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Siegfried Giedion, Espace, temps, architecture. Ed. Denoel, 2004.

(ouvrage de
1968).

Notes de lecture complétées par d’autres ouvrages comme Michel. Ragon, Histoire de
l’architecture et de l’urbanisme modernes », coll.Points, ed. Seuil, ou L’Architecture du
XXe siècle, ed.Taschen, Histoire de l’Art, Epoque Contemporaine ed. Flammarion.

Partie IV. L’éclosion de nouvelles possibilités.

Comment considérer le XIXe dans l’architecture ? Est-ce la fin d’une époque ? Le début
d’une nouvelle tradition ?
Recherchons ses principales caractéristiques :

- une architecture monumentale assez limitée

- la révolution industrielle a bouleversé la vie des hommes, elle a créé une sorte
d’instabilité permanente des idées sans qu’un nouvel équilibre soit trouvé sur le plan
architectural. Ce sera le cas au XXe siècle.

- le XVIIIe a été un siècle d’inventions mais le XIXe ne reflète pas cet esprit novateur.
On observe que finalement ce sont les bâtiments ordinaires, fonctionnels (gares,
postes, entrepôts, hôpitaux, bibliothèques, usines) qui expriment l’esprit du XIXe plutôt
que les bâtiments officiels, simples évocations gothiques ou classiques ( : éclectisme).

Question fondamentale : comment les possibilités offertes par les


expérimentations du XIXe dans des bâtiments utilitaires seront transférées dans
l’architecture de l’habitat, de la vie.

1. L’importance nouvelle du fer.

Connu depuis l’Antiquité mais délaissé au profit du bronze plus résistant aux
intempéries, le fer était également peu utilisé à la Renaissance, Alberti conseillant
d’éviter les matériaux créés « hominum manu e arte ».
D’abord utilisé en état de fonte pour les ponts, puis les ponts suspendus, au début du
XIXe pour les charpentes à la place du bois afin d’éviter les incendies et enfin en 1811
pour la coupole de la Halle a blé avec le cuivre. Progressivement, grâce aux innovations
techniques et la puissance croissante des hauts fourneaux la fonte est remplacée par
l’acier à la fois plus résistant et plus souple.
A cette époque, le style dominant est le pastiche des styles historiques pour
décorer des façades. La questions la plus fréquente que se posait l’architecte avec le
comandataire était « gothique ou classique » ? Certains dénonçaient ce « manteau
d’arlequin » qui couvrait les façades.
Cependant, des tendances nouvelles émergent grâce à l’industrialisation qui a marqué
l’architecture du XIXe. L’architecte et l’ingénieur se séparent car les préoccupations du
deuxième sont très prosaïques : rapidité, baisse des coûts. C’est l’époque où l’on
agrandit les bâtiments industriels pour y introduire les nouvelles machines. Les
matériaux usuels sont le bois, la brique, la pierre. Des fenêtres hautes laissent passer la
lumière pour économiser l’énergie.
Dans la 1e moitié du XIXe, la colonne apparente en fonte s’impose comme le 1er
élément nouveau en 1850 au Crystal Palace
http://fr.wikipedia.org/wiki/Crystal_Palace_%28palais_d%27expositions%29

de Joseph Paxton à l’Exposition de Londres en 1851,


http://tecfa.unige.ch/~grob/1851/present.html

ou à la Bibliothèque Sainte Geneviève d’Henri Labrouste


http://www-bsg.univ-paris1.fr/bsg/architecture.htm

à Paris. Mais dès 1818, dans une salle d’apparat du Royal Pavillon of Brighton
http://www.bluffton.edu/~sullivanm/england/brighton/pavilion/nash.html

John Nash, architecte du roi avait utilisé ce type de colonne en fonte. On voit que ce
matériau industriel nouveau n’était pas exclu des constructions monumentales de
prestige.
Henri Labrouste, commence la construction de la Bibliothèque en 1843. Il utilise la
colonne en fonte dans une petite salle de lecture de la réserve. De même, dans le
pavillon principal de l’Exposition de Paris de 1867, avec des colonnes en fonte élancées
couronnées de chapiteaux. Le fer est donc de plus en plus utilisé car la production
industrielle a fait passer le prix en dessous de celui du bois. En plus il constitue une
protection contre incendie. Dans les années 1880, aux Etats-Unis, l’Ecole de
Chicago utilise pour la première fois une charpente cette fois en acier.
Mais le charme des premières colonnes a disparu sous l’effet de la banalisation.

2. Vers la charpente en acier.

La filature Philipp and Lee à Manchester est le premier exemple de bâtiment dont la
charpente interne a été composée de poutres maîtresses en fonte. Dans la filature
Boulton and Watt on voit les premières poutres en double T. Dans les grands magasins
apparaissent les vitrines en verre et fonte.
Aux USA les murs extérieurs en maçonnerie sont remplacés par des vitrines encadrées
par des colonnes en fer soutenant les charges. James Bogardus a construit plusieurs
édifices sur ce principe entre 1850 et 1870 comme la célèbre Maison d’édition Harper
& Brothers au Franklin Quare de New York (voir cette page sur les premiers gratte-ciel)
http://www.officemuseum.com/office_buildings.htm
dont le mur extérieur est pratiquement entièrement en verre . Cependant, Bogardus
affirme vouloir imiter les formes de l’Antiquité avec des matériaux modernes.
Autre exemple majeur, le quartier River Front de la ville de Saint Louis dans les années
1870-1890, mais qui a été abandonné avec l’essor du chemin de fer.

En France, la première construction entièrement exécutée à ossature de fer est le


« moulin » de la chocolaterie Menier à Noisiel sur Marne, en Seine et Marne
http://pagesperso-orange.fr/pone.lateb/moulin%20saulnier.htm
par Jules Saulnier construite en 1871-72. Saulnier est l’inventeur du bâtiment à
ossature de fer et à remplissage en brique. Remarquez les renforts en diagonale
en façade comme s’il s’agissait d’une maison à colombage en bois. La charpente
supporte tout le poids, comme le montre la photo d’intérieur, Saulnier a également utilisé
quelques carreaux de faïence en treillis pour le décors de la façade. Or on affirme à
tort que c’est l’Ecole de Chicago qui a initié cette technique pour les premiers
gratte-ciel, en particulier Le Home Insurance Building à Chicago,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Home_Insurance_Building
1884-1885, de l’architecte William Le Baron Jenney qui fut admis comme étant le
premier gratte-ciel. La structure de 10 étages et 42m de hauteur fut construite en 1884-
1885 et détruite en 1931. Principalement constitué d’un squelette en acier et de briques
ce qui lui permettait, en plus de son exceptionnelle hauteur d’avoir une très grande
proportion de surface vitrée pour laisser passer la lumière naturelle, indispensable à
l’activité de bureau. En réalité, il s’agit du premier bâtiment non industriel à utiliser
l’ossature métallique. Ainsi, cette invention a mis à 80 ans, depuis la filature de Watt, à
s’imposer dans l’architecture comme « le chemin de fer vertical », c’est à dire
l’ascenseur.

3. Le divorce architecte-ingénieur.

Dans un contexte de fossé croissant entre sciences et techniques d’un côté et arts
de l’autre au XIXe siècle, il est important de rappeler l’origine du divorce entre
architectes et ingénieurs. Napoléon fonde l’Ecole des Beaux Arts qui perpétue l’union
des arts plastiques et de l’architecture si naturelle à l’époque du baroque. Or,
l’architecture prônée dans cette école était de plus en plus coupée des réalités. Il
incombait à l’Ecole Polytechnique, fondée en 1794, de combiner sciences
théoriques et techniques appliquées à l’industrie, aux transports, à l’énergie etc.
L’Ecole des Beaux Arts est un monde aseptisé, attaché au formalisme alors que la
Polytechnique est beaucoup plus proches des besoins réels de l’économie, de la vie.
Alors que l’ingénieur, ce personnage clé du XIXe est traité avec mépris pour son
ignorance des styles, certaines voix s’élèvent pour en faire l’éloge, et d’abord celle
d’Henry Van de Velde (Belgique 1863, Suisse 1957) « l’ingénieur crée de la beauté
comme jadis l’architecte du Moyen Age, sans le savoir ».

4. Henri Labrouste, architecte-constructeur 1801-1875.

Voir biographie et liens :


http://www-bsg.univ-paris1.fr/bsg/hlabrouste.htm
http://fr.structurae.de/persons/data/index.cfm?ID=d001190
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Labrouste
Voir aussi du côté de la base Mérimée sur le patrimoine architectural français : accès
par liste alphabétique :
http://www.culture.gouv.fr/documentation/memoire/LISTES/merimee/AA_autr-00.htm
Sur la Bibliothèque Sainte Geneviève, son chef d’œuvre :
http://www-bsg.univ-paris1.fr/bsg/architecture.htm
Lors de son voyage à Rome (récompense des premiers prix à l’Ecole des Beaux Arts) il
y cherche non pas des modèles esthétiques mais « l’organisme de chaque
construction ». A son retour, il rompt avec l’Académie, ouvre sa propre école
d’architecture et y enseigne selon le principe « la forme répond toujours à la
fonction » (c’est le retour aux principes de l’architecture gothique par delà la
Renaissance). Son école est combattue par les beaux Arts comme « rationaliste »,
cependant, on lui confie la réalisation de la Bibliothèque Sainte Geneviève qu’il
construira entre 1844 et 1851 selon trois principes :

- un bâtiment indépendant (c’est la 1e bibliothèque conçue comme un édifice


autonome)
- une armature entièrement métallique pour la première fois dans un bâtiment
public
- maçonnerie « coquille » pour masquer la structure métallique.

Cette dernière apparaît cependant clairement à l’intérieur avec les voûtes en berceau
remplies de plâtre. Elle apparaît aussi à l’extérieur. Dans une façade de type
néoclassique il applique le principe de clarification de l’architecure gothique.
Il poursuivra avec un autre grand projet qui restera inachevé, la Bibliothèque Nationale
(1854-1875), inspirée de la salle de lecture du British Museum (circulaire)
http://commons.wikimedia.org/wiki/Category:British_Museum_Reading_Room
à coupole métallique de 30m de diamètre, la 1e du genre. La salle de lecture de la
Bibliothèque nationale est rectangulaire, elle est dotée de 16 colonnes en fonte de 10m
de hauteur. Les colonnes sont reliées par des poutrelles en ½ cercle comme le portique
de l’Hôpital des Innocents de Brunelleschi à Florence.
Son chef d’œuvre, le magasin central (900 000 tomes) sur quatre niveaux avec un toit
en verre, des caillebotis en fonte et à claire-voie qui laisse passer la lumière et qui crée
un jeu d’ombres et de lumière à la manière de Frank Loyd Wright. Le fer domine ici.
L’accessibilité crée un espace purement fonctionnel mais aussi d’une grande
liberté décorative.
Labrouste est un architecte majeur du passage à la modernité mais il est mal connu car
plusieurs plans de ses projets ont disparu. Le « grand magasin » de la Biblio Nationale
est un nouveau concept qui crée un espace de type « entrepôt » et vise à mettre ainsi
en contact un maximum de livres (produits) avec un maximum de lecteurs
(« consommateurs ») sous une lumière abondante.
Le même concept sera utilisé dans le premier grand magasin parisien : « Au bon
marché » (1869-1877). Comme architecte, le fondateur Aristide Boucicaut a choisi L.A.
Boileau et comme ingénieur Gustave Eiffel, deux pionniers de l'utilisation fonctionnelle
du fer et du verre en architecture urbaine. Le fer pour rendre possible l'installation de
larges baies vitrées. Le verre pour permettre à la lumière naturelle d'entrer à flots. Le
bâtiment a été achevé en 1887. Le travail sur la lumière de Labrouste a servi ici
d’exemple et préfigure celui de Le Corbusier et des architectes du XXe siècle. Surfaces
vitrées au plafond, interpénétration intérieur-extérieur.
http://www.ub.es/geocrit/sn/fsn-211/fsn-211_020.png
http://toto.lib.unca.edu/findingaids/books/booklets/bon_marche/jpeg/bonm0009_mod.jpg
http://80.65.232.176/Photos/00/00/04/74/ME0000047449_3.JPG
5. Le rôle des grandes expositions.

Elles rappellent les foires du MA. A partir du milieu du XIXe elle sont internationales.
Avec le développement du libre-échange elles mettent en compétition les États. C’est
lors de la 1e d’entre elles que Crystal Palace de Londres, une bâtiments les plus
modernes de son époque, a été construit entièrement en fer et en verre. (détruit par un
incendie en 1932). La Galerie des machines, symbole de l’ère victorienne, avait déjà
disparu en 1912.
Ce bâtiment a ait une impression féerique avec sa surface de 74000 m2 = x4 la
surface de Saint Pierre de Rome. C’est le premier édifice de dimensions
gigantesques en bois (la charpente), fer et verre. Il a été construit en 6 mois.
Joseph Paxton a su marier la grandeur et la délicatesse, « c’est un fragment de songe
d’une nuit d’été » disait un visiteur.

Partie IV. Il faut une morale en architecture.

1. Les années 1890 -1910 : les précurseurs européens de la modernité.

Alors que les métropoles connaissent une frénésie de construction, l’éclectisme


continue à dominer en Europe.

Hendrik Petrus Berlage


http://lartnouveau.com/artistes/autres_pays/BERLAGE.HTM
(1856-1934) fustige l’architecture de son temps où « le mensonge est la règle et la
vérité l’exception. C’est une architecture de parade, d’imitation, de mensonge ».
Il construit la Bourse d’Amsterdam, en 1898, chef d’oeuvre de style rationaliste
(courant qui s’inspire de Viollet-le-Duc) du grand architecte hollandais, qui diffuse en
Europe les principes de Frank Loyd Wright (brique au naturel, espace rationnellement
compartimenté, sobriété).
Quelques photos de la Bourse :
Intérieur de la bourse aux marchandises :
• http://www.vitruvio.ch/arcgallery/vitruvio/olanda/buildingexchange_02.jpg
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a8/Beurs_van_Berlage_Grote_Zaal.jp
g
http://www.bma.amsterdam.nl/adam/pics/msp/beurs2.jpg

Extérieur :
http://www.vitruvio.ch/arcgallery/vitruvio/olanda/buildingexchange_01.jpg
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/ab/BeursVanBerlage.jpg/800px
-BeursVanBerlage.jpg

La Bourse est d’une esthétique néo-flamande, mais qui suit une démarche d’œuvre
d’art total en y intégrant des éléments de décoration (voir détails de la
charpente).Fasciné par le style roman, mais pas dans un sens historiciste, il construisait
dans les années 1880-90, comme Sullivan à Chicago, des immeubles de bureaux de
style mixte (roman-renaissance avec arcades. La Bourse aura une grande influence
sur l’Ecole d’Amsterdam (Piet Kramer…) influencée également par l’expressionnisme
allemand, ou sur les fonctionnalistes du « Stijl » à partir de 1917. Cependant, sur le
plan technique, la Bourse n’apporte rien de nouveau par rapport à la Bibliothèque
Sainte Geneviève de Labrouste (structure métallique enfermée dans une maçonnerie
porteuse).

Ecole bruxelloise :
http://www.irismonument.be/main/home.aspx?ContentID=gc100&cp=9999
(site lent mais très bien documenté : descriptions intéressantes des œuvres
)
Henry Van de Velde (1863-1957)
http://lartnouveau.com/artistes/autres_pays/van_de_velde.htm
dénonce également le mensonge de l’architecture et défend « L’Art moderne ». Il
conçoit sa maison de l’avenue Van der Raye à Uccle, faubourg de Bruxelles (1894-
1896), comme une œuvre totale avec tous les objets dessinés par lui. La façade est
sobre, les fenêtres sont adaptées à la fonction de la pièce. Ses meubles ont un grand
succès en Allemagne mais pas en France. Un des principaux représentants du
« Modern Style », qualifié en France péjorativement d’ « art belge ».
Avec Siegfried Giedion et contre Pierre Francastel, on s’accorde à dire qu’il est au début
du XXe le leader incontesté de l’architecture moderne en Europe : architecte,
créateur de meubles, théoricien, il découvre par hasard les œuvres de William Morris
(socialiste anglais), en particulier The red house
http://friends-red-house.co.uk/visiting_in_2002.htm
construite à Upton dans le Kent en 1859, véritable manifeste prenant à contre-pied les
façades en stuc et les toits d’ardoises les écrits de John Ruskin (chef de file du
mouvement « Gothic revival ») et s’en inspire pour réaliser l’union de l’art et de
l’industrie. Mais les idées socialistes visent aussi à mettre le beau à la portée de tous
(décoration, mobilier) et au quotidien grâce à l’industrialisation.
Voir une visite guidée en anglais de Red House :
http://www.antiques.tv/movie.php?id=999&movieid=28&series=5
Une webographie sur William Morris.
Quelques exemples de mobilier sur le site Insecula :
http://www.insecula.com/salle/EP0677.html
(Mackintosh, Guimard, Gallé, Wright…)
Un site spécialisé dans le mouvement Arts and Crafts : architecture et décoration
intérieure, peinture, accessoires…Une belle collection de photos classées.
http://www.achome.co.uk/index.php
Autre site sur les pionniers des « Arts and Crafts » :
http://www.burrows.com/found.html

Décrié à Paris et à Bruxelles, Van de Velde est invité par le mécène grand duc de
Saxe-Weimar dans sa cour pour « relever le niveau esthétique de toute la production
artisanale et industrielle du pays ». Il crée dans cette ville l’Ecole des arts décoratifs en
1908, prémice de ce qui sera dans ce même lieu le Bauhaus.
http://www.artandarchitecture.org.uk/search/results.html?qs=Henry+Van+de+Velde
Autre lien :
http://hanser.ceat.okstate.edu/6083/van%20de%20velde/henri_van_de_velde.htm
Pourquoi la Belgique est-elle présente dans les avant-gardes architecturales au tournant
du XIXe siècle ?
http://www.la-belle-epoque.de/belgium/bxindxf.htm
(penser à également à Paul Hankar
http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Hankar

et Victor Horta).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Horta

Elle connaît une industrialisation très rapide à partir de 1880. De plus, la ville de
Bruxelles est le refuge de beaucoup d’artistes rejetés ailleurs : Cézanne, Van Gogh,
Seurat, Rodin, Meunier ou Debussy. Au même moment un mouvement d’innovation part
de l’Angleterre les « Arts and Crafts » (Arts et métiers, Arts décoratifs)
http://www.arts-crafts.com/
pour les sortir du statut inférieur sous l’influence de William Morris
http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Morris
et John Ruskin.
Charles Rennie Mackintosh,

Arthur Mackmurdo
http://www.all-art.org/history424.html

Voir aussi :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Rennie_Mackintosh
http://www.designmuseum.org/design/charles-rennie-mackintosh

C’est dans ce contexte que Victor Horta révolutionne l’architecture européenne en


1893 avec la Maison Tassel du 12 rue de Turin à Bruxelles. « Première maison
audacieuse en Europe » selon Giedion. Horta pose en effet de nouveaux principes
esthétiques et d’habitat centrés sur les besoins de l’homme. C’est une maison de
dimensions modestes (7m de largeur) mais dont le plan est absolument original à cause
des différences de niveau très éloignées de l’habitude d’embrasser du regard la totalité
du rez-de chaussée.
Voir aussi :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Horta
http://www.artandarchitecture.org.uk/search/results.html?qs=Horta
http://www.greatbuildings.com/architects/Victor_Horta.html
http://hanser.ceat.okstate.edu/6083/victor_horta_tassel.htm
http://www.sden.org/jdr/rep-univ/rub/lien/horta/artnouv.htm

La 2e originalité réside au jeu de lumière grâce à des sources d’éclairage


inhabituelles.
En fait cette maison s’adapte parfaitement à son propriétaire Mr. Tassel, elle ne contient
aucune référence stylistique historicisante. Les structures sont visibles : colonnes,
poutres, formes et ornements des ces structures attirent le regard (p. ex une poutrelle
en double T traverse l’espace du salon sans être dissimulée). A l’entrée, on perçoit à
côté de l’escalier une colonne en fer qui monte, à partir de l’étage surélevé. Sur les
colonnes des vrilles incurvées jaillissent d’un chapiteau en forme de vase. C’est la
naissance de l’Art Nouveau.
Quels sont ses principes ?
- construction et structure apparente en fonte
- motifs aux formes nouvelles qui ne sont pas inspirées de la Renaissance
- modelages plastiques extraordinaires de la pierre et du fer
- Le relief de la façade est également original avec son « baw window » arrondi sur
fond de mur lisse.
- L’aspect révolutionnaire consiste à utiliser des éléments provenant de l’architecture
industrielle ou utilitaire comme la fonte en façade.
- Mais le plus important c’est qu’il s’agit d’un des premiers essais du concept de
« plan libre », ou flexible utilisant des cloisons indépendantes pour une répartition
différente des pièces à chaque étage.
Particularité de la maison Tassel selon Giedion : « Dans les maisons typiquement
bruxelloises, m’a expliqué Horta, on embrasse du regard, dès l’entrée, toute la surface du rez-
de-chaussée. Horta évite cela en recourant à des différences de niveaux. Le salon est situé un
demi-étage plus haut que le hall d’entrée. La différence de niveaux n’est qu’un des procédés
auxquels Horta eut recours pour conférer une nouvelle flexibilité au plan. Il creusa le corps
massif de la maison en créant, par des prises de lumière, des sources d’éclairage
inhabituelles pour un cadre aussi étroit. » De plus, Horta a laissé « apparaître des éléments de
la construction dans l’intimité de [la] maison. Dans l’escalier de la maison de Horta, les poutres
et les colonnes sont des éléments visibles de la structure intérieure qui attirent le regard
par leurs ornements et par leurs formes. Le salon est à cet égard encore plus remarquable : une
poutrelle en double T traverse l’espace libre sans qu’on ait fait le moindre effort pour la
dissimuler. » « La maison Tassel est aussi originale par le relief de sa façade que par son
intérieur. Le bow-window – typique de toute maison bruxelloise – est conservé, mais Horta le
transforma en une surface courbe vitrée. Celle-ci s’intègre harmonieusement au mur extérieur
lisse. Compte tenu de la date de sa construction, la façade est très conservatrice, malgré son
relief nouveau ; c’est un mur massif en pierre. Des poutres de fer horizontales y sont insérées
au niveau des fenêtres. Au deuxième étage, les fenêtres vont jusqu’au plancher. Elles obéissent
au principe des vitrines répandu pendant la deuxième moitié du XIXe siècle. »

Horta récidive en 1897 avec la Maison du peuple (détruite en 1965, symbole de la


« bruxellisation » c’est à dire de la destruction du vieux Bruxelles) : construction
audacieuse où Horta se comporte en véritable chercheur - inventeur tant au niveau de
la façade qu’au niveau de l’intérieur (en particulier la salle de réunion au 1er étage et le
restaurant au rez-de-chaussée). En 1898-1902 avec sa propre maison l’actuel Musée
Horta.
Selon Horta, trois choix s’offraient à l’architecte au tournant du XIXe siècle Classique,
Gothique, Renaissance. Mais lui voyait l’architecte comme un créateur aussi audacieux
que les peintres d’avant-garde. Il ne sera pas suivi par les jeunes architectes mais sera
anobli par le roi des Belges. Seul Paul Hankar aux Pays-Bas suivra Horta alors que la
Hollande reste à l’écart des ruptures (dans la peinture l’avant-garde est en France,
dans l’architecture elle est en Belgique et en Angleterre).
La Maison du peuple est d’une audace beaucoup plus poussée que la Bourse
d’Amsterdam de Berlage (voir plus haut) : le verre et le fer sont beaucoup plus
présents. Et pourtant, c’est la Bourse qui exerça une influence beaucoup plus forte sur
l’architecture moderne. Pourquoi ? Car Berlage a refusé le « mur rapiécé » (sculpté,
décoré par des moulures) au profit du mur lisse, arasé où même les chapiteaux qui
ornent la façade sont intégrés. Le bâtiment a été qualifié de « barbare ». Berlage disait
« il faut rendre aux bâtiments de notre époque quelque chose de la qualité qui
distingue les monuments anciens des constructions actuelles : la tranquillité ». La
Bourse sera le modèle pour des générations d’architectes. Aux Etats-Unis, Henry
Hobson Richardson a eu une grande influence sur l’architecture américaine du XIXe
siècle (années 1860-1886), il était lui aussi, comme le montrent ses œuvres, passionné
par l’art roman comme moyen de créer des surfaces planes. Mais ses successeurs
immédiats sont revenus aussi aux styles.
Œuvres :
http://www.bluffton.edu/%7Esullivanm/index/richardson/richardsonindex.html
Sever Hall, Harvard University, Boston.
http://www.greatbuildings.com/buildings/Sever_Hall.html
http://cache.boston.com/bonzai-fba/Globe_Photo/2004/11/29/1101743313_6893.jpg

Berlage est également un des architectes qui introduisent en Europe, l’œuvre de Frank
Loyd Wright.

Otto Wagner (1841-1918) à Vienne.

Liens :
http://aeiou.iicm.tugraz.at/aeiou.film.alphab.w/w_0002
http://www.la-belle-epoque.de/wien/wagner1f.htm
http://www.greatbuildings.com/architects/Otto_Wagner.html

Le paradoxe d’Otto Wagner est qu’au moment où il est nommé professeur à l’Académie
de Vienne (1894), il abandonne les modèles florentins de la Haute Renaissance (villa
Wagner I) et provoque une révolution avec son petit ouvrage « Architecture
Moderne » largement traduit et diffusé où il affirme :
« Le point de départ de la création artistique ne se trouve que dans la vie moderne »
(…)
"Les matériaux modernes doivent s’adapter aux matériaux nouveaux et aux exigences
de l’époque moderne ; si elles veulent satisfaire l’homme contemporain, elles doivent se
montrer le reflet de notre époque, un être autonome, meilleur, démocratique, conscient
de lui-même, réfléchi et critique."
"L’aspect le plus moderne de la modernité en architecture, ce sont les grandes villes
d’aujourd’hui."
"La nécessité est la seule maîtresse de l’art."
Plus loin il enfonce le clou : « L’État n’encourage bien sûr pas ce renouveau de
l’architecture. Le public est ignorant mais pour reprendre Goethe « l’artiste doit
créer ce que profane doit aimer et non pas ce qu’il aime ». Mais le livre déçoit les
milieux officiels.

Entre 1894 et 1901, Wagner construit plusieurs stations du Stadtbahn, le métro de


Vienne. Les premières sont néo-classiques, les dernières Art Nouveau. C’est le véritable
pionnier de l’Art Nouveau dans cette ville car la génération des architectes de la
Sécession : Hoffmann, Loos, Olbrich, Behrens en Allemagne sont trop jeunes.
La station Karlsplatz est l’exemple même de son évolution vers le modernisme. Il
s’inspire de l’architecture en fer française (Eiffel) et provoque des pamphlets haineux
« Wagner est un adepte du matérialisme brutal de l’architecture gauloise ». Il
innove car son idée est d’utiliser des matériaux « bruts » comme les simples plaques de
marbre qui décorent la station de la Karlsplatz, le mur est un simple écran.
Dans la Caisse d’Epargne Wagner opte pour une façade dépouillée et surtout, il crée
une cour intérieure qu’il couvre d’un toit en verre et en fer pour apporter la lumière du
jour.
Le hall est très dépouillé ce qui masque l’intervention de l’architecte très forte pourtant :
courbes, couleurs, traitement de l’espace.
http://www.galinsky.com/buildings/wiensparkasse/index.html
Détail : http://www.e-architect.co.uk/vienna/jpgs/vienna_postsparkasse_aw.jpg
Intérieur : http://perso.crans.org/~poncelet/images/poste_mini.jpg
Wagner devient le maître à penser de la nouvelle génération qui s’affirme au tournant
du XIXe, en particulier Joseph Maria Olbrich et Josef Hoffmann figures de proue des
WienerWerkstätte (voir aussi l’excellente présentation de l’exposition de Bruxelles sur le
site de la Tribune de l’Art

Voir aussi :
http://de.wikipedia.org/wiki/Josef_Hoffmann
http://fr.wikipedia.org/wiki/Josef_Hoffmann

Allemagne.

En Allemagne, l’expansion industrielle a été extrêmement rapide à partir de 1871


(Unité création du Reich). La richesse du pays s'accroît brusquement et à partir de
1900 le rattrapage artistique et esthétique est spectaculaire. Morris, Ruskin et
surtout Henry Van de Velde (expose en 1897 son mobilier) connaissent un grand
succès. L’Allemagne demeurera jusqu’à l’avènement du nazisme en 1933 le pays
le plus ouvert vers l’extérieur sur le plan artistique. Un seul exemple suffit : l’éditeur
Wasmuth diffuse les œuvres de F.L. Wright à partir de 1910. Des dizaines d’expositions
mettent en valeur les peintres et décorateurs d’avant-garde. Des architectes européens
sont invités à construire en Allemagne.
Au début du XXe siècle, Peter Behrens (1868-1940) incarne l’architecture
allemande moderne. Il devient célèbre car il considère la construction industrielle
comme une question architectonique à part entière. Ses usines sont conçues comme
des espaces de dignité auxquels ils donne un caractère classique. Son usine à turbines
de navires AEG
http://www.arthistory.upenn.edu/spr01/282/w4c2i08.htm
construite à Berlin en 1908-1909 est une de ses œuvres majeures. Peter Behrens était
alors le plus grand architecte allemand. Van der Rohe, Gropius et Le Corbusier sont
passés par son atelier.
C’est à 1907 que le président directeur d’AEG a nommé Behrens conseiller
artistique : l’architecte donne une forme artistique à tout ce qui sort de l’usine et à
l’usine elle même. Behrens construire plusieurs usines mais celle de Berlin est le
véritable « temple de l’industrie ». La structure est en acier et ciment armé les
façades revêtues de briques. Son originalité est le contraste entre les vastes surfaces
vitrées et les puissants massifs d’angle.
Behrens dessine la totalité des objets de la marque : du bâtiments jusqu’aux ampoules.
Il est de fait le premier designer.
Parallèlement se met en place dès 1907 le Deutscher Werkbund (Union allemande
pour l’œuvre associant ensuite plusieurs « Werkstätte »), fondé à Munich et dont le
« but est de donner ses titres de noblesse au travail industriel en créant une
synthèse entre l’art, l’industrie et l’artisanat ». Wagner, Hoffmann, Olbrich, Van de
Velde ou Rimerschmidt en faisaient partie. Les objets conçus et fabriqués sous ce
label n’étaient pas forcément du Jugendstil. Mais la démarche a pu faire dialoguer Art,
technologie et industrie posant les bases de ce qu’on appellera le design dans les Arts
décoratifs et du label « qualité allemande ». Car objectif de l’association est de faire
travailler ensemble plusieurs artistes « agréés » et industriels pour produire « le
meilleur de l’art, de industrie, de l’artisanat et du commerce ». En 1908, le
Deutsche Werkbund compte déjà 500 créateurs (dont les plus grand sont cités ci-
dessus) et industriels (AEG, Krupp, Daimler) , ils seront plus de 2000 à la veille de la
guerre qui va cependant décimer ces équipes.

Darmstadt
Dans le renouveau artistique allemand une place particulière doit être accordée à la
ville de Darmstadt
http://www.la-belle-epoque.de/hessen/daindexf.htm
où le grand-duc Ernst Ludwig de Hesse (petit-fils de la reine Victoria, il avait passé du
temps en Angleterre où il a beaucoup apprécié les écrits de Morris et Ruskin et l’essor
des Arts and Crafts) il fonde en 1899 une colonie d’artistes et de décorateurs.
Son objectif est de créer une industrie du design à Darmstadt.
Mais ce type d’approche est resté sans avenir.
http://www.pixagogo.com/3237305124
http://de.wikipedia.org/wiki/Darmst%C3%A4dter_K%C3%BCnstlerkolonie
http://pagesperso-orange.fr/artnouveau/en/villes/darmstadt.htm

Le style suivi ici est largement inspiré de l’Art Nouveau et du Jugenstil allemand.
En 1899 il fait donc venir l’autrichien Joseph Maria Olbrich, Peter Behrens et d’autres
créateurs à qui il demande de construire des maisons et un pavillon d’exposition de
mobilier et d’arts décoratifs sur la colline de Mathildenhöhe. Les sept artistes invités
ont reçu une bourse de 7 ans. En 1902 , le duc de Saxe-Weimar invite lui Henry Van
de Velde à ouvrir une Ecole des arts.
Une des maisons les plus caractéristiques de la colonie est l’atelier « Ernst Ludwig
Haus » qui couronne comme une acropole le village. Son nom vient du fait qu’elle est
la résidence des artistes. C’est un quadrilatère qui s’ouvre au centre par un porche
monumental en arc outrepassé. Voiir les belles photos ici :
http://www.la-belle-epoque.de/hessen/daindexf.htm
La façade est blanche et l’on observe qu’elle percée de fenêtres en bandeau
dépourvues de mouluration dans sa partie inférieure. Au-dessus s’étend un grand mur
blanc, aveugle et lisse, derrière lequel se déploie l’atelier ouvert par de larges verrières
sur le côté Nord à l’arrière. Le toit déborde largement comme un avant-corps qui
valorise le porche où se concentre le décor : degrés à céramique à damier orange et
bleu, colossales figures d’un homme et d’une femmes sculptées par Habich, membre de
la colonie. L’intérieur du porche est décoré de céramiques dorées, c’est un jardin
d’arbustes déjà présents au Pavillon de la Sécession à Vienne. Les maisons d’artistes
étaient construites autour de l’atelier. http://hanser.ceat.okstate.edu/6083/6083.htm
(photos)
La maison de Behrens est une « œuvre d’art total », un des chefs d’œuvre de l’art
nouveau : brique et plâtre à l’extérieur. Mais les excès d’ornementation intérieure sont à
peine suggérées par les lignes curvilignes du toit et la décoration stylisée de la porte.
Les critiques ont parfois été virulentes et les artistes les anticipent :

« Vite sortons la maison est prise dans le tumulte


de la tempête ! ». Caricature d’autodérision de la colonie pour l’expo de 1901.
La salle à manger ci dessous on voit le dialogue des formes dans le mobilier, les
moulures du plafond, les baies vitrées ou le support des lampes.
Behrens Lampe bronze verre coloré 70cm coll part 1902, Behrens Maison
Mathildenhohe Darmstadt Salon1901
La lampe ci-dessus a été conçue pour le duc lui même. En réalité, ce projet-mécénat
pour faire de Darmstadt un centre de production et de consommation d’objets de
décoration modernes n’a pas eu de lendemain. La colonie d’artistes s’est dissoute,
seul Olbrich est resté en acceptant une commande du grand-duc pour édifier des
maisons qui « constitueraient des exemples de résidences particulières pour des
citoyens disposant de pu de moyens ». Les maisons ont bien été construites : maison
Grise, maison bleue…

Olbrich maison Grise Mathildenhöhe Darmstadt carte Postale 1904.


Mais ces maisons étaient inaccessibles aux classes moyennes modestes.
Cependant, les objets du Werkbund ont pu être diffusés grâce à la production de masse.
Traductions « google » des pages en allemand possibles (outils linguistiques ) mais les
textes en français sont à réécrire.
http://www.arthistory.upenn.edu/spr01/282/w3c3i17.htm
http://www.uni-kassel.de/fb12/afks/Deutsch/register/P_darmst.htm
Chercher Olbrich (Sécession) sur la page de liens :
http://www.greatbuildings.com/architects/J._M._Olbrich.html
http://de.wikipedia.org/wiki/Darmst%C3%A4dter_K%C3%BCnstlerkolonie
http://www.wksu.org/news/images/18548/Litho_Behrens_218.jpg

Pour Munich aller sur le site « Belle Epoque :


http://www.la-belle-epoque.de/bayern/muenchen/mindexf.htm

La Sécession et les Wiener Werkstätte en Autriche, Le Werkbund et le Jugendstil


en Allemagne doivent beaucoup au mouvement Arts and Crafts de William Morris
et à son successeur Charles Rennie Mackintosh à Glasgow. Tous ces mouvements
d’avant-garde mettent en avant l’importance des Arts Décoratifs et de l’ornementation
autour du concept d’œuvre d’art total. Ceci provoque les critiques vigoureuses
d’Adolf Loos (voir fichiers qui lui sont consacrés sur le site HIDA.
2. L’influence du béton armé.

Maison Hennebique
22, av. Victor-Hugo, Bourg-la-Reine
François Hennebique, 1901

Exubérant palais familial, la maison Hennebique, avec sa tour d'eau dominant le


parc du lycée Lakanal, recelait les clés d'un habitat idéal. Que serait-elle sans la
personnalité de son concepteur, l'entrepreneur belge François Hennebique ? A la fin du
XIXe siècle, comme l'automobile, le béton armé (star de l'Exposition universelle
de 1900) a ses pionniers. Hennebique dépose son brevet en 1882. (...) S'il n'est pas,
comme on le dit parfois, l'unique inventeur du béton armé, c'est un " homme de
marketing " avant l'heure. Il construit l'immeuble du 1, rue Danton à Paris qui sera le
siège de la firme de 1900 à 1967.

Il y organise des démonstrations techniques auxquelles il convie les personnalités du


monde du bâtiment. Il décide ensuite de s'affranchir des règlements et des contraintes
de hauteur urbaine. C'est donc en banlieue qu'il bâtit pour y vivre avec ses enfants, qui
sont également ses principaux collaborateurs, une maison faite pour abriter trois ou
quatre ménages. " Travailler en ville, se reposer à la campagne ", tel est son rêve en
1901 lorsqu'il commence les travaux de sa demeure de Bourg-la-Reine. " La vie
matérielle y sera commune ; le rez-de-chaussée aura de grands salons pour toute la
famille, mais l'étage comprendra plusieurs appartements complets où chaque ménage
jouira de l'intimité de son foyer. " Dépourvue de joint de dilatation, la villa illustre la
souplesse du béton armé par une fascinante variété d'éléments architectoniques :
décrochements d'ailes, différences de niveaux, porte-à-faux, saillies et
encorbellements...

Tout se justifie par une devise " fleurs, lumière et aération " et par le devoir de résoudre
tous les problèmes de climatisation. La verrière du grand salon, visible de l'avenue du
lycée Lakanal, constitue un des éléments forts de la construction. Le côté jardin, avec
ses terrasses et ses tourelles, multiplie les surprises. Sur le toit, la serre s'ouvre sur un
potager. Classée en 1972 à l'Inventaire des monuments historiques.
Matériaux de construction
tour béton armé

structure du bâtiment béton armé

Dimensions

hauteur de la tour 40 m

Maison familiale construite entre 1901 et 1903 par François Hennebique pour servir de
manifeste des possibilités du béton armé produit par son entreprise:
- grande liberté de formes donnant un aspect exubérant,
- prouesses techniques délibérées (asymétrie, décrochements, saillies, hauteur
exceptionnelle de la tour avec château d'eau, large terrasse en encorbellement),
- système de terrasses avec jardins,
- la tour de 40m de hauteur contient un réservoir d'eau destiné à l'arrosage par simple
gravitation, des serres et des jardins suspendus de la villa.
Cette villa met en évidence l'affirmation de François Hennebique: «on peut tout
demander au béton armé, et il peut tout reproduire»

Auguste Perret (1874-1955) et le béton armé.


http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2004/perret.htm

Le béton est connu depuis l’Antiquité. Perret construit l’immeuble du 25 Rue


Franklin en 1903. C’est le premier en béton armé (une grille en fer est « coulée » dans
le béton ). Aucun support décoratif en façade, encorbellement, piliers nus et carrés,
montants apparents visibles au 6e étage, grande légèreté qui rappelle les constructions
en fer, rez-de-chaussée surmonté d’une mince dalle, surfaces vitrées…Mais la
grande modernité de Perret parmi les jeunes architectes français est la liberté du plan
flexible. Dans chaque étage la disposition des pièces est souple grâce aux cloisons
qu’on distribue parmi les piliers de béton comme l’avait fait Horta à Bruxelles et
comme le fera Le Corbusier après la guerre.

immeuble de la Rue Franklin


Autres œuvres majeures de Perret Le garage de la rue Ponthieu et le Théâtre des
Champs Elysées premières tentatives d’utiliser le béton de manière esthétique.

Théâtre des Champs-Elysées, 13-15 avenue Montaigne Le Béton armé (métro Alma
Marceau)
(architectes Auguste Perret, Henry Van de Velde, 1913)
Construit en 1913, le bâtiment marque une date dans l'histoire de l'architecture au début
du siècle. L'architecte choisi au départ était Henry Van der Velde. Il fait appel à
l'entreprise Perret pour l'ossature en béton, et il est finalement évincé du projet.
Auguste Perret transige ici un peu avec ses principes. Il affirmait habituellement que le
"béton se suffit à lui même", mais il a plaqué ici du marbre blanc en façade. Il estimait
que "la charpente est le plus bel ornement de l'architecture", mais ici on voit
seulement le portique de la façade, qui annonce les 4 groupes de poteaux qui
supportent la charpente, abritant trois salles de spectacle. En revanche l'intérieur illustre
que, d'après lui, "rien de doit masquer les structures" : les poutres ont été laissées
visibles, ce qui a provoqué un scandale lors de l'ouverture.
Les bas-reliefs extérieurs sont de Antoine Bourdelle, qui participa à l'élaboration du
projet. Il s'agit d'Apollon et des Muses accourant vers lui : la Musique, la Danse, la
Comédie, la Tragédie, la Sculpture et l'Architecture.
Les peintures intérieures ont été exécutées par les nabis Maurice Denis (coupole de la
grande salle),
Vuillard (foyer de la salle de la "Comédie") et Roussel (rideau).
Le théâtre accueillit en 1913 les ballets russes novateurs de Diaghilev et Nijinski.
C'est ici qu'ont eu lieu des premières retentissantes comme "le sacre du printemps"
de Stravinski. Joséphine Baker présenta sa "revue nègre" en 1925, ce qui donna au
jazz une sorte de reconnaissance officielle.
Tony Garnier utilise aussi le béton armé pour sa Cité industrielle (1901-1904). Il pose
les bases de l’architecture et de l’urbanisme du XXe siècle. Ainsi ingénieurs et
architectes français utilisent les procédés techniques modernes comme moyen
d’expression de la vie moderne.
http://www.aria.archi.fr/recherche/realite-virtuelle/Tony.html

http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/itiinv/archixx/pann/p58.htm

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_4=A
UTR&VALUE_4=GARNIER%20Tony%20&DOM=Tous&REL_SPECIFIC=1

Partie V. L’évolution américaine.

Contexte : 1850-1890. Conquête de l’ouest, esprit nouveau d’entreprise, nouvelles


techniques de production appliquées aussi dans l’architecture (standardisation) et qui
influencent la vie quotidienne.
C’est lors de l’expo de Londres en 1851 que les Européens voient l’outillage et le
mobilier américains. Les objets sont caractérisés par leur fonctionnalité pas par leur
esthétique. Ils sont d’une grande banalité, ils n’ont pas d’ornements mais ils sont
commodes et faciles à adapter aux besoins.P. ex les éléments qui composaient une
chaise n’étaient pas sculptés, ils étaient faciles à monter et à reproduire en série.
Cependant à l’Expo colombienne de Chicago 1893, les prix étaient attribués à des
meubles historicisants. Le décalage est grand entre architectes et décorateurs
américains attirés par l’historicisme alors que les jeunes architectes européens sont
fascinés par les objets simples et fonctionnels.
Mais la mécanisation de la production industrielle se développe rapidement aux Etats-
Unis. La « charpente ballon », avec les clous fabriqués en série, a permis la
construction rapide de maisons avec peu de main d’œuvre lors de la marche vers le
Pacifique au XIXe siècle.
A partir de 1850 deux principes sont massivement appliqués : le plan flexible grâce à la
charpente métallique qui soutient des cloisons amovibles adaptables (inspirées de la
tradition anglaise) et le mur-plan en briques sans ornements.
Ces procédés sont utilisées dans l’architecture fonctionnelle professionnelle :
bureaux de Chicago, grands magasins.
Mais les références historiques ne sont pas abandonnées : Richardson (voir plus haut)
et le roman.
Le grand principe fondateur de l’architecture domestique américaine mais aussi
de la modernité : la maison est construite entièrement à partir de l’intérieur. C’est
ce que les architectes européens découvrent en 1893 à Chicago. C’est ce que Loos
avait déjà découvert chez Frank Loyd Wright.
Une maison adaptées aux besoins mais pas une maison de « style », voilà la devise de
l’architecture américaine. « Real houses for real people » c’est le contraire de
l’Europe. Es revues spécialisées diffusent des « modèles » adaptés à une personne
seule, à une couple avec ou sans enfants…L’intérieur est ouvert, lisible, visible depuis
l’entrée, des portes coulissantes permettent de communiquer.

Partie VI. La conception espace-temps dans l’architecture.

Le cubisme et les théories d’Einstein sur la simultanéité révolutionnent la


perception de l’espace. A la perspective euclidienne du point de vue unique
(Versailles) et de l’instant unique les cubistes opposent la perception simultanée à
partir de points de vue différents d’un objet et de l’espace. Ces peintres qui
accomplissaient « dans le secret » cette révolution mettant fin à plusieurs siècles de
perspective tridimensionnelle transposée sur le plan ressemblent aux architectes qui
remettent en cause l’espace prédéfini. L’individu se meut dans un espace
« décomposé » par l’architecte comme les cubistes l’ont fait dans leurs œuvres.
Parallèlement, vers 1910, les futuristes expriment le mouvement du temps, la vitesse.
La physique moderne fait le reste en affirmant qu’il faut appréhender le temps et
l’espace ensemble et non pas de façon isolée.

C’est dans l’architecture industrielle que cette révolution va s’opérer.

C’est Walter Gropius qui rompt avec le classicisme de son maître Peter Behrens
dans l’usine d’embauchoirs Fagus en 1911.

Dans l’usine AEG à Berlin, le système portant est métallique (hauteur : 25m). Les
piliers corniers massifs de la façade du pignon (arcs à trois rotules) ne portent rien
malgré leur apparence massive et puissante. Les minces ferrures dans les joints des
piliers et autour du tympan en témoignent. Ce sont juste des revêtements en béton.
Dans les parois des colonnes latérales visibles et des parois en verre légèrement
inclinées.
Dans l’usine Fagus à Alfeld sur Leine (au nord de Munich près de la frontière tchèque),
le mur n’a plus le caractère monumental comme dans la halle des turbines AEG mais il
devient un simple « écran » (car les piliers sont en retrait) vitré transparent
protégeant juste de la pluie, du froid du bruit.
Aucune monumentalité, aucune fonction portante pour la paroi .
La transparence l’emporte sur la solidité, c’est l’acte de naissance de
l’architecture contemporaine. Équilibre entre les possibilités du verre, du béton, du
fer, éclairage ample,
A l’usine monumentale de Behrens, répond l’usine atelier simple et fonctionnelle de
Gropius.
Mais Gropius est très isolé. Le Werkbund expose un projet d’usine (n’a pas été sauvé)
de Gropius en 1914 qui fait sensation mais n’est pas compris.
Le Corbusier ira plus loin encore mariant peinture et architecture, tel un nouveau
Léonard de Vinci et utilisant le béton armé pour réaliser ses idées comme ses maîtres
français Auguste Perret et Tony Garnier.
Conclusion.

L’Art Nouveau et ses embranchements multiples ont marqué la rupture avec


l’académisme et l’historicisme. Arts and Crafts, Werkbund et Wienerwerkstätte ont
essayé la synthèse entre Arts décoratifs et architecture pour créer une « œuvre d’art
totale » mais aussi « la synthèse entre art, industrie et artisanat » comme l’affirment les
statuts du Werkbund. Ainsi ces courants ont créé de nouveaux styles. C’est ce que va
dénoncer Adolf Loos. Tous ces courants vont disparaître avec la guerre. Vienne et
l’empire d’Autriche subissent les conséquences de la défaite, les besoins de
reconstruction en France voient l’usage du béton se diffuser. L’architecte ingénieur a
définitivement gagné la bataille mais trouve dans l’art abstrait, dans le constructivisme,
l’inspiration artistique et le jeu des formes nécessaire pour aménager l’espace.

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