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S.E.S.

- Première 21/11/2007
SUJET DE M. FOURESTIER www.profdeses.fr

Correction du devoir de S.E.S. sur le financement de l'économie

Introduction :

- Des deux côtés de l'Atlantique, les banques centrales sont dans une mauvaise passe, coincées entre la remontée des
risques inflationnistes et les incertitudes autour de la croissance. La Banque centrale européenne (BCE) a choisi son
camp, celui de son mandat : défendre la stabilité des prix par une politique monétaire restrictive visant à réduire la
création de monnaie au risque d'affaiblir la croissance. Aux États-Unis, les craintes de récession l'emportent sur ceux
de l'inflation, ce qui s'est traduit par la multiplication des baisses des taux d'intérêt directeurs, au point que ceux-ci
rejoignent ceux de la zone euro.
- La création monétaire est directement liée au niveau du taux d'intérêt car celui-ci va déterminer le coût du crédit.
Or, c'est par le biais du crédit bancaire qu'est créée la monnaie. Plus il y a de crédit dans l'économie, plus il y a de
création de monnaie et plus la masse monétaire s'accroît.
- La question est aujourd'hui de savoir quels objectifs sont prioritaires, car l'assouplissement de la politique monétaire
américaine n'est pas sans risque, tout comme le resserrement du crédit dans la zone euro.
- Aussi, pour mieux comprendre les enjeux autour des choix monétaires, il importe de voir quels sont les risques d'une
création excessive de monnaie et ceux d'une création monétaire insuffisante.

I. Les risques d'une création excessive de monnaie.


A. Une création monétaire excessive a des effets inflationnistes.
L'étude des données chiffrées (document 1) montre un lien étroit entre l'évolution de la masse monétaire et celle du
niveau général des prix (inflation). Ainsi, en 1982, la masse monétaire comme les prix se sont accrus de près de 12 %,
tandis qu'en 1997, la masse monétaire ne s'est accrue que de 2 % et l'inflation n'a été que de 1,5 % (TP. Question 1).
Il est ainsi possible de conclure à l'existence d'une corrélation (positive) entre l'évolution de la masse monétaire et de
l'inflation.
Les économistes libéraux (monétaristes) considèrent d'ailleurs que « l'inflation est toujours et partout un phénomène
d'origine monétaire », et ceci depuis le XVIème siècle.
Pour expliquer le phénomène, il importe de savoir que la création de monnaie se traduit par une croissance de la masse
monétaire, c'est-à-dire de la quantité de monnaie en circulation dans l'économie. Le surcroît de monnaie pousse à la
consommation des agents économiques et alimente la demande. Si l'offre n'augmente pas dans les mêmes proportions,
alors il y a des risques de dérapage des prix qui, s'ils se généralisent à l'ensemble de l'économie, se traduiront par de
l'inflation, c'est-à-dire par une hausse du niveau général des prix (TP. Question 2).

B. Les effets néfastes de l'inflation obligent à contrôler l'évolution de la masse monétaire.


L'inflation provoquée par la création excessive de monnaie entraîne des perturbations économiques. Elle entame la
confiance des agents économiques dans les moyens de paiements, et fragilise les repères que constituent les prix.
L'inflation perturbe le calcul économique car les agents ne peuvent plus établir leurs prévisions sur la base de prix
fixes. Les coûts comme les recettes (ou les revenus) sont susceptibles d'évolution permanente, ce qui risque de nuire à
la fois à la consommation et à l'investissement (TP. Question 3).
Surtout, dans le cadre d'une économie mondialisée, l'inflation réduit la compétitivité des produits à l'exportation et
dégrade le solde des échanges extérieurs. En effet, toute hausse de prix des produits nationaux va se traduire par une
baisse des exportations et une hausse des importations de produits étrangers moins chers.
Aussi, convient-il d'être vigilant sur la création de monnaie afin de la progression de la masse monétaire n'excède pas
(ou de peu) celle de la production de richesses (Produit intérieur brut). C'est la mission de la Banque centrale qui doit
réguler la création monétaire de manière à satisfaire les besoins de liquidité de l'économie pour favoriser la croissance
mais sans générer d'inflation.

Si la création excessive de monnaie se traduit effectivement par nombre de risques au premier rang desquels l'inflation
et son cortège d'inconvénients, la politique monétaire restrictive (de « désinflation compétitive ») mise en œuvre depuis
les années 1980 fait encourir d'autres risques pour l'économie.

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II. Les inconvénients d'une création insuffisante de monnaie.
A. Une création monétaire insuffisante risque d'entraîner la récession économique.
Les freins à la création de monnaie pour limiter l'inflation provoquent généralement le ralentissement de l'économie.
Les politiques monétaires restrictives se manifestent par le relèvement des taux d'intérêt par les autorités monétaires
(Banque centrale). Ce relèvement du loyer de l'argent renchérit le coût du crédit et des investissements (productifs et de
logements). Les échanges sont moins importants, l'investissement baisse, l'activité stagne et des emplois sont détruits.
En comprimant la demande des agents économiques (consommation des ménages et investissement des entreprises),
les politiques monétaires restrictives freinent la production (TP. Question 4).
Ainsi, au début des années 1980, la politique de désinflation compétitive (hausse des taux d'intérêt) a pénalisé
l'investissement et la croissance comme le montre les données de 1979 et 1984 (document 3). A contrario, la baisse des
taux d'intérêt de la fin des années 1990 (1997-2000) dans la zone euro s'est traduite par une relance de l'investissement,
de la croissance et des emplois (TP. Question 5). Aux États-Unis, la baisse massive des taux d'intérêt directeurs de la
Fed (Réserve fédérale américaine) ont permis d'éviter la récession après le krach boursiers des valeurs technologiques
de l'année 2000 et les attentats du 11 septembre de la fin de l'année 2001 (document 4).

B. D'où le dilemme de la politique monétaire.


Pour les économistes keynésiens, la politique monétaire ne doit pas avoir pour objectif unique la stabilité des prix.
Elle doit définir ses objectifs en fonction de la conjoncture économique. En période de récession, elle doit davantage
redouter les risques d'une création insuffisante de monnaie que ceux d'une reprise de l'inflation. Pour ce faire, elle doit
favoriser l'activité économique en rendant moins cher l'accès au crédit et moins intéressant l'épargne et les placements
quitte à entraîner un peu d'inflation. En période de forte croissance, elle doit au contraire se préoccuper des risques
inflationnistes et faire de la stabilité des prix sa priorité, quitte à entraîner un ralentissement de l'économie (TP.
Question 6).
Mais quelle que soit la situation, la politique monétaire est en proie à un dilemme « inflation / croissance », car toute
action favorisant la croissance risque d'accentuer les risques d'inflation, tandis que toute tentative de stabilisation
monétaire risque d'avoir des effets récessifs.

Conclusion :

- La création monétaire à la charge des banques centrales, n'est pas une affaire simple. Il importe à la fois d'alimenter
suffisamment l'économie en liquidité et de satisfaire les besoins de financement, tout en se préservant d'une création
excessive de monnaie cause d'inflation et d'effets pervers tant redoutés. L'équilibre est difficile à trouver, car lorsque le
robinet monétaire n'est pas suffisamment ouvert (politique restrictive) cela freine l'activité et pénalise l'emploi.
- Aussi, les politiques monétaires sont-elles l'objet de critiques continues car toute décision sur la fixation des taux
d'intérêt, si elle satisfait les uns, risque de mécontenter les autres. D'autant plus que les choix monétaires ont des
conséquences directes sur les taux de change comme on le voit aujourd'hui avec l'envolée de l'euro face au dollars et
aux autres devises, ce qui pénalise fortement nos exportations tout en allégeant la facture de nos importations,
notamment celle du pétrole.

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