Avant tout, l'artiste doit intervenir de façon majeure dans notre environnement
afin de nourrir d'esthétique, d'art, de sens et même de "beauté" - bien que ce
mot ne soit pas tout à fait adéquat - tous ceux qui, provisoirement ou définitivement, sont amenés à déployer dans un lieu les différentes actions de leur vie. L'artiste doit aller au-delà des limites perçues par une société myope qui ne comprend pas immédiatement la portée de ses oeuvres et progresse très lentement au travers de ses acquis scientifiques, techniques ou sociologiques. L'artiste, se saisissant de ces acquis, trace l'avenir grâce à cette vision spécifique qui, justement, ne se préoccupe pas des limites qui entravent toutes les libertés. Un artiste digne de ce nom doit être libre, TOTALEMENT LIBRE. L'art est avnt tout LIBERTE. L'art est un formidable moyen pédagogique du fait qu'il ouvre les oreilles et les yeux. Une peinture, une sculpture, un chef d'oeuvre musical enseignent quelque chose et développent l'être humain. Ce rôle formateur, pédagogique de l'art est essentiel. Sur le plan social, l'art est le moyen le plus direct et le plus efficace d'enseigner à la fois les données culturelles, historiques et humaines de notre époque comme des époques passées - et même à venir - puisqu'il trace quelques unes des lignes de cette constante linéarité historique dans laquelle nous sommes tous obligatoirement situés et devons aller de l'avant. En art, il n'y a pas seulement invention, mais création continue. Cette création n'est pas le résultat d'une rêverie, mais d'un processus spécifique au niveau des idées issues de ce complexe neurocérébral dont on commence à découvrir à la fois le fonctionnement et les potentialités extraordinaires. Toute l'histoire de l'homme est jalonnée d'inventions qui ont eu pour effets de soulager sa vie de certains efforts, de faciliter ses actions et ses déplacements, en somme de le libérer progressivement d'un grand nombre de contingences et de limites. Suscitée par sa paresse foncière, la recherche inventive de l'homme a donc conduit à des prothèses multiples. Dans un premier temps allant de la préhistoire à nos jours, ces prothèses n'ont concerné que son travail musculaire. Cette période est accomplie. Depuis que Norbet WIENER, père de la cybernétique, a mis en marche le développement des ordinateurs, nous sommes entrés dans une nouvelle ère, celle où les machines viennent au secours du travail cérébral de l'homme, l'ère des prothèses du cerveau.