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NORMES IFRS.

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Point d'actualité : transition vers les normes IFRS

Dans la perspective du changement de référentiel comptable rendu obligatoire à


compter du 1 er janvier 2005 par le règlement (CE) 1606/2002 (19 juillet 2002),
qui s'applique aux comptes consolidés des sociétés européennes cotées sur un
marché réglementé (art 4), l'essentiel 1 des normes IAS et IFRS a été adopté par
l'Union Européenne.
En France, l'ordonnance n° 2004-1382 du 20 décembre 2004 autorise (nouvel
article L. 233-24 du Code de Commerce) la préparation de comptes consolidés en
IFRS pour les sociétés non-cotées conformément à l'article 5 du règlement (CE)
1606/2002. En revanche, il n'est pas prévu à ce jour de permettre l'application
des IFRS dans les comptes individuels. Il devrait donc toujours y avoir à l'avenir
des comptes individuels établis à partir du plan comptable général (règlement
CRC 99-03).
Tout au long de l'année 2004, l'Autorité des marchés financiers a communiqué 2
sur les modalités recommandées pour la transition des normes comptables
actuelles vers les normes internationales. En décembre 2004, la Compagnie
nationale des commissaires aux comptes (CNCC) a produit un guide
méthodologique dont l'objectif est de définir les diligences que devront mettre en
œuvre les commissaires aux comptes lors de la communication des informations
relatives à la transition vers les normes IFRS. Enfin, certaines sociétés ont
commencé à communiquer au marché des éléments chiffrés sur les impacts
qu'aura le changement de référentiel sur leurs états financiers.
Le présent article reprend ces différents éléments et en fait une synthèse dont
l'objectif est, entre autres, de préciser les attentes de l'Autorité des marchés
financiers en matière de communication sur la transition vers le référentiel IFRS.

I. LA COMMUNICATION FINANCIÈRE DES SOCIÉTÉS COTÉES À PARTIR DU


1 ER JANVIER 2005

A. Obligations réglementaires existantes


Sur la base des seules obligations figurant dans les normes IFRS et des textes POSITIONS DE L’AMF
rappelés ci-dessus, jusqu'en 2004 les émetteurs ont communiqué uniquement en
normes françaises. En 2005 ils prépareront leurs comptes consolidés selon les
normes IFRS mais ne les publieront qu'en 2006. En effet, la norme IAS 34 n'étant
pas d'application obligatoire, les émetteurs ne sont pas obligés de publier de
comptes semestriels en IFRS en 2005. Ce n'est donc qu'en 2006 que l'investisseur
découvrira les états financiers annuels complets conformes aux normes IFRS. Or,
compte tenu de l'obligation de présenter un exercice comparatif dans le même
référentiel comptable, la date réelle de transition aux normes IFRS est le
1 er janvier 2004 (premier jour de l'exercice fourni à titre de comparaison).
1 La norme l'IAS 39 ayant été adoptée avec des exclusions (" carve-outs ") temporaires portant sur :
- l'option juste valeur sur les passifs retirée du règlement au motif qu'elle est contraire à l'article 42 de la quatrième directive qui
interdit d'évaluer les passifs à la juste valeur ;
- les parties relatives à la comptabilité de couverture empêchant la mise à juste valeur des dépôts à vue.
Entre le 16 juillet 2003 et le 30 novembre 2004, l'ARC (Accounting Regulatory Committee) a adopté toutes les normes IAS 1 à 41 (après
Improvements), l'IFRS 1, les IFRS 3 à 5, ainsi que l'interprétation IFRIC 1. IFRS 2 (share-based payments) a été entérinée par l'ARC le 20
décembre 2004.
2 interventions lors de diverses manifestations (journée IFRS de PwC le 14/10/04, réunion AFEP le 18/10/04, entretiens du Club Banque le
19/10/04, Entretiens de l'AMF le 18/11/04), article de presse, etc.

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Mais attendre 2006 pour connaître l'impact de la nouvelle réglementation ne


permettrait pas aux marchés de s'acclimater aux changements attendus et
présenterait un risque de déstabilisation des investisseurs. Les régulateurs
européens (CESR) ont donc engagé dès 2002 une réflexion complémentaire sur le
calendrier de communication financière adapté à cet exercice complexe et inédit.
Par ailleurs, en France, le règlement général de l'AMF (art. 221-5) impose de
publier des comptes semestriels complets (états financiers et annexe). Ces
obligations s'appliquant à l'exercice 2005, il était nécessaire de préciser les
modalités de production des comptes semestriels 2005.

B. La recommandation du CESR 3 pour la phase de transition


Cette recommandation, élaborée par les régulateurs européens de valeurs
mobilières, a été publiée le 30 décembre 2003. Le processus recommandé par le
CESR se déroule en quatre étapes.

1. Première étape
Dès 2003, il avait été demandé aux émetteurs cotés de fournir des informations
non quantifiées sur les plans de transition et les différences entre leurs pratiques
comptables et celles qu'ils auraient à suivre en 2005.

2. Deuxième étape
A l'occasion des rapports annuels pour 2004, les régulateurs ont souhaité que les
émetteurs fournissent, dès que possible, une information quantifiée sur l'impact
du passage aux IFRS sur leurs comptes 2004.

3. Troisième étape
Afin que le marché ne soit pas induit en erreur par la communication de résultats
intermédiaires 4 basés sur des normes locales, le CESR a considéré que, pour les
comptes intermédiaires 2005, les émetteurs devaient appliquer les méthodes et
principes qui seront utilisés lors de l'élaboration de leurs comptes consolidés
2005. Par conséquent, les comptes semestriels devront être établis sur la base des
normes IFRS. Les comptes semestriels 2004 seront retraités en IFRS pour
permettre des comparaisons.

4. Quatrième étape
Au début de 2006, les comptes consolidés 2004 et 2005 seront publiés en IFRS.
2003 pourra ne pas être retraité en IFRS dans les documents de référence et
prospectus (sauf peut-être pour les SEC registrants 5). Mais il devra être indiqué
très clairement que l'information au titre de 2003 a été présentée sous un autre
référentiel comptable.
En pratique, pour les sociétés qui présentent trois années de comptes (en cas
d'établissement d'un prospectus ou d'un document de référence) quatre colonnes
seront présentées en 2005 (2003 et 2004 en normes françaises, 2004 et 2005 en
normes internationales).

3 Committee of European Securities Regulators


4 Lorsque des résultats intermédiaires sont requis par la réglementation locale ou les pratiques de marché
5 Pour les sociétés ayant émis des valeurs mobilières sur un marché soumis au contrôle de la SEC, cette dernière devrait préciser au début de
l'année 2005 si elle accepte que des comparatifs en normes IFRS ne soient fournis que pour un exercice au lieu de deux.

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TRANSITION VERS LES NORMES IFRS

II. LES R E C O M M A N D A T I O N S DE L ' AMF SUR LA T R A N S I T I O N AUX NORMES IFRS


( F É V R I E R - J U I L L E T 2004 )
Le 10 février 2004, l'AMF a fait sienne la recommandation du CESR. Elle a
demandé aux entreprises cotées sur un marché réglementé d'appliquer cette
recommandation ou de justifier les raisons qui les conduiraient à ne pas le faire.

Dans une lettre adressée aux émetteurs le 2 juillet 2004, le Président de l'AMF a
insisté sur :
• l'importance des efforts pédagogiques à mettre en œuvre par les émetteurs afin
de permettre au plus grand nombre d'utilisateurs de s'approprier le nouveau
référentiel. Le but doit être de limiter la période d'incertitude engendrée par ce
changement radical de références. Or, si les explications des émetteurs sont
insuffisantes, analystes et investisseurs risquent, par manque de connaissance,
d'adopter une attitude de défiance ;
• la nécessité de mettre en place la collecte des données chiffrées au 30 juin
2004, pour fournir des éléments assurant la comparabilité des données au
30 juin 2005 ;
• la possibilité pour les sociétés ayant un exercice décalé (par exemple au 31
mars 2004) de suivre les indications du CESR en décalant dans le temps les
différentes phases (par exemple, au 31 mars 2004 : explication du projet IFRS ;
au 31 mars 2005 : présentation du tableau de passage chiffré sur les comptes
clos à cette date, etc…).

Considérant que le marché jugerait de la pertinence de la communication


financière qui lui aura été fournie, l'AMF s'est limitée à émettre une
recommandation et non une obligation. Elle a cependant insisté sur différents
éléments relatifs à la qualité de l'information produite et aux principes de son
élaboration :

• l'information quantitative communiquée sur les incidences du nouveau


référentiel doit être suffisamment complète et fiabilisée ;
• lorsque les critères de qualité sont réunis, l'AMF invite les émetteurs à
communiquer dès que l'information est disponible. Cette information
quantitative devrait logiquement être publiée avec les comptes annuels 2004.
Les émetteurs qui ne le feraient pas devront en expliquer les raisons et devront
compléter l'information qualitative donnée au titre des comptes annuels 2003.
Ils auront jusqu'au jour de la parution de leurs comptes semestriels de 2005
POSITIONS DE L’AMF
pour s'acquitter de cette communication ;
• elle doit être fiabilisée et validée par l'émetteur au niveau approprié (conseil
d'administration ou organe équivalent, comité d'audit…) quel que soit le
support de communication utilisé (annexe aux comptes annuels 31/12/2004,
rapport de gestion, rapport annuel, communiqué de presse séparé…) et
transmise aux auditeurs et commissaires aux comptes afin qu'ils mettent en
œuvre des diligences d'audit sur ces données IFRS 2004. L'AMF considère que
tous les efforts doivent être mis en œuvre afin d'éviter l'annonce début 2006
que les comptes 2004 publiés initialement contenaient des erreurs ou
omissions.

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III. LES R E C O M M A N D A T I O N S DE LA CNCC SUR LES R A P P O R T S DES C O M M I S S A I R E S


AUX C O M P T E S SUR LA T R A N S I T I O N

Le Conseil national de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes


(CNCC) a entériné le 9 décembre 2004 un guide méthodologique 6 définissant les
diligences qui devront être appliquées aux informations 2004 (tant narratives que
quantitatives) sur la transition. Ce guide, qui pourrait être soumis à l'approbation
du Haut conseil du commissariat aux comptes (H3C), précise également
l'incidence des travaux effectués sur les différents rapports émis par les
commissaires aux comptes.

Selon le calendrier de communication des émetteurs, les situations en termes


d'opinion émise par les commissaires aux comptes pourraient être les suivantes :

1. Éléments en normes IFRS présentés dans le rapport annuel 2004


• Lorsqu'une information chiffrée est fournie, si la sincérité de cette information
est mise en cause, les commissaires aux comptes devront formuler une
observation dans leur rapport sur les comptes consolidés de l'exercice 2004. Au
demeurant, si cette information est jugée sincère mais n'est que partielle, les
commissaires aux comptes auront la possibilité d'attirer l'attention sur le
paragraphe du rapport de gestion ou de l'annexe par lequel la direction de
l'entreprise justifie ne fournir qu'une information incomplète ;
• Lorsque seule une information qualitative est fournie, alors le rapport du
président sur le contrôle interne devra inclure une observation sur ce sujet ainsi
que les éléments d'explication nécessaires. Les commissaires aux comptes
n'auront pas d'obligation de formuler une observation dans leur rapport sur les
comptes 2004 en référentiel français (seule une divergence d'analyse avec la
société justifierait une telle observation) ;
• Lorsqu'aucune information n'est fournie, les commissaires aux comptes devront
apprécier la matérialité de cette absence en tenant compte de la proximité de la
date de première application des IFRS et devront en tirer les conséquences dans
leur opinion sur les comptes consolidés 2004.

Par ailleurs, à la demande de la société et dans le cadre d'une extension de leur


mission légale, les commissaires aux comptes sont susceptibles d'émettre un
rapport spécifique sur des réconciliations, sur le bilan d'ouverture ou sur des
comptes 2004 retraités aux normes IFRS, etc. Dès lors que ces informations sont
destinées à être publiées, il sera nécessaire que les options liées à la première
application des normes IFRS aient été figées de manière quasi-définitive. Il sera
également nécessaire que ces informations aient été arrêtées par le conseil
d'administration (ou organe équivalent).

6" Le commissaire aux comptes et le passage aux IFRS "

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2. Éléments en normes IFRS communiqués entre le rapport annuel 2004 et les comptes
semestriels 2005
Dès lors que les éléments quantitatifs sont fournis soit lors de l'assemblée
générale des actionnaires (document distinct du rapport annuel), soit dans un
document de référence ou une actualisation de celui-ci, les commissaires aux
comptes appliqueront les normes de travail 5-107 ou 6-801.
Dans les autres situations (communiqués de presse, etc.), si des irrégularités ou
des faits délictueux viennent à la connaissance des commissaires aux comptes,
ceux-ci devront en tirer les conséquences vis-à-vis des organes de direction et des
actionnaires ou vis-à-vis du procureur de la République.

IV. LES PRISES DE P O S I T I O N DE L ' AMF SUR D I F F É R E N T S CAS S P É C I F I Q U E S

A l'occasion de questions qui lui ont été soumises ou à la suite de l'analyse de


situations particulières, l'AMF a commencé à mettre en place un corpus doctrinal
concernant la transition vers les IFRS dont les principaux éléments sont :

A. La communication financière avant la production des comptes 2004


Au cours des dernières semaines de l'année 2004, certains émetteurs ont choisi
de communiquer sur les impacts du changement de référentiel comptable sur
leurs états financiers. L'analyse de quelques-unes de ces communications montre
une grande diversité dans les pratiques observées.
Sur un panel de cinq communications recensées entre le 6 et le 20 décembre
2004, on peut noter que deux d'entre elles se distinguent par le fait qu'elles
présentent des impacts chiffrés. Une troisième société communique sur le fait que
les impacts identifiés devraient avoir une incidence peu significative. Enfin, les
deux dernières communications évitent toute évocation d'incidences chiffrées.
A ce stade, et dans le prolongement de sa recommandation de février 2004,
l'AMF rappelle aux émetteurs qu'il ne lui semble pas opportun de fournir des
éléments chiffrés avant que ceux-ci aient été complètement fiabilisés. A ce titre,
certains des communiqués cités ci-dessus indiquent que les données présentées
sont préliminaires, partielles et n'ont pas été auditées. Par conséquent, elles ne
réunissent pas tous les critères de pertinence et de fiabilité suffisantes pour être
portées à la connaissance du public.

POSITIONS DE L’AMF

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A contrario, l'AMF a apprécié le travail de pédagogie dont a fait montre l'un des
émetteurs dont la communication se limitait à des éléments qualitatifs. Il lui a
semblé particulièrement pertinent de recenser les principales problématiques pour
lesquelles cette société s'attend à constater des incidences significatives et de
proposer pour chacune d'elle une fiche de synthèse décrivant d'une part la
problématique et son traitement en référentiel actuel et d'autre part la façon dont
cette problématique sera traitée en référentiel IFRS (le cas échéant en précisant
les interprétations de normes faites par la société). L'AMF invite les autres
émetteurs à s'inspirer de cette approche pédagogique pour élaborer leur propre
communication dans le cadre de l'arrêté des comptes 2004.

B. Les éléments relatifs à l'exercice 2004

1. Rapport sur le contrôle interne


L'AMF recommande que les entreprises indiquent systématiquement dans leur
rapport sur le contrôle interne 2004 (publié en 2005) quel est l'état d'avancement
de leur projet de transition. En particulier, si les comptes 2004 ne fournissent
qu'une information qualitative sur les incidences du changement de référentiel,
alors l'AMF estime que le rapport du président sur le contrôle interne devrait
inclure une mention sur ce sujet ainsi que les éléments d'explication nécessaires
sur les causes du retard.

2. Contrôles de l'AMF sur les documents de référence et notes d'opération


L'AMF portera une attention toute particulière aux travaux mis en œuvre par les
émetteurs afin de fournir une information pertinente et sûre en matière d'IFRS. A
ce titre, les services de l'AMF seront susceptibles d'interroger les émetteurs pour
analyser les écarts entre les comptes selon le référentiel français et ceux selon le
référentiel IFRS en fonction des deux sources de différences que sont d'une part
les reclassements entre postes et d'autre part les retraitements. L'AMF sera
susceptible de demander aux émetteurs de lui fournir ce type d'analyse selon un
format spécifique élaboré par ses soins.

3. Transparence sur les options retenues


Par ailleurs, face aux diverses options proposées par certaines normes
(réévaluation ou non de certains actifs par exemple) ou aux possibilités offertes
en matière de première application de certaines dispositions (application
anticipée de normes, possibilité offerte par IFRS 3 de retraiter l'ensemble des
opérations à compter d'une date arbitraire antérieure au 31 mars 2004, etc.),
l'AMF considère que les émetteurs doivent appliquer la plus grande transparence
dans leur communication sur la transition en détaillant toutes les options
retenues.

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TRANSITION VERS LES NORMES IFRS

4. Communication du rapport des commissaires aux comptes


L'AMF demande que le rapport d'audit établi, le cas échéant, par les
commissaires aux comptes sur les réconciliations ou les comptes IFRS 2004 soit
rendu public selon les mêmes voies que celles retenues pour les données publiées.
De plus, elle estime très utile que les diligences mises en œuvre pour valider ces
informations se traduisent par un rapport formel.

C. Données intermédiaires : chiffre d'affaires trimestriel


Les chiffres d'affaires trimestriels publiés en 2005 devront être présentés en
respectant les règles d'évaluation des normes IFRS à la fois pour 2005 et pour
2004. En complément, un rappel des éléments publiés pour la période
correspondante dans le référentiel français devra également être fourni.

D . O p é r a t i o n s n é c e s s i t a n t u n p r o s p e c t u s d ' i n f o r m a t i o n a p r è s l e 1 er j a n v i e r 2 0 0 5

1. Opérations entre le 1er janvier et le 30 juin 2005


Les sociétés dont la date de clôture des comptes est le 31 décembre et qui
souhaiteraient effectuer une opération au cours du premier semestre 2005
n'auront pas d'obligation de fournir des informations financières quantitatives
selon le nouveau référentiel comptable. Ces émetteurs disposent en effet de
comptes arrêtés suffisamment récents pour ne pas avoir à produire de comptes
intermédiaires pour lesquels ils seraient soumis à l'obligation d'utiliser les
méthodes d'évaluation du référentiel IFRS.
Néanmoins, l'AMF leur recommande de produire les informations quantitatives
sur la transition prévues à l'étape 2 de la recommandation CESR ou, à défaut, de
présenter des informations qualitatives et d'expliquer pourquoi les incidences
chiffrées ne peuvent être fournies à ce stade.

2. Opérations postérieures au 1er juillet 2005


Le règlement (CE) 809/2004 sur les prospectus (applicable à compter du 1 er juillet
2005) requiert que soient présentés dans le prospectus des comptes sur deux ans
établis selon les mêmes principes comptables que ceux qui seront utilisés à
l'avenir.
Cependant, l'article 35 de ce règlement précise que l'obligation ne s'applique pas
aux périodes antérieures au 1er janvier 2004 ou aux émetteurs ayant des valeurs
mobilières admises à la cotation sur un marché réglementé au 1 er juillet 2005 qui POSITIONS DE L’AMF
n'ont pas encore publié leurs premiers comptes annuels consolidés en normes
IFRS.

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Par conséquent :
- les sociétés cotées au 1 er juillet 2005 n'auront à produire que l'exercice 2004 en
normes IFRS pour les opérations effectuées entre le 1 er juillet 2005 et la date de
publication des comptes 2005 (les précédents exercices étant présentés en
normes françaises) ;
- les sociétés demandant l'admission de leurs titres de capital sur un marché
réglementé après le 1 er juillet 2005 devront, sauf exceptions 7, présenter des
comptes conformes au nouveau référentiel comptable pour l'exercice 2004. Elles
pourront se prévaloir de l'exception prévue à l'article 35 pour les exercices
commençant avant le 1er janvier 2004.

E. Divers

1. Application de la norme IAS 39


IAS 39 n'est applicable de manière obligatoire qu'à partir de 2005, ce qui pourra
poser une difficulté de transition supplémentaire aux entreprises (et plus
particulièrement aux établissements bancaires). En effet, le passage aux IFRS se
déroulera dans ce cas en deux étapes. Dans la première, il ne leur est pas
nécessaire d'appliquer de façon rétrospective IAS 39 aux données de 2004 (cette
norme concernant seulement les transactions liées à 2005). Lors de la deuxième
étape (pour les sociétés qui n'auraient pas appliqué de façon anticipée IAS 39), il
leur faudra expliquer de la façon la plus claire possible en quoi les deux séries de
comptes (2004 et 2005) ne sont pas directement comparables. Cet exercice de
communication additionnel réserve beaucoup de difficultés. Toutefois, l'AMF
considère qu'il n'est guère possible de s'en dispenser.

2. Sociétés cotées non soumises à l'obligation de produire des comptes consolidés


La question de la présentation des comptes par les sociétés cotées sans filiales
reste en suspens. Il en existe une cinquantaine enregistrées sur les marchés
réglementés d'Euronext Paris. Elles n'établissent pas de comptes consolidés et
continueront donc à suivre les normes comptables françaises alors que l'ensemble
du marché aura opté pour les IFRS. Or les investisseurs souhaitent pouvoir
comparer les performances des entreprises à référentiel égal.
L'AMF considère qu'une solution envisageable serait que ces sociétés établissent
des comptes " pro forma " retraités selon les normes IFRS et les publient en
annexe de leurs comptes ou au sein de leur rapport de gestion.

7 Les exceptions sont susceptibles de concerner des sociétés demandant l'admission de leurs titres après la date de clôture de leur exercice et
avant la publication des comptes de cet exercice. L'AMF leur recommande d'adopter les normes IFRS (comme le leur permet l'ordonnance du
20 décembre 2004) le plus tôt possible et au plus tard pour les premiers comptes publiés après l'admission de leurs titres sur un marché
réglementé.

8 R E V U E M E N S U E L L E D E L’A U TO R I T É D E S M A R C H É S F I N A N C I E R S - N ° 10 - J A N V I E R 20 0 5
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TRANSITION VERS LES NORMES IFRS

CONCLUSION

L'AMF rappelle aux sociétés concernées par la mise en œuvre obligatoire des
normes IFRS au 1 er janvier 2005 qu'elles doivent respecter les grands principes
suivants lorsqu'elles communiqueront sur les incidences du changement de
référentiel comptable :
- il n'est pas souhaitable que des informations présentées comme non auditées
soient communiquées aux utilisateurs des états financiers. Pour éviter que les
éléments chiffrés ne soient ultérieurement corrigés, avant d'être communiqués
au public, il est souhaitable qu'ils aient été soumis à la revue et à l'approbation
à la fois du comité d'audit et des commissaires aux comptes ;
- compte tenu du principe énoncé ci-dessus, l'AMF estime préférable qu'un
émetteur diffère sa communication en expliquant les raisons qui le conduisent à
cette décision plutôt que de fournir une information quantitative insuffisamment
fiabilisée ou non exhaustive (donc partiellement biaisée) lors de la présentation
de ses comptes 2004. Un émetteur se trouvant dans cette situation dispose d'un
délai jusqu'à la date de présentation de ses comptes semestriels pour fournir
une information quantitative ;
- la plus grande transparence doit être faite sur les options retenues lors du
changement de référentiel. Cette transparence exige que l'ensemble des options
retenues soit porté à la connaissance des utilisateurs des états financiers,
compte-tenu de la portée de ces options dans le temps ;
- enfin, l'AMF ne peut qu'insister une fois encore sur les efforts de pédagogie qui
doivent être mis en œuvre. La complexité de certains aspects des normes IFRS
rend ces efforts indispensables. A défaut, l'information fournie aux utilisateurs
risquerait soit d'être trop simplifiée (et donc de ne pas fournir l'ensemble des
informations pertinentes), soit d'être compréhensible seulement par un nombre
limité d'experts.

POSITIONS DE L’AMF

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