La pipolisation de l'tat

8 mars 2008 | Stphane Baillargeon | Actualits culturelles

La logique du star-systme finit par s'infiltrer l o on ne l'attendrait pas. Quand le radiojournaliste Louis Martin est dcd fin janvier, ses anciens collgues ont salu son professionnalisme, sa grande culture, son sens de l'thique. Louis Martin ne prenait jamais la place de la nouvelle. Il ne se mettait jamais en avant, a ajout Jean Dussault, de la Premire Chane de Radio-Canada. Les temps changent. Maintenant, les animateurs-vedettes de la radio d'tat donnent leur nom leur mission: Christiane Charette, Maisonneuve en direct, Dsautels. Quand Sophie Durocher, animatrice la chane culturelle, femme de l'omnicommentateur Richard Martineau, est tombe enceinte, le tljournal de Radio-Canada en a parl. En passant de la grande maison Tl-Qubec, Marie-France Bazzo a troqu Indicatif prsent pour bazzo.tv. La radio et la tl d'tat font de la convergence bouche que veux-tu, ajoute le sociologue Guy Bellavance, de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS-culture et socit). On y entend toujours les mmes commentateurs refils d'une mission l'autre. [...] Je ne dis pas que les vedettes qui passent la tlvision ne sont pas bons: je dplore l'uniformisation de l'offre et l'absence de mcanisme pour rsister ce formatage, alors que ce serait l'tat de soutenir la diversit. Jean-Franois Dumas, d'Influence Communication, rappelle que, dans les nouvelles les plus mdiatises au Qubec en 2007, on retrouve au sixime rang l'attaque du convoi militaire en Afghanistan dans lequel se trouvait le journaliste de Radio-Canada Patrice Roy. Le conflit a dj fait plus de 75 morts parmi les soldats canadiens. Le drame de la guerre a t vcu travers M. Roy, dit l'analyste des mdias. La personnification amplifie l'impact d'une nouvelle. Aucun secteur ne semble l'abri. Une campagne lectorale, c'est devenu une guerre de personnalits, un show de tl-ralit, au dtriment des ides, poursuit Jean-Franois Dumas. Au Qubec, on aurait pu rebaptiser la dernire campagne "Occupation triple". La part du lion de la couverture de ce grand jeu lectoral n'a pas favoris la sant, l'environnement, la famille ou l'ducation, mais bien, dans l'ordre, les sondages, la Constitution et les lment de controverse (concernant la vie dlure d'Andr Boisclair par exemple). Et la culture? On en a parl une journe, quand le prsident de l'UDA a reproch aux politiciens de ne pas en parler.