BA-AA-08-001-FR-C
Fiches techniques
(Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie); l’Asie centrale.
Avec 165 fiches mises à sa disposition, le
lecteur trouvera ici l’une des meilleures sources
d’information institutionnelle et politique.
Le contenu des fiches est structuré en six grands
thèmes, à savoir: le système de fonctionnement
de l’Union européenne; l’Europe des citoyens;
sur l’Union européenne
le marché intérieur; les politiques communes;
l’Union économique et monétaire; les relations
extérieures de l’Union européenne.
Les fiches techniques sont régulièrement mises à
jour sur le site internet du Parlement européen
en allemand, anglais et français
(http://www.europarl.europa.eu/).
Fiches techniques
sur l’Union européenne
Europe Direct est un service destiné à vous aider à trouver des réponses aux questions
que vous vous posez sur l’Union européenne.
Un numéro unique gratuit (*):
00 800 6 7 8 9 10 11
(*) Certains opérateurs de téléphonie mobile ne permettent pas l’accès aux numéros 00 800 ou peuvent facturer ces appels.
De nombreuses autres informations sur l’Union européenne sont disponibles sur l’internet via le serveur
Europa (http://europa.eu).
Une fiche bibliographique figure à la fin de l’ouvrage.
Luxembourg: Office des publications officielles des Communautés européennes, 2009
ISBN 978-92-823-2471-4
© Communautés européennes, 2009
Reproduction autorisée, moyennant mention de la source
Printed in Spain
Imprimé sur papier blanchi sans chlore
C ette édition 2009 des Fiches techniques sur l’Union européenne est la douzième depuis la
création de cette publication en 1979 à l’occasion de la première élection du Parlement
européen. Comme les précédentes, elle s’efforce de remplir l’objectif des Fiches techniques:
donner à des non-spécialistes un aperçu global de la construction européenne et de la
contribution du Parlement européen à ce processus, en demeurant simple, clair et concis et
en conservant une présentation matérielle aussi uniforme et aérée que possible.
Le nombre de fiches (165) et la structure du document n’ont été que légèrement modifiés
par rapport à l’édition précédente. Les développements survenus au cours des dernières
années, tels que la réforme de la politique agricole commune, le changement climatique ou
le développement du marché intérieur, y ont bien sûr été intégrés.
Chaque fiche est identifiée par un numéro, dont les deux premiers chiffres désignent la
partie et le chapitre auxquels la fiche appartient. Cette numérotation est utilisée pour les
renvois entre fiches. Au début du document, une table des matières donne la liste des fiches
ainsi numérotées, groupées en parties et chapitres.
Les articles des traités (traité instituant la Communauté européenne et traité sur l’Union
européenne) sont référencés sur la base de la numérotation introduite par le traité de Nice.
Les changements introduits par le traité de Lisbonne sont également référencés.
Cette nouvelle édition est fondée sur la situation législative existant en août 2008, date de
clôture de la rédaction.
Tout en actualisant l’ouvrage, nous espérons avoir encore progressé dans sa lisibilité et par
conséquent dans son utilité pour les lecteurs, en leur permettant d’acquérir rapidement une
connaissance suffisante de l’état d’avancement de tout aspect important de la construction
européenne. S’ils souhaitent approfondir cette étude, ils peuvent consulter des ouvrages
spécialisés, notamment les travaux réalisés par le secrétariat général du Parlement européen.
Les Fiches techniques sur l’Union européenne sont régulièrement mises à jour sur le site
internet du Parlement européen en allemand, anglais et français
(http://www.europarl.europa.eu/).
Signalons enfin que l’ouvrage est disponible sous la forme d’un CD-ROM (en 21 langues
officielles), que les lecteurs peuvent se procurer auprès de l’Office des publications des
Communautés européennes.
L’ objectif de ces fiches techniques est d’offrir aux non-spécialistes une vue d’ensemble du processus
d’intégration européenne et de la contribution du Parlement européen à cette évolution.
De nouvelles fiches techniques sur des thèmes actuels et sur les développements survenus au cours des
dernières années ont été récemment mises en ligne, telles que: les réformes institutionnelles introduites
pour préparer l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie; les nouvelles perspectives financières; l’égalité
hommes/femmes; les politiques d’asile et d’immigration; la gestion des frontières extérieures; la
coopération judiciaire en matière civile et pénale; la politique sportive; la stratégie de Lisbonne; la
politique européenne de voisinage; le Caucase du Sud (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie); l’Asie centrale.
Avec 165 fiches mises à sa disposition, le lecteur trouvera ici l’une des meilleures sources d’information
institutionnelle et politique.
Le contenu des fiches est structuré en six grands thèmes, à savoir: le système de fonctionnement de
l’Union européenne (UE); l’Europe des citoyens; le marché intérieur; les politiques communes; l’Union
économique et monétaire; les relations extérieures de l’Union européenne.
1 de l’Union européenne
L’Union européenne dispose d’un pouvoir
4 Pour agir d’une seule et même voix, l’Union
européenne a mis au point plusieurs
législatif et exécutif et d’un système politiques et actions que tous les pays
judiciaire indépendant, qui sont soutenus membres s’efforcent de suivre. Ces
et complétés par une série d’autres «politiques communes» concernent toute
institutions et organes. Les règles et les l’Union et visent des objectifs communs.
procédures de décision au sein de l’Union
sont définies dans les traités. Afin de L’Union économique et monétaire
réaliser ses objectifs, l’Union est dotée de
son propre budget.
5 L’Union économique et monétaire (UEM) est
le résultat d’un long processus dont le but
consiste à harmoniser les politiques
L’Europe des citoyens économiques et monétaires des États
2 Pour les citoyens de l’Union européenne, le
droit de circuler, de vivre et de travailler
membres de l’Union et à instaurer une
monnaie unique, l’euro. Seize États membres
librement dans l’Union peut être facilement ont à ce jour adopté l’euro qui est ainsi utilisé
considéré comme allant de soi. Mais pour quotidiennement par plus de la moitié des
jouir pleinement de ce droit, il est nécessaire citoyens européens.
de mettre en place et de maintenir une
protection effective des droits fondamentaux Les relations extérieures
à l’intérieur de l’Union.
6 de l’Union européenne
Le poids économique, commercial et
Le marché intérieur financier de l’Union européenne lui confère
3 Avec l’abolition des anciennes barrières, les
personnes, les biens, les services et les
une place de premier plan sur la scène
internationale. L’Union a tissé un réseau
capitaux circulent en Europe aussi librement d’accords bilatéraux et multilatéraux avec la
qu’à l’intérieur d’un État membre. Avec la plupart des pays et régions du monde. La
levée des obstacles et l’ouverture des politique étrangère et de sécurité commune
marchés nationaux, davantage d’entreprises (PESC) est l’un des instruments des relations
peuvent entrer en concurrence. extérieures de l’Union européenne.
3 Le marché intérieur
3.1. Principes et réalisation générale et la reconnaissance mutuelle 3.4. Le rapprochement
du marché intérieur, 113 des diplômes, 124 des législations, 144
3.2.4. La libre circulation des capitaux, 127 3.4.1. Marchés publics, 144
3.2. Les grandes libertés du marché
intérieur, 116 3.3. Les règles de concurrence, 130 3.4.2. Le droit des sociétés, 146
3.3.1. Politique générale de concurrence 3.4.3. Services financiers: le processus
3.2.1. La libre circulation et ententes, 130 Lamfalussy — Genèse et mise
des marchandises, 116 en application pratique, 151
3.3.2. Les abus de position dominante et
3.2.2. La liberté de circulation le contrôle des concentrations, 133 3.4.4. Services financiers: législation
des travailleurs, 120 3.3.3. Les aides d’État, 136 importante, 153
3.2.3. La liberté d’établissement, 3.3.4. Entreprises publiques et services 3.4.5. La propriété intellectuelle,
la liberté de prestation de services d’intérêt général, 139 industrielle et commerciale, 156
6.2. La politique économique 6.4.3. Le Caucase du Sud (Arménie, 6.5. La politique générale
et commerciale extérieure, 490 Azerbaïdjan, Géorgie), 520 du développement, 557
6.2.1. L’Union européenne, puissance 6.4.4. Asie centrale, 522 6.5.1. Aperçu général de la politique
commerciale, 490 6.4.5. Les pays du sud et de l’est du développement, 557
6.2.2. L’Union européenne de la Méditerranée, 526 6.5.2. Régimes commerciaux
et l’Organisation mondiale 6.4.6. Les pays de la péninsule Arabique, applicables aux pays
du commerce, 495 l’Iraq, l’Iran, 528 en voie de développement, 559
6.5.3. L’aide humanitaire, 561
6.3. Cadres de relations avec certains 6.4.7. Relations transatlantiques:
les États-Unis et le Canada, 532 6.5.4. Les relations avec les pays d’Afrique,
groupes de pays, 499 des Caraïbes et du Pacifique: des
6.3.1. L’élargissement de l’Union, 499 6.4.8. L’Amérique latine, 535 conventions de Yaoundé et de
6.3.2. L’Espace économique européen, 505 6.4.9. Le Japon, 538 Lomé à l’accord de Cotonou, 565
1
1 fonctionnement 4 Les politiques communes
de l’Union européenne
L’Union économique
2 L’Europe des citoyens 5 et monétaire
Le système de fonctionnement
de l’Union européenne
Les pouvoirs conférés aux institutions de l’Union européenne découlent des traités fondateurs,
qui ont été négociés par les États membres et ratifiés par chacun d’entre eux. Le traité instituant
la Communauté européenne mentionne cinq institutions européennes stricto sensu.
Trois d’entre elles sont chargées de formuler les politiques et de prendre les décisions. Il s’agit
du Parlement européen, du Conseil de l’Union européenne et de la Commission européenne
(le triangle institutionnel). La défense du droit communautaire est assurée par la Cour de justice
des Communautés européennes. La Cour des comptes vérifie la légalité et la régularité des
recettes et des dépenses de l’Union et veille à sa bonne gestion financière. Plusieurs autres
organes et agences sont chargés de tâches spécifiques. Afin de réaliser les objectifs des traités,
l’Union est dotée de son propre budget.
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— le respect des règles de concurrence et de transparence Le marché commun devait permettre la libre circulation des
des prix; marchandises, la mobilité des facteurs de production (libre
circulation des travailleurs et des entreprises, liberté de
— le soutien à la modernisation du secteur et à la prestation de services, libération des mouvements de
reconversion. capitaux).
B. Au lendemain de la signature du traité, alors que la France 2. Le traité CEEA visait des objectifs très ambitieux et
s’oppose à la reconstitution d’une force militaire allemande notamment «la formation et la croissance rapide des industries
dans un cadre national, René Pleven imagine un projet nucléaires». Mais, en fait, en raison du caractère complexe et
d’armée européenne. La Communauté européenne de délicat du secteur nucléaire, qui touche aux intérêts vitaux des
défense (CED) négociée en 1952 devait être accompagnée États membres (défense et indépendance nationale), le traité a
d’une Communauté politique (CEP). Les deux projets furent dû limiter ses ambitions.
abandonnés à la suite du refus par l’Assemblée nationale
française d’autoriser la ratification du traité le 30 août 1954. D. La Convention relative à certaines institutions
communes, signée et entrée en vigueur en même temps que
C. Les efforts de relance de la construction européenne après les traités de Rome, avait décidé que l’Assemblée
l’échec de la CED se sont concrétisés lors de la Conférence de parlementaire et la Cour de justice seraient des institutions
Messine (en juin 1955) sur le double terrain de l’union communes. Il restait à fusionner les «exécutifs», et le traité
douanière et de l’énergie atomique. Ils aboutissent à la instituant un Conseil unique et une Commission unique des
signature du traité CEE et du traité CEEA. Communautés européennes du 8 avril 1965, dit «traité de
1. Le traité CEE prévoit, entre autres: fusion», est venu parachever l’unification des institutions.
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un élément important de la toile de fond sur laquelle a été conclusions qui ont été mises en forme par les ministres des
élaboré l’Acte unique européen (AUE). affaires étrangères le 27 janvier 1986.
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Structures de L’union — le premier «pilier» est constitué par les Communautés
européennes, dans le cadre desquelles les compétences
En instituant une Union européenne (UE), le traité de ayant fait l’objet d’un transfert de souveraineté des États
Maastricht marque une nouvelle étape dans le processus membres dans les domaines régis par le traité sont
créant «une union sans cesse plus étroite entre les peuples de exercées par les institutions communautaires;
l’Europe». L’UE est fondée sur les Communautés européennes
(1.1.1 et 1.1.2) complétées par les politiques et formes de — le deuxième «pilier» est formé par la politique étrangère et
coopération instaurées par le traité sur l’Union européenne. de sécurité commune (PESC) prévue au titre V du traité sur
L’Union dispose d’un cadre institutionnel unique, composé par l’Union européenne;
le Parlement européen, le Conseil européen, le Conseil de — le troisième «pilier» est constitué par la coopération
ministres, la Commission européenne, la Cour de justice des policière et judiciaire en matière pénale (JAI) prévue au
Communautés européennes et la Cour des comptes. Le titre VI du traité sur l’Union européenne.
Conseil européen a vocation à définir des orientations
politiques générales. Le Parlement européen, le Conseil, la Les dispositions des titres V et VI organisent une coopération
Commission, la Cour de justice et la Cour des comptes qui, au de type intergouvernemental qui utilise les institutions
sens strict, sont les seules «institutions» des Communautés, communes et qui est dotée de certains éléments
exercent leurs attributions conformément aux dispositions des supranationaux, notamment l’association de la Commission
traités. Le Parlement européen, le Conseil et la Commission européenne et la consultation du Parlement européen.
sont assistés d’un Comité économique et social européen et
d’un Comité des régions exerçant l’un et l’autre des fonctions A. La Communauté européenne (premier pilier)
consultatives. Un Système européen de banques centrales et La Communauté a pour mission d’assurer un développement
une Banque centrale européenne sont institués selon les harmonieux, équilibré et durable des activités économiques,
procédures prévues par le traité et s’ajoutent aux institutions un niveau d’emploi et de protection sociale élevé, l’égalité
financières préexistantes du groupe BEI que sont la Banque entre les hommes et les femmes, une croissance durable et
européenne d’investissement et le Fonds européen non inflationniste, un haut degré de compétitivité et de
d’investissement. convergence des performances économiques, un niveau élevé
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renforcée entre eux. Cette faculté s’ajoute aux cas de État membre, une nouvelle Conférence intergouvernementale
coopération renforcée régie par des dispositions spécifiques, (CIG) doit procéder à un réexamen complet des dispositions
comme l’Union économique et monétaire, la création de institutionnelles des traités.
l’espace de liberté, de sécurité et de justice et l’intégration de
3. Le recours du Conseil au vote à la majorité qualifiée est
l’acquis de la coopération dite «Schengen». Les domaines
certes prévu dans un certain nombre de bases juridiques
susceptibles de faire l’objet d’une coopération renforcée sont
nouvellement créées par le traité d’Amsterdam [voir ci-dessus
le troisième pilier et, sous conditions particulièrement
et les décisions sur les orientations en matière d’emploi
limitatives, les matières relevant d’une compétence
(article 128, paragraphe 2) et concernant les régions
communautaire non exclusive. Les conditions auxquelles toute
ultrapériphériques (article 299, paragraphe 2)]. Cependant,
coopération renforcée doit satisfaire ainsi que les mécanismes
parmi les politiques communautaires existantes, seul le
de décision prévus sont conçus de manière à garantir que
domaine de la politique de la recherche connaît, avec les
cette nouvelle modalité du processus d’intégration restera une
articles 166 et 172, de nouveaux cas de vote à la majorité
solution d’exception et que, en tout cas, elle ne pourra être
qualifiée. Dans le seul traité CE, 44 articles requièrent toujours
utilisée qu’afin de réaliser des progrès dans le processus
l’unanimité, dont environ 20 concernent des domaines
d’intégration et non de reculer.
législatifs tels que l’harmonisation fiscale (article 93), le
D. Simplification rapprochement des législations (article 94), la culture
(article 151), la politique industrielle (article 157), les Fonds
Le traité d’Amsterdam élimine des traités européens toute structurels (article 161) et certains aspects de la politique
disposition devenue caduque ou obsolète par l’évolution du environnementale (article 175).
temps, tout en évitant que les effets juridiques qui en
découlaient dans le passé ne soient affectés par cette F. Autres sujets
suppression. Il prévoit aussi une nouvelle numérotation des — L’acquis de la pratique communautaire dans l’application
traités. Pour des motifs juridico-politiques, le traité a été signé du principe de subsidiarité est repris dans un protocole à
et soumis à ratification sous forme d’amendements aux traités ce sujet.
en vigueur.
— La transparence est améliorée par de nouvelles dispositions
E. Réformes institutionnelles dans la perspective en vue de l’accès aux documents (article 255) et de
de l’élargissement l’ouverture des travaux du Conseil dans le domaine
législatif (article 207, paragraphe 3).
1. Le traité d’Amsterdam a fixé le nombre maximal des
membres du Parlement européen, conformément à la
demande de celui-ci, à 700 (article 189). Rôle du Parlement européen
2. La composition de la Commission et la question de la Consultation avant la convocation d’une Conférence
pondération des voix font l’objet d’un «protocole sur les intergouvernementale. En outre, le Parlement est associé aux
institutions» annexé au traité. Selon les dispositions de celui-ci, Conférences intergouvernementales selon des formules ad
dans une Union élargie à un maximum de vingt États hoc; lors des trois dernières, il a été représenté, selon le cas, par
membres, la Commission sera composée d’un national de son président ou par deux de ses membres.
chacun des États membres, à condition qu’à cette date la
pondération des voix au sein du Conseil ait été modifiée. En g Roberta PANIZZA
tout cas, un an au moins avant l’adhésion d’un vingt et unième Juillet 2008
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développement de l’UE: une meilleure répartition des 4. Organisation des travaux de la Convention
compétences, la simplification des instruments, davantage de Les travaux de la Convention se sont déroulés en trois phases:
démocratie, de transparence et d’efficacité, et l’élaboration
— une phase d’écoute durant laquelle il s’agissait de recueillir
d’une Constitution pour les citoyens européens.
les attentes et les besoins des États membres et des
C. Structure citoyens européens;
1. La Convention — une phase de réflexion consacrée à l’examen des idées
— 1 président (M. Giscard d’Estaing) émises;
— 2 vice-présidents (MM. Amato et Dehaene) — une phase de proposition correspondant à la synthèse des
réflexions.
— 15 représentants des chefs d’État ou de gouvernement des
États membres La première phase a débuté en février 2002 avec le lancement
de la Convention et s’est achevée le 14 juin 2002 avec la
— 30 membres des parlements nationaux (2 par État
création de 11 groupes de travail pour aller plus en avant sur
membre)
certains thèmes ne pouvant être approfondis en session
— 16 membres du PE plénière.
— 2 représentants de la Commission À la fin de l’année 2002, les groupes de travail (dont les thèmes
Les pays candidats à l’adhésion peuvent eux aussi, et dans les étaient «subsidiarité», «chartes», «personnalité juridique»,
mêmes conditions, participer aux débats, mais ils ne doivent «parlements nationaux», «compétences complémentaires»,
pas empêcher le consensus qui pourrait exister entre les États «gouvernance économique», «action extérieure», «défense»,
membres. La Convention compte donc un total de «simplification», «liberté, sécurité et justice» et «Europe
105 membres. sociale») ont soumis leurs conclusions à la Convention. Le
praesidium, quant à lui, a présenté un avant-projet de
2. Le praesidium de la Convention Constitution européenne le 28 octobre 2002.
Outre le président et les vice-présidents, le praesidium
Durant le premier semestre de 2003, la Convention a rédigé et
comprend 9 membres issus de la Convention:
débattu en plusieurs étapes un texte qui est devenu le projet
— les représentants de tous les gouvernements qui exercent de traité instituant une Constitution pour l’Europe. Le
la présidence du Conseil pendant la tenue de la praesidium a entendu, au cours de 26 sessions plénières,
Convention (l’Espagne, le Danemark et la Grèce); 1 812 interventions de conventionnels; le site internet de la
— 2 représentants des parlements nationaux (M. Bruton et Convention a reçu 692 250 visites, dont 97 000 pour le seul
Mme Stuart); mois de juin 2003; enfin, il y a eu 5 995 amendements des
conventionnels aux différents projets d’articles.
— 2 représentants du PE (MM. Hänsch et Méndez de Vigo);
La partie I (principes et institutions, 59 articles) et la partie II
— 2 représentants de la Commission européenne (charte des droits fondamentaux, 54 articles) ont été soumises
(MM. Barnier et Vitorino). au Conseil européen de Thessalonique, le 20 juin 2003. La
Il comprend également un «invité» désigné par les États partie III (politiques, 338 articles) et la partie IV (dispositions
candidats à l’adhésion, M. Peterle, représentant du Parlement finales, 10 articles) ont été présentées à la présidence italienne
slovène à la Convention. Le praesidium a joué un rôle le 18 juillet 2003. S’y ajoutent cinq protocoles et une
d’impulsion vis-à-vis de la Convention et lui a fourni une base déclaration.
de travail. Le 18 juin 2004, la Conférence intergouvernementale a adopté
3. Le secrétariat de la Convention ce texte avec un certain nombre d’amendements, notamment
Composé d’un secrétaire général, d’une adjointe au secrétaire dans les dispositions institutionnelles et les domaines
général, d’un porte-parole, d’un cabinet du président (deux d’application de la majorité qualifiée. Toutefois, la structure
membres) et d’une quinzaine de fonctionnaires issus des essentielle du projet de la Convention a été conservée.
services du Conseil, du PE et de la Commission, le secrétariat a
apporté son aide aux membres de la Convention sur toutes les g Wilhelm LEHMANN
questions qui se sont posées lors de leurs travaux. Juillet 2008
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— l’élection d’un président du Conseil européen; Concernant les pouvoirs de contrôle et de désignation, il
faut surtout relever le nouveau droit du PE d’élire le président
— la création d’un poste de ministre européen des affaires de la Commission sur proposition du Conseil européen. Ce
étrangères. dernier choisit le candidat à la majorité qualifiée en tenant
26
compte du résultat des élections européennes. Le PE présidence du Conseil, le principe d’une rotation égale a été
approuve également la Commission dans son ensemble. retenu. Dorénavant, il y aura des présidences par équipe
destinées à mieux assurer la continuité des travaux.
Concernant l’organisation interne du Parlement, le seuil du
nombre des députés a été fixé à 750 au maximum. Avant les 4. La Commission européenne
élections de 2009, le Conseil européen est chargé de décider, La Commission européenne conserve ses fonctions
sur l’initiative du Parlement et avec son approbation, de la traditionnelles (article I-26): elle promeut l’intérêt général de
distribution des sièges. Le système sera basé sur le présent l’Union, veille à l’application du droit communautaire et exerce
mécanisme de représentation «dégressivement des fonctions de coordination, d’exécution et de gestion. Pour
proportionnelle», avec un seuil minimal de 6 sièges et un seuil assurer le bon fonctionnement du processus de prise de
maximal de 96 sièges par État membre. décision au sein d’un collège grandissant, la Convention avait
2. Un Conseil européen à l’importance accrue proposé une réduction du nombre des commissaires. À la
suite d’une sévère contestation par les plus petits États
Le traité reconnaît pour la première fois le Conseil européen
membres, cette idée a été abolie par la CIG. L’accord obtenu
comme institution de l’UE (article I-19). Principalement
prévoit la formule «un commissaire par État membre»
chargé de donner à l’Union les «impulsions nécessaires à son
jusqu’en 2014. Après cette date, la Commission sera composée
développement» et de définir les priorités politiques
d’un nombre de commissaires correspondant aux deux tiers
générales (article I-21), sa capacité d’influer sur les choix
du nombre des États membres, choisis sur la base d’une
politiques cruciaux au sein de l’UE semble avoir été renforcée.
rotation égale entre les États.
Les nouveaux règlements sur son organisation interne
contribuent à cette notion. La présidence tournante telle Dans le même but d’une promotion de la cohérence et de
qu’elle existe sera remplacée par une présidence stable, élue l’efficacité du travail, le rôle du président de la Commission a
à la majorité qualifiée des membres du Conseil européen pour été considérablement renforcé (article I-27). Grâce à son
un mandat de deux ans et demi, renouvelable. Dans le but élection par le PE, il pourra dorénavant s’appuyer sur une plus
d’améliorer la cohérence et l’efficacité du travail du Conseil grande base de légitimité. De plus, il aura la capacité de
européen, cette présidence devra avant tout veiller à un climat décider de l’organisation interne de son institution
favorable à la recherche d’un consensus, qui demeure la règle [désignation des commissaires, répartition des portefeuilles,
générale pour l’adoption des décisions au sein de l’institution. demande de démission d’un(e) commissaire].
De plus, elle devra assurer la représentation extérieure de l’UE
5. Le ministre européen des affaires étrangères
concernant les matières relevant de la PESC, sans contrarier les
compétences du ministre européen des affaires étrangères. Nouvelle création institutionnelle, le ministre européen des
affaires étrangères sera nommé par le Conseil européen à la
3. Le Conseil des ministres de l’Union majorité qualifiée avec l’accord du président de la Commission
Le Conseil des ministres de l’UE continue à exercer des européenne (article I-28). Il sera responsable de la politique
fonctions législative, budgétaire et de coordination étrangère et de sécurité commune de l’Union dans son
(article I-23). En règle générale, il prend ses décisions à la ensemble. Dans ce but, il dispose du pouvoir de proposition. Il
majorité qualifiée. Afin de faciliter la prise de décision dans un présidera le Conseil des affaires étrangères et sera en même
Conseil élargi, le système de pondération des voix établi dans temps le vice-président de la Commission («double
le traité de Nice a été réformé. Très contestée tout au long du chapeau»).
processus de réforme, la CIG a finalement opté pour la solution La continuité et la cohérence du travail du ministre seront
suivante: à partir du 1er novembre 2009, un système de assurées à travers la mise en place d’un service européen
double majorité d’États et de population sera mis en place. pour l’action extérieure, composé de fonctionnaires du
Une décision sera adoptée au sein du Conseil si elle réunit au secrétariat général du Conseil et de la Commission ainsi que
moins l’accord de 55 % des États membres représentant un de diplomates nationaux (article III-296).
minimum de 65 % de la population de l’Union. Une minorité
de blocage nécessite la participation d’au moins quatre États C. Des instruments et procédures simplifiés
membres. Si l’initiative de la Commission n’est pas nécessaire 1. Une répartition des compétences plus claire
ou lorsqu’une décision n’est pas adoptée sur l’initiative du
Pour la première fois, le traité établit un catalogue distinguant
ministre des affaires étrangères, la majorité requise est
clairement entre trois catégories de compétences (article I-12):
renforcée (72 % des États et 65 % de la population).
— les compétences exclusives (article I-13): seule l’Union
En ce qui concerne l’organisation de ses travaux, les
peut légiférer; les États membres mettent en œuvre les
réunions des formations spécialisées du Conseil seront
actes juridiques de l’UE;
désormais divisées en deux parties: celles consacrées aux
délibérations législatives auront lieu en public, celles — les compétences partagées (article I-14): les États
consacrées aux thèmes non législatifs se tiendront à huis clos. membres peuvent légiférer et adopter des actes
Un Conseil des affaires étrangères sera créé et présidé par le juridiquement obligatoires dans la mesure où l’Union ne le
ministre européen des affaires étrangères. Quant à la fait pas;
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28
une clause passerelle générale (article IV-444) a été inscrite obligatoire. Le Conseil européen peut décider, à la majorité
dans le traité. Elle permettra au Conseil européen, statuant à simple et après approbation du PE, de renoncer à une telle
l’unanimité et après approbation par le PE, d’autoriser le convocation;
passage du vote à l’unanimité au vote à la majorité qualifiée
b. une procédure simplifiée (article IV-445) qui s’applique
ou, le cas échéant, d’une procédure législative spéciale à la
uniquement aux politiques et actions internes de l’Union
procédure législative ordinaire concernant tout domaine
mentionnées dans le titre III de la partie III du traité. Elle permet
mentionné dans la partie III du traité. Sont exclues de ce
au Conseil européen de modifier le traité sans devoir
mécanisme les décisions touchant le domaine de la défense
convoquer une CIG. Toute modification passe par une décision
ou ayant une implication militaire. Cependant, un seul
unanime du Conseil après la consultation du PE et de la
parlement national peut empêcher l’entrée en vigueur de la
Commission et doit être ratifiée par tous les États membres.
décision en s’opposant dans les six mois au recours à la clause
passerelle. Outre la clause passerelle générale, il existe des
clauses passerelles spécifiques qui s’appliquent à des Rôle du Parlement européen
domaines circonscrits tels que la politique sociale En réclamant des réformes supplémentaires avant
(article III-210) ou la PESC (articles I-40 et III-300). Dans plusieurs l’élargissement à 25 États et en soumettant des propositions
domaines, des «freins de secours» ont été introduits précises concernant les méthodes de préparation et le
permettant à un État membre qui estime qu’un projet législatif contenu des réformes, le PE a été l’un des moteurs principaux
ou une procédure porterait atteinte aux principes du processus de réforme dit «post-Nice».
fondamentaux de son système judiciaire de faire appel au
Ce processus s’est avéré un succès remarquable pour le
Conseil européen pour qu’il se saisisse du cas en question.
Parlement compte tenu du fait qu’il a pu réaliser un grand
b. Les coopérations renforcées nombre de ses objectifs initiaux, notamment en ce qui
Dans le cadre des compétences non exclusives de l’UE, concerne la hiérarchie des normes, la procédure législative
plusieurs États membres peuvent instaurer entre eux une ordinaire, l’extension du vote à la majorité qualifiée, la
coopération renforcée afin d’atteindre des objectifs de l’Union répartition des compétences, l’élection de la Commission et
(article I-44 et articles IV-416 à IV-423). Une telle coopération l’intégration de la charte des droits fondamentaux. Dans sa
ne peut être lancée qu’en dernier ressort et doit associer au résolution sur le traité du 12 janvier 2005, le Parlement se
moins un tiers des États membres. L’autorisation est accordée félicite donc avec raison de cette «amélioration considérable»
par le Conseil statuant à l’unanimité, sur proposition de la que représente le traité.
Commission et après approbation du Parlement. Les décisions Néanmoins, il faut également noter que certains domaines
prises par les États qui y participent ne s’appliqueront qu’à eux restent en grande partie en dehors de sa zone d’influence.
seuls. Parmi ceux-ci figurent avant tout les révisions des traités, les
3. La révision du traité réformes institutionnelles, la PESC et la politique de défense.
Outre l’introduction d’une révision simplifiée à travers le Pendant le processus de réforme, le PE a largement profité des
mécanisme des clauses passerelles, deux dispositions ouvrent méthodes de travail de la Convention puisqu’elles
la voie à une révision du traité: privilégiaient — du moins dans les premières phases —
l’ouverture et la délibération au détriment de la fermeture et
a. une procédure de révision ordinaire (article IV-443) qui
de la négociation diplomatique, caractéristique de la méthode
prévoit deux nouveautés:
intergouvernementale classique des CIG. Dans le même esprit,
— le PE pourra désormais soumettre des projets de révision le PE a obtenu pour la première fois une participation pleine et
du traité; entière à l’ensemble des étapes de la CIG.
— le président du Conseil européen pourra décider de
convoquer une convention pour préparer les travaux d’une g Wilhelm LEHMANN
CIG. Cependant, la convocation d’une convention n’est pas Novembre 2005
29
Base juridique terme «Communauté» est remplacé par «Union» tout au long
Traité de Lisbonne modifiant le traité UE et le traité CE du texte. L’Union prend la place de la Communauté, elle est
(JO C 306 du 17.12.2007) son successeur sur le plan juridique. Le traité de Lisbonne ne
crée pas de symboles étatiques pour l’Union comme un
drapeau ou un hymne. Certains termes, comme «Constitution»,
Historique «loi» ou «ministre des affaires étrangères», utilisés dans le traité
Le traité de Lisbonne a débuté à la fin de 2001 sous la forme constitutionnel ont également disparu. Bien que le nouveau
d’un projet constitutionnel (déclaration du Conseil européen texte ne soit donc plus un traité constitutionnel que de nom, il
sur l’avenir de l’Union européenne, ou déclaration de Laeken). préserve bien la plupart de ses réalisations majeures.
Il a été suivi, en 2002 et 2003, par la Convention européenne
Le traité de Lisbonne ne transfère aucune nouvelle
(1.1.5). L’un des objectifs majeurs de cette entreprise
compétence exclusive vers l’Union. Néanmoins, il change la
consistait à remplacer le droit communautaire primaire
façon dont l’Union exerce ses pouvoirs existants et certains
existant par un fondement juridique modernisé pour l’Union
nouveaux pouvoirs (partagés) en améliorant la participation et
européenne (UE).
la protection des citoyens, en créant une nouvelle
Néanmoins, après plus de cinq ans de débats et de configuration constitutionnelle et en modifiant les processus
négociations constitutionnels, c’est un autre traité modifiant le décisionnels en vue d’une efficacité et d’une transparence
droit primaire existant qui a été signé. Comme on le sait, ce accrues. Le contrôle parlementaire et la responsabilité
changement de stratégie est intervenu à la suite du résultat démocratique s’en trouvent ainsi renforcés.
négatif des deux référendums sur le traité établissant une
Constitution pour l’Europe (traité constitutionnel) tenus en mai 2. La suprématie du droit communautaire
et en juin 2005, en conséquence de quoi le Conseil européen À la différence du traité constitutionnel, le traité de Lisbonne
a décidé de s’accorder une «période de réflexion» de deux ans. ne contient aucun article consacrant formellement la
En mars 2007, la présidence allemande a réussi à ranimer suprématie du droit communautaire sur la législation
l’effort de réforme lors d’une célébration marquant le nationale, mais une déclaration a été jointe au traité à cet effet
50e anniversaire des traités de Rome. La déclaration de Berlin, (déclaration n° 17), en référence à un avis du service juridique
adoptée par tous les États membres, consacrait leur volonté du Conseil qui réitère la jurisprudence constante de la Cour.
commune de se mettre d’accord sur un nouveau traité à 3. Les limites des compétences de l’Union
temps pour les élections européennes de 2009.
Le traité de Lisbonne organise et clarifie pour la première fois
Sur la base de la déclaration de Berlin, le Conseil européen des les pouvoirs de l’Union. Il établit une distinction entre trois
21, 22 et 23 juin 2007 a adopté un mandat détaillé en vue types de compétences: les compétences exclusives, où seule
d’une Conférence intergouvernementale (CIG) ultérieure sous l’Union est habilitée à légiférer, les États membres se limitant à
la présidence portugaise. La CIG a conclu ses travaux en mettre en œuvre la législation de l’UE; les compétences
octobre 2007. Le traité a été signé lors du Conseil européen de partagées, où les États membres peuvent légiférer et adopter
Lisbonne du 13 décembre 2007. Le texte devrait être ratifié par des actes juridiquement contraignants dans la mesure où
les États membres et entrer en vigueur avant les élections l’Union ne l’a pas fait; les compétences d’appui, où l’UE adopte
européennes de juin 2009. des mesures pour soutenir ou compléter les politiques des
États membres. Les compétences de l’Union peuvent
Contenu désormais être retournées aux États membres au cours d’une
révision du traité.
A. Objectifs et principes juridiques
1. Objectifs de la réforme 4. La disparition des piliers
Afin d’accroître la légitimité, l’efficacité et la transparence de a. Personnalité juridique de l’UE
l’UE, le traité de Lisbonne revient à la méthode traditionnelle Le traité de Lisbonne accorde à l’UE la pleine personnalité
consistant à modifier les traités existants. Le traité instaurant la juridique. L’Union obtient par conséquent la capacité de signer
Communauté européenne est rebaptisé «traité sur le des traités internationaux dans les domaines relevant de ses
fonctionnement de l’Union européenne» (traité FUE) et le compétences ou d’adhérer à une organisation internationale.
30
Les États membres ne peuvent signer des accords C. Une nouvelle configuration institutionnelle
internationaux qu’à condition que ceux-ci soient compatibles 1. Le Parlement européen
avec le droit communautaire. Conformément à l’article 14, paragraphe 2, du traité UE, le
b. Domaine de la liberté, de la sécurité et de la justice (LSJ) Parlement européen, désormais, «est composé de
Le traité de Lisbonne achève l’absorption des aspects restants représentants des citoyens de l’Union», et non plus de
du troisième pilier de la LSJ (police et coopération judiciaire représentants des «peuples des États», comme l’établissait
dans les matières criminelles) par le premier pilier. Sa structure l’article 189 du traité CE.
intergouvernementale disparaît du fait que les actes législatifs Les pouvoirs législatif et budgétaire du PE se sont accrus tant
adoptés dans ce domaine sont soumis à la procédure par la nouvelle «procédure législative ordinaire» qui
législative ordinaire (majorité qualifiée et codécision) ainsi correspond à l’ancienne procédure de codécision que par
qu’aux instruments juridiques de la méthode communautaire l’abolition de la distinction entre dépenses obligatoires et
(règlements, directives et décisions), sauf disposition contraire. dépenses non obligatoires. Par ailleurs, la procédure législative
5. Révision des traités ordinaire s’appliquera dans plus de 40 nouveaux domaines de
compétence, portant leur nombre total à 73. La procédure
Le Parlement européen sera habilité à proposer des
d’avis conforme est maintenue, devenant la procédure
modifications aux traités, comme c’est déjà le cas du Conseil,
d’«approbation», et la procédure de consultation demeure
du gouvernement d’un État membre ou de la Commission.
inchangée.
Une telle modification requiert normalement la convocation
d’une convention. Il sera toutefois possible de réviser les traités La nouvelle procédure budgétaire crée la parité totale entre le
sans convoquer une CIG, au moyen de procédures de révision Parlement et le Conseil concernant l’approbation du budget
simplifiées, relatives aux politiques et actions internes de annuel. Le cadre financier pluriannuel doit bénéficier de
l’Union (article 48, paragraphe 6, et article 48, paragraphe 7, du l’accord du Parlement (approbation).
traité UE). L’accord du Parlement européen est nécessaire afin Le PE élit désormais le président de la Commission à une
de décider de ne pas convoquer de convention lorsque majorité de ses membres sur proposition du Conseil européen,
l’ampleur des modifications ne le justifie pas. qui est tenu de désigner un candidat à la majorité qualifiée en
B. Démocratie renforcée et meilleure protection tenant compte du résultat des élections européennes. Le PE
des droits fondamentaux continue d’approuver la Commission en tant que collège.
1. Démocratie participative Le nombre maximal de députés européens a été fixé à 751. Le
Le traité de Lisbonne exprime les trois principes fondamentaux nombre maximal de sièges par État membre sera ramené à 96,
que sont l’égalité démocratique, la démocratie représentative le nombre minimal sera porté à 6.
et la démocratie participative. La démocratie participative 2. Le Conseil européen
prend la forme nouvelle d’une initiative citoyenne: 1 million de Le traité de Lisbonne reconnaît formellement le Conseil
citoyens européens issus d’un nombre «significatif» d’États européen comme une institution de l’UE, chargée de donner à
membres (à déterminer par un règlement) peuvent demander l’Union «les impulsions nécessaires à son développement» et
à la Commission de prendre une initiative législative. de définir ses «orientations et priorités politiques générales».
2. La charte des droits fondamentaux Le Conseil européen n’a aucune fonction législative.
La charte des droits fondamentaux ne sera pas incorporée Une présidence de longue durée remplacera le système actuel
directement dans le traité de Lisbonne mais elle acquiert un de la rotation semestrielle. Le président est élu à la majorité
caractère juridiquement contraignant grâce à l’article 6, qualifiée des membres du Conseil européen pour un mandat
paragraphe 1, du traité UE, qui octroie à la charte la même renouvelable de trente mois. Cela contribuera à renforcer la
valeur juridique que les traités. Comme le dit clairement la continuité et la cohérence de son travail. Le président assurera
charte, celle-ci ne s’étend pas aux compétences de l’Union également la représentation extérieure de l’Union, sans
telles que définies par les traités. Un protocole introduit des préjudice des attributions du haut représentant de l’Union
mesures spécifiques pour le Royaume-Uni et la Pologne pour la politique étrangère et de sécurité commune (voir
concernant des exceptions à la justiciabilité de la charte infra).
devant les tribunaux nationaux.
3. Le haut représentant (HR) pour la politique étrangère
3. La convention européenne de sauvegarde des droits et de sécurité commune
de l’homme (CEDH) Le HR de l’Union pour la politique étrangère et de sécurité
L’UE adhérera à la convention européenne dès l’entrée en commune (PESC) sera nommé à la majorité qualifiée par le
vigueur du 14e protocole à la CEDH, qui autorise non Conseil européen avec l’accord du président de la Commission
seulement les États mais également les organisations européenne. Le HR sera responsable de la politique étrangère
internationales à devenir signataires de la CEDH. L’acte et de sécurité commune de l’UE et il aura le droit de formuler
d’adhésion doit cependant être ratifié par tous les États des propositions. Outre la présidence du Conseil des affaires
membres de l’UE. étrangères, il sera également le vice-président de la
31
32
Parlement) expliquant pourquoi elle considère la mesure membre victime d’une catastrophe naturelle ou d’un attentat
compatible avec le principe de subsidiarité. terroriste.
Si une majorité simple des parlements des États membres est Une «coopération structurée permanente» est ouverte à tous
opposée à la proposition, celle-ci doit à nouveau être les États membres qui souscrivent des engagements en
examinée (carte orange). Si la Commission décide de matière de capacités militaires et fournissent des unités de
maintenir la proposition, elle doit soumettre son avis au combat disponibles pour une action immédiate. Afin d’établir
législateur, ainsi que les avis des parlements nationaux. En une telle coopération, il est nécessaire de disposer d’un vote à
vertu d’une majorité de 55 % des membres du Conseil ou la majorité qualifiée au Conseil, après consultation du HR.
d’une majorité des suffrages exprimés au Parlement européen,
le législateur peut ensuite décider qu’il n’y a pas lieu de
poursuivre l’examen de la proposition législative. Rôle du Parlement européen
3. Nouveaux pouvoirs Voir les fiches 1.1.4 et 1.1.5 pour les contributions du Parlement
à la Convention européenne et son implication dans les CIG
Un certain nombre de politiques nouvelles ou élargies ont été
précédentes.
introduites dans la politique environnementale, qui inclut
désormais la lutte contre le changement climatique, et dans la Concernant la CIG 2007, qui a conduit à la signature du traité
politique énergétique, qui formule de nouvelles références à la de Lisbonne, le Parlement a pour la première fois envoyé trois
solidarité ainsi qu’à la sécurité et à l’interconnectivité des représentants (qui n’étaient plus appelés des «observateurs») à
approvisionnements. Par ailleurs, les droits de propriété la conférence qui se déroulait sous la présidence portugaise.
intellectuelle, le sport, l’espace, le tourisme, la protection civile Selon le président du Parlement, lors de son discours
et la coopération administrative pourront désormais faire d’ouverture en février 2007, veiller à ce que «la substance du
l’objet d’une éventuelle décision de l’UE. traité constitutionnel, y compris le chapitre consacré aux
4. Politique européenne de sécurité et de défense valeurs, devienne une réalité juridique et politique d’ici aux
prochaines élections européennes» constituait l’une des
Dans la politique européenne de sécurité et de défense (PESD),
priorités les plus importantes du Parlement durant la seconde
le traité de Lisbonne introduit une clause de défense mutuelle
moitié de sa sixième législature.
qui dispose que tous les États membres sont tenus de fournir
une aide à un État membre attaqué. Une clause de solidarité
dispose que l’Union et chacun de ses États membres doivent g Wilhelm LEHMANN
offrir, par tous les moyens possibles, leur assistance à un État Juillet 2008
33
A. Droit communautaire primaire De portée générale, obligatoire dans tous ses éléments et
directement applicable dans tout État membre, le règlement
1.1.1-1.1.3
est la «loi de la Communauté» et doit être intégralement
B. Droit communautaire secondaire respecté par ceux auxquels il s’applique (personnes privées,
1. Généralités États membres, institutions de l’Union). Il s’applique
directement dans tous les États membres sans devoir faire
Aux termes de l’article 249 du traité CE, les modes d’action de
l’objet d’un acte de transposition sur le plan national. Dès son
la Communauté européenne sont le règlement, la directive, la
entrée en vigueur (à la date qu’il fixe ou, à défaut, le vingtième
décision, la recommandation et l’avis, qui sont des créations
jour suivant sa publication au Journal officiel de l’Union
juridiques originales du droit communautaire, distinctes des
européenne), il s’impose dans les ordres juridiques nationaux.
instruments juridiques nationaux et internationaux. Les
institutions de l’Union ne peuvent arrêter de tels actes Le règlement vise à assurer l’application uniforme du droit
juridiques que si une disposition des traités leur en confère la communautaire dans tous les États membres. Il a aussi pour
compétence (principe des compétences d’attribution). Les conséquence de rendre inapplicables les normes nationales
différents actes juridiques (excepté les recommandations et les incompatibles avec les clauses matérielles qu’il contient. Les
avis, dépourvus de caractère obligatoire) doivent se fonder sur mesures d’exécution que prennent les États membres ne
des dispositions concrètes des traités (y compris les doivent ni modifier ni compléter la portée et l’effet utile d’un
compétences dites implicites). En l’absence d’une compétence règlement (principe de la coopération loyale: article 10 du
particulière reconnue par les traités, il est possible de recourir, traité CE).
sous certaines conditions, au principe de la compétence b. La directive
subsidiaire énoncé à l’article 308 du traité CE. L’énumération
d’actes figurant à l’article 249 du traité CE n’est pas limitative; il i. Nature et portée
existe aussi une série de modes d’action, tels les résolutions, les Elle lie les États membres destinataires quant au résultat à
constatations ainsi que les actes relatifs à l’organisation et au atteindre, mais leur laisse le choix de la forme et des moyens.
34
Une directive peut avoir pour destinataires un État membre, n’accorde aucun droit au particulier et qu’ainsi seules les
plusieurs États membres ou l’ensemble de ceux-ci. Afin que les première et deuxième conditions sont réunies, les autorités de
principes édictés dans la directive produisent des effets au l’État membre ont l’obligation juridique de tenir compte de la
niveau du citoyen, le législateur national doit adopter un acte directive non transposée. La jurisprudence susmentionnée
de transposition (aussi appelé «mesure nationale s’appuie principalement sur les arguments de l’effet utile, de la
d’exécution») en droit interne qui adapte la législation répression des comportements contraires au traité et de la
nationale au regard des objectifs définis dans la directive. protection juridictionnelle. En revanche, un particulier ne peut
Fondamentalement, le citoyen ne se voit conférer des droits et directement invoquer contre un autre particulier (effet dit
imposer des obligations qu’une fois adopté l’acte portant «horizontal») l’effet direct d’une directive non transposée (voir
transposition de la directive dans le droit national. Tenus au la jurisprudence constante, affaire Faccini Dori, Recueil 1994,
seul accomplissement des buts de la directive, les États p. I-3325 et suiv., point 25).
membres disposent, pour la transposition, d’une marge de
iii. Responsabilité pour défaut de transposition
manœuvre leur permettant de tenir compte des spécificités
nationales. La transposition doit s’effectuer dans le délai fixé Selon la jurisprudence de la Cour (affaire Francovich, Recueil
par la directive. En transposant les directives, les États 1991, p. I-5357 et suiv.), un particulier est fondé à demander
membres sont tenus de choisir les formes de droit interne les réparation d’un préjudice subi à un État membre qui n’a pas
plus propres à assurer l’effet utile du droit communautaire transposé ou a insuffisamment incorporé une directive:
(article 10 du traité CE). Les directives doivent être — si la directive a pour but de conférer des droits aux
transformées en des règles contraignantes de droit interne qui particuliers;
satisfassent aux impératifs de la sécurité et de la clarté
juridiques et placent l’individu en position de faire valoir les — si le contenu des droits peut être identifié sur la base des
droits qu’il tire de la directive. Il n’est pas permis d’apporter à dispositions de la directive;
des réglementations adoptées en vertu de directives — s’il existe un lien de causalité entre le manquement à
communautaires des modifications contraires aux objectifs de l’obligation de transposer et le préjudice subi par les
ces directives (effet de «cliquet»). personnes lésées.
ii. Possibilités d’applicabilité directe En pareil cas, la responsabilité de l’État membre peut être
Les directives ne sont, en principe, pas directement engagée sans qu’une faute doive être démontrée dans son
applicables, mais la Cour de justice des Communautés chef. Lorsqu’un État membre dispose d’une marge de
européennes a néanmoins jugé que telle ou telle disposition manœuvre pour la transposition, il faut, en plus des trois
pouvait, exceptionnellement, produire des effets directs dans critères mentionnés, que l’infraction commise pour
un État membre sans que ce dernier ait arrêté préalablement transposition irrégulière ou lacunaire soit suffisamment
un acte de transposition (jurisprudence constante depuis qualifiée, c’est-à-dire qu’elle doit être importante et manifeste
1970: Recueil, p. 1213 et suiv.), lorsque les conditions suivantes (Cour de justice, arrêt du 5 mars 1996 dans les affaires jointes
sont réunies: C-46/93 et C-48/93, Brasserie du Pêcheur/Factortame, Recueil
1996, p. I-1029).
— la transposition dans le droit interne n’a pas eu lieu ou a été
effectuée incorrectement à l’expiration du délai de c. La décision
transposition; Elle est obligatoire dans tous ses éléments. Lorsqu’elle désigne
— les dispositions de la directive sont, du point de vue de leur des destinataires, elle n’est obligatoire que pour ceux-ci. Les
contenu, inconditionnelles et suffisamment claires et destinataires peuvent être des États membres, des personnes
précises; physiques ou des personnes morales. Elle sert à régler des
situations concrètes propres à des destinataires particuliers.
— les dispositions de la directive confèrent des droits aux
Comme les directives, les décisions peuvent comporter
particuliers.
l’obligation pour un État membre de faire bénéficier le citoyen
Lorsque ces conditions sont réunies, le particulier peut se d’une position juridique plus favorable. Dans ce cas, le
prévaloir de la disposition en cause devant tous les particulier ne peut — telle est aussi la règle avec la directive —
dépositaires de l’autorité publique. Sont considérées comme faire valoir ses droits que si l’État membre en cause a pris un
dépositaires de l’autorité publique les organisations et acte de transposition. Les décisions peuvent être directement
institutions qui relèvent de l’État ou sont dotées par lui de applicables dans les mêmes conditions que les dispositions
droits qui vont au-delà de ceux qui découlent des dispositions d’une directive.
régissant les relations entre particuliers (arrêt de la Cour du
d. La recommandation et l’avis
22 juin 1989 dans l’affaire 103/88, Fratelli Costanzo). La
jurisprudence s’appuie principalement sur les principes de Ils ne lient pas, c’est-à-dire qu’ils ne créent aucun droit ni
l’effet utile et de l’application uniforme du droit aucune obligation à leurs destinataires, mais ils peuvent fournir
communautaire. Mais, en vertu de la jurisprudence constante des indications sur l’interprétation et le contenu du droit
de la Cour, même si la disposition en cause de la directive communautaire.
35
Dans nombre de cas, les traités imposent la forme d’action — les droits fondamentaux tels que garantis par la convention
requise (cas de la directive, à l’article 94 du traité CE). européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des
Cependant, de nombreuses dispositions ne s’accompagnent libertés fondamentales et les traditions constitutionnelles
pas de la prescription d’un type d’acte précis [l’article 71, des États membres, qui sont reconnus sur le plan de
paragraphe 1, point d), du traité CE, par exemple, évoque l’Union par l’article 6, paragraphe 2, du traité UE, en tant
«toutes autres dispositions utiles»], ou bien proposent au que principes généraux du droit communautaire: droit de
moins une alternative (l’article 40, alinéa introductif, et la défense, droit au respect de la vie privée, etc.;
l’article 83 du traité CE demandent d’agir «par voie de — le principe de la communauté de droit;
directives ou de règlements»). Les institutions communautaires
doivent cependant exercer une telle liberté en respectant les — les principes de proportionnalité, de confiance légitime,
principes de proportionnalité et de subsidiarité (1.2.2). etc.
C. Droit non communautaire de l’Union (hors traité CE) E. Accords internationaux conclus par la Communauté
européenne
Dans le cadre des deuxième et troisième piliers, l’Union ne
s’exprime pas par les instruments juridiques classiques du droit Disposant du droit partiel de contracter des engagements sur
communautaire, mais par des actes juridiques originaux: le plan international, la Communauté peut conclure, dans le
cadre de ses compétences, des accords externes avec des
— dans le deuxième pilier du traité sur l’Union européenne États tiers ou des organisations internationales. Aux termes de
[politique étrangère et de sécurité commune (PESC)], ces l’article 300, paragraphe 7, du traité CE, les accords ainsi
instruments sont de nature essentiellement politique: les conclus par la Communauté lient celle-ci et les États membres.
stratégies communes, les actions communes et les Ils font partie intégrante de l’ordre juridique communautaire.
positions communes;
F. Sources complémentaires du droit communautaire
— dans le troisième pilier [coopération judiciaire et policière
Elles sont constituées par les règles contenues dans les
en matière pénale (JAI)], l’Union agit par le biais de
accords intergouvernementaux conclus entre les États
positions communes, actes de nature plus politique que
membres qui servent les objectifs de la Communauté. La
juridique qui «[définissent] l’approche de l’Union sur une
conclusion de ces accords internationaux est prévue, en partie,
question déterminée», de décisions-cadres, instruments
à l’article 293 du traité CE et, depuis l’introduction du troisième
semblables à la directive communautaire et utilisés aux fins
pilier par le traité de Maastricht, dans le domaine de la
du rapprochement des législations, de décisions «à toute
coopération policière et judiciaire en matière pénale [article 34,
fin» autre que le rapprochement des législations, qui sont
paragraphe 2, point d), du traité UE].
dépourvus d’effet direct ainsi que de l’instrument classique
des conventions internationales entre les États membres. G. Hiérarchie des normes au sein du droit communautaire
Le traité de Lisbonne supprime la structure en piliers de Le droit communautaire primaire occupe le sommet de la
l’Union qui perdure depuis le traité de Maastricht. Par hiérarchie des normes. Les règles constituant le droit primaire
conséquent, quand le traité de Lisbonne entrera en vigueur, sont les unes et les autres fondamentalement de rang égal; le
l’utilisation des actes juridiques mentionnés à l’article 249 du droit communautaire non écrit, à savoir les principes généraux
traité CE (article 288 de la version consolidée du traité FUE) du droit, se situe au même niveau. En revanche, les accords
s’étendra à l’ensemble des politiques de l’Union, y inclus la internationaux conclus par la Communauté viennent après le
36
droit primaire et le droit non écrit. À un rang inférieur, on Rôle du Parlement européen
trouve le droit communautaire secondaire, c’est-à-dire que les Dans le cadre des procédures visées aux articles 250 et
actes juridiques en question ne sont valides que s’ils suivants du traité CE, le Parlement européen exerce certains
respectent les normes de rang supérieur. droits de participation à la production normative (1.4.1).
Toutefois, malgré l’extension de ses compétences, sanctionnée
Le traité de Lisbonne instaure une hiérarchie des normes du par le traité sur l’Union européenne (1.1.2), son influence
droit secondaire en établissant une distinction précise entre les demeure limitée dans les politiques qui ne relèvent pas de la
actes législatifs, les actes délégués et les actes d’exécution. procédure de codécision. Le traité de Lisbonne étend la
Sont définis comme étant des actes législatifs les actes codécision entre le Parlement et le Conseil de manière
juridiques adoptés par une procédure législative, ordinaire ou considérable, en la nommant désormais «procédure législative
spéciale. En revanche, les actes délégués sont des actes non ordinaire». Quand le traité de Lisbonne entrera en vigueur, le
législatifs de portée générale qui complètent ou modifient Parlement sera colégislateur dans 95 % de la législation de
certains éléments non essentiels de l’acte législatif. Le pouvoir l’Union.
d’adopter ces actes peut être délégué à la Commission
européenne par l’acte législatif, qui délimite les objectifs, le Par ailleurs, soucieux de voir s’améliorer l’application du droit
contenu, la portée et la durée du pouvoir délégué. La de l’Union dans les États membres et progresser chez les
compétence à adopter des actes d’exécution est normalement citoyens l’acceptation de ce droit, le Parlement européen agit
conférée à la Commission par l’acte juridiquement pour la simplification de la procédure législative, l’amélioration
contraignant, lorsque des conditions uniformes d’exécution de de la qualité rédactionnelle des textes normatifs et
cet acte sont nécessaires. Les actes législatifs, délégués et l’application de sanctions plus efficaces à l’encontre des États
d’exécution peuvent être adoptés sous forme de règlement, membres qui ne respectent pas le droit de l’Union.
de directive ou de décision, mais l’adjectif «délégué» ou
«déléguée» et le mot «d’exécution» sont insérés dans l’intitulé g Roberta PANIZZA
de l’acte correspondant. Juillet 2008
37
38
3. Les destinataires du principe de subsidiarité l’acte juridique mais qu’il ressort globalement de ces
Le principe de subsidiarité concerne toutes les institutions de considérants qu’il a été pris en compte dans l’examen de l’acte.
l’Union et revêt une importance pratique tout particulièrement Le traité de Lisbonne, dans son protocole sur l’application des
à l’égard du Conseil, du Parlement européen et de la principes de subsidiarité et de proportionnalité, précise que,
Commission. Le traité de Lisbonne renforce le rôle dans le cadre du contrôle de la légalité des actes législatifs, la
respectivement des parlements nationaux et de la Cour de Cour de justice est compétente pour se prononcer sur les
justice des Communautés européennes dans le contrôle du recours pour violation du principe de subsidiarité. Un tel
respect du principe de la subsidiarité. recours pourra être introduit par un État membre
éventuellement au nom de son parlement si son ordre
D. Contrôle des parlements nationaux constitutionnel interne le prévoit.
Le traité de Lisbonne introduit un mécanisme d’alerte précoce,
Le même recours sera ouvert au Comité des régions lorsque sa
selon lequel les parlements nationaux disposent de huit
consultation est prévue.
semaines pour adresser des avis à la Commission sur les
projets d’actes législatifs qu’elle doit obligatoirement leur
soumettre en même temps qu’au Parlement européen et au Rôle du Parlement européen
Conseil. Si un tiers des parlements nationaux conteste la 1. Travaux en cours
conformité d’un projet d’acte législatif à la subsidiarité, dans Le Parlement européen défend depuis de nombreuses années
des avis motivés, la Commission doit réexaminer son projet et le principe de subsidiarité. Il a été à l’origine de ce concept en
motiver son maintien éventuel (procédure du «carton jaune»). proposant, le 14 février 1984, lors de l’adoption du projet de
Ce seuil doit être d’un quart des parlements nationaux lorsqu’il traité sur l’Union européenne, une disposition selon laquelle
s’agit d’un projet d’acte législatif relatif à l’espace de liberté, chaque fois que le traité attribue à l’Union une compétence
sécurité et justice. D’ailleurs, si une majorité simple des concurrente avec les compétences des États membres, l’action
parlements nationaux conteste la conformité d’un projet des États membres s’exerce dès lors que l’Union n’a pas pris
d’acte législatif à la subsidiarité («carton orange») et que la d’acte normatif. De plus, la proposition insiste sur le fait que
Commission maintient sa proposition, la question est renvoyée l’Union ne devrait intervenir que pour mener les tâches qui
au Conseil et au Parlement européen, qui se prononceront en peuvent être entreprises en commun d’une manière plus
première lecture. S’ils estiment que la proposition législative efficace que par les États œuvrant séparément.
n’est pas compatible avec le principe de subsidiarité, ils
peuvent la rejeter à la majorité de 55 % des membres du Le Parlement reprendra ces propositions sur le principe de
Conseil ou de la majorité des voix exprimées au Parlement subsidiarité dans de nombreuses résolutions (par exemple, les
européen. résolutions du 23 novembre 1989, du 14 décembre 1989, du
12 juillet 1990, du 21 novembre 1990 et du 18 mai 1995), dans
Ce droit d’alerte est accordé à toute chambre des parlements lesquelles il rappelle son attachement au principe de
nationaux. subsidiarité dans la perspective de l’Union européenne et
demande que s’ouvre un débat sur son interprétation et son
E. Contrôle juridictionnel application.
Le principe de subsidiarité ancré dans l’article 5, deuxième
2. Accord sur la coopération interinstitutionnelle
alinéa, du traité CE est en principe susceptible d’un contrôle
juridictionnel. Sa mise en pratique accorde toutefois aux Appuyé sur les conclusions relatives à la subsidiarité, la
institutions de l’Union une ample marge d’appréciation, que transparence et la démocratie formulées par le Conseil
doit respecter la Cour de justice. D’une manière générale, on européen d’Édimbourg ainsi que sur la résolution adoptée par
peut dire que l’activité de contrôle menée par la Cour de le Parlement le 18 novembre 1992, le débat lancé par ce
justice a d’autant moins lieu d’être que les États membres ont dernier a débouché sur la signature, le 25 octobre 1993, entre
été réellement associés au choix du contenu et de l’étendue le Parlement, le Conseil et la Commission, d’un accord
de l’action envisagée, que la nécessité de cette action a été interinstitutionnel qui exprime clairement la volonté des trois
examinée soigneusement et avec le souci des intérêts en institutions de progresser résolument sur cette voie. Elles
cause et que les organes et sujets de droit concernés (y s’engagent ainsi à respecter le principe de subsidiarité.
compris aux échelons inférieurs à celui des États membres) ont Cet accord a pour objet de définir, par des procédures
été dûment entendus. régissant l’application du principe de subsidiarité, les modalités
de l’exercice des compétences dévolues par les traités aux
Dans ses arrêts du 12 novembre 1996 (affaire C-84/94, Recueil
institutions communautaires de sorte que puissent être
1996, p. I-5755) et du 13 mai 1997 (affaire C-233/94, Recueil
réalisés les objectifs prévus par ceux-ci. Il contient les
1997, p. I-2405), la Cour a précisé que le respect du principe de
dispositions suivantes:
subsidiarité figure parmi les circonstances soumises à
l’obligation de motivation, conformément à l’article 253 du — lorsqu’elle exercera son droit d’initiative, la Commission
traité CE. Cette exigence est donc déjà satisfaite lorsque le prendra en compte le principe de subsidiarité et justifiera
principe n’est pas cité expressément dans les considérants de son respect; il en ira de même pour le Parlement et le
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PPE-DE: groupe du parti populaire européen (démocrates-chrétiens) Verts/ALE: groupe des Verts/Alliance libre européenne
et des démocrates européens GUE/NGL: groupe confédéral de la gauche unitaire européenne/gauche verte nordique
PSE: groupe socialiste au Parlement européen IND/DEM: groupe Indépendance et démocratie
ALDE: groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe NI: non-inscrits
UEN: groupe Union pour l’Europe des Nations
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Objectifs de 1989: des contacts ont été pris et on a cherché à créer des
instruments susceptibles de remplacer les liens organiques du
A. Motifs de la coopération début. Le traité de Maastricht y a contribué en consacrant au
En transférant à des institutions communes disposant d’un sujet deux «déclarations» (nos 13 et 14) qui prévoient en
pouvoir de décision des compétences jusque-là détenues par particulier:
les États, la construction européenne entraîne en elle-même
une diminution du rôle des parlements nationaux (PN), à la fois — le respect du rôle des PN dans le fonctionnement de
comme législateurs, comme autorités budgétaires et comme l’Union européenne (ils doivent être informés par leurs
contrôleurs des exécutifs. Le transfert des responsabilités de gouvernements respectifs des propositions législatives
l’échelon national à l’échelon européen s’est effectué communautaires «en temps utile» et tenir si nécessaire des
essentiellement en direction du Conseil, et le Parlement conférences communes);
européen (PE) n’a pas acquis tous les pouvoirs qui lui auraient — la coopération PE/PN (par intensification des contacts,
permis de jouer un rôle parlementaire complet dans les échange d’informations, organisation de rencontres
affaires de la Commission. Il y a donc là un «déficit régulières, éventuellement octroi de facilités réciproques).
démocratique» structurel.
Récemment, les PN ont acquis un certain contrôle sur l’action
Le PE et les PN ont déploré cette faiblesse de la démocratie et communautaire de leurs gouvernements, soit à la suite de
se sont efforcés d’y remédier. réformes constitutionnelles, soit en vertu d’engagements
— Les PN, de plus en plus préoccupés par leur perte gouvernementaux, soit grâce à des modifications de leurs
d’influence, en sont venus à considérer un contrôle propres méthodes de fonctionnement. Leurs commissions
national plus efficace des activités européennes de leurs spécialisées en affaires européennes ont joué un rôle majeur
gouvernements ainsi que des relations plus étroites avec le dans cette évolution et dans la coopération avec le PE.
Parlement européen comme un moyen adéquat en vue de Le protocole sur le rôle des parlements nationaux annexé au
restaurer l’influence perdue en même temps que de traité d’Amsterdam encourage une participation accrue des PN
s’assurer que l’Europe est bâtie sur la base de principes aux activités de l’UE et prévoit à cette fin une transmission plus
démocratiques. rapide des documents de consultation et des propositions
— De son côté, le PE a globalement adopté la position selon législatives de la Commission, pour que les PN puissent
laquelle des relations substantielles avec les PN ne examiner ces propositions avant qu’une décision soit prise par
pourraient qu’aider à renforcer sa légitimité et à rapprocher le Conseil. Le rôle des parlements nationaux est approfondi
l’Europe des citoyens. dans une déclaration concernant le traité de Nice (2000) et
aussi dans la déclaration du Conseil européen de Laeken
B. Évolution du contexte de la coopération (2001). Il a également influencé les débats sur la Convention
La diminution du rôle des PN s’est poursuivie avec les progrès sur l’avenir de l’Europe (1.1.4), pendant laquelle il a constitué
de l’intégration européenne: renforcement des compétences le sujet de l’un des 11 groupes de travail. La Convention a
fiscales et budgétaires communautaires en 1970 et 1975, finalement adopté un protocole sur le rôle des parlements
accroissement des votes à la majorité au Conseil et des nationaux dans l’Union européenne, qui a été joint au traité
pouvoirs législatifs du PE réalisé par l’Acte unique en 1987 et le instituant une Constitution pour l’Europe. En mai 2006, la
traité de Maastricht en 1993, apparition avec le même traité de Commission européenne est convenue d’envoyer par voie
la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et de la électronique toutes les nouvelles propositions et les
coopération dans les domaines de la justice et des affaires documents de réflexion aux parlements nationaux.
intérieures (JAI), nouvel accroissement des pouvoirs législatifs Le traité de Lisbonne instaure un nouveau mécanisme
du PE depuis le traité d’Amsterdam d’octobre 1997. permettant aux parlements nationaux de veiller à ce que les
Jusqu’en 1979, le PE et les PN avaient des liens organiques nouvelles propositions législatives respectent le principe de
puisque les parlementaires européens étaient désignés par les subsidiarité. Les nouvelles propositions de la Commission
PN en leur sein. L’élection du PE au suffrage direct a rompu ces pourraient être stoppées par la majorité des chambres.
liens. Pendant une dizaine d’années, il n’y a pratiquement plus Cependant, la décision finale reviendrait aux autorités
eu de relations. Le besoin d’en retrouver s’est fait sentir à partir législatives (Parlement européen et Conseil de ministres). Le
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52
1.3.6. Le Conseil
Avec le Parlement européen, le Conseil est l’institution qui adopte la législation communautaire par le biais de règlements
et de directives et prépare des décisions ainsi que des recommandations non contraignantes. Dans ses domaines de
compétence, il prend ses décisions à la majorité simple, à la majorité qualifiée ou à l’unanimité, selon l’importance des
actes requérant son approbation.
53
Avant l’adhésion des dix nouveaux États membres, la situation Il faut signaler d’ailleurs la tendance du Conseil à rechercher
était la suivante: Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni: l’unanimité même dans les matières où elle n’est pas requise.
dix voix; Espagne: huit voix; Belgique, Grèce, Pays-Bas et Cette tendance remonte au «compromis de Luxembourg»
Portugal: cinq voix; Autriche et Suède: quatre voix; Danemark, de 1966. Cet arrangement concluait le conflit apparu entre la
Irlande et Finlande: trois voix; Luxembourg: deux voix. Soit France et les autres États membres au cours de l’année 1965,
au total 87 voix dont 62 étaient nécessaires pour qu’une la France refusant le passage de l’unanimité à la majorité
décision soit acquise. Lorsque le Conseil prenait une décision qualifiée prévu à cette échéance par le traité de Rome pour
sans proposition de la Commission, une condition un certain nombre de matières. La France avait alors refusé de
supplémentaire devait être remplie: les 62 voix devaient siéger au Conseil pendant six mois. Le texte du compromis est
représenter au moins dix États membres. ainsi libellé: «Lorsque, dans le cas de décisions susceptibles
d’être prises à la majorité sur proposition de la Commission,
Avec l’adhésion des dix nouveaux États membres, le nombre des intérêts très importants d’un ou plusieurs partenaires sont
total de voix au Conseil est passé à 124 au cours de la période en jeu, les membres du Conseil s’efforceront dans un délai
de transition (1er mai 2004-31 octobre 2004). La majorité raisonnable d’arriver à des solutions qui pourront être
qualifiée requise était de 88 voix (70,97 %). adoptées par tous les membres du Conseil dans le respect de
54
g Wilhelm LEHMANN
Juillet 2008
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56
On peut en revanche se demander si, en raison du caractère Le Conseil européen de Copenhague (12 et 13 décembre
intergouvernemental de son statut et de ses méthodes de 2002) a décidé de l’adhésion de la République tchèque, de
décision, le Conseil européen ne freine pas l’évolution fédérale Chypre, de l’Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la
de l’ensemble de la construction européenne et si, même, il ne Lituanie, de Malte, de la Pologne, de la Slovénie et de la
met pas en péril l’acquis supranational du système Slovaquie à dater du 1er mai 2004. La Bulgarie et la Roumanie
communautaire. sont entrées dans l’Union européenne le 1er janvier 2007.
B. Contributions sectorielles Le 3 octobre 2005, à Luxembourg, le Conseil a approuvé le
1. Politique étrangère et de sécurité cadre des négociations avec la Croatie et la Turquie
concernant leur adhésion à l’Union. Les négociations ont
La politique étrangère et de sécurité constitue, depuis le début
débuté juste après cette réunion.
des années 90, un élément primordial des réunions du Conseil
européen. Les décisions qu’il a prises dans ce domaine 3. Réforme institutionnelle
concernent notamment: Les réunions du Conseil européen à Madrid (juin 1989),
— la sécurité internationale, le désarmement et la lutte contre Strasbourg (décembre 1989), Dublin I (avril 1990) et Dublin II
le terrorisme; (juin 1990) ont revêtu une importance majeure dans le
processus qui a conduit à l’Union économique et monétaire et
— les relations transatlantiques; au traité sur l’Union européenne. Ainsi, le Conseil européen de
— les relations avec la Russie; Dublin d’avril 1990 a décidé que la Conférence
intergouvernementale sur l’Union économique et monétaire
— les relations avec les pays méditerranéens;
entamerait ses travaux en décembre 1990 et qu’une seconde
— les relations avec l’Asie et l’Amérique latine; Conférence intergouvernementale serait convoquée sur le
— le règlement des conflits de l’ex-Yougoslavie thème de l’union politique.
et du Proche-Orient. De même, la réunion spéciale de mars 1996 à Turin a marqué
À Helsinki (les 10 et 11 décembre 1999), le Conseil européen a l’ouverture officielle de la Conférence intergouvernementale
décidé de renforcer la politique commune en matière de qui a abouti aux réformes des traités approuvées par le Conseil
sécurité et de défense, en développant les moyens militaires et européen d’Amsterdam en juin 1997. Le Conseil européen de
civils de gestion des crises et en prévoyant en particulier de Tampere (15 et 16 octobre 1999) a décidé des modalités
lancer et de conduire des opérations militaires sous la direction d’élaboration du projet de charte des droits fondamentaux de
de l’Union européenne en réponse à des crises internationales. l’Union européenne (2.1). Celui de Helsinki (décembre 1999)
a convoqué la Conférence intergouvernementale qui a
Une stratégie européenne de sécurité a été approuvée par le préparé le traité de Nice.
Conseil européen à Bruxelles le 12 décembre 2003.
Le Conseil européen de Laeken (14 et 15 décembre 2001) a
2. Élargissement décidé de réunir une Convention sur l’avenir de l’Europe
Le Conseil européen a posé les conditions de chaque série de (1.1.4) dans la perspective de la prochaine Conférence
négociations d’élargissement de l’Union européenne. À intergouvernementale, voulue aussi large et ouverte que
Édimbourg, en 1992, il a décidé d’engager les négociations possible. La Convention a présenté son projet de traité
d’adhésion de plusieurs États membres de l’Association établissant une Constitution pour l’Europe lors du Conseil
européenne de libre-échange (AELE). À Copenhague, en 1993, européen de Thessalonique de juin 2003. Après une brève
il a jeté les bases d’une nouvelle vague d’adhésions (critères de Conférence intergouvernementale, le traité établissant une
Copenhague). Les réunions des années suivantes ont précisé Constitution pour l’Europe a été signé au mois d’octobre 2004
les critères d’admission et les réformes institutionnelles à Rome par les chefs d’État ou de gouvernement (1.1.5).
préalables. Le Conseil européen de Luxembourg de décembre
Après deux ans et demi d’impasse institutionnelle, le Conseil
1997 a pris les décisions permettant le lancement des
européen des 21 et 22 juin 2007 a adopté un mandat détaillé
négociations d’adhésion avec les pays d’Europe centrale et
pour la Conférence intergouvernementale menant à la
orientale et Chypre.
signature du traité de Lisbonne.
Le Conseil européen de Helsinki (décembre 1999) a décidé
d’ouvrir les négociations d’adhésion avec la Bulgarie, la
Lettonie, Malte, la Roumanie et la Slovaquie et de reconnaître g Wilhelm LEHMANN
Juillet 2008
la Turquie comme un pays candidat, marquant ainsi le passage
à une nouvelle étape du processus d’élargissement.
57
Base juridique — après que cette approbation a été donnée, les États
membres ont nommé les autres commissaires, d’un
Articles 211 à 219 du traité CE
commun accord avec le président nommé;
— le candidat des États membres à la présidence de la — s’il ne remplit plus les conditions nécessaires à l’exercice de
Commission a dû d’abord recueillir l’approbation du ses fonctions;
Parlement; — ou s’il a commis une faute grave.
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— du pouvoir d’autoriser les États à prendre les mesures de — L ’établissement de prélèvements sur les entreprises dans le
sauvegarde que les traités prévoient, en particulier cadre du traité CECA.
pendant les périodes de transition; — Le rythme de suppression des taxes et mesures d’effet
— de pouvoirs en matière de règles de concurrence, en équivalant à des droits de douane ou à des restrictions
particulier le contrôle des aides d’État (article 88, quantitatives pendant la période transitoire du traité de
paragraphe 2). Rome (mise en place de l’union douanière).
60
E. Pouvoirs consultatifs Enfin la Commission est consultée sur le statut des membres
Les traités ont donné à la Commission un pouvoir général de du Parlement européen et sur celui du Médiateur.
recommandation et d’avis (article 211 du traité CE).
Ils prévoient aussi sa consultation pour la prise de certaines g Wilhelm LEHMANN
décisions: c’est le cas en particulier des décisions d’admission de Juillet 2008
nouveaux membres au sein de l’Union (article 49 du traité UE).
Composition et statut Ils ne peuvent être relevés de leurs fonctions que par décision
unanime de la Cour.
A. Composition
3. Obligations (statut)
1. Nombre (articles 221 et 222)
Les juges et avocats généraux:
Un juge par État membre, donc vingt-sept actuellement
— prêtent serment (indépendance, impartialité, respect du
Huit avocats généraux, nombre qui peut-être augmenté par le secret) avant d’entrer en fonctions;
Conseil à la demande de la Cour
— ne peuvent exercer aucune fonction politique ou
2. Conditions à remplir (article 223) administrative ni aucune activité professionnelle;
Il faut:
— s’engagent à respecter les obligations découlant de leur
— réunir les conditions requises pour exercer les plus hautes charge.
fonctions juridictionnelles nationales ou être un
jurisconsulte possédant des compétences notoires; Organisation et fonctionnement (article 223
— offrir toutes garanties d’indépendance. et statut)
3. Procédure de désignation (article 223) A. Organisation interne
Juges et avocats généraux sont nommés d’un commun La Cour désigne son président en son sein pour trois ans
accord par les gouvernements des États membres. renouvelables.
61
62
protection des droits de l’individu, tels que l’arrêt du 14 mai Protocole annexé aux traités fixant le statut de la Cour de
1974, dans l’affaire Nold, dans lequel la Cour a affirmé, entre justice (titre IV)
autres, que les droits fondamentaux font partie intégrante des
Le Tribunal de première instance a été créé par décision du
principes généraux du droit dont elle assure le respect (2.1).
Conseil de 1988 prise en application de l’Acte unique (1986),
2. Dans des matières particulières qui prévoyait la possibilité de cette création. Il a été intégré au
traité CE par le traité de Maastricht (1991). Le traité de Nice a
a. D
roit d’établissement: arrêt du 8 avril 1976 dans l’affaire
supprimé son statut de juridiction «adjointe» à la Cour et a
Royer, dans lequel la Cour a confirmé le droit, pour un
étendu ses compétences.
ressortissant d’un État membre, de séjourner sur le
territoire d’un autre État membre, indépendamment de
tout titre de séjour délivré par l’État d’accueil. Composition et statut (article 224 du traité CE)
b. L ibre circulation des marchandises: arrêt du 20 février 1979 A. Composition
dans l’affaire Cassis de Dijon, dans lequel la Cour a statué 1. Nombre
que tout produit légalement fabriqué et commercialisé Un juge par État membre, donc vingt-sept actuellement.
dans un État membre doit être, en principe, admis sur le
Les juges peuvent être appelés à exercer les fonctions d’avocat
marché de tout autre État membre.
général.
c. C
ompétences extérieures de la Communauté: arrêt AETR 2. Conditions à remplir
du 31 mars 1971 dans l’affaire Commission/Conseil,
Posséder la capacité requise pour l’exercice de hautes
reconnaissant à la Communauté la compétence de
fonctions juridictionnelles.
conclure des accords internationaux dans les domaines
faisant l’objet de règles communautaires. Offrir toutes garanties d’indépendance.
d. A
rrêts récents ayant établi l’obligation de 3. Procédure de désignation
dédommagement des États membres n’ayant pas Les juges sont nommés d’un commun accord par les
transposé ou ayant transposé tardivement les directives gouvernements des États membres.
dans la législation nationale.
B. Caractères du mandat
e. D
ivers arrêts en matière de sécurité sociale et de Identiques à ceux de la Cour de justice.
concurrence.
f. J urisprudence se rapportant aux violations du droit Organisation et fonctionnement
communautaire commises par les États membres, activité
A. Organisation interne
essentielle pour le bon fonctionnement du marché
commun. Le Tribunal désigne son président en son sein pour trois ans
renouvelables.
On ajoutera que l’un des principaux mérites de la Cour a été
Il nomme son greffier.
d’énoncer le principe selon lequel les traités communautaires
ne doivent pas être interprétés de façon rigide, mais B. Fonctionnement
considérés à la lumière de l’état de l’intégration et des objectifs En accord avec la Cour de justice, le Tribunal établit son
fixés par les traités eux-mêmes. Ce principe a en effet permis à règlement de procédure, qui est soumis à l’approbation du
la Communauté de légiférer dans certains domaines qui ne Conseil.
font pas l’objet de dispositions particulières dans les traités, par
exemple celui de la lutte contre la pollution [dans un arrêt du Le Tribunal siège en chambre de trois ou cinq juges. Son
13 septembre 2005 (affaire C-176/03, Commission des règlement de procédure détermine les cas où il peut siéger en
Communautés européennes contre Conseil de l’Union formation plénière, en grande chambre ou à juge unique.
européenne), la Cour a en effet permis à la Communauté Cette dernière solution s’applique notamment aux affaires de
européenne d’édicter des normes dans le domaine pénal dès fonction publique, de contrats passés par la Communauté et
lors que celles-ci paraissaient «nécessaires» pour atteindre de recours des particuliers contre les institutions, lorsque ces
l’objectif poursuivi en matière de protection de affaires ne soulèvent pas de difficultés de droit ou de fait et
l’environnement]. sont d’importance limitée.
63
— réparation des dommages causés par les institutions Cette décision précise que les décisions de ce Tribunal sont
(article 235); susceptibles de pourvois devant le Tribunal de première
instance. Ces pourvois sont non suspensifs, limités aux
— litiges relatifs aux contrats conclus par la Communauté questions de droit portant sur les moyens et relatifs à
(article 238). l’incompétence du Tribunal, aux irrégularités de procédure
Le statut peut étendre la compétence du Tribunal à d’autres portant atteinte aux intérêts de la partie concernée ainsi qu’à
matières. la violation du droit communautaire.
Les décisions rendues par le Tribunal en première instance
sont susceptibles de pourvoi devant la Cour de justice, mais Le traité de lisbonne
uniquement sur des questions de droit. L’entrée en vigueur du traité de Lisbonne apporterait des
modifications sur les points suivants:
B. Compétence de premier et dernier ressort
Le Tribunal connaît des questions préjudicielles (article 234) — la nomination des candidats aux fonctions de juge et
dans les matières déterminées par le statut. Toutefois, les d’avocat général pressentis par les États membres sera
décisions qu’il rend à ce titre peuvent exceptionnellement faire préalablement soumise à l’évaluation d’un comité de
l’objet d’un réexamen par la Cour, «en cas de risque sérieux sept personnalités, dont l’une désignée par le
d’atteinte à l’unité ou à la cohérence du droit communautaire». Parlement européen;
Le réexamen n’a pas d’effet suspensif. — les actes du Conseil européen et des organes ou
Il ne s’agit toutefois pas d’un pourvoi dans l’intérêt de la loi organismes (agences, offices, etc) destinés à produire des
dans la mesure où l’arrêt rendu par la Cour est susceptible effets juridiques vis-à-vis des tiers seront désormais soumis
d’avoir un impact sur le règlement du litige ayant fait l’objet de à un contrôle juridictionnel de légalité;
l’arrêt du Tribunal: — prenant en compte l’évolution de la jurisprudence, les
— dans les cas de réexamen des décisions du Tribunal de conditions de recevabilité des recours des personnes
première instance ayant statué sur recours contre les physiques et morales contre des actes réglementaires
décisions des chambres juridictionnelles (voir ci-après), la seront facilitées;
Cour renvoie l’affaire devant le Tribunal, qui est lié par les — le recours en carence est étendu au Conseil européen, à la
points de droit tranchés par la Cour. La Cour statue Banque centrale européenne et aux autres organes et
toutefois définitivement si la solution du litige découle des organismes de l’Union qui s’abstiennent de statuer;
mêmes constatations de fait que celles portées devant le
Tribunal, compte tenu du réexamen par la Cour; — les actes pris dans le domaine de la coopération judiciaire
pénale et de la coopération policière pourront faire
— dans les cas de réexamen des décisions du Tribunal de pleinement l’objet d’un recours juridictionnel, sauf en ce
première instance ayant statué sur des questions qui concerne le contrôle de la validité et de la
préjudicielles, la réponse aux questions apportée par la proportionnalité d’opérations policières, ainsi que l’exercice
Cour se substitue à celle du Tribunal (article 62 du par les États membres de leurs responsabilités en matière
règlement de procédure de la Cour). de maintien de l’ordre public et de sauvegarde de la
C. Compétence d’appel sécurité intérieure;
Si le Conseil décide de faire usage de la possibilité de créer des — si les actes adoptés dans le domaine de la politique
chambres juridictionnelles chargées de connaître en première extérieure et de sécurité commune échappent toujours au
instance de certaines catégories de recours, les décisions de contrôle de la Cour, celle-ci devient compétente pour
ces chambres peuvent être déférées au Tribunal en appel. connaître des recours quant à la légalité des mesures
restrictives prises à l’encontre de personnes physiques ou
III. Le Tribunal de la fonction publique morales.
de l’Union européenne Dans le cadre de l’action en manquement, une importante
avancée est également enregistrée: lorsqu’elle saisit la Cour en
Afin de soulager le Tribunal de première instance d’une partie manquement contre un État membre qui n’a pas
de son contentieux, l’article 225 A du traité CE, introduit par le communiqué ses mesures de transposition d’une directive, la
traité de Nice, prévoyait la possibilité d’instaurer des Commission pourra désormais indiquer à la Cour, dès le
64
premier recours en manquement, le montant d’une somme l’accident nucléaire de Tchernobyl, la Cour a reconnu au
forfaitaire ou d’une astreinte à imposer à l’État membre. Parlement le droit de former un recours en annulation devant
la Cour (article 230 du traité CE) pour la sauvegarde de ses
Enfin, les modifications au statut de la Cour relèveront de la
prérogatives dans le cadre de la procédure législative.
procédure législative ordinaire et non plus d’une décision du
Conseil à l’unanimité. Le traité de Nice étend cette capacité du Parlement européen
d’ester devant la Cour en annulation, qui n’est dès lors plus
Rôle du Parlement européen limitée à la défense de ses prérogatives.
Depuis un arrêt rendu en 1990 sur un recours du Parlement
européen dans le cadre de la procédure législative sur g Claire GENTA
l’adoption des mesures sanitaires à prendre à la suite de Juillet 2008
65
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70
En 2005, l’ensemble des projets adoptés s’élevait à 51 milliards 3. Soutien aux petites et moyennes entreprises (PME)
d’euros. 52,7 milliards ont été récoltés après échanges par le La Banque soutient les investissements des PME de manière
biais de 330 transactions libellées en 15 monnaies. décentralisée grâce à la formule de prêts globaux consentis
La Banque joue un rôle de premier plan dans le par l’intermédiaire de banques. En 2005, les prêts globaux dans
développement du marché des capitaux des nouveaux et l’UE s’élevaient à 8,9 milliards d’euros, dont 4,2 milliards ont
futurs États membres. profité à quelque 20 000 petites et moyennes entreprises. La
plupart de ces prêts soutenaient également d’autres objectifs
fondamentaux de la Banque. Une part considérable d’entre
Missions et réalisations eux ont été utilisés pour l’investissement dans les PME,
La BEI est l’institution de financement à long terme de l’Union stimulant ainsi la cohésion économique et sociale. La
européenne. En vertu de l’article 267 du traité CE, elle a pour recherche et le développement effectués par des PME
mission de contribuer, en faisant appel au marché des capitaux financées par la BEI ont aidé à mettre en œuvre l’agenda de
et à ses ressources propres, au développement équilibré et Lisbonne.
sans heurts du marché commun dans l’intérêt de la L’initiative «Innovation 2010» (i2i)
Communauté. À cette fin, elle facilite, par l’octroi de prêts et de
Dans le cadre de cette initiative lancée à la suite du Conseil
garanties, sans poursuivre de but lucratif, le financement de
européen de Lisbonne en mars 2000, et qui vise à contribuer à
projets dans tous les secteurs de l’économie.
l’évolution vers une Europe fondée sur la connaissance et
Dans l’accomplissement de sa mission, la BEI facilite le l’innovation, la BEI a prêté quelque 17 milliards d’euros.
financement de programmes d’investissements en liaison avec 20 milliards supplémentaires ont été prévus pour la période
les interventions des Fonds structurels et des autres 2003-2006. Depuis la création de i2i en 2000, la BEI a consenti
instruments financiers de la Communauté. des prêts pour des projets d’investissements à hauteur de
34,8 milliards d’euros, dont 10,4 milliards en 2005 uniquement.
A. À l’intérieur de l’Union européenne L’objectif global quantifié est de prêter au minimum
1. Développement régional et cohésion économique 50 milliards d’euros au titre du programme i2i au cours de
et sociale cette décennie.
En 2005, la Banque a octroyé des prêts à hauteur de près de Amélioration des réseaux transeuropéens
28 milliards d’euros dans les 25 États membres de l’Union et autres infrastructures
européenne pour des projets visant à aider les régions La BEI est la première source de financement des grands
accusant un retard en matière de développement réseaux transeuropéens (RTE) de transport, de
économique (régions de l’objectif n° 1), connaissant des télécommunications, d’énergie et d’infrastructures connexes.
difficultés structurelles (régions de l’objectif n° 2), ou souffrant
des deux, ce qui équivaut à 84 % des prêts totaux individuels Éducation et formation
dans l’UE. Les prêts globaux aux intermédiaires financiers, pour En 2005, 30 prêts pour les investissements dans l’éducation et
la rétrocession en appui aux investissements faibles et moyens la formation au titre du programme i2i ont été accordés pour
dans les régions assistées, ont atteint 5,9 milliards d’euros, ce un montant de près de 2,2 milliards d’euros.
qui amène les prêts totaux pour la cohésion économique et
sociale à quelque 34 milliards d’euros en 2005, soit 80 % de B. À l’extérieur de l’Union
tous les prêts dans l’UE l’année dernière. 1. Champ d’action
2. Protection et amélioration de l’environnement La BEI intervient en faveur d’États ou de groupes d’États avec
lesquels l’Union européenne a conclu des accords.
La Banque intervient dans la protection de l’environnement
soit directement par des investissements spécifiques, soit a. Pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP)
indirectement en s’assurant que les projets qui lui sont soumis et pays et territoires d’outre-mer (PTOM)
pour financement respectent les législations nationales et L’accord de Cotonou, qui remplace la convention de Lomé
communautaires. Elle s’est fixé pour objectif de consacrer entre depuis le 1er avril 2003, sert de cadre pour les financements de
¼ et 1/3 des prêts individuels aux projets de sauvegarde et la BEI. Une «facilité d’investissement» de 2,2 milliards d’euros a
d’amélioration de l’environnement. Les prêts individuels pour été accordée par les États membres pour les cinq années
les projets d’investissements environnementaux se sont élevés suivantes. Viendront s’y ajouter les investissements sur
à 10,9 milliards d’euros dans l’Union européenne, soit 33 % des ressources propres de la Banque (1,7 milliard).
prêts directs. En outre, la plupart des prêts globaux ont de
multiples objectifs, notamment la protection b. Pays d’Amérique latine et d’Asie
environnementale, et la BEI octroie également des prêts Le mandat actuel de la BEI en matière de prêts en Asie et en
globaux consacrés à l’environnement. En 2005, la BEI a accordé Amérique latine (AAL) prévoit des prêts à hauteur de
deux prêts de ce type à l’Allemagne et à l’Autriche, pour un 2,48 milliards d’euros au maximum entre 2000 et janvier 2007.
montant de 210 millions d’euros. Aux termes de ce mandat, 256 millions d’euros ont été prêtés
71
72
A. Statut — les faits qui n’auraient pas fait l’objet préalablement des
1. Désignation démarches administratives appropriées au sein des
organismes concernés;
a. Conditions à remplir
— Être apte dans son pays à exercer les plus hautes fonctions — les faits ayant trait aux rapports de travail entre les
juridictionnelles ou posséder une compétence et une institutions et organes communautaires et leurs
expérience suffisantes pour honorer la charge de fonctionnaires ou agents, sauf si les possibilités de
Médiateur. demandes ou de réclamations internes ont été épuisées.
— Offrir une totale garantie d’indépendance. 2. Saisine
b. Procédure Conformément à sa mission, le Médiateur procède aux
Les candidatures sont soumises à la commission des pétitions enquêtes qu’il estime justifiées, soit de sa propre initiative, soit
du Parlement pour examen de recevabilité. sur la base des plaintes qui lui ont été présentées, émanant de
tout citoyen de l’Union européenne (UE) ou de toute personne
Une liste des candidatures recevables est ensuite soumise au physique ou morale résidant ou ayant son siège statutaire
vote du Parlement. Il est procédé à un vote à bulletin secret, à dans un État membre, directement ou par l’intermédiaire d’un
la majorité des suffrages. membre du Parlement européen, sauf si les faits allégués font
2. Mandat ou ont fait l’objet d’une procédure juridictionnelle.
a. Durée 3. Pouvoirs dans la conduite des enquêtes
Le Médiateur est nommé par le Parlement après chaque Le Médiateur peut solliciter:
élection et pour la durée de son mandat. Son mandat est
renouvelable. — les institutions et organes communautaires, qui sont tenus
de lui fournir les renseignements qu’il leur demande et de
b. Obligations lui donner accès aux dossiers concernés, sauf obligations
Le Médiateur: de secret dûment justifiées;
— exerce ses fonctions en pleine indépendance dans l’intérêt — les fonctionnaires et agents de ces mêmes institutions et
de l’Union et de ses citoyens; organes, qui sont tenus de témoigner à sa demande, tout
en s’exprimant au nom et sur instruction de leurs
— ne sollicite ni n’accepte, dans l’exercice de ses fonctions,
administrations et en restant liés par le secret professionnel;
d’instructions d’aucun organisme;
— s’abstient de tout acte incompatible avec le caractère de — les autorités des États membres, qui sont tenues de lui
ses fonctions; fournir toutes informations nécessaires, sauf si leur
transmission est interdite par des dispositions législatives
— ne peut exercer aucune autre fonction politique ou ou réglementaires, quoique dans ce cas le Médiateur
administrative ou activité professionnelle, rémunérée ou puisse en prendre connaissance s’il s’engage à ne pas les
non. divulguer.
3. Destitution S’il n’obtient pas l’assistance qu’il souhaite, le Médiateur
Le Médiateur peut être destitué par la Cour de justice, à la informe le Parlement européen, qui entreprend les démarches
requête du Parlement européen, s’il ne remplit plus les appropriées.
conditions nécessaires à l’exercice de ses fonctions ou s’il a
Le Médiateur peut aussi coopérer avec ses homologues des
commis une faute grave.
États membres, dans le respect des législations nationales.
B. Rôle Le Médiateur et son personnel sont tenus de ne pas divulguer
1. Champ de compétence les informations dont ils ont connaissance dans le cadre des
Le Médiateur traite des cas de mauvaise administration dans enquêtes, en particulier celles qui sont de nature à porter
l’action des institutions et organes communautaires. préjudice au plaignant et à toute personne concernée.
a. La mauvaise administration peut consister en irrégularités S’il s’agit toutefois de faits qui lui paraissent relever du droit
administratives, discrimination, abus de pouvoir, refus pénal, le Médiateur en informe immédiatement les autorités
d’information, retards indus, etc. nationales compétentes ainsi que l’institution communautaire
b. Exceptions dont dépend le fonctionnaire ou agent en cause.
En sont exclus: 4. Résultats des enquêtes
— les activités judiciaires de la Cour de justice et du Tribunal Dans la mesure du possible, le Médiateur se concerte avec
de première instance, les faits faisant ou ayant fait l’objet l’institution ou l’organe concerné pour trouver une solution qui
d’une procédure de justice; donne satisfaction au plaignant.
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75
Le Parlement dispose d’un délai de trois mois pour statuer. Il • a pprobation de cette désignation par le Parlement
peut adopter, amender ou rejeter la position commune. Dans européen;
les deux dernières hypothèses, il doit le faire à la majorité • d
ésignation des autres membres de la Commission par
absolue de ses membres. S’il rejette la proposition, le Conseil ne le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, d’un
peut statuer en deuxième lecture qu’à l’unanimité. La commun accord avec le président désigné;
Commission réexamine alors, dans un délai d’un mois, la
• approbation de l’ensemble du collège par le Parlement;
proposition sur la base de laquelle le Conseil a arrêté sa position
commune et transmet au Conseil une nouvelle proposition qui — les membres de la Cour des comptes (article 247 du traité
inclut ou exclut les amendements proposés par le Parlement. CE) après consultation du Parlement et conformément aux
propositions faites par chaque État membre;
Dans un délai de trois mois, éventuellement prolongé d’un
autre mois au maximum, le Conseil peut adopter la — les membres du Comité des régions et du Comité
proposition réexaminée à la majorité qualifiée, modifier la économique et social européen (articles 259 et 263 du
proposition réexaminée à l’unanimité, ou encore adopter les traité CE), sur proposition des gouvernements des États
76
membres (pour le CESE après consultation de la D. Adoption du statut des députés au Parlement
Commission européenne). européen et du statut du Médiateur européen
— Proposition: Parlement.
B. Les gouvernements des États membres nomment
d’un commun accord — Rôle de la Commission: avis.
— le président, le vice-président et les autres membres du — Rôle du Conseil: avis conforme (à la majorité qualifiée sauf
directoire de la Banque centrale européenne (réunis au en ce qui concerne les règles ou conditions relatives au
niveau des chefs d’État ou de gouvernement, agissant sur régime fiscal des membres ou des anciens membres pour
recommandation du Conseil et après consultation du lesquelles la règle de l’unanimité s’applique).
Parlement); — Décision: Parlement européen.
— les juges et avocats généraux de la Cour de justice et les E. Modification du protocole sur le statut de la Cour
juges du Tribunal de première instance (articles 223 et 224). de justice
C. Le Parlement européen nomme le Médiateur — Proposition: Cour de justice.
(article 195 du traité CE). — Rôle de la Commission: consultation.
— Rôle du Parlement: consultation.
Procédures quasi constitutionnelles
— Décision: Conseil, statuant à l’unanimité.
A. Conclusion d’accords internationaux
— La Commission présente des recommandations au Conseil Rôle du Parlement européen
et conduit les négociations. Lors de la Conférence intergouvernementale de 2000, le
— Le Conseil définit le mandat pour les négociations. Parlement européen a fait plusieurs propositions pour élargir le
champ d’application de la procédure de codécision. De
— Proposition de conclusion: Commission. surcroît, le Parlement a réitéré à maintes reprises son avis selon
lequel, si un passage de l’unanimité à la majorité qualifiée avait
— Rôle du Parlement:
lieu, la codécision devrait automatiquement être appliquée. Le
• a vis conforme pour les accords de l’article 310 (accords traité de Nice a entériné cette position sans toutefois faire
d’association) ainsi que pour les accords créant un coïncider pleinement majorité qualifiée et codécision.
cadre institutionnel spécifique, les accords ayant des C’est pourquoi la question de la simplification des procédures
implications budgétaires notables ou impliquant une constituait l’un des éléments centraux du mandat adressé à la
modification d’un acte adopté selon la procédure de Convention sur l’avenir de l’Europe. On a ainsi envisagé la
codécision; suppression de la procédure de coopération et de l’avis simple,
• consultation dans les autres cas. la simplification de la procédure de codécision et son
extension à l’ensemble du champ législatif, enfin, la limitation
— Décision: Conseil, statuant à la majorité qualifiée à de la procédure de l’avis conforme à la ratification des accords
l’exception des domaines pour lesquels l’unanimité est internationaux. Nombre de ces améliorations auraient été
requise pour l’adoption des règles internes ainsi que pour mises en œuvre si le traité de Lisbonne était entré en vigueur
les accords de l’article 310. (1.1.6).
B. Système des ressources propres Dans le domaine des nominations, l’entrée en vigueur du
traité de Nice n’a pas mis fin à la regrettable diversité des
— Proposition: Commission.
procédures, au maintien quasi général de l’exigence
— Rôle du Parlement: consultation. d’unanimité toujours susceptible de créer des conflits
politiques, à l’absence d’une vraie légitimation
— Décision: Conseil, statuant à l’unanimité sous réserve de parlementaire. On notera toutefois le petit progrès que
l’adoption par les États membres conformément à leurs constitue le passage de l’unanimité à la majorité qualifiée
règles constitutionnelles respectives. pour la nomination du président de la Commission. Selon le
traité de Lisbonne, cette nomination devrait être effectuée
C. Dispositions en vue de l’élection du Parlement
en tenant compte du résultat des élections européennes,
européen au suffrage universel direct
l’accent étant ainsi mis sur la responsabilité politique de la
— Proposition: Parlement. Commission européenne.
— Décision: Conseil, statuant à l’unanimité, après avis
conforme du Parlement, et sous réserve de l’adoption par g Wilhelm LEHMANN
les États membres. Juillet 2008
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78
coopération renforcée peuvent adresser une demande en 3. Accords internationaux (article 24 du traité UE)
ce sens à la Commission. — Autorisation d’engager les négociations: le Conseil.
— Rôle du Parlement européen: avis simple ou consentement — Négociations menées par la présidence de l’Union
lorsque la coopération renforcée vise un domaine qui européenne assistée, le cas échéant, par la Commission.
relève de la procédure de codécision.
— Accord conclu par le Conseil sur recommandation de la
— Décision: le Conseil statue à la majorité qualifiée. Toutefois, présidence.
un membre du Conseil peut demander que le Conseil
— Lorsque l’accord porte sur une question pour laquelle
européen soit saisi; après quoi, le Conseil se prononcera à
l’unanimité est requise pour l’adoption de décisions
son tour à la majorité qualifiée.
internes, le Conseil statue à l’unanimité. Dans le cas inverse
2. Coopération portant sur les domaines de la justice ou lorsque l’accord est envisagé pour mettre en œuvre une
et des affaires intérieures (article 40 A du traité UE) action commune ou une position commune, le Conseil
— Demande des États membres concernés adressée à la statue à la majorité qualifiée conformément à l’article 23.
Commission.
F. Procédure décisionnelle applicable à la coopération
— Proposition de la Commission ou d’au moins huit États judiciaire et policière en matière pénale (article 34
membres. du traité UE)
— Consultation du Parlement européen. — Proposition: tout État membre ou la Commission.
— Le Conseil statue à la majorité qualifiée. — Rôle du Parlement européen: consultation avant l’adoption
de décisions-cadres, de décisions (à l’exclusion de positions
— Les modalités de la décision du Conseil et, le cas échéant,
communes) et de conventions; la présidence et la
de la saisine du Conseil européen sont semblables au cas
Commission doivent régulièrement l’informer sur l’état des
précédent.
travaux.
E. Procédures décisionnelles applicables aux affaires — Décision: le Conseil, statuant à l’unanimité, ou à la majorité
étrangères qualifiée lorsqu’il arrête des mesures pour mettre en œuvre
1. En général des «décisions». Les mesures d’application de conventions
— Proposition: tout État membre ou la Commission (article 22 peuvent être adoptées à la majorité des deux tiers des
du traité UE). parties contractantes.
— Rôle du Parlement européen: information régulière par la
présidence et consultation sur les principaux aspects et les Rôle du Parlement européen
choix fondamentaux (l’accord interinstitutionnel Avant la Conférence intergouvernementale de 1996, le
concernant le financement de la PESC précise que cette Parlement européen avait demandé de «communautariser» les
consultation se fera annuellement sur la base d’un deuxième et troisième piliers, donc notamment d’y appliquer
document élaboré par le Conseil). les procédures décisionnelles en vigueur dans le traité CE.
2. Stratégies communes, actions communes et positions Pourtant, le traité d’Amsterdam n’a apporté dans ces domaines
communes (article 23 du traité UE) que des retouches mineures. Il fallait cependant les réformer,
sauf à devoir faire face à une inertie totale de la politique de
— Recommandation de stratégie commune: adoptée à
l’Union dans ces matières et ce, en particulier, dans la
l’unanimité par le Conseil.
perspective de l’élargissement. L’entrée en vigueur du traité de
— Décision de stratégie commune: le Conseil européen Nice, le 1er février 2003, a fait avancer le dossier dans la mesure
(unanimité). où, comme on l’a vu, il a généralisé l’application de la
— Adoption d’actions communes, de positions communes procédure de la majorité qualifiée et l’a étendue notamment
ou d’autres décisions sur la base d’une stratégie commune, aux deuxième et troisième piliers. Cependant, il demeure que
adoption de décisions mettant en œuvre une action celle-ci ne trouve à s’appliquer que dans certains cas bien
commune ou une position commune: le Conseil, statuant à définis.
la majorité qualifiée, sauf si un État membre s’y oppose Le traité de Lisbonne étendrait considérablement le processus
pour des raisons importantes de politique nationale, décisionnel supranational dans l’ancien troisième pilier (justice
auquel cas le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, peut et affaires intérieures) et rendrait la règle de la majorité
saisir le Conseil européen en vue d’une décision à qualifiée et la procédure de codécision applicables, de manière
l’unanimité. générale, dans la législation de l’Union européenne (1.1.6).
— Adoption de positions communes ou d’actions communes
non couvertes par une stratégie commune: le Conseil, g Wilhelm LEHMANN
statuant à l’unanimité. Juillet 2008
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3. Troisième étape: la première lecture du Parlement recommencer depuis le début sur la base d’un nouveau
Le Parlement dispose de 45 jours pour se prononcer. projet et, tant que celui-ci n’est pas adopté, la
Communauté fonctionne avec des crédits mensuels
Dans ce délai, il peut soit approuver le projet de budget, soit calculés sur la base d’un douzième du budget précédent
ne pas se prononcer — dans les deux cas, le budget est réputé (régime des douzièmes provisoires).
définitivement adopté —, soit le modifier:
6. Les budgets rectificatifs et supplémentaires
— par des amendements pour les dépenses non obligatoires,
En cas d’événements inévitables, exceptionnels ou imprévus,
adoptés à la majorité absolue des membres composant
la Commission peut être amenée à proposer en cours
l’assemblée (majorité qualifiée);
d’exercice la modification du budget voté, sous la forme
— par des propositions de modification pour les dépenses d’avant-projets de budget rectificatif.
obligatoires, adoptées à la majorité absolue des suffrages
On a également recours à un budget rectificatif pour inscrire
exprimés (majorité simple»).
au budget de l’exercice en cours le solde de l’exercice
Le projet ainsi modifié est alors retransmis au Conseil. précédent.
4. Quatrième étape: la deuxième lecture du Conseil Ces budgets rectificatifs sont soumis aux mêmes règles que le
Le Conseil dispose de 15 jours pour cette deuxième lecture, budget général.
qui a généralement lieu pendant la troisième semaine de
novembre. Il peut: C. Dépenses obligatoires et dépenses non obligatoires
(1.5.1) (Cette distinction serait éliminée par le traité de
— accepter tous les amendements et toutes les propositions Lisbonne.)
de modification du Parlement, auquel cas le budget est
réputé arrêté; 1. Les dépenses obligatoires (DO)
La distinction entre les dépenses obligatoires (c’est-à-dire les
— ou ne pas les accepter, dans ce cas:
dépenses obligatoires qui découlent des traités) et les
• il se prononce définitivement sur les propositions de dépenses non obligatoires (les dépenses restantes) règle le
modification (portant sur les dépenses obligatoires): si partage du pouvoir entre les deux branches de l’autorité
la modification proposée n’a pas pour effet budgétaire. Le Parlement a le «dernier mot» sur les dépenses
d’augmenter le montant global des dépenses d’une non obligatoires (67 % du budget 2008) et le Conseil sur les
institution, il doit prendre, à la majorité qualifiée, une dépenses obligatoires (33 % du budget 2008).
décision expresse de rejet ou de modification, faute de
Le Parlement peut seulement faire des propositions de
quoi la proposition est réputée approuvée; dans le cas
modification sur les dépenses obligatoires, sur lesquelles le
contraire, le Conseil doit prendre, également à la
Conseil a le dernier mot. Cependant, comme on l’a vu, si les
majorité qualifiée, une décision expresse d’approbation,
propositions du Parlement n’ont pas pour effet d’augmenter le
faute de quoi la proposition est réputée rejetée;
montant global des dépenses d’une institution, le Conseil doit
• il peut modifier les amendements (portant sur les trouver une majorité qualifiée en son sein pour les rejeter,
dépenses non obligatoires) adoptés par le Parlement faute de quoi elles sont réputées adoptées. Par ce biais, le
ou les accepter. Parlement peut donc exercer une influence même sur les
Le projet de budget amendé, puis modifié, est de nouveau dépenses obligatoires.
transmis au Parlement vers le 22 novembre. 2. Les dépenses non obligatoires (DNO)
5. Cinquième étape: la deuxième lecture du Parlement Pour cette catégorie de dépenses (67 % du budget 2008), le
et l’arrêt du budget Parlement a le dernier mot puisqu’il est seul à trancher en
Pour achever sa deuxième lecture, le Parlement dispose de dernière lecture sur les amendements qu’il a précédemment
15 jours. adoptés. Cependant, son pouvoir est limité par le taux
maximal d’augmentation des dépenses.
— S’il ne se prononce pas dans ce délai, le budget est réputé
arrêté avec les amendements modifiés par le Conseil. 3. Le taux (maximal) d’augmentation des dépenses
non obligatoires
— Si, statuant à la majorité de ses membres et des trois
L’article 272 du traité CE, qui règle la procédure budgétaire,
cinquièmes des suffrages exprimés, il amende ou rejette
prévoit la possibilité pour le Parlement d’augmenter, dans
les modifications apportées par le Conseil à ses
certaines conditions, le montant des dépenses non
amendements initiaux, ses décisions clôturent la
obligatoires par voie d’amendements apportés au projet de
procédure: le président du Parlement constate que le
budget du Conseil dans la limite d’un taux d’augmentation par
budget est définitivement arrêté et il devient exécutoire.
rapport à l’exercice précédent, calculé par la Commission sur la
— Le Parlement peut aussi, statuant à la majorité de ses base de diverses données macroéconomiques. Le
membres et des deux tiers des suffrages exprimés, rejeter dépassement de ce taux maximal d’augmentation (TMA) est
globalement le budget. Dans ce cas, la procédure doit possible en accord avec le Conseil. Il constitue en fait la marge
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A. Les pouvoirs conférés par le traité (article 272 — en formalisant une procédure de collaboration
du traité CE) interinstitutionnelle au moyen de discussions tripartites et
de concertations entre les différentes étapes de
Depuis le traité de Bruxelles de 1975, le Parlement exerce un
l’établissement du budget;
pouvoir de décision budgétaire, au même titre que le Conseil.
Le Parlement et le Conseil constituent les deux branches de — en prévoyant des dispositions particulières dans certains
l’autorité budgétaire. Le Parlement a le dernier mot sur les domaines conflictuels tels que la classification des
82
dépenses, l’inscription des dispositions financières dans les par le Conseil à l’unanimité après approbation du Parlement (à
actes législatifs, les bases juridiques et les projets pilotes et la majorité de ses membres). Cet article dispose également
actions préparatoires (initiatives parlementaires sans base que, tout au long de la procédure, les institutions «prennent
juridique), les dépenses relatives aux accords de pêche, le toute mesure nécessaire pour faciliter cette adoption», ce qui
financement de la PESC, etc.; renforce le rôle du Parlement par rapport aux procédures
— en limitant le rôle de la règle du taux maximal d’avis conforme traditionnelles et augmente la possibilité de
d’augmentation; parvenir à un accord final.
— en créant des mécanismes de décision en faveur de En outre, ce même article prévoit la possibilité qu’à l’avenir le
ressources supplémentaires tels que l’instrument de CFP soit approuvé par le Conseil à la majorité qualifiée, à
flexibilité, la réserve d’urgence, le Fonds européen condition qu’une décision unanime et préalable du Conseil
d’ajustement à la mondialisation, le Fonds européen de européen l’autorise. En ce qui concerne son contenu, le futur
solidarité ou la révision des plafonds du cadre financier CFP juridiquement contraignant sera en grande partie similaire
pluriannuel (CFP). à l’AII actuel. Il durera au moins cinq ans, ce qui permettra de
faire coïncider la durée du CFP avec le mandat du PE et de la
Même si les cadres financiers pluriannuels ne remplacent pas Commission, comme le requiert le principe démocratique.
la procédure budgétaire annuelle, les accords
interinstitutionnels ont instauré une forme de codécision Le traité de Lisbonne établit également une hiérarchie claire
budgétaire qui permet au Parlement d’affirmer son rôle de entre les actes financiers fondamentaux de l’Union: le CFP doit
branche de l’autorité budgétaire à part entière, de consolider respecter les plafonds fixés lors de la définition de ses
sa crédibilité en tant qu’institution et d’orienter le budget en ressources propres, et le budget annuel doit respecter les
faveur de ses priorités politiques. plafonds fixés dans le CFP.
Le traité de Lisbonne institutionnalisera le CFP (article 312 du
traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, version g Jose-Luis PACHECO
consolidée), qui deviendra un acte juridiquement contraignant Helmut WERNER
adopté via une procédure législative spéciale: il sera adopté Juillet 2008
1.5. Le financement
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84
universalité, spécialité (chaque crédit est affecté à une dépense 3. Cadre financier pluriannuel (1.5.2)
de nature définie), bonne gestion financière et transparence. Depuis 1988, les dépenses de la Communauté se développent
Toutefois, il convient de concilier le principe d’annualité avec la dans un cadre pluriannuel appelé «Perspectives financières»,
nécessité de gérer des actions pluriannuelles qui ont pris une qui compartimente le budget en rubriques avec des plafonds
importance croissante dans le budget. Celui-ci comprend de dépenses. Le cadre financier pluriannuel indique l’ampleur
donc des crédits dissociés, à savoir: et la composition des dépenses prévisibles de la Communauté
et reflète les grandes priorités budgétaires de la période
— des crédits d’engagement qui couvrent pendant l’exercice couverte (généralement sept ans, avec le traité de Lisbonne
en cours le coût total des obligations juridiques «au moins cinq ans», ce qui permettrait de synchroniser le
contractées pour des actions qui s’étendent sur plusieurs délai de la Commission et celui imposé par la loi). Cela est
années; important pour les règlements concernant les différents
— des crédits de paiement destinés à couvrir les dépenses programmes européens qui doivent être conformes au cadre
découlant de l’exécution d’engagements contractés financier pluriannuel. Ces règlements, ainsi que le règlement
pendant l’exercice en cours ou les exercices précédents. financier (1.5.3), sont indispensables à la mise en œuvre du
budget.
De même, le principe d’unité n’est pas entièrement respecté
puisque les crédits du Fonds européen de développement ne Le cadre financier pluriannuel ne se substitue pas aux budgets
sont pas budgétisés. Dans ses résolutions, le Parlement a annuels.
demandé à maintes reprises que le Fonds européen de
développement soit intégré dans le budget général. Rôle du Parlement européen
B. Structure budgétaire par nature des crédits A. Recettes
1. Nature des crédits: dépenses obligatoires/dépenses Dans plusieurs résolutions (notamment sa résolution du
non obligatoires (1.4.3) 11 mars 1999, sa résolution du 8 juin 2005 sur les défis
Le traité CE (article 272) fixe deux types de dépenses: des politiques et les moyens budgétaires de l’Union élargie 2007-
dépenses dites «obligatoires», permettant de respecter les 2013, et sa résolution du 17 mai 2006 sur l’AII), le PE a souligné
obligations découlant du traité ou des actes arrêtés en vertu l’insuffisance des recettes et s’est prononcé en faveur d’une
de celui-ci, et des dépenses «non obligatoires» (les autres), réforme du système des ressources propres. Il a fait des
ainsi que deux procédures différentes. propositions pour garantir l’autonomie budgétaire de l’Union
et pour rendre la perception des recettes plus visible pour les
Les dépenses obligatoires comprennent essentiellement: citoyens et plus démocratique.
— les dépenses de soutien des prix agricoles (FEOGA- La résolution du 29 mars 2007 sur l’avenir des ressources
Garantie); propres de l’Union européenne (basée sur le rapport
— les accords internationaux, y compris les accords de pêche; d’initiative de M. Lamassoure qui a consulté les parlements
nationaux de l’UE en vue de parvenir à un consensus sur une
— les réserves pour garantie de prêts et les réserves d’aide approche cohérente concernant le futur des ressources
d’urgence; propres de l’UE) a fourni des lignes directrices communes pour
— les pensions des fonctionnaires. le travail de révision de la Commission en 2008/2009 et donné
un signal clair aux chefs d’État ou de gouvernement sur la
2. Dépenses opérationnelles/dépenses administratives/ manière dont leurs parlements voient l’avenir. Après avoir
budget par activité mentionné les défauts du système financier actuel, cette
Le budget général comprend une section par institution, soit résolution préconise une approche en deux étapes:
huit au total. Alors que les sections des institutions autres que
la Commission comprennent essentiellement des dépenses — la première étape consiste à faire en sorte que les États
administratives, celle de la Commission (section III) comporte membres soient tous égaux et solidaires;
des dépenses opérationnelles relatives au financement des — la seconde étape de la réforme consiste à créer un
actions et programmes et des dépenses administratives nouveau système de ressources propres basé sur les
nécessaires à leur mise en œuvre (assistance technique, principes suivants: respect intégral du principe de la
agences, ressources humaines). souveraineté fiscale des États membres, neutralité fiscale,
mise en œuvre progressive du nouveau système qui ne
Dans le cadre de sa réforme administrative, la Commission a
doit pas alourdir les dépenses publiques globales ni la
introduit une nouvelle nomenclature budgétaire à travers
charge fiscale qui pèse sur les citoyens.
l’établissement d’un budget par activité regroupant les
dépenses qui concourent à une même action, permettant Le traité de Lisbonne ouvre la voie dans cette direction
ainsi une meilleure évaluation du coût et de l’efficacité de [article 311 du traité sur le fonctionnement de l’UE (version
chaque politique communautaire: «l’établissement du budget consolidée) remplaçant l’article 279 du traité CE]. Il considère
par activités». que le budget doit être entièrement financé à partir de
85
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paiements». Il ajoute que le CFP «[…] prévoit toute autre • t otal pour 2007-2013: 864 316 millions d’euros (100,0 %)
disposition utile au bon déroulement de la procédure (crédits d’engagement).
budgétaire annuelle», ce qui correspond en grande partie aux
— La partie II «Amélioration de la collaboration
objectifs de l’actuel AII.
interinstitutionnelle au cours de la procédure budgétaire»
et la partie III «Bonne gestion financière des fonds de l’UE»
Réalisations couvrent les points suivants:
Le premier AII a été conclu en 1988. Il couvrait les premières • les éléments qualitatifs sont au moins aussi importants
perspectives financières 1988-1992, connues sous le nom de que les éléments quantitatifs;
«paquet Delors I», qui avaient pour objectif de dégager les
ressources nécessaires pour accompagner la mise en œuvre • la possibilité pour la Commission de présenter un
de l’Acte unique européen. rapport sur l’AII si elle le juge nécessaire;
Comme le bilan du premier AII et des perspectives financières • la possibilité pour le Parlement nouvellement élu
a été positif, les institutions ont eu recours à la même d’évaluer le fonctionnement de l’AII d’ici à la fin de 2009
démarche en concluant le 29 octobre 1993 un nouvel AII, avec sur la base d’un rapport présenté par la Commission;
des perspectives financières pour la période 1993-1999, le • u
n meilleur contrôle politique et financier de la
«paquet Delors II», qui a permis le doublement des Fonds politique étrangère et de sécurité commune (PESC):
structurels et l’augmentation du plafond des ressources des réunions à cet effet sont planifiées conjointement
propres (1.5.1). Le troisième AII sur les perspectives entre les commissions des affaires étrangères/des
financières, pour la période 2000-2006, l’«Agenda 2000», a été budgets du Parlement et les présidences du Conseil;
signé le 6 mai 1999; l’un de ses défis majeurs était de concilier
politique agricole commune (4.2.2) et élargissement (6.3.1). • liberté, sécurité et justice: le Conseil et la Commission
acceptent une déclaration unilatérale du Parlement
En février et juillet 2004, la Commission a présenté une visant à examiner le 2e pilier (justice et affaires
proposition pour un nouvel accord et des nouvelles intérieures) à chaque trilogue;
perspectives financières pour la période 2007-2013, qui, après
d’intenses négociations (voir ci-après), a conduit au nouvel AII • c ertification (contrôle interne): le texte de l’AII est un
du 17 mai 2006 prévoyant, pour les dépenses de l’UE, jusqu’à pas important pour assurer la bonne gestion financière
864,3 milliards d’euros pour la période 2007-2013. des fonds de l’UE;
L’accord interinstitutionnel se compose de trois parties. • r èglement financier: insertion dans l’AII d’une référence
à des principes qui devraient simplifier l’accès aux fonds
— La partie I concerne la définition et les modalités
de l’UE pour les bénéficiaires potentiels;
d’application du cadre financier ainsi que le cadre
pluriannuel des dépenses, par rubriques. • p
rogrammation financière: la déclaration commune de
juillet 2000 est à présent intégrée dans l’AII (partie III).
Répartition sectorielle totale pour 2007-2013 (en
Elle permet à la commission des budgets de suivre de
millions d’euros, prix de 2004, chiffres du 17 mai 2006):
plus près l’impact de la législation en vigueur.
• rubrique 1 «Croissance durable», 382 139 (44,2 %),
Un avantage important des AII sur la discipline budgétaire est
• r ubrique 1a «Compétitivité pour la croissance et qu’ils permettent une programmation pluriannuelle cohérente
l’emploi», 74 098 (8,6 %), (1.4.3). À la suite de l’accord sur l’AII, la Commission a adopté,
• r ubrique 1b «Cohésion pour la croissance et l’emploi», le 24 mai 2006, un ensemble de mesures législatives,
308 041 (35,6 %), comportant 26 propositions révisées et 5 nouvelles
propositions, couvrant la majorité des programmes et
• r ubrique 2 «Conservation et gestion des ressources domaines politiques de l’UE.
naturelles», 371 344 (43,0 %),
La conclusion de ce nouvel AII présente des atouts importants:
• r ubrique 3 «Citoyenneté, liberté, sécurité et justice»,
10 770 (1,2 %), — continuité du processus législatif de l’UE: 90 % des
programmes de la Communauté se terminent à la fin de
• rubrique 3a «Liberté, sécurité et justice», 6 630 (0,8 %), 2009. Le fonctionnement des programmes est garanti;
• rubrique 3b «Citoyenneté», 4 140 (0,5 %), — premier cadre financier pour vingt-sept États membres
• r ubrique 4 «L’UE en tant qu’acteur mondial», 49 463 pour les sept années à venir;
(5,7 %), — juste équilibre des pouvoirs entre les institutions et
• rubrique 5 «Administration», 49 800 (5,8 %), principe de codécision;
• r ubrique 6 «Compensations (aux nouveaux États — il permet d’élaborer des politiques de l’UE et de mobiliser, si
membres)», 800 (0,1 %), nécessaire, des ressources additionnelles;
87
— recours actif aux nouveaux instruments financiers grâce au B. Le Parlement européen a renforcé son rôle
cofinancement avec la Banque européenne Pour la première fois, le PE a adopté une position de
d’investissement (BEI); négociation avant les conclusions du Conseil:
— il préserve les prérogatives du Parlement en matière — le PE a insisté, malgré les réticences du Conseil, pour que
budgétaire et législative et renforce le contrôle les éléments qualitatifs soient négociés, afin d’améliorer la
démocratique des programmes externes et de la PESC; qualité de mise en œuvre du budget de l’UE (nouvelle
— assistance dans les cas d’urgence, bien qu’elle soit financée partie III de l’AII);
généralement en dehors du cadre financier; — le PE s’est opposé à l’approche (gouvernementale) du
— il assure la flexibilité et une réaction rapide du Fonds de Conseil sur les plafonds et les pourcentages et a centré ses
solidarité de l’Union européenne, de l’Instrument de efforts sur une approche fondée sur les programmes
flexibilité, du Fonds européen d’ajustement à la (approche des citoyens). Il a obtenu que le montant
mondialisation et de la réserve pour aides d’urgence; additionnel soit affecté à ses priorités et directement aux
programmes;
— il permet de mieux aligner, avec davantage de souplesse,
les actes législatifs et la programmation financière. — le PE a joué un rôle majeur en autorisant les moyens
budgétaires pour le lancement de Galileo, le système
La Commission a été invitée à entreprendre un réexamen européen de navigation par satellite (4.8.6). Par
complet et global couvrant tous les aspects des dépenses de conséquent, la décision du Parlement européen et du
l’UE, y compris la politique agricole commune, ainsi que des Conseil du 18 décembre 2007 (JO L 6 du 10.1.2008) a
ressources, et à faire rapport en 2008-2009. Ce réexamen modifié l’annexe I de l’accord interinstitutionnel du 17 mai
devrait être accompagné d’une évaluation du fonctionnement 2006 (JO C 139 du 14.6.2006);
de l’AII. Le Parlement européen sera associé au réexamen à
tous les stades de la procédure. — la future reconnaissance par le traité de Lisbonne du CFP
comme acte juridiquement contraignant adopté par une
procédure législative spéciale nécessitant le consentement
Rôle du Parlement européen du PE par la majorité de ses membres signifie que son rôle
A. Le processus de négociation du cadre financier en tant que partenaire égal du Conseil dans l’adoption de
pluriannuel 2007-2013 cet acte fondamental programmant l’évolution des
Le processus d’adoption des perspectives financières peut se dépenses de l’Union est formellement reconnu. Le
résumer comme suit: Parlement aurait peut-être préféré une procédure de
codécision au lieu de celle du consentement. Cependant,
— proposition de la Commission (février et juillet 2004); le fait que le nouveau traité précise que, tout au long de la
— en septembre 2004, le Parlement a mis en place une procédure, les institutions «prennent toute mesure
commission temporaire chargée d’examiner les nécessaire pour faciliter cette adoption» renforce son rôle.
perspectives financières; celle-ci a conclu et défini sa
position de négociation par la résolution du 8 juin 2005 sur g Jose-Luis PACHECO
les défis politiques et moyens budgétaires de l’Union Anne VITREY
élargie 2007-2013; Helmut WERNER
Juillet 2008
— position commune du Conseil européen (conclusions du
Conseil européen des 15 et 16 décembre 2005, le sommet
de juin 2005 n’ayant pu aboutir à des conclusions);
88
89
90
Conseil du 25 juin 2002 portant règlement financier applicable et recommandations adressées à la Commission — dont
au budget général des Communautés européennes (JO L 248 l’exécution est surveillée dans des rapports de suivi.
du 16.9.2002), tel que modifié par le règlement (CE, Euratom) De plus, dans presque tous les domaines stratégiques, le PE
n° 1995/2006 du Conseil du 13 décembre 2006 (JO L 390 du influence l’exécution du budget par ses activités législatives et
30.12.2006)] devrait être lu parallèlement à ses modalités non législatives, par exemple par des rapports et des
d’exécution [règlement (CE, Euratom) n° 2342/2002 de la résolutions ou simplement en adressant des questions
Commission du 23 décembre 2002 établissant les modalités orales ou écrites à la Commission.
d’exécution du règlement (CE, Euratom) n° 1605/2002 du
Conseil (JO L 357 du 31.12.2002) tel que modifié par le Au cours des dernières années, le Parlement a renforcé son
règlement (CE, Euratom) n° 1261/2005 de la Commission du contrôle politique sur la Commission à travers la mise en place
20 juillet 2005 (JO L 201 du 2.8.2005)]. d’instruments permettant un échange d’informations sur l’état
d’exécution des crédits et le niveau des restes à liquider, à
Le principal instrument dont dispose la Commission pour savoir les engagements légaux qui n’ont pas encore été
l’exécution du budget et la surveillance de son exécution est le honorés. Les restes à liquider peuvent poser problème s’ils
système comptable informatisé ABAC (comptabilité s’accumulent sur des durées plus longues. Le PE incite donc la
d’exercice). La Commission a adapté le système aux obligations Commission à les garder sous contrôle.
stipulées dans le nouveau règlement financier. Cela implique
le passage d’une comptabilité «de caisse» à une comptabilité De nouveaux outils mis au point devraient permettre un
moderne «d’exercice», qui permet d’enregistrer les meilleur contrôle de l’exécution et l’amélioration du rapport
événements comptables (comme contracter un engagement qualité/prix des programmes de l’Union européenne (UE). À cet
légal) lorsqu’ils se produisent plutôt que lorsque l’argent est effet, le PE soutient les déclarations d’activité de haut niveau
reçu ou payé. En outre, la Commission a pris des mesures pour (préparées par la Commission dans les documents de travail de
satisfaire aux plus hautes normes comptables internationales, l’avant-projet de budget général) et les analyses régulières
en particulier aux normes comptables internationales pour le d’efficacité des coûts des programmes communautaires.
secteur public (IPSAS) établies par la Fédération internationale Enfin, il convient de mentionner que le Parlement européen a
des experts-comptables (IFAC). largement influencé et contribué à la nouvelle révision du
règlement financier ainsi qu’à l’accord interinstitutionnel du
2. Les règles de passation des marchés
17 mai 2006 sur la discipline budgétaire et la bonne gestion
Le respect de la législation communautaire applicable à la financière (cadre financier pluriannuel: 1.5.2). Les éléments
passation des marchés publics (fourniture, travaux et services: clés sont l’amélioration de l’exécution du budget,
3.4.1) constitue un aspect important de l’exécution l’accroissement de la visibilité et des avantages du
budgétaire. financement de l’Union européenne pour les citoyens et la
réalisation d’un juste équilibre entre la protection des intérêts
Rôle du Parlement européen financiers, le principe de proportionnalité des coûts
administratifs et la convivialité des procédures. En vertu de
Le PE, en tant qu’un des deux bras de l’autorité budgétaire,
l’article 44 de l’accord interinstitutionnel susmentionné,
influence «préalablement» l’exécution du budget
priorité sera accordée à une bonne gestion financière visant
communautaire par les amendements et les décisions
l’obtention d’une déclaration d’assurance positive par la Cour
d’allocation de crédits qu’il prend dans le contexte de la
des comptes (1.3.10 et 1.5.4).
procédure budgétaire (1.4.3). Le PE peut demander à
recourir au mécanisme budgétaire de la réserve: au cours Comme mentionné ci-dessus, la décision de comitologie
de la procédure budgétaire, la Commission peut proposer de 1999/468/CE du 28 juin 1999 a été modifiée par la décision
transférer dans une réserve certains crédits afférents à des 2006/512/CE du Conseil du 17 juillet 2006 (JO L 200 du
dépenses dont la justification, la suffisance ou les conditions 22.7.2006). La nouvelle procédure de réglementation avec
d’exécution ne lui semblent pas convaincantes (titre contrôle autorise le Parlement à examiner les mesures quasi
«Dispositions», article 43 du règlement financier). Les législatives d’implémentation d’un instrument adopté en
virements de crédits proposés par la Commission requièrent codécision et à rejeter lesdites mesures à la majorité absolue
l’approbation du Parlement européen et du Conseil (article 24 des députés européens. Cette nouvelle procédure consolide
du règlement financier). donc le pouvoir de contrôle du Parlement.
En outre, la procédure de décharge (1.5.4), bien qu’elle L’article 317 du traité de Lisbonne (version consolidée)
concerne l’exercice financier clos deux ans plus tôt, permet au souligne, plus clairement que l’article 274 du traité CE qu’il
PE de contrôler et d’influer sur l’exécution budgétaire courante. devrait remplacer, les obligations de contrôle et d’audit des
Beaucoup de questions posées par la commission du contrôle États membres dans le cadre de l’exécution du budget de l’UE.
budgétaire à la Commission dans le cadre de la procédure de
décharge concernent l’exécution du budget, et la résolution g Anne VITREY
relative à la décharge, qui fait partie intégrante de la décision Helmut WERNER
concernant la décharge, contient de nombreuses obligations Juillet 2008
91
92
section I — Parlement européen, sont adressées au président pouvoir de donner décharge conjointement avec le Conseil.
du Parlement. Depuis le 1er juin 1977, date à laquelle le traité du 22 juillet
1975 est entré en vigueur, il est seul à donner décharge sur les
Le Parlement étudie les rapports de décharge lors de
comptes, après que le Conseil a émis sa recommandation.
l’assemblée plénière du mois d’avril.
Ainsi, l’octroi de la décharge est voté lors de la période de B. Recours à la décharge
session du mois d’avril et, si celle-ci est reportée, lors de la Le PE peut décider de reporter la décharge s’il estime que la
période de session du mois d’octobre. manière dont la Commission a exécuté le budget laisse à
Si la proposition d’octroi de la décharge n’est pas soutenue par désirer sur certains points. Le refus de la décharge peut être
une majorité, ou si le Parlement décide de différer sa décision assimilé à une demande de démission de la Commission. La
de décharge, le Parlement informe les institutions ou les menace a été mise à exécution en décembre 1998: le rejet, par
agences concernées des raisons du refus de la décharge. Elles un vote en assemblée plénière, de la proposition de décharge
sont tenues de prendre sans tarder les mesures nécessaires à a été suivi de la constitution d’un groupe de cinq experts
l’élimination des obstacles à la décision de décharge. indépendants qui a enquêté sur des accusations de fraude, de
mauvaise gestion et de népotisme visant la Commission
Ensuite, la commission du contrôle budgétaire soumet dans européenne; le collège des commissaires a démissionné
les six mois un nouveau rapport contenant une nouvelle collectivement le 16 mars 1999.
proposition d’octroi ou de refus de la décharge.
Les différents membres de la commission du contrôle
4. Mesures antifraudes: par l’OLAF budgétaire se spécialisent dans telle ou telle politique
L’Office de lutte antifraude (OLAF) a été institué en 1999 communautaire et préparent la réponse du PE aux rapports
(décision 1999/352/CE, CECA, Euratom de la Commission). Il spéciaux de la Cour des comptes relatifs à leurs domaines de
est compétent pour mener des enquêtes indépendantes de la compétence respectifs, généralement sous la forme de
Commission. Il a été renforcé à l’instigation du PE. Son rôle documents de travail qui fournissent des orientations au
concerne la protection des intérêts financiers de l’Union; il est rapporteur général de la décharge.
investi de la responsabilité de la lutte contre les fraudes
Comme cela a déjà été précisé, la Commission, les autres
commises au détriment des fonds de l’Union européenne
institutions et les agences font rapport sur les mesures prises
dans toutes les institutions et de la coordination des organes
pour faire suite aux observations accompagnant les
compétents dans les États membres.
résolutions de décharge. Les États membres informent la
Dans le cadre des règlements (CE) n° 1073/1999 et (Euratom) Commission des mesures prises à la suite des observations du
n° 1074/1999 relatifs aux enquêtes menées par l’OLAF, le Parlement, et la Commission en tient compte dans son propre
Parlement, le Conseil et la Commission ont signé, le 25 mai rapport de suivi (article 147 du règlement financier).
1999, un accord interinstitutionnel relatif aux enquêtes
internes. Cet accord stipule que chaque institution établit des Comme indiqué dans la fiche technique sur la Cour des
règles internes communes visant à assurer le bon déroulement comptes (1.3.10), après plusieurs années consécutives sans
des enquêtes menées par l’OLAF. Certaines de ces règles, qu’une déclaration d’assurance positive non assortie de
désormais intégrées dans le statut des fonctionnaires des réserves ait été émise par la Cour des comptes, le Parlement
Communautés européennes, obligent le personnel à coopérer européen a encouragé le développement d’un cadre de
avec l’OLAF et prévoient une certaine protection des membres contrôle intégré qui comprend également la gestion partagée
du personnel qui divulguent des informations concernant une avec les États membres.
fraude ou une corruption éventuelle. Ce système est C. Autres instruments
également connu sous le nom de «dénonciation des
Les commissions spécialisées du PE contribuent également à
dysfonctionnements».
garantir que les crédits communautaires sont dépensés de
L’article 280 du traité CE concerne la fraude et les intérêts manière efficiente, au mieux des intérêts du contribuable
financiers de l’UE; il prévoit une coopération étroite et régulière européen.
entre les États membres et la Commission ainsi que la
possibilité de mesures spécifiques du Conseil visant à offrir une En outre, des membres de la commission du contrôle
protection effective et équivalente des intérêts financiers de la budgétaire ont rencontré, à plusieurs occasions, des
Communauté dans les États membres. représentants des commissions homologues des parlements
des États membres, les autorités nationales de contrôle ainsi
que des représentants des services des douanes. Des députés
Rôle du Parlement européen ont également effectué un certain nombre d’enquêtes sur le
A. Évolution des compétences terrain afin de vérifier les faits à l’origine de problèmes
particuliers.
Entre 1958 et 1970, le PE était seulement tenu informé des
décisions quant à la décharge donnée par le Conseil à la En décembre 1995, le PE a exercé pour la première fois le droit
Commission sur l’exécution du budget. En 1971, il a obtenu le que lui a conféré le traité de créer une commission d’enquête.
93
94
2
1 fonctionnement 4 Les politiques communes
de l’Union européenne
L’Union économique
2 L’Europe des citoyens 5 et monétaire
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98
citoyenneté de l’Union, qui sont donnés aux seuls citoyens Rôle du Parlement européen
(comme la participation aux élections du Parlement européen 1. Attitude générale
ou aux élections municipales), ou des droits qui sont liés à une
Le Parlement européen a constamment accordé une grande
qualité particulière (droits des enfants, droits des travailleurs
importance au respect des droits fondamentaux dans l’Union.
pour certains droits sociaux, par exemple).
Depuis 1993, il organise chaque année un débat et adopte une
La charte vise uniquement à protéger les droits fondamentaux résolution sur le sujet sur la base d’un rapport de sa commission
des personnes à l’encontre des actes pris par les institutions de des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures.
l’UE et par les États membres en application des traités de
2. Actions particulières
l’Union.
Le Parlement s’est préoccupé surtout de la codification de ces
3. Portée droits dans un document ayant force juridique.
La question s’est posée de la valeur juridique de la charte pour
Il a été à l’origine de la déclaration de principe sur la définition
les États membres et les institutions communautaires bien que
des droits fondamentaux adoptée par les trois institutions
la Commission et le Parlement européen aient déclaré lui
politiques de l’Union (Parlement, Conseil et Commission), le
reconnaître une force contraignante et que la Cour de justice
5 avril 1977, et élargie en 1989.
ait déjà invoqué certaines de ses dispositions. Le projet de
traité établissant une Constitution pour l’Europe intégrait la En 1994, il a élaboré un catalogue des droits fondamentaux
charte dans sa partie II. garantis par l’Union.
Un article du traité de Lisbonne fait référence à la charte — qui Il a accordé une importance essentielle à l’élaboration de la
n’est pas incorporée dans le traité lui-même — et la rend charte en en faisant «une de ses priorités de nature
juridiquement contraignante. Un protocole introduit constitutionnelle» et en précisant ses exigences, en particulier
des mesures dérogatoires en faveur de la Pologne et du que le document:
Royaume-Uni. — soit doté pleinement d’un caractère juridique contraignant
C. Adhésion de l’UE à la convention européenne par le biais de son incorporation au traité sur l’Union («une
de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés charte qui ne constituerait qu’une déclaration non
fondamentales contraignante et se bornerait à énumérer des droits
existants décevrait les attentes légitimes des citoyens»);
Le projet de traité établissant une Constitution pour l’Europe
c’est ainsi qu’il a demandé qu’elle soit incorporée au traité
prévoyait que l’Union adhère à la convention (article I-9).
de Nice et qu’il demande maintenant à ce qu’elle le soit
Le traité de Lisbonne consacre cette adhésion. dans le nouveau traité FUE;
D. L’Agence des droits fondamentaux de l’UE — ne soit amendable que par la même procédure que celle
L’Observatoire européen des phénomènes racistes et de son élaboration, respectant donc le droit formel d’avis
xénophobes, créé à partir de 1997 et établi à Vienne, est conforme du Parlement;
transformé en Agence des droits fondamentaux, à la suite de — contienne une clause exigeant l’assentiment du Parlement
la décision du Conseil européen de décembre 2003. pour toute restriction sur les droits fondamentaux;
Toutefois, les compétences de l’Agence seront limitées au seul — reconnaisse l’indivisibilité des droits fondamentaux, en
volet communautaire. étendant son champ d’application à toutes les institutions
Concernant son rôle dans les domaines de la coopération et à tous les organes de l’UE, ainsi qu’à toutes ses
policière et judiciaire en matière pénale (titre VI du traité UE), le politiques, y compris celles relevant des deuxième et
Conseil est convenu que les institutions de l’Union et les États troisième piliers dans le cadre des compétences et
membres pourraient, selon les besoins et sur une base fonctions qui lui ont été confiées par les traités;
volontaire, faire appel aux compétences de l’Agence. Le — lie les États membres lorsqu’ils appliquent ou transposent
Conseil réexaminera, avant la fin de 2009, la possibilité des dispositions du droit communautaire (résolutions du
d’autoriser l’Agence à exercer ses activités dans les domaines 16 septembre 1999 et du 23 octobre 2002).
du titre VI.
Il a enfin régulièrement demandé que l’UE adhère à la
Le règlement du Conseil du 15 février 2007 portant création de convention européenne des droits de l’homme, soulignant
l’Agence est entré en vigueur le 1er mars 2007. que cette adhésion ne ferait aucunement double emploi avec
une charte communautaire ayant valeur contraignante.
Le 28 février 2008, le Conseil a adopté une décision instituant
un cadre pluriannuel de l’Agence qui définit ses domaines Il a demandé, à plusieurs reprises, la création d’une Agence des
d’action et priorités pour 2007-2012 (décision 2008/203/CE du droits fondamentaux de l’Union européenne. Dans une
Conseil, JO L 63 du 7.3.2008). Le danois Morten Kjærum a été résolution du 26 mai 2005, constituant une demande
nommé directeur de l’Agence en mars 2008 et a pris ses d’initiative législative selon l’article 192 du traité CE, il souligne
fonctions le 1er juin 2008. que l’Agence doit suivre l’évolution de la mise en œuvre de la
99
100
Ces procédures sont régies par les articles 194 et 195 du une proposition appropriée sur des questions pour
traité CE (1.3.14 et 2.5); lesquelles ces citoyens considèrent qu’un acte juridique de
— le droit d’écrire à toute institution ou organe de la l’Union est nécessaire aux fins de l’application des traités».
Communauté dans l’une des langues des États membres
et de recevoir une réponse dans la même langue Rôle du Parlement européen
(article 21, troisième alinéa, du traité CE);
— En élisant le Parlement européen au suffrage direct, les
— le droit d’accès aux documents du Parlement européen, du citoyens de l’Union exercent l’un des droits essentiels de
Conseil et de la Commission, sous réserve de la fixation de l’Union européenne, à savoir la participation démocratique
certaines conditions (article 255 du traité CE). au processus de décision politique en Europe.
— Le traité de Lisbonne souligne davantage les principaux — Dès l’origine, le Parlement européen a souhaité que le
droits des citoyens de l’Union en les énumérant à concept de citoyenneté de l’Union soit assorti de larges
l’article 17, paragraphe 2, du traité CE. droits. Il a plaidé pour que la citoyenneté de l’Union soit
3. Portée définie de manière autonome par la Communauté, en
À ce jour, le contenu de la citoyenneté de l’Union ne va pas, sorte que les citoyens de l’Union jouissent d’un statut
pour l’essentiel (le droit électoral faisant exception), au-delà de spécifique. En outre, il a très tôt demandé tout
la systématisation de droits déjà reconnus (notamment la particulièrement que les droits de l’homme et les droits
liberté de circulation, le droit de séjour et le droit de pétition), à fondamentaux soient inscrits dans le droit primaire et que
cela près que ces droits ont été désormais inscrits, au nom les citoyens de l’Union puissent saisir la Cour de justice en
d’un projet politique, dans le corpus du droit primaire. cas de violation de ces droits par des institutions de l’Union
ou par un État membre (résolution du 21 novembre 1991).
Au contraire de l’orientation constitutionnaliste qui a cours
dans les États européens depuis l’adoption en France, en 1789, — Dans le cadre des négociations du traité d’Amsterdam, le
de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la Parlement européen a réitéré sa demande d’élargissement
citoyenneté de l’Union ne va pas de pair avec la garantie de la des droits liés à la citoyenneté de l’Union et a déploré que
jouissance des droits fondamentaux. L’article 6, paragraphe 2, le traité ne fasse aucun progrès significatif sur le contenu
du traité UE stipule certes que «l’Union respecte» les droits de la citoyenneté de l’Union ni dans le domaine des droits
fondamentaux garantis par la convention européenne de individuels ni dans le domaine des droits collectifs. La
sauvegarde des droits de l’homme et des libertés réalisation du principe de l’égalité et de l’interdiction de
fondamentales et par les «traditions constitutionnelles discrimination par l’adoption de mesures à la majorité
communes aux États membres» en tant que principes qualifiée est une demande du Parlement encore restée
généraux du droit communautaire, mais ne précise pas le sans réponse (résolution du 11 juin 1997). Il faut toutefois
statut juridique de la citoyenneté de l’Union [sur les droits noter que, depuis le traité d’Amsterdam, c’est la procédure
fondamentaux de l’Union (2.1)]. de codécision qui s’applique aux mesures, ce qui facilite
l’exercice des droits de citoyenneté de l’Union (article 18,
Jusqu’à présent, la citoyenneté de l’Union n’impose pas — paragraphe 2).
malgré la formule contenue à l’article 17, paragraphe 2, du
traité CE — de devoirs aux citoyens de l’Union; c’est là une — En conformité avec les demandes du Parlement européen,
différence tout à fait fondamentale avec la citoyenneté au sein le projet de traité établissant une Constitution pour
des États membres. l’Europe du 18 juillet 2003, élaboré par la Convention sur
l’avenir de l’Europe, prévoyait que toute personne physique
— L’article 22, second alinéa, du traité CE et l’article 48 du
ou morale peut former un recours contre les actes dont
traité UE offrent des perspectives pour le développement
elle est le destinataire ou qui la concernent directement et
progressif de la citoyenneté de l’Union et l’amélioration du
individuellement ainsi que contre les actes réglementaires
statut juridique, sur le plan européen, des citoyens de
qui la concernent directement et qui ne comportent pas
l’Union. Le traité de Lisbonne prévoit d’ailleurs, dans
de mesures d’exécution. Cette disposition est reprise dans
l’article 8 B du traité sur l’Union européenne, un nouveau
le traité de Lisbonne.
droit pour les citoyens de l’Union, «au nombre d’un million
au moins, ressortissants d’un nombre significatif d'États
membres, de prendre l’initiative d’inviter la Commission g Claire GENTA
européenne, dans le cadre de ses attributions, à soumettre Juillet 2008
101
102
Le 1er janvier 2007, deux nouveaux pays (la Bulgarie et la poursuivre les criminels en fuite sur le territoire d’un
Roumanie) ont adhéré à l’Union européenne. Ces deux État limitrophe signataire de la convention de
nouveaux États membres ne sont pas devenus Schengen.
automatiquement des membres pleinement opérationnels de
l’espace Schengen. Il faut pour cela une procédure en deux Le système d’information Schengen (SIS) revêt une importance
étapes. Pendant les négociations d’adhésion, les nouveaux essentielle pour l’efficacité de la convention: il fournit des
États membres ont accepté l’acquis Schengen. La levée des informations relatives à l’entrée de ressortissants de pays tiers,
contrôles aux frontières intérieures nécessite une vérification à la délivrance de visas et à la coopération policière. L’accès au
et une décision spécifique du Conseil européen. SIS est réservé en priorité aux services de police et aux
autorités chargées des contrôles frontaliers. De plus, l’actuel
La Suisse a signé la convention Schengen le 26 octobre 2004. système d’information Schengen a une capacité limitée. Un
Elle deviendra membre à part entière du système Schengen nouveau système (le SIS II) devrait être mis en place d’ici au
lorsqu’une décision du Conseil européen donnera le feu vert, 31 décembre 2008. Compte tenu des retards constatés dans le
dans le cadre d’une procédure similaire à celle qui a vu les pays déploiement du SIS II, le Portugal a proposé une version
nordiques devenir membres à part entière de l’espace modifiée de son système SIS 1+, baptisé «SIS one4all».
Schengen. «SIS one4all» constitue une solution temporaire censée
Chypre et la Suisse, qui ne fait pas partie de l’UE, espèrent permettre aux États membres qui ont adhéré à l’UE en 2004
adhérer cette année, et la Roumanie et la Bulgarie d’ici à (la République tchèque, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie,
2011. la Hongrie, Malte, la Pologne, la Slovénie et la Slovaquie)
c. Portée d’adhérer à l’espace Schengen.
— Suppression des contrôles aux frontières intérieures pour d. Conséquences institutionnelles
toutes les personnes.
— Avec l’entrée en vigueur du traité d’Amsterdam, le Conseil
— Renforcement et harmonisation de la surveillance des
s’est substitué au comité exécutif de la convention de
frontières extérieures:
Schengen. En outre, en vertu des dispositions du titre IV du
• t ous les citoyens de l’Union européenne peuvent traité CE, il était tenu d’édicter, dans un délai de
pénétrer dans l’espace Schengen sur simple cinq années, des mesures «afin de mettre en place
présentation de leur carte d’identité ou de leur progressivement un espace de liberté, de sécurité et de
passeport; justice» dans le domaine des visas, de l’asile, de
• p
olitique commune des visas: les ressortissants des l’immigration et des autres politiques liées à la libre
pays tiers figurant sur la liste commune des pays non circulation des personnes, pour garantir que les citoyens de
membres dont les nationaux sont tenus de produire un l’Union et les ressortissants des pays tiers ne fassent pas
visa d’entrée ont droit à un visa unique valable pour l’objet de contrôles lorsqu’ils franchissent les frontières
tout l’espace Schengen; cependant, les États membres intérieures. Le Conseil était également chargé d’assurer
peuvent exiger un visa des ressortissants d’autres pays l’uniformité des contrôles effectués sur les personnes aux
tiers; frontières extérieures et de fixer des règles uniformes pour
la délivrance de visas et l’octroi de la liberté de circulation
• h
armonisation du traitement des demandes d’asile: ce sur le territoire des États membres aux ressortissants de
principe a été repris par la convention de Dublin, qui pays tiers. Ces mesures d’accompagnement, qui relèvent
est entrée en vigueur le 1er septembre 1997 pour les du droit dérivé, ont été identifiées par le Conseil dans sa
douze signataires originaux, le 1er octobre 1997 pour résolution du 18 décembre 1997 sur les priorités.
l’Autriche et la Suède et le 1er janvier 1998 pour la
Finlande. Depuis le 1er septembre 2003, le règlement — Avec la communautarisation de certains volets de la JAI, la
«Dublin II» constitue la base juridique établissant les Cour de justice s’est vu attribuer de nouvelles
critères et mécanismes de détermination de l’État compétences, car les mesures prises dans le cadre du
membre responsable de l’examen d’une demande nouveau titre IV du traité CE peuvent donner lieu à la
d’asile présentée dans l’un des États membres de l’UE (à saisine de la Cour, dans la mesure où, conformément à
l’exclusion du Danemark, mais y compris l’Islande et la l’article 68, paragraphe 2, elles ne concernent pas la
Norvège) par un ressortissant d’un pays tiers. suppression des contrôles aux frontières, le maintien de
Cependant, depuis cette date, la convention de Dublin l’ordre et de la sécurité publics, ainsi que la sauvegarde de
reste en vigueur entre le Danemark et les autres États la sécurité intérieure.
membres de l’Union européenne (ainsi qu’avec l’Islande
et la Norvège); 2. Territoire de l’Union européenne
• c oopération policière et judiciaire: les forces de police La convention de Schengen n’étant pas encore appliquée dans
se prêteront assistance mutuelle dans la détection et la tous les États membres de l’Union, il convient de dissocier
prévention de la criminalité et seront habilitées à l’ensemble du territoire de l’Union de l’espace Schengen.
103
104
— enfin, en 2009, toute législation nationale imposant des l’affaire Vander Elst (C-43/93), la Cour de justice a dit que les
mesures transitoires pour limiter l’accès au marché du ressortissants de pays tiers participant à la libre prestation
travail devrait cesser de s’appliquer. Cependant, tout État de services dont jouit leur employeur ont effectivement le
membre qui, en raison de difficultés particulières, «subit ou droit d’entrer dans d’autres États membres de manière à
est menacé de subir des perturbations graves» du marché accomplir leur contrat de travail].
du travail peut demander à la Commission une
Les principales mesures juridiques communautaires
prolongation supplémentaire de deux ans sur la base de
destinées à étendre les droits de libre circulation
circonstances exceptionnelles ou imprévues.
aux ressortissants de pays tiers sont les suivantes:
Dès lors, pendant une période pouvant durer jusqu’à sept ans
— la directive 2003/86/CE du Conseil du 22 septembre 2003
(période «2 + 3 + 2»), c’est-à-dire éventuellement jusqu’en
relative au droit au regroupement familial (JO L 251 du
2011, il n’y aura pas de grands changements pour les
3.10.2003, p. 12-18);
travailleurs et les prestataires de services originaires des huit
nouveaux États membres et souhaitant exercer pleinement — la directive 2003/109/CE du Conseil du 25 novembre 2003
leur droit de libre circulation et leurs libertés fondamentales. relative au statut des ressortissants de pays tiers résidents
de longue durée (sur la base de l’article 63, paragraphe 4,
Au cours d’une période transitoire qui peut aller jusqu’à
du traité CE) (JO L 16 du 23.1.2004, p. 44-53);
sept années après l’adhésion de deux États membres le
1er janvier 2007 (Bulgarie et Roumanie), certaines conditions — la directive 2004/114/CE du Conseil du 13 décembre 2004
peuvent être d’application, restreignant la liberté de circulation relative aux conditions d’entrée et de séjour des
des travailleurs: ressortissants de pays tiers à des fins d’études, d’échanges
d’élèves, de formation non rémunérée ou de volontariat
— premièrement, entre 2007 et 2009, l’accès au marché du
(JO L 375 du 23.12.2004);
travail des 25 États membres dépendra des mesures et
politiques mises en œuvre à l’échelon national, ainsi que — une directive du Conseil et deux propositions de
des accords bilatéraux éventuellement conclus avec les recommandations visant à faciliter l’admission des
nouveaux États membres; ressortissants de pays tiers aux fins de recherche
— deuxièmement, d’ici à 2009, la Commission européenne scientifique dans l’Union européenne [COM(2004) 178 du
élaborera un rapport en fonction duquel le Conseil de 16 mars 2004];
ministres évaluera le fonctionnement des dispositions — la directive 2005/36/CE du Parlement européen et du
transitoires. Les États membres doivent faire savoir à la Conseil du 7 septembre 2005 sur la reconnaissance des
Commission s’ils ont l’intention de maintenir les mesures qualifications professionnelles (JO L 255 du 30.9.2005);
nationales pour une nouvelle période de trois ans au
— la directive 2005/71/CE du Conseil du 12 octobre 2005
maximum ou d’autoriser la libre circulation des travailleurs;
relative à une procédure d’admission spécifique des
— enfin, d’ici à 2012, tous les travailleurs devraient pouvoir ressortissants de pays tiers à des fins de recherche
circuler librement. Toutefois, tout État membre peut scientifique (JO L 289 du 3.11.2005);
demander à la Commission l’autorisation de continuer à
appliquer les dispositions nationales pour une période — le règlement (CE) n° 635/2006 de la Commission du 25 avril
supplémentaire de deux ans s’il se trouve confronté à des 2006 abrogeant le règlement (CEE) n° 1251/70 relatif au
perturbations graves de son marché du travail. Il apparaît droit des travailleurs de demeurer sur le territoire d’un État
donc que, à compter de 2014 — soit sept années après membre après y avoir occupé un emploi (JO L 112 du
l’adhésion —, la liberté de circulation sera totale pour les 26.4.2006);
travailleurs originaires des nouveaux États membres. — la directive 2006/100/CE du Conseil du 20 novembre 2006
d. Ressortissants de pays tiers portant adaptation de certaines directives dans le domaine
de la libre circulation des personnes, en raison de
Avec le traité d’Amsterdam, les ressortissants de pays tiers ont
l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie (JO L 363 du
finalement trouvé leur place dans le droit communautaire.
20.12.2006);
Celui-ci protégeait déjà certaines catégories de ressortissants
de pays tiers. Il s’agissait: — la décision du Conseil du 18 décembre 2006 portant
nomination des membres titulaires et suppléants italiens,
— des membres de la famille d’un ressortissant de l’Union
maltais et suédois du comité consultatif pour la libre
européenne;
circulation des travailleurs (JO C 320 du 28.12.2006);
— des ressortissants d’États liés à l’Union européenne par un
— le règlement (CE) n° 1430/2007 de la Commission du
accord d’association ou de coopération;
5 décembre 2007 modifiant les annexes II et III de la
— des travailleurs d’une entreprise établie dans un État directive 2005/36/CE du Parlement européen et du Conseil
membre fournissant des services, pour le compte de cette relative à la reconnaissance des qualifications
entreprise, dans un autre État membre [dans son arrêt dans professionnelles (JO L 320 du 6.12.2007);
105
106
107
108
l’occasion de poser des questions au représentant de la cette société. Les pétitionnaires allèguent que les autorités du
Commission européenne. Royaume-Uni n’ont pas appliqué de façon satisfaisante la
4. Aboutissement législation européenne relative aux compagnies d’assurance.
Il varie selon la nature du cas: Ces pétitions ont conduit à la constitution d’une commission
d’enquête au sein du Parlement.
— si la pétition concerne un cas particulier, qui exige un
traitement individuel, la Commission européenne peut 3. Le tunnel ferroviaire Lyon-Turin
prendre contact avec les autorités compétentes ou Les citoyens du Val di Susa, soutenus par les autorités locales,
intervient par le truchement de la représentation ont présenté une pétition faisant part de leurs préoccupations
permanente de l’État membre concerné, cette démarche quant aux effets sur l’environnement et sur la santé de la
pouvant aboutir à une solution du problème. Il arrive construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin.
également que la commission des pétitions invite le À la suite de la visite d’une délégation de la commission des
président du Parlement européen à prendre contact avec pétitions, les députés ont encouragé l’élaboration
les autorités nationales; d’évaluations d’impact indépendantes plus détaillées. Ces
— si la pétition touche un sujet d’intérêt général, par exemple évaluations ont été par la suite examinées lors d’une réunion
si la Commission européenne constate que la législation conjointe de la commission des pétitions et de celle des
communautaire a été enfreinte, elle peut introduire une transports et du tourisme, en la présence du commissaire
procédure en manquement, qui peut aboutir à un Barrot et des pétitionnaires. Le gouvernement italien a ensuite
jugement de la Cour de justice sur lequel le pétitionnaire été saisi des conclusions de ces évaluations. Le dossier reste
pourra s’appuyer; ouvert et le travail se poursuit au sein de la commission des
— la pétition peut donner lieu à une initiative politique du pétitions, en collaboration avec la commission des transports
Parlement ou de la Commission. et du tourisme et celle de l’environnement, de la santé
publique et de la sécurité alimentaire.
Dans tous les cas, le pétitionnaire reçoit une réponse exposant
les résultats des démarches entreprises. 4. Violation de la loi d’aménagement urbain de Valence,
Espagne
C. Quelques exemples Plusieurs pétitions, signées par plus de 15 000 personnes, ont
1. Le rapport sur la sclérose en plaques contesté une loi en matière d’urbanisme adoptée par la région
En août 2001, dans une lettre au président du Parlement autonome de Valence (loi dite «LRAU») et qui, selon eux, violait
européen, Mme Louise McVay a fait état de la disparité des leurs droits en tant propriétaires de biens immobiliers. La
traitements qu’offrent les États membres de l’Union commission des pétitions a envoyé deux missions d’enquête
européenne aux personnes atteintes de la sclérose en plaques. sur place. L’action de la commission des pétitions a poussé les
Elle entendait ainsi obtenir une certaine reconnaissance de sa autorités de la région autonome de Valence à modifier la
situation personnelle et de celle de milliers d’autres personnes législation, et le Parlement s’est même vu inviter à proposer
victimes d’une telle inégalité de traitement et dont la majorité des recommandations en la matière. Ces recommandations
se voit toujours refuser l’accès à des soins médicaux adéquats, ont fait l’objet d’une résolution en décembre 2005.
qui est pourtant un de leurs droits humains fondamentaux.
5. Projet autoroutier de la M30 à Madrid, Espagne
Bien que la Commission européenne ait indiqué que cette
affaire ne relevait pas de la législation européenne, la La mission d’enquête organisée à Madrid en juin 2006 s’inscrit
commission des pétitions a invité la pétitionnaire à exposer dans le cadre de plusieurs pétitions relatives à un projet de
son affaire lors d’une de ses réunions à laquelle différentes prolongement de l’autoroute traversant la ville de Madrid (la
associations et d’autres malades étaient également présents. À M30). Les pétitionnaires contestent essentiellement l’absence
la suite de cette rencontre, la commission des pétitions a d’études d’impact auxquelles aurait dû être soumis un projet
rédigé un rapport, en étroite coopération avec la commission de cette nature et de cette taille au regard de sa localisation.
de l’emploi et des affaires sociales, pour fournir un ensemble En effet, la conduite de telles études est exigée par la directive
de réponses précises à la pétitionnaire et pour exposer ce 97/11/CE du Conseil modifiant la directive 85/337/CEE
qu’elle considère comme une stratégie européenne claire et concernant l’évaluation des incidences de certains projets
nécessaire destinée à combattre cette maladie incurable. publics et privés sur l’environnement (pétition toujours
2. L’affaire «Equitable Life», Royaume-Uni ouverte en juillet 2008).
Il s’agit de deux pétitions dans lesquelles des clients de la
compagnie d’assurance vie Equitable Life relataient les pertes g Claire GENTA
subies à la suite des difficultés financières rencontrées par Juillet 2008
109
Les dix thèmes généraux les plus fréquents, visés par les pétitions reçues en 2007
Environnement, gestion de l’eau, etc. 288
Droits fondamentaux 226
Affaires sociales et discrimination 207
Marché intérieur et consommateurs 192
Urbanisation 131
Santé 105
Éducation et culture 103
Justice 99
Transport et infrastructures 88
Droit de propriété et restitution 72
110
3
1 Community works
fonctionnement 4 Les politiques communes
de l’Union européenne
L’Union politique
L’union économiqueet
2 L’Europe des citoyens 5 monétaire
et monétaire
Les relations
rélations extérieures
3 Le marché intérieur 6 de l’Union européenne
Le marché intérieur
En 1993, le marché unique a été la plus grande réalisation de l’Union européenne. Pour qu’il
devienne réalité, les institutions de l’Union et les États membres ont fourni des efforts
considérables afin de rédiger et d’adopter les centaines de directives nécessaires à l’élimination
des barrières techniques, réglementaires, juridiques et culturelles qui entravaient le libre-
échange et les mouvements au sein de l’Union. La création du marché unique a incité les pays
membres de l’Union à libéraliser les marchés monopolistiques jusqu’alors protégés dans des
secteurs d’utilité publique. Par le biais du rapprochement des législations nationales, les États
membres ont procédé à l’harmonisation des normes et standards au sein de l’Union.
111
113
114
augmentant la productivité et en réduisant les coûts (grâce à de la reconnaissance mutuelle, de la monnaie unique et de la
la suppression des formalités douanières, à l’harmonisation ou concurrence loyale, à savoir:
à la reconnaissance mutuelle des réglementations techniques
— un système fiscal harmonisé;
et à la baisse des prix induite par le jeu de la concurrence); il a
généré un gain de croissance de 1,8 % au cours des dix — un espace unique fondé sur la liberté et la sécurité, avec
dernières années et créé environ 2,5 millions d’emplois une liberté de circulation totale pour les personnes et un
supplémentaires, tout en réduisant les écarts de revenus entre droit de séjour inconditionnel sur tout le territoire de
les États membres. l’Union, un système réglementé dans le domaine des
marchés publics et des services d’intérêt public ainsi que,
Sur la période 2003-2006, une nouvelle stratégie pour le
dans les domaines des médias et de la société de
marché intérieur s’est centrée sur la nécessité de faciliter la
l’information, du commerce électronique, du droit des
libre circulation des marchandises, d’intégrer les marchés des
sociétés et du droit des contrats, de la gouvernance
services, de réduire l’impact des obstacles fiscaux, de simplifier
d’entreprise, des marchés financiers, de la propriété
l’environnement réglementaire et de relever le défi
intellectuelle, de la protection des données et de la
démographique.
reconnaissance mutuelle, des instruments juridiques
On retiendra en particulier les progrès très importants dans la permettant aux entreprises d’agir efficacement à l’échelle
réalisation du programme législatif [la législation de l’ensemble du marché;
communautaire a ouvert les services de transport et de
télécommunications, provoqué une ouverture significative des — l’achèvement des réseaux transeuropéens de transport,
autres secteurs de «service public» (électricité, gaz et postes) et d’énergie et de télécommunications;
renforcé le contrôle des fusions d’entreprises] ainsi que dans la — la création d’un marché libre dans le domaine des services
transposition, mesurés par le «déficit de transposition» qui est (3.2.3).
le pourcentage de directives non transposées dans tous les
États membres. Ce déficit est tombé à 1,6 % en 2005. Rôle du Parlement européen
Le nombre de poursuites en cours (aux différents stades de la Le Parlement européen a joué un rôle moteur dans le
procédure d’infraction qui commence par la mise en demeure, processus qui a conduit au lancement du marché intérieur. On
peut se poursuivre par un avis motivé, puis par la saisine de la rappellera en particulier à cet égard sa résolution du 9 avril
Cour de justice) est cependant passé d’environ 700 en 1992 à 1984. Il a soutenu vigoureusement le livre blanc de 1985 et a
plus de 1 600 en mai 2005. régulièrement appuyé les efforts de la Commission. On notera
Il reste des carences importantes. En effet, des projets législatifs en particulier son appui à l’idée de transformer le marché
essentiels sont toujours en suspens: libre circulation complète intérieur en un marché domestique complètement intégré à
des personnes, harmonisation fiscale et certaines directives l’horizon 2002 (résolution du 20 novembre 1997).
non encore transposées dans tous les États membres dans les Dans un grand nombre de résolutions récentes (dont celles
domaines des marchés publics, des transports et de la des 12 et 14 février 2006, du 16 mai 2006 et du 6 juillet 2006),
propriété intellectuelle. le Parlement a appuyé l’idée selon laquelle le marché intérieur
Le débat sur la réalisation effective du marché intérieur se est un cadre commun et un point de référence pour un grand
centre aujourd’hui sur sa transposition et son application nombre de «politiques» communautaires et demandé
complètes ainsi que sur la nécessité que toutes les politiques l’ouverture d’un débat qui ne se limite pas à aborder les règles
européennes soient finalisées et exécutées en tenant compte communes concernant les quatre libertés, les droits
de leur interdépendance et de leur complémentarité dans la fondamentaux et la concurrence. Le Parlement a notamment
perspective du «marché domestique européen». En d’autres souligné la nécessité:
termes, le débat sur le marché domestique européen se
— d’améliorer l’efficacité du contrôle exercé par la
centre, à l’heure actuelle, sur le meilleur moyen d’adapter
Commission sur la transposition et la mise en œuvre
toutes les politiques européennes à la perspective d’un espace
correctes du droit communautaire, notamment l’examen
domestique unique, et toutes les discussions et décisions
préventif des projets nationaux de réglementation, ainsi
portant sur les différents objectifs, les politiques et leur mise en
que les procédures ouvertes à la suite du dépôt d’une
œuvre doivent s’inscrire autant que possible dans le cadre
plainte ou d’une pétition;
d’une coopération entre les institutions européennes et les
autorités nationales, au titre du principe de la responsabilité — pour les États membres, de veiller à ne pas créer de
partagée. nouveaux problèmes de mise en œuvre en imposant des
exigences supplémentaires (surréglementation ou «gold-
Les exigences de l’intégration européenne invitent à envisager
plating»);
le parachèvement du marché intérieur en un marché
domestique complètement intégré: un «marché domestique — d’améliorer le rôle central du Parlement dans le contrôle de
européen», qui se caractériserait par un grand nombre l’application et du respect du droit communautaire par les
d’objectifs et de politiques allant au-delà des quatre libertés, États membres, ainsi que de la surveillance exercée à cet
115
116
lequel les marchandises (entre autres) pourraient circuler aussi produits importés sont pénalisés en étant contraints de subir
librement que sur un marché national (3.1). des adaptations tarifaires. L’absence d’harmonisation
communautaire ne peut servir à justifier cette attitude, si elle
entrave effectivement la liberté de circulation. Aussi la Cour a-t-
Réalisations
elle établi le principe selon lequel tout produit fabriqué et
La suppression des droits de douane et des restrictions commercialisé légalement dans un État membre conformément
quantitatives (contingents) entre les États membres, qui devait aux règles traditionnelles et équitables de cet État et à ses
se concrétiser au terme de la période transitoire, a en fait été processus de fabrication doit être autorisé sur le marché de
accomplie au 1er juillet 1968, soit un an et demi plus tôt que n’importe quel autre État membre. Il s’agit du principe de la
prévu. Ce délai n’a pas été respecté en ce qui concerne les reconnaissance mutuelle par les États membres de leurs
objectifs supplémentaires, à savoir l’interdiction des mesures règles respectives en l’absence d’harmonisation.
d’effet équivalant à des droits de douane ou à des restrictions
quantitatives et l’harmonisation des législations nationales Afin d’empêcher l’apparition de nouveaux obstacles, une
afférentes. Ces objectifs ont ensuite été situés au cœur des directive a été adoptée en 1983 (remplacée par la directive
efforts consentis pour faire de la liberté de circulation une 98/34/CE du 22 juin 1998) pour contraindre les États membres
réalité. Les projets de création d’un marché unique ont insufflé à informer la Commission de tous leurs projets de
un nouvel élan. réglementations techniques. Les organismes nationaux de
normalisation sont quant à eux tenus de transmettre leurs
A. Interdiction des taxes d’effet équivalant à des droits programmes de travail et leurs projets de normes.
de douane: article 23, paragraphe 1, et article 25
du traité CE C. Exceptions à l’interdiction des mesures d’effet
équivalant à des restrictions quantitatives
Étant donné l’absence de définition de ce concept dans le
traité, la jurisprudence a dû en fournir une. La Cour de justice L’article 30 du traité CE permet aux États membres de prendre
(CJCE) considère que toute taxe, quelles que soient son des mesures d’effet équivalant à des restrictions quantitatives
appellation ou son application, frappant un produit importé sous réserve que celles‑ci soient justifiées par des
d’un État membre à l’exclusion du produit national similaire a considérations non économiques à caractère général
pour résultat, en altérant son prix, d’avoir la même incidence (moralité publique, ordre public ou sécurité publique, protection
sur la libre circulation des produits qu’un droit de douane et de la santé et de la vie des personnes et des animaux ou
qu’elle peut dès lors être considérée comme une taxe d’effet préservation des végétaux, protection des trésors nationaux et
équivalent, indépendamment de sa nature et de sa forme protection de la propriété industrielle et commerciale). Le
(affaires 2/62 et 3/62 du 14 décembre 1962 et affaire 232/78 contrôle du recours à cette possibilité est bien sûr exercé par la
du 25 septembre 1979). Cour de justice. Une telle exception à un principe doit faire
l’objet d’une interprétation stricte et les mesures nationales ne
B. Interdiction des mesures d’effet équivalant doivent constituer ni un moyen de discrimination arbitraire ni
à des restrictions quantitatives: articles 28 et 29 une restriction déguisée dans le commerce entre les États
du traité CE membres. Dans l’affaire C‑421/04, point 28, la CJCE a déclaré
qu’«[i]l est en effet de jurisprudence constante que, dans le
La notion de mesure d’effet équivalant à une restriction
cadre de l’application du principe de la libre circulation des
quantitative est vague. C’est ainsi que, dans l’arrêt
marchandises, le traité n’affecte pas l’existence des droits
Dassonville, la Cour de justice a déclaré que toute
reconnus par la législation d’un État membre en matière de
réglementation commerciale des États membres susceptible
propriété intellectuelle, mais limite seulement, selon les
d’entraver directement ou indirectement, effectivement ou
circonstances, l’exercice de ces droits». Les exceptions ne sont
potentiellement, le commerce intracommunautaire est à
plus justifiées si une législation communautaire est entrée en
considérer comme mesure d’effet équivalant à des restrictions
vigueur dans le même domaine et qu’elle ne les permet pas.
quantitatives (affaires 8/74 du 11 juillet 1974 et C‑320/03 du
Enfin, les mesures doivent avoir une incidence directe sur les
15 novembre 2005, points 63 à 67).
intérêts publics à protéger et ne doivent pas dépasser le niveau
Les mesures en question sont généralement celles qui affectent nécessaire (principe de proportionnalité).
davantage les produits importés que les produits nationaux
La Cour de justice a reconnu (affaire Cassis de Dijon) que,
(affaire C-441/04 du 23 février 2006, point 23). Toutefois, dans
au‑delà des règles énoncées à l’article 30, les États membres
l’arrêt Cassis de Dijon (affaire 120/78 du 20 février 1979), la
peuvent établir des exceptions à l’interdiction des mesures
Cour a élargi cette notion en déclarant qu’une mesure pouvait
d’effet équivalent sur la base d’exigences impératives
être considérée comme une mesure d’effet équivalent même
(tenant, notamment, à l’efficacité des contrôles fiscaux, à la
en l’absence de discrimination entre les produits importés et
loyauté des transactions commerciales, à la défense des
nationaux. En particulier, la réglementation technique de l’État
consommateurs et à la protection de l’environnement).
importateur imposée aux produits provenant d’autres États
membres peut être considérée comme une mesure d’effet Les États membres sont tenus de notifier les mesures
équivalent, si elle n’est pas justifiée, dans la mesure où les d’exemption nationales à la Commission. Afin de faciliter la
117
118
autorités nationales. C’est ainsi que la production de normes Rôle du Parlement européen
européennes s’est avérée tout à fait adaptée. Le processus était Le Parlement a soutenu l’achèvement du marché intérieur
toujours entravé par sa lenteur et la transposition des normes (3.1) ainsi que le rôle des organismes de normalisation
européennes sur le plan national. européens et a toujours apporté un soutien particulier à la
Au cours des années 90, des discussions plus approfondies ont «nouvelle approche» dans le domaine de la libre circulation
amélioré la qualité et l’efficacité de la normalisation des marchandises, en clarifiant sa définition dans un rapport
européenne, notamment en remplaçant la règle du consensus en 1987. Il a apporté une contribution législative significative
par le vote à la majorité pour l’adoption des normes et en aux directives d’harmonisation.
supprimant la nécessité de la transposition nationale au profit Le Parlement a également été favorable au renforcement de la
de l’application directe des normes européennes. coopération entre les autorités nationales et européennes en
Les fabricants se réfèrent aujourd’hui aux normes vue d’améliorer la qualité de la législation européenne et
européennes, établies par les organismes de normalisation d’identifier la législation nécessitant une simplification ou une
européens. La validité des normes nationales restantes est codification, conformément à l’objectif visant à redoubler
couverte par le principe de la reconnaissance mutuelle. d’efforts pour une meilleure réglementation, une transposition
rapide et une application correcte. Le Parlement a souvent
F. Le principe de la reconnaissance mutuelle invité les autres institutions à soutenir autant que possible la
Le raisonnement de la Cour a donné lieu à la jurisprudence corégulation et les accords volontaires afin de respecter le
«Cassis de Dijon» établissant le principe selon lequel tout même principe «mieux légiférer».
produit légalement fabriqué et commercialisé dans un État
Cependant, pour le Parlement, «mieux légiférer» ne signifie pas
membre conformément à ses règles traditionnelles et
nécessairement «ne pas légiférer». Il a ainsi modifié plusieurs
équitables et à ses processus de fabrication doit être autorisé
actes législatifs instaurant des règles visant à éviter le risque
sur le marché de n’importe quel autre État membre. Tel est le
que les consommateurs soient encouragés à tort à acheter des
raisonnement fondamental ayant animé le débat qui a conduit
produits meilleur marché sans être informés de la possibilité
à la mise en place du principe de la reconnaissance mutuelle,
d’acheter en plus petite quantité. À cet égard, le Parlement
même en l’absence d’harmonisation.
s’est toujours ouvertement déclaré pour une information claire
Par conséquent, les États membres sont tenus, même en et complète des consommateurs sur tous les produits
l’absence de mesures d’harmonisation européenne (droit préemballés en libre circulation, ainsi que pour la certification
communautaire dérivé), de permettre la circulation et la mise de leur origine, une indication claire des prix, des quantités
sur leur marché de produits qui ont été légalement fabriqués nominales ou un format d’emballage obligatoires pour la
et commercialisés dans un État membre, à moins que des plupart des produits préemballés, des indications de poids et
exigences impératives ne subsistent. Dans ce cas, toute de volume lisibles sur les étiquettes et le respect des règles
mesure prise doit être contrôlée en application des principes nationales pour les produits typiques.
de nécessité et de proportionnalité.
Le Parlement a apporté à cet égard un soutien sans réserve en
Le plan d’action pour le marché unique, adopté en juin 1997, a faveur d’une stratégie européenne en vue d’une politique
fait de l’application du principe de la reconnaissance mutuelle globale et de qualité en matière d’évaluation de l’impact de la
la pierre angulaire de l’amélioration de l’efficacité du marché législation européenne.
intérieur.
g Azelio FULMINI
Mai 2007
119
120
Tout citoyen de l’Union acquiert le droit de séjour permanent Tous les membres d’une famille, quelle que soit leur
dans l’État membre d’accueil après y avoir légalement résidé provenance, acquièrent le droit de séjour permanent après
durant une période ininterrompue de cinq ans, pour autant une période ininterrompue de cinq ans. Ce droit se perd en
qu’il n’y ait pas de mesure d’éloignement. cas d’absence de l’État d’accueil d’une durée supérieure à
deux ans. Ils ont également droit à une prestation d’assistance
Le droit de séjour permanent n’est plus soumis à aucune sociale et le droit d’exercer une activité économique salariée
condition. La même règle sera applicable aux membres de la ou non salariée.
famille qui n’ont pas la nationalité d’un État membre et qui ont
résidé cinq ans avec un citoyen de l’Union. Une fois acquis, le 3. Exercice de l’activité professionnelle
droit de séjour permanent ne se perd qu’en cas d’absence de a. Accès à l’emploi et traitement dans l’exercice de l’emploi
l’État membre d’accueil d’une durée supérieure à deux ans Le travailleur ressortissant d’un État membre ne peut être traité
consécutifs. différemment des travailleurs nationaux sur le territoire de
Certains avantages spécifiques aux citoyens de l’Union l’État membre d’accueil en raison de sa nationalité, et cela pour
exerçant une activité salariée ou non salariée et aux membres toutes les conditions d’emploi et de travail (notamment pour
de leur famille, pouvant leur permettre d’acquérir le droit de ce qui relève de l’accès à l’emploi, du licenciement et de la
résidence permanente avant d’avoir vécu pendant cinq ans rémunération). L’égalité de traitement s’applique aussi à toutes
dans l’État membre d’accueil devraient être conservés, car ils les mesures de formation, réorientation ou réadaptation
constituent des droits acquis [règlement (CEE) n° 1251/70]. professionnelles.
Il bénéficie des mêmes avantages sociaux et fiscaux que les
Le droit de séjour permanent, une fois obtenu, ne devrait être
travailleurs nationaux.
soumis à aucune condition, afin qu’il soit un authentique
véhicule d’intégration au sein de la société de l’État membre Le travailleur ressortissant d’un État membre travaillant sur le
dans lequel réside le citoyen de l’Union. La carte de séjour territoire d’un autre État membre bénéficie de l’égalité de
permanent a une durée illimitée et est renouvelable de plein traitement en matière d’exercice des droits syndicaux, y
droit tous les dix ans. Elle doit être délivrée dans les trois mois compris le droit de vote et l’accès aux postes d’administration
suivant le dépôt de la demande. Le citoyen peut prouver la ou de direction d’une organisation syndicale. Il bénéficie, en
continuité de sa résidence par tout moyen de preuve en usage outre, du droit d’éligibilité aux organes de représentation des
dans l’État membre d’accueil. travailleurs dans l’entreprise. Il peut cependant être exclu de la
participation à la gestion d’organismes de droit public et de
2. Droit d’entrée et de séjour des membres de la famille l’exercice d’une fonction de droit public.
En ce qui concerne les dispositions relatives au regroupement
b. Droit de demeurer dans le pays d’accueil après l’exercice
familial, la directive 2004/38/CE a modifié le règlement (CEE)
de l’emploi
n° 1612/68.
Se fondant sur le traité CE, ce droit a été prévu par le
En premier lieu, elle élargit la définition de «membre de la règlement (CEE) n° 1251/70 qui permet au travailleur de rester
famille», qui, auparavant, était limitée au conjoint, aux à titre permanent dans l’État où il a exercé son dernier emploi
descendants de moins de 21 ans ou à charge et aux s’il y a travaillé et résidé pendant trois ans, ou s’il a atteint l’âge
ascendants à charge, pour comprendre également les de la retraite, ou encore s’il souffre d’une incapacité
partenaires enregistrés, si la législation de l’État membre permanente de travail. La même règle s’applique aux
d’accueil considère le partenariat enregistré comme équivalant membres de sa famille résidant avec lui.
à un mariage.
B. Les restrictions à la liberté de circulation
Pour les périodes inférieures à trois mois, les membres d’une
1. Restrictions au droit d’entrée et de séjour
famille en provenance d’un État membre peuvent ainsi exercer
leur propre droit fondamental et séjourner librement sur le Le traité permet aux États membres de refuser à un
territoire d’un autre État membre. Pour les périodes ressortissant de l’UE l’entrée ou le séjour sur leur territoire pour
supérieures à trois mois, leur droit de séjour découle du fait des raisons d’ordre public, de sécurité publique ou de santé
d’être membre de la famille d’un travailleur, citoyen de l’Union. publique.
Ils n’ont plus besoin d’une carte de séjour, mais doivent Toute mesure concernant la liberté de circulation et de séjour
néanmoins s’inscrire auprès des autorités compétentes. devra être fondée sur le comportement personnel du sujet.
L’existence de condamnations pénales ne pourra pas
Les membres d’une famille en provenance d’un pays tiers
automatiquement justifier une telle mesure.
bénéficient du même droit que le citoyen de l’Union qu’ils
accompagnent, mais ils peuvent être soumis à l’obligation de Le comportement devra représenter une menace
visa de court séjour ou équivalent. Pour les périodes dépassant suffisamment grave et actuelle touchant les intérêts
trois mois, ils doivent demander une «carte de séjour de fondamentaux de l’État. La péremption du document ayant
membre de la famille d’un citoyen de l’Union», valable pour permis l’entrée du sujet intéressé n’est pas une raison qui
cinq ans au moins, et en principe non retirable. justifie l’éloignement.
121
122
(directive 2005/36/CE, entrée en vigueur en octobre 2007) — les échanges de jeunes travailleurs, pour que les États
(3.2.3) renforce et modernise quinze directives existantes membres encouragent la libre circulation dans le cadre de
couvrant toutes les règles de reconnaissance, sauf celles programmes communs (programme PETRA de 1988 à
s’appliquant aux avocats, aux activités dans le domaine des 1994, aujourd’hui intégré dans le cadre plus large du
substances toxiques et aux agents commerciaux. La directive programme Leonardo da Vinci d’éducation et de formation
fait la distinction entre la «liberté de fournir des services» et la tout au long de la vie, de 2007 à 2013) (4.17.1).
«liberté d’établissement», en se fondant sur des critères
comme la durée, la fréquence, la régularité et la continuité de Rôle du Parlement européen
l’offre de services.
Le Parlement européen, qui considère tous les sujets liés à
La reconnaissance peut se faire par le biais du système l’emploi comme l’une des priorités les plus importantes de
général de reconnaissance des qualifications professionnelles l’Union européenne, a toujours fait valoir que l’Union et ses
ou du système de reconnaissance automatique des États membres devaient coordonner leurs efforts et
qualifications attestées par une expérience professionnelle promouvoir la libre circulation des travailleurs. La libre
(artisanat, secteurs du commerce et de l’industrie), ou bien circulation des travailleurs s’inscrit dans les objectifs du marché
encore par le biais du système de reconnaissance intérieur achevé. Le Parlement européen a toujours joué un
automatique des qualifications concernant des professions rôle dynamique dans la mise en place et l’achèvement du
déterminées (médecins, infirmières, dentistes, sages-femmes, marché intérieur. Il a toujours soutenu vigoureusement les
vétérinaires, pharmaciens et architectes). efforts de la Commission dans ce domaine.
2. Le réseau EURES (European employment services) Les travailleurs des autres États membres devraient être traités
La Commission vise à renforcer et à consolider EURES en tant de la même façon que ceux du pays d’accueil, et en particulier
qu’instrument fondamental par la mise en réseau des services recevoir à travail égal un salaire égal. Ce principe fondamental
pour l’emploi au sein des pays de l’EEE. La mobilité a été contesté par la Cour de justice européenne dans une
professionnelle et géographique devient ainsi un élément clé série de jugements récents concernant la directive 96/71/CE
de la stratégie européenne pour l’emploi (SEE) et du plan relative au détachement des travailleurs, pour des affaires
d’action en matière de compétence et de mobilité (4.9.3). connues sous les noms d’affaires Viking, Laval et Rüffert.
3. Autres activités permettant de renforcer la mobilité En 2006 déjà, le Parlement avait exprimé sa préoccupation au
des travailleurs sujet de la résolution de l’application de la directive 96/71/CE
L’Union européenne a consenti des efforts importants pour relative au détachement des travailleurs [P6 TA(2006)0463],
créer un environnement favorable à la mobilité des travailleurs: cette directive n’étant pas correctement appliquée dans
— un plan d’action sur les compétences et la mobilité, de certains États membres, cela afin d’empêcher le dumping
2002 à 2005; social. De nombreuses difficultés viennent des différences
d’interprétation de concepts clés comme travailleur, salaire
— une carte européenne d’assurance maladie, depuis 2006; minimal ou sous-traitance. La Commission a pris en
— la coordination des systèmes de sécurité sociale s’est considération les informations fournies et les préoccupations
accélérée avec l’adoption du règlement (CE) n° 883/04 exprimées par le Parlement dans la communication sur le
(4.9.4); détachement des travailleurs dans le cadre de l’offre de
services [COM(2007) 304].
— une proposition de directive sur la portabilité des droits à la
pension supplémentaires; Avec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, les articles 39,
40 et 41 du traité CE sur la liberté de circulation des travailleurs
— l’Année européenne de la mobilité des travailleurs (2006) a
ne seront pas modifiés. Ils deviendront, respectivement,
eu pour but d’accroître la sensibilisation aux droits des
les articles 45, 46 et 47.
travailleurs en matière de libre circulation des personnes,
aux opportunités qui existent en la matière et aux
instruments qui ont été mis en place pour les promouvoir g Christa KAMMERHOFER
(EURES); Août 2008
123
Base juridique n’auront pas été levées, chaque État membre applique ces
restrictions sans distinction de nationalité ou de résidence à
Article 3, paragraphe 1, point c), article 14 et articles 43 à 55 du
toutes les personnes fournissant des «services». La personne
traité CE
fournissant un «service» peut, à cet effet, exercer
temporairement son activité là où le service est fourni, aux
Objectifs mêmes conditions que celles imposées par l’État à ses propres
Le traité CE énonce le principe selon lequel les indépendants ressortissants.
(qu’ils relèvent du secteur commercial, industriel, artisanal ou Les activités comme les transports, les assurances et les
libéral) et les opérateurs économiques établis sur le territoire activités bancaires sont également concernées par cette
d’un État membre sont autorisés à exercer une activité liberté, mais elles sont abordées dans d’autres fiches
économique dans tous les États membres de deux manières. techniques (3.4.2, 3.4.3 et 4.5.1).
Les indépendants, les professions libérales ou les personnes
morales visés à l’article 48 du traité CE qui opèrent légalement Ces dispositions exercent un effet direct depuis la fin de la
dans un État membre peuvent exercer une activité période de transition, c’est-à-dire depuis le 1er janvier 1970
économique dans un cadre stable et continu dans un autre [arrêt Reyners du 21 juin 1974 (2/74) sur la liberté
État membre (liberté d’établissement à l’article 43) ou proposer d’établissement et arrêt van Binsbergen du 3 décembre 1974
et fournir temporairement leurs services dans d’autres États (33/74) sur la liberté de prestation des services]. L’effet direct
membres tout en demeurant dans leur pays d’origine (liberté des deux articles du traité CE est que les ressortissants
de prestation de services à l’article 49). Cela suppose non communautaires ont le droit d’être traités comme des
seulement la suppression de toute discrimination selon la ressortissants nationaux et qu’ils peuvent demander aux
nationalité mais encore, si l’on veut que cette liberté soit juridictions nationales compétentes d’appliquer les articles 43
effectivement utilisée, l’adoption des mesures propres à en et 49 du traité CE. Toute discrimination fondée sur la
faciliter l’exercice, avant tout l’harmonisation des règles nationalité est interdite. Autrement dit, les États membres sont
nationales d’accès ou leur reconnaissance mutuelle. tenus de modifier leurs dispositions nationales qui limitent ces
deux libertés, y compris les dispositions nationales qui
s’appliquent indistinctement aux opérateurs nationaux et
Réalisations étrangers si ces dernières gênent ou rendent moins attrayant
A. Le régime de la libéralisation dans le traité l’exercice de ces libertés en occasionnant des retards et des
frais supplémentaires.
1. Deux «libertés fondamentales»
Les articles 43 et 49 du traité CE ne peuvent être interprétés
Le droit d’établissement couvre le droit d’avoir accès et de
comme conférant aux entreprises le droit de transférer leur
s’adonner à des activités indépendantes et celui de créer et de
direction centrale et de gérer leur siège central dans un autre
gérer des entreprises en vue d’exercer une activité permanente
État membre tout en préservant leur statut d’entreprise
dans un cadre stable et continu, aux mêmes conditions que
constituée au sens de la législation de l’État membre d’origine.
celles énoncées par le droit de l’État membre d’établissement
pour ses propres ressortissants. La Commission européenne et la Cour de justice des
Communautés européennes ont pour mission de garantir
Les restrictions à la liberté de fournir des services dans la
l’application et le respect des dispositions communautaires. La
Communauté sont interdites pour les ressortissants d’un État
Commission est habilitée à entamer des procédures
membre qui sont établis dans un État de la Communauté
d’infraction à l’encontre des États membres qui ne satisfont pas
autre que celui de la personne à laquelle les services sont
à leurs obligations, conformément à l’article 226 du traité CE
destinés. Sont considérés comme des «services» tous les
(3.4.2 et 3.4.3).
services généralement fournis contre rémunération, pour
autant qu’ils ne soient pas régis par les dispositions relatives à 2. Les exceptions
la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes. Le traité exclut de la liberté d’établissement et de prestation de
Tant que les restrictions à la liberté de prestation de services services les activités participant à l’exercice de l’autorité
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publique (article 45, paragraphe 1, du traité CE). Cette ressortissant d’un État membre de la CE» est délivrée et ne
exclusion est limitée toutefois par une interprétation restrictive: peut être retirée qu’à la condition que cette personne n’ait plus
les exclusions ne couvrent que les activités et fonctions d’emploi. La durée du droit de séjour des personnes
spécifiques participant à l’exercice de l’autorité publique; toute prestataires et destinataires de services correspond à la
une profession ne peut être exclue que si elle est consacrée à période au cours de laquelle les services sont fournis.
l’exercice de l’activité publique ou si la partie qui y est
Le règlement (CE) n° 2157/2001 relatif au statut de la société
consacrée n’est pas détachable des autres.
européenne, complété par la directive 2001/86/CE, constitue
Les exceptions permettent aussi aux États membres d’en une étape importante dans le sens d’un exercice effectif de ces
écarter la production et le commerce de matériel de deux libertés fondamentales.
guerre [article 296, paragraphe 1, point b), du traité CE] et de
maintenir un régime propre aux non-nationaux pour des C. Harmonisation et reconnaissance mutuelle
raisons d’ordre public, de sécurité publique ou de santé des titres et diplômes
publique (article 46, paragraphe 1, et article 55 du traité CE). L’article 47, paragraphe 1, du traité CE dispose que la
reconnaissance mutuelle des diplômes et autres titres requis
B. La mise en œuvre des articles 43 et 49 du traité CE dans chaque État membre pour l’accès aux professions
Deux programmes généraux, adoptés le 18 décembre 1961, réglementées peut servir à faciliter la liberté d’établissement et
prévoyaient les directives nécessaires à la suppression des la liberté de prestation de services (décision 85/368/CEE du
restrictions à la liberté d’établissement et de prestation de Conseil et résolution du Conseil du 28 octobre 1999). Ce
services pour les différentes activités. Bien que le Conseil ait paragraphe prévoit la coordination des règles nationales
adopté bon nombre de directives, le travail était loin d’être d’accès et d’exercice, c’est-à-dire un minimum d’harmonisation
achevé en 1974, lorsque la Cour a décidé qu’en dépit de cette de ces règles, en particulier des formations qui conduisent aux
carence et de l’absence de droit communautaire dérivé titres et diplômes. Le paragraphe 3 subordonne la
(principalement sous la forme de directives et de règlements), reconnaissance mutuelle, lorsqu’une telle harmonisation est
les deux libertés avaient, aux termes mêmes du traité, un effet difficile, à la coordination des conditions d’exercice dans les
direct dès la fin de la période de transition, soit à partir du États membres.
1er janvier 1970: ce sont les arrêts Reyners du 21 juin 1974
À partir du milieu des années 70, le processus d’harmonisation
(2/74) pour la liberté d’établissement et van Binsbergen du
a débouché sur l’adoption d’un certain nombre de directives.
3 décembre 1974 (33/74) pour la libre prestation de services.
Sur ces bases, la législation de reconnaissance mutuelle s’est
L’effet direct des deux libertés signifie que les ressortissants de donc adaptée aux différentes situations. Elle est plus ou moins
la Communauté ont droit au traitement national. Un État complète selon les secteurs professionnels et a été récemment
membre doit permettre aux ressortissants des autres États adoptée au titre d’une approche générale.
membres de s’établir ou de prester leurs services sur son 1. L’approche sectorielle (par profession)
territoire dans les mêmes conditions que ses propres
ressortissants. Toute discrimination en raison de la nationalité a. Reconnaissance mutuelle après harmonisation
est donc proscrite. Mais les conditions nationales relatives à C’est dans le secteur de la santé que l’harmonisation a été la
l’accès aux activités et à l’exercice de celles-ci continuent de plus rapide, pour l’évidente raison que les conditions
constituer autant d’obstacles pour les non-nationaux, obligés d’exercice, en particulier les formations, variaient peu d’un pays
en fin de compte d’entreprendre de nouvelles études pour à l’autre (par rapport à d’autres professions) et que
obtenir les titres et diplômes nationaux requis ou de supporter l’harmonisation préalable de ces conditions, prévue par le
des coûts ou des charges supplémentaires. Les mesures traité, n’a donc pas été trop difficile à réaliser. Cette
communautaires destinées à faciliter l’exercice des deux harmonisation s’est développée à travers plusieurs directives,
libertés gardent donc toute leur valeur; elles visent à garantir la entre le milieu des années 70 et le milieu des années 80,
reconnaissance mutuelle des règles nationales et régissant de nombreuses professions en ce qui concerne la
éventuellement leur harmonisation. Dans certains cas, elles liberté d’établissement et de prestation de services (pour les
lèvent d’autres restrictions collatérales à la liberté de médecins: les directives 75/362/CEE et 75/363/CEE du 16 juin
circulation, notamment la directive 73/148/CEE du Conseil 1978, codifiées par la directive 93/16/CEE du 5 avril 1993 et
(abrogée par la directive 2004/38/CE) et la directive 93/96/CEE modifiées par la directive 97/50/CE du 6 octobre 1997; pour les
sur le droit de séjour, ou la directive 96/71/CE sur le dentistes: les directives 78/686/CEE et 78/687/CEE du 24 août
détachement des travailleurs dans le cadre de la prestation de 1978; pour les infirmiers: les directives 77/452/CEE et 77/453/
services. La directive 2004/38/CE dispose que les États CEE du 27 juin 1977; pour les vétérinaires: les directives
membres accorderont le droit de séjour permanent aux 78/1026/CEE et 78/1027/CEE du 23 décembre 1978; pour les
ressortissants d’autres États membres qui s’établissent sages-femmes: les directives 80/154/CEE et 80/155/CEE du
eux-mêmes sur leur territoire en vue d’y poursuivre leurs 21 janvier 1980, complétées et modifiées par les directives
activités indépendantes lorsque les restrictions applicables à 81/1057/CEE et 89/594/CEE du Conseil; pour les pharmaciens:
ces activités auront été levées. Une «carte de séjour de les directives 85/432/CEE et 85/433/CEE; pour les agents
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professionnelle d’une certaine durée ou, si la formation est très 1985) condamnant le Conseil pour s’être abstenu, en violation
différente, un stage d’adaptation ou une épreuve d’aptitude, du traité, d’assurer la libre prestation de services en matière de
au choix du demandeur, sauf dans le cas où l’activité requiert transports internationaux et de fixer les conditions d’admission
la connaissance du droit national. des transporteurs non résidents aux transports nationaux dans
un État membre. En conséquence, le Conseil a été contraint
Rôle du Parlement européen d’adopter la législation nécessaire (4.5.1).
Le Parlement européen (PE) a joué un rôle moteur dans la On notera que le rôle du Parlement s’est accru avec
libéralisation des activités non salariées. Il a veillé entre autres à l’application (depuis le traité de Maastricht) de la procédure de
la stricte délimitation des activités qui peuvent rester réservées codécision à la plupart des aspects de la liberté
aux nationaux (par exemple celles qui participent à l’exercice d’établissement et de la liberté de prestation de services.
de l’autorité publique). On signalera aussi son recours en
carence auprès de la Cour de justice contre le Conseil en
matière de politique des transports: ce recours, introduit en g Azelio FULMINI
janvier 1983, a abouti à un arrêt de la Cour (13/83 du 22 mai Septembre 2006
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