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6.1 INTRODUCTION
Les poutres continues sont des structures qu'on rencontre très fréquemment
dans les constructions courantes.
On appelle poutre continue une poutre reposant sur plusieurs appuis. Il s’agit
généralement d’appuis simples, à l’exception d’un seul qui est un appui double et
dont le rôle consiste à assurer la stabilité géométrique de la poutre, comme
empêcher la translation horizontale dans le cas de la figure 6.1. L’appui double
peut être placé à une extrémité ou, plus généralement, être un appui
0 1 k n
l1 lk ln
intermédiaire.
Les extrémités d’une poutre continue peuvent très bien comporter des porte-
à-faux ou être encastrées. Le traitement de ces cas particuliers est abordé plus
loin.
Les poutres continues sont des systèmes hyperstatiques puisqu’elles
présentent des liaisons surabondantes (toutes les liaisons en plus de ce que doit
comporter une poutre isostatique). Dans le cas d’une poutre sans encastrements,
le nombre de liaisons surabondantes, donc le degré d’hyperstaticité, est égal au
nombre d’appuis intermédiaires.
96 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
(a)
(b)
0 1 k-1 k k+1 n
l1 lk lk+1 ln
Figure 6.4
(a)
(b)
0 1 k-1 k k+1 n-1 n
Figure 6.6
A- Poutres continues à âme pleine 99
où les ci représentent les manques de concordance des appuis. Ils sont nuls dans
le cas des systèmes concordants. Les équations du système ci-dessus peuvent se
mettre sous la forme connue de Müller-Breslau. L’équation courante relative à
l’inconnue Mk s’écrit :
n-1
!W
!M k
" ck $ &i=1
u
ki M i % kF " ck
Les coefficients u
ij et iF représentent les rotations relatives des lèvres de
la section coupée i du système de base. Les premières sont des rotations par unité
de couple.
u
• ij est la rotation relative des lèvres de la section i du système de base,
sous l’effet d’un couple unitaire appliqué aux lèvres de la coupure j (les sections
i et j se trouvant dans le cas présent au dessus des appuis intermédiaires i et j).
• iF est la rotation relative des lèvres de la section i du système de base,
sous l’effet des charges extérieures (notées F).
100 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
où msk (mk) et msj (mj) sont les moments fléchissants produits dans la section
courante s du système fondamental par les couples unitaires Mk=1 et Mj=1
agissant en k et en j, respectivement (Figure 6.8). MsF étant le moment
fléchissant dans la section courante du système de base sous l’action des charges
extérieures (F).
Mk=1
k-1 k k+1
(a)
1
lk lk+1
Mj=1
j-1 j j+1
(b)
1
lj lj+1
4
Figure 6.8 : Diagrammes msk et msj
u
k k -1 M k #1 % u
kk Mk % u
kk %1 M k %1 % kF " ck (6.3)
ou encore :
u
k k -1 M k #1 % u
kk Mk % u
kk % 1 M k %1 " ck # kF (6.4)
Mk-1=1
k-2 k-1 k
(a)
1
lk-1 lk
Mk=1
k-1 k k+1
(b)
1
lk lk+1
Mk+1=1
k k+1 k+2
(c)
1
lk+1 lk+2
u
• Calcul de kk #1 :
L n
msk msk #1 li msk msk #1 lk msk msk #1
u
kk #1 " (
0 EI
dx = &(
i=1
o ( EI )i
dx = (
0 ( EI )k
(6.5)
avec :
102 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
x x
msk #1 " 1 # et msk "
lk lk
d'où :
lk x + x . dx 1 lk x) l k # x *
( (
u
kk #1 " -1 # 0 " dx (6.5)’
0 lk , l k / ( EI )k l k2 0 ( EI )k
u lk
kk #1 "
6( EI )k
Ce dernier résultat - cas avec (EI)k constante sur la travée lk - s'obtient plus
rapidement avec la méthode graphique ; il vient :
u 1 +1 . + 1. lk
kk #1 " - .1. lk 0 - 0 "
( EI )k ,2 / , 3 / 6 ( EI )k
Pour le reste des calculs nous supposons que EI est constante sur chaque
travée.
u
• Calcul de kk (méthode graphique)
u 1 +1 .+ 2. 1 +1 .+ 2. lk lk %1
" - .1. lk 0 - 0 % - .1. l 0 - 0 " % (6.6)
kk
( EI )k , 2 / , 3 / ( EI )k %1 , 2 k %1 / , 3 / 3( EI )k 3( EI )k %1
u
• Calcul de kk %1 (méthode graphique)
u 1 +1 . + 1. l k %1
k k %1 " - .1. l k %1 0 - 0 " (6.7)
( EI )k %1 ,2 / , 3 / 6 ( EI )k %1
• Calcul de kF
Seules les deux intégrales sur lk et lk+1 subsistent puisque msk est nul en
dehors de ces travées. Soit :
MsF/EI
k-1 k k+1
lk lk+1 g( F ) d( F )
R R
k k
Figure 6.10
2ème méthode
Sachant que le moment msk vaut “ x/lk ” sur la travée lk et “ 1-x/lk+1 ” sur la
travée lk+1, l’équation (6.8) devient :
lk M sF x lk % 1 M sF x
kF " (0 l k ( EI )k
dx % (0 ( EI )k %1
(1#
l k %1
)dx
1 lk xM sF 1 lk % 1 ( l k %1 # x ) M sF
"
lk (
0 ( EI )k
dx %
l k %1 ( 0 ( EI )k %1
dx
S k S k %1
kF " % (6.10)
lk l k %1
• Calcul de ck
Le manque de concordance d’un appui est représenté par le déplacement
linéaire ou angulaire qu’il subit depuis sa position concordante jusqu’à sa
position réelle. Dans le cas présent, les manques de concordance à introduire
sont des déplacements angulaires et la position concordante correspond à la
position horizontale.
Les manques de concordance proviennent des dénivellations 2 que peuvent
subir les appuis (Figure 6.11). Comme nous travaillons dans le cadre des petits
déplacements, les dénivellations sont suffisamment petites et de ce fait les angles
de discontinuité (Figure 6.11c) peuvent être confondus avec leurs tangentes.
k-1 k k+1
(a)
2k-1 2k+1 3 4
2k (c)
(b)
(a) Position concordante.
(b) Position réelle.
lk lk+1
Figure 6.11
lk msk msk #1 6 lk 2
msk lk % 1 2
msk 9
M k #1 (0 ( EI )k
dx % M k 8
87
( 0 ( EI )k
dx % (0
dx ; %
( EI )k %1 ;:
lk % 1 msk msk %1
% M k %1 ( 0 ( EI )k %1
dx " (6.13)
2 k # 2 k #1 2 k %1 # 2 k lk msk M sF lk % 1 msk M sF
"
lk
#
l k %1
# (
0 ( EI )k
dx # (0 ( EI )k %1
dx
ou encore :
M k #1 lk x( lk # x ) 61 lk x2 1 lk % 1 ( lk %1 # x )2 9
lk2 (
0 ( EI )k
dx % M k 8 2
87 lk ( 0 ( EI )k
dx % 2
lk %1 ( 0 ( EI )k %1
dx ; %
;:
M k %1 lk % 1 x( lk %1 # x ) 2 # 2 k #1 2 k %1 # 2 k
%
lk2%1 (0 ( EI )k %1
dx " k
lk
#
lk %1
(6.13)’
1 lk xM sF 1 lk % 1 ( lk %1 # x ) M sF
#
lk ( 0 ( EI )k
dx #
lk %1 (0 ( EI )k %1
dx
lk 6 l l 9 l k %1
M k #1 % 2 M k 8 k % k %1 ; % M k %1 "
( EI )k 7 ( EI )k ( EI )k %1 : ( EI )k %1
6 2 # 2 k #1 2 k %1 # 2 k 9 6 lk
= 68 k
7 l k
#
l k %1
;#
: k l ( EI )k ( 0
M sF xdx (6.14)
6 lk % 1
#
l k %1 ( EI )k %1 0 (
M sF ( l k %1 # x )dx
6 lk % 1
#
l k %1 0 (
M sF ( l k %1 # x )dx
d'où :
M k #1 # M k M k %1 # M k
Rk " Rk ( F ) % % (6.17)
lk l k %1
2) Moment fléchissant
Le diagramme final est obtenu par superposition des diagrammes (des travées
isostatiques) des charges extérieures et des moments appliqués aux appuis.
Cherchons l’expression du moment fléchissant dans la section courante de la
travée lk (d’abscisse x par rapport à l’appui k-1).
Chaque travée lk du système de base se comporte comme une poutre bi-
articulée sollicitée, en plus des charges extérieures, par deux couples Mk-1 et Mk
appliqués à ses appuis. Si on désigne par M s( F ) le moment produit dans la
section courante de lk par les charges extérieures qui lui sont appliquées, alors
l’expression générale du moment fléchissant s’écrit :
x
M s " M s( F ) % M k # 1 % ) M k # M k # 1 * (6.18)
lk
A- Poutres continues à âme pleine 107
3) Effort tranchant
L’expression de l'effort tranchant dans la section courante d’abscisse x
s’obtient en dérivant par rapport à x l'expression du moment. Désignons par
Ts( F ) l’effort tranchant dû aux charges extérieures ; il vient :
M k # M k #1
Ts " Ts( F ) % (6.19)
lk
M0 = M3 = 0
1
M2=1
et M1 = M2 = M
(d) ms2
Equation des trois moments
(appui 1) :
1
M 0 l 0 % 2 M 1 ) l1 % l 2 * % M 2 l 2 " (e) Ms(F)
= #6 EI ) % * R1g ( F ) R1d ( F )
ql2/8
5 Ml " #6 EI )2 R *; g( F )
1 ql2/10
(f) Ms(M)
R1g ( F ) " R1d ( F )
5 Ml " #12 EI R1g ( F )
1 + 2 ql 2 . ql 3 ql2/10
R1g ( F ) " - l0 "
2 EI , 3 8 / 24 EI (g) Ms
ql2/40
2ql2/25
ql 2
< M "# , M est dirigé
10 0.4ql 0.5ql
dans le sens opposé du sens
(h) Ts
choisi arbitrairement.
Les figures 6.13g et 6.13h 0.6ql
montrent les diagrammes de M
et de T. Figure 6.13
108 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
6.5.1 Définitions
a) Système en treillis articulé
On appelle système en treillis articulé (système réticulé ou plus brièvement
treillis) un ensemble de pièces droites ou courbes, appelées barres, liées les unes
aux autres (en leurs extrémités) par des articulations. Les points d'assemblage
des barres sont appelés nœuds.
Membrure supérieure
Montant Diagonale
Membrure inférieure
Exemple d'application
P/2 P P/2
y
C 4 E 8 F
" x
h 1 3 5 7 9
A 2 6 B
D G
l l l l
#$ Nœud C
Fx = 0 ! N3 cos"$+ N4 = 0
N4
" Fy = 0 ! P - N3 sin"$= 0
N3 d'où :
P
N3 % (traction)
N1=P sin "
P
et N 4 % & (compression)
tg"
#$ Nœud D
N5 Fx % 0 ! N 6 % N 3 cos " %
N3=P/sin"
P
% (traction)
tg"
N2=0 "
N6 Fy % 0 ! N 5 % & N 3 sin " %
D
% & P (compression)
#$ Nœud E
P
Fx % 0 ' ( N8 ( N7 cos " % 0
P/2 tg"
N4=P/tg" E
N8 P
" Fy % 0 ! N7 % (traction)
2 sin "
3 P
! N8 % & (compression)
2 tg"
N7
N5=P
#$ Nœud F
3 P
Fx % 0 ! N8 ' % & (compression)
P 2 tg"
N8=(3/2)P/tg"
N8 ' Fy % 0 ! N9 % & P (compression)
F
N9
112 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
La figure 6.19 ci-après montre la nature de l'effort dans les barres étudiées.
P/2 P P/2
P P
Convention :
- Flèches vers les nœuds = compression
- Flèches vers le centre = traction
- 0 = effort nul
b) Méthode des sections (ou de Ritter)
Principe : La méthode consiste à pratiquer dans le système une coupe ne
rencontrant pas plus de 3 barres (sauf dans des cas précis) non concourantes, de
façon à séparer le treillis en deux parties. Pour trouver l'effort dans une des
barres, on écrit l'équation d'équilibre de rotation de l'une des deux parties par
rapport au point d'intersection des autres barres (Figure 6.20).
M/A = 0 ! N5 = …
6
M/B = 0 ! N4 = … B 5
M/C = 0 ! N6 = … 4 C
(partie de droite) A
Figure 6.20
NB : Le point
d'intersection des barres
par rapport auquel on calcule les moments n'est pas nécessairement un nœud du
système (d'où l'intérêt à travailler graphiquement).
Cas particuliers
1) Deux barres coupées sont parallèles (point d'intersection rejeté à l'infini)
(Figure 6.21)
K H
A
L J
L'effort NKH est obtenu à partir de l'équation M/J = 0 et l'effort NLJ dans la
barre LJ s'obtient à partir de : M/K = 0. Pour calculer NKJ, on utilise une
équation d'équilibre de translation, Fy = 0 par exemple ; ou bien une équation
d'équilibre de rotation par rapport à un appui, M/A = 0 par exemple.
A- Poutres continues à âme pleine 113
(a) I
6 9
3
2 5 8
1
4 7
(a)
I
La coupe a-a (Figure 6.22) présente trois barres concourantes 4-5, 5-6 et 6-9
en 6 et l'équation M/6=0 donne l'effort N47. L'effort N47 connu, on fait la coupe
I-I et il n'y a plus que trois efforts inconnus.
Intérêt de la méthode des sections : elle permet de calculer directement
l'effort de n'importe quelle barre et constitue de ce fait un excellent moyen de
vérification des résultats obtenus par les autres méthodes.
Exemple d'application
2t
3t 6 3t 1m
Z'
i 7
Z
2 5
1m
3
A " 1 " B
4
c j
2m 2m 2m 2m
RA RB
Figure 6.23
8
Réactions : R A % R B % t%4t
2
M/i = 0 ' 2RA – N4 = 0 ! N4 = 8 t (traction)
M/A = 0 ' 2x3t + ZN5 = 0,
3t
4
avec : Z % m i
5
N5
3
! N5 % & 5t N4
2
RA=4t
M/j = 0 ' Z'N6 – 2x3t + 4RB = 0 2m
! Z'N6 = -10 tm
114 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
1 Z'
sin " % % , d'où : Z' % 4 5 m
5 4
et : N 6 % &5.59 t
Pour calculer les efforts dans les barres 1, 2 et 3 on écrit les équations
ons
d'équilibre de translation en A et C. On peut également appliquer la méthode de
Ritter.
Remarque : Dans la pratique, les bras de leviers peuvent être mesurés
graphiquement ce qui présente l'avantage de faciliter le travail.
Ainsi, chaque barre se trouve caractérisée par deux chiffres désignant les
intervalles (domaines) adjacents.
3) On construit le polygone des forces extérieures, dans une échelle des
forces choisie ; ce polygone est fermé puisque les forces extérieures sont
équilibrées par les réactions (équilibre global). On précise le sens des forces par
des flèches.
4) On trace ensuite le polygone des forces agissant sur chaque nœud (forces
extérieures et efforts dans les barres) en commençant par un nœud auquel
aboutissent seulement deux barres puis on passe à un nœud n'ayant que deux
efforts inconnus.
N.B. : Les directions des efforts sont connues (orientations des barres) et leurs
sens et intensité sont obtenus en fermant chaque polygone.
A- Poutres continues à âme pleine 115
Exemple d'application
Soit à calculer les efforts dans les barres de la poutre représentée à la figure
6.24 déjà calculée par la méthode de Ritter.
2t
E
2 3
3t 3t
C 8 9 G
l
1 4
6 7 10 11 B
A
D F
l l l l
RA=4t 5 RB=4t
Figure 6.24
F23=2t
E N39
N82
F12=3t F34=3t
N98
C N28
N61 N87
N16 N76
A N67
N65 N56 D N75 F
F51=4t F45=4t
Figure 6.25
116 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
1
(6)
6
(2) 5
(4) 7 3
8
(4)
(5) 4
Figure 6.26
1
(compresion)
N16
A (traction)
N65
F51
6 5
Les flèches obtenues en fermant le polygone (des efforts agissant sur le nœud
A) indiquent la nature de chaque effort.
b) On passe ensuite au nœud D où seuls les efforts dans les barres DF et
DC sont inconnus.
Efforts intervenant : N56 (connu puisque N65 est connu), N67 et N75. Dans ce
cas également, seul le point 7 est indéterminé.
A partir de 6 on mène une parallèle à DC (N67) et à partir de 5 on trace une
parallèle à DF (horizontale) (N75). L'intersection des deux parallèles se fait au
point 6, donc le point 7 est confondu avec 6. Le polygone des forces en D (N56,
A- Poutres continues à âme pleine 117
N67 et N75) se limite au segment 5-7 ; donc l'effort N67 = 0 (voir schémas ci-
dessous).
c) Point C : Efforts intervenant : N61, F12, N28, N87 et N76 (N67 = N76 = 0).
Seul le point 8 reste à trouver.
A partir du point 2 on trace une parallèle à CE (N28) ; puis à partir de 7 on
mène une parallèle à CF (N87). L'intersection des deux parallèles détermine la
position du point 8. On ferme ensuite le polygone pour déterminer le sens des
efforts inconnus (N87 et N28) (N61)F12)N28)N87 et N76) (schémas ci-après).
1 F12
N28
C
N61
6 2 N87
7 N76
Remarques :
1) Utilisation combinée du tracé de Cremona et de la méthode de Ritter
Lors d'un tracé de Cremona, on ne peut pas franchir les nœuds auxquels
aboutissent plus de deux barres dont les efforts sont inconnus. La méthode de
Ritter permet de franchir ces nœuds. Il suffit d'effectuer une ou plusieurs coupes
donnant les valeurs des efforts dans les barres "surabondantes". Ce cas se
présente fréquemment dans les fermes dites "Polonceau" (Figure 6.27).
118 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
8
a
5
6
2
4 4'
1 3
a