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Les Mantras

Dr Bernard Auriol

S. Freud (1948), évoquant la "magie des mots" affirme qu'elle "découle d'une foi en la toute puissance
de la pensée" comme en découlerait aussi la "conviction du pouvoir lié à la connaissance et à
l'énonciation de quelque nom" (Cf. l'exorcisme).

Cette assertion garde sa valeur; il n'empêche que la pratique des sons articulés, mis à part cet aspect
"magique" éventuel, semble produire des effets psychophysiologiques démontrables et peut se
conforter des constatations de la psychophonétique transculturelle. A ce titre le sujet mérite mieux que
du mépris et nous allons tenter de l'aborder.

Pour bien des mystiques, de Saint Jean Evangéliste (Nouveau Testament, TOB, Cerf 1975, p. 291)
déclarant "Au commencement était le Verbe (. . . ) et le Verbe était Dieu", jusqu'aux Tantras
dénommant le divin transcendant comme "Parole silencieuse" (A. Padoux, 1975, p. 25), le premier
principe est désigné par un terme évoquant le langage, doté en cette occasion de caractéristiques
éminentes et absolues. Dès lors, il n'est pas extraordinaire que soient proposées quelques applications
dévotionnelles de l'expression orale. Dans une grande variété de cultes, certains ensembles de mots,
pourvus ou non de signification, ont été utilisés afin de faciliter ou même de produire directement
l'accès au divin.

1. Variétés cultuelles des mantras


Près de nous, les "oraisons jaculatoires" (Tanquerey, § 528), la récitation de l' "Ave Maria", àpartir du
XI° s. (Pierre Damien, 1065) ou du rosaire (XII° et XIII° s. ; cf J. Laurenceau, 1972), les litanies, etc.

Les chrétiens orthodoxes font usage de la "prière du coeur", répétitions mentales accompagnées de
respirations particulières et autres techniques corporelles (hésychasme).

Dans le monde islamique, sans parler des pratiques soufi de psalmodie fascinante réunissant les
adeptes en cercle dansant, l'usage du chapelet avec répétition insatiable de noms divins ou de
formules sacrées est fort répandu et attesté dans toute l'aire mahométane (dhikr).

Faisons ici une place particulière à Abû vAbd Allah al-Husayn Mansur al-Hallaj, né vers 857 (ou 244 de
l'Hégire), mort le 26 mars 922 (ou 309 de l'Hégire) à Bagdad. Ce fut un des plus subtils parmi les
mystiques du soufisme. Il est l'auteur d'une œuvre abondante basée sur le Coran et les mots ou lettres
qui le constituent.

En quête de « l'Alphabet Equatorial », sa poésie est considérée encore aujourd'hui comme une
hérésie par de nombreux théologiens de l'Islam. Pour lui, il s'agissait d'une recherche de l'Absolu.
Son approche du texte coranique est essentiellement liée à l'essence des lettres dont il assure
qu'elles sont l'expression de la pensée divine. _________________________________________
Le Judaïsme est loin d'ignorer de telles pratiques et Hruby (1965, p. 214) peut écrire (avec quelque
abus): "L'une des conceptions les plus originales de la Cabale est sans doute celle de la force créatrice
des sons articulés dont le fondement, conformément à l'ancienne doctrine du Logos, est le Verbe
primitif".

Le point d'interrogation quant à "l'originalité" de ces conceptions me paraît indispensable pour


souligner que dans l'hindouisme et le bouddhisme, la pratique des mantras est immémoriale et reste
pleinement active, qu'il s'agisse du fameux "grand mantra " bouddhiste tibétain (OMMANIPADME
HUM), des hurlements zen japonais (MU MU), du nembutsu (NAMO AMIDA BUTSU) ou
d'invocations mystiques hindouistes (HARE KRISHNA ! HARE RAMA! / OM NAMAH SHIVAYA). En
fait tout texte déclaré "sacré", objet de cognition par un prophète (rishi) se laisse appeler mantra .

Il serait excessif d'en rapprocher le fameux "cri qui tue", le Kiaï (Lasserre, R., 1954) japonais, qui n'a
jamais tué directement personne, mais crée un effet de surprise que le combattant peut mettre à profit
pour porter un coup fatal: il tire son action sidérante, non d'une structure sonore précise et sophistiquée
(il y suffit d'une voyelle plus ou moins dérivée d'un "Ai": éi, ai, eight, hait, healt, ait, etc ... ), mais
plutôt de la brusquerie, quasiment impulsionnelle (au sens de l'acoustique) de sa profération et à la
force qu'on y met. Bruit vocal puissant, sauvage, très fort, très soudain, très bref et très concentré, porté
à un moment adéquat d'interaction entre les protagonistes et surtout basé sur l'observation précise de la
respiration de l'adversaire.

Technique pour utiliser les mantras


Selon la tradition, le mantra doit être dit exactement, en respectant un certain nombre de règles. Il n'a
tous ses effets, notamment dans l'ordre spirituel, que s'il est intérieurement médité, exactement
prononcé sans arriver pourtant aux lèvres ("mémoration" du mantra selon A. Padoux, 1975): les
schèmes centraux de prononciation des phonèmes sont requis - et eux seuls - jusqu'à leur dépassement
dans la conscience de la conscience prononçante alors même que tout mouvement intérieur tend à se
stabiliser comme en témoigne la diminution spectaculaire du métabolisme de base, la régularisation
des battements cardiaques, l'arrêt complet ou partiel de la respiration...

2. Mantra et Mantra
Cependant, on doit distinguer l'action de la répétition d'un mantra, quel qu'il soit, (effet aspécifique)
d'une part, et l'action liée à la nature de ce mantra exactement prononcé: celui là et pas un autre (effet
spécifique), d'autre part (cf Blofeld, p. 232 et sq., H. Benson, 1976, B. Auriol, 1977 et 1979).

Pour les yogis du tantrisme, plus encore que dans tous les autres cas, la signification (en tant que code)
du mantra est de peu d'intérêt en regard de son effet intrinsèque, qui ne dépendrait en aucune façon de la
culture du locuteur ou de son allocutaire. Autrement dit, l'effet d'un mantra devrait se comprendre
comme celui d'une piqûre d'acupuncture, avec un degré supplémentaire de subtilité. On peut encore
comparer cette conception à celle des archétypes de Jung, àceci près que le mantra est une structure
sonore et non visuelle. C'est cette idée qui a conduit à annexer à chacun des chakras une lettre "racine"
centrale et un certain nombre de lettres périphériques portées par les pétales de son lotus représentatif.
Maryse Choisy compare la lettre centrale ou "bija" mantra àune note fondamentale dont les mantras
sur pétales seraient les harmoniques.
3. Effets
Que les mantras aient une structure archétypique, soient du champ sonore et n'aient pourtant aucune
signification lexicale en font des outils très particuliers "à la limite de la différenciation et de
l'indifférenciation", capables de ramener l'esprit de la diversité à l'unité (Padoux, 1975, p. 269).
L'usager se relaxe, s'intériorise, accède au plus central de son être. Il tend à se replier, à contre-pente de
la tendance naturelle vers le monde des objets et jusqu'à "l'intime le plus intime de sa propre existence"
(L. Gardet, 1953). L'expérience tend à un "monoïdéisme qui lie en quelque sorte le conscient (mais
sans l'obnubiler), le met en harmonie explicite" avec la partie mystérieuse de l'être.. . Non-saisie de la
Nescience ('fana' du 'fana' pour les soufis), Nescience fruitive, "absorption en un mode supérieur
d'existence, fgaturée de l'habituelle dispersion en quelque unité non exprimable" (dhikr de l'intime ou
samadhi). Sur le plan physiologique, j'ai cru pouvoir caractériser ce résultat par le terme d'éveil
paradoxal (Auriol B., 1987).

4. Les Mantras sauvages


Il n'est pas possible de cantonner notre étude aux formules saintes. Les enfants et les clowns, usent
aussi de répétitions personnelles ou collectives en vue, sans doute, de limiter l'angoisse, comme S.
Freud l'a expliqué, mais peut-être aussi par jeu pur et simple; attitudes ludiques partagées avec nos
frères oiseaux (pas seulement les perroquets gris) ou mammifères. Je citerai quelques exemples
connus en France: "am stram grain, piké piké kolégram, bouré bouré rataplam, am stram grain" / "ra,
peti, peta, petit pas, petit bus, si té fatigué ta ka prend, l'autobus" / "aux esclaux, pingui pinglo, barka
chouya, ridé ridé ridé, répéti péta", etc.

II. Une Science Phono-Psychique ?


Nous verrons, en fin de chapitre, l'intérêt d'appliquer nos déductions à toutes formes d'expression
orale. Dès maintenant il convient de noter plusieurs éventualités rendant compte du lien mot/psyché:

1. Conceptions reçues
1) Dans une première conception, fiée à la linguistique Saussurienne, il existe un lien par essence
"arbitraire", autrement dit aléatoire, entre chaque ensemble phonématique et le champ sémantique
correspondant. Le langage est une algèbre et il n'y a pas de différence fondamentale entre le morse
ou n'importe quelle autre forme d'expression numérisée et les langues historiques des différents
peuples.

2) On tempère généralement cette assertion en concédant l'existence dans la plupart des langues
d'expressions sonores imitant certains bruits de l'environnement: les onomatopées et les allitérations.
M. Jousse (1969) insiste tout spécialement sur cet aspect qu'il tente de généraliser dans ce qu'il
appelle le "phonomimisme", bien mieux réalisé autrefois qu'aujourd'hui...

3) Plus récemment la psycholinguistique (Fonagy par ex. ), a dégagé certaines relations constantes
entre plusieurs phonèmes et tel ou tel champ sémantique. L'aspect moteur, articulatoire du phonème
prend ici le dessus, il ne s'agit plus d'un "phonomimisme" mais d'un "articulo-mimisme" expliqué par
une parenté symbolique hypothétique entre la glotte et l'anus, ou par d'autres considérations tout
aussi fragiles. Michel Bernard (1976 p. 328) écrit, par exemple, "paradoxalement la voix, travaillée
par la pulsion de mort, utilise les structures de l'oralité (. . . ) pour en inverser le sens et évoquer,
par son mécanisme, la fonction excrétrice qui lui est opposée". Il fait ainsi écho à G. Deleuze (1969,
p. 225) pour qui parler est "taillé dans manger et chier".
Discussion
Malgré mon désir de simplifier, je dois bien reconnaître que ces trois approches contiennent
quelque part de vérité: les psycho-phonéticiens s'appuient sur des statistiques, les onomatopées
et un certain degré de "phonomimisme" se trouvent dans toutes les "langues naturelles" et il
paraît probable qu'un certain degré "d'algébrosation" imprègne pourtant chacune d'elles! Je dois
même ajouter une dernière hypothèse dont la contribution à la construction des langues et même
de la parole individuelle est peut-être tout àfait relevante:

4) Quatrième hypothèse: il existe une relation entre les différents lieux d'articulation des phonèmes
(labial, dental, palatal, etc.. ) et les différents "topos" psycho physiologiques déjà décrits sous le nom
de "chakras"...

2. Description des mantras par rapport aux chakras


J'insisterai ici sur les mantras tels que venus à nous par le tantrisme et la Trika; non par mépris pour
d'autres expressions du même type, mais parce que leur étude a été poussée très loin dans la culture
indienne et nous offre de précieuses pistes de recherche. En fait les chakras portent sur chacune de
leurs pétales les différentes lettres de l'alphabet sanskrit. Elles sont ordonnées, les unes par rapport aux
autres, non pas tellement en fonction de leur qualité sonore que d'après les mouvements articulatoires
qui permettent au locuteur de les produire. Ceci est homogène au fait que les mantras sont du domaine
du langage et que ce dernier se décode, pour une même unité phonétique, en fonction d'une multitude
d'indices acoustiques (Delgutte, 1984, p. 19).

Autrement dit, on ne peut espérer créer une procédure informatique simple de reconnaissance de la
parole. La redondance que représente cette multiplicité d'indices acoustiques est utile à l'auditeur, qui
peut reconnaître un message comportant des "trous" disparates, tel élément palliant l'absence de tel
autre; la machine s'en accommode mal et on doit faire appel, dès le stade de catégorisation des
phonèmes, aux procédés de l'intelligence artificielle. La redondance est une banalité en physiologie et
en psychologie. Ceci n'est pas le privilège de l'audition de la parole dont on peut sans doute en
rapprocher la règle éthologique de la "pluralité des stimuli" déclencheurs d'un comportement instinctif
(P. P. Grassé, 1956). On aurait pu attendre que les chakras du haut soient mis en correspondance avec
les lettres qui entraînent une élévation du larynx maximum et inversement pour les chakras du bas,
l'ordre serait alors du type: "ch, x, s, j, z, r, k, t, g, f, p, w,1, d, i, n, gn, m, b, v" (Bothorel, 1975 ). En fait
ces variations de hauteur sont tellement minimes que les phonéticiens se demandent s'il y a là une
possibilité d'introduire des distinctions.

P. Barbier (1979) décrit un ordre différent qui tient compte de l'amplitude des mouvements du la rynx;
on a alors (du plus au moins ample): b, p, k, f, d, gu, t, m, s, ch, v, n, z, j, r, 1. Cet auteur souligne que,
aussi bien pour les voyelles que pour les consonnes, l'amplitude des mouvements du larynx semble
augmenter au fur et à mesure que le lieu d'articulation du phonème recule dans la cavité buccale. On
pourra vérifier, plus loin, que ceci nous rapproche beaucoup du classement des mantras par le
tantrisme. Ceci nous montre le grand développement de la phonétique chez les indiens, développement
qui a d'ailleurs, historiquement, induit notre science de ce nom (J. Varenne, 1971)!
3. Liens entre Chakras et Mantras
Au niveau du chakra du bas (Muladhara), nous trouvons trois sifflantes : /sa/, /sha/, /cha/ et la semi
consonne /va/.

Au niveau du chakra suivant (Svadisthana), nous trouvons les trois autres semi
-consonnes : /la/, /ra/, /ya/ et trois labiales: /ma/, /bha/, /ba/.

Au dessus, pour le Manipura chakra, nous avons deux autres labiales: /pa/, /pha/, les
dentales : /na/, /dha/, /da/, /tha/, /ta/ et trois rétroflexes (cérébrales)/na/, /dha/, /da/.

Au niveau de l'Anahata, le chakra du coeur, nous trouvons deux rétroflexes (cérébrales): /tha/ et /ta/,
les palatales (/gna/, /djha/, /dja/, /tcha/) et les vélaires (/na/, /gha/, /ga/, /kha/, /ka/).

Le cou (Vishudda) comporte l'ensemble des diphtongues (/ah/, /am/, /au/, /o% /ai/, /e/, /lri/, /lri/) et des
voyelles (/ri/, /ri/, /u/, /u/, /i/, /i/, /a/, /a/).

Enfin l'Ajna chakra, au niveau du troisième oeil correspond aux lettres /Ksha ou Xa/ et /Ha/.

On remarque ainsi qu'on a de haut en bas une lettre complexe (/Ksha/), rangée parmi les sifflantes (A.
Padoux, 1975, p. 131) et la sifflante aspirée (/Ha/), les voyelles, les diphtongues, les vélaires, les
palatales, les rétroflexes (cérébrales), les dentales, les labiales, les semi-consonnes et les sifflantes non
aspirées. Dans le cadre de ces différentes catégories, nous trouvons (de haut en bas et dans le sens des
aiguilles d'une montre) une systématisation de deuxième niveau: les voyelles précèdent les diphtongues
qui précèdent, à leur tour les consonnes; les brèves précèdent les longues. Parmi les consonnes, les
sourdes précèdent les sonores, les occlusives précèdent les nasales, les simples précèdent les aspirées
et les fricatives ferment la marche.

Remarquons au passage que cette constatation permet d'inférer une distribution des phonèmes d'une
langue quelconque par rapport aux chakras...

4. Les mantras en français


Admettant comme universelle (interculturelle) la disposition proposée par les yogis nous pouvons la
transposer à la langue française, nous aurons alors une distribution du type:

Le chakra de base est numéroté II et le chakra transcendant, au sommet du crâne, est numéroté I
5. Symbolisme des Mantras
Pour le shivaïsme du Cachemire (cf. A. Padoux, 1975, p. 29) on peut attribuer un symbolisme global à
certains grands ensembles phonématiques:

• les sifflantes se rapportant au Seigneur de tous les êtres (Vishnu) et aux espaces
intermédiaires.

• les occlusives sont rapportées au dieu de la mort (Yama) et aux espaces d'en bas.

• les voyelles ont pour nature intime le Seigneur des planètes édéniques (Indra) et des
régions célestes.

J. L. Rivière (cité par Y. Barthélémy) fait ressortir l'aspect "charismatique" des voyelles par rapport à
un caractère plus "quotidien" des consonnes: cela apparaît dans la distinction qu'il fait entre "orateurs
vocaliques" à vocation de leader et les "consonantiques"Les mantras (ils correspondraient plutôt à une
destinée de "secrétaire d'état")...

6. Ouroboros mantrique
Il est intéressant de noter que les catégories phonétiques et les chakras ne se correspondent pas terme à
terme: on a pris soin d'introduire un chevauchement tel qu'on doit suivre l'alphabet sanskrit du cou au
bassin pour revenir au front. Ce dernier comporte, en effet, une lettre qui est une sifflante (comme celles
du Muladhara ).

On constate que l'alphabet et ses caractéristiques articulatoires permettent de décrire un ordre des
pétales sur chaque chakra, de sorte que, dans tous les cas le pétale arrière droit apparaît comme plus
élevé que les suivants, lesquels se hiérarchisent dans le sens des aiguilles d'une montre, jusqu'au pétale
arrière gauche qui est le plus bas de la fleur! Gauche et droite doivent s'entendre en regardant le lotus de
l'extérieur, sur le sujet qui nous fait face. Par rapport au sujet lui même, c'est, bien sûr, l'inverse. Le
sens de succession en descendant est celui des aiguilles d'une montre (anti trigonométrique). On peut
imaginer que chaque lotus soit une représentation de l'ensemble de l'organisme, selon une coloration
propre au niveau considéré, la tête se trouvant à gauche du rachis, le bassin à droite...

Rappelons nous que la première lettre de l'Ajna (pétale de droite : /Ksha/ est la combinaison de la
première (/Ka/) et de la dernière des consonnes (/Sa/); cependant que son pétale de gauche porte la
sifflante aspirée (/Ha/): la boucle est alors fermée et l'alphabet se déroule le long de l'axe corporel
comme s'il était une spirale enroulée sans fin autour d'un tore avec une sorte de noeud (/Ksha/).
Ci-dessus : L'axe des mantras (bija mantras) et la spirale des pétales (avec la guirlande des
mantras classiques)
Autre représentation de l'axe des bija mantras (le tore vert foncé) et de la guirlande des mantras
(rose)

On a représenté ici le foetus dans le berceau que constitue le tore mantrique : Le foetus,

avant de naître est "informé" par les structures sonores qui appartiennent à sa mère
La transposition d'une langue à l'autre (comme celle que nous proposons ici pour le français) devrait
prendre en compte la variété extrême des systèmes phonologiques d'une région du globe à l'autre et
selon les époques. Il pourrait en résulter deux hypothèses et deux voies de recherche:

1) Les différences entre les systèmes phonologiques pourraient résulter de la constitution de


mentalités collectives, de systèmes de valeurs chez ceux qui les ont engendrés.

2) A l'intérieur d'un système phonologique donné, en admettant une loi générale de distribution selon
la verticale telle que les voyelles précèdent les consonnes, les gutturales précèdent les labiales, etc.,
il faudrait déterminer selon quelles coupures des sous ensembles de phonèmes pourraient être
corrélés à chacun des chakras. Devrait-on, de ce fait, modifier le nombre des pétales pour chacun des
chakras selon la langue considérée? etc.

7. Mantras et Motricité
Une hypothèse très moderne, citée par Delgutte (1984), accorde une importance essentielle aux
processus moteurs dans le décodage auditif du langage. En effet, la reconnaissance des différents
éléments phonétiques suppose "l'intégration de propriétés acoustiques réparties spectralement et
temporellement", de sorte qu'on a pu inférer l'existence d'un système perceptif grandement lié aux
performances et contraintes de l'appareil articulatoire. Les travaux de Fonagy ont établi que, dans la
plupart des cas, les sourds démutisés qui connaissent fort bien la mécanique articulatoire et ignorent
autant qu'il est possible le résultat acoustique, éprouvent des émotions identiques aux entendants pour
les différents phonèmes.

On peut ainsi supposer, avec beaucoup de vraisemblance, qu'il existe un "topos" encéphalique
d'intégration des données articulatoires et phonétiques, en fonction des premières. Ce lieu pourrait être
cérébelleux, ou cérébral sous contrôle cérébelleux (C. Chevrié-Muller, 1979). Il pourrait, par ailleurs,
si les yogis n'ont pas erré, être connecté aux différents ensembles métamériques que nous décrivons
sous le nom de chakras; ou plutôt à l'axe vertical (plus ou moins spiralé) de l'organisme le long duquel
ces chakras sont distribués.

III. Parler pour faire Silence


Les philosophes indiens du Trika et des Tantras ont, depuis longtemps, spéculé à propos de l'essence
articulatoire plus que sonore des phonèmes: ils ont émis l'affirmation d'une étape interne de la
prononciation. Au cours de cette étape l'individu aurait une pure représentation mentale de
l'articulation qu'il va effectuer. Les procès articulatoires sont présents àl'état de pure représentation
mentale sans mise en action des organes eux mêmes (A. Padoux, 1975 p. 175). Il existe un langage
intérieur (madhyama).

Ce langage intérieur peut être manipulé dans la méditation par l'utilisation inchoative de tel ou tel
ensemble de phonèmes. Le mot inchoatif signifie qu'il s'agit d'une simple esquisse, un début, une
initiation de l'action. On connaît bien cette technique aujourd'hui, en occident, depuis sa
popularisation sous le nom de "Méditation Transcendantale". Le Mantra est d'abord enseigné
verbalement, d'une manière audible. Ensuite l'initié devra le prononcer intérieurement et il observera,
au fil des séances qu'il s'affine, devient de plus en plus subtil, de plus en plus transparent, jusqu'à
disparaître.

C'est, en quelque sorte, un rebroussement dans le processus de la pensée: on remonte de sa pleine


expression vocale aux balbutiements de son germe. Ce retour à la source de la pensée, n'est-ce pas un
retour, pour le yogi, sur son être même ? Cet être est d'ailleurs appelé à s'évanouir finalement dans
l'Etre. Ainsi, quel que soit le mantra de départ, et quel que soit le chemin emprunté, il rebroussera vers
la Source des pensées et convergera vers la fusion dans l'Absolu.

11 n'est pas même nécessaire de murmurer ou d'amorcer l'articulation, il suffit "d'un signe de tête
intérieur, c'est-à-dire un état de conscience qui pourrait s'actualiser dans le langage,mais qui ne va pas
jusque là, qui ne fait qu'indiquer, faire pressentir, un mouvement de pensée, et donc une expression,
par le langage dont on aurait donc déjà la forme, l'intention, le mouvement même peut-être, mais pas
l'expression" (A. Padoux, 1975, p. 151). Les hindous distinguaient déjà le point d'articulation du
phonème et l'effort articulatoire (A. Padoux, 1975, p. 111 sq. note 7)!

1. Echelle des fréquences et Mantras


Les linguistes évoquent le fait (Dixit et Brown, 1978; Di Cristo, 1985) que la pression intra orale
(PIO. ) est plus élevée pour les lettres prononcées en arrière que pour celles de l'avant.

II y aurait une relation entre la fréquence propre de la consonne et la valeur de la pression


intra orale, de telle sorte que plus la pression est élevée, plus la fréquence diminue.

On peut aussi comparer globalement les voyelles et diphtongues, les semi-consonnes


et les consonnes du point de vue de l'intensité sonore, de la stabilité, et de la pression
intra orale qui président à leur émission:

En conjoignant ces faits on aboutit à la conclusion que les chakras extrêmes (II, III, VI, VII) sont
porteurs de lettres à fréquence propre aiguë alors que les chakras médians (IV, V) sont porteurs
de lettres àfréquence propre basse. On ne peut donc appliquer ici la correspondance, dégagée sur
l'audiogramme, grave/bas et aigu/haut: les mantras sont distribués plus en fonction de leur mode
d'articulation que de leur impact sonore (ce qui donne plus de poids au fait de les dire qu'à celui
de les entendre)!

Cependant l'aspect proprement sonore (auditif) des mantras et des phonèmes en général ne peut
être complètement négligé. De ce point de vue, comme cela apparaissait à propos de
l'audiogramme relaté aux chakras, les aigus correspondent à ce qui est en haut, les graves à ce
qui est en bas. Ainsi pourrait s'expliquer le phénomène des "polynômes irréversibles" (loi de
Grammont): dans toutes les langues certains redoublements ne peuvent se faire que dans un
sens: par exemple la pendule fait toujours tic-tac et non pas tac-tic, dans un bric-à-brac tout va de
bric et de broc, on prend ses cliques et ses claques, etc. Il s'agit de passer de la voyelle la plus
claire à la plus sombre, de la plus aiguë à la plus grave (Hagège, 1982).

S'il existe parfois des conflits, dans la plupart des cas, les aspects sonore et articulatoire
peuvent être dissociés: dans la méditation le second domine, dans la psalmodie et le chant
accompagné surtout, le premier reprend de l'importance...

2. Génétique des Mantras


L'acquisition des distinctions phonétiques perçues précède la maîtrise, progressive, de leur
prononciation. Au moins en français, les voyelles sont correctement articulées avant les
consonnes. Parmi les voyelles les orales précèdent les nasales, parmi les consonnes les
occlusives passent avant les fricatives (S. Aicart-de Falco, 1987). De manière assez
grossière, on peut de ce point de vue, classer les phonèmes, et les chakras correspondant,
ainsi:
A. Uttaramalini
On doit signaler l'existence ("Uttaramalini") d'une autre systématisation des mantras dans la
tradition indienne, dont le principe d'ordonnancement m'échappe; il est vrai qu'on appelle cette
"guirlande": "mêlée", "en désordre", mais aussi: "supérieure", "de gauche". Son usage aurait
des effets d'une puissance plus grande encore que le dispositif plus courant (décrit ci-dessus).
Voici cet ordre (A. Padoux, 1975, p. 126):

B. La Kabbale
Par ailleurs, nous savons que les chakras se révèlent d'une structure très proche des
Séphiroths de la Kabbale. Cette dernière attache une grande importance aux lettres et
spécialement aux correspondances ésotériques basées sur la numérologie hébraïque.
C. En Chine ?
M. et P. Paul (1983), dans leur essai sur la science chinoise des sons, prétendent donner à
chaque lettre certaines correspondances corporelles (via l'astrologie) qui différent
énormément de ce que nous suggèrent la bibliographie indienne et psycho- phonétique. Par
exemple on peut avoir de haut en bas: B/, /G/, /D/, /K/, /P /, /R/, /T/... Ils donnent, en fait,
plusieurs systèmes de correspondances contradictoires; ils proposent néanmoins un tableau
qu'il disent avoir basé "expérimentalement" et qui semble recouper quelque peu certaines
données anciennes ou plus récentes.

3. La Pression de Prononciation et les chakras


En tout état de cause, plus on s'élève dans les chakras, plus la pression intra orale de prononciation (P.
I. O. ) des mantras semble monter. A dire vrai, la pression s'accroit dans l'ordre suivant: Vishudda (VI),
Ajna (VII), Muladhara (II), Svadisthana (I1I), Manipura (IV), Anahata (V). De ce point de vue la
différence maximum est celle qui sépare les lettres de l'Anahata (Max. ) de celles du Vishudda (Min. ).

Il est remarquable que les chakras extrêmes (Vishudda, Ajna, Muladhara, Svadisthana) correspondent
à un minimum d'obstacles sur le trajet de l'air entre l'intérieur et l'extérieur, ce sont des chakras dont la
signification métaphysique et psychologique implique un certain type de non différenciation à l'égard
des énergies externes instinctives ou spirituelles, maternelles ou paternelles. Par contre les chakras
médians comportent des lettres de type occlusif qui marquent la limite entre l'intérieur et l'extérieur, le
moi et le monde. Le maximum est attribué à la lettre /P/ annexée au Manipura chakra (IV). Il est sans
doute bon de rappeler que nous sommes ici en région anale et que Freud attribue au stade anal le mérite
d'établir les premières oppositions entre l'enfant et son environnement, sa première capacité de
s'opposer ou de gratifier...

Fonagy fait observer que les consonnes demandant moins de tension musculaire (ce qu'il faut mettre en
relation avec moins de PIO. ), telles que /M/, /L/, /F/ « sont éprouvées, DANS CET ORDRE, comme
les plus molles; et que les consonnes /K/, /G/, /T/ comme les plus dures, également dans cet ordre »!
C'est l'ordre que nous avons décrit dans le cadre du tore mantrique pour les chakras III et V. .. Ceci
indique l'impression d'une plus grande énergie liée à l'Anahata par rapport aux chakras du bas. Cette
dureté n'est pas une simple métaphore, il existe là plus de tension musculaire et à des niveaux plus
internes, plus profonds. Ce qui rejoint l'effet spontané des fortes émotions qui étranglent la voix, lui
donnent plus de mordant, spécialement la colère et plus encore: la haine! Cependant, je ne partage pas
l'avis de cet auteur lorsqu'il y voit une métaphore inconsciente dont le signifiant serait la constriction
de la gorge du locuteur tandis que le signifié serait un étranglement porté à son adversaire... Je m'y
oppose d'autant plus qu'on ne saurait rendre compte ainsi des strictions plus faibles liées à des
émotions moins "énergétiques" (les larmes, la plainte, etc. ). Le déplaisir, déjà chez le nouveau-né, est
marqué par des occlusives laryngées (Lallen, 1957: cité par Fonagy, 1983).

Dans la parole d'un individu, la langue d'une ethnie, on peut observer des différences importantes
(phonologie contrastive), allant d'une prononciation très en arrière à une prononciation très en avant.
Cette opposition concerne l'habitus plus ou moins "évolué" de celui (ou de ceux) qui parle(nt).
"Evolué" doit se prendre avec son ambiguïté puisqu'il différencie synchroniquement les individus ou
les peuples selon certains aspects de leur culture plus ou moins sophistiquée et puisqu'il existe une
tendance constante à la palatisation (prononciation moins gutturale, moins en arrière) dans la
phonologie diachronique. Etre "évolué" irait de pair avec moins de graves, moins de prononciation
postérieure, de sorte que l'opposition maximale du tore mantrique, dont nous savons qu'elle se situe
entre le Vishudda et l'Anahata, s'atténue quelque peu. C'est en faveur de plus d'homogénéité, de plus de
proximité du moi individu (Anahata) et de l'autre, étranger (Vishudda). Fonagy voit là un
renforcement de la socialisation et du principe de réalité. Il appelle les phonèmes antérieurs
"sociotropes" alors que les postérieurs seraient "sociophobes".
D'étapes en étages

Les centres d'énergie dans le Tantrisme et leur maturation dans la petite enfance

N° Stades Freudiens

I ?

VII ?

VI Phase de Latence

V Stade Phallique

IV Stade Anal

III Stade Oral

II Stade Foetal

N° Psychanalyse Système Tantrique Organe de Perception Organe d'Action

Réalisation du soi sahasrara

VII Pulsion épistémique ajna télépathie influence

VI pulsion invocante vishudda écoute voix

V pulsion phallique Anahata tact phallus

IV pulsion anale Manipura vue anus


pulsion d'emprise
pulsion scopique

III pulsion orale Swadisthana goût main

II ? Muladhara odorat pied


IV. Les « bases pulsionnelles de la phonation »
On souhaiterait, naturellement, vérifier expérimentalement les liens annoncés par les yogis entre chakras
et phonation et expliquer d'où les yogis ont tiré leurs correspondances entre chakras et phonèmes. C'est à
leur pratique assidue de la méditation que nous devons ces découvertes, comme les autres
correspondances (couleurs, géométrie, animaux, divinités, traits psy, etc. ) qu'ils proposent pour les
différents chakras.

1. Clyde et Rousey
De manière indépendante, certains phonéticiens modernes (W. Stem, 1907; E. Sapir, 1929), d'une grande
qualité créative, ont montré qu'il existe une signification universelle de certains phonèmes:
non sans doute, au sens très étroit qui permettrait d'en dresser lexique, mais comme une application à
différentes parties d'un ensemble flou, évoquant, entre autres, les stades libidinaux, dont nous savons
qu'ils sont proches des centres d'énergie signifiés comme "chakras"

Nous devons une tentative de ce genre à Clyde et Rousey (1969) qui proposent une attribution des
phonèmes de l'anglais qui ne se recoupe que partiellement avec le tore mantrique. La voici:

2. Phonosymbolisme ?
Mais l'essai le plus connu en France (celui de Fonagy, qui ignora apparemment les travaux
de Rousey), est davantage étayé sur des constatations de psycho phonétique transculturelle,
c'est pourquoi nous l'examinerons plus en détail en le comparant à la tradition des mantras.

Depuis le "Cratyle" de Platon, bien des chercheurs ont proposé de lier le son et le sens, en prenant appui,
essentiellement, sur les onomatopées qu'on peut repérer dans toutes les langues. Perspective séduisante
...

Il convient de tempérer notre enthousiasme au contact de Hagège (1982) qui insiste sur l'échec des
auteurs qui ont voulu décrire un "phonosymbolisme". Posée ainsi, sa critique doit être retenue. Malgré
tout, si on quitte le domaine sémantique pour considérer une énergétique de l'expression, la question
mérite, comme nous le faisons ici, être réexaminée. Chaque culture peut concrétiser de manière
distincte les correspondants sémantiques (qui sont nécessairement des sublimations) des
investissements libidinaux correspondant à chacun des chakras. Si notre hypothèse est fondée, on devra
retrouver, à l'intérieur des oppositions phonétiques de n'importe quelle langue, la distribution des
phonèmes du plus au moins énergétique, correspondant à ce que j'ai plus haut dénommé "tore
mantrique". L'énergie dont il est ici question impliquant plus la notion d'effort intentionnel maîtrisé que
de quantité sonore. La force du cri étant loin de question, la coupure entre extérieur et intérieur étant au
centre. (On pourrait rapprocher cette opposition des notions si précieuses que nous a léguées Pierre Janet
en l'espèce de la "force" et de la "tension" psychologiques).

3. Selon Ivan Fonagy


Cette voie d'une investigation "pulsionnelle" de la phonation est fort bien représentée par Fonagy. Sa
"philosophie" est pourtant fort différente de celle des Tantras: il s'agit pour lui de lier certains gestes
de la langue à certaines expériences enfantines et d'affirmer qu'il en serait resté un lien de type
métonymique: par exemple tel mouvement articulatoire était impliqué
dans la succion du sein; il restera porteur d'un sens non conventionnel, et par là même, de tendance
universelle, orienté vers l'oralité. Cet universalisme est ainsi purement statistique: la plupart des humains
utilisant ce geste articulatoire pour produire ce phonème, et ayant, au cours de leur stade oral, employé le
même mouvement pour téter. Les liens entre phonèmes et données psychodynamiques sont factuels,
sporadiques et aucune loi générale de leur constitution n'est à attendre. Rechercher un lien entre un
ensemble psychologique et un ensemble phonématique relève de la pêche à la ligne. Nous ne sommes
guidés par aucun fil dans cette quête. Tout ceci est donc très éloigné de la distribution systématique des
sons parlés, en fonction de leurs modes d'articulation, sur le tore mantrique.

Concordances Expérimentales
D'où la question: les conclusions des uns et des autres sont-elles concordantes? La méthode
expérimentale, tout d'abord guidée par la terminologie métaphorique des grammairiens (e. g. "les
consonnes liquides"), s'attache à tester statistiquement la pertinence anthropologique de métaphores
binaires antagonistes. On demande aux sujets de choisir, par exemple, entre "lisse" et "rugueux", ou entre
"clair" et "sombre" pour caractériser tel ou tel phonème. On peut aussi demander à des sujets de "matcher"
un texte en langue inconnue d'eux avec des atmosphères ou des titres de récit. On fera varier de manière
notable la présence de tel ou tel type de phonèmes pour en déduire des rapprochements suggestifs quand la
statistique est bien tranchée, etc. Nous tenterons ici de combiner ces méthodes modernes avec les antiques
prétentions des textes tantriques.

4. Etude du Vishudda
Les seize phonèmes du Vishudda correspondraient aux quinze quinzièmes du diamètre de la lune plus un
(le visarga: /H/). Ce dernier symbolise l'union du soleil avec la lune lors de la nouvelle lune (ce qui
suggère la classique "scène primitive" comme de très nombreux symboles de l'hindouisme) et fait le pont
entre les voyelles et les consonnes: il se prononce comme les voyelles en laissant passer de l'air, mais
après avoir fait mine de fermer le passage comme dans le phonème /K/ auquel il ressemble!

On peut observer que le Vishudda chakra, réunissant à lui seul toutes les voyelles, occupe une position
particulière, centrale pour ainsi dire; en effet aucun mantra ne peut se priver de voyelle, si bien que toute
utilisation de mantra fera appel AU MOINS àdeux chakras: celui qu'on a choisi plus le Vishudda par le
biais de la voyelle utilisée. Ceci est parfaitement en accord avec le fait que l'organe d'action attribué par les
textes au Vishudda est la phonation, son organe de perception étant l'audition. Tout usage de mantra prend
donc sa base dans le Vishudda chakra (cf. A. Padoux, 1975, p 187).

Il est nécessaire, surtout si nous voulons accéder àla signification des combinaisons {consonne / voyelle},
d'observer le classement des voyelles et de tenter de comprendre quel en a été le critère. En fait, quoique
selon une modalité particulière, il semble bien qu'un système de classement analogue à celui qui prévaut
dans le cadre général régit l'ordonnancement des diphtongues et voyelles: ce qui se prononce en arrière
précède ce qui se prononce en avant. Cependant les faibles pressions ont ici le pas sur les fortes [
Contrairement à ce qui se passe pour le reste des phonèmes ]

Selon Fonagy les voyelles les plus postérieures semblent plus grossières, vulgaires, voire puantes
que celles qui se prononcent vers l'avant. Ceci serait lié au plus ou moins grand éloignement de la glotte
identifiée inconsciemment au sphincter anal. Cette assertion me paraît contestable, même dans le cadre
étroit de la théorie pulsionnelle ici rapportée (Fonagy, 1971), et j'aurais tendance à remarquer simplement
le rôle particulier des zones postérieures dans le réflexe nauséeux.

Par rapport à la distribution des pressions, la lettre /A/ occupe une place tout à fait centrale, son privilège
tenant d'une part, à ce qu'elle est la voyelle de plus faible pression; la catégorie des voyelles étant celle qui
implique elle même le moins d'obstacle sur le chenal vocal, d'autre part. Ainsi peut-on dire que la lettre /A/
est la Voyelle des Voyelles!

Les lamas considèrent, en plein accord avec la signification psychanalytique des différentes régions du
corps évoquée plus haut, que le /HA/ signifie la semence du père à la conception, le /AH/ celle de la mère
(confondue avec son sang), et le /HRi/ l'esprit de base.

Dans le Trika on considère que chacun des phonèmes du Vishudda représente un seizième du diamètre de
la lune, dont elle s'accroît chaque jour pour aboutir à la pleine lune (A. Padoux, 1975, p. 79 et 188). Ce
symbolisme lunaire est homogène avec les significations psychologiques de ce chakra ("ombre" de C. G.
Jung).

Le phonème /A/ serait lié à l'énergie de conscience transcendante, paix infinie, béatitude, /i/ à la volonté et
/LT/ à la connaissance ou éveil (qui n'est que rêve lorsqu'on se réfère à la Réalité métaphysique). Du point
de vue psychologique, qui est le notre, /A/ serait alors lié à la spontanéité d'émission, au besoin manifesté et
au manque, à l'action sans obstacle, à un état mental relaxé; si la durée de prononciation augmente (/ä/),
nous aurons le sentiment de liberté, la joie de l'unité, l'émerveillement, voire la béatitude, la jubilation liée
à une prise de conscience dynamique de soi.

I
Passant de /A/ à /i/, la liberté première se réduit: investie dans les contraintes de l'action, focalisée sur un
but. Le phonème /i/ correspondra à la mise en action précise (malgré les obstacles) s'inscrivant dans la
durée. On peut, dans ce sens, parler de "volonté" car il existe un "effort orienté", mais aussi
d'intentionnalité pure et simple (à rapprocher de la notion psychanalytique d' "affect"), de désir:
mouvement d'approche vers, intention créatrice. Lorsque le son se prolonge: /ï/, l'insistance de l'intention
conduit à la domination, la souveraineté, le refus des compromis et des remises en question.

U
/U/ (prononcer "ou" comme dans "chou") pourrait davantage se référer à l'action comportant des obstacles
actuels, s'étalant dans un espace interne ou externe. L'intentionnalité concerne maintenant des objets très
concrets. Pour s'exprimer comme Freud, le "représentant- représentation" de la pulsion prend le pas sur
l'affect. Si le son se prolonge (/ü), il traduit la frustration, la non-plénitude, la demande et sa quête toujours
insatisfaite (Lacan, 1966, passim) àl'égard du pis de la vache céleste qui est la divinité suprême (cf A.
Padoux, 1975, p. 204), les conflits de tendances, l'inquiétude et
l'angoisse.

Ri et Lri
Les "voyelles liquides", /Ri/ et /LRi/, inconnues en français, seraient l'apanage d'énergies obscures, sans
effet clair; les termes employés évoquent très fortement l'instance jungienne de l' "ombre", les conflits de
l'animus et de l'anima, énergie retenue par devers soi, jouissance du repos acquis par l'introversion,
jouissance de l'instant situé entre l'excitation et l'éjaculation, évocation du sommeil profond...

E
Le phonème /E/ (prononcé "é") serait synthétique de /a/+/i/ ou /A/+/i/ et évoquerait un triangle pointe en
bas symbolisant une énergie de type maternel et plus précisément: les organes génitaux internes et
externes de la femme. Relativement au fonctionnement mental, il s'agirait d'une synthèse des énergies de la
connaissance, de la volonté et de l'action. D'un point de vue métaphysique il correspondrait à un
obscurcissement de la conscience qui perd le sens de l'absolu. Le phonème /Ai/ (prononcé "aie")
évoquerait l'acte sexuel, et plus généralement l'union d'énergies féminines et masculines, la rencontre
Jungienne d'anima et animus, le mouvement vers la synthèse des contraires (des ténèbres et de la lumière,
de la gauche et de la droite, du haut et du bas, du bien et du mal, etc. ).

O
Le phonème /O/ traduirait une énergie d'activité plus nette encore que dans /U/, /E/ ou /Ai/ . On y rattache
aussi la notion d'invocation (appel à une entité supérieure) qu'on retrouve en français dans l'exclamation
"o !" propre à marquer le vocatif ou àexprimer l'étonnement, l'admiration, la joie, la douleur ou la prière.
O' marque en irlandais la filiation. Sa valeur d'évocation/invocation lors du "jeu de la bobine" est soulignée
par la théorie analytique à propos du célèbre "fOrt/dA": C. Stein (1966) par exemple y voit l'origine de
l'accès au langage et S. Leclaire (1968), après tant d'autres, insiste sur l'absence que marque le "O" par
opposition à la joie de la présence marquée par le "A".

L'opposition de ces phonèmes (mais aussi bien de n'importe quels autres sélectionnés par la biographie du
sujet) inscrirait dans l'inconscient les premiers représentants-représentation de la pulsion, et
constitueraient les signifiants élémentaires de l'inconscient. Cette importance des phonèmes ne doit
pourtant pas faire illusion sur une signification universelle de chacun d'entre eux dans la pensée
lacanienne. Le postulat de l'arbitraire saussurien continue à présider à ces inscriptions factuelles qui
doivent tout aux circonstances et ne se révèlent que par la psychanalyse personnelle, sans transposition
possible à quelque autre patient que ce soit.

A la phase des vocalisations de la cure Tomatis, Elodie décrit deux images qui lui sont apparues
lorsqu'elle chantait "ooooo oo": tout d'abord, une barque (sur l'eau... ) dans laquelle se trouvaient son
père et son frère. Ces deux personnes sont depuis longtemps mortes. Sur la rive quelqu'un leur disait "au
revoir". L'autre fantasme est celui d'un bateau quittant l'Algérie, au moment de l'indépendance: "ma mère
et ma nièce de dix huit mois ainsi que mon petit frère de sept ans étaient sur le bateau; mais ni moi ni ma
soeur n'étions encore à bord. Une sirène a retenti si bien que maman a cru que le bateau allait partir. Elle a
crié, prête à redescendre plutôt que de nous laisser seules".

Les associations qu'elle fit ensuite (rupture avec l'enfance au cours de déménagements successifs liés au
conflit armé, décès de sa mère) montraient combien le vécu de séparation était présent, réactivé, amplifié
dans son expression consciente par cette vocalisation du son "O".

Vocaliser sur "a" ou "è" représente un exploit des plus pénibles pour Olympie; elle trouve, par contre
agréable les modulations sur le "o" marqueur de séparation; il exprime sans doute un effort de
détachement désespéré à l'égard de sa mère qui, autrefois, la battait et déclarait d'elle "on n'en fera rien!"
quitte àexiger plus tard une élévation de pensée propre àconfiner notre patiente dans un univers
intellectuel dont la fiction est exclue, si bien qu'elle dévore des bibliothèques sans jamais toucher un
roman!

Elle se trouve dans l'impossibilité d'explorer, en imagination, plus bas que son cou...

Pour Elodie, comme pour Olympie, on voit s'entremêler indiscernablement des éléments analytiques
classiques et ceux que nous proposons d'y adjoindre. Je pense que ce type de surdétermination est tout à
fait général et de même nature que celui dont se servent les biologistes du comportement en assignant à la
fois aux structures génétiques et à la pression de l'environnement l'explication des comportements
animaux.

AU

Le phonème /AU/ (prononcé "AOU") dénote une énergie d'activité impliquant quelque caractère
redoutable car évoquant certaines énergies d'en bas, de nature plus matérielle.

Am

Le phonème /aM/ (vibration nasalisée adjointe àune quelconque syllabe) évoque la pure subjectivité du
"JE" de même que le mantra plus complexe "AHAM". Il est orienté vers la temporalité.

AH
Le phonème /AH/ ou visarga (souffle substitué à S ou R à la fin d'un mot sanskrit) doit être différencié du
/HA/. Il évoque la création et la destruction du suprême Seigneur qui "vomit" et "dévore" sa création. Il est
loisible de commenter ces affirmations du point de vue du "sadisme oral" et des fantasmes de la position
"paranoïde-schizoïde" (M. Klein, 1952). Par ailleurs l'individu bénéficie lui même de cette énergie de
création et de destruction dont il peut faire usage sur toutes sortes de plans (plaisir sexuel, expérience
esthétique, extase spirituelle).

5. La médecine tibétaine
Elle nous offre un indice précieux sur le rôle respectif de chacun des pétales du lotus représentatif de
Vishudda: en effet, nous savons (Y. Donden, 1974), que le lama - guérisseur se concentre sur trois lettres
qu'il réfère au corps du patient: le /AH/ pour le nombril, le /HRi/ pour le coeur, le /HA/ pour le milieu du
front. Ceci nous suggère une correspondance de l'ensemble des voyelles avec l'ensemble du corps, le crâne
étant représenté par la lettre spéciale /HA/ appartenant au chakra Ajna. En effet,
le /AH/ est la dernière lettre du Vishudda, le "HRi" est celle qui se situe en place médiane, le /HA/ étant
immédiatement avant la voyelle des voyelles, première lettre du Vishudda. Les voyelles représenteraient
donc l'ensemble du corps en haut jusqu'au coeur, les diphtongues signifiant plutôt le bas du corps (au moins
jusqu'au nombril).

Les lamas considèrent, en plein accord avec la signification psychanalytique des différentes régions du
corps évoquée plus haut, que le /HA/ signifie la semence du père à la conception, le /AH/ celle de la mère
(confondue avec son sang), et le /HRi/ l'esprit de base.

6. Des Voyelles aux consonnes


Clyde et Rousey (1969), s'appuient sur le fait que la première acquisition vocale serait de voyelles, et ce,
pendant les six premiers mois de la vie, pour y voir l'expression des pulsions les plus archaïques.
L'apparition des consonnes, au cours des mois suivants traduirait la mise en place de l'ego, capable de
juguler, canaliser, réaliser ce qui n'était que tendances chaotiques et impuissantes.

Cette conception pourrait passer pour une simple transcription au plan psychanalytique des théories
phonématiques du tantrisme. On fait remarquer que les patients aux prises avec des conflits anciens
auraient tendance à buter sur les voyelles, ceux dont les problèmes se basent sur des périodes plus récentes
développeraient au contraire des troubles d'élocution touchant les consonnes.

7. L'Ombre à Gauche?
Le yoga tibétain (W. Evans-Wentz, 1970), propose un exercice de méditation qui met en rapport
lesvoyelles et un canal d'énergie à gauche du corps, les consonnes un canal symétrique à droite.

Ceci souligne la parenté entre le Vishudda chakra, habituel porteur des voyelles, et le côté gauche du corps.

Le Vishudda est probablement lié à l'Ombre de Jung dont la signification psychologique est très proche de
celle que la neuropsychologie attribue à la gauche du corps et à l'hémisphère droit du cerveau. Pour les
théoriciens de la Trika, il existe une opposition très marquée entre les voyelles et les consonnes. Les
premières, indispensables à toute réalisation effective d'un son articulé, sont considérées comme
"semences", alors que les secondes sont qualifiées de "matrices" et ne résultent que de la condensation des
voyelles...
On peut remarquer au passage que les "bija mantra" (cf. infra) sont tous des semi - consonnes qu'on peut
rapprocher des différentes voyelles...

Le terme de semence ne doit pas évoquer un processus égotique, ce qui renverserait totalement la
perspective: tel Junger supposant une correspondance "mystérieuse" entre les consonnes et la volonté,
c'est-à-dire la maîtrise de soi et l'action dominatrice sur ce qui est distinct du moi.

Pour les indiens, il s'agit de l'action divine qui ne comporte pas ce type d'opposition lorsqu'elle crée par son
flux émanateur harmonieux.

Ils assimilent alors les voyelles au signifiant et les consonnes au signifié.


Les voyelles "coulent de source" (analogiquement: de la source absolue de l'être) alors que les consonnes
résultent d'obstacles ménagés sur le trajet vocal et analogiquement le chemin d'émanation de l'Être. Par là
elles représentent le relatif, le conditionné. L'Être est aussi assimilé au signifiant car il est dépourvu de
toutes les limitations qui permettent de décrire un objet, un signifié; c'est différent pour les objets du monde
relatifs qui sont alors assimilés au signifié.

Ils proposent de rattacher chaque groupe consonantique à une voyelle spécifique, selon l'ordre énoncé
plus haut:

/A/ prend alors la tête des gutturales (V)

/i/ en tant que "voyelle palatale" régnera sur les phonèmes de /TCH/ à /GN/ (V) /Ri/ et

/LRi/ sont relatées aux occlusives cérébrales et dentales (de /NA/ à /DA/) (IV) /U/

commandera les labiales (/NIA/, /BA/, /VA/, etc)

8. Consonnes du Muladhara: Consonnes "urétrales" ?


On constate que les enfants et les adultes qui s'adressent à eux utilisent des sifflantes (/S/, /ch/) et la voyelle
/i/ pour former les mots concernant la miction. On observe aussi l'utilisation du phonème /p/ (dans "pipi",
"pisser", "pissou").

Les tentatives d'explication fournies dans le texte de Fonagy ("écoulement" de l'air pour prononcer les
sifflantes, bruit réalisé par l'évaporation de l'urine utilisée pour éteindre le feu... ), sont peu
convaincantes, au sentiment même de leur auteur. Il pourrait s'agir d'une simple imitation onomatopéique.

De notre point de vue, la vessie étant gérée par le plexus honteux qui est en relation probable avec le
Muladhara chakra, il est cohérent que certains mantras de ce chakra (sifflantes) soient impliquées dans les
mots enfantins utilisés pour l'acte d'uriner.

Au niveau de l'expérience enfantine, l'urine est un liquide chaud évocateur du milieu intra utérin. Quoique
ce type de signification me paraisse trop restreint pour couvrir tout ce qui concerne les sifflantes, on peut
tenter de l'approfondir partiellement en se référant au trouble énurétique.

Il est lié à un "terrain fait d'immaturité affective, de fixation infantile à l'image maternelle, de fragilité de
la personnalité, de nonchalance générale, souvent de passivité, ou de démission devant l'effort".

On peut le comprendre "comme un refus inconscient d'accepter des contraintes sociales par insatisfaction
ou insécurité affective" . Le traitement comporterait notamment "des moyens simples visant àcréer un
climat de sécurité" (R. Bascou, 1979).
Toutes ces affirmations peuvent conforter l'hypothèse du tore mantrique en ceci que le Muladhara chakra,
auquel sont rapportées les sifflantes, est celui dont nous avons vu qu'il répond au problème de la sécurité
fondamentale de l'enfant, liée au "nursing" et au " holding". R. Toupotte (comm. pers. ) indique l'aspect
"recherche du bonheur" comme caractéristique de chacun des quatre phonèmes présents sur les pétales du
Muladhara. Maryse Choisy (1963) nous propose les significations suivantes (bien en accord avec la
signification de "holding" donnée plus haut à ce lotus):

Pour retenir cette interprétation, nous devrions recourir aux hypothèses suivantes:

1) il existe un lien profond entre les sifflantes et le Muladhara chakra (tore mantrique).

2) il existe un lien étroit entre les sifflantes et l'acte d'uriner (étude psycho-phonétique).

3) l'énurétique démontre dans son trouble une régression partielle qui le conduit à
rechercher les avantages ou les plaisirs connus lors du nursing et du holding (clinique de
l'énurésie).

4) cette recherche se réalise en démissionnant des actes de contrôle sur la vessie


(hypothèse assurant la cohérence des trois premières).

9. Consonnes du Svadhishthana: Consonnes orales?


Fonagy s'intéresse aux qualificatifs évoquant le sucré, et par là une forme de l'oralité. Les phonèmes
connectés à cette saveur sont: le /L/ (servi-consonne la "plus suave" selon Denys d'Halicarnasse). Le /L/
est associé à la douceur, à un liquide qui coule, spécialement le lait et le miel.

Les tests phonétiques montrent des propriétés analogues pour le /M/. L'anthropologue G. Murdock
(1957) a montré la constance du /M/ pour évoquer la sphère maternelle et Clyde (1969) insiste sur la
signification orale de l'expression "Mm.. " pour indiquer la satisfaction ou l'intérêt. Le /R'/ les rejoint
dans la qualité être "agréable".

L'auteur remarque le lien qui peut exister entre les mouvements articulatoires destinés à produire ces
différents sons et la séquence des contractions utiles au nourrisson pour téter.

Le /L/ mouillé (= "LY") ainsi que la semi consonne /Y/ présentent des connotations analogues, au
moins en cela qu'ils sont utilisés préférentiellement dans les lallations du nourrisson au stade oral.
C'est la proximité du /Y/ et du /i/ qui expliquerait le caractère doux de cette lettre parmi les autres
voyelles.
Les consonnes ou semi consonnes liées au stade oral d'après cette étude (/L/, /R'/, /Y/, /M/), rejoignent
donc tout à fait les phonèmes correspondant au Svadisthana Chakra dont nous avons vu qu'il est lié par
les hindous au sens du goût. Seuls nous manquent le BH/ et le B/... mais on pourrait remarquer le
caractère très infantile de cette consonne qui donne (en français... ) son nom au "babil" du "bébé" qui
vient de boire (latin: "bibere"; espagnol "beber") son "biberon" (mon petit fils prononçait, au début,
"bibiron").

Certaines traditions indiennes accordent les significations suivantes aux phonèmes de ce chakra (M.
Choisy, 1963):

10. Les consonnes du Manipura et de l'Anahata : switch


yoga-psychanalytique?

A. Consonnes anales
Clyde et Rousey (1969) ont fait remarquer la substitution du /D/ au /M dans ce qu'ils appellent le langage
des "durs", ce qui suggère le caractère plus agressif du /D/ (dentale: Manipura) que du /TH/ (sifflante:
mulhadara). Les significations de chacun des phonèmes du Manipura (IV) sont pour M. Choisy (1963):d
honte dh inconstance n alousie t iscenceùr amsse d tristesse dh sottise n i cep aversion, ph penrdéeo4t

B. Consonnes phalliques
Certains auteurs voient dans le R « apical > la lettre phallique (« érectile ») par excellence; nous
constatons qu'aucune sorte de R n'est proposé par le lotus à vocation phallique (V). I. Fonagy insiste sur le
fait que, pour exprimer la violence agressive, les éléments qui retiennent le flux sonore prennent le dessus.
Par exemple les occlusives sourdes deviennent plus fréquentes que les sonores {IV/, /T/, /K/ plutôt que B/,
/D/, /Gt7: dans le tore mantrique, les premières sont situées plus haut que les secondes; et cela pourrait être
le signe qu'il s'agit seulement d'une variation dans la quantité d'énergie exprimée plutôt que d'une "qualité
d'agressivité". Le phonème /K/ prend chez le jeune enfant, et plus tard, la forme typiquement anale de
"caca" ou de "cucu" quoique d'autres combinaisons soient plus nettement phalliques (cf Kiki). Cette
restriction aux concordances trouvées jusqu'ici entre chakras et empirisme psychophonétique suggère peut
être la valeur de puissance accrochée à(analité dans la relation à autrui, valeur qui rapproche cette dernière
de la protestation virile. Freud (1917) insiste sur l'équation symbolique (fèces = pénis) propre à ce stade
phallique au cours duquel l'organe mâle est conçu comme amovible, détachable... Le /K/ pourrait être lié
à l'expulsion déjà réalisée alors que le /P/ (et le /T/ ?) seraient liés à l'expulsion en cours ou à la rétention
(cf en français: "peiner", "pousser", "pulsion", "péter", etc)?L'extrapolation de l'usage enfantin ou
infantilisé de /K/ dans ce sens à des stades plus avancés de l'évolution libidinale pourrait bien être
irrelevant. Comme souvent en biologie, une fonction apprise dans un certain contexte (celui de l'analité par
exemple) pourrait ensuite revêtir une nouvelle signification chez ceux des individus qui ont la possibilité
d'atteindre la maturation liée au stade phallique... 190Cette remarque devrait sans doute permettre de
reconsidérer aussi, dans certains cas, la valeur des phonèmes sous-jacent, par exemple ceux du Manipura
avant le stade anal!... Les significations particulières de chacun des phonèmes de l'Anahata (V) sont pour
M. Choisy (1963):
K espoir, kh souci, amtiété effortgh attachement, seo? ng arrogance ch langueurliment du moi
hypocrisiech orgueil du moi d' discrimination 'h cupidité, convoitiseduplicité t indécision th regret

11. Sphincters et phonèmes


Par ailleurs, Fonagy a raison d'insister sur l'intervention du sphincter glottique dans la défécation: en effet,
pour qu'il y ait une exonération harmonieuse la glotte se ferme tandis que l'anus se relâche; cependant
cette utilisation n'entraîne pas une identité fonctionnelle et il peut même arriver que se
produise une contraction simultanée des sphincters anal et glottique, c'est alors une constipation
spasmodique: l'effort d'expulsion (glottique et par là invocatoire) s'accompagnant d'un effort de rétention
(anal). Je n'insiste pas, pour l'heure sur les enseignements que pourraient nous apporter l'étude de ce
phénomène quant à la dialectique de l'invocatoire (le lieu de la parole) et de l'anal...

D'un point de vue plus général, il sera sans doute intéressant d'explorer la guirlande des phonèmes en
relation avec les sphincters actifs pour articuler:

- le sphincter glottique bien sûr (entre la trachée et la bouche),

- mais aussi le sphincter vélaire (qui sépare le nez de la bouche)

- et le sphincter labial (qui sépare l'extérieur et la bouche)

- sans parler des actions obstructives de la langue qui est assimilable à un quatrième
sphincter médio-buccal.

La théorisation de Fonagy ne rend pas totalement compte des faits. Comme le note M. Bernard (1976),
elle manque d'unité épistémologique en multipliant des explications peu compatibles. Je pense qu'il sera
préférable d'admettre une théorisation qui rende compte de manière simple et systématique du fait que la
guirlande des phonèmes se distribue à la fois dans la cavité buccale et sur le tore mantrique en fonction du
lieu d'articulation et surtout de la Pression Intra Orale. Ce paramètre permet en effet de tenir sur un même
plan les voyelles, semi-consonnes et consonnes.

On observe alors que la "dureté" (je dirais plutôt l'aspect "énergétique") d'un phonème est liée à la
pression intra orale qui a accompagné sa production et aux variations de cette pression ("instabilité") plutôt
qu'à la simple proximité du sphincter glottique...

Les connotations orales, phalliques ou anales des phonèmes deviennent ainsi plus une conséquence
structurale éventuelle (connexion aux chakras) qu'une correspondance génétiquement acquise.
Connexion "structurale" doit s'entendre comme due à la structure même du système nerveux.

Je lui accorde pourtant volontiers la plupart des connexions "pulsionnelles" invoquées, surtout au bénéfice
de compléments expérimentaux (indispensables) à venir. II conviendra de repérer plus finement les
divergences signalées à propos de l'analité (/K/) et d'en découvrir l'origine.

Les explications Fonagiennes offrent le flanc à la critique du fait qu'elles semblent impliquer des
phénomènes de "régression", immanquablement et à tout moment, associés à la moindre tentative
d'élocution. Je préfère, pour ma part, considérer que la topologie organismique comporte des connexions
permanentes stables entre des lieux psycho-physio-anatomiques éloignés, de telle sorte que se manifestent
les inter connexions évoquées à propos des thérapies de zone et de l'approche systémique.

Par ailleurs, outre les "stades pulsionnels", on peut considérer des "régions psycho-physiologiques" en
correspondance avec les acquis de la maturation libidinale et continuant à fonctionner, selon ces acquis et
d'autres, liés à des expériences ultérieures, comme par exemple une psychanalyse, quelle que soit la zone
intégrative finalement retenue. De ce point de vue, il est inexact de dire que la délectation alimentaire est
un phénomène de régression orale transitoire, alors qu'il serait correct de décrire cet acte comme une
activité de la "région orale", dont le caractère régressif serait invoqué si, par ailleurs, cette activité se
manifestait de manière non homogène au fonctionnement global de l'organisme géré, par exemple, sous le
primat de l'analité. J'exclus, ce faisant, que toute activité non génitale soit systématiquement attribuée à
une régression, qu'il s'agisse du point de vue temporel, topique ou formel, décrits par Freud (Laplanche,
1967, pp. 400-403).
Sans nous appesantir sur cette divergence, force nous est de constater la très grande proximité de ce texte
sur "les bases pulsionnelles" de la phonation et des correspondances mantriques des chakras.

S. Leclaire (1968), avec une grande pénétration, a montré que nombre de signifiants élémentaires
constitutifs de l'inconscient, se laissent réduire à des structures phonétiques souvent très simples qui
apparaissent comme une sorte de clé intime du sujet dont ce dernier ne fait état qu'à grand peine. Cet
auteur souligne aussi l'étroite intervention des expériences corporelles qui y sont associées mais n'arrive
pas à la conception que nous proposons: elle accorde aux phonèmes un statut psychologique et somatique
préalable à toute expérience, qui serait de l'ordre de la structure anatomo physiologique humaine et
assurerait la réception de ces inscriptions factuelles dans l'existence individuelle. Cette façon de voir
rejoint bien entendu ce que nous savons par l'éthologie: tout montage psychophysiologique individuel se
base sur un schéma hérité d'une souplesse plus ou moins grande et prend aux circonstances d'exister et
de se structurer par rapport à l'environnement...

12. Les Bijas Mantras


J'ai à peine mentionné l'existence de mantras particuliers "Bijas mantras" qui résident au centre de chacun
des lotus chakriques, comme "la note fondamentale dont les autres mantras seraient les harmoniques"
(M. Choisy). Cette affirmation métaphorique ne donne a priori aucune clef qui nous livrerait le motif du
choix précisément des phonèmes /L/, N/, /R/, /Y/, /H/ et /Om/ pour remplir ce rôle...

On voit cependant que les quatre premières (/L/, /V/, /R/, /Y/) sont considérées comme des
semi-consonnes en phonétique du sanskrit. Le /H/ et le "Om" ont sans doute une signification
fonctionnelle analogue: il s'agit de sons intermédiaires, aptes à être prononcés de manière assez stable,
sans grande pression intra orale. Ils sont choisis tous les six dans les quatre chakras extrêmes (si on se
réfère aux pétales des lotus), essentiellement dans le Svadisthana chakra (Ill). Une deuxième question se
pose à propos des variations d'attribution de ces Bijas; par exemple dans le Demchog-Tantra
(bouddhisme tibétain), les correspondances, très semblables, ne sont pas vraiment identiques (j'ai ajouté
sous la rubrique "germe" les mantras attribués aux Dhyani-Buddha, symboles spirituels de ce qui devrait
être réalisé au niveau corporel correspondant, on verra que ces mantras s'éloignent beaucoup du système,
par ailleurs conservé, présent dans le tantrisme hindou):
Nous voyons que l'ordre des Bijas est le même, ainsi que l'ordre des éléments, mais leur nombre étant
réduit dans la version tibétaine, un décalage se produit qui ne permet pas d'attribuer les éléments et les
phonèmes aux mêmes régions du corps. Cela pourrait être dû au caractère de construction idéologique a
priori de l'un des deux ensembles par rapport à l'autre, ou à l'imprécision de l'expérience sous tendant l'un,
l'autre, ou les deux corpus.

Quant à notre recherche, outre la prudence que cela doit nous inspirer par rapport à une attribution terme à
terme des Bijas (et des mantras) à des lieux anatomo-physiologiques précis, nous serons portés à donner
plus d'importance à la succession verticale des sons qu'à leurs correspondances étagées spécifiques (ce qui
ne doit pas nous étonner en considération de l'étude que nous avons menée ailleurs sur la courbe
audiométrique et les chakras).

Pour plus de certitude, demandons à la phonétique moderne son appui:

• les tests psychophonétiques donnent au fU le caractère "suave", "doux", "mou", "coulant",


"sucré", "féminin", "conciliant", "idyllique", le "désir inhibé quant à son but", "pulsion orale" .

Les textes de la Trika y voient une énergie stable, propre à la terre ce qui permet d'en faire le "bija
mantra" du chakra de base. Le NI pourrait être un affaiblissement du /R/, une dégénérescence
phonétique, un intermédiaire entre la dureté du /R/ et la douceur du /L/. Les hindous lui attribuent un
caractère rafraîchissant, qui fait "pleuvoir l'émanation" et entraîne la prospérité. Il règne sur le
Svadisthana chakra (dont l'organe de perception est le goût). Il est remarquable, au moins en région
francophone, que l'onomatopée qui évoque l'aspiration active de liquide par la bouche comporte
souvent des NI (une aspiration proche du /u/ et du /V/).
• Le /R/ (roulé) serait "dur", "rouge", "viril", "bagarreur", "menaçant" ,"concrétisation du désir",
"robuste", "héroïque", "fort", "grand", "phallique", "pulsion génitale masculine". On voit là un
certain nombre de caractères qui pourraient le placer au centre du V (dont l'organe d'action est
le phallus), mais c'est au IV (dont l'organe de perception est la vue et l'organe d'action l'anus)
que la tradition du yoga le rattache. ll est lié à l'élément "feu" et se rapporte au savoir limité
produit par la conscience différenciatrice.
• Le A7 serait lié à l'air, au vent et par là au toucher et au phallus. Pour le spirituel, il s'associe
au risque d'attachement. Il préside au chakra Anahata.
• Le /H/ a été peu étudié en psycho-phonétique. Pour les Tantras, il s'agit d'un son très proche du
transcendant (Vishudda chakra).
• Le /'M/ est l'indice de la satisfaction imaginée, "convoitise d'une pitance étrangère" chez le
chimpanzé, appel à la mère (ou à un autre adulte nourricier) du tout petit. I. Reznikoff se plaît
à faire prononcer certains mantras traditionnels, qui se terminent par /'M/, en posant une main
sur le crâne : l'effet en est très spectaculaire et agréable; des vibrations osseuses importantes
sont perçues, dans ces conditions par chacun, même s'il n'est pas chanteur lyrique ou yogi
entraîné. On conçoit que les hindous aient attribué à l'Ajna ce radical sonore. Ils en ont fait
même une représentation de l'Absolu, sous la forme du "Om" bien connu.

13. Les combinaisons de phonèmes


La connaissance assez détaillée, que nous avons maintenant des voyelles et des consonnes isolées, nous
permettra dans un deuxième temps d'entrevoir la signification propre à chaque diphone (les diphones
semblant être en effet la véritable unité physique de la phonétique comme le montrent bien des travaux
informatiques de synthèse ou de reconnaissance vocale automatique: E. Leipp, 1968; J. Liénard, 1972).
On a d'ailleurs montré (B. Delgutte, 1984) que les voies auditives véhiculaient une information spécifique
au passage d'une occlusive à une voyelle, et une autre information pour une succession inverse. Le même
auteur assure que, d'une manière générale, les réponses du nerf auditif sont renforcées pour les
composantes fréquentielles "nouvelles" par rapport au contexte
immédiatement antécédent: par exemple, dans la transition succédant à un phonème de basse fréquence
relative, tel que "n", la décharge des fibres de fréquence analogue est diminuée tandis qu'après une
sifflante (haute fréquence), c'est la réponse des fibres "aiguës" qui faiblit. Ce phénomène semble être une
propriété tout à fait générale du système nerveux (J. P. Banquet et W. Guenther, 1985) qui s'ajuste à toute
nouveauté de texte ou de contexte.

OM
Les mantras polyphonémiques utilisés dans les spéculations ou les exercices du Tantrisme et du Trika sont
extrêmement nombreux, mais certains paraissent sortir du commun: c'est le cas du fameux OM ou AÜM
qui est porté, au sommet des sommets, signifiant l'Absolu. Il est remarquable que ce mantra, d'origine
védique ait été, tout d'abord, plus une interjection qu'un son sacré. De même que "PHAT" dans le
bouddhisme tibétain, il deviendra par la suite le symbole et comme l'incarnation du Brahman, l'Être
Absolu. Sa signification serait celle de "Oui", "soit! oui!" (A. Padoux, 1975, p. 28); le lecteur de culture
israélite ou chrétienne y verra sans doute une intéressante convergence avec l' "AMEN" de la Thora
(Deutéronome XXVII, 15-26) et de TEvangile (Matthieu VI, 13), resté dans le patrimoine du culte depuis
le temps de l'hébreu et du grec jusqu'à la langue "vulgaire" en passant par le latin. L'équivalence de sens de
Amen et de Fiat (en latin) n'a pas entraîné l'abandon du premier de ces deux termes, de même que le PHAT
tibétain n'a pas supprimé le Om venant du Sud... Certains écrits font correspondre AUM + Om aux quatre
états de conscience:A état de veille science activéeU état de rêve inconscience activéeM état de sommeil
fond inconscience videom l'état transcendantal cmscience vide : "turi a"De même "AHAM", "MAHA" ou
"SAUR" (A. Padoux, 1975, passim) ont une grande portée métaphysique et sont supposés d'une gande
puissance spirituelle. Il est utile de remarquer ici que l'origine et l'intérêt de ces mantras semble tout autant
fiés à leur effet vibratoire (mettant enjeu des résonances thoraciques et céphaliques, tour à tour) qu'à leur
mode d'articulation. De ce fait, l'utilisation qu'on peut en faire est plus en rapport avec leur structure sonore
(on les répète àhaute voix dans la pratique du "japa"), que lorsqu'il s'agit de la guirlande des mantras
monosyllabiques. Ces derniers devraient leur puissance d'être réduits àun schème purement moteur.
"Aham" est étroitement attaché à la notion de sujet, pure conscience lumineuse, "JE" humain ou
transcendant (A. Padoux, 1975, p. 145). Le mantra "HAMSA" - dont il existe une signification
conventionnelle en sanskrit (le "cygne", qui lui même représente le principe absolu: Brahman ou Shiva) -
est utilisé comme combinaison de "Aham" et de "SAUH". aM représente alors l'inspiration et "SA"
l'expiration. Il serait donc utilisé en permanence et par tout un chacun de manière automatique, du simple
fait de la respiration dont nul ne peut s'abstenir longtemps... " Il s'énonce de lui même et réside dans le sein
de toutes les créatures" "qu'il anime" (A. Padoux, 1975, pp. 120-121). "HAM" est rattaché au Vishudda
chakra et "SA" au chakra racine comme nous l'avons vu plus haut; le premier est lié à l'action expressive,
le deuxième à la réception pure et simple (forme et matière dirait-on en langage aristotélicien). Le cygne
est un symbole de lumière, à la fois solaire et lunaire, à proprement parler, androgyne. Symbole du Verbe
et de la fécondation, de l'élévation du monde informel vers la connaissance; Léonard de Vinci en fait le
support de son projet de machine volante lorsqu'il écrit "le grand oiseau prendra son premier vol monté sur
un grand cygne. "

V. Applications et perspectives
Le Demchog-Tantra (ouvrage tibétain cité par Lama Anagarika Govinda) nous invite à "tenir chaque son
audible pour un mantra" afin d'accéder à la réalisation. Si nous prenons, plus modestement, cette
proposition au niveau phénoménal qui est le nôtre, nous pourrons ouvrir de très intéressantes voies de
recherche qui s'opposent à l'arbitraire du lien entre signifiant et signifié. Nous concevrons alors
que la structure phonique comporte une structure psychophysiologique, proche parente, dans l'idéal, de sa
signification sémantique, mais qui peut s'en écarter en "s'algébrosant" selon l'excellent néologisme de M.
Tousse (1969 p. 112).

1. Les troubles de l'articulation


On pourrait tenter de comprendre certains blèsements (troubles articulatoires variés: sesseyement,
chuintement, zézaiement, clichement, zozotement, grasseyement, nasonnement, iotacisme, gammacisme,
deltacisme, lambdacisme, mutacisme, élisions, réduplications, etc. ) comme l'expression d'une distorsion
de l'investissement de telle ou telle région de la spire torique des phonèmes. Il en va de même de certains
"tics" ou stéréotypies verbales parsemant le discours et aussi de distorsions sporadiques touchant
l'articulation. Le lapsus répétitif, localisé à un couple de phonèmes pourrait ainsi recevoir une explication
complémentaire ou concurrente de celle que propose Freud.

2. L'interprétation du discours glossolalique


A. Roch Lecours (1981) a montré que dans la glossolalie, c'est-à-dire la production - "inspirée" ou non -
d'un discours totalement composé de néologismes, la fréquence relative des phonèmes peut différer
notablement de celle que comporte le langage dans lequel le sujet s'exprime normalement. A. Lecours met
en évidence certains pics (sur le /R/ ou le "B", par exemple) et certains trous (sur le "e", etc ... ), dans le
discours glossolalique d'un patient schizophase, qui pourraient être analysés du point de vue qui nous
occupe ici, comme la manifestation d'un plus ou moins grand investissement des chakras (ou secteurs de
chakras), correspondant!Quoique ce type d'expression soit spontanément produit par des malades, des
"schizophrènes", par exemple, ou des croyants ("charismatiques", pentecôtistes... ), n'importe quel
individu peut s'y exercer et
obtenir des résultats convaincants. Ainsi peut-on imaginer un test projectif de type réfractif dont la
consigne serait de parler "en charabia" et qu'on analyserait du point de vue phonétique selon le modèle
exposé ici pour dégager les chakras les mieux représentés.

3. Les langues
On pourrait aussi interpréter un idiome en fonction des mêmes critères, obtenant ainsi un "profil" propre à
tout dialecte phonétiquement connu (fréquence relative de chaque phonème). On a remarqué par exemple
(C. Pister, 1984), que le français comporte une tendance à employer l'articulation antérieure (chakra III,
IV), l'anglais utilisant plutôt des articulations postérieures (IV, V). Ainsi se justifierait la réputation plus
primesautière de nos compatriotes (III), par rapport au contrôle impliqué dans le flegme britannique. On
pourrait aussi opposer les langues privilégiant les voyelles (VI) telles le japonais à celles qui s'appuient sur
les consonnes (de II à V) comme les langues indo-aryennes ou sémitiques. Une autre piste de recherche
serait de comparer les différences quantitatives entre différents phonèmes pour la version "académique"
voire précieuse de chaque langue comparée à sa forme argotique ou populaire ("slang"). Ou encore,
mettre en regard les phonèmes concourant aux formules de politesse par opposition à ceux qu'on entend
dans les insultes et les grossièretés.

4. Les Prénoms et les Noms


C'est le mérite de la psychanalyse d'en avoir donné une première et nécessaire interprétation: le prénom,
tout spécialement, étant choisi par les parents, l'est souvent en fonction de caractéristiques factuelles et en
cela arbitraires pour l'observateur non averti. Tel enfant portera le nom de son grand père maternel dont il
fera revivre quelque chose à sa mère, tel autre pourra s'enorgueillir du même patronyme que le chanteur,
le sportif, l'homme d'état si brillant et tellement idéalisé par ses parents.. . L'INSEE (1986) a publié une
statistique qui met en évidence une mode très prégnante imposée par les films, les feuilletons télévisés et
diverses célébrités (cf P. Besnard, 1986). Cette habitude est même "prescrite" depuis fort longtemps par
diverses religions qui obligent leurs fidèles à donner comme nom aux enfants ceux des religieux illustres
ou saints qui les ont précédés: Marie, Pierre, Paul, François, David, Shimon, Moussa, Aïssa, Mohamed,
Fatima, etc... quand il ne s'agit pas d'attributs de la divinité ! Réformer sa vie, se "convertir" ne pouvait se
concevoir sans un changement d'habit et de prénom: "Jean" devenant "frère Romuald" ... Mais la
connaissance du nom pouvait ouvrir la voie à une influence plus ou moins sorcière de quelque personne
mal intentionnée... Cette intuition, magiquement conçue, amenait les chrétiens à se doter de multiples
prénoms, dont un ou plusieurs demeuraient secrets ou réservés à la connaissance des intimes. Cette "face
cachée" (F. Zonabend, 1983) des prénoms surnuméraires reprend bien souvent une tradition familiale,
comme chez nos rois; elle évoque bien souvent tel défunt qu'on ne peut - ou ne doit -oublier... En Algérie,
bien des enfants reçoivent un prénom à la naissance sous la motion de leur père; si la mère n'en est pas
satisfaite, elle le change "officieusement": nommée Aïcha (comme sa grand mère paternelle) par son père,
cette petite fille ne répondra jamais qu'au nom d'Ouardah, décidé par sa mère... La cure analytique permet
bien souvent de découvrir les multiples aspects du système inconscient des relations familiales, du terreau
particulier dans lequel cet enfant fut planté, des buts imaginaires qu'on lui proposa, des devoirs qu'il devra
remplir, du destin qu'il accomplira. Destin parfois bien étrange, comme de remplacer un irremplaçable,
d'exprimer un sexe différent de sa propre biologie, d'assumer le rôle d'un grand parent, de laver une faute,
remplacer une maîtresse qu'on a dû abandonner, etc. Signe d'identité certes, mais combien ambigu dans
ces circonstances. Il revient alors à l'analysant, non seulement de se faire un prénom, comme on le dit de
ceux dont le père est une star, mais aussi d'y faire leur trou, de l'évider, d'en aménager la caverne pour y
advenir comme être et sujet!Sans revenir sur la très grande richesse psychologique et physiologique liée à
l'usage des mantras (non seulement sous leur aspect "grossier", c'est-à-dire proféré à haute voix, mais aussi
et plus encore, sous leur aspect "subtil", dans leur version inchoative, lorsqu'on les prononce mentalement
et de plus en plus finement) nous apercevons tout de suite une application inattendue et stimulante de cette
connaissance: la compréhension plus complète des noms et prénoms, de leur effet sur celui qui les porte. A
côté et conjointement à la première façon (sémantique) d'interpréter et de comprendre les noms, on devra
envisager une signification "énergétique" de chaque ensemble vocalique dont les mantras chakriques
pourraient constituer une clef. C'est, peut-être (car l'explication "sémantique" pourrait également
convenir), à une intuition de cette veine que rend témoignage une très curieuse coutume kabyle: lorsque
un nourrisson pleure de manière excessive et s'il n'est pas d'explication médicale, on admet qu'il déteste le
prénom qu'on lui a donné et, pour mettre un terme à son désespoir, on le renomme; il semble que ce
procédé ait quelques succès à son actif, d'où sa pérennité. Cette façon de faire rejoint celle de nos
provinces où il arrivait qu'on rebaptise un enfant qui avait du mal à vivre (P. Beauduin, 1987). Il faudra
aussi tenir compte des combinaisons dephonèmes, de leur succession dans un ordre déterminé. La
guirlande des mantras enroulée autour de l'axe corporel évoque famphisbène, ce fameux serpent dressé,
pourvu d'une tête à chaque extrémité, dont les anciens faisaient le symbole de la lutte entre les forces du
haut et celles du bas, (esprit et la matière (M. Loeffler- Delachaux 1966). En descendant la spirale, nous
devrions rencontrer des signifiants plus passifs, réceptifs, informels, régressifs, lunaires; en la remontant,
au contraire, nous pourrons voir surgir des termes dynamiques, actifs, émissifs, structurés, progressifs,
solaires. Il n'est que de citer des couples tels que (lame, lime) / (malle, mille, molle, moule, meule); (chic,
choc, cheikh, chique, chaque) / (cache, coche, quiche, couche); (arc / cri) pour soupçonner l'intérêt de ces
considérations. La vérification expérimentale d'une telle assertion semble relativement aisée à mettre en
oeuvre: il conviendrait de sélectionner une grande quantité de
vocables dissyllabiques antagonistes (c'est-à-dire dont l'ordre des consonnes soit interverti, l'un par
rapport à (autre) et de repérer statistiquement dans leur définition et leur emploi s'il s'agit de termes à usage
"actif' ou "passif' (les guillemets veulent signifier la valeur toute approximative des mots utilisés). D'une
manière plus générale, tout vocable, tout phonème, qu'il soit ou ne soit pas onomatopéique et alors même
qu'il serait formé très arbitrairement, dans un quelconque langage, pourrait s'analyser à l'aide de la grille
des mantras et de leur lien aux chakras: vaste perspective qu'il conviendra de creuser sans préjuger de la
richesse de la moisson ou de l'impasse que cela pourrait constituer.
5. Psychothérapie d'élocution
Etant admis les liens entre phonèmes et psyché, on ne peut se limiter à décrire les effets de la psyché sur
les phonèmes et nous sommes en droit d'espérer une action réciproque des phonèmes sur la psyché.
Sans doute n'existe-t-il pas de "cri qui tue" ni de "parole qui guérit" dans un sens purement magique et
mécanique. Cependant, à la suite de Tomatis qui se limitait aux lettres sifflantes (/S/, /CH/, etc.. ), nous
avons pu constater l'intérêt, bien au delà d'un simple effet orthophonique, des répétitions de mots
sélectionnés et regroupés en fonction de leurs phonèmes constitutifs. On peut imaginer, dans le même
esprit, d'utiliser des lipogrammes dans la cure sonique. Littré appelle "lipogramme" un ouvrage dans
lequel on affecte de ne pas faire entrer une lettre particulière de l'alphabet, comme dans le texte de R.
Queneau: "Au son d'un ocarina qui jouait l'Or du Rhin, Ali Baba, un pacha nain plus lourd qu'un ours,
un gros patapouf, bâfrait riz, pois, macaroni gisant dans un jus suri, un jus qui aurait trop bouilli, un jus
qui aurait acquis un goût ranci ou moisi. Sous son divan, son chat. . . . etc. "

Ce texte est extrait de


l'ouvrage:
"Le Son au Subjectif
Présent",
2-906274-19-4
Ed du Non-Verbal, AMBx-
Parempuyre
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© Copyright Bernard AURIOL (email : auriol@free.fr )

21 Novembre 2008

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