DROIT CONSTITUTIONNEL ET
INSTITUTIONS POLITIQUES
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Livret de l’étudiant.
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PLAN DE COURS
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE
§2. - Le fédéralisme
A - Les unions d’Etats
B - Les confédérations d’Etats
1 - La notion d’association
2 - L’intérêt de l’association
1 - Le principe d’autonomie
2 - Le principe de participation
A - L’utopie et le réalisme
B - La synthèse ou l’amalgame des théories démocratiques
de la souveraineté
A- Le droit de suffrage
1 - L’étendue du droit de suffrage
A- Les révolutions
1 - Causes explicatives
2 - Conséquences
2 - Autorités compétentes
3 - Procédure et délai du contrôle
4 - Organes compétents pour connaître du contrôle
5 - Effets de la décision du Juge constitutionnel
B - Le contrôle par voie d’exception
1 - Particularités de ce type de contrôle
2 - Effets
DEUXIEME PARTIE
INTRODUCTION GENERALE
Les mots qui composent la matière paraissent très familiers aux citoyens des Etats
démocratiques. L’explication se trouve dans l’importance de la notion de constitution dans les
Etats modernes. En effet la Constitution occupe une place fondamentale dans l’Etat
contemporain parce qu’elle en est effectivement la base. Il s’y ajoute que la notion revêt aussi
une dimension médiatique assez forte dans la mesure où tout ce qui se rapporte à la
constitution fait aujourd’hui l’objet d’une sollicitation intense par l’actualité.
Mais derrière cette impression première, il y a une réalité qu’il nous faut découvrir.
Pour ce faire, il y a lieu de revisiter un certain nombre de notions de base de la discipline.
La notion de droit :
A - Sens et caractère du mot droit
Le mot droit renvoie, dans une approche générale, à un ensemble de règles juridiques
applicables à une structure sociale donnée. Mais cette approche générique de la notion ne rend
pas exactement compte de tous les sens qu’elle peut revêtir en fonction de la diversité des
situations à couvrir. Il en est ainsi par exemple de la situation où la personne dispose de la
possibilité d’agir d’une certaine manière ou de ne pas le faire. Cette situation recouvre une
faculté, un pouvoir que le droit (mode d’organisation sociale) reconnaît à la personne et qui
est appelée prérogative. Chaque société reconnaît à ses membres une pluralité de prérogatives,
c’est-à-dire des possibilités quasi infinies de réaliser leur volonté dans le cadre de leurs
rapports mutuels sous réserve de conformité au droit. L’ensemble de ces possibilités sont
désignées par le terme « droits subjectifs » ; ce sont des droits qui s’exercent sur des choses
où à l’encontre d’autres personnes. Le sens du mot droit ainsi décliné renvoie à la prérogative
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reconnu à un individu à l’encontre d’un autre individu. Mais la marque de ce premier type de
droit est la pluralité parce que non seulement il est conféré à tous les membres du groupe
social mais aussi il implique différentes possibilités d’être ou d’avoir au profit de ceux-ci. Il
s’agit donc ici de la première situation dans laquelle on peut envisager la notion de droit. Mais
il en est une autre où un autre type de comportement est en cause, celui à caractère général qui
serait exigible de toute personne dans une hypothèse donnée. C’est le second sens du mot
droit : celui que l’on appelle le droit objectif et qui nous retiendra dans le cadre de ce cours.
Le sens de ce mot est le même que celui qu’on a donné à prime abord avec la précision
qu’ici les règles s’appliquent sous l’autorité d’une institution collective. Il s’en suit une
définition plus précise du droit objectif, à savoir : un ensemble de règles qui ordonnent,
défendent ou imposent quelque chose sous l’autorité d’une institution commune, soit à tous
les membres du groupe soit à certains d’entre eux seulement, lorsqu’ils se trouvent dans une
situation particulière.
De cette définition se dégagent deux choses qui requièrent notre attention : la première
est l’obligation qui ressort des termes « ordonner, défendre et imposer », la seconde est
l’autorité qui découle des notions d’obligation, de contrainte et d’autorité. Celles-ci sont
inséparables du mot sanction qui est la première marque du droit.
B - Droit et pouvoir
Si l’on reprend la définition précédente, on en déduit que le droit en soi n’a aucun
sens ou ne revêt aucune réalité s’il n’est pas fondé sur la notion de Pouvoir ; c’est d’ailleurs ce
qui apparaît dans la notion elle-même. En effet avoir le droit de faire quelque chose : c’est le
pouvoir d’accomplir cette chose conformément à sa volonté, c’est avoir la capacité de se
comporter d’une certaine manière. Ce pouvoir d’accomplir la chose ne sera effectif que si elle
n’est pas entravée par quelqu’un d’autre ou par quelque chose d’autre. Autrement dit la liberté
n’existe dans le groupe que si une institution puissante est capable d’en garantir la viabilité.
Cette institution puissante est représentée aujourd’hui sous la forme institutionnelle : c’est
l’Etat. L’étroitesse de la relation entre ces notions de droit, Pouvoir et Etat va produire
différents concepts aujourd’hui à la mode comme l’Etat de droit, le droit de l’Etat ou le
pouvoir du droit. Ce qu’on peut donc retenir c’est que l’Etat est à l’origine du droit parce que
c’est lui qui, soit le sécrète directement soit le reconnaît. Mais le pouvoir de l’Etat ne naît pas
ex nihilo ; il se fonde sur le groupe qu’il entend régir et dont il assure la direction ; toutes
raisons qui font qu’il est appelé pouvoir politique.
Dans la sphère animale, l’emprise est fondée sur la contrainte alors que dans la sphère
humaine, elle emporte parfois le consentement. C’est essentiellement cette deuxième sphère
qui recouvre notre champ d’intérêt parce que c’est en son sein que la notion de pouvoir
renvoie au phénomène d’autorité. Le phénomène du pouvoir dans la sphère humaine est
dominé par le couple commandant obéissance.
La meilleure illustration en est l’image du policier qui règle la circulation. Derrière ses
injonctions, il y a autre chose que la simple force répressive que sa fonction emporte : c’est
l’objectif ou l’idéal d’une vie en mouvement bien réglée qui réunit à la fois agents de
circulation et automobilistes.
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Cet idéal est conçu ou à tout le moins formalisé par le pouvoir politique. On peut
définir celui-ci comme étant l’institution représentative du groupe chargée de traduire en actes
la volonté de vie commune de ses membres. En d’autres termes, le pouvoir politique est un
ensemble d’individus ou d’institutions choisis et mis en place par la communauté pour donner
corps à la solidarité, par l’encadrement des activités et des hommes. Dans cette perspective,
l’institution est dotée du pouvoir de commandement qui est la faculté de poser les règles et de
se faire obéir en ayant recours, en cas de besoin à la contrainte. Dans les sociétés
contemporaines, le pouvoir politique prend le visage de l’Etat. C’est donc l’Etat qui
représente les sociétés humaines et qui est investi de l’autorité de décider ou d’agir en leur
nom. Toutefois, la confusion entre l’Etat et le Pouvoir n’est pas totale dans la mesure où l’Etat
bien qu’étant émanation du groupe peut parfois poursuivre d’autres objectifs et même entrer
en conflit avec le groupe. Voilà pourquoi, la notion de pouvoir très souvent confondu avec
celle de gouvernant ou de dirigeant, renverrait plutôt chez certains auteurs aux gouvernés
(pouvoir populaire). La réunion des deux notions : gouvernants et gouvernés donne le Pouvoir
National.
- Le pouvoir individualisé
Il caractérise les sociétés féodales c’est-à-dire des structures correspondant à des
entités géographiques appelées seigneuries ou fiefs au sein desquelles s’établissent des
relations hiérarchisées entre des seigneurs (chefs religieux ou militaires) et des vassaux qui
représentent tout le reste de la population. Les seigneurs font eux-mêmes acte d’allégeance à
l’égard un roi à qui ils doivent obéissance et aide en échange de sa protection. Dans ce type
d’organisation sociale, le pouvoir politique est dit individualisé parce qu’il se confond avec la
personne de celui qui l’exerce. Le chef compte sur sa force, son prestige ou la crainte qu’il
inspire pour perpétuer son règne. Seulement ce type de pouvoir est par nature instable, fragile
dans la mesure où le jour où l’élément qui le structure disparaît, le chef lui-même tombe. Le
rapport politique disparaît avec le chef, c’est pourquoi les hommes vont imaginer un autre
type de rapports plus sereins. C’est l’avènement du pouvoir institutionnalisé.
- Le Pouvoir institutionnalisé
C’est le modèle de structuration par excellence des Etats modernes. Le vocable Etat
moderne, recouvre le type d’organisation politique qui apparaît à la fin du 15ème et au début du
16ème siècle et qui permet aux hommes de stabiliser leurs rapports sociaux. Derrière ce concept
il y a une réalité, c’est le processus qui a conduit à l’unification des anciennes seigneuries par
la création d’un certain nombre d’institutions royales (armée, administration fiscale…). Ce
qu’il faudrait retenir dans le cadre de ce processus d’avènement de l’Etat, c’est le mode
d’organisation de la transmission de pouvoir. On a institutionnalisé la façon d’accéder et de
demeurer au pouvoir. Le processus a commencé au sein même des familles régnantes dans la
mesure où la succession d’un chef n’était plus synonyme de période d’instabilité, de guerres
de rivalité.
investi que pour une période déterminée, et pour les besoins d’une cause précise. La
conséquence directe et immédiate de ce processus fera la stabilité dans la succession et dans la
gestion du pouvoir. Cette conséquence se reflète dans les écrits des historiens de la royauté
française par la mise en exergue de deux concepts : l’indisponibilité de la Couronne royale et
la continuité de son exercice. D’où le terme « le Roi est mort ! Vive le Roi ! Indisponibilité et
continuité deviennent deux caractéristiques majeures du pouvoir politique que la matière de
droit constitutionnel va recueillir et enrichir pour en faire le fondement des institutions
politiques modernes.
eux, dans leurs rapports mutuels. C’est de là qu’est née la distinction droit public et droit
privé.
B - Définition et caractères de la notion de droit public
La notion de droit public renvoie à cette partie du droit qui traite de tout ce qui est
relatif aux institutions publiques (du groupe) à la fois dans leurs rapports intrinsèques et avec
d’autres personnes (physiques ou morales). De cette définition emporte trois remarques qui
sont autant de marques distinctes de la notion de droit public :
1 – celle-ci ne recouvre en principe dans son acceptation que les seules personnes
publiques ;
2 - le droit public ne s’intéresse qu’aux choses qui touchent l’ensemble du groupe ; et
à elles seules en principe (la notion d’intérêt général)
3 - Dans la mesure où il se rapporte qu’à l’intérêt général, le droit public postulerait
nécessairement l’existence de rapports inégalitaires entre acteurs publics et acteurs privés. Le
droit public postulerait nécessairement l’existence de rapports inégalitaires entre acteurs
publics et acteurs privés. Le droit public tout an régissant les premiers cités leur confèrent en
même temps des « moyens exorbitants du droit commun » : exemples : la possibilité
d’imposer aux autres acteurs des décisions sans leur aval préalable.
• Le droit administratif recouvre l’ensemble des règles publiques qui régissent l’action
de l’administration. Celle-ci est définie comme étant l’ensemble des structures qui
sont mises au service du gouvernement pour exécuter ses décisions quotidiennes. Il y a
ensuite le droit financier (finances publiques) qui est l’ensemble des règles juridiques
qui se rapportent aux activités financières des collectivités publiques. Droit
constitutionnel, droit administratif et finances publiques constituent des sous-branches
du droit interne (ensemble des règles relatives aux activités de l’Etat à l’intérieur de
ses frontières). A ce droit interne, on oppose le droit international. Le droit
international se rapporte aux relations entre Etats ou entre Etats et Organisations
Internationales ou entre Organisations Internationales elles-mêmes. Cette subdivision
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du droit public en branches et sous branches est à la fois quelque chose de subtil et
relatif.
aussi et surtout elles ignoraient les ressorts non apparents de ce pouvoir politique, à savoir les
hommes et les stratégies de pouvoir. Cette faille commence à être comblée seulement à partir
du moment où le droit constitutionnel se donne comme ambition d’étudier scientifiquement,
c’est-à-dire de façon rigoureuse et constante, l’organisation et le fonctionnement des
Institutions politiques de l’Etat.
Dès lors, il a pu englober dans un même mouvement à la fois les normes, la façon de
les produire et l’incidence de cette production sur les dirigeants et dans leurs rapports mutuels.
Dès lors le droit constitutionnel fait corps avec la science politique pour mériter l’appellation
de science sociale. Depuis lors le droit constitutionnel n’a plus perdu cette dimension qu’on
lui connaît aujourd’hui, même si la science politique s’en est détachée pour acquérir le titre de
discipline autonome.
Certes la rivalité entre les deux tend à se rétrécir pour confiner à l’aspect strictement
juridique des rapports politiques. Mais ce que le droit constitutionnel a tendance à perdre dans
ses rapports avec la science politique, il le récupère sur les autres disciplines du droit par le
canal de deux choses :
- la première est la recherche de la légitimation des comportements politiques dans les
normes constitutionnelles ;
- la seconde est l’activité débordante et le prestige nouveau dont bénéficie le Juge
constitutionnel.
En conclusion, nous dirons que plus qu’une simple référence à la Constitution, le droit
constitutionnel apparaît comme une discipline globalisant, seule apte à rendre compte des
multiples enjeux notamment politiques qui secouent les sociétés contemporaines ; d’où son
caractère central dans l’Etat moderne.
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PREMIERE PARTIE :
THEORIE GENERALE DU DROIT CONSTITUTIONNEL
L’objet du droit constitutionnel est de rendre compte des fondements du jeu politique
ou de l’ordre politique. Mais pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de commencer par
déblayer le terrain pour une tentative d’identification des notions de base. Cela nous mène à
évoquer dans un titre 1er les éléments fondamentaux du droit constitutionnel à savoir l’Etat et
son pouvoir.
1 – L’espace terrestre
Il est déterminé par le tracé de frontières. Celles-ci peuvent être de deux types : les
frontières naturelles et celles artificielles. Les premières sont représentées par les montagnes
ou par le tracé des cours d’eau. S’agissant des montagnes, la ligne de partage entre les espaces
des différents Etats passe par le sommet de celles-ci. C’est ce que l’on appelle la ligne des
crêtes. S’agissant des cours d’eau, le tracé de la ligne frontalière passe par le milieu du cours
ou des cours. Ce type de tracé est appelé Thalweg. Quant aux secondes, (les frontières
artificielles), le tracé de la frontière se fait sur la base d’un accord de volonté entre les Etats
concernés ou avec eux et se faisant, l’on peut retenir qu’il n’y a aucune condition particulière
relative à la taille ou à la forme du territoire. En d’autres termes, il n’y a aucun chiffre requis
en la matière pour l’identification d’un Etat. De la même façon, s’agissant de la forme, aucune
exigence particulière n’est de mise pour la reconnaissance d’un Etat.
2 – L’espace maritime
La notion d’espace maritime est une notion relativement récente dans la mesure où,
pendant longtemps, la doctrine des Etats (position qui exprime une idée de l’Etat sur un
problème donné) était fondée sur le principe selon lequel la mer comme l’air ne saurait
constituer des territoires, car on ne pouvait être propriétaire de la mer ou de l’air. Mais au fur
et à mesure que les conquêtes territoriales se faisaient et que des conflits de plus en plus
nombreux en découlaient, il a fallu s’entendre sur la délimitation de ces espaces d’évolution
de la souveraineté. En ce qui concerne l’espace maritime, cela s’est fait par pallier : dans un
premier temps, on a admis que la souveraineté de l’Etat pouvait se déployer en partant de ses
côtes vers le large jusqu’à la portée d’un coup de canon : c’est ce qu’on appelle 3 miles
marins (1,6 km). Mais par la suite, cette distance a été portée à 12 miles et cela, depuis la
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convention sur le droit de la mer de Montego Bay en Jamaïque en 1982. A côté de la mer
territoriale, on reconnaît à l’aide d’une zone d’exercice de droit économique de 200 miles
marins. Cette zone économique exclusive repose sur le plateau continental. Au-delà de ces
200 miles marins, c’est la haute mer qui est régie par le principe de la liberté à la fois de
navigation et d’exploitation.
3 – L’espace aérien
On peut le définir comme étant la zone qui surplombe le territoire de l’Etat, en-deça de
l’espace atmosphérique. Cet espace revêt pour l’Etat une grande importance pour des raisons
de sécurité et pour autant, il est tout aussi important sinon capital pour les Etats enclavés, de
pouvoir traverser l’espace aérien d’autres Etats, pour ne pas être coupés du monde, d’où de
nombreux et incessants conflits par le passé. C’est ce type de conflits que la convention de
Chicago de 1944 a entendu éviter depuis cette date. Cette convention réglemente le survol des
espaces aériens en distinguant entre les périodes de guerre et les périodes de paix. En période
de paix, le principe de liberté de survol est largement admis et consacré ; en période de guerre
cette liberté est restreinte.
B – La population
La population est l’élément fondamental au même titre que le territoire dans la
constitution de l’Etat ou d’un Etat. Sans sujets ou objets des normes de l’Etat, il ne saurait y
avoir d’Etat. Cet élément essentiel qu’est la population peut être définie comme étant l’entité
qui regroupe l’ensemble des individus qui se trouvent à l’intérieur des limites territoriales que
l’on retrouve sur le territoire de l’Etat. L’idée de composantes humaines renvoie à la
consistance de la population de l’Etat. Mais celle-ci n’est pas homogène du point de vue de sa
structuration.
1 – La structure de la population
Ce que l’on appelle la population de l’Etat se subdivise entre étrangers et nationaux.
Ces deux composantes se différencient autant du point de vue conceptuel que des statuts qui
leur sont conférés par le droit. En effet, ceux que l’on appelle les nationaux de l’Etat, ce sont
les individus qui en ont la nationalité, c’est-à-dire ceux qui sont unis à cet Etat par un lien à la
fois politique et juridique. S’agissant des étrangers, ce sont les personnes qui se trouvent dans
le territoire de l’Etat mais qui relèvent de la nationalité d’un autre Etat. Il y a lieu de
distinguer entre les étrangers ordinaires et les diplomates qui revêtent un statut particulier. Les
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premiers sont redevables d’un certain nombre de droits et de devoirs à l’égard de l’Etat
d’accueil. Ils bénéficient notamment de ce que le droit unitaire appelle le « Standard
minimum », c’est-à-dire d’un minimum de droits qui sont mis à la charge de l’Etat d’accueil
vis à vis des étrangers. Mais globalement, ils sont soumis au droit commun du pays hôte.
En revanche les seconds c’est-à-dire les diplomates, bénéficient, compte tenu de leur
statut de représentants d’un autre pays, d’un certain nombre de textes notamment
internationaux (convention de Vienne). Ces textes prévoient notamment une immunité de
juridiction et un privilège d’exécution au profit de ces représentants diplomatiques.
2 – Le concept de nation
A – Définition et éléments constitutifs de la nation
Les auteurs s’entendent pour définir la nation comme étant un regroupement de tous
les individus qui ont avec l’Etat un lien politique que certains fondent sur des éléments divers.
Il y a donc une définition consensuelle de la nation. Cependant deux positions s’y ajoutent
quant aux éléments constitutifs de la nation.
La première soutient que ce sont des éléments d’ordre subjectif qui fondent le lien
avec l’Etat. Exemple : la position de Edmond Michelet qui a écrit au milieu du 19ème siècle un
ouvrage sur l’histoire de la France. Il décrit la nation comme étant une communauté
spirituelle. Autrement dit, pour Michelet, la nation apparaît comme une volonté de vivre
ensemble qui découle d’une communion d’esprit.
Pour d’autres auteurs ces éléments seraient plutôt d’ordre objectif (et c’est la deuxième
position). Parmi ces auteurs, on retrouve des italiens comme Mancini ou l’Allemand Fitchte
qui définit la nation comme étant une composition d’éléments liés à la race, à la langue, au
territoire c’est-à-dire à tout élément qui relève du déterminisme. De fait, ces deux positions
doctrinales reflètent des positions politiques nationales des Etats européens qui, tout au long
du 19ème siècle, se sont affrontés dans le cadre d’une expression de leur identité nationale. A
cet égard, on peut dire que l’Allemagne et l’Italie furent considérées comme les tenants de la
thèse objective de la nation tandis que la France était censée incarner la thèse subjective. La
thèse objective a abouti à une conception restrictive de la nation parce qu’elle est basée sur
l’idée selon laquelle la nation serait exclusivement fondée sur une conjonction d’éléments
……… la langue, la race, la religion, la culture. S’agissant de la thèse subjective, elle
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débouche sur une conception extensive de la nation. C’est d’ailleurs elle qui va prévaloir
parce qu’elle fait appel au volontarisme et à la communion spirituelle pour fonder la nation.
C’est cette conception qui porte sur le commun vouloir de vie commune des membres du
groupe. En vérité, la perception que l’on a aujourd’hui de la nation serait plutôt mixte dans la
mesure où l’on associe toujours les éléments subjectifs aux éléments objectifs pour expliquer
le lien qui unit l’Etat à ses nationaux et cette position contemporaine est demeurée presque
invariable depuis la fameuse conférence que, Ernest Renan avait donnée à la Sorbonne en
1882 et à l’occasion de laquelle il définissait la nation comme étant un groupe humain dont
les individus se sentent unis les uns aux autres par des liens à la fois matériels et spirituels.
Cette position de Renan, si elle connaît une aussi grande postérité, c’est parce qu’elle recèle
un certain humanisme qui permet l’adaptation des positions nationales à l’évolution des idées
et des hommes : il s’agit aujourd’hui des grands flux migratoires.
donner naissance à un Etat et que chaque Etat suppose nécessairement l’existence d’une
nation. C’est la théorie de l’Etat- nation. Mais cette théorie d’Etat-nation s’est révélée tout
autant fausse que dangereuse. Fausse, parce qu’elle ne s’est pas traduite dans les réalités,
dangereuse car elle a eu des conséquences graves sur l’humanité. C’est pourquoi elle a été
dominée par la thèse de la non-coïncidence. Cette dernière a été retrouvée bien après dans la
tradition anglo-saxonne. On la justifie par la nécessité de désolidariser l’Etat de la Nation en
se fondant sur deux arguments précis : le premier repose sur l’idée selon laquelle, en posant
l’identité sur l’Etat-nation on confond deux choses différentes : une réalité c’est-à-dire le
gouvernement et une idée c’est-à-dire la nation et le deuxième argument qui suppose ……. la
césure entre l’Etat et la Nation, ferait disparaître la cause des conflits entre Etats en
dépolitisant la question de la nationalité. Le triomphe de la thèse de la non-coïncidence serait
fondé sur la nécessité de pacifier les relations internes. C’est ce qui explique la création de
l’ONU à éclater.
Mais si on considère les autres continents comme l’Afrique par exemple, on peut dire
qu’il n’y a jamais eu de coïncidence entre l’Etat et la Nation. On serait plutôt en présence
d’une antériorité de l’Etat qui, du fait des circonstances particulières de sa formation (legs
colonial) n’a jamais pu déboucher sur une nation. En Afrique, on parle plutôt d’Etats
plurinationaux qui reflètent l’échec de nos dirigeants politiques qui, au moment des
indépendances, misaient sur la formation progressive de la nation africaine. Cet échec est
aujourd’hui reflété par des exemples de conflits qui découlent de l’existence d’un renouveau
national.
gouvernement joue un rôle primordial dans les sociétés contemporaines. Ceci apparaît
nettement à travers ses caractères et ses moyens.
1 – Les caractères du pouvoir politique
Le premier caractère du gouvernement c’est d’être un pouvoir public et neutre c’est-à-
dire exercé au profit de tous. Il n’y a pas d’exclusion dans la répartition de ses bienfaits (on ne
tient compte ni de la naissance, ni de l’appartenance politique). Le deuxième caractère du
gouvernement, c’est d’être un pouvoir civil et temporel. Cela signifie que la base de cette
organisation politique est la société elle-même ; et la préoccupation de ce pouvoir politique
tourne essentiellement autour de la vie matérielle du groupe. Le troisième caractère c’est que
le gouvernement est un pouvoir exclusif et irrésistible. Son exclusivité se rapporte à ses
ambitions par rapport au groupe et aussi à sa place dans la société. Quant à son irrésistibilité,
elle est relative à sa force contraignante. Dans sa fonction de représentant du groupe, il est
porteur des décisions à prendre au nom du groupe. A cette fin, le pouvoir politique dispose de
moyens particuliers.
En second lieu, on peut dire que le pouvoir est une force de persuasion en ce que le
gouvernement est une institution qui suscite l’adhésion du groupe. En d’autres termes, eu
égard à sa mission d’intérêt général, l’institution emporte la reconnaissance ou le
consentement des membres du groupe.
A – Définition de l’Etat
L’Etat est une institution qui conçoit le droit pour le mettre en œuvre au nom et au
profit de la société toute entière. En ce sens, il constitue l’unité organisationnelle et
intellectuelle du pouvoir du groupe. En d’autres termes, ce que l’on appelle Etat se confond
avec le statut juridique de la direction politique du groupe. C’est dans cette perspective que
Léon Duguit et Maurice Hauriou assimilaient respectivement l’Etat aux gouvernants et à
l’idée d’entreprise publique. Mais dire que l’Etat est à la fois créateur de droit et droit lui-
même c’est-à-dire statut juridique, c’est reconnaître qu’il entretient avec le droit des relations
équivoques. Et cette ambivalence des rapports entre l’Etat et le droit a suscité de nombreuses
positions doctrinales ou différents courants de pensée. On en évoque généralement trois (03) :
d’abord l’école qui soutient que l’Etat ne crée pas le droit. Selon les tenants de cette pensée,
le droit s’impose à l’Etat. Cette école de pensée comporte 3 variantes doctrinales : la première
est appelée la théorie du droit spontané, la deuxième variante c’est la théorie du droit
naturel et la troisième, la théorie du droit objectif.
La deuxième école de pensée, l’Etat et le droit se confondent. Ici, nous avons deux
variantes doctrinales : la première c’est la théorie de la pyramide normative (selon Hans
Kelsen qui conçoit l’Etat selon un être agent de normes) et la deuxième correspond à la
théorie marxiste du droit qui appréhende celui-ci comme étant le reflet de la domination des
bourgeois sur les prolétaire.
La troisième école de pensée est celle qui soutient que l’Etat crée le droit. Ce courant
de pensée est appelé aussi l’école du droit positif. Il repose sur le postulat que le droit n’est
envisageable que dans et avec l’Etat. Cette école comprend deux variantes : le positivisme
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sociologique (le droit provient du peuple) et le positivisme étatique (l’Etat a une grande
maîtrise dans l’élaboration du droit).
De ces différents propos émerge une seule idée qui fait de l’Etat un être à part, une
entité douée de vie et son existence sera consacrée par le droit avec la reconnaissance de statut
juridique d’où le concept de personnalité morale que l’on accorde à l’Etat et duquel découle
un certain nombre de conséquences ou caractéristiques majeures.
La deuxième caractéristique de l’Etat, c’est qu’il dispose d’un patrimoine qui est une
universalité de grande maîtrise dans l’élaboration du droit. La personnalité juridique en droit
est un centre d’intérêt juridiquement protégé. Donc l’Etat a la possibilité de s’exprimer dans la
continuité et la permanence. Le patrimoine, c’est l’existence d’un certain nombre de moyens
qui permettront à l’institution d’exister. L’on distingue deux sortes de souveraineté : la
souveraineté interne qui, l’Etat est l’institution la plus importante dans une société et la
souveraineté externe (calque souvent l’importance de l’Etat, il est considéré sur le même pied
d’égalité d’un autre Etat.
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Dire que l’Etat a un patrimoine va signifier deux choses essentielles : la première c’est
que les biens de l’Etat ne doivent pas être confondus avec ceux des gouvernants. La seconde,
c’est que ce sont des biens qui lui permettent de vivre et de faire face à ses propres
responsabilités. La notion de personnalité de l’Etat a fait l’objet de critiques dont la plus
importante a consisté à dire que la personnalité de l’Etat est une fiction parce qu’on ne peut
dire de l’Etat que c’est ‘un être doué de vie car il n’existe que des émanations de l’Etat.
2 – La souveraineté de l’Etat.
Pour comprendre l’importance de la souveraineté dans la vie de l’Etat, il faut remonter
aux combats des légistes qui, dans les temps d’émergence et d’affirmation de l’Etat, voulaient
libérer les rois de la triple tutelle qui pesait sur eux et qui émanait de l’Eglise, de la féodalité
et de l’empire romano-germanique. Tutelle que les légistes symbolisaient par l’adage suivant :
«Omni potestas nissi a deo » (il n y a de point de pouvoir qui ne vienne de Dieu). Le pouvoir
de décider et d’agir découlait alors de ce pouvoir divin.
Dire que l’Etat est une entité souveraine, signifie qu’il n’est subordonné à aucune autre
institution. Cela renvoie à une chose simple et immédiate : l’Etat définit lui-même ses règles
d’organisation et de compétence : « l’Etat a la compétence de ses compétences » comme le dit
Laband. Cette signification revêt deux aspects : un aspect interne et un autre externe.
En second lieu, cette non subordination postule l’égalité des Etats dans cet ordre
juridique. En troisième lieu, la liberté implique néanmoins un devoir de coopération qui est
seul à même de réaliser l’équilibre nécessaire dans la confrontation ou l’articulation entre de
nombreuses souveraineté, d’où l’importance des accords et traités internationaux. Le droit
international que ces accords internationaux véhiculent, peut donc limiter la souveraineté de
l’Etat. Mais il ne s’agit pas toujours une simple qui plus est résulté de la volonté de ces
mêmes Etats. Dès lors le droit international constitue parfois une entrave à l’indépendance et à
l’existence même de l’Etat en tant qu’institution représentative des groupements sociaux.
C’est donc …... lui qu’il faudrait agir pour préserver les idéaux de paix et de justice
internationales.
envisagée dans ce cas. La première consiste à dire que l’Etat procède d’un fait naturel : c’est
la théorie de l’émergence naturelle de l’Etat et la deuxième consiste à dire que l’Etat est le
fruit d’un contrat entre les individus : c’est la fameuse théorie du contrat social.
de moyens affectés à cette entreprise. Cependant, une partir de la doctrine s’accorde sur le fait
que l’origine de l’Etat est à chercher dans les contrats.
- Le contrat civil
Il lie les individus entre eux à l’effet de constituer une société politique. Cette idée de
contrat civil a été exposée pour la première fois par Thomas Hobbes. On en trouve des
développements substantiels dans son ouvrage, le Léviathan, qui date de 1651. Les termes du
contrat civil sont les suivants : il y a une renonciation totale de la part des individus à leur
liberté, au profit d’une autorité sociale communément reconnue qui, en retour, assure
protection de bonheur. La portée de ce pacte civil, selon Hobbes, c’est ce que l’on appelle
aujourd’hui le totalitarisme c’est-à-dire l’émergence d’un mode de gouvernement tyrannique.
La thèse de Thomas Hobbes de la société politique va séduire jusqu’à faire des émules
(disciples). Parmi ceux-ci, on peut citer John Locke qui va s’employer à polir les excès de la
thèse « du Maître ». Il va le faire dans le cadre d’une nouvelle théorie, celle du contrat
politique.
- Le contrat politique
Cette thèse se trouve exposée dans son ouvrage : Essai sur le gouvernement civil qui
date de 1960. John Locke va partir de l’enseignement de Hobbes relatif à l’existence d’un
accord des membres du groupement autour de la constitution d’un organe politique qui sera
chargé de les représenter. C’est précisément cette fonction de représentation politique qui fait
la puissance de l’autorité centrale commune (le gouvernement). Toutefois, ce caractère
n’implique nullement, comme dans la thèse de Hobbes, l’absence d’une alternative à
l’obéissance pour les citoyens. En effet, John Locke va envisager la possibilité pour ces
citoyens de se retrouver contre le pouvoir si celui-ci devenait tyrannique (c’est la raison pour
laquelle on considère John Locke comme étant le père du libéralisme).
33
- Le contrat social
Cette notion se trouve exposée dans l’œuvre de J. J. Rousseau intitulées : Du contrat
social ou principe de droit politique (1762). Le postulat de base, c’est que la vie en société
résulte d’un accord de volonté entre des individus qui, auparavant, vivaient dans une situation
de totale anarchie qu’il appelle l’état de nature. Mais pour Rousseau, il s’agit tout simplement
d’une hypothèse de travail (hypothèse d’école) de laquelle il est parti pour élaborer sa théorie
sur le gouvernement des hommes et des choses. Cette thèse du contrat social postule la
rencontre entre plusieurs citoyens, lesquels seraient porteurs, chacun, d’une liberté qui serait
différente de celle de toutes les autres libertés et cette liberté ne saurait être fondue dans une
autre. Cette thèse sur le fondement contractuel de la société politique, va connaître une grande
postérité car elle va permettre l’éclosion de l’idée de liberté dans les rapports entre l’Etat et le
peuple.
S’agissant tout d’abord du principe d’unité, on lui connaît une signification et plusieurs
justifications possibles.
A – Le principe de l’unité
1 – Signification du principe d’unité
Le principe d’unité de l’Etat renvoie à la notion de centralité de la production et de la
diffusion de la décision politique. En conséquence, l’Etat unitaire, c’est l’Etat centralisé au
sein duquel règne un seul pouvoir politique qui se situe au centre et chargé de produire et de
diffuser la volonté de l’Etat vers la périphérie. Cette notion d’unicité du pouvoir politique
emporte des conséquences précises du point de vue de l’organisation et du fonctionnement
des institutions publiques. En effet, dans cette perspective, il n’existe qu’un seul parlement,
qu’un seul gouvernement, qu’une seule organisation judiciaire du territoire. Ici pour
l’ensemble, on ne reconnaît pas les spécificités locales. En somme l’Etat unitaire, c’est l’Etat
au sein duquel la mise en œuvre du pouvoir politique obéit à une relation univoque entre un
centre (initiateur des décisions) et une périphérie (réceptacle des décisions).
1 – La déconcentration
C’est la forme d’aménagement typique de la centralisation. Elle conduit à la création
de relais territoriaux par le déploiement de l’action publique. C’est la définition habituelle de
la déconcentration. Il s’agit d’une technique consistant à placer des agents publics à différents
niveaux du territoire, en leur conférant un pouvoir de décision qui reste néanmoins
subordonné au pouvoir central. De cette définition se dégagent trois éléments qu’on peut
considérer comme étant constitutifs de la déconcentration ou du pouvoir déconcentré.
2 – La décentralisation
Cette technique suppose l’institutionnalisation d’un certain nombre d’entités ou de
groupements fonctionnels au profit desquels est reconnu un pouvoir de gestion sur lequel ne
pèse qu’un simple contrôle. Ce système de gestion participe de la philosophique
démocratique, de la répartition du pouvoir dans l’Etat. En effet, le pouvoir de décision est
confié aux intéressés eux-mêmes par la conception et la mise en œuvre du bien public. C’est
pourquoi, on distingue d’une part la décentralisation fonctionnelle qui suppose la création
d’établissements publics tels que les hôpitaux, les Universités etc.… et d’autre part la
décentralisation locale ou territoriale (collectivités locales) qui signifie la création par l’Etat
36
de collectivités locales en leur conférant une autonomie de gestion de leurs propres affaires.
Toutefois, cette autonomie de gestion va de pair avec le contrôle de l’Etat qu’on nomme
contrôle de tutelle. Formellement, on peut identifier quatre éléments qui sont constitutifs de
la décentralisation :
1. L’existence d’une personnalité juridique propre, différente de celle de l’Etat.
2. Cette personnalité juridique repose sur des affaires propres à la collectivité. En
d’autres termes, on peut, dans le cadre de cette collectivité, identifier un intérêt
local différent de l’intérêt national.
3. La prise en charge de la réalisation de cet intérêt local grâce à la mise en place
d’organes propres (C’est le contrôle de tutelle).
Mais la satisfaction de cet intérêt doit passer par le maintien d’un droit de regard du
pouvoir central.
4. . Cette technique de gestion administrative revêt une certaine dimension
politique dans la mesure où une importante liberté de manœuvre est reconnue à
la collectivité locale. Cette liberté politique relative est fondée sur le souci de
satisfaire l’exigence de la diversité que constitue le moteur de toute société.
Cependant, dans les faits, il est toujours apparu que la participation effective des
intéressés à la gestion de leurs propres affaires est insuffisante. Les raisons en sont diverses et
variées. Il serait trop long de les énumérer et il suffit de s’arrêter sur deux constats qui
pourraient résumer toutes les autres insuffisances. En effet, une des limites des systèmes de
décentralisation, c’est la faiblesse des moyens financiers de toutes collectivités locales.
Egalement la lourdeur du contrôle de tutelle que le pouvoir central exerce généralement ; mais
pas exclusivement sur les actes des collectivités décentralisées fragilise le dit système. On
peut mesurer le poids de ces deux insuffisances dans le cas de l’expérience sénégalaise. Celle-
ci est chapelet bâtie sur trois niveaux : le niveau régional qui repose sur le chapelet de lois
prises le 22 mars 1996 portant code des collectivités locales (loi 96-06 du 22 mars 1996), le
niveau communal qui repose sur le code de l’administration communale (loi du 30 juin 1966)
et au niveau rural qui découle de la loi du 17 juin 1964 dite loi sur le domaine national.
Chacun de ces niveaux est géré par un organe délibérant (qui prend des décisions) et un
organe exécutif (chargé de les exécuter).
37
L’Etat régional est un système d’organisation de l’Etat unitaire au sein duquel les
collectivités territoriales disposent d’une autonomie réelle organisée, garantie par les textes
fondamentaux (la constitution nationale par exemple) comme c’est le cas en Espagne et en
Italie. On ne peut escompter donc une réelle prise en compte des spécificités locales ou une
vraie participation à la base, dans le cadre de l’Etat unitaire simple. C’est pourquoi d’ailleurs,
la formule de l’Etat régional bien qu’elle soit très limitée, connaît un grand succès. Pourtant,
ces dernières années ont vu les Etats régionaux connaître à des revendications régionalistes
tellement fortes qu’elles ont été relayées par les forces politiques. C’est dire que ce système
l’Etat régional comporte des limites qui sont inhérentes à la technique de la décentralisation
elle-même. En effet, la décentralisation, si approfondie soit-elle, reste une simple variante du
principe unitaire qu’il est nécessaire de remettre en cause à chaque fois qu’il y a de fortes
tensions entre les communautés qui composent l’Etat. Cela a été le cas de la Belgique qui, en
1992 –93, est passée d’un Etat unitaire à la qualité d’Etat composé.
A – La confédération d’Etats
On appelle confédération d’Etats, une association d’Etats, qui, pour fortifier leurs
relations, créent sur la base d’un accord international, des organes communs auxquels ils
confient certaines de leurs compétences. Elle est fondée sur le désir de se prémunir quelque
part de quelque chose.
B – La fédération d’Etats
Il est un constat majeur que l’on peut faire aujourd’hui : c’est l’actualité et la primauté
de la forme fédérale des Etats sur la forme unitaire. On peut prendre l’exemple de la Belgique
qui en 1993 est devenue un Etat fédéral. La question qu’on peut se poser dès lors est de savoir
qu’est-ce qui justifie cet engouement autour de la forme fédérale de l’Etat. La réponse peut
être simple et immédiate. C’est parce que cette forme de l’Etat est censée pouvoir mieux
résoudre les préoccupations qui sous-tendent les regroupements d’Etats. On en a une
confirmation de la Suisse et des Etats-Unis, qui tous deux, ont évolué de la confédération à la
fédération d’Etats. Dans ce type d’organisation fédérale de l’Etat, il y a le souci de la
performance des collectivités politiques de l’Etat notamment par la mise en œuvre d’une
philosophie, d’une association plus intégrée et plus poussée. C’est ce que traduit le concept de
fédéralisme. Il importe cependant d’étudier la manière par laquelle les Etats en arrivent à ce
type d’association ou encore les processus de réalisation du fédéralisme. Il y a le fédéralisme
par association, intégration ou agrégation que l’on peut qualifier comme étant un ensemble
d’Etats désireux de mettre en commun leurs moyens tout en conservant leur indépendance. En
guise d’exemple, on peut citer les treize premières colonies britanniques d’Amérique du Nord
qui se sont rassemblées à la fin du 18ème siècle pour former les Etats-Unis. Autre exemple
historique : les 10 cantons suisses qui vont unir leur volonté à partir du 14 ème siècle pour
donner naissance à la fédération helvétique. A cette forme de l’Etat fédéral s’oppose le
fédéralisme par dissociation, désintégration ou désagrégation qui évoque l’idée d’un Etat
unitaire qui se décompose en plusieurs entités auxquelles est confiée l’autonomie politique et
juridique. On peut citer comme exemple l’ancienne URSS qui était auparavant un empire
appelé : la Russie et que l’on va décomposer en plusieurs Etats après le révolution d’octobre
1910. On peut donc considérer que la fédération est une concrétisation d’une idée de
rencontre ou de séparation. Mais, il y a lieu de considérer d’autres éléments que l’on peut
regrouper sous la notion de fédéralisme tendant à conférer plus de liberté aux intéressés.
1 – La notion de fédéralisme
Le mot lui-même renvoie à la philosophie de l’association entre plusieurs Etats ayant
en commun un certain nombre de caractéristiques et désireux de réaliser quelque chose
40
- La première forme c’est celle qui consiste à conférer une compétence générale aux
entités fédérées, en ne laissant à l’Etat fédéral le soin d’intervenir que dans un certain
nombre de domaines limités : c’est le cas des Etats-Unis.
- La deuxième forme c’est celle qui consiste au contraire à attribuer la compétence
générale à l’Etat fédéral en ne laissant aux entités fédérées le soin d’intervenir que dans
certains domaines : c’est le cas de la Belgique.
- La troisième forme est à mi-chemin entre les deux premières. C’est celle-là qui
consiste à déterminer des domaines de compétences propres à chaque entité en plus d’un
41
champ d’intervention partagé ou commun entre les deux : c’est le cas de la République
Fédérale d’Allemagne (RFA).
Le choix d’un mode de répartition donné obéit à un certain nombre d’éléments plutôt
relatifs à l’histoire et au processus de réalisation de l’idée du fédéralisme. L’idée qu’il importe
de retenir en définitive c’est qu’il s’agit tout simplement d’un aménagement d’espaces
d’évolution au profit des différentes catégories d’entités par la constitution fédérale et dans le
but de permettre au pluriel de se fondre en une unité. On en mesure les effets dans la mise en
œuvre des principes du fédéralisme.
Au regard de ces deux niveaux de participation, il est clair que chaque entité fédérée
est invitée à contribuer à l’édification de l’œuvre commune. S’il en est ainsi c’est parce que
chaque entité dispose d’une part d’autonomie qui lui permet de concevoir quelque chose de
spécifique ou de propre.
L’évolution des principes du fédéralisme incite aujourd’hui à parler d’une crise dans la
mise en œuvre de l’idée de fédéralisme. Cette crise tient d’une part à l’uniformisation des
comportements (culturelles et politiques) et au rétrécissement des champs de compétences au
profit du centre.
S’agissant de l’uniformisation des comportements, c’est un élément de la nouvelle
culture médiatique qui tend à marginaliser de plus en plus les entités fédérées dans leur
existence politique au profit de l’Etat fédéral. Pour ce qui est du rétrécissement des champs de
compétence, il est consécutif aux modalités d’intervention des différentes entités dans la
mesure où on constate souvent dans le cadre du fonctionnement des Etats fédéraux que
l’intervention première de l’entité fédérale réduit la compétence ou la portée de l’intervention
des entités fédérées à chaque fois qu’il y a une concurrence dans la prise de décision.
Toutefois, il y a lieu de relativiser cette crise dans la mesure où, tout d’abord, si on relève un
certain recul des principes du fédéralisme, on constate aussi l’engouement réel pour la
formule de l’Etat fédéral. Ensuite, il y a aujourd’hui un renouvellement et un élargissement de
la formule de l’Etat fédéral.
En effet, la tendance est à la création d’un fédéralisme de type nouveau au plan
régional. C’est le cas en Europe (Union Européenne), en Amérique (Mercosur) et en Afrique
(CEDEAO, UEMOA, Union Africaine). Mais il ne s’agit pas à proprement parler d’une
disparition du modèle classique de l’Etat. D’où l’intérêt persistant d’une étude sur le mode de
dévolution et la justification du pouvoir de l’Etat dans le cadre de la formule classique.
44
L’institution étatique remplit une fonction primordiale à l’égard du groupe. Elle veille
à sa bonne organisation et à son fonctionnement harmonieux. Pour ce faire, elle dispose à la
fois d’une grande autonomie et d’une réelle puissance : C’est le pouvoir politique. Celui-ci
fait l’objet de modes de transmission variés. Mais dans tous les cas, il échoit à un groupe
d’individus restreints auquel les citoyens doivent en principe obéissance : ce sont les
gouvernants. Mais ce devoir d’obéissance n’existe que dans la mesure où les gouvernants
disposent de la légitimité c’est-à-dire de la reconnaissance du groupe qui délègue lui-même
son pouvoir ou sa souveraineté.
provient certes de Dieu, mais il ne fait nullement l’objet d’une quelconque détermination
quant aux titulaires. Il appartiendra aux intéressés eux-mêmes de se choisir un guide avec
l’aide de la providence (c’est la théorie du droit divin providentiel). A ces deux constructions
théoriques s’opposent les théories démocratiques.
La souveraineté populaire quant à elle, repose sur le principe selon lequel, le pouvoir
suprême émane du peuple et de lui seul c’est-à-dire de l’ensemble des individus qui forment
le corps social.
Cette notion de peuple revêt cependant deux connotations. Une connotation générale
tout d’abord, dans la mesure où par peuple, il faut entendre la communauté des citoyens dans
son ensemble : c’est la volonté générale du groupe. Une connotation particulière …. Parce
que cette volonté générale, là n’est en fait que la somme des volontés individuelles des
membres du corps social. La filiation ou le fondement de cette théorie réside dans la pensée
de Jean Jacques Rousseau exprimée dans son ouvrage : « Le contrat social ». Ce type de
souveraineté a eu un écho dans le cadre de la Constitution du 24 juin 1793 mais il ne sera pas
jamais appliqué pour des raisons contextuelles et pratiques dans la mesure où cette théorie
implique la participation de tous les citoyens à l’exercice du pouvoir politique, ce qui
impossible sauf dans le cadre de petites entités politiques. Se pose alors la question de la mise
en œuvre des théories de la souveraineté.
elle-même. Il faudrait envisager ensuite la façon dont ces rapports gouvernants / gouvernés
sont mis en œuvre. Sur ces points précis, le constat qu’on a fait dans la doctrine et dans les
Etats, c’est que les tentatives de mise en œuvre isolées de ces différentes théories ont conduit
à des situations pour le moins difficiles ou en tout cas non souhaitables. Aussi est-on conduit
aujourd’hui à réaliser une synthèse entre les différentes théories.
direct. Exemple : quand on désigne le représentant du peuple pour exercer le pouvoir politique
au quotidien mais en prévoyant en même temps des modalités d’intervention ponctuelle du
peuple par référendum, veto ou initiative populaire. Aujourd’hui, on peut dire que c’est le
triomphe du type de régime de démocratie indirecte dans la mesure où dans la plupart des
Etats c’est le système de gouvernement représentatif qui prévaut mais ceci n’équivaut pas à
une exclusion du peuple du processus de décision politique. Il en est ainsi parce que le peuple
est à la fois la base et la finalité du pouvoir politique.
A – Le droit de vote
Le droit de suffrage est synonyme du droit de vote et il revêt deux sens principaux. La
première signification est d’être un acte par lequel on donne son opinion sur un problème
donné ou sur une solution donnée. La deuxième signification du droit de vote est le statut que
revêt l’acte de voter lui-même et le statut en droit renvoie toujours à un régime juridique.
Il y a ensuite une deuxième distinction entre le vote individuel et le vote plural. Dans
le cadre du vote individuel, chaque homme ou chaque individu correspond à une voix alors
que dans le système de vote plural on permet à l’individu de disposer de plusieurs voix sur la
base de conditions fixées par la loi et généralement à son statut social ou fonctionnel. Dans
cette hypothèse de vote plural, le suffrage s’entend d’un vote social et il correspond à un
système de gouvernement dans lequel l’individu vote en fonction de sa situation ou de sa
place dans le groupe. On distingue aussi contre le vote facultatif et le vote obligatoire. Dans le
49
vote facultatif, le citoyen est libre de participer ou non aux consultations électorales. Ce vote
est en adéquation avec le système de gouvernement direct où l’électorat est un droit. Dans le
système de vote obligatoire, la participation du citoyen aux consultations électorales est
requise sous peine de sanction. Ici l’électorat est une fonction comme dans le cadre du
système de gouvernement représentatif : Exemple de la Belgique. En la matière, il faut
toujours faire la différence entre le vote public et le vote secret. Le vote public est un système
dans lequel le choix de l’électeur se manifeste au vu et au su de tout le monde tandis que le
vote secret est un système qui permet au citoyen de faire son choix sans que celui-ci soit
révélé au public. Dans le système de gouvernement démocratique, ce procédé constitue une
garantie de la liberté de l’électeur et par voie de conséquence, de la sincérité du scrutin quel
qu’il soit.
respectifs en essayant de les cumuler. Dès lors, il importe de préciser les contenus de ces trois
modèles.
a – Le scrutin majoritaire
Il se définit comme étant la technique de représentation ou le procédé de répartition
qui permet d’attribuer les sièges mis en compétition aux candidats ou à la liste ayant reçu à
l’issue des confrontations le plus grand nombre de voix. Ce type de scrutin peut se réaliser de
différentes façons. Il est uninominal lorsqu’il oppose plusieurs candidats qui se présenteraient
individuellement devant les électeurs. C’est là un mode de scrutin qui ne se réalise
généralement que dans le cadre de petites et moyennes circonscriptions. Mais il peut aussi
opposer plusieurs candidats regroupés des différentes listes sur la base d’une affinité
idéologique ou politique. D’où son appellation de scrutin de liste ou scrutin plurinominal.
Dans le cadre de ce type de scrutin, des possibilités sont offertes aux électeurs de procéder
eux-mêmes à différentes combinaisons entre les listes.
Dans ce cas là on dit que le panachage et le vote préférentiel existent. Lorsqu’on les
refuse, on est en présence d’un scrutin de liste bloqué. Le scrutin majoritaire peut être à un ou
à deux tours. Il est à un tour lorsque la majorité relative suffit pour être élu. En d’autres
termes, le (s) siège (s) sont attribués aux candidats en tête quelle que soit son avance sur les
autres. Il est à deux tours quand l’élection n’est acquise du 1er coup qu’à la majorité absolue
ou à la majorité qualifiée. On parle de la majorité absolue lorsqu’il s’agit de considérer la
moitié des votants plus une voix ; tandis que dans le cadre de la majorité qualifiée, il est
question d’un pourcentage plus important de la majorité des voix que l’on combine
généralement avec l’autre pourcentage des inscrits. A défaut de ce type de majorité, il est
procédé à un second tour entre les candidats arrivés en tête soit en fonction de leur rang ou du
pourcentage de voix qu’ils ont recueilli (ballottage).
b – Le scrutin proportionnel
C’est une technique qui consiste à répartir des sièges en compétition entre les
différentes listes en présence au prorata des voix que chacune d’elles a recueillies dans le
cadre de cette compétition. D’un point de vue historique, ce mode de scrutin serait né en
Belgique, à la fin du 19ème siècle (créé par Hondt). C’est un mode de scrutin qui est loin d’être
simple. Il pose en effet, de nombreux problèmes dont deux sont d’une grande acuité. Il s’agit
respectivement de la détermination du chiffre ou nombre de référence c’est-à-dire un nombre
51
uniforme et identique qui permet d’envisager ou d’accepter l’élection de tout candidat (c’est
le quotient électoral) et d’autre part la répartition des restes de voix après la première
opération de distribution. Le quotient électoral c’est le nombre de voix qui donne droit à un
siège. Autant de fois ce chiffre est contenu dans le total de voix recueillies par une liste autant
de candidats élus obtient cette liste. On recense trois variétés de quotient électoral : quotients
uniforme, local et national.
Le quotient est dit uniforme ou fixe lorsqu’il désigne la quantité de voix pré-
déterminées au plan national et qui serait nécessaire pour avoir droit à un siège. On parle par
ailleurs de quotient local lorsqu’on divise le nombre total de suffrages exprimés par le nombre
de sièges à pourvoir au plan local. Enfin le quotient est dit national lorsqu’on vise le quotient
qui est obtenu en divisant le total des suffrages valablement exprimés au plan national, par le
nombre de sièges à pourvoir. Ce quotient dit national est réputé plus conforme à l’esprit de
justice qui fonde le système de la représentation proportionnelle. Mais le choix du quotient
national ne remplit réellement cette fonction que dans le cadre de la représentation
proportionnelle intégrale. Celle-ci est un système de répartition dans lequel, les restes sont
distribués sur la base d’un nouveau quotient déterminé après division du nombre de voix non
utilisés au plan national par le nombre de sièges restants. Mais, il s’agit d’un procédé qui est
rarement utilisé.
Par ce procédé, on attribue à la distribution des sièges restants, un par un, jusqu’à
épuisement. Ce système de répartition est réputé plus favorable aux grands partis.
52
c – Le système mixte
C’est l’ensemble des systèmes électoraux fondés sur la combinaison du système
majoritaire avec le système proportionnel. La finalité des systèmes mixtes c’est la
maximisation des avantages que comportent le scrutin proportionnel et le scrutin majoritaire.
L’exemple type des systèmes mixtes, c’est la technique de vote qui est en vigueur en
République Fédérale d’Allemagne de laquelle nous nous sommes inspirés. En Allemagne,
l’électeur dispose de deux voix, la première sert à désigner la moitié des députés du
Bundestag au suffrage uninominal majoritaire dans le cadre des Landers., l’autre permet
d’élire la moitié de ces députés à la représentation proportionnelle sur une liste nationale
présentée par chaque parti politique. Au Sénégal, c’est la même logique qui prévaut sauf que
l’électeur ne dispose ici que d’une voix. Mais la grande question qu’on n’arrête pas de se
poser dans les grandes démocraties, c’est de savoir : qu’est-ce qui fonde le choix d’un mode
de scrutin donné ?
Ce mode de scrutin est généralement caractérisé par ce que l’on appelle le vote utile
des électeurs (l’électeur pense qu’il n’est pas utile de donner sa seule voix à un parti qui a peu
de chance d’accéder au pouvoir). Ce mode de scrutin comporte des avantages à savoir la
clarté et la simplicité qui sont les gages d’une stabilité gouvernementale et qui ouvrent la
possibilité à l’alternance. Cependant ces avantages sont contrebalancés par l’injustice et
l’inéquité notamment à l’égard des petits partis qui sont de fait privés de représentation
parlementaire. La deuxième loi de Duverger enseigne que le système majoritaire à deux tours
favoriserait contrairement au premier, un multipartisme modéré en ce qui qu’il permet au
premier group de se compter au premier tour c’est-à-dire de voter par leur sensibilité politique
réelle avant de voter utile au second tour. D’où une chance pour les petits partis de subsister
grâce à la logique des alliances qu’ils pourraient essentiellement nouer au second tour.
Exemple : la France, sous la Vème République, lors des scrutins législatifs, système électoral
sénégalais. Les avantages attendus ici c’est qu’il y aura une stabilité gouvernementale du fait
d’une bipolarisation de la vie politique (Exemple : la gauche et la droite). Mais ces avantages
sont contrebalancés par des inconvénients qui tiennent aux tractations (alliances) politiques et
qui conduisent à des alliances contre nature du point de vue idéologique.
La 3ème loi c’est celle qui dit que l’instauration de la représentation proportionnelle
permettrait de déboucher sur le multipartisme. L’explication ici c’est que dans la mesure où
les électeurs seraient assurés de voir effectivement leurs suffrages au décompte final du
nombre de siège devant revenir à leur liste préférée, ils donneraient libre cours à leurs
préférences idéologiques ou partisanes. Le principal avantage est le renforcement de la
présence des partis notamment au sein du Parlement. Les inconvénients résident en ce que ce
mode de scrutin entraîne le dispersion de l’électorat et par voie de conséquence l’éclatement
de la représentation parlementaire, d’où le risque d’instabilité politique c’est-à-dire des
situations où les partis politiques exercent une emprise sur le système, ce qui se traduit par des
tractations politiciennes permanentes. Exemple : 3ème ou 4ème République en France.
Mais il y a lieu de nuancer ces enseignements de Duverger en ce que tout d’une part,
les conséquences du choix d’un mode de scrutin ne sont jamais uniformes ou linéaires, et que
d’autre la tendance dans les faits est au rééquilibrage entre les effets induits des principaux
modes de scrutin par le succès grandissant des scrutins ou systèmes mixtes. Cependant la
dévolution du pouvoir ne se fait pas toujours de manière pacifique.
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a – Le scrutin majoritaire
Il se définit comme étant la technique de représentation ou le procédé de répartition
qui permet d’attribuer les sièges mis en compétition aux candidats ou à la liste ayant reçu à
l’issue des confrontations le plus grand nombre de voix. Ce type de scrutin peut se réaliser de
différentes façons. Il est uninominal lorsqu’il oppose plusieurs candidats qui se présenteraient
individuellement devant les électeurs. C’est là un mode de scrutin qui ne se réalise
généralement que dans le cadre de petites et moyennes circonscriptions. Mais il peut aussi
opposer plusieurs candidats regroupés des différentes listes sur la base d’une affinité
idéologique ou politique. D’où son appellation de scrutin de liste ou scrutin plurinominal.
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Dans le cadre de ce type de scrutin, des possibilités sont offertes aux électeurs de procéder
eux-mêmes à différentes combinaisons entre les listes.
Dans ce cas là on dit que le panachage et le vote préférentiel existent. Lorsqu’on les
refuse, on est en présence d’un scrutin de liste bloqué. Le scrutin majoritaire peut être à un ou
à deux tours. Il est à un tour lorsque la majorité relative suffit pour être élu. En d’autres
termes, le (s) siège (s) sont attribués aux candidats en tête quelle que soit son avance sur les
autres. Il est à deux tours quand l’élection n’est acquise du 1er coup qu’à la majorité absolue
ou à la majorité qualifiée. On parle de la majorité absolue lorsqu’il s’agit de considérer la
moitié des votants plus une voix ; tandis que dans le cadre de la majorité qualifiée, il est
question d’un pourcentage plus important de la majorité des voix que l’on combine
généralement avec l’autre pourcentage des inscrits. A défaut de ce type de majorité, il est
procédé à un second tour entre les candidats arrivés en tête soit en fonction de leur rang ou du
pourcentage de voix qu’ils ont recueilli (ballottage).
b – Le scrutin proportionnel
C’est une technique qui consiste à répartir des sièges en compétition entre les
différentes listes en présence au prorata des voix que chacune d’elles a recueillies dans le
cadre de cette compétition. D’un point de vue historique, ce mode de scrutin serait né en
Belgique, à la fin du 19ème siècle (créé par Hondt). C’est un mode de scrutin qui est loin d’être
simple. Il pose en effet, de nombreux problèmes dont deux sont d’une grande acuité. Il s’agit
respectivement de la détermination du chiffre ou nombre de référence c’est-à-dire un nombre
uniforme et identique qui permet d’envisager ou d’accepter l’élection de tout candidat (c’est
le quotient électoral) et d’autre part la répartition des restes de voix après la première
opération de distribution. Le quotient électoral c’est le nombre de voix qui donne droit à un
siège. Autant de fois ce chiffre est contenu dans le total de voix recueillies par une liste autant
de candidats élus obtient cette liste. On recense trois variétés de quotient électoral : quotients
uniforme, local et national.
Le quotient est dit uniforme ou fixe lorsqu’il désigne la quantité de voix pré-
déterminées au plan national et qui serait nécessaire pour avoir droit à un siège. On parle par
ailleurs de quotient local lorsqu’on divise le nombre total de suffrages exprimés par le nombre
de sièges à pourvoir au plan local. Enfin le quotient est dit national lorsqu’on vise le quotient
qui est obtenu en divisant le total des suffrages valablement exprimés au plan national, par le
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nombre de sièges à pourvoir. Ce quotient dit national est réputé plus conforme à l’esprit de
justice qui fonde le système de la représentation proportionnelle. Mais le choix du quotient
national ne remplit réellement cette fonction que dans le cadre de la représentation
proportionnelle intégrale. Celle-ci est un système de répartition dans lequel, les restes sont
distribués sur la base d’un nouveau quotient déterminé après division du nombre de voix non
utilisés au plan national par le nombre de sièges restants. Mais, il s’agit d’un procédé qui est
rarement utilisé.
Par ce procédé, on attribue à la distribution des sièges restants, un par un, jusqu’à
épuisement. Ce système de répartition est réputé plus favorable aux grands partis.
Il y a ensuite la technique d’Hondt qui permet de déterminer, grâce à une seule
opération, le nombre de sièges auxquels chaque liste aurait droit en divisant ces suffrages
obtenus par chaque liste par 1,2,3,4 ou plus selon le nombre de siéges en compétition. Les
résultats ainsi obtenus sont rangés par ordre décroissant jusqu’à concurrence du nombre de
sièges à pourvoir. C’est le dernier suffrage que constitue le chiffre de répartiteur ou le
quotient (système-belge). Il existe d’autres techniques qui permettent de répartir par ailleurs
les sièges restants mais elles sont moins utilisées parce que plus compliquées. A côté des
scrutins majoritaire et proportionnel il y a le système mixte.
c – Le système mixte
C’est l’ensemble des systèmes électoraux fondés sur la combinaison du système
majoritaire avec le système proportionnel. La finalité des systèmes mixtes c’est la
57
Ce mode de scrutin est généralement caractérisé par ce que l’on appelle le vote utile
des électeurs (l’électeur pense qu’il n’est pas utile de donner sa seule voix à un parti qui a peu
de chance d’accéder au pouvoir). Ce mode de scrutin comporte des avantages à savoir la
clarté et la simplicité qui sont les gages d’une stabilité gouvernementale et qui ouvrent la
possibilité à l’alternance. Cependant ces avantages sont contrebalancés par l’injustice et
l’inéquité notamment à l’égard des petits partis qui sont de fait privés de représentation
parlementaire. La deuxième loi de Duverger enseigne que le système majoritaire à deux tours
favoriserait contrairement au premier, un multipartisme modéré en ce qui qu’il permet au
premier group de se compter au premier tour c’est-à-dire de voter par leur sensibilité politique
réelle avant de voter utile au second tour. D’où une chance pour les petits partis de subsister
grâce à la logique des alliances qu’ils pourraient essentiellement nouer au second tour.
58
Exemple : la France, sous la Vème République, lors des scrutins législatifs, système électoral
sénégalais. Les avantages attendus ici c’est qu’il y aura une stabilité gouvernementale du fait
d’une bipolarisation de la vie politique (Exemple : la gauche et la droite). Mais ces avantages
sont contrebalancés par des inconvénients qui tiennent aux tractations (alliances) politiques et
qui conduisent à des alliances contre nature du point de vue idéologique.
La 3ème loi c’est celle qui dit que l’instauration de la représentation proportionnelle
permettrait de déboucher sur le multipartisme. L’explication ici c’est que dans la mesure où
les électeurs seraient assurés de voir effectivement leurs suffrages au décompte final du
nombre de siège devant revenir à leur liste préférée, ils donneraient libre cours à leurs
préférences idéologiques ou partisanes. Le principal avantage est le renforcement de la
présence des partis notamment au sein du Parlement. Les inconvénients résident en ce que ce
mode de scrutin entraîne le dispersion de l’électorat et par voie de conséquence l’éclatement
de la représentation parlementaire, d’où le risque d’instabilité politique c’est-à-dire des
situations où les partis politiques exercent une emprise sur le système, ce qui se traduit par des
tractations politiciennes permanentes. Exemple : 3ème ou 4ème République en France.
Mais il y a lieu de nuancer ces enseignements de Duverger en ce que tout d’une part,
les conséquences du choix d’un mode de scrutin ne sont jamais uniformes ou linéaires, et que
d’autre la tendance dans les faits est au rééquilibrage entre les effets induits des principaux
modes de scrutin par le succès grandissant des scrutins ou systèmes mixtes. Cependant la
dévolution du pouvoir ne se fait pas toujours de manière pacifique.
B – Les modes de scrutin
Le mode de scrutin peut être défini comme étant un système, ou une technique ou
l’ensemble des techniques qui permettent de déterminer les élus à partir du vote des électeurs.
Le choix d’un mode de scrutin revêt une grande importance dans la mesure où il est révélateur
dans un régime politique de la façon dont un pays est gouverné et mais aussi des rapports que
ce système de gouvernement entretient avec la démocratie. Le choix et le déroulement d’un
mode de scrutin, on en convient aujourd’hui largement dans les Etats démocratiques, doit être
articulé autour de trois principes majeurs que sont la liberté du vote, la sincérité du scrutin et
enfin l’égalité du vote. L’importance de ces trois principes dans l’évaluation d’un scrutin ou
d’un mode de scrutin à l’aune de l’exigence démocratique, implique deux choses. La première
c’est qu’il faut veiller à la consécration théorique des trois principes par tout système qui se
veut démocratique. La deuxième c’est de veiller à ce que dans l’organisation matérielle du
59
scrutin, ces trois principes ne soient dénaturés par des données techniques. Exemple : le
gerrymandering qui consiste à tailler ou à découper sur mesure des circonscriptions
électorales par les candidats qui auraient la majorité au pouvoir. Il est aussi appelé la
technique de la salamandre.
a – Le scrutin majoritaire
Il se définit comme étant la technique de représentation ou le procédé de répartition
qui permet d’attribuer les sièges mis en compétition aux candidats ou à la liste ayant reçu à
l’issue des confrontations le plus grand nombre de voix. Ce type de scrutin peut se réaliser de
différentes façons. Il est uninominal lorsqu’il oppose plusieurs candidats qui se présenteraient
individuellement devant les électeurs. C’est là un mode de scrutin qui ne se réalise
généralement que dans le cadre de petites et moyennes circonscriptions. Mais il peut aussi
opposer plusieurs candidats regroupés des différentes listes sur la base d’une affinité
idéologique ou politique. D’où son appellation de scrutin de liste ou scrutin plurinominal.
Dans le cadre de ce type de scrutin, des possibilités sont offertes aux électeurs de procéder
eux-mêmes à différentes combinaisons entre les listes.
Dans ce cas là on dit que le panachage et le vote préférentiel existent. Lorsqu’on les
refuse, on est en présence d’un scrutin de liste bloqué. Le scrutin majoritaire peut être à un ou
à deux tours. Il est à un tour lorsque la majorité relative suffit pour être élu. En d’autres
termes, le (s) siège (s) sont attribués aux candidats en tête quelle que soit son avance sur les
autres. Il est à deux tours quand l’élection n’est acquise du 1er coup qu’à la majorité absolue
ou à la majorité qualifiée. On parle de la majorité absolue lorsqu’il s’agit de considérer la
moitié des votants plus une voix ; tandis que dans le cadre de la majorité qualifiée, il est
question d’un pourcentage plus important de la majorité des voix que l’on combine
généralement avec l’autre pourcentage des inscrits. A défaut de ce type de majorité, il est
60
procédé à un second tour entre les candidats arrivés en tête soit en fonction de leur rang ou du
pourcentage de voix qu’ils ont recueilli (ballottage).
b – Le scrutin proportionnel
C’est une technique qui consiste à répartir des sièges en compétition entre les
différentes listes en présence au prorata des voix que chacune d’elles a recueillies dans le
cadre de cette compétition. D’un point de vue historique, ce mode de scrutin serait né en
Belgique, à la fin du 19ème siècle (créé par Hondt). C’est un mode de scrutin qui est loin d’être
simple. Il pose en effet, de nombreux problèmes dont deux sont d’une grande acuité. Il s’agit
respectivement de la détermination du chiffre où nombre de référence c’est-à-dire un nombre
uniforme et identique qui permet d’envisager ou d’accepter l’élection de tout candidat (c’est
le quotient électoral) et d’autre part la répartition des restes de voix après la première
opération de distribution. Le quotient électoral c’est le nombre de voix qui donne droit à un
siège. Autant de fois ce chiffre est contenu dans le total de voix recueillies par une liste autant
de candidats élus obtient cette liste. On recense trois variétés de quotient électoral : quotients
uniforme, local et national.
Le quotient est dit uniforme ou fixe lorsqu’il désigne la quantité de voix pré-
déterminées au plan national et qui serait nécessaire pour avoir droit à un siège. On parle par
ailleurs de quotient local lorsqu’on divise le nombre total de suffrages exprimés par le nombre
de sièges à pourvoir au plan local. Enfin le quotient est dit national lorsqu’on vise le quotient
qui est obtenu en divisant le total des suffrages valablement exprimés au plan national, par le
nombre de sièges à pourvoir. Ce quotient dit national est réputé plus conforme à l’esprit de
justice qui fonde le système de la représentation proportionnelle. Mais le choix du quotient
national ne remplit réellement cette fonction que dans le cadre de la représentation
proportionnelle intégrale. Celle-ci est un système de répartition dans lequel, les restes sont
distribués sur la base d’un nouveau quotient déterminé après division du nombre de voix non
utilisés au plan national par le nombre de sièges restants. Mais, il s’agit d’un procédé qui est
rarement utilisé.
consiste à attribuer les sièges restants aux listes ayant le plus grand nombre de suffrages
inutilisés. Cette technique de répartition est réputée favorable aux petits partis.
Par ce procédé, on attribue à la distribution des sièges restants, un par un, jusqu’à
épuisement. Ce système de répartition est réputé plus favorable aux grands partis.
Il y a ensuite la technique d’Hondt qui permet de déterminer, grâce à une seule
opération, le nombre de sièges auxquels chaque liste aurait droit en divisant ces suffrages
obtenus par chaque liste par 1,2,3,4 ou plus selon le nombre de siéges en compétition. Les
résultats ainsi obtenus sont rangés par ordre décroissant jusqu’à concurrence du nombre de
sièges à pourvoir. C’est le dernier suffrage que constitue le chiffre de répartiteur ou le
quotient (système-belge). Il existe d’autres techniques qui permettent de répartir par ailleurs
les sièges restants mais elles sont moins utilisées parce que plus compliquées. A côté des
scrutins majoritaire et proportionnel il y a le système mixte.
c – Le système mixte
C’est l’ensemble des systèmes électoraux fondés sur le combinaison du système
majoritaire avec le système proportionnel. La finalité des systèmes mixtes c’est la
maximisation des avantages que comportent le scrutin proportionnel et le scrutin majoritaire.
L’exemple type des systèmes mixtes, c’est la technique de vote qui est en vigueur en
République Fédérale d’Allemagne de laquelle nous nous sommes inspiré. En Allemagne,
l’électeur dispose de deux voix, la première sert à désigner la moitié des députés du
Bundestag au suffrage uninominal majoritaire dans le cadre des Landers., l’autre permet
d’élire la moitié de ces députés à la représentation proportionnelle sur une liste nationale
présentée par chaque parti politique. Au Sénégal, c’est la même logique qui prévaut sauf que
l’électeur ne dispose ici que d’une voix. Mais la grande question qu’on n’arrête pas de se
poser dans les grandes démocraties, c’est de savoir : qu’est-ce qui fonde le choix d’un mode
de scrutin donné ?
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Ce mode de scrutin est généralement caractérisé par ce que l’on appelle le vote utile
des électeurs (l’électeur pense qu’il n’est pas utile de donner sa seule voix à un parti qui a peu
de chance d’accéder au pouvoir). Ce mode de scrutin comporte des avantages à savoir la
clarté et la simplicité qui sont les gages d’une stabilité gouvernementale et qui ouvrent la
possibilité à l’alternance. Cependant ces avantages sont contrebalancés par l’injustice et
l’inéquité notamment à l’égard des petits partis qui sont de fait privés de représentation
parlementaire. La deuxième loi de Duverger enseigne que le système majoritaire à deux tours
favoriserait contrairement au premier, un multipartisme modéré en ce qui qu’il permet au
premier group de se compter au premier tour c’est-à-dire de voter par leur sensibilité politique
réelle avant de voter utile au second tour. D’où une chance pour les petits partis de subsister
grâce à la logique des alliances qu’ils pourraient essentiellement nouer au second tour.
Exemple : la France, sous la Vème République, lors des scrutins législatifs, système électoral
sénégalais. Les avantages attendus ici c’est qu’il y aura une stabilité gouvernementale du fait
d’une bipolarisation de la vie politique (Exemple : la gauche et la droite). Mais ces avantages
sont contrebalancés par des inconvénients qui tiennent aux tractations (alliances) politiques et
qui conduisent à des alliances contre nature du point de vue idéologique.
La 3ème loi c’est celle qui dit que l’instauration de la représentation proportionnelle
permettrait de déboucher sur le multipartisme. L’explication ici c’est que dans la mesure où
les électeurs seraient assurés de voir effectivement leurs suffrages au décompte final du
nombre de siège devant revenir à leur liste préférée, ils donneraient libre cours à leurs
préférences idéologiques ou partisanes. Le principal avantage est le renforcement de la
63
présence des partis notamment au sein du Parlement. Les inconvénients résident en ce que ce
mode de scrutin entraîne le dispersion de l’électorat et par voie de conséquence l’éclatement
de la représentation parlementaire, d’où le risque d’instabilité politique c’est-à-dire des
situations où les partis politiques exercent une emprise sur le système, ce qui se traduit par des
tractations politiciennes permanentes. Exemple : 3ème ou 4ème République en France.
Mais il y a lieu de nuancer ces enseignements de Duverger en ce que tout d’une part,
les conséquences du choix d’un mode de scrutin ne sont jamais uniformes ou linéaires, et que
d’autre la tendance dans les faits est au rééquilibrage entre les effets induits des principaux
modes de scrutin par le succès grandissant des scrutins ou systèmes mixtes. Cependant la
dévolution du pouvoir ne se fait pas toujours de manière pacifique.
B – Les modes de scrutin
Le mode de scrutin peut être défini comme étant un système, ou une technique ou
l’ensemble des techniques qui permettent de déterminer les élus à partir du vote des électeurs.
Le choix d’un mode de scrutin revêt une grande importance dans la mesure où il est révélateur
dans un régime politique de la façon dont un pays est gouverné et mais aussi des rapports que
ce système de gouvernement entretient avec la démocratie. Le choix et le déroulement d’un
mode de scrutin, on en convient aujourd’hui largement dans les Etats démocratiques, doit être
articulé autour de trois principes majeurs que sont la liberté du vote, la sincérité du scrutin et
enfin l’égalité du vote. L’importance de ces trois principes dans l’évaluation d’un scrutin ou
d’un mode de scrutin à l’aune de l’exigence démocratique, implique deux choses. La première
c’est qu’il faut veiller à la consécration théorique des trois principes par tout système qui se
veut démocratique. La deuxième c’est de veiller à ce que dans l’organisation matérielle du
scrutin, ces trois principes ne soient dénaturés par des données techniques. Exemple : le
gerrymandering qui consiste à tailler ou à découper sur mesure des circonscriptions
électorales par les candidats qui auraient la majorité au pouvoir. Il est aussi appelé la
technique de la salamandre.
a – Le scrutin majoritaire
Il se définit comme étant la technique de représentation ou le procédé de répartition
qui permet d’attribuer les sièges mis en compétition aux candidats ou à la liste ayant reçu à
l’issue des confrontations le plus grand nombre de voix. Ce type de scrutin peut se réaliser de
différentes façons. Il est uninominal lorsqu’il oppose plusieurs candidats qui se présenteraient
individuellement devant les électeurs. C’est là un mode de scrutin qui ne se réalise
généralement que dans le cadre de petites et moyennes circonscriptions. Mais il peut aussi
opposer plusieurs candidats regroupés des différentes listes sur la base d’une affinité
idéologique ou politique. D’où son appellation de scrutin de liste ou scrutin plurinominal.
Dans le cadre de ce type de scrutin, des possibilités sont offertes aux électeurs de procéder
eux-mêmes à différentes combinaisons entre les listes.
Dans ce cas là on dit que le panachage et le vote préférentiel existent. Lorsqu’on les
refuse, on est en présence d’un scrutin de liste bloqué. Le scrutin majoritaire peut être à un ou
à deux tours. Il est à un tour lorsque la majorité relative suffit pour être élu. En d’autres
termes, le (s) siège (s) sont attribués aux candidats en tête quelle que soit son avance sur les
autres. Il est à deux tours quand l’élection n’est acquise du 1er coup qu’à la majorité absolue
ou à la majorité qualifiée. On parle de la majorité absolue lorsqu’il s’agit de considérer la
moitié des votants plus une voix ; tandis que dans le cadre de la majorité qualifiée, il est
question d’un pourcentage plus important de la majorité des voix que l’on combine
généralement avec l’autre pourcentage des inscrits. A défaut de ce type de majorité, il est
procédé à un second tour entre les candidats arrivés en tête soit en fonction de leur rang ou du
pourcentage de voix qu’ils ont recueilli (ballottage).
b – Le scrutin proportionnel
C’est une technique qui consiste à répartir des sièges en compétition entre les
différentes listes en présence au prorata des voix que chacune d’elles a recueillies dans le
cadre de cette compétition. D’un point de vue historique, ce mode de scrutin serait né en
Belgique, à la fin du 19ème siècle (créé par Hondt). C’est un mode de scrutin qui est loin d’être
simple. Il pose en effet, de nombreux problèmes dont deux sont d’une grande acuité. Il s’agit
respectivement de la détermination du chiffre ou nombre de référence c’est-à-dire un nombre
uniforme et identique qui permet d’envisager ou d’accepter l’élection de tout candidat (c’est
le quotient électoral) et d’autre part la répartition des restes de voix après la première
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opération de distribution. Le quotient électoral c’est le nombre de voix qui donne droit à un
siège. Autant de fois ce chiffre est contenu dans le total de voix recueillies par une liste autant
de candidats élus obtient cette liste. On recense trois variétés de quotient électoral : quotients
uniforme, local et national.
Le quotient est dit uniforme ou fixe lorsqu’il désigne la quantité de voix pré-
déterminées au plan national et qui serait nécessaire pour avoir droit à un siège. On parle par
ailleurs de quotient local lorsqu’on divise le nombre total de suffrages exprimés par le nombre
de sièges à pourvoir au plan local. Enfin le quotient est dit national lorsqu’on vise le quotient
qui est obtenu en divisant le total des suffrages valablement exprimés au plan national, par le
nombre de sièges à pourvoir. Ce quotient dit national est réputé plus conforme à l’esprit de
justice qui fonde le système de la représentation proportionnelle. Mais le choix du quotient
national ne remplit réellement cette fonction que dans le cadre de la représentation
proportionnelle intégrale. Celle-ci est un système de répartition dans lequel, les restes sont
distribués sur la base d’un nouveau quotient déterminé après division du nombre de voix non
utilisés au plan national par le nombre de sièges restants. Mais, il s’agit d’un procédé qui est
rarement utilisé.
Par ce procédé, on attribue à la distribution des sièges restants, un par un, jusqu’à
épuisement. Ce système de répartition est réputé plus favorable aux grands partis.
Il y a ensuite la technique d’Hondt qui permet de déterminer, grâce à une seule
opération, le nombre de sièges auxquels chaque liste aurait droit en divisant ces suffrages
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obtenus par chaque liste par 1,2,3,4 ou plus selon le nombre de siéges en compétition. Les
résultats ainsi obtenus sont rangés par ordre décroissant jusqu’à concurrence du nombre de
sièges à pourvoir. C’est le dernier suffrage que constitue le chiffre de répartiteur ou le
quotient (système-belge). Il existe d’autres techniques qui permettent de répartir par ailleurs
les sièges restants mais elles sont moins utilisées parce que plus compliquées. A côté des
scrutins majoritaire et proportionnel il y a le système mixte.
c – Le système mixte
C’est l’ensemble des systèmes électoraux fondés sur le combinaison du système
majoritaire avec le système proportionnel. La finalité des systèmes mixtes c’est la
maximisation des avantages que comportent le scrutin proportionnel et le scrutin majoritaire.
L’exemple type des systèmes mixtes, c’est la technique de vote qui est en vigueur en
République Fédérale d’Allemagne de laquelle nous nous sommes inspiré. En Allemagne,
l’électeur dispose de deux voix, la première sert à désigner la moitié des députés du
Bundestag au suffrage uninominal majoritaire dans le cadre des Landers., l’autre permet
d’élire la moitié de ces députés à la représentation proportionnelle sur une liste nationale
présentée par chaque parti politique. Au Sénégal, c’est la même logique qui prévaut sauf que
l’électeur ne dispos ici que d’une voix. Mais la grande question qu’on n’arrête pas de se poser
dans les grandes démocraties, c’est de savoir : qu’est-ce qui fonde le choix d’un mode de
scrutin donné ?
Ce mode de scrutin est généralement caractérisé par ce que l’on appelle le vote utile
des électeurs (l’électeur pense qu’il n’est pas utile de donner sa seule voix à un parti qui a peu
de chance d’accéder au pouvoir). Ce mode de scrutin comporte des avantages à savoir la
clarté et la simplicité qui sont les gages d’une stabilité gouvernementale et qui ouvrent la
possibilité à l’alternance. Cependant ces avantages sont contrebalancés par l’injustice et
l’inéquité notamment à l’égard des petits partis qui sont de fait privés de représentation
parlementaire. La deuxième loi de Duverger enseigne que le système majoritaire à deux tours
favoriserait contrairement au premier, un multipartisme modéré en ce qui qu’il permet au
premier group de se compter au premier tour c’est-à-dire de voter par leur sensibilité politique
réelle avant de voter utile au second tour. D’où une chance pour les petits partis de subsister
grâce à la logique des alliances qu’ils pourraient essentiellement nouer au second tour.
Exemple : la France, sous la Vème République, lors des scrutins législatifs, système électoral
sénégalais. Les avantages attendus ici c’est qu’il y aura une stabilité gouvernementale du fait
d’une bipolarisation de la vie politique (Exemple : la gauche et la droite). Mais ces avantages
sont contrebalancés par des inconvénients qui tiennent aux tractations (alliances) politiques et
qui conduisent à des alliances contre nature du point de vue idéologique.
La 3ème loi c’est celle qui dit que l’instauration de la représentation proportionnelle
permettrait de déboucher sur le multipartisme. L’explication ici c’est que dans la mesure où
les électeurs seraient assurés de voir effectivement leurs suffrages au décompte final du
nombre de siège devant revenir à leur liste préférée, ils donneraient libre cours à leurs
préférences idéologiques ou partisanes. Le principal avantage est le renforcement de la
présence des partis notamment au sein du Parlement. Les inconvénients résident en ce que ce
mode de scrutin entraîne le dispersion de l’électorat et par voie de conséquence l’éclatement
de la représentation parlementaire, d’où le risque d’instabilité politique c’est-à-dire des
situations où les partis politiques exercent une emprise sur le système, ce qui se traduit par des
tractations politiciennes permanentes. Exemple : 3ème ou 4ème République en France.
Mais il y a lieu de nuancer ces enseignements de Duverger en ce que tout d’une part,
les conséquences du choix d’un mode de scrutin ne sont jamais uniformes ou linéaires, et que
d’autre la tendance dans les faits est au rééquilibrage entre les effets induits des principaux
modes de scrutin par le succès grandissant des scrutins ou systèmes mixtes. Cependant la
dévolution du pouvoir ne se fait pas toujours de manière pacifique.
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a – Le scrutin majoritaire
Il se définit comme étant la technique de représentation ou le procédé de répartition
qui permet d’attribuer les sièges mis en compétition aux candidats ou à la liste ayant reçu à
l’issue des confrontations le plus grand nombre de voix. Ce type de scrutin peut se réaliser de
différentes façons. Il est uninominal lorsqu’il oppose plusieurs candidats qui se présenteraient
individuellement devant les électeurs. C’est là un mode de scrutin qui ne se réalise
généralement que dans le cadre de petites et moyennes circonscriptions. Mais il peut aussi
opposer plusieurs candidats regroupés des différentes listes sur la base d’une affinité
idéologique ou politique. D’où son appellation de scrutin de liste ou scrutin plurinominal.
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Dans le cadre de ce type de scrutin, des possibilités sont offertes aux électeurs de procéder
eux-mêmes à différentes combinaisons entre les listes.
Dans ce cas là on dit que le panachage et le vote préférentiel existent. Lorsqu’on les
refuse, on est en présence d’un scrutin de liste bloqué. Le scrutin majoritaire peut être à un ou
à deux tours. Il est à un tour lorsque la majorité relative suffit pour être élu. En d’autres
termes, le (s) siège (s) sont attribués aux candidats en tête quelle que soit son avance sur les
autres. Il est à deux tours quand l’élection n’est acquise du 1er coup qu’à la majorité absolue
ou à la majorité qualifiée. On parle de la majorité absolue lorsqu’il s’agit de considérer la
moitié des votants plus une voix ; tandis que dans le cadre de la majorité qualifiée, il est
question d’un pourcentage plus important de la majorité des voix que l’on combine
généralement avec l’autre pourcentage des inscrits. A défaut de ce type de majorité, il est
procédé à un second tour entre les candidats arrivés en tête soit en fonction de leur rang ou du
pourcentage de voix qu’ils ont recueilli (ballottage).
b – Le scrutin proportionnel
C’est une technique qui consiste à répartir des sièges en compétition entre les
différentes listes en présence au prorata des voix que chacune d’elles a recueillies dans le
cadre de cette compétition. D’un point de vue historique, ce mode de scrutin serait né en
Belgique, à la fin du 19ème siècle (créé par Hondt). C’est un mode de scrutin qui est loin d’être
simple. Il pose en effet, de nombreux problèmes dont deux sont d’une grande acuité. Il s’agit
respectivement de la détermination du chiffre ou nombre de référence c’est-à-dire un nombre
uniforme et identique qui permet d’envisager ou d’accepter l’élection de tout candidat (c’est
le quotient électoral) et d’autre part la répartition des restes de voix après la première
opération de distribution. Le quotient électoral c’est le nombre de voix qui donne droit à un
siège. Autant de fois ce chiffre est contenu dans le total de voix recueillies par une liste autant
de candidats élus obtient cette liste. On recense trois variétés de quotient électoral : quotients
uniforme, local et national.
Le quotient est dit uniforme ou fixe lorsqu’il désigne la quantité de voix pré-
déterminées au plan national et qui serait nécessaire pour avoir droit à un siège. On parle par
ailleurs de quotient local lorsqu’on divise le nombre total de suffrages exprimés par le nombre
de sièges à pourvoir au plan local. Enfin le quotient est dit national lorsqu’on vise le quotient
qui est obtenu en divisant le total des suffrages valablement exprimés au plan national, par le
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nombre de sièges à pourvoir. Ce quotient dit national est réputé plus conforme à l’esprit de
justice qui fonde le système de la représentation proportionnelle. Mais le choix du quotient
national ne remplit réellement cette fonction que dans le cadre de la représentation
proportionnelle intégrale. Celle-ci est un système de répartition dans lequel, les restes sont
distribués sur la base d’un nouveau quotient déterminé après division du nombre de voix non
utilisés au plan national par le nombre de sièges restants. Mais, il s’agit d’un procédé qui est
rarement utilisé.
Par ce procédé, on attribue à la distribution des sièges restants, un par un, jusqu’à
épuisement. Ce système de répartition est réputé plus favorable aux grands partis.
Il y a ensuite la technique d’Hondt qui permet de déterminer, grâce à une seule
opération, le nombre de sièges auxquels chaque liste aurait droit en divisant ces suffrages
obtenus par chaque liste par 1,2,3,4 ou plus selon le nombre de siéges en compétition. Les
résultats ainsi obtenus sont rangés par ordre décroissant jusqu’à concurrence du nombre de
sièges à pourvoir. C’est le dernier suffrage que constitue le chiffre de répartiteur ou le
quotient (système-belge). Il existe d’autres techniques qui permettent de répartir par ailleurs
les sièges restants mais elles sont moins utilisées parce que plus compliquées. A côté des
scrutins majoritaire et proportionnel il y a le système mixte.
c – Le système mixte
C’est l’ensemble des systèmes électoraux fondés sur le combinaison du système
majoritaire avec le système proportionnel. La finalité des systèmes mixtes c’est la
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Ce mode de scrutin est généralement caractérisé par ce que l’on appelle le vote utile
des électeurs (l’électeur pense qu’il n’est pas utile de donner sa seule voix à un parti qui a peu
de chance d’accéder au pouvoir). Ce mode de scrutin comporte des avantages à savoir la
clarté et la simplicité qui sont les gages d’une stabilité gouvernementale et qui ouvrent la
possibilité à l’alternance. Cependant ces avantages sont contrebalancés par l’injustice et
l’inéquité notamment à l’égard des petits partis qui sont de fait privés de représentation
parlementaire. La deuxième loi de Duverger enseigne que le système majoritaire à deux tours
favoriserait contrairement au premier, un multipartisme modéré en ce qui qu’il permet au
premier group de se compter au premier tour c’est-à-dire de voter par leur sensibilité politique
réelle avant de voter utile au second tour. D’où une chance pour les petits partis de subsister
grâce à la logique des alliances qu’ils pourraient essentiellement nouer au second tour.
72
Exemple : la France, sous la Vème République, lors des scrutins législatifs, système électoral
sénégalais. Les avantages attendus ici c’est qu’il y aura une stabilité gouvernementale du fait
d’une bipolarisation de la vie politique (Exemple : la gauche et la droite). Mais ces avantages
sont contrebalancés par des inconvénients qui tiennent aux tractations (alliances) politiques et
qui conduisent à des alliances contre nature du point de vue idéologique.
La 3ème loi c’est celle qui dit que l’instauration de la représentation proportionnelle
permettrait de déboucher sur le multipartisme. L’explication ici c’est que dans la mesure où
les électeurs seraient assurés de voir effectivement leurs suffrages au décompte final du
nombre de siège devant revenir à leur liste préférée, ils donneraient libre cours à leurs
préférences idéologiques ou partisanes. Le principal avantage est le renforcement de la
présence des partis notamment au sein du Parlement. Les inconvénients résident en ce que ce
mode de scrutin entraîne le dispersion de l’électorat et par voie de conséquence l’éclatement
de la représentation parlementaire, d’où le risque d’instabilité politique c’est-à-dire des
situations où les partis politiques exercent une emprise sur le système, ce qui se traduit par des
tractations politiciennes permanentes. Exemple : 3ème ou 4ème République en France.
Mais il y a lieu de nuancer ces enseignements de Duverger en ce que tout d’une part,
les conséquences du choix d’un mode de scrutin ne sont jamais uniformes ou linéaires, et que
d’autre la tendance dans les faits est au rééquilibrage entre les effets induits des principaux
modes de scrutin par le succès grandissant des scrutins ou systèmes mixtes. Cependant la
dévolution du pouvoir ne se fait pas toujours de manière pacifique.
B – Les modes de scrutin
Le mode de scrutin peut être défini comme étant un système, ou une technique ou
l’ensemble des techniques qui permettent de déterminer les élus à partir du vote des électeurs.
Le choix d’un mode de scrutin revêt une grande importance dans la mesure où il est révélateur
dans un régime politique de la façon dont un pays est gouverné et mais aussi des rapports que
ce système de gouvernement entretient avec la démocratie. Le choix et le déroulement d’un
mode de scrutin, on en convient aujourd’hui largement dans les Etats démocratiques, doit être
articulé autour de trois principes majeurs que sont la liberté du vote, la sincérité du scrutin et
enfin l’égalité du vote. L’importance de ces trois principes dans l’évaluation d’un scrutin ou
d’un mode de scrutin à l’aune de l’exigence démocratique, implique deux choses. La première
c’est qu’il faut veiller à la consécration théorique des trois principes par tout système qui se
veut démocratique. La deuxième c’est de veiller à ce que dans l’organisation matérielle du
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scrutin, ces trois principes ne soient dénaturés par des données techniques. Exemple : le
gerrymandering qui consiste à tailler ou à découper sur mesure des circonscriptions
électorales par les candidats qui auraient la majorité au pouvoir. Il est aussi appelé la
technique de la salamandre.
a – Le scrutin majoritaire
Il se définit comme étant la technique de représentation ou le procédé de répartition
qui permet d’attribuer les sièges mis en compétition aux candidats ou à la liste ayant reçu à
l’issue des confrontations le plus grand nombre de voix. Ce type de scrutin peut se réaliser de
différentes façons. Il est uninominal lorsqu’il oppose plusieurs candidats qui se présenteraient
individuellement devant les électeurs. C’est là un mode de scrutin qui ne se réalise
généralement que dans le cadre de petites et moyennes circonscriptions. Mais il peut aussi
opposer plusieurs candidats regroupés des différentes listes sur la base d’une affinité
idéologique ou politique. D’où son appellation de scrutin de liste ou scrutin plurinominal.
Dans le cadre de ce type de scrutin, des possibilités sont offertes aux électeurs de procéder
eux-mêmes à différentes combinaisons entre les listes.
Dans ce cas là on dit que le panachage et le vote préférentiel existent. Lorsqu’on les
refuse, on est en présence d’un scrutin de liste bloqué. Le scrutin majoritaire peut être à un ou
à deux tours. Il est à un tour lorsque la majorité relative suffit pour être élu. En d’autres
termes, le (s) siège (s) sont attribués aux candidats en tête quelle que soit son avance sur les
autres. Il est à deux tours quand l’élection n’est acquise du 1er coup qu’à la majorité absolue
ou à la majorité qualifiée. On parle de la majorité absolue lorsqu’il s’agit de considérer la
moitié des votants plus une voix ; tandis que dans le cadre de la majorité qualifiée, il est
question d’un pourcentage plus important de la majorité des voix que l’on combine
généralement avec l’autre pourcentage des inscrits. A défaut de ce type de majorité, il est
74
procédé à un second tour entre les candidats arrivés en tête soit en fonction de leur rang ou du
pourcentage de voix qu’ils ont recueilli (ballottage).
b – Le scrutin proportionnel
C’est une technique qui consiste à répartir des sièges en compétition entre les
différentes listes en présence au prorata des voix que chacune d’elles a recueillies dans le
cadre de cette compétition. D’un point de vue historique, ce mode de scrutin serait né en
Belgique, à la fin du 19ème siècle (créé par Hondt). C’est un mode de scrutin qui est loin d’être
simple. Il pose en effet, de nombreux problèmes dont deux sont d’une grande acuité. Il s’agit
respectivement de la détermination du chiffre ou nombre de référence c’est-à-dire un nombre
uniforme et identique qui permet d’envisager ou d’accepter l’élection de tout candidat (c’est
le quotient électoral) et d’autre part la répartition des restes de voix après la première
opération de distribution. Le quotient électoral c’est le nombre de voix qui donne droit à un
siège. Autant de fois ce chiffre est contenu dans le total de voix recueillies par une liste autant
de candidats élus obtient cette liste. On recense trois variétés de quotient électoral : quotients
uniforme, local et national.
Le quotient est dit uniforme ou fixe lorsqu’il désigne la quantité de voix pré-
déterminées au plan national et qui serait nécessaire pour avoir droit à un siège. On parle par
ailleurs de quotient local lorsqu’on divise le nombre total de suffrages exprimés par le nombre
de sièges à pourvoir au plan local. Enfin le quotient est dit national lorsqu’on vise le quotient
qui est obtenu en divisant le total des suffrages valablement exprimés au plan national, par le
nombre de sièges à pourvoir. Ce quotient dit national est réputé plus conforme à l’esprit de
justice qui fonde le système de la représentation proportionnelle. Mais le choix du quotient
national ne remplit réellement cette fonction que dans le cadre de la représentation
proportionnelle intégrale. Celle-ci est un système de répartition dans lequel, les restes sont
distribués sur la base d’un nouveau quotient déterminé après division du nombre de voix non
utilisés au plan national par le nombre de sièges restants. Mais, il s’agit d’un procédé qui est
rarement utilisé.
consiste à attribuer les sièges restants aux listes ayant le plus grand nombre de suffrages
inutilisés. Cette technique de répartition est réputée favorable aux petits partis.
Par ce procédé, on attribue à la distribution des sièges restants, un par un, jusqu’à
épuisement. Ce système de répartition est réputé plus favorable aux grands partis.
Il y a ensuite la technique d’Hondt qui permet de déterminer, grâce à une seule
opération, le nombre de sièges auxquels chaque liste aurait droit en divisant ces suffrages
obtenus par chaque liste par 1,2,3,4 ou plus selon le nombre de siéges en compétition. Les
résultats ainsi obtenus sont rangés par ordre décroissant jusqu’à concurrence du nombre de
sièges à pourvoir. C’est le dernier suffrage que constitue le chiffre de répartiteur ou le
quotient (système-belge). Il existe d’autres techniques qui permettent de répartir par ailleurs
les sièges restants mais elles sont moins utilisées parce que plus compliquées. A côté des
scrutins majoritaire et proportionnel il y a le système mixte.
c – Le système mixte
C’est l’ensemble des systèmes électoraux fondés sur le combinaison du système
majoritaire avec le système proportionnel. La finalité des systèmes mixtes c’est la
maximisation des avantages que comportent le scrutin proportionnel et le scrutin majoritaire.
L’exemple type des systèmes mixtes, c’est la technique de vote qui est en vigueur en
République Fédérale d’Allemagne de laquelle nous nous sommes inspirés. En Allemagne,
l’électeur dispose de deux voix, la première sert à désigner la moitié des députés du
Bundestag au suffrage uninominal majoritaire dans le cadre des Landers., l’autre permet
d’élire la moitié de ces députés à la représentation proportionnelle sur une liste nationale
présentée par chaque parti politique. Au Sénégal, c’est la même logique qui prévaut sauf que
l’électeur ne dispose ici que d’une voix. Mais la grande question qu’on n’arrête pas de se
poser dans les grandes démocraties, c’est de savoir : qu’est-ce qui fonde le choix d’un mode
de scrutin donné ?
76
Ce mode de scrutin est généralement caractérisé par ce que l’on appelle le vote utile
des électeurs (l’électeur pense qu’il n’est pas utile de donner sa seule voix à un parti qui a peu
de chance d’accéder au pouvoir). Ce mode de scrutin comporte des avantages à savoir la
clarté et la simplicité qui sont les gages d’une stabilité gouvernementale et qui ouvrent la
possibilité à l’alternance. Cependant ces avantages sont contrebalancés par l’injustice et
l’inéquité notamment à l’égard des petits partis qui sont de fait privés de représentation
parlementaire. La deuxième loi de Duverger enseigne que le système majoritaire à deux tours
favoriserait contrairement au premier, un multipartisme modéré en ce qui qu’il permet au
premier group de se compter au premier tour c’est-à-dire de voter par leur sensibilité politique
réelle avant de voter utile au second tour. D’où une chance pour les petits partis de subsister
grâce à la logique des alliances qu’ils pourraient essentiellement nouer au second tour.
Exemple : la France, sous la Vème République, lors des scrutins législatifs, système électoral
sénégalais. Les avantages attendus ici c’est qu’il y aura une stabilité gouvernementale du fait
d’une bipolarisation de la vie politique (Exemple : la gauche et la droite). Mais ces avantages
sont contrebalancés par des inconvénients qui tiennent aux tractations (alliances) politiques et
qui conduisent à des alliances contre nature du point de vue idéologique.
La 3ème loi c’est celle qui dit que l’instauration de la représentation proportionnelle
permettrait de déboucher sur le multipartisme. L’explication ici c’est que dans la mesure où
les électeurs seraient assurés de voir effectivement leurs suffrages au décompte final du
nombre de siège devant revenir à leur liste préférée, ils donneraient libre cours à leurs
préférences idéologiques ou partisanes. Le principal avantage est le renforcement de la
77
présence des partis notamment au sein du Parlement. Les inconvénients résident en ce que ce
mode de scrutin entraîne le dispersion de l’électorat et par voie de conséquence l’éclatement
de la représentation parlementaire, d’où le risque d’instabilité politique c’est-à-dire des
situations où les partis politiques exercent une emprise sur le système, ce qui se traduit par des
tractations politiciennes permanentes. Exemple : 3ème ou 4ème République en France.
Mais il y a lieu de nuancer ces enseignements de Duverger en ce que tout d’une part,
les conséquences du choix d’un mode de scrutin ne sont jamais uniformes ou linéaires, et que
d’autre la tendance dans les faits est au rééquilibrage entre les effets induits des principaux
modes de scrutin par le succès grandissant des scrutins ou systèmes mixtes. Cependant la
dévolution du pouvoir ne se fait pas toujours de manière pacifique.
Parag.2 – Les modes de transmission violente du pouvoir : les révolutions et les
coups d’Etat
a – les révolutions
La révolution comme mode d’accession au pouvoir est aujourd’hui une forme
surannée, dépassée, bien que certains dirigeants continuent à qualifier leur coup de force de
révolutionnaire. C’est pourquoi nous n’étudierons cette modalité que de façon rapide.
Elles peuvent être résumées à l’établissement d’un ordre politique nouveau. Dans cet
établissement, il y a en fait deux choses : l’action de table rase que l’on fait en détruisant tout
ce qui était là et qui symbolisait l’ordre ancien (les organes et les textes) et la mise en place de
nouvelles institutions (organes et textes). Il s’agit donc véritablement de l’avènement d’un
nouveau pouvoir politique qui s’entend de nouvelles classes politiques, d’un nouveau pouvoir
local et de nouvelles mentalités. Mais le phénomène le plus courant et le plus fréquent
aujourd’hui notamment en Afrique, ce sont les coups d’Etat militaires.
16 qui dispose que l’objet de la Constitution est d’assurer la garantie des droits des citoyens
dans l’Etat en assignant des limites au pouvoir de cet Etat par une certaine disposition des
organes ou pouvoirs publiques. Au regard de ces dispositions, ce qui est énoncé c’est plus
qu’un principe ou une philosophie politique, c’est véritablement un mode d’existence de
l’Etat moderne sur droit. C’est à ce propos que les auteurs ont pu établir un lien entre les
notions de constitution, de constitutionnalisme et d’Etat de droit.
S’agissant du constitutionnalisme, c’est une notion qui serait née dans la Grèce antique
et qui se rapportait alors au corps des lois anciennes qui servaient de fondement à l’action de
l’Etat et qui ne pouvaient de ce fait être modifiés par les lois ordinaires.
Quant à l’Etat de droit, c’est la philosophie politique selon laquelle l’Etat serait fondé
sur le respect des règles de droit articulées selon le principe hiérarchique sur la base duquel il
y aurait une pyramide dont le sommet serait la constitution. Pour ce qui est enfin de dernière,
d’un point de vue historique, elle désignait l’ensemble des règles fondamentales dont l’objet
était de limiter les prérogatives du pouvoir royal. Cette différence de contexte va donner lieu à
différentes formes de constitution que l’on peut en fonction des contextes et des réalités,
opposer entre elles.
Au sens formel, la constitution c’est l’ensemble des règles qui obéissent pour leur
adoption et leur révision à une procédure spécifique.
principales. Mais dans la détermination de ces trois modalités : il n’y a pas nécessité de faire
distinction entre la phase de la discussion sur la révision et l’approbation de ce texte à
proprement parler. La première modification consisterait à faire appel au parlement avec ou
sans formation spécifique et avec ou sans procédure de révision spéciale. La deuxième
modalité tient à la mise sur pied d’une association spécialement désignée à cet effet (Ad hoc)
comme cela peut être le cas dans le système américain. La troisième modalité est
l’intervention du peuple par voie référendaire. S’agissant du Sénégal, on peut dire qu’il y a
une combinaison dans les 1ères et 3ème modalités dans le cadre de l’article 103. Pour conclure
cette interrogation sur l’élaboration et la révision des constitutions, on peut dire qu’elles
constituent des moments essentiels où le peuple se réapproprie sa prérogative de souverain
dans le cadre des systèmes de gouvernement représentatif. Autrement dit, aujourd’hui, on a
des systèmes de gouvernement dans lesquels le pouvoir qui est exercé par les gouvernants
n’est que délégué. Mais il l’est dans un but précis qui est d’atteindre les objectifs qui sont
définis par le peuple lui-même. Reste maintenant à connaître les modalités d’organisation
concrètes du pouvoir politique ou des gouvernants de façon générale, pour y arriver. La
réponse à cette question se trouve dans les manifestations politiques du pouvoir.
a- La fonction législative
Elle a trait à la conception et à la mise en forme des décisions générales qui intéressent
le devenir du groupe. S’agissant de leurs modalités de réalisation, ces décisions générales et
abstraites font l’objet d’actes-règles par lesquels l’organe formule une disposition normative
propre à modifier le droit objectif. C’est grâce à cette fonction législative que l’on crée les
85
lois. Comme nous l’avons vu précédemment la loi peut être définie suivant deux conceptions :
organico-formelle et matérielle. Par ailleurs on rencontre différents types de lois.
b - La fonction exécutive
Cette fonction se confond avec la fonction administrative qui est assurée par le
gouvernement et qui se matérialise dans la mise en œuvre de la règle générale et abstraite.
Elle consiste dans l’exercice d’un certain nombre d’attributions générales tenant à la mise en
œuvre de la force armée et à la mise en œuvre du pouvoir réglementaire, de même que dans
la gestion et le contrôle de l’appareil administratif. Toutefois, dans la cadre de son exercice, la
fonction pose le problème classique de l’autonomie du gouvernement par rapport au
parlement. Ce problème est résolu de façon tout aussi classique par le recours à la
classification des régimes politiques. C’est ainsi que le régime parlementaire postule une
relation de dépendance entre les deux alors que le régime présidentiel est censé être fondé sur
un rapport d’indépendance entre les deux. Mais en la matière il y a lieu de distinguer entre la
théorie et la réalité.
c - La fonction juridictionnelle
Outre la question liée à sa définition, cette fonction pose essentiellement le problème
de ses rapports avec la fonction exécutive. S’agissant de la définition, on peut dire que la
fonction juridictionnelle est le fait d’un certain nombre d’organes de l’Etat qualifiés de
judiciaires, de trancher les litiges qui surviennent entre les personnes dans le groupe. Cette
action d’arbitrage revêt une importance capitale dans la mesure où elle conditionne la
présentation de la liberté politique dans le groupe d’où la question fondamentale de savoir
comment organiser l’exercice de cette fonction de façon à garantir à son organe la neutralité
nécessaire ? La réponse à cette question a été formulée suivant deux niveaux. A un premier
niveau il s’est agi de consacrer par la constitution ou par la loi l’existence du pouvoir ou de
l’autorité qui en aurait la charge et à un deuxième niveau, il a fallu garantir à cette autorité ou
aux organes bénéficiaires, un statut. Une fois les fonctions de l’Etat précisées, il importe
d’étudier les forces politiques en présence.
Certes les groupes de pressions sont moins bien connus que les partis politiques mais
sont tout aussi présents dans la vie politique nationale.
T I T R E II
LES PRINCIPES DIRECTEURS
DU DROIT CONSTITUTIONNEL
Pour les révolutionnaires de 1789, le but de toute association politique, c’est la
conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme (cf. : article 2 de la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen). Cette idée fait écho à la
position des pionniers américains qui déclaraient dans leur constitution que l’association
politique n’a de sens que par rapport à la conservation de ces droits naturels de l’homme or
celle-ci n’est possible que s’il existe une constitution susceptible de pouvoir garantir, par une
procédure adéquate de contrôle les actes des gouvernants et assurer l’équilibre des pouvoirs
par une séparation effective. Ce sont là les deux piliers fondamentaux des systèmes
démocratiques modernes.
Le principe réside dans l’idée toute simple qu’il existe une Constitution qui sert de
référence à toutes les règles juridiques dans l’Etat. Cela signifie précisément que la validité de
ces règles se mesure à leur conformité à la Constitution. Pourtant, cette idée à la fois simple et
logique a eu beaucoup de mal à s’imposer dans la majorité des Etats modernes. En effet, son
acceptation a été graduelle. C’est aux Etats-Unis que pour la première fois l’idée a été admise
comme principe de fonctionnement de l’Etat à l’occasion de la décision rendue par un Juge
nommé Marshall en 1803 dans une affaire qui opposait un ancien Président des USA à un
fonctionnaire (Madison contre Marbury). On en viendra à cette position beaucoup plus tard
s’agissant de l’Europe, précisément au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Mais pour
cela il a fallu réfuter l’argument majeur selon lequel, censurer la loi équivalait à remettre en
cause la décision du peuple. Il s’y ajoute que pendant longtemps, on a entretenu au sein du
Parlement une méfiance certaine à l’égard des Juges qui, en tant qu’un symbole d’une
institution indépendante, étaient les seuls à pouvoir assurer ce contrôle de la régularité des lois
à l’égard de la constitution. La question qui se pose dès lors est de savoir jusqu’à quel point
on reste attaché à ce principe et par ailleurs selon quelles modalités devrait-on le mettre en
œuvre ?
d’actes selon les systèmes juridiques et les Etats. S’agissant de la France, par exemple, on
parlerait de quatre, le doute existerait sur le cinquième, au Sénégal on en était à quatre mais
maintenant on est à trois. Le premier acte qu’on trouve c’est le texte de la constitution lui-
même. Ce texte comprend toutes les dispositions qui sont contenues dans les articles de la
constitution. Autrement dit, la loi doit se conformer à la constitution tant dans sa forme que
dans son fond. Le deuxième type de règles est celles qui sont contenues dans le préambule de
la constitution, c’est ce qu’il y a avant les articles, c’est-à-dire l’ensemble des dispositions qui
revêtent un caractère juridique selon certains auteurs et qui sont placés au début des textes
constitutionnels et expriment l’adhésion d’un groupement politique à une philosophie donnée
ou à un mode de vie déterminé. Ce type de règles est apparu très récemment c’est-à-dire au
lendemain de la deuxième guerre mondiale. Mais il pose un problème particulier : celui de
savoir si le contenu du préambule revêtait réellement ou non une valeur contraignante c’est-à-
dire est-ce que c’est du droit ou non ? Depuis la décision du conseil constitutionnel français
du 16 juillet 1971 sur la liberté d’association, il est convenu que les dispositions contenues
dans le préambule peuvent revêtir un caractère contraignant. Ce que l’on trouve dans le
préambule en France notamment, ce sont les droits et libertés qui sont consacrés dans le texte
de 1789 et ce que l’on appelle les principes fondamentaux reconnus par les lois de la
République (PFRLR) et en troisième lieu ce que le juge lui-même appelle les principes
économiques et sociaux particulièrement nécessaires à notre temps. Au Sénégal aussi, le Juge
constitutionnel fait du préambule une source effective et pertinente du contrôle de
constitutionnalité. Le troisième acte ce sont les ordonnances qui sont les actes législatifs qui
ont servi notamment en France-et l’appellation nous vient de là-bas - à mettre en place des
institutions de la République au sortir de la deuxième guerre mondiale. Aujourd’hui, ces
ordonnances sont prévues par l’article 106 de la Constitution de janvier 2001, titre 13 se
rapportant aux dispositions transitoires ou passagères. Par ailleurs, il y a d’autres types d’actes
qu’on appelle les lois organiques sur la base desquelles on peut apprécier parfois la régularité
d’une loi par rapport à la constitution. Ce sont des actes législatifs relatifs à l’organisation et
au fonctionnement des pouvoirs publics et qui font l’objet d’une procédure d’adoption
spécifique et / ou de contrôle. Selon les circonstances, il peut arriver que cette régularité par
rapport à la Constitution soit mesurée sur la base d’autres textes : c’est le cas des traités. Les
rapports entre le traité et la loi ont pendant longtemps préoccupé les commentateurs,
notamment en France qui se sont toujours demandés s’il fallait intégrer, au regard de la
position fluctuante du Juge, le traité dans le bloc de constitutionnalité. Aujourd’hui avec
l’intégration de l’Euro, on penche de plus en plus vers une réponse positive. Mais, il n’y a pas
que la loi comme acte susceptible d’être soumis au contrôle.
On fait comme si la chose contestée n’a jamais existé. Mais, s’agissant d’une
disposition déjà existante, l’annulation peut n’être que partielle c’est-à-dire n’affecter qu’une
partie de cette disposition. Le deuxième type de sanction c’est celui qui concerne l’exception
de constitutionnalité ou de légalité (par excès de langage car ces deux termes sont différents
en réalité). L’exception de constitutionnalité correspond à la situation où l’annulation ne
vaudrait que pour les protagonistes et relativement au fait qui les ont opposés devant le Juge
tel que cela advient parfois aux USA. Mais à l’instar de la plupart des principes, la
constitutionnalité des lois a une portée qu’il convient d’apprécier.
seraient simultanés à l’attaque. Mais les particularités du CVA résident par ailleurs dans les
organes ou autorités qui en sont bénéficiaires. Il s’agit d’un nombre généralement limité.
Seulement, dans cette restriction, on peut parler de système fermé, restreint ou semi-restreint.
En d’autres termes, le mode de saisine du juge qui doit prendre la décision finale peut être
fermé ou restreint. En fait, la fermeture ou semi-fermerture est souvent fonction de la nature
des autorités de saisine. En réalité, la plupart du temps, il appartient aux organes politiques,
les élus (ex : France et Sénégal) d’enclencher le contrôle par voie d’action. Les particularités
du CVA se rapportent ensuite à la procédure et au délai ouvert par ce type de contrôle.
S’agissant des modalités de saisine du Juge, elles sont généralement déterminées dans les
textes qui organisent l’instance juridictionnelle elle-même. S’agissant du CC sénégalais, c’est
la loi du 30 mai 1992 qui en parle. Elle précise que la saisine du Juge se fait par lettre faisant
l’objet d’un dépôt auprès du greffe du CC. Cette procédure concerne aussi le moment du
dépôt qui se situe après le vote législatif avant la promulgation et la publication. S’agissant du
délai c’est-à-dire le moment auquel le CVA doit s’exercer, il est prévu dans les dispositions
de l’article 74 de la Constitution, un délai de six jours avant la promulgation. Les
particularités du CVA se rapportent enfin à l’organe compétent pour juger. Il s’agit le plus
souvent d’un Juge spécial qui est dénommé soit Cour, soit Conseil Constitutionnel. Il s’agit
donc de créer l’organe avec une composition spécifiée pour délibérer les conflits d’ordre
constitutionnel.
A la vérité, une telle décision donne lieu à des conséquences aux effets élargis compte
tenu du rôle de la jurisprudence dans le règlement des conflits.
Parag.2 - L’échec des techniques du CCL
Le CCL est un moyen qui est conçu pour garantir la finalité de la constitution dans
l’Etat de droit. Aussi est-il rare aujourd’hui de trouver un Etat qui ne le consacre pas dans le
texte fondamental. Pourtant sa bonne mise en œuvre n’est pas toujours assurée pour diverses
raisons, ce qui donne parfois lieu à des conséquences graves pour la stabilité de l’Etat.
1 – La défiance politique
C’est une action de contestation ou de désapprobation politique du gouvernement dans
sa façon de conduire les affaires publiques. C’est de la part du titulaire originel de la
souveraineté une attitude qui consiste à faire remarquer le décalage entre ses aspirations et ses
modalités de prise en charge par ses représentants. Théoriquement, cette action de
94
contestation publique du pouvoir n’est pas admise aujourd’hui pour la bonne raison qu’il
existe dans les Etats modernes des instances et des procédures grâce auxquelles le débat
s’instaure soit par la prise de la décision soit par sa mise en œuvre. Mais, dans les faits, ce
type d’action est toujours consécutif à une situation d’échec ou d’inefficacité des procédures
formelles ou officielles de contrôle. Dès lors, tout se passe comme si le mandant reprend ou
tente de reprendre l’initiative c’est-à-dire son pouvoir souverain y compris parfois de façon
violente. Cette action de révolte politique peut trouver grâce, aux yeux de certains théoriciens.
En outre, la Séparation des Pouvoirs est, à bien des égards, un rempart contre
l’oppression.
95
Il n’y a pas d’Etat aujourd’hui qui ne se réclame dans son organisation et dans son
fonctionnement du principe de la séparation des pouvoirs. Depuis 1789, (avec la Déclaration
des Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC) en son article 16), c’est ce principe qui fonde
la distinction entre les Etats dits libéraux et les Etats dictatoriaux ou autoritaires. Ce principe,
on le doit à Montesquieu qui, lors de son séjour en Angleterre rapporta un certain nombre
d’enseignements après l’observation du fonctionnement de la société politique anglaise. Ces
enseignements consignés dans son ouvrage majeur « De l’Esprit des Lois … » peuvent être
résumés de la façon suivante : les gouvernements modérés n’existent que là ou le pouvoir est
partagé entre des organes rivaux.
effective. Il en est ainsi parce que le pouvoir judiciaire y est conçu comme étant un succédané
du pouvoir exécutif. En effet on relève le plus souvent une dépendance étroite du Juge à
l’égard de l’exécutif du point de vue de ses moyens et de son statut, ce qui va entraîner
comme conséquence majeure l’enlèvement au principe de toute sa valeur originelle.
l’articulation des rapports entre les pouvoirs tend à réaliser l’équilibre politique et plutôt en
présence d’un Régime parlementaire, lorsque cette articulation tend à réaliser l’égalité entre
les pouvoirs. De fait dans un cas comme dans l’autre, il ne s’agit que de simples principes qui
peuvent être infirmés dans les faits.
DEUXIEME PARTIE
Jusqu’à la fin des années 80, on pouvait parler de deux types de régime démocratique
opposés quant à leurs visions des rapports politiques à la fois internes et internationaux.
L’idée était tellement ancrée dans la doctrine que des auteurs éminents comme Maurice
Duverger leur consacraient des développements substantiels. Dans ce cadre là, on était en
présence de deux modèles opposés de philosophie et de pratiques politiques. Ce sont d’une
part le modèle libéral (Occident) à et d’autre part le modèle socialiste ou démocratique.
Aujourd’hui le triomphe du 1er modèle est largement acquis à tel point qu’il n’existe
plus de prototype du 2ème modèle. Nous ne nous intéresserons ici donc qu’à la démocratie
libérale, le modèle socialiste ou démocratique marxiste.
99
Toutefois, il y a une ligne de partage qui n’est pas toujours bien dessinée et qui donne
lieu à bien des variantes dans le cadre d’un même modèle. C’est pourquoi on parle de
démocratie réelle, de démocratie fictive ou encore de démocratie pluraliste et démocratie de
autoritaire.
La démocratie libérale est fortement marquée par ses origines occidentales et comme
telle, elle est structurée autour d’un certain nombre de valeurs que sont l’affirmation de
prérogatives et de droit reconnus aux individus qui doivent être sauvegardés en face de l’Etat,
l’existence du pluralisme et enfin la nécessité d’une équilibre des pouvoirs. Ce sont ces
valeurs que partagent les principaux régimes politiques occidentaux comme le régime
américain, le régime français et le régime britannique.
Pour bien comprendre ce régime tant dans son organisation que dans son
fonctionnement, il est nécessaire de remonter le cours de l’histoire.
De façon corrélative, la royauté était aussi arrivée à asseoir son autorité aux plans
philosophique et politique. Elle était devenue une monarchie de type héréditaire et de droit
divin. Cela signifie que le Roi tenait son pouvoir de Dieu lequel l’a définitivement confié à la
famille régnante. Cette position revêtait un intérêt double dans la mesure où elle permettait au
roi non seulement de s’affranchir de l’autorité ecclésiastique pour laisser libre cours à sa
recherche d’absolu mais aussi de s’imposer définitivement aux seigneurs locaux.
100
Dans les faits, le système va finir par reposer sur la confusion des pouvoirs au profit
du roi dans la mesure où celui-ci concentrait tout entre ses mains à savoir le pouvoir législatif,
le pouvoir exécutif et même le pouvoir judiciaire, grâce à son droit d’évocation de plus en
plus fréquent des décisions rendus par les Parlements.
Cette concentration du pouvoir n’était contrebalancée par aucune action positive dans
le fonctionnement de l’Etat. Au contraire, la population (notamment dans sa troisième
composante le Tiers était confronté à toutes sortes de privations. Et c’est le conjonction entre
les forces du tiers état et celles des deux autres composantes (la bourgeoisie et la noblesse) qui
fera tomber le Roi.
Elle est relative à la mise en œuvre des principes qui viennent d’être déclarés d’une
part et d’autre part d’une mise en place d’instituions tendant à limiter la puissance de la
Monarchie. Avec le Déclaration des droits et leur mise en œuvre, les citoyens cessaient d’être
soumis à l’arbitraire royal en même temps qu’ils étaient mis à l’abri d’une répression qui
pourrait provenir de l’Etat. Désormais, la liberté est la règle.
Mais curieusement, c’est sous le règne de Napoléon 1er que l’essentiel des textes qui
fondent l’ordre libéral fut adopté. Parmi ces textes, on retient par exemple le code civil de
1804.
Malheureusement, ce mouvement ne va s’enraciner qu’à partir de sa chute et la
restauration de la Monarchie avec cependant de fortes limitations constitutionnelles. Celles-ci
étaient contenues dans une charte au terme de laquelle le gouvernement était soumis au roi
tout en fonctionnant sur la base du pluralisme. Autrement dit, c’est un régime parlementaire à
l’anglaise qui était mis en place. Mais en vérité, jusque-là, dans la pratique, on évoluait encore
hors norme parlementaire, en deçà des principes structurant ce type de régime.
En effet, le peuple n’était souverain que de nom car le droit de suffrage était très
restreint. Ceci précipitera d’ailleurs la fin du régime. Avec la Révolution prolétarienne de
1848 et la seconde proclamation de la République le 20 février 1848, de nouvelles institutions
vont apparaître avec le rétablissement du suffrage universel et l’avènement d’une autre
constitution le 04 novembre 1948 qui va organiser le pouvoir sur le modèle américain mais
dépourvu de ses principes philosophiques c’est-à-dire l’équilibre et la collaboration des
pouvoirs. Il s’agit d’un Gouvernement de stricte répartition des pouvoirs tendant à leur
immobilisation. C’est ce qui est à l’origine du coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte le 08
décembre qui va mettre en place un nouvel empire caractérisé par un pouvoir exécutif et à
tendance populaire dans la mesure où c’est un type de régime qui est fondé sur le plébiciste.
Il en sera ainsi jusqu’en 1870 avant que ne s’instaure la seconde République à la suite
de laquelle l’Empereur capitulera pour laisser place à son gouvernement provisoire, qui va
signer l’Armistice sous le Commandement de Tiers chargé de conduire la pays jusqu’à la
mise en place de nouvelles institutions. Cet intermédiaire durera de 1872 à 1875 et sera
marqué à la fois par une sorte d’instabilité, d’attente et de maturation d’un certain nombre de
principes qui donneront naissance au régime parlementaire.
Dans cette situation de chaos, il y avait un deuxième fait marquant, c’est la querelle
qui opposait différentes branches royales prétendant au trône sous l’arbitrage des députés. La
non-entente a abouti à la politique de la terreur, c’est-à-dire une solution d’attente consistant à
confier le pouvoir à des régents et en l’aménageant plus précisément par deux textes : celui de
1871 et celui de mars 1873, textes qui confiaient le pouvoir exécutif pour sept (7) ans, au
Maréchal Mac mahon. Mais avant ces 7 ans un amendement allait transformer la destinée de
ce régime.
Elle se rapporte aux rapports entre pouvoirs publics c’est-à-dire d’une part un exécutif
dual dépendant et d’autre part un parlement composé d’un Sénat et d’une Chambre des
députés. C’est de cette loi que date la responsabilité politique du gouvernement devant les
chambres. La philosophie de ce gouvernement était fondée sur le modération dans la mesure
où les rapports politiques entre l’exécutif et le législatif étaient équilibrés. Mais on allait être
en présence de deux mouvements plus ou moins contradictoires.
Par ailleurs, le régime était marqué par une certaine incohérence et une instabilité dans
la mesure où il n’existait pas de majorité solide au Parlement. C’est ce qui va d’ailleurs
favoriser en partie la défaite de la France devant l’Allemagne en 1940. Avec la libération on
103
A – Le Président de la République
Aux termes de l’article 5, titre II de la Nouvelle Constitution, des prérogatives
importantes lui sont conférées ; sept prérogatives lui sont reconnues par la constitution ;
dispositions qui font de lui la clé de voûte du système politique. Cette notion de « clé de
voûte » est de Michel Debré (ancien Premier Ministre du Général De Gaulle) et elle rend bien
compte de l’importance de son statut et de ses pouvoirs (Bayeux, 16 juin 1946).
1 – Le statut du Président
Pendant sa traversée du désert, le Président De Gaulle a tenu un discours dans lequel il
souhaitait pour la France un Président au-dessus de la mêlée politique. Mais ces idées ne
triompheront que douze (12) ans après dans la mesure où c’est dans la Constitution de 1958
que l’on va imaginer un statut conséquent au chef de l’Etat fondé sur un mode d’élection
nouveau et bénéficiant d’une protection réelle. Pour le mode d’élection, le Président est
désigné dans un premier temps par un collège d’élus nationaux et locaux. Depuis le
référendum du 06 novembre 1962, sa désignation se fait au suffrage universel direct pour un
mandat de 7 ans. Cette durée de mandat est un héritage de la IIIè République.
Cette irresponsabilité signifie que les actes accomplis dans le cadre de ses activités
sont endossés par le Gouvernement qui, au besoin, en répond devant le Parlement. Quels sont
ses pouvoirs ?
A – Le statut du Parlement
Le premier élément, c’est le mode d’organisation. On est en présence d’un
bicéphalisme dans le cadre duquel on veut faire jouer au Sénat un rôle de modérateur,
d’équilibre au profit des collectivités locales. C’est une chambre fort ancienne dans la mesure
où, aussi bien sous le directoire, le premier et second empire comme sous la première et la
deuxième Républiques, il a toujours eu deux Chambres.
L’Assemblée nationale regroupe des députés élus au suffrage universel direct sur la
base d’un scrutin majoritaire à deux tours et leur chiffre avoisine les 600.
S’agissant des Sénateurs, ils sont au nombre de 322 à raison d’un sénateur pour
145000 habitants. Ils sont élus pour 09 ans renouvelables au tiers. Ils sont élus au suffrage
universel indirect. Le mode de scrutin est double c’est-à-dire pour certains départements on
applique le scrutin majoritaire à deux tours tandis que pour d’autres (plus de 5 sénateurs à
désigner), on applique le scrutin proportionnel. Le Parlement français est régi par un
règlement intérieur, symbole de l’Autonomie et de la puissance de l’Assemblée. Il a pour
objet de régir l’organisation et le fonctionnement du Parlement à travers notamment de
nombreuses commissions.
B – Le fonctionnement du Parlement
La Constitution de 1958 assigne au Parlement français un double rôle : le vote des lois
et le contrôle du Gouvernement.
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1 - Le vote des lois : Le parlement français vote les lois dans les matières qui sont
limitativement énumérées à l’article 34. Cependant son action emprunte deux modalités
différentes : soit fixer dans les détail les règles intervenant dans une matière déterminée, soit
déterminer les principes fondamentaux qui gouvernent une matière (Défense nationale).
Cependant quelle que soit la modalité, elle laisse place à l’intervention de l’exécutif.
S’agissant de la création de loi, elle obéit à une procédure appelée processus législatif. Il y a le
phénomène de la navette législative qui impose que toute proposition ou projet de loi fasse
l’objet d’un examen successif par les deux assemblées jusqu’à accord identique. Mais si
l’accord ne se trouve pas facilement le dernier mot est donné à l’Assemblée nationale.
Cette procédure s’étale sur plusieurs phases. Il y a aussi différents types de lois
ordinaires, organiques, ou relatives aux finances, comme au jeu politique lui-même qui font
que le parlement intervient dans les activités du gouvernement.
2 - Le contrôle du Gouvernement
Dans le cadre des rapports entre le Parlement et l’Exécutif, il y deux moyens qui sont
conférés à celui-là pour contrôler celui-ci : les moyens de contrôle ordinaire et les moyens de
contrôle spécifiques au régime parlementaire.
Moyens ordinaires
Il y en premier lieu les questions que les parlementaires peuvent adresser aux membres
du gouvernement et qui y répondent oralement lors des séances hebdomadaires. Il leur est par
ailleurs loisible d’adresser des questions écrites au gouvernement ou à ses membres par
l’intermédiaire du Président de l’Assemblée nationale. Ces procédés de contrôle entrent dans
le cadre normal de la représentation politique. Le Parlement peut aussi constituer des
commissions d’enquêtes ou de contrôle. Il s’agit ici d’un instrument dont la création et la mise
en œuvre sont laissées à la discrétion des parlementaires c’est-à-dire des commissions peuvent
être créées relativement à divers objets. Les commissions de contrôle proprement dites se
rapportent à la gestion administrative, financière ou technique du Gouvernement. Mais quels
qu’ils soient, l’utilisation de chacun de ces moyens peut déboucher sur une situation politique
grave pour le gouvernement, celle qui consiste à son renvoi même si pour la mise en œuvre de
cette prérogative majeure et ultime, il y a des moyens spécifiques plus adéquates.
Ce rapprochement voulu par le Général est qualifié par certains auteurs de caprices
d’un vieillard qui a souvent besoin d’un bain de jouvence populaire. Mais curieusement ce
sont les institutions partisanes qui lui seront à la fois le maintien au pouvoir et les moyens de
sa réalisation politique.
Après ces deux périodes de cohabitation et celle plus récente entre 1997, et 2002, on
peut dire que le système politique français est entrain de vivre une période de maturité et c’est
que le Président Chirac lui-même disait après son élection.
A – La couronne
C’est le symbole du royaume, l’incarnation à la fois du pouvoir exécutif avec son faste
et son protocole et du règne d’une famille à la tête d’un royaume. Elle matérialise par ailleurs
la souveraineté du peuple britannique, représentée par la Monarchie qualifiée parfois aussi de
parlementaire pour souligner son adéquation avec la majorité au Parlement.
Cette incarnation est consacrée par les Parlements anglais depuis 1701 avec le vote
d’une loi constitutionnelle. Cette légitimité fut renforcée par les lois de 1753 et 1757 sous la
régence. Mais le roi règne tout en ne gouvernant pas. Il ne remplit que des fonctions
politiques symboliques (nomination du 1er ministre, ouverture et fermeture des sessions
parlementaires, convocation ou dissolution de l’Assemblée). Il garde cependant un certain
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B – Le Gouvernement
Il comprend deux organes : le Premier ministre et le Cabinet :
1 – Le Premier ministre
Il est désigné à la suite des élections législatives et il est toujours le chef de la majorité
sortie des urnes. C’est pour cela qu’il bénéficie d’un soutien quasi absolu du Parlement. Mais
de soutien n’est ni permanent, ni inconditionnel. Il a aussi un certain nombre de pouvoirs celui
de la nomination et de la révocation des membres du gouvernement choisis parmi les députés
de son parti. Il bénéficie en apparence d’une grande liberté d’action et de choix pour la
désignation des membres de son équipe ; en réalité, il est limité par la logique partisane.
2 – Le cabinet
C’est le rouage essentiel de l’Exécutif. Ses ministres sont souvent des députés issus du
parti majoritaire au Parlement. Mais cela n’exclut pas la possibilité de choisir des membres
venant d’autres horizons politiques (cabinet de coalition). La taille du cabinet varie selon
qu’on est en temps de guerre ou de paix ou en fonction des turbulences politiques ou
électorales. Mais en réalité ce qu’on appelle cabinet en Grande – Bretagne ce sont les
ministères-clès dont les chefs portent le titre de Secretary of State (les finances, les affaires
étrangères, la couronne, la défense) : tous les autres sont des ministères secondaires. Cela
n’affecte nullement cependant l’efficacité du cabinet. Celui-ci se subdivise en commissions
spécialisées dans divers domaines politiques. La coordination entre ces différentes
commissions est assurée par le Secrétariat du cabinet. Les fonctions principales incombant au
Cabinet sont elles aussi allégées. La première fonction consiste à prendre une décision sur les
grands problèmes qui affectent la politique générale du royaume.
Pour l’élaboration des lois, les communes sont organisées en plusieurs commissions
subdivisées entre commissions spécialisées et non spécialisées. Les commissions spécialisées
ont pour vocation d’étudier toutes les propositions de lois alors que la commission plénière est
seule compétente pour l’étude des projets de budget.
SECTION II – FONCTIONNEMENT
Le système est désigné sous le terme de régime parlementaire dont la caractéristique
principale est de se fonder sur le principe de la souveraineté parlementaire. L’usage de ce
terme est ici spécifique en ce sens qu’il rend compte de la toute puissance du Parlement qui
est à l’origine du gouvernement et sui domine toute la vie politique britannique. Il est
composé de deux grands partis. C’est ce que l’on appelle le bipartisme anglais. L’équilibre de
ce système pour la garantie de la liberté politique est tel qu’il a été copié un peu partout dans
le monde. Il faut donc essayer de déterminer ses origines avant de mesurer son influence sur
le système politique lui-même.