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Description :
Les pages 156 à 161 du roman de François Szabowski, "Les femmes n'aiment pas les hommes qui boivent", publié aux Editions Aux forges de Vulcain et qui regroupe les 180 premiers épisodes du "Journal d'un copiste".
Titre original
AFDV - "Les femmes n'aiment pas les hommes qui boivent" de François Szabowski - Choix de Pages
Les pages 156 à 161 du roman de François Szabowski, "Les femmes n'aiment pas les hommes qui boivent", publié aux Editions Aux forges de Vulcain et qui regroupe les 180 premiers épisodes du "Journal d'un copiste".
Droits d'auteur :
Attribution Non-Commercial (BY-NC)
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Les pages 156 à 161 du roman de François Szabowski, "Les femmes n'aiment pas les hommes qui boivent", publié aux Editions Aux forges de Vulcain et qui regroupe les 180 premiers épisodes du "Journal d'un copiste".
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n
120. IL FAUT SE MEFIER DES INFIRMIERES.
COMME DE LA LEPRE
Nous nous sommes levés tot ce matin pour nous rendre a la
visite de ce fameux appartement dont Clémence miavait tant fait
les louanges l'autre jour, et ‘svoue que j’étais moi-méme trés ex-
cité, car je savais que j'arrivais au bout de mes peines: Clémence
était censée prendre son poste la semaine prochaine, et je savais
qu'une fois quelle serait embarquée dans le quotidien des aller-
retour, elle aurait moins d’énergie pour poursuivre cette vaine
et insensée recherche d’appartements, qui consume tant nos
forces. Elle devait effectivement soupconner quelque chose, car
elle m’a proposé a plusieurs reprises, arguant de mes problémes
de dos, de se rendre seule 4 la visite. Je lui ai repondu évidem-
ment qu'il n’en était pas question et que j’étais parfaitement
capable d’aller a Paris avec elle, et elle s'est mise a rire en me
disant, l'air malicieux, que javais trop mal au dos pour vivre 4
Paris, mais que par contre ce méme mal au dos ne m’empéchait
pas d’aller y passer la journée. C’était un mal de dos trés bizarre
et je me suis renfrogné, mais elle m‘a passé la main dans les che-
veux et m’a dit avec tendresse que j’étais vraiment un provincial,
et que la facon dont Paris me faisait peur l'amusait beaucoup.
Ma maladresse pendant les visites, notamment, I’avait étonné.
Le rendez-vous était & 10 heures, mais le train nous a fait arri-
ver 4 8 heures 30 et nous avions une heure et demie 4 tuer. J’ai
proposé 4 Clémence d’aller patienter dans un café, mais elle
ma répondu qu'il était important que nous soyons les premiers
4 visiter l'appartement et quelle préférait que nous attendions
dehors dés maintenant. Je l’ai regardée d'un air incrédule car leLes femmes naiment pas ler hommes qui boivert
froid piquait les joues, porté par le vent violent qui s'engouf-
frait dans les boulevards. Elle mia dit, conciliante, que nous
pouvions peut-étre au moins nous relayer, et elle m’a demandé
si je voulais commencer. J'ai soudain ressenti comme une fai-
blesse sous la clavicule et je me suis mis 4 grimacer, elle m’a
dit en souriant que si je voulais je pouvais aller attendre dans
le café pour reposer mon dos, et venir la relayer dans vingt
minutes. II faisait chaud l'intérieur et j'ai découvert qu'ils
disposaient en outre d’un flipper que je ne connaissais pas, je
n’ai pas vu le temps passer et il était 10 heures moins le quart
quand je suis sorti du café pour rejoindre Clémence dans le
froid glacial. A ma grande stupéfaction elle n’était pas a son
poste, son portable était éteint, et j’étais sur le point d’appeler
la police quand j'ai vu soudain Clemence sortir de l'immeuble,
un grand sourire aux lévres. Elle s'est jetée dans mes bras et
elle m’a dit que cay était, c’était bon, le contrat était signé et
Vappartement était a nous. Les propriétaires étaient arrivés en
avance et lui avaient fait visiter tout de suite, le courant était
trés bien passé et ils avaient aussitot fait affaire. Je suis devenu
livide et un voile blanc s'est posé devant mes yeux, mais Clé-
mence ne plaisantait pas. Les propriétaires étaient adorables,
Vappartement absolument charmant, et, comme elle me l’avait
dir, il était idéalement placé pour son travail. Le seul inconvé-
nient, m’a-telle dit, c’érair que la propriétaire souhaitait qu'il
n'y ait pas d’animal dans le logement. Clémence avait donc dat
mentir, et lui avait assuré non seulement qu'elle n’avait pas de
chat, mais en outre quelle haissait les bétes. J'ai aussitét inter-
rompu Clémence car je vayais qu'elle essayait de nayer le pois-
son, et je lui ai dit, en la repoussant, que c’était la moindre des
choses que je voie moi aussi a quoi ressemblait l'appartement,
mais Clémence s'est troublée et m'a dit qu'elle n’avait pas encore
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les clés, que les propriétaires étaient déja partis par la sortie de
derrigre et que de toute facon notre train du retour partait dans
dix minutes et le prochain ne serait pas avant plusieurs heures.
J'ai commencé a m'accrocher a la porte d’entrée de l’immeuble,
affolé, pour essayer d’entrer, mais Clémence m’a pris par le bras
et m’a tiré derriére elle, elle avait du mal a me trainer car sous
Vélan javais chuté au sol, mais des passants lui sont venus en.
aide et toute la compagnie, a grand mal, est parvenue 4 me his-
ser dans le wagon juste avant la fermeture des portes.
121. LES GENS QUI ONT TOUJOURS VECU
DANS L’'OPULENCE NE CONNAISSENT PAS
LE PRIX DES CHOSES
Ce quis‘est passé vendredi est bien évidemment un désastre,
et j'avoue que j'ai du mal encore a réaliser. Je suis sous le choc
depuis deux jours, dans le lit, a scruter le plafond, la couette
remontée jusqu’au menton, le corps parcouru de frissons et le
chat Roger entre mes genoux. Lui aussi a senti venir la vague
quiest en train de nous emporter, et il se pelotonne auprés de
son plus sir allié. Clemence en effet s’est révélée sous son véri-
table jour avec cette sombre histoire d’appartement: perfidie,
manipulation, mensonge et mépris, alliés a une sécheresse de
coeur qui fait froid dans le dos. Face a elle, que puis-je faire?
J’ai tenté la douceur, la persuasion, mais il semble que rien ne
résiste a la furie de Clemence et que je doive bien, le couteau
sous la gorge, aller vivre a Paris avec elle. Comment suppor-
terai-je tout cela? Quelles calamités m/attendent? Je vais sans
doute mourir rapidement. Au bout de quelques jours, quelques
semaines, je ne sais pas. Mon seul espoir est que ma mort soit
douce, ou rapide, Que mon assassin fasse du travail propre, et