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Notions préliminaires
La liquidité est au centre des préoccupations de la banque. Cette dernière ne pourrait survivre
même quelques heures sans des liquidités.
Avant d’aborder dans le détail les modalités de gestion du risque de liquidité, il est utile de
passer en revue quelques notions fondamentales, à savoir la notion de liquidité et du risque de
liquidité.
La marge d’intérêt (taux débiteurs_ taux créditeurs)et la liquidité : illustration par un exemple.
1.1. La liquidité
1.1.1. Définition
La liquidité a plusieurs acceptations selon qu’elle serait relative à un actif, une banque ou un
système bancaire.
- On considère en général qu’un actif est liquide, s’il peut être rapidement transformé en
monnaie sans perte de valeur et à un coût de transaction relativement faible.
- Pour une banque, la liquidité signifie son aptitude à trouver les fonds nécessaires au
financement de ses engagements, à un prix raisonnable et à tout moment.
- Pour le système bancaire, la liquidité est l’aptitude des banques à disposer de monnaie
centrale1 lorsque le jeu de leurs différentes opérations les conduit à devoir céder de la
monnaie centrale à des institutions financières non bancaires ou à des agents non financiers2.
Le comité de Bâle, dans son document consultatif « Sound Practices for Managing Liquidity
in Banking Organisations » de Février 2000 donne la définition suivante de la liquidité :
“Liquidity [is] the ability to fund increases in assets and meet obligations as they came due”.
1
Par monnaie centrale, on entend les billets et pièces ainsi que les réserves des banques de second rang auprès de la
Banque Centrale.
2
BESNARD. D, «La monnaie : politique et institutions», Ed. Dunod, 2ème édition, Paris, 1987, page 44.
Gestion du Risque de Liquidité 2
Donc, c’est la capacité de la banque à financer ses actifs et à rembourser ses engagements au
moment où ces financements ou remboursements apparaissent.
La première fonction de la monnaie est de rassurer les prêteurs de fonds. Ceux-ci ne sont pas
tant intéressés par le rendement que par la certitude d’être remboursés. Tant qu’une banque est
perçue comme ayant des liquidités suffisantes, ces prêteurs n’auront aucune crainte à prêter ou à
placer leurs fonds auprès de cette banque.
La seconde fonction de la liquidité est de rassurer la banque elle-même sur son aptitude à
rembourser ses dettes à mesure qu’elles deviennent exigibles et cela sans être dans la nécessité
absolue de les renouveler.
Le banquier doit entretenir une certaine liquidité, afin de faire face aux retraits de fonds et aux
demandes de prêts inattendus notamment dans le cadre de lignes de crédit fermes3 qu’il accorde à
ses clients.
Pour ce faire, la banque doit faire en sorte que ses emprunts actuels sur les marchés et sa bonne
réputation soient tels qu’elle puisse se présenter à nouveau sur ces marchés et acquérir des fonds
sans difficultés selon ses besoins.
Si une banque, pour un motif quelconque, devient sérieusement illiquide avec l’incapacité de
renouveler ses emprunts à mesure qu’ils arrivent à échéance, elle n’a plus d’autres solutions que
la vente de ces actifs (titres ou prêts) à des prix de marché très en dessous de leur valeur
nominale, ce qui va lui engendrer des pertes considérables.
3
C’est une ligne de crédit assortie d’un engagement légal de la banque à prêter des fonds si le client décide de faire
usage de sa ligne.
Gestion du Risque de Liquidité 3
Avoir des liquidités suffisantes permet donc à une banque d’éviter le paiement de taux d’intérêt
élevés, comme le « taux d’enfer »4.
Une banque qui souffre toujours d’un déficit de liquidité même après avoir épuisé tous les
moyens de financement qui sont à sa disposition, peut encore s’adresser à la Banque Centrale
pour obtenir une avance en compte courant, étant donné que celle-ci joue le rôle du prêteur en
dernier ressort dans un système bancaire.
Toutefois, ce recours présente de nombreux inconvénients, d’abord en raison de son coût élevé,
mais aussi de l’intervention de la Banque Centrale dans la gestion de l’établissement considéré
comme illiquide.
Ce sont des actifs sur le point d’arriver à échéance. comprennent plusieurs éléments :
le portefeuille de prêts qui procure à la banque des liquidités au fur et à mesure que les
échéances tombent.
les titres et les instruments de marché monétaire émis par d’autres établissements, tels que les
Bons du Trésor et les Certificats de Dépôt devant bientôt échoir, et qui peuvent être par
conséquent considérés comme une source immédiate de liquidité.
Les actifs à court terme constituent une seconde source de liquidité. Parmi ces actifs, on peut
retrouver des titres à long terme arrivant à échéance, mais la majeure partie est constituée des
instruments monétaires (court terme).
Ces actifs constituent une source sûre de liquidité si et seulement si les deux conditions
suivantes sont réunies : l’existence d’une demande et la stabilité des taux d’intérêt. En l’absence
de cette dernière, l'achat des titres courts pour constituer une réserve de liquidité comporte un
risque de perte substantiel en cas de revente.
La troisième source de liquidité est l’aptitude de la banque à lever des fonds, notamment sa
capacité à accéder aux marchés de capitaux. Cette aptitude dépend de la taille de la banque et de
la perception du marché de la qualité de sa signature.
4
Le taux d’enfer est le taux du découvert en compte courant auprès de la Banque Centrale. C’est le taux le plus
élevé sur le marché monétaire.
Gestion du Risque de Liquidité 4
Ainsi, une banque jouissant d'une bonne réputation de solvabilité a un accès illimité au marché
monétaire. La seule limite à ses emprunts est son capital (réglementation prudentielle).
Afin d’assurer la liquidité nécessaire en temps voulu, chaque banque doit avoir des lignes de
crédit, auprès de la banque centrale et auprès d'autres banques dites correspondants.
Ces lignes de crédit sont souvent sollicitées et accordées par des banques étrangères les unes
aux autres. En effet, une banque qui opère dans une devise étrangère peut, à juste titre, craindre
d’avoir des problèmes de liquidité dans cette devise, n’ayant pas comme une banque nationale un
accès direct à la devise nationale.
La liquidité et la rentabilité ne sont pas des notions indépendantes. En effet, chaque élément
composant le bilan a la caractéristique suivante : sa rémunération est une fonction décroissante
de sa liquidité. Il en résulte qu’au passif les ressources les plus liquides sont les moins coûteuses
et à l’actif les placements les plus rentables sont les moins liquides.
Dans ce cas précis5, la transformation permet donc de réaliser une marge positif : la recherche
de la rentabilité, qui se traduit souvent dans une telle circonstance par l’accroissement du volume
de transformation, crée un risque d’illiquidité (et un risque de taux). A l’inverse, un maintien
d’une situation très liquide peut conduire à acquérir des actifs à plus faible marge et donc à
réduire la rentabilité. Ou encore en cas de liquidité tendue, la recherche de nouvelles ressources
par la vente d’actifs avant leur échéance peut se traduire, en cas de mouvement défavorable des
taux, par une moins value.
1.2.1. Définition
Le risque de liquidité est « celui de ne pas pouvoir faire face à ses exigibilités immédiates avec
ses liquidités disponibles »6.
C’est l’un des risques majeurs de l’activité bancaire, il est issu du rôle de transformation dont
le terme des emplois est généralement supérieur à celui des ressources. La transformation étant
5
Le cas d’une courbe de taux « normale », c’est-à-dire de pente positive.
6
DARMON. J, Stratégie bancaire et gestion de bilan, Ed. Economica, Paris, 1998, page 107.
Gestion du Risque de Liquidité 5
Le risque de liquidité est lié à trois facteurs : la transformation des échéances, l’attitude des
agents économiques à l’égard de la banque et la liquidité du marché.
Le risque de liquidité résulte de la transformation des échéances opérée par la banque. Or,
l’activité de transformation a deux origines :
- les préférences des contreparties : les intérêts des prêteurs et des emprunteurs sont
contradictoires. Les premiers veulent prêter court et pouvoir garder une certaine disponibilité de
leur épargne, tandis que les seconds veulent emprunter long et consolider leurs financements.
L’ajustement des actifs et passifs est donc impossible.
- la recherche d’une marge d’intérêt : lorsque la courbe des taux a une forme ascendante dite
«normale » (les taux à long terme sont plus élevés que les taux à court terme), la transformation
génère une marge positive. La stratégie d’un établissement peut alors consister à privilégier des
emprunts à court terme pour financer des actifs plus longs.
La crise de liquidité peut également survenir, non plus à la suite d’une difficulté propre à
l’établissement, mais en conséquence d’une crise de liquidité générale du marché. Cette crise
peut résulter du jeu de l’offre et de la demande sur les marchés ou encore d’un resserrement
important des contraintes réglementaires pesant sur les investisseurs, les dissuadant d’intervenir
sur tel ou tel segment du marché.
Gestion du Risque de Liquidité 6
Cette situation est cependant peu probable dans les pays développés les banques centrales ont
pris conscience du risque systémique que peut constituer une telle crise. Elles alimenteront, en
cas de besoin, le marché en liquidité afin d’éviter une situation de blocage général.
Ces deux risques sont souvent liés. En recherchant à se couvrir d’un risque de taux, il arrive
que l’on crée un risque de liquidité. Ainsi, en cas d’anticipation d’une baisse de taux,
l’établissement s’efforcera d’accélérer ses prêts long terme à taux fixe, d’où l’augmentation du
risque de liquidité. A l’inverse, en cherchant à réduire le risque de liquidité, on peut faire
apparaître un risque de taux : ainsi en émettant des certificats de dépôts (à taux fixe), la banque
améliore certes sa liquidité, mais accroît généralement son risque de taux.
(Illustration par un exemple).
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Gestion du Risque de Liquidité 7
La présente section a pour but d’identifier tout d’abord le risque de liquidité, et de présenter
par la suite les différentes techniques de sa mesure utilisées par la gestion actif-passif : il s’agit
du profil d’échéances, des impasses en liquidité et enfin des indicateurs synthétiques de
transformation, à savoir l’indice de liquidité et le surplus de base.
C'est le risque que les fonds ne soient pas disponibles pour faire face aux obligations
financières à temps. Ce risque peut être scindé en deux catégories :
Les risques opératoires (operating risk) : ce sont les expositions résultant des activités
journalières de financement et de trading. Ils sont liés à trois facteurs :
- La transformation, qui est due au financement d'actifs à long terme par des passifs à
court terme, résultant du rôle d'intermédiation des banques ;
- Les concentrations, dues à la dépendance de la banque a des sources de fonds, risquant de
disparaître en cas de crise et causant des dégâts considérables à la banque en matière de
liquidité;
- Les flux de hors bilan, se sont des engagements de financement potentiels qui peuvent se
traduire par une demande substantielle de liquidité.
Les risques contingents (contingency risks) : à l’inverse des premiers, ils résultent
d’évènements externes à la banque. Ces risques ont deux origines principales. Soit, pour des
raisons politiques ou économiques, les marchés de capitaux ne fonctionnent pas dans des
Gestion du Risque de Liquidité 8
conditions normales et aucun nouveau financement n’est disponible (crise systémique) ; soit la
banque réalise des pertes et sa capacité de remboursement est mise en cause par le marché, ce
qui provoque une crise de confiance à son l'égard (crise spécifique).
C’est le risque que les actifs ne puissent pas être facilement liquidés. Cela intervient lorsque les
emplois sont cristallisés dans le bilan par le non-remboursement des crédits suite à la défaillance
d’un client ou à une crise de secteur ou par la détérioration de la qualité d’un titre ou une crise de
marchés secondaires pouvant entraîner une baisse des cours des actifs négociables détenus par la
banque, tarissant ainsi une source majeure de liquidité.
« Le profil d’échéances est un tableau qui classe les actifs et les passifs selon leur durée
restant à courir et qui représente donc les amortissements des emplois et des ressources »7.
Le profil d’échéances indique, à un moment donné, la position en liquidité du bilan sur
l’ensemble des dates futures. Il peut être déterminé soit dans une hypothèse de «fonte de bilan »,
c’est-à-dire à l’exclusion de tout encours nouveau, soit dans une hypothèse de « productions
nouvelles » incorporant les encours futurs estimés. D’autre part, l’échéancier des ressources ne
tombe jamais en dessous du plancher constitué des fonds propres. Par contre, l’échéancier des
emplois, hors productions nouvelles, tombe nécessairement à une valeur nulle.
Les classes d’échéances sont plus ou moins fines pour les maturités proches, car c’est le risque
de liquidité immédiate qui est mesuré. Pour les échéances rapprochées, les classes couvrent des
périodes de faibles amplitudes (jours, semaines…) ; pour les échéances plus lointaines, les
classes couvrent des périodes plus longues (années), comme en témoigne le tableau ci-dessous.
En effet, il est nécessaire de connaître très précisément les passifs arrivant à échéance dans les
7
DARMON. J, Op Cit., page 113.
Gestion du Risque de Liquidité 9
prochains jours afin de leur assurer suffisamment de liquidité, alors qu’une telle précision n’est
plus de mise pour les échéances à 6 mois, un an ou davantage.
A partir du profil d’échéances, on peut déterminer les échéanciers des actifs et des passifs.
Pour ce faire, il suffit de retrancher des encours d’aujourd’hui les amortissements prévisionnels.
Le bilan est « sur-consolidé » si les actifs s’amortissent plus rapidement que les passifs.
Un excédent de ressources dégagé avec l’écoulement du temps est disponible pour le
financement des nouveaux emplois.
Le bilan est « sous-consolidé » si les actifs s’amortissent plus lentement que les
ressources. Dans ce cas, des financements nouveaux sont requis pour combler l’écart
avec les actifs en place, en sus des financements des actifs nouveaux.
Le bilan est « consolidé » si les actifs et les passifs s’amortissent au même rythme.
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Les montants des encours et leurs échéances constituent les données de base requises pour
construire les profils d’échéance. Les montants existants sont connus avec exactitude, mais pas
nécessairement les échéances. Certes, la plupart des éléments de bilan ont une échéance
contractuelle. D’autres sont sans échéance ou à échéance incertaine. Dans de tels cas, des
hypothèses ou des conventions sont nécessaire pour classer ces éléments dans le profil
d’échéances. Il s’agit essentiellement des :
- Actifs et passifs sans stipulation de terme comme les dépôts à vue et les fonds propres.
Les dépôts à vue n’ont pas d’échéance contractuelle par définition, ils devraient donc figurer
dans la classe d’échéances la plus rapprochée puisque leur remboursement peut survenir à tout
moment. Néanmoins, l’expérience montre qu’une fraction importante de ces dépôts est
particulièrement stable, étant répartis entre un grand nombre de déposants. Il s’agit donc de faire
une distinction entre la base de dépôts stable sur une période et la base volatile. Le noyau stable
peut être assimilé à des ressources d’échéances éloignées, et la partie volatile est considérée donc
comme une dette à court terme. D’autres méthodes consistent à réaliser des projections plus
exactes des dépôts à vue à partir d’analyses statistiques. Cela requiert un modèle de prévision des
encours des dépôts à vue. Leur montant global dépend de différents paramètres conjoncturels,
qui peuvent expliquer les évolutions des encours.
A l’inverse des dépôts à vue, les fonds propres réglementaires qui incluent les actions et la
dette subordonnée, sont considérés comme des ressources à échéance infinie. Ils sont assujettis à
la contrainte réglementaire, ce qui crée des besoins de capitaux supplémentaires si le bilan est en
croissance.
- Actifs et passifs à échéance contractuelle différente de leur échéance réelle : certains crédits
tels que les découverts accordés aux entreprises ont une maturité courte mais étant régulièrement
renouvelés ils engagent les banques autant que des crédits à maturités plus longue ; d’autres
comportent des clauses de remboursement anticipé. Aussi, certaines opérations interbancaires au
jour le jour sont renouvelées quotidiennement. C’est donc l’expérience acquise par la banque
dans ce domaine qui lui permettra d’établir le profil d’échéances le plus fiable.
- Les engagements de hors bilan : Il s’agit des lignes confirmées, des opérations à terme de
change ou sur instruments financiers (options, swap…). L’exigibilité de ces engagements est
subordonnée à la survenance d'un évènement futur et souvent incertain. Il est néanmoins
nécessaire d'estimer les flux découlant de ces opérations sur la base des constatations passées.
Le profil d’échéance peut être construit par devise ou toutes devises confondues. Cependant, il
doit être mis à jour régulièrement en raison de son caractère instantané.
L’impasse de liquidité mesure les décalages prévisibles, aux différentes dates futures, entre
l’ensemble des emplois et des ressources. Les impasses peuvent être calculées en flux ou en
stock.
L’impasse en flux est définie, pendant une période donnée, par la différence entre les entrées
et les sorties de fonds de la période8. Elles déterminent le besoin ou l’excédent de financement
nouveau de la période.
impasse en flux entrée de fonds sortie de fonds
Dans une hypothèse de fonte du bilan, les flux se limitent aux amortissements correspondants
les tombées à l’exclusion des encours nouveaux. Ainsi, les tombées d’actifs sont des entrées de
fonds et correspondent aux remboursements des crédits par les clients, alors que les tombées de
passifs sont des sorties de fonds correspondants aux règlements des emprunts de la banque.
Le calcul des impasses en flux met en évidence les discordances d’échéances ainsi que les
sorties de fonds maximum auxquelles la banque aura à faire face, période par période. Il est
logique donc d’effectuer ce calcul par différence entre entrées et sorties de fonds. Sous cette
convention, un gap en flux positif indique un excédent de financement (entrée nette de fonds),
tandis qu’un gap négatif indique un besoin de financement (sortie nette de fonds).
8
BESSIS.J, Gestion des Risques et Gestion Actif-Passif des banques, Ed.Dalloz, Paris, 1995, page 97.
Gestion du Risque de Liquidité 12
Ainsi, dans notre exemple, la banque est exposée au risque de liquidité, elle a une impasse
négative de 600 d’ici à une semaine qui lui faudra couvrir pour rester liquide.
Les impasses en stocks sont les différences entre les encours du passif et de l’actif à une date
donnée. Suivant qu’elle soit positive ou négative, l’impasse en stock mesure respectivement le
besoin ou l’excédent total de financement jusqu’à la date considérée. Par convention, cette valeur
algébrique est toujours calculée dans ce sens par la suite.
En cumulant donc les impasses en flux de chaque classe, on obtient la montant et la période de
survenance du besoin de trésorerie maximum (6 800 M d’€ d’ici à 6 mois, dans l’exemple qui
suit), comme l’illustre le tableau suivant :
Les impasses en stocks représentent le besoin total de liquidité cumulé à une date donnée. Elles
sont nécessairement identiques en valeur absolue aux impasses en flux cumulées depuis
l’origine. Donc, les gaps en flux représentent les variations des gaps en stocks d’une période à
l’autre.
L’analyse précédente reste beaucoup plus statique car elle ne concerne que les encours
existants. Cependant, elle peut être enrichie par la construction d’un échéancier des encours
prévisionnels totaux, productions nouvelles incluses, en introduisant des hypothèses de
développement commercial et des hypothèses d’amortissement des productions nouvelles.
Gestion du Risque de Liquidité 13
Le risque de liquidité peut également être mesurée par des indicateurs dits synthétiques. Il
s’agit principalement de l’indice de transformation et du surplus de base.
L’indice de transformation mesure degré de discordance entre les échéances du passif et celles
de l’actif et donne ainsi une indication du risque de transformation encouru par la banque.
Pour calculer l’indice de transformation, il faut au préalable, multiplier chaque actif et passif
par un coefficient de pondération correspondant à la durée moyenne de chaque classe
d’échéances, en utilisant la méthode des nombres.
L’indice de transformation propre à une échéance t est obtenu alors en effectuant le rapport :
Indice de liquidité =
des passifs pondérés
des actifs pondérés
- si ce ratio est inférieur à 1, cela signifie que la banque ne transforme pas, c’est-à-dire,
elle emprunte plus long qu’elle ne prête puisqu’elle a davantage de ressources pondérées
que d’emplois pondérés ;
- un indice de liquidité égal à 1 indique que les actifs et les passifs concordent ;
- plus le ratio est élevé, plus la banque transforme des passifs courts en actifs longs.
Les coefficients assignés aux classes d’échéances doivent nécessairement s’élever à mesure
que s’éloigne l’échéance nominale. Ainsi les passifs à long terme doivent se voir affecter des
poids plus importants que les passifs à court terme de façon à ce que le risque associé à la
transformation soit réduit en augmentant les ressources à long terme.
D’un autre part, les actifs à long terme doivent avoir un poids plus élevé, notamment parce
qu’ils augmentent le risque de transformation et diminuent la liquidité.
Le surplus de base mesure le coussin de liquidité fourni par les actifs liquides pour couvrir les
besoins de financement. Le surplus de base est obtenu en retranchant le passif exigible des actifs
liquides.
Par actif liquide, on entend tous les actifs ayant une échéance très proche ou pouvant être
transformés en cash sans générer des moins values intolérables. On peut citer comme exemple :
les encaisses, le solde du compte Banque Centrale, les titres d’Etat, les excédents de réserve, etc.
Le passif exigible comprend les dettes à très court terme, telles que : les emprunts à 24 heures,
les mises en pension, les emprunts à la Banque Centrale et les dépôts à échéance dans moins de
30 jours.
Exemple :
Interprétation :
- un surplus de base positif : cela signifie qu’une partie des actifs liquides est financée par
des ressources à plus long terme. La banque dispose donc d’un surplus de liquidité.
- un surplus de base négatif : signifie que la banque finance une partie de ses actifs à terme
par des passifs exigibles. Elle souffre donc d’un manque de liquidité.
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Gestion du Risque de Liquidité 16
A partir du profil des impasses de liquidité, la banque définit ses politiques de financement en
tenant compte des contraintes réglementaires et de sa capacité de se refinancer sur le marché.
Le présent chapitre aborde successivement les contraintes de liquidité, l’adossement et les
différentes politiques de financement.
La gestion de la liquidité est soumise à des contraintes réglementaires et des contraintes fixées
en interne pour assurer la sécurité minimale des financements compte tenue de la capacité
d’accès aux ressources. Ces contraintes affectent le profil des ressources. Certaines s’expriment
sous forme de ratios et d’autres sous forme de plafonds de refinancement périodique.
Ces ratios rendent compte de la capacité de l’établissement à faire face à leurs échéances au
cours des mois à venir. La logique de ces ratios réglementaires de liquidité est de disposer d’un
coussin de sécurité sous forme d’un excédent des actifs sur les passifs à une échéance donnée.
Ils peuvent être calculés à différentes échéances : un, trois, six et douze mois. Mais, seul le
ratio de liquidité à un mois de 100% minimum constitue une réelle contrainte. Les autres ratios,
auxquels aucun seuil réglementaire n’a été fixé, sont des ratios d’observation.
Les ratios d’observation de la situation de liquidité à trois mois, six mois et un an, dont le
mode de calcul est similaire à celui du ratio à un mois, sont calculés trimestriellement.
Une autre règle de bon sens consiste à plafonner les financements nécessaires sur un ou
plusieurs horizons fixés. Au-delà de certains volumes, les financements et leur coût deviennent
incertains. De ce fait, les plafonds imposés aux refinancements périodiques visent à limiter le
risque d’un surcoût lié à un appel excessif au marché, ou celui d’être excessivement tributaire
des tensions de liquidité sur les marchés. Pour définir ces plafonds, il faut tenir compte des
impasses résultant des emplois et ressources existants et celles résultant des productions
nouvelles.
Dans une hypothèse de poursuite de l’activité, l’impasse est la différence entre emplois totaux
existants plus productions nouvelles, et les ressources existantes. Plafonner la valeur de cet
impasse (ou du refinancement requis), les emplois existants et totaux étant donnés, revient donc
à fixer un plancher aux ressources existantes à une date future.
Ces ressources minimales requises sont égales aux emplois totaux diminués de l’impasse
maximale.
3.2. L’adossement
3.2.1. Définition
« L’adossement est réalisé lorsque les profils d’amortissement des emplois et des ressources
sont similaires et lorsque les taux de référence sont les mêmes »10 .
L’usage est de dissocier l’adossement en liquidité qui consiste à répliquer à l’actif et au passif
les montants et les profils d’amortissement des emplois et des ressources, et l’adossement en
taux qui consiste à choisir les mêmes taux de référence fixes ou variables dans les deux cotés, et
que nous allons traiter au chapitre suivant.
L’adossement en liquidité permet, en finançant des emplois par des ressources de profil
d’échéance comparable, de minimiser les besoins de liquidité présents et futurs.
Pour réaliser l’adossement global du bilan en liquidité, il suffit d’annuler les impasses en stock
futures à toutes les dates. Toutes les impasses en flux, donc tous les besoins de financements
prévisionnels, s’annulent.
L’adossement exact peut être défini pour une opération individuelle. Cela revient à refinancer
chaque actif du bilan par une ressource de mêmes caractéristiques de montant originel et de
profil d’amortissement. Si toutes les nouvelles opérations sont adossées exactement,
l’adossement global est aussi réalisé sur le bilan clientèle et se pérennise au fur et à mesure que
les opérations nouvelles adossées sont réalisées.
Mais il n’est pas nécessaire, ni souhaitable, d’adosser individuellement tout nouvel emploi
pour réaliser cet adossement global. Une opération nouvelle peut se trouver en partie adossée par
des engagements existants ou par d’autres opérations nouvelles. Les adossements en liquidité
globaux sont donc mis en place sur des positions nettes, c’est-à-dire en partant des profils
d’impasses résultant des engagements existants.
Les adossements sont inévitablement approximatifs. La sécurité qui semble résulter de ce
« face à face » des passifs et des actifs est, pour une part, illusoire. Tout changement dans la
structure du bilan rend périmé l’équilibre antérieur11.
10
Bessis. J, « Gestion des risques et gestion Actif-Passif des banques », Dalloz, Paris, 1995, page 100.
11
Darmon. J, « Stratégies bancaires et gestion de bilan », Economica, Paris, 1998, page 322.
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Les montants de financement requis dépendent des impasses qui se creusent à chaque période
et d’un éventuel coussin de sécurité que la banque souhaite maintenir. Le choix des échéances,
abstraction faite des anticipations de taux, dépend du profil des ressources minimales choisi par
la banque en fonction des objectifs de liquidité, à savoir :
- Adosser des actifs aux passifs ;
- Plafonner les volumes de refinancement périodiques ;
- Respecter les ratios de liquidité.
Le décalage entre le profil des ressources existantes et le profil des ressources minimales
requises fixe le montant du financement à mettre en place et permet de choisir entre les
financements à long terme et les financements à court terme. Ce choix s’effectue en fonction de
la durée de ce décalage :
Si la sous-consolidation du bilan par rapport au profil des ressources minimales est durable, un
financement à long terme semble mieux adapté. Une première tranche peut être mise en place
immédiatement, et d’autres sont nécessaires dans le futur car les besoins croissent à chaque
période.
Si la sous-consolidation du bilan est de courte durée, un financement à court terme peut être
suffisant.
Structurer les ressources par échéance sur la base des seuls objectifs de liquidité, consiste à se
rapprocher du profil des ressources minimales. Ce rapprochement se fait par couches de
financement successivement mises en place au fur et à mesure que le profil des impasses glisse
dans le temps.
Il n’est pas évident de dire lequel de ces deux choix (financement à long ou à court terme) est
le meilleur. Tout dépend des profils de départ. De plus, cette analyse est simple car elle ignore
les taux d’intérêt.
ses engagements au moment où ceux-ci doivent être exécutés. Il s’agit d’avoir un équilibre
instantané pour les échéances proches et d’être capable de revenir à l’équilibre pour les
échéances les plus lointaines, quelques soient les circonstances.