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Atelier 4 : Se souvenir avec Perec

Objectifs ● Ecouter un slam


● Comprendre la notion d'anaphore et l'utiliser en production
● Ecrire à partir d'une consigne simple
● Mettre en voix son poème, essayer diverses interprétations
Matériel ● Cahier, papier, crayon, stylo...
● CD, poste ou chaîne hi-fi
Organisation Déroulement Temps
matérielle estimé
Lecteur CD 1) Ecoute d'un slam d'Abd Al Malik (Césaire, Brazzzaville via Oujda) qui 10'
se termine par une poésie d'Aimé Césaire proférée sans musique.
Echanges. Repérage de l'anaphore du poème (il y a des volcans).
2) Ecoute du début du morceau suivant d'Abd Al Malik, « C'est du lourd » 10'
(évocation de son enfance).
3) Lecture d'un passage de Georges Perec, Je me souviens. Mention de 10'
quelques éléments biographiques sur l'auteur. Echanges.
4) Chaque élève est invité à rapporter dix souvenirs commençant par « Je 30'
me souviens » numérotés de 1 à 10. Liste est faite des possibilités :
personnes, voyages, lieux, objets aimés et perdus, films, spectacles, jeux,
jouets, bêtises faites, rencontres, événements familiaux, anecdotes...
Chacun travaille individuellement.
Dans un second temps (qui peut être variable suivant la vitesse d'écriture
de chaque élève), demander de développer un de ces dix souvenirs, de
l'enrichir par des détails sur les circonstances, le lieu, le moment, les
sensations éprouvées...

5) Lecture de cinq des dix souvenirs par groupe de 4, dispersé aux quatre 20'
coins de la classe. Chacun prend la parole à son tour, souvenir après
souvenir.

20 ateliers de slam poésie, De l'écriture poétique à la performance, Catherine Duval,


Références Laurent Fourcaut, Pilote Le Hot, Retz, 2008.
Site d'Abd Al Malik : http://www.abdalmalik.fr/
Georges Perec, Je me souviens, Hachette, 1978.

Patrick Bléron -AML/TICE, La Châtre, 2008/2009.


Dorsale bossale ( du recueil Moi laminaire..., 1982)
il y a des volcans qui se meurent
il y a des volcans qui demeurent
il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent
il y a des volcans fous
il y a des volcans ivres à la dérive
il y a des volcans qui vivent en meute et patrouillent
il y a des volcans dont la gueule émerge de temps en temps
véritables chiens de la mer
il y a des volcans qui se voilent la face
toujours dans les nuages Aimé Césaire
il y a des volcans vautrés comme des rhinocéros fatigués
dont on peut palper la poche galactique
il y a des volcans pieux qui élèvent des monuments
à la gloire des peuples disparus
il y a des volcans vigilants
des volcans qui aboient
montant la garde au seuil du Kraal des peuples endormis
il y a des volcans fantasques qui apparaissent
et disparaissent
(ce sont jeux lémuriens)
il ne faut pas oublier ceux qui ne sont pas les moindres
les volcans qu’aucune dorsale n’a jamais repérés
et dont de nuit les rancunes se construisent

il y a des volcans dont l’embouchure est à la mesure exacte


de l’antique déchirure.

C'est Du Lourd
Je m'souviens , maman qui nous a élevés toute seule, nous réveillait pour l’école quand on était
gamins, elle écoutait la radio en beurrant notre pain, et puis après elle allait au travail dans le
froid, la nuit, ça c’est du lourd.
Ou le père de Majid qui a travaillé toutes ces années de ses mains, dehors, qu’il neige, qu’il
vente, qu’il fasse soleil, sans jamais se plaindre, ça c’est du lourd.
Et puis t'as tous ces gens qui sont venus en France parce qu’ils avaient un rêve et même si leur
quotidien après il a plus ressemblé à un cauchemar, ils ont toujours su rester dignes , ils n'ont
jamais basculé dans le ressentiment, ça c’est du lourd , c’est violent. (...)

[…]
Je me souviens comme c'était agréable, à l'internat, d'être malade et d'aller à l'infirmerie.
Je me souviens des postes à galène.
Je me souviens quand on revenait des vacances, le ler septembre, et qu'il y avait encore un mois entier
sans école.
Je me souviens qu'au pied de la passerelle qui, en haut de la rue du Ranelagh, traversait le chemin de
fer de ceinture et permettait d'aller au bois de Boulogne, il y avait une petite construction qui servait
d'échoppe à un cordonnier et qui, après la guerre, fut couverte de croix gammées parce que le
cordonnier avait été, paraît-il, collaborateur. Georges
Je me souviens qu'un coureur de 400 mètres fut surpris en train de voler dans les vestiaires d'un stade
(et que, pour éviter la prison, il fut obligé de s'engager en Indochine).
Perec
Je me souviens du jour où le Japon capitula.
Je me souviens des scoubidous.
Je me souviens que j'avais commencé une collection de boîtes d'allumettes et de paquets de cigarettes.
Je me souviens des « Dop, Dop, Dop, adoptez le shampoing Dop ».
[…]
Georges Perec, Je me souviens, collection P.O.L., © Hachette, 1978.

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