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Par conséquent, ils estiment ne pas avoir commis de faute en rompant les
pourparlers.
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La Cour de cassation, en précisant que la rupture de pourparlers peut être
fautive en raison du comportement de l’une des parties et qu’en ce cas elle
engage la responsabilité délictuelle du fautif, ne fait que confirmer la décision
rendue le 3 octobre 1972.
Elle écarte l’argument du pourvoi qui reposait sur la liberté contractuelle.
Le sérieux avec lequel elle caractérise la mauvaise foi des actionnaires de la
société Stuck, dans la rupture unilatérale des pourparlers, montre que la
Cour de cassation entend ne pas remettre en cause la liberté de contracter,
mais d’en sanctionner les abus.
La faute reprochée dans la rupture des pourparlers repose sur le fait que son
auteur a laissé croire à son partenaire qu’il voulait encore signer le contrat
définitif.
En l’espèce, il est clair qu’en aplanissant les difficultés, et en poursuivant de
manière sérieuse les négociations, les vendeurs ont laissé croire à Manoukian
qu’ils étaient encore intéressés.
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Cependant, elle précise que même si elle le savait, elle devait rester hors de
cause.
En revanche, elle introduit des exceptions, d’abord l’intention de nuire, et
ensuite, les manœuvres frauduleuses.
Si l’une de ces deux limites est franchie, la faute du tiers contractant peut
être établie et sa responsabilité délictuelle engagée.
La Cour de cassation pose une règle équilibrée qui respecte le droit de la
concurrence, la liberté de contracter tout en permettant la sanction de
comportements abusifs.
En l’espèce, elle estime que la société Les complices n’a pas dépassé les
bornes, c’est donc à juste titre que la cour d’appel l’a mise hors de cause.
A. Le préjudice réparé
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En posant des limites précises à la réparation du préjudice, la Cour de
cassation rompt avec la jurisprudence précédente qui indemnisait en fonction
des circonstances.
Dans un arrêt du 13 novembre 2003, il était précisé que seul peut être
réparé le préjudice trouvant sa cause dans le fait qui donne lieu à
responsabilité.
Cette solution semble justifiée par le fait que la société Manoukian était très
exigeante.
Elle avait reçu 400 000 francs pour être indemnisée de l’échec des
négociations et des frais inutilement engagés.
Les négociations portaient sur le rachat des actions d’une société et pas
directement sur l’exploitation du fonds de commerce.
Cette exploitation même si elle était liée à l’activité de la société dont
Manoukian prenait le contrôle, n’entrait pas directement dans l’objet du
contrat.
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