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Développements asymptotiques
Exemple 1.
ε 1
– 1/ε, ε, ε3 , , , 1 + ε sont des fonctions d’ordre.
1 + ε ln(1/ε)
– La première exigence exclut les fonctions rapidement oscillantes au voisinage
de ε = 0 comme 1 + sin2 (1/ε) mais accepte 1/ε ; la seconde exigence
exclut
toute fonction obtenue avec ces fonctions telle que ε 1 + sin2 (1/ε) .
46 4 Développements asymptotiques
δ1
δ1 ∼
= δ2 si lim = 1.
ε→0 δ2
R(δ1 , δ2 ) : δ1 ≈ δ2 ou δ1 ≺ δ2 .
Si E n’était pas muni de la loi interne (2) de la Sect. 4.1.1, l’ordre ne serait
que semi-total. Ainsi, dans un tel ensemble, deux fonctions δ1 et δ2 pourraient
ne vérifier
aucune des relations R(δ1 , δ2 ) ou R(δ2 , δ1 ). Par exemple, δ1 = ε et
δ2 = ε 1 + sin2 (1/ε) sont telles que δ1 δ2 et δ2 /δ1 n’a pas de limite quand
ε → 0.
Parfois, dans l’ensemble plus général des fonctions d’ordre ne vérifiant pas
cette loi interne, on réserve aux éléments du sous-ensemble E le terme de
fonctions de jauge. Nous n’adopterons pas ce point de vue. Nous verrons que
le terme « fonction de jauge » est utilisé d’une autre façon.
on a : √
ϕ = OS ε .
La norme de la convergence uniforme a une propriété essentielle pour les
physiciens et les mécaniciens :
Remarque 2. La notation de Landau est plus générale que celle de Hardy car la
notation de Hardy n’est applicable qu’à des fonctions d’ordre ; par exemple, des
fonctions rapidement oscillantes peuvent être jaugées avec la notation de Landau,
ainsi :
1
sin = O (1) .
ε
∀n, δn+1 ≺ δn .
Dans cette définition, n est un entier positif ou nul de sorte que, si εn est une
suite asymptotique, εαn ne l’est pas sauf si :
ϕ − δ1 ϕ1 = o(δ1 ),
et l’on a posé :
ϕ̄1 = δ1 ϕ1 ,
avec :
ϕ1 = OS (1).
On peut vouloir une approximation plus performante. Il suffit pour cela
de continuer le processus indiqué plus haut. On sait que :
ϕ − δ1 ϕ1 = OS (δ2 ) .
ϕ − δ1 ϕ1 = δ2 ϕ2 + OS (δ3 ) avec δ3 ≺ δ2 ,
on peut écrire :
ϕ = δ1 ϕ1 + δ2 ϕ2 + OS (δ3 ) .
On peut souhaiter arrêter la procédure sans se soucier de l’ordre de grandeur
négligé ; on note alors :
4.3 Développement asymptotique 51
ϕ = δ1 ϕ1 + δ2 ϕ2 + o (δ2 ) .
ϕ − ϕ∗ = O (δ ∗ ) ,
C’est de cette façon que l’on vérifie que les fonctions ϕ et δ1 ϕ1 sont asymptoti-
quement équivalentes. Un cas particulièrement intéressant de ce théorème [28]
est obtenu lorsque, uniformément dans D, on a :
52 4 Développements asymptotiques
ϕ (x, ε)
lim = ϕ1 (x) .
ε→0 δ1 (ε)
Une fonction ϕ ayant une telle propriété est dite régulière. Il faut bien noter
que rien n’indique que cette propriété est conservée aux ordres suivants.
Remarque 3. On a supposé que ϕ = OS (δ1 ) et ϕ1 = OS (1). D’après la définition de
l’ordre strict, cette hypothèse implique que les fonctions ϕ et ϕ1 sont bornées dans
le domaine de définition.
1
Exemple 4. La fonction ϕ = admet le développement asymptotique généra-
1 − εx
lisé suivant :
m
1
Exemple 5. La fonction ϕ = admet le développement asymptotique régulier
1 − εx
suivant :
m
ϕ= εn xn + O(εm+1 ).
n=0
On en déduit :
δ 1 (ε)
lim = c et ϕ1 (x) = cϕ1 (x),
ε→0 δ1 (ε)
où c est une constante finie non nulle. La non-unicité des développements
asymptotiques est aussi liée à de telles remarques.
Naturellement, si la suite asymptotique est choisie dans un ensemble de
fonctions de jauge et non dans un ensemble de fonctions d’ordre, il faudra
faire un choix. Ceci assure l’unicité du développement asymptotique dans ce
cadre.
Exemple 6. Si l’on considère la fonction :
−1
ε
ϕ (x, ε) = 1 − x ,
1+ε
on peut construire aisément deux développements asymptotiques réguliers sous la
forme :
m
n
ε
ϕ (x, ε) = 1 + δn (ε) xn + o [δm (ε)] avec δn (ε) = ,
1+ε
n=1
m
ϕ(m) (0)
ϕ (ε) = ϕ (0) + εϕ (0) + · · · + εm + OS (εm+1 ).
m!
Si m devient infini, on obtient une série, série qui peut être convergente ou
divergente ; si elle est convergente, elle peut ne pas converger vers la fonc-
tion développée. En fait, un développement asymptotique n’a rien à voir avec
une série. Une série a un nombre infini de termes alors qu’un développement
asymptotique est un développement limité avec un nombre fini de termes. Il
se peut que l’on puisse construire un développement asymptotique avec un
nombre de termes infini (série asymptotique) mais, le problème de la conver-
gence de la série est sans rapport avec le comportement de la fonction au
voisinage de ε = 0.
Exemple 7. Le développement en série de Taylor de la fonction exponentielle est :
ε2 εm
eε = 1 + ε + + ··· + + ··· .
2 m!
Cette série asymptotique converge quel que soit ε. Le développement asymptotique :
ε2 εm
f =1+ε+ + ··· + + OS (εm+1 )
2 m!
est valable au voisinage de ε = 0 et pas ailleurs.
x2
fapp = 1 − εx + ε2 , (4.7)
2
obtenue en prenant les trois premiers termes de la série :
x2 xm
g(x, ε) = 1 − εx + ε2 + · · · + (−1)m εm + ··· .
2 m!
|fapp − f |
La figure 4.1 montre la fonction log pour différentes valeurs de ε. L’er-
f
reur relative commise avec l’approximation fapp tend vers zéro quand ε → 0.
On remarque que la série g(x, ε) est convergente pour toutes valeurs de x et ε,
mais ne converge pas vers f (x, ε). En effet, on a :
g = e−εx .
Plus généralement, il se peut, pour une série asymptotique, que les limites
ε → 0 et m → ∞ ne soient pas commutatives (cf. problème 4.5). On touche
4.3 Développement asymptotique 55
-1
ε = 0,2
-2
-3 ε = 0,05
-4
|fapp - f |
log
f
-5
ε = 0,01
-6
Fig. 4.1. Exemple d’une approximation asymptotique. Les courbes donnent la fonc-
|fapp − f |
tion log pour différentes valeurs de ε ; les fonctions f et fapp sont données
f
par (4.6) et (4.7)
g = ε + ε2 + 2ε3 + · · · + (m − 1) ! εm + · · · .
En fait, cette série est divergente pour toute valeur de ε : pour une valeur fixée de
ε, g → ∞ lorsque m → ∞.
56 4 Développements asymptotiques
0,25
0,20 approximation
f asymptotique
(4.10)
0,15
0,00
0 5 10 15 20 25
m
Fig. 4.2. Exemple d’une approximation asymptotique associée à une série divergente
Pour les problèmes physiques que l’on se pose, la qualité d’un développe-
ment asymptotique est imprévisible. Une bonne intuition peut parfois amé-
liorer le résultat. Si l’on écrit :
ε3
sin ε = ε − + O ε5
6
et
ε
sin ε = ε2
+ O ε5 ,
1+ 6
on voit immédiatement que dans le deuxième cas, avec un seul terme, on la
même précision que dans le premier avec deux termes. Ceci est dû au choix
judicieux du représentant dans la classe des fonctions d’ordre. Ces accéléra-
tions de convergence sont fort utiles en pratique et dépendent beaucoup de la
perception du problème par le chercheur.
inconnues dans les équations et l’on admet que les opérations élémentaires sont
licites [24, 94, 99]. Grâce aux propriétés de l’ensemble E des fonctions d’ordre
et à l’existence d’un ordre total sur E, on montre que l’addition, la soustrac-
tion, la multiplication ou la division de développements asymptotiques sont
justifiées à condition d’exprimer le résultat à l’aide d’une séquence asympto-
tique éventuellement élargie. L’intégration d’un développement asymptotique
terme à terme par rapport aux variables du problème ne pose pas de problème
non plus. Il n’en va pas de même quand l’on souhaite dériver un développe-
ment asymptotique. Par exemple, considérons la fonction modèle :
√
f (x, ε) = x + ε,
où ε apparaît comme un paramètre aussi petit que souhaité. Un développe-
ment asymptotique de cette fonction est :
√
f (x, ε) = x + o(1).
Ce développement constitue une approximation uniformément valabe dans le
domaine 0 ≤ x ≤ 1. La dérivée de f donne :
df 1
= √ ,
dx 2 x+ε
√
alors que la dérivée de x est :
√
d x 1
= √ .
dx 2 x
1
Dans le domaine 0 ≤ x ≤ 1, on ne peut pas écrire que √ est un déve-
2 x
df 1
loppement asymptotique de , car √ → ∞ quand x → 0. En revanche,
dx 2 x
l’intégration terme à terme est possible, à partir de x = 0 par exemple :
2 2 2
(x + ε)3/2 − ε3/2 = x3/2 + o(1).
3 3 3
La difficulté rencontrée avec la dérivation est liée à une singularité au
voisinage de x = 0 qui apparaît si l’on cherche une meilleure approximation
de la fonction f . Les exemples traités dans les Sects. 6.2.2 et 6.3.2 montrent
également que des approximations uniformément valables pour une fonction
ne le sont pas forcément pour sa dérivée.
En outre, le problème 4.7 montre qu’il faut être prudent lorsque l’on substi-
tue un développement asymptotique dans un autre.
4.4 Conclusion
La recherche d’un développement asymptotique est liée à la détermination
d’une suite asymptotique de fonctions d’ordre. Dans cet ouvrage, on travaille
58 4 Développements asymptotiques
avec un ensemble E de fonctions d’ordre sur lequel un ordre total a été défini.
Souvent, pour un problème donné, le choix des fonctions d’ordre peut être
restreint à un sous-ensemble de E qui reste muni de l’ordre total. En outre,
il peut être commode de faire appel à des fonctions de jauge qui sont des
représentants particuliers de classes d’équivalence de fonctions d’ordre.
La construction d’une suite asymptotique n’est pas toujours simple ; elle
dépend du problème considéré. Si, dans certains cas, elle apparaît de façon
naturelle, dans d’autres elle ne peut être réalisée que terme à terme, au fur et
à mesure de l’établissement du développement asymptotique. Cette difficulté
sera discutée plus tard à l’aide de différents exemples.
La méthode des approximations successives complémentaires (MASC) étu-
diée dans la suite pour l’analyse de problèmes de perturbations singulières
repose sur la notion de développement asymptotique. Contrairement à ce qui
est souvent envisagé, un développement asymptotique n’est pas nécessaire-
ment régulier. De fait, la MASC fait largement appel à des développements
asymptotiques non réguliers ou généralisés.
Problèmes
4.1. On considère les fonctions d’ordre suivantes :
1
1, −ε ln ε, − , εν avec 0 < ν < 1, ε.
ln ε
Classer ces fonctions à l’aide de la notation de Hardy quand ε → 0.
4.2. On considère la suite asymptotique εn avec n entier, n ≥ 0. Soit ϕ la
fonction ϕ(x, ε) = ε ln xε avec x > 0. Classer aussi précisément que possible
cette fonction dans la suite asymptotique à l’aide de la notation de Landau
en utilisant la norme en convergence uniforme ; on prendra les trois cas sui-
vants : 1o ) 0 < A1 ≤ x ≤ A2 , 2o ) 0 < A1 ε ≤ x ≤ A2 ε, 3o ) 0 < A1 ε2 ≤ x
≤ A2 ε2 ; dans chacun des cas, A1 et A2 sont des constantes strictement posi-
tives indépendantes de ε.
4.3. Indiquer si les approximations suivantes sont uniformément valables :
1. eεx = 1 + O(ε) ; 0 ≤ x ≤ 1, ε → 0.
1
2. = O(1) ; 0 ≤ x ≤ 1, ε → 0.
x+ε
3. e−x/ε = o(εn ) pour tout n > 0 ; 0 ≤ x ≤ 1, ε → 0.
4.4. Développer la fonction ϕ en série pour ε → 0 :
1
ϕ= .
1 + ε 2x−1
1−x
et :
lim |Rn (x)|.
x→∞,n fixé