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Chapitre l’intégration par la nation (suite)

II - le modèle d’intégration des immigrés en France


introduction : la distinction immigrés étrangers :

DOCUMENT 8 :3 p 125

A - Une longue tradition d’immigration .

DOCUMENT 9 : 2 p 125 du livre


QUESTIONS :
- Après avoir montre que l’immigration en France n’est pas un phénomène récent , vous
caractériserez l’évolution des flux migratoires .

B- Une intégration réussie.


1 - les apports de l’immigration .

a - un apport démographique.

DOCUMENT 10 :
Une estimation de la population d'origine étrangère aboutissait à un chiffre voisin de 10
millions. (...] Au total, nous avions, en 1986, 14 millions de personnes soit immigrées, soit
enfant ou petits-enfants d'au moins un immigré.
SOURCE : M TRIBALAT, mise au point, population et société, juin 1994.
QUESTIONS :
- Pourquoi la France a t’elle fait appel plus tôt que ses partenaires à l’immigration ?
- Mesurer l’apport démographique des immigrés en France .

b - un apport économique.

DOCUMENT 11 :
La question de l'immigration, pour ce qui concerne la France, est indissolublement liée à
l'industrialisation. C'est elle qui a permis à ce pays de conserver son rang sur la scène
internationale, alors que beaucoup d'observateurs de la fin du xix° siècle prédisaient un déclin
irrémédiable. (...) On estime que les immigres recrutés depuis la Deuxième Guerre mondiale
ont construit l'équivalent d'un logement sur deux, 90% des autoroutes du pays, une machine
sur sept. On n'a jamais évalué leur contribution pour les périodes antérieures, notamment
dans les années vingt, quand la France était
l'un des tout premiers producteurs mondiaux de minerai de fer avec une main-d'œuvre
d'origine étrangère dans sa quasi-totalité. Combien de milliards de kilowatt-heures, combien
de centaines de millions de tonnes de charbon, d'acier et de produits laminés ont-ils
fabriqués? [...)
La main-d'œuvre étrangère, privée de tous droits [...], peut être adaptée à toutes les
conjonctures, à tous les marchés du travail. [...] Les «oiseaux de passage» que sont dans un
premier temps la plupart des immigrés sont le pain bénit de tous ceux qui profitent du
«marché du travail secondaire» où l'emploi est fluctuant, les machines souvent vétustes. On
sait que l'« économie souterraine» qui caractérise fréquemment ce type de marché a permis à
l'industrie de l'habillement par exemple de maintenir son rang international. (...)
Un autre avantage indéniable de la main-d'œuvre étrangère pour le capitalisme français tient
dans les faibles coûts de production qu'elle occasionne. [... Comment parler de la légendaire
puissance du Comité des forges ' sans dire un mot sur les profits faciles réalisés au détriment
des immigrés, notamment dans les mines de fer où aucun effort de mécanisation ou
d'amélioration des conditions de travail n'est entrepris jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale?
Les études effectuées par les économistes pour la période récente montrent que ce sont les
branches qui emploient la plus forte proportion de travailleurs immigrés qui réalisent les
bénéfices les plus nets. Quelques réussites spectaculaires dans l'industrie du bâtiment
(parfois reconverties dans l'audiovisuel) sont là pour l'attester (...].
À cela il faut ajouter les économies réalisées par le pays d'accueil sur les coûts de
reproduction de la main-d'œuvre. Depuis fort longtemps des économistes français ont mis en
avant les bénéfices que l'industrie nationale retirait de l'emploi massif d'un personnel arrivé
tout « formé» (au moins au sens physiologique du terme), en pleine force de l'âge, pour
repartir au pays dès les premiers signes de vieillissement. Des études récentes ont montré de
même que, contrairement aux affirmations xénophobes, la Sécurité sociale, les caisses de
retraite, etc., étaient plutôt bénéficiaires que perdantes..avec la main-d'œuvre étrangère
SOURCE : G NOIRIEL, le creuset français, le seuil, 1988.
QUESTIONS :
- Mesurer l’apport de l’immigration à l’économie française.

c - L’immigration un facteur de mobilité sociale .

DOCUMENT 12 :
L’immigration de masse a incontestablement servi les intérêts de la population française. [...]
Dans les lieux où le renouvellement de la population a été très important, le «noyau» local
présent antérieurement à l'immigration a profité de cette évolution en occupant les emplois
de «notables», de commerçants, de propriétaires fonciers et immobiliers [...]. Par ailleurs,
même s'il est difficile de mesurer statistiquement son ampleur, il est indéniable que
l'immigration a entraîné un processus de substitution « par le bas ». Les derniers venus
occupant en général les échelons inférieurs et; permettant aux Français ou aux immigrants
plus anciens d'accéder à des niveaux plus élevés. Les sources dont nous disposons montrent
bien le phénomène de remplacement, dans les tâches de manœuvres agricoles ou de travaux
publics, des migrants saisonniers français de l'époque antérieure (montagnards du Massif
central et des Alpes notamment) par les étrangers à partir des années 1880.
SOURCE: op. cité.
QUESTIONS :
- Justifiez la première phrase du texte.

2 - LES PROCESSUS D’INTEGRATION .

a - l’intégration par le métier.

DOCUMENT 13 :

Pour difficile qu'elle fût, l'intégration des mineurs et sidérurgistes italiens et polonais s'est
faite avant tout par le monde du travail. Tout s'est passé comme si l'organisation industrielle,
par sa rationalité et son anonymat, avait tendu à mettre au second plan les différences
culturelles et à privilégier la force de travail et la qualification. La communauté ouvrière au
travail serait souvent beaucoup plus intégratrice que la société « civile ». Avec le temps,
l'organisation du travail efface largement les spécificités communautaires et ethniques.
L'entreprise intègre plus que l'habitat, ne serait-ce que parce qu'elle propose des rapports
plus « superficiels » et plus organisés que les relations de voisinage qui, elles, « impliquent »
plus profondément les acteurs. Ce qui paraît avoir dominé le processus historique vaut-il
toujours aujourd'hui ou la crise économique a-t-elle bloqué ce mécanisme ?
SOURCE : FRANÇOIS DUBET, • Immigrations : qu'en savons-nous ? ", Notes et études
documentaires,© La Documentation française, 1989.
QUESTIONS :
- Expliquez pourquoi et comment l’activité professionnelle favorise l’intégration des
immigrés ?
- En quoi ce processus risque t’il d’être remis en cause ?

b – le rôle des femmes

DOCUMENT 14 :
Les hommes sont d'abord partis pour accumuler en vue du retour. Les épouses qui les
rejoignent au nom du regroupement familial ont souvent pour but de réaliser un nouveau
projet de vie et de s'intégrer dans une société moderne. [...]
Les femmes, qui ont tout intérêt à une remise en question de la tradition, accélèrent le
processus d'acculturation. Lorsqu'elles sont employées dans le travail domestique, elles
partagent, pour une partie de la journée, les logements occupés par les membres des classes
supérieures et acquièrent une intimité et une familiarité avec un mode de vie qui font d'elles
des instruments privilégiés de la diffusion des modèles de la société d'installation. C'est ainsi
qu'elles ont intériorisé les nouvelles normes de consommation : équipement ménager,
logement, nourriture, vêtements, rapport au corps, entraînant une série de pratiques. Les
familles d'émigrés acquièrent en particulier l'équipement électro-ménager et la voiture qui,
dans l'Europe des trente dernières années, ont constitué les indices privilégiés de la réussite
sociale. La machine à laver, symbole d'une nouvelle conception du travail domestique, la
voiture, condition de l'indépendance familiale et symbole de la réussite, montrent
l'accentuation des conduites de consommation aux dépens de l'épargne. Le poste de
télévision, toujours présent, toujours allumé, même quand les émigrés ignorent la langue du
pays, donne-t-il une forme de connaissance du pays d'installation ? Ou bien permet-il
seulement de regrouper autour d'une occupation commune les membres de la famille,
inégalement acculturés ? Il contribue en tout cas à effacer, dans le cas des musulmans, la
séparation traditionnelle entre le domaine masculin et le domaine féminin.
SOURCE : DOMINIQUE SCHNAPPER, La France de l'intégration,
QUESTIONS :
- Quelle différence y-a-t-il entre les hommes seuls et les familles ?
- En quoi les femmes ont-elles un rôle particulier dans le processus d’acculturation ?

c - l’intégration par le mariage et la nationalité

DOCUMENT 15 :
Sur 1000 dossiers de naturalisation en Meurthe-et-Moselle (de 1889 à 1939) [...], on constate
que 40% des demandes émanent d'individus entrés en France avant l'âge de vingt et un ans
(non compris ceux qui ont été naturalisés en même temps que leurs parents). C'est une
première illustration du plus fort désir d'assimilation à la deuxième génération. [...] Nous
avons constaté qu'un certain nombre de mariages mixtes étaient déjà réalisés dès la
première génération. Les études statistiques dont nous disposons montrent l'accélération du
processus aux générations suivantes. Pour ne prendre que les communautés considérées
traditionnellement comme les plus « ancrées » dans leurs traditions, tels les Arméniens, dont
les commentateurs des années trente ne cessaient de dire qu'il leur faudrait des décennies
pour «s'assimiler», [...] entre 1925 et 1929, à Décines (haut lieu de l'immigration
arménienne), le taux des mariages mixtes est de 1,4%; entre 1930 et 1939, il est de 6,4%; de
1960 à 1969 il atteint 51,9 % et, en 1970-1971,73,2%. On voit la rapidité de l'évolution.
La statistique des prénoms français donnés par les parents polonais à leurs enfants montre,
pour la commune d'Ostricourt, une progression spectaculaire de 44 % en 1935 à 73% en
1945, 72% en 1955 et 98% en 1960. Cela se passe de commentaires! De même la pratique
religieuse tend à s'affaiblir. (...) Vingt ans de présence en France entraînent déjà une érosion
de la ferveur dans des communautés pourtant très pratiquantes à l'origine. Elle illustre aussi
le rôle «corrosif» de la grande ville et l'influence des normes de la classe ouvrière française
déchristianisée. Parmi les Polonais, la pratique semble mieux conservée (66% pour les
ouvriers agricoles de l'Aisne et 63% pour les mineurs du Nord). Mais dès la deuxième
génération, elle descend (toutes professions confondues) a 30%,
SOURCE : G NOIRIEL, op cité.
QUESTIONS :
- Rechercher les indicateurs utilisés pour déterminer le degré d’assimilation des descendants
d’immigrés.
- Quelle est la génération la plus favorable à l’assimilation ?

DOCUMENT 16 :
Dans Le Destin des Immigrés E Todd (Le Seuil.398 p.. 145 F), analyse comment et pourquoi
l'assimilation des immigréss'effectue ou non dans les démocraties occidentales

TELERAMA : Vous défendez vigoureusement le système d’intégration français , qui , selon


vous, fonctionne plutôt bien...
EMMANUEL TODD : Les Français devraient cesser de se culpabiliser, de se croire racistes. Ils
se croient tous collabos alors que 75% des Juifs français ont tout de même été sauvés ! La
France a fort bien assimilé les vagues successives d'immigration. Et cela continue...

TRA : II n'y a donc pas de problème particulier avec les immigrés musulmans ?
E.T. : Les discours seraient plus sains si on oubliait un peu la religion. Ce n'est pas l'islam qui
est en cause, mais l'opposition entre deux systèmes anthropologiques. Le système occidental
est égalitaire, bilatéral (les lignées des deux parents ont le même poids, les hommes et les
femmes sont égaux) et exogame :on ne se marie pas entre consanguins mais en dehors de
son groupe familial.
Le système familial arabe est au contraire patrilinéaire (seul compte ce qui vient du père) et
endogamique (on favorise les mariages entre cousins ou dans le groupe local).
Pour les Maghrébins, l'intégration en France, à cause de ces différences anthropologiques, est
d'autant plus difficile. Elle se fait au prix d'une énorme souffrance pour eux, d'une grande
violence pour eux. Mais Ils s'intègrent pourtant de façon remarquable !

TRA ; A quoi mesure-t-on l’intégration ?


E.T. : Au taux de mariages mixtes. Quand 20 % des femmes d'origine algérienne épousent des
Français, on ne peut pas prétendre que l'assimilation est un échec I L'Amérique blablate sur le
multiculturalisme ,mais seulement 2 % des femmes noires épousent des Américains blancs.
En Allemagne, seulement 2 % des femmes turques épousent des Allemands. Quand les
hommes du groupe « dominant » refusent les femmes « dominées ». on peut dire que l'on se
trouve dans un système différencialiste à forte conception raciale.
SOURCE : Télérama.
QUESTIONS:
- Comparez les systèmes matrimoniaux et de filiation français et de l’islam, que pouvez vous
en conclure a priori sur les possibilités d’intégration des musulmans en France ?
- qu’en est-il en réalité ?
- Comparez les taux de mariages mixtes en France et aux USA et en Allemagne que pouvez
vous en conclure ?

III - Une comparaison des modèles d’intégration .

A - Le role du réseau communautaire.

DOCUMENT 17 :
L'intégration et l'installation peuvent se réaliser sur un mode communautaire ; c'est alors tout
un groupe qui assure et maintient sa cohésion, qui entre dans la société française comme une
communauté qui s'agrège à d'autres. L'intégration de l'acteur est médiatisée par la
communauté, sur le mode de la juxtaposition de communautés fortement structurées et elles-
mêmes intégrées. Entre la société d'accueil et l'acteur, le réseau communautaire assure
l'intégration des individus et les médiations avec la société globale. Ce modèle d'intégration
peut être interprété, et l'a d'ailleurs été, positivement, comme une mosaïque de
communautés donnant de la sécurité aux acteurs, mais aussi négativement, comme l'anti
melting pot, la première étape de la ségrégation.
Une seconde image de l'intégration, celle qui a tendu à prévaloir dans le modèle idéologique
français, conçoit plutôt le processus d'intégration comme une aventure individuelle et
familiale. L'acteur apparaît d'emblée comme un citoyen dont les solidarités et les fidélités
communautaires ne persistent que dans le cercle des relations privées et comme témoignant
de la nostalgie des racines. Cette représentation emprunte à la fois à la tradition des Lumières
et à une image républicaine et universaliste de la nation. Elle peut alors se vouloir
intégratrice, comme elle peut se couler dans une tradition nationaliste tentée de percevoir
dans toute communauté ethnique un corps étranger et hostile. Pour ces deux traditions
opposées, le maintien de fortes cohésions communautaires des groupes étrangers installés en
France est perçu comme un désaveu, un échec ou un danger.
SOURCE : F DUBET, op. cité.
QUESTIONS :
- Quels sont les deux modèles d’intégration présentés dans le texte

B - Les deux modeles d’intégration

DOCUMENT 18 :
A:
Les divers pays européens, en fonction d'héritages historiques et institutionnels, n'ont pas
tous la même conception de l'intégration et par conséquent des politiques à mener.
L'intégration reste un mot assez vague susceptible d'interprétations variables.
L'intégration, but proclamé, n'a que très rarement la même signification sociale et politique.
Ainsi, le respect des différences culturelles des populations immigrées est-il souvent défini par
la volonté de favoriser l'intégration des populations concernées mais aussi par le souci
d'éviter le mélange, c'est-à-dire par un refus affiché de l'assimilation. (...)
En Grande-Bretagne, l'accent mis sur les minorités ethniques conduit à institutionnaliser les
différences de couleurs et à parler de relations raciales. Les rapports officiels, sous couvert de
lutte contre le racisme et la discrimination, pour favoriser l'intégration, établissent des
statistiques en fonction de la couleur de peau : blancs, noirs, jaunes. L'intégration,
conçuecomme une égalité formelle et la préservation de l'identité culturelle, ne signifie pas
forcément mélange des populations mais peut aboutir, dans une logique extrême, à l'idée de
l'égalité dans la séparation.
A l'inverse, dans d'autres pays, l'intégration est plutôt conçue en termes individuels et l'idée
de l'égalité passe par le sacrifice des différences culturelles et ethniques. Ici, le mélange des
populations traduit souvent la non-reconnaissance des discriminations raciales et surtout
l'exclusion des dimensions culturelles des minorités, souvent considérées avec un certain
mépris comme un simple "folklore" traditionnel. En France, l'intégration ne signifie nullement
l'acceptation de la présence de minorités ethniques, mais plutôt la volonté de favoriser une
insertion individuelle sur la base d'une « privatisation » des identités culturelles. Cette
logique, poussée à son extrême, conduit à refuser de voir les discriminations subies dans la
mesure où elles impliqueraient une reconnaissance institutionnelle d'une différenciation
établie sur une base ethnique ou raciale .
Chaque pays, s'il est dominé par une orientation générale, est le théâtre de débats portant
sur la nature de l'intégration, débats d'autant plus vifs qu'il n'y a pas de solution à cette
double ambiguïté de l'intégration ; la priorité donnée au respect des identités collectives
risque d'aboutir à une ségrégation de fait ; la priorité donnée à une intégration individuelle
risque d'aboutir à l'ignorance des discriminations subies et à une non-reconnaissance des
identités héritées,
SOURCE : D LAPEYRONNIE, immigrés en Europe , la documentation française, juillet 1992.

B:
TRA : Pouvez-vous expliquer ce qui distingue un système dîfférencialiste d'un système
universaliste ?
E.T. : Ils reposent sur deux conceptions opposées de la différence. Etre universaliste signifie
que l'on reconnaît l'égalité des hommes au-dessus des différences (de sexe. d'origine ou de
religion). Le différencialisme , au contraire, s'est fondé sur la différence pour établir des
distinctions radicales d'essence entre les hommes.
Chez les Anglo-Saxons. le mot «.different » signifie « être d'essence différente ». Un enfant
métis va générer de l'anxiété, alors qu'en France, un Eurasien, un bébé café au lait, on trouve
ça plutôt sympa. Le thème du « métissage » si cher à la France des années 80 est donc en
totale contradiction avec la thématique multiculturaliste américaine, essentiellement raciste.
Le système allemand est également fortement différencialiste. Il se fixe même sur des
différences de fond intérieures — la religion, en particulier , comme on l'a vu dans l'Histoire
avec les juifs, et aujourd'hui avec les Turcs musulmans.
La grandeur de l'universalisme est de ne pas vouloir voir les différences, de chercher ce qu'il y
a de commun. Il faudra bien pourtant , Europe oblige, que la France s'interroge sur son projet
fusionnel avec l'Allemagne et sache voir, cette fois , sa différence .
SOURCE : Télérama.
QUESTIONS :
- Complétez le tableau suivant :
Modèle ______________________ Modèle ______________________
Caractéristiques du modèle
Forces du modèle
Faiblesses du modèle

B – Des modèles aux réalités

DOCUMENT 19 :
L'écart entre le discours officiel et les pratiques locales est parfois gigantesque et s'observe
dans plusieurs pays.[...] En France, par exemple, l'usage de quotas ethniques dans la mise en
œuvre des politiques sociales est en principe interdit. Il n'empêche que, dans la pratique,
l'administration française semble parfois y recourir officieusement, notamment en matière de
logement social, afin d'essayer de disperser des populations d'origine immigrée, étrangère et
pauvre, et d'éviter la formation de « ghettos » résidentiels. [... ]
L écart peut encore s'accroître lorsqu'un pays passe d'une approche concrète à une autre tout
en maintenant intact le discours sur son « modèle » national. Ce cas de figure est illustré par
les Pays-Bas, lorsque, vers la fin des années 1980, les autorités se sont rendu compte que la
politique des minorités ethniques se traduisait par une marginalisation économique et sociale
croissante des immigrés et de leurs descendants. Peu à peu, une tournure plus
assimilationniste est donnée aux politiques d'intégration. Par exemple, un effort intense est
développé par les autorités pour obliger les immigrés à apprendre le néerlandais. Cette
évolution s'effectue sans que soit revu le discours sur le « modèle » de la société
multiculturelle néerlandaise. [... ]
La France est plus multiculturaliste qu'elle ne veut bien l'admettre, tout comme la Grande-
Bretagne ou les Pays-Bas sont plus assimilationnistes qu'ils ne le prétendent. En fait. chaque
société connaît une tension entre des affirmations universalistes et des
affirmations particularistes dont des « modèles » obsolètes ne parviennent ni à
rendre compte ni à fournir la réalité.
SOURCE : M Martiniello, Sortir des ghettos culturels, PFNSP, 1997.
QUESTIONS :
- En quoi l’usage de quotas ethniques est-il en principe incompatible avec le modèle
républicain ?
- Dans quel sens et pourquoi les autorités hollandaises ont-elles infléchi leurs politiques
d’intégration vers la fin des
- années 80 ?
Expliquez le passage souligné.

- Pourquoi la critique du regroupement communautaire est-elle spécifique à la France ?

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