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Résumé
REB 44 1986 France p. 5-44
J. Darrouzès, Sur les variations numériques des évêchés byzantins. — Tandis que les listes des métropoles byzantines suivent
jusqu'à la fin du 13e siècle une progression relativement régulière et conforme à l'ordre historique de leur apparition, les listes
d'évêchés paraissent beaucoup plus stéréotypées ; avant d'attribuer à leurs variations une valeur de témoignage historique
(création ou suppression d'un siège), il faut étudier le rapport entre les différentes listes de la même éparchie pour vérifier ce qui
dépend des conditions de copie : additions, omissions, transpositions, équivalences de noms. L'analyse repose sur le tableau
numérique des évêchés dans les notices 1-4 et 7-13, qui montre la transition entre un état ancien et un état nouveau marquée
par la notice 7 (notice de Léon VI et Nicolas Ier).
Darrouzès Jean. Sur les variations numériques des évêchés byzantins. In: Revue des études byzantines, tome 44, 1986. pp. 5-
44.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1986_num_44_1_2185
SUR LES VARIATIONS NUMÉRIQUES
DES ÉVÊCHÉS BYZANTINS
Jean DARROUZES
1. Les numéros des notices, ou notitiae episcopatuum, sont toujours donnés d'après la
dernière édition : J. Darrouzès, Notitiae episcopatuum ecclesiae constantinopolitanae,
Paris 1981 (cité dans la suite simplement Notitiae). Quoique ces documents n'aient pas
à proprement parler une date, la critique permet de les ranger dans un ordre de
succession assez précis pour les comparaisons habituelles ; il faut seulement retenir que
la datation est fondée principalement sur la liste des métropoles et des archevêchés, dont
la croissance est plus considérable que celle des évêchés.
Revue des Études byzantines 44, 1986, p. 5-44.
6 J. DARROUZÈS
3. Une copie marque l'opposition entre la notice ancienne et la notice de son temps :
Ταύτα μεν τα παλαιά τακτικά, σκόπει δε και τα νέα. La note est du codex Β (Coislin. 209)
des notices 8-9 : Notitiae, p. 290, apparat du titre. Dans le contexte de ce manuscrit le
taktikon antérieur est la notice 4 (dite de Basile de Ialimbana), éditée par Gelzer avec
Georges de Chypre. Dans les commentaires et dans la pensée de beaucoup, le terme
« néa taktika » a fini par désigner une recension de notice, datée de 945 environ, par
opposition avec la notice du début du siècle (de Léon et Nicolas = notice 7) ; il est
évident que ce n'est pas le rapport indiqué par cette note.
SUR LES VARIATIONS NUMÉRIQUES DES ÉVÊCHÉS BYZANTINS
en moins 1 16 14 78 75 66 79 55 80 75
en plus 15 45 22 105 106 112 120 114 126 115
Total 353 367 382 361 380 384 399 394 412 399 393
Dans chaque colonne, le chiffre de gauche indique les sièges en moins, le chiffre de droite
les sièges en plus, par rapport au nombre des sièges de la notice 1 ( 1 re colonne). Le point indique
l'absence de variation.
6. Pour la critique des nouveaux noms dans une liste, il faut toujours considérer la
date comme relative ; ainsi, par certains côtés, la notice 10 est « plus récente » que la
notice 13, bien que son archétype représente en gros un état plus ancien des évêchés.
12 J. DARROUZÈS
». Dans l'index des Notitiae (p. 468 et 505), au sujet de Néokaisareia, il faut ajouter
les références : 323\ 7226 9124, ΙΟ141, 13137.
14 J. DARROUZÈS
9. La note du Vaticanus 1167 (13e s.) fut éditée par V. Laurent, La « Notitia » de
Basile de Ialimbana, EO 34, 1935, p. 467-469 ; étudiée par V. Grumel, La « notitia » de
Basile de Ialimbana. Essai sur la date de composition, REB 19, 1961, p. 198-207 ; cf.
Notitiae, p. 44-45, 254 (apparat à 199).
10. D'après le tableau (p. 30), la note sur Maximianai se trouve dans un manuscrit
quelconque et ne peut apporter aucune lumière sur la formation de la notice 4, ni sur
sa date de composition.
SUR LES VARIATIONS NUMÉRIQUES DES ÉVÊCHÉS BYZANTINS 15
et la notice 10, 186 (ab). Des copistes ont remarqué l'omission : 7, 267
(apparat, manuscrits GM) ; 9, 16 (A) ; 13, 186 ; cela signifie qu'ils ont
collationné le texte. La nouveauté qu'apporte la notice 7 est l'équivalence
de Pimolissa et Ibora.
13. Arménie I. — La métropole est omise entièrement dans les notices 3
et 7 et dans la recension a de la notice 10 ; cela fait une différence avec
celles de Phasis et Markianoupolis (27 et 32), qui disparaissent totalement
à partir de la notice 7. Il n'est pas certain que l'omission de Mélitènè ait une
signification historique positive dans la notice 7, car l'omission se trouve
déjà dans la notice 3 ; inversement, sous Kamachos, la notice 7 accueille
Romanoupolis (7, 666), qui devrait son nom à Romain Lécapène. Dans la
notice 9, le manuscrit Β n'avait pas retrouvé tous les cinq évêchés de
Mélitènè ; au contraire, dans la notice 13, le manuscrit S donne quatre
noms en plus, dont deux, Taranta et Aromana, se trouvent aussi dans une
liste arménienne ; ce témoin a recueilli une information locale qui fut peu
divulguée, comme la liste des quinze sièges de Cappadoce dans la notice 7
(manuscrits BH seulement).
14. Cappadoce II. — On voit ici par le traitement de Kybistra que les
différentes parties de la notitia évoluent indépendamment l'une de l'autre.
Kybistra reste inscrit partout comme évêché (7, 289 etc.), tandis que la liste
des archevêchés reçoit Kybista/Hèraklès : notices 11, 144 ; 12, 136 etc.
L'évêché garde toujours l'orthographe Kybistra, dont les listes de suffra-
gants ne citent jamais le rapport avec Hèraklès ; ce second nom est aussi
le seul qui semble utilisé pour l'archevêque présent au synode, au point
qu'on se demande si un archevêque d'Hèraklès n'aurait pas coexisté avec
un évêque de Kybista. Balbissa n'est cité que par un témoin unique : 13, 217
(A) ; peut-être ce nom était compris dans le total de quatre évêchés avancé
par la notice 6.
15. Paphlagonie. — II n'y a qu'un changement dans la liste après la
promotion d'Amastris comme archevêché : notice 4, 76. La notice 2 a aussi
l'archevêché et garde l'évêché en doublet : 2, 82 et 285. La notice 3 n'a que
l'évêché (3, 329), alors que dans l'éparchie d'Europe elle est beaucoup plus
avancée et proche de la notice 7 ; aucune notice n'est jamais entièrement
à jour dans toutes les parties.
16. Honoriade. — La liste est identique d'un bout à l'autre ; la notice 1
a subi un accident de copie en cet endroit, mais les noms peuvent être
restitués sans hésitation.
17. Pont Polémoniaque. — Pendant la période ancienne la liste est figée.
Malgré la promotion de Trapezous à la place de Phasis qui semble en cours
déjà au concile de 787, Trapezous est reconnue comme archevêché (2, 78 ;
16 J. DARROUZÈS
11. Dans la notice 3 (581 : Rhizos, pour Rhizaion), cette ville est rattachée à la
Lazique. La situation géographique de Rhizaion joue certainement un rôle dans ses
démêlés avec la métropole de Néokaisareia.
SUR LES VARIATIONS NUMERIQUES DES EVÊCHÉS BYZANTINS 17
tandis
12. Notitiae,
qu'en d'autres
p. 318-319.
endroits,
Il estenremarquable
particulier pour
que lalesnotice
provinces
3 conserve
d'Europe
ici l'ordre
(Hèrakleia)
ancien,
et
de Phrygie (Laodikeia : tableau ci-dessous, p. 21), elle innove et se rapproche de la
notice 7.
18 J. DARROUZÈS
noms communs à toutes les notices ne posent pas de problème, ce sont les
évêchés omis ou ajoutés qui seront examinés.
La différence entre les deux groupes peut se réduire de quelques unités.
Selon une note de la notice 4, Bobos/Sophianoupolis se nommait à un
moment donné Proana (4, 281), variante de Proinè. Kyanéa et Kainéa
paraissent aussi des variantes orthographiques à prétention étymologique.
Au concile de Chalcédoine, Telmèssos et Makrè s'unissent sous un même
évêque, et le même évêché doit pouvoir prendre l'un ou l'autre nom. Enfin
Zènonoupolis, évêché représenté encore au concile de 787, porte peut-être
aussi un second nom, qui n'a pas été divulgué.
Le témoignage des conciles, accessoirement de Hiéroklès, apporte
parfois un soutien, sinon une preuve décisive. Prenons le cas de Limyra et
de Pinara ; le premier évêché, omis par la notice 7, est cité par les conciles
de 451 et 879, exactement comme Pinara, que la notice ancienne (de 1 à 4)
a cependant ignoré. Pour l'autorité, ces deux sièges doivent se trouver
exactement dans la même situation canonique et historique ; l'archétype de
la notice ancienne a omis Pinara, retrouvé par le compilateur de la notice 7,
mais à son tour celui-ci perd Limyra et quelques autres noms. Le titre
episcopal n'est jamais périmé, mais des évêchés sans titulaire au moment
de la compilation ont pu échapper au rédacteur.
Cependant l'ordre des noms dans la notice 7 fournit un indice assez net
que le copiste est responsable de certaines omissions. En effet l'ordre de
copie n'est pas entièrement bouleversé, et des noms conservent par petites
unités l'ordre ancien ; voir dans la colonne 7 : 1 à 5 — 6, 9, 7 — 14, 22, 13,
23 — 33, 32, 30. De même les omissions restent groupées : trois entre 1 et
2, deux entre 4 et 5, et les nos 24-27 de la liste ancienne. Comme les
décalages ne sont pas absolument réguliers, il n'est pas possible de reconst
ituerle modèle suivi, ni le mécanisme de la transmission. On constate aussi
que les noms ajoutés par le compilateur (Kainéa à Tergassos, en bas du
tableau dans la colonne 7) forment deux groupes principaux : 15-18 et
25-27. Le compilateur de la liste a dû combiner des informations nouvelles
avec la liste ancienne, dont il a mal utilisé les données.
20. Carie. — Le total perd deux unités à partir de la notice 7, qui omet
Siza (Ériza) et Métaba, des évêchés admis dans les notices 1, 2 et 4 ; la
notice 3 a déjà perdu Métaba, se rapprochant en ce point, comme ailleurs
(par exemple, l'Europe), de la notice 7. Cependant Siza reparaît dans la
notice 10 (313, recension c d), et Métaba dans la notice 13 (322, S) ; celle-ci
dépend en ce point de la notice 4, dont elle tire également l'interpolation
de Promissos : voir 4, 330 et 13, 327. Le traitement de Siza et Métaba dans
ces listes est donc simple affaire de copie, comme les graphies tenaces de
Lakymon et Mèzou (Latmos et Amyzon) propres aux notices.
20 J. DARROUZÈS
13. Afin d'éviter la surcharge, le tableau omet des noms d'évêchés connus seulement
de l'extérieur et qui ne figurent dans aucune notice : Oualentia (concile de 787),
Théodosiana et Thémisonion (conciles et Hiéroklès). Des noms de villes sont propres à
Hiéroklès : Konioupolis (666, 6), Titoupolis (666, 7), Krasos (667, 1), Pépouza (667, 6),
Siocharax (668,2), Eudokias (668,7), Poulchérioupolis (668, 16). Si le témoignage de
Hiéroklès constitue un témoignage favorable au titre episcopal, il ne suffit pas à prouver
l'existence de l'évêché : par exemple, Pépouza est cité comme monastère en 787 et
comme évêché probablement en 879-880 sous la forme Tépoutza.
SUR LES VARIATIONS NUMÉRIQUES DES ÉVÊCHÉS BYZANTINS 21
14. Ramsay, Asia Minor, p. 137 ; selon l'auteur Prymnèsos et Akroinon seraient dans
le même rapport que Mésotymolos et Blaundos ; mais ce n'est pas une conclusion tirée
du texte des notices, où les équivalences sont capricieuses.
15. L'origine et la localisation de ce siège reste une énigme : K. Belke et M. Restle,
Galatien und Lykaonien, Wien 1984, p. 218-219 ; l'identification hypothétique Règi-
non/Rignon se heurterait au fait que ces deux noms ne sont jamais utilisés pour désigner
un siège episcopal et ensuite à une équivalence Pyrgoi/Rhoina. Faut-il chercher Rhoina
en Arménie seconde, comme le proposent des manuscrits de la notice 4 {NotitiaeA, 68) ?
Pour le moment la donnée la plus concrète concernant la localité est une mention de
Théodore Prodrome : voir cette revue 43, 1985, p. 282.
16. Le copiste, ignorant la forme exacte, ou ne pouvant lire le modèle, propose deux
formes : voir Daldéon/Yaléon (10, 117), Kamarkou/Kaborkiou (10,366-367). Dans le
cas d'Aténia, la notice 2 est complètement isolée ; le rapport de cette notice avec
Hiéroklès se vérifie au moins une fois pour la liste de Crète : Notitiae, p. 15.
24 J. DARROUZÈS
17. En cet endroit apparaît de nouveau l'éclectisme de la notice 3, qui suit le même
archétype défectueux que la notice 1, tandis qu'elle est ailleurs mieux informée : voir
note 11.
SUR LES VARIATIONS NUMÉRIQUES DES ÉVÊCHÉS BYZANTINS 25
18. Selon la notice 6, le total de la Pisidie est de 22 sièges : Notitiae, p. 268 ; comme
il arrive souvent, une paire (par exemple Séleukeia/Agrai) a été dédoublée, ou bien un
nom composé (par exemple Apameia Kibotos).
19. Catherine Asdracha, La région des Rhodopes aux XIIIe et XIVe siècles. Étude de
géographie historique, Athènes 1976, p. 98-100.
26 J. DARROUZÈS
20. Notitiae, p. 113 n. 3 ; je n'ai pas trouvé d'autre mention de ces noms ou une
explication de leur emploi.
2 1 . Ce renseignement, que les érudits roumains ne semblent pas avoir encore exploité,
se trouve dans l'opuscule sur le transfert des évêques, dont une tranche date du règne
d'Alexis Comnène ou du patriarcat de Nicolas III ; voir REB 42, 1984, p. 182, 207-208.
SUR LES VARIATIONS NUMÉRIQUES DES ÉVÊCHÉS BYZANTINS 27
II est naturel que l'ordre des sièges indique un rang de préséance ; ainsi,
parmi les métropolites, celui de Kaisareia est désigné protothronos, parce
qu'il est d'office le premier de liste. Au sujet des évêchés, ce qualificatif est
employé une fois pour le siège de Tamasos, protothronos de Chypre :
notice 10, 760. Cependant les notices n'explicitent pas le sens des places ;
même lorsque des listes circulent détachées, comme celles de Thessalonikè,
d'Hèrakleia et d'Achrida, il n'y a aucune indication relative à la préséance
des sièges22. La question est de savoir si l'ordre de copie est aussi un ordre
hiérarchique.
Tout d'abord il est évident que les listes conciliaires ne classent pas les
évêques de province selon un ordre de préséance dans leur métropole. A
une date où la comparaison avec les notices est possible, au concile de 787,
23. Voir la note éditée dans REB 40, 1982, p. 159. Depuis cette publication, on m'a
communiqué le nom d'un métropolite hypertime d'Hypaipa, Stephanos, le seul connu
pour le moment d'après la dédicace d'une icône (île de Chios). Ces mentions spora-
diques confirment le témoignage du texte ou des notes des notices ; voir aussi le cas d'un
évêque de Kythèra cité en 1110 : note 36.
SUR LES VARIATIONS NUMÉRIQUES DES ÉVÊCHÉS BYZANTINS 29
4
8. Nikaia 1-3 7 etc.
BR F EGSH AC
Modrina 1 1 1 1 1 1
Linoè 2 2 3 2 2 2
Gordoserba 3 3 4 3 5 3
Noumérika 4 2 4 6 4
Taion 5 3 5
Maximianai 6 4 6
coup sûr l'indication de l'origine des sièges, qui ne forment plus dans les
listes des couches chronologiques régulières ; il y a trop d'exceptions ou
trop peu de témoignages extérieurs, pour que l'ordre des noms reflète un
ordre de préséance et un ordre chronologique, comme dans les additions
à la liste des métropoles du 10e au 13e siècle, où les listes synodales
fournissent un point de comparaison extérieur.
26. Très souvent les trois parties que comporte normalement la notice complète sont
en réalité disparates ; voir les tableaux de la tradition manuscrite des notices 8 et 1 1 :
Notitiae, p. 80, 118.
34 J. DARROUZÈS
27. La plupart des interpolations de la notice 3 constituent aussi des doublets : voir
les lignes 141-142, 187, 184-185, 203, 396, 463, 610 (?). Sauf Lampe (203), les noms se
trouvent en queue de liste ; ainsi Ardida, que la notice 3 introduit au milieu de la liste
de Laodikeia (tableau, p. 21), doit avoir une autre origine.
28. V. Grumel, Regestes, n° 1098 ; PG 138, 389 = Rhallès et Potlès, III, p. 579-580.
Sans témoignage positif, on n'admettra pas le dédoublement réel, par exemple, d'Héra-
klès archevêché et Kybistra évêché.
29. Voir ci-dessus, n. 13. Dans son édition de Hiéroklès, Honigmann corrige Atménia
(Hiéroklès, 672, 6) en Aténia, d'après le texte de la notice 2, qui est elle-même isolée ;
le témoignage n'est pas suffisant pour autoriser une correction.
30. La graphie d'Orina (avec oméga) ne favorise pas le rapprochement avec Klèros
Oreinès (Hiéroklès, 677, 3) ; du moins les compilateurs n'ont pas envisagé cette étymo-
logie (montagne).
36 J. DARROUZÈS
31. Il doit exister une différence, difficile à établir chaque fois, entre une équivalence
géographique donnée par les notices et la titulature double d'un évêque chargé de
l'administration temporaire d'un autre évêché ; cette titulature apparaît dans les listes de
présence et de signature.
SUR LES VARIATIONS NUMÉRIQUES DES ÉVÊCHÉS BYZANTINS 37
Selon la tendance amorcée dans les notices 2-4, les progrès de la notice 7
se produisent en Thrace (au sens large, avec Europe, Rhodopes et
Hémimont) et au centre de l'Asie Mineure.
Thrace : Hèrakleia (+10), Philippoupolis (+10), Adrianoupolis ( + 9),
Traïanoupolis ( + 6).
Asie Mineure : Pissinous ( + 4), Myra (+10), Laodikeia (+12), Synada
( + 5), Ikonion ( + 3), Antiocheia ( + 6), Hiérapolis ( + 6).
Cas particuliers : Kaisareia ( + 4 ou 10), Trapézous ( + 7 ou 15).
Mais ces accroissements sont de nature assez différente suivant les
régions. Les évêchés de Thrace sont presque entièrement renouvelés,
entièrement au moins dans l'éparchie de Philippopolis ; Markianoupolis,
seconde métropole d'Hémimont (Mysie seconde, chez Hiéroklés), a dis
paru. En Lazique, le maintien du nom de province sous la métropole de
Trapézous voile la perte totale de l'ancienne province et de sa métropole,
Phasis. Au contraire, en Asie Mineure centrale, il s'agit d'une réorganisa
tion qui commence par une extension du territoire de Hiérapolis ; ensuite
la nouvelle métropole d'Amorion se forme aux dépens de la Galatie, de la
Phrygie et de la Pisidie : évolution longue et complexe, dont les compilat
eurs n'ont pas suivi toutes les phases. Ainsi, la situation des évêchés de
Lycie d'après la notice 7 ne peut correspondre à une action historique
déterminée qui aurait abouti à la suppression de treize noms et à l'addition
de dix ; en effet, les évêchés de Telmèssos et de Limyra, par exemple, n'ont
aucune raison de disparaître ; inversement Pinara est loin d'être un évêché
nouveau. De même, sous Antiocheia, Alia (Alina), citée par Hiéroklés et les
conciles, semble avoir disparu, tandis que Kèdissos, Chairétopa et Aristeia,
inscrits pour la première fois dans les notices 3 et 7, existent déjà en 451.
C'est ainsi donc que se pose la question capitale : puisque la notice 7
retrouve des noms inconnus des notices précédentes, en particulier des
notices 1 et 2, peut-on admettre que la notice ancienne, disons même
primitive, est complète ? Il faut répondre nettement par la négative. De
même que la notice 1 et les suivantes ne contiennent pas un inventaire
complet des évêchés de leur temps, de même la notice 7, tout en utilisant
des sources nouvelles, n'est pas exempte de défauts. Une variante de la liste
de Cappadoce dans une branche isolée de la notice 7, éditée comme texte
authentique de la notice du temps de Léon VI le Sage34, propose un total
de quinze évêchés contre tous les autres témoins qui donnent unanimement
huit évêchés. L'éparchie de Lazique offrira des variantes plus étendues
avec huit évêchés (notices 7 et 9 B), dix-huit évêchés (notice 9 S), quinze
évêchés (notices 10 et 13). Selon l'apparence, le total le plus élevé repré-
34. H. Gelzer n'a connu qu'un manuscrit de cette notice, dont la tradition est
beaucoup plus étendue, sans offrir cependant les marques d'un texte authentique.
40 J. DARROUZÈS
sente une apogée de la métropole ; en réalité, les noms attestés par un seul
témoin, en particulier ceux de Lazique, attendent une confirmation exté
rieure. Il est probable que ces ajouts portent la marque d'un rédacteur
local, disposant d'une connaissance plus précise des lieux à une date
donnée, mais on ne sait si tous ces noms désignent des évêchés35.
Les anciennes éparchies, qui seules intéressent la présente étude, ne
reçoivent plus d'additions massives après la notice 7, à part celle de
Lazique (Trapezous) que je viens de citer et qui est en fait une métropole
nouvelle. Voici les noms nouveaux ajoutés par la suite dans les recensions
communes, jusqu'à la fin du 12e siècle.
— notice 9 : Skamandros (89), Myriangéloi (208), Nèsyra, Ikaria, Astypa-
Ha (484-486).
— notice 10 : Thyraia, Chliara (46-47), Athyra (66), Aradasa, Martyropo-
lis, Hypsèlè (246-248), Matiana (465). Je laisse de côté la liste particulière
de Lydie avec son relevé savant d'équivalences.
— notice 13 : Algiza, Solymniza (50-51), Taranta, Zerbè, Aromana, Ibèroi
(189-197), Balbissa (217), Soumandros (466).
Tous ces noms entrent dans les listes quasiment par hasard, grâce à la
curiosité de quelque compilateur isolé qui complète de-ci de-là le catalo
gue ; de même que les notices anciennes, surtout les notices 3 et 4, sont
inégales selon les éparchies, de même, après la notice 7, l'inscription des
noms nouveaux paraît capricieuse et incohérente. Si c'est un compilateur
particulier (S, dans la notice 9) qui enrichit la liste de la Lazique, le même
retrouve Myriangéloi (9, 208) et surtout Kythéra (9, 379)36 dans des épar
chies très éloignées. Des renseignements si peu diffusés ne proviennent pas
d'un organisme central, mais de collectionneurs particuliers. D'autre part
la date d'inscription du nom n'a aucun rapport connu avec la création d'un
évêché. Si Algiza (13, 50) ne diffère pas de l'évêché d'Argiza (concile de
451), quel rapport faut-il imaginer entre les deux mentions ? Sans doute
d'autres noms, comme Skamandros, Matiana, Balbissa, en raison de leur
nouveauté, laissent-ils supposer une création réelle, mais la notice n'en
donne pas la preuve.
D'un bout à l'autre de la tradition des notices court la même question.
Si on n'a pas la certitude que ces listes sont officielles, le titre episcopal
présumé juste même dans une mention isolée doit toujours être confirmé
par une mention extérieure.
Jean Darrouzès
Institut français d'Études byzantines