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QUESTIONNAIRE DE LECTURE

La Nuit de Valognes

I. Cette pièce est une réécriture du Dom Juan de Molière. Quelles sont les grandes différences
entre les deux œuvres.

Ces deux pièces présentent des points communs bien sûr puisque Schmitt s’est inspiré de la
pièce, Dom Juan, écrite par Molière pour écrire Les Nuits de Valognes.
Molière choisit de présenter qu’une seule femme, Elvire, comme image des nombreuses
conquêtes de Don Juan tandis ce que Eric-Emmanuel Schmitt choisit de présenter cinq femmes
ayant vécu la même souffrance : une aventure ardente avec Don Juan se terminant par des
tromperies et une rupture similaire à chaque fois.
De plus, sur le plan amoureux, ces deux œuvres présentent des aspects différents : en effet
dans la pièce de Molière, Don Juan est un homme qui cumule les conquêtes et qui séduit
successivement de nombreuses femmes comme Charlotte, Mathurine… Ainsi la réplique «Ah ! La
belle personne, et que vos yeux sont pénétrants» adressée à Charlotte souligne cet aspect. Celui-
ci ne va pas changer son comportement au cours du livre, il ne va pas évoluer puisqu’à la fin il
daigne annoncer à son père qu’il s’est converti, mais tout cela n’est qu’hypocrisie pure, en effet
Don Juan est resté le même. On le croit changé car il dit à son père « vous me voyez revenu de
toutes mes erreurs […] je dois réparer par là le scandale de mes actions passées » mais un peu
plus loin, on se rend compte qu’il n’a absolument pas changé, quand il dit à Sganarelle «Quoi ! Tu
prends pour de bon argent ce que je viens de dire, et tu crois que ma bouche était d’accord avec
mon cœur ? ». Tandis ce que dans Les Nuits de Valognes, Don Juan est tout comme dans le Dom
Juan de Molière qui collectionne les conquêtes mais contrairement à la pièce de Molière, le
séducteur va évoluer au cours du temps. En effet après son jugement, il finit par demander à
Angélique « m’acceptez-vous comme époux ? ».  Bien qu’il n’aime pas Angélique, il s’engage tout
de même à se marier, à être fidèle à une femme, ce qui aurait été complètement impossible dans
la pièce de Molière. De plus on se rend compte qu’il peut aimer bien qu’il n’assume pas son
attachement au jeune homme, ce qui n’était pas le cas dans la pièce de Molière. En effet il tombe
amoureux du frère d’Angélique. On peut donc remarquer qu’il y a une différence nette entre les
évolutions de Don Juan dans chacune de ces pièces.
Enfin, on peut établir une opposition des Don Juans dans ces œuvres selon la vision religieuse.
En effet, dans le Dom Juan de Molière, Don Juan est un homme qui est athée. Dom Juan affirme
ne croire ni au ciel, ni à l'enfer, ni à une vie au-delà de la mort : "je crois que deux et deux sont
quatre...". Tandis ce que dans Les Nuits de Valognes, Don Juan finit par se convertir, en effet ses
dernières répliques « et comment cela s’appelle-t-il lorsqu’on s’apprête à sortir, plonger dans
l’inconnu , aller à la rencontre des autres ? » et «  Et comment cela s’appelle-t-il lorsque, au même
moment, on a peur d’être broyé par la lumière, trahi par toutes les mains, ballottés par les
souffles du monde , et que l’on tremble à l’idée juste d’être une simple et haletante poussière,
perdue dans l’univers ? ». On sent qu’à partir de ce moment-là, Don Juan a compris qu’il y avait un
au-delà, et que par ce biais-là, Dieu existait.
Il peut donc s’établir quatre différences conséquentes entre ces deux œuvres selon trois
aspects : les femmes, l’amour et la religion.
II. Définissez précisément ce qu’est un mythe ? Pourquoi parle-t-on au XXIème siècle du mythe de
Don Juan. Evoquez les principales œuvres qui traitent ce thème de Tirso de Molina à nos jours.

Un mythe est un récit fabuleux et légendaire mettant en scène des personnages imaginaires
et extraordinaires (dieux, demi-dieux, héros, éléments naturels, divins) d’une façon allégorique. Il
se veut explicatif et fondateur d’une pratique sociale. Il retranscrit des évènements historiques ou
se réfère à un monde antérieur à l’ordre actuel. Il met en scène des actions qui évoquent
symboliquement des aspects de la condition humaine. En général, le mythe est un récit d’origine
populaire, littéraire ou d’inspiration religieuse. Tous les mythes sont symboliques et demandent à
être traduits. Il regroupe des faits de nature diverse : des mythes fondateurs, comme ceux de la
Grèce antique, aux mythes littéraires ou modernes, les réalités du mythe sont multiples. A
l’origine, c’était des mythes oraux, qui sont devenus des mythes littéraires, trois figures
émergent : Tristan, Don Juan et Faust. On y retrouve trois caractéristiques principales des mythes
originels :
-Le mode symbolique de communication
-la valeur métaphysique
-L’expression d’une collectivité

On parle du mythe de Don Juan au XXIème siècle car celui-ci existe toujours, les séducteurs sont
éternels. Il existe encore aujourd’hui des Hommes qui séduisent pour séduire, pour eux c’est
comme une drogue. Et demain nous pourrons encore parler de ce mythe. Ce mythe est devenu
une caractéristique pour qualifier certaines personnes ayant une fougueuse envie de charmer
tout ce qui les attire, en collectionnant un véritable catalogue de conquêtes, on les appelle alors
des « Don Juans ». Ce qualificatif reprend l’image du Don Juan de Molière, libertin assidu. De plus,
Don Juan connaît encore des réécritures constantes. On en parle donc encore beaucoup.

Le premier Don Juan est celui de Tirso de Molina qui présente un séducteur, Don Juan Tenario
dans une pièce, Les Trompeurs de Séville et le convive de Pierre. A partir de ce moment-là, en
1630, le mythe de Don Juan nait : Don Juan est un homme qui incarne la puissance du désir
érotique et qui collectionne les conquêtes amoureuses comme des trophées. Il s’oppose à la
morale chrétienne, il ne consent pas au mariage. Ce mythe du Don Juan est repris par plusieurs
artistes qu’ils soient écrivain, metteurs en scène, poètes, ou encore musiciens… Ainsi, ce mythe
est repris dans la pièce de Molière, auteur du classicisme, qui écrit Dom Juan en 1665. Ce Don
Juan là devient dans cette pièce, un grand seigneur hypocrite et un libertin athée. Puis il est repris
par Lorenzo Da Ponte, en 1787, qui publie un livret mettant en scène un Don Juan au féroce
appétit de vivre, rassemblant les caractéristiques des aristocrates libertins du XVIII ème. Un Don
Juan musical prend alors forme avec Mozart qui crée son opéra Don Giovanni à partir du livret de
Da Ponte, il représente pour la première fois à Vienne en 1788. Hoffmann nous offre un Don Juan
romantique dans ses Fantasiesstücke in Callot’s manier parut en 1814. En 1932, Ottan Rank écrit
Don Juan et le Double qui propose une lecture du Don Giovanni de Mozart. Don Juan ou le festin
de pierre, une adaptation télévisée faite par Marcel Bluwal sort en 1965, elle présente le mythe de
Don Juan mais cette fois-ci sur un écran donc avec une grande liberté de décors et de jeux de
caméra. En 2003, Daniel Mesguich nous fais par de son adaptation théâtrale comique de Dom
Juan.

III. Comparez les dernières lignes de la pièce de Molière et de celle de Schmitt.

Dans ces deux œuvres, Sganarelle met fin à la pièce par sa réplique. Dans la pièce de Molière,
Sganarelle est toujours contrarié, et se dit le seul malheureux. En effet, Don Juan n’ayant pas
évolué au cours de la pièce, les idées et convictions que Sganarelle proclamait dans sa tirade acte
I, scène 1, n’ont donc pas changées. Il énumère alors dans cette réplique les erreurs de Don Juan
qu’il n’aura pas réparé avant de mourir : « Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles
déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout ». Il ressent alors
l’injustice : il dit je « n’ai point d’autre récompense que de voir à mes yeux l’impiété de mon
maître». Il n’a jamais eu ce qu’il voulait, un Don Juan fidèle et croyant en Dieu. Tandis que dans
Les Nuits de Valognes, Sganarelle dit «  Mes gages, Madame, mes gages… Il me les a donnés ! ».
Cette dernière réplique signifie que Sganarelle est satisfait du parcours de son maître, en effet
Don Juan a changé, il est tombé amoureux et s’est en quelques sortes convertis. Cela est
largement satisfaisant pour Sganarelle.
Ces deux pièces ont donc une fin complètement différentes, dans le Dom Juan, Sganarelle est
déçu et contrarié tandis ce que dans Les Nuits de Valognes, Sganarelle est content et apaisé.

IV. Acte III scène 9, avec quel passage de la pièce de Molière peut-on établir un parallèle ?

La scène présentant le duel entre Don Juan et le Jeune Homme dans Les Nuits de Valognes est
comparable à la scène du pauvre, acte III scène 2, dans le Dom Juan de Molière.
En effet un parallèle peut s’établir entre ces deux scènes :
-Le cadre et l’ambiance sont similaires. Dans la pièce de Molière, les personnages se trouvent
sur un chemin de forêt peu sûr comme le souligne la réplique du pauvre «  vous devez vous tenir
sur vos gardes, et que, depuis quelques temps, il y a des voleurs ici autour ». Dans la pièce de
Schmitt, la scène se déroule dans un champ au petit matin comme l’indique les didascalies
« Lumières blafarde sur un champ nu au matin. Brumes. Apparaissent deux silhouettes ».
- Les attitudes de Don Juan dans Molière et du pauvre dans Les Nuits de Valognes sont
similaires : en effet ces deux personnages ont le même caractère, très déterminés comme le met
en valeur les répliques claires et concises de Don Juan dans la pièce de Molière «  je ne me battrai
pas », « je ne vous crois pas », « je ne vous crois toujours pas » et du pauvre dans la pièce de
Schmitt « non, non monsieur, j’aime mieux mourir de faim ».
Grâce au un cadre similaire et au comportement commun au pauvre et à Don Juan, on peut
établir un parallèle entre ces deux scènes.

V. Etudiez le rôle des femmes chez Molière et chez Schmitt.

Chez Molière, les femmes sont en minorités comparés aux hommes : trois femmes pour 12
hommes. Il existe deux catégories de femmes ; les paysannes qui illustrent l’inconstance de Don
Juan, la réplique de Don Juan dans l’Acte II « d’où vient ces autres femmes ? » illustre cet aspect :
elles sont l’objet du désir. Et Don Elvire qui est le symbole même de l’aristocratie et de la femme
abandonnée par Don Juan. Elle représente en une personne toutes les conquêtes de Don Juan.
Dans la pièce de Molière, les femmes sont peu nombreuses mais très importantes. Les paysannes
représentent les conquêtes de Don Juan et permettent de montrer son mode de séduction tandis
ce que Elvire représente la vengeance qu’ont toute les femmes qu’il a séduit contre lui.

Chez Schmitt, cinq femmes sont présentent. Elles représentent les conquêtes de Don Juan, elles
ont toutes été séduites et par conséquent abandonnées inévitablement par Don Juan. Leur but
est de faire le procès de Don Juan et de le condamner à la fidélité en se mariant à sa dernière
conquête, Angélique. Elles se sont promis de ne pas tomber à nouveau sous le charme du
séducteur mais cela va se passe autrement. Elles cherchent à se faire remarquer. Une hiérarchie
s’établit donc entre ces dames.

Le rôle des femmes n’est donc pas le même dans ces deux pièces. Dans l’une elles ont pour rôle
d’être les proies de Don Juan et dans l’autre elles représentent la féroce vengeance qu’elles ont
contre le séducteur.

VI. Peut-on considérer Don Juan comme un héros dans les deux pièces ?

D’après le dictionnaire, la définition courante du mot « héros » est : personnage principal d’une
œuvre littéraire ou cinématographique.
Dans ces deux pièces, Don Juan est un héros au sens courant du terme, en effet il a le rôle
principal. Cet aspect est souligné par le fait qu’il est placé en premier chez Molière et chez Schmitt
dans la présentation des personnages avant le début de la pièce. De plus il a rôle très important
dans ces deux pièces et même principale : toute l’histoire tourne autour de lui, autour de ce
personnage exceptionnel qui cumule les conquêtes amoureuses. Son personnage est même
devenu un mythe. Don Juan remplit donc les caractéristiques d’un héros dans une œuvre
littéraire, il est le personnage principal dans les pièces de Molière et de Schmitt.

La définition mythologique du « héros » est : Demi-dieu, qui se distingue pas sa grandeur d’âme
exceptionnelle, son dévouement total.
Dans la pièce de Molière, Don Juan ne peut pas être considéré, à mon avis, comme un héros au
sens mythologique du terme. En effet il n’est pas demi-dieu et de plus, il est athée. Il n’évolue pas
au cours de la pièce, il reste un libertin acharné. Tandis ce que dans la pièce de Schmitt, Don Juan
peut être considéré comme un héros au sens mythologique du terme. En effet il évolue
énormément au cours de la pièce : il passe du jeune homme libertin à un homme complètement
changé qui va même jusqu’à tomber véritablement amoureux. De plus il change ses préjugés à
propos de l’amour, du mariage et en enfin de la religion. Il gagne en maturité, on peut donc dire
qu’il se distingue en quelque sorte par sa grandeur d’âme et son dévouement puisqu’il est prêt à
épouser Angélique. De ce fait Don Juan de Schmitt peut être considéré comme un héros au sens
mythologique du terme bien qu’il ne soit pas demi-dieu.

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