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TS LES RÉACTIONS NUCLÉAIRES P 06

Intro : Le problème de la durée de vie du Soleil à la fin du 19ème siècle.


Avec les connaissances de l’époque (la masse du Soleil était déjà bien connue), la meilleure hypothèse envisageait une durée de
vie d’environ 10 000 ans si le Soleil était en charbon pur (le meilleur combustible connu alors) et qu’il émettait la même quantité
d’énergie qu’actuellement. Or cette durée est bien inférieure à celle de l’âge de la Terre estimé à partir des fossiles et de la
géologie et elle était tout juste compatible avec les hypothèses bibliques (la fin du monde était proche !!!).

1. Équivalence masse-énergie
1.1. Énergie de liaison d’un noyau
L’énergie de liaison du noyau, notée E l , est l’énergie qu’il faut fournir à un noyau pris au repos pour le
dissocier en ses différents nucléons obtenus isolés et immobiles.
C’est l’énergie qu’il faut fournir pour casser les liaisons entre nucléons et les séparer suffisamment pour
qu’ils n’aient plus d’interaction entre eux. C’est une énergie importante car les nucléons sont très liés.

1.2. Défaut de masse d’un noyau :


On a constaté expérimentalement que la masse d’un noyau est toujours inférieure à la somme des masses de
ses constituants.

Pour le noyau AZ X , le défaut de masse est Äm = m nucléons −m noyau = Z m p + (A −Z) m n −m X > 0 .


Le défaut de masse est de l’ordre du % en valeur relative.

Exemple : (p116) noyau d’hélium 42 He m He = 6,6447 ×10 −27 kg , m p = 1, 67265 ⋅10 kg et


−27

m n = 1, 67496 ⋅10−27 kg .
∆ m = m nucléons −m noyau = 2 m p + (4−2)m n −m H e soit Δ m = 5,0520 ×10 −29 kg donc Δ m /m He ≈0,8 % .

1.3.Principe d’équivalence masse-énergie


En 1905, Einstein imagine que le défaut de masse est dû à l’interaction entre les nucléons du noyau et relie
le défaut de masse à l’énergie de liaison. C’est le principe d’équivalence masse-énergie : une particule
matérielle, même au repos (pas d’Ec) et sans interactions (pas d’Ep), possède de l’énergie du seul fait qu’elle
possède une masse. Cette énergie est nommée énergie de masse.
L’énergie de masse d’un système au repos est E = mc 2 avec E en joules, m en kg et c = 3,00108 m/s.

Ex : énergie de masse du neutron, E = 1, 67492 ⋅10−27 × (2,9979 ⋅108 ) 2 = 1,5053 ⋅10−10 J

Le défaut de masse est équivalent à l’énergie à fournir pour dissocier les nucléons du noyau, c'est-à-dire
l’énergie de liaison.
L’énergie de liaison d’un noyau est donc la différence entre la somme des énergies de masse de ces
nucléons pris séparément et son énergie de masse :
E l = ⎡⎣Z m p + (A −Z) m n ⎤⎦ c 2 −m X c 2 d’où E l = Δm c 2 > 0 .

Ex : Pour le noyau d’Hélium E l = Δm c 2 = 5, 0520 ⋅10−29 × (


2,9979 ⋅108 )= 4,5404 ⋅10−12 J
2

1.4. Les unités adaptées


Les unités habituelles sont beaucoup trop grandes pour les particules élémentaires et les noyaux.
M(12 C)
L’unité de masse atomique u (ou uma) : 1u = 1 u = 1,660 54 ×10 −27 kg .
12 N A
L’électron-volt : 1 eV = 1,602 ×10 J .
−19

Le mégaélectronvolt : 1 MeV = 106 eV = 1,602 ×10−13J


Exemples :
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1,5053 ⋅10−10
 Quelques énergies de masse en MeV : Neutron, E = = 9,3965 ⋅108 eV soit
1, 602 ⋅10−19
9,3965 ⋅108
E= = 939, 65 MeV  ; électron 0,511 MeV, proton 938,3 MeV.
106
1,660 54 ×10−27 × (2,9979 ⋅108 ) 2
 Unité de masse atomique, E = = 9,316 ⋅108 eV soit E = 931, 6 MeV
1, 602 ⋅10−19
 Énergie de liaison de l’hélium, E l = 28,3423 MeV .

1.5.Énergie de liaison par nucléon


Plus un noyau est lourd, plus son énergie de liaison est grande mais cela ne signifie pas que sa stabilité est
plus grande.
Pour évaluer la cohésion d’un noyau, on imagine que l’énergie de liaison est répartie de manière égale sur
tous les nucléons, on a ainsi une indication de l’énergie qu’il faut apporter au noyau pour extraire un seul
nucléon.
E
Cette énergie est l’énergie de liaison par nucléon l avec E l l’énergie de liaison et A le nombre total de
A
nucléons.
La stabilité d’un noyau dépend de l’énergie moyenne de liaison par nucléon : plus l’énergie de liaison par
nucléon est grande, plus la cohésion du noyau est forte (donc plus le noyau est stable).
E 28,3423 E
Exemples : pour l’hélium l = = 7, 09 MeV / nucléon  ; pour le fer 56, l = 8, 79 MeV / nucléon  ;
A 4 A
E
pour l’uranium 238, l = 7,57 MeV / nucléon .
A
1.6.Courbe d’Aston
El
On représente − = f (A) , c’est l’opposée de l’énergie par
A
nucléon en fonction du nombre de nucléon. (Voir livre page
115).
E
Plus la valeur de − l est faible, plus le noyau est stable.
A
Les noyaux les plus liés donc les plus stables se trouvent au creux de la courbe.
 De A = 20 à 195 les noyaux sont stables et leur énergie de liaison par nucléon est comprise entre 8 et 9 MeV
 Si A > 195, les noyaux sont instables ils peuvent subir une fission (se briser) pour donner deux noyaux
plus légers appartenant ou se rapprochant du domaine de stabilité. La radioactivité  est un cas particulier.
 Si A < 20, deux noyaux légers peuvent (dans certaines conditions) se souder pour former un noyau plus
lourd et plus stable et libérer l’énergie correspondant à la « dénivellation » dans la courbe d’Aston.
2. Réactions nucléaires provoquées
Les noyaux non radioactifs sont stables, mais ils n’ont pas tous la même stabilité (Voir courbe d’Aston).
C’est pourquoi les transformations non spontanées sont possibles à condition d’aller dans le sens d’une
augmentation de la stabilité nucléaire.

2.1. Propriétés générales


Les réactions nucléaires provoquées (= artificielles ou non) satisfont aux mêmes lois de conservation que la
radioactivité (= réactions nucléaires spontanées) :
Lois de Soddy :
*conservation du nombre de nucléons, ΣAinitiale = ΣA finale  ;
*conservation de la charge électrique, ΣZinitial = ΣZfinal .
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Conservation de l’énergie (voir paragraphe 3) en tenant compte de l’énergie de masse et de l’énergie
cinétique des particules.
La variation d’énergie de masse du système nucléaire est égale à :
ΔE = Σm final c 2 −Σminitial c 2 = Σm produits c 2 −Σm réactifs c 2 = Δm réaction c 2 .

Si la variation d’énergie de masse du système ΔE au cours de la réaction est négative, alors de l’énergie est
libérée vers l’extérieur et E libérée = −ΔE > 0 .

Soleil

Exemple : Le soleil est le siège de réactions nucléaires, les


astronomes ont montrés que le Soleil perd plus de quatre millions E1
de tonnes de matière par seconde.
Il perd donc de l’énergie, essentiellement sous forme de E2 Rayonnement
Extérieur
rayonnement et cette énergie est fournie à l’extérieure.
E rayonnement = −ΔE

2.2. La fission nucléaire


 Définition :
Une fission nucléaire est une réaction nucléaire au cours de laquelle un noyau lourd, dit fissile, est cassé en
deux noyaux plus légers.
Les noyaux fissiles sont rares, exemples 235 U , 239 Pu .

 Conditions de réalisation :
La fission est dans la plupart des cas provoquée par l’impact d’un neutron car n’étant pas chargé, il ne subit
pas de répulsion électrostatique de la part du noyau cible. Seuls les neutrons « lents » sont efficaces.
Sous l’impact du neutron, le noyau d’uranium 235 U se brise en deux noyaux plus légers plus 2 ou 3
neutrons et de l’énergie.
C’est Irène et Frédéric Joliot Curie qui ont montré (1934) que sous l’impact d’un neutron, le noyau d’uranium 235 peut se briser
en deux noyaux plus légers. (Ils reçurent le prix Nobel de chimie en 1935 pour la découverte de la radioactivité artificielle).
La réaction de fission libère de l’énergie.

 La réaction en chaine :
Les neutrons libérés peuvent à leur tour provoquer d’autres fissions : c’est la réaction en chaîne.
 Si tous les neutrons libérés sont « efficaces », le nombre de fission augmente très rapidement, l’énergie
libérée est telle que le système explose : bombe atomique (bombe A qui a détruit Hiroshima).
 Si les neutrons libérés sont ralentis ou absorbés en partie, l’énergie libérée est constante, la réaction en
chaîne est contrôlée : centrale nucléaire (diaporama) où l’énergie libérée chauffe de l’eau, qui va vaporiser
de l’eau dans un autre circuit et cette vapeur fait tourner une turbine, qui font tourner un alternateur ce qui
produit de l’électricité.

2.3. La fusion nucléaire


 Définition :
La fusion nucléaire est une réaction qui unit deux noyaux légers pour former un noyau lourd et plus stable.
L’énergie de liaison libérée peut alors être récupérée, elle est en général très importante.
Exemple : 1 H + 1 H ⏐⏐ → 42 He + 01 n
2 3

 Conditions de réalisation :
Les deux noyaux chargés positivement doivent posséder une très grande énergie pour vaincre les forces de
répulsion électrique et se rapprocher. Il faut pour cela une température de l’ordre de 108 K , on parle de
réaction thermonucléaire.
 Dans les étoiles (le Soleil par exemple) :
Les noyaux d’hydrogène fusionnent pour donner de l’hélium 4 11 H ⏐⏐ → 42 He + 2 01 e .
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Lorsqu’une étoile a épuisée l’hydrogène qu’elle possède, d’autres réactions de fusion prennent le relais pour
former des éléments chimiques de plus en plus lourds : les réactions de fusion au cœur des étoiles sont le
point de départ de la formation de tous les éléments chimique de l’Univers.
 Sur Terre :
 la fusion non contrôlée est à la base de la bombe à hydrogène (dite bombe H). L’explosion de la bombe
H est précédée par celle d’une bombe A (à fission) de sorte que la température soit suffisante pour que la
fusion ait lieu.
 la fusion contrôlée est difficile à maitriser. Le programme I.T.E.R. (International Thermonuclear
Experimental Reactor), sur le site de Cadarache, a pour objectif le contrôle de la fusion afin de produire de
l’énergie en grande quantité.

3. Bilan énergétique d’une réaction nucléaire


3.1. Perte de masse et énergie libérée
Soit un ensemble de deux noyaux isolés (pas d’Ep) en mouvement par rapport au référentiel d’étude.
On considère le système Z11 X1 + Z22 X 2 ⏐
⏐→ AZ33 X 3 +AZ44 X 4 .
A A

Le système est isolé donc son énergie se conserve.


Avant la transformation, il y a l’énergie de masse de chaque particule ou noyau réactif et l’énergie
cinétique des particules ;
Après la transformation, il y a l’énergie de masse de chaque particule ou noyau produit et les énergies
cinétiques des particules.
L’énergie totale de chaque noyau est donc E + Ec avec E l’énergie de masse.
On peut écrire :
(E1 + E C1 ) + (E 2 + E C2 ) = (E 3 + E C3 ) + (E 4 + E C4 ) ⇔ 0 = (E 3 + E 4 −E1 −E 2 ) + (E C3 + E C4 −E C1 −E C2 )
⇔ 0 = ΔE + ΔE C ⇔ ΔE C = −ΔE

Si la réaction nucléaire se fait avec perte de masse ΔE < 0 il y a libération d’énergie sous forme cinétique.
Si la réaction nucléaire se fait avec gain de masse, l’énergie cinétique du système diminue.
Une réaction nucléaire avec perte de masse cède de l’énergie au milieu extérieur.
ΔE système nucléaire = −ΔE milieu extérieur = E produits −E réactifs = Σm produits c 2 −Σm réactifs c 2 < 0 pour le système nucléaire.

3.2. Cas des réactions spontanées

a. Radioactivité  : désintégration du radium 226 :


226
1. Écrire l’équation de désintégration du radium 88 Ra
2. Calculer l’énergie libérée lors de la désintégration :
 d’un noyau de radium 226 (en MeV)
 d’une mole de noyau de radium 226 (en J.mol-1)
Données :

Noyau Masse (u)


Radium 225,9770
Radon 221,9702
Hélium 4,0015
c = 2.9979*108 m.s-1
Indication 1 :
En physique nucléaire, on utilise généralement une autre unité de masse, appelée unité de masse
atomique. Elle est définie par : 1 u = 1.66054*10-27 kg. Elle correspond à 1/12 ème de la masse de
l’atome de carbone 12.
En effet, avec l’équation d ‘équivalence masse-énergie (E = m×c²), on peut exprimer la masse en une unité
spécifique à la physique nucléaire, le MeV/c².
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Indication 2 :
Lorsque l’on calcul un bilan énergétique d’une réaction nucléaire, on le fait pour un noyau. Si on veut
comparer le bilan énergétique entre une réaction chimique et une réaction nucléaire, il faut parler en
moles de noyau.
On pourra alors calculer l’énergie d’une réaction nucléaire par mole de noyau en multipliant
l’énergie obtenu grâce à un noyau par le nombre d’Avogadro : NA = 6.02*1023 mol-1 (on rappelle que
cette constante représente le nombre d’atomes, dons de noyaux par mole).

b. Radioactivité β : désintégration du cobalt 60 :


60
1. Écrire l’équation de désintégration du colbalt 27 Co
2. Calculer l’énergie libérée lors de la désintégration :
 d’un noyau de Cobalt 60 (en MeV)
 d’une mole de noyau de Cobalt 60 (en J.mol-1)

Données :
Noyau Masse (u)
Cobalt 59,9190
Nickel 59.9154
me = -4
5.49*10 u

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3.3.Cas des réactions provoquées
Réaction nucléaire provoquées  : fission et fusion :

a. Réaction de fission :
Soit une des réactions de fission possible pour le noyau d’uranium 235 :
0 n  + 92 U  38 Sr  + 54 Xe + 2 0 n
1 235 94 140 1

Lors de cette transformation, déterminer :


 l’énergie libérée E
 l’énergie libérée Em par une mole de noyau d’uranium
(en J.mol-1)
 l’énergie libérée par nucléon

Données : Masse des noyaux :

Noyau Masse (u)


235
92U 234,9935
94
38 Sr 93,8945
145
54 Xe 139,8920
n 1,0087

b. Réaction de fusion :
On considère la réaction « classique » de fusion entre un noyau de deutérium et un noyau de tritium :
1 H + 1 H  2 He + 0
2 3 4 1
n
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Lors de cette transformation, déterminer :
 l’énergie libérée E
 l’énergie libérée par nucléon

Comparer énergétiquement la fission et la fusion et en déduire pourquoi les recherches s’orientent


davantage sur la fusion.

Données :
Noyau Masse (u)
2
1H 2.0160
3
1 H 3.0247
4
2 He 4.0015
n 1,0087

c. Comparaison fission-fusion :
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