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CHAPITRE 5 :
LA DYNAMIQUE DE LA STRATIFICATION SOCIALE
INTRODUCTION
« Les hommes naissent libres et égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres » (COLUCHE)… une citation à retenir
alors que se redessine le paysage social français.
Toutes les sociétés sont constituées de groupes sociaux et ce sont les liens, aussi bien entre membres d'un même groupe
qu'entre membres de groupes différents, qui constituent la vie sociale. Ces groupes ne sont pas juxtaposés les uns à côté
des autres, ils sont hiérarchisés et entretiennent donc des relations marquées par la domination de certains et les inégalités
et les différences existant entre les membres des différents groupes. Dans les sociétés modernes, ces groupes ne sont pas
étanches (il y a toujours une certaine circulation d'individus entre les groupes). De même, au cours du temps, les groupes
et leur hiérarchie (et donc les inégalités) se transforment. C'est un des aspects manifestes du changement social (ou de la
dynamique sociale). Comment et en quoi la stratification sociale se transforme-t-elle au cours du temps ?
Dans une première partie, il est nécessaire de présenter et de relier les notions de stratification sociale et d’inégalités. Une
seconde partie présente ensuite, pour la France essentiellement, le caractère multidimensionnel des inégalités qui sont au
fondement de la stratification sociale actuelle. Une troisième partie permet de montrer en quoi et comment la stratification
sociale et les inégalités se transforment.
Accroche :
Pourquoi la notion de stratification sociale est-elle liée à celle des inégalités ?
Stratification et hiérarchie :
Les sociétés sont toutes stratifiées. Cela signifie qu’elles sont composées de groupes sociaux aux caractéristiques
différentes. Ces groupes sont hiérarchisés, c’est à dire que certains sont « en haut » de l’échelle, d’autres « en bas »,
certains « au-dessus », d’autres « en-dessous ». Il y a donc un classement des différents groupes sociaux. La hiérarchie
sociale repose sur des jugements collectifs (pas individuels) de valeur : par exemple, il « vaut mieux » (du verbe
valoir, même racine évidemment que « valeur ») être médecin qu’instituteur. C’est socialement plus valorisé. Le médecin
aura donc plus de richesses, plus de pouvoir, plus de reconnaissance sociale que l’instituteur. Cela ne préjuge en rien de
l’utilité réelle de leur fonction. Cela signifie simplement que notre société accorde plus de valeur sociale à la fonction de
médecin qu’à celle d’instituteur, de même qu’elle en accorde plus à celle d’instituteur qu’à celle d’éboueur. Un groupe
social va rassembler des personnes ayant les mêmes caractéristiques du point de vue de leur position dans la hiérarchie
sociale.
Support pédagogique :
Document A : « Différence et inégalité », document 4 page 130, Terminale SES, Hachette, 2003
Les P.C.S. :
Pour repérer les inégalités, il est nécessaire de déterminer les groupes sociaux entre lesquels se mesurent les inégalités. En
France, l'I.N.S.E.E. construit ses statistiques à partir du classement de la population en P.C.S. (professions et
catégories socio-professionnelles).
Les P.C.S., professions et catégories socio-professionnelles, correspondent à une répartition des français (et
particulièrement des actifs français) dans des catégories dont les membres présentent une certaine homogénéité
sociale (par exemple vis-à-vis de la fécondité, des opinions politiques, des pratiques de loisirs, etc…).
Pour constituer ces groupes, l'I.N.S.E.E prend en compte un certain nombre de critères socio-professionnels : le statut
des actifs (salarié / travailleur indépendant / employeur), leur métier, leur qualification, leur place dans la
hiérarchie professionnelle (avoir ou non des personnes sous ses ordres), l'activité de l'entreprise où travaille la
personne, le secteur (public ou privé). Il est important de noter que le revenu n'est pas un des critères retenus par
l'I.N.S.E.E. pour constituer les P.C.S.
Les P.C.S. regroupent des catégories (42 catégories socio-professionnelles) qui sont une décomposition plus fine de la
population active, qui elles-mêmes regroupent les 455 professions que dénombre l'I.N.S.E.E. :
455 Professions ➔ 42 P.C.S. ➔ 6 P.C.S.
Il existe 6 principales P.C.S. : les exploitants agricoles, les artisans, commerçants et chefs d'entreprise, les cadres et
Support pédagogique :
Support pédagogique :
Document C : « Les P.C.S. : différences ou inégalités », document Ex2 page 131, Terminale SES, Hachette, 2003
Transition :
Puisqu’une stratification repose sur des inégalités, quelles sont les inégalités à la base de la stratification sociale actuelle?
Accroche :
Il faut souligner tout de suite que les inégalités ne sont pas qu'économiques, même si les inégalités économiques sont
sans doute les mieux connues, ce qui ne prouve en rien qu'elles soient les plus importantes. Les inégalités sociales
constituent une part importante des fondements de la stratification sociale. C’est à ce titre qu’il faut parler du caractère
multidimentionnel des inégalités. De plus il existe un phénomène de cumul des inégalités : les inégalités font
système.
Les inégalités économiques portent sur les salaires, les revenus et le patrimoine :
● Le salaire est un revenu du travail perçu par un salarié, c'est à dire un travailleur lié par un contrat de travail (de
subordination) à un employeur. Le salaire est toujours rattaché à une seule personne alors que le revenu est souvent celui
du ménage (c'est-à-dire l'ensemble des personnes qui vivent sous le même toit).
Les revenus (qui comprennent les salaires, mais pas uniquement) peuvent être classés en différentes catégories : les
revenus primaires sont versés en contrepartie d’une participation à la production alors que les revenus de transfert (ou
prestations sociales) sont versés quand l’individu ou le ménage remplissent un certain nombre de conditions (par
exemple, les allocations familiales). Les revenus primaires comprennent les revenus du travail, ou revenus d’activité
(salaires et traitements de la fonction publique, mais aussi honoraires des professions libérales, par exemple) et les
revenus du capital, ou revenus de la propriété (dividendes et intérêts, loyers perçus, par exemple). Il existe aussi des
revenus en nature (exemple d’un logement de fonction).
Le revenu disponible est le revenu dont un individu, ou plus souvent un ménage, peut disposer librement : revenu
disponible = revenu primaire + revenu de transfert – (cotisations sociales + impôts directs)
● Le patrimoine est constitué par l'ensemble des biens (« les avoirs ») possédés par un individu ou, le plus souvent, par
un ménage à un moment donné. Pour être rigoureux, il faut déduire de ce montant celui des dettes. Le patrimoine peut
être composé d’éléments très divers : des éléments bâtis ou immeubles (appartement, maison, bâtiments de production)
ou non bâtis ou fonciers (terrains), des éléments en monnaie ou liquidités (montant des dépôts sur les livrets d’épargne,
par exemple), des biens (bijoux, livres ou meubles anciens, par exemple), des titres représentatifs de créances ou de
propriété appelés valeurs mobilières (obligations et actions, par exemple, ou Bons du Trésor), etc… Tous ces éléments
sont évalués en monnaie pour pouvoir les ajouter les uns aux autres. Les patrimoines s’évaluent à partir des déclarations
fiscales (impôt sur la grande fortune ou déclarations de succession) et sont donc assez mal connus. Il est parfois difficile
de valoriser (c'est-à-dire de donner une valeur) certains des biens possédés par un individu : quelle valeur donner à un
meuble ancien, quelle valeur donner à un appartement (seule sa vente permettrait de lui donner une valeur « juste ») ?
Le patrimoine peut permettre d’obtenir des revenus (appelés « revenus du patrimoine ») : ainsi les actions procurent-
elles le plus souvent des dividendes, les livrets d’épargne des intérêts, les immeubles possédés et loués des loyers.
● Les revenus sont donc des flux alors que le patrimoine est un stock acquis en utilisant son revenu ou en en héritant et
Support pédagogique :
Document E : « Les chiffres qu’il faut connaître », Inégalités : l’essentiel, Les dossiers de l’Observatoire des inégalités,
n°1, septembre 2007
Question 2 :
Utilisez les données du tableau pour complétez les phrases :
1- ------ des ménages ont touché un revenu disponible annuel inférieur à 16 250 euros en 1996.
2- ------ des ménages ont eu un revenu disponible annuel supérieur à 62 095 euros en 2004.
3- Le 4ème décile des ménages est constitué de ménages ayant perçu entre ------ et ------ euros de revenu disponible
annuel en 2004.
Question 3 :
Calculez le rapport D9/D1 pour 2004 et vérifiez qu’il est égal à 3,1.
Question 4 :
Quelle est, parmi ces trois phrases celle qui convient pour exprimer ce résultat ?
1- Il y a 3,1 fois plus de ménages dans le premier décile que dans le neuvième décile en 2004.
2- Le revenu moyen du neuvième décile est 3,31 fois plus élevé que le revenu moyen du premier décile en 2004.
3- La limite supérieure du revenu par individu des ménages du 9ème décile est 3,31 fois plus élevée que celle des
ménages du 1er décile en 2004.
Question 5 :
Choisissez parmi ces trois phrases celle qui vous semble juste.
1- si le rapport inter-décile D9/D1 diminue, cela signifie que les inégalités sont stables.
2- si le rapport inter-décile D9/D1 diminue, cela signifie que les inégalités augmentent.
3- si le rapport inter-décile D9/D1 diminue, cela signifie que les inégalités diminuent.
Support pédagogique :
Document F : « Les chiffres qu’il faut connaître », Inégalités : l’essentiel, Les dossiers de l’Observatoire des inégalités,
n°1, septembre 2007
Question 6 :
Faites une phrase explicative pour la valeur 168 364 concernant les agriculteurs.
Question 7 :
Calculez l’écart et le multiplicateurs des patrimoines médians entre les cadres supérieurs et les ouvriers non qualifiés.
Support pédagogique :
Document G : Document Exercice d’application 4 (suite) page 137, Terminale SES, Hachette, 2003
Question 8 :
En utilisant les données que vous lisez sur le graphique, complétez les phrases :
En France, en 1997, 40 % des ménages disposaient de ------ du revenu disponible total. Si la répartition du revenu
disponible était parfaitement égalitaire (droite), 40 % des ménages disposeraient de ------ du revenu disponible total. En
Question 9 :
Dites pour chaque affirmation si elle est vraie ou fausse selon vous. Justifiez.
1- On ne peut pas comparer les deux courbes car elles ne concernent pas la même variable.
2-Les inégalités de patrimoine sont plus fortes que les inégalités de revenu disponible.
3-Les inégalités de revenus et de patrimoine sont équilibrées car les courbes sont bien régulières.
4- La droite ne sert à rien.
Les inégalités de revenu sont en France beaucoup moins importantes que les inégalités de patrimoine, qui s’accroissent :
Selon CHAUVEL, le salaire mensuel moyen des ouvriers et des employés à temps plein est 2,5 fois plus petit que le
salaire mensuel moyen des cadres. Pour le patrimoine, 20% de la population ne disposent d'aucun patrimoine. Dans ces
conditions, il devient difficile de mesurer un écart … Il vaut mieux parler de gouffre ! En ce qui concerne les patrimoines,
le rapport inter-décile (D9/D1) est au moins de 1 à 70, c'est à dire que la limite supérieure du patrimoine détenu par le
neuvième décile des ménages est 70 fois plus élevée que celle du premier décile.
Mais plus encore que les inégalités elles-mêmes, ce qui compte c'est leur évolution.
● Depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale, les revenus réels ont énormément augmenté en France : une fois
supprimés les effets de l’inflation, en pouvoir d’achat, donc, le revenu moyen par personne a été multiplié par plus
de 4 depuis 1950. Et la progression du pouvoir d’achat, ralentie depuis 1980, s’est cependant poursuivie
globalement, même si certaines catégories en ont moins profité que d’autres. L’origine des revenus des ménages
s’est également profondément transformée : la part des revenus primaires a beaucoup diminué alors qu’augmentait
la part des revenus de transfert (résultat du développement de l’Etat providence et du vieillissement de la
population). Mais depuis les années 80, les écarts ne se réduisent plus (les inégalités relatives stagnent), dans
un contexte où, de toutes façons, les salaires n'augmentent plus que faiblement. De plus, ces résultats ne tiennent
pas compte des revenus du patrimoine.
● L’inégalité de patrimoine s’est fortement réduite en France au cours du XX° siècle. Les « rentiers » du XIX°
siècle ont quasiment disparu. Cette réduction s’est accélérée pendant les Trente Glorieuses, grâce en particulier au
développement de l’accession à la propriété. Cependant depuis la fin des années 1970, la réduction de l’inégalité
des patrimoines ne s’est pas poursuivie. Les inégalités de patrimoine se sont fortement accrues depuis 1980 :
d'abord parce que les prix des actifs patrimoniaux ont augmenté beaucoup plus vite que les revenus du travail (par
exemple, depuis 1980, le prix du mètre carré dans l'immobilier a progressé 4 à 5 fois plus vite que le salaire
moyen), ensuite parce que les revenus tirés du patrimoine ont augmenté beaucoup plus vite que les revenus du
travail (partage de la valeur ajoutée au bénéfice des détenteurs de capital, sous forme de dividendes par exemple).
Du fait de la croissance rapide des revenus du patrimoine depuis le milieu des années 1980, il est probable
que les inégalités entre les revenus totaux des ménages ont progressé mais c'est difficilement visible dans les
statistiques car, la plupart du temps, les statistiques présentent les inégalités de revenus en excluant les revenus du
patrimoine.
En conclusion, les inégalités économiques telles peuvent être mesurées restent importantes, ne se réduisent plus,
voire s'accroissent. Cependant la situation française n'est pas spécialement catastrophique : du point de vue des
écarts de salaire, par exemple, la France se situe dans une position moyenne par rapport aux autres grands pays
développés. Et les inégalités se sont beaucoup plus accrues en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis qu'en France depuis le
début des années 80.
La pauvreté
Elle constitue un aspect des inégalités économiques. Elle est aussi et surtout à l'articulation des inégalités sociales et
des inégalités économiques car en général, les « pauvres » cumulent beaucoup des inégalités. De plus, la pauvreté est
aussi à la source de l'exclusion. Il y a plusieurs définitions de la pauvreté :
• La pauvreté absolue :
Elle concerne les gens qui ne disposent pas du minimum vital. Ce minimum est défini par des quantités de biens
et de services, celles qui permettent de survivre. L'O.N.U. va par exemple définir la pauvreté absolue comme la
situation dans laquelle un individu n'a pas les moyens de se procurer le panier de biens jugés indispensables à sa
survie (environ 10€ par jour en 2002 en France).
• La pauvreté relative
Elle définit la pauvreté par comparaison avec le niveau de vie moyen du pays considéré. Elle est en général
définie par une proportion du revenu médian (celui qui partage la population en deux parties égales). En
France, un ménage est considéré comme pauvre par l'I.N.S.E.E. quand il dispose de moins de 50% du revenu
médian français par unité de consommation. Le reste de l'Europe utilise en général la barre des 60% du revenu
Support pédagogique :
Document H : « La pauvreté en France », Inégalités : l’essentiel, Les dossiers de l’Observatoire des inégalités, n°1,
septembre 2007
Question 10 :
Faites une phrase explicative pour la dernière ligne du tableau (année 2005).
Support pédagogique :
Document I : « Le processus cumulatif », document 8 page 132, Terminale SES, Hachette, 2003
Support pédagogique :
Document J : « Le cumul des inégalités », BIHR, PFEFFERKORN, « Déchiffrer les inégalités », 2° édition, Syros, 1999
Un phénomène cumulatif :
Il existe un phénomène de cumul des inégalités : les inégalités font système, c'est à dire qu'elles s'entraînent
Transition :
Les inégalités (économiques ou sociales) sont connues depuis longtemps mais se transforment au cours du temps. Aussi
faut-il se pencher sur la transformation des groupes sociaux eux-mêmes et donc sur les inégalités qui les caractérisent afin
de comprendre la dynamique de la stratification sociale.
Accroche :
Inégalités et stratification sociale sont liées. Si les inégalités s'affaiblissent et/ou se transforment, il est logique de
penser que c'est en lien avec des transformations de la stratification sociale. Ainsi tout un courant de pensée relie
l'atténuation des inégalités visible au cours du XX° siècle à la constitution d'une vaste classe moyenne. Et les arguments
ne manquent pas pour soutenir cette thèse. Cependant, il peut être observé l'apparition de nouvelles inégalités, brouillant
les frontières traditionnelles entre les groupes sociaux, mais les recomposant plus qu'elle ne les supprimerait. Tout cela
renvoie aux débats sur moyennisation versus polarisation de la société française.
Support pédagogique :
Document K : « L’avènement des sociétés démocratiques selon Tocqueville », document 10 page 135, Terminale SES,
Hachette, 2003
Support pédagogique :
Quels sont les arguments qui peuvent être avancés pour soutenir l'idée de la moyennisation de la société française ?
● Le rapprochement des modes de vie permis par la réduction des inégalités économiques et sociales
traditionnelles.
Sur l'ensemble du XX° siècle, il faut relever la réduction des inégalités économiques (selon la thèse de KUZNETS :
l’inégalité est appelée à dessiner une courbe en cloche au cours du processus de développement, avec une première phase
d’inégalités croissantes lors de l’industrialisation et de l’urbanisation, suivie par une seconde phase de stabilisation, puis
par une phase de diminution substantielle des inégalités) : les bas revenus ont progressé nettement plus vite que les hauts
revenus, la consommation s'est beaucoup accrue (spécialement après la seconde Guerre Mondiale) pour toutes les
catégories sociales, rendant possible l'accès quasi généralisé aux biens de consommation durables (automobile,
réfrigérateur, télévision, lave-linge, etc). Parallèlement, la sécurité devant les aléas de la vie a beaucoup progressé pour
tous grâce au développement de l'Etat providence : la Sécurité sociale a permis à tous les Français de se soigner
convenablement et de bénéficier de retraite permettant de vivre dignement, ce qui était très loin d'être le cas auparavant.
La très grande sécurité de l'emploi durant les Trente glorieuses a également permis à beaucoup de ménages de faire
des projets et d'emprunter pour acquérir leur logement (l'accession à la propriété s'est développée dans toutes les couches
sociales). Enfin, la scolarisation de tous les enfants s'est allongée. Résultat : les modes de vie se ressemblent de plus en
plus, quel que soit le groupe social auquel un individu appartienne. Ainsi, l'habillement est beaucoup moins typé
socialement qu'il ne l'a été (tout le monde porte des jeans), les départs en vacances concernent un nombre grandissant de
français, se retrouvent sur les bancs du lycée des enfants de tous les groupes sociaux, etc.
● La constitution d'une vaste classe moyenne
La constitution d’une vaste classe moyenne, regroupant les professions intermédiaires, certains cadres, les ouvriers
qualifiés, une bonne partie des employés, serait la conséquence (et aussi sans doute la cause) de cette réduction des
inégalités et de cette uniformisation des modes de vie.
En effet, dans le monde du travail, les différences se sont aussi beaucoup atténuées : les agriculteurs sont de moins en
moins nombreux et leurs tâches de gestion les font de plus en plus ressembler à des chefs d'entreprise de l'artisanat ou de
l'industrie, les ouvriers travaillent de moins en moins souvent directement la matière, ils ont le plus souvent des fonctions
de contrôle sur des opérations de production de plus en plus souvent automatisées. Certains cadres doivent se passer de
secrétaire et tapent eux-mêmes leurs rapports ou leur courrier, de même qu'ils gèrent seuls leur agenda. L'autonomie dans
le travail est plus grande à tous les échelons de la hiérarchie. Donc, là aussi, les différences (et donc les inégalités)
s'atténuent. Résultat : les individus cherchent de plus en plus à accroître leur consommation, à améliorer leur position
personnelle et celle de leurs enfants et les conflits sociaux, collectifs, diminuent en nombre (il y a beaucoup moins de
grèves à la fin du XX° siècle que dans les années 1970, par exemple). L’apparition d’une vaste classe moyenne serait
alors synonyme de la disparition de classes inégales, polarisées et antagonistes, et donc peut-être de la disparition
simple des classes.
Support pédagogique :
Document M : « La moyennisation et les inégalités : les arguments de la fin des classes », document 14 page 138,
Terminale SES, Hachette, 2003
Support pédagogique :
Document N : L’analyse de MENDRAS
Un constat contestable ?
Cette idée de moyennisation de la société est donc fondée sur des réalités difficilement contestables. Cependant,
aujourd'hui, nombreux sont les sociologues qui remettent en cause cette analyse : la diminution de certaines inégalités,
réelle, ne signifie pas la disparition des inégalités. D'abord, certaines inégalités traditionnelles réaugmentent. Ensuite,
de nouvelles inégalités apparaissent qui dessinent un nouveau paysage de la stratification sociale en France.
Support pédagogique :
Document O : « Moyennisation versus polarisation », document 22 page 143, Terminale SES, Hachette, 2003
Support pédagogique :
Document P : « Les effets des inégalités de patrimoine », document 15 page 139, Terminale SES, Hachette, 2003
Support pédagogique :
Document Q : « Les inégalités de consommation renouvelées », document 16 page 140, Terminale SES, Hachette, 2003
Support pédagogique :
De nouvelles inégalités apparaissent, fragmentant les groupes sociaux traditionnels et brouillant le paysage de la stratification
sociale :
● Fragmentation des groupes et trajectoires individuelles :
Aujourd'hui, les inégalités qui séparaient traditionnellement les groupes sociaux les uns des autres, fragmentent de plus en
plus les groupes sociaux eux-mêmes. Ainsi, pour un même niveau de diplôme, par exemple, les inégalités de salaires se
sont beaucoup accrues. En fonction de quoi ? De plus en plus en fonction de l'histoire personnelle de chaque individu : si
l'individu a été embauché au bon moment par une entreprise qui se développait, il a pu bénéficier d'opportunités de
carrière que d'autres titulaires du même diplôme n'auront pas eues s'ils habitent dans une région en déclin économique,
par exemple. La même fragmentation s’observe au niveau du groupe des jeunes ou du groupe des ouvriers. Quoi de
commun entre un ouvrier qualifié travaillant dans une grande entreprise comme EDF, par exemple, ayant pu acquérir son
logement dans des conditions très avantageuses et disposant d'une énergie peu coûteuse, et un ouvrier qualifié du textile
vosgien, secteur en complète déconfiture, qui a été licencié successivement de plusieurs entreprises et se retrouve sans
emploi avec une qualification qui n'a plus de valeur sur le marché français du fait de la mondialisation ? Pas grand chose,
Support pédagogique :
Document S : « Aggravation des inégalités fractales », document 21 (seconde colonne) page 142, Terminale SES,
Hachette, 2003
CONCLUSION
La stratification sociale repose sur l’existence de groupes sociaux hiérarchisés et donc sur des inégalités. Ces inégalités
peuvent être économiques et/ou sociales. Mais dans tous les cas ces inégalités se cumulent et font système. C’est ainsi
que lorsque les inégalités fortes opposent deux groupes, une vision polarisée de la société est envisagée, opposant des
classes sociales ; lorsque les inégalités se réduisent c’est au contraire une conception d’une société moyennisée qui
s’impose, traduisant une fin les classes sociales antagonistes, voire une simple fin des classes sociales.
Les inégalités se transforment plus qu'elles ne disparaissent, accompagnant les transformations économiques liées à la
croissance. Ces transformations contribuent à ce que les inégalités soient davantage vécues sur le mode individuel que
collectif. La frontière séparant les groupes sociaux est de ce fait beaucoup moins claire. Cela ne signifie pas que la
hiérarchie entre les groupes n'existe plus. Et la réduction des inégalités devient également moins simple dans la mesure où
celles-ci ne sont pas clairement attachées à tel ou tel groupe.
La question centrale devient, plus que jamais, celle de l'égalité des chances : comment assurer à chaque individu dans
une société qui se veut égalitaire et démocratique les mêmes chances d'accès aux ressources valorisées par la société ? La
réponse à cette question n'est évidemment pas simple. Un aspect central de la question est de savoir dans quelle mesure la
position sociale des parents détermine la position sociale des enfants : s'il y a une forte « hérédité » sociale, les inégalités
se reproduisent sans que le mérite des individus soit réellement pris en compte. C'est la question de la mobilité sociale qui
est ainsi posée.
COMPLEMENT
Support pédagogique :
Document T : Aggravation de la pauvreté versus enrichissement des plus riches