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Intervention Culture générale

Jean Luc Le Mercier


AES – IPAG 1er semestre 2008-2009

Plan et synthèse succincte des principaux éléments de l’intervention

LA DEMOGRAPHIE

« De tous les phénomènes contemporains, le moins contestable, le plus sur dans sa


marche, le plus facile à prévoir longtemps à l’avance et peut être le plus lourd de
conséquences est le vieillissement de la population ». A SAUVY

La démographie est l’étude quantitatives des populations et de leurs dynamiques, à


partir de caractéristiques telles que la natalité, la mortalité ou les migrations.
Elle dépasse largement le cadre de l’analyse statistique et elle permet d’étudier les
phénomènes affectant les populations dans une perspective globale.

I) Un monde dont l’expansion est aujourd’hui ralentie

A) une croissance démographique mieux maîtrisée

1) la croissance forte de la population au cours du siècle dernier

1950 : 2,5 milliards ; 1970 : 3,7 milliards ; 1994 : 5,6 milliards


Longtemps, la démographie est un facteur de puissance (« guerre des berceaux »)
Rapport des Nations Unies de 2007 : « la population continuera de 2,5 milliards
d’habitants sur les 43 prochaines années, passant de 6,7 à 9,2 milliards en 2050 ».

2) une croissance cependant aujourd’hui moins rapide

Sauf en Afrique sub-saharienne et dans certains pays d’Asie, la plupart des pays ont
entamé une transition démographique. L’accroissement actuel ne saurait donc à
terme perdurer et est en partie du à la jeunesse actuelle de la population de
nombreux pays émergents ou du tiers monde.
En Afrique cependant, la population devrait passer de 954 millions en 2007 à 1,93
milliard en 2030.

B) Une transition démographique en cours dans la plupart des pays

1) Explication graphique de la « transition démographique »


L’espérance de vie de l’homme occidental est passée en un siècle de 47 à 79 ans.

2) Des illustrations de transition démographique

Youssef Courbage (INED) et Emmanuel TODD dans « le rendez-vous des


civilisations » estiment qu’un mouvement de convergence se profile à l’échelle
planétaire dans lequel le monde musulman est associé
Ces bouleversements sont à la fois le signe et le levier d’une mutation en profondeur
des structures familiales.
Ex :
Tunisie 1960-1970 : plus de 7 enfants par femme ; aujourd’hui environ2
Maroc 1960-1970 : plus de 7,5 enfants par femme ; aujourd’hui 2,4
Les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale sont touchées.
Azerbaïdjan : de 5,6 à 1,7 enfants par femme
Kazakhstan : de 4,5 à 1,89 enfants par femme (soit des taux « européens ».

II) Un monde qui vieillit

Les sociétés contemporaines offrent un curieux paradoxe : jamais les personnes


âgées n’y ont été aussi nombreuses et leur prise en charge assurée alors que dans
le même temps , les représentations sociales de la vieillesse restent absentes ou
dévalorisantes.

A) L’émergence d’une catégorie « senior » dans la plupart des sociétés

1) d’une pyramide des ages classique à une pyramide en « as de pique »

Un rapport de l’ONU montre que d’ici 2050, le nombre de plus de 60ans augmentera
de plus de 1 milliard d’individus.
Les seniors représentaient en 1950 8% de la pop. mondiale, 10% en 2000 et 21% en
2050. Il a fallu 115 ans à la France pour que la proportion des plus de 60ans double.
Il n’en faudra que 27 à la chine.

2) les conséquences de ce vieillissement sont multiples

Politiques (vote des seniors), économiques (produits spécifiques) et sociales


(inversion des solidarités intergénérationnelles par exemple).
Ex sur le dynamisme d’un pays : en Chine, la part des personnes de plus de 65 ans
dans l’ensemble de la population était de 7% en 200 devrait atteindre 24 % en 2050,
la chine comptant alors 330 millions de personnes âgées.

B) un phénomène amplifié en Europe

L’UE est face à un défi. En effet, selon Eurostat, un tiers des européens aura plus de
60ans en 2060 et 12,1% plus de 80 ans.
De façon globale, les pays de l’UE devraient perdre (selon l’OCDE) et hors
phénomènes migratoires 20 millions d’habitants d’ici 2050 pour compter 470 millions
d’Habitants (soit une population environ égale à celle des USA).
Le Royaume Uni devrait être à terme (2060) le pays d’Europe le plus peuplé avec
76,6 millions d’h..

1) des taux de fécondité très bas.

Deux pays ont un indice de fécondité par femme en âge de procréer « intéressant » :
la France (2) (pour notamment des raisons historiques et sociales) ce qui représente
pour l’année 2007 812 300 naissances et l’Irlande (1,93) (pour des raisons plutôt
religieuses).
Les pays du Nord résistent : Suède, Finlande, Danemark (autour de 1,8) grâce à des
mesures d’encouragement social.
L’arc latin et catholique s’est effondré (Italie et Espagne) avec un indice de 1,3.
L’Allemagne (0,9 pour la partie orientale du pays) et l’Europe centrale sont dans une
situation préoccupante (1,24 pour la Slovaquie, 1,27 pour la Pologne).
Déjà des pays perdent des habitants. C’est le cas de la Hongrie (135 732 décès en
2005 -97 496 naissances). A terme, on estime également que les bulgares devraient
être 5,1 millions en 2050 contre 9 millions en 1989 au moment de la chute du
communisme.

2) des gains d’espérance de vie faibles pour l’Europe centrale

Depuis 1970, un polonais n’a gagné que 4 ans d’espérance de vie là où un français
en a gagné 9 et un lituanien perdu 2.
Des structures médicales obsolètes, des mauvaises conditions de travail, des
comportements à risque, des forts taux d’homicide et de suicide (Cf. Hongrie)
expliquent cela.

3) la question des flux migratoires

Aujourd’hui, l’immigration constitue une part essentielle de l’accroissement


démographique européen puisque, selon Eurostat en 2005, pour l’UE à 25,
l’accroissement de la population totale était de près de 2,3 millions. Sur ce chiffre
près de 1,6 était dû au solde migratoire.
Dans les pays où ce solde migratoire était négatif (c'est-à-dire plus de départs
d’émigration que d’arrivées immigration), on constate déjà une diminution de la
population. C’est le cas de la Pologne qui a perdu 100 000 habitants depuis 2004.
Hors d’Europe, certains pays ont fait le choix de ne pas ouvrir plus les frontières
malgré un vieillissement marqué de la population. C’est le cas du japon qui espère
une réponse technologique face aux enjeux démographiques.

III) Un monde qui s’urbanise

Ville : « réunion d’habitations disposant de structures nécessaires à la vie sociale ».


Sur un plan sémantique, côté souvent positif de la ville : urbain, urbanité, policé…..
même si on constate une évolution.

A) Une tendance tardive même si les premières cités sont anciennes

1) L’émergence des villes


Entre le VI et V millénaire (avant JC) apparaissent les premières villes, au sens
moderne du terme, en Mésopotamie (Irak) et dans la vallée de l’Indus (Pakistan).
L’apparition de la ville moderne :
La population urbaine va croître brutalement, avec des différences dans le temps,
selon la rapidité de l’industrialisation :
Royaume uni : 17 % (de la pop.) en 1801 ; 52 % en 1851 et 78 % en 1911
France : 25 % en 1851, 44 en 1911 (50% en 1931-1932).
Cette urbanisation est souvent décriée. Rapport Villermé au milieu de 19 ème siècle
sur les conditions de vie abominables de la classe ouvrière.
Remodelage des villes notamment pour des raisons d’ordre public (y compris les
travaux de Haussman à paris).

2) Le thème du renouvellement urbain

En ce début de 21ème siècle, la ville est en crise. Symbole de mal vivre, de pollution,
de bruit et de violence (le terme de délinquance est d’ailleurs souvent accompagné
de l’adjectif urbain). En France en 2003, 6 millions de personnes vivent dans des
quartiers dégradés.

B) Une tendance mondiale aux conséquences lourdes

1) L’urbanisation du monde

Le nombre de villes de plus de 100 000 habitants passe de 5 au 18ème siècle à 65 en


1800 et 300 en 1900. 6 villes (Londres, Paris, New York, Vienne, Pékin et Berlin)
dépassent le million d’habitants en 1875. Elles sont 16 en 1900 dont 6 aux USA.
C’est en effet au départ essentiellement un phénomène européen ou occidental.
En 2007 pour la ère fois dans l’histoire de l’humanité, les citadins sont plus nombreux
que les ruraux.

2) L’extension du phénomène aux pays émergents et au tiers monde

C’est dans ces pays que l’on trouve et trouvera à l’avenir les ensembles urbains les
plus importants.
Avec ses 11 millions d’habitants, Paris (et sa banlieue) n’arrive qu’au 21ème rang
mondial, largement dépassé par Mexico par exemple (24,5 millions) Lagos (13,4) le
Caire (17,6), Bombay (18,1)…..
La création de grandes mégalopoles dans ces pays posent des pbs d’aménagement
(gestion des déchets, de l’eau, des déplacements) qui sont difficiles à régler sans
financement important.
A titre de rappel, le terme mégapole a été créé en 1961 par un français et s’appliquait
à BOS WASH (Boston - Washington). Aujourd’hui, il prend tout son sens pour des
villes du tiers monde.

IV) Un monde aux ressources contraintes

La NEF (new economics foundation) et le WWF estiment que chaque année


l’utilisation des ressources naturelles dépasse de 20% la capacité de la planète à les
régénérer.
1) La notion de « ressources naturelles »

Les ressources naturelles sont entendues au sens de matières premières. Une


distinction primordiale est opérée par les économistes entre :
- ressources naturelles renouvelables qui sont susceptibles de fournir une
disponibilité de service infinie si elles sont convenablement gérées : la terre, l’air……
- ressources non renouvelables qui ne sont susceptibles de fournir que des
disponibilité de service finies. Elles comprennent l’ensemble des ressources
minérales : charbon, pétrole, gaz……
Il est possible de complexifier dans le non renouvelable avec par exemple le pétrole :
réserves prouvées, probables, possibles….

2) Des ressources menacées

- les ressources halieutiques


La surexploitation des ressources halieutiques a conduit la proportion des espèces
en danger ou épuisées à passer d’environ 10 % dans les années 1970 à 24 % en
2003.
Par ailleurs, un pic de volume de poissons péchés en mer a eu lieu en 2000, depuis,
il ne cesse de baisser.
Enfin, parmi les dix espèces le plus péchées, 7 sont considérées comme pleinement
exploitées ou surexploitées : hareng de l’atlantique, anchois du Japon….
- la problématique de l’eau
L’eau est une ressource abondante mais inégalement répartie. Plus de la moitié de la
pop. n’a pas accès à des services sanitaires avec traitement des eaux usées. Plus
du quart n’a pas accès à une eau saine. 12% consomme 85% de l’eau. Les
exemples peuvent être multipliés à l’infini.
De fait, l’eau est parfois un enjeu de politique étrangère. A ce titre, la Syrie et l’Irak
estiment que le développement du potentiel hydraulique dans l’est anatolien
(Turquie), fait peser un risque sur les bassins du Tigre et de l’Euphrate.
- Pétrole et gaz naturel
4 pays détiennent les principales réserves prouvées de pétrole : l’Arabie Saoudite,
l’Iran, l’Irak et le Koweït.
Ce sont donc quelques pays du moyen orient qui concentrent l’essentiel (2/3) des
réserves qui sont estimées à une quarantaine d’années de consommation (c’est ainsi
depuis quelques années grâce aux nouvelles prospections).
Par ailleurs, la Conso ne cesse, du fait d’économies émergentes, de progresser ce
qui ne manquera pas, à terme, d’entraîner des problèmes d’approvisionnement.
S’agissant du gaz, 3 pays se partagent les principales réserves : la Russie, l’Iran et
le Qatar.
Le gaz est un peu mieux réparti que le pétrole. Cependant, le moyen orient et le bloc
de la CEI concentrent près de ¾ des réserves. Au rythme actuel de la conso, nous
disposons de 60 ans de réserve ce qui pose le pb de l’après hydrocarbures.

3) la problématique des énergies renouvelables

Plus de 80% de l’énergie utilisée dans le monde provient de gisements de


combustibles fossiles (charbon, gaz, pétrole).les énergies renouvelables s’inscrivent
dans une problématique double d’épuisement des anciennes énergies mais
également d’indépendance et de sécurité des approvisionnements.
Remarque liminaire sur le nucléaire : 400 centrales dans le monde fournissent plus
de 15% de l’énergie produite. La France possède le 2ème parc mondial avec 59
centrales. Se pose avec acuité, pour ce type d’énergie, le problème de la gestion
des déchets ; de plus se pose également un pb d’acceptation politique et sociale (cf.
doctrine du nimby (not in my backyard)).

- Les énergies renouvelables :


-l’énergie solaire : la France tarde à s’équiper notamment comparativement à
l’Allemagne mais on assiste, du fait de la flambée des cours du pétrole à
l’émergence d’une volonté politique.
- l’énergie éolienne : utilisée depuis l’antiquité. Aujourd’hui, l’Europe possède 74 %
de la capacité mondiale, essentiellement en Allemagne, en Espagne, au Danemark
(où 20% de l’énergie produite est de cette origine) et aux Pays bas. La France,
notamment en Languedoc Roussillon commence à développer son parc ce qui
fondamental pour que notre pays puisse respecter les engagements pris dans le
cadre du protocole de Kyoto.
Les détracteurs voient dans cette énergie différends maux : atteintes aux paysages,
risques pour les oiseaux, atteintes à la santé (bruit)…..
-l’énergie Hydraulique : largement développée en France et dans de nombreux pays
du monde (cf. itaïpu au Brésil, barrage des trois gorges en Chine… ) c’est une
énergie souvent présentée comme propre mais qui n’est pas sans incidence sur les
écosystèmes . Par ailleurs, elle peut être soumise à des irrégularités dues aux fortes
variations du débit des cours d’eau qui ne correspondent pas aux variations de la
demande en électricité.
-les biocarburants
-l’énergie des déchets (cf. les procédés de méthanisation des ordures ménagères)
qui nécessite un filtrage des fumées afin d’éviter des atteintes à l’environnement ou
la santé publique.
-l’énergie géothermique : peu de sites ont été créés, en Islande et au japon par
exemple. La France a créé une centrale à Bouillante en Guadeloupe.
Les énergies renouvelables apparaissent donc pouvoir fournir une part des futurs
besoins d’énergie mais pendant longtemps sous la forme d’un appoint même si, au
niveau européen, la directive sur l’électricité renouvelable fixe des objectifs ambitieux
(nécessitant pour la France la construction d’environ 6000 éoliennes).

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