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Quelques néologismes berbères

Par: Djaafar Messaoudi

La langue s’enrichit de deux principales façons : l’emprunt et la néologie. Concernant la néologie


dans le domaine de tamazight, avant de créer un nouveau mot pour un objet ou une idée, on doit
d’abord s’assurer qu’il n’existe pas dans la langue amazighe elle-même et ce en cherchant dans ses
diverses variantes régionales. Et si le mot n’existe pas comme tel, on peut alors le créer mais en
s’appuyant encore une fois sur tamazight d’où l’on peut avoir la racine du mot. Ci-après quelques
exemples :

1. Casemate : ce mot peut être rendu en amazigh par le terme « taghazamt » (pl. « tighuzam »). En
touareg, cela veut dire la petite chambre. Comme vous voyez, le mot amazigh est identique au mot
français dans la forme et dans le contenu.

2. Macro : ce terme dit grec, utilisé dans les langues indo-européennes comme préfixe pour signifier
grand ou long, est le juste équivalent du mot amazigh « meqqer » / « meqqor ». Ainsi, le terme
scientifique macrocéphale (= qui a une tête anormalement grande) peut être rendu en amazigh par le
mot « ameqqerixef » ou « ameqqorixef ». Beaucoup d’autres mots peuvent être générés de la même
façon.

3. Site : ce terme a son équivalent en tamazight ; c’est « agni / agwni ». Du même que site est
proche de situation, en kabyle « agni » est lui aussi proche de « tagnitt ». Donc, dorénavant on peut
dire en berbère « agni n Internet » (site internet), « agni amezraw » (site historique), etc.

4. théologie : ce terme constitué de deux éléments grecs signifiant dieu et science peut être rendu en
amazigh, en renversant l’ordre, par le mot composé « tussnayakuct ». « tussna » étant science et «
yakuc » dieu en berbère ancien, et « t » finale marque des substantifs féminins. On peut aussi
suggérer la forme simple « tussnakuct », par la chute de la syllabe « ya » de « yakuc », phénomène
d’ailleurs observé en berbère dans les mots composés.

5. monothéisme : terme construit sur la base de mono + théos + isme. Le premier élément
correspond au terme chleuh « yan », le deuxième est déjà expliqué supra, et le troisième est le
suffixe adjoint aux substantifs et qui signifie école / doctrine. Pour ce dernier élément, on ne va pas
compliquer les choses ; on va simplement mettre la marque discontinue des substantifs berbères
féminins « ta-t » ou « ta-a ». Ainsi, on obtiendra en amazigh « tayanyakuct » ou « tayanyakuca ».
Là aussi, on peut proposer les formes simples « tayankuct » / « tayankuca ». Pour l’adjectif
monothéiste, on mettra en amazigh « ayanyakucan / tayanyakucant » ou les formes simplifiées «
ayankucan / tayankucant »; « an », suffixe des adjectifs, est attesté dans tous les dialectes, sauf le
touareg.

6. polythéisme : il existe en amazigh plus d’un terme qui correspond au grec poly qui signifie
plusieurs. On n’en proposera ici qu’un seul : « mennaw », en usage chez les mozabites. Par le même
procédé que celui expliqué plus haut, on peut créer « tamennawyakuct » ou forme simplifiée «
tamennawkuct », ou encore « tamennawkuca ».
L’adjectif serait « amennawyakucan » ou « amennawkucan » pour le masculin.

7. athéisme : le privatif a peut être rendu en amazigh par « war / tar », sans, attestés dans plusieurs
parlers amazighs ou « aba », néant, usité uniquement en touareg. On peut donc mettre « taryakuct »
/ «taryakuca » ou les formes simplifiées « tarakuct »* ou « tarkuca ». Avec « aba », on peut créer «
tabayakuct » ou « tabakuct » ou encore « tabakuca ».
En accolant le suffixe « an » aux formes suscitées, on obtiendra l’adjectif « aryakucan / taryakucant »
ou les formes simplifiées « arkucan / tarkucant », ou « abayakucan / tabayakucant » ou encore «
abakucan / tabakucant », qui correspond dans tous les cas au terme athée. Notice : nous avons évité
« tarkuct », car ce terme existe déjà en kabyle avec le sens de purée.
8. pluviomètre : ceci est un instrument ; ce pourrait être en amazigh « asketunẓar » par juxtaposition
de deux substantifs dont l’un est l’état d’annexion (asket + unẓar) ; du terme touareg « asket »
signifiant mesure et du kabyle « anẓar » qui veut dire pluie. Ce procédé de formation est connu en
berbère.
Le terme pluviométrie serait « askatunẓar » ou « taskatunẓart » (askat + unẓar) ; i.e. nom verbal +
nom E.A.

9. pluviosité : nous suggérons le terme « tasmektanẓart » ; du touareg « tasmekta », quantité, et du


kabyle « anẓar » déjà expliqué. Ce néologisme est crée selon un modèle attesté en amazigh, à
savoir juxtaposition de deux substantifs dont le deuxième perd sa voyelle initiale.

10. bicyclette : ce terme composé de bi et cycle peut être rendu en amazigh par « asinjerray » ou «
tasinjerrayt » ; du numéral « sin », deux, et du nom « tajerrayt », roue en kabyle.

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