie de
conviction caractérisée par :
1. La récurrence de :
a) Formules prescriptives du type : il faut, il ne faut pas, on doit
XXIV, 4 : [sur le caractère de la religion chrétienne et celui de la
musulmane,] on doit, sans autre examen, embrasser l’ un et rejeter l’ autre.
b) Renvoi à des textes antérieurs, qui ont une fonction d’ autorité indiscutable.
(ref XXIV, 25 26 à Boulainvilliers et Chardin)
2. La mise en scène de ce qui se passe lorsque ces impératifs de la raison naturelle ne
sont pas respectés. Et// le recours au futur. Ex : XXV,4 Montesquieu note l’ absurdité
d’introduire le célibat dans des pays à climat chaud.
3. Le recours à des effets de pathos où auteur et lecteur sont fortement impliqués.
a) Exagération pour entrainer l’ adhésion ; simplification par jeu de parallèles m
inexacts. Antithèse, paradoxes frappant, voc expressif.
Art des fins de phrases, paragraphes, chapitres qui s’ apparente à des chutes
ou des points.
Comparant Etat despotique et tribunal de l’ inquisition , il conclut :
« il est destructeur comme lui »
b) L’ art de l’ interlocution :
- les questions oratoires
- l’ appel au visuel : l’ hypotypose : « que d’ un côté l’ on se mette sous les yeux
les massacres continuels des rois … »
c) quand le je deviens nous : XXV , 2 (du motif d’attachement pour les diverses
religions.) « Nous sommes extrêmement portés à l’ idolâtrie. »
- il y a une réelle dramatisation du texte : cf ? , même pour poser un cas :
XXV, 16 ;
« Est- ce une bonne loi , que toutes les obligations civiles passées dans le
cours d’ un voyage entre les matelots soient inutiles ? »
XXVI, 14 : « On a vu dans le livre premier , que les êtres intelligents
ne suivent pas toujours leurs lois. Qui le dirait ! »
(ironie de l’ exclamation , mime la surprise .)
- Les changements de rythmes d’ une phrase à l’ autre avec une alternance entre
phrases courtes et longues, jusqu’au style télégraphique , comme s’ il s’ agissait
seulement de notes jetées sur le papier (P844)
C. PLACERE
Faire passer indirectement les thèses par le recours à :
a) Des anecdotes, Montesquieu introduit des curiosités, et a recours a des ref
exotiques comme eros ( les questions sexuelles dans les divers pays) et
thanatos (autodafe des juifs, XXV ? 13, massacres religieux/..)
→ L’ univers de l’ L' Esprit des Lois est quand même sombre. C’ est au
philosophe d’ y remettre de l’ordre avant d’ y faire triompher la
lumière.
b) Goût du paradoxe
c) Et le sens des formules : XXV, 1 (du sentiment pour la religion)
d) Organisation en livres en chapitres, en § généralement courts ( sauf XXV, 14
et XXVI, 14) et structurés par des anaphores. (XXV, 2 : la série des Quand
qui annonce chacun une des causes de l’ attachement à la religion.)