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INSTITUTIONS JUDICIAIRES
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Bibliographie
- R. Perrot, « Institutions judiciaires », Précis Domat. Montrchretien, 11eme éd. 2004
- J. Vincent, S. Guinchard, G. Montagnier et A. Varinard, « Institutions judiciaires »,
Précis Dalloz, 8eme ed. 2005
- G.Guidicelli-Delage, « Institutions judiciaires et juridictionnelles » Coll. Droit
fondamental, P.U.F., 6eme éd., 2001
- F.Kernaleguen « Institutions judiciaires », Litec, 3eme éd., 2003
- M.-L. Rassat « Institutions administratives et juridictionnelles » Ellipses Marketing,
2005, du même auteur « Institutions judiciaires », P.U.F, Coll. Premier Cycle, 2eme
ed. 1996, « La justice en France », P.U.F., Coll. Que sais-je, 6eme ed. 1999.
- R. Bernardini, N. Fricéro, « L'essentiel des institutions judiciaires », Gualino éditeur,
2eme ed. 2000
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INTRODUCTION
Depuis toujours, dans toute société, il s’est trouvé des gens chargés de juger les
autres. La vie en collectivité n’est rendue possible que par l’élaboration de
normes et de règles de comportement. L’espèce humaine étant ce qu’elle est, il
est inévitable que ces règles ne soient toutes spontanément respectées et que
naissent des conflits qu’une institution devra trancher.
- Quantitativement
Quelques chiffres illustrent l’importance quantitative de la justice dans
notre pays. La France compte environ 7523 magistrats de l’ordre
judiciaire. Près de 200 sont affectés à l’administration centrale du
ministère de la justice ou dans d’autres ministères, 7300 sont donc en
fonction, au siège ou au parquet, à la Cour de cassation, dans les cours
d’appel, les tribunaux de grande instance (et par suite dans les tribunaux
d’instance dont le service est assuré par des juges des tribunaux de grande
instance). Ces magistrats sont assistés d’environ 20.000 fonctionnaires
des greffes, dont 9.500 greffiers en chef et greffiers. Les juridictions
françaises, composées de juges professionnels, ont rendu, en 2006, 2
665 664 décisions civiles et 1 137 059 décisions pénales .
- Symboliquement
La justice n’a, au fond, qu’un but : assurer la liberté de chacun, en fixant
des frontières. Elle est à la fois le baromètre et le régulateur d’une société
dont elle exprime les tensions, traduit les carences et reflète les
perversions.
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- Juridiquement
L’action de la justice est aussi essentielle pour donner sa force à la règle
de droit. Sans le juge, le droit ne serait que concepts stériles, des mots
sans force, un tigre de papier.
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Sous-section 1. La justification du monopole étatique: la structure bipartite
de la décision juridictionnelle
I. La jurisdictio
Dire le droit, c’est appliquer à des éléments de fait une règle de droit pour
énoncer la solution du litige. On appelle jurisdictio ce pouvoir de dire le droit
dont est investit le juge. Il caractérise l’acte juridictionnel.
II. L’imperium
Or, comme l’Etat est seul détenteur de la force publique, il est clair qu’un tel
pouvoir de commandement ne peut appartenir qu’à une personne investie par
l’Etat lui-même du pouvoir de juger.
1
par ex. Cass. 2eme Civ. civ 24 mars 2005, pourvoi n° 03-15791, Bull. civ. II n° 78, CA Paris 20 janvier 1999
D.99, IR, 125
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Sous-section 2. Conséquences du monopole
Aucune autre autorité que les cours et tribunaux légalement institués ne peut
rendre la justice au moyen de jugements ayant autorité de la chose jugée et force
exécutoire.
L’autorité de la chose jugée, c’est la force de vérité légale qui s’attache à l’acte
juridictionnel et qui permet de considérer que ce qui a été jugé est conforme à la
vérité.
Elle implique que le plaideur, dont le droit a été reconnu, peut se prévaloir du
jugement et de tous les avantages qui en découlent pour lui.
L’autorité de la chose jugée s’impose aussi au juge qui a jugé. Dès que le
jugement est prononcé, il est en effet dessaisi et ne peut plus à nouveau
connaître de l’affaire, même si les parties sont d’accord. En prononçant sa
sentence, le juge épuise son pouvoir de juger, son pouvoir juridictionnel.
Le Code civil, en son article 4, dispose en effet que les juges ont l’obligation de
statuer même lorsque la loi est muette ou obscure. Si le juge ne peut découvrir
dans la loi aucune solution au litige qui lui est soumis, il lui appartient de statuer
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selon la décision qui lui paraît la plus conforme aux principes du droit, mais il
doit nécessairement se prononcer.
Il a donc non seulement le devoir de rendre la justice, mais aussi de le faire dans
un délai raisonnable. Cette exigence, qui résulte de l’article 6-1 de la convention
européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales,
fait obligation à l’Etat de prendre les mesures nécessaires pour que la justice ne
soit pas rendue dans des délais anormaux. A défaut, l’Etat peut être condamné à
des dommages intérêts.
• soit les parties prévoient d'avance, dans un contrat (peu importe l'objet :
contrat de service, de fourniture, de vente, etc.), qu'en cas de litige
quant à l'exécution de ce contrat, elles s'abstiendront de saisir un
tribunal étatique et auront recours à l'arbitrage : elles insèrent dans
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l'acte une clause compromissoire. Cette clause n'est valable qu'en
matière commerciale.
• soit, une fois le litige né, les parties signent un compromis (contrat
spécial par lequel les parties décident de soumettre leur différend à tel
ou tel arbitre, cf. Code Civil, articles 2059 et suivants).
La justice arbitrale est très chère, à peine plus rapide que la justice étatique, et
n'échappe pas au droit. L’arbitre est seulement dispensé de statuer en droit
lorsque les parties lui demandent de statuer en amiable composition (c’est à
dire sans faire appel aux règles de droit – en équité). En pratique les arbitres
sont souvent des avocats, des professeurs de droit, d’anciens hauts magistrats,
etc. L'avantage principal de cette justice est le défaut de publicité. L’arbitrage
s’applique en particulier en droit des affaires et en droit du commerce
international.
Mais une sentence arbitrale n'est pas exactement l'équivalent d'une décision
judiciaire. Dépourvu de l’imperium, l’arbitre rend des décisions qui ne sont pas
exécutoires. Si l’une des parties refuse d’appliquer la sentence, l’autre devra
s’adresser à une juridiction étatique, le président du tribunal de grande instance,
pour qu’il confère force exécutoire à la décision par la procédure d’exequatur.
Il est normalement possible de faire appel d'une décision arbitrale devant les
juridictions étatiques, mais les parties peuvent exclure l'appel dans le contrat. Et
de toute façon, l'appel est automatiquement fermé quand les parties demandent à
l'arbitre de statuer en amiable compositeur. Cependant, l'appel sera toujours
ouvert comme moyen d'annulation s'il y a vice de forme.
Quand un arbitre dit le droit, il fait acte de jurisdictio, il énonce une sentence.
Comme toute décision de juge, cette sentence est dotée de l’autorité de chose
jugée.
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Sous l’Ancien Régime, les fonctions législative, exécutive et judiciaire étaient
confondues en la personne du souverain. Par conséquent, toute la justice était
dépendante du roi, les juridictions lui étaient soumises, et il pouvait casser toute
décision. Les institutions juridictionnelles de cette époque n’étaient pas des
juridictions indépendantes. La justice était rendue au nom du roi. On parlait
alors de justice retenue.
Les rois devant satisfaire d’importants besoins d’argent sans augmenter les
impôts, la royauté a eut l’idée de vendre les emplois publics (ce qu’on a appelé
la vénalité des charges).
Au début, toutes les fonctions publiques étaient achetables sauf celle des juges
(office de judicature), car le roi voulait garder un certain contrôle sur la justice.
François 1er, en 1522, décida de vendre les offices de judicature, les conditions
de détention de ces offices étaient les suivantes : les offices n’étaient pas
revendables, et elles n’étaient pas successibles au fils. Leur vente ne connut
aucun succès.
En 1567, les offices de judicatures devinrent cessibles entre vifs (avec un droit
de cession), et en 1604 ces offices devinrent successibles (Henri IV) (sous
réserve de paiement d’un impôt annuel). Elles connurent un succès très
important, mais s’avèrent être un engrenage fatal pour la royauté.
Ces parlements ont voulu exercer un rôle politique en se comportant comme des
contrepoids à l’absolutisme royal, en édictant des arrêts de règlement en en
refusant d’enregistrer des actes royaux.
Les arrêts de règlement sont des décisions de principe prises par un parlement,
et par laquelle celui-ci décide, pour l’avenir, que toutes les affaires semblables
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seront jugées de la même manière : telle décision de droit sera toujours
appliquée dans le même sens. Ce qui équivalait à l’élaboration d’une règle
générale applicable à toute une province. En instaurant ainsi une règle de droit,
générale et impersonnelle, les parlements s’arrogeaient l’équivalent d’un
pouvoir législatif.
L’existence d’un pouvoir judiciaire était alors palpable. C’est sans doute
pourquoi les révolutionnaires, inspirés par les idées de Montesquieu qui prônait,
dans L’esprit des lois (1748) la séparation des trois pouvoirs (législatif, exécutif
et judiciaire), supprimèrent les parlements par un décret du 3 novembre 1789,
puis limitèrent par la loi des 16 et 24 août 1790 les pouvoir des juridictions
nouvelles qu’ils venaient de créer.
Ainsi, est proclamé la prohibition des arrêts de règlement (Art. 10: « Les
tribunaux ne pourront prendre directement ou indirectement, aucune part à
l’exercice du pouvoir législatif, …» et l’interdiction du refus d’enregistrement
des actes législatifs « …ni empêcher ou suspendre l’exécution des décrets du
corps législatif, sanctionnés par le roi, à peine de forfaiture ».
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a) l’article 4 du code civil énonce que « Le juge qui refusera de juger,
sous prétexte du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi,
pourra être poursuivi comme coupable de déni de justice ». Ce texte
interdit au juge de refuser l’exécution des lois. Il ne peut qu’appliquer
la loi, étant entendu que si celle-ci est ambiguë ou incomplète, il doit
l’interpréter et suppléer à son silence.
Le justiciable qui veut introduire un recours en justice doit tout d'abord se poser
la question de savoir quel ordre de juridiction est compétent pour le recevoir :
l'ordre judiciaire ou l'ordre administratif.
C'est seulement ensuite que se pose la question de savoir devant quel tribunal de
l'ordre judiciaire ou de l'ordre administratif il doit actionner.
C'est le Tribunal des conflits qui est chargé de répondre à la question lorsqu'il y
a conflit de compétence.
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Le tribunal des conflits comprend 3 conseillers d'Etat qui sont élus par le
Conseil d'Etat pour 3 ans, 3 conseillers de la Cour de cassation qui sont élus par
la Cour de cassation pour 3 ans. Les conseillers d'Etat élus et les conseillers de
la Cour de cassation élus élisent eux-mêmes, respectivement et pour 3 ans, un
conseiller d'Etat et un conseiller à la Cour de cassation ainsi que les deux
suppléants. Les 2 commissaires du gouvernement (qui ne représentent pas le
Gouvernement mais sont chargés de "dire le droit") sont nommés par le
Président de la République, ainsi que leurs deux adjoints, pour un an.
Ainsi, ce sont les mêmes magistrats qui composent les tribunaux d’instance et
de police, les diverses formations des tribunaux de grande instance, les diverses
chambres des cours d’appel.
Ces magistrats exercent dans les petites juridictions les fonctions civiles et
pénales (fonctions cumulatives) et dans les autres des fonctions civiles ou
pénales (fonctions alternatives) .
Une juridiction de droit commun est, en principe, compétente pour tout litige
qui n'est pas spécialement attribué à une autre juridiction.
Une juridiction d'attribution est compétente pour une ou plusieurs matières qui
lui sont spécialement attribuées par un texte.
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A côté du tribunal de grande instance, existent des juridictions d'attribution : le
tribunal d'instance, le tribunal de commerce, le conseil de prud'hommes, le
tribunal des affaires de sécurité sociale, le tribunal paritaire de baux ruraux.
A) Son organisation
Le tribunal de grande instance est dirigé par un président qui est chargé de la
gestion de la juridiction (crédit, équipement, personnels) et de l’administration
du tribunal (il fixe le nombre d’audiences, affecte les magistrats dans les
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différents services, répartit les affaires entre les chambres, entre les juges
d’instruction, ...) en concertation avec les assemblées générales de la juridiction
(assemblée générale des magistrats du siège, assemblée générale des magistrats
du parquet, assemblée générale de tous les magistrats, assemblée générale de
tous les magistrats et des fonctionnaires de la juridiction).
Le TGI est la juridiction de droit commun en matière civile, c’est à dire qu’il est
compétent pour toutes les matières qui ne relèvent pas de la compétence
spéciale d’une autre juridiction.
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- Le juge de la mise en état est chargé de veiller au déroulement
normal des procédures civiles avant leur examen à l'audience du
tribunal.
1) Le tribunal correctionnel
Il juge donc les délits, c'est-à-dire les infractions que la loi punit d'une peine
d'emprisonnement de dix ans au plus ou d'une peine d'amende supérieure ou
égale à 3 750 euros, sauf récidive ou cas particulier.
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Le tribunal correctionnel peut avoir des formations spécialisées. Dans chaque
ressort de cour d’appel existe au moins une formation spécialisée pour les
affaires économiques et financières avec un juge d’instruction de la même
spécialisation. Dans chaque ressort de cour d’appel existe également un tribunal
correctionnel obligatoirement compétent en matière militaire.
En tant qu’enquêteur, il informe sur les faits qui lui sont déférés, c'est-à-dire
qu'il va diriger l'enquête qui lui est confiée, en veillant à instruire à charge et à
décharge :
En tant que juge, il statue sur les demandes des parties et du ministère public.
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Il apprécie également les charges pensant sur la personne mise en examen et
décider de renvoyer ou non l'affaire devant la juridiction de jugement.
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Les ordonnances du juge de l'application des peines sont prises au sein d'un
organe consultatif, la commission de l'application des peines, qui réunit le
procureur de la République et le chef d'établissement ainsi que les personnels de
surveillance, socio-éducatif et médical. Le détenu peut être entendu par le juge
de l'application des peines, soit en audience privée, soit au sein de la
commission avant que celle-ci ne donne son avis au juge.
Garant des libertés individuelles, il exerce une mission de surveillance sur les
établissements pénitentiaires relevant de sa compétence.
Son rôle en milieu ouvert est de détailler les conditions précises de la peine et
d’assurer un contrôle à l'égard des condamnés placés sous surveillance de
justice.
Les mineurs bénéficient d’un régime particulier. Ils ne relèvent pas des
formations ordinaires du tribunal de grande instance mais d’un magistrat
spécialisé, le juge des enfants qui joue à la fois un rôle répressif et un rôle civil.
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L'action pénale du juge des enfants est commandée par l'Ordonnance du 2
février 1945 dont la philosophie consiste à privilégier les mesures d'assistance et
d'éducation applicables aux mineurs concernés, la sanction pénale étant
l'exception.
C’est le juge des enfants qui décide soit de leur appliquer une solution
éducative, (c’est ce qu’il fait dans plus de la moitié des cas. En 2005, sur 73 161
mineurs jugés par les juges des enfants, 39 332 l’on été en audience de cabinet)
soit de leur faire subir une sanction pénale.
S’il décide de ne prononcer qu’une mesure éducative, celle-ci est prononcée par
le juge des enfants statuant seul en son cabinet.
En revanche, s’il décide de lui infliger une sanction pénale, il renvoie le mineur
devant le tribunal pour enfants.
Cette juridiction est composée du juge des enfant, qui le préside, assisté de deux
assesseurs nommés par le Garde des Sceaux pour quatre ans parmi des
personnes ayant au moins trente ans et s’intéressant aux questions relatives à
l’enfance.
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Le tribunal pour enfant est aussi compétent pour juger les crimes commis par
les mineurs âgés de moins de 16 ans. Les crimes commis par les mineurs âgés
de plus de 16 ans sont jugés par la cour d’assises des mineurs (voir supra)
Le juge des enfants surveille l’exécution des peines, notamment en vue de leur
modification éventuelle.
En 2005,les juges des enfants ont été saisis de la situation de 111 706 mineurs
en danger.
Le juge peut être saisi par toute personne intéressée (le mineur, les parents, le
procureur de la République) et se saisir lui-même sur le rapport des services
sociaux.
Les mesures éducatives sont une assistance offerte à l'enfant (et non pas dirigée
contre ses parents) pour faire cesser le danger et restaurer des conditions de vie
et d'éducation acceptables pour chacun. Le juge des enfants agit donc en
recherchant l'adhésion de la famille aux mesures qu'il ordonne.
Pour choisir les mesures qui seront adaptées à la situation de chaque enfant, le
juge fait procéder à des mesures d'investigations socio-éducatives et
psychologiques. S'il décide seul de l'action à entreprendre, il ne le fait qu'après
s'être entouré d'avis divers et autorisés de professionnels : assistantes sociales,
éducateurs, psychologues, conseillers d'orientation, pédopsychiatres, etc.
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Dans la mesure du possible, le mineur doit être maintenu dans son milieu
familial. Ce maintien pourra être assorti de mesures d'assistance éducative en
milieu ouvert ou d'obligations particulières.
Ce n'est que de manière exceptionnelle que le juge pourra recourir à une mesure
de placement, s'il s'avère impossible de maintenir l'enfant dans sa famille. Les
parents conservent l'autorité parentale.
A) Le tribunal d’instance
1°) Organisation
C'est une juridiction d'exception, c'est-à-dire qu'elle n'est compétente que dans
les domaines où sa compétence a été expressément prévue par un texte.
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Le juge d’instance est aussi le juge des tutelles des majeurs et des mineurs.
Il possède aussi une compétence particulière pour d’autres litiges, et ce, quel
que soit leur montant, portant sur les louages d’immeuble, les crédits à la
consommation, les servitudes, les actions possessoires, les demandes en
bornage, le contentieux électoral, etc.
Le juge d’instance statue seul, à juge unique, après une phase obligatoire, mais
en fait assez théorique, de tentative de conciliation.
B) Le tribunal de commerce
C’est la plus ancienne des juridictions françaises qui date du XVIe siècle (édit
du chancelier Michel de l’Hôpital de 1563) et qui fut constituée sur le modèle
des juridictions des républiques marchandes italiennes où les juges portaient le
nom de « consuls ».
Les juges consulaires sont des commerçants et des entrepreneurs élus par leurs
pairs, les commerçants et entrepreneurs.
Pour être élu, il faut avoir trente ans et avoir exercé pendant cinq ans. Les juges
sont élus pour deux ans la première fois et ensuite pour quatre ans.
Les fonctions sont gratuites. L’indépendance des juges n’est pas garantie mais
des sanctions disciplinaires peuvent être prises par une Commission nationale
de discipline présidée par un président de chambre de la Cour de cassation et
composée d’un conseiller d’Etat, de deux magistrats de cour d’appel et de
quatre juges consulaires élus par les présidents de tribunaux de commerce. Les
sanctions sont le blâme ou la déchéance des fonctions.
2) Organisation et fonctionnement
Les tribunaux de commerce sont créés par décret en fonction des besoins, leur
implantation dépend donc des activités économiques. Il y a 191 tribunaux de
commerce auxquels il faut ajouter les sept chambres commerciales d’Alsace
Moselle qui fonctionnent au sein des tribunaux de grande instance de Colmar,
Metz, Mulhouse, Sarreguemines, Saverne, Strasbourg, Thionville et les quatre
tribunaux mixtes de commerce de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion
qui sont composés d’un magistrat du TGI et de deux assesseurs commerçants
élus comme juges consulaires.
Le tribunal peut être subdivisé en chambres spécialisées qui sont dirigées par un
président qui, sur avis de l’assemblée générale, est désigné par le président du
tribunal.
Son greffe n’est pas assuré par des fonctionnaires de l’Etat comme dans toutes
les autres juridictions, mais par un greffier titulaire de charge. C’est un
professionnel libéral propriétaire du greffe. Il est rémunéré par les parties en
fonction d’un barème fixé par décret. Il est aussi chargé de tenir le registre du
commerce.
C) Le conseil de prud’hommes
L’origine historique est ancienne: leur ancêtre est une juridiction qui existait
sous l’ancien régime à Lyon dans le milieu des fabricant de soie : juridiction
chargée de concilier les fabricants de soie et leurs ouvriers en cas de litiges, et à
défaut de conciliation, ils étaient aussi chargés de le trancher. A l’époque, c’était
une juridiction paritaire : autant de représentants des patrons que des ouvriers.
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Le conseil de prud’hommes est une juridiction paritaire comprenant des
représentants des salariés et des représentant des employeurs. Il comprend cinq
sections (encadrement, industrie, commerce, agriculture, activités diverses).
Chaque section comprend au moins quatre salariés et quatre employeurs. Les
sections peuvent être subdivisées en chambres, chaque chambre ayant au moins
huit conseillers et l’une des chambres étant alors spécialisée dans le traitement
des licenciements économiques.
Les conseillers sont élus par leurs pairs pour cinq ans renouvelables au scrutin
de liste à la proportionnelle, sur des listes présentées par les organisations
syndicales et patronales.
Lorsqu’il y a partage des voix dans l’une ou l’autre des formations du conseil
des prud’hommes il est fait appel à un juge du tribunal d’instance qui est dit
«juge départiteur ».
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D) Les juridictions de la sécurité sociale
le Tribunal des affaires de sécurité sociale est présidé par un magistrat du siège
du tribunal de grande instance situé au chef-lieu du département, désigné par le
premier président, après avis de l’assemblée générale des magistrats du siège de
la cour d’appel.
L’appel de ces décisions est porté devant la cour nationale, dont le siège est fixé
à Amiens. Elle est présidée par un magistrat de l’ordre judiciaire nommé par
décret. Elle comprend quatre sections présidées chacune par un magistrat du
siège de la cour d’appel d’Amiens, désigné pour trois ans par le premier
président de cette cour d’appel, après avis de l’assemblée générale de la cour, et
entouré de quatre assesseurs représentants à parts égales les salariés et les
employeurs ou travailleurs indépendants.
Le tribunal paritaire des baux ruraux est compétent pour juger en premier et
dernier ressort les conflits qui opposent les bailleurs et les preneurs de biens.
A) Le tribunal de police
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Le tribunal de police est l’appellation que prend le tribunal d’instance lorsqu’il
statue en formation répressive.
Les juridictions militaires ont fait l’objet d’une réforme récente par la loi n° 99-
929 du 10 novembre 1999 portant réforme du code de justice militaire et du
code de procédure pénale.
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Depuis une loi de 1993, aucune peine d'emprisonnement ne peut être
prononcée par le tribunal d'instance
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formation de trois membres pour les délits ou une formation de sept membres
pour les crimes.
En temps de guerre, et, si les tribunaux sont établis, en temps d’état de siège et
d’état d’urgence, les infractions militaires et les infractions contre la sûreté de
l’Etat commis sur le territoire de la République sont jugées par les tribunaux
territoriaux des forces armées. Ils sont composés d’un juge d’instruction qui est
un magistrat civil mis à la disposition des armées, d’une chambre de contrôle de
l’instruction composée de deux magistrats civils et d’un assesseur militaire,
d’une ou plusieurs chambres de jugement comprenant deux magistrats civils (un
d’une cour d’appel, un d’un TGI) et trois juges militaires de la même arme et du
même grade que le militaire poursuivi.
Ce tribunal est composé d'un président, qui est un juge du tribunal de grande
instance du lieu ou siège le tribunal maritime commercial et de quatre juges,
professionnels de la navigation maritime
Au nombre de 14, ils sont situés dans les ports les plus importants ( par ex.
Dunkerque, le Havre, Boulogne et Marseille).
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Juridiction d’exception siégeant au Château de Versailles, la Haute Cour est
seule compétente pour juger le Président de la République pour les actes
commis dans l’exercice de ses fonctions.
Les infractions commises par les plus hautes autorités de l’Etat dans leurs
fonctions présentent toujours un caractère politique prononcé, tel que seule une
juridiction spéciale peut en juger..
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La réforme de 2007 n’a pas modifié le principe traditionnel selon lequel le
Président de la République n’est pas un justiciable ordinaire, eu égard au risque
d'affaiblissement qu'entraînerait pour la fonction présidentielle une mise en
cause de la responsabilité du chef de l'État dans les conditions du droit
commun.
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La décision de la Haute Cour de destituer le Président de la République est
d'effet immédiat. En cas de destitution, il est ainsi définitivement mis fin au
mandat en cours du Président, qui redevient par le même fait, un justiciable
ordinaire.
Cette exclusivité de compétence ne peut pas être invoquée dans le cas d’une
infraction commise en dehors de l’exercice des fonctions.
Certains ministres ont été mis en examen devant des juridictions de droit
commun pour avoir participé à des modes illégaux de financement de leurs
partis politiques.
Dans la plupart des cas, c’est la victime qui saisit cette juridiction.
Ex.: en 1994 (la juridiction était alors toute neuve, ce qui peut expliquer le
grand nombre de saisine) la Cour de Justice de la République reçut 249
plaintes, dont seulement 2 émanant du ministère public.
Cette commission des requêtes va jouer un rôle de filtre, pour éviter toute
poursuite abusive.
Elle peut rendre deux sortes de décision, qui dans les deux cas ne sont pas
susceptibles de recours:
A la fin de son instruction, deux décisions sont possibles : un arrêt de non lieu ,
ou un arrêt de renvoi devant la formation de jugement de la Cour de Justice.
Forte composante politique. En effet, dans les deux précédentes phase, il n’y
avait pas de politiques.
Ici encore, nous pouvons remarquer deux différences avec la Haute Cour de
Justice:
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- (2) les arrêts rendus par cette formation, de même que les arrêts
rendus par la commission d’instruction peuvent faire l’objet d’un
pourvoi en cassation devant l’assemblée plénière de la Cour de
cassation.
Jusqu’en 1958, l’appel des juges de paix et des conseils de prud’hommes était
porté devant le tribunal civil. La cour d’appel ne connaissait que les recours
formés contre les décisions du tribunal civil de première instance et du tribunal
de commerce.
Depuis 1958, l’ensemble des appels des décisions de première instance est porté
devant la cour d’appel.
I. Organisation
Elles portent le nom de la ville de leur siège, souvent celui d’un ancien
parlement et qui donc n’est pas nécessairement le chef-lieu d’une région ou
d’un département (par exemple Aix en Provence, Douai ou Riom).
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Elles sont composées uniquement de magistrats professionnels d’un grade
supérieur à celui des magistrats de première instance : un premier président,
des présidents de chambre et des conseillers.
Le premier président peut, en tant que juge du premier degré, statuer en référé
ou par ordonnance sur requête à propos des affaires en cause d’appel. Cela
concerne les affaires jugées en appel qui posent des problèmes d’urgence (et
non pas l’appel des ordonnances de référé et sur requête du président du tribunal
de grande instance, qui est porté devant une (ou la) chambre civile de la cour).
Les arrêts rendus par les cours d'appel peuvent être frappés d'un pourvoi en
cassation.
II. Compétence
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Sous-section 2. Les formations
L’avoué établit les écritures de la partie qu’il représente. Il suit pour elle la mise
en état du dossier. Mais c’est un avocat qui plaide l’affaire à l’audience.
A) La chambre de l'instruction
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Elle est compétente pour statuer sur l’appel des décisions rendues par le juge
d’instruction ou du juge des libertés et de la détention.
La chambre des appels correctionnels juge tous les appels des jugements des
tribunaux de police et des tribunaux correctionnels de son ressort.
La chambre des mineurs juge les appels qui sont interjetés contre tous les
jugements rendus en premier ressort, qui concernent des mineurs qu’ils soient
délinquants ou non délinquants (condamnations et décisions concernant
l’assistance éducative). Les cours d’appel importantes ont une chambre des
mineurs permanente. Pour les autres, les affaires de mineurs sont jugées par une
chambre civile ou une chambre correctionnelle.
A) Généralités
La cour d’assises est la seule juridiction compétente pour juger les crimes, c'est-
à-dire les infractions les plus graves punissables de la réclusion criminelle ou de
la détention criminelle (privation de liberté supérieure à 10 ans).
Depuis la loi du 15 juin 2000, les décisions pénales des cours d’assises peuvent
faire l’objet d’un recours . Dans ce cas, l’affaire est de nouveau examinée par
une autre cour d’assises désignée par le président de la chambre criminelle de la
Cour de cassation, avec un jury composé cette fois de douze jurés.
1) La cour
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La cour, composée de trois magistrats, est présidée par un magistrat de la
cour d’appel, assisté de deux assesseurs qui sont, soit deux autres magistrats de
la cour, soit deux juges du tribunal de grande instance.
2) Le jury
En premier ressort, le nombre des jurés est de neuf. Ce chiffre a été choisi
intentionnellement et pour des raisons techniques en 1958 alors que le chiffre
traditionnel du système anglo-saxon adopté jusqu’en 1940 est le chiffre
mythique et symbolique de douze comme les douze apôtres des Evangiles du
christianisme. Mais le symbole est conservé pour l’ensemble des juges
professionnels et non-professionnels qui sont bien douze (trois magistrats plus
neuf jurés). La majorité, pour déclarer coupable un accusé ou lui refuser les
circonstances atténuantes, étant de huit voix sur douze (majorité des 2/3). Cette
majorité qualifiée ne peut être atteinte qu’à la condition qu’une majorité des
jurés se prononce dans le même sens que les trois professionnels lorsque le vote
de ceux-ci ne se divise pas (trois magistrats plus cinq jurés). En appel le nombre
des jurés est de douze. La majorité qualifiée est alors de dix voix.
Pour être juré, il faut être un Français d’au moins vingt-trois ans sachant lire et
écrire et jouissant de tous ses droits.
Il y a incompatibilité absolue pour les personnes exerçant des fonctions
politiques ou administratives d’un certain niveau et incompatibilité relative pour
toute personne ayant un lien avec l’affaire. Le choix se fait à partir des listes
électorales, chaque commune ayant un nombre d’électeurs à désigner. La liste
annuelle est dressée à la cour d’appel à partir de ces listes communales.
A partir de la liste annuelle (1800 noms à Paris, un nom pour 1300 habitants
ailleurs avec un minimum de 200 noms), trente jours avant le début de la
session d’assises, le premier président de la cour d’appel tire au sort en audience
publique les trente-cinq titulaires et les dix suppléants qui constitueront la liste
de session du jury.
La liste de session est notifiée aux avocats des accusés qui vont comparaître.
Pour chaque nouvelle affaire, le président de la cour d’assises tire au sort les
42
noms des jurés titulaires, et éventuellement des jurés suppléants qui assisteront
aux débats mais ne pourront voter que s’ils sont amenés à remplacer des
titulaires défaillants.
Le ministère public (le parquet) et les avocats des accusés peuvent récuser, en
premier ressort, quatre et cinq noms au fur et à mesure qu’ils sont tirés, et en
appel cinq et six noms.
Créée en 1951 la cour d’assistes des mineurs juge les mineurs de seize à dix-
huit ans et les majeurs ayant commis de concert un ou plusieurs crimes.
En principe, la cassation est totale, mais elle peut être également être
partielle, c'est à dire qu'elle laisse subsister certaines dispositions de la décision
censurée, soit parce que le demandeur au pourvoi ne les avait pas attaquées, soit
parce que la Cour de cassation a rejeté les moyens les concernant.
44
Il faut cependant souligner que dans certains cas, qui restent
exceptionnels (voir l'article 627 du nouveau Code de procédure civile), la
cassation peut être prononcée sans renvoi.
La Cour de cassation est saisie d'environ 25 000 pourvois par an dont 1/3 sont
distribués à la Chambre sociale. Environ un tiers d'entre eux sont des arrêts de
rejet et un tiers des arrêts de cassation (le reste consiste principalement en des
arrêts d'irrecevabilité ).
Moins de 20% des arrêts sont publiés au Bulletin de la Cour de cassation, mais
on peut accéder aux arrêts non publiés par la consultation des banques de
données jurisprudentielles .
45
Le ministère public est composé du procureur général, d’un premier avocat
général, et de dix-neuf avocats généraux.
Ces magistrats sont assistés d’un greffe dirigé par un directeur de greffe et d’un
service de documentation et d’étude dirigé par un conseiller à la Cour de
cassation et composé d’auditeurs et de greffiers en chef.
Chaque chambre est dirigée par un président qui peut être suppléé par le
conseiller le plus ancien, le conseiller-doyen. Mais le Premier président peut
présider toutes les chambres lorsqu’il le pense utile. Chaque chambre est
composée de conseillers et de conseillers référendaires.
Les affaires sont d’abord examinées par une formation de trois magistrats
appartenant à la chambre à laquelle elles ont été distribuées.
Une chambre mixte est une chambre composée des représentants de trois
chambres au moins (le président, le conseiller-doyen, deux conseillers). Elle est
présidée par le Premier président ou le plus ancien des présidents de chambre.
2) L’assemblée plénière
A) La première présidence
Plus précisément, le Premier président répartit tous les ans les conseillers entre
les chambres et détermine les attributions de celles-ci. C’est lui qui distribue les
dossiers entre les chambres, qui désigne, sur propositions des présidents de
chambre, les conseillers qui participeront aux chambres mixtes.
48
B) Le bureau
Il élabore la liste nationale des experts. Il désigne les membres qui constitueront
la commission nationale d’indemnisation pour les détentions provisoires
abusives...
C) L’assemblée générale
Elle réunit tous les magistrats. Elle délibère sur les sujets que le Premier
président ou le bureau lui soumettent. Elle donne son avis au ministre de la
justice sur les sujets ou les textes qu’il lui soumet.
La cour est saisie par un pourvoi. Celui-ci est formé contre une décision rendue
en dernier ressort.
49
En matière civile, le pourvoi doit être formé dans les deux mois de la
signification de la décision attaquée, au greffe de la Cour de cassation, par un
avocat à la Cour de cassation et au Conseil d’Etat.
Le demandeur a ensuite cinq mois pour déposer un mémoire ampliatif dans
lequel il doit formuler les critiques qu'il adresse à la décision attaquée, sous
forme de " moyen de cassation ". Ce dernier doit en quelques lignes exposer de
manière concise et complète les critiques adressée à la décision attaquée.
L'importance du moyen est capitale car la cour de cassation n'est tenue de
statuer que sur son contenu.
Le dossier est ensuite confié à une chambre et à un conseiller rapporteur qui
l'étudiera et qui établira un rapport.
La procédure continue par la transmission du dossier à un avocat général
représentant le parquet qui, à l'audience, émettra oralement un avis sur les
mérites du pourvoi.
L'affaire sera appelée à une audience présidée par le président de la chambre
assisté par au moins quatre conseillers ayant voix délibérative.
C'est normalement aux parties qu'il incombe de former pourvoi. Pourtant, à titre
exceptionnel, le Procureur général de la Cour de cassation peut former un
pourvoi.
50
On peut cependant les classer en deux catégories :
51
- méconnu le champ d=application ou les conditions
d=application d=un texte (par ex 1ere civ 30 janvier 1996 – bull
N° 55, 2eme civ 10 mars 2004 – bull N° 105, 2eme civ 4 mars
2004, bull n° 86, 2eme civ 7 juillet 2005, bull n° 184 )
- commis une mauvaise qualification des faits. (Par ex :
1ere civ 4 mai 1999 – bull N° 148)
52
La Cour de cassation indique alors Aqu=en statuant ainsi,
en l=état de ses constatations@ ou Asans rechercher, sans
préciser, sans s=expliquer, sans constater (tel fait),
(éventuellement : ainsi qu=elle y était invitée par les
conclusions), la cour d=appel n=a pas donné de base légale à
sa décision@
53
Par exemple : pour un défaut de motif : 2eme civ 9
décembre 1997 – bull N° 311, un motif d=ordre général : 1ère
civ, 2 novembre 1981, bull n° 362, des motifs contradictoires :
2eme civ 8 novembre 2001, 00-13.605, 1re civ 8 février 2000,
97-22.387, un motif dubitatif : 2eme civ 6 décembre 1995, des
motifs inintelligibles : 3eme civ, 19 décembre 2000,n° 99-
14.366)
L'hypothèse est la suivante : une décision prise par les juges du fond viole la loi
mais aucune des parties ne forme un pourvoi devant la Cour de cassation contre
cette décision. Si le Procureur général près la Cour de cassation l'apprend, il
peut, après que le délai laissé aux parties pour former pourvoi soit épuisé,
décider de saisir la Cour de cassation à leur place, pour faire censurer la
décision. La cassation, si elle est prononcée, n'a aucun effet sur les parties
(celles-ci restent soumises à la décision censurée). Cette cassation a un but
purement doctrinal et est généralement liée à une question médiatique. On peut
citer en exemple l'arrêt rendu dans l'intérêt de la loi, par l'Assemblée plénière, à
propos des "mères porteuses" (31 mai 1991, Bull. n° 4).
54
2) Le pourvoi pour excès de pouvoir
Commet un excès de pouvoir le juge qui sort gravement des limites de ses
attributions, spécialement lorsqu’il enfreint une règle d’ordre public relative à
l’exercice de son office.
L’excès de pouvoir en matière judiciaire peut être qualifié comme une voie de
fait commise par le juge quand celui-ci sort gravement des limites de ses
attributions, commet un acte incompatible avec ses fonctions juridictionnelles ou
viole l’un des devoirs professionnels généraux qu doivent gouvernent d’une
façon permanente la conduite d’un magistrat .
Par exemple, l’arrêt Bidalou (Cass 1ere civ, 15 janvier 1980, Bull Civ n° 25) :
55
doit être ordonné par le Garde des Sceaux (il n'y a pas d'exemples récents). A la
différence du pourvoi dans l'intérêt de la loi, l'annulation pour excès de pouvoir
s'impose aux parties, comme si elles avaient elles-mêmes formé le pourvoi.
56
- puis ce qu’à décidé la décision attaquée, ou la partie de
cette décision critiquée par le moyen, avec le rappel des
motifs que la juridiction a retenus pour la justifier ;
Si la Cour de cassation estime qu’il y a erreur de droit, elle casse l’arrêt déféré et
renvoie le procès à une autre juridiction du fond de même nature et de même
degré que celle qui a produit l’arrêt cassé (par exemple cour d’appel de
Versailles pour un arrêt de la cour de Paris) ou à la même juridiction mais
composée d’autres magistrats (article L.131-4 du code de l’organisation
judiciaire).
Si le nouvel arrêt après renvoi ne donne pas satisfaction à l’une des parties, un
nouveau pourvoi en cassation peut être formé. Si le pourvoi est formé sur les
mêmes moyens que lors de la première cassation, la Cour de cassation doit alors
se prononcer en Assemblée plénière.
57
2EME PARTIE : LES ACTEURS DE LA JUSTICE
58
titulaires d’un diplôme sanctionnant une formation égale au moins à
quatre années d’études après le baccalauréat ou d’un diplôme délivré
par un institut d’études politiques, ou être ancien élève d’une école
normale.
Ainsi, des concours exceptionnels ont eu lieu en 1980, 1981, 1994 et 1997.
Ils s’adressent à des candidats âgés, pour l’accès au second grade, de 35 ans au
moins et justifiant de 10 années d’activités professionnelles dans le domaine
juridique, administratif, économique et social, les qualifiant particulièrement
59
pour exercer des fonctions judiciaires, pour les fonctions du premier grade de 50
ans au moins et de justifier d’au moins de 15 années professionnelles
qualifiantes.
Ce mode de recrutement est destiné à des candidats ayant dépassé l’age maximal
du concours étudiant, mais ayant des titres suffisants pour justifier leur
admission à l’ENM, sans avoir à subir les épreuves du concours d’entrée. Ils
doivent remplir les conditions suivantes :
Il s’agit d’un mode de recrutement ancien, prévu depuis 1960, mais qui a tardé à
se développer, certainement en partie en raison des réticences qu’il a toujours
60
suscitées de la part des magistrats professionnels attachés à la voie du concours,
mode de recrutement impartial et égalitaire.
Pour pouvoir être intégré directement sur titre dans la magistrature, il faut
remplir les conditions suivantes :
L’instruction des dossiers se fait de la même façon que pour les candidats à
l’intégration en qualité d’auditeur de justice. Cependant, avant de se prononcer
sur l’intégration, la commission d’avancement peut soumettre le candidat à un
stage probatoire de 6 mois en juridiction.
Chapitre 2. L’indépendance
61
prérogatives en la matière pour faire pression ou influencer les magistrats pour
qu’ils rendent des décisions qui leurs soient favorables.
C’est pour cette raison que le statut des magistrats prévoit des garanties
particulières destinées à les protéger des pressions extérieures et qui vont les
distinguer de l’ensemble des autres corps de la fonction publique : elles portent
essentiellement sur leur inamovibilité et le déroulement de leur carrière.
L’inamovibilité signifie qu’un juge ne peut faire l’objet, sans son accord, d’une
mesure individuelle quelconque prise à son encontre par le Gouvernement. On
estime en effet qu’il s’agit là d’une garantie indispensable à une bonne justice
pour mettre à l’abri le magistrat de la pression, qui pourrait consister à le
menacer de le déplacer.
Mais cette garantie n’est prévue que pour les magistrats du siège. Indépendants,
ils n’ont d’ordre à recevoir de personne dans l’exercice de leurs fonctions, pas
même d’un magistrat d’un grade plus élevé. Ils demeurent libres de juger
comme ils l’entendent, dans le respect des règles de droit. Seules les voies de
recours sont là pour corriger ou modifier leurs décisions.
Cette liberté de jugement les distingue des magistrats du parquet qui sont
hiérarchisés et placés sous la subordination du Garde des Sceaux.
Pour éviter que le pouvoir politique ne puisse déplacer un juge qui ne rendrait
pas des décisions qui lui soient favorables, les magistrats du siège bénéficient
d’une garantie constitutionnelle d’inamovibilité, énoncée à l’article 64. 4 : « Les
magistrats du siège sont inamovibles ».
62
Section II. La carrière des magistrats
Pour éviter que le pouvoir exécutif ne soit tenté de nommer des magistrats qu’il
sait par avance qu’ils lui seraient favorables, ou ne favorise la carrière de ceux
qui lui seraient proches, le statut de la magistrature confie une part importante de
la gestion des carrières à un organe différent du gouvernement, le Conseil
supérieur de la magistrature.
63
ses pairs, un procureur général près une cour d’appel élu par ses pairs, un
procureur de la République près un tribunal de grande instance élu par ses pairs,
deux magistrats du parquet élus par leurs pairs au suffrage universel indirect à
deux tours dans le cadre des cours d’appel, un magistrat du siège élu selon la
même procédure, le conseiller d’Etat et les personnalités sus-indiquées.
Le Conseil peut être consulté par le Président de la République sur toutes les
questions concernant l'indépendance de la magistrature. Il possède aussi
d’importantes attributions en matière disciplinaire que nous étudieront
ultérieurement.
Tous les ans, le CSM publie le rapport d’activité de chacune de ses formations.
Mais ses attributions les plus importantes concernent les nominations des
magistrats.
64
Le CSM dispose donc à leur égard d’un véritable pouvoir de proposition. Après
avoir examiné les dossiers des candidats, entendu certains d’entre eux et sur le
rapport d’un de ses membres, il arrête la proposition de nomination qu’elle
soumet au Président de la République.
Les plus hauts magistrats du parquet, les procureurs généraux, sont nommés
directement en Conseil des ministres.
Chapitre 3. L’impartialité
Section I. Définition
5
sur cette question, J.P. Marguenaud, Le droit à l’expertise équitable D 2000, Doctrine p 111
6
CEDH Piersak c/ Belgique 1er octobre 1982 - rec. 8692/79
65
Pour la jurisprudence, elle est toujours présumée7 et il appartient au plaideur qui
s'en plaint de rapporter la preuve de partialité du juge.
66
Section II. Mise en œuvre du concept
Pour garantir l’impartialité du juge, il est prévu deux types de mesure : des
incapacités de juger et des procédures destinées à modifier la composition d’une
juridiction.
Quel que soit le procès à juger, il est interdit à un magistrat d’exercer des
fonctions lorsqu’il a un lien de parenté ou d’alliance avec un magistrat de la
même juridiction. Ainsi, l’art. R 761-1 du COJ dispose que « les conjoints, les
parents et alliés jusqu’au degré d’oncle et de neveu inclusivement ne peuvent
être simultanément membres d’un même tribunal ou d’une même cour en
quelque qualité que ce soit », sauf dispense accordée par décret, si du moins le
tribunal comporte plusieurs chambres et qu’il ne s’agit pas d’un des chefs de
juridiction.
Il est également interdit à une à un magistrat de juger une affaire lorsqu’il existe
un lien de parenté entre lui et l’avocat ou l’avoué de l’une des parties (art R 721-
3 du COJ).
En dehors des cas précédemment cités, il peut arriver que l’un des plaideurs ait
des raisons sérieuses de suspecter l’impartialité d’un ou plusieurs de ses juges.
Mais s’il ne prend pas cette initiative, le plaideur qui a des raisons sérieuses de
suspecter l’impartialité d’un juge ou d’une juridiction toute entière peut les faire
d'une obligation, ne peut ensuite statuer sur le fond du litige afférent à cette obligation. Il faut
cependant préciser que l’intervention d’un même juge dans plusieurs étapes procédurales d’une
même affaire n’est pas nécessairement contraire à l’exigence d’impartialité, dès lors que sa liberté de
jugement n’est pas affecté par cette participation antérieure, notamment lorsqu’il s’est borné à rendre
une décision ne préjugeant pas le fond (Cass. 2eme civ 4 décembre 2003, pourvoi n° 01-16420, Bull.
civ. II n° 361) ou une mesure conservatoire (Cass. Ass. Plen. 6 novembre 1998, pourvoi n° 95-11006,
Bull. civ. AP n° 4, D. 1999 jur. p 1, note J-F. Burgelin. p. 53, note M-A. Frison-Roche. Gaz.
Pal. 15 décembre 1998 p. 12, note F.-J. Pansier et J.-B. Bladier.)
67
écarter en procédant à la récusation ou en demandant le renvoi pour cause de
suspicion légitime.
I. La récusation
La récusation peut être définie comme la procédure par laquelle un plaideur
demande que soit évincé de la composition de la juridiction ayant à connaître de
sa cause un juge qui pourrait manquer d’impartialité.
Les causes de récusation sont énumérées par les codes de procédure civile et
pénale et concernent trois types d’hypothèses :
- le juge ou son conjoint a un intérêt personnel à la
contestation, notamment s’il est créancier, débiteur parent
ou allié, en procès ou lié par lien de subordination avec
l’une des parties ;
- le juge a déjà connu de l’affaire. A cet effet, la
jurisprudence considère que la connaissance que l'un des
juges composant le tribunal peut avoir du litige, dans le
cadre de fonctions antérieures, et ou que les décisions qu'il
a prises dans la même affaire sont de nature à provoquer
chez le plaideur la crainte légitime que la formation de
jugement comprenant ce juge n'offre pas les garanties
suffisantes d'impartialité 11;
- il existe une amitié ou une inimité notoire entre le juge et
les parties.
La récusation est jugée, en matière civile, par la cour d’appel. En matière
pénale cette compétence revient au premier président de la cour d’appel.
11
si l’intervention d’un même juge dans plusieurs étapes procédurales d’une même affaire n’est pas
nécessairement contraire à l’exigence d’impartialité, il en est autrement lorsque les circonstances font
objectivement susciter un doute sur son impartialité. Il en est notamment ainsi lorsque le juge fait partie de la
formation appelée à connaître d‘un recours – autre que l’opposition à un jugement par défaut ou le recours en
révision- formé contre une décision juridictionnelle que ce juge avait rendue ou à laquelle il a apporté son
concours (Cass Civ 2e, 10 oct 1996, Bull Civ n° 233) ou qu’il avait émis dans une instance précédente un
préjugement sur la même affaire (par exemple pour le juge des référés qui a précédemment statué sur
l’attribution d’une provision en raison du caractère non sérieusement contestable d’une obligation qui ne peut
ensuite statuer sur le fond : Cass Ass plén, 6 nov 1998, Bull Civ n°5)
68
Dans ce cas, le plaideur demande, en matière civile, à la juridiction supérieure
de désigner une autre juridiction pour connaître de son affaire.
En matière pénale, la demande est portée devant la Chambre criminelle de la
Cour de cassation.
12
lire sur ce sujet Florence Bussy, L’erreur judiciaire, D 2005, Chron p 2552, Jean-Claude Magendi, La
responsabilité des magistrats : contribution à une réflexion apaisée, D 2005, Doctrine p 2414)
69
Il n’est pas rare que le juge commette un erreur dans l’appréciation de la
situation de fait sur laquelle repose sa décision et que, partant, il rende une
décision injuste. Pour autant, une telle erreur lui est-elle imputable ?
Il ne faut pas oublier que ce soit en matière pénale ou civile, le juge n’est pas
maître de sa saisine. Le juge d’instruction ne peut instruire sur des faits dont il
n’est pas saisi tandis que, selon l’article 4 du nouveau Code de procédure civile,
l’objet du litige est déterminé par les prétentions respectives des parties.
Le juge ne juge qu’en fonction des éléments que lui donnent les parties en la
cause (ce qui explique notamment le principe de la relativité de l’autorité de la
chose jugée) de sorte qu’il n’a qu’une vision fragmentaire de la situation de fait
qui est à l’origine du litige, voire statuer sur des faits tronqués. C’est l’une des
raisons pour lesquelles la vérité judiciaire est une vérité relative : les éléments
pris en compte par le juge peuvent ne refléter que partiellement la situation des
parties en matière civile, ou les faits imputables au défendeur en matière pénale 13
.
Le juge est aussi tributaire de la qualité des éléments de preuve qui lui sont
produits, voire de leur admissibilité. Ainsi, par exemple, il ne peut, en matière
civile, se fonder sur des éléments de preuve dont il aurait personnellement
connaissance et qui n’auraient pas été produit par les parties. Le juge ne peut
non plus se fonder sur des éléments de preuve recueillis de façon déloyale 14 ou
qui ne correspondent pas aux prescriptions légales (par exemple l’interdiction du
recours aux preuves autres que littérales en matière de contrat). Ainsi, en droit
civil la recherche de la vérité peut entrer en conflit avec d’autres impératifs,
jugés également dignes de considération15 : le souci d’assurer la sécurité des
transactions, la protection d’une des parties.
70
décisions mauvaises rendues par des cours d’appel. Or, en quoi la 2nde décision
est-elle meilleures, si ce n’est qu’elle est rendue par une juridiction
hiérarchiquement supérieure ?
En réalité, la notion d’erreur de droit repose sur une fiction juridique, celle
d’avoir été invalidée par une juridiction d’un rang supérieur statuant à la suite
d’une voie de recours. Elle est d’autant plus relative que cette juridiction
supérieure n’est pas elle-même non plus tenue de suivre sa propre jurisprudence.
Ainsi, une cour d’appel peut être censurée pour violation de la loi en s’étant
conformée à l’interprétation que retenait la Cour de cassation à la date à laquelle
elle s’était prononcée. Pour autant, peut-on lui reprocher cette « erreur de
droit » ?
Qui accepterait de gérer ces contradictions dans ces conditions s’il devait courir
le risque d’être systématiquement mis en cause en cas d’erreur ? La
responsabilité est la contrepartie de la liberté. S’agissant de celle du juge, il ne
s’agit pas de la liberté de comment de juger, mais de la liberté de juger ou de ne
pas juger. A vouloir trop responsabiliser les magistrats pour la décision qu’il
rende sans leur donner la faculté de choisir de ne pas juger, on risque fort, au
mieux, de les décourager au pire, à les inciter au conservatisme.
71
l’expression collective. Comment, dès lors, rechercher la responsabilité des
magistrats sans violer le principe du secret des délibérations ?
Mais pour autant, le juge n’est pas au-dessus des lois. Il est, comme les autres
professionnels qui concourent à l’œuvre de justice, soumis à l’obligation
d’exercer son métier avec compétence et sens des responsabilités. Il ne bénéficie
donc d’aucune impunité.
Comme tout autre agent public, « la société a le droit de lui demander des
compte » comme le proclame l’article 15 de la Déclaration des droits de ‘homme
et des citoyens
Il serait donc anormal que les magistrats puissent, sous prétexte d’indépendance,
se dispenser de devoir rendre des comptes. Leur responsabilité apparaît
d’ailleurs même comme l’indispensable contrepartie de leur indépendance.
Comme pour les autres agents publics, le magistrat ne peut voir sa responsabilité
civile directement engagée par un justiciable pour une faute commise dans
l’exercice de ses fonctions. Celui qui prétend obtenir réparation d’un préjudice
qu’il estimerait avoir subi du fait du fonctionnement défectueux du service de la
justice ne peut qu’assigner l’Etat pris en la personne de l’agent judiciaire du
Trésor. Il dispose, à cet effet, de quatre actions distinctes.
72
En cas de condamnation, il revient ensuite à l’Etat lui-même d’engager une
action récursoire contre le magistrat qui serait à l’origine du dommage
conformément à l'article 11.1 de l'ordonnance du 22 décembre 1958 mais
uniquement en cas de faute personnelle de sa part.
Cette action récursoire est engagée devant une chambre civile de la Cour de
cassation.
Mais ce recours demeure pour l’instant purement théorique car aucune action
récursoire n’a jamais été intentée à l’encontre d’un magistrat sur ce fondement
juridique.
Dés lors, s’il l’on peut engager la responsabilité de l’Etat pour des actes non
juridictionnels, comme par exemple des irrégularités commises par des officiers
de police à l’occasion d’une opération de police judiciaire, des erreurs
matérielles commises par le greffe empêchant l’exécution d’une décision, des
délais de procédure excessifs, il n’est pas possible d’obtenir une indemnisation
pour un jugement mal jugé19.
Cass Ass. Plen 23 février 2001, bull ci v n° 5, D 2001, jur p 1752 note C.
17
Debbash
18
La Cour de cassation venant ensuite préciser qu’une telle action n’est recevable que « lorsque l’exercice des
voies de recours n’a pas permis de réparer le mauvais fonctionnement allégué de la justice » (1ere civ 23 mai
2003, bull n° 105, 11 janvier 2005, bull n° 20), faisant ainsi de l’action de l’article L 781-1 une cause subsidiaire.
19
Egalement de cet avis J.Cl. Magendie, D 2003, 1177
73
Cela étant, on observera que trois juridictions du fond, mais qui n’ont pas été
soumises à la censure de la Cour de cassation, ont admis le contraire en
condamnant l’Etat pour une erreur fautive du juge dans son activité
juridictionnelle :
20
cité in D 2001, jur p 580, Note Lienhard sous la note 28 – décision confirmée en mai 2002 par la cour d’appel
d’Angers
21
CA Paris 21 juin 1989, aff Saint-Aubin, Gaz. Pal., Rec 1989, 944 concl Lupi
22
CA Paris 23 octobre 1998, inédit, cité par S. Guinchrd, La responsabilité des magistrats, Gaz Pal 7/8 avril 2006
p2
23
CA Paris 25 octobre 2000, D 2001, jur p 580 note C. Lienhard
24
CA Paris 29 janvier 1997, Gaz. Pal. Du 15 mai 1997
74
les actes juridictionnels, qui comprennent les actes liés à
l’instruction »25
En effet, dans son arrêt, la CJCE considère que la violation manifeste du droit
communautaire par une juridiction nationale statuant en dernier ressort est de
nature à obliger l’Etat membre à réparer les dommages causés aux particuliers29
On précisera enfin que, depuis la loi du 5 mars 2007, toute décision définitive
d'une juridiction nationale ou internationale condamnant l'Etat pour
fonctionnement défectueux du service de la justice est communiquée aux chefs
de cour d'appel intéressés par le garde des sceaux, ministre de la justice. Le ou
les magistrats intéressés sont avisés dans les mêmes conditions et des poursuites
disciplinaires peuvent alors être engagées par le ministre de la justice et les chefs
de cour d'appel intéressés dans les conditions que nous examinerons plus bas.
75
L’article 473 du Code civil dispose que l’Etat est responsable du dommage
résultant d’une faute quelconque, et non pas seulement d’une faute lourde,
commise dans le fonctionnement d’une tutelle, soit par le juge des tutelles, soit
par son greffier, soit par le greffier en chef du tribunal d’instance. Si le juge ne
peut être poursuivi directement par le majeur protégé ou le mineur, il peut
néanmoins, en théorie du moins, faire l’objet d’un recours subrogatoire30.
L’article 149 permet à toute personne ayant fait l’objet d’une détention
provisoire au cours d’une procédure terminée à son égard par une décision de
non-lieu, de relaxe ou d’acquittement de demander au premier président de la
cour d’appel l’indemnisation du préjudice moral et matériel qu’elle a subi à cette
occasion.
Cette responsabilité n’est pas subordonnée à la preuve d’une faute commise par
le juge d’instruction. C’est un cas de responsabilité sans faute fondée, comme
souvent en matière de responsabilité administrative, sur la théorie du risque que
fait courir l’action répressive sur les citoyens.
Il ne s’agit pas là non plus d’une responsabilité pour faute car la révision ne peut
être obtenue que pour des faits survenus postérieurement à la décision de
condamnation ou qui n’avaient pas été portées à la connaissance du juge.
L’éminence des fonctions et la gravité des décisions qui peuvent être prises par
les juges impliquent, de leur part, des devoirs très particuliers qui vont au-delà
des obligations incombant normalement à des agents publics.
30
Dans un arrêt du 4 juillet 2006, la Cour de cassation a jugé que la faute engageant la responsabilité de l’Etat
pouvait résulter de l’inadéquation des contrôles exercés en fonction de la mesure choisie pour la protection de
l’incapable (Cass 1ere civ 4 juillet 2006, JCP ed. G, II, 10118 note Fossier)
76
Comme tous les autres fonctionnaires, ils sont tenus de résider au lieu où ils
exercent leurs fonctions (art. 13 de l’ord. du 22 décembre 1958) et sont protégés
contre les menaces et les attaques de quelque nature que ce soit dont ils
pourraient être l’objet dans l’exercice de leurs fonctions.
Mais un certain nombre d’autres règles tenant à la spécificité de leur fonction est
prévu par l’ordonnance du 22 décembre 1958. Elles obligent les magistrats à des
interdictions et leur imposent des incompatibilités.
I. Interdictions
Première de ces interdictions, celle d’adopter une conduite, non seulement dans
son activité professionnelle mais aussi dans sa vie privée, qui serait contraire à
l’honneur, à la délicatesse et à la dignité qui s’impose à tout magistrat qui a prêté
serment de se comporter en tout de façon digne et loyale.
Cela n’a cependant pas empêché ces dernières années les magistrats de
manifester leur mécontentement par des actions symboliques telles que défilé
dans les couloirs du palais de justice, renvoi des affaires, heure d’audience
différée.
Cela ne signifie pas que les magistrats soient dépourvus de droits civiques. Ils
conservent leur droit de vote et d’éligibilité. Mais ils ne doivent pas prendre, en
tant que magistrat, de positions publiques partisanes.
77
On reconnaît par ailleurs aux magistrats le droit de se regrouper en syndicats (il
existe actuellement 3 organisations syndicales de magistrats : l’union syndicale
des magistrats, le syndicat de la magistrature et FO magistrature).
II. Incompatibilités
En revanche, depuis la loi du 25 juin 2001, ils ne peuvent plus se livrer à des
activités d’arbitrage.
Enfin, nul magistrat ne peut être nommé dans une juridiction dans le ressort de
laquelle il a exercé depuis moins de 5 ans des fonctions d’auxiliaire de justice.
78
Celle-ci leur impose au contraire une déontologie exigeante et les soumet à un
régime disciplinaire rigoureux.
Or, le contenu de ces décisions n'est pas de nature à justifier une sanction
disciplinaire pour le CSM qui considère qu’il « ne peut porter une quelconque
appréciation sur les actes juridictionnels des juges, lesquels relèvent du seul
pouvoir de ceux-ci et ne sauraient être critiqués que par l’exercice des voies de
recours prévues par la loi en faveur des parties au litige »31. L’erreur judiciaire,
le mal jugé n’est donc pas une cause de sanction disciplinaire.
Ces fautes peuvent conduire le magistrat à devoir rendre des comptes devant le
Conseil supérieur de la magistrature pour les magistrats du siège, et devant le
Garde des Sceaux, après avis du Conseil supérieur de la magistrature , pour les
magistrats du parquet,
Entre 2002 et 2006, 15 magistrats ont été poursuivis et 22 sanctions ont été
prononcées.
79
définition de la faute disciplinaire pour permettre d’engager la responsabilité des
magistrats pour les actes accomplis dans l’exercice de leur activité
juridictionnelle.
Cherchant le moyen d'élargir la possibilité de mettre en cause la responsabilité
disciplinaire des magistrats, le gouvernement, s’inspirant des conclusions de la
commission d’enquête parlementaire, modifia le statut de la magistrature par la
loi du 5 mars 2007 qui prévoyait que :
« Constitue un des manquements aux devoirs de son état la violation grave et
délibérée par un magistrat d'une règle de procédure constituant une garantie
essentielle des droits des parties, commise dans le cadre d'une instance close
par une décision de justice devenue définitive ».
Cette disposition a été déclarée non conforme à la Constitution par le Conseil
constitutionnel 34 qui a considéré qu’elle était contraire aux principes de
l'indépendance de l'autorité judiciaire, garantie par l'article 64 de la
Constitution35, et de la séparation des pouvoirs, proclamée par l'article 16 de la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 178936.
Certes, ces principes n'interdisent pas au législateur organique d'étendre la
responsabilité disciplinaire des magistrats à leur activité juridictionnelle en
prévoyant que la responsabilité disciplinaire d'un magistrat est engagée pour une
violation grave et délibérée d'une règle de procédure constituant une garantie
essentielle des droits des parties.
Toutefois, c'est à condition que l'engagement de poursuites disciplinaires à
l'encontre d'un magistrat, à raison de l'exercice de ses fonctions juridictionnelles,
repose sur une violation des devoirs de son office préalablement constatée par
une décision de justice devenue définitive. En effet, et ainsi que je l’ai
précédemment relevé, si le CSM et le Conseil d'Etat admettent que les
manquements graves et réitérés aux devoirs de son état que constituent les
renouvellement (Assemblée nationale, 6 juin 2006).
34
Décision 2007-551DC du 1er mars 2007
35
Cf. n° 2001-445 DC du 19 juin 2001, cons.4 ; n° 98-396 DC du 19 février 1998 cons. 3 ; n° 94-355 DC du 10
janvier 1995, cons. 4
36
Parmi les derniers exemples d'application, cf. pour des censures : n° 2006-545 DC du 28 décembre 2006,
cons. 33 à 36 (loi de validation), n° 2005-532 DC du 19 janvier 2006, cons. 5 et 6. Et pour des déclarations de
conformité, cf. n° 2006-544 DC du 14 décembre 2006, cons. 18 à 22 (loi de validation), n° 2006-535 DC du 30
mars 2006, cons. 40 à 45 (sur la procédure de transaction), etc. ex. n° 2001-445 DC du 19 juin 2001 « 4.
Considérant, en outre, que dans l'exercice de sa compétence, le législateur organique doit se conformer aux
règles et principes de valeur constitutionnelle ; qu'en particulier, doivent être respectés non seulement le
principe de l'indépendance de l'autorité judiciaire et la règle de l'inamovibilité des magistrats du siège, comme
l'exige l'article 64 de la Constitution, mais également le principe proclamé par l'article 6 de la Déclaration des
droits de l'homme et du citoyen, selon lequel tous les citoyens étant égaux aux yeux de la loi, ils " sont également
admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de
leur vertus et de leurs talents » ( Idem n° 98-396 DC du 19 février 1998 cons. 3 ; n° 94-355 DC du 10 janvier
1995, cons. 4).
80
violations, par un magistrat, des règles de compétence et de saisine de sa
juridiction sont de nature à justifier une sanction disciplinaire, c'est après avoir
constaté que les faits reprochés ont été établis dans des décisions
juridictionnelles devenues définitives.
81
Les juridictions ne sont pas composées exclusivement de magistrats chargés de
juger. Aux cotés des juges, ou magistrats du siège, dénommés ainsi parce qu’ils
exercent leurs fonctions assis, il existe d’autres magistrats dont la fonction
consiste à veiller à la bonne application de la loi et au respect de l’ordre public
en présentant des observations à la formation de jugement et, au besoin, en
saisissant lui-même la juridiction. On dit de ces magistrats, qui représentent
l’intérêt de la société en général, qu’ils exercent le ministère public.
Si l’on nomme parquet le lieu où se tient le ministère public, c’est que ce mot
désignait dans la grande chambre l’enceinte délimitée sur trois côtés par les
sièges des juges et sur le quatrième par la base, ce cœur de la salle, espace clos
et sacré, petit parc, ou « parquet », que traversaient les gens du roi pour gagner
leur place et où s’avançaient les gens d’arme pour faire le récit de leurs
investigations, pour en dresser au parquet le procès-verbal.
Le parquet n’existe pas auprès de toutes les juridictions. Seules en sont pourvues
les juridictions de droit commun ; les tribunaux de grande instance, les cours
d’appel et la Cour de cassation.
Dans les tribunaux de grande instance, le parquet est composé d’un procureur de
la république qui le dirige, d’un procureur adjoint, de vice-procureurs et de
substituts qui l’assistent. Le procureur de la République est le chef du parquet du
tribunal de grande instance. C’est donc sous sa responsabilité que sont exercées
les attributions du ministère public devant ce tribunal.
82
le tribunal de police, il peut se faire représenter, pour les contraventions des
quatre premières classes, par un commissaire de police qui porte alors le nom
d’officier du ministère public.
- les procureurs sont investis par la loi d’un pouvoir qui leur est
propre. Il en résulte que le Garde des Sceaux ne peut se substituer
à eux et qu’une décision, même prise contre les ordres de leurs
supérieurs hiérarchiques, produit tous ses effets de droits.
83
possible d’exprimer oralement librement sa pensée. Cette règle
s’explique par le statut de magistrat des membres du parquet.
Le ministère public est partie jointe lorsqu’il intervient dans un procès déjà
engagé entre les parties, pour faire connaître, objectivement, son opinion et
indiquer au tribunal, par ses réquisitions, la solution qui, selon lui, serait la plus
conforme à la loi et à l’intérêt général.
Le ministère public peut aussi intervenir devant les tribunaux civils comme
partie principale. Il ne se borne plus alors à se joindre à un procès mais
intervient soit pour déclencher lui-même le procès en qualité de demandeur, soit
en qualité de défendeur lorsque le procès est dirigé contre lui.
84
Il se présente comme une véritable partie au procès.
Ce type d’intervention est prévue par la loi pour toute une série d’hypothèses
pour lesquelles il est considéré qu’une action civile est engagée au nom de
l’intérêt général. Exemple en matière d’état des personnes (état civil, nationalité,
mariage) en matière de tutelle des majeurs ou en matière de redressement
judiciaire ou de liquidation d’une entreprise.
Les attributions du ministère public en matière pénale sont de loin les plus
importantes et mobilisent l’essentiel de ses forces.
85
Depuis la loi n° 2007-297 du 5 mars 2007 relative à la prévention de la
délinquance, le procureur de la République est chargé aussi de veiller à la
prévention des infractions à la loi pénale.
Les auxiliaires de justice sont des personnes qui, sans être investies par l’Etat de
la fonction de juger, concourent au fonctionnement du service public de la
justice. Leur statut est très divers : on trouve à la fois des fonctionnaires publics
comme les greffier des tribunaux, des membres de professions libérales comme
les avocats, des officiers publics et ministériels comme les avocats aux Conseils,
les huissiers de justice ou les notaires, et des personnes qui collaborent
accessoirement au fonctionnement des tribunaux comme les experts.
On peut les distinguer en deux catégories : ceux qui assistent les magistrats dans
l’exercice de leurs fonctions, et ceux qui assistent les parties dans la conduite du
procès.
L’ensemble des personnels des greffes des autres juridictions est désormais
composé de fonctionnaires de l'Etat.
86
Ils sont recrutés par concours et se répartissent en trois catégories : les greffiers
en chef, les greffiers et les fonctionnaires de catégorie C qui assurent les tâches
matérielles de dactylographie et de secrétariat.
Chaque greffe de juridiction est placé sous l’autorité d’un greffier en chef,
directeur de greffe, qui peut être assisté de plusieurs adjoints ou chefs de service,
eux-mêmes greffiers en chef.
Créés par la loi du 8 février 1995, les assistants de justice sont des agents
contractuels non titulaires, recrutés parmi les maîtres en droit pour une durée de
2 ans renouvelable deux fois.
87
Ils assistent les magistrats dans leurs activités en effectuant des recherches, des
synthèses de dossiers ou des projets de décisions.
Ils ne doivent pas être confondus avec les assistants spécialisés qui sont des
fonctionnaires de catégorie A du fisc, de la Banque de France, des Douanes et du
Trésor, mis à dispositions de magistrats spécialisés en matière économique et
financière.
Il existe une liste nationale qui est dressée par la Cour de cassation et une liste
par cour d'appel.
A ce niveau, la liste des experts est dressée chaque année par l’assemblée
générale des magistrats de la cour d’appel du lieu de leur résidence et ensuite
après avis de l'assemblée générale de magistrats du tribunal.
L'expert rend un avis sous la forme d'un rapport qui est déposé au greffe du
tribunal qui lui a conféré sa mission. Ce rapport est discuté par les parties dans
les écrits qu'ils échangent et oralement par les parties ou par leurs avocats lors
de l'audience des plaidoiries. Ni la décision qui le désigne, ni les conclusions de
l'expert ne lient le juge qui peut passer outre à l'avis de l'expert. Les experts sont
ainsi les yeux avisés du juge. Ils travaillent en collaboration étroite avec le
magistrat qui leur dit ce qu'ils doivent examiner et qui tire les conséquences
juridiques de leurs constatations.
88
s'entourer, à tous les stades de la procédure, des services de professionnels
compétents dans le domaine socio-éducatif.
Ils peuvent désigner un enquêteur social qui est une personne privée, le service
de la protection judiciaire de la jeunesse, les services pénitentiaires d'insertion
et de probation et des associations habilitées.
89
qu'un commerçant ne se trouve plus en mesure de faire face à ses obligations.
Dans ce cas, pendant un période d'observation et de contrôle, son entreprise est
déclarée"en redressement judiciaire" et si on ne peut sortir de la situation obérée
que par la vente des biens de l'entreprise, celle ci est mise en " liquidation
judiciaire".
Les mandataires liquidateurs ont pour rôle de représenter les créanciers d’une
entreprise en difficulté ou de procéder éventuellement à la liquidation de celle-
ci.
La loi du 31 décembre 1990 a ensuite réalisé la fusion entre les avocats et les
conseils juridiques qui ne forment désormais plus qu’une seule profession qui
porte le titre d’avocat.
90
I. Le conseil
II. La représentation
III. L’assistance
L'avocat assiste et défend son client par une plaidoirie. Il s'agit de l'exposé oral
des arguments destinés à faire triompher la cause du client.
L'assistance se manifeste également par l'aide que l'avocat apporte à son client
pour accomplir un acte de procédure (rédaction d'une assignation par exemple),
participer à une expertise, être présent lors de l'interrogatoire de l'inculpé par le
juge d'instruction.
Le recours à un avocat pour la plaidoirie n’est pas obligatoire devant toutes les
juridictions. Sauf devant le tribunal de grande instance et la cour d’assises, les
parties peuvent se défendre elles-mêmes. Elles peuvent aussi, sous certaines
conditions, se faire assister par un membre de leur famille, un salarié, devant le
conseil des prud’hommes par un délégué syndical et devant le tribunal de
commerce par toute personne de leur choix. En revanche, devant le tribunal de
grande instance et la cour d’assises, les avocats ont le monopole de la plaidoirie.
91
Mais cette liberté, indispensable à la protection des droits de la défense, n’exclut
pas certaines contraintes. L’avocat est soumis à la discipline d’un ordre
professionnel, appelé barreau.
Tout avocat, pour pouvoir exercer, doit nécessairement être inscrit à un barreau.
Le terme bâtonnier vient de qu’à la même époque, le roi avait conféré au chef
des avocats le privilège, dans les processions de la confrérie de saint Nicolas, de
porter le bâton, c’est à dire la bannière de ce saint.
Sur le plan national, un Conseil national des barreaux, élu à deux degrés par les
membres de la profession, est chargé de la représenter auprès des pouvoirs
publics et de veiller à l’harmonie des règles et usages de la profession37.
I. Accès à la profession
37
Cf à ce sujet la décision du 12 juillet 2007 portant adoption du règlement intérieur national
(RIN) de la profession d'avocat, publiée au JO n° 185 du 11 août 2007 page 13503
92
- n'avoir été le sujet d'aucune condamnation pénale pour
agissements contraires à l'honneur, à la probité, ou aux bonnes
moeurs.
A) Forme d’exercice
1) Secret professionnel
93
Tout avocat est tenu au secret professionnel. Ce qu’il a pu apprendre dans
l’exercice de sa profession ne doit jamais être divulgué.
2 ) L’immunité
Un avocat ne peut être poursuivi ou inquiété pour les paroles ou les écrits
en rapport avec la défense de son client.
3) L’inviolabilité du cabinet
Aucune perquisition ne peut avoir lieu dans le cabinet d’un avocat pour
découvrir des documents de nature à établir la culpabilité d’un client.
Toutefois, s’il apparaissait que l’avocat s’était rendu lui-même coupable
de certains faits délictueux, une perquisition pourrait être effectuée, mais
en présence du bâtonnier.
4) Inviolabilité de la correspondance
5) Honoraires
6) Incompatibilités
Les officiers ministériels sont des personnes qui disposent d'un privilège pour
exercer une activité qui, en général, constitue une tâche de service public. Ils
sont titulaires d’une charge conférée par l’Etat, qui leur confère un monopole.
94
En contrepartie, ils ne peuvent refuser de prêter leur concours, et leur
rémunération est fixée selon un tarif officiel.
Sont officiers ministériels les avoués, les avocats au Conseil d’Etat et à la Cour
de cassation, les greffiers des tribunaux de commerce, les huissiers de justice, les
notaires et les commissaires priseurs.
I. Les avoués
Alors que la réforme de 1971 a intégré dans la nouvelle profession d’avocat les
anciens avoués près les tribunaux, elle a laissé subsister les avoués d’appel.
Le rôle des avoués consiste à représenter les parties et à accomplir les actes de la
procédure devant les cours d’appel. Leur ministère est obligatoire, sauf en
matière sociale et pénale.
Les avoués sont regroupés dans une chambre établie près la cour d’appel,
dirigée par un président élu pour deux ans par ses pairs.
Au plan national, les avoués sont représentés par une chambre nationale.
On ne trouve pas d'avoués devant les cours d'appel siégeant dans les Territoires
d'Outre Mer, ni devant celles des départements du Haut Rhin, du Bas-Rhin ou de
Moselle : la postulation y est assurée par les avocats résidant localement.
Pour accéder à la profession d’avoué, il faut être titulaire d’un diplôme au moins
égal à la maîtrise et suivre un stage de deux ans suivi d’un examen
professionnel. Il faut ensuite être agréé par le Garde des Sceaux et acquérir un
office ou des parts sociales d’une société professionnelle.
Ils sont regroupés au sein d’un ordre dirigé par un président nommé par le Garde
des Sceaux sur présentation du conseil de l’Ordre.
95
Pour accéder à la profession, il faut être âgé de 25 ans, exercer la profession
d’avocat et réussir un examen professionnel. Il faut ensuite obtenir l’agrément
du Garde des Sceaux et acquérir l’une des 60 charges.
96