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Rose

une
pièce
sous‐titrée

Michelle
Tan


©
MICHELLE
TAN


20
avril
2010

401‐473‐8799

michellet4n@gmail.com


ROSE

Une
pièce
sous‐titrée


PERSONNAGES


ROSE

TINA


L’HOMME,
ou
le
MEDECIN,
ou
le
DR.
A

LA
FEMME,
ou
la
MEDECIN,
ou
AUGUSTE
D



SCENE
I

ROSE
commence
sa
conférence.



ROSE

Bonsoir
à
tous.
C’est
tellement
agréable
de
vous
voir
ici.
Tellement
agréable
d'être

ici.


Je
m’appelle
Rose.
Oui,
comme
la
fleur.



La
neige
commence
à
tomber.


Attends.
Il
y
a
quelque
chose
qui
ne
va
pas.


Ce
n’est
pas
le
bon
moment
pour
la
neige.
C’est
le
printemps,
non
?

En
plus.
On
est…
à
l’intérieur.



L’HOMME
et
LA
FEMME
derrière
ROSE
échangent
un
regard.

La
neige
arrête
de
tomber.


Bon.
On
continue.


Aujourd’hui,
comme
vous
le
savez,
nous
sommes
ici
pour
apprendre
quelque
chose

par
rapport
à
la
maladie
de,
ah,
euh
‐
A
...
Ah
...
aaah
...
humm.


Pour
l’instant,
il
suffit
de
l'appeler
le
«
Grand
'A'
».

En
tout
cas,
nous
sommes
ici
pour
apprendre.
Et
quelle
meilleure
façon
d'apprendre

que
des
gens,
oui,
d'autres
personnes
‐‐


Donc,
je
suis
ici
comme
une
personne
‐
vous
pourrez
apprendre
de
moi
‐
et
j'ai

demandé
l'aide
de
deux
personnes
supplémentaires


Elle
fait
un
geste
vers
les
deux
personnes
derrière
d’elle.


C'est
vous,
oui,
vous
deux.


C’était
votre
signal,
nous
avons
répété
tout
ça.


Quand
je
dis
«
et
j'ai
demandé
l'aide
de
deux
personnes
supplémentaires
»,
vous
êtes

censés
vous
mettre
debout


Les
deux
se
mettent
debout.





 2

Et
monter
sur
scène
à
mes
côtés.



Ils
montent
sur
scène
à
ses
côtés.



Excellent.



Premier
point
de
l'apprentissage
‐
premier
récit
concernant
le
«
Grand
‘A’
»
:
Tout
a

commencé
quand
ma
mère
a
acheté
du
savon.



La
FEMME
commence
le
récit.



LA
FEMME

Tout
a
commencé
quand
j'ai
acheté
du
sa
–
sa
–
…
Seuh.
SSSSS.
La
chose
avec

laquelle
on
lave.
Je
l'ai
acheté
parce
que
je
savais
qu’on
en
avait
besoin
à
la
maison.

Je
l'ai
acheté
et
l’ai
apporté
à
la
maison
mais
je
ne
savais
pas
où
le
mettre.
Mais
je
ne

voulais
pas
que
tu
saches
que
je
ne
savais
pas
où
le
mettre,
alors
je
l'ai
mis
dans
le

congélateur.
Et
tu
m’as
lancé
un
regard
bizarre.
J’ai
détourné
les
yeux.
Ou
j'ai
souri.

Ou
j’ai
fait
les
deux.


Il
y
a
des
Post‐its
partout
dans
la
maison.
Ils
me
disent
où
il
faut
mettre
les
trucs.
Je

les
ai
faits
;
j’ai
écrit
tous
ces
Post‐its.
Le
couvert.
Les
serviettes.
Les
épices.
Les

ampoules.
Le
linge.
Tous
ces
Post‐its,
toutes
ces
couleurs
différentes.
Ça
m’aide
un

peu.
Mais
de
temps
en
temps
je
pense
au
jour
où
j’oublierai
même
tous
ces
mots.
Le

jour
où
j’oublierai
même
comment
lire,
comment
les
lettres
se
mettent
ensemble,

comment
elles
font
du
sens.
Et
puis
?
Après
ça
on
aurait
une
maison
pleine
de
Post‐
its
et
un
congélateur
plein
de
choses
qui
ne
sont
pas
à
leurs
places.


Du
savon.
SA‐VON.
Aujourd'hui
j'ai
acheté
du
savon.
Et
je
ne
savais
pas
où
le
mettre.

Alors
je
l'ai
mis
dans
le
congélateur.



ROSE

Et
voilà.
Point
d’apprentissage
#
1.
Qui
nous
dit
que
la
maladie
d’Al
–
de
–



Excusez‐moi,
mesdames
et
messieurs,
mais
je
vais
consulter
mes
notes.



Elle
fouille
dans
son
sac
et
sort
un
paquet
de
Post­
its.
De
couleurs
différentes.
Elle
les
colle
sur
le

pupitre
en
face
d'elle,
et
elle
lit.



Comme
je
disais.
Point
d’apprentissage
#
1.


La
maladie
d’Alzheimer
est
une
contraction
du
cerveau.
Le
cerveau
perd
sa
masse

critique
au
bout
d’un
certain
temps.
Les
espaces
dans
le
cerveau
qui
sont
remplis
de

fluide
deviennent
plus
grands.


LA
FEMME

Vous
oubliez
des
choses
comme
où
il
faut
mettre
le
savon.



L’HOMME

Vous
auriez
pu
me
le
demander.
Je
vous
aurais
dit
où
il
faut
le
mettre.




 3

LA
FEMME


Frimeur.


ROSE


Vous
parlez
tous
les
deux
avant
votre
tour.
Ce
n'est
pas
dans
le
texte.


On
continue.
Deuxième
point
d'apprentissage.
Deuxième
histoire
sur
le
«
Grand
‘A’
».



L’HOMME
commence
l’histoire.



L’HOMME

Mon
cœur,
que
reste‐il
de
notre
amour
?
Tu
pars
vers
l’obscurité
et

je
ne
peux
pas
te

suivre.
Ce
qui
reste
de
toi
–
je
voudrais
bien
ramasser
des
fragments
qui
restent
et

les
garder
pour
toujours,
mais
toi
tu
n’es
pas
pour
toujours,
ni
moi,
ni
mon
idée
de

nous
deux.

Je
te
pardonne
toutes
les
promesses
que
tu
avais
faites
mais
que
tu
as
certainement

oubliées,
parce
que
cet
oubli
t’a
été
imposé
;
cet
oubli
qui
venait
sans
prévenir
et

sans
recours.
Je
voudrais
apprendre
ta
langue
avant
que
les
lumières
s’éteignent.

Nos
conversations
du
passé
me
manquent.
Tu
me
manques,
et
à
ce
moment,
à
côté

de
moi,
tu
ne
pourrais
être
plus
loin.
De
temps
en
temps
la
distance
entre
nous
est

insupportable,
alors
je
crie
après
toi
pour
que
tu
reviennes,
mais
tu
détournes
les

yeux,
ou
tu
souris,
ou
tu
fais
les
deux.


Une
pause
lorsque
l’HOMME
termine
son
histoire.

ROSE
écoute
attentivement
et
semble
prise
dans

les
mots.
Puis
elle
recommence
à
parler.



ROSE


Alors.
C'était
donc
ça
...
La
deuxième
histoire.
Point
d’apprentissage
#
2.
C’est
que
:




Elle
lit
ses
Post­its.



La
personne
qui
s’occupe
d’un
patient
d’Alzheimer
doit
souvent
présider
à
la

dégénération
d’une
proche,
de
quelqu’un
qu’elle
aime
beaucoup
;
elle
doit
le
faire

pendant
des
années,
en
sachant
que
la
situation
deviendra
toujours
pire,
jamais

meilleure…
et
d’une
manière
ou
d’une
autre,
elle
doit
surtout
garder
le
sourire.



LA
FEMME
(à
l'HOMME)

Vous
ne
souriez
pas.



L’HOMME

C’est
difficile
de
sourire.
Je
n'ai
pas
envie
de
sourire
en
ce
moment.



ROSE


Vous
parlez
toujours
avant
votre
tour.
Arrêtez
de
faire
ça,
s’il
vous
plaît.


Personne
n’a
besoin
de
sourire.


On
passe
à
la
suivante.





 4

La
troisième
histoire
par
rapport
au
«
Grand
‘A’
».


Ma
mère
aime
faire
de
longues
promenades
toute
seule.



La
FEMME
fait
une
promenade
sur
la
scène.
Elle

pourrait
s’arrêter
pour
sentir
des
fleurs
le
long
du

chemin,
ou
pour
acheter
un
peu
de
savon.



Sauf
que
maintenant
nous
devons
nous
occuper
d’elle
parce
que
parfois
elle
sort

pour
se
promener
et
qu’elle
oublie
le
chemin
du
retour.
Avant
que
mon
père
ne

décède,
c’était
lui
qui
partait
pour
la
chercher
et
la
ramener.



L'HOMME
marche
sur
la
scène,
à
sa
recherche.
Il

sourit
encore
moins
que
tout
à
l’heure.


Il
avait
l'habitude
de
dire
pour
plaisanter
que
courir
après
une
femme
était
quelque

chose
qu’on
fait
avant
de
se
marier
avec
elle.
Après
le
mariage,
disait‐il,
je
ne
devrais

plus
avoir
encore
le
souci
de
te
perdre.


La
plupart
du
temps,
il
la
trouvait.



L'HOMME
trouve
la
FEMME
dans
la
scène.



Une
fois,
il
a
dû
appeler
la
police.
On
l’a
retrouvée
5
heures
et
47
minutes
plus
tard,

errant
dans
le
parc
à
environ
2
kilomètres
de
leur
maison.



L’HOMME
(à
la
FEMME)


As‐tu
oublié
comment
rentrer
chez
nous,
ou
as‐tu
oublié
qu’il
existe
un
«
chez

nous
»?



La
femme
sourit.



ROSE


Merci.
Vous
pouvez
revenir
maintenant.


Ce
qui
nous
amène
au
point
d'apprentissage
#
2.



LA
FEMME


Non,
nous
avons
déjà
fait
le
#
2.


L’HOMME


En
fait
c’est
le
#
3
maintenant.



ROSE


Ah
oui.
C'est
ce
que
je
voulais
dire.
Point
d’apprentissage
#
3.
Après
la
troisième

histoire.


Elle
lit
ses
Post­its.



 5

La
maladie
d’Alzheimer
est
une
contraction
du
cerveau.
Une
contraction
du
soi.
Je

deviens
plus
petit,
je
suis
sur
le
point
de
disparaître.


Les
espaces
dans
le
cerveau
qui
sont
remplis
de
fluide
deviennent
plus
grands.

Moins
solides,
plus
liquides.
L'espace
vide
est
rempli
de
liquide
de
fluide
de
fluo
de

fleur
fleuh
–



L’HOMME


Pardon?



LA
FEMME


Ce
n'est
pas
dans
le
texte.



L’HOMME


Peut‐être
que
c’est
le
moment
de
la
musique.



LA
FEMME

Ah
oui,
le
disque.
Ça
c'est
dans
le
texte.
Allez‐vous
le
passer?



ROSE
se
réfère
à
ses
Post­its.



ROSE


La
musique
n'est
qu’à
la
quatrième
histoire.
Nous
sommes
à
la
deuxième.



LA
FEMME


Non,
nous
en
avons
terminé
avec
le
point
d’apprentissage
#
3.
Nous
sommes
à
la

quatrième
histoire
maintenant.



L’HOMME
récupère
le
disque
et
le
met
dans

l’électrophone.
Sauf
qu’il
ne
fonctionne
pas,
donc

l’HOMME
chante
tandis
que
le
disque
tourne.



L’HOMME
(chantant
la
chanson
de
Nat
King
Cole)

Unforgettable,
that's
what
you
are

Unforgettable,
though
near
or
far

Like
a
song
of
love
that
clings
to
me

How
the
thought
of
you
does
things
to
me

Never
before
has
someone
been
more


Unforgettable
in
every
way

And
forever
more,
that's
how
you'll
stay

That's
why,
darling,
it's
incredible

That
someone
so
unforgettable

Thinks
that
I
am
unforgettable
too


La
FEMME
applaudit.





 6

LA
FEMME

C’était
très
bien.



ROSE
fouille
parmi
tous
ses
Post­its,
en
essayant

de
trouver
le
bon
passage
de
ses
notes.


ROSE


Bon.
Oui.
Point
d’apprentissage
#
4.


La
musique
peut
parfois
améliorer
la
qualité
de
vie
des
patients
atteints
de

démence.


Mes
parents
ont
passé
ce
disque
lors
de
leur
mariage.
Nous
ne
savons
pas
si
ma

mère
s’en
souvient
encore,
mais
elle
sourit
toujours
quand
elle
entend
cette

chanson.
Parfois,
quand
elle
refuse
de
m'écouter,
que
nous
nous
disputons,
et
que
je

ne
sais
pas
quoi
faire,
je
passe
ce
disque
sur
l’électrophone.
Et
elle
sourit.


Musique.


Mémoire.



Pause.



Et
maintenant,
je
crois
que
nous
avons
le
temps
pour
...
des
questions.
Oui.
Est‐ce

qu’il
y
a
des
–



L’HOMME
lève
la
main.



Alors.
Ce
n'est
pas
dans
le
texte
mais
je
suppose
que
vous
pouvez
poser
une

question.



L'HOMME


Merci.


Est‐ce
que
la
maladie
d'Alzheimer
est
héréditaire
?



ROSE


Ah.
Bien.
Selon
les
études,



Elle
sort
plus
de
Post­its
de
son
sac,
et
cherche
la

réponse.



Les
proches
d'un
malade
d'Alzheimer
courent
un
peu
plus
de
risques
d'en
souffrir.

Mais
il
y
a
des
choses
que
vous
pouvez
faire
pour
amé
–
ame
–
pour
ah
–
pour
faire

mieux
–
pour
rendre
certaines
parties
de
votre
cerveau…
plus
agiles.
Exercices

mentaux.
Je
peux
vous
donner
quelques
exemples
après.


Mais
y
a‐t‐il
encore
des
ques
–




La
FEMME
lève
la
main.




 7

ROSE

Eh
bien
comment
vous
êtes
curie
–
curi
–
comme
vous
aimez
poser
des
questions.

Quelle
est
votre
question?



LA
FEMME


Avez‐vous
peur
de
devenir
comme
votre
mère?


ROSE
rit.

Une
pause.


ROSE

Alors
ça…
N’est‐ce
pas
une
peur
universelle
des
filles
dans
le
monde
entier
?
Elles

ont
toutes
peur
de
devenir
comme
leur
mère.
Vous
pouvez
également
demander
à

ma
fille,
Ti
–
T
–
teuh…
ma
fille,
oui.




SCENE
II


TINA
entre,
en
parlant
sur
son
portable.



TINA

Allo
maman
?
Ouais
c’est
moi,
c’est
Tina.
Est‐ce
que
t’as
déjà
–


Ils
sont
sur
la
table,
tu
te
souviens
?
Dans
la
salle
à
manger.
Oui,
à
côté
de
la
lampe.

Oui
dans
la
boîte.
Et
ben
oui,
le
concert
est
ce
soir.
Je
t’en
ai
parlé
hier.
Non,
ça
va.
Et

cet
après‐midi
aussi.
C’est
à
8H00
ce
soir,
je
viendrai
te
chercher
avec
George,
on
va

conduire
–
mais
non,
prends
pas
ta
voiture.

Tu
viendras
avec
nous,
maman,
d’accord
?
Non,
écoute.

Pourquoi
pas
?

Mais
tu
aimes
ce
genre
de
choses.
La
musique
classique,
des
artistes
internationaux,

je
te
promets
que
tu
vas
bien
t’amuser.



Pause.
Elle
écoute,
mais
en
grande
partie
contre

son
gré.


Tu
es
si
têtue,
maman.
Oui
j’ai
dit
têtue.
Parce
que
c’est
vrai.
Et
t’as
besoin
de

l’entendre.



Pause.


Donc,
non
?
Tout
simplement
non
?
Il
te
reste
(elle
consulte
sa
montre)
environ
une

heure
pour
y
penser.

Pause.


Merde,
maman.
Oui
j’ai
dit
merde.

J’essaie
juste
de
faire
ce
qui
est
bon
pour
toi.
Oui,
ça
c’est
bon
pour
toi.


Bon.
Laisse
tomber.
Oublie
ça.
Écoute,
ça
c’est
moi
en
train
d’oublier.



 8

OK
attends,
dernière
chose,
demain,
le
médecin
–


Maman
?

Allo
?

Merde.


TINA
raccroche.
Elle
nous
parle
maintenant.


Mon
dieu.
Quelle
femme.
Avez‐vous
rencontré
ma
mère
?
Quelqu’un
parmi
vous
?

Elle
s’appelle
Rose.
Comme
la
fleur.
Il
est
possible
que
certains
d’entre
vous
la

connaissent.
Elle
connaît
des
personnes
partout.
Elle
est
comme
ça,
vous
comprenez

–
en
plus
avec
son
travail,
ce
genre
de
choses
qu’elle
fait…
ça
m’étonnerait
pas
si

certains
d’entre
vous
la
connaissent,
l’aient
vue
à
une
conférence
quelque
part.

Personne
?


Sauf
si
vous
avez
tous
le
même
problème.
Vous
l’avez
rencontrée
mais
vous
avez

oublié.
Vous
ne
vous
souvenez
pas
où,
ou
comment,
tous
ces
détails.


Peu
importe.

Tout
ce
que
je
sais,
c’est
que
tout
a
commencé
quand
ma
mère…



Une
pause.
Elle
essaie
de
se
souvenir
du
moment

exact.


…quand
elle
est
allée
chez
le
médecin.


SCENE
III


ROSE
et
TINA
sont
chez
le
médecin.

L’HOMME
est
maintenant
le
médecin.
La
FEMME

est
à
côté
de
lui,
et
elle
prend
des
notes
comme
une

folle.




L’HOMME/MEDECIN

Bonjour
Madame.


TINA/ROSE

Bonjour.


L’HOMME/MEDECIN

Alors,
c’est…
Rose,
oui
?
Comme
la
fleur.


ROSE

Oui.
C’est
moi.



MEDECIN

Et…
vous
me
permettez
de
vous
appeler
Rose
?



 9

ROSE

Si
vous
voulez.
Je
m’en
fous.


TINA

Maman.


ROSE

Je
m’en
fiche.
C’est
mieux
?


TINA

Mais
arrête,
s’il
te
plaît.



L’HOMME/MEDECIN

Ne
vous
inquiétez
pas,
c’est
pas
grave.
Bon
on
va
vous
poser
quelques
questions,
ce

sera
pas
trop
compliqué.
C’est
juste
pour
faire
une
évaluation.




ROSE

Oui.


L’HOMME/MEDECIN

Bon.
Quelle
date
sommes‐nous
?


ROSE

Je
ne
sais
pas.
Je
ne
travaille
plus,
peu
m’importent
les
dates.


L’HOMME/MEDECIN

Je
comprends.
Les
jours
sont
tous
pareils.


Alors.
Où
êtes‐vous
?


ROSE

C’est
bête
de
demander
ça.



TINA

Maman.
Si
tu
sais
la
réponse,
il
suffit
de
la
dire.
Tout
simplement.


ROSE

Mais
justement,
j’allais
la
dire.



L’HOMME/MEDECIN

Prenez
votre
temps.


Pause.



ROSE

C’est
quoi
déjà,
la
question
?



 10

L’HOMME/MEDECIN

Où
êtes‐vous
?


ROSE

A
l’hôpital.
Évidemment.


L’HOMME/MEDECIN

Vous
vous
souvenez
peut‐être
de
l’adresse
de
cet
endroit
?



ROSE

Non.


Pourtant
je
connais
la
route.
L’adresse
n’a
aucune
importance
en
ce
cas.
Je
n’en
ai

pas
besoin.



L’HOMME/MEDECIN

Et
où
habitez‐vous
?


ROSE

Pas
loin
d’ici.
Ça
me
prend
dix
minutes
en
voiture.


L’HOMME/MEDECIN

Pourriez‐vous
me
donner
le
nom
de
la
rue
?


ROSE

J’ai
pas
trop
envie
de
le
faire.


L’HOMME/MEDECIN

Bon.
Savez‐vous
pourquoi
vous
êtes
ici
?


ROSE

Il
y
a
un
problème.



L’HOMME/MEDECIN

Et
quel
est
le
problème
?



ROSE

Vous
êtes
le
médecin.
C’est
à
vous
de
me
le
dire.


L’HOMME/MEDECIN

C’est
juste.
Pourtant,
on
va
en
discuter
ensemble.


ROSE

Le
problème.


C’est
que
j’ai
peur.





 11

SCENE
IV


TINA
continue
son
histoire,
en
nous
parlant.


TINA

En
tout
cas,
ce
soir‐là,
elle
est
allée
finalement
au
concert.
Elle
a
simplement
décidé

d’y
aller,
je
suppose.
Pas
un
coup
de
fil,
et
bien
sûr
elle
n’a
pas
appelé
George
non

plus.
On
l’a
vue
en
train
d’entrer
dans
le
théâtre
–
George
a
dit,
tiens
c’est
pas
ta

mère
là
?
Et
en
fait
si,
c’était
elle,
toute
habillée,
entrant
avec
son
billet
à
la
main
au

même
concert
où
je
l’avais
invitée
plus
tôt.
Elle
ne
nous
a
pas
vus.
Naturellement,
car

elle
ne
nous
cherchait
pas.
Je
parie
qu’elle
a
aimé
le
concert,
c’était
vraiment
son

genre
de
choses.
Quand
ça
été
fini
j’ai
dit
à
George,
allons
la
retrouver
avant
qu’elle

disparaisse
encore,
mais
on
ne
la
pas
revue.
On
reste
vers
la
sortie,
attendant
qu’elle

sorte
avec
les
autres
spectateurs,
on
voit
tous
ces
visages,
normalement
c’est
pas

difficile
d’identifier
ma
mère,
mais
elle
est
simplement
–
elle
n’est
pas
là.
On
ne
l’a

pas
vue
sortir
du
théâtre.
En
marchant
jusqu’à
notre
voiture
j’essaie
de
lui

téléphoner
mais
bien
sûr
elle
ne
répond
pas.
Cette
femme,
elle
oubliera
de
prendre

ses
médicaments,
elle
oubliera
où
elle
a
mis
les
clés,
mais
elle
se
souviendra
que
j’ai

été
impolie
envers
elle
et
ça,
elle
ne
laissera
pas
tomber.
Je
ne
sais
pas
quelle

condition
mentale
c’est,
ça.


SCENE
V


ROSE
va
commencer
un
petit
teste
de
mémoire.

L’HOMME
et
LA
FEMME
commencent
et
dirigent

ce
test.
Ils
lisent
chaque
question
chacun
à
son

tour.
Les
questions
peuvent
être
aussi
projeté
sur

un
écran.



1.
Écrivez
votre
nom
et
prénom
:
________________________________

2.
Aujourd’hui
c’est
:
_____________________

3.
La
date
est
:
___________________
(jour/mois/année)

4.
Quel
âge
avez
vous
?
_____________

5.
Quelle
est
votre
date
de
naissance
?
_______________


6.
Copiez
la
phrase
suivante
:


«
Les
poissons
ne
vivent
pas
dans
les
arbres.
»

______________________________________________________

Relisez
cette
phrase
et
essayez
de
la
mémoriser.



7.
Qui
est
le
Président
?
____________________

8.
En
quelle
année
est‐ce
que
la
Première
Guerre
mondiale
a
commencé
?

_____________


9.
Les
mathématiques
:

20
–
4
=
______



 12

16
+
17
=
______

8
x
6
=
______

4
+15
–
17
=
______


10.
Faire
une
liste
de
quatre
choses
qu’on
peut
trouver
au
supermarché.

Ex
:
Des
pommes

‐ __________________

‐ __________________

‐ __________________

‐ __________________


11.
Quel
est
le
point
commun
entre
une
carotte
et
une
pomme
de
terre
?

12.
Quel
est
le
point
commun
entre
un
lion
et
un
loup
?



*Mémorisez
encore
la
phrase
avant
de
tourner
la
page
:


«
Les
poissons
ne
vivent
pas
dans
les
arbres.
»


On
passe
à
la
page
suivante
du
test.


13.
Nommez
les
parties
de
cet
objet.


[Dessin
d’une
chemise]










14.
Connectez
les
cercles
pour
former
une
lettre
de
l’alphabet.
Ignorez
les
carrés.











15.
Sans
retourner
la
page,
réécrivez
la
phrase
que
vous
avez
copiée
avant.




_______________________________________________________________



 13


16.
Remplissez
cette
horloge.
Mettez
les
numéros
1‐12
dedans,
et
indiquez
11H20.

[Dessin
d’un
cercle
vide]









TINA

C’est
déjà
(elle
consulte
sa
montre)
2
heures
après
le
concert.
11H20.
Nous
allons
en

voiture
chez
elle
et
George
me
laisse
à
l’appartement
de
ma
mère
;
j’attends
devant

la
porte
qu’elle
arrive.
Elle
n’arrive
pas.
Elle
ne
répond
toujours
pas
à
mes
coups
de

fil.
Pourtant
j’observe
que
sa
voiture
est
là,
et
je
me
demande
comment
elle
est
allée

au
concert.
Elle
a
pris
un
taxi,
probablement.
Je
suis
anxieuse.
C’est
évident
?
Je

m’inquiète.
(Elle
consulte
sa
montre.)
2
heures
16
minutes.



L’HOMME/MEDECIN

Où
êtes‐vous
?


ROSE

Je
suis
là.



L’HOMME/MEDECIN

Où
êtes‐vous
exactement
?


ROSE

Ailleurs.


L’HOMME/MEDECIN

Mais
où
?


ROSE

Dans
les
arbres
?


L’HOMME/MEDECIN

Non.
Vous
n’êtes
pas
dans
les
arbres.


ROSE

À
la
plage
?


L’HOMME/MEDECIN

Non.
Vous
n’êtes
pas
à
la
plage.



 14

ROSE

Jaune.
Je
suis
jaune.


L’HOMME/MEDECIN

Alors
jaune
est
votre
couleur.
Mais
où
êtes‐vous
?


TINA

Un
moment
d’horreur
me
saisit.
Et
si
j’attendais
tout
ce
temps
devant
la
porte
de

quelqu’un
d’autre
?
Et
si
ce
n’est
pas
en
fait
l’appartement
de
ma
mère,
si
ce
truc

m’était
arrivé
génétiquement
et
j’ai
oublié
moi‐même
où
habite
ma
mère
?


Respire,
Tina.



Soudainement
je
la
vois.
Ma
mère.
J’entends
ses
pas
dans
l’escalier,
et
elle
est
sur
le

palier,
me
regardant
avec
des
yeux
curieux.
Tout
ce
que
j’avais
ressenti
s’est

transformé
en
un
immense
soulagement
à
ce
moment‐là,
en
la
voyant
devant
moi.
Je

suis
toujours
devant
la
porte,
comme
une
clocharde.
On
ne
dit
pas
un
mot
pendant,

je
sais
pas.
Une
minute
entière.


TINA
parle
à
sa
mère.


Maman
?
Où
étais
–
?
Ça
va
?


Elle
s’avance
avec
hésitation.
Puis
elle
embrasse

l’espace
devant
elle
qui
est
sa
mère.


SCENE
VI


LA
FEMME/MEDECIN

De
quelle
couleur
est
le
sang
?


ROSE

Rouge.



LA
FEMME/MEDECIN

Et
le
ciel
?


ROSE

Bleu.


LA
FEMME/MEDECIN

Et
la
neige
?


ROSE

Blanche.



 15

LA
FEMME/MEDECIN

Et
le
lait
?


ROSE

C’est
bon.


LA
FEMME/MEDECIN

Citez‐moi
le
nom
d’une
fleur.


ROSE

Je
les
adore
toutes.


LA
FEMME/MEDECIN

Où
vit
le
poisson
?


ROSE

Dans
la
forêt,
sur
les
arbres.


TINA

Elle
est
revenue
en
taxi,
dit‐elle.
Elle
est
allée
dîner
avec
un
ami
après
le
concert,
dit‐
elle.
Qui
est
ton
ami
?
Où
êtes‐vous
allés
?
Qu’est‐ce
que
vous
avez
mangé
?
Elle
ne
se

souvient
pas.
Bientôt
je
ne
sais
plus
quoi
demander,
je
n’ai
plus
de
moyens
pour

aider
sa
mémoire.
Il
est
tard,
allons
dans
l’apparte,
dis‐je.
Elle
fouille
dans
son
sac
à

main
:
où
sont
mes
clés,
où
sont
mes
clés.
Maintenant
elle
pense
que
j’ai
pris
ses
clés.

On
se
dispute.
Je
suis
fatiguée.
Je
suis
tellement.
Epuisée.


L’HOMME/MEDECIN

Y
a‐t‐il
quelque
chose
dont
vous
avez
peur
?


ROSE

C’est
pas
loin
d’ici.


LA
FEMME/MEDECIN

Récitez
moi
l’alphabet,
s’il
vous
plaît.


ROSE

Je
ne
suis
pas
habillée
pour
ça.


L’HOMME/MEDECIN

Encore
une
fois,
Rose.
Où
êtes‐vous
?


ROSE

Vers
la
fin.
Je
suis
vers
la
fin.





TINA

Où
est‐elle
?
La
réponse
est
assez
simple
:
Elle
est
là
sans
y
être.



 16

SCENE
VII


L’HOMME
et
LA
FEMME
discutent
leurs
notes
et

leurs
observations.


L’HOMME/MEDECIN
(à
ROSE
et
TINA)

Je
vais
essayer
d’être
le
plus
clair
que
possible,
pour
que
vous
puissiez
comprendre

la
situation.



Il
était
une
fois,
un
homme
qui
s’appelait
Alois
Alzheimer.
Il
était
un
neuropsychiatre

allemand
qui
a
décrit
pour
la
première
fois
en
1907
la…
bon,
ben…
la
maladie

d’Alzheimer.


LA
FEMME
(en
lui
coupant
la
parole)

Vous
dites
n’importe
quoi
;
ça
c’est
pas
du
tout
utile.



L’HOMME/MEDECIN

Je
dis
la
vérité
historique.
Je
commence
tout
au
début.



LA
FEMME

Pour
qu’on
soit
le
plus
clair
possible,
je
vous
propose
un
autre
moyen
d’explication.

Soyez
le
Docteur.
Vous
êtes
le
Dr.
Alois
Alzheimer.


L’HOMME

J’accepte
ce
que
vous
proposez.
On
recommence.



(En
serrant
la
main
de
ROSE
et
TINA)


Bonjour,
je
suis
Docteur
Alzheimer.


Voici
une
de
mes
patients,
Auguste
Deter.


(Il
fait
un
signe
vers
LA
FEMME.)


LA
FEMME/AUGUSTE

Oui,
moi
je
m’appelle
Auguste.



L’HOMME/DR.
A

Etant
admise
le
25
novembre
1901,
Auguste
D.
présentait
une
symptomatologie

variée
associant
une
dégradation
progressive
de
ses
facultés
cognitives
:
des

difficultés
de
mémoire
et
de
compréhension,
allant
jusqu’à
l’aphasie,
de

désorientation,
des
comportements
incohérents
et
imprévisibles,
des
hallucinations,

de
la
confusion
mentale
et
une
inaptitude
psychosociale.


LA
FEMME/AUGUSTE

C’est
moi
qui
vous
inspire
la
description
de
la
maladie
qui
allait
bientôt
porter
votre

nom.
C’est
moi,
Auguste.




 17

L’HOMME/DR.
A

Il
est
temps
que
je
vous
pose
quelques
questions.

Quel
est
votre
nom
?


LA
FEMME/AUGUSTE

Auguste.


L’HOMME/DR.
A

Votre
nom
de
famille
?


LA
FEMME/AUGUSTE

Auguste.


L’HOMME/DR.
A

Quel
est
le
nom
de
votre
mari
?


LA
FEMME/AUGUSTE

Auguste,
je
crois.


L’HOMME/DR.
A

Votre
mari
?


LA
FEMME/AUGUSTE

Ah,
mon
mari.


L’HOMME/DR.
A

Elle
semble
ne
pas
comprendre
la
question.


Une
pause.


LA
FEMME/AUGUSTE

Ich
hab
mich
verloren.1


Une
pause.


L’HOMME/DR.
A

Auguste
Deter
est
mort
le
8
avril,
1906.
C’est
la
première
personne
qui
a
été

diagnostiquée
comme
étant
souffrante
de
la
maladie
d’Alzheimer.
































































1
Je
me
suis
perdue,
ou
plus
littéralement,
Je
m’ai
perdue
:
“I
have
lost
myself”



 18

SCENE
VIII


ROSE

Alors
ce
jour‐là,
j’ai
appris
que
j’étais
la
5.450.897ème
personne
diagnostiquée.
Ils

m’ont
présenté
tous
ces
chiffres
;
un
moment,
je
les
ai
écrits
quelque
part
:


Elle
fouille
dans
son
sac
à
main.

Elle
sort
des
Post­its.


En
2040,
ce
sera
11
millions
de
personnes
qui
souffriront
de
la
maladie
d’Alzheimer.

En
2050,
ce
sera
13,2
millions.



Je
suis
une
autre
Auguste.

Pourtant
je
m’appelle
Rose.
Comme
la
fleur,
oui.



TINA

Il
n’y
a
jamais
de
bon
moment
pour
annoncer
ce
genre
de
nouvelles.

On
entend

tous

ces
mots
:
la
démence.
IRM
cérébral.2

EEG.3
Donépézil.4
Mais
on
ne
les
comprend

pas,
forcément.


ROSE

C’est
une
langue
étrangère.


C’est
une
langue
encore
plus
étrangère
que
celle
que
je
parle.



TINA

Inguérissable.
Ça
c’est
un
mot
que
je
comprends.


Et
le
médecin
me
dit
:


L’HOMME/MEDECIN

C’est
important
que
vous
sachiez
:
vous
devez
présider
à
la
dégénération
d’une

proche,








L’HOMME/MEDECIN

 
 
 
 




ROSE

de
quelqu’un
que
vous
aimez
beaucoup
;

 



De
quelqu’un
que
tu
aimes
beaucoup

vous
devez
le
faire
peut‐être
pendant

des
années,
en
sachant
que
la
situation

deviendra
toujours
pire,
 
 
 
 
 




ROSE

jamais
meilleure…
 
 
 
 



Jamais
meilleure.

Et
d’une
manière
ou
d’une
autre,

vous
devez
surtout
garder
le
sourire.




























































2
Imagerie
par
résonance
magnétique
du
cerveau

3
Électro‐encéphalographie

4
Le
donépézil
est
indiqué
dans
le
traitement
symptomatique
de
la
maladie
d'Alzheimer
dans
ses


formes
légères
à
modérément
sévères.



 19

ROSE

Surtout,
garder
le
sourire.

Point
d’apprentissage
numéro…
C’est
le
numéro…



LA
FEMME

Point
d’apprentissage
#2.



TINA

Je
n’ai
pas
vraiment
envie
de
sourire
en
ce
moment.
Mais
je
le
fais,
pour
ma
mère.


Je
lui
souris
;
je
souris
au
médecin.
Et
avec
mes
yeux
je
lui
demande
:

Est‐ce
qu’il
y
a
des
bonnes
nouvelles
dans
tout
ça
?
Quelque
chose
de
positif
?



L’HOMME/MEDECIN

Il
faut
que
vous
sachiez
que
vous
n’êtes
pas
seule.
Ni
vous,
ni
votre
mère.



TINA

Il
nous
parle
de
ces
groupes
de
soutien
:
pour
rencontrer
d’autres
personnes
qui

sont…
dans
une
situation
pareille.

Pour
nous
faciliter
un
peu
la
vie.


L’HOMME/MEDECIN
(à
TINA)

Prenez
soin
de
votre
mère,
mais
prenez
également
soin
de
vous.


TINA

Tout
ce
que
je
veux,
c’est
un
peu
de
temps
pour
moi‐même.
Pour
faire
des
courses.

Pour
déjeuner.


Nous
essayons
d’aller
à
un
de
ces
groupes.



ROSE

Il
y
a
plein
de
choses
à
réapprendre.
Chaque
semaine
j’apprends
comment
sourire.

Chaque
semaine
j’apprends
le
nom
de
quelqu’un
de
nouveau.

Chaque
semaine
les
facilitateurs
nous
demandent
:
est‐ce
que
quelqu’un
se
souvient

de
ce
qu’on
a
fait
la
semaine
dernière
?


Personne
ne
sait.
Et
nous
rions,
tous
ensemble.


SCENE
IX


ROSE
et
TINA
sont
dehors.
La
neige
tombe
autour

d’elles.



ROSE

Il
pleut.


TINA

C’est
pas
de
la
pluie,
maman.




 20

ROSE

Mais,
tu
vois.
Elle
tombe,
la
pluie.


TINA

Non
c’est
pas
de
la
pluie,
maman.


ROSE

Il
pleut
et
il
fait
froid.


TINA

C’est
de
la
neige.


ROSE

La
neige


TINA

Oui.
Une
poudre
blanche.
Qui
est
froide.


ROSE

La
neige


TINA

C’est
pas
de
la
pluie.


ROSE

Pas
la
pluie.


TINA

Non.


ROSE

Pas
la
pluie.
Pas
la
pluie.
Pas.


Levant
ses
yeux,
TINA
regarde
la
neige.
Derrière

elles,
la
FEMME
ouvre
un
parapluie
et
le
pose
sur

leurs
têtes;
un
abri
contre
la
neige
qui
tombe.



La
pluie.
La
pluie.
Pas
la
pluie.






FIN



 21


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