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par
Hicham ELBELRHITI
Tout d’abord je tiens à remercier mes directeurs de thèse. En fait l’aventure a commencé
quand j’ai obtenu mon diplôme de DESA à la faculté des sciences d’Agadir sur la pollution des
eaux souterraine. Bref, sur un sujet tout à fait différent de celui de cette thèse. À ce moment
là, Belkacem Kabbachi – et vu les difficultés que j’ai eu– m’a conseillé de changer carrément
le sujet de ma thèse en me proposant un sujet sur les dunes barkhanes proposé par l’équipe
de Stéphane Douady et Bruno Andreotti. C’est ainsi que cette aventure à l’interface entre la
physique et la géologie a commencé. Et je dois à Belkacem Kabbachi de m’avoir lancé sur un
sujet aussi passionnant.
Pendant ma première mission au terrain en novembre 2002, j’ai eu l’occasion de rencontrer
Stéphane Douady pour la première fois. Durant mes quatre ans de la thèse, il a toujours fait
preuve d’une grande disponibilité à mon égard tout en me laissant une grande liberté de travail.
Bruno Andreotti qui a dirigé ma thèse, dans le meilleur sens de cette expression (Nous
avons partagé 11 missions ensemble), toute en me laissant la liberté de trouver ma propre ap-
proche et façon de travailler, il a été toujours présent pour assurer une stabilité dans les moments
fragiles et pour perturber des visions trop restreintes. Il m’a lancé sur un sujet passionnant, et
il n’a cessé d’y apporter son originalité. Il m’a soutenu aussi dans les aspects bien pratiques
comme la rédaction de cette thèse et dans des aspects purement personnels comme trouver un
logement à Paris.
Je tiens à remercie également Sylvie BOURQUIN et Olivier Pouliquen pour avoir ac-
cepté d’être les rapporteurs de cette thèse mais aussi, en ce qui concerne Pouliquen de m’avoir
accompagné deux fois sur le terrain.
Durant cette thèse, j’ai eu l’occasion de discuter avec Pierre Rognon. Je le remercie pour
cela, ainsi que pour avoir accepté d’être membre de mon Jury de soutenance. Je tiens également
à exprimer ma reconnaissance à Phillipe Gondret qui a accepté de faire partie de ce Jury et
François Métivier d’avoir accepté de présider mon Jury de soutenance..
Je remercie également Phillipe Claudin, avec eu j’ai eu l’occasion de collaborer durant
cette thèse. J’ai beaucoup apprécié les trois missions que nous avons effectuées ensemble sur le
terrain et surtout la longue mission des ondes.
Laurent Quartier a corrigé des innombrables fautes de grammaire et d’orthographe dans le
manuscrit. C’est lui qui a conçu et fabriqué tous les outils et les instruments de mesures que j’ai
utilisés. En plus, il s’est occupé de tous mes papiers administratifs. Ces quatre années auraient
été beaucoup moins agréables et amusantes sans lui. Un grand merci aussi à sa patience, son
endurance et son exactitude
Au cours de mes quatre ans, j’ai rencontré beaucoup de problèmes et heureusement qu’il
avait Yves Couder que, je le remercie, pour tous ce qui a fait pour moi. Abdelkarim Ezzaı̈di, a
beaucoup travaillé pour obtenir les autorisations officielles pour permettant de travailler à long
terme sur le terrain. Pascal Hersen a été mon co-thésard, et j’ai des souvenirs agréables des
trois missions que nous avons réalisés ensemble au terrain. J’ai eu aussi la chance de rencontrer
Imad Elkouch qui a préparé son DESA sur les dunes au sein de l’équipe Géomaride. J’ai surtout
apprécié son amour quant à son sujet de recherche. Malheureusement, je n’ai pas eu assez du
temps pour discuter avec lui. Également, je remercie Rachid Yagoti qui prépare un DEA à
Séville pour ce qui m’a pris sur les psammophiles (les plantes qui vive dans le sable). Hervé
Bellot technicien au CEMAGREF de Grenoble a monté notre petite mini-station éolienne . Je
les remercier pour ça et pour les deux mission que nous avons effectués sur le terrain.
Je remercie aussi José Wesfred qui m’a accueilli au PMMH et aussi les personnes qui font
fonctionner ce laboratoire. La secrétaire Frédérique Auger, les ingénieurs José Lanusa, Therry
Darnige. L’ambiance au PMMH était stimulante et je suis content d’y avoir rencontré la bande
des thèsard : Florent Malloggi, Gabriel Caballero Christophe Chevalier, Emmanuelle Rio, Lénaı̈c
Bonneau et Antoine Faurrière qui posent quelques questions surprente tel que quel est le devenir
d’un chat dans le micro-onde . Les post-doctorants Khay Leindberg, jacco Sneiger, Shio Anogaki
et sans oublier les chercheurs permanents Eric Clément, Evelyne Kolb et Anke Lindner. Quant
à Adrian Daerr, je le remercie de m’avoir accompagné sur terrain en novembre 2004.
Je n’oublierai pas à remercier Monsieur, Jemati Cherqui et Belekhdim du centre géologique
régional de Laayoun qui m’ont permis l’accès aux photographies aériennes de la série 1979.
Ma reconnaissance aussi à Monsieur le Directeur du Centre de Développement des Énergies
Renouvelable de Marrakech (CDER) et à Monsieur Nzili du même établissement de m’avoir
fourni la base des données des enregistrements éoliens de Tarfaya de l’année 1999.
Pendant ma thèse, j’avais la chance de louer une maison à Tarfaya pendant deux ans. Cette
chance m’a permis d’entrer en contact direct avec les habitants de la région. Pour les remercier,
j’ai fait une modeste recherche sur leurs connaissances sur les dunes que je me permets de la
mettre dans les remerciements :
Dans sa thèse Oulahri (Oulehri, 1992) a mentionné que les bédouins autrefois cachaient
leurs biens pendant les gazias et les guerres en dessous des faces d’avalanches des barkhanes
et la taille de la barkhane utilisée comme cachette est choisie selon la durée que le bédouin
veut cacher ses biens. Ceci montre non plus que ces gens de désert savent que la migration
des barkhanes dépend de leurs tailles, mais en plus elles savaient leurs vitesses de migration.
Nous aussi durant nôtres séjours à Tarfaya nous avons constaté que les autochtones de la région
ont des connaissances et parfois des légendes autour de quelques dunes, et surtout en ce qui
concernes les mégabarkhanes. À titre d’exemple, ils distinguent la couleur rouge de ces dunes
car ils appellent l’endroit à côté de ces mégadunes ”Alghord lahamr”, c’est-à-dire la barkhane
rouge. D’ailleurs, même si le mot barkhane est d’origine arabe, ces bédouins appellent leurs
barkhanes des ” Ghordes ”, ce mot vient du son ”Ghooor” crée par des avalanches spontanées
qui naissent sur la face d’avalanche comme ils expliquent quelques habitants de Tarfaya. Le
faite qu’ils généralisent ce mot sur toutes les barkhanes de la région signifient que probablement
toutes les dunes de la région chantent, et pourtant ils avaient raison car nous avons enregistré
des chants des dunes sur une barkhane de 8 m de haut, la seule différence entre le son des
mégadunes et celui des barkhanes et que le premier est très fort par rapport au second. Ceci peut
être expliqué par la différence de hauteurs de la face d’avalanche, sur les mégas les avalanches ont
beaucoup plus de la surface pour donner un son très fort. Concernant la vitesse de propagation
des dunes, Les bédouins pensent que les mégabarkhanes sont statique et ne bougent plus, du
coups certains pensent qu’il cachaient en dessous un village puni par Dieu.
Pour les termes utilisés pour décrire la forme des barkhanes, nous avons retenu le mot ”
Taghorfa ” utilisé pour décrire la face d’avalanche des barkhanes. Le mot arabe ”Ghorfa” qui
signifié chambre pourrait être à l’origine de cette appellation. Peut être ils ont attribué ce nom
à la face d’avalanche parcequ’ elle est le lieu où tous le sable et les objets flottants finirent par
s’accumuler grâce aux tourbillons de la zone de remous.
Table des matières
1 Introduction géomorphologique 3
1.1 Le couvert végétal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Le régime de vent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 Couverture sableuse et alimentation en sable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.4 Synthèse et conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2 Techniques de mesure 17
2.1 Forme et position . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1.1 Mesure de contour par GPS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1.2 Mesure par marquage physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.1.3 Photographies aériennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.1.4 Mesure de profils de hauteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.1.5 Forme tri-dimensionnelle d’une barkhane . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2 Mesure de vitesse du vent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3 Granulométrie et couleurs des grains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.4 Mesure de transport de sable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.4.1 Mesure de l’érosion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.4.2 Flux et flux saturé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3
4.3 Mise en évidence du caractère instable des barkhanes . . . . . . . . . . . . . . . . 100
4.3.1 Observations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
4.4 Nature des oscillations de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
4.5 Mécanismes d’instabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
4.5.1 Amplitude des ondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
4.6 Recollement de la couche limite sur une face d’avalanche secondaire . . . . . . . . 108
4.7 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
6 Conclusion 139
7 Bibliographie 143
7.1 Transport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
b c
Fig. 1 – b) et d) Les routes du Sahara Atlantique sont régulièrement barrées par des barkhanes. a)
Ensablement d’un bus à l’entrée de Tarfaya. c) Photographie d’un bâtiment abandonné pour cause d’en-
sablement.
1
a b
Fig. 2 – Pour lutter contre la propagation des barkhanes, les services concernés ont déployé différentes
techniques.a) Tentative de fixation des dunes par des feuilles de palmier dattier (Tarfaya) b) Photographie
aérienne prise en 1979 montrant un essai de fixation par dépôt de résidus d’hydrocarbures (Laayoun) c)
Déblaiement des routes à l’aide d’un bulldozer.
2
Chapitre 1
Introduction géomorphologique
La zone du Sahara Atlantique située entre Tarfaya, Laayoune et Sidi-Akhfenir (fig. 1.1)
compte parmi les plus sensibles aux risques d’ensablement au Maroc (Sekkou 2000). C’est à
cet endroit que nous avons mené nos études de terrain sur la morphodynamique dunaire. La
photographie de cette région prise par le satellite Landsat 2000 (fig 1.2.) permet de localiser les
grandes zones d’accumulation de sable. Hormis quelques petits sites espacés le long de la côte,
on observe essentiellement trois long bandeaux de quelques kilomètres de large mais pouvant
atteindre plusieurs centaines de kilomètres de long. Ces “fleuves de sable” – pour suivre l’appel-
lation poétique de Clos-Arceduc – sont tous trois orientés dans une même direction NNE-SSW.
La photographie aérienne reproduite sur la figure 1.3 montre une portion du fleuve de sable situé
Tantan plage
Tantan
O. Chbika
Sidi Akhfenir
Maroc O. Oum fatma
Tarfaya O. Elwaar
N
sebkha
dunes
Laayoun route
oued
20 Km
3
4 Morphodynamique des barkhanes
20 Km
le plus à l’Ouest, qui prend sa source à Tarfaya, passe à Laayoune après un parcours de 100 km,
avant de se perdre 200 km plus loin au milieu d’un effondrement (sebkha). Seuls 15 km sont
visibles sur la photographie, qui permettent d’observer une structuration sous forme de dunes
séparées les unes des autres, ayant une forme caractéristique de croissant. Toutes ces dunes –
des barkhanes – pointent leurs cornes dans la même direction, qui coı̈ncide avec la direction du
fleuve de sable et avec celle du vent dominant. Ce qui frappe de prime abord, c’est la structu-
ration de ce champ de dunes en “couloirs” parallèles au sein desquels la taille des dunes semble
sélectionnée. D’est en ouest (de droite à gauche sur la photo) on observe d’abord de grosses
dunes entre 100 et 150 m de large, puis de petites dunes de 50 m de large, puis un couloir sans
dunes, puis à nouveau de petites dunes. Cette organisation en couloirs au sein desquels la taille
des barkhanes est grossièrement sélectionnée persiste de manière cohérente sur une cinquantaine
de kilomètres le long du fleuve de sable. Cette structure diffère au long des 300 km du champ de
dunes, avec en particulier des changements d’organisation à chaque accident géologique (sebkha,
oued, éloignement soudain de la côte, etc). Cependant la taille des barkhanes demeure du même
ordre de grandeur tout le long.
Ces quelques observations permettent d’hors et déjà de poser les quelques questions qui
Introduction géomorphologique 5
Fig. 1.3 – Photographie aérienne du 3e fleuve de sable à quelques kilomètres au Nord de Laayoun.
serviront de point départ à cette étude. Pourquoi y-a-t’il des dunes dans cette région ? Pourquoi
est ce que ce sont des barkhanes ? D’où provient cette forme de croissant caractéristique ? Qu’est
ce qui sélectionne la taille des dunes à un endroit donné ? Comment expliquer la structuration
des champs de barkhanes en couloirs ? En guise d’introduction géomorphologique à notre sujet
et à la zone dunaire que nous avons étudiée, nous allons parcourir ces questions, résolues pour
les unes depuis plusieurs décennies, et encore ouvertes pour les autres.
La classification des différents types de dunes et en particulier la détermination des pa-
ramètres contrôlant cette morphologie a constitué une part importante de l’activité scientifique
dans ce domaine. Les géomorphologues ont mis en évidence trois paramètres principaux : la
présence ou non d’un couvert végétal, la quantité de sable localement disponible et le régime de
vent. Nous allons d’abord présenter succinctement ces travaux et examiner à leur lumière le cas
du Sahara Atlantique.
200 Tarfaya
Tantan
150
100
50
Fig. 1.4 – Précipitations enregistrées à Tantan et à Tarfaya durant la période 1948 − 1957. Ce graphe
montre que Tantan reçoit beaucoup plus de pluie que Tarfaya (A. Elhabil et A. Meilhac 1967).
fixée. Cela signifie que le transport de sable sur une dune mobile suffit à empêcher l’apparition
spontanée de plantes mais aussi que des plantes à la surface d’une dune limitent suffisamment
le transport pour empêcher l’abrasion.
Le climat constitue l’un des paramètres primordiaux pour la fixation par la végétation.
Dans cette partie du Sahara Atlantique, il est de type saharien à hiver chaud. Du fait de la proxi-
mité de la côte et des alizés maritimes qui soufflent sur cette région, le temps est généralement
frais et humide, entraı̂nant de faibles écarts thermiques. À titre d’exemple, la température noc-
turne extrême ne descend guère au-dessous de 6◦ . Cependant, ce climat doux devient de plus
en plus sec et contrasté au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’océan et que l’on pénètre vers
l’intérieur du continent. L’intérieur des terres reçoit cependant beaucoup plus de pluies que la
bordure côtière. À titre de comparaison la station de Tarfaya (fig. 1.1) située sur la côte a reçu
41 mm/an de précipitation moyenne annuelle durant la période de 1948 à 1957, alors que la
station de Tantan située à une vingtaine de kilomètres de la côte a enregistré durant la même
période une moyenne annuelle de 96 mm/an (fig. 1.4). Les quelques pluies tombent en général
sous forme d’averses (fig. 1.5). La région est également caractérisée par une forte nébulosité ainsi
que par une forte humidité sur la côte (50 à 80% le matin) qui conduit à de fréquents brouillards
matinaux se dissipant en milieu de journée (fig. 1.6). Ces conditions climatiques permettent à
une végétation de steppe, constituée par définition de plantules, de se développer. Le cortège
floristique de cette région est constitué entre autres de Traganopsis glomeratae, Euphorbielum
echini, Salsola siebiri, Salsola tetragona, Salsola foetida, Salsola vermiculata, Sueda ifniensis,
Teucrium chardonianum, Zygophylum geatulum, etc. (Murat 1949 ; Mathez & Sauvage 1975 ;
Quezel 1965 ; Chaubert et al. 1966 ; Plétier & Msanda 1995). Le régime d’alizés maritimes se
traduit par la présence des plantes caractéristiques de la région (steppe endémique) compre-
nant des euphorbes cactoı̈des et arborescentes. Du point de vue de la phytogéographie, celles-ci
délimitent au Maroc “l’enclave macaronésienne marocaine” qui s’étend de Safi au Nord jus-
qu’à Tarfaya au Sud (Emberger 1955 ; Quezel 1978). Au final, la très rare végétation arbustive
et ligneuse ne permet pas de fixer les dunes. Les quelques essais infructueux de plantation de
Introduction géomorphologique 7
a b
Fig. 1.5 – a) En octobre 2003, les averses ont été à l’origine de nombreuses mares aux alentours des
barkhanes (ici à Sidi Akhfenir). b) Ces mares donnent naissance en séchant à des sables mouvants.
Fig. 1.6 – Photographie de la côte. Souvent la matinée est marquée par des brumes tout au long des
falaises.
Fig. 1.7 – Photographie d’une nebkha typique des couloirs des dunes, la distance entre les deux bouées
est de 50 cm.
8 Morphodynamique des barkhanes
Transverse Barkhane
Fig. 1.8 – Les différents types de dunes en fonction de la variabilité de la direction du vent.
Tamarix semblent indiquer que la région se situe bien au-delà du seuil de vent pour lequel la
végétation s’auto-entretient. Par contre ce type de végétation permet l’accumulation de sable
dans son sillage, donnant naissance à des “nebkhas” (fig. 1.7) qui ne dépassent pas la trentaine
de centimètres de haut. En deux endroits, sur la plage de Mégrio à une dizaine de kilomètres au
Nord-Est de Laayoun et dans la sebkha de Khnifis, on trouve des “dunes buissons” de plus de
1 m de haut qui naissent entre les racines des Tamarix.
a
d
2 km
c
10 m
10 km
12 m
Fig. 1.9 – Différents types de dunes : a) une barkhane, b) et c) dunes transverses, d) dunes étoiles.
b 15 m
a
2 km
Fig. 1.10 – Réseau de dunes en étoiles de Merzoga au Sud-Est marocain a) photo satellite, b) photo
terrestre.
10 Morphodynamique des barkhanes
a b
Fig. 1.11 – a) Lorsque l’anticyclone des Açores se trouve aux latitudes moyennes il donne naissance à
des alizés de direction NNE. b) Carte des vents typique en période d’Alizés.
toute l’année, ce régime de vent est subdivisé à son tour en deux catégories : unimodal
étroit si la distribution de direction du vent ne dépasse pas 45◦ de large et unimodal large
si cette distribution est plus large que 45◦
2. bimodal (0.2 < RDP/DP < 0.62) : la distribution de vent sur l’année comprend deux
modes. Ce régime est aussi à son tour divisés en deux : bimodal aigu si l’angle entre les
deux modes est inférieur à 90◦ et bimodal obtus si cet angle est supérieur à 90◦
3. complexe (RDP/DP < 0.2) : le régime de vent laisse apparaitre plus de deux modes.
L’indice de directionalité mesuré au Sahara Atlantique vaut entre 0.87 et 0.91 selon les données
utilisées. Cela indique l’un des régimes de vents les plus constants du monde. À titre d’exemple
citons d’autres champs de barkhanes célèbres : Walis Bay en Namibie (0.87), Chimbote au Pérou
( 0.91), Bulgan en Mongolie ( 0.92) et Aranau au Brésil (0.97).
(m2/an)
50 N
25
Fig. 1.12 – Rose des transports de la région de Tarfaya calculée à partir d’enregistrements
météorologiques (1999).
Introduction géomorphologique 11
a
c
b d
Fig. 1.13 – Différents types de falaises : a) les falaises abruptes constituent une barrière qui empêche
la montée du sable vers le continent, b) et d) les vagues érodent les falaises abruptes et contribuent à
leur dégradation. c) photographie d’une falaise morte où une faible quantité de sable peut rejoindre le
continent.
Fig. 1.14 – À côté du village de Sidi Akhfenir se trouve un trou sur la falaise qui montre le caractère
pseudo-carstique de la dalle calcaire.
12 Morphodynamique des barkhanes
Fig. 1.15 – Pendant les crues, les oueds apportent des sédiments terrigènes à l’océan, qui se manifestent
par la formation d’une bande brunâtre de quelques centaines de mètres le long de la côte.
teau, et vient ré-alimenter le troisième fleuve du sable. En particulier, Oulehri a montré cette
alimentation au cours de sa thèse en se basant sur le suivi des minéraux lourds (amphibole et
épidote).
Si le sable constituant les dunes provient directement de l’océan Atlantique, il est intéressant
de suivre en amont l’origine de ce sable marin. Nous avons évoqué précédemment les averses
violentes mais rares de la région. Après l’une de ces averses, nous avons remarqué la présence
d’une bande brunâtre tout au long de l’océan Atlantique allant de Tantan plage jusqu’à Tarfaya.
Cette bande peut atteindre un kilomètre de large lors des grandes crues (Fig. 1.15). Elle montre
à la fois l’apport de sédiments terrigènes par les oueds et leur transport par de forts courants
parallèles à la côte. Ces courants sont induits par les vagues dans la zone de faible profondeur,
les vagues étant elles mêmes excitées par le vent. La Seguia Elhamra apporte à elle seule 200000
tonnes de sédiments par an, tandis que les autres oueds situés au Nord de Tarfaya en apportent
540000 tonnes par an dont 10 % de sable (Charouf 1989). Ces sédiments terrigènes constituent
une première source de sable marin. Ce transport se charge également par l’érosion des falaises
calcaires par les vagues. La seconde source possible est locale : la dalle calcaire affleurant entre les
dunes est elle-même érodée par l’impact des grains de sable transportés par le vent. (fig. 1.16).
En résumé, le Sahara Atlantique se caractérise donc par un vent unidirectionnel, un plateau
calcaire dur et des apports localisés de sable océanique. Il n’est donc pas étonnant que les bar-
khanes soient les dunes les plus représentées, en particulier au sein des trois fleuves de sable de
la région . Dans les embouchures des oueds, la quantité de sable mobilisable est tellement grande
que les barkhanes couvrent presque toute la surface et commencent à se toucher par les cornes
(fig. 1.17, 1.18 (b)). Aux endroits où la couverture sableuse est encore plus grande, les barkhanes
disparaissent, laissant la place à des dunes transverses comme à Foum Agoutir (fig. 1.18 (c)).
Un dernier type de dunes est représenté dans la région, les méga-barkhanes (fig.1.19, 1.20).
Ces dunes de grande dimension (650 m de large et 40 m de haut) par rapport aux barkhanes
se trouvent à une dizaine de kilomètres au Sud-est du village de Sidi Akhfinir. Du point de
vue des mécanismes dynamiques, rien ne les distingue des autres barkhanes. Du point de vue
géomorphologique, leur origine et leur mode de formation est totalement énigmatique à ce jour.
Le plateau calcaire est interrompu dans certains endroits par des oueds et d’immenses lacs
secs (sebkhas). En particulier, la sebkha de Tah est connue pour être le point le plus bas du
Maroc. De manière surprenante, les barkhanes peuvent descendre et escalader les falaises de ces
obstacles, mais ce passage laisse des traces sur les fleuves de sables. Par d’exemple le passage du
troisième fleuve de sable par l’oued Seguia Elhamra en dévie la trajectoire de plusieurs kilomètres
Fig. 1.16 – L’usure produite par l’impact de grains de sable sur la dalle calcaire produit des stries de
corrosion qui indiquent la direction dominante du vent.
14 Morphodynamique des barkhanes
Fig. 1.17 – Les embouchures des oueds de la région se caractérisent par la présence de cordons dunaires
tout au long de l’année. a) Photographie de l’oued Oum fatma, b) photo de l’oued Chbika.
a b
Fig. 1.18 – Photographie de barkhanes qui coalescent en dunes transverses au pied d’une falaise (a) et
dans l’embouchure de l’oued à Chbika (b). c) Dunes transverses de Foum Agoutir.
Introduction géomorphologique 15
Fig. 1.19 – Les mégabarkhanes sont des grandes dunes en croissant qui ne se distinguent des barkhanes
que par leur taille exceptionnelle (∼ 40 m de haut et d∼ 650 m de large dans le cas des mégabarkhanes
de Sidi-Akhfenir) et par leur mode de formation totalement inconnu.
(fig. 1.21). De la même manière, les barkhanes du deuxième fleuve de sable traverse la sebkha
de Tizfourine avant de disparaı̂tre au fond de la sebkha de Tah (fig. 1.21).
250m
b c
Fig. 1.21 – a) Franchissement des falaises de l’oued Seguia Elhamra par les dunes. b) Photographie de
l’extrémité du deuxième fleuve de sable, au fond de la sebkha de Tah. c) Photographies de dunes en train
d’escalader une falaise.
de ces fleuve est relativement bien sélectionnée et relativement homogène. La question de départ
de notre travail de thèse, ouverte à ce jour, est donc la suivante. Qu’est-ce qui sélectionne la taille
des dunes à un endroit donné ? Comment s’organise un champ de dunes ? Comment expliquer
la structuration en couloirs ?
Chapitre 2
Techniques de mesure
17
18 Morphodynamique des barkhanes
a
4m b 4m c 4m
0 20 80
x (m)
40 60 100 120 140
0
1er clou
-10
2 ème clou
-20
3ème clou
-30
position des clous par GPS
position par mesure de distance
-40
et d'angle des clous
y (m)
4ème clou
-60 N 10 m
5ème clou
Fig. 2.1 – Marquage GPS d’un même clou cimenté dans la dalle calcaire, à plusieurs dates entre No-
vembre 2002 et Avril 2004. a) 4 mesures d’un premier clou. b) 4 mesures d’un second clou. c) 6 mesures
d’un troisième clou. On note l’effet de la discrétisation de la mesure et l’incertitude sur les mesures, de
quelques mètres. d) Superposition de cinq clous servant à mesurer physiquement la vitesse des barkhanes.
Nous avons identifié les positions GPS des clous extrêmes à leur positions calculés à partir de l’angle et
la distance entre eux. Nous remarquons que la marge d’erreurs sur les autres ne dépasse pas 4 m.
6m
Fig. 2.2 – Superposition d’une portion de photographie aérienne montrant la falaise de la sebkha de
Tah avec deux détourages effectués le 15 octobre 2003 (violet) et 4 avril 2003 (bleu). Le calage de la
photographie a été fait à partir de l’ensemble des contours GPS, indépendamment de la date. L’écart
entre les contours et la falaise est de moins de 5 m – bien que l’un ait été déterminé pendant la période
de la guerre en Irak.
5m
25m 10m
30 m 25 m
Fig. 2.4 – Gauche : le contour GPS d’une barkhane se superpose au mètre près à sa photographie, prise
depuis un cerf-volant. Droite : superposition d’une photographie aérienne de barkhane et du contour GPS
effectué 4 jours après.
de vieilles photographies aériennes. Par exemple, entre 1975, date de la première photographie
aérienne, et 2004 année de marquage par GPS, une grande dune se déplace typiquement de
700 m ce qui donne une précision relative de l’ordre du pourcent.
qui est le standard des appareils Leica Geosystems de prise de vue aérienne. Il est en général fait
mention du nom de l’objectif utilisé qui correspond à de vieux objectifs Leica : SAg 92 de focale
88, 5 mm, SAg II de focale 88, 82 mm, etc (fig. 2.5). Selon les cas, la photographie mentionne
soit la date exacte et l’heure, soit l’année seulement. Dans ce dernier cas, nous avons estimé le
mois à partir de l’inclinaison du soleil et des caractéristiques des dunes visibles. Dans la plupart
des cas, l’altimètre de l’avion est visible et l’échelle mentionnée mais nous ne les avons utilisés
qu’à des fins de vérifications – ils se sont avérés peu précis.
Nous avons numérisé les photographies aériennes à l’aide d’un scanner à plat 2400 dpi.
Toutes les photographies ont été scannées à la résolution de 1 m/pixel sauf la série à l’échelle
1/20000, scannée à 25 cm/pixel. Par comparaison, les images satellites gratuites ont au mieux
une résolution de 15 m/pixel (il en existe à 1 m/pixel, mais à des prix prohibitifs) (fig. 2.6).
Ces contraintes de coût et de résolution nous ont amené à réfléchir à d’autres techniques
d’observation et d’acquisition de données. Nous avons ainsi mis au point un système de prise
de vue par cerf-volant. Le modèle de cerf-volant utilisé, de plusieurs mètres d’envergure, a été
choisi pour sa grande stabilité, sa capacité à décoller par faible vent avec une charge de plusieurs
kilogrammes. L’appareil photographique numérique Leica n’ayant pas de déclencheur électrique,
nous avons conçu une griffe radio-commandée permettant le déclenchement à distance. Le cerf-
volant a été utilisé jusqu’à des hauteurs de l’ordre de 100 m. Cela permet, compte tenu de
l’ouverture angulaire de l’appareil photographique, de couvrir un champ de 100 m de large
typiquement, avec une excellente résolution (10 cm/pixel). Si la couverture totale d’un grand
champ des dunes n’est guère possible, nous avons pu, par montage en mosaı̈que de différentes
photographies, obtenir des photographies présentant plusieurs dunes. Toutefois, la photographie
inclinaison altitude
de l'avion heure date de l'avion de la photo
Fig. 2.5 – Hormis les photographies aériennes de laâyoun prises en 1976 sur lesquelles apparaissent
presque tous les paramètres de la prise de la photographie (en-tête en haut), seuls quelques paramètres
sont marqués (en-tête en bas).
22 Morphodynamique des barkhanes
Fig. 2.6 – Depuis désormais une trentaine d’années, les satellites d’observation permettent une cou-
verture exhaustive de la Terre. Il est donc possible d’acquérir des images satellite des régions du monde
où il n’existe pas de couverture photographique aérienne récente. La résolution des images disponibles
gratuitement est encore insuffisante pour pouvoir les utiliser pour le suivi des dunes (photographie à
gauche) ; par comparaison la photographie aérienne de la même région (à droite) offre un luxe de détails.
par cerf-volant reste essentiellement dédiée à l’étude des formes des dunes, mais peu à leur
dynamique.
Le paramètre caractérisant la résolution de la prise de vue – que ce soit une image
numérique ou la digitalisation d’un tirage argentique – est la focale f de l’appareil photo, ex-
primée en pixels. Pour une prise de vue plongeante depuis une hauteur H, l’échelle (le nombre
de pixels par mètres) vaut f /H. A contrario, connaissant la distance entre deux points visibles
sur l’image et la focale, on peut déterminer H. En plus de la distance H entre le centre optique
et le centre de la photographie2 , trois angles sont nécessaires pour déterminer la position de
l’appareil photo : les angles θ et ν repèrent la position par rapport au repère centré sur le point
de visée est ϕ l’angle de l’appareil photo autour de la ligne de visée (fig. 2.7). Pour un repérage
absolu, il convient d’ajouter les coordonnées GPS du point de visée. Il y a donc globalement
six paramètres pour caractériser une prise de vue. Il faut donc avoir dans l’image trois points
2
Quatre croix aux coins des photographies permettent d’en repérer le centre.
z
ϕ
y
ν
Fig. 2.7 – Schéma montrant les différents angles définissant la position l’appareil photo.
Techniques de mesure 23
a
d
e f
Fig. 2.8 – Exemple de couplage photographie aérienne-GPS. a) Superposition des contours GPS sur la
photographie aérienne des mégabarkhanes prise en 1975. Les carrés rouges représentent les points que
nous avons fixés pour la superposition et représenté par les photographies b), c) et d). Les cercles rouges
représentent des tests pour l’incertitude (photographies e) et f)) de superposition.b) falaise juste derrière
la première mégabarkhane, c) des falaises à côté de la route, d) des falaises de la hamada, e) une falaise
à côté des mégabarkhanes f) virage de la route.
particuliers (points géodésiques, falaises, virages de routes, phares des ports, marabouts . . .etc)
dont on puisse connaı̂tre les deux coordonnées (par marquage GPS par exemple). On ajuste alors
les six paramètres pour que les six coordonnées décrivant cet ensemble de points coı̈ncident avec
celles mesurées. S’il est relativement aisé de fixer grossièrement l’échelle et donc l’altitude de
la prise de vue avec deux points rapprochés, fixer finement les valeurs de tous les paramètres
demande des points de références les plus éloignés possibles les uns des autres. Quand cela était
possible nous avons utilisé beaucoup plus que trois points de calage, voire des lignes entières.
L’incertitude liée au calage des photographies aériennes par rapport au GPS est illustrée sur
la figure 2.8. On y voit superposés une photographie aérienne de 1975 et plusieurs contours
GPS. Les trois points de superposition (fig. 2.8 (b, c et d) sont éloignés les uns des autres mais
encadre la mégabarkhane que nous avons étudiée à l’aide de cette photographie. Une fois ces
24 Morphodynamique des barkhanes
Fig. 2.9 – Photographie montrant le dispositif de mesure sur une coupe longitudinale.
points fixés, nous constatons que le marquage GPS de la falaise représenté sur la figure 2.8 (e)
est parfaitement superposé à sa photographie ; le virage de la route (fig. 2.8 (f) est, lui, décalé
d’une dizaine de mètres. En précision relative, sur de petites distances, on obtient donc une
résolution de l’ordre du mètre (par exemple sur la mesure de la largeur d’une dune). En absolu,
la précision dépend légèrement de la distance aux points de calage et n’excède pas 10 m.
p1
z1
δs δz
p0
z0
x0 δx x1
Fig. 2.10 – A partir des pentes p0 et p1 mesurées respectivement au premier et second piquet, et de la
mesure de distance curviligne δs, on estime les incréments de hauteur δz et de longueur δx.
Techniques de mesure 25
piquets
Fig. 2.11 – Détermination des profils de hauteur. On procède à des mesures relatives de hauteur par
des mesures de pentes et de distance curviligne. On en déduit le profil par sommation des incréments de
hauteur δz et de longueur δx. Par convention, on prend la référence de hauteur z = 0 au premier piquet.
z ( m)
1.6 19/07/2003
1.4 22/07/2003
Hauteur en (m )
1.2 24/07/2003
1.0
0.8
0.6
0.4
0.2
0.0
0 5 10 15 20 25
Longueur en (m) x (m)
Fig. 2.12 – Trois profils d’une même dune déterminés à partir de trois mesures de pente successives. Bien
qu’effectuées à quelques jours d’intervalle sur une dune ayant peu évolué, ces trois mesures conduisent à
une différence de hauteur de l’ordre de 60 cm, due à l’intégration du bruit de mesure.
26 Morphodynamique des barkhanes
z (m)
0.8 test 4
test 3
0.6
test 2
test 1
0.4
0.2
0.0
0 2 4 6 8 10 12 14 x (m)
Fig. 2.13 – Quatre profils d’une même dune (la plus petite de notre champ d’étude) déterminés à partir
de quatre mesures de pente successives. Les profils ne diffèrent que par quelques centimètres en hauteur.
sur une période qui peut aller de 15 jours pour une petite barkhane à 1 mois pour une grosse
par une simple mesure d’érosion sur chaque piquet. La plupart des profils ont été mesurés selon
deux axes orthogonaux : d’une part, selon l’axe longitudinal de la barkhane (selon la direction
du vent dominant), du pied de la dune jusqu’à la face d’avalanche ; d’autre part, selon un axe
transversal reliant les deux cornes. On s’arrange dans ce cas pour que les deux séries de mesure
aient un piquet en commun qui permet de les relier. Dans d’autres situations, nous avons mesuré
trois profils longitudinaux, l’un sur le dos et les deux autres sur les cornes.
Pour déterminer le profil de hauteur, on convertit les mesures de pente p et de longueur
entre piquets δs en distance horizontale δx et verticale δz :
1 p
δx = p δs δz = p δs (2.1)
1 + p2 1 + p2
où p est l’estimation de la pente entre les deux piquets, calculée comme la moyenne des pentes
mesurées au niveau de ces piquets. Enfin, on obtient les coordonnées x et z de chaque point par
sommation à partir du sol (z = 0) des incréments δx et δz (fig. 2.10, 2.11). Du fait du déplacement
de la barkhane, il est nécessaire de rajouter de nouveaux piquets sur l’axe longitudinal, au fur
et à mesure de l’avancée de la face d’avalanche. Cela nous a conduit à re-mesurer le profil de la
dune (pente et distance) après quelques jours seulement. Ce même profil peut aussi se déduire
du profil initial via les mesures d’érosion. Il arrive fréquemment que ces deux déterminations du
même profil ne coı̈ncident pas. La figure 2.12 montre par exemple des profils d’une même dune
présentant des différences de plusieurs dizaines de centimètres. D’où proviennent ces différences
de hauteur entre des profils sensés se superposer ? Comment corriger ces erreurs ?
Pour tester la fiabilité de nos mesures, nous avons mesuré quatre fois le profil de la plus
petite dune de notre champ d’expérience. Cette mesure a été faite par temps calme, sans trans-
port de sable, de sorte que la dune n’a pas évolué entre les mesures. La figure 2.13 montre que
les mesures de pente présentent un bruit qui provoque une dérive du profil de hauteur, au fil de
l’intégration. L’erreur cumulée, visible à la crête, est cependant beaucoup moins importante que
dans d’autre cas, par exemple sur la figure 2.12. Nous avons constaté que pratiquement toutes les
barkhanes du Sud-Ouest marocain présentent à leurs pieds une zone de méga-rides constituées
de grains plus grossiers, ainsi que des nebkas. Cela conduit à un bruit assez important sur les
mesures de pente, qui se répercutent directement sur les profils de hauteur. Nous avons essayé
de minimiser cet effet en choisissant la position de la ligne de coupe, voire en arasant les reliefs
à l’arrière de la dune avant chaque mesure.
D’autre part, on peut effectuer une correction du profil si l’on connaı̂t précisément une
donnée intégrale. Par exemple, on peut utiliser la mesure de la longueur de la face d’ava-
Techniques de mesure 27
lanche pour en déduire la hauteur z du piquet situé à la crête. Dès lors, tous les profils
doivent partir d’une hauteur nulle au premier piquet et se terminer à la même hauteur, cal-
culée indépendamment. On peut facilement montrer qu’au sens des moindres carrés, chaque
incrément δz doit être corrigé d’une quantité égale, qui est donc l’erreur totale commise sur la
hauteur de la crête divisée par le nombre d’intervalles. La figure 2.14 montre simultanément
le profil non corrigé, la hauteur réelle de la face d’avalanche et le profil corrigé par la donnée
intégrale.
z (m)
10
avant la correction
0
a 0 20 40 60 80 y (m)
z (m)
5
avant la correction
0
b 0 10 20 30 40 50
x (m)
Fig. 2.14 – a) Profil transversal d’une barkhane avant et après correction. b) Profil du dos d’une barkhane
avant et après correction en utilisant la hauteur de la face d’avalanche.
28 Morphodynamique des barkhanes
Fig. 2.15 – Maillage d’une barkhane par des balles de ping-pong. Gauche : photographie prise du cerf-
volant. Droite : photographie prise à hauteur d’homme, utilisée pour la reconstruction tri-dimensionnelle.
raissant unie dès que le soleil est au dessus de l’horizon, nous avons ajouté des points de repère
sur la dune. Pour cela, nous avons fait un maillage très fin avec des balles de ping-pong fluores-
centes (fig. 2.15). Nous avons ensuite photographié la dune sous toutes les coutures. Les prises
de vue ont été faites à partir de points répartis sur un cercle entourant la dune (fig. 2.16) – en
général, nous avons utilisé 36 photographies, soit une rotation de 10 ◦ entre chaque photogra-
phie. Pour recaler chaque photographie, nous avons mis en place un repère matérialisé par quatre
bouées (une centrale plus une sur chaque axe). Chaque photographie est pointée vers le centre
du repère, i.e. celui-ci est grossièrement sur l’axe optique de l’appareil et nous avons mesuré
systématiquement la distance du point de prise de vue par rapport au repère ainsi que l’angle
el
cerc
position photo
n du
rayo
Fig. 2.16 – Schéma montrant la disposition des points de prise de vue (carrés) et des bouées matérialisant
le repère de référence (ronds) lors de la reconstitution en trois dimensions d’une barkhane.
Techniques de mesure 29
u(z=1.6 m) (m/s)
12
10
0
0 2 4 6 8 10
u(z=0.2 m) (m/s)
Fig. 2.17 – La vitesse du vent au sommet du mat uz=1.6 est proportionnelle à celle du bas uz=0.2 . À
partir de ce graphe, nous en déduisons la rugosité z0 ≃ 16 µm.
par rapport au Nord. Cela permet ainsi d’avoir une idée relativement précise de la position de
l’appareil par rapport au repère choisi.
Dans un deuxième temps, on utilise toutes les photographies sur lesquelles une même balle
est visible pour trouver la position tri-dimensionnelle de celle-ci. A partir d’une image, on peut
dire de la balle qu’elle est sur une droite – celle joignant le centre optique au pixel de la caméra
CCD correspondant au centre de la balle. A partir de n images, on peut donc dire que la balle
appartient à n droites dont on connaı̂t les équations. En pratique, il est évident que ces droites
ne se croisent pas strictement. On considère donc que la balle est à l’endroit de l’espace qui
minimise la somme du carré des distances aux n droites. La redondance apportée par le fait
de prendre la dune en photographie sous toutes les coutures donne donc un gain de précision
remarquable.
Dans un troisième temps, une fois l’ensemble des balles de ping-pong positionnées dans
l’espace, on affine les positions des prises de vues, caractérisées comme pour les vues aériennes
par six paramètres : les trois coordonnées du centre optique et les trois angles θ, ϕ et ν donnant
l’orientation de l’appareil. Pour ce faire, on minimise la somme sur tous les points visibles sur
une photographie du carré de la distances entre la droite et la balle. On réajuste alors la position
3D des balles, et ainsi de suite jusqu’à convergence.
Le grand nombre des balles utilisées – typiquement 200 – conduit à des erreurs de recon-
naissance fréquente. Les problèmes se détectent alors en contrôlant les distances entre balles et
droites. De plus, la forme obtenue à la fin n’est extrêmement lisse que si des balles différentes
n’ont pas été malencontreusement associées sur différentes images. Nous avons donc pris soin,
après quelques essais, de ponctuer le maillage par des balles de couleur différente, reconnais-
sables.
bales visant à caractériser le vent soufflant sur le champ de dune sur de grandes échelles de temps
et des mesures locales pour caractériser l’écoulement autour d’une dune et ses recirculations.
Première difficulté, même sur terrain plat, la vitesse du vent n’est pas uniforme mais croit
logarithmiquement avec la hauteur z. Cela provient du fait que c’est la contrainte de cisaillement
τ = ρair u2∗ qui se conserve au travers de la couche limite atmosphérique. En introduisant une
longueur de mélange proportionnelle à la distance au sol, on peut mettre la contrainte turbulente
sous la forme classique :
∂u 2
τ = ρair Kz (2.2)
∂z
où ρair = 1, 2 kg/m3 est la masse volumique de l’air, et K ≃ 0.4 est la constante de Von Kàrmàn.
En intégrant l’équation 2.2 pour une contrainte constante, on retrouve le profil logarithmique
attendu,
u∗ z
u(z) = ln , (2.3)
K z0
p
caractérisé par la vitesse de cisaillement u∗ = τ /ρair et par la rugosité z0 (fig.2.17) . De nom-
breuses études de terrain se sont heurtées aux deux mêmes difficultés. Idéalement, on souhaiterait
pouvoir mesurer une vitesse de cisaillement et une rugosité instantanées. Comme il est difficile
de mesurer la contrainte basale, on la mesure d’ordinaire indirectement, via les fluctuations de
vitesses ou en ajustant le profil de vitesse verticale. Cela n’est valide que sur des temps longs
(la dizaine de minutes pour la turbulence atmosphérique) et ne peut en aucun cas donner des
valeurs instantanées pertinantes. Deuxième difficulté, l’écoulement autour de la dune n’est plus
une couche limite homogène de sorte que le profil de vitesse n’est plus logarithmique. La vitesse
du vent à une hauteur z reflète typiquement les perturbations à l’échelle z. Il est donc illusoire
sur une dune de 3 m de haut de vouloir mesurer la contrainte basale à partir de capteurs situés
à 1 m et 5 m de haut par exemple.
Pour caractériser globalement les variations de vent sur la région, nous avons installé sur
le phare du port de Tarfaya, à 3 km du site expérimental, un mât muni d’une girouette et
d’un anémomètre à coupelles. L’acquisition se fait sur une centrale de type ”Starlogger”, dont
la capacité en mémoire permet d’enregistrer trois mois de données (minimum, maximum et
moyenne de la direction et de la vitesse du vent toutes les 15 minutes (fig. 2.18 (c), 2.19). Ce
mât est surélevé de 10 m par rapport à la surface du sol. L’intérêt de ces mesures vient d’une part
de ce qu’elles correspondent aux périodes pendant lesquelles nous avons effectué nos relevés de
terrain, et d’autre part de la fréquence d’acquisition élevée par rapport à la norme (96 mesures
par jour). Cela nous a permis d’étudier finement la variabilité régulière sur 24 h mais aussi la
structure des événements violents (tempêtes). Nous avons pu accéder aux données d’une autre
station météorologique, installée par le Centre de Développement des Énergies Renouvelables
(CDER) à 500 m de notre champ d’étude. Cette station est constituée de trois anémomètres
placés à 10 m, 20 m et 40 m du sol et d’une girouette qui permet de mesurer la direction du
vent. Les minima, maxima et moyennes de ces données sont enregistrées chaque heure (fig. 2.20)
(24 mesures par jour). Nous avons pu obtenir les données de l’année 1999 ainsi que celles des
huit premiers mois de l’année 2000.
Pour les mesures locales de vent, nous avons utilisé simultanément deux dispositifs. Le
premier sert de référence et comporte deux anémomètres à coupelles situés respectivement à
zB = 0.12 m et zH = 1.62 m du sol (fig. 2.18 (d et e).Le second, plus maniable, comporte un
anémomètre et une girouette à 20 cm du sol (fig. 2.18 (a). Ces anémomètres sont de marque
”Scientific Campbell”. Ils sont reliés à de petites centrales portables d’acquisition de marque
”Almemo”. La figure 2.17 montre que les fluctuations de vitesse sont extrêmement cohérentes
entre le haut et le bas du mât. La pente de la courbe vaut ln zH /z0 / ln zB /z0 ce qui permet
d’extraire la rugosité aérodynamique z0 .
Techniques de mesure 31
a b c
d e f g
Fig. 2.18 – a) Montage utilisé pour mesurer la vitesse du vent et la direction à 20 cm du sol, au sortir
de la couche de saltation. b) Dans le travail quotidien de suivi dunaire, notamment après chaque mesure
d’érosion et de profil de hauteur, nous avons mesuré la vitesse du vent au sommet de la barkhane en
utilisant un anémomètre à moulinet portable. c) Photographie de la station anémométrique installée sur
le phare du port de Tarfaya, à 10 m d’altitude. d) et e) Mâts utilisés pour mesurer la vitesse de vent de
référence de manière à compenser les dérives temporelles lors de mesures spatiales. f) Mât muni de quatre
anémomètres à coupelles pour mesurer le profil logarithmique de vitesse. g) Mât utilisé pour mesurer le
profil de vitesse du vent selon une coupe transversale du champ de dunes.
u(m/s)
8
u(max)
u(m)
u(min)
6
0
0:00 6:00 12:00 18:00 0:00
4/07/03 t 5/07/03
Fig. 2.19 – Exemple d’un enregistrement de la vitesse du vent de notre mini-station éolienne. Les
mesures sont très fines (96 enregistrement par jour ). Les résultats sont exprimées en vitesse maximale
umax , vitesse moyenne um et vitesse minimale umin .
um (m/s) 40 m
10
20 m
10 m
9
Fig. 2.20 – Exemple d’enregistrement de la vitesse du vent de la station éolienne du CDER. Sur chaque
anémomètre sont effectués 24 enregistrements par jour de la vitesse maximale umax , de la vitesse moyenne
um et de la vitesse minimale umin . Chaque anémomètre est à une altitude différente des autres.
Techniques de mesure 33
dir (°)
340
330
320
310
300
Fig. 2.21 – Évolution de la direction du vent au cours du temps. Les fluctuations sont typiquement de
40 ◦
en moins de 10 min.
seulement au Sud-Ouest sont de couleur rouge ocre. Cette différence de couleur est confirmée
par les photographies de grains prises à la loupe binoculaire (fig. 2.22). On peut observer la
présence d’éclats de rouille à la surface des grains, qui s’explique par la présence permanente
d’eau au cœur des dunes. On peut comprendre que ces dépôts de rouille soient d’autant plus
importants que les grains sont restés longtemps au sein de la dune. En effet, les chocs subis par
les grains pendant les moments où ils sont en saltation vraisemblablement érode et polit leur
surface.
Nous avons également constaté la présence sur le dos des mégabarkhanes de grains de
couleur noire que l’ont retrouve en grande quantité sur la plage à cinq kilomètres en amont. En
examinant ces grains noirs nous avons constaté qu’ils sont attirés par un aimant permanent, ce
qui est symptomatique d’un matériel ferreux. Ces grains ont la particularité d’être plus denses
que le quartz : 5046 kg/m3 en comparaison à 2650 kg/m3 . Ils sont également plus petits que
Fig. 2.22 – Comparaison entre les grains du couloir des barkhanes à quelques kilomètres avant Laâyoun
(à gauche) et les grains de la mégabarkhane (à droite), nous remarquons qu’il y a moins de grains rouge
orange dans les grains du couloir des dunes que dans l’échantillon de la mégabarkhane.
34 Morphodynamique des barkhanes
Pourcentage (%)
100
80
60
40
Dunes de Foum Agoutir
20 Barkhanes de Tarfaya
Les mégabarkhnanes
0
200 400 600 800 d (µm)
les grains de sable : leur diamètre est compris entre 80 et 100 µm. Cela suggère une même
capacité à s’envoler, la taille compensant la densité. En effet, le calcul montre que la vitesse
seuil d’entraı̂nement des grains de magnétite de 90 µm de diamètre est de l’ordre de 4.5 m/s
alors que pour les grains de quartz de 180 µm elle est de l’ordre de 4.6 m/s.
Nous avons mesuré le taux de calcaire sur des échantillons provenant des mégabarkhanes
et des petites barkhanes mobiles d’Agoutir. Nous avons trouvé un taux de 38 % pour le sable
d’Agoutir et 21 % pour le sable des mégabarkhanes. Autre piste intéressante, les mégabarkhanes
se situent à la sortie d’un chott3 dont les sédiments alimentent également la mégadune en limons
rouge-orangés. Cela se traduit sur les analyses granulométrique (fig. 2.23, 2.24) par un taux de
fraction fine (diamètre inférieur à 50 µm) plus important sur les mégabarkhanes que sur les
barkhanes de Foum Agoutir.
P (d)
-2
10
-3
10
-4
10
-5
10
10-3
10
-4
101
-5
10
0.1
-3
10
-4
10
-5
10
Fig. 2.24 – Distribution granulométriques pour a) l’Oued Chbika, b) Tarfaya, c) les mégabarkhanes. Ces
courbes montrent un pic bien marqué correspondant à une taille de grain particulière. Les mégabarkhanes
ont des grains légèrement plus fins (pic à 160 µm) que les autres dunes de la région (180 µm).
grains quittant une surface unité par unité de temps. À nouveau cette masse peut être convertie
en volume via la masse volumique du lit de sable. Les unités de φ sont des m3 par m2 et par
an, c’est-à-dire des m/an. Autrement dit, φ est homogène à une vitesse et q à un coefficient
de diffusion. Si tous les grains ont la même trajectoire de longueur l, on peut voir d’après la
figure 2.25 que q et φ suivent en régime stationnaire la relation :
q = φl (2.5)
36 Morphodynamique des barkhanes
Fig. 2.25 – Le flux q est le volume de sable qui traverse une section verticale de largeur unité par unité
de temps. Pour des grains de sable dont le trajet typique est un saut de longueur l, le volume φ des grains
qui decollent d’une surface unité par unité de temps est égal à q/l.
On voit donc que φ s’interprète comme un taux d’érosion – à ne pas confondre avec ∂t h qui est
le taux d’érosion effectif faisant le bilan de l’érosion et de la déposition de grains.
u(z)
Zsal
lsal
Fig. 2.27 – Profil d’un grain en saltation. La trajectoire est asymétrique, ainsi la longueur de saltation
lsal est 12 à 15 fois sa hauteur Zsal .
du bas du dos de la barkhane, alors qu’elle est très forte juste avant la face d’avalanche. Nous
avons alors choisi des piquets de 50 cm de haut pour le bas du dos et d’autres de l’ordre de 1 m
pour ceux justes avant de la face d’avalanche.
Fig. 2.28 – Le seuil d’entraı̂nement par le vent est traduit par l’augmentation de la différence de pression
entre le haut et le bas du grain. Plus la vitesse du vent est grande, plus cette différence de pression est
grande.
a été déterminé de nombreuses fois. Nous nous sommes basés sur les très belles mesures de
Rasmussen et al. (1996), qui donne un Shields critique Θth de 0.01. La vitesse seuil s’en déduit
par la relation :
ρsable
r
uth = Θth gd (2.8)
ρair
Pour la taille de grains à laquelle nous avons affaire, d = 180 µm, la vitesse de cisaillement
seuil vaut approximativement uth ≃ 0.2 m/s. Cela correspond, à la hauteur à laquelle notre
anémomètre est positionné (13 cm du sol), à une vitesse seuil de 4.5 m/s, valeur seuil effecti-
vement observée. Sur ces mêmes mesures, le flux q peut être ajusté à l’expression quadratique
suivante : s
d ρair 2
q=A (u − u2th ) (2.9)
g ρsable ∗
Pour une taille de grain de 180 µ m, les mesures de Rasmussen donnent A ≃ 22.
À partir des données de vents de l’année 1999, nous pouvons, en utilisant la formule
précédente, calculer le flux q, et en prendre la moyenne temporelle en calculant
~ = 1
Z
Q ~q dt (2.10)
T
Les résultats de ce calcul pour la région de Tarfaya est présenté sur la figure 2.29, La va-
leur noyenne Q est de l’ordre de 79.5 m2 /an pour une masse volumique des grains ρsable ≃
2550 kg/m3 .
um (m/s)
20
15
10
0
1/01/99 1/03/99 1/05/99 1/07/99 1/09/99 1/11/99 t 1/01/00
3
q (m /heur)
0.1
0.08
0.06
0.04
0.02
0
1/01/99 1/03/99 1/05/99 1/07/99 1/09/99 1/11/99 1/01/00
t
Fig. 2.29 – Détermination du flux saturé sur terrain plat à partir des mesures de la vitesse du vent. Le
‘trou de mesure’ a été péréquationné et contribue à une hauteur de 5% à la moyenne annuelle.
grains roulants et plus généralement les grains de faible énergie. La première surprise a été
de constater qu’un piège muni d’un collecteur (par exemple un demi-cylindre de moustiquaire)
visant à arrêter les saltons piège systématiquement moins de grains qu’un piège de même taille
(un simple ’trou’ dans le lit sableux). Les pièges simples ont le gros défaut de ne pas être
des pièges intégraux puisque des grains peuvent sauter par dessus le piège. Nous avons donc
mesuré simultanément, au même endroit, les flux q captés par des pièges de différents diamètres
L (fig. 2.31). En extrapolant la courbe à diamètre L nul, q(L) tend vers une constante qui
s’interprète comme le flux de grains roulant à la surface du lit de sable. A l’inverse, on observe
un plateau lorsque le diamètre du piège fait plus d’une trentaine de centimètres. De prime abord,
un tel plateau pourrait être la signature du fait que l’on piège tous les grains. Autrement dit,
30 cm serait la longueur de saut caractéristique des saltons. Il faut cependant noter que ces
40 Morphodynamique des barkhanes
a b
Fig. 2.30 – a) Mesure du flux sur le dos d’une barkhane par des pièges de différents diamètres alignés
sur le dos d’une barkahne. b) Exemple d’une bassine utilisée comme piège à sable.
gros pièges perturbent violemment l’écoulement de couche limite et qu’il n’est pas exclu que les
grains de plus grande énergie rebondissent et ressortent du piège.
Pour tester ce premier résultat, nous avons conçu un piège rectangulaire cloisonnés (fig. 2.32, 2.33).
Etant donnée la contribution très importante des grains roulants, les premiers compartiments
ont été choisis plus petits que les autres (24 mm au lieu de 52 mm). Le piège est soigneusement
aligné dans la direction du vent et est protégé des apports de sable latéraux par des ’douves’. Un
compartiment du piège à la distance x du début ne capte que les grains dont la longueur de saut
a est plus grande que x. Le flux Φx de grains piégés renormalisé par le flux à l’entrée du piège
q/Q
25
20
15
10
Fig. 2.31 – Flux de sable q mesuré en fonction du diamètre du piège L. Nous constatons que le flux
augmente avec L, jusqu’à L ∼ 300 mm, valeur au-delà de laquelle il se stabilise. Les flux recueillis pendant
les 20 minutes des expériences ont été convertis au flux annuel.
Techniques de mesure 41
direction du vent
Fig. 2.32 – Schéma du dispositif expérimental qui permet de séparer les flux des reptons de celui des
saltons.
Φ(0) est donc directement la probabilité pondérée en masse d’observer une longueur de saut plus
grande que x. La dérivée de Φ(a)/Φ(0) est la densité de probabilité de la longueur de saut a. On
observe sur la figure 2.34 que cette distribution présente une singularité en 0 (les grains roulants)
suivie d’une décroissance sur une longueur caractéristique a. On retrouve que la contribution
des grains roulants au flux est de l’ordre du tiers. De manière extrêmement étonnante, cette
distribution s’est avérée indépendante de la vitesse du vent, en première approximation. Cela
contredit la vision théorique de la saltation, qui conçoit leur longueur de saut comme dépendant
quadratiquement de la vitesse du vent. Ces résultats sont préliminaires et suggèrent de mettre
au point une mesure non-perturbative de la distribution des longueurs de saut.
Pour ce qui est de construire un flux-mètre, nous pouvons conclure qu’un piège de taille
modeste donne une mesure aussi bonne (ou aussi mauvaise) qu’un grand piège, le flux mesuré
étant proportionnel au flux mesuré avec une grande bassine. Seconde conclusion, ces mesures
ne sont pas envisageables pour des campagnes systématiques car fortement intrusives. Pour
disposer un seul piège, il faut creuser, poser le piège fermé, refermer le cône creusé autour du
piège, attendre que les rides se soient reformées, déboucher le piège, attendre, et le refermer...
Ce dispositif ne permet pas non plus la mesure du transport entre les dunes, sur la roche mère.
Nous avons donc pensé à utiliser les rides éoliennes (fig. 2.35) comme ’capteurs’ de flux non
perturbatifs. Nous avons pu observer que la longueur d’onde des rides sur les dunes croı̂t avec la
direction
du vent
φ(a)/φ(0)
1. 0
0. 8
0. 6
0. 4
0. 2
0. 0
0 100 200 300 400 500 600 a (mm)
a
P(a)
14
12
10
-3
8
x10
0
0 100 200 300 400 500 600
a (mm)
b
Fig. 2.34 – a) Probabilité qu’un grain fasse un saut de longueur a plus grande que x. Cette probabilité
est directement le rapport des flux surfaciques reçu en x et en 0. b) Densité de probabilité de longueur
de saut a.
vitesse du vent. La relation n’est pas stricte dans la mesure où les rides formées par un certain
vent peuvent rester stables sous un vent plus fort ou plus faible, ce qui explique la dispersion
des données de terrain, par comparaison avec celles obtenues en soufflerie par Andreotti et al.
(2005). La vitesse de propagation des rides éoliennes s’est avérée être plus directement reliée au
transport. On s’attend en effet, par le même argument que pour les dunes, à ce que la vitesse
de propagation des rides aille comme le flux de grains roulants divisé par la hauteur de la ride.
Sur le terrain, nous avons mesuré systématiquement la vitesse des rides, leur longueur d’onde et
le flux de sable (fig. 2.38). Pour mesurer la vitesse, nous avons pris deux photographies en vue
du dessus, en utilisant trois piquets comme repères. Pendant ces mesures, nous avons également
enregistré la direction et la vitesse du vent. Le flux est mesuré avec un piège de 5 cm de diamètre.
Les premiers résultats illustrés par la figure 2.37 (a) montre que la vitesse de propagation des
rides croı̂t linéairement avec la vitesse du vent moins la vitesse seuil. La figure 2.38 (b) montre
Techniques de mesure 43
profil laser
source laser
a
Fig. 2.35 – a) rides éoliennes sur les dunes du Sahara Atlantique, b) La projection d’une source laser
sur les rides éoliennes permet de tracer leurs profils. Un étalon de hauteur connue est posé sur la surface
afin de mesurer la hauteur des rides.
Fig. 2.36 – Deux photographies décalées de quelques minutes, de la surface des rides éolienne, les cercles
noirs indiquent les trois piquets qui servent à la superposition des deux photographies. Une girouette
indique la direction du vent, et la boussole permet de savoir la direction de propagation des rides.
44 Morphodynamique des barkhanes
c (mm/s) λ (mm)
0.6
250
200
0.4
150
0.2
100
0.0 50
0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5
b
a u*/u*th u*/u*th
Fig. 2.37 – a) Vitesse de propagation des rides éoliennes en fonction de la vitesse du vent. b) Longueur
d’onde λ des rides en fonction de la vitesse du vent moyennée sur quelques minutes.
c (mm/s) c λ (m 2/an)
1.2 5000
1.0 4000
0.8 3000
0.6
2000
0.4
1000
0.2
0
0.0
0.00 0.05 0.10 0.15 2 0.20 0.00 0.05 0.10 0.15 2 0.20
a q (m /an) b q (m /an)
Fig. 2.38 – a) Vitesse de propagation des rides éoliennes c en fonction du flux de grains roulants q. b)
Produit de la vitesse des rides éoliennes c par leur longueur d’onde λ en fonction du flux q.
Techniques de mesure 45
une relation de proportionnalité entre la vitesse des rides et le flux capté. La hauteur des rides
est proportionnelle à la longueur d’onde. On attendrait donc par l’argument à la Bagnold une
relation entre vitesse et longueur d’onde de la forme :
c ∝ q/λ
Dans la classification des formes dunaires proposée dans le contexte géomorphologique, les
barkhanes se forment sous un régime de vent unidirectionnel. Dès lors, ces dunes ont été perçues
comme pouvant garder une forme stable et une taille constante sur de longues périodes de temps
– plusieurs décennies (Bagnold 1941 ; Finkel 1959). De ce point de vue, la question centrale pour
les géomorphologues a donc été de caractériser et comprendre leur état d’équilibre supposé,
forme et vitesse de propagation. Nous allons momentanément adopter ce point de vue – les
dunes comme ondes solitaires stables – avant de le retourner pour montrer leurs comportements
dynamiques hors d’équilibre.
Pied 4m
Corne droite Face d'avalanche
Fig. 3.1 – Vue aérienne d’une barkhane de 1.3 m de haut de la région de Tarfaya.
47
48 Morphodynamique des barkhanes
y (m)
10 0
0.5
1
5
0 1.3
-5
-10
0.5
Fig. 3.2 – Vue en trois dimensions de la barkhane représentée sur la figure 3.1. Le profil a été mesuré
par la technique de photographies présentée au chapitre précédent.
Pour l’essentiel, ceux-ci sont bien connus et ont fait l’objet de nombreuses études théoriques et
expérimentales, sur le terrain et en soufflerie.
La figure 3.1 montre une photographie prise depuis un cerf-volant d’une petite dune –
1.3 m de haut – que nous allons étudier en détails. La dune se propage dans le sens du vent
(de gauche à droite sur la figure), les cornes en avant. Elle présente presque idéalement la
forme en croissant caractéristique des barkhanes. On distingue classiquement différentes zones :
de l’arrière à l’avant, sur la ligne centrale, le pied de la dune, le dos, le sommet, puis la face
d’avalanche ; sur les côtés, les flancs et les cornes. Il est important de noter dès à présent le fait
que la face d’avalanche ne couvre pas toute la largeur de la dune. La figure 3.2 montre la forme
tri-dimensionnelle de la dune par des lignes de niveau. On remarque une pente quasi-constante
sur le dos (de l’ordre de 10◦ ) et sur la face d’avalanche (de l’ordre de 32◦ ). Notons également
le fait que le maximum de la dune ne coı̈ncide pas avec le haut de la face d’avalanche. Nous
appellerons ‘replat’ cette zone entre le sommet et le haut de la face d’avalance.
La figure 3.3 présente les mesures de taux d’érosion ∂t h sur la dune. On observe que le
dos et les flancs de la dune sont presque uniformément érodés. Le sable prélevé commence à
se déposer après le sommet de la dune et sur les cornes, mais surtout sur le dessus de la face
d’avalanche. Lorsque l’angle de la congère devient trop grand, celle-ci donne naissance à une
petite avalanche. Les avalanches successives répartissent le sable déposé et maintiennent cette
pente à sa valeur d’équilibre. Au delà du pied de la face d’avalanche, on retrouve le sol dur
sans dépôt sableux : cela signifie que la face d’avalanche fonctionne comme un piège de sable
intégral. Globalement, ce processus induit une propagation de la dune, le sable provenant du
Comportement moyen 49
y (m)
10
-80
0
5 40 60
-60
80
-40
-20 20
0
100
-5
-80
20
-10
Fig. 3.3 – Représentation de la distribution spatiale de l’érosion ∂t h (en mm/jour) sur la dune de la
figure 3.1. L’érosion a été mesurée par la technique des piquets.
dos s’accumulant sur la face d’avalanche. Insistons sur le fait que le mouvement du sable n’a
lieu qu’en surface. Lorsqu’un grain de sable sur le dos de la dune se fait emporter par le vent, il
parcourt la longueur de la dune en quelques dizaines de secondes avant d’être déposé en haut de la
face d’avalanche. Là, il attend pendant quelques minutes la première avalanche, qui l’abandonne
à une certaine hauteur. Il reste ensuite statique, à l’intérieur de la dune pendant plusieurs mois
le temps que toute la dune lui soit passée par dessus, avant de réapparaı̂tre sur le dos, de se
faire emporter, et ainsi de suite. Ce mouvement intermittent des grains trouve une traduction
amusante dans leur couleur. Pendant toute la phase statique se forment des éclats de rouille à
la surface des grains, qui sont partiellement érodés pendant la courte phase d’entraı̂nement par
le vent. Les dunes sont donc d’autant plus blanches qu’elles sont mobiles, d’autant plus rouges
qu’elles se propagent lentement (voir paragraphe 2.3).
Il est intéressant de comparer ces mesures d’érosion avec ce que l’on obtiendrait si la
dune se propageait sans se déformer i.e. avec une hauteur de la forme h(x − ct, y). Par un calcul
immédiat, on obtient une proportionnalité entre le taux d’érosion et la pente dans la direction du
vent : ∂t h = −c∂x h. On peut voir sur la figure 3.3 que cette équation prédit remarquablement les
zones d’érosion (dos et flanc) et d’accrétion (cornes, replat ainsi bien sûr que la face d’avalanche
elle-même). De cette adéquation remarquable naı̂t l’idée d’un processus d’auto-adaptation de la
forme à l’écoulement d’air qui conduirait à une onde solitaire stable.
Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, c’est la vitesse du vent qui gouverne
l’érosion. Plus exactement, la contrainte juste au dessus de la couche de saltation (typique-
ment à 15 cm du sol) contrôle le flux saturé qsat . Le taux d’érosion est directement relié à la
50 Morphodynamique des barkhanes
y (m)
10
7
8
8.5
5
8
5 6 7
0
bulle de
recirculation
-5
-10
Fig. 3.4 – Représentation spatiale de la vitesse du vent (en m/s) sur une barkhane de 1.3 m de haut.
Nous constatons que cette vitesse augmente au fur et à mesure qu’on surmonte le dos, et diminue lorsqu’on
descend par les cornes.
~ · ~q = 0
∂t h + ∇ (3.1)
Plusieurs études (Haward et al. 1978 ; Wiggs et al. 1996 ; Sauermann et al. 2001) ont montré que
le vent diminue juste avant le pied de la dune puis augmente continûment le long du dos. De ce
fait, le flux saturé augmente ce qui explique l’érosion globale du dos. Il est important de réaliser
que, contrairement à l’incision de la roche mère par une rivière, l’érosion n’est pas contrôlée par
la vitesse de l’écoulement (on peut comparer par exemple le bas du dos et le sommet) mais bien
par la variation spatiale de cette vitesse. Autre remarque d’importance, le profil de vitesse du
vent n’est plus logarithmique sur le dos de la dune et ne peut plus être utilisé pour estimer la
contrainte au sol. C’est pourquoi nous avons mesuré la vitesse du vent juste au dessus de la
couche de transport, à 20 cm du sol (fig. 2.18 (a)).
On observe sur la figure 3.4 que la vitesse du vent chute pratiquement à 0 sur la face d’ava-
lanche. Ceci est dû au décollement de la couche limite turbulente à la crête, le ré-attachement
se faisant plusieurs dizaines de mètres plus loin. Au sein de la bulle de recirculation le faible
écoulement qui subsiste est essentiellement inversé et ramène donc le sable vers la face d’ava-
lanche pendant les périodes intermittentes où il arrive à franchir le seuil de transport. Il n’y a
donc pas de fuite de sable par la face d’avalanche. La dune peut être alimentée en sable par
l’arrière et perd du sable par les cornes (fig. 3.5). Notons dès à présent que l’équilibre entre les
flux entrants et sortants ne va pas de soi et sera discuté par la suite.
Comportement moyen 51
= 0,1 g/cm/min
Fig. 3.5 – Flux de sable collecté par des pièges mis en différent endroits d’une barkhane. Ces résultats
montrent que le flux augmente au fur et à mesure qu’on surmonte le dos de la barkhane. Il augmente
également des flancs vers les cornes.
Dernière jonction, ce sont les modifications de l’écoulement par la présence de la dune qui
expliquent les variations de vitesse du vent au sol. On peut expliquer de manière rudimentaire les
observations (fig. 3.4). Le dos de la dune oblige les lignes de courant à se pincer, ce qui explique
l’augmentation de la vitesse le long du dos. L’écoulement atmosphérique étant turbulent il ne
possède pas d’échelle caractéristique (hormis la rugosité du sol, 6 ordres de grandeur plus petite
que la dune). On s’attend donc à ce que l’écoulement ne dépende que de la forme de l’obstacle
et pas de sa taille. En d’autre mots, le vent augmente de la même manière quelque soit la
taille des dunes, pourvu que celles-ci aient la même forme. Deuxième ingrédient, il existe une
asymétrie violente entre convergence et divergence des lignes de courant : les effets inertiels
sont stabilisants dans le premier cas et déstabilisants dans le second. Cet effet est notamment à
l’origine du décollement de couche limite. On s’attend donc à ce que l’écoulement autour d’une
bosse symétrique ne le soit pas et à ce que le maximum de vitesse soit en particulier déplacé en
aval du sommet (fig. 3.6). Avec ces simples arguments, on peut trouver la forme générique de
la variation de vent autour d’un obstacle 2D de rapport d’aspect infinitésimal. La seule relation
linéaire sans échelle caractéristique entre contrainte et profil de hauteur s’écrit en Fourier :
où α et β sont des constantes sans dimension, réelles et positives, et k le nombre d’onde. Cela
donne en terme de vitesse la relation,
1
û = U (α|k| + iβk)ĥ (3.3)
2
Reformulée dans l’espace direct, cette équation devient :
∂x h(x′ ) β
α
Z
u =U 1+ + ∂x h (3.4)
2π x − x′ 2
52 Morphodynamique des barkhanes
a) Lsat
maximum maximum
de cisaillement du flux
sommet
≈ λΒ/(2πΑ) λ/2
b)
Fig. 3.6 – a) Schématisation des lignes de courant autour d’une bosse symétrique. La vitesse, et
conséquement le flux saturé, atteignent leurs valeurs maximales juste avant le sommet. Le flux ne re-
joint la valeur saturé qu’avec un retard Lsat . b) Sur la barkhane, une zone de recirculation se crée en aval
de la face d’avalanche.
dos sommet
replat
e
d 'avalanch
fa ce
L W
Lcornes H
Fig. 3.7 – La forme des barkhanes peut être quantifiée à l’aide de quatre paramètres morphologiques :
la longueur L, la largeur W , la hauteur H et la longueur des cornes Lcornes .
L (m) W (m)
160
80 140
120
60
100
80
40
60
40
20
Finkel 1959 (44 barkhanes) Finkel 1959 (44 barkhanes)
Long & Sharp 1964 (27 barkhanes) 20 Long & Sharp 1964 (27 barkhanes)
Hastenrath 1967 (42 barkhanes) Hastenrath 1967 (42 barkhanes)
Hastenrath 1987 (6 barkhanes) Hastenrath 1987 (6 barkhanes)
Sauermann 2001 (8 barkhanes) Sauermann 2001 (8 barkhanes)
0
0
a 0 2 4 6 H (m) 8 b 0 2 4 6 8
H (m)
Fig. 3.8 – Relation entre la longueur L, largeur W et la hauteur H des barkhanes (mesures de terrain).
La droite correspond à l’ajustement linéaire des mesures effectuées dans l’Arequipa au Sud du Pérou
(Finkel 1959, Hastenrath 1967, Hastenrath, 1987).
54 Morphodynamique des barkhanes
- la longueur des cornes Lcornes , mesurée entre le pied de la face d’avalanche et l’extrémité des
cornes
Les figures 3.8 et 3.9 montrent respectivement la longueur, la largeur, et la longueur des cornes
en fonction de la hauteur de la dune. Sur ces figures, chaque point représente une moyenne
sur quelques dunes de taille similaire. Ces graphes regroupent nos mesures effectuées sur plus
de 200 barkhanes du Sahara Atlantique, ainsi que des données morphologiques publiées dans
la littérature. Les trois séries de mesures effectuées dans l’Arequipa (Pérou) montrent que les
différents paramètres H, W et L sont liés par des relations affines. En première approximation,
le dos d’une barkhane est 8 fois plus large et long que haut, ce qui correspond à une pente
moyenne de l’ordre de 7◦ . Par comparaison, Hesp and Hasting (Hesp & Hasting 1998) ont mesuré
des pentes de l’ordre de 11◦ au point d’inflexion du dos. Les barkhanes de Californie étudiées
par Long et Sharp (Long & Sharp 1964) présentent un rapport d’aspect L/H beaucoup plus
important (de l’ordre de 14). Contrairement à celles des zones balayées par les Alizés (Arequipa,
Sahara Atlantique), ces dunes-là ne sont actives que pendant une courte période de l’année.
Nous verrons par la suite en quoi ceci peut être relié à leur forme allongée.
Il est important de constater que la relation entre hauteur et longueur n’est pas linéaire
mais bien affine : si l’on extrapole la relation à hauteur nulle, on obtient une longueur de
coupure de l’ordre de 14 m, ce qui correspond à la longueur d’apparition des proto-dunes – nous
discuterons davantage ce point par la suite. Cela signifie que les dunes ne sont pas invariantes
d’échelle : leur forme dépend de leur taille. Plus précisément, Hastenrath (1967) et Sauerrman
et al. (2001) ont observé que les petites barkhanes présentent un replat (comme sur la fig. 3.7),
tandis que les grandes barkhanes atteignent leur maximum de hauteur à la face d’avalanche.
Toujours d’après Sauermann et al. , les grandes barkhanes présenteraient un dos pratiquement
rectiligne entre le pied de la dune et le sommet. Ces auteurs ont d’autre part observé que les
grandes dunes ont des cornes très développées en proportion de leur dos tandis que les petites
dunes ont des cornes évanescentes. Ces observations sont schématisées sur la figure 3.10. Notons
dès à présent la relativité de ces résultats : Cook et al. (1993) ont montré par l’exemple que
deux barkhanes de même taille dans un même champ de dunes peuvent avoir l’une un replat et
l’autre non.
Les mesures de terrain effectuées dans différentes régions du monde (Finkel, Hatenrath,
Long and Sharp et Sauermann ) ont montré que la relation entre la largeur des deux cornes d’une
barkhane et sa hauteur est aussi affine. Cela confirme que les barkhanes ne sont pas invariantes
d’échelle. Même si ces paramètres affines varient d’une région à l’autre et d’une étude à l’autre, la
forme générale de la barkhane est conservée avec un rapport d’aspect de l’ordre de W/L ≃ 1−1.2
et H/L ≃ 0.1.
Longueur de saturation
Les relations morphologiques des dunes indiquent l’existence d’une échelle de coupure au-
tour de 20 m de long. L’identification de la longueur caractéristique gouvernant cette échelle
a constitué une grande partie du travail de thèse d’Hersen (2004). Nous avons vu que la par-
tie hydrodynamique du problème ne présente pas d’échelle caractéristique. L’autre moitié du
problème, à savoir le transport de sable, ne présente qu’une échelle pertinente, la longueur de
relaxation du flux de sable q vers sa valeur saturée qsat . Nous noterons Lsat cette longueur de
saturation.
Il n’existe qu’une seule mesure de la longueur de saturation, effectuée par Bagnold (1941).
Nous avons reporté ses quelques points de mesure sur la figure 3.11. Nous avons nous même
effectué une mesure de Lsat in situ, avec des grains provenant d’une dune. Pour ce faire, nous
avons, sur la dalle calcaire, préparé à l’aide d’un bulldozer un lit de sable homogène de 20 m de
long, 5 m de large (fig. 3.12) et quelques dizaines de centimètres d’épaisseur. Nous avons choisi
Comportement moyen 55
W (m)
300
250
200
150
100
50
0
0 4 8 12 16
H (m)
Fig. 3.9 – Relation entre la largeur W et la hauteur H des barkhanes du Sahara Atlantique (mesures
effectuées sur 130 barkhanes). La droite correspond à l’ajustement linéaire des mesures
grosse petite
Fig. 3.10 – Schéma montrant la différence de morphologie entre petites et grosses barkhanes, d’après
Sauermann, (2001)
56 Morphodynamique des barkhanes
q (U.A)
10
0
0 2 4 6 8
x (m)
Fig. 3.11 – La seule mesure de la longueur de saturation a été faite par Bagnold. Dans ce graphe nous
présentons l’évolution du flux q mesuré par Bagnold en fonction de la distance parcourue x. Le meilleur
ajustement exponentiel donne une valeur de la longueur de saturation de l’ordre de 2.3 m. Le flux est
donné en unité arbitraire (U.A).
une zone sans relief, sans plantes et sans dune en amont, avec un transport de sable relativement
faible. À 5 m en amont du lit de sable, nous avons installé une série de nebkas artificielles de
manière à capter tout flux de sable entrant. Cela nous a garanti un flux de sable nul à l’entrée
du lit de sable. Nous avons déterminé le flux q par intégration du taux d’érosion ∂t h, lui même
mesuré après 24 h à partir de piquets munis d’un trait de jauge. Les variations spatiales de flux
ainsi déterminées sont représentées sur la figure 3.13. On observe sur quelques mètres une phase
d’augmentation du flux puis une saturation. Il est à noter que la courbe oscille légèrement vers la
droite du graphe. Ceci est dû à un double effet. D’une part, le flux étant mesuré par sommation
des mesures d’érosion, les erreurs de mesures conduisent à une dérive de la somme. D’autre part,
haie de nebkas
patch artificiel
5m
direction
du vent
20 m
2
q (cm / jour)
800
600
400
200
0
0 2 4 6 8 10
x (m)
Fig. 3.13 – Évolution spatiale du flux Q en fonction de la distance parcourue d calculée à partir de notre
expérience. Le meilleur ajustement exponentiel donne une valeur de la longueur de saturation de l’ordre
de 1.7 m.
nous avons aplani la surface initiale du lit du mieux que le permettait nos instruments, mais
sans pouvoir éviter des variations de l’ordre de 20 cm sur 20 m. La difficulté provient de ce que
1% de fluctuation sur le profil h induit plus de 10% de variation sur le flux saturé. Compte tenu
de ces difficultés expérimentales, on peut juger satisfaisante l’adéquation des points de mesure
avec une relaxation de première ordre :
x
q = qsat 1 − exp − , (3.5)
Lsat
qui correspond à une équation de charge linéaire de la forme,
Le meilleur ajustement par l’équation 3.5 donne une longueur de relaxation de 1.7 m (notons que
nous avons utilisé des grains de diamètre d = 180 µm). A titre de comparaison, l’ajustement sur
les mesures de Bagnold donne une longueur de 2.3 m pour des grains de diamètre d = 250 µm.
Notons au passage que la longueur de saturation (1.7 m) est beaucoup plus petite que la taille
minimale des dunes (20 m).
Nous n’avons pas pu réitérer cette mesure sous différentes conditions de vent. Du point
de vue théorique, il n’est du reste pas exclu que Lsat dépende de la vitesse du vent. Cependant,
il existe trois arguments qui nous conduisent à penser que ce n’est pas le cas. D’une part, le
seul calcul théorique complet (Andreotti, 2004) ne prédit une divergence de Lsat que très près
du seuil puis une légère croissance avec la vitesse du vent, loin du seuil. Ces dépendances sont
globalement sous-dominantes. D’autre part, l’effet de retard à l’équilibre le plus simple provient
du temps (et conséquemment de la distance) qu’il faut pour qu’un grain accéléré par un vent
58 Morphodynamique des barkhanes
donné atteigne la vitesse du vent. L’écoulement autour du grain étant turbulent, l’équation du
mouvement s’écrit :
1 3 d~v Cx 2
πd ρsable = πd ρair |~u − ~v |(~u − ~v ) (3.7)
6 dt 8
et donne une longueur inertielle Lin indépendante de la vitesse du vent :
4 ρsable
Lin = d (3.8)
3Cx ρair
entre les deux mesures existantes. Connaissant le rapport de densité ρsable /ρair ≃ 2125, l’expérience
nous a permis de déterminer le coefficient de proportionnalité entre Lsat et Lin . Que l’on
considère la mesure de Bagnold (fig. 3.11) ou la notre (fig. 3.12), on obtient finalement :
ρsable
Lsat = 4, 4 d (3.10)
ρair
Nous verrons par la suite que cette quantité joue un rôle clef dans la dynamique dunaire.
0.08
20 0.06
0.04
10
0.02
Finkel 1955-58
Hastenrath 1955-58
Hastenrath 1958-64
0 0.00
0 4 8 12 16 0 1 2 3 4 5 6 7
H (m) H (m)
a b
Fig. 3.14 – a) Vitesse c des barkhanes moyennées en fonction de leur hauteur H. Les lignes correspondent
aux meilleurs ajustements – cf équation 3.15. b) Mêmes graphes avec l’inverse de la vitesse 1/c.
Fig. 3.15 – Schéma illustrant le fait que la vitesse des barkhanes est inversement proportionnelle à leur
hauteur.
60 Morphodynamique des barkhanes
120
100
80
60
40
20
Fig. 3.16 – Les mesures brutes de la vitesse des barkhanes c en fonction de leurs largeurs W . nous avons
fait ces mesures au Sahara Atlantique à différentes périodes entre 1975 et 2004 en utilisant différentes
séries de photographies aériennes.
u (m/s) u (sommet)
10
u (plat)
2
18:38 18:40 18:42 18:44 t 18:46
12/09/04
Fig. 3.17 – La vitesse du vent mesurée sur le haut de la dune barkhane Vsommet est plus grande que
celle mesurée simultanément sur terrain plat VP lat . Ici nous représentons des mesures effectuées le 12
septembre 2004
Comportement moyen 61
différentes dunes le rapport s entre ces deux vitesses, mesurées à une même hauteur au dessus
du sol (20 cm). La figure 3.17 montre que ces deux quantités suivent les mêmes dérives de signal,
même si les fluctuations sont décorrélées. Nous avons obtenu des valeurs de s indépendantes de
la vitesse du vent et de la taille de la dune, allant de 1.3 à 1.6 avec une moyenne :
Comme décrit au chapitre précédent, les séries temporelles de vitesse de vent peuvent être
converties en séries temporelles de flux saturé, via une relation étalonnée du type :
s
d ρair 2
q=A (u − u2th ) (3.13)
g ρsable ∗
De la même façon que pour la vitesse, il est intéressant de définir deux flux : le flux saturé sur
terrain plat Q et le flux saturé à la crête d’une dune aQ. Avec ces notations, la vitesse des dunes
tend vers aQ/H pour les grandes dunes. a est par définition le rapport entre les flux saturés à
la crête et sur terrain plat et relié à s par :
On peut remarquer que par construction, a diverge au seuil d’érosion et tend vers s2 ≃ 2.1 loin
du seuil.
Dans une expérience où l’on contrôle la vitesse de l’écoulement, le nombre de Shields
Θ apparaı̂t donc comme un paramètre important du problème. Sur le terrain, la vitesse est
sans cesse en train de fluctuer à l’échelle de la minute, à l’échelle de la journée et à l’échelle
des saisons. Il est donc tentant de s’abstraire de ce paramètre que l’on ne contrôle pas en
définissant une valeur de a effective. Pour ce faire, nous avons calculé Q et aQ à partir des
données anémométriques à notre disposition. Pour l’année 1999, nous trouvons Q = 79.5 (m2 /an)
et aQ = 218 (m2 /an) ce qui donne en moyenne a = 2.75. En inversant la relation 3.14, on trouve
que cette valeur de a est celle qui serait obtenue pour un vent permanent à la vitesse u∗ ≃ 1.7uth .
aQ
c= (3.15)
H + H0
où l’on a ajouté une hauteur de coupure H0 à la relation asymptotique. H0 peut s’interpréter
qualitativement comme une hauteur minimale de dune (Bagnold 1941 ; Pyé &Tsoar 1990 ; Cook
et al. 1993 ; Andreotti et al. 2002).
Pour pouvoir interpréter les mesures de vitesses, nous avons converti les largeurs en hau-
teurs en utilisant la relation établie sur la figure 3.9. Vu le peu de précision sur la valeur de H0 ,
nous avons ajusté les quatre séries de points avec différents aQ mais le même H0 . Cela nous
donne d’une part une hauteur de coupure H0 ≃ 60 cm sur lequel nous reviendrons par la suite.
D’autre part le flux à la crête aQ dans la zone située entre Tarfaya et Tah vaut respectivement
62 Morphodynamique des barkhanes
c/Q (1/m)
3
2.5
1.5
0.5
0
0 10 20 40
H (m)
Fig. 3.18 – Vitesse annuelle des barkhanes divisée par le flux c/Q en fonction de leurs hauteurs. La
ligne est le meilleur ajustement.
Q/c (m)
6
0
0 4 8 12 H (m) 16
Fig. 3.19 – Le flux divisé par la vitesse annuelle des barkhanes Q/c donne une relation linéaire avec la
hauteur H des dunes. La ligne est le meilleur ajustement linéaire.
Comportement moyen 63
q (m2/h) Q_plat
0.20
0.15
0.10
0.05
0.00
1/01/99 1/03/99 1/05/99 1/07/99 1/09/99 1/11/99 31/12/1999
a) dat t
Q (m2/h)
0.1
0.08
0.06
0.04
0.02
0
1/04/99 6/04/99 11/04/99 16/04/99 21/04/99 26/04/99
b) dat t
Fig. 3.20 – a) Flux adimensioné q sur terrain plat et au sommet des barkhanes calculé à partir des
enregistrements du vent de l’année 1999 à Tarfaya. b) Exemple du flux adimensioné du mois d’avril de
l’année 1999 .
206 m2 /an, 210 m2 /an et 207 m2 /an pour les périodes 1975-2004, 1979-2004 et 2003-2004. A
proximité de Laayoune, aQ est légèrement plus élevé (262 m2 /an entre 1976 et 2004) (fig. 3.21).
On observe un très bon accord avec la valeur de aQ tirée des données météorologiques sur l’année
1999 (aQ = 218 m2 /an). La courbe adimensionnée qui en résulte est représentée sur la figure
3.20. On observe un excellent accord avec la paramétrisation proposée ci-dessus (éq. 3.15).
64 Morphodynamique des barkhanes
∫ q (m3)
100
80
60
40
20
0
1/01/99 1/03/99 1/05/99 1/07/99 1/09/99 1/11/99 1/01/00
t
Fig. 3.21 – Flux cumulé q calculé à partir des enregistrements du vent de l’année 1999 à Tarfaya.
Z (m)
400
300
200
100
0
0 20 40 60 80 100
a b c W(m)
Fig. 3.22 – a) et b) Photos aériennes montrant des triangles sombres sans sable en aval des barkhanes.
c) Longueur de cette zone sombre Z en fonction de la largeur de la dune W . Nous constatons une relation
linéaire entre Z et W .
de la masse avec l’extérieur. Si l’on considère dans un premier temps une seule barkhane, elle
perd en permanence du sable par les cornes et elle en gagne par l’arrière. Evidemment, le sable
perdu par une dune est transporté sur le sol dur par le vent, diffuse latéralement au fil des
rebonds, et atteint en quelques minutes l’arrière de la dune suivante.
On peut considérer en première approximation que le flux de sable s’homogénéise rapide-
ment dans la zone interdunaire. Il existe des preuves indirectes de cette homogénéisation du flux.
Nous avons pu constater que la quantité de sable stockée entre les aspérités du sol et derrière
les buissons (nebkhas) augmente avec le flux de sable. De ce fait, la luminosité du sol sur les
photographies aériennes traduit qualitativement les zones de transport. On voit sur la figure 3.22
(a et b) que les dunes ont dans leur sillage une zone sombre qui se referme en triangle. On ob-
serve l’existence d’une distance caractéristique en aval de la dune après laquelle le flux semble
réhomogénéisé (fig. 3.22 (c)). Sous cette hypothèse de flux homogène, une dune capte d’autant
plus de sable par l’arrière qu’elle est large (fig. 3.29). Le flux total entrant Qin est proportionnel
à la largeur de la dune W et au flux dans la zone interdunaire qin :
Le flux total de sortie Qout est l’intégrale sur la largeur des cornes du flux q. Nous pouvons
voir sur la figure 3.5 que le vent dans les cornes est pratiquement égal au vent loin de la dune.
De plus, il est raisonnable de penser que le flux est saturé au niveau des cornes. On s’attend
donc à ce que le flux de sortie qout soit de l’ordre de grandeur du flux saturé sur terrain plat Q.
Cette idée est confirmée par les mesures directes effectuées avec des pièges à sable (fig. 3.5) ainsi
que par les prédictions du modèle Ccc (fig. 3.29 ), dont nous donnons les détails dans l’article
joint ci-après. Au final, plus les cornes sont larges et plus la barkhane perd de sable :
Fig. 3.23 – La largeur des cornes comparée à celle du dos est le facteur déterminant de la stabilité des
barkhanes vis-à-vis des échanges de sable. Les petites qui ont des grosses cornes disparaissent rapidement
et les grosses qui ont des petites cornes tendent à grossir davantage. De manière similaire, les petites
dunes qui ont des petites cornes et les grosses qui ont des grosses cornes arrivent à maintenir l’équilibre
entre les flux entrant et sortant.
où ∆ est la largeur totale des deux cornes de la dune. Le bilan de matière d’une barkhane se
déduit directement des équations (3.16) et (3.17) :
dV
= qin W − qout ∆ (3.18)
dt
Le volume V de sable dans la dune est une fonction croissante de sa largeur W .
Considérons que pour une certaine valeur du flux entrant qin , il existe une taille d’équilibre
W∞ de la barkhane. Pour cette valeur, le flux sortant Qout est égal, par définition, au flux entrant
qin W∞ . Ce point correspond à l’intersection des deux courbes sur le graphique 3.32. La stabilité
de la dune vis-à-vis d’une augmentation ou d’une diminution de masse dépend de la relation
entre le flux de sortie et la taille de la dune au voisinage du point d’équilibre. Il y a deux cas
possibles. Si le flux sortant rapporté à la largeur de la dune augmente avec celle-ci, l’équilibre est
stable. En effet, si la dune devient légèrement plus grosse, elle se met à perdre plus de sable de
sorte qu’elle est ramenée vers l’équilibre. Si au contraire le flux sortant rapporté à la largeur de
la dune décroı̂t avec celle-ci, l’équilibre est instable. En effet, si la dune devient légèrement plus
grosse, elle se met à perdre moins de sable de sorte qu’elle grossit encore plus, et ainsi de suite. Si
l’on accepte le fait que le flux de sortie qout vaut à peu près Q quelle que soit la taille de la dune,
le critère de stabilité peut être traduit en termes géométriques. Les dunes sont individuellement
stables si la largeur des cornes ∆ occupe plus de place en proportion pour les petites dunes que
pour les grosses (fig.3.23). On peut proposer un argument relativement simple pour expliquer
pourquoi ces dunes devraient être instables. Dans le schéma représenté sur la figure 3.29, la
barkhane se comprend en terme de ”tranches” de dunes couplées transversalement. Dès lors, les
cornes commencent à l’endroit où les ”tranches” de dune ne possèdent plus de face d’avalanche,
c’est à dire lorsque la longueur de la tranche est de l’ordre de la longueur minimale des dunes. On
s’attend donc à ce que la largeur des cornes croisse très faiblement avec la taille des dunes et à ce
que celles-ci soient donc individuellement instables. C’est très précisément ce que prédisent tous
les modèles disponibles, et en particulier le Ccc . C’est aussi ce que semble indiquer les expériences
effectuées sous l’eau, au Japon. L’ensemble de cette discussion sur la stabilité des champs de
dunes a fait l’objet d’un article publié dans Phys. Rev. E, reproduit ci-après.
Comportement moyen 67
Nous arrivons donc à un état des lieux beaucoup plus ouvert qu’il n’y paraissait de prime
abord. Si l’on comprend correctement les mécanismes physiques à l’échelle de la dune et les
raisons pour lesquelles les dunes ”isolées” prennent une forme de croissant, ce n’est pas le cas
des autres questions élémentaires qui se posent, notamment la stabilité et la sélection de taille.
Nous avons souligné un premier point d’achoppement dans le fait, ignoré jusqu’à présent, que
les dunes échangent de la matière même lorsqu’elle ne sont pas en interaction aérodynamique.
Le point de vue que nous allons adopter consiste donc à remettre en cause le graâl qui soutend
les études précédentes – la recherche de la barkhane d’équilibre – et à rechercher des traces de
la dynamique des dunes. L’apparente stabilité des champs de dunes provient-elle de la stabilité
individuelle des dunes ou de mécanismes dynamiques cachés ? Soulignons la difficulté de notre
entreprise, liée aux temps caractéristiques d’évolution des dunes. On peut par exemple définir
le temps de retournement d’une barkhane comme étant le temps nécessaire pour que tous les
grains de la dune soient mobilisés, c’est à dire le temps qu’il faut pour qu’une dune parcourt sa
propre longueur. Ce temps est très long, comparé aux échelles de temps d’observation. À titre
d’exemple, le temps de retournement d’une barkhane de 1 m de haut est de l’ordre de 5 mois.
Celui d’une dune de 5 m de haut est de l’ordre de 18 mois. Dès lors, on comprend pourquoi
des missions de terrains de courtes durées ne peuvent permettre d’appréhender les phénomènes
dynamiques. Il s’agit donc dans cette thèse de ”réveiller” la dynamique cachée derrière l’équilibre
apparent des barkhanes.
68 Morphodynamique des barkhanes
Barchans are crescentic dunes propagating on a solid ground. They form dune fields
in the shape of elongated corridors in which the size and spacing between dunes are rather
well selected. We show that even very realistic models for solitary dunes do not reproduce
these corridors. Instead, two instabilities take place. First, barchans receive a sand flux at
their back proportional to their width while the sand escapes only from their horns. Large
dunes proportionally capture more than they loose sand, while the situation is reversed for
small ones : therefore, solitary dunes cannot remain in a steady state. Second, the propaga-
tion speed of dunes decreases with the size of the dune : this leads – through the collision
process – to a coarsening of barchan fields. We show that these phenomena are not specific
to the model, but result from general and robust mechanisms. The length scales needed for
these instabilities to develop are derived and discussed. They turn out to be much smaller
than the dune field length. As a conclusion, there should exist further – yet unknown –
mechanisms regulating and selecting the size of dunes.
Since the pioneering work of Bagnold (Bagnold 1941), sand dunes have become an ob-
ject of research for physicists. Basically, the morphogenesis and the dynamics of dunes result
from the interaction between the wind, which transports sand grains and thus modifies the
shape of the dune, and the dune topography which in turn controls the air flow. A lot of works
have been devoted to the study of the mechanisms at the scale of the grain (Owen 1964 ; Ho-
ward 1977 ; Sorensen 1985 ; Jensen & Sorensen 1986 ; Anderson & Haaf 1988 ;Anderson & Haaf
1991, Anderson & Sorensen 1991 ; Sorensen 1991 ; Willite et al. 1991 ; Rasmussen & Mikkelsen
1991 ; Nalpanis et al. 1993 ; Iversen & Rasmussen 1994 ; Rasmussen et al. 1996 ; Riol et al. 2000 ;
Sauermann et al. 2003 ; B. Andreotti 2004) and at the scale of a single dune (Beadel 1910 ; Fin-
kel 1959 ; Coursin 1964 ; Long & Sharp 1964 ; Hastenrath 1967 ; Norri 1966 ; Hastenrath 1987 ;
Slattery 1990 ; Hesp & K. Hastin 1998 ; Sauermann et al. 2000 ; Andreotti et al. 2002 b ; Hersen
et al. 2002 ; Mulligan 1988 ; Zerman & Jensen 1987 ; Jackson & Hunt 1975 ; Howard et al. 1978 ;
Jensen & Zeman 1985 ; Wipperman & Gross 1986 ; Hunt et al. 1988 ; Weng et al. 1991 ; Werner
1995 ; Van Boxell et al. , 1999 ; Kroy et al. 2001 ; Sauremann 2001). The interested reader should
refer to a previous paper ( Andreotti et al. , 2002 a) for a review of these works. Our aim is to
focus here on dune fields and to show that most of the problems at this scale are still open or
even ill-posed.
The most documented type of dune, the barchan 2 , is a crescentic shaped dune, horns
downwind, propagating on a solid ground. In the general picture emerging from the literature,
barchans are thought as solitary waves propagating downwind without changing their shape and
weakly coupled to their neighborhood. For instance, most of the field observations concern geo-
metric properties (morphologic relationships) and kinematic properties (propagation velocity).
This essentially static description probably results from the fact that barchans do not change a
lot at the timescale of one field mission.
As shown on figure 3.24, barchans usually do not live isolated but belong to rather large
fields ( Lettau & Lettau 1969). Even though they do not form a regular pattern, it is obvious
that the average spacing is a few times their size, and that they form long corridors of quite
uniformly sized dunes. Observing the right part of figure 3.24, the barchans have almost all the
same size (6 m to 12 m high, 60 m to 120 m long and wide). Observing now the left part of figure
3.24, the barchans are all much smaller (1.5 m to 3 m high, 15 m to 30 m long and wide) and
a small band can be distinguished, in which the density of dunes becomes very small. Globally,
2
The success story of the barchan perhaps originates from the fact that cars can easily come close to their feet.
Comportement moyen 69
Fig. 3.24 – Aerial photograph showing part of the barchan field extending between Tarfaya, Laayoune
and Sidi Aghfinir in southern Morocco, former Spanish Sahara. The trade winds, dominant in the region,
blow from the north (from the top of the photograph). Several corridors are visible in which the size
of barchans and their density is almost uniform. As confirmed by the three zooms, the size of dunes is
different from one corridor to another.
five corridors stretched in the direction of the dominant wind can be distinguished : from right
to left, no dune, large dunes, small dunes, no dune and small dunes again. Figure 3.24 shows
only 17 km of the barchan field but direct observations show that these five corridors persist
in a coherent manner over the 50 km along the dominant wind direction without any natural
obstacle. The field itself remains composed of dunes between 1 m and 12 m along its 300 km.
The content of this paper is perhaps a bit unusual as we will mostly present negative
results. Indeed, we will show that none of the dune models ( Howard et al. 1978 ; Jensen &
Zeman 1985, Wippermann & Gross 1986, Hunt et al. 1988, Weng et al. 1991, Werner 1995, Van
Boxel et al. 1999, Kroy et al. 2002, Sauermann 2001), nor the coarse grained field simulation
Lima et al. 2002 are able at present to reproduce satisfactorily the selection of size and the
formation of these corridors.
More precisely, we shall first address the stability of solitary dunes, and conclude that,
given reasonable orders of magnitude for dune sizes and velocities, barchans which are considered
as “marginally unstable” by other authors G. Sauermann, 2001 would in fact have the time to
develop their instability over a length much smaller than that of the corridor they belong to. As
a consequence, isolated dunes must be considered as truly unstable objects. Furthermore, the
origin of this instability is rather general and model independent, as it can be understood from
the analysis of the output sand flux as a function of the dune size. One can wonder whether
interactions via collisions between dunes can modify the dynamics and the stability of dunes. In
a recent paper Lima et al. , (2002) have investigated the dynamics of a field and have claimed
to get realistic barchan corridors. However, they made use of numerical simulations into which
70 Morphodynamique des barkhanes
individual dunes are stable objects of almost equal size (6% of polydispersity). They consequently
obtained a nearly homogeneous field composed of dunes whose width is that of those injected at
the upwind boundary. We show here that the actual case of individually unstable dunes leads
by contrast to an efficient coarsening of the barchan field.
The paper is organized as follows. In order to get a good idea of the mechanisms leading
to these two instabilities, we first derive a 3D generalization of the Ccc model previously used to
study 2D dunes (Andreotti et al. , 2002) ; . We then show that the two instabilities predicted
by the Ccc model are in fact very general and we will derive in a more general framework the
time and length scales over which they develop. Turning to field observations, we will conclude
that the formation of nearly uniform barchan corridors is an open problem : there should exist
further mechanisms, not presently known and may be related to more complicated and unsteady
effects such as storms or change of wind direction, to regulate the dune size.
time. The continuity equation which ensures mass conservation simply reads
∂t h + ∂x q = 0. (3.19)
Note that q(x, t) denotes the integrated volumic sand flux, i.e. the volume of sand that crosses
at time t the position x per unit time. The saturation process is modeled by the following charge
equation
qsat − q
∂x q = . (3.20)
L
It is enough to incorporate the fact that the sand flux follows the saturated flux qsat with a spatial
lag L. It is a linearized version of the charge equation proposed by Sauermann et al. (2001).
The saturated flux qsat is a growing function of the shear stress. This shear stress can be
related to the dune profile h by the modified Jackson and Hunt expression. Since this expression
comes from a linear expansion, we can directly relate qsat to h by :
qsat (x) dχ
Z
= 1+A ∂x he (x − χ) + B ∂x he (x), (3.21)
Q πχ
where Q is the saturated flux on a flat bed and he the envelope prolonging the dune on the lee side
(see Appendix and Kroy et al. 2002 Andreotti et al. 2002 ; for the details of construction). The
last term takes into account slope effects, while the convolution term encodes global curvature
ones. The only relevant length scale is the saturation length L of the sand flux. The other relevant
physical parameter is the saturated sand flux on a flat bed Q. All the lengths are calculated in
units of L, time in units of Q/L2 , and fluxes in unit of Q. A and B could in principle be predicted
by the Jackson and Hunt analysis but we rather take them as two tunable phenomenological
constants.
In three dimensions, equations are very similar, albeit slightly different. In order to express
the total sand flux (which is now a 2D vector), we need to distinguish saltons and reptons (Hersen,
2003). The reason is that in contrast to the saltons, which follow the wind, the motion of the
reptons is sensitive to the local slope (Howard, 1977). Because the reptons are dislodged by the
saltons, we assume that their fluxes are proportional (Andreotti, 2003), so that the total flux
can be written as the sum of two terms, one along the wind direction ~x and the other along the
steepest slope (Howard, 1977) :
~
q~tot = q ~x − Dq ∇h. (3.22)
The continuity equation then takes its generalized form
~ ~qtot = 0.
∂t h + ∇· (3.23)
The down slope flux of reptons acts as a diffusive process. The diffusion coefficient is proportional
to q so that no new scale is introduced – D is a dimensionless parameter. This diffusion term
introduces a non-linearity that has a slight effect only : almost the same dynamics is obtained
if a constant diffusion coefficient is used instead. Equations (3.20) and (3.21) can be solved
independently in each slice along x.
In summary, the Ccc model considered here includes in a simple way all the known dyna-
mical mechanisms for interactions between the dune shape, the wind and the sand transport.
t=0
t=4
t=16
t=32
t=64
z y
Fig. 3.25 – Evolution from a conical sand pile to a steady propagative barchan of width 63 L computed
from the Ccc model. To obtain this steady solution the output flux is re-injected homogeneously at the
upwind boundary. Times are given in units of L2 /Q. Stereoscopic view : a) place the figure at ∼ 60 cm
from your eyes b) focus behind the sheet, at infinity (you should see three dunes) c) focus on the middle
dune and relax d) you should see the shape in 3D.
parameters can be found in the Appendix and a more detailed discussion about the influence of
the diffusion parameter is discussed in (Hersen, 2003). Figure 3.25 shows in stereoscopic views
the time evolution of an initial conical sand pile (t = 0). Horns quickly develop (t = 16 and
Comportement moyen 73
2.5
1
x•
2.0
1.5
1.0
0.5
C
C C model
Field measurements
0.0
0 20 40 60 80 100 120 140
w
Fig. 3.26 – Relationship between the inverse velocity 1/ẋ and the width w. Black dots : numerical
simulations of barchans in the steady state. Open circles : field measurements on barchans from the
region of Fig. 3.24 over a period of 27 years rescaled by Q = 66 m2 /years and L = 3.5 m. The line
corresponds to the best fit by a Bagnold-like relation of the form ẋ = aQ/(w + wc ). It gives a = 56 and
wc = 9.5.
t = 32) and a steady barchan shape is reached after typically t = 50. Note that the propagation
of the dune is not shown on figure 3.25 : the center of mass of the dune is always kept at the
center of the computation box.
The original Ccc model proposed by Kroy (2002), Sauermann et al. (2001) was the first of
a long series of models in which a steady solitary solution could be exhibited, with all the few
known properties of barchans. In particular, the dunes present a nice crescentic shape with a
length, a width, a height and a horn size that are related to each others by linear relationships.
They propagate downwind with a velocity inversely proportional to their size, as observed on the
field. These properties are robust inside the class of modeling, since we get the same results with
the simplified version that we use here. We will only show in the following two of these properties,
important for the stability discussion, namely the velocity and the volume as functions of the
dune size.
Since they are linearly related one to the others, all the dimensions are equivalent to
parameterize the dune size. We choose the width w as it is directly involved in the expression of
the sand flux at the rear of the dune. Figure 3.26 shows the inverse of the propagation velocity
of the dune as a function of w. The velocity decreases as the inverse of the size :
aQ
ẋ ∼ . (3.24)
w + wc
The transverse velocity ẏ is found to be null, as lateral inhomogeneities of the sand flux are
unable to move dunes sideways A.R. Lima et al. , 2002. The volume V of the dune is plotted on
figure 3.27 as a function of its width. This relation is well fitted by :
V = bw2 (w + wv ), (3.25)
where the numerical coefficients are b ∼ 0.011 and wv ∼ 22.9. This value roughly corresponds
to the volume of a half pyramid, with a height h ∼ 0.1 w and a width w which gives a volume
V ∼ w3 /60. One can observe that barchan dune are not self similar object : the deviation
observed for small dunes is related to the change of shape due to the existence of a characteristic
74 Morphodynamique des barkhanes
V
4
10
3
10
2
10
10
1
C
C C model
-1
Field data (after Sauermann 2000 [27])
10
1 10 100
w
Fig. 3.27 – Relationship between the volume V and the width w of barchans. Black dots : numerical
simulations of solitary barchans in the steady state. White circles : field measurements on barchans from
the region of Fig. 3.24 obtained by Sauermann et al. (2000) rescaled by L = 3.5 m. Note the log-log
scales. The solid line corresponds to the best fit by the relation V = bw2 (w + wv ). It gives b = 0.011 and
wv = 22.9.
200
V
150
V∞
100
50
y
x
t=0 t=50 t=100 t=125 0
0 50 100 150 200 t
Fig. 3.28 – Origin of the flux instability. Two dunes of initial widths 13.8 L and 16.6 L are submitted
to a given flux, which is not the equilibrium sand flux for both dunes. The small dune (dotted line) is
then under supplied an can only shrink. On the contrary, the bigger dune (solid line) receive too much
sand and grows. The time evolution of their volume V , calculated from simulations of the Ccc model, is
shown on the right. Eventually, the small one disappears.
length L. The field data obtained on eight dunes by Sauermann et al. (2000) are consistant
with equation (3.25) and with the value of L determined from the velocity/width relationship
(Figs. 3.26,3.27).
Instabilities
The choice of the boundary conditions is absolutely crucial : to get stationary solutions,
the sand escaping from the dune and reaching the downwind boundary is uniformly re-injected at
the upwind one. Obviously, this ensures the overall mass conservation. Doing so, the simulation
converges to a barchan of well defined shape of width w∞ with a corresponding sand flux q∞ .
However, under natural conditions, the input flux q is imposed by the upwind dunes. We
Comportement moyen 75
thus also performed simulations with a given and constant incoming flux. Figure 3.28 shows
the evolution of two dunes of different sizes under an imposed constant input flux. One is a bit
larger than the steady dune corresponding to the imposed flux, and the other is slightly smaller.
It can be observed that none of these two initial conditions lead to a steady propagative dune :
the small one shrinks and eventually disappears while the big one grows for ever. The steady
solution obtained with the re-injection of the output flux is therefore unstable.
If solitary dunes are unstable, it is still possible that the interaction between dunes could
stabilize the whole field. It is not what happened in the Ccc model. Instead, an efficient coarsening
takes place as shown by Sauermann in the chapter 8 of Sauermann, (2001).
As a first conclusion, the Ccc model predicts that solitary barchans and barchan fields
are unstable in the case of a permanent wind. We will see below that these two instabilities
are generic and not due to some particularity of the modeling. In particular, they can be also
observed with the more complicated equations of Kroy, Sauermann et al. who deal with a non-
linear charge equation and take explicitly into account the existence of a shear stress threshold
to get erosion.
Therefore, we can wonder what the dynamical mechanisms responsible for these instabi-
lities are. Would they have time/length to develop in an actual barchan field ? Seeking answers
to these questions, we will now investigate the two instabilities in a more general framework. As
a first step, we will investigate the time and length scales associated to the evolution of barchan
dunes.
Turnover time
The dune memory time is usually defined as the time needed to propagate over its own
length. Since the length and the width of the dune are almost equal – this is only a good
approximation for steady dunes – we will use here the turnover time :
w
τt = . (3.26)
ẋ
In the geological community, the turnover time is believed to be the time after which the dune
looses the memory of its shape. The idea is that a grain remains static inside the dune during a
cycle of typical time τt : it then reappears at the surface and is dragged by the wind to the other
side of the dune. In other words, after τt all the grains composing a dune have moved, and the
internal structure of the dune has been renewed. But this does not preclude memory of the dune
shape at times larger than τt , and one can wonder whether τt is the internal relaxation time scale
to reach its equilibrium shape. The scaling (3.24) of the propagation speed involves the cut-off
length scale wc , which can be measured by extrapolating the curve of Fig. 3.26 to zero. Note that
the existence of a characteristic length scale also appears in the dune morphology (Sauermann
et al. 2000, Sauermann 2001, Kroy et al. 2002, Andreotti et al. 2002 b) ; . In the following, we
will assume that the barchans are sufficiently large to be considered in the asymptotic regime.
We checked that introducing cuts-off wc or wv to capture the shape of curves like that of figures
3.26 or 3.27 in the region of small w does not change qualitatively the results. In the following
we then take wc = 0 and wv = 0 for simplicity. Under this assumption, using the expression
76 Morphodynamique des barkhanes
input flux
y
x
output
q/Q flux
0.8
0.6
0.4
0.2
Fig. 3.29 – Top : three dimensional shape of a barchan dune of width 33 L obtained with the Ccc model,
with semi-periodic boundary conditions to ensure the mass conservation. Bottom : profile of the resulting
output sand flux. The sand loss is localized at the tips of the horns. There, the flux is almost saturated :
q ∼ Q.
Relaxation time
Let us consider, now, a single barchan dune submitted to a uniform sand flux. The evo-
lution of its volume is governed by the balance of incoming φin and escaping φout sand volumes
per unit time :
V̇ = φin − φout . (3.29)
φin is directly related to the local flux q upwind the dune, defined as the volume of sand
that crosses a horizontal unit length line along the transverse direction y per unit time. Assuming
that this flux q is homogeneous, the dune receives an amount of sand simply proportional to its
width w :
φin = qw. (3.30)
The loss of sand φout is not simply proportional to w because the output flux is not
homogeneous. Figure 3.29 shows the flux in a cross-section immediately behind the dune. One
can see that the sand escapes only from the tip of the horns, where there is no more avalanche
slip face. As a matter of fact, the recirculation induced behind the slip face traps all the sand
blowing over the crest. We computed in the model the output flux φout as a function of the dune
width w (figure 3.30). Within a good approximation it grows linearly with w :
φout ∼ Q(∆ + αw). (3.31)
Comportement moyen 77
5
φout
∆
1
0
0 10 20 30 40 50 60
w
Fig. 3.30 – Output flux φout as a function of the barchan width w for the equilibrium input flux (white
circles) and for a null input flux (black circles). φout is not simply proportional to w and does not vanish
at small size. As a consequence, the sand loss is proportionally smaller for a large dune than for a small
one. The straight line corresponds to the best fit by a function of the form φout = Q(∆ + αw). It gives
∆ = 1.33 and α = 0.05. Contrarily to velocity and size, no field measurements of the output flux have
been conducted so far.
For the set of parameters chosen, the best fit gives α = 0.05 and ∆ = 1.33 L. Note that
the discrepancy of φout with this linear variation for small dunes can be understood by the
progressive disappearance of the slip face (domes), leading to a massive loss of sand.
It can be observed from figure 3.29 that q is almost saturated in the horns. The ratio
φout /Q then has a geometrical interpretation as it gives an estimate of the size of the horn tips.
Therefore, in the Ccc model, the horn size is not proportional to the dune width, but grows
as ∆ + αw. This is consistent with the observations made by Sauermann et al. in southern
Morocco : they claim that, at least for symmetric solitary dunes, the slip face is proportionally
larger for large dunes than for small ones, i.e. that the ratio of the horns width to the barchan
width decreases with w.
With these two expressions for the input and output volume rates, the volume balance
reads :
V̇ = qw − Q(αw + ∆). (3.32)
If we call w∞ and q∞ the width and the flux of the steady dune for which the dune volume is
constant (V̇ = 0), we can define τr = (V − V∞ )/V̇ , taken around the fixed point. We get :
3
3bw∞
τr = . (3.33)
Q∆
It also gives us the relaxation length for the dune λr , which is the distance covered by the dune
during the time τr , i.e :
2
3abw∞
λr = . (3.34)
∆
78 Morphodynamique des barkhanes
y
x
λq
Fig. 3.31 – The flux screening length is the mean free path along the wind direction. In other words,
it is the mean longitudinal distance between two dunes. Inset : the sand flux is much larger on the back
of the dune (dark zone) than on the surrounding ground (gray zone). Downwind the dune, it becomes
inhomogeneous and in particular, it is null inside the recirculation bubble (white zone) and low in the
triangular shadow zone (light grey). After few dune sizes, the diffusion of grains rehomogenizes the flux.
For a dune field, the situation is a little bit more complex. The flux at the back of one
dune is due to the output flux of an upwind dune. The latter is strongly inhomogeneous since
the sand is only lost by the horns (figure 3.29). Field observations show that there is a sand
less area downwind of the barchans – see also the inset of figure 3.31. This zone is larger than
the recirculation bubble and indicates a small amount of sand trapped by the roughness of the
ground. The fact that this ‘shadow’ heals up is a signature of a lateral diffusion of the sand flux.
The length of the shadow is typically a few times the dune width and is in general smaller than
the distance between dunes. So, the flux can be considered as homogeneous when arriving at
the back of the next dune.
The distance λq over which the flux changes is thus the distance, along the wind direction,
between two dunes. It is the mean free path of one grain traveling in straight line along the wind
direction. Let us consider an homogeneous dune field composed of identical dunes of width w∞ .
The number of dunes per unit surface is N∞ . It can be inferred from figure 3.31 that on average
there is one dune in the surface λq w∞ (colored in gray on figure 3.31). The flux screening length
thus depends on the density of dunes as :
1
λq = . (3.35)
N∞ w∞
Note that this length is larger than the average distance (N∞ )−1/2 between dunes – just
like the mean free path in a gas. Since the grains in saltation on the solid ground go much faster
than the dune (by more than five orders of magnitude), the flux screening time τq can be taken
as null :
τq = 0. (3.36)
Comportement moyen 79
Orders of magnitude
These different time scales can be estimated using the orders of magnitude obtained from
field observations in the region of figure 3.24 coupled with the functional forms given by the
Ccc modeling. Fields measurements of the displacement of the dunes shown on figure 3.24 over
27 years have given aQ = 3700 m2 /year and wc = 33 m. The Ccc model relates wc to L (Fig. 3.26)
so that the saturation length can be estimated to L ∼ 3.5 m. Similarly, the model gives 56 for
the value of a which allows to deduce the estimate of Q ∼ 66 m2 /year, which is compatible with
direct measurements. These values give for the minimal horn width ∆ ∼ 4.6 m.
Let us consider a small dune of width 20 m and a large dune of width 100 m belonging
to the corridors of dunes shown on figure 3.24. The distance λr covered by the dune before the
equilibrium between the size and the sand flux be reached is respectively 160 m and 4 km. In
all the cases, it is much smaller than the dune field extension (typically 100 km corresponding
to 5000 small dune widths or 1000 large dune widths). Obviously, λr is much larger than the
turnover length λt = w, and it is therefore clear that the turnover scales does not represent the
memory of the dune.
The density of dunes can be inferred from figure 3.24 and is around 0.1 /w∞ 2 (the average
distance between dunes is around 3 dune sizes). Directly from figure 3.24 or from formula (3.35),
the flux adaptation length λq is around 10 dune sizes i.e. 200 m for the small dune and 1 km
for the large one. Obviously, λq can be very different from place to place. For instance, the left
corridor shown on figure 3.24 is much denser than the third from the left. If the density of small
dunes is 1 /w∞ 2 instead of 0.1 /w2 , λ becomes equal to the dune size (20 m).
∞ q
Using the previous value of Q, the dune velocities are 180 m/year and 37 m/year for
the 20 m and 100 m barchans respectively. The corresponding turnover times τt are 5.2 weeks
and 2.7 years, while the relaxation time τr is as large as 10 months for the small dunes and
1.1 century for the large ones. Finally, the flux adaptation time τq is equal to the flux screening
length λq divided by the grain speed (∼ 1 m/s). It can thus be estimated to 3 minutes for 20 m
barchans and 16 minutes for the 100 m ones.
The scale separation of the three times is impressive. τq ∼ 3 minutes ≪ τt ∼ 5.2 weeks ≪
τr ∼ 10.4 months for the small dunes, whereas for the large ones it reads τq ∼ 16 minutes ≪
τt ∼ 2.7 years ≪ τr ∼ 1.1 century. This shows that the annual meteorological fluctuations
(wind, humidity) have potentially important effects : the actual memory time is always larger
than seasonal time.
Sauermann has estimated a characteristic time for the evolution of the volume of a 100 m
wide dune. He found several decades (Sauermann, 2001), which is comparable to the value we
found for τr . On this basis he concluded that “ considering this timescale it is justified to claim
that barchans in a dune field are only marginally unstable.” This is an erroneous conclusion
as the length λr (4 km for w = 100 m) should be compared to the corridor size (∼ 50 km).
Moreover, for small dunes as those on the left corridor of figure 3.24, λr is found to be as small as
160 m which is of the order of one hundredth of the portion of field displayed on the photograph.
The evolution time and length scales could be thought as ‘very large’ ?- with respect to human
scales – but compared to the dune field size, they turn out to be small. Therefore, barchans have
in fact the time and space to change their shape and volume along the corridors.
∆>0 ∆<0
unstable stable
φ φin φ φout
φin
φout
0 0
w∞ w w∞ w
Fig. 3.32 – The output volume rate ϕout = Q(∆+αw) gives, when compared to the input rate ϕin = qw,
steady solutions that are unstable if ∆ > 0, and stable if ∆ < 0. The main point is to see whether the
two lines cross from below or above at the steady point.
width : ϕin = qw. As found in the Ccc model, we suppose that ϕout = Q(∆ + αw) (figure 3.32
left). Let us investigate what happens for different values of the input flux q.
If q < α (dot-dashed line) the two curves ϕin (w) and ϕout (w) do not cross, which means
that no steady solution can be found. Since the input sand volume rate is too low, any dune
will shrink and eventually disappear. On the other hand, a fixed point w∞ does exist for q > α
(thin solid line). Suppose that this dune is now submitted to a slightly larger (resp. smaller)
flux q (dotted lines) : it will grow (resp. shrink). However, the corresponding steady states are
respectively smaller and larger, so that they cannot be reached dynamically. We now fix the
input flux to q∞ and change the dune size w, as in figure 3.28. A dune of width slightly smaller
than w∞ under will shrink more and more because it looses sand more than it earns. In a similar
way, a dune larger than w∞ will ever grow. In other words, the steady solutions are unstable.
This mechanism explains the flux instability of Ccc barchans. This stability analysis is
in fact robust and not specific to the linear choice for ϕout . Any more complicated function
would lead to the same conclusion provided that ϕin crosses ϕout from below. The stability only
depends on the behavior of the ϕ’s in the neighborhood of the steady state. How could a solitary
barchan be stable ? It is enough that ϕin crosses ϕout from above. Without loss of generality, we
can keep a linear dependence of ϕout on w in the vicinity of the fixed point, but this time with
∆ < 0 (figure 3.32 right). In this case, the situation for which the input sand flux q is larger than
α (dot-dashed line) leads to an ever growing dune. Steady solutions exist when q < α. Because
a smaller (resp. larger) sand flux now corresponds to a smaller (resp. larger) dune width, these
solutions are, by contrast, stable.
In a more quantitative and formal way, the mass balance for a barchan (3.32) can be
rewritten in terms of the dune width only :
q∞ w − Q(∆ + αw)
ẇ = . (3.37)
3bw2
Linearizing this equation around the fixed point w∞ we obtain :
τr ẇ = w − w∞ . (3.38)
The sign of the relaxation time τr is that of ∆ – see relation (3.33). Therefore if ∆ is positive,
w will quickly depart from its steady value w∞ . In the inverse case ∆ < 0, any deviation of w
will be brought back to w∞ .
In summary, the stability of a solitary barchan depends on whether the ratio of the output
volume rate to its width ϕout /w increases or decreases with w. This quantity is perhaps not easy
Comportement moyen 81
y
x
Fig. 3.33 – Sketch showing the instability due to the exchange of mass between the dunes : dunes
slightly smaller than w∞ loose sand and make their downwind neighbors grow. Note that the dune field
is assumed to remain locally homogenous.
to measure on the field but we have shown that it is directly related to the ratio of the size of
the horn tips to the dune width. If viewed from the face, the horn tips become in proportion
smaller as the dune size increases, the barchan is unstable. This is what is predicted by the Ccc
model, in agreement with the few field observations (Sauermann et al. , 2000).
y
x
Fig. 3.34 – Sketch showing the instability due to the collisions between the dunes. If one dune is slightly
larger than the others, it goes slower and will absorb incoming dunes.
Without loss of generality we can write the disturbances under the forms : q − q∞ = q1 eσt+ikx ,
w − w∞ = w1 eσt+ikx and N − N∞ = N1 eσt+ikx . Solving the system of linear equations we obtain
the expression of the growth rate σ as a function of the wavenumber k :
(kλq )2
λq
τr σ = ik − λ r + . (3.45)
1 + (kλq )2 1 + (kλq )2
The sign of the real part of the growth rate σ is that of τr and thus of ∆. The stability of the
dune field is therefore that of the solitary dune. If ∆ < 0, which means that all the individual
dunes are stable, the field is (for obvious reasons) stable. But in fact, all the individual dunes
are unstable (∆ > 0), so that a field in which dunes interact via the sand flux is also unstable.
The result of the above formal demonstration, can also be understood via a simple argu-
ment illustrated on figure 3.33. Consider a barchan dune field at equilibrium : for each dune,
input and output volume rate are equal. Now, imagine that the input flux of a dune slightly
decreases for some reasons. As explained in the previous subsection, if this dune is unstable
(∆ > 0) it tends to shrink. Consequently its output flux increases, and makes its downwind
neighbors grow. Therefore, even a small perturbation of the sand flux can dramatically change
the structure of the field downwind.
V̇ = qw − Q(αw + ∆)
aQ(w − w∞ )
+ N∞ V∞ (w + w∞ ) . (3.46)
ww∞
Comportement moyen 83
0.6
•
τr η
N∞=-1.6 Nc
0.4 (∆>0)
0.2
N∞=1.6 Nc (∆<0)
0.0
N∞=0.5 Nc (∆<0)
-0.2
0 1 2 3 4 5 6
η
Fig. 3.35 – Growth rate τr η̇ of a dune due to collisions, as a function of the rescaled size η in three
different cases. If the solitary dune is unstable (∆ > 0), the field is also unstable towards the collisional
instability (dot-dashed line). If the solitary dune is stable (∆ < 0), the stability of the field depends on
the dune density. At high density (solid line), the field is linearly unstable while at low density (dashed
line), it is stable towards any disturbance.
Therefore, if the dunes are individually unstable (case ∆ > 0, figure 4.3 a), the dunes are
always unstable towards the collisional instability. The barchan field quickly merge into one big
barchan dune. If the dune are individually stable (∆ < 0), the same instability develops but
only when the dune density is larger than the critical dune density Nc (figure 4.3 b). Suppose
indeed that one collision occurs in the middle of an homogeneous field, creating a dune of twice
its original volume. Since it is larger, this dune slows down and a second collision occurs before
the large dune has recovered its equilibrium. If now the dune density is small (figure 4.3 c), the
time before a second collision happens is sufficiently large to allow the large dune to recover
its equilibrium volume, and in this case a field of stable dunes is stable towards the collision
process.
of barchans corridors.
The starting point of the present work is the observation that barchan dunes are organi-
zed in fields stretched along the dominant wind direction (figure 3.24) that can be as long as
300 km. These barchans corridors are quite homogeneous in size and in spacing. For instance, the
barchans field between Tarfaya and Laayoune presents a zone of 50 km without any geological
obstacle in which the same five coherent corridors persist. This size selection is of course not to
be taken in a strict sense : there are large fluctuations from one dune to another, which have
also to be explained.
We have shown that the stability of a solitary dune essentially depends on the relationship
between the size of the horns and that of the dune. Indeed, the dune receives at its back a
sand flux proportional to its size but releases sand only by its horns. If the size of the horns
is proportionally smaller for large dunes than for small ones, the steady state of the dune is
unstable : it either grows or decay (figure 3.33). If, on the contrary, the sand leak increases faster
than the dune size, it pulls the dune back to equilibrium. Furthermore we have shown that the
fact that a dune is fed by the output flux of the dunes upwind does not change the stability
analysis. This is essentially because a dune can influence another dune downwind through the
flux but there is no feedback mechanism.
We are thus left with a secondary question : how does the horns width evolve with the
dune size ? The only field measurements from which the horns size can be extracted are the
shape measurements of eight dunes by Sauermann et al. , (2000). The sum of the width of the
two horns is found to be between 12 and 28 m for the five small dunes they measured (2 and 3 m
high), and between 12 and 17 m for the three larger ones (heights between 6 and 8 m). If we trust
the relevance of their selection of dunes, this means that the horn size is almost independent
of that of the dune. This is also coherent with their claim that the slip face is proportionally
smaller and the horns larger for small dunes than for large ones. In that case, solitary barchans
should be individually unstable.
The second indication is provided by the Ccc modeling, with which we recover that this
steady state is in fact unstable (figures 3.28 and 3.30), in fact for the very same reasons as above.
The solution can be artificially stabilized by putting at the back of the dune exactly what it
looses by its horns but this is only a numerical trick. What determines the size of the horns in
the model ? The 3D solutions can be thought of coupled 2D solutions ( Andreotti et al. , 2002
b) ; . Then, the horns start when there is no slip face, i.e. when the length becomes of the order
of the minimal size of dunes. This simple argument leads to think that the horns should keep a
characteristic size of order of few saturation lengths L whatever the dune size is.
We have shown that there is a second robust mechanism of instability. We know from field
measurements, numerical models and theoretical analysis that the dune velocity is a decreasing
function of its size. The reason is simply that the flux at the crest is almost independent of the
dune size and will make a small dune propagate faster than a large one. This is sufficient to
predict the coarsening of a dune field : because they go faster, small dunes tend to collide the
large ones making them larger and slower. . . This collision instability should also lead to an ever
growing big dune.
The scales over which all instabilities develop are the relaxation time τr and length λr . For
the eastern corridor of figure 3.24, the order of magnitude of the dune width is 100 m which gives
τr ∼ 1.1 century and λr ∼ 4 km. For the western corridors, the dunes are smaller (w ∼ 20 m
and the characteristic scales become τr ∼ 10 months and λr ∼ 160 m. These lengthes are much
smaller than the extension of the corridor (300 km) so that these instabilities have sufficient
space to develop.
However, the actual barchan corridors are homogenous and one cannot see any evidence
of such instabilities. As a conclusion, the dune size selection and the formation of barchan
corridors are still open problems in the present state of the art. There should exist another
Comportement moyen 85
Fig. 3.36 – Aerial photographs of several barchan dunes in the same region as the field of figure 3.24.
They all exhibit an instability on the left side, leading to a periodic array of small slip-faces.
robust dynamical mechanism leading to an extra-leak of the dunes, to balance the collisional
and the flux instabilities. There are already two serious candidates for this mechanism. First,
we do not have any information on the collision process. In the Ccc model presented here, the
collision of two dunes leads to a merging into a larger dune, but in the reality, it could lead to the
formation of several dunes. Second, we have only investigated here the case of a permanent wind.
We have shown that the dunes characteristic times are larger than one year so that the annual
variations of the wind regime could have drastic effects. Figure 3.36 shows aerial photographs
of eight barchan dunes. They all present a periodic array of 1 m high slip faces on their left
side reminiscent of a secondary wind (probably a storm) coming from the west (from the left on
the figure). This new instability related to changes in wind direction could lead to a larger time
averaged output flux than expected for a permanent wind. Further work in that direction will
perhaps shed light on the formation of nearly homogeneous corridors of barchan dunes.
The authors wish to thanks S. Bohn, L. Quartier, B. Kabbachi and Y. Couder for many
stimulating discussions. The barchans velocities of Fig. 3.26 have been measured with the help
of H. Bellot.
The three starting equations of the model are the conservation of matter, the charge
86 Morphodynamique des barkhanes
equation and the coupling between the saturated flux and the dune shape h :
~ · (q ∇h),
∂t h + ∂x q = D ∇ ~ (3.50)
qsat − q
∂x q = , (3.51)
L Z
qsat dχ
= 1+A ∂x he + B ∂x he . (3.52)
Q π(χ − x)
We recall that the overall flux is the sum of q along the wind direction, plus an extra flux due
to reptons along the steepest slope. The two last equations do not contain any y dependence
and can thus be solved for each slice in x independently, using a discrete scheme in space (dx).
The conservation of matter (3.50) couples the slices through the diffusion term and is solved by
a semi-implicit scheme of time step dt. To speed up the numerical computation of the saturated
flux, we use the discrete Fourier transform F of the dune envelope he :
This envelope is composed of the dune profile h(x) up to the point where the turbulent boundary
layer separates :
x < xb : he (x) = h(x). (3.54)
In the absence of any systematic and precise studies on this separation bubble, we assume that
the separation occurs when the slope is locally steeper than a critical value µb = 0.25 :
When the dune presents a slip face, the boundary layer thus separates at the crest. The separation
streamline is modeled as a third order polynomial :
and the reattachment point xr is the first mesh point for which the slope is nowhere steeper
than µb . There is no grain motion inside the recirculation bubble, so that the charge equation
should be modified to ∂x q = −q for xb < x < xr . Similarly, on the solid ground (h = 0) no
erosion takes place, so that ∂x q = 0.
The last important mechanism is the relaxation of slopes steeper than µd by avalanching.
Rather than a complete and precise description of avalanches of grains, we treat them as an
extra flux along the steepest slope :
~ · [(Dq + Eδµ)∇h],
∂t h + ∂x q = ∇ ~ (3.59)
where δµ is nul when the slope is lower than µd and equal to δµ = |∇h| ~ 2 − µ2 otherwise. For a
d
sufficiently large coefficient E, the result of this trick is to relax the slope to µd , independently
of E. Note that, as the diffusion of reptons, these avalanches couple the different 2D slices. The
value of the parameters have been chosen to reproduce the morphological aspect ratios and are
given in the following table :
Comportement moyen 87
The results presented in this paper have been obtained for different discretization time and
space steps, different box sizes and different total times. This explains the slight dispersion of
the measurements.
88 Morphodynamique des barkhanes
Chapitre 4
Dans le chapitre précédent, nous avons discuté du comportement moyen des barkhanes et
des problèmes posés par la sélection de la taille des dunes et par la structuration des champs
en couloirs homogènes. Nous en arrivons maintenant au cœur de cette thèse puisqu’il s’agit de
mettre en évidence la dynamique hors d’équilibre des barkhanes.
routevers
Tantan
N Tarfaya
a
650 m route vers Laayoun
20 m c 40 m b
Fig. 4.1 – Carte localisant le champ de dunes sur lequel nous avons effectué un suivi tout au long de la
thèse. Les encadrés a, b et c sont des agrandissements successifs de la zone.
89
90 Morphodynamique des barkhanes
x (m)
-20
-10
10
Position de la face
20 d'avalanche
16/01/2004
1/10/2003
14/06/2003
18/03/2003
8/01/2003
30
4/12/2002
5m
N
40
10 5 0 -5 -10 -15
y (m)
Fig. 4.2 – Positions successives d’une barkhane de 4 m de haut au cours de l’année 2003. Les flèches
indiquent le sens de propagation de la face d’avalanche, les points noirs indiquent les positions des clous
de référence servant pour la mesure.
y (m)
6
-2
x (m)
0
-200
-400
-600
-800
Fig. 4.3 – Coordonnées du creux de la barkhane représentée sur la figure 4.2 en fonction du temps.
flux de sable moyen conditionné par tranches angulaires de direction du vent. On constate que la
rose est extrêmement aı̈gue dans la direction de déplacement moyen des barkhanes (la direction
des couloirs). Si l’on considère maintenant la rose des maxima de flux (fig. 4.6b), on constate
qu’il existe des événements extrêmement intenses venant d’autres directions que les Alizés, trop
courts pour déplacer le centre de masse des dunes mais susceptibles d’en affecter la forme. C’est
en ce sens qu’il faut interpréter le fait que la face d’avalanche puisse reculer.
De l’observation directe tirée de nos séjours sur le terrain, on peut recenser trois directions
de vents importantes :
– les Alizés, de direction NNE, qui provoquent l’essentiel du déplacement en masse des
barkhanes et qui contrôlent l’orientation des couloirs ;
– des vents secondaires, relativement frais et faibles, provenant du Nord-Ouest et de
l’Ouest, qui ont une influence très limitée ;
– le ’Chergui’, rare mais violent, qui est un vent de terre chaud et sec soufflant par tempêtes
du Sud Sud-Ouest. Il provient d’un déplacement soudain de l’anticyclone responsable
des Alizés vers le Nord de l’Europe où il disparaı̂t avant de se reformer au large des
Canaries. Il s’accompagnent de jets de poussière intenses (fig. 4.7). Le ’Chergui’ induit
de faibles reculs des dunes mais en modifie profondément la forme. Ceci est d’autant
Dynamique hors d’equilibre 93
x (m)
-20
20
40
60
80
10 m
140
N
40 30 20 10 0 -10
y (m)
Fig. 4.4 – Positions successives d’une barkhane de 1 m de haut au cours de l’année 2003. Les flèches
indiquent le sens de propagation de la face d’avalanche, les points noirs indiquent les positions des clous
de référence servant pour la mesure.
94 Morphodynamique des barkhanes
z (m) z (m)
3.5 3.8
3.0 3.7
2.5 3.6
2.0 3.5
1.5 3.4
1.0 3.3
6/11/2003 3.2
0.5 4/11/2003
0.0 3.1
a 0 5 10 15 20 25 30 b 20 21 22 23 24 25
x (m) x (m)
Fig. 4.5 – Evolution de la ligne de crête d’une barkhane de 4 m de haut lors d’un retournement de vent
(ici un vent d’Ouest).
plus vrai que la dune est grosse : les petites barkhanes compensent très vite ce recul
après le retour des Alizés.
(m2/an)
50 750
500 N
25
Fig. 4.6 – Gauche : rose des flux (1999). Droite : rose du maximum de flux.
Dynamique hors d’equilibre 95
Fig. 4.7 – Jet de poussière au dessus des Canaries lors d’un retournement de vent (Chergui).
96 Morphodynamique des barkhanes
z (m) z (m)
1.2 1.2
0.8 0.8
0.4 0.4
0.0 0.0
a 0 5 10 15 20 x (m) 25 0 2 4 6 8 10 12
y (m)
14
4 4
3 3
2 2
1 1
0 0
b 0 10 20 30 40 50 0 10 20 30 40 50 60
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0.0 0.0
c 0 5 10 15 0 2 4 6 8 10 12 14
2.0 2.0
1.5 1.5
1.0 1.0
0.5 0.5
0.0 0.0
d 0 5 10 15 20 25 0 10 20 30 40
1.2 1.2
0.8 0.8
0.4 0.4
0.0 0.0
e 0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30 35
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3
0.2 0.2
0.1 0.1
0.0 0.0
f 0 2 4 6 8 10 12 14 0 2 4 6 8
8 8
6 6
4 4
2 2
0 0
g 0 10 20 30 40 50 60 70 0 20 40 60 80
Fig. 4.8 – Sélection de quelques profils représentatifs des barkhanes étudiées. A gauche sont représentés
les profils longitudinaux et à droite les profils transversaux correspondants. L’échelle verticale a été
multipliée par 5. Les points noirs correspondent aux points d’intersection entre les profils.
Dynamique hors d’equilibre 97
Fig. 4.9 – Photographie d’une petite dune présentant des cornes effilées et une grande face d’avalanche.
et f)), tandis que dans d’autres cas, le sommet est atteint en haut de la face d’avalanche (fig. 4.8
(d et g)). D’où provient cette variabilité de forme entre les profils longitudinaux des barkhanes ?
Est-ce une propriété d’équilibre liée uniquement à la taille des dunes, comme l’ont récemment
proposé Sauermann et al. (2000 et 2001) ? Une même barkhane peut-elle passer d’une forme à
une autre ? Sous quelles conditions physiques ?
z (m) z (m)
4 23/06/2003
19/06/2003 3.8
3 17/06/2003
2 3.6
1 3.4 15/06/2003
12/06/2003
0
a 0 10 20 30 40 50
x (m)
60
b 50 52 54 56
x (m)
58
Fig. 4.10 – a) Evolution temporelle du profil longitudinal d’une barkhane de 4 m pendant que se forme
un replat. b) Agrandissement de la zone encadrée.
98 Morphodynamique des barkhanes
z (m)
z (m) 10. 5
10
10
8 9.5
6 9
4 8.5
2 8
0 7.5
a 0 20 40 60 x(m) b
50 55 60 65 x(m) 70
- ∂ th (mm/jour)
30
20
10
0
-10
-20
-30
c 0 10 20 30 40 50 x(m) 60
z (m) z (m)
8 8.5
6 8.0
7.5
4 10/05/2003
7/05/2003 7.0
6/05/2003
2 4/05/2003
2/05/2003 35 40 45 50 y(m)
0 29/04/2003 e
d 0 20 40 60 y(m) 80
Fig. 4.11 – a) Evolution temporelle sur 12 jours du profil longitudinal d’une barkhane de 9 m de
haut. b) Agrandissement autour du replat. c) Profil longitudinal d’érosion −δh entre le 29/04/2003 et
le 10/05/2003. Le dos est globalement érodé jusqu’à x ≃ 45 m où une épaisseur 300 mm de sable s’est
déposée, donnant naissance au replat. d) La coupe transversale de la même dune pendant la même période
montre l’extension transverse du replat. e) Agrandissement de du profil transversal autour du replat.
∂x h = −c∂t h
La figure 4.12 (d) représente le taux d’érosion en fonction de la pente. Premier constat, il n’existe
pas de relation linéaire entre ces deux quantités sur la totalité de la dune, ce qui traduit le fait
qu’elle se déforme. La position des points dans le graphique détermine une sorte de vitesse de
propagation locale que l’on pourrait définir comme le rapport −∂x h/∂t h. On voit que les points
correspondant au dos de la dune s’alignent remarquablement sur une droite de faible pente i.e.
Dynamique hors d’equilibre 99
Z (m)
4 13/01/2003
10/01/2003
3
0
a 0 10 20 30 40 x (m) 50
- ∂ th (mm/jour)
150
100
50
0
-50
-100
-150
b x (m)
0 10 20 30 40
∂ xh
0.2
0.0
-0.2
-0.4 13/01/2003
10/01/2003
-0.6
c 0 10 20 30 40 x (m)
- ∂ th (mm/jour)
200
100
-100
-200
d -0.3 -0.2 -0.1 0.0 ∂ x h 0.1
Fig. 4.12 – a) Evolution temporelle du profil longitudinal d’une barkhane de 4 m de haut montrant
qu’une fois que le replat est né, le sommet avance jusqu’à rejoindre la face d’avalanche. b) Profil lon-
gitudinal d’érosion δh entre le 10 et le 12 janvier 2003. On observe une zone fortement érosive suivie
d’une zone de forte accrétion, ce qui est symptomatique d’une propagation de la perturbation. c) Profil
longitudinal de la pente ∂x h pendant la même période. d) Erosion ∂t h en fonction de la pente ∂t h. Les
croix correspondent au dos de la dune et les cercles au replat.
100 Morphodynamique des barkhanes
z (m) z (m)
4
3 4.4
2 4.0
1 30/03/2003
19/03/2003 3.6
0
a 0 10 20 30 40 50 60 b 40 45 50 x(m) 55
x(m)
- ∂ th (mm/jour) - ∂ th (mm/jour)
10 10
0 0
-10 -10
-20 -20
-30 -30
-0.1 δ
0 10 20 30 40 50
d x(m)
Fig. 4.13 – a) Coupe longitudinale d’une autre barkhane montrant l’évolution d’un replat. b) agran-
dissement de la zone de fluctuation de la pente. Le suivi de cette barkhane sur une période de 11 jours
révèle la croissance du replat. c) Évolution de l’érosion ∂t h pendant la même période montre qu’il y a
un dépôt de sable de l’ordre de 200 mm juste avant la face d’avalanche. d) L’évolution de la pente ∂x h
entre le 19 et le 30 mars 2003 montre qu’elle est accentuée et déplacée par une distance δ. e) Le traçage
de l’érosion ∂t h en fonction de la pente ∂x h. Les croix présentent les points du dos caractérisées par une
pente positive et par l’érosion. les cercles présentent les points des replat dont la partie qui est vers le dos
est érodé et l’autre est acrêté ce qui montre que le sommet avance vers la face d’avalanche.
150m
b c
20m 10m
Fig. 4.14 – (a) Le dos et les flancs des méga-barkhanes (a) (650 m de large et 40 m de haut) présentent
en toute saison des corrugations de surface plus ou moins régulières, d’amplitude suffisante pour présenter
une face d’avalanche. (b) et (c) Les dunes de de petite taille (on parlera plus loin de la taille élémentaire)
n’en présentent jamais (ici, 100 et 50 m mètres de large respectivement).
et que l’on dessine d’ordinaire dans la typologie dunaire (fig. 1.9). Seules les dunes de taille
modeste, relativement isolées des autres, ne présentent pas de perturbations manifestes à la
forme idéale. Les grosses barkhanes présentent systématiquement des structures secondaires,
d’amplitude suffisamment grande la plupart du temps pour que se forment des séries de faces
d’avalanche secondaires (fig. 4.14). La fraction de barkhanes régulières varie au gré des saisons
et une même dune peut être tantôt dans un état apparemment stable et tantôt présenter des
structures secondaires (Fig. 4.15). Les plus grandes dunes (10 m de haut et plus) – en particulier
les méga-barkhanes dunes hors gabarit – présentent des corrugations de surface en toute saison.
Nous avons pu constater que ces perturbations, tout comme le replat, se propagent plus vite que
102 Morphodynamique des barkhanes
12 m
b
10 m
Fig. 4.15 – Photographies des flancs d’une même barkhane de taille moyenne à deux périodes de l’année
2003. a) Le 11 janvier 2003, la dune présentait des oscillations de surface. b) Le 14 juin 2003, la dune est
redevenue d’apparence lisse.
la dune.
Ces remarques préliminaires soulèvent un certains nombre de problèmes. Quels sont les
mécanismes physiques responsables de la formation de ces oscillations de surface ? Présentent-
elles une distance caractéristique ? Pourquoi ne s’en forme-t-il pas sur les petites barkhanes ?
Sur quel temps caractéristique évoluent-elles ? Quelle est leur influence sur l’évolution globale
de la barkhane ?
Pour étudier la nature de ces corrugations, nous avons sélectionné cinq dunes dont les
flancs présentaient des oscillations de surface particulièrement régulières. Nous avons mesuré la
pente ∂x h et l’érosion ∂t h selon une coupe longitudinale passant par ces oscillations (fig. 4.16).
Nous avons également pris des séries de photographies permettant de mesurer avec une bonne
précision absolue le profil de hauteur h(x) le long de cette coupe. En combinant les mesures
de pente et le profil moyen, nous avons pu obtenir une reconstruction à la fois excellente en
relatif et en absolu. La figure 4.16 montre le profil de hauteur dont on a soustrait les variations
lentes pour ne garder que le profil de la perturbation δh. Par intégration du taux d’érosion, on
obtient le profil de flux q. Chacune des faces d’avalanche secondaires se comporte comme un
piège intégral qui donne, par une mesure de hauteur et de déplacement, une mesure absolue de
q extrêmement précise. Par combinaison des deux mesures, on obtient également un profil de
variation de flux δq précis à la fois globalement et en relatif.
La figure 4.16 montre que la hauteur et le flux oscillent en phase, ce qui est la ca-
ractéristique d’une onde progressive en x − ct. En effet, de par la conservation de la matière
(∂t h + ∂x q = 0), une onde se caractérise par une variation de flux proportionnelle à la variation
de hauteur : δq = cδh. En comparant maintenant l’amplitude relative δq et de δh, on peut
observer que la vitesse c n’est pas constante mais décroı̂t du haut de la dune vers le bout des
cornes.
En conclusion, les corrugations des dunes ne sont rien d’autre que des ondes progressives
de surface, quasi-périodiques la plupart du temps.
Dynamique hors d’equilibre 103
0.5
δh
0
(m)
0 20 40 60 80 100
-0.5
δq 50
x (m)
(m2/an) 0
-50 0 20 40 60 80 100
a
c
H
b
5m x
Fig. 4.16 – a) comparaison du profil de l’érosion δt h et de celui du flux correspondant δq , nous remarquons
que ces deux oscillation sont en phase. b) Photo de la barkhane où nous avons effectué la mesure montrant
le lieu et l’axe des mesures
Pour mesurer la vitesse de propagation des ondes, nous avons les avons simplement
marquées à l’aide de piquets. Cela est particulièrement simple lorsqu’il y a une face d’avalanche ;
dans le cas contraire, nous avons mis des piquets sur la ligne d’inflexion. Nous avons également
mis des piquets en haut de la face d’avalanche d’un certain nombre de dunes ne présentant pas
d’oscillations de surface, soumises au même vent. Cela nous a permis de mesurer le flux de crête
aQ de dunes ”stables” pendant le même laps de temps. De cette mesure, on tire par une règle
de proportionalité sur la hauteur relative à laquelle se situe l’onde, un flux de référence pour
les ondes. La figure 4.17 montre que les ondes se propagent sur les flancs des dunes comme les
dunes sur terrain plat, et suivent une loi du type :
c a
= (4.4)
Q H + H0
Cela constitue une confirmation quantitative de ce que le mécanisme conduisant à une instabilité
secondaire des dunes est le même que le mécanisme d’instabilité primaire d’un lit sableux.
Bien entendu, nous n’avons de prédiction directe que sur la vitesse des ondes dans le régime
linéaire, c’est à dire à amplitude H nulle. On peut donc identifier dans la formule ci-dessus la
vitesse à H = 0, c/Q = a/H0 à la vitesse de propagation du mode le plus instable. En calant
les paramètres A et B de manière à reproduire la morphologie des barkhanes développées, on
déduit une valeur de H0 proportionnelle à la longueur de saturation : H0 ≃ aLsat /5. Cela donne
une valeur de l’ordre du mètre, compatible avec les estimations du chapitre précédent. La courbe
en trait plein sur la figure 4.17 a été obtenue avec la prédiction de de H0 tirée du calcul linéaire.
On voit que l’accord est quantitativement bon – ainsi bien sur que dans la zone en 1/H.
Dynamique hors d’equilibre 105
0
0 5 10 15 40 H (m)
Fig. 4.17 – Comparaison de la vitesse des ondes et des barkanes, normalisée par le flux de référence Q,
en fonction de leur hauteur H. Dans le cas des dunes, le flux de référence Q est le flux saturé sur terrain
plat. Dans le cas des ondes, il s’agit du flux qu’il y aurait eu à cet endroit si la dune avait été lisse, et se
propageant sans se déformer. On le déduit de la hauteur et de la mesure de la vitesse de propagation de
petites dunes aux environs. La courbe en trait plein correspond à la relation (4.4) dans laquelle la valeur
de H0 est tirée du calcul de stabilité linéaire.
Longueur d’onde
Nous avons systématiquement mesuré la longueur d’onde λ des ondes à partir de photo-
graphies aériennes sur les 500 dunes environ que comportent une zone de 20 km par 8 km. Nous
avons également pris un nombre conséquent de points de mesure sur le terrain, au tri-décamètre.
L’histogramme de ces mesures, présenté sur la figure 4.18, montre un pic clair autour de 20 m.
La même mesure a été faite sur le dos des mégabarkhanes (40 m de haut), sur lesquelles la
longueur d’onde moyenne est légèrement supérieure, de l’ordre de 28 m (fig. 4.18). L’analyse de
stabilité linéaire prédit que la longueur d’onde la plus instable vaut λmax ≃ 12Lsat ce qui donne
20 m en utilisant la valeur mesurée pour Lsat . L’accord est donc à nouveau quantitatif avec la
prédiction.
Nous avons vu que Lsat dépend linéairement de la taille des grains et du rapport de
densité entre les grains et le fluide environnant, avec une dépendance sous-dominante en nombre
de Shields. Cela permet de comprendre les longueurs d’onde centimétriques observées dans l’eau
mais aussi la longueur d’onde de l’ordre de 600 m de la méga-barkhane martienne (fig. 4.19)–
l’atmosphère martienne est 80 fois plus légère que la nôtre –.
106 Morphodynamique des barkhanes
N barkhanes
100
mégabarkhanes
80
60
40
20
0
0 20 40 60 80 λ (m) 100
Fig. 4.18 – Histogrammes des longueurs d’ondes λ pour les ondes sur les flancs de dunes de taille
moyenne et sur les méga-barkhanes. Cet histogramme présente un pic de 28 m pour les mégabarkhanes,
20 m pour les barkhanes régulières
6 km
m 2/an
d
c Flux moyen Q Flux maximal Qmax
Fig. 4.20 – Réponse des barkhanes aux changements de direction du vent. Superposition d’une photo-
graphie aérienne (t = 0) et de contours GPS pris à différentes dates t. La flèche jaune indique la direction
normale du vent. Les flèches de couleurs indiquent la direction du vent ayant conduit à des changements
de forme. a) Nucléation d’ondes à la surface d’une barkhane moyenne initialement lisse, sous l’effet d’un
vent du N-W (contour à la date t = −80 mois). b) Déstabilisation d’une barkhane moyenne conduisant
à l’éjection d’un sillage de petites barkhanes de taille élémentaire (contour à la date t = 50 mois). c)
Evolution d’une petite barkhane sous l’effet de tempêtes (contours violet à la date t = −15 mois et vert
à t = −12 mois). Une nouvelle face d’avalanche nuclée à l’opposé du vent. d) Méga-barkhane (contour
à la date t = 350 mois). Les variations journalières de direction du vent suffisent à maintenir la surface
instable en permanence.
sur une dune de taille moyenne, l’instabilité ne se verra quasiment pas, sauf par la présence
de plis de très petite amplitude près de la face d’avalanche (fig. 4.20 b). Cela signifie aussi
que la nucléation d’ondes de surface constitue la réponse générique d’une dune à toute forme
de perturbation. En particulier, nous pouvons ré-interpréter dans ce contexte les battements
108 Morphodynamique des barkhanes
80 cm
20cm
Fig. 4.22 – Photographies de petites sous-structures en forme de coquille de moule, naissant en période
des vents d’Ouest. Elles se forment le long de la face d’avalanche retournée comme dans les seifs (dunes
longitudinales).
Fig. 4.23 – Photographie d’une sous-structure en forme de coquille de moule. Les girouettes indiquent
la direction du vent et montrent le recollement de couche limite.
110 Morphodynamique des barkhanes
Z (m) Z (m)
10
10
9.5
8
9
6
8.5
4
8
2 22/12/2003
7.5
8/12/2003
0
a b 55 60 65 70
0 20 40 60 x (m)
x (m)
∂ xh - ∂ th (mm/jour)
0.6
0.4 80
0.2
40
0.0
-0.2 0
22/12/2003
-0.4 8/12/2003 -40
-0.6
0 10 20 30 40 50 60 -0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4 0.6
c x (m) e ∂ xh
- ∂ th (mm/jour)
80
40
-40
0 10 20 30 40 50 60 70
d x (m)
Fig. 4.24 – Effet du vent de terre (’Chergui’) sur une barkhane de 9 m de haut. a) Evolution du profil
longitudinal pendant le retournement de vent. Une face d’avalanche de 1 m se forme dans le sens opposé
à la normale. b) Agrandissement des profils autour de la face d’avalanche nouvellement crée. c) Profils
de pente ∂x h. d) Profil d’érosion ∂t h mesuré entre le 8 et le 22 décembre 2003. e) Erosion ∂t h en fonction
de la pente ∂x h. Les cercles correspondent à la zone de la sous-structure nucléée et les croix au reste de
la dune.
Dynamique hors d’equilibre 111
la différence essentielle avec une onde simple résulte dans l’existence d’un transport de sable
important au pied de la face d’avalanche, dans la zone de recirculation. Dès que de la face
d’avalanche secondaire est inclinée de plus d’une vingtaine de degrés par rapport à la direction
du vent, on observe un recollement de la couche limite aerodynamique sur la face d’avalanche.
Au lieu d’avoir un tourbillon de recirculation de faible intensité comme c’est le cas derrière une
dune, il apparaı̂t un écoulement très rapide parallèle à la face d’avalanche. On peut le constater
à l’aide de girouettes (fig. 4.23) ou même, plus simplement, par l’orientation des rides éoliennes
perpendiculairement à la face d’avalanche sur la figure 4.21.
Cet écoulement secondaire pratiquement perpendiculaire au vent global est en général au
dessus du seuil de transport, ce qui provoque un transfert de matière le long de la face d’avalanche
(fig. 4.23). C’est ce transport qui est responsable, en particulier, de la forme caractéristique de
coquille de moule. Par rapport au cas des ondes simples, le recollement de couche limite constitue
une manifestation importante des effets non-linéaires1 . En particulier, c’est cet effet qui est à
l’origine de la formation des seifs, qui sont les dunes qui se forment lorsque l’on a deux directions
principales de vent à 45◦ environ l’une de l’autre. Cela constitue un enjeu d’importance pour les
recherches à venir puisqu’aucun modèle de dune ne réussit à l’heure actuelle à intégrer cet effet.
Nous avons pu observer des sous-structures en forme de coquille de moule de taille allant de
quelques centimètres (fig. 4.22) à quelques mètres de haut (fig. 4.21). Dans ce dernier cas, on n’en
trouve que quelques unes sur le dos d’une barkhane contrairement aux trains d’ondes mentionnés
plus haut. Cette invariance d’échelle renforce l’idée selon laquelle il s’agit essentiellement d’un
phénomène lié à l’écoulement.
Les sous-structures en forme de coquille de moule se forment spécifiquement pendant les
retournements de vent, en particulier pendant les tempêtes de vent de terre hivernales (’Chergui’
soufflant du S-SE). La figure 4.24 montre l’évolution d’une dune moyenne lors des retournements
de vent du 19 et du 22 décembre 2003. Seule la zone autour de la face d’avalanche se réarrange
rapidement, le reste de la dune restant essentiellement statique. Il se forme une face d’avalanche
inversée d’un mètre de haut environ. Le profil d’érosion présente une zone d’érosion intense en
amont d’une zone d’accrétion, ce qui est symptomatique d’une propagation rapide en direction du
pied de la dune. Le graphe de l’érosion en fonction de la pente montre que l’ensemble de la dune
recule, mais avec une vitesse d’ensemble beaucoup plus faible que la vitesse de la sous-structure.
La figure 4.25 montre qu’il faut une dizaine de jours pour que l’une de ces sous-structures se
forme. L’érosion derrière la face d’avalanche est extrêmement intense et atteint 15 cm par jour
(fig. 4.25 (c)). Comme les autres perturbations que nous avons recensées, les sous-structures
en forme de coquille de moule se résorbent en se propageant jusqu’à la face d’avalanche. Cette
propagation s’accompagne dans ce cas particulier d’un mouvement latéral lié au recollement de
couche limite. La figure 4.26 est complémentaire de la figure 4.25 et présente l’évolution de la
coupe transversale d’une dune lors de la disparition d’une sous-structure après le retour des
Alizés. On constate la présence d’un dépôt de sable massif pendant cette période.
On peut résumer de la manière suivante le scénario type d’apparition d’une sous-structure
en forme de coquille de moule (fig. 4.27). La barkhane prend sa forme de croissant lisse pendant
une période d’alizés. Pendant une tempête des vents de terre, la barkhane évolue rapidement
en régénérant une nouvelle face d’avalanche orientée dans la direction opposée à l’ancienne face
d’avalanche. La présence d’un transport de sable se traduit par la formation de rides éoliennes sur
celle-ci. Lorsque les Alizés reprennent, la petite ligne de crête précédemment créée se déstabilise
pour former une sous-structure au sein de laquelle la couche limite recolle, engendrant un trans-
port latéral de sable. Cette sous-structure prend sa forme caractéristique de coquille de moule et
se propage avec un angle de quelques dizaines de degrés par rapport à la direction du vent. Ce fai-
1
La sélection de la hauteur des dunes résulte aussi d’une non-linéarité, le décollement de couche limite. Cepen-
dant, le fait que la recirculation soit en général sous le seuil de transport simplifie grandement le problème dans
ce cas.
112 Morphodynamique des barkhanes
z (m)
10
4 20/01/2004
16/01/2004
2 15/01/2004
13/01/2004
11/01/2004
0
a 0 20 40 60 80 y (m)
z (m)
9. 0
8. 5
8. 0
7. 5
7. 0
6. 5
b 30 35 40 45 y (m)
- ∂ th (mm/jour)
150
100
50
c 0 20 40 60 80 y (m)
Fig. 4.25 – a) Evolution temporelle du profil transversal d’une barkhane de 9 m de haut montrant
la naissance d’une sous-structure en forme de coquille de moule. b) Agrandissement autour de la sous-
structure. c) Profil d’érosion ∂t h.
sant, elle diminue d’amplitude et a pratiquement disparue lorsqu’elle rejoint la face d’avalanche.
La barkhane est alors revenue à son état de croissant lisse.
4.7 Synthèse
Nous avons montré dans ce chapitre que les barkhanes sont loin d’être des objets à
l’équilibre, stables, et se propageant sans se déformer. Les dunes sont génériquement instables,
toute perturbation par rapport à la forme d’équilibre déstabilise la surface pour former des sous-
Dynamique hors d’equilibre 113
z (m)
8
4
03/04/2003
2 01/04/2003
22/03/2003
0
a 0 20 40 60 y (m) 80
z (m)
b 30 40 50 60 y (m)
- ∂ th (mm/jour)
20
0
-20
-40
-60
-80
-100
c 0 20 40 60 y (m) 80
Fig. 4.26 – a) Evolution temporelle du profil transversal d’une barkhane de 8 m de haut montrant la
disparition d’une sous-structure en forme de coquille de moule. b) Agrandissement autour de la sous-
structure. c) Profil d’érosion ∂t h.
structures propagatives. Nous avons montré que derrière l’apparence d’un vent dominant respon-
sable de l’essentiel du mouvement des dunes se cachent des variations très importantes de direc-
tion du vent, qui perturbent les dunes. La réponse des dunes à ces changements de vent dépend de
leur taille. Les petites dunes se réadaptent rapidement. Les dune moyennes se déstabilisent pour
former des structures secondaires. Les dunes les plus grosses restent déstabilisées de manière
permanente. Suite à des retournements de vent complets se forment des sous-structures plus
complexes au sein desquelles la couche limite recolle le long de la face d’avalanche, induisant
un écoulement secondaire important. L’une des pistes de recherche pour l’avenir consistera à
étudier plus en profondeur les conditions de recollement et la transition entre les barkhanes et
114 Morphodynamique des barkhanes
VENTS DU S-W
flux
latéral
direction du vent
N
Fig. 4.27 – Scénario type du comportement d’une dune moyenne pendant une tempête hivernale.
les dunes longitudinales (seifs). Pour l’heure, ayant montré que les dunes sont perpétuellement
hors d’équilibre, il s’agit de changer d’échelle pour considérer la question initiale de la stabilité
apparente des couloirs de dunes. L’instabilité de surface mise en évidence permet-elle de résoudre
le problème de sélection de taille posé précédemment ?
Chapitre 5
Ayant montré que les barkhanes ne sont pas des objets à l’équilibre mais bien des ob-
jets génériquement instables vis-à-vis d’ondes de surface, nous faisons maintenant retour sur le
problème que nous nous sommes initialement posé. Comment expliquer la structuration d’un
champ de dunes en couloirs au sein desquels la taille évolue peu ? En particulier, comment expli-
quer que les deux instabilités vis-à-vis de transferts de matière entre dunes (par les flux entrant
et sortant, et par les collisions) ne conduisent pas à la fusion de l’ensemble du champ de dune
en une seule méga-dune ? Nous allons revenir tout d’abord sur la structuration en couloirs des
champs de barkhanes avant de discuter les processus dynamiques susceptibles de réguler la taille
des dunes.
115
116 Morphodynamique des barkhanes
Tarfaya
Tah
Laayoun
convoyeur
de phosphates
Fig. 5.1 – Photo satellite du troisième fleuve de sable (jaune). La photographie a été tournée de manière
à ce que l’axe vertical coı̈ncide avec l’axe du fleuve de sable entre Tafaya et Laayoun, et comprimée
verticalement d’un facteur 4. Dans cette transformation, les écarts d’angle sont violemment amplifiés.
Évolution d’un champs des dunes 117
Fig. 5.2 – Photographie aérienne montrant une partie de la surface de contrôle au Nord du champ (zone
de Tarfaya).
les estimations de flux. Nous mesurons la largeur de chaque dune, Wn , et nous en déduisons un
volume Vn à partir de la relation, valable en moyenne :
Wn3
Vn =
45
Le facteur 1/45 est tiré de quelques points de mesure que nous avons fait et des points effectués
dans la même région par Sauermann (2001). Nous estimons aussi la vitesse de propagation
moyenne cn normalisée par le flux saturé sur terrain plat Q :
cn a
=
Q bWn + H0
où b est le rapport d’aspect moyen H/W des dunes.
Nous avons ensuite balayé la surface de contrôle selon y par une fenêtre glissante de 4 km
de long et 500 m de large. Toutes les quantités que nous allons discuter sont donc des moyennes
prises sur une surface S = 2 km2 . La densité de dunes se définit comme le nombre de dunes par
unité de surface :
1X
N= 1
S
n/S
118 Morphodynamique des barkhanes
Fig. 5.3 – Photographie aérienne montrant une partie de la surface de contrôle au milieu du champ
(zone de Tah).
P
où n/S désigne la sommation sur toutes les dunes n appartenant à la sous-surface de contrôle
S considérée. Bien qu’évidemment signifiante, cette quantité n’est pas très bien construite puis-
qu’une dune de volume quasi-nul compte pour autant qu’une dune de 10 m de haut. Elle a
donc tendance à sur-pondérer les petites dunes. Pour compenser cet effet, on peut construire
des quantités moyennes pondérées non pas en nombre mais en volume de sable. La densité de
sable ǫ se construit comme le rapport du volume de sable total contenu dans les dunes divisé
par la surface :
1X
ǫ= Vn
S
n/S
Cette quantité à la dimension d’une longueur et s’interprète comme la hauteur de sable qu’il y
aurait sur la roche mère si l’on étalait tout le sable des dunes. Pour caractériser la taille moyenne
des dunes par canal, nous avons construit la largeur moyenne des dunes pondérée en volume,
P
n/S Vn Wn
W̄ = P
n/S Vn
Fig. 5.4 – Photographie aérienne montrant une partie de la surface de contrôle au Sud du champ (zone
de Laayoun).
La figure 5.5 montre le profil transverse de la densité de dune N . Sur les trois surfaces
de contrôle, on retrouve une faible densité de dune à la limite Est du champ (y ≃ 4 km) ainsi
qu’une zone très dense en dunes à 3 km a l’intérieur du champ (y ≃ 1 km). Cette structure est
préservée sur pratiquement tout le champ de dune, avec malgré tout une variabilité importante
(La densité de dunes chute d’un facteur trois à Tah).
Les figures 5.7 et 5.5 montrent que cette zone de dunes denses est constituée majoritaire-
ment de petites dunes. La largeur et le volume moyen des dunes augmentent au fur et à mesure
que l’on se rapproche de la limite Est du champ. A nouveau, la structuration en couloirs de
petites et de grandes dunes persiste sur tout le champ, avec une certaine variabilité. A Tah, on
constate que les dunes sont moins denses mais ont une taille plus grande que celles des zones de
Tarfaya et Laayoun.
La densité de sable ǫ est représentée sur la figure 5.6 et fluctue entre 30 et 70 cm. On voit
que les variations transverses de volume et de densité de dunes se compensent grandement pour
donner une répartition beaucoup plus homogène du stock sableux. Dans la zone de Tarfaya, on
note toutefois un trou de couvert sableux qui correspond à un couloir pratiquement sans dune.
Il faut souligner le fait que la densité de sable ǫ n’est pas un paramètre de contrôle. Il ne s’agit
en aucun cas d’un couvert sableux d’épaisseur ǫ qui est remodelé par le vent. Dans le cas des
champs de barkhanes, c’est le flux de sable entrant qui est le paramètre de contrôle pertinent,
l’accumulation de sable en un endroit ou un autre résultant de la dynamique du champ de dunes.
En conclusion, nous avons développé une analyse permettant de quantifier les observations
faites sur les photographies aériennes. La structuration en couloirs est réelle et avérée, bien
qu’une variabilité existe au fil du champ de dunes. La question qui se pose reste l’origine de la
sélection de taille. Pourquoi les trois premiers kilomètres à l’Est du champ sont-ils constitués de
grandes dunes tandis que les deux kilomètres suivants sont constitués de petites ?
120 Morphodynamique des barkhanes
N (dunes/km2 ) Tarfaya
350
Tah
300
Laayoun
250
200
150
100
50
0
0 1 2 3 y (km) 4
Fig. 5.5 – Nombre de barkhanes N par unité de surface en fonction de la position y transverse au champ
de dunes.
ε (m)
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
Tarfaya
0.1 Tah
Laayoun
0.0
0 1 2 3
y (km) 4
Fig. 5.6 – Densité de sable ǫ i.e. volume de sable par unité de surface, en fonction de la position y
transverse au champ de dunes.
Évolution d’un champs des dunes 121
W (m) Tarfaya
250
Tah
Laayoun
200
150
100
50
0
0 1 2 3 y (km) 4
Fig. 5.7 – Largeur moyenne des barkhanes W̄ en fonction de la position y transverse au champ de dunes.
V(m3)
106
7
Tarfaya
6 Tah
5
4 Laayoun
3
105
7
6
5
4
3
104
7
6
5
4
3
103
0 1 2 3 y (km) 4
Fig. 5.8 – Le volume du sable mobilisable par les dunes V̄ en fonction de la position y transverse au
champ de dunes.
122 Morphodynamique des barkhanes
U/Uref
1.2
1.0
0.8
0.6
0.4
0.2
0
-1 0 1 2 3 4 5
y (Km)
Fig. 5.9 – Les vitesses du vent enregistrées simultanément en différent points au long de la largeur du
couloirs (sur 6 km) divisées par la vitesse du vent enregistré simultanément au point kilométrique 2.5
présentent de faible fluctuations, ce qui montre que ces dunes reçoivent le même type du vent.
1 km
b
Fig. 5.10 – a) Schéma expliquant la méthode de calcul du flux libre qlibre . Tout se passe comme si la
zone hachurée était la zone de flux libre. Sa surface sn est égale au produit de la largeur des cornes par
la distance à la première dune dans le sillage. b) Construction des zones de circulation du flux libre sur
la surface de contrôle de Laayoun.
flux de sable ‘libre’. Le flux total qtotal est rigoureusement la somme de ces deux contributions.
L’estimation de ces deux flux sur le terrain pose des problèmes pratiques sur lesquels nous
avons passé une fraction de nos missions de terrain très importante. La difficulté pour le flux
sous forme de dune réside essentiellement dans la mesure directe du volume des dunes. Nous
avons contourné la difficulté en utilisant la relation, valable en moyenne, entre volume et largeur.
La contribution d’une dune n au transport est égale à son volume Vn multiplié par sa vitesse
cn . Pour obtenir le flux qdunes , il faut ajouter toutes ces contributions et diviser par la surface
de contrôle :
qdunes 1 X cn 1X aVn
= Vn =
Q S Q S bWn + H0
n/S n/S
La mesure directe du flux libre entre les dunes serait infiniment plus compliquée encore,
puisqu’il faudrait concevoir des pièges à sable intégrant la mesure sur de très longues durées
124 Morphodynamique des barkhanes
qdunes/Q
0.30
0.25
0.20
0.15
0.10
Tarfaya
0.05 Tah
Laayoun
0.00
0 1 2 3 y (km) 4
Fig. 5.11 – Flux transporté par les dunes qdunes en fonction de la position y transverse au champ de
dunes.
et en quadriller le territoire. Faute de mieux, nous nous contentons d’une estimation basée sur
la largeur géométrique des cornes. Nous avons montré au chapitre III que les dunes ne perdent
du sable que par les cornes et que le flux de sortie des dunes est sensiblement égal au flux
saturé sur terrain plat Q. Ce sable est ensuite transporté vers l’aval (avec une redistribution
transverse) jusqu’à ce qu’il rencontre l’arrière de la dune suivante (fig. 5.10). Comme il n’y a
pas d’accumulation entre les dunes, le flux moyen à l’aval d’une dune est égale au flux moyen en
sortie. La contribution d’une dune au flux libre est donc égale au flux de sortie (≃ Q) multipliée
par la surface sn de la zone hachurée sur la figure 5.10, construite sur la largeur des cornes et
sur la distance à la première dune en aval. Au final, le flux libre est défini par
qlibre 1X
= sn
Q S
n/S
Cette mesure étant grandement déterminée par la largeur des cornes, qui est une quantité
grandement variable d’une saison à l’autre, on ne peut empêcher la possible existence de biais lié
au moment où la photographie a été prise. Il est difficile d’estimer ab initio les barres d’erreurs sur
les flux ; nous nous sommes donc limités à constater que les mesures faites étaient relativement
reproductibles et variaient peu le long du champ de dunes. On prendra soin, cependant, de ne
pas sur-interpréter les tendances visibles sur certaines courbes.
La comparaison entre les trois zones de contrôle permet de tirer un certain nombre de
conclusions fermes.
• Tout d’abord, le flux total transporté dans un champ de dunes est de l’ordre de la moitié
du flux transporté en saltation sur terrain plat (fig. 5.13). Ce résultat est extrêmement
surprenant et riche de conséquence. Pourquoi les dunes se forment-elles si il est possible
dans les mêmes conditions que le même flux soit transporté en saltation ? D’un point
de vue outrageusement finaliste, pourquoi n’y a-t-il pas de gain dans l’efficacité du
transport ?
• Second constat tiré de la même figure, le flux total est homogène spatialement aux
incertitudes près, non seulement selon la direction transverse aux couloirs mais aussi le
long de ceux-ci. Le flux de sable n’est donc pas le paramètre qui contrôle la taille des
Évolution d’un champs des dunes 125
qlibre/Q
0.7
Tarfaya
0.6 Tah
Laayoun
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 1 2 3 y (km) 4
Fig. 5.12 – Flux libre qlibre en fonction de la position y transverse au champ de dunes.
dunes, puisque le même flux est transporté dans les couloirs de petites et de grandes
dunes.
• Au premier ordre, le flux transporté dans les dunes est indépendant de la taille des dunes.
C’est le résultat attendu si l’on considère que la distance entre dunes est proportionnelle
à la taille des dunes. On a alors un flux égal au produit de la densité de dunes ∝ 1/W 2 ,
de leur vitesse ∝ 1/W et de leur volume ∝ W 3 . En regardant plus attentivement, on
peut constater que qdunes est très légèrement mais systématiquement plus grand dans
les couloirs de petites dunes que dans les couloirs de grosses (fig. 5.11). Bien entendu, le
flux chute brutalement lorsqu’il y a une zone sans dune comme c’est le cas dans la zone
qtotal/Q
0.8
Tarfaya
Tah
0.6 Laayoun
0.4
0.2
0.0
0 1 2 3 y (km) 4
Fig. 5.13 – Flux total qtotal en fonction de la position y transverse au champ de dunes.
126 Morphodynamique des barkhanes
q/Q
0.8
qdunes/Q
qlibre/Q
0.6 qtotal/Q
0.4
0.2
0.0
0 1 2 3 y (km) 4
Fig. 5.14 – Répartion du flux total qtotal entre flux libre qlib et flux transporté par les dunes qdunes en
fonction de la position y transverse au champ de dunes, dans la surface de contrôle de Tarfaya.
de Tarfaya. Le flux transporté par les dunes est de l’ordre de 0.15 Q, avec une grande
fiabilité.
• Le flux libre est sensiblement plus grand, de l’ordre 0.25 Q, et est essentiellement ho-
mogène, sauf dans le dernier kilomètre avant le bord Est du champ de dunes.
Les figures 5.14, 5.15, 5.16 représentent la contribution respective des dunes et du flux
libre au flux total, dans les trois zones d’étude. On retrouve graphiquement les proportions
3/8 et 5/8 trouvées précédemment. La nouveauté se situe entre y = 2 km et y = 3 km sur la
figure 5.14 et entre y = 0 et y = 1 km sur la figure 5.15. Dans ces deux endroits le couvert
sableux ǫ chute brutalement (fig. 5.6), ce qui constitue la signature d’un canal sans dune. De
q/Q
0.8
qdunes/Q
qlibre/Q
qtotal/Q
0.6
0.4
0.2
0.0
0 1 2 3
y (km) 4
Fig. 5.15 – Répartion du flux total qtotal entre flux libre qlib et flux transporté par les dunes qdunes en
fonction de la position y transverse au champ de dunes, dans la surface de contrôle de Tah.
Évolution d’un champs des dunes 127
q/Q
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1 qdunes/Q
qlibre/Q
qtotal/Q
0.0
y (km)
0 1 2 3 4
Fig. 5.16 – Répartion du flux total qtotal entre flux libre qlib et flux transporté par les dunes qdunes en
fonction de la position y transverse au champ de dunes, dans la surface de contrôle de Laayoun.
ce fait, le flux transporté sous forme de dunes chute également mais est strictement compensé
l’augmentation du flux libre. En observant attentivement la figure 5.1 dans la région entre le
rectangle de Tarfaya et celui de Tah, on voit un large couloir de petites dunes devenir pendant
une dizaine de kilomètre un couloir sans dune avant de redevenir un couloir de petites dunes.
Cela nous amène à conclure que l’on a affaire à un système bi-stable. Dans les mêmes conditions,
le transport peut s’effectuer soit sous forme de dunes (plus le flux libre inter-dunes), soit en
saltation libre. La question de la nucléation du champ de dunes devient alors cruciale.
Seconde conclusion ferme, la taille des dunes n’est gouvernée par aucun des paramètres
extérieurs auxquels il est possible de songer (vitesse du vent, état du sol, flux de sable). Dès
lors, cela signifie que la structure en couloirs est gouvernée par des processus dynamiques et que
le paramètre pertinent est simplement la distance au bord du couloir, dans un régime de vent
donné.
5.3 Nucléation
Le mono-couloir de la sebkha Tizfourine (fig. 5.17) jette un éclairage nouveau sur le
problème de sélection de taille qui nous occupe. Il s’agit d’un endroit très localisé où le sable
arrive à remonter la falaise d’un effondrement. Immédiatement au dessus de la falaise, le vent
chute brutalement de sorte que le sable se dépose et forme une dune ancrée sur le point d’injec-
tion du flux. Cette nebkha géante (‘shadow dune’) se déstabilise suivant le processus maintenant
habituel pour former un sillage périodique de dunes de taille élémentaire. Dans ce couloir d’une
dune de large, toutes les dunes sont, d’une certaine manière, en bord de couloir. On observe
que la taille des dunes augmente au fil du mono-couloir, exactement comme le prédit la théorie.
Cela signifie qu’en absence d’effets collectifs, les collisions conduisent à une fusion des dunes du
champ. Cela donne donc une piste importante pour résoudre le problème de sélection de taille.
Cette déstabilisation d’une dune piégée sur un obstacle n’est pas sans rappeler l’émission
de dunes de taille élémentaire dans le sillage des cornes des barkhanes fortement déstabilisées
suite à un changement de direction de vent (fig. 4.20 b), et en particulier des mégabarkhanes
(fig. 4.20 d).
128 Morphodynamique des barkhanes
Fig. 5.17 – Mono-couloir de dunes nucléant à partir d’un point source à la sortie de la sebkha Tizfourine
(effondrement). Les photographies aériennes ont été prises à 3 ans d’intervalle (a) 1979 et (b) 1976. La
taille des dunes grossit au fil du canal.
Les barkhanes ne se forment pas toutes par déstabilisation périodique d’un amas sableux.
La nucléation sur terrain peu accidenté n’a pour ainsi dire jamais été étudiée. De par les longueurs
mises en jeu, la formation des dunes éoliennes ne peut être reproduite de manière contrôlée
en laboratoire ; les missions de terrain ponctuelles ne permettent pas d’observer ce type de
naissance ; enfin, ce point n’a jamais été abordé en simulation numérique. Les quelques tentatives
d’expériences en soufflerie (B. Andreotti & S. Douady, 2001) ont uniquement permis de montrer
qu’un tas de sable de quelques dizaines de centimètres de long et de haut se fait inéluctablement
éroder. Le problème de la nucléation pose un double problème. Comment les dunes peuvent-elles
naı̂tre, alors qu’elle ne peuvent passer par le stade d’un petit tas de sable ? Comment peut-il
s’en former alors que le flux total de sable dans le champ de dune n’atteint pas la moitié du flux
Fig. 5.18 – a) Photographie d’une proto-dune (bouclier) sur le replat de la plage de Tarfaya. b) Photo-
graphie d’une petite barkhane de 60 cm de haut, à cent mètres de la zone où se forment les boucliers.
Évolution d’un champs des dunes 129
z (m)
0. 6
09/01/2003
0. 5
12/01/2003
13/01/2003
0. 4
0. 3
0. 2
0. 1
0. 0
0 5 10 15 x (m) 20
Fig. 5.19 – a) Profils longitudinaux montrant le passage en 5 jours d’un bouclier en barkhane.
1m
a
1m
b
Fig. 5.20 – a) Photographie du bouclier de la figure 5.19 prise le 4 janvier 2003. b) Photographie de la
barkhane qui en résulte, le 12 janvier 2003.
130 Morphodynamique des barkhanes
C
12
10
0
10 20 30 40 L (m) 50
Fig. 5.21 – Histogramme de la longueur des proto-dunes. Ces mesures ont été faites en partie sur la
plage de Tarfaya et en partie au sein du champ de dunes, sans que l’on puisse faire de distinction. La
longueur λ présente un pic autour de 16 m, soit dix fois la longueur de saturation.
0, 6 et 1 m, ce qui est le minimum de hauteur pour une dune présentant une face d’avalanche
(fig. 5.18 b). Si les boucliers sont des proto-dunes (Pacheco, 1946), par quel processus se fait la
transformation ?
La figure 5.19 montre l’apparition d’une face d’avalanche sur une proto-dune, par un suivi
sur 5 jours de l’évolution du profil longitudinal. Le bouclier a initialement une longueur de
16 m et ne présente ni corne, ni face d’avalanche (fig. 5.20 a). Le dos du bouclier se fait éroder
mais le dépôt de sable qui en résulte commence avant le sommet, ce qui fait croı̂tre la hauteur
du bouclier. Dans un premier temps, l’extrémité aval du bouclier ne bouge pas et la masse de
sable accumulée se raidit vers l’avant, pour finalement devenir une face d’avalanche qui, elle, se
propage (fig. 5.20 b).
Nous avons mesuré systématiquement la longueur des proto-dunes dans deux zones : d’une
part sur la plage de Tarfaya, à l’aide d’un tridécamètre, et d’autre part dans le champ de dune,
à partir des photographies aériennes. La longueur moyenne de formation des proto-dunes est
de l’ordre 16 m, soit sensiblement la même valeur que la longueur d’onde de déstabilisation des
dunes. Cela invite à penser que la sélection de taille procède des même ingrédients physiques,
bien qu’il s’agisse maintenant de nucléation par saturation du flux. La figure 5.22 (a) confirme
en partie cette analyse. Il s’agit à nouveau de la formation d’une barkhane à partir d’une
proto-dune de 22 m de long. En plus du cas précédent, on observe que la proto-dune présente
comme précédemment une zone d’érosion suivie d’une zone d’accrétion qui commence avant le
maximum de hauteur. Mais il y a une seconde zone d’érosion encore en aval, 16 m précisément
du début de la proto-dune. Du sable s’échappe donc, qui ne participe plus à la formation de la
nouvelle barkhane (fig 5.23). A nouveau, ce processus se comprend aisément dans le contexte de
l’instabilité en ondes de surface.
Nous avons pu constater que les proto-dunes se forment essentiellement pendant les alizés
les plus violents, peut-être simplement parce que la majorité de l’approvisionnement du continent
en sable marin se fait pendant cette période. Ces résultats ne referment pas complètement le
sujet puisque nous n’avons pas étudié finement les conditions de nucléation par saturation. Il
Évolution d’un champs des dunes 131
z (m)
0. 8 09/05/2003
07/05/2003
0. 6 06/05/2003
05/05/2003
03/05/2003
0. 4
0. 2
0. 0
a 0 5 10 15 20 x (m) 25
- ∂ th (mm/jour)
100
50
-50
-100
b x (m)
0 5 10 15 20 25
Fig. 5.22 – a) Profils longitudinaux montrant la transformation d’une proto-dune en barkhane. b) Profil
d’érosion −∂t h. Les flèches indiquent une discontinuité d’érosion, le sable présent au delà de 16 m se
faisant éroder.
semble clair, cependant, que les dunes ne se formeraient pas si le terrain était parfaitement plat
puisque le transport de sable serait toujours loin de la saturation. D’autre part, un obstacle
massif comme un buisson garde captif le sable qui se dépose dans son sillage. On retrouve donc
l’idée émise plus haut d’un système bi-stable, les deux états (transport avec dune ou sans dune)
étant séparés par une ‘barrière’. Sur la plage de Tarfaya, le léger replat qui suit la pente sableuse
où se dépose le sable marin semble suffire pour que le flux sature et dépose des précurseurs de
dune. Ce point ouvre une perspective théorique intéressante : peut-on prédire la perturbation
minimale permettant d’engendrer une barkhane ?
En conclusion, les barkhanes nucléent à la taille élémentaires λm ax. Cette nucléation
nécessite une perturbation pour survenir – en général une zone où le vent décroı̂t spatialement.
La dune peut alors survivre sur terrain plat. Le processus inverse existe également. Si une
132 Morphodynamique des barkhanes
1m
1m
Fig. 5.23 – a) Photographie de la proto-dune de la figure 5.22 prise le 5 mai 2003. b) Photographie de la
barkhane qui en résulte le 7 mai 2003. On remarquera l’amas de sable qui se détache après la naissance
de la barkhane.
perturbation survient qui refait passer le sable des dunes en saltation, le transport peut ensuite
rester sous cette forme sur terrain plat.
5.4 Collisions
Nous avons vu que la sélection de taille des dunes ne peut provenir d’un état d’équilibre
mais résulte de processus dynamiques. Nous avons pour le moment identifié trois instabilités
50 m 50 m b
a
Fig. 5.24 – Collision entre cinq dunes (a, 1979) de taille élémentaire donnant en 2003 (b) une dune de
≃ 100 m de large.
Évolution d’un champs des dunes 133
1 1 1
2
2 2
15 m 15 m c 15 m
a b
15 m e 15 m f 15 m
d
Fig. 5.25 – Suivi d’une collision sur une période de 2 ans. a) Contours du 27 juillet 2003. Les lignes
sur la dune 2 indiquent les axes selon lesquels les profils de la figure 5.26 ont été fait. b) Contours du 23
août 2003. c) Contours du 16 janvier 2004. d) Contours du 18 avril 2004. e) marquage du 2 août 2004, f)
Contours du 4 juin 2005.
différentes :
• Les dunes semblent être des objets individuellement instables vis-à-vis d’échanges de
sable avec l’extérieur. Pour qu’elle soient stables, il faudrait que la fuite de sable par les
cornes augmente plus vite que la taille de la dune.
• Si les collisions entre deux dunes conduisent à une augmentation de volume de la dune
la plus grosse, alors les champs de dunes sont instables vis-à-vis de la fusion des dunes
en une macro-dune.
• Les dunes présentent génériquement une instabilité de surface convective, dont nous
n’avons pas encore discuter du rôle à l’échelle du champ de dunes.
Les deux premières conduisent à rendre les grosses dunes plus grosses et les petites dunes plus
petites. Pour expliquer l’équilibre apparent du champ de dunes, il faut donc soit invalider l’idée
selon laquelle les collisions conduisent à une fusion, soit identifier un nouveau mécanisme de
sur-fuite des dunes.
Aucune étude de terrain n’a sérieusement entrepris l’étude des collisions entre dunes.
Plusieurs simulations numériques ont été proposées (Schwammle & Herrmann 2003, Katsuki
et al. 2004) qui tendent à montrer que les dunes se comportent comme des solitons qui peuvent
se traverser sans interagir. Ces travaux s’appuient sur les observations de terrain de Besler (2002).
A partir de mesures granulométriques, Besler interprète les sous-structures des barkhanes qui
présentent des faces d’avalanche comme de petites dunes escaladant le dos des grandes. Nous
avons vu que les ondes se propagent effectivement sur le dos des dunes comme les dune sur le sol
ferme. Cela ne signifie certainement pas que ces sous-structures aient été auparavant de petites
dunes entrant en collision avec la grande.
Pendant nos missions de terrain, nous avons suivi différentes collisions par un marquage
GPS régulier et des prises de vue par cerf-volant. Les collisions entre barkhanes de taille
élémentaire sont relativement rapides : elles ont besoin de 18 à 24 mois pour être complètement
terminées, ce qui permet l’emploi du marquage GPS. Les collisions entre grosses barkhanes ont
besoin de 5 a 10 ans pour s’achever, ce qui nécessite le recours aux photographies aériennes.
134 Morphodynamique des barkhanes
z (m)
1. 6
1. 4
1. 2
1. 0
0. 8
0. 6
24/07/2003
0. 4 21/07/2003
0. 2
20/07/2003
0. 0
a 0 5 10 15 20 W (m) 25
z (m)
2. 0
1. 5
1. 0
24/07/2003
22/07/2003
0. 5
20/07/2003
19/07/2003
0. 0
b 0 5 10 15 20 25 30 x (m) 35
Fig. 5.26 – a) Évolution du profil transversal de la barkhane 2 de la figure 5.25 pendant juillet 2003.
Cette évolution montre l’augmentation du volume de sable du coté de la collision. b) Le profil longitudinal
de la même barkhane pendant la même période confirme l’augmentation du volume de la dune cible par
l’augmentation de la hauteur de la barkhane par plus de 50 cm.
Puisque les dunes naissent essentiellement à la taille λmax , il est raisonnable de penser
que le processus de fusion par collision existe, tout au moins pour les petites dunes. Nous en
avons relevé quelques exemples. La figure 5.24 (a) est une photographie aérienne prise en 1979
montrant cinq barkhanes qui ont fusionné depuis par collision pour donner naissance à une
seule barkhane de taille moyenne (fig. 5.24 (b). La figure 5.25 montre que la fusion commence
d’abord par l’établissement d’une jonction entre l’une des cornes de la barkhane impactante et
la barkhane cible (fig. 5.25 (a). Cette dernière se met à grossir sur son flanc externe (fig. 5.26) et
à se déstabiliser sur son flanc interne. Au final, naı̂tront de cette collision deux petites barkhanes
qui, une fois détachées, finiront par disparaı̂tre par perte de sable.
La figure 5.27 (b) montre la collision d’une dune de taille moyenne arrivant à l’arrière
d’une grosse dune. Lors du détourage GPS 5 ans après la photographie, l’ensemble de la struc-
Évolution d’un champs des dunes 135
a
b
Fig. 5.27 – a) Photographie aérienne montrant quelques dunes de taille moyenne à la date de reférence
t = 0. A la date t = 60 mois (contour GPS), on constate une déstabilisation en chaı̂ne : le sillage de petites
dunes émis par une dune perturbe la suivante. b) Photographie aérienne montrant la collision co-axiale
de deux dunes de taille moyenne, prise à la date de reférence t = 0. Le contour GPS à t = 60 mois montre
l’émission d’un sillage de nouvelles barkhanes de taille élémentaire.
Fig. 5.28 – Montage de photographies par cerf-volant prises à la date de référence t = 0 sur laquelle ont
été reportés les contours GPS (jaune, t = 17 mois ; vert, t = 23 mois et violet, t = 33 mois) en montrant
l’évolution ultérieure.
136 Morphodynamique des barkhanes
1
1
1
2 2
2
3 3
3 4
4
a 15 m b 15 m c 15 m
ture ne dépassait pas 2 m de haut et était morcelé en d’innombrables petites dunes. Cet exemple
démontre qu’une collision peut s’interpréter comme une forme particulière de perturbation
déstabilisant la dune en aval. Dans ce cas précis, cette déstabilisation conduit à une production
massive de dunes de taille élémentaire λmax . La figure 5.27 (a) montre un cas plus spectaculaire
encore puisque c’est le sillage de petites dunes émis par une dune de taille moyenne qui sert de
perturbation déstabilisant la dune en aval, qui de ce fait émet un sillage de petites dunes, et
ainsi de suite.
Au final, la seule configuration qui pourrait passer pour une collision sans interaction est le
cas de deux dunes de tailles élémentaires se frôlant (fig. 5.28). Dans ce cas seulement, la pertur-
bation est minime et la taille des dunes est comparable à la longueur d’onde de déstabilisation,
ce qui les rend peu sensibles. Dès que l’attaque se fait un peu plus frontale (figs. 5.29 et 5.30),
15 m
15 m
1 1
3
a 3
b
5.5 Synthèse
Au cours de ce chapitre, nous avons présenté une étude statistique complète d’un champ de
dunes qui permet de quantifier l’existence de couloirs de dunes. Nous avons montré que les deux
paramètres principaux, vitesse du vent et flux de sable entrant, sont homogènes sur la largeur
du champ de dune et ne peuvent être les paramètres contrôlant la sélection de taille. D’autre
part, nous avons montré que le flux total transporté est toujours plus petit que le flux saturé
sur terrain plat. Cela traduit le fait qu’il existe deux états métastables : l’un où le transport se
fait exclusivement par du flux libre et l’autre où le transport se fait partiellement sous forme
de dunes. L’étude de la nucléation des barkhanes a révélé des mécanismes semblables à ceux
prévalant dans l’instabilité d’un lit plat. En particulier, nous avons mis en évidence une sélection
de la taille des proto-barkhanes légèrement plus petite que la taille élémentaire λmax . Enfin, nous
avons montré que les collisions ne conduisent pas systématiquement à une fusion en masse, et
encore moins à un comportement d’ondes solitaires stables n’interagissant pas. Au contraire,
une dune attaquante constitue une perturbation pour la dune attaquée qui excite l’instabilité
de surface.
138 Morphodynamique des barkhanes
Chapitre 6
Conclusion
75 cm
a
75 cm
b
Fig. 6.1 – a) Photographie d’une petite barkhane prise le 12 octobre 2003. b) Photographie de la même
dune prise le 2 novembre 2003 juste après une tempête de vent de Terre. Le volume de la dune a fortement
diminué et la face d’avalanche de la barkhane a disparu.
139
140 Morphodynamique des barkhanes
150 m
Fig. 6.2 – Evolution sur le long terme (t = 350 mois entre la photographie et les contours GPS) d’un
champ de barkhanes. Bien que les plus grosses dunes (soulignées par des contours en pointillés) persistent,
de nombreuses dunes sont apparues ou ont disparu, ce qui démontre que les déstabilisations de dunes
constituent un processus essentiel de réarrangement à grande échelle.
au rapport de densité entre les grains et le fluide environnant, avec un pré-facteur relativement
grand lié à l’inverse du déplacement relatif du maximum de contrainte basale. λmax contrôle
aussi la taille de formation des proto-barkhanes.
Nous avons montré que les barkhanes sont en perpétuel état de changement de forme.
De faibles changements de vent se traduisent par une oscillation de la crête de la dune faisant
temporairement apparaı̂tre un replat entre le sommet et la face d’avalanche. Des changements
de direction de vent plus importants déstabilisent les flancs des dunes moyennes vis-à-vis d’os-
cillations périodiques de surface. Lorsque les faces d’avalanches secondaires sont inclinées par
rapport à la direction du vent, un nouvel effet – non-linéaire cette fois – se produit : le re-
collement de couche limite à l’arrière des faces d’avalanche. Le transport de sable parallèle à
la face d’avalanche qui en résulte conduit à une forme de coquille de moule caractéristique.
La compréhension fine de cet effet sera nécessaire pour pouvoir comprendre dans le détail la
formation des seifs.
Les collisions constituent l’autre source de perturbation importante. Nous avons montré
qu’une dune assaillante constitue une perturbation qui provoque une déstabilisation de la surface
de la dune assaillie de grande amplitude. La encore, nous avons montré les limites des modèles
existants qui prédisent soit une fusion en masse, soit un comportement de soliton qui ne reflète
la réalité que dans des cas très particuliers (essentiellement pour des dunes de l’ordre de la
longueur d’onde de déstabilisation).
Enfin, nous avons montré que la formation d’un champ de dunes dans une zone de fort flux
incident n’augmente pas la capacité de transport par rapport à la saltation sur la roche mère. Le
flux total transporté, qui se répartit de manière sensiblement égale entre le flux transporté par
les dunes et le flux libre entre les dunes, est indépendant de la taille des dunes et vaut de l’ordre
de la moitié du flux saturé sur terrain plat. Il existe donc dans ces conditions deux solutions
d’équilibre métastables : le transport en saltation pure et le transport en champ de dunes. Le
passage de l’un à l’autre mode se fait par des perturbations de relief, à commencer par le replat
qui suit la plage en amont du champ de dunes. Nous avons mis en évidence des portions du
champ de dunes où un passage sans dune induit par un relief interrompt pendant une dizaine
de kilomètre un couloir de petites dunes.
L’instabilité de surface des dunes apporte un début de solution à la régulation en taille
des champs de dunes. En effet, lors de perturbations importantes comme une tempête hivernale
(fig. 6.1) ou une collision, les ondes de surface ont une amplitude telle qu’elles déferlent dans les
cornes, produisant une fuite de sable massive sous forme de petites dunes à la taille élémentaire
Conclusion 141
λmax . La figure 6.2 montre que ces éjections de nouvelles dunes provoquent des réarrangements
très importants du champ. Elles constituent un surcroı̂t de perte de sable et régénèrent des petites
dunes de taille élémentaire. Nous avons donc bien identifié un nouveau mécanisme dynamique
susceptible de réguler la taille des dunes au sein d’un champ. En particulier, on peut soupçonner
que la réaction des dunes du côté où les tempêtes hivernales se produisent soit moins violente
qu’au cœur du champ de dunes, ce qui expliquerait la taille plus grande des dunes sur le bord
du champ.
Les perspectives ouvertes par notre travail sont multiples. Le prolongement le plus immédiat
consistera à comprendre définitivement la formation des couloirs de dunes en intégrant la
déstabilisation de surface dans un modèle d’interaction simple.
142 Morphodynamique des barkhanes
Chapitre 7
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Annexe A
L’émission spontanée de son par des avalanches a fasciné nombre d’explorateurs dont
Marco Polo (1298) qui l’a comparée à un concert d’instruments de musique. Ce phénomène a
été abordé dans la littérature scientifique tous les 10 ans depuis un siècle et aucune explication
satisfaisante n’a jusqu’à ce jour été proposée. Cela est sans doute lié à la rareté des dunes
chantantes. En effet, seules une quarantaine de dunes aux États-Unis, au Grand Sahara, en
Arabie Saoudite, en Chine ou au Chili seraient capables de ‘chanter’. Au Sahara Atlantique,
nous avons eu la chance d’entendre le phénomène spontané puis de pouvoir tester que toutes les
barkhanes de la région peuvent chanter, lorsque le temps le permet.
Durant nos missions de terrain, nous avons effectué de nombreuses mesures sur le chant
des dunes, en particulier sur les faces d’avalanche des mégabarkhanes (fig. A.1). Ces mesures de
terrain, dépouillées par S.Douady et P.Hersen et complétées par des expériences de laboratoire
menées par S.Protière, ont fait l’objet d’un article soumis à Geophysical Review Letters. Nous
en reproduisons le texte ci-dessous.
a b
Fig. A.1 – a) En poussant le sable de la face d’avalanche les jambes écartées, on force des ava-
lanches artificielles qui émettent un son grave, puissant et harmonieux. b) Dispositif expérimental
permettant de caractériser le chant des dunes avec quatre microphones disposés à 3 m d’intervalle
et placé à coté du couloir d’avalanche où descend l’expérimentateur.
147
148 Morphodynamique des barkhanes
A.1.1 Introduction
In musical instruments, sustained sound is obtained through the coupling of excitation
and resonance. The excitation is a more or less periodic instability, like the rubbing stick-slip
instability of the bow of a violin or the Von-Karmann whistling instability of a flute. This
excitation is coupled with a resonance (the string for the violin, the air volume for the flute).
The coupling results in the adaptation of the instability frequency to the one fixed by the
resonance. Does the sound emitted by the sand dunes originate from a similar mechanism ? It
has long been recognized that the song of dunes comes from the flowing motion of sand grains
in an avalanche (Darwin 1860 ; Curzon 1923 ; Lindsay et al. 1976 ; (Nori et al. ), 1997 ; (Cooke
et al. 1993a. Direct observations, as we have done in Morroco, Chile, and China show that
this sound does not originate from stick-slip motion of blocks of grain (as the bow of a string
instrument), because it is produced only by dry grains flowing freely. Neither does it correspond
to a resonance inside the dune (as in a wind instrument), because the same frequency has been
measured at different locations on a dune and, also, in the same field, in dunes of different sizes.
Fig. A.2 – Sketch of the laboratory experiment. The channel is of 1 m diameter and 25 cm width.
b) Picture of the pushing blade in the channel, taken by the camera moving with the blade. The
black spot on the top is the microphone (also rotating). The circles on the blade, separated by
1 cm, allow direct measurement of the height of the pushed mass during the motion.
p
proportional to g/d as first proposed by Bagnold (1966). This diameter to frequency relation
is in accordance with what has been measured (see A.1). Even if there is a slight deviation, as
noticed by Leach & Chartrand (1994), it is noticeable that the prediction is within the error
bars.In granular avalanches, this frequency is fixed by gravity. But pushing such “musical sand”
with the hand a plate, or the legs can create different notes (Bolton & Julien, 1885 ; Lewis, 1936),
Fig. A.3 – Frequency emitted by the pushed (sheared) sand, measured in the laboratory ex-
periment, as a function of the two laboratory control parameters, the height of mass of sand
H, and the velocity of the pushing blade V. Four series of measurement are shown, two at
constant pushing velocity (red and orange curves), two at constant plugging depth (green and
blue curves). The two insets show that the frequency depends on both parameters. In the upper
left, the frequency varies with the plugging depth, even at fixed velocity, and in the lower right,
the two curves have opposite variations with the pushed height (the green and blue curves are
not vertical as the pushed height increases with velocity even at a constant plugging depth).
The main plot shows that the four curves collapse on a single one when plotted as a function of
the ratio of the velocity with the height, which is the mean shear rate to which the mass of sand
is submitted. The frequency observed is ten times the mean shear, meaning that the height of
the real shear zone, between the pushed mass and the fixed bed, is of the order of 10% of the
pushed sand height.
150 Morphodynamique des barkhanes
Tab. A.1 – Sound Frequency of Singing Dune. comparison of the frequency predicted from the grains size with
the measured frequency. ∗ from Lindsay et al. 1976), other from our own measurements (recordings SI1-SI3). El
Cerro Bramador sound properties were first reported by Darwin (1860).
from 25 to 250 Hz in Morocco (cf. supplementary recordings SF4 and SF51 . To reproduce this
effect in the laboratory, a blade is plugged at different depths into a prepared crest of singing
sand (from Ghord Lahmar Tarfaya, Morocco), and pushed by a motor at different velocities
(fig. A.2). This experiment allows an independent control of both the shearing velocity and the
mass of sheared sand, making it possible to obtain sustained sounds of constant and well defined
frequencies (supplementary recordings SF6 and SF7). This demonstrates that booming sound
can be reproduced in a controlled way in the laboratory, and consequently that the dune itself
is not needed to produce the sound. The results in figure A.3 show that it is neither the velocity
nor the mass that controls the frequency but the shear applied to the grains. This demonstrates
the hypothesis of Poynting & Thomson (1922), and is conclusive proof that what is being heard
is the relative motion of the grains.
Singing dunes present well sorted grains (Lindsay et al. , 1976 ; Van Rooyen & Verster
1983). This means that they can all share the same average motion in the avalanche. Each
grain, passing over lower grains and hitting them, creates a local sound wave with the associated
dilatation, compression, and shocks. A priori all these events are desynchronized in the flowing
layer. All the pressure fluctuations then mainly cancel out, leading to a light high frequency
rustling, as is normally heard in sand avalanches (SI8). So, how can a low frequency sound be
produced ? The only possibility is that a given number of grains start to move coherently. Then
the whole flowing layer will move up and down and its surface will directly emit a pressure wave
in the air, like a loud speaker (or the ‘belly’ of a violin). The surface motion amplitude is the
amplitude of the motion of one grain (between and ), times the number of coherent grains layers.
Surprisingly, it is easy, with only a few synchronized layers of grains to obtain the high power
measured, around 110 dB(Hersen 2004). The coherence of the shocks also explains the seismic
wave emitted in the dune, that can be felt with the feet much further away than the acoustical
sound transmitted through the air(Lindsay et al. 1976). The essential question is : why would
the grains synchronize ? It has been proposed recently that the grains excite a coherent wave
within the dune, that in turn vibrates the grains coherently (Andreotti 2004). But why would
the random collision of the grains create a coherent wave in the first place ? We propose here
that the synchronization is due to a resonance, within the flowing layer, as dunes are not needed
for sound production. A moving sand grain emits a sound wave during its up and down motion.
If the wave goes to the surface, reflects, and comes back to the grain after exactly one motion
period, this sound wave can slightly push the grain, helping the grain to regularize its motion.
It can also induce the grains which are close to move coherently, with the same phase.
1
see supplemetary recordings SF1-SF12 to listen to the sound of dunes.
Chant des dunes 151
Fig. A.4 – a) Photo of the experiment on the dune. A channel, 45 cm wide, 3 m long, was
constructed with lateral wood plates, with a gate in the middle, on the slip face of a singing dune.
Using the spontaneous flow of the grains at their critical angle, two slopes of different heights
are prepared. Then the gate is removed (red arrow), and a controlled avalanche is produced
(brown arrow). The sound level is recorded simultaneously with the surface flow. b) Amplitude
of the sound (pressure level P) as a function of the velocity at the surface U in the middle of the
channel. Three experiments are shown, starting with different initial height difference a) 5 cm,
b) 6.5 cm, c) 10 cm. As the flow starts (colored arrows), the sound takes some time to develop
(transient arrow). With the avalanche, the height difference decreases, the velocity at the surface
too, eventually stopping (dashed arrow). The durations of the experiments are roughly 15s. In
the three experiments the sound stops for a surface velocity below 0.23 m/s. The bump seen
below (not seen near the threshold, curve a), can be ascribed to a secondary sound emission in
the lower part of the channel.
Considering the boundary conditions (a fixed sand bed below, and a free moving surface
above), this resonance condition corresponds to a depth of λ/4, where λ is the wave length (like
the resonance of a rod with one end handled and the other one free). For a smaller depth, no
resonance can occur. But for any larger depth, the resonance can occur because the synchronized
layers will appear at a quarter of a wavelength below the free surface. This reasoning is consistent
with our field observation that avalanches which are too thin do not produce any sound, while
when they become thick enough, even though they may be small in transverse directions, they
sing. This height condition, H ≥ λ/4, can be rewritten as a grain velocity condition. Using
λ = c/f , with c the sound velocity in the sheared layer, it gives f H ≥ c/4. In the flowing layer,
the shock frequency f is also the shear rate, so that the velocity at the surface is U = f H. Thus
the condition also reads U ≥ c/4. Controlled experiments have been conducted in the field of
Tarfaya, Morocco, by constructing a channel in which a controlled avalanche is produced (see
figure.A.4). The results show that there is a threshold surface velocity below which no sound
is emitted (supplemental files SF10-SF12). This threshold gives the sound speed velocity in the
flowing layer, c = 4U = 0.92 m/s. The laboratory experiment corroborates the field experiment.
Figure A.5 shows the threshold curve in the velocity/depth coordinates. The curve indicates
that there is a threshold velocity (dashed line), below which no sound can be made. Taking into
152 Morphodynamique des barkhanes
Fig. A.5 – Threshold curve of sound emission in the laboratory experiment depending on the
velocity of the blade V and the height of pushed sand H. The right threshold occurs when the
sand is pushed too quickly, so that it is not sheared but projected away (fluidized). The lower
threshold (for H 3 cm) could come from the fact that the number of pushed grains becomes
too small to obtain a proper shear in this particular shearing geometry (fig. A.2 b). The left
threshold shows that there is no sound emission below a pushing velocity of 0.47 m/s. Inset,
variation of the sound amplitude P with increasing velocity, from point a to b.
account that the sheared layer is now between the pushed pile and the static bottom, it then
gives a resonance condition H ≥ λ/2 (like a string held at both ends), which translates for the
pushing velocity into V ≥ c/2. This results gives a sound velocity c = 0.94 m/s m/s, which
compares well with the one measured in the field for the same sand .
A.1.5 Discussion
Surprisingly, 0.9 m/s is also the threshold velocity for producing sounds obtained by [Ba-
gnold, (1954)] when plunging a rod into singing beach sand. Could the sound emission in this
case come from the creation of a supersonic shock wave ?. A resonance at a quarter of the acous-
tic wave length is known in vertically vibrated layer of grains [Roy et al., 1990]. The surprising
result, here, is the very low sound velocity : the sound velocity within quartz grains is around
3750 m/s and 330 m/s in air. Considering a mixture of sand and air, a smaller sound velocity
of around 10 − 33 m/s can be obtained by an effective medium computation (Roy et al. 1990,
but it is still much larger than the one observed. Such a low sound velocity, which has also
been proposed for singing sand recently (Patitsas 2003), could come from two factors. First this
sound velocity is observed in the sheared layer. As the sound passes in part through the contacts
between the grains, the reduced number of contacts in flowing sand make it more difficult for the
pressure wave to propagate. The second reason can be related to the fact that not all sand are
musical, and not all well sorted dunes sing. The musical property comes probably from a special
surface state of the singing sand grains [Qu et al., 1998]. The ability to sing has previously been
ascribed to the presence of a silica gel layer on the grain surface (Goldsack et al. 1997), known
as desert glaze (Cooke et al. 1993b, Pye & Tsoar 1990. The importance of such a layer is shown
by the fact that after intensive use the grains loose their sound-emitting properties. The surface
state of the grains seems to reduce the sound velocity from its normal value to a much lower one.
This could explain why the threshold (in height or velocity) for sound emission is not constant
Chant des dunes 153
across geographical locations. In China, several people pushing simultaneously as much sand
as possible are needed to produce sound. It could also explain why normally avalanches never
produce any sound, as it is difficult to produce a flowing layer that would be thick enough. This
surprisingly low sound velocity for musical sand and its sensitivity on other parameters, such
as humidity and temperature (Curzon1923), or dust (Haff 1986) should now warrant particular
attention.
A.1.6 Conclusion
This age-old natural mystery of singing avalanches reveals an original way of producing
sound. The sound comes from the synchronized motion of grains, and it is shown here that they
synchronize because of a resonance inside the sheared layer. In this way singing avalanches may
be understood as a new type of instrument, as the frequency is not controlled by the resonance,
but imposed by the motion of the grains. If a resonance is still needed, it is not to select the
frequency, but to produce the necessary self-synchronization of the grains.
acknowledgments.
Thanks are due to Hervé Belot, who participated in the first experiments on the dunes,
Marc Elsen, who was the first to train on the singing sand in the lab, Margherita Peliti, who
trained on a first version of the laboratory experiment, Laurent Quartier for constructing the
laboratory experiments, Bruno Andreotti for enforcing the idea that the sound could be emitted
in the air as a loudspeaker, and Andrés Illane-Campo, for guiding us in Copiapo to the singing
dunes. This work was possible only thanks to an Action Concertée Incitative Jeune Chercheur.
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