Entreprise du mois
Khalid Chraibi
Le Groupe Cosumar est devenu l’opérateur incontournable dans le secteur du sucre au Maroc, depuis
sa reprise des 4 sucreries nationales privatisées par l’Etat en été 2005. Il doit maintenant jouer le rôle
de locomotive de toute la filière sucrière, que ce soit au niveau du développement de l’amont agricole
qui fait vivre 80 000 familles ; de la restructuration et de la mise à niveau des 14 usines qui produisent
près de la moitié du sucre consommé au Maroc ; ou des énormes défis que le secteur doit relever dans
le cadre de la politique de libéralisation.
Peu de Marocains savent aujourd’hui que le pain de sucre fut produit au Maroc dès le 12ème siècle, à
partir de la canne à sucre cultivée dans les régions de Souss et de Chichaoua. Pendant tout le Moyen
Age, le sucre resta une denrée rare et précieuse que l’on ne consommait que dans les demeures des
gens les plus aisés. Son commerce engendrait de grandes richesses, comme le rappellent les guides des
tombeaux saâdiens de Marrakech, qui expliquent que le roi Ahmed El Mansour Ed-Dahbi troquait le
sucre « poids pour poids, contre les matériaux les plus riches : or, onyx, marbre d’Italie » quand il
édifiait le Palais EI Badi.
Ce n’est cependant qu’à partir de 1929 que le pain de sucre apparaît de manière permanente sur la
scène marocaine, lorsque la société sucrière Saint Louis, de Marseille, s’implanta à Casablanca sous le
sigle de COSUMA, pour produire, à partir de sucre brut importé, le fameux pain de sucre « La
Panthère », compagnon indissociable, depuis lors, de toutes les cérémonies de thé au Maroc.
Dans les années 1970, elle accompagna la politique nationale de développement des cultures sucrières
en créant deux sucreries dans le périmètre agricole de Doukkala-Abda, l’une à Sidi Bennour et l’autre
à Khemis Zemamra. Ces deux unités enregistrèrent une forte croissance de leurs activités, avant d’être
fusionnées avec Cosumar en 1993.
La société entra dans le giron de l’ONA en 1985, consolidant ses assises dans l’économie marocaine
en s’adossant au groupe économique numéro un du pays. Ses principaux actionnaires aujourd’hui
comprennent l’ONA (56 %), la CIMR (13 %), la SNI (10 %) et diverses sociétés d’assurances et de
banque. Ses actions furent cotées à la Bourse des valeurs de Casablanca à partir de 1985.
En 2004, elle célébra ses 75 ans d’existence, et pouvait s’enorgueillir d’être en excellente forme. Elle
était toujours le numéro 1 du secteur sucrier. Ses ventes s’élevaient à 720 m t, correspondant à plus de
68 % du marché national. Elles se répartissaient entre le sucre granulé (46 % du marché), le pain de
sucre (88 %) et le sucre en morceaux et lingots (95 %).
La société avait des assises financières solides, ses fonds propres avoisinant 1.5 milliards dh, son
chiffre d’affaires 3.2 milliards dh, et son résultat net 250 mdh. Elle employait près de 1 900 personnes.
Sa raffinerie était implantée à Casablanca, et ses usines de transformation de betterave sucrière à Sidi
Bennour et Zemamra, avec une capacité de traitement de 14 000 tb/j.
Les 4/5è de sa production de sucre raffiné étaient réalisés à partir de sucre brut importé, et 1/5è était
obtenu à partir du sucre brut ayant son origine dans l’amont agricole marocain.
Dans une première phase correspondant à la campagne 2004-2005, la capacité devait passer de 6000 à
10 000 tb/j, et dans une deuxième phase, en 2006, elle devait être portée à 15 000 tb/j, avec notamment
le transfert et l’installation des équipements de la sucrerie de Zemamra à la sucrerie de Sidi Bennour.
Le traitement de la betterave serait ainsi concentré sur Sidi Bennour alors que l’activité de
conditionnement des produits finis serait maintenue sur les deux sites, ce qui devrait optimiser
l’exploitation au niveau des deux sites. Le projet a été concrétisé dans de très bonnes conditions.
Région des Doukkala (Sidi Bennour et Zemamra), avec une capacité de transformation de 14 000TB/J.
Région du Tadla (Suta), avec une capacité de transformation de 14 400 tonnes betterave/Jour.
Région du Gharb-Loukkos (Surac), avec une capacité de transformation de 9 500 tonnes canne/Jour.
Région de Moulouya (Sucrafor), avec une capacité de transformation de 3 000 tonnes betterave/Jour.
Il faut noter que les cultures sucrières, s’étendant sur une superficie de 90 000 ha, font vivre plus de 80
000 familles d’agriculteurs au niveau de l’amont agricole, soulignant l’ampleur de la tâche à laquelle
Cosumar sera confrontée. Cependant, la société a déjà accumulé une bonne expérience en la matière,
dans le cadre de la gestion de ses activités dans les sucreries de Doukkala.
Rappelons que la privatisation des 4 sucreries s’est réalisée sans que le processus de libéralisation
initié en 1996 ait progressé. La libéralisation des prix à la consommation des matières premières et des
produits finis n’est toujours pas appliquée.
Volet n° 2 : Groupe Cosumar : Opportunités, menaces et défis
Malgré un calendrier extrêmement chargé, coincidant avec la présentation des résultats de Cosumar
pour l’année 2005, M. Mohammed Fikrat, PDG de Cosumar, a très aimablement accepté de nous
rencontrer. Ci-dessous, la synthèse de cet entretien :
A la question : « Y a-t-il une situation de monopole de fait ? », Mr Fikrat observe que, bien que
Cosumar soit devenue l’unique opérateur au niveau du secteur sucrier, il serait abusif d’assimiler cela
à une situation classique de monopole. Ce sont clairement les Pouvoirs Publics qui définissent la ligne
de conduite de la filière sucrière et qui fixent, actuellement, les règles du jeu à tous les niveaux
névralgiques. L’administration détermine le prix payé aux producteurs de betterave et de canne à sucre
au niveau de l’amont agricole, le système de tarification douanière et les taux appliqués aux
importations, le forfait payé par la Caisse de compensation et le prix de vente des produits finis aux
consommateurs.
Le rôle de Cosumar se réduit, en quelque sorte, dans le système actuel, à une activité de façonnage
pour répondre aux besoins du marché, dans le cadre défini par l’Etat. De son côté, Cosumar a des
engagements à tenir vis-à-vis des agriculteurs, afin de sécuriser leurs revenus, et de préserver la
pérennité de l’amont agricole sucrier. Elle doit accompagner l’amont agricole, et y généraliser les
bonnes pratiques, pour améliorer la productivité des surfaces affectées aux cultures sucrières.
La filière de production du sucre, secteur intégré, est organisée autour de règles qui définissent les
rôles de tous les intervenants, et des dispositions pour les faire respecter. Cette organisation, si elle est
bien animée, fera sans doute que tous les intervenants contribueront de la manière requise au
développement compétitif de la filière sucrière, dans une stratégie gagnant-gagnant.
Il faut souligner à cet égard que la filière sucrière est régulée et organisée par l’Etat dans tous les pays,
quel que soit leur niveau de développement. D’une part, elle est souvent fortement intégrée dans
l’amont agricole, induisant ainsi une création et distribution de richesse importante. D’autre part,
chaque Etat producteur veut s’assurer de son bon développement, pour ne pas exposer son marché
domestique aux fluctuations de volumes et de prix sur les marchés internationaux très volatiles.
Ceux qui se réfèrent aux dispositions de la loi sur la concurrence peuvent être rassurés : non seulement
c’est l’Etat qui a bien mené le processus de la privatisation qui a mis Cosumar en situation d’opérateur
unique, mais les juristes de Cosumar se sont assurés, au cours de la concrétisation de cette
privatisation, que tous les aspects juridiques de l’opération étaient conformes aux exigences des lois
applicables.
Il y avait un prétendant français et un prétendant espagnol à la reprise des 4 sucreries. Aucun marocain
ne peut regretter que ce soit l’opérateur marocain numéro 1 du secteur qui ait fait la meilleure offre sur
les plans technique et financier, et qui ait remporté le résultat. Les décideurs économiques ont opté
pour l’offre de Cosumar parce qu’ils connaissent sa compétence dans ce domaine, parce que son offre
est crédible, et n’a rien à envier aux opérateurs étrangers.
Si on pense maintenant à la taille des unités de production elles-mêmes, il faut réaliser que nos grandes
unités ne sont que des PME quand elles sont comparées aux unités européennes ou américaines.
- La construction d’un solide partenariat gagnant-gagnant et pérenne avec tous les acteurs du secteur,
- Le partage des mêmes valeurs d’entreprise en vigueur dans le Groupe favorisant la culture de la
performance.
Afin de réussir ce grand défi, le Groupe Cosumar, a d’ores et déjà identifié différentes synergies,
immédiatement mobilisables, à travers la mise en œuvre de 18 chantiers d’intégration et de
développement qui couvrent les principaux champs d’action.
Investissements et financement :
Pour financer les investissements requis, le Groupe compte utiliser un emprunt bancaire d’un montant
de 700 mdh, et mobiliser en accompagnement les flux de trésorerie interne des sociétés.
De nombreux facteurs ont été à l’origine d’une hausse considérable du prix du sucre depuis novembre
dernier. On peut en citer trois :
- une forte spéculation sur ce produit de la part des fonds de pension américains ;
- une baisse du volume de sucre brésilien offert sur le marché international. En effet, la hausse du prix
du pétrole a poussé les Brésiliens à se reporter sur l’utilisation de l’éthanol, fabriqué à base de canne à
sucre, comme carburant des véhicules, en substitution à l’essence devenu trop cher. Comme le Brésil
est le premier producteur mondial de sucre, l’effet de ce transfert est important, parce que les trois-
quarts des véhicules brésiliens vendus roulent indifféremment à l’éthanol ou à l’essence.
- les nouvelles orientations de l’Union européenne en matière sucrière ont également eu leur effet sur
le volume de sucre faisant l’objet du commerce international. Critiquée par de nombreux pays
producteurs de sucre, qui l’accusent de subventionner ses producteurs, l’Union Européenne se retire
actuellement du marché international du sucre, dans lequel elle traitait jusqu’à 5 mt.
Il faut savoir que 30 % seulement du sucre produit dans le monde fait l’objet de négoce international,
dont une grande partie est échangée dans le cadre d’accords bilatéraux. Donc, moins du cinquième de
la production mondiale se retrouve vraiment sur le marché international, d’où les fluctuations
importantes qu’on peut y observer.
Les autorités marocaines ont suspendu l’application de la tarification douanière, pour conserver le
niveau du prix cible actuellement en vigueur, soit un maximum de 4 700 dh/t, quel que soit le cours du
marché international. Etant donné que le Maroc dépend des importations de sucre brut pour assurer
plus de la moitié de la production nationale de sucre raffiné, c’est un problème important que les
autorités étudient actuellement, en vue de lui apporter la solution appropriée.
L’accord de libre échange spécifie clairement que les produits bénéficiant de ses dispositions doivent
avoir une valeur ajoutée de 40 % réalisée dans le pays d’origine. Les professionnels du sucre savent
que le sucre importé des EAU ne peut pas prétendre à ce taux de valeur ajoutée, pour des raisons
techniques, et ne peut donc pas se prévaloir des dispositions de l’ALE.
Elles sont, bien sûr, excellentes. En sa qualité de filiale du Groupe ONA, la gestion de Cosumar
s’inscrit dans le cadre des orientations stratégiques de ses actionnaires. Mais, chaque filiale a ses
propres organes de prise de décision et de management. Le Conseil d’administration de chaque filiale
contrôle et oriente le fonctionnement et le développement de la société concernée.
Volet n° 3 : La filière sucrière marocaine :
Khalid Chraibi
Dans les premières années suivant l’indépendance du Maroc, les Pouvoirs Publics ont appliqué une
stratégie de développement économique axée, entre autres priorités, sur le développement de
productions nationales en substitution aux importations, dans les secteurs où cela était faisable.
A l’époque, la consommation nationale de sucre était légèrement inférieure à 400 000 t. Les trois
usines de raffinage existantes (dont Cosuma, filiale de la société sucrière Saint-Louis de Marseille,
représentait plus de 80 % de la capacité installée) importaient du sucre brut qui était traité sur place,
pour satisfaire près de 90 % des besoins des consommateurs, le solde étant importé sous forme de
sucre blanc raffiné.
Les experts gouvernementaux estimèrent qu’il était possible de développer la production de sucre au
Maroc, à partir de la culture de betterave sucrière et de canne à sucre, en substitution aux importations.
Le projet se justifiait aux trois niveaux agronomique, économique et social. Il permettait de
promouvoir de nouvelles cultures capables de servir de pôles de développement pour les activités
agricoles au niveau des régions choisies, de réaliser des économies de devises considérables, et de
sécuriser l’approvisionnement du marché en visant à atteindre progressivement l’autosuffisance
alimentaire pour une denrée de première nécessité.
La première sucrerie nationale entra en activité à Sidi Slimane en 1963, pour traiter la production
betteravière lancée dans le périmètre irrigué du Gharb sur une surface de 4000 ha. Une production de
84 000 t de betteraves y fut récoltée, donnant 12 000 t de sucre brut. Ce premier succès fut suivi de
l’implantation de 11 autres unités sucrières dans 5 grandes zones de production : le Gharb, le
Loukkous, Tadla, Doukkala et Moulouya. Le financement de ces investissements se fit souvent dans le
cadre d’accords de coopération bilatérale avec des pays d’Europe de l’Ouest et de l’Est, ce qui se
traduisit par l’utilisation de technologies de production de sucre très différentes, et d’inégale efficacité,
d’une unité à l’autre.
Une réglementation étatique rigoureuse fut appliquée à toute la filière sucrière. Les Offices de Mise en
Valeur Agricole (ORMVA) assuraient la gestion de l’amont agricole (organisation des campagnes
sucrières, approvisionnement en facteurs de production, financement, encadrement des
agriculteurs…). Ils jouaient également le rôle d’intermédiaire entre les producteurs de matières
premières (betterave et canne) et les sucreries. L’Office National du Thé et du Sucre (ONTS) importait
le sucre brut livré aux sucreries pour leurs activités de raffinage.
L’Etat fixait les prix payés par les usines aux producteurs de la betterave et de la canne à sucre, le prix
du sucre brut fourni aux raffineries, et celui du produit fini vendu au consommateur. Les Pouvoirs
Publics décidèrent de maintenir ce dernier prix inchangé à un bas niveau, quel que soit le prix de
revient du sucre produit localement dans les usines de transformation et les raffineries, parce que le
sucre était considéré comme une denrée de première nécessité.
A cet effet, l’Etat décida d’appliquer au secteur un système de subvention géré par la Caisse de
Compensation, dont les dispositions assuraient, entre autres, une marge bénéficiaire à chaque unité
sucrière, quel que soit son coût de production.
Cette politique ambitieuse de développement de la filière sucrière se poursuivit pendant des années. Il
en résulta une grande extension des périmètres irrigués affectés à ces cultures nouvelles. L’application
d’une politique favorable des prix pour soutenir la production de betterave et de canne à sucre se
traduisit par un développement continu de la production. Le taux d’autosuffisance passa de 4 % en
1960 à 28 % en 1970, dépassant 60 % dans les années 1980.
Comme il a été indiqué, Cosumar, l’opérateur privé dominant de la filière, dont l’Etat avait racheté la
moitié du capital en 1967, procéda à l’implantation d’une sucrerie à Sidi Bennour, et d’une autre à
Khemis Zemamra dans les Doukkala, dans les années 1970.
Au cours des années 1980, l’application par les Pouvoirs Publics marocains du Programme
d’Ajustement Structurel (PAS) recommandé par les organisations financières internationales se
traduisit par un désengagement progressif du secteur public de toutes sortes d’activités au niveau du
secteur sucrier. Puis, en 1996, d’autres mesures visant la dérégulation du secteur furent adoptées, dans
le cadre de la nouvelle politique de libéralisation.
Ainsi, le système de compensation fut modifié pour assurer aux usines une subvention forfaitaire de
2000 dh par tonne vendue, dans le but de les inciter à mieux gérer leurs coûts de production, qui
avaient connu une dérive sérieuse. L’augmentation régulière de la consommation de sucre, conjuguée
à de fortes hausses du prix d’achat sur le marché international, déboucha sur une forte croissance du
montant total de la compensation au sucre, qui passa de 50 mdh en 1985 à 800 mdh en 1996 et à 2
milliards dh en 2002.
Un nouveau système de tarification douanière fut également mis en place, s’appliquant aux
importations de sucre, visant à maintenir le prix de revient du sucre importé autour des niveaux
observés pour les produits locaux.
Leur transfert au secteur privé fut à l’examen pendant de nombreuses années, sans que se présente un
repreneur sérieux, à cause des difficultés financières importantes de ces sociétés et du manque de
visibilité du secteur sucrier, dans l’attente des dispositions spécifiques de la politique de libéralisation
qui devait lui être appliquée.
Ce n’est qu’en septembre 2005 que cette privatisation put être concrétisée, lorsque Cosumar, un
opérateur national chevronné, détenteur d’une expertise de 75 ans au niveau de la production
industrielle et de plus d’un quart de siècle au niveau de l’amont agricole, procéda à l’acquisition des
quatre sucreries pour un montant de 1367 mdh, donnant naissance à un opérateur unique au niveau de
la production de sucre au Maroc : le Groupe Cosumar.
Volet n° 4 : Le sucre dans le monde :
Khalid Chraibi
Le sucre est un glucide présent à l’état naturel dans tous les fruits et légumes. Produit par
photosynthèse, le processus naturel qui transforme la lumière du soleil en énergie vitale, il est présent
en grande quantité dans la canne à sucre et dans la betterave à sucre, toutes deux utilisées pour la
production commerciale de sucre.
La canne à sucre, une herbe géante qui croît en climat chaud et humide et emmagasine le sucre dans sa
tige, aurait d’abord poussé à l’état naturel dans les îles du Pacifique Sud il y a 4000 ans. On la retrouve
en Inde, où la technique d’extraction et de transformation du jus de canne en « sarkara » (origine
sanskrit du mot « sucre ») aurait été développée vers 500 av. J.C. Les Perses, puis les Grecs rapportent
chez eux ce « roseau qui produit du miel, sans le concours des abeilles ». Le savoir-faire se propage
vers la Chine, l’Iran et le monde musulman, avant d’atteindre, des siècles plus tard, le monde
occidental, lors des croisades.
La betterave, en tant que substitut de la canne, ne sera connue que vers le milieu du 18ème siècle, quand
le chimiste berlinois Andreas Sigismund Marggraf prouve que le sucre de betterave et celui de canne
sont identiques. S’acclimatant mieux en climat tempéré et emmagasinant le sucre dans sa racine
blanche, elle connaîtra son essor en France grâce aux mesures d’encouragement édictées par Napoléon
pour encourager la production de sucre de betterave à l’époque du « blocus continental ». En 1900,
près de la moitié de la production mondiale est à base de sucre de betterave, mais la proportion n’est
plus que d’un tiers à la fin du 20è s.
Le sucre est utilisé soit de manière directe, en tant que « sucre de bouche », présenté en morceaux ou
en poudre (20 % des ventes en France) ; ou de manière indirecte, quand il est incorporé par différentes
industries alimentaires, chimiques et pharmaceutiques dans leurs produits (80 %). Les sucres que l'on
trouve dans les aliments contenant des glucides se transforment tous en glucose dont le corps se sert
comme énergie.
En l’an 2000, 31 millions d’ha étaient affectés aux cultures sucrières dans 111 pays (38 pays cultivant
la betterave, 65 la canne, 8 les deux) ; 2440 sucreries étaient en activité (790 de betterave, 1560 de
canne) ; le chiffre d’affaires atteignait 65 milliards $ H.T., réparti entre 80 pays exportateurs et 150
pays importateurs ; l’activité générait 2 millions d’emplois.
En 2004-2005, la production mondiale de sucre blanc s’élevait à 142 m t, dont le tiers environ (54 m t)
était destiné aux exportations. Les principaux pays producteurs de sucre de canne sont : le Brésil (28 m
t), l’Inde (14 m t), la Chine (9 m t), le Mexique (6 m t), l’Australie (5.5 m t), la Thaïlande (5.4 m t).
Les plus grands producteurs de sucre de betterave incluent : l’Allemagne (4.7 m t), la France (4.5 m t),
les E.U. (4.2 m t).
Les principaux pays exportateurs sont : le Brésil (19.2 m t), l’U.E. (6.1 m t), l’Australie (4.2 m t), la
Thaïlande (3.2 m t), l’Afrique du Sud (1.2 m t), le Guatemala (1.1 m t), la Colombie (1.1 m t), Cuba
(0.9 m t).
Les principales multinationales opérant dans le secteur incluent des géants tels que : Tate & Lyle en
Grande Bretagne ; ou en France : Groupe Tereos (11 sucreries), Saint Louis Sucre (5 sucreries),
Groupe Cristal Union (4 sucreries), Groupe Vermandoise (4 sucreries).
Encadré indépendant sur
ETHANOL
La production d’alcool éthylique d’origine agricole (éthanol) se fait par fermentation du sucre contenu
dans les jus extraits de betterave ou de canne, dans les sirops issus de la cristallisation ou dans la
mélasse. L’alcool obtenu de la betterave a plusieurs destinations : alcool de bouche et d’industrie,
carburant, parfumerie ou encore pharmacie.
Il prend le nom de bioéthanol lorsqu’il est utilisé comme carburant. Soit il est incorporé directement à
l’essence à hauteur de 10 % à 25 %, soit il est utilisé pur dans certains moteurs. Il s’agit du
biocarburant le plus utilisé dans le monde à l'heure actuelle. En Europe, on utilise l’ETBE
(Ethyltertiobutyléther), un mélange contenant pour moitié du bioéthanol et un dérivé pétrolier.
L’ETBE est incorporé à l’essence super sans plomb jusqu’à 15 %.
A la fin de l’année 2005, le gouvernement français s’est engagé à promouvoir une incorporation
directe de bioéthanol dans les essences à hauteur de 5,75 % en 2008 et 7 % en 2010. Ces mesures
participent ainsi au programme écologique de réduction des émissions de gaz à effet de serre (accords
de Kyoto) ainsi qu’à la réduction de notre dépendance énergétique.