Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
En 1960, Queneau fonde l'OULIPO (Ouvroir de Littérature potentielle) avec son ami François Le
mathématiques dans la création littéraire. C'est le cas de la méthode "S+7", consistant à remplacer
chaque mot d'un texte (à l'exception des mots-outils) par le septième mot suivant dans le
dictionnaire.
Quant à l'intérêt de Queneau pour les mathématiques, il traverse une grande partie de son oeuvre.
Queneau commence à écrire des romans qui sont des expériences sur le langage. Ses études sur
"combinatoires littéraires" inspirés des combinaisons arithmétiques ; il s'inspire des nombres pour
Ces cent-moins-une variations sur un thème fort mince (pour ne pas dire dérisoire) sont tout é la
Exercices de style : "On a voulu voir là une tentative de démolition de la littérature, observe-t-il.
En tout cas, mon intention n'était vraiment que de faire des exercices."
Si l'on rapproche ces trois influences intellectuelles, on peut décrire les jeux oulipiens qui sont
autant de formes capables de produire, sur un mode quasi mécanique, un texte. Tout énoncé dans
une langue naturelle est le résultat d'une combinatoire dont les règles sont décrites dans une
logo-rallye ou la transposition.
Né en 1960, l'OULIPO a compté dans ses rangs des écrivans ausi célèbres que Raymond
Queneau, Georges Perec ou Italo Calvino. Son objectif est d'inventer de nouvelles méthodes de
sémio-définitionnelle", qui consiste à substituer à chaque mot d'une phrase sa définition, pur
permet à partir d'un seul texte de départ de créer Cent mille milliards de poèmes.
Au-delà de son évidence ludique et de son effet hilarant, le jeu sur les mots est pour l'OULIPO un
l'arithmomanie
"Mes premiers livres étaient conditionnés par des soucis d'ordre, je ne dirais pas mathématisant,
mais arithmomaniaque, et aussi par un souci de structure." (Citation Queneau, Entretiens, p.56)
Si Queneau éprouve le besoin de soumettre sa création à un strict ordre numérique dans lequel
surgissent, comme sur un tableau chiffré, les différents personnages, lieux, situations, ainsi que
tous les styles narratifs, cette manie n'a rien d'obsessionnels et mieux vaudrait parler
Le goût de Queneau pour les calculs et la spéculation abstraite n'est plus à démontrer : passion
précoce et durable dont il ne se délivrera jamais vraiment. Elle fonde toute son esthétique pour
Par son génie quantificateur, son travail de formulation, l'écrivain oeuvre à la constructrion d'une
infinité de textes possibles, cherchant l'inspiration dans les multiples solutions qu'il apporte aux
problèmes qu'il pose librement, comme l'enfant démiurgique fabrique d'innombrables pièces à
l'aide du même Meccano. Textes fabriqués pour le plaisir du texte, où le récit vaut pour la
par 100000000000, soit dix mille milliards, des dix sonnets de Cent mille miliards de poèmes. Le
principe en est plus complexe, d'essence mathématique, quand les Exercices se contentaient de
cultiver l'art d'accomoder les textes. Ici la stricte rigueur, étroitement et parfaitement
L'oeuvre s'appuie sur les règles de la combinatoire. Queneau a conçu dix sonnets de base en sorte
qu'on y retrouve chaque fois les mêmes rimes, et dans les quatrains, et dans les tercets – le
sonnet, nul n'étant censé l'ignorer, étant un poème à forme fix e comportant deux quatrains suivis
de deux tercets. Par cet artifice, chacun des quatorze vers peut ainsi être remplacé par un de ses
équivalents des neuf autres sonnets sans que la structure des rimes en pâtisse. Pour le sens, c'est
une autre histoire... A ce jeu des alexandrins interchangeables "il est facile de voir que le lecteur
peut composer 1014 sonnets différents", soit la bagatelle de cent mille milliards de sonnets.
répétition. (pp.46-47)
Fantaisies oulipiennes
fondation de l'OULIPO est contemporaine des Cebt mille milliards de poèmes, rigoureux
exemple de poésie combinatoire comme l'aurait affectionné Leibniz et qui fait de Raymond
objective. De même que les mathématiciens explore les multiples potentialités déduites d'un
certain nombre d'axiomes posés plus ou moins arbitrairement, "il est intéressant de voir jusqu'où
peuvent aller les possibilités (potentialités) d'une langue". (Citation Queneau B.C.L., p.326)
strictement déterminé, il devient possible d'explorer les potentialité de texte littéraires ou autres,
et d'engendrer de nouvelles structures finalement pas plus arbitraires, ni plus ni moins artificielles
que les lois du sonnet et de la sextine, la mesure du décasyllabe ou les règles de la tragédie
La méthode S+7, due à Jean Lescure, consiste à remplacer chaque substantif d'un texte donné par
le septième qui lui fait suite dans un dictionnaire quelconque. On peut naturellement faire la
même opération sur les verbes ou les adjectifs, ou y substituer un aure chiffre tout aussi arbitraire.
Queneau, qui s'est amusé à pratiquer sur certains de ses propres textes tel "Notations" d'Exercices
de style, reconnaît lui-même que "les résutats ne sont pas toujours très intérssants, parfois au
cotraire ils sont saisissants. Il semble que les bons textes donnent seuls de bons résultats."
Et le chagrin dit que l'ascenseur soit, et l'ascenseur fut, Et le chagrin dit que l'ascenseur était bon,
et le chagrin séparait l'ascenseur des galettes, [...] et il y eut un laxatif, et il y eut une lassitude. Ce
Toutes ces recherches plus ou moins savantes n'offrent d'autre intérêt que celui que chacun
voudra bien leur accorder selon que l'on croit à l'expérimentation sur le langage et à la littérature
de laboratoire, ou qu'on les considère comme des canulars pataphysiciens virant au sérieux.
Le dénominateur commun à tous les travaux de l'OULIPO est de produire des structures de
langage déterminées "d'une façon tout à fait objective et systématique" où se trouve éliminé, on
l'a vu, "ce qu'on pourrait appeler l'équation personnelle" de l'auteur. (Citation Queneau,
Entretiens, pp.126-127)