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Un peu d’histoire
concernant la défense contre
les inondations de GRENOBLE
et de ses environs
Conférence AMOPA
du mercredi 6 mai 2009
à l’amphithéâtre du lycée Beaumarchais
1
Très tôt, les grenoblois durent réparer les préjudices causés par
les caprices des cours d’eau dont ils étaient les riverains : la
rivière « Isère » (le Serpent), associée au torrent « Drac » (le
Dragon).
(illustration) - La fontaine au lion et serpent, place de la Cymaise, symbolisant le combat entre l’Isère et le Drac,
imaginée et réalisée en 1843 par le sculpteur Victor Sappey et le fondeur Crozatier
2
Durant toute la préhistoire et même au-delà, pour se déplacer
vers le sud, depuis CULARO, (nom du bourg romain mentionné
depuis 43 avant JC jusque vers la fin du 3ème siècle), ou depuis
GRATIANOPOLIS, (nom de la cité gallo-romaine depuis 379,
en l’honneur de l’Empereur Gratien, jusque vers la Révolution),
le Drac, ou peut-être la Romanche d’abord, puis le Drac
ensuite, se franchissaient par un gué probablement situé au
« Saut du Moine » (2), près du confluent de ces deux torrents.
(2) La préhistoire dans le canton de Vif : pour ne pas oublier n°8, bulletin des amis de la vallée de la Gresse
3
Apparemment, un nouveau pont a été réédifié peu après. Une
transaction du 7 avril 1277 (6) en mentionne l’existence à
l’embouchure du ruisseau de la Suze, ainsi qu’un document
statistique du 31 mai 1921 (7). De nos jours, il n’y a plus trace
de ce ruisseau qui semblait rejoindre le Drac entre le Grand
Rochefort et le Mollard.
(6) Archives départementales de l’Isère B 4281 : transaction entre GONTIER de CLAIX, prieur de RISSET et GIRARD
Bertrand, le 7 avril 1277, au sujet d’une terre près du pont de CLAIX - cité par J.C. Michel dans « le pont de CLAIX,
merveille du Dauphiné » - « pour ne pas oublier » n°11, juin 1983, bulletin des Amis de la vallée de la Gresse et des
environs.
(7) Louis ROYER : société statistique de l’Isère, séance du 31 mai 1921 : quelques documents relatifs à un ancien pont de
CLAIX - cité par J.C. Michel dans « le pont de CLAIX, merveille du Dauphiné » - « pour ne pas oublier » n°11, juin 1983,
bulletin des Amis de la vallée de la Gresse et des environs.
qui pourraient prouver qu’en 1277, le Drac passait entre le rocher de Mollard
et le rocher du pont de CLAIX, et n’utilisait pas le passage entre le Grand
Rochefort et le Mollard.
(illustration) - copie du plan de A. Bouchayer, page 9 du bulletin n°11, pour ne pas oublier, les amis de la vallée de
la Gresse et des environs
Le pont et le port étaient-ils bien au point indiqué ?
Le Drac ne passait-il pas aussi entre le Grand Rochefort et le Mollard ?
(10)J. Barret - président de l’ASDI de 1990 à 2005 - Conférences « Risques Majeurs » du 22 janvier 1991 : protection de
l’agglomération grenobloise contre les crues du Drac et de l’Isère.
(11)G. Caillat - Exposé fait à l’occasion de l’assemblée générale des 3 et 17 avril 1982.
4
C’est à partir de 1378, que les consuls de GRENOBLE
entreprirent la construction de la digue MARCELLINE (12), au
pied des coteaux de CHAMPAGNIER, entre le lieu-dit « le pont
des vannes » et le pont de CLAIX, au pied de la ferme ou
domaine MARCELLUS (13), afin de contraindre le torrent à
abandonner son « petit bras », le Draquet, et à passer
uniquement entre le rocher de GRAND ROCHEFORT et le
rocher de MOLLARD (14) et entre le rocher de MOLLARD et le
rocher du jardin de ville de PONT DE CLAIX, actuellement
coiffé d’un château d’eau désaffecté et à l’époque occupé par la
vigne de Monsieur de la Bâtie.
Mais le Drac a-t-il réellement passé entre le Grand Rochefort et
le Mollard en dehors des grandes crues ?
(13)Le nom MARCELLINE semble provenir d’un nom gallo-romain, MARCELLUS, du domaine de MARCELLUS.
J.C. MICHEL : le pont de CLAIX, merveille du DAUPHINE ; pour ne pas oublier, bulletin des amis de la vallée de la
GRESSE, n°11, juin 1983.
5
Au 17ème siècle, on peut noter la construction, entre juin 1608 et
octobre 1610, du vieux pont de CLAIX, dit de LESDIGUIERES,
parce qu’un droit de passage fut instauré sur ce pont pour
dédommager Monsieur de LESDIGUIERES, seigneur de
CLAIX, de la perte du droit qu’il percevait pour l’exploitation du
bac effectuant la traversée du torrent à cet endroit (16), et du
port de CLAIX.
Mais une requête dut être présentée au Roi Henry IV, requête
qui permit d’autoriser la levée des fonds par un arrêt du Conseil
d’Etat du 10 novembre 1607, sous réserve d’indemniser le
propriétaire du bac, LESDIGUIERES.
(16) J.C. MICHEL : « le pont de CLAIX, merveille du DAUPHINE » - « pour ne pas oublier » - bulletin des amis de la vallée de
la GRESSE, n°11, juin 1983.
(illustration pont 1) - le pont de CLAIX, vu de ¾ aval, Diodore Rahoult, (1819-1874), 13 octobre 1845,
(bibliothèque municipale de GRENOBLE).
(illustration pont 2) - le pont de Claix, vu de l’amont, Victor Désiré Cassien, lithographié par C. Pégeron, vers 1830,
extraite de l’album du Dauphiné, tome 2 de A. Debelle (ville de Pont de Claix)
(illustration pont 3) - le pont de Claix, montée en direction du sud, Jean Achard (1714-1792) vers 1833-1835,
huile sur toile, 31x39,8 cm (ville de Pont de Claix)
6
La construction du pont fut attribuée à Louis BRUISSET qui,
malheureusement, tomba et se noya dans le Drac dès les
premiers travaux. Sa veuve et ses héritiers ne purent continuer
le chantier qui fut poursuivi par Jehan ALBERT, premier maçon,
et Pierre SALOMON, maître charpentier, de LA MURE, et qui
avaient déjà à leur actif le pont de COGNET, construit en 1605
sur le Drac.
(illustration bac 1) - zoom sur le plan du port de CLAIX, rocher, maison et vigne de Monsieur de la Bâtie
7
Sur la vue élargie, on constate que, en 1754, le Drac ne coulait
plus que par la passe approfondie entre le rocher de Mollard et
le rocher du pont de CLAIX, coiffé par la vigne de Monsieur de
la Bâtie.
(illustration bac 2) - plan figuratif du port de Claix et des environs :
digue Marcelline, passe approfondie en service,
passe Grand-Rochefort / Mollard fermée, le pont rouge sur la Suze.
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On sait qu’une ordonnance sur requête du 29 janvier 1649 avait
instauré la fourniture d’ouvriers destinés aux ouvrages du Drac
(1 par foyer fiscal) pour 3 fois 30 jours, contre une faible
compensation en argent.
Mais, déjà lourdement imposés pour les affaires militaires et
après une série de mauvaises récoltes, les habitants
considèrent cet impôt supplémentaire comme un abus de
pouvoir.
Cette ordonnance fut cassée en mai 1650 (18).
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C’est après la révolution de 1789, par les lois des 12 et 20 août
1790, (lois sur le libre cours des eaux),
(calendrier révolutionnaire intercallé depuis le 22 septembre 1792 et jusqu’en 1806, soit pendant 14 ans)
Nous avions signalé, dès le début de cet exposé, que les lois
des 4 Pluviôse an VI (1798), Floréal an XI (1803) et 16
septembre 1807 avaient permis la création, en 1819, de deux
syndicats pour la défense contre les crues du Drac,
respectivement du Saut du Moine au pont de Claix
et du pont de Claix à l’Isère.
10
Les niveaux atteints lors de la crue de 1859 restent aujourd’hui
les références pour la crue bicentenale à GRENOBLE (24).
A la suite de pluies d’automne continues du 26 au 31 octobre,
avec vent du sud ajoutant une fonte rapide des neiges, la crue
maximale et simultanée sur le Drac et sur l’Isère eut donc lieu
les 1er et 2 novembre 1859.
Il a été enregistré 1,85 m d’eau place St François à
GRENOBLE et un immense lac sur plus de 80 km en amont et
en aval de la ville.
Il n’y eut, heureusement que 3 victimes, une à l’Ile Verte et 2 à
St ISMIER.
(24) - la lettre du SYMBHI n°1, mars 2005.
(illustration) - la place Ste Claire, lors de l’inondation du 2 novembre 1859, dessin de Diodore Rahoult, 1860, repris sur le
livre de Denis Cœur : « la plaine de Grenoble face aux inondations », éditions QUAE, juin 2008.
11
D’où la nécessité de coordonner les actions, et c’est l’Etat qui
se doit de jouer son rôle de fédérateur, en favorisant ou en
créant d’autorité s’il le faut, des associations de propriétaires
intéressés à la protection contre les inondations d’un cours
d’eau dangereux, par secteurs homogènes (26).
(26) - J. BARRET : fiche jointe au rôle de 1999.
12
L’ASSOCIATION SYNDICALE DRAC ISERE (ASDI) a ensuite
été constituée par fusion avec d’autres syndicats (29) puis
adaptée par l’application des arrêtés préfectoraux des 26
octobre 1933, 09 février 1953, 1er juillet 1974 et 25 février 1983.
(29) - Syndicat des marais de St MARTIN d’HERES, POISAT, EYBENS ;
syndicat de la Grande MOGNE ; syndicat du ruisseau d’EYBENS ;
syndicat du VERDERET ; syndicat de l’ABBAYE ;
syndicat de GIERES à GRENOBLE.
13
Le champ des compétences de l’ASDI, très ancienne
association syndicale de propriétaires créée d’office, ainsi que
les dispositions énoncées dans le décret du 18 octobre 1862,
puis complétées par les arrêtés préfectoraux des 26 octobre
1933, 9 février 1953, 1er juillet 1974 et 25 février 1983 restent en
vigueur.
Tous les 2 ans au lieu de tous les 6 ans, donc les frais
associés sont multipliés par 3 (toutefois, les membres du
syndicat restent élus pour 6 ans et sont rééligibles :
rappelons qu’ils sont bénévoles).
14
Ce texte emprunte énormément aux documents écrits par les
responsables ASDI précédents :
15
Récapitulatif
13ème Siècle :
1219, rupture d’un barrage naturel sur la Romanche, créé par un
éboulement de la Petite Vaudaine en 1191.
14ème Siècle :
1378, début des travaux concernant la digue MARCELLINE en rive
droite du Drac, entre « le Saut du Moine » et « le pont de CLAIX ».
18ème Siècle :
1790, 1ères lois sur l’eau.
19ème Siècle :
1807, lois sur la participation des riverains aux travaux de défense
contre les inondations.
20ème Siècle :
Constitution de l’ASDI par fusion avec les Syndicats de la plaine
de GRENOBLE, et suivant les arrêtés préfectoraux de 1933, 1953,
1974 et 1983.
21ème Siècle :
17 novembre 2007 : mise en conformité des statuts de l’ASDI avec
l’ordonnance n°2004-632 du 1er juillet 2004, relative aux ASP, et
avec le décret d’application n°2006-504 du 3 mai 2006.
16
Liste des présidents de l’ASDI et de quelques adjoints
depuis la création du « Syndicat des intéressés à
l’endiguement de la rive droite du Drac »,
par le décret impérial du 18 octobre 1862
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Liste des « Illustrations hist. des AS », dossier de fichiers,
et des « Diapos hist. des AS. ppt »
Plan A. Bouchayer 6 9
Inondation 1 en 1733 17 19
Inondation 2 en 1733 18 20
Ordonnance 1819 20 27
18