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LA VRAIE

RELIGION CHRÉTIENNE

eoNTIiNA'iT

TOUTE LA TlIÉOLOGIE
DE LA NOUVELI.E .:GLISE
Prédite par le Sei~neur dans Daniel, VII, 13, 14; et dans l'Apocalypse, XXI, 1,2.

1'.\11

EltIltIAl\TIJEL S'''EDENBORG
Serviteur du Seigneur désus.()llrl.&
TRADUIT IjU LATIN

PAR J. F. E. LE BOYS DE8 GtJAY8.


Sur l'~;l!ilion princeps (Amsterdam, 1771).

SECONDE ÉDITION

TOME PH]~MIER

Paris
A la Librairie, 19, l'ue du Sommerard.
LOlulrl'.
SWEDENBORG SOCIBTY, ~6, Dloomsbury Street, V. C.
Ne,,,-l:'ork
NEW CnURGH BOOK.Il.OOIl, 20, Cooper Union.
1878
--
i26 LA 'VRAfE RELIGION CHRËTIENNE t27
qu'ici, et dans ce qui suit, par.le Seigneur nous entendons Jéhovah

dans son Humain. Maintenant, comme la connaissance sur le Sei­

gneur surpasse en excellence toutes les comiaissances qui existent

CHAPITRE SECOND dans l'Eglise, et même toutes celles qui sont dans le Ciel, le sujet

v~ être disposé en ordre, afin que cette connaissance, soit mise en

lumière; cet ordre sera donc celui·ci :

DU SEIGNEUR RÉDEMPTEUR.
I. Jéhovah Créateur de l'Unive?'s est descendu et a pris l' Hu­
mazn pour racheter et saUl'er les hommes.

Bi. Dans le Chapitre précédent, ila été traité de Dieu Créateur II. Il est descendu comme Divin Vrai, qui est la Parole, et

et alors en même temps de la Création; dans' ce Chapitre-ci, il sera cependant il. n'a point séparé le Divin Bien.

traité du Seigneur Rédempteur et aussi en même temps de la Ré­ III. Il a p?'is l'Humain selon son ord1'e Divin.
demption; et, dans le Chapitre suivant, de l'Esprit Saint et en IV. L'Hmain par lequel il s'est envoyé dans le Monde est ce

même temps de la Divine Opération: par le Seigneur 'Rédempteur; qui est appelé le Fils de Dieu.

nous entendons Jéhovah dans l'Humain; en effet, que Jéhovah Lui­ V. Le Seigneur par les actes de la rédemption s'est lait la

Même soit descendu et ait pris l'Humai,n 'afin d'opérer la Rédemp­ justzcç.

tion, cela sera démontré dans les Articles qui suivent. S'il e~t dil VI. Par les mêmes actes, il s'est uni au Père, et le Père S'est

le Seigneur et non Jéhovah, c'est parce que Jéhovah de l'Ancien uni à Lui,. aussi selon l'ordre Divin.

Testament est nommé le Seigneur dans le ·Nouveau, comme on peul VII. Ainsi Dieu a été (ait Homme. et rHomme Dieu en une

le voir par ces passages: Il est dit dans Moïse: « Écoute Israël; Seule Personne.

JÉHOVAH not,'e DIEU, JÉHOVAH est un: Tu aime1'as JEllOVAH TON VIII. L~ prog?·es~OJ!:. vers l'union a été l'état de son exinani­
DIEU de tout ton cœur et de tOltte ton dme. " :- D'eutér. VI, 4, tion, et t.!:t?tion_mê!!le a été l'état de sa glorification.

5, ; - et :dans l\fal'c : «Le SEIGNEUR notre DIEU, . le SEIGNEUR IX. Dés01'mais nul â entre les Ch?'étiens ne vient dans le Ciel,

est un: Tu aime/'as le SEIGNEUR TON DIEU de tout ton cœur et de' sinon celui qui c?'oit au Seigneur Dieu Sauveur, et qui s'ad?'esse

toute ton âme. » - XII, 29, 30. - Puis dans Esaïe; " Préparez i.l Lui Seul.
te chemin de JÉHOVAH, aplanissez dans la solitude un sentier à Chacune de ces proposiLions sera expliquée en parLiculier.
notre Dzeu. » - XL, 3; - mais dans Luc: Tu iras devant la 82. l, JÉHOVAH DIEU EST DESCENDU ET A PRIS L'HUMAIN, POUR
face du SEIGNEUR, pour p1'épa1'e1' son chemin. » l, 76, - et en RACHETERET SAUVER' LES HOMMES.
outre ailleurs: et le Seiglleur a aussi commandé à ses Disciples de Dan~ les Eglises Chrétiennes.aujourd'~ui, l'on croit que Dieu Créa­

L'appeler Seigneur, et c'est pOlir cela qu'il a été appelé ainsi par les te1,J1' de ('Univers a engendré un Fils'de toute éternité, et que ce"

Apôtres dans leurs Epitres, et ensuite par l'Eglise Apostolique, Fi)s est desGendu et a pris J'Humain pour l'acheter et sauver les

comme on le voit par le Symbole de cette Eglise, qu'on appelle hommes ;,mais cela est erroné et tombe de soi-même, peurvu qu'on -8~

r-
Symbole des Apôtres: la raison de cela, c'est que les Juifs n'osaient pense que Di_é!!Jl.~_l!Jn, et que devant la raison il est plus que fabu­
pas nommer Jéhovah à cause de la sainteté, et en outre, par Jého­
vah est entendu le Divin Ètre, qui a été de toute éternité, et l'Hu­
main qu'il a pris dans le temps n'était pas cet Ètre: ce que c'est
que le Divin Ètre ou Jéhovah, cela a été expliqué dans le Chapitre
précédent, N°S 48 à 26, et N°' 27 à 30; c'est pour cette raison
I

l
leux que Dieu un ait engendré de toute éternité un Fils, et aussi

que Dieu le,Père avec le Fils et l'Esprit Saint"dont chacun est séea­

rément l)ieu, soit un, seul Dieu; ce fabuleyx est entièrement dissipé,

cOlOme ulle Étoile filante dans l'air, lorsque d'après la-Parole il est.

-démontré:4ilue Jéhovah Die,u es~ Lu~-Mème descendu et s'est fait.


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« Un Anye dit en songe à Joseph le fiancé de Marie, ce qui en
HOlll!!le, et aussi Rédempteur, Quant au premier point, qu~~hovah elle l:st 1lIf est d'Esprit Suint, et Joseph ne la connut poillt jus­
Dieu est Lui-Même descendu et s'est fait Homme, on le voit d'après qu'à ce qu'elle eut enfanté son Fils, et il appela son nom
ces passages: '( Voici, 7~~ Vi~;'9~-con-c~~;'a, et elle enfantera un Jésus . .. - J,20, 20: - Que par Esprit Saint soit entendu le
Fils, qui sera appelé DIEU AVEC NOUS,.JI - Esaïe, VII, H, Matth. Divin qui procède deJéhova~eu, on le verra dans le Troisième
l, 22, 23, - " Un enfant nous est né, un Fils nous a été donné; Chapitre de cet Ouvrage. Qui ne sait que C'C.5t d'après le Père que
sur son épaule (sera) la principauté, et sere/' appelé son Nom, l'enfant a l'Ame et la Vie, et que c'est d'après l'Ame que le Corps
Admirable, DIEU, Hél'os, PERE D'ETERNITÉ, Prince de paix, 1) ­
existe? Est-il donc quelque chose qui soit plus clair, que de dire
Es. IX, 5, 6. - " Il se/YI, dit en ce jow'-là: Voici, notre Dieu que le Seigncur a eu d'après Jéhovah Dieu l' Aille ~t_l~yie. et que,
Celui-ci, que nous avons attendu pour qu'il nous délivre; Ce­ puisque le Divin ne peut être divisé, le Divin même du Pè~~té
lui-ci (est) Jéhovah, que nous avons attendu; bondissons et l'Ame el la Vie du Seigneur? c'est pour cela que le Seigneur a ap­
réjo.uissons-nous dans son salut. " - Es. XXV, !:l. - li Une pelé tant de fois Jéhovah Dieu son Père, et que Jéhovah Dieu L'a
voix qui crie dans le désert: Préparez le chemin de 1ÊHovAH, appelé son Fils: Que peut-il donc y avoir de plus ridicule que d'en­
aplanissez dans la solitude un sentiel' à NOTRE DIEU; et ils ver­ tendre dire que l'Ame de notre Scigneuresl venue de Marie sa mère,
ront, toute chair ensemble. ,,- Es. XL, 3, 5. - « Voici, le ainsi que le rêvent aujourd'hui et les Catholiques Romains et les
SEIGNBUR ,IÉHOVIH en fort vient, et son bl'as dominera pow' Lui; Réformés, sans que la Parole les ait eucore tirés de ce songe '!
voici sa récompense avec Luz,., comme PASTEUR il paîtm son , 83, Qu'un Fils né de toute l'terni te soit descendu el ait pris l'Hu­
'.; t2
troupeau.» - Es, XL, 10, 1L- « JÉlIOVAH dit: Sois dans la l main, c'est là une complète ..elTfUI' qui tombe et est dissipée pal'
jubilation et dans l'allégresse, fille de Sion,. voici, !V/oi je ) les passages de la Parole, dans lesquels Jéhovah Lui-i\lême dit q'l'il
viens pow' habiter au milieu de toi: alors seront attachées des est, Lui, le Sauveul' et le R.édempteur; voici ces passages: " N'est­
Nations nombreuses cl JEl/OVAll en ce jour-la. » - Z:lCh. Il, 1.4, 1ce pas moi, JÉHOVAH, et 1j a-t-il d'autre Dieu que Moi? Ya-t­
Hi. - " MOI JÉHOVAH, je T'ai appelé dans la justice, et je Te d'aut1'e Dieu juste et SAUVEUR QUE Mor. Il - Esaie, XLV, 21, ~2,
dr;mnerai pour l'alliance du peuple: MOI JÉHOVAH C'EST LA MON - " MOI (Je suis) JÉUOVAH, ET IL N'EST POINT D'AUTRE SAUVEUR
NOM, ET ~IA GLOIRE AUN AUTRE JE NE DONNEIlAI POINT. » - Es. XLII, QUE Mol. Il - Esaïe XLIlI, 1. l. - JE SUIS JÉHOVAH l'uN DIEU, et
i, 6, 7,8. - " Voici les jours qui viennent, ou je susciteraz de Dieu outre Moi tu ne reconnaîtras point, ET DE SAUVEUR IL
à David un germe juste, qui l'ègnera Roi,' tJt fera jugement et N'Y APOINT SINON MOI, " - Hosée, XIII, 4. - c< Afin que sache

justice en la terre; et c'est là son nom " HHOVAH NOTRE .JUSTICE. » toute chair que 1\101 (Je suis) JÉHOVAH TON SAUVEljR ET "ON IlÉ­
- Jêrém. XXIII. 5, 6. XXXIII, i5, 1.6. - Et de plus dans les DKMPTEUR.I) Esaïe, XLIX, 26. LX, 16. - c< Quant a NOTRE RÉ­
passages oit l'avènement du Seigneul' est appelé le JIWR DE JÉHOVAH: DEMPTEUR, JÉHOVAIl SÉBAOTH (esl) SQ~ N.OM, " - Esaïe XLVlI, 4,
comme Es. XIII, 6,9, 13, 22, Ezéch. XXXI, io. Joël, l, i 5. II, - LEUR RÉDEMPTEUn, FonT, JÉHOVAH SÉBAOTH (est) SON NOM. »
f<

t, 2, H.III, 2, 4. IV, 1, 14, ,18. Amos, V, 13, 18, 20. Séph. l, - Jél'ém, L, 34, - " û JÉHOVAH! mon Rachel' et mon RÉDEMp·
J. 7 à 18. Zach, XIV, t, 4 à 2'1, et en oull'e ailleurs. Que ,iéhovah 1'I.WR. 1) - Ps, XIX, 15, - Ainsi a dit J.f:HOVAH TON RÉDEMP­
Lui-Même soit_descenju et ait pris l'HUI~ain, on le voit c1ait'ement TEUR, le Saillt d'Israël: Je suis lÉ:HOVAH' TON DIEu." - Esaïe,
dans. Luc, où sont ces paroles: • Marie dit li rAnge: Comment XLVIII, 1.7. XLllI, H. XLIX, 7. - c( Ainsi a dit JÉHOVAH TON
sem cela, pllisque homme je l ne cOllnais point? L'Ange lui ré­ RÉDEMPTEUR: !V/ai JÉHOVAH je fais toutes choses, et seul par
pondit: UK ESPRIT SAINT VIENORA SUR tOI', E'r U:-iE VERTU DU TRÈS­ Moi-Même. » - Esaïe, XLIV, 24. - "Ainsi a dit JÉHOVAH,
~'UT T'Ol1BRAGERA, c'est pourquoi ce qui naîtra de toi SAINT. Je Roi d'Israël, et SON RÉDEMPTEUR JÉHOVAH SÉBAOTH: Je suis le
sera àppelé FiLS DE DIEU. » - J~ 34, 35, - Et dans Matthieu:
I. 9
i30 LA. "VRA.IE RELIGION CHRÉTIENNE. 131
Premier et leDemier, et excepté Moi point de Dieu. )) - Esaïe. ~jl~q~e, de même que l'âme ne peut rien faire sans le corps, ou de
XLIV, 6. - JÉHOVAH, Toi, notre Père, NOTRKRÉDEHPTEUR dès le 5même que personne ~e peut vaincre des ennemis q!1i ne \'iennent
siècle (c'est) ton Nom, .. - Esaïe, LXIll, i6. - « Avec une miséri­ ~ poinl.®sa pré!'~nce, 0l! vers I~squels il ne peut ni allir ni s'appro­
corde d'éternitéj'aurai compassion de toi, ainsi a dit TON RI~rJll:Ml' _ cher avec des armes, telles que lances, boucliers ou fusils: il était
TEr;RH~HOVAH. " Esaïe, LlV, 8. -Tu m'AvAIs RACHETÉ, Ô JÉHOVAH aussi impossible à Dieu d'opérer la Rédemption sans l'Humain,
(Oieu)rJE VÉRITÉ.)) -Ps. XXXI, 6. - «Qlt'ISraëlespèreenJÉHovAK, qu'il ser3it impossible à un homme de subjuguer les. Indiens sans
parce qu' avec JÉHOVAH (est) la Miséricorde, en aboridance avec Lui transpol'ter dans leur pays des soldats sur des naVires, ou qu'il
R~;OEMI'TlON ; Lui-Même RACHÈTERA IS7'aël de toutes ses iniquités. ))
\
serail impossible de faire croître" des arbres seulement par la cha­
- Ps. CXXX, 7,8. - « JÉHOVAUDlEU, etToN RimEl\IPTEuR.le Saint leur et la lumière, si l'air par lequel passent la chaleur et la lu­
d' /.~I'aël, DIEU DE TOUTE LA TERRE SERA APPELÉ. )) - Esaie, LlV, 5. mière, et si la terre de laquelle ils l'0ussenl, n'avaient pas été
1- D'après ces passages et beaucoup d'autres, tout homme qui a créés; et même aussi impossible que de jeter des filets dans l'air et
. des yeux, et dont le mental a été ouvert par les yeux, peut flon dans les eaux, et d'y prendre des poissons: en effet, Jého~ab.
l voir que Dieu, qui est Un, est descendu et a élt fait Homme, ( tel qu'il est en Lui-Même, nL p~t d'après sa Toule-Puissance =!.t­
dans le but d'opér()r la Rédemption; est-il un homme qui ) teindre aucun diable dans l'Enfer, ni aucun diable Slll' la terre, ni
\ ne puisse voir cela, comme dans la lumière du matin, 10"r.:.SCiy_:iU~it "' t;;110~Îé;e~, ni al)ai;~~ s~r;lr~ur, ni domptel' sa violence, iil n'est
attenlion ;'\ toules ees sentences Divines qui viennellL d'être rappor­ l pas dans les derniers comme il est dans les premiers; i~ ~ns les
tées? mais quant il ceux qui sont dans l'ombre de la nuit d'après di!1iiers-dans son HllmaJn, aussi est-il appelé dans la Parole le Pre­
. leur confirma Lion pour la naissance d'un aut"re Dieu de toute éter­ mier et le Dernier, l'Alpha et l'Oméga, le Commencement et la fin.
,.' 157. ~ nité, et pour sa descente et sa Rédemption, ils fermentl~tllaupj~res 85" Il. JÉllOVAH DlEU EST OEsCENor COMME DIVIN VHAT, QUI EST
) devant ces Divines sent~nces, et sous les paupières ils pensent à la J.A PAROLE, ET CEPENDANT TL N'A POINT StPARÉ LE DIVIN BIEN.
( manière d'appliquer ces senlences à leul's faux et de les pervel'tlr. Il Ya deux choses qui consLitucnt l'Essence de Dieu, savoir, le
84. Que Dieu n'ait pu Hachelel' les hommes, c'est-à-dire, les Divin Amour et la Divine Sagesse, ou, ce qui revient au même, le
relirer de la dainnalion el de l'Enfer, sans prel}dre 1'~Ul!~ain, il Divin Bien et le Divin Vrai; que l'Essence de Dieu soit composée
y a pour cela plusieurs causes, qui seront dévoilées en série dans de ces deux choses, c'est ce qui a été démontré ci-dessus, N°S 36 à
'l'i ._ \ ce qui suit; en effet, la Rédemption a été la subjugatJ.on de.?~fers
13 48. Ces deux choses dans la Parole sont entendues aussi pal' Jého­
( e! l'ordination_"d~~ Cieux, et après cela l'instauration duEgli~e"; 1 vah Dieu; par J~hova~ 1~~l!!... ..Q.!!.J.~__~i.Yin ~ien, et par
Dieu d'après sa Toute-Puissance n'a pu exécuter ces opérations que ~ pieu, la Divine Sagesse o_u le Divin Vrai; de là vient que dans la
\ par l'Humain, dc même llue personne ne peut rien opérer, à_moins Parole les deux sont distingués de diverses manières, et que tantôt
qu'il n'ait un bl'as, aussi l'Humain de Dieu esl~il appelé dans la Pa­ Jt&Q.Iah seulement est nommé, et tanlôt Dieu seulement, car oil
l T..9le le Bra~ de Jéhovah, - Esaïe, XL, f 0; LIlI, 1 ; - de même il s'agit du Dh'in Bien, il y est dit Jébovah, où il s'agit
qu'aussi personne ne peut allaquer une ville fortifiée et y détruire du Divin VI'ai, il y est dit Dieu, et où il s'agit de l'un et l'au­
les temples des idoles, que par des Forces qui servent de moyens; tre, il y est dit Jél!Q.Y..ah_Pieu. Que Jéhovah Dieu soit descendu
) que p'ieu dans_celte ŒUHe Divine ait eu ~a Toul~-Puissa!!.ce pal' comme Divin Vrai, qui est la P3role, on le voit dans Jean par ce
son Humain, c'est encore ce qui est évident d'après la Parole; en passage: (c A li commencement était la Parole, et la Pm'ole
) effeC[ii~u qui est dans les intimes"et ainsi dans les choses les plus était chez Dieu, et Dieu étctit la Parole; toutes choses par Elle
~ pures:në pouvait pas passer autrement jusqu'aux derniers, dans .()nt été (aites, et sans Elle n'a été (ait rien de ce qui a été (ait.
)"l~sq~~ls sont les ~!liers, et dans lesiluels étaient les hommes de~~tt6 Et la Parole Chair a été (aite, e,t Elle a habité parmi nous. ,.
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- r, t, 3, 14. - Si par la Parole dans ce passage il est entendu pour la dvélation des nations, li - Luc, II, 30, 3~, 32. ­
le Divin Vrai, c'est parce que la Parole, qui est dans l'Eglise, est le C'est là le jugement, que LA LUMIÈRE EST VENUE DANS LE MONDE.
Divin Vrai même, car elle a été dictée par Jéhovah lui-même, et ce CELUI QUI FAIT LA VÈRITÉ, VIENT A~.A LUMIÈRE. " - Jean, 111, t9,
qui est dicté par Jéhovah est purement le Divin Vrai, et ne PCUl être 2t ; et en outre ailleurs; par la Lumière est entendu le Divin Vrai.
autre chose: mais comme la Parole a traversé les Cieux pour venir 86. Si Jéhovah Dieu est descendu dans le Monde comme Divin
jusque dans le Monde, elle a été ad-;piéê à-la concëptliJn_ de·s~Â.nges ~ (vrai, c'était ponr opérer'la Rédemption; 01' la R~.d~rnption~a_~té la
dans le Ciel, et aussi à celle des hommes dans le ~nde; de là, '3~ i s~~jugatio~e~ Enfers et Cordinalion des_~i.~ux, et après cela
vient qu'il y a dans la Parole un sens spirituel, dans lequel le Di­ { l'in~talil'alio!,~ de l'Egll§e: ce n'e!'t pas le Divin Bien qui peut faire Î
vin Vrai est dans la lumière, et un sens nalUre\ dans lequel le Divin ces opérations, mais c'est le Divin Vrai d'après le Divin Bien; (
Vrai est dans J'ombre; c'est pour cela que6e Divin Vrai dans cette le Divin Bien, considéré en lui-même est comme la poignée ,
Parole est ce qui est entendu dans Jean): cela est encore évident .urondie d'une épée, comme un bois oblus ou comme Ull arc (
en ce qllale Seigneur est venu dans le Monde pour accomplir toutes ·sans. flèches; mais le Div}n Vrai d'_ap!è~ le Divi.r.l__I!len est comme
ies choses de la Parole, aussi lit-on si wuvent que telle'ou telle une épée aiguë, comme un javelot acéré, et comme un arc avec des
chose Lui est al'l'ivé afin que l'Ecritul'e fùt accomplie. Il n'est pas flèches, armes qui sont fortes contre les ennemis; par les épées, les
non plus entendu autre chose que le Divin Vrai par le Messie javelots et les arcs, sont allssi entendus, dans le sens spirituel de
ou le_Chrisl, ni autre chose par le F.i~ de l'h~mllle, ni autre chose la Pafole, les vrais qui combauent, voù l'ApOCALWSE RÉVÉLÉE,
pal' le Paraclet, l'Esprit §~inl, que le Seigneur a envoyé après sa Nol 52, 299,436, ail cela a été démontré; et ce n'est pas autre­
~ortie de ce monde. Que dans la Transfiguratl9n devant les trois ment que par le Dirin Vrai d'après la Parole, que les f~ux et les
, Disciples sur la montagne, - Uatth. XVII. Marc, IX. et Luc, IX,. h. ~aLJx, dans lesquels a été et est continuellement tOlll_I'Enf~r·, o~t
, - ct aussi devant Jean dans l'Apocalypse, - l, 12 à t6, - il §e . pu êtl'e combattus, vaincus el sy'pjug~és; ni par autre chose qu'a.
soit représenté
. -
comme étant- cette -­ Parole, c'est ce qu'on verra dans
.. --_ .....
le Chapitre sur l'Ecl\lTUIIE SAINTE. Que le Seigneur dans le Monde.
. pu être fondé, formé et mis en ordre, le nouvea~el, qui a aussi
\ alors été fait; ni par autre chose qu'a pu être instaurée une nou­
ail été le Divin Vrai, cela est évident pal' ses propres paroles: « Je l velle Eglise dans I~ ..!:erres : en o11tre, toute vigueur, toute f<lrce
suis te Chemin, la VÉRITÉ et la Vie" - Jean, XIV, 6; - et par et toute pui:;sance de Dieu appartient au Divin Vrai d'après le Qi~in
13 celles-ci: " Nous ~avons que le Fils de Dieu est venu et nou~ a Bien: Voilà la raison pour laquelle Jéhovah Dieu est descendu
donwf l'En/ende!!!ent, afin que nous connaissions ~C!: VERITE; .:comnle Divin Vrai, qui est la Parole; aussi est-il dit dans ~.
et nous sommes dans la VÉRITÉ, DANS SON FILS JÉSUS-CURIST: ( Ceins ton épée sw' (ta) cuisse, 0 PUISSANT; et dans ton hon­
Lui es/le m'ai Dieu et la vie éternelle. - Jean, r, Epît.-V·, 20, new' monte; CHEVAUCHE SUR LA PAI\OLE DE VÉRITÉ; ta d1'oite
21. - Et aussi en ce qu'il e~t appelé la Lumièl'e, comme dans ces T'enseignera des me1'veilles; tes t1'aits sont acàés, tes ennemis
passages; c( Il était la YRAIE LUMIÉllE, qui éclaire tout homme tomberont sous toi. " - Ps. XLV, 4, 0,.6; - ces paroles ont
venant dans le Monde. " - Jean, l, 4,9. - " Jésus dit: Pow' ~té dites du Seigneur, et de ses combat" contre les Enfel's, et des
enC07'e un peu de temps LA LUMIÈRE EST AVEC vous; mCl1'chez victcHres qu'il a remportées snI' eux.
pendant que LA LUMIÈRE vous avez, de peur que les ténèbres ne 8i. Quel est le Bien sans le Vrai, et quel est le Vrai d'après le
vous surprennent: pendant que LA LrMIÈRE vous avez, c7'oyez bien, on le l'oit clairement par l'homme; tout son Bien l'éside dans
en LA LUMIÈRE, afin que FILS DE LUMIÈRE vors SOYEZ. " - Jean, (la Vol~é, et tout son Vrai, dans l'Entendement, et la Volol)lé ne
XII, 35, 36, 46. - cC JE SUIS LA LUMIÈRE DU MONDE. ,,- Jean, \ peut de son bien rien faire si ce n'est par l'Entengement; elle
\ IX, 5. - " Siméon dit: Mes yeux ont vu tan Salut, LUMIÈRE 1 ne peut pas opérer, elle ne peut pas parlel" elle ne peut pa&,

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i3i LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 4.35


sentir, toute sa force et toute sa puissance existent par l'en­ bragéc Ma Luc, l, 35 ; - or, par la vertu dtCirès-H;~) il

rl9 -
tenùement, en conséquence pa.r le vrai, car l'entendement est ~ ëSt éïÎtendu le_DiYllLBien ; on le voit eJl~e par1e-s-passa~où le

1 Seigneur dit Lui-Même que le Père est en Lui et qne Lui est dans

le réceptacle ct l'habitacle du vrai. Il en est de cela comme de l'o­


1 pération du Cœur et du Poumon dans le Corps; Ic Cœur sans la: Je Père, que tout ce qui est au Père est à Lui, ql~ Père et Lui

respit'ation du Poumon ne proùuit <lUCUR mouvement, ni aucun sont un, et dans plusieurs autres passages; paill~f~ll.~Len-
~
seutiment, mais la respiration du Poumon produit l'un et l'autre _-.:> tendu le Divin Bien.
--- '~-
­
d'après le Cœ!lr, ce qui est évident p~~ les défaillancesde ceuX- qui 89. III. Dllm A PRIS L'HUMAIN SELON SON ORDRE DIVIN.

f sont suffoqués'ou plongés dans l'eau, chez lesquels cesse la respira­ Dans le Paragraphe sur la Divine Toute-Puissance et la Divine
î tion, l'activité systolique du cœur persii'itant encore; que ceux-ci Toute-Science, il a été montré que Ql~u av_ec la CI'~ation Lintro-­
, n'aient ni mouvement ni sentiment, cela est notoire; la même chose duit l'Ordre tant dans l'Univers que dans toutes 'é'Ldans chacune
\ arrive aux embryons dans le sein de leur mère; cela vient de ce dèS choses qui le composent; et que c'est pour cela que la Toute­
' que le Cœur correspond à la Volonté et aux biens de la volonté, et Puissance de Dieu '._~-.
_._
dans--~.--------
r---'.'-'-
l'Univers, et dans toutes et
-.---'
chacüne des
,-"'-"'--"~--"'-~-'"
.-

Î, Je Poumon, il l'Entendement et ~ux vrais de l'entendement. Dans· choses de l'Univers, pr~~de, et opèr~~lon les 10isd~Ordre,
r _ dont il a été traité ci-dessus en série, du N° 49 au N' 74. M~p- - ~)
o
IAY'-,,",:S le Monde spirituel la puissance_ <!11... ..:!.ai est surtout remarquable;
"~r~ quoique l'ft-l1ge., qui est par le Seigneur dans les Divins Vrais, soit ( tenant, puisqu~Q.i~!!.j\.gQ.~~cendu, et ql!'il est Lui-Même l'.Qr.Q.re,
, faible quant ail corps comme un enfant, il peut néanmoins l!llli!:e \ ainsi qu'iIY a aussi été dénlontré, i'lÈ pu, POYL de~enir .J1!~si
.homme en actu~lité, faire au trement que d'être cg.llçu, d' être po!.~é
!,.. r-
~""'~:f en fu~te une troupe.~'.espri~s infef1~aux, qui avparais~ent cornille de~
Enaklln et des Népluhm, c est-à-dll'e, comme des Geants, les pour­
(_r. ,.... r suivre jusqu'à l'Enfer, et les y précipiter dans des Cavernes; (IUand
)dans un utérus, de naître, d~être élevé, d'apprendre successive­
~, ment les sciences, et d'être par elles introduit dans l'intelligence
co': ~. +
f·· ............
ils en sortent, ils n'osent pai'i s'approcher d'un !ng~. Ceux qui sont
_.~ ~."
\et dans la sagesse; c'est pour cela que, quan t à l'HUlpain, il a
J':I' - - - ­

dans }e,s Qivins ~!'~~.Er le _~~~ur sQQL dap:Lc~l\~9.nje con!~n, e, fété petit enfant comme un petit enfant, enfànt-comme un

! 4es lio~s, qUQ.iqu~ quant aux corps ils n'aient pas_plus (~3t:..ce
,que de.§_brebis. Il en est de même des hommes qui sont dans les
(enfant, et ainsi de suite, avec la seule différence qu'il achevait
celle progression plus vite, plus pleinement et plus parfaitement
que les autres: qu'il ait ainsi progressé, selon l'Ordre, on le voit
Divins Hais parle Seigneur, contre les maux et les faux, l'al' consé­
qllcnt contre des phalanges de dial;!cs qui:considérés-eÏileur essence, J
par ces paroles dans Luc: " Jésus entant croissait et lie fortifiait
né sont aUlrëchûse"que des niaux-et des faux. S'il y a dans le Di- \ en esprit, et il avançait en sagesse, en âge et en grâce chez

)l~ln Vrai un~elle force, c'est parc!J q~.e Dieu~ eS,t l~ ):l.~~_~et Dieu et les hommes. » - Il, 40, 52; - que ce fùt plus vile,
le.Srai même, et qu'il a créé l'Univers par le Divin Vrai; et qtlc· plus pleinement et plus parfaitement que les autres, on le voit d'a­
près ce qui est dit de Lui dans le même Evangéliste, par exemple,
J
NltO.'clt~s. 1~.~!Qi~~'ordl·~, par~~~guelle~ il con~erve l~l}ni\'ers, ~t
des verltés; c est pour cela qn Il est dit dans Jean, « que par la' que" lorsqu'il était âgé de douze ans, il s'assit dans le Temple
>-';'1~ ~ Parole toutes choses ont été (aites, et que sans Etle n'a été (ait au milieu des Docteurs et enseignait, et que tous ceux qui l'é­
rien de ce qui a été (ait. ») - l, 3, 10, - et dans David: « Par coutaient étaient étonnés deson Intelligence et de ses Réponses.))
la Parole de Jéhovah les Cieux ont été (aits, et par l'Esprit _ li, 46, 47; - et ensuite, IV, i6 à 22, 32. - Cela a élé fail
de sa bouche toute leur armée.)) - Ps, XXXIII, 6. ( ainsi, parce que l'Qr.dreJ:liy)n e~t quelJ!9m me s~prépa!e lui:~~me
'1 88. Que Dieu, quoiqu'il soit descendu comme Divin Vrai, n'ait à la réception de Dieu, et que, seLon~qu'il s'Lprép~~e, Dieu ~ntre
J1 pas cependant séparé le Divi fi Bien, on le. voit ..d)près la' Concep­ en lui comme dans son habitacle et dans sa maison, et cette prépa­
tion, au sujet de laquelle il est dit que~r~~~a ~m- ration se fait par les connaissances sur Djeu et sur les spirituels qui

1 1
r

i36 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 437


ap_partie~E~nt à l'Egilse, et ainsi par l'intelligence et par la sagesse;' comme une idole; outre plu~sieL!."j :Iutr~~!ies, que ceux qui éta­
( cal' la Loi de l'Ordre est que, autant l'homme v~ vers Qieu et s'en

~
blissent une Divine Puissance absolue san~l~ c.~nnaissànce et saDS
1approcht~, ce qu'il doit fail'e absolument comme de 'lili-même, au­
1 tant Dieu va vers l'~omme et s'en approche, et se~Q!)jol!tLtlufàu
milieu de lui: que le Seigneur ait progressé selon cet Ordre jus­
la~ŒlCGnnaissanc_~ __ ~:~_uc':'.!I~_rdre, peuvent !:.ép!!!Q.re gomme un van­
neur répand la balle dans l'air: Q.eux-c.i, dans les}hoses spirituelles
({ui appartiennent au Ciel et à l'Eglise>-e.~"par ..suite à la vie éter­
qu'à l'Union avec son Père, c'est ce qui sel'a d6montré plus ample­ nelle, peuvent s'éloigner des l'l'ais Divins èT se fourvoyer, comme
ment d:Jns la suite. .dans une forêt un aveugle, qui tantôt tombe sur des pienes, tan­
90. Ceux qui ne savent pas que la Divine Toute-Puissance pro­ ·tôt se frappe le front conlre un arbre, et tantôt se prend les che­
cède et opère selon 1'0~re, peuvent faire naître de leur phantajsi~ yeux dans les branches.
plusieurs questions opposées et contraires à la saine raison; par f 91. Les Miracles Divins ont aussi été faits se!.Q.!!.J'orqre Divin,
exemple, pourqlJoi Dieu n'a-t-il pas pris immédiatement l'Humain \ -mais selon.J:QII.QRE ~ L'[NFLUX DU MONDE SPIRITUEL DANS LE MONDE
sans une tellp. progression? pourquoi ne s'est-il pas créé ou com­ (lIIATUREL. Ordre dont personne jusqu'à présent n'a rien su, parce que
posé un corps avec des Éléments tirés des quatre plages du Monde, personne ne sail rien du i\Ionde spirituel: mais quel est Cilt Or~re,
et ne s'est-il pas ainsi monlré comme Dieu-Homme devant le peuple c'est ce qui sera manifesté en son temps, lorsqu'il sera qlJestion des
Juif, et même devant le Monde entier? ou : S'il a voulu naitre, pour­ MIRACLES DIVINS et des MIRACLES MAGIQUES.
quoi n'a-t-il pas infusé tout son Divin en Lui quand il était embryon, 92. [V. L'H1jMAIN PAR LEQUEL DIEU S'EST ENVOYÉ DANS I.E MONDE
ou quand il était petit enfant? ou: Pourquoi après qu'il eut été en­ EST LE FILS DE DIEU.
fanté, n'a-t-il pas pris aussitôt la stature d'un adulte, et n'a-t-il Le Seigneur a dit sOllvent que le Père l'a envoyé, et qu'il a été
pas parlé sur le champ d'après la Divine Sagesse? C'est ainsi que envoyé par le Père, par exemple: l\Iallh, X, 40, XY,24. Jean, m~
'1 ceux qui pensent la _
- _ _ _à _ Divine
__ Toule-PlJissance
__ sans
_ l'ordre,
_ peuvent ii, a4, V, 23,24, 36, 3i, 38. V[, 29,39,40, 44, ~i. VIl, 16,
concevoir et enfanter de telles questions et autres semblables, et 18,23, 29, vm, 16,18,29,42. IX, 4; et très-souvent ailleurs,
\ l'emplir de celte manière l'Eglise de folies et de niaiseries; c'est
} mème ce qui a été fait; ainsi, l'on prétendque Dieu a pu engendrer
un Fils de toute éternité, et faire qu'un Troisième Dieu procédât
!I et il dit cela, parce que par ètre e,!".oyé dans le Monde, il est en­
tendu des~eQdre et v~r parmi les hommes, et cela a été fait par l'I!u­
main, qu'il a pris par I~ Vierge Marie; et aussi cet Humain est en
) aussi alors de Lui et du Fils; quel Diel~ a pu se mettre en colère actualité le Fils de Dieu, parce qu'il a été conçu de Jéhovah Dieu,
coutre le Gelll'e humain, le dévouer à--'\'exécration, et vouloir être comme Père, selon Luc, - L 32, 35. - Il est appeléFils de Dieu, Fils
ramené par le Fils à la miséricorde, et cela par l'intercession et le 1 de l'homme, el Fils de Marie, et par Fils de Dieu, il est entendu Jého­
,souvenir de sa croix; que de plus' il}a vouln mettre dans l'homme la 2 vah Dieu dans son Humain, par Fils d~_rh.91nme le Seigneur quant
justice de son Fils, et l'introduire dans son cœur comme une subs­ J 'à la Parole, et pal' Fils de rtIal'ie proprement l'Humain qu'il a pris;
tance simple de '\Tolf, dans laquelle, ainsi que cet Auteur lui-même que le Fils de Dieu et le Fils de l'homme aient ces deux significa­
) Je dit, sont toutes les choses du mérite du Fils, mais qu'elle ne ,tions, c'est ce qui sel'a démontré dans la suite: que le Fils de
{ peut être dirisée parce qne si elle est divisée, elle est réduite à ! Marie si~nifie pro.pl·ement l'Humain, on le voit avec évidence d'a­
néant: et qu'en outre, il peut, comme par une Bulle du Pape, re­ près la génération des hommes, en ce que du père "ient l'âme, et
mettre les péchés à qui il veut, ou purifier entièrement l'impie de .de la mère le corps; en effet, l'âme est dans la semence du père,
ses maux affreux, et ainsi de noir comme un diable le rendre res­ ~ -et elle est revêtue d'un corps chez la mère, ou, ce qui est la même
plendissant comme un Ange de lumière, sans qne l'homme sc meuve àose, tout spirituel qui est à l'homme vient 1u p~!'e, et lout ce qui
plus qu'une piene, ou pendant qu'il se tient comme une statue ou 2. 09St matél'iellui vient de la mère; quant au Seigneur, le Diy~ q~i

e ~38 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 139


'2. était en Lui venait de Jèhovah Pè!'e, et l'Humain venait de la mère; Faites cesser de devant nos faces le SAINT D'IsRAEL: c'est pour­
ces d~x .1J.!ÎÏs so~tle Fils deJlleu ; que ce~oit ainsi, on le voit quoi, ainsi a dit LE SAINT n'ISRAEL. )) - Esaïe, XXX, H, 12~
dairement d'après la nativité du Seigneur, de laquelle il est ainsi - « Ils disent: Qu'il hâte son œuvre pow' que nous voyions.
parlé dans Luc: Il L'Ange Gabriel dit à Marie: Un Esprit Saint et que s'avanee et vienne le conseil du SAINT D'ISRAEL.)) ­
viendm sU?' toi, et une vertu du T1'ès-Haut t'ombragera, c'est Esaïe, V, 19. - « En ce jour-là, ils s'appuieront sur Jéhovah,
pourquoi ce qui naitrtl de toi Saint, sera appelé Fils de Dieu.)l le SAINT Il'lsRAEL, en vérité. )) - Esaïe, X, 20. - If Ecrie-toi
- l, 35. - Le Seigneur s'est nommé l'Envoyé du Père, aussi pOUT et sois dans la jubilation, fille deSion, pm'ce que grand (est) au
la raison que, par l'Envoyé il est ~ignifié la même c~ose que par milieu de toi le SAINT n'ISRAEL.» - Esaïe, XII, 6. - « Parole
l'\nge, cal'l'Ange dans la Langue originale est l'Envoyé; en effet, du Dieu d'Israël: En ce jour-M., leurs yeux vers le SAINT D'Is­
il est dit clans Esaïe: cc L'ANGE DES FACES DE JÉHOVAH les a déli­ RAEL regarderont. Il - Esaïe, XVII, 7. - " Les indigents (ren­
vrés,. à cause de son amour et de sa clémenee il les a mchetés. II tre les hommes dans le SAINT ü'ISllAEL s'égaim'ont. » - Esaïe,
- LXIII, 9; - et dans Malachie; cc Aussitôt viendra vers son XXIX, 19. XLI, 16. - « LA TERRE EST PLEINE DE lliU-lT CONTRE
Temple LE SEIGNEUR que vous cherchez, et L'ANGE DE L'ALLIANCE LE SA,NT n'ISIIAEL ... Jérérn. LI, 5. - Et en outre, Esaïe, LV, 5.
que vous désirez. " - III, J ; - et en outre ailleurs. Qu_e_la Di­ LX, 9, et ailleur~. - Par le Saint d'Israël est entendu le Seigneur
vine Trinité, Dieu Père, Fils et Esprit Saint, soi!..àa!~s le Sei~r, quant an Divin Humain, car l'Ange a dit il Marie: " LE SAINT quz
~ et qu'en Lui 1~_Père soit le Divin a quo (de qui tout procède), le naîtra de toi sera appelé ~'ILS DE DIEU ... - Luc, 1, 35. Que-!Q­
"3 Fils le Divin Humain, et l'Esprit Saint le Divin procédant, on le ~ovah et l~ ~ai.n.!:.J!'lsr~ël soient un, bien qu'ils soient nommés
verra dans le Chapit re III de cet Ouvrage, où il sera traité de la distinctement, on peutie voir aussi par les passages qui viennent
Divine Trinité. d'être rapportés, en ce que Jéhovah est ce Saint d'Israël. Que le
93. L'A nge Gab riel ayan t di t à Marie que le SAINT qui naitrait Il Sei~neur soit appelé le DIEU D'ISRAEL, on le voit allssi par un très­
d'elle serait appelé Fils ùe Dieu, les passages suivants tirés de la' grand nombee ùe passages, pal' exemple, Esaïe, XVII, 6. XXI, 10,
Parole vont montrer que !~_Seign~tl' q!I.;!-,!tj..J1.!.ttE1ain est appelé­ 1.7. XXIV, HL XXIX, 23. Jérém. VII, 3. IX, 14. XI, 3. XIII, 12.
le SAINT L'IsRAEL: « Voyant j'étais en visions, et vOtci, le Vi­
gilant et le SAINT qui du Giel descendait. II - Dan. IV, 10, 20.
Il XVI, 9. XIX, 3. Hs. XXIII, 2. XXIV.o. XXV, US, 27. XXIX, 4,
8, 21, 25. XXX, 2. XX.XI, 23. XX.XII. 14, 15, 36. XXXIII, 4 ..
- « Dieu de T1téman viendm; et le SAINT, de la montagne de' XXXIV, 2,13. XXXV, 13, n, 18,19. XXXVII, 7. XXXVllI, 17.
Paran. Il - Habak. 111, 3. - « Je suis Jéhovah LE S'\li'~T, te­ XXXIX, 16. XLII, 9,15, 18. XLIII, tO. XLIV, 2, 7, 11, 20~
Gréatell1' (/'/s7'aël, VOTHE SAL'n.)) - Esaïe XLIII, Il, t o. ­ XLVIII, 1. L. 18. LI, 33. Ezèch. VIII, 4' lX.. 3. X, 19,20. XI, 22.
« Ainsi a dit Jéhovah, le Rédempteur d'Israël, SON SAINT. _. XLIII, 2. XLIV, 2. Sépb, II, 9. Ps. XLI, 14. Ps. L1X, 6. Ps.
Esaïe, XLIX, 7. - " Je suis Jéhovoh ton Dieu, LE SAINT D'ISRAEL,. LXVIII, 9.
'1'01\' SAUVEljR. - Esaïe, XLIII, 1, 3. - Quant â notre RÉDEMP­ 94. Dans les 'Eglises Chl'étiennes d'aujourd'hui on 'appelle com­
TEUR, Jéhovah Sébaoth (est) son Nom, LE SAINT D'ISRAEL. )) _ munément notre Sallveur Fils de Marie, e't rarement Fils de Dieu, il
Esaïe, XLVII, 4. - (1 Ainsi a dit Jéhovah votre RÉDEMPTEVR, le' moins qu'alors on n'entende le Fils de Dieu né de toute éternité;
SAINT D'ISIIAEL. ,~ - Esaïe, XLIII, 14. XLVIII, 17. - Jéhovah cela vient d~ ce que les catholiques Romains ont sanctifié au-dessus
Sébaoth (est) son nom, et TON Rf:DEMPTEUR LE SAINT D'ISRAEL. li de lous lesautres~l\Iarie Mère, et l'ont placée cOlIlme Déesse ou comme
-Esaïe, LIV, 5. - « Ils ont tenté Dieu, et LE SAINT D'IsRAEL.» Reine à la tête de lous les saints, lorsque cependan t le Seigneur,
- Ps. LXXVIII, 41. - Ils ont abandonné Jéhovah, et ils ont quand il a glorifié son Humain, a dépouillé toul ce qu'il tenait de
provoqué LE SAINT n'ISRAEL ... - Esaïe, 1, 4. - Il Ils ont dit: la &Ière et revêtu tout ce qui appartenait aou Père, ce qui sera plei­

-r- e-­
\ .... <:....f__ 'j-..-' ..... 4.-.(.4_
-;;
1. Le

HO LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. ut.


nement démontré dans la ""­ suile~e cet Ouvrage. De ce nom commun pOl:l~re_d..Qnt I~s s~!pent~ se ~~Erissent; car dans l'homme la
de F.i!~~~~rie, qui est dans la~ouche de tous,_ ont influé dans lumière spirituelle devient une lumière nat~!le, et enfin sensuelle,
l'Eglise plusieurs énormités~'surtoufîch_~~~llj _ -n'o!l~p~~umis co~!:_elle, qui, considérée en elle-mêlne, est une Inmière phant~s­
à,~flexion ce que le Seigneur a dit dans la rarole, par exemple, tique; bien plus l'homme alors devient comme lin oiseau qui,
- que le Père et Lui sont un ; que Lui est dans le Père, et que le pêndant qu'il vole dans les airs, étant tout à coup privé de ses ailes,
Père est en Lui; que tout ce (lui est au Père est à Lui; qu'il a Lui­ tombe SUI' la terre, où en marchant il ne voit plus autour de lui que
[ ce qui est devant ses pieds; et alors SUI' les spirituels de .tEzlise,
Même appelé Jéhovah son Père, el que Jéhovah l'a appelé son Fils.
Les Énormités qui ont influé dans l'Eglise par cela qu'on y nomme qlli ~jolvent être pour la vi!LéLeœelle, cethomme ne pense pa~tre­
le Seigneur Fils de Mal'ie, et non Fils de Dieu, son t,_ qu'au sujet du ment qu'un devin; voilà ce qui anive, quand l'homme considère le
(
S~igneur l'idée de Divinité périt, et avec elle tout ce quC-dans la Seigneur Dieu Rédempteur et Sauveur comme simple Fils de ~!arie, \
Parole, a fté _dit de Lui comme Fils de Dieu; el que par là entrent par canséquent comme un simple homme,
95, V. LE SE1GNEUH l'AR LES ACTES 'DE LA RÉDEMPTION S'EST FAIT
I
I~ Judaïsme, l'Arianisme, le Socinianisme, le CalvLn~me tel q!!)l
fur dans le commencement, et enfin le Natul'alisme, et avec le na­ JUSTICE.
turalisme l'~ fanatique que le Filsl1e Marie v~nait de Jos~h, que On dit et l'on croit aujourd'hui dans les Églises Chrétiennes que
son Ame venaitdë sa l\Jèré, et qu'ainsi il est dit Fils de Dieu et ne le mérite et la justice appartiennent au Seigneur Seul par l'obéis­
l'est pas; que chacun se consulte, soit ecclési.astique, soit laïque, et sance qu'il a montrée à Dieu le Père dans le Monde, et surtout par
qu'il examine s'il a conçu et s'il entretient une idée du Seigneur la Passion de la croix; mais on a pensé que la Passion de la croix
comme Fils de Marie :lutre que celle d'un simple homme. Comme a été I;acte même de la rédemption, lorsqne cependant cette passion
une telle idée avait déjà, dans le Iroisième Siècle, commencé à a été non l'acte de la rédemption, mais l'acte de la glorification de
prévaloir parmi les Chrétiens, quand les Ariens se levèrent, c'est l'Hul1lall1 du Seigneur, comme on le verra dans le Lemme suivant
, pour cela que le COllcile de Nicée, afin de revendiquer pOlir le sur LA RÉDEMPTION; les actes de la Rédemption, par lesquels le Sei­
\ Seigneur la Diviuité,-supposa un Fil~ de Dieu né de toule éternité, gneur s'est fait la justice, ont consisté en ce qu'il a accompli le Ju­
et par cette flftion J'Humain du Seigneur était alol's, il est vrai, semenl Dernier qui a été fait dans le ~londe Spiriluel, et qu'alors
élevé vers le Divin, et il J'est aussi aujourd'hui chez plusieurs, il a séparé les méchants d'avec les bons et les boucs d'avec les brebis,
mais non chez ceux qui par'l'Union hyposlatique' entendent lIne chassé du Ciel ceux qui faisaient un avec les bêtes du dl'3gon, fondé
union comme entre deux, dont l'un est au-dessus et l'autre est \ un Nouveau. Ciel de ceux qui étaient dignes et un Enfer de cëux
au-dessous, Mais que' résulte-t-il de là, sinon que toute l'Eglise . qui n'étaient pas dignes, et l'~ili successiv~q]il.!!!_tou~,~~-?ses dans
Chrétienne périt, elle qui :.l été fondée uniquement sur le culte de ) ~re de part et d'autre, et en outre instaur~ une N?uv~le Eglise;
Jéhovah dans l'Hnmain, par conséquent sur Dieu·IIomme; que per- J ces actes ont été les actes de la Rédemption, par lesquels le Sei­
sonne ne puisse voir le Père, ni Le connaître, ni \'enir à Lui, ni ) gueu!' s'est fait la Justice; en effet, I~Juê,~ce~n2ist~ à faire, toutes
croire en Lui, si ce n'est par son IIumain, c'est ce que le Seigneur ) ch.Q~$~lonXOrdre);~_i~in, et à remettre dans l'ordre celles qui se
déclare dans un grand nombre de passages ~ si cela n'a pas lieu, sont échappées de l'ordre, car l'OrdreDivi~e e~ I~ustice,
);:( \'toule semence noble de l'Eglise est changée en ,§.tmeJl.C_e ignob.frl la C'est là ce qui est entendu par ces I):iroles du Seigneur: « Il me
semence d'olivier en semence de pin; la semp,nce d'orangel', de ci­ convient d'accomplir TOUTE JUSTICE DE DIEU. " - ~latth, Ill, Hi;
tronnier, de pommier, de poirier, en semence de saule, d'orme, - et par celles·ci dans l'Ancien Testament: (1 Voici les jours qui
de tilleul, d'yeuse; le cep en jonc de marais, le froment ct l'orge viennent, et je susciterai à David un, Germe JUSTE, qui règnera
en paille; et même toute nourriture spirituelle devient cc:.a1~J.il- Roi et fera JUSTICE EN LA TERRE, et voici son nom, JÉHOVAH NOTl\E.

1
H2 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. U3
JUSTICE. » - Jérèm. XXIII, 0, 6. XXXIII, f5, 16. - <<.le parle ~u vrai; dans le bien même, ou dans l'usage même qu'il fait, ha­
en JUSTICE, qrand pour sauver. )) Esaïe, LXIII, 1. - Il sera
c(
bite la justice; en effet, le Seigneur dit que tout arbre est connu
assis sur le trône de David, pow' le raffermir en JUGEMENT ET d'après son fruit; queJest l'homme qui ne connaîL pas un autre
JUSTICE. » - Esaïe, IX, 6. - " Sion sera rachetée en JITSTICL » .homme d'après ses œuvres, s'il examine atLentivement dans quel fin
- Esaïe, 1, 27. et dans quelle dessein de volonté, par quelle intention et pour quelles
96. De nos jours ceux qui tiennent le premier rang dans l'Église .causes elles sont faites? tous les Anges, et aussi tous les sages dans
décrivent tout autrement la JusLicr, du Seigneur, et en outre par son notre Monde se livrent à cet examen; en général, toute herbe et
inscription chez l'homme ils fonL sa foi salvifique, lorsque cepen-' .toutgerme sortant de terre est connM d'après sa fleur et sa semence,
dant la vérité est que la Justice du Seigneur, étant telle eL venant et d'après l'usage de la semence; tout métal, d'après sa bonté;
de là, et étant en elle-même purement Divine, ne peut êLre conjointe toute pierre, d'après sa qualité; tout champ, d'après la sienne;
à aucun homme, ni par conséquent produire aucune salvation, pas tout aliment, d'après la sienne; tout animal de la telTe et tout oi­
plus que la Vie Divine, qui es.t le Divin Amour et la Divinfl Sagesse; :seau du Ciel, d'après la leur; pour([uoi.l'homme ne le serait-il pas
le Seigneur entre chez chaqlîe homme avec cet amour et cette sa­ ~'après la sienne? iUais quant il la qualité des œUHes de l'homme.
gesse, toutefois si l'homme ne vit pas selon l'ordre, celle Vie,y est, d'où elle vient, cela sera dévoilé dans le Chapitre sur la Foi.
à la vérité, mais elle ne sert absolument à rien pour le salut, elle. 97. VI. LE SEIGN~UR PAil LES MÊMES ACTES S'EST UNI AU PÈRE ET
donne seulemeQt la faculté de comprendre le vrai et de faire le bien. LE PÈRE S'EST UNI ALUI.
\ Vivre selon l'Ordre, c'est vi\'l'e selon les précepLes de Dieu, et Si l'union a été faite par les acLes de la rédemptioll, c'est parce
. quand l'homme vit et agit ainsi, il s'acquiert la justice, non la jus­ que le Seigneur les a opérés d'après son Humain, et qu'à mesure
1 tice de la rédemption du Seigneur, mais le Seigneur même comme qu'il les opérait, le Divin qui est enLendu par le Père s'est approché.
Justice; ce sont ceux-là qui sont entendus par ces paroles: " Si vo­ ~e plus près, l'a aidé et a coopéré, et qu'enfin ils se sont conjoints,
TRE JUSTICE ne surpasse celle des Scribes et des Pharisiens, vous au poinL qu'ils étaient non pas deux mais un; el cette Union est la
n'entrerez point dans le Royaume des Cieux. " - l\Iatth. V, Glorification, dont il sera traité dans la suite.
20.- « Heureu:r ceux qui sont persécutés pour LA JUSTICE. car 98. Que le Père et le Fils, c'est-à-dil'e, le Divin el l'Humain, aient
à eux est le Royaume des Cieux. " - Matth. V, 10, - (( Dans été unis dans le Seigneur comme l'Ame et le Corps, cela fait partie,
la consommation du siècle sortiront les Anges, et ils sépareront il est vrai, de la foi de l'Eglise d'aujourd'hui, et résulte de la Pa­
les méchants du milieu des JUSTES» - Matth. XIII, 49. - et en role, mais néanmoins à peine en est-il cinq sur cent, ou cinquante
outre ailleurs; par les justes dans la Parole sont entendus ceux qui sur mille, qui le sachent; la cause de cette ignorance vient de la
ont vécu selon l'ordre Divin, puisque l'ordre divin est l'!...l1!stice. La doctrine de la justification par la foi seule, à laquelle la plupart des.
Justice même, qui est devenue le Seigneur par les actes de la Ré­ ecclésiastiques, qui recherchent une renommée d'érudition pour ar­
demption, nepent pas être attribuée, inscrite, adaptée ni conjointe river aux honneurs et aux richesses, s'attachent avec tant d'ardeur,
à l'homme, autrement que comme la lumière à l'œil, le son à l'o­ que cette doctrine aujourd'hui tient et occupe tout leur mental; et
reille, la volonté aux muscles de'celui qui agit, la pensée aux lèvres comme, à l'instar de l'esprit de vin appelé Alcool, elle a enivré leurs
de celui qui parle, l'air au poumon qui respire, la chaleur au sang, pensées, c'est pour cela que, semblables à des hommes ivres, ils
et ainsi du reste; que ces choses influent et s'adjoignent plutôt qu'elles n'ont point vu ce poini, le plus essentiel de l'Église, que Jéhovah
ne se conjoignent, chacun le perçoit par soi-même. Mais la justice Dieu est descendu et a pris l'Humain, lorsque cependant, c'est uni­
est acquise en tant que l'homme exerce la justice, et il exerce la jus­ quement par cette Union qu'il y a conjonction de l'homme ave~
tice en tant qu'il agit avec le prochain d'après l'amour du juste et Dieu, et par la conjonction salvation ; que le salut dépende de la con­
-ifJ
U4 LA VRAIE Il RELIGION CHRÉTIENNE. U5
naissance et de la reconnaissance de Dieu, c'est ce que peut voir
p.assages dans la Parole: « Plzilippe! ne cl'ois-tu pas que Moi
quiconque considère que Dieu est tout dans toutes les choses du ci el, (je suis) dans le Père, et que le Père (est) en iUoi ? Croyez-Moi,
et par suite tout dans toutes les choses de l'Églige, par conséquent iJue Moi (je suis) dans le Père; et que le Père (est) en Moi. )l _
tout dans toutes les chos.es de la Théologie. Mais d'abord ici il sera Jean, XIV, 9, 10, 11. - « Afin que vous. connaissiez et que
démontré que l'Union du Père et du Fils, ou du Divin et de l'Humain vous croyiez que le Père (esL) en Moi, et Moi dans le Pel'e. Il
1
dans le Seigneur, est comme l'union de l'âme et du COl'pS, et en­ - Jean, X, 36, 38. - Afin que tous:JOient un, comme Toi,
suite que celle Union e~t réciproque; l'Union comme celle de l'àme Père, (tu es) en MOl~ et Moi en Toi. Il - Jean, XVii, 21. _
et du corps a été établie dans le symhole d'A thallase, qui a été reçu (c Père, toutes les choses miennes sout tiennes, et toutes les tiell­
dans tout le Monde Chrétien comme Doctrine sur Dieu; on y lit ces nes sont miennes. » - Jean, XVII, 10. - Si l'Union est récipro­
paroles: Notre Seigneur Jésus-Christ est Dieu et Homme,. et
lt
que, c'est parce qu'il n'exisLe aucune Union ou ancune conjonction
quoiqu'il soit Dieu et Homme, néanmoins ils ne sont pas deux, entre deux, à moins 'que réciproquement l'un ne s'approche de l'au­
mais il est Un Seul Chl'Ùt,. il est Un, parce que le Diviu a pl'is tre; tOlite Conjonction dans tout le Ciel et dans 101ltl~ ~londe, et
sur soi l' umain,. il est même entièl'ement Un, et il est une
/1
dans tout l'homme, ne vient d'autre part que de l'approclle réci­
Seule Personne, car de même que l'Ame et le Corps sont un proque de l'un vers l'auLre, et alors que l'un veut la même chose
seul homme, de mème Dieu et l'Homme sont 1.4n seul Christ,. Il mais' que l'autre; par là dans Loutes les parLies de l'un cL de l'autre il y
dans ce passage Oll entend qu'une telle union est celle du Fils de Dieu li homogénéité et sympathie, unanimité et concorde; [t'Ile est la con­
de toute éternité avec le Fils né dans le Lemps; LouLefois, comme il jonction réciproque de l'àme eL du corps chez cliaque homllJe ; Lelle
n'y a qu'un seul Dieu et non Lrois, cette Doctrine concorde arec la e~t la conjonction de "esprit de l'homme avec les organes de la
Parole, pourvu que cetLe Union soit enLendue avec Dieu un de toute sensibilité et du mouvement de son corps; Lelle est la conjonction
éternité; dans la Parole on lit" qu'il a été conçu de Jéhovah B du cœur et du poumon; Lelle est la conjonction de la yo:onLé et Je
Père, " - Luc. l, 34, 35; - c'est de là qu'il a eu l'àme et la vie, l'en tendemen t; telle est la con joncLion de tons les memhres et de tous
aussi dit-il, que Lui et le Père sont un. " - Jean, X, 30 : ­
lt
les viscères en eux, et enLre eux, dans l'homme; telle eSL la conjonc­
" Qlle celui qui Le voit et Le connait, voit et connaît le Père, " 1 lion des mentaIs entre tous ceux qui s'aiment intérieurement, car
- Jean, XIV, 9. - « Si vous iVe connaissiez, vous connaît1'iez
elle est gravée dans tout amour et daus toute amitie, puisque l'a­
aussi mon Père. » - Jean, VIII, 19. - Celui qui !rIe reçoit,
f(
mour veut aimer et veut êLre aimé. Il y a dans le Monde une con­
1'e~oit Celui qui !rI'a envoyé. » - Jean, XlII, 20. - f( Qu'Il est
jonction réciproque de touLes les choses qui ont été éLroitement con.
dans le sein du Père. lO - Jean, l, '18. - Que tout ce que le
f(
jointes entre elles; semblable est la conjonction de la chaleur du so­
Pèl'e a est à Lui. " - Jean, XVI, Hi. - 11 est appelé Père
f(
leil avec la. chaleul' du bois cl de la pierre, de la chaleur vitale avec
d'éternité. " - Esaïe, IX, 5. - lt Que par suite Il a pouvoù' la chaleur de Lou tes les fibres dans les êtres animés; selllbla!Jle est
sur toute chair, - Jean, XVII, 2. - Et tout pouvoù' dans le
celle de l'al'!Jre arec la racine, par Ja raeine avec l'arbre, eL pal' l'ar.
f(

Ciel et sur la Terre. " - i\IaLLh. XXVIII, 18. D'après ces passa­ bre avec le fruit; telle est celle de l'ain!ant a\'ec le fer, et ainsi du
ges et plusieurs autres dans la Parole,on peut voil' clail'ement que
reste. Si la conjonction n'est pas faiLe pal' une approche réciproque­
l'Union du Père et de Lui est comme celle.de l'Ame et du Corps; ment et vice versd de l'un vers l'autre, il ya seulement une COIl­
c'est aussi pour cela que dans l'Ancien Testament il est Lui-Même jonction ex Lerne et non in Lerne, et celle cODjonction externe, avec
très-souvent nommé Jéhovah, Jéhovah Sébaoth, et Jéhovah Rédemp­ le temps, est détruiLe d'elle-même de part et d'auLre, et quelquefois
teur, voir ci-dessus, N° 83. • au point que tes deux ne se connaissent plus.
99. Cette union est réciproque: on le voit clairement par ces iOO. Maintenant puisqu'il n'y a pas de conjonction qui soit con­
1., 10

-----'
146 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 147
jonction, il moins qu'elle ne soit faite l'éciproquement et vice versâ, Dieu d'Israël; c'est pOlll'quoi Paul dit, " Que dans Jésus-Christ
c'est pour cela que la conjonction du Seigneur et de l'homme n'est toute la. plénitude de la Divinité /wliite corporellement. " ­
pas autre, comme on le voit clairement par ces passages: " Celui 'Coloss. n, 9; - el Jean dit, cc Que Jésus-Christ Filç de Dieu
qui mange ma chair, et boit mon sang, EN· MOI DEMEURE ET MOI est vrai Dieu et la Vie éternelle, " - 1 Epîl. V, 20, 21 ; - que·
EN LuI. " -- Jean, VI, 5ô. - " DEMEUREZ EN MOI ET 1\:[01 EN VOUS; par le Fils de Dieu soit entendu proprement l'Humain du Seigneu ..,
CELUI QUI OE~IEURE E:'l MOI ET MOI EN LUI, celuî-là porte du fruit 'On le voit ci-dessus, N°S 02 et suiv. ; et en outre, Jéhovah Dieu ap­
beaucoup. " - Jean, XV, 4, 5. - " Celui qui OUV1'e la porte, pelle Seigneur et Soi- '1 ême el Jésus- Christ, car on 1il: cc Le SEI-'
.fentret'ai chez lui, et JE SOUPERAI AVEC LUI, ET LUI AVEC MOI ... ­ GNEUI\ a dit mon SEIGlŒUII Assieds-toi cl ma droÏle.n - Ps. CX,
Apoc. Ill, 20, - et en outre ailleurs ; cette conjonction est faite, i : - et dans Esaïe: « Un En(a.nt nous est né, un Fils nous a
par cela que l'homme s'approche vers le Seigneur, et que le Sei­ été donné, et l'on appellera son Nom DIEU, PÈRE D'ETERNITE II
gneuI' s'approche \'el'S lui; car c'est une Loi certaine et immuable - IX, 5, 6: - par le Fils est aus~i entendu le Seigneur quant à
(Iu'aulant l'homme s'approche vers le Seigneur, autant le Seigneul' J'Humain dans Dadd : " J'annoncerai le statut: Jéhovah m'a dit:
s'apflroche vers l'homme; mais on en l'erra davaDtage sur ce sujet 1\1011' FILS, TOI, MOI AU.lOUI\Il'uul,je T'ai engendré .. baisez LE FILS,
dans le Chapitre sur LA CHARITE ET LA FOI. de peur 'luil ne s'irrite et que vous ne périssiez en chemin .. ­
101. VIL AINSI Duw A l~:Tl: FAIT HomIE, )'1' L'llomlE DIE(J EN Ps. H, 7, t2; - ici est enlendu non le Fils de toule élernité, mais
Cè'Œ SE\;LE PEHSONNE. le Fils né dans Monde, cal' c'est une prophétie sur le Seigneur de­
Uue léhovah Di~u ait élé fait nomme, et l'Homme Dieu en une vant venir, aussi eSl-elleappelée le Statut que Jéhovah a annoncé à
seule Personne, c'esl ce qui résulle comme conclusion de tous les David, ct dans ce Psaume on lil précédemment: « J'ai oint mon
précédents Article,; de ce Chapitre, et surtout de ces deux, " que Roi sw' Sion.» "crs. 6, el ensuite: '" Je lui donnemi les na­
Jéhovah Créaleurde ['Univers est descendu el a pris l'Humain pOUl' tions en héritage.» Vers. 8; c'est pourquoi AU.lOU!W'HIJl, dans ce
racheler el sauver les hommes, .. N°S 82, 83, 84; et " que le Sei­ passage, ce n'e~l pas de lcule 6lCl'Oilé, mais c'est dans le temps, car
gneur [)ar les actes de la Hédemption s'est unI au Père et llue le chez Jéhovah le futul' est prér.enl.
Pére s'est uni.à Lui, " ainsi réciproquement et vice versâ, N°S 97 à 102. On croit que le Seigneur ql13nt il l'Humain non-seulement a
100; d'après celle Union réciproque il est bien évident que Dieu a elé, mais esl encol'e Fils de Marie; mais ell cela le Monde Chrétien
été fail Homme, et l'Homme Dieu en une seule Personne: il résulte est dans une grande el'l'eur: il esl vrai qu'il a été Fils de Marie,
pareillement de l'Union de l'un et de l'aulre, qu'elle est comme mais il n'est point vrai qu'il le soit encore, car par les actes de la
celle de l'Aille el du Corps; (lue cela soit conforme à la foi de l'É­ Rédemption il a dépouillé l'Humain prol'enant d'Ilne mère, et il a
glise d'aujourd'hui d'après le symbole d' r\lhanase, on le voit ci-des­ revêlu l'Humain procédant du Père, c'est de là que l'Humain du
sus, ~o ~9 ; cela est encol'e conforme il la foi des Évangéliques Seigneur est ·Divin, et qu'~n Lui Dieu esl Homme et ['Homme Di~u.
(lang un Chapitre des livres de leur Ol'lhodoxie, qu'on nomme la Qu'il ait dépouillé l'Humain provenant d'une mère et revêtu l'Hu­
FOPo)lULE DE CO~COIWE, où il est solidement établi, tant ù'après l'É­ .main qui procédait du Père, et qui est le Diyin Humain, on peut ie
criture Sainte que d'après les Pères, et aussi par des raisons, que voiI' en ce qu'il n'a jamais Lui-l\Iême appelé Marie sa mère, ainsi
la Nalure Humaine du Christ a élé élevée à la Divine l\lajesté à la ·que ces passages peuvent le constater: cc La Mère de Jésus lui dit:
Toule-Puissance et il la Toule-Présence, et que ùans le Christ lis n'ont point de vin. Jésus lui dit: Qu'y a-t-il entre Moi et
l'Homme est Dieu et Dieu Homme, pag. 607, 765, Il a en outre élé toi, FDIME" mon !teure n'est pas encore venue. » - Jean, II, 4.
montré dans ce Chapitre que Jéhovah Dieu quant il son Humain est - Et ailleurs: « De la croix Jésus voyant sa Mère, et près d'elle
nommé, dans la Parole, Jéhovah, Jéhovah Dieu, Jéhovah Sébaolh, et le Disciple qu'il aimait, dit à sa jJ1è7'e: FE~lME, 'voilà ton fils.
r

U8 LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE U9
Puis il dit au Disciple: Vùilà ta Irlère. II - Jean, XIX, 26, 27 :
- El une autre fois il ne l'a pas reconnue: « On vint dir"e à Jé­ f Alpha et l'Oméga, le Commencement et la Fin, le Premier et

Iii sus: Ta Mère et tes frères se tiennent dehors et veulent te voù,.


le Dernier. » - Apoc. XXII, 12, 13. - Et dans Esaie: « Ainsi

,a, dit Jéhovah le Roi d'Israël, et son Rédempteur Jéhovah Sé­


Jésus l'épondant, leur dit: Ma Mère et mes (reres, ce sont ceux
qui écoutent la Parole de Dieu, et, qui la (ont, » - Luc, VIII, haoth: Moi, je suis le Premier et le Demier. " - XLIV, 6.

II"
XLVIII, 12.

20, 21. Malth. XIl, 46 il 49. Marc. Ill, 31 à 35; - Ainsi le Sei­
. 103. A ce qui précède je joindrai cet Arcane: L'Ame qui vient

"gneur ne l'a point appelée Mère, mais femme, et il l:a donnée QOUI'
"du père es t l'homme lui-même, et le Corps qui vient ~e.la mère
l\Ière 11 Jean:" dans d'autres pasilages elle est appelée sa }!ère, mais 1 n'est pas l'homme en soi, mais il est d'après l'homme, c'est seule­
ce I/est pas de la bouche du Seigneur. Ce (lui confirme encore ce
ment son vêtement, tissu de choses qui sont du Monde naturel"
même poinl, c'est que le Seigneur ne s'est pas reconnu pour Fils de
tandis que l'Ame est composée de choses qui sont dans le Monde
David, car on lit dan'> les Évangélistes: « Jésus interrogea les
Pharisiens, en disant: Que vous semble-t-il du Christ? De qui spirituel; tout homme après la mort dépose le naturel qu'il a reçu
est-il Fils? Ils lui dù'ent: De David. Il leur dit: Comment de la mère, et retient le spirituel qui lui rient du père, et en même
temps autour de ce spirituel une sorte de limbe tiré dcs parties les
donc David en esprit L'appelle-t-il son Sez,qneur, en disant " Le
SEIGNEUR a dit A ~ION SEIGNEUR: Assieds-toi à!ma droite, jusqu'à
plus pures de la nature; mais ce limbe, chez ceux qui viennent dans
ce que j'aie mis tes ennemis pour marchepied de tes pieds? Si le Ciel, est en bas til le spirituel en haut, tandis que chez ceux qui
l'
donc David L'appelle Seigneur, comment est-il son fils? Et per­ viennent dans l'Enfer ce lim"be est en haut et le spirituel en bas; de
sonne ne pouvait Lui répondre une parole. » l\IaLLh. XXII, 41 à là résulte que l'homme-ange parle d'après le Ciel, ainsi prononce le
46. Marc, XII, 35, 36, 37. Luc, XX, 41 11 44. Ps. CX, 1. - A ce bien et le vrai, mais que l'homme-diable parle d'après l'enfer lors­
qui précède Fajouterai ce fait nouveau: .. Une foi" il:..-T:.:~t été donné­ que c'est du fond du cœur, et comme d'après le Ciel lorsque c'est
« de parler à ~Iarie; elle passaÏlun jour, et fut vue dans iëcfël all­
de bouche; il fait ceci dehors, et cela chez lui. Puisquè l'Ame de
« des!:us de ma tête en vêlement blanc qui ressemblait à de la soie,
l'homme est l'homme lui-même, el qu'elle est spirituelle par son
« et s'étant alors un peu arrêtée, elle dit qu'elle avait été la -Mère
origine, on voit clairement que c'est de là que le mental, l'animus,
le caractère, l'inclination et l'affection de l'amour du Père demeu­
.. du Seigneur, parce qu'il était né d'elle, mais qu'ayant été fait
Il Dieu, il s'était dépouillé de tout l'Humain qu'il tenait d'elle, et
rent dans les enfants issus des enfants, et qu'ils reviennent et se
« que p3r cette raison elle L'adorait comme son Dieu, et ne voulait
j présentent visibles de génération en génération; c'est de là que
(l que personne Le reconnût pour son Fils, parce que tout le Divin plusieurs familles et même des nations sont connues d'après leur
• est en Lui. » Tout ce (lui préûèrle présenle donc une preuve écla­ premier Père; dans toules les faces d'une race il ya une commune
tante de cette vérilé, que Jéhovah est Homme aussi bien dans les image qui se manifesle; et cette image n'est changée que pal' les
derniers que dans les premiers, selon ces paroles: « Moi je suis spirituels de l'Église: si la comm'une image de Jacob et de Juda
l'Alpha et l'Oméqa, le Coinmencement et la Fin; celui qui demeure encore dans leurs descendants, et si par elle on les dis­
Est, et qui Était, et qui doit Venir, le Tout-Puissant.
1) _
1 tingue des autres, c'est parûe qu'ils ont été jusqu'ici fermement at­
1 tachés à leur réligiosité; en effet, dans la semence donl chacun est
Apoc. l, 8, 11. - « Lorsque Jean vit le: Fils de l'homme au mi­
conçu, il y a une bouture ou un provin de l'Ame du père en son
lieu des sept chandeliers, il tomba à ses pieds comme mort; 1
plein dans une sorte d'enveloppe tirés des élémen ts de la nature;
mais Il mit sa droite SUl' lui, disant,' Moi, je suis le Premier
par 111 dans l'utérus de la mère est formé son corps, qui peut être
et le Dernier." - Apoc. l, 13, 17. XXI, 6. - « Voici, je viens
fait ou à la ressemblance lfu père, ou à la ressemblance de la mère,
hientôt, pour donner a chacun selon son œuvre; Moi, je suis
l'image du père resLant néanmoins en dedans, toujoU1'6 en effort
f

HiO l', HH
LA VRA.IE RELIGION CHRÉTIENNE.
pOlir se manifester, c'est pourquoi si elle ne le peut à la première: 105. Si le Seigneur a été dans ces deux états, celui d'Exinani­
génération, elle le fait dans les suivantes. Si l'image du pèr.Le~n. tioo et celui de Glorification, c'est parce qu'il ne peut pas y avoir
pIein dans la semence, c'esl parce que l'Ame, ain!'i qu'il a été dit" d'autre progression vers l'Union, puisqu'elle est selon l'Ordre Di­
est spirituelle par son origine, et que le spirituel n'a rien de com­ vin, qui est immuable; J'Ordre Divin est, que J'homme se dispose
mun' avec l'espace, aussi est-il semblable à lui-même dans un petit à la réception de Dieu et se prépare pour être un réceptacle et
volume com,me dans un grand. Quant à ce qui con'cerne le Seigneur" habitacle où Dieu puisse entrer et habiter comme dans son
il 3, pendant qu'il était dans le ~Ionde, dépouillé par les actes de Temple; J'llOmme doit faire cela par lui-même, et néanmoins re­
la rédemption tout Humain proveuant de la Mère, et revêtu l'Hu­ connaître qu~ c'est par Dieu; il doit le reconnailre, parce que, quoi­
main qui procédait du Père eL qui est le Divin Humain; c'est de là, qu'il ne sente ni la présence ni l'opération de Dieu, cependant
qu'en Lui J'Homme est Dieu, et Dieu Hom[{)e. Dieu opère tout bien de J'amour et tout vrai de la foi chez l'homme:
104. VIII. LA PROGHESSION VERS I:t;NlON A ÉTE L'ÉTAT DE SON EXI­ c'est scion cet Ordre que progresse el doit progresser tout homme,
NANITTON" ET L)UNION EJ.LE-l\IÈME EST L'ÉTAT DE SA GLORIFICATION •. pour que de naturel il devienne ~pirituel : il en a été de même dl!l
Que le Seigneur, pendant qu'il était dans le Monde, ail eu deux, Seigneur, pour qu'il fit Divin son Humain Naturel; de là vient
Etals, qui sont nommés état d'Exinanition et ,état dp. Glorification" qu'il a prié le Père, qu'il a fait la volonté du Père, qu'il Lui a altl'έ
cela est connu dans l'Eglise; le premier' Etat, qui était celui d'Exi­ bué tout ce qu'il a fait et prononcé, et que !'ur la croix il a dit:
nanition, est décrit dans plusieurs passages de la Parole, surtout Mon Dieu, mou Dieu, Jlourquoi M'allandonnes-tu? car dans cet
dans les Psaumes de David, et aussi dans les Prophètes, et particu-, état Dieu semble absent: mais après cet état vient J'aull'e, qui est
lièrement dans Esaïe, Chap. LlII, où il est ditque« Jusqu'à la J'état de Conjonction avec Dieu; dans celui-ci l'homme agit pa­
mort il a épuisé (exinanivit) son dme. » - Vers. 12; - ce reillement, mais alors d'après Dieù, et alors il n'a pas besoin,
même Etat était l'état de ~on humiliation deyant le Père, car dans comme auparavilllt, d'attribuer il Dieu tout bien qu'il veut et fait
cet état il pria le Père; il dit qu'il fait la volonté du Père, et il attri­ et tout vrai qu'il pense et prononce, parce que cela est gravé dans
bue au Père lout ce qu'il a fait et dit; qu'il ait prié le Père, on le son cœur, et e~t par suite intérieurement dans toutes ses acLions et
voii par ces passages : ~Iatth. XVII, 43. ~Iarc, l, 35. VI, 46. XIV, dans toutes ses paroles, Pareillement le Seigneur s'est uni il son
32 il 39. Luc, V. 15. YI, '12. XXII, 41 à 44. Jean, XVII, 9, 15. Pêre, et le Père s'est uni à Lui: en un mot, le Seigneur a glorifié
20; qu'il ait fait la volonté du Père, on le l'oit dans Jean, IV, 34. son Humain, c'est-à-dire, l'a fait Divin, de la même manière que
V, 30; qu'il ail allribué au Père tout ce qu'il a fait et prononcé, le Seigneur régénère l'homme, c'est-il-dire, le fait spirituel.
on le l'oit da11s Jean, VIII, 26,27,28. XII, 49, ~O. XIV, 10; de Que chaque homme, qui de naturel devient spirituel, subisse
lllus, SUI' la croix il s'est écrié: « l}[on Dieu, mon Dieu) pour­ ces deux états, et que par le premier il entre dans le second, et
quoi 1J1'abandonnes-tu? Il -l\Iatlh. XXVII, 47. Marc, XV, 34 ;. s'avance ainsi du Monde vers le Ciel, c'est ce qui sera pleinement L\

- et en oulre, sans cet état, il n'eùt pu être crucifié. L'Etat de démontré dans les Chapitres sur LE LIDRE AllfiITRE, sur LA CHAnlTE
Glorification est aussi l'Etat d'Union; il était dans cet état, quancI­ El' LA FOI, et !'ur LA REFORMATION ET LA REGENÉRATION; ici il sera dit
il fut lransfiguré devant ses trois Disciples, et alls!'i quand il fit-des seulement que dans le Prem iel' état, qui est appelé l'état de Réfor­
:Mirac!es, et toules le!' fois qu'il dit que le Père et Lui sont un, que mation, l'homme est dans la pleine liberté d'agir selon le Rationnel
le Père est en Lui et qu'il est dans le Père, que lout ce qui est au de son entendement, et que dans le Second qui est l'étaL de Régéné­
Père est à Lui; et, - après l'union plénière, - qu'il a\'ait pou­ ration, il est aussi dans une semblable liberté, mais qu'alors il veut
voir sur toute chair, Jean, XVH, 2, et tout pouvoir dans le Ciel el. et agit, pense et parle d'après un nouvel amour et une nouvelle in­
sur Terre: l\IaLLh, '18, outre plusieurs autres choses. telligence qui viennent du Seigneur; en effet, dans le premier état

..­
i52 LA VRAIE RELIGION GHRÉTIENNE 153
l'entendement tient le premier rang et la volonté le second rang. mier, qnand le végétal sort de la semence et s'orne de brancbes,
dans le second état la volonté tient le premier rang et l'entendement -de feuilles et de flèurs; et le second, quand il porte des fruits et
le second, mais néanmoins l'entendement d'après la volonté, et non produit de nou\'elles semences; cela peut être comparé à la COII­
la volonté par l'entendement: la conjonction du bien et du vrai. jonction du vrai et du bien, puisque toutes les choses qui appar­
de la charité et de la foi, de l'homme interne et de l'homme externe, tiennent à l'arbre correspondent aux vrais, et les fruits aux biens,
ne se fait pas autrement. 'Toutefois l'homme qui reste dans le Premier état et n'entre pas
f06. Ces deux Etats sont représentés par diverses choses dans dans le second, est semblable à l'arbre qui porte seulen,ent des
l'Univers, et cela, parce qu'ils sont selon l'Ordre Divin, et que feuilles et ne donne pas de fruits, duquel il est dit, dans la Parole,
l'Ordre Divin remplit toutes et chacune des choses jusqu'aux très­ qu'il doit être arraché et jeté dans le feu, - MaUh. XXI, t9. Luc,
singuliers dans l'Univers: le Premier état est représenté chez tout l, 9. xm, 6 à 10. Jean, XV, 3,6; - il est encore comme l'es­
homme par l'état du premier et du second âge de son enfance jus­ clave qui ne veut point être libre, et au sujet duquel il avait été
qu'à sa puberté, son adolescence et sa jeunesse, état qui est d'llU­ statué, CI qu'il serait conduit vers la porte ou vers le poteau,
miliation devant les parents et alors d'obéissance, et aussi d'instruc­ .et que son oreille se1'ait pe1'cée avec une alène.») - Exod.
tion par les m:lîlres et par les ministres; le Second état est repré­ XXI, 6 ;-les esclaves sont ceux qui ne sont pas conjoinls au Sei­
senté par l'état de ce même homme lorsqu'il jouit pleinement de gneur, et les libres ceux qui sont conjoints à Lui, car le Seigneur
son droit el de son libre arbitre, ou de sa volonté et de son enten­ '{}it: .. Si le Fils vous fait lihres, vé1'itablement libres vous se­
dement, état dans lequel il a le pouvoir dans sa maison. Le Pre­ rez. » - Jean, VIII, 36.
mier Etat ainsi est représenté par l'état d'un Prince ou Fils de t 07, IX. DÉSORlIlAIS NUL D'ENTRE LES CRRÉTlENS NE VIENT DANS
Roi, ou d'tm fils de Duc, avant qu'il soit Roi ou Duc; pareillement LE CIEL, SINON CELUI QUI CROIT AU SEIGNEUR DIEU SAUVEUR, ET QU[
par l'élat du citoyen, avant qu'il devienne magistrat; du sujet, avant s' ADRESSE A Lm SEUL.
qll'il remplisse une charge; de l'élève ([ui est initié au ministère, I/!: On lit dans Esaïe: «( Voici, Moi, je crée un Ciel nouveau et
~vant qu'il devienne'prêtre ; du prêtre, avant qu'il devienne pasteur; une Terre nouvelle, et l'on ne se souviendra point des p1'écé­
du pasteur, avant qu'il devienne primat; de la jeune fille al'ant dents, et ils ne monte1'ont point sw' le cœw',. et voici, je vais
qu'elle devienne épouse; de la serl'ante, avant qu'elle soit m~itresse; c7'éer Jérusalem joie, et S01l peuple allégresse. l) LX V, 17,
-

et en g~néral de tout cOrn:nis al'ant qu'il devienne marchand; de 18. - Et dans l'Apocalypse: " Je vis un Ciel nouveau et une
tout soldat, avant qu'il devienne officier, et ,de tout domestique, Terre nouvelle,. et je vis la Sainte Jérusalem descendant de
.avant qu'il soit maître; le premier de ces étals est lin état de ser­ Dieu par le Ciel pa1'ée comme une Fiancée POU1' son Mari: et
"iliJde, et le second est l'état de la volonté propre et par conséquent Celui qui était assis sur le trdne, dit: Voici, nouvelles toutes
de l'entendement propre. Ces deux états sont représentés aussi pal" ûwses je fais. » - XXI, 1, 2,3. - Et il est dit plusieurs fois
différentes choses dans le Règne AniRlal ; le premier, par les bêles qu'il n'entrera dans le Ciel que ceux qui ont été écrits dans le Livre
et par les oiseaux, tant qu'ils sont avec les mères et les pères qu'ils 1
de vie de l'agneau,..- Apoc. XIlI, 8, XVII, 8. XX, 12, t5. XXI,
suivent alors continuellement, et par lesquels ils sont nourris et
élevés; et le second état, quand ils les quittent, et qu'ils pou noient ,1 27 ; - dan$ ces pass:lges, par le Ciel est entendu non le Ciel visible
2 nos yeux, mais le Ciel Angélique; par Jérusalem, non une Ville
eux-mêllles à leurs besoins: pareillement par les vers; le. premier, ,qui descendra du Ciel, mais une Eglise qui descendra du Seigneur
quand ils rampent el se nourrissent de feuilles; le second, quand par le Ciel: et par le Livre de vie de l'Agneau est entendu non
ils qui ttent leur enveloppe et deviennent papillons. Ces deux états quelque livre écrit dans le Ciel et qui sera omert, mais la Parole
sont aussi représentés dans les sujets du Règne végétal; le pre- .qui vient du Seigneur et qui traite du Seigneur. Que Jéhovah Dieu•

~\' ..J
{54 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE {55
qui est appelé Créateur et Père, soil descendu et ait pris l'Humaiu .. Monde je suis venu, afin que quiconque CROIT EN MOI, dans
dans le but même que l'homme puis~e s'adresser à Lui et être con­ les ténèbres ne demeure point. » - Jean, XII, 46. VIII, :1.2,­
joint à Lui, c'est ce qui a été confirmé, mis en· évidence et établi CI Pendant que la Lumière vous avez, CROYEZ EN LA LmIlÈRE.
dans les A rlicles précéden ts de ce Chapi tre; est-il en effet, qucl­ afin que fils de Lumière t/ous soyez. » - Jean, xn, 36. - " Ils
qu'un qui, pOlir approc1ler d'un homme, s'adresse il son Ame, et derncw'e1'ont dans le Seigneur, et le Seigneur en eux. " ­
qui est-ce qui le peut? mais il s'adresse à l'homme lui-même, qu'il f Jean, XIV, 20. XV, 1 à 5. XVH, 23, ce qui se fait par la foi.
voit face à face, et avec lequcl il parle bouche à bouche; il en est Paul p.~êcha et aux Juifs et aux Gl'ecs la repentance envers
de même à l'égard de Dieu Père et Fils, car Dieu le Père est dans Pieu et LA FOI EN NOTRE SEIGNEUTI JÉSl.:S-CHRlST. " - Act. XX,
le Fils, comme l'Ame est dans son Corp~. Que l'on doive croire au ~l. ~ "Jesuisle Chemin, la Vérité et la he, personne ne
Seigneur Dieu Sallveur, on le voit par ces passages dans la Parole: vient au Père que paf' Moi." Jean, XIV, 6. - Que celui qui
Cf Dieu a tellement aimé le iUonde, que son Fils unique engen­ croit au Fils croie au Père, puisque, ainsi qu'il vient d'être dit, le
dré il a donné, afin que quiconque c1'oiten Lui nepérisse point, Père est dans le Fils comme l'Ame dans le Corps, on le voit par
mais qu'il ait la vie éternelle. " - Jean, Ill, Hi, '16. - cc Celui ces passages: " Si 'Vous !rIe connaissiez, vous connaîtriez aussi
qui cnOIT AU FJLS n'est point jugé, mais celui qui ne croit mon Père. " - Jean, VIIJ, 19. XIV, 7. - (( Qui me voit, voit
point a déjci été jugé pm'ce qu'il n'a pas cru au nom Celui qui !rra envoyé. Il - Jean, XII, 45. - " Qui me 1'eçoit,
de l'Unique-engendré Fils de .Dieu. " -, Jean, m, 1.8. ­ reçoit Celui qui m'a envoyé. " - Jean, XIII , 20. - Cela vient
« Celui qui CROIT AU FILS, a la vie éternelle; mais celui qui NE de ce que personne ne pellt voir le Pè/'e et vivre. - Exod. XXXIlI,
CROIT POINT Al.: FILS ne ve1'ra point la vie, mais la colère de ~O : c'est pourquoi le Seigneur àit : Dieu, personne ne le vit ja­
Dieu dernew'el'a sw' lui. " - Jean, HI, 36. - « Le Pain de mais, l'Unique engend1'é Fils qui est dans le Sein du Pb'e, Lui
Dieu est celui qui est descendu du Ciel, et donne la vie au L'a exposé. - .lean, l, 18. - (( Non que personne ait vu le
Monde; qui vient ci !\fOI l't'aura point faim, et qui cnOIT EN MOI Pè1'e, si ce n'est celui qni est chez le Père; Celui·là a vu le
n'aura jamais soif. " - Jean, VI, 33, 35. - cc C'est la volonté Pè,'e. " - Jean, VI, 4(-). - " Ni la voix du Père vous n'avez
de Celui qui M'a envoyé, que quiconque voit le Fils, et cnOIT entendujamais, ni son aspect vous n'avez vu. " - Jean, V, 37.
EN LUI, ait la vie éternelle, et que je le res;mscite au dernier ~ Mais quant à ceux qui n'ont aucune connaissance du SeigncUi.
jour. " - Jean, VI, 40. - " Ils (lirent cl Jésus: Que ferons­ comme sont\a plupart des hommes dans les deux parties du Globe,
'nous pow' opére1' les Œuvres de .Dieu? Jésus répondit: Ceci l'Asie et l'Afrique, et amsi dans les Indes, s'ils croient en un Dieu
est l'œuV1'e de .Dieu, que vous CHOYIEZ EN CELUI que le Père a et s'ils vivent selon les préceptes de leur Religion, ils sont sauvés,
envoyé. )) Jean, VI, 28, ~w. - "En vérité je vous dis: Celui, d'après leur foi et leur vie, car l'imputation concerne ceux qui ont
qui CROIT EN MOI a la vie ét,ernelle. " - Jean, VI, -47. - « Jé­ connu, et non ceux qui ignorent, de même qu'on n'impute pas aux
sus s'écria, disant: Si quelqu'un a soif, qu'il vienne' li Moi et aveugles d'avoir fait un faux pas, car le Seigneur dit: "Si aveu­
qv'il boive; QUICONQUE CROIT EN MOI, des fleuves de son ventre gles vous étiez, vous n'aw'iez point de péc1lé, mais mainte­
couleront d'eau vive. » - Jean, VII, 37. 38. - " Si vous . . . E. nant vous dites que vous voyez, c'est pourquoi vot,'e péché
CROYEZ PAS que Moi,je suis, vous mour1'ez dans vos péchés. » reste. " - Jean, IX, 4t.
-Jean, VIII, 24. - (1 Jésus dit: Moi, je suis la l'ésUl'l'éction et 108. Afin de confirmer encore ce point, je rapporlerai ce que je
la vie; celui qui CMIT EN MOI, quoiqu'ù meure, vivra; qui­ sais, car j'ai vu, el par conséquent je puis affirmer ceci: C'est
conqu~ vit et CROIT EN MOI, ne mOU1'1'a point pour l'éternité. " qu'aujourd'hui le Seigneur fonde uu Nouveau Ciel Anl\élique, et
-1ean, XI, 25, 26. - Jésus dit: Moi, la Lumière, dans le qu'Hie compose de ceux qui croient au Seigneur Dieu Sauveur et
RELIGION CHRËTIENNE. 157
156 LA VRAIE
ou plutôt, qui a pu voir les Divins Vrais dans la Lumière; il Ya la
s'adressent immédiatement à Lui, et que les autres sont rejetés; si même diff~rence qu'entre le Soir et le Matin: l'Etat de l'Eglise
donc désormais quelqu'un vient du Monde Chrétien dans le Monde lvantl'Avènement du Seigneur est même appelé dans la Parole le
Spirituel, ce qui arrire à tout homme après la mort, et qu'il ne Soir, et l'Etat de l'Eglise après son Avènement y est appelé le Ma­
croie pas au Seigneur et Ile s'adresse pas fi Lui seul, et si alors il tin. Le Seigneur, avant son avènement dans le Monde, était présent,
ne peut recevoir cela, parce qu'il a mal l'écu, ou s'est confirl~é dans il est vrai, chez les hommes de l'Eglise, mais médiatement par des
les faux, au premier pas vers le Ciel il c~t repoussé, et sa face s'en Anges qui Le représentaient, mais depuis son avènement il est pré­
détourne et se tournll vers la TeITe Inférieure) où il se rend même, sent chez les hommes de l'Eglise immédiatement, car dans le Monde
et il se conjoint avec ceux qui y sont, le5quels sont entendus dans . il a revêtu aussi le DIVIN NATUREL, dans lequel il est présent chez
l'Apocalypse par le Dragon et le Faux Prophète. Tout homme aussi les hommes: la glorification du Seigneur est la glorification de son
dans les Terres Chrétiennes, qui ne croit pas au Seigneur n'est pas Humain qu'il prit dans le Monde; et l'Humain glorifié du Seigneur
non plus dans la suite exaucé, ses prières dans le Ciel sont comme est le Diviu Naturel. Qu'il en soit ainsi, ceb. est évident en ce que
des odeurs fétides, et comme les éqlCtations d'un poumon malade; le Seigneur est ressuscité du sépulcre avec tout SOI! corps qu'il a\'ait
et bien qu'on s'imagine que sa prière est comme un parfum d'en­ dans le Monde, et qu'il n'a rien laissr dans le sépulcre, qu'GU con­
cens) elle ne monte cependant vers le Ciel angélique qlle comme séquence il en a emporté avec Lui l'Humain Naturel même depuis
une fumée d'incendie, que le vent rabat da'ls ses yeux, ou comme les [lremiers de cet Humain ju;;qu'aux derniers: c'est pourquoi
un p:lrfum qui sort d'un encensoir sous le froc d'ull moine; depuis après la résurrection il a dit aux Disciples qui croyaient voir un
ce temps, c'est là ce qui arri\'c il toute piété qui se fixe sur une Tri­ Espl'it: li Voyez mes Mains et mes Pieds, que Moi-Même Je
nité divisée et non sur une Trinité conjointe; que la Divine Trinité suis; touchrlz-Moi et voyez, car un Esprit chair et os n'a point
aIt été conjointe dans le Srigneur, c'est J'objet principal de cet comme vous Me voyez (en) avoù,. " - Luc, XXIV, 37, 39. D'a­
Ouvrage. Ici j'ajouterai ce fait Nouveau, c'est qu'il y a quelques près cela, il est bien évident que son Corps Naturel a été fait Divin
mois les douze Apôtres ont été convoqués par le Seigneur, et envoyés par la Glorification; c'est pourquoi Paul dit, que dans le Christ
dans tout Je Monde Spirituel, comme ils l'avaient été auparavant habite c01porellement toute la plénitude de la Divinité.­
dans le Monde naturel, avec ordre de prêcher cet Evangile, et alors Coloss. II, 9, - et Jean dit que le fils de Dieu, Jésus-Christ, est
une Région a été assignée à chaque Apôtre; et ils ex,écutent cet le l'l'ai Dieu. - 1 Epit, V, 20, 21. - De là les Anges savent que
ordre avec tout le zèle et le soin possible. Mais ce sujet sera spé­ le Seigneur seul dans tout le Monde Spirituel est pleinement
·cialement traité dans le Dernier Chapitre de cet Ouvrage) oil il sera HOllime.
question de la COl\SO~'MATlON DU SIÈCLE, de L' AVÈi\'E~IENT DU SEIGNEUR Il est connu dans l'Eglise que chez la Nation Israélite et Juive tout
et de la NOUVELLE EGLISE. le Culte était purement Externe, etqu'il couvrait d'une ombre le culte
Interne que le Seigneur a ouvert; et qu'ainsi le Culte avant l'avène­
ment du Seigneur a consisté en types et en figures, qui représen­
taientle Culte vrai dans sa juste effigie. Le Seigneur, il est vrai, fut
COROLLAIRE. vu Lui-Même chez les Anciens, car il a dit aux Juifs: " A'braham
votl'e Père tressaillait d'allégresse de voir mon jour, et il l'a
109, Toutes les Eglises qui ont existé avant l'Avènem.ent du Sei­ vu) et il s'est ?'éjoui; je vous dis: Avant qu'Abraham fût)
gneur, ont été des Eglises Représentatives, qui n'ont pu voil' -les .Moi je suis, » - VIII, 56, 58 ; - mais comme alors le Seigneur
Divins Vrais que dans l'Ombre; mais après l'Avènement du Sei­
élaitseulement représenté, ce qui était opéré par des Anges, c'est
-gneur dans le Monde, il a été institué par Lui une Eglise qai a vu.
"

1.58 LA VRAIE RELIGION CHRÊTIENNE {59


'pour cela que chez eux toutes lcs choses de l'Église étaient devenues pommes, poires, raisins, et il la saveur de celle enveloppe; et
représentatives; mais après que le Seigneur fut venu dans le l\fonde.. l'Etat de l'Eglise après l'avènement du Seigneur peul être comparé
ces représentations se sont évanouies; la· cause intérieure de cela. 3UX intérieurs de ces fruits et à leur saveur; on peut en outre éta­
c'est que le Seigneur dans le Monde a aussi revêtu le Divin Naturel, blir plusieurs comparaisons semblables: et celte difi'érence entre les
et que d'après ce Dil'in il illustre non-seulement l'homme Interne ,deux états vient de ce que le Seigneur. depuis qu'il a revêtu aussi
spirituel, mais aussi l'homme Externe naLUrel; si les deux ne sont Je Divin Naturel, illustre l'homme Interne spirituel et en même
pas illustrés en même temps l'homme est comme dans l'ombre, mais temps l'homme Externe naturel, car lorsque l'homme interne est
lorsqu'ils le sont l'un et l'autre en même temps il est comme dans seulement illustré et non en même temps l'homme Externe il ya
le jour; en elI'et, lorsque l'homme Interne est seul illustré et non en \ ombre, de même que quand l'homme Externe l'est seulement et non
même temps l'homme Externe, ou lorsque l'homme Externe est en mêlne tcmps l'homme Interne.
.. .If .. .. ..
seulement illustré et non en même temps l'homme Interne, l'homme
est comme quelqu'un qui dort et fait un songe, et qui, 10l'squ'lI se HO. Ici seront ajoutés ces ME~IOBAiJLES. PIIEmER I\IEMORAIlLE.
1
réveille, l'ecueille son songe, et en tire diverses conclusions qui ce­ 1 Une fois, dans le Monde Spirituel, je vis dans l'air un Feu follet
pendant sont des choses imaginaires; il est aussi comme un som­ .qui Lomba SUI' terre, et produisit il l'enlollr une clarté; c'était le
nambule qui croit que les objets qu'il voit sont vus dans la lumièl'e météore que le vulgaire appelle Dragon; je remarquai le lieu où il
du jour, La différence entre l'état de l'Eglise avant l'avènemell't du était 'tombé, mais au point du jour quand le soleil se lel'a tout avait
Seigneur et celui de l'I.!~glise après cet avènement, est aussi comme. Il
disparu, comme il arrive il tout Feu follet. Après la matinée je
la différence entre celui qlli lit un écrit pendant la nuit à la lumièl'e m'approchai du lieu oil je l'avais vu tomber pendant la nuit; et
de la lune et des étoiles, ct celui qui le lit à la lumière, du soleil; voiCI} là, un hUll1us d'un mélange de soufre, de limaille de fer et de
il est évident (Ille dans la première lumière, qui est seulement blan­ boue argilense: et tout il coup alorsapparurcnt diux Tentes; l'une di­
che, ['œil sc trompe, et que dans la seconde, qui est en outre en­ rectement SUI' le lien, et l'autre il colé vers le midi et je regardai
flammée, il ne se trompe point: c'est pourquoi ilest ditdu Seigneur: en haut, et je vis un EsprÏl qui tomba du ciel comllle la foudre, et
l( ft a dit le Dieu d'Israël)' à moi Ji a parlé, le Rocher d'b'aël; fut jeté dans la Tente qui était directement sllr le lieu où le météore
Lui, comme la Lumière d'un matin, quand se lève le soleil} était tOll1bé, et moi je me trouvai dans l'autre tente qui était à côté
d'un matin sans nuayes. " -Il Sam, XXIII, 3,4; -le Dieu vers le midi; je me tins à l'entrée de celte tente, et je vis l'Esprit
d'Israël et le Rocher d'Israël, c'est le Seigneur; et ailleurs: dans l'autre se tenant aussi à l'entrée; et alors je lui deman'dai pour­
« Sel'a la lumière de la Lune comme la lumière du Soleil, et quoi il était ainsi tombé du Ciel: il répondit qu'il en avait ét~ préci­
la lumière du soleil sera septuple comme la lumièl'e de sept pité comme ange du Dragon par les anges de Michel, parce que, me
jours, au jOUl' que Jéhovah bandera la fracture de son petple. » dit-il, j'ai avancé quelques propositions concernant ma Foi, dans
- Esaïe, XXX, 25, 26; - Ces paroles sont dites de l'État de, laquelle je me suis confirmé dans le Monde; et entre autres celle-ci.
l'Eglise après l'avènement du Seigneur. En un mot, l'Etat de l'E­ que Dieu le Père et Dieu le Fils sont deux et non lin; cal' dans les
glise avant l'avènement du Seigneur peut être comparé à une l'ieille Cieux aujourd'hui tous croient que le Père et le Fils sont un comme
dont le visage a été fardé et qui d'après le pourpre du fal'd se nme et le corp~, et tout discours opposée à cette croyance est
croit belle; et l'Elat dé l'Eglise après l'avènement du Seigneur ~omme un aiguillon dans leurs narines, et comme une alène qui
peut être comparé à une vierge, belle par un pourpre naturel: perce leurs oreilles, de là pour eux émotion et douleur; et pour
l'Etat de l'Eglise avont l'avènement du Seigneur peut aussi être. ~ette raison celui qui 'dit le contraire reçoh l'ordre de sortir, et
comparé à l'enveloppe de quelques fruit!>, tels que oranges. 'S'il diffère, il est précipité. Après avoir entendu ce récit, je lui
. -.

460 LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE 161
di3: Pourquoi n'as-tu pas cru comme eux? Il répliqua: Après être·
sorti du Monde, personne ne peut croire que ce qu'il a imprimé dans le Monde, a prié le Père comme un autre que Lui-Même, et
en lui-même pal' confirmation, cela reste gravé et ne peUL être s'est humilié devant le Père comme devant un autre que Lui­
effacé, surtout ce que chacun a confirmé chez soi sur Dieu, puis­ Méme, ce fut conformément à l'Ordre établi par la Création,
que dans les cieux chacuu est placé selon l'idés qu'il a de Dieu. Je Ordre immuable, selon lequel tout homme doit progresser
lui demandai ensuile par quoi il avait confirmé que le Père et le vers la conjonction avec Dieu; cet ordre est qu'à lliesure que
Fils élaient deux. Il me dit: Par ceci, que dans la Parole le Fils a l'homme par une vie conforme alJX lois de l'ordre, qui sont les
prié le Père non-seulement avant la Passion de la croix, mais aussi préceptes de Dieu, se conjoint à Dieu, Dieu se conjoint à l'homme,
pendant ceLLe passion, et qu'il s'est humilié devant son Père; et de naturel le fait spirituel; c'est de cette même manière que le
Seigneur s'est uni à son Père, et que Dieu le Père s'est uni à Lui;
cûmment alors peuvent-ils être un, comme l'âme et le corps sont. i le Seigneur, lorsqu'il était Enfant, n'était-il pas comme un enfant?
un dans l'homme? qui est-ce qui prie comme s'i! priait un autre et
s'humilie comme devant un ;lUtre, quand il est lui-même cet autre? lorsqu'il était Adoleséent, n'était-il pas comme un adolescent? ne
Nul n'agit ainsi, à plus forte- raison le Fils de Dieu: et, en outre, lit-on pas qu'il croissait en sagesse et en gràce, et qu'ensuite il pria
l'Eglise Chrétienne tout entière, de mon temps, divisait la Divinilé le Père de glorifier SOfl Nom, c'est-à-dire son Humain? Glorifier
en Personnes, et chaque Personne est un par soi- même, et l'on c'est faire Divin par l'Union avec soi; il est donc évident que le
en donne pour définition que c'est. ce qui subsiste proprement. Seigneur a prié le Père dans l'étal de son exinanilioll, état qui était
Quand j'eus entendu ces raisonnements, je répondis: J'ai perçu celui de sa progression vers l'Union. Ce même Ordre a, par Créa­
par ce que tu viens de dire que tu ignores absolument comment tion, été gravé dans chaque homme, savoir, de même yue l'homme,
Dieu le Père et Dieu le Fils sont un, et parce que tu ignores com­ par les vérités d'après la Parole prépare son entendement, de
ment, tu l'es confirmé dans les faux dans lesquels l'Eglise est en­ même il le rend apte à recevoir la foi qui vient de Dieu, et de méme
core sur Dieu; ne sais-tu pas que le Sei~neur, quand il élait daus le­ que par les œuvres de la charité il prépare sa volonté de même il la
Monde, avait nne âme comme tout autre homme? d'où lui venait­ rend propre à recevoir l'amour qui vient de Dieu; car de même
1· qu'un lapidaire taille un diamant, de même il le rend propre à re­
elle, si ce n'est de Dien le Père? c'est ce que prouve abondamment
la Parole des Evangélistes; qu'esl-ce donc alôrs qu'on appelle le cevoir et à renvoyer l'éclat de la lumière; et ainsi du reste: se
FIls ,sinon l'Humain qui a élé conçu du Divin du Père, et est né de préparer à la réception de Dieu et;i la conjollction, o'est vivre se­
la Vierge Marie? La l'1ère ne peut concevoir l'âme, cela est en­ lon l'Ordre Divin, et les lois de l'ordre sont tous les préceptes de
tièrement opposé â l'Ordre selon lequel tout homme naît; et Dieu Dieu; le Seigneur a rempli ces préceptes jusqu'au moindre point,
le Père ne peut insérer l'Ame procédée de lui et ensuite se retirer, et ainsi il s'est fait le réoeptacle de.la Dil'inité en toute plénitude;
comme tout père le fait dans le Monde, puisque Dieu en est la Divine aussi Paul dit-il que dans Jés~ls-Christ toute la plénilude de la Divi­
Essence, et qu'elle est une et indivisible, et qu'étant iudivisiLle nité habite corporellement; el le Seigneur dit Lui-;Uème que tout
ce qui appartient à son Père est à Lui. Enlin il faut tenir pour cer­
elle est Dieu Lui-Même; de là vient que le Seigneur dit que le Père
tain que le Seigneur chez l'homme est seul actif, et que l'homme
et Lui sont un, que le Père est en Lui et Lui dans le Père, et au­
par soi-même est purement passif, mais que par \'inl1ux dc la vie
tres expressions semblables: c'est même ce que virent de loin ceux
qui procède du Seigneur lui aussi est actif; d:après ce perpéluel in­
qui ont conçu le symb.ole d'Athanase; aussi, après avoir divisé
flux qui procède du Seigneur il semble à l'homme qu'il est actif par
Dieu en trois Pers~nnes, disent-ils néanmoins. que dans le Christ
lui-même; et parce qu'il en est ainsi, il a le libre arbitre, et ce li­
Dieu et l'Homme, c'est-à-dire, le Divin et l'Humain, ll,€ sont pas deux t
bre arbitre lui a été donné, afin qu'il se prépare à recevoir le Sei­
mais sont uu comme l'âme et le corps dans l'homme. Si le Seigneur t
sneur t et par conséquent à la conjonction, qui n'est pas po.ssible, à
1. if

K ~_
162 LA VRAIE RELIGION' CHRÉTIENNE 163
moins qu'elle ne soit réciproque, et elle devient réciproque lorsque .de fer et d'argile, elles bouillonnèrent, ainsi qu'il arri"e ordinaire-
l'homme agit d'après sa liberté, et que cependant d'après la foi il ment à un mélange de cette espèce, quand l'eau tombe des~us; et
attribue au Seigneur tout l'actif. étant ainsi embrasées d'un feu intérieur elles s'écroulèrent et de-
Après cela, je lui demandai s'il confessait, comme ses autres com- vinrent des monceaux, qui ensuite s'é·levaient sur celle terre comme
pagnons, qu'il n'y a qu'un seul Dieu; il répondit qu'il le confessait; des éminences sépulcrales.
et alors je dis: .le crains cependant que la confession de ton cœur i 1i: SECO:;O rtIÈMORABLE. D:lns le Monde naturel l'homme a un
ne soit qu'il n'y a point de Dieu; tout langage de la boucbe ne double langage, parce qu'il a une double pensée, la pensée Externe
procède-t-il pas de la pensée du mental? il arrive donc infaillible- et la pensée Interne; car l'homme peut parlel' d'après la pensée in-
ment que la confession de la bouche qu'il n'y a qu'un Dieu chasse terne et en même temps d'après l'externe, et il peu t parler d'après
du mental la pensée qu'il y en a trois, et vice versâ que la pensée la pensée externe et non d'après l'interne, etmêmecontre l'interne,
du men lai cha5se de la bouche la confession qu'il n'yen a qu'un; de là les dissimulations, les flatteries et les hypocrisies: mais dans
que résu!le-t-il de là, ~inon qu'il n'y a point de Dieu? tout l'inter- le Monde Spirituel l'homme n'a point un double langage, son lan-
valle rlepuis là pensée jusqu'à la bouche, et depuis la bouche en re- gage est simple; il parle là ~mme il pense, autrement le son est
venant jusqu'à la pensée, n'est-il pas ainsi éracué?et alors qu'est-ce strident et blesse les oreilles, mais cependant il peul se taire, et
que le mental conclut sur Dieu, sinon que la nature est Dieu; et sur ainsi ne pas di!'ulguer ce que son mental pense; lors donc qu'un
le Seigneur, sinon que ~on Ame Lui est venue ou de sa Mère ou de hypocrite vient parmi des sages, ou il se retire, ou il se place dans
Joseph, deux conclusions que tous les Anges du ciel ont en horreur un angle de l'appal'lement, ne se fait pas remarquer et s'assied sans
comme affreuses et abominables. Après que j'eus dit ces paroles, dire lin mot. Un jour, dans le Monde des Esprits, plusieurs 'étaient
cel Esprit ful relégué dans l'Abime, dont il est parlé ~ans l'Apo- assemblés el parlaient entre eux sur ce sujet, disant, que de ne
calypse, - IX, 2 et suiv., -- où les Anges du Dragon agitent des pOII\'oir parler qlle comme on pense, cela est dur, dans la compa-
questions mystiques sur leur Foi. Le lendemain quand je portai mes gnie des bons, pour cellx qlli n'onl pas pensé juste sur Dieu et sur
regards vcrs le même lieu, je vis il la place des Tentes denx Sta- le Seigneur. Au milieu des esprits rassemblés se trouvaient des Ré-
tues en forme d'hommes, faites de poussière de terre qui était mé- formés et plusieurs d'entt'e le Clergé, et près d'eux des Catholiques-
langée de soufre, de fer el d'argile, et l' une des Statues paraissait Rom.ains avec des moines; et les uns et les autres dirent d'abord
avoir lin sceptre dans la main gauche, ulle couronne sur la tête et que cela 'n'était pas dur: Qu'est-il besoin de parler autrement qu'on
un li\'l'e dans la main droite, puis un pectoral obliquement entouré ne pense? et si par aventure on ne pense pas juste, ne peut-on pas
d'une bandelette de pierres précieuses, et une robe floUant par der- serrer les lèVl'es et garder le silence? Et un Ecclésiastique dit: Qui
rière jusqu'à l'autre Statue, mais ces ornements avaient été mis sur .est-ce qui ne pense pas juste sur Dieu et sur le Seigneur? Mais quel-
eetle statue par une phantaisie; et alors un des esprits du Dragon ques-uns de ceux qui formaient l'assemblée dirent: Faisons sur eux
fit entendre ces mots: Cette Statue représente notre Foi comme un essai; et ils dirent à ceux qui s'étaient confirmés sur Dieu dans
Reine, et l'autre derrière elle, la Charité comme sa servante: cette la Trinité de.~ Personnes, de prononcer d'après la pensée Un Seul
seconde statue était faite d'une poussière pareillement mélangée, Dieu; mais ils ne purent pas, i1simprimèrent à leurs lèvres plusieurs
elle était placée à l'extrémité de la robe qui flottait par derrière la mouvements violents et les plièrent de plusieurs manières, sans pou-
Reine, et elle tenait à lot main un papier sur lequel était écrit: voir articuler un son en d'autres 1Il0ts qui ne fussent pas conformes
Garde-toi d'approcher de plus près et de toucher la robe. ~fais alors ~ux idées de leur pensée, lesquelles étaient pour trois Personnes et.
une pluie tomba tout à coup du Ciel, et elle pénétra l'une et l'autre par suite pour trois Dieux. Ensuite il fut dit à ceux qui avaient con- .
Statue, et comme elles étaient composées d'un mélange de soufre, firmé la Foi séparée d'avec la Charité, de prononcer JÉsus, mais ils
',164 LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE 16a
lle purent pas, cependant tous purent dirent Christ, et aussi Dieu le
t t ; - et aussi ces' autres passages, que le Père et Lui sont un,
Père; ils s'en étonnèrent, et ils en cherchèrent la cause, et ils trou­
par exem.ple, dans Jean, X, 30; et on leur dit de retenir cela dans la'
vèrent que c'était parce qu'en priantils s'étaient adressés à Dieu le
:pensée, et ainsi de prononcer DIVIN HmIAIN; mais comme cette pen­
Père pour qu'il eût égard à eux à cause du Fils, et ne s'étaient pas.
:sée n'était point enracinée dans la reconnaissance que le Seigneur
adressés au Sauveur Lui-l\Iême, et .JÉsus signifie Sauveur. Puis; il
·était Dieu aussi qua.nt à l'Humain, ils tordirent avec éffort les lèvres
leur fut dit de prononcer DIVIN HUMAIN, d'après la pensée qu'ilS avaient
jusqu'à s'en indigner, et voulurent contraindre leur bouche à pro­
de l'Humain du Seigneur; mais personne d'entre les Ecclésiastiques,
poncer, mais leurs efforts furent inutiles; et cela, parce que les
qui étaient présents ne le put; toutefois quelques-uns des Laïques.
idées de la pensée, qui découlent de la reconnaissance, font lin avec
le purent; c'est pourquoi ce sujet fut soumis à un sérieux examen;
1es paroles de la langue chez ceux qui sont daJ1s le Monde Spirituel,
et alors I. on lut devant eux ces passages dans les Evangélistes:
:el que là où ces idées ne sont pas, les paroles manquent, car le~
• Le Pèl'e a donné toutes choses dans la main du Fils. " _
idées deviennent des paroles dans le langage. TV. En outre, on lut
Jean, III, 35, - « Le Pere a donné au Fils pouvoù' (sur) toute
-devant eux ces expressions tirées de la Doctrine reçue dans tout le
chair. » - Jean, XVII, 2. - .. Toutes choses M'ont été livrées
Monde Chrétien, « que le Divin et l'Humain dans le Seigneur ne
par le Père. » -l\latth. Xl, 27. - « Tout pouvoir m'a été
sont point deux, mais sont un, et m~me en une st!ule personne,
donné dans le Ciel et sur Ten'e. » - l\Iatth, XXVllI, 18. - et
,unis comme l'âme et le corps dans l'homme, " ceci est extrait
.on leur dit: D'après ces passages retenez dans votre pensée, que le
de la Foi symbolique d'A thanase, et r~connu par les conciles; el on
Christ, non·seulement quan t à son Divin mais encore quant à son
leur dit: Par là vous pouvez lout à fait avoir d'après la reconnais­
Humain, est le Dieu du Ciel et de la Terre, et ainsi prononcez: DI­
·sance J'idée que l'HumailJ du Seigneur est Divin, parce que son Ame
VIN HUMAIN; mai> jamais il~ ne le purent, et ils dirent qu'à la vérité­
est Divine, car cela est tiré de la doctrine de votre Eglise, doctrine
'sur cela ils retenaient quelque chose de la pensée d'après l'entcnde­
,que vous aviez reconnue dans le Monde; de plus, J'Ame est l'essence
.ment, mais néanmoins rien de la reconnaissance, ct que par consé­
même de l'homme, et le corps en est la forme, et l'essence et la
quent ils ne pouvaient pas. Tr. Ensuite on lut devant eux, suivant
forme font un comme l'être et l'exister, et comme la cause efficienle
Luc, - T, 32, 34, 35, - que le Seigneur quant à l'Humain était
,de l'effet et l'effet lui-même ; ils, retinrent cette idée, et voulurent
Fils de Jéhovah Dieu, et que là il est' appelé Fils du Très-Haut, et
d'après elle prononcer DIVIN HUMAIN, mais ils ne purent point, car
partout ailleurs Fils de Dieu et aussi Unique-engendré, et on leur
l'idée intérieure sur l'Humain du Seigneur chassa et effaça cette
demanda de tenir cela dans la pensée, et aussi que le Fils Unique­
'nouvelle idée empruntée, ainsi qu'ils la nommaient. V. On lut en­
engendré de Dieu né dans le Monde ne peut pas ne pas être Dieu
'Core devant eux, dans Jean, ce passage: « La Parole était chez
comme le Père est Dien, et de prononcer DIVlè': HU~IAIN; mais ils di­
.Dieu et Dieu était la Parole, et la Parole Chair a été laite. ..
rent: Nous ne pouvons pas, parce que notre pensée spirituelle, qui
- T, f, u.; - et aussi celui-ci: « Jésus-Christ est le vrai Dieu
est intérieure, n'admet pas dans la pensée la plLls proche du lan­
et la Vie Tfternelle, " - TEp. V, 2t; - et dans Paul: « En
gage d'autres idées que celles qui sont semblables aux siennes; et
Jésus-Chl'ist habite corporellement toute la plénitude de la Di­
ils ajoutèrent qne par là ils percevaient qlle maintenant il ne leur
vinité. " - Coloss. lI, 9 ; - et on leur disait de penser pareille­
était pas permis de diviser leurs pensées, comme dans le Monde na­
ment, savoir, que Dieu qui était la'Parole a été fait Homme; qu'Il
turel. 1Ir. Puis on lu t devan t eux les paroles du Seigneur à Philippe: était le vrai Dieu; et que toute la plénitude de la Divinité habitait
a Philippe dit " Seigneur, montl'e-nous le Père. Et le Seigneu'F
corporellement en Lui; eL ils tirent ainsi, mais selliement dans la
dit: QUt Me voit, voit le Père; ne cl'ois-tu pas que Moi (je suis) pensée externe, c'est pourquoi ils ne purent P9int, à cause de la ré­
dans le Père, et que le Père (el't) en Moi. 1) - Jean, XIV, 8 à
istance .de la pensée interne, prononcer DIVIN HUMAIN. disant ou·

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.~

RELIGION CHRÉTIENNE. i67


'I~
!fiG LA VRAIE
vertement qu'ils ne pouvaient avoir l'idée du Divin Humain, parce DOUS ne pouvons pas prononcer DIVIN HUMAIN: cependant un ou
que Dieu est Dieu et que l'homme est homme, et ils ajoutaient: 'deux dirent: Nous l'avons lu et nous l'avons écrit, mais néanmoins
Dieu est Esprit, et nous ne pouvons penser à un esprit que comme quand nous y pensions en nous-mêmes, cela n'était que des mots,
à un Vent ou à un Ether. VI. Enfin on leur dit: Vous savez que le 'dont nous n'avioI1s pas d'idée intérieul'e. VIII. Enfin s'étant tournés
Seigneur a dit: « DemeU1'ez en Moi, et Moi en vous,. celui qui vers les Catholiques-Romains, ils leur dirent: Vous, sans doute,
demeu1'e en Moi, et Moi en lui, celui-là porte du fruit beaucoup, vous pouvez prononcer DIVIN HUMAIN, parce que vous croyez qu·e
parce que sans Moi vous ne pouvez faire 1'ien. .. ~ .tean, XV, dans votre Eucharistie le Christ est lout entier dans lePain et le Vin,
4, 5 ; ~ et comme il y avait là quelques Ecclésiastiques Anglais,. 1 et dans chaque partie du Pain et du Vin, et qu'aussi vous L'adorez
on lut devant eux cet·extrait d'une de leurs prières pour la Sainte comme Dieu Très-Saint, quand vous montrez les hosties et que vous
Communion: For, when we spiritual!y eat the fleslz of Christ les portez en procession; et en outre, COlllme vous appelez Marie
and drinck [Ile blood, then we dwel! in Christ, and Ch1'ist Mère de Dieu (Deipm'a, Dei genitrix) , vous reconnaissez par con:.
in us t; .. Si maintenant vous pensez que cela n'est pas possible, à séquent qu'ellc a engendré Dieu, c'est-à-dire, le Divin Humain; et
moins que l'Humain du' Seigneur ne soit Divin, prononcez donc alors ceux-ci voulurent le prononcer. mais parce qu'en ce moment
DIVIN HUMAIN d'après la reconnaissance dans la pensée; mais ils ne l' snrvintl'idée matérielle du Corps et du Sang du Christ, el aussi la
le purent jamais, car chez eux était profondément empreinle l'idée foi que son Humain doit être séparé de son Divin, et qu'en' actualité
que le Divin ne pouvait pas êt.re Humain. ni l'Humain être Divin, il a été séparé chez le Pape, en qui a élé transféré seulement son
et que le Divin du Seigneur venait du Divin du Fils de toute éternité, pouvoir Humain et non son pouvoir Divin, ils ne purent pas le pro­
Donc~r : et alors un Moine se leva, et dit qu'il pouvait penser le
1
et que son Humain était semblable à l'humain d'un autre homme:
mais on leur dit: Comment pouvez-vous penser ainsi? est-ce qu'un Divin Humain à l'égard de la Très-Sainte Vierge Marie, et allssi à
l'l.ental rationnel peut jamais penser qu'il y ait un Fils de Dieu, né l'égard du Saint de son Monastère; et un autre Moine s'approcha
de toute éternité? VII. Après cela, ceux qui adressaient les ques­ en disant: Moi, d'après l'idée de ma pensée, que j'embrasse main­
tions se tournèrent vers les Evangéliques, en disant, que la Con­ tenant, je puis prononcer Divin Humain à l'égard du Très-Saint
fession d'Augsbourg et Luther ont enseigné qu e le Fils de Dieu et ',1 Pontife plutôt qu'à l'égard du Christ; mais ;ilors quelques-uns des
le Fils·de l'homme sont dans le Christ une Senle Personne; que 1· Catholiques-romains le retirèrent en arrière et lui dirent: N'as-tu
Lui-Même est aussi, quant à la Nature Humaine, Tout-Puissant et pas de honte? - Après cela on vit le Ciel ouvert, et des Langues
Tout-P"ésent; qu'il est assis, quant à celle nature, à la droite de comme de petites flammes qui descendaient et influaient chez quel­
1
Dieu le Père, et gouw.erne tout dans les Cieux et sur Terre, remplit ques-uns des assistants, et ceux-ci célébraient alors leDIYIN Hu­
tout; est avec nous, habite et opère en nous; qu'il n'y a IllAIN DUSEIGNEUR, disant: Rejetez l'idée de trois Dieux, et croyez
pas de différence d'adoration, parce qne ·par la Nature qui est que dans le Sei~neur habite corporellement toute la plénitude de la
vue, la Diviuité qui n'est pas vue est adorée; et que dans le Divinité; que le Père et Lui sont un, comme l'âme et le corps sont
Christ Dieu est Homme et l'Homme est Dieu. Ayant en­ un; et que Dieu n'est pas un vent ni un éther, mais qu'il estHomme,
tendu ces citations ils répondirent: .Est-ce que cela est ainsi? et alors vous serez conjoints au Ciel. et par le Seigneur vous pour­
et ils regardèrent autour d'eux, et ensuite ils dirent : Jamais aupa­ rez dire JESUS, et prononcer DIVIN HU~'A'N.
ravant n.olls n'':!vons eu connai·ssance de cela, voilà pourquoi· 112. TROISIÈME MEMORABLE. Un jour, m'étant éveillé db l'aurore,
je sortis dans le jardin devant la maison, et je vis le soleil se lever
~ dans soU éclat, et tout autour de lui une ceinture d'abord légère,
1«'Car, lor~que nous mangeons spirituellement la Chair de Christ, et que
DOW! buvons son sang, nous habitons .en Christ, et Christ en nous. »)
et ensuite plus épaisse, comme resplendissante d'or, et sous son

L .
i68 LA VRAIE RELIGION CHRÉTlE~NE i69
limbe monter une nuée qui, semblable à \lne escarboucle, brillait vous ne sait pas - et je tournai mes regards vers les Évangéliques
de la flamme du soleil; et alors je tombai en méditation sur ce que. parmi lesquels était ce Dictateur qui m'avait interpellé - que dans
d'après les fables de l'autiquité la plus reculée, on avait imaginé le Christ né de la Vierge Marie, Dieu est Homme et l'Homme est
l'Aurore avec des ailes d'argent portant de l'or dans ~a bouche. Dieu? Mais à ces mots l'Assemblée fit entendre un murmure; c'est
Pendant que mon Mental se plaisait dans ces méditations, je devins pourquoi je dis: Est-ce que vous ne savez pas cela? N'est-ce pas
en e!'prit, et j'entendis quelques Esprits qui parlaient entre eux et conforme à la doctrine de votre confession, qu'on nomme FOR~IULE
disaient: Plùt à Dieu qu'il nous fût permis de parler avec ce Nova­ . DE CONCOIlDE; où cela est dit, et est corroboré par plusieurs argu­
teur qui a jeté parmi les Chefs de l'Église une pomme de Discorde, ments? Et alors ce Dictateur se tourna vers l'Assemblée, et demanda
vers laquelle beaucoup de Laïques ont couru, et, après l'avoir ra­ si elltJ avait connaissance de cela, et ils répondit'ent: Nous avons
massée, l'ont offerte à nos yeux; par celle pomme ils entendaient peu étudié danS ce Livre ce qui concùne la PERSONNE DU CHRIST,
un Opuscule in titulé: EXPOSITION SO~UlAlRE DE LA DOCTRINE DE LA mais nous y avons sué sur l'Article de la JUSTIFICATION par la (oi
NOUVELLE ÉGLISE; et ils dirent: C'est assurément quelque chose de $eule; cependant si on y lit cela, nous y acquiesçons; et alors l'un
Schismatique à quoi jusqu'à présent personne n'avaH pensé; et d'eux, s'étant rappfllé le texte, dit: Cela s'y lit, et de plus il est. dit
j'entendis alors l'un d'eux crier: Quoi! Schismatique? c'est Héréti­ que la Nature Humaine du Christ a été élevée il la Majesté Divine et
que; majs quelques-uns à côté de lui dirent en le repoussant: Tais­ â tous ses attributs, et aussi que le Christ dans celle Maje~té est as­
toi, garde le silence; ce n'est pas Hérétique, il allègue une foule de sis à la droite de ion Pèl'e. Lorsqu'ils eurent entendu cet aveu, ils
passages de la Parole, auxquels nos étrangers, par lesquels nous en­ se turent; après cet assentiment tacite, je pris de nouve:lU la parole,
tendons les laïques, font attention et donnent leur assentiment. en disant: Puisqu'il en est ainsi, qu'est-ce alors que le Père sinon·
Comme j'entendais cette discussion, parce que j'étais en esprit, je le Fils, et qu'est-ce aussi le Fils sinon le Père? !\lais comme ceci
m'approchai et je dis: !\le voici, qu'y a-t-il? Et aussitôt l'un d'eux, était enCOl'e désagréal)le à leurs oreilles, je continuai en disant:
qui, ainsi que je l'ai appris plus tard, était Alemand, natif de Saxe, Écoutez les paroles mêmes du Seigneur; si vous n'y avez pas fait
et avait parlé d'un ton d'autorité, me dit: D'où t'est venu l'audace 2ttention auparavant, faites-y attention maintenant; en effet, il a
de renl'erser le Culte aifel'mi par tant de siècles dans le Monde Chré­ dit : « Le Père et il'loi nous sommes un; le Père est en Mo? et
tien, culte qui a consisté à invoquer Dieu le Père comme Créateur Moi dans le Père; Père, toutes choses Miennes sont Tiennes,
d~ l'Univers, son Fils comme Médiateur, et l'Esprit Saint comme et toutes choses Tiennes sont Miennes; qui Me voit, voit le
opérant? et toi, tu sépares de noire personnalité le Premier et le Père; li que dit-il autre chose par là, sinon que le Père est dans le
Dernier Pieu, lorsque cependant le Seigneur dit Lui-Même: Fils et le Fils dans le Père, et qu'ils sont un comme l'Ame et le
Il Quand vous priez, priez ainsi: NOTRE PÈRE, QUI ES DANS LES CIEUX.
Corps dans l'homme, et qu'ainsi il.:; sont une seule Personne; cela
. SOIT SANCTIFIE TON NOM! VIENNE TON ROYAUME! Il Ainsi, n'a-t·il pas aussi doit être conform~ à votre foi, si vous croyez ail symbole
été ordonné d'invoquer Dieu le Père? - Après qu'il eut prononcé d'Athanase, où de semblables choses .sont dites; mais des passages
ces mots, il se fit un silence, et tous ceux qu i étaient de son avis se cités, prenez seulement ces paroles du Seigneur: Père, toutes
ft

tinrent fermes, tels que des soldats courageux sur des vaisseaux de choses Miennes sont Tiennes, et toutes choses Tiennes sont
guerre à la vue d'une flotte ennemie, prêls à crier: Combattons Miennes; " qu'est-ce autre chose, sinon que J.e Divin du Pèl'e ap­
main tenan l, la victoire est certaine; et alors je commençai à parIer. partient à l'Humain du Fils, et l'Humain du Fils au Divin du Père,
et je dis: Qui de vous ne sait pas que Dieu est descendu du Ciel, et qu'en conséquence dans le Christ Dieu est l'Homme et l'Homme est
qu'il a été fait 'homme, car on lit: (e La Parale était chez Dieu~ Dieu, et qu'ainsi ils sont un comme l'âme et le corps sont un : tout
et Dieu était la Parole, et la Parole Chair a été faite? Il Qui de homme peut aussi dire la même chose de son âme et de son corps,
170 LA VRAIE

-,
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RELIGION CHRÉTIENNE {'H

~I savoir, toules choses tiennes sont miennes, et toules choses miennes

sont tiennes; loi, lu es en moi, et moi je suis en toi; qui me ,:oit te


attenlivemenl, et je remarquai des changemen ts de physionomies
selon les changements d'état de leur mental; quelques-uns m'étant
voil ; nous sommes un quant à la personne et quant à la vie; el cela, favorables el me regardanl avec attention, d'autres ne m'étant pas
parce que l'âme esl dans l'homme toul entier et dans chaque partie favorables et se détournanl de moi: et alors à droi te je vis une Nuée
de l'homme, dar la vie de l'âme eslla vie du corps, et il yale muluel couleur d'opale, et à gauche une Nuée noire, et sous ces deux nuées
~ntre eux: de la il e&t évideut que le Divin du Père est l'âme du Fils, comme une pluie, sous la seconde comme une forte pluie des der­
et que l'Humain du Fils eslle corps du Pbre ; d'où vient l'âme d'un niers temps de l'automne, el sous la première comme une pluie de
fils sinon du père, el d'où vient son corps sinon de la mère? JI est rosée au commencement du prinptemps; et tout à coup d'esprit
dit le Divin du Père, et il est entendu Je Père Ll!i-Même, puisque que j'étais alors je fus remis dan& le corps, el ainsi du Monde spiri~
Lui el son Divin sont une même chose, le Divin aussi esl un el indi­ Luel je rentrai dans le Monde naturel.
visible; que cela SOlI ainsi, on le voit encore par ces pal'oles de i i3. QUATRIÈME MÉMORABLE. Je J'egardais dans le Monde des Es­
l'Ange Gabriel à Marie; .. Une Vertu du Très-Haut {ombragera, prits,etje vis une Armée sur des Chevaux roux et noil's ; cellx qui le&
et un Esprit Saint-viendra sur toi, et ce qui naîtra de toi montaient apparaissaient comme des Singes, tournés quant à la face
Saint, sera appelé Fils de Dieu, • et un peu auparavant il est ét il la poitrine vers les croupes et les queues des Chevaux, et quant
appelé Fils du J'res-Haut, et ailleurs, ,Fils Unique-engendré; à l'occiput et au dos vers les épaules et les têtes; et les bddes pen­
vous, au contl'aire, qui Le nommez seulemenl Fils de Marie, vous daienl aulour du cou des Cavaliers; et Ils criaient contre des Cava­
détruisez l'idée de sa Divinité, mais celte idée n'est perdue que par liers mon lés sur des Chevaux blancs, et ils secouaient les brides
les Savants d'entre les Ecclésiasliques el par les Erudits d'entre les avec les deux molins, mais ainsi ils retiraÎtmt les chevaux du combat;
Laïques, lesquels, lorsqu'ils élèven t leurs ~lensées au-ùessus de& eL cela continuellement. Alors deux Anges descendirent du Ciel, et
sensuels de leul' corps, regardenlla gloire deleur réputation, qui ils vinrent à moi, el ils me disaient; Que vOis-lu? et je racontais que
non-seulement obscurcit, mais encor'e éleint la lumière par laquelle je voyais une cavalerie bien ridicule, et je fis ces questions: Qu'est­
entre la gloire de Dieu. Mais revenons à l'Oraison Dominicale, où il ce que cela, el qui sont-ils? et les Anges l'épondirent: Ils viennent
est dit: « Nol.re Père qui es dans les Cieux, soit sanctifié ton du lieu, qui est appelé dans l'Apocalypse Armageddon, - XVI, i6,
Nom! vienne ton Royaume!» Vous, qui êtes ici, vous entendez: - dans lequel ils onl été rassemblés au nombre de quelques milliers
par ces paroles, le Père dans son Divin Seul; mais moi j'en tends le pour combaltre contre ceux qui sont de la Nouvelle Église du Sei­
Père. Lui-Même dans son Humain, et cet Humain aussi est le Nom ~neur, appelée Nouvelle Jérusalem; dans ce lieu ils parlaient de
du Père, car le Seigneur a dit: Père, glorifie ton Nom, c'est-à­ l'Église et de la Religion, el cependanl chez eux il n'y avait rien de
dire, ton Humain, el quand cela est fail, c'est alors que vieillie l'Église parce qu'ils n'ont aucun vl'lli spirituel ni rien de la
Royaume de Dieu, et cette Oraison a été commandée pour ce temps, Religion, parcequ'ils n'ollt aucun bien spiri.tuel ; ils y parlaient de
c'esl-à·dire, afin qu'on s'adresse à Dieu le Père par son Humain; bouche et de lèvres sur l'une el sur l'autre, mais c'était afin d'avoir
1
le Seigneur a dit aussi: .. Personne ne vient au Père que par par elles la dominalion ; ils onl appris dans leur jeunesse à confir­
Moi; » et dans le Prophète: « Un enfant nous est né, un Fils mer la Foi seule, et quelques propositions sur Dieu, et ils les ont
nous a été donné; son Nom (est) DIEU, Béros, PÈRE D'ETERNITÉ; )) retenues quelque temps, lorsqu'ils ont été élevés ~ de plus éminentes
et ailleurs: « Toi Jéhovah not1'e Père, notre Rédempteur, dès fonctions dans l'Église; cependanl comme ils ont alors commencé à
le siècle ton nom, » et en itlille au Ires endroils, où le Seigneur no­ penser, non plus à Dieu ni au Ciel, mais à eux-mêmes et au Mondè,
tre Sauveur esl appelé Jéhovah, Voilà la véritable explication des ainsi non à la béalitude et à la félicité éternelles, mais à l'éminence
paroles de celle Prière. Après que j'eus ains.i parlé, je les regardai et à l'opulence temporelles, ils onl rejeté hors des intérieurs du
i72 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE in
l\Iental rationnel, qui communiquent avec le Ciel et sont par suite 1er sur tous les autres; et comme nous avons perçu chez toi le dé­
dans la lumière du Ciel, les doctrinaux qu'ils avaient puisés dans sir d'avoir des détails sur ce combat, nous allons t'en donner quel­
leur jeunesse, et ils les ont placés dans les extérieurs du Mental ra­ ques-uns. Après notre descente du Ciel, nous nous approchâmes de
tionnel, qui communiquent avec le Monde et sont par suite dans la ee lieu appelé Armageddon, et nous les y vîmes réunis au nombre
lumière du Monde, et enfin ils les ont précipités dans le naturel sen­ de quelques milliers; toutefois nous n'entrâmes point dans cette As­
suel; de là les doctrinaux de l'Église chez eux ont appartenu seule­ semblée, mais il y avait sur le côté méridional de ce lieu quelques
ment il la bouche, et non plus à la pensée provenant de la raison, Maisons oü étaient des Enfants avec leurs Maîtres; nous entràmes
et encore moins à l'affection provenant de l'amour; et comme ils.se là, et ils nous reçurent avec bienveillance; nous nous plaisions dans
sont faits tels, ils n'admettent aucun Divin vrai appartenant à l'É­ Jeur compagnie; tous, quant il la face, étaient charmants d'après la
glise, ni aucun bien réel appartenant à la Religion; les intérieurs . Vie dans les yeux, et d'après le zèle dans le langage; la vie dans
de leur Mental son t devenus comme des Outres remplies d'un mé­ les yeux leur ,-enai t de la perception du vrai, et le zèle dans le lan­
Jange de limaille de fer et de poudre de soufre, dans lequel, si l'OD gage, de l'affection du bien ; c'e~t pourquoi nous leur donnâmes des
y jette de l'eau, il se manifeste d'abord de la chaleur et ensuite de la Toques dont les bords étaient ornés de tresses d'or parsemées de
flamme, ce qui fait rompre ces outres ;,pareillement ceux-là, quand perles, et nous leur donnàmes aussi des vêtements bigarrés de blanc
ils entendent quelque chose concernant l'eau vive, qui est le vrai et d'lJyacinthe : nous leur demandàmes s'ils avaient jeté leurs re­
réel de la Parole, et que cela entre par leurs oreilles, ils s'embra­ gards sur le lieu voisin qui est appelé Armageddon ; ils répondirent
sent et s'enflamment avec véhémence, et ils rejettent cela comme qu'ils l'avaient regardé par une fenêtre qui était sous le toit de la
une chose qui leur romprait la tète. Ce sont eux qui t'ont apparu maison, et qu'ils y avaient vu une assemblée, mais sous diverses fi­
comme des Singes montés à rebours sur des Chevaux roux et noirs, gures, tantôt comme des hommes d'un haut rang', et tantôt non plus
avec le~ brides autour du cou, parce que ceux qui n'aiment ni le comme (!::; hC1Y::-:.es, mais comme des Statues et des Idoles sculptées,
vrai ni le bien de l'Église tirés de la Parole, ne veulent pas regarder et autour de ces Idoles la Foule fléchissant les genoux; ils nous'
la partie antérieure du cheval, mais ils en regardent la partie pos­ étaient aussi apparus à nous sous diverses formes, quelques-uns
térieure, car le Cheval signifie l'entendement de la Parole, le Che­ comme des hommes, d'autres comme des féopards, d'autres comme
val roux l'entendement de la Parole détruit quant au bien, et le Che.· des boucs, et ceux-ci avec des cornes recourbées en bas avecles­
val noir l'entendement de la Parole détruit quant au vrai: s'ils ont quelles ils creusaient la telTe; nous donnâmes à ces enfants l'inter­
crié au combat contre ceux qui étaient mo.nlés sur des Chevaux: prétation de ces; métamorphoses, en lem' disant qui elles représen­
blancs, c'est parce que le Cheval blanc signifie l'entendement de la taient ct ce qu'elles signifiaient. Mais revenons à notre sujet: Lors­
Parole quant au vrai et au bien; s'ils t'ont apparu tirer avec le cou que ceux qui avaient été assemblés eurent appris que nous étions en.
leurs chevaux en arrière, c'est parce qu'ils craignaient le combat. trés dans ces Maisons, ils dirent entre eux: Que font-ils chez ce~
de peur que le vrai de la Parole ne parvînt à plusieurs, et ne se ma­ enfants? Envoyons quelques-uns de notl'e Assemblée pour les chas­
nifestât ainsi dans la lumière: c'est là l'interprétation. sel'; et ils en envoyèrent, et lorsqu'ils furent venus, ils nous dirent;
Ensuite les Anges me dirent: Nous sommes de la Société du Ciel, Pourquoi êtes-vous entrés dans ces Maisons? D'où êtes-vous? Nous,
qui est nommée Michel, et nous avons reçu du Seigneur l'ordre de d'après notre autorité nous vous ordonnons de vous retirer. Mais
descendre dans le lieu appelé Armageddon, d'où s'est échappée la. nous répondîmes: Vous ne pouvez pas donner cet ordre d'après une
Cavalerie que tu as vue: chez nous, dans le Ciel, Armageddon signi. autorité; vous êtes, il est vrai, à vos propres yeux comme des
fie l'état èt \'inlention de combattre d'après des vrais falsifiés, état Enakim, et ceux qui sont ici vous paraissent comme des nains, mais
et intention qui ont leur source dans l'amour de dominer ct d'excel- néanmoins vous. n'avez ici aucun pouvoir ni aucun droit, si ce n'est
174 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE 175
Il par des astuces, qui cependant n'auront aucune force; allez donc
rapporter aux vôtres que nous avons été envoyé;; dn Ciel ici, pour
si vous, qui avez été assemblés dans ce lieu, vous avez quelque Re­
ligion ou non, car l'idée de Dieu en [re dans tou t ce qui est de la
examiner par notre visite, si chez vous il ya de la Religion, ou non; religion ; et par cette idée se fait la conjonction, et par la conjonc­
1
1111 s'il n'yen a point, vous serez chassés de ce lieu; en conséquence tion la salvation ; nous, dans le Ciel, nous lisons tous les jours cette
proposez-leur ce point, qui renferme l'Essentiel même de l'Église Oraison, comme les hommes sur la Terre, et alors nous pensons,
l,
et de la Religion: Comment entendent-ils ces paroles dans.I'Oraison non à Dieu le Père, parce qu'il est invisible, mais à Lui dans son
Dominicale: « NOTllE PÈRE QUI ES DA~S LES CIEUX! SOIT SANCTIFIÉ Divin Humain, parce que dans le Divin Humain il est visible, et Lui
TON NO~I! VIENNE TO~ ROYAUME! » - Dès qu'ils eurent entendu ces dans le Divin Humain est appelé par vous le Christ, mais par nous,
mots, ils dirent d'abord: Qu'est-ce que cela? Et ensuite: Qu'ils le Seigneur, et ainsi pour nous le Seigneur est le Père dans les
proposeraien~ ce point ;' et ils s'en allèrent, et ils firent leuI' rapport Cieux; le Seigneur a aussi enseigné que Lui et le Père sont un; que
aux leurs, qui répondirent: Que signifie cela, el quelle est cette le Père est en Lui et Lui dans le Père; que celui qui Le voit, voit le
proposition? Mais nous comprenons l'al'cane, ils veulent savoir si Pèl'e; que perso,one ne vient au Pèl'e que par Lui; et aussi que la
ces paroles confirme!1t la voie de notre foi vers Dieu le Père; ils volonté du Père est qu'on croie au Fils, et que celui quine croit
dirent donc: Ces paroles sont claires, il faut selon elles priel' Dieu point au Fils ne voit point la Vie, bien plus que la colère oe Dieu
le Père, et comme le Christ est notre Médiateur, il faut prier Dieu reste sur lui; d'après ces passages il est éyident qu'on s'adresse au
le Père d'être propice il cause du Fils; et aussitôt dans leur indi­ Père par Lui et en Lui; et comme il en est ainsi, il a encore ensei­
gnation ils résolurent de venir nous trouver et de nous donner de gné que tout pouvoir Lui a été donné dans le Ciel et sur la Terre:
vive voix cette explication, disant même qu'ils nous tireraient les il est dit dans cette Oraison: «( SOIT SANCTII'I~~ TON NO~l! VIENNE TON
oreilles; effectivement ils sortirent du lieu où ils étaient, et ils en­ ROYAUME! Il et nous avons démontré d'après la Parole que le Divin
trèrent dans un bocage situé près de ces Maisons où se trouvaient Humain du Seigneur est le Nom du Père, et qlle le Royaume du
les enfants avec leurs maîtres, et au milieu duquel il y avait un Ter­ Père vient quand on s'adresse immédiatement au Seigneur, et nulle­
rain élevé comme un Théâtre pour des exercices; et ils se tenaient ment quand on s'adresse immédiatement à Dieu le Père; aussi est­
par les m::ins, et ils entrèrent dans ce théâtre, où nous étions, et où ce encore pour cela que le Seigneur a ordonné à ses Disciples de
nous les attendions; il Y avait là des tertres de gazon formant prêcher le Royaume de Dieu, et c'est là le Royaume de Dieu. A ces
comme de petites collines, sur lesquels ils se plaçaient, car ils se di­ mots nOii Antagonistes répondirent: Vous citez beaucoup de pas­
rent les uns aux autres: Nous ne noustiendrons pas debout devant sage:;; de la Parole, peut-être les y ayons-nous lus, mais nous ne
eux" mais nous pous assiérons. Et alors l'un d'eux, qui pouvait nous en souvenons pas, ouvrez donc devant nous la Parole, etlisez­
prendre l'apparence d'un Ange de lumière, et auquel les autres les, principalement ceux qui montrent que le Royaume du Père
avaient enjoint de nous adresser la parole, nous dit: Vous nous vient quand arrive le Royaume du Seigneur; et alors ils djrent aux:
àvez proposé que nOlis ouvrions nos mentais sur les premières pa­ Enfants: Apportez la Parole; et ils l'apportèrent, et nous y lumes'
roles de l'Oraison Dominicale, et de vous expliquer comment nous ce qui SUIt: « Jean prêchant l'Évangile du Royaume, dit: Ac­
les ent,endons; je vous dis donc que nous les entendons ainsi: compli est le temps, et s'est approché le ROYAU~IE DE DIEU. " ­
Il faut prier Dieu le Père, et comme le Christ esl notre Mé­ Marc, 1, 14,15. !\Iatth. III, 2. - « Jésus Lui-Même prêcha l'É­
diateur et que nous sommes sauvés, par sem Mérite, il faut prier vangile du Royaume, et que s'appt'ochait le ROYAUME DE DIEU. '"
Dieu le Père d'après la foi dans le mérite du Christ. Mais - lUatth. IV, 17, 23, IX, 30. Jésus m'donna à ses disciples
l( ae
alors nous leur dîmes: Nous sommes de la Société du Ciel, qui est prêcher et d'évangélise?' le ROYAUME DE DIEU. Il - Marc, XVI, 15.
appelée Miqhel, et nous avons été envoyés pour visi~er et examiner Luc, vur, t. IX, 60; - pareillement aux soixante-dix qu'il

....
RELIGION
, CHRÉTIENNE.
. 177
176 LA VRAIE
45; - dès lors quel autre est le Père, sinon celui que Philippe vit
envoya - Luc, X, 9, H, - outre ce qui est dit ailleurs, comme de :ses propres yeux? A cela nons ajoutâmes: 11 est dit dans tout le
dans Matth. XI, n.XVI, 27,28. Marc, VIII, 31>. IX, t ... 27. X, 29, Monde Chrétien, que ceux qUI sont de l'Église font le Corp's du
30. XI, iD. Luc, l, 19. II, 10, ft. IV, 43. VII, 22. XXI, 30,31. Christ et sont dans son Corps, comment alors l'homme de l'Église
XXII, 18. Le Royaume de Dieu, qui était évangélisé, c'était le peut-il s'adresser à pieu le Père, si ce n'est pal' Celui dans le èorps
Royaume du Seigneur, et ainsi le Royaume du Père; que cela soit duquel il est? Autrement il sortira entièrement du corps et s'en ira.
ainsi, on le voit clairement par ces passages: " Le Père a donne 'Enfin nous les informâmes qu'aujourd'hui le Seigneur instaure la
toutes choses dans la main du Fils . .. - Jean, III, 35. - " Le NOUVELLE ÉGLISE, qui est entendue dans l'Apocalypse par la Nou­
Pèl'e a donné au Fils pouvoir sur toute chail'. )) - Jean, XVII, VELI.E H:nusALE*I, 'dans laquelle il y aura le culte du Seigneur seul,
2. - « Toutes choses M'ont été livrées par mon Pè'e» -l\'latth. comme dans le Ciel, et qu'ainsi se~a accompli tout ce qui est
XI, 27. - MIl M'a été donné tout pouvoir dans le Ciel et sur eontenu dans l'Oraison Dominicale depuis le commencement
Terre. » - Mallh. XX'7IH, t8. - Et en outre par ceux-ci: "Jé­ jusqu'à la fin. Nous confirm~imes toutes ces choses d'après la Pa­
hovah Sébaoth (est) son Nom, et ton Rédempteur, le Saint d'Is­ role dans l~s Évangélistes et .dans les Prophètes, et d'après l'Apoca­
raël, Dieu de toute la Tel'l'e sera appelé. » ~ Esaïe, LIV, 5. ­ lypse dans laquelle, depuis le commencement jusqu'à la fin, il s'agit
" Je vis~ et voici comme un FILS DE L'HO~nlE, et il lui fut (le celle Église, et cela, en citantull si grand nombl'e de passages,
donné Domination et gloire· et royaume; et tous les peuples et qu'ils étaient fatigués de nous entendre.
les nations Le serviront, sa Domination (sera) une Dorninat~on Les Armageddoniens, qui nous avaient entendus avec indignation,
du siècle laquelle ne passera point, et sonRoyaume (un Royaume) avaient voulu de temps en temps nous interrompre; ils y pal'vinrent
qui ne pél'ù'a point. .. - Daniel, VII, 13, 14. - '< Quand le enfin, et ils s'écrièl'ent: Vous avez parlé contre la Doctrine de notre
septième Ange eut sonné de la trompette, il se fit des voix i~g1ise, qui enseigne qu'il faut s'adresser immédiatement à Dieu le
grandes dans les Cœux, disant: Sont devenu:: !~S BC!JU:IF:(!j du 'Père et croire en Lui; ainsi, vous vous êtes rendus coupables de.
monde (ceux) de notre Seigneur et de son Christ, et il1'égnera violation de notre foi, sortez donc d'ici, sinon, vous serez chassés:
dans les siècles des siècles. » - Apoc. XI, 10. XII, 10. - De ·et, enflammés de fureur, des menaces ils en vinrent à des effol'ts;
plus, nous les instruisimes d'après la Parole, que le Seigneur est mais alors d'après la puissance qui nous avait été donnée nous les
venu dans le Monde non-seulement pour racheter les Anges et les frappâmes de cécité, et par suite ne nous yoyant pas, ils sortirent
Hommes, mais aussi pOUl' les unir à Dieu le Père par Lui et en Lui, précipitamment, et dans leur égarement ils couraient çà et là, et
car il a enseigné qu'i! est en ceux qui croient en Lui, et qu'eux sont ,quelques-uns tombèrent dans l'abîme, dont il est parlé dans l'Apo­
en Lui, - Jean, VI, 56. XIV, 20. XV, 4, 1>. - Après qu'ils eu­ calypse, - IX, 2, - lequel maintenant est dans la Plage méridio­
rent entendu cela, ils nous demandèrent: Comment donc votre Sei­ nale vel's l'Orient, oÏl sont ceux qui confirment la justification par
gneur peut-il être appelé le Père? Nous leur dîmes: D'après les la foi seule; et là ceux qui confirment cette foi d'après la Parole
passages qui viennent d'être lus, et encore d'après ceux-ci: " Un sont envoyés dans un désert, où ils sont portés jusqu'à l'extrémité
Enfant nous est né, un Fils nous a été donné, son Nom sera ·du l\londe Chrétien, et confondus avec les païens.
appelé DIEU, HÉliOS, PÉRE D'ÉTERNITÉ. » - Esaie, IX, o. - « Toi,
notre Père, Ab1'aharn ne nous connaît pas, et Israël ne nous DE LA RÉDEIIIPTION.
recolmaît pas; TOI, JÉHOVAH (tu es) NOTRE PÈRE, 1'\OTRE RÉDE~IPTE.UR,
DÉS LE SIÈCLE (c'est) TON NOM. " - Esaïe,LXIII, Hi. - N'a-t-il t 14. Que dans le Seignéur il y ait deux Fonctions, la Fonction
pàs dit à Philippe qui voulait voir le Père: (( Philippe! ne m'as­ SACEllDOTALE, et la Fonction ROYALE, cela est connu dans l'Église.
tu pas connu? qui Me voit, voit le Père. ) - Jean, XIV, 9. XII,
1. • 42

... ­

ns LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE E9


mais il en est peu qui sachent en quoi consiste l'une et en quoi con­ reur, jointe à l'en'eur sur les trois Personnes Divines de toute
siste l'autre, il faut donc le dire: Le Seigneur, d'après la Fonction éternité, a telleme?ü perverti toute l'Église, qu'il ne reste rien
Sacerùotale, a été appelé JESUS, et d'après la Fonction Royale, de spirituel en elle. .
CHRIST; et aussi d'après la Fonction Sacerdotale, il est nommé dans Maintenant chacune de ces propositions va être développée en
la Parole Jéhovah et Seignelir, et d'après la fonction Royale, Dieu et ,particulier.
Saint d'Israël, et aussi Roi: ces dtlux fonctions sout distinctes en­ H5. I. LA RÉDEMPTION MÊME A ÉTÉ LA SUB.JCGATION DES ENFEHS
tre elles comme j'Amour et la Sagesse, ou, ce qui est la même ET L'ORDINATION DES CIEUX, ET PAR L'{jIŒ ET L'AUTHE LA PREPARATION
III,! chose, comme le Bien et le VraI entre eux; c'est pourquoi tout ce A UNE NOUVELLE ÉGLISE SPIRITUELLE.
que le Seigneur a fait et opéré d'après le Divin Amour ou le Divin Que ces trois opérations constituent la Rédemption, je peux le
Bien, il J'a fait et opéré d'après sa Fonction Sacerdotale; et tout ce dire en (oute certitude, puisque le Seigneur opère encore aujour­
qu'il a fait et opéré d'après la Divine Sagesse ou le Divin Vrai, il l'a d'hui la Hédemption, qui a commellcé dans]' Année 1757, en nlême
fait et opéré d'après sa Fonction Royale; dans la Parole aussi Prêtre temps que le. JUGE~lENT DERNIER qui a été alors fait; depuis eelle
et Sacerdoce signifient Divin Bien, tandis que Roi et Royauté signi­ é~oque celle Rédemption a continué jusqu'à présent; et cela, parce
fient Divin Vrai; les Prêtres et les Rois dans l'Église Israélite re­ qu'aujourd'hui, c'estle SECO:'\D AVÈNEMENT DU SEIGNEUR, et qu'il doit
présentaient ce Bien et ce Vrai. Quant il ce qui concerne la Rédemp' être institué une Nom"elle Église, qui ne peut être instituée, il moins
tion, elle appartient à ces deux Fonctions; la suite montrera ce qui d'être précédée de la subjugation des Ellfers et de l'ordination des
appartient il l'une et ce qui apparrient à l'autre. Mais pour que cha­ Cieux; et comllle il m'a été donné de voir tOllles ces choses, je peux
que chose soit perçue distinctement, l'exposition en sera divisée par décrire comment les Enfers ont été subjugués, et comment un Nou­
Sections ou Articles, dans l'ordre suivant: veau Ciel a été fondé et ordonné, mais ce serait le sujeL d'un ou­
I. La Rédemption même a été la subjuqation des Enfel's et vrage entier; toutefois, dans un Opuscule imprimé à Londres, en
tll fOl'dination des Cieux, et pa,' l'une ct l'aul1'e la préparation cl 1758, j'ai dévoilé comment le ,Jugement Dernier a été accompli. Si
une nouvelle Église spirituelle. la subjugation des Enfers, l'ordination des Cieux, et J'instauration
1
II. Sans cette Rédemption aucun homme n'aurait pu êtr~ d'ulle Nomelle Eglise ont constitué la Rédemption, c'est parce que
sauvé, et les Anqes n'auraient pu subsister dans t'état d'ùüé­ sans ces trois opérations aucun homme n'eut pli être sauvé; elles se
grité. suivent même en orMe, car il faut d'abord que les Enfers soient
III. Ainsi le Seigneur a racheté non-seulement les hommes; subjugués, avant qu'un Nouveau Ciel Angélique puisse être formé,
mais aussi les Anges. et il faut que ce Ciel soit formé avant qu'une Nouvelle Eglise puisse
IV. La Rédemption a été une Œuvre purement Divine. être institUée dans les terrc's; car les hom.mes dans le Monde ont
V. Cette Rédemption elle-même n'a pu être faite que pw' été tellement conjoints aux Anges du Ciel et aux Esprits de l'Enfer,
Die,it incarné. , . qu'ils font un de part et d'autre dans les intérieurs des mentaIs:
VI. La Passion de la croix a été la demière Tentation qu,e le ma,is il sera traité ~pécialement de ce sujet dans le dernier Chapitre
Seignew' a subie comme Très· Grand Prophète; el elle a été le de cet Ouvrage, où il sera parlé de la CONSOllMATION DU SIÈCLE, de
moyen de la Glorijication de son Humain, c'est-à-dire, de l'u­ l'AVÈNEMENT DU SEIGNEUR, et de la NOUVELLE ÉGLISE.
nion avec le Divin de son Père, mais elle n'a pas été la Rédemp­ 116. Que le Seigneur, quand il était dans le àIonde, ait combattu
tion. contre les Enfers, et les ait vaincus et subjugués et qu'ainsi il les ait
VII. La croyance que la Passion de la âoix a été la Rédemp­ soumis à son obéissance, on le voi t par un grand nombre de pas­
tion même, est l'erreur fondamentale de l'Église; et cette er- sages dans la Parole, je vais en présenter quelques-uns; il est dit
1

1
o/j
II
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IBO LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. lB!


dans Esaïe: « Qui (est) celui-ci qui vient d'Edon,'les habits 1 un jour de vengeance, pour tirer. vengeance de ses ennemis,
teints, de Bozra, celui-ci honorable dans son vêtement, mar­ pour que l'épée dévore et soit rassasiée. " - XLVI, 5, i ~; ­
chant dans la multitude de sa force? (C'est) J.Yoi, qui parle ceS' deux passages traitent du combat du Seigneur contre les Enfers,
dans la justice, grand pour sauver. Pourq~oi rouge en ton vê­ et de·la victoire remportée sur eux. Dans David: « Ceins ton épée
1
tement, et ton habit comme (celui) d'un fouleur au pressoir? sur' (ta) cuisse, ô Puissant; tes traits (sont) acérés, les peuples
Au pressoir j'ai foulé seul, et d'entre le peuple nul homme sous Toi tomberont, (ceux qui sont) de cœw' ennemis du Roi.
avec Moi; c'est pourquoi je les ai foulés dans ma colèl'e et je Ton Trône (est) pour le siècle et pow' l'éternité .. tu' as aimé la
es ai écrâsés dans mon emportement, de là a été répandue Justice, c'est Palu'quoi Dieu ra oint.. .. - PSt XLV, 4 à8; ­
leur victoÏ1'e sur mes vêtements, cm' le jour de la vengeance el en outre dans beaucoup d'autres passages. Parce que le Seigneur
(esl) dans mon cœur, et l'année de mes Rachetés est venue, a vaincu Seul les Enfers sans le secours d'aucun Ange, c'est pour
mon bras M'a procuré le salut .. j'ai fait descendre en ten'e cela qu'il est appelé: HEROS et HO)UIE DE GUERRES, - Esaïe, XLII,
lew' victoil'e, Il a dit: Voici, mon peuple, eux, des fils; c'est l3. IX, 5; - ROI DE GLOIRE, JÉHOVAH LE ~'ORT, LE HÉROS DE GUERRE,
pourquoi il est devenu pow' eux un Sauveur; à cause de son _ Ps. XXIV, 8, 10; - LE FORT DE JAcoll, Ps. CXXXII, 2; - et,
amoll1' et à cause de sa clémence Lui les a rachetés. " - LXIII, dans plusieurs passages, Jéhovah Sébaoth, c'est-à-dire, Jéhovah
1. à 9. - Ceci a été dit du combat du Seigneur contre les Enfers; des Armées: l'Avènement du Seigneur est aussi nommé le JOUR DE
par le vêlement dans lequel il était honorable et qui élait rouge, JI:HOVAH. jour terrible, cruel, d'indignation, d'emportement, de
il est entendu la Parole à laquelle le peuple Juif avait fait violence; colère, de vengeance, de destruction, de guelTe, de clairon, de
le combat même contl'e les Enfers, et la victoire sur eux, sont dé­ hruit éclatant, de tumulte, etc. Dans les ltvangélistes ont lit ces
Cl'ils par ces mots: .. Il les a foulés dans sa colère et les a écrasés paroles: cc C'est maintenant le Jùgement de ce monde, le p,'ince
dans son emportement; " par les expressions: .. D'entre le peuple de ce Monde va être jeté dehors. )) - Jean, XII, 31. - " Le
nul homme avec Moi; mon bras M'a procuré le salut; j'ai fait des­ Prince de ce Monde est jugé.») - Jean, XVI, fi. - c( Ayez
cendre en tene leur victoire, " 'il est décrit qu'il a combattu seul confiance, j'ai vaincu le Monde. » - Je:lO, XVI, 33. - « J'al
et d'après la propre puissance; par celles-ci: .. C'est pourquoi il vu Satan comme un éclair tombant du ciel. )) - Luc, X, '18 ;
est devenu pOUl' eux un Sauveur; à cause de son anlOur et à cause _ par le Monde, le Prince du monde, Satan et le Diable, il est en­
de sa clémence, Lui les a rachetés, » il est décrit que c'est par là tendu l'Enfer. Outre ces passages, il est décrit dans l'Apocalypse, de­
qu'il les a sauvés et rachetés; par celles-ci: .. Le jour de la ven­ puis le commencement jusqu'à la fin, quelle "est l'Église chrétienne au­
geance est dans mon cœur, et l'année de mes Rachetés est venut, .. jourd'hui, et aus~i, que le Seigneur doit venir de nouveau, qu'il subju­
1 est entendu que ce fut là la call~e de son avènement. De nouveau «uera les Enfers et fera un Nouveau Ciel Angélique, et qu'ensuite
dans Esaïe: .. Il vit qu'il n'y avait personne, et il fut étonne il instaurera une Nouvelle Eglise dans les terres. TOlites ces choses
qu'il n'y eût ]Joint d'intercessew' .. c'est pourquoi son bl'as Lui y ont été prédites, mats elles n'ont été dévoilées qu'aujourd'hui; et
p l'ocw'a le Salut, et sa Justice le soutint; de là il revêtit la Jus­ 'Cela,. parce que l'Apocalypse, ain~i que tous les prophétiques de la
tice comme cuirasse, et le casque du Salut sur sa tête; et il re­ Parole, a été écrite par de pures Correspondances; si ces. prophéti­
vhit des habits de vengeance et se couvrit de zèle comme d'un ques n'avaient pas été dévoilés par le Seigneur, à peine quelqu'un
manteau. Alors vint à Sion le Rédempteur. )J- LIX, 16, 17, aurait-il pu en saisir convenablement un seul petit verset; mais
20•.- Dans Jérémie: « Ils ont été consternés; leurs (hommes) maintenant ils ont tous été dévoilés, en faveur de la Nouvelle Église,
forts ont été meurtris; ils ont p"is la fuite, et ne se sont point dans PApOCALYPSE RÉVÉLÉE, ouvrage imprimé à Amsterdam en 1i66,
retoumés. Ce jour-là (est) pow' le Seigneur Jéhovih Sébaotlt et seront vus par ceux qui croient à la Parole que le Seigneur a pro-

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1
182 LA VRAIE
1
l RELIGION CHRÉTIENNE t83
1

noncée dans Matthieu, Chap. XXIV tout entier, sur l'état de l'Église 1 séquent aussi de fruits, de sorle qu'ils sont nus comme au milieu de
d'aujourd'hui, et sur Son Mènement ; mais celle foi vacille seule­ l'hiver, et par la deslru,ction de ces insectes, et ainsi par le réta­
ment encore chez ceux dans le cœur desquels la foi de l'Église :blissement du jardin dans son état de fleuraison et de fructification.
d'aujourd'hui sur la Trinité des Personnes Divines de tOllte éternité, Il en serait de même de l'Eglise, si le Seigneur n'eût pas par la Ré­
et sur la Passion du Chri!'t comme étant là Rédemption même. a demption séparé les bons d'avec les mécha nts, et n'eût pas jeté ceux­
été. imprimée si profondément, qu'elle ne peut être déracinée; mais ci dans l'Enfer, et élevé .ceux-là dans le Ciel; que deviendrait UIr
ceux-ci, ainsi qu'il a été dit ci-dessus dans le Mémorable N° H3, Empire 011 un Royaume, où il n'y aurait ni justice ni jugement pour
sont comme des outres remplies d'un mélange de limaille de fer et enlevel' les méchants du milieu des bons, et protéger les bons con­
de poull re de soufre, dans lequel, si on y jette de l'eau, il se mauifeste tl~ les violences, afin que chacun vive en sécurité dans sa maison.
d'abord de la chaleur, et ensuite de la flamme, ce qui fait rompre les ou­ ~t soit, ainsi qu'il est dit dans la Parole, assis tranquille sous son
tres j de même eux, quand ils en tenden t quelque chose concernant l'eau figuier et sous son cep?
ViVll, qui est le vrai réel de la Parole, et que cela entre par les yeux fi 8. II. SANS CETTE RÉOE&IPTlON AUCUN HOmIE N'AURAIT PU
ou par les oreilles, ils s'emb.'asent et s'enflamment, et ils le rejet­ t:rRE/ SAUVÉ, ET LES ANGES N'AURAIENT PU SUBSISTER DANS L'ÉTAT
1
tent comme lIne chose qui leur romprait la tête. D IN'FÉGRITÉ.
11 ï. La subjugation des Enfers, l'ordination des Cieux, et ensuite Il sera d'abord dit ce que c'est que la Rédemption: Racheter si­
l'ir.stauration de l'Église, peuvent être illustrées par diverses com­ gnifie délivrer de la damnation, exempter de la mort éternelle, ar­
paraisons; elles pcu\'ent être illustrées par une comparaison avec racher de l'Enfer, et arracher de la main du diable les captifs et les
une Armée de brigands ou de rebelles qui s'emparent d'un Royaume ~nchaînés ; c'est ce qui a été fait par le Seigneur, en ce qu'il a sub­
ou 'd'une Ville, et y incendient les mai50ns, dépouillent les habitants, jugué les Enfers et fondé un nOllveau Ciel: que l'homme n'aurait
de leurs biens, se partagent entre eux le butin et ensuite se réjouis­ pas pu être sauvé autrement, c'est parce que le !\Ionde Spirituel et
sent et se glorifient, et la Rédemption elle-même pilUt être illustrée le Monde naturel, sont tellement liés, qu'ils ne peuvent être séparés,
par comparaison avec un Roi juste qui attaque ces brigands avec surtout en ce qui concerne lcs intérieurs qui sont appelé5 âmes et
son Armée, en passe une partie au fil de l'épée, jelle l'autre dans mentais, ceux des bons sont liés aux âmes et aux mentais des anges,
dcs prisons, leur enlève le butin, et le restitue aux habitants, puis ,et ceux ~es méchants aux âmes et aux mentais des esprits infernaux;
rétablit l'odre dans le l\oyaume et le met ft l'abri d'une pareille 10­ il ya une telle union, que si les anges et les esprits se retiraient de
vasion. Ce sujet peut aussi être illustré par une comparaison avec l'homme, l'homme tomberait mort comme une souche; et de même
une troupe de bêtes féroces qui sortent des fôt'ets et se jettent sur les, anges et les esprits ne pourraient subsister si les hommes leur
les troupeaux de menu et de gros bétail, et aus,si sur les hommes, ét~ient soustraits. D'après cela, on voit pourquoi la Rédemption a
ce qui fait que l'homme n'ose sortir des murailles de sa ville, ni ~ 1 -été faite dans le Monde spil'ituel, et pourquoi le Ciel et l'Enfer ont
cultiver la tcrre, d'où il résulte que les campagnes seront désertes, -dû être mis en ordre,Alvant que l'Eglise puisse être instaurée dans
et' que les citadins périront de famine; et la Rédemption peut être \ les terres: que cela soit ainsi, ont le voil clairement dans l'Apoca­
illustrée par la destruction et l'expulsion de ces bêtes féroces, et lypse, en ce que la Nouvelle Jérusalem, qui est la Nouvelle Église,
par la protection des champs contre une nouvelle invasion. Ce su­ est descendue du Ciel, après que le Nouveau Ciel eut été formé, ­
jet peut encore être illustré par des sauterelles qui dévorent toute XXI, 1,2.
la, verdure de la terre, et par les moyens employés pour qu'elles ne H9. Que les Anges n'auraient pas pu subsis,ter dans l'état d'inté­
fassent pas d'autres ravages: pareillement par les insectes qui, au ·.gr'ité, si la R~demption n'avait pas été faite par le Seigneur, c'est
commencement de l'été, privent les arbres de feuilles, et par coo­ parce que le Ciel Angélique tout entier avec l'Eglise dans les terres

1 1
1- • •~ _ _ _
1 ~ . \
184 LA VRAIE' w RELIGION CHRÉTIENNE . 185
est devant le Seignenr comme lin seul Homm,e; don'tle Ciel Angéli­
d'hommes venus de la terre, et que, lorqu'il ne reste plus aucun­
que' constitue l'Interne, et l'Église' l'Externe, ou plus spécialement,
bien du cœur ni aucun vrai de la Plirole, les Cieux sont inondés par
le~ maUl qui s'élèvent, et ils en sont suffoqués comme par les eaux
;!~ , dont le Ciel suprême constilue la Téte, le second et le dernier Ciel

du Styx; mais toutefois ceux qui les habitent sont cachés en quel­
la Poitrine et la Moyenne Région du corps, et l'Egl ise dans les ter:"
res les Lombes el les Pieds, et le Seigneur Lui-Même est l'Ame et, que endroit par le Seigneur, et réservés pour le jOllr du Jugement
la Vie de tOllt cet Homme; si donc le Seigneur n'eût pas fait la l\é­ dernier, et alors ils sont élevés dans un Ciel Nouveau; ce sont eux
demplion, eet Homme tllH été détruit; il est détruit quant aux PIeas qui sont entendus dans ces passages de l'Apocalypse: Je vis sous
(1

et aux Lombes lorsque l'Eglise dans les terres se relire, quant à l:ll 1 Autel les âmes de ceux qui avaient été tués pow' la Parole de
Région gastrique lorsque le Dernier Ciel se retire, quant à la Poi­ Dieu, et pour le Témoignage qu'ils avaient; et ils criaient
trine lorque le Second Ciel se relire, et alors la Téle, n'ayant poirit O:une voix grande, disant: .Jusques à' Cjuand, Seignew', qui
de correspondance avec le Corps, tombe en défaillance: Mais cela (es) Saint et Véritable, ne juges-tu point, et ne venges-tu point
va être illustré par des comparaisons: Quand la gangrène s'empllre notre, sang sw' ceux qui habitent sU?' la Terre? et il leur fut
des pieds, elle monte p,'ogressivement, etelle corrompt d'abord les. donné à chacun des robes blanches, et illew' (ut dit qu'ils se re­
lombes, ensuile les viscères de l'abdomen, et enfin les parties voi­ posassent encore un peu de temps, jusqu'à ce que fussent au
sines du Cœur, alors l'homme, ainsi qu'il est notoire, succombe et complet, et lew's compagnons de service et leurs (l'ères, qui de­
meurt. Cela peut aussi êlre illustré par une comparaison avec Jes vaient Ùre tués c01nme eux. J, - VI, 9, 10, H.
maladies des viscères qui' sont au-dessous du Diaphragme: Qua'nd 120. Sans la Rérlemption par le Seigneur, l'iniquité etla méchan­
ces viscères dépérh-sent, le Cœur commence à palpiter et le Poumon ceté se répandraient dans toute la Chrétienté dans'l'un et l'autre
à haleter forlement, et enfin tout mouvement cesse. Cela peut aussi­ Monde, le Naturel ,et le Spirituel; il Ya de cela plusieurs raisons,
étre illustré par une comparaison avec l'homme Interne et l'homme' parmi lesquelles se trollve celle-ci: Tout homme après la mort vient
Externe: L'homme Interne se porte bien, tant que l'homme Externe dans le Monde des esprits, et alors il est absolument semblable à ce
remplit ses fonctions avec obéissance; si au contraire l'homme Ex­ qu'il était auparavant, et en y enlrant nul ne peut être empêché de
tern'e n'obéit point mais résiste, et si de plus il attaque l'homme In­ converser avec ses parents, ses frères, ses alliés et ses amis, morts
terne, alors l'homme In lerne est ébranlé et enfin privé des plaisi rs avant lui; alors chaque mari cherche d'abord son épouse, et cha­
de l'homme Externe, jusqu'à ce qu'il devienne favorable à l'homme que épouse son mari, et on esl introduit par les uns et les autres
Externe et soit de son avis. Cela peut encore être illustré par com­ dans diverses réunions d'Esprits, qui au dehors apparaissent comme'
paraison avec un homme qui, se tenant sur une Monlagne, voit au­ des brebis, et sont au dedans comme des loups, et par eux sont per­
dessous de lui les tenes inondées et les eaux' monter successive­ vertis ceux même qui s'étaient adonnés à la piété; par sliite, et
ment; quand elles arrivent à la hauteur où il se tient, il esl aussi d'après des artifices abominables inconnus dans le Monde riaturel,
lui-mêmè inondé, s'il ne peut pouvoir à son s~ui par une barque ce Monde-là a été fempli d'esprits malins, comme Ull élang verdâtre
qui vienne à lui ~llr les éaux: pareillement, si quelqu'lin du haut est rempli d'œufs de grenouilles; que la fréquentalion des méchants
d'une Monlagne voit un brouillard épais s'élever de pIns en plus de' y produise cet effel, c'est ce qui peut être rendù évident par les
la terre et couvrir les campagnes, les villages et les villes; quand exemples suivants: Si quelqu'un 'reste avec dés voleurs ou avec d'Cs
ensuite ce brouillard parvient jusqu'à lui, il ne voit rien. il ne se pirates, il dp.vient enfin semblable à eux; si quelqu'un habite avec
,oit pas lion plus .Iui.:mèm~ .o'ù il est,. Semblable chose arrive au r­ des adultères et des p'rostituées, il finit par regarder l'adultère
Anges, lorsque l'Eglise dans lés tèrres périt, alors aussi les Cie'ux comme rien; si quelql)'un se mêle aveo ceux qui sont révoltés contrè
inférieurs s'en vont; et cela, parce qrie ies Cieux sont composés' les lois, il finit par considérer comme rien d'agir avec \'iolence con-

1.' '\ l
i86 LA VRAI~ RELIGION CHRÉTIENNE. i87
tre le prem ier venu; en effet, tous les maux sont contagieux, et peu­ que, au temps où le Seigneur vint dans le l\fonde, tout le Globe s'é­
vent être comparés à la peste qui se communique par la seule aspi­ tait entièrement éloigné de Dieu par les idolatries et par les magies,
ration et par la seule exhalaison; et aussi à un cancer ou à une ~an-' et que l'Eglise, qui avait été cllez le fils d'Israël et enfin chez les
mi Juifs, avait été complètement détruite par la falsification et par l'a­
grène, qui se glisse et met en putréfaction les parties voisines et
successivement celles qui sont plus éloignées, jusqu'à ce que tout dultération de la Parole, et parce que tous, tant les uns que les au­
le corps périsse; les plaisirs du mal, dans lesquels chacun naît,-en tres, se rendaient après la mort dans le monde des Esprits, où enfin
sont la calJ~e. D'après ce qui vient d'ètre dit, il est mainten.mt évi­ leur nombre fut tellement augmenté et multiplié, qu'ils ne pou­
dent que, sans la Rédemption par le Seigneur, aucun hoJiHne ne vaient en être chassés que par la descente de Dieu Lui-Même, et
peut être sauvé, et que les Anges ne peuvent subsister dons l'état ~Iors par la force de son Divin bras; la mauière dont l'expulsion fut
d'intégrité: l'unique ref.u~e pour ne pas périr, c'est de s'adresser aite a été décrile dans l'Opuscule imprimé à Londres, en t708,
. 3\1 Seigneur, car il dit: ( Demew'ez en Moi, et MOl en vous; sur le JUGE)IENT DERNIER; cela a été accompli par le Seigneur, lors­
comme te sm'ment ne peut p01'te1' du fruit pm' lui-même, s'il ne qu'il était dans le Monde; la même chose es( encore faite aujour­
demeure dans le cep, de même vous non plus, si en Moi vous ne' d'hui par le Seigneur, puisque c'est aujourd'hui, ainsi qu'il a déjà
demeùrez: Moi, je suis le Cep, vous, les sarments,. celui qui ~té dit, son Second Avènement qui a été prédit partout dans l'A po­
demeure en Moi, et Moi en lui, celui-là porte du fruit beaucoup, .calypse, et dans Matthieu, XXIV, 3, 30 ; dans Marc, XIII, 26; dans
pm'ce que sans Moi vous ne pou'vez faire rien: si quelqu'un ne Luc, XXI, 27 ; et dans les Actes des Apôtres, l,Ii, et ailleurs; la
demeure pas en Moi, il est jeté deho1's, et il devient sec, et dans différence consiste en ce que dans son Premier Avènement, ce grand
le jeu on le jelte, et il est brûlé. » - Jean, XV, 4, 5, 6. accroissement tles Enfers était provenu des idolâtres, des magiciens
t2L III. AINSI LE SEIGNEUR A nACHETÉ NON-SEULEMENT J.ES et des fabificateurs de la Parole, tandis qlle dans ce Second Avène­
HOmIES, MAIS AUSSI LES ANGES. ment il provient de soi-disant f.hrétiens, tant de ceux qui se f>ont
Cela est une conséquence de ce qui a été dit dans l'Article précé­ imbus du Naturalisme, que de ceux qui ont falsifié la Parole par les
dent, que salis la Rédemption par le Seigneur les Anges non plus confirmations de leur foi fabuleuse sur trois Personnes Divines de
n'auraient pas pu subsister; allx causes ci -dessus présen tées se toute éternité, et sur la Passion du Seigneur qu'ils prétendent avoir
joignent celles-ci: 1." Au temps du Premier Avènement du Seigneur ,été la Rédemption elle-même; ce sont, en effet, ceux-ci qui sont en­
1
les Enfers s'étaient accrus par le haut, au point qu'ils remplissaient tendus par le Dragon et ses deux Bêtes dans l'Apocalypse, Chap, Xl[
1
tont le Monde des Esprits, qui tient le milieu entre le Ciel et l'Enfer, et XIII. 2° Une seconde cause qui a fait que le Seigneur aussi a ra­
III
et qu'ainsi non-seulement ils portaient la confusion dans le Ciel qui -eheté les Anges, c'est que non-seulement chaque homme, mais
est appelé le dernier Ciel, mais qu'ils attaquaient aussi le Ciel mo­ même chaque Ange, est par le Seigneur détourné du mal et tenu
yen en l'infestant de mille manières; si le Seigneur ne l'eût sou­ dans le hien ; car nul, soit Ange: soit homme, n'est dans le bien
tenu, il allait il sa destruction. Une telle attaque des Enfers est en­ par soi-même, mais tout bien vient du Seigneur; lors donc que le
te,ndue par la Tour élevée dans la terre de Schinéar, sa tête devait marchepied des pieds des Anges, qui pour eux est dans le Monde
aller jusqu'au Ciel, mais les efforts de ceux qui la construisaient fu­ ,des esprits, eut été soustrait, il leur est arrivé comme à celui qui
rent arrêtés par la confusion des lèvres, et eux-mêmes furent dis­ 'S'assied sur un trône, lorsque les stylobates en sont enlevés. Que les
persés, et la ville fut nommé Babel, - Gen, XI, i à 9; - ce qui Anges ne soient pas purs devant Dieu, on le voit d'après les livres
est entendu dans ce passage par la Tour, et par la confusion oes lè­ prophétiques de la Parole, et aussi dans .lob; puis, en ce qu'il n'y
vres, a été expliqué dans les AncANEs CÉLESTES imprimés il Londres. a pas un seul Ange qui n'ait précédemment été hGmme. Par là se
Si les Enfers se sont accrus jusqu'à une telle hauteur, ce fut parce trouve confirmé ce qui a été dit dans les préliminaires de cet Ou­
188 LA VRAIE' RELIGION CHRÉTIENNE. 1189
vrage sur LA FOI DU NOUVEAU CIEL ET LA NOUVELLE EGLISE DANS LA la main avec son épée, ou le frappe ~ur les jambes et les reins,- ou
FOR~IE UNIVEIlShLE ET DANS LA FORME SINGULIÈRE, savoir, « que le Sei­ le, fai t jeter dans la rue par ses serv.iteursqui le poursuivent avec
«( est venu dans le Monde pour éloigne'r de l'homme l'Enfer, et qu'il des bâtons jusqu'à sa maison, et aYimt ainsi délivré sa fiancée ou son
l( l'a' éloignt\ par des combats contre lui, et par des victoires rem­ épouse, la r.amène dans son appartement: dans la Parole, par la
i' « portées sur lui; ainsi il l'a subjugué et l'a remis sous son obéis­ -Fiancée et par l'Épouse est entendue l'Eglise du Seigneur, et par
« sance. » Par Iii se trouve aussi confirmé, (c que Jéhovah Dieu est les adultères sont entendus ceux qui font violence à l'Eglise, c'est-à­
« descendu et a pris l'Humain, dans le but de remettre dans l'ordre dire, ceux qui adt.ltèrent la Parole du Seigneur; et parce que les
le toutes les choses qui étaient dans le Ciel, et toules celles qui étaient Juifs ont agi ainsi, ils ont été appelés par le Seigneur nation adul­
« dans l'Eglise, parce qu'alors la puissance du Diable, c'est-à-dire, tère.
«( de l'Enfer, l'emportait sur ]a puissance du Ciel, et que dans les 123. IV. LA RÉDEMPTION AÉTÉ UNE OEUVRE PUREMENT DIVINE.
<c terres la puissance du mal l'emportait sur la puissance du bien, et Celui ,qui sait quel est l'Enfer, et quelles ont été la hauteur et l'i­
l( qu'en conséquence une damnation générale était il la porte et immi­ nondation de l'Enfer sur tout le Monde des Esprits au temps de l'a­
(c nente. Jéhovah Dieu, par son Humain a enlevé cette damnation -vènement du Seigneur, et par quelle puissance le Seigneur a abaissé
«( qui allait ~rriver, el il a ainsi racheté les hommes et les Anges: et dispersé l'Enfer, et l'a ensuite remis dans l'ordre en même temps
« d'après cela il est él'ident que sans l'avènement du Seigneur nul <I ue le Ciel, ne peut s'empêcher d'être dans le plus grand étonne­
l( n'aurait pu être sauvé. Il en est de même aujourd'hui; si donc le ment, et de s'écrier que toutes ces choses ont été une OEuvre pure­
l( Seigneur ne vien t de nouveau dans le Monde, personne non plus men t Divine. 1° Quel est l'Enfer: l'Enfer consiste en des myriades
Il ne peut être sauvé. Il Voir ci-dessus, N°S 2, 3. de myriades d'Esprits, puisqu'il est composé de tous ceux qui, de­
122. Que le Seigneur ait délivré le Monde Spirituel et que par ce­ puis la création du Monde, se sont détournés de Dieu par les m:aux
Monde il doive délivré l'Eglise d'une damnation universelle, c'est de la vie et par les faux de la foi. 2° Quelles ont été la hauteur et
ce qui peut être illustré par une comparaison avec un Roi, dont les. l'inondation de l'En/ersur tout le Monde des Esp1,its au temps
princes ses fils ont été pris par l'ennemi, jetés dans des prisons et de l'avènement d7j, Seigneur: ceci a été brièvemellt exposé dans
chargés de fers, et qui par des victoires remportées sur cet ennemi les Articles précédents; quelles elles ont été au temps du premier
les délivre et les ramène dans sa Cour. Puis, par une comparaison Avènement, personne n'en a eu connaissance, parce que cela n'a
avec un Berger qui, comme Samson et David, arrache ses brebis point été révélé dans le sen~ de la lettre de la Parole; mais quelles
de la gueule d'un lion ou d'un ours, ou qui chasse ces bêtes féroces .elles ont été au temps du second Avènement, il m'a été donné de le
lorsqu'elles s'élancent des forêts dans les prairies, les poursuit jus­ voir de mes yeux, d'où l'on peut conclure à l'égard du premier Avè­
qu'aux derniàes limites. et enfin les pousse dans des étangs ou dans Dement; et cela a été décrit dans l'Opuscule DU JUGEMENT DERNIER,
des déserts, et ensuite revient il ses hrebis, les fait paHre en sécu­ imprimé à Londres en 1708 ; de même, 3° Par quelle Puissance
rité et les abreuve il des sources d'eau limpide. Cela peut être aussi le Seigneur a abaissé et dispersé cet en/er.· mais transcrire ici ce
illustré par une comparaison avec un homme qui, voyant dans un qui a été décrit d'après l'autopsie dans cet Opuscule, ce serait inu­
chemin un serpent roulé en spirale et disposé à blesser le talon du tile, car cet opuscule subsiste, et il y en a encore ,une quantité
voyageur, le saisit par la tête, et le porte jusqu'à sa maison, quoi­ d'Exemplaires mis en réserve à Londres chez le Typographe ; qui­
qu'il se rbulè autour de sa main, et là, lui coupe la têle, et jette lè' conque le lit, peut voir clairement que l'abaissement et la dispersion
reste au feu. Cela peut encore être illustré par une comparaison de cet Enfer ont été l'OEuvre de Dieu Tout-Puissant. 4,0 Gomment
avec UII fiancé ou un mari, qui,.voyant un adultère chercher à faire le Seigneur. a ensuite remis toutes choses, dans l'ordre, tant ,dans
violence à sa fiancée ou à son épouse, s'élance sur lui et le blesse à Je Giel que dans l'Enfer: 'ceci n'a pas encore été décrit par moi~
t9ü LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE i9t
parce que l'ordination des Cieux et des Enfers a duré depuis le jour 23,24; - car là, comme dans beaucoup d'autres passages, par la
du Jugement Dernier jusqu'au temps. présenl, et dure encore; mais Mer est signiijé l'Enfer. Le Seigneur, par une semblable puissance
après la publicalion de ce Livre, si on le désire, elle sera donnée au Divine. combat aujourn'hui contre l'Enfe!' chez tout homme qui est
public; 1J0ur ce qui me concerne, qnan t à ce sujet, chaque jour j'ai régénéré, car l'Enfer les attaque tous avec une fureur diabolique, et
vu et je vois la Tolite-Puissance Divine du Seigueu]' comme en face; si le Seigneur ne lui résiste et ne le dompte, il est impossible que
toutefois l'ordination appa1'lient proprement à la Rédemption, tan­ l'homme ne succombe pas: l'Enfer, en effet est comme un seul
dis que l'abaissement et la dispersion de l'Enfer appartiennent pro­ homme monstrueux, et comme un Lion féroce, auquel même il est
prement au Jugement Dernier; ceux qui considèrent distinctement comparé dans la Parole; si donc le Seigneur ne tenait ce Lion ou
,ces deux points, peuvent voir beaucoup de choses qui, dans les pro­ . ce Monstre enchaifJé par les njains et par les pieds, il serait de toute
phétiques de la Parole, onl été cachées sous des figures, el cependant impossibilité que l'homme, quand il est arraché à un mal, ne tom­
ont été décrites, pourvu que par l'explication des cOl'respondances bât pas de lui-même dans un autre mal, et ensuite dans plusieurs
elles soienl mises dans la lumière de l'entendement. L'une el l'autre maux.
OEuvre Divine ne peut être illustrée que par des comparaisons, 124. V. CETTE RÉDEMPTION ELLE-:Ml~~IE N'A PU ÊTRE FAITE QUE
il mais né;lnmoins très-peu ; par exemple: Par lIne compaI'ai­
son avec un combat contre les armées de toutes les ,nations du
PAR Dmü INCARNÉ.
Dans l'Article précédent il a été montré que la Rédemption a été
Monde, pourvues de lances, de boucliers, d'épées, de fusils une OEuvre purement Divine, que pal' conséquent elle n'a pu être
,i et de canons, et commandées par des chefs et des généraux faite que p:lr Dieu Tout-Puissant: qu'elle n'ait pu être faite que par

lI'I
adroits et astucieux, je dis adroits et ausl\Icieux, parce que Lui illcal'llé, c'est-à-dire, fait Homme, c,:'esl parce que Jéhovah Dieu,
dans l'Enfer la plupart excellent dans des artifices inconnus dans tel qu'il est dans son essence infinie, Ile peut approcher de l'Enfer,
notre Monde, et s'y exercent entre eux: sur la mJ':;2"C lbll·'li:c,', ni à 1'\:: ~;;"':~ :',":~~:; J. .;u[,'cr, car il est dans ce qu'il y a de plus
de surpreudre, d'assiéger et d'assaillir ceux qui sont du Ciel. Le pur et dans les premiers; c'est pourquoi si Jéhovah Dieu, qui est tet
combat du Seigneur contre l'Enfer peut aussi être comparé, quoi­ en soi, soufflait seulement sur ceux qui sont dans l'Enfer, à l'instant
que la comparaison soit faible, anc un combat contre les bêles fé­ Hies tuerait, car il a dit à Moïse qui voulait Le voit': Il Tu ne
roces de toute la terre, et avec la destruction et la subj ugation de pmtl'ras pas voir Mes laces, car ne peut Me voir l'homme et
ces bêles, au point qu'il n'yeu ait pas une qui ose sortir et attaquer vivre.» - Exod. XXXIH, 20; - puis donc que Moïse ne l'a pas
aucun des hommes qui sonl dans le Seigneur, d'où il résulte que si pu, à bien plus forte raison ne le peuvent ceux qui sont dans l'En­
l'un d'eux montre un visage menaçant, la bête füoce se retire aussi. fer, oit tous son t dans les derniers, et dans ce qu'il y a de plus gros­
tôt, comme si elle sentait au milieu de sa poitrine un yaulour dièr­ sier, et ainsi dans ce qu'il y a de plus éloigné, car ils sont naturels­
chant !lIa percer jusqu'au cœur; les Esprits infernaux sont même infimes; si donc Jéhovah Dieu n'eût pas pris l'Humain, et ne se fut
décrits dans la Parole par les bêtes féroces; ce sont aussi eux qui pas ainsi revêLU du corps, qui est dans lès derniers, c'est en vain
SOJ t entendus par les bêtes avec lesquelles le Seigneur a été pen­ qu'il aurait entrepris quelque Rédemption; en effet, qui peut atta­
dant quarante jours, - Marc, l, 13. - Ce combat du Seigneur quer un ennemi sans en approcher et sans être muni d'armes pour
peut encore être comparé fi une résistance contre tout l'Océan fai­ le combat? ou, qui peut chasser et détruirè des dragons, des hydres
sant irruplion avec ses flots dans les plaines et les villes, après avoir et des basilics dons un désert, sans avoir une cuirasse SUI' le corps,
rompu ses.digues ; la suhjugation de l'enfer par le Seigneur est aussi un casque sur la tête et une lance à la main? ou, qui peut prendre
entendue par la Mer qui se calma, quand il eut dit: ce Tais-toi, de­ des haleines daus la mer sans un navire, et sans tout ce qui ·est né­
vient muette, » -Marc, IV, 38,39. Matthieu, VIH, 26.. Luc, VIII, cessaire pour une telle capture? Ces exemples et autres semblables
i92 LA VRAIE RELIGION CHRÊTIENNE i93
ne donnent pas une comparaison exacte, mais ils peuvent mettre L'âme de quelqu'un ne peut non plus ni parler ni agir avec une autre,
en lumière que Dieu Tout-Puissant n'aurait pu entreprendre le com­ sinon par son corps. Le Soleil avec sa lumière et sa chaleur ne peut
bal contre les Enfers, s'il n'eût pas auparavant r'evêtu l'Humain. entrer dans un homme, ou dans une bête, ou dans un arbre, à moins
Toutefois, il faut qu'on sache que le combat du Seigneur contre les 'qu'auparavant il n'entre dans l'air et n'agisse par l'air; ni pareille­
Enfers n'a poin t été un combat oral, comme en tre ceux qui raison­ ment dans les poiswns à moinsqu'il n'y pénètre à travers les eaux;
nent et discutent, un tel combat n'y aurait produit absol\lment au­ car il doit agir par l'élément dans lequel est le sujet. Pel'sonne non
cun effet, mais ce fut un combat spirituel, c'est-à-dire, le combat plus ne peut écailler un poisson sans couteau, ni plumer lin corbeau
du Divin Vrai d'après le Divin Bien, qui était le Vital même du Sei­ sans se servir de ses doigts, ni descendre au fond d'un lac saTls une
gneur; il l'influx de ce Divin par l'intermédiaire de la vue, personne cloche de plongeur: en un mot, chaque chose doit être accommodée
dans les Enfers ne peut résister; il y a en lui une telle puissance, avec une autre, avant qu'il y ait communication, et avant qu'elle
qu'à sa seule perception, les génies infernaux s'enfuient, se préci­ agisse con tl'e elle ou avec elle.
pitent dans l'abîme, et s'enfoncent dans des C3\'ernes pour se ca­ 126. VI. LA PASSION DE LACROIX A ÉTÉ LA DERNIÈRE TENTATION
cher: c'est cela même qui est décrit dans Esaïe: Ils ,entreront QUE LE SEIGNEUR A SUBIE COMME TRÈS-GRAND PROPHÈTE, ET ELLE A
dans des caVe1'nes de 1'ochers, et dans des fj,sst!res de poussière, ÉTÉ LE MOYEN DE J.A GJ.ORIFICATION DE SON HU~[AIN, C'EST-A-DIRE,
à cause de la frayeur de Jéhovah, quand il se l,'mera pour épou­ DE L'UNION AVEC LE DIVIN DE SON PÈRE, MAIS ELLE N'A PAS IÜÉ LA
vanter la terre, » -11,19. - Et dans l'Apocalypse: Ils se (1
RÉDEMPTION.
cacheront tous dans les cavernes et dans les rochers. des mon­ Il ya deux choses pour lesquelles le Seigneur est venu dans le
tagnes, et ils diront aux montaqnes et aux rochers. Tombez sur Monde, et par lesquelles il a sauvé les hommes et les Anges, savoir:
nous, et cachez-nous de la face de Celui qui est assis sur le la Rédemption et la Glorification de son Humain; ces deux choses
Trône, et de la colère de l'Aqneau. ,. - vI, t5, 16, 17. - D'a­ sont distinctes entre elles, mais néanmoins elles font un pour la sal­
près ce qui a été décrit dans I:Opuscule SUI' le Jugement Dernier, vation. Dans les Ai'ticles précédents, il a été montré ce que c'est
on peut voir qu.elle a été la puissance que le Seigneur tenait du Di­ que LA RÉDE~lPTION, c'est à savoir, qu'elle a été le Comb<lt contre
vin Bien, qU<lnd il fil ce Jugement en 1i5i; par exemple, qu'il les Enfers, leur subjugation, et ensuite l'ordination des Cieux: qua nt
arrachait de leur place des collines et des montagnes dont les infer­ à LA GLORIFICATION, c'est l'Union de l'Humain du Seigneur avec le
naux. s'étaient emparés dans le l\Ionde des esprits, et les transpor­ Divin de son Pèl'e; celle-ci a été successivement faite, et l'a été
tait au loin; qu'il en faisait affaisser quelques-unes; qu'il inondait pleinement par la Passion de la croix; en effet, tout homme doit,
d'un déluge leurs villes, leurs villages et leurs plaines; qu'il renver­ de son côté, s'approcher de Dieu, et autant l'homme s'approche,
sait de fond en co~ble leurs terres, et les jetait avec les habitants autant de son côté Dieu entre en lui; il en est de cela comme d'un
dans des gouffres, des étangs et des marais, etc.: et le Seigneur Temple; il doit d'abord être bati, ce qui a lieu par les mains des
Seul faisait tout cela par la pujssance du Divin Vrai d'après le Di­ llOmmes, ensuite il doit être inauguré, et enfin il faut prier que
vin Bien. Dieu y soit présent et qu'il s'y unisse avec l'Église. QlIe l'Union elle­
Ua., Que Jéhova~ Dieu n'ait pu mettre en acte ni effectuer de même ait été pleinement faite par la Passion de la croix) c'est parce
,MUes choses qu~par sonHumain, c'est ce qui peut être illustré par que cette Passion a été la dernière Tentation que le Seigneur a su­
. diverses.çomparai~ons; par exemple: Celui qui est invisible ne peut bie dans le ~Ionde, et que la conjonction se fait par les tentations;
en venir aux i~ains, ni entrer en conversation, sinon par quelque
j èn effet, dans les tentations l'homme est en apparence abandonné à
-eh(lse, de .yisib.le ; pas -' même un ange ou un ,esprit avec l'homme, lui seul, quoiqu'il n'ait point été abandonné, car alors Dieu est très­
lors /Dême qu'il se tiendrait prè~ de son corps et ,devant sa face. 'présent dans les intimes de l'homme, et il le soutient; lors donc
J. f3
i94 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 195
que quelqu'un est vainqueur dans la tentation, il est intimement rifié en Lui, Dieu aussi le Glorifiera en Soi, et à l'instant il
conjoint à Dieu; et le Seigneur est alors intimement uni à Dieu Le Glorifiera. » - Jean, XIll 3i, 32; - ici la Glorification se
son Père. Que le Seigneur dans la Passion de la croix ait été .dit et de Dieu le Père et du Fils, car il est dit: Dieu a été Glorifié
abandonné à lui-même, on le voit par son exclamation sur la -en Lui, et il Le Glorifiera en Soi; que ce soit là être uni, cela est
croix: « Dieu 1pourquoi m'as-tu abandonné? Il et aussi par ces ~vident. " Père, l'heure est venue, Glorifie ton Fils, afin qu'aussi
paroles du Seigneur: " Personne ne ;}le ravit l' dme, mais Moi ton Fils Te Glorifie. )) - Jean, XVII, f, 5; - il est dit ainsi,
je la dépose de Moi-Même,. pouvoir Moi j'ai de la déposer» parce que l'union a été reciproque; comme lorsqu'il est dit: Le Père
et pouvoù' j'ai de la l'eprendre, ce commandement j'ai reçu de ~t dans Lui et Lui dans le Père. « Maintenant mon dme a été
Mon Père. » - " Jean, X, f8. - D'après ces explications, on l'eut troublée,. et il dit: Père, glorifie ton Nom,. et il 50?,tit une voix
voir que le Seignelir a souffert, non quant au Divin, mais quant à . du Ciel: Et je (1') ai Glorifié, et de nouveau je (le) Glorifierai.)~
l'HuITJain, et qu'alors l'union est devenue intime et ainsi plénière. - Jean, Xll, 27, 23; - cela a été dit, parce que l'union s'est opé­
1
Cela peut être illustré par cela que, lorsque l'homme souffre quant rée successivement. " Ne fallait-il pas que le Chl'ist souffrit cela,
au corps, son âme ne souffre pas, mais elle est seulement dans la et qu'il entrât dans sa gloire? .. - Luc, XXlV, 26; - la gloire
Ill, douleur; toutefois Dieu après la victoire enlève cette douleur, et il dans la Parole, quand il s'agit du Seigneur, signifie le Divin Vrai
l'essuie comme si quelqu'un essuyait les larmes des yeux. uni au Divin Bien. D'après ces passages, il est bien évident que
Uï. Ces deux choses, la Rédemption et la Passion de la croix. l'Humain du Seigneur est Divin.
doi\'ent étl'e perçues distinctement, autrement le mental humain f29. Si le Seignur a voulu être tenté jusqu'à la Passion de la
tombe, comme lorsqu'un navire se jette sur un banc de sable ou .croix, ce fut parce qu'il était Lui-Même Prophète, et que les Pro­
contre des rochers, et périt a\'ec le capitaine, le l'ilote et les mate­ phètes autrefois signifiaient la doctrine de l'Église d'après la Pa­
lots, c'est-à-dire que le mental tombe dans l'erreur sur tout ce qui l'ole, et par suite repl'ésentaient l'Église, telle qu'elle était, par
concerne la salvation par le Seigneur; car l'homme, sans une idée" diverses choses, et aussi par des actes iniques, durs et même atroces
distincte de ces deux actions, est cOlllme dans un songe et voit des qui leul' étaient enjoints par Dieu. Mais comme le Seigneur était la
choses vaines, et dcnt il tire des conjectures qu'il prend pour des Parole elle-mè"me, il a par la passion de la croix. représenté, comme
réalités, lorsque cependant ce sont des futilités; ou, il est comme Prophète, l'Église Juive, et la manière dont celle Église avait pro­
quelqu'un qui marche pendant la nuit, et qui, saisissant le feuillage " fané la Parole même: à cette raison se joint celle-ci, qu'il devait
d'un arbre, croit que ce sont les cheveux d'un homme, s'en appro­ ainsi être reconnu dans les Cièux pour le Sauveur de l'un et l'autre
che de pIns près, et y entrelace ses pro pres cheveux. Mais quoique Monde, car toutes les circonstances de sa Passion signifiaient des
la Rédemption et la Passion de la croix soient deux actions distinc­ choses qui concernent la profanation de la Parole; et les anges les
III! tes, toujours est-il qu'elles font un pour la salvation, puisque le comprennent spirituellement, tandis que les hommes de l':f:glise les
1 Seigneur par l'Union avec son Père, qui a été achevée par la Pas­ comprennent naturellement. Que le Seigneur ait été Lui-l\lême Pro­
sion de la croix, est devenu Rédempteur pour l'éternité. phète, on le voit par ces passages: ct Le Seigneur dit: Un PRO­
,fil f 28. Quant à la Glorification, par laquelle est entendue l'union. PIlÈTE n'est sans honneur que dans sa patrie et dans sa maison. )'
du Divin Humain du Seigneur avec le Divin du Père, union - Matth. XlII, 57, Marc, VI, 4. Luc, IV, 24. - «Jésus dit: lt
qui a été pleinement accomplie par la Passion de la croix, le Sei­ n'est point convenable qu'un PROPHÈTE mew'e hors de Jérusa­
gneur Lui-l\Iême en parle ainsi dans les Évangélistes: «Après lem. Il - Luc, XIII, 33. - "La crainte les saisit tous; ils
que Judas fut sorti, Jésus dit : Maintenant le Fils de l'homme louaient Dieu, disant qu'un GRAND PROPHÈTE avait été suscite
a été Glorifié, et Dieu a été Glor;fié en Lui,. si Dieu a été Gto- parmi eux. .. - Luc, VII, t6. - ) lts disaient de Jésus: C'es(
196 LA VRAIE
le PROPHÈTE de Nazareth. )) - ~Iatth. XXI, 11. 1ean, vn, 40,41. RELIGION CHRÉTIENNE. t97

li~,
- ~ Un PROPHÈTE sera suscité du milieu de tes frères, li ses cheras sur' ce (côté) TU PORTERAS LEUR INIQUITÉ; car je te donnerai'
paroles vous obéù'ez.» - Deutér. XVllI, 10 à 19. les années de leur iniquité, selon le nombre des jours, (savoir}
i30. Que les Prophètes aient représenté l'état de leur Eglise 390 jours, AFIN QUE TU PORTES L'INIQUITÉ DE LA MAISON D'ISRAEL.;
~uant à la doctrine tirée de la Parole, et quant à la vie selon celte

Mais quand tu auras achevé ces (jours), tu t'étendras en second


doctrine, on le voit par ces passages: Il a été ordonné au Prophète lieu sur ton ctJté droz't, POUR PORTER L'INIQUITÉ DELA l\fAISON DE JUDAS.
Esaïe, cc de délie1' le sac de dessus ses reins, d'ôter son soulier de - Ezéch, IV; f à ià. - Que le Prophète, pour avoir ainsi porté
son pied, et d'aller nu et déchaussé pendant trois ans, en si­ les iniquités de la maison d'Israël et de la maison de 1uda,' ne les
gne et en prodige. » - Esaïe, XX, 2,3. - Il a été ordonné au ait pas ôtées, ni par conséquent expiées, mais qu'il n'ait fait que les
prophète Ezéchicl, pOLIr qu'il représentât l'état de l'Église, ~ de , représenter et les montrer, c'est ce qu'on voit par ce qui est dit
préparer son bagage pour déloger, et de s'eh aller dans un ensuite dans le même Chapitre: « De même, dit Jéhovah, les
1111:" aub'e lieu aux yeu:t des fils d'Israël; de mettre dehors son ba­ fils d'Israël mangeront leur pain souillé, parmi les nations vers
gaqe pendant le jour, de s01,tir le soir pm' un trou fait li la lesquelles je vais les chasser. Voici, je vais rompre le bâton du
1 muraille, de se couvru' le visaqe pour ne pas voir la terre, et; pain dans Jé1'Usalem, afin qu'ils manquent de pain et d'eau,
d'être ainsi en prodiqe â la maison d'Israël; puis de dÙ'e: et que l'homme et son f1'ère soient désolés et qu'ils tombent en
1
Voici, je suis votre prodige, comme j'ai fait, de même il vous langueur à cause de leur iniqnité. ,,-IV, i3, i6, i 7. --.:...n est
Il
111
sera fait. )) - Ezéch. XII, 3 à 7, 11. Il a été ordonné au Prophète ~onc entendu la même chose au sujet du Sei~neur, quand il est dit:
Il Hosée, pour qu'il représentât l'état de l'Église, cc de prendre une « Il a pris nos maladies et IL.\ PORTÉ nos douleurs; Jéhovah a

,1
prostituéepour époU'Je,. et il en p1'it une, et elle lui enfanta lait tomber $U1' Lui l'iniquité de nous tous,. par sa science il en
trois enfants, dont il nomma l'un Jisréel, l'aul1'e Sans-Misé­ justifiera plusiew's, parce que LEURS INIQUlTÉS LUI-Mt~1E IL AURA.
li \ ricorde, et le trOlsième Non-man-peuple. Et il lui fut de nou­
' PORTÉ. " - Esaïe, LUI, 4, 6, i i ; - là, dans tout le Chapitre, if
1
veau ordonné de s'en aller et d'aimer une femme aimée d'un s'agit de la Passion du Seigneur, Que le Seigneur, comme étant.
compagnon et adultère; et il l'acheta même p our quinze pièces Lui-Même Prophète, ait représenté l'état de l'Église Juive quant à
d'ar,gent . • - Hos, l, 2 à 9, Ill, 2, 3. -11 a aussi été ordonné à la Parole, c'est ce qui est évident par chaque particularité de sa.
un Prophète, « de mettre de la cendre sur ses yeux, et de se Passion; par exemple: Il a été trahi par Judas. Il a été saisi
:1111
laisser f1'apper et blesser, Il - 1 Rois, XX, 35 à 38. - Il a été et condamné pm' les P1'inces des prêt1'es etpar les Anciens. On
ordonné au Prophète Ezéchiel, pour qu'il représentât J'état de l'É­ lui a donné des soufflets. On lui a f1'appé la tête avec unro­
glise, (( de prendre une brique, de graver dessus Jérusalem, seau. On lui a mis une couronne d'épines. On a partagé ses
d'en faire le siéqe, de construire contre elle un 1'etranchement t)êtements, et on a jeté le S01't sur sa 1'obe, On ra crucifié. On
et un rempart, de placer une plaque de fer entre lui et la ville, lui a donné li boire du vinaigre. On lui a percé le côté. !la été
et de coucher sur le côté gauche et ensuite sur le côté droit. enseveli, et il est 1'essuscité le t1'Oisième jow'. Sa trahison pal" .
r
Puis, de prendre du (l'oment, de O1'ge, des lentilles, du millet 1udas signifiait qu'il était trahi par la nation .iuive,éJ)'ez laquelle
ei de l'épeautre et de s'en faire du pain,. et aussi de se faire était alors la Parole; car Judas représentait cette natia·n. Son arres­
un gâteau d'orge avec de la fiente d'homme,. mais li sa prière, tation et sa condamnation par les Princes des prêtres el par les
if lui a été permis de le faù'e aveq de la fiente de bœuf. llim Ancieus signifiaient que toute l'F;glise Juive agissait ainsi. Lui don­
tut dit: Toi, couc~e·toi sur ton côté gauche, et place sw'lw ner des soufflets, lui cracher au visage, le fouetter, et lui frapper la .
j.'INIQUITÉ DE LA MAISON D'IsRAEL; le nomb1'e des jours que tu cou- tête d'un roseau, signifiait qu'on en avait agi ainsi envers la Pa­
role, quant à ses Divins vrais. La couronne d'épines qu'on lui mit

1'\1
il 4.98 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. i99'
(
sur la tête si~nifiait qu'on avait falsifié et adultéré ces vrais. Le par- Orthodoxes, qu'est-ce qui est enseigné et inspiré avec le plus d'ar-
ta~e de ses vêtements et le sort jeté sur sa robe signifiaient qu'on deur dans les lieux d'instruction, et qu'est-ce qui est prêché et dé-
avait dispersé tous les vrais de la Parole, mais non son sens spiri- clamé le plus fréquemment dans les chaires, sinon que Dieu le Père,
tuel, qui était signifié par la robe du Seigneur. Sa crucifixion signi- irrité contre le ~enre humaIn, non-seulement l'a éloigné de lui,
fiait qu'on avait détruit et profané toute la Parole. Le vinaigre qu'on mais encore l'a compris dans une damnation universelle, par consé-
lui présenta à boire si~nifiail que tout était falsifie; aussi ne le but- quan t l'a excommunié; mais que par une grâce spéciale il aengagé ou
il point. La blessure qu'on lui fit au côté si~nifiait qu'on avaÎltota- incité son Fils à descendre, et à prendre sur lui la damnation qui
lement éteint tout vrai et tout bien de la Parole. Sa sépulture avnit été décidée, et ainsi à apaiser la colère de son Père, et que ce
signifiaitl'acLion de rejeter le reste de l'humain qu'iltenail d'une D'était que par ce moyen qu'il pourrait re~arder l'homme avec quel-
mère. Sa résurrection le troisième jour signifiait la Glorification, que faveur; que le l?ils a exécuté cette œU\Te, de sorte qu'en pre-
ou l'Union de son Humain avec le Divin du Père. D'après ces expli- nantsur lui la damnation ùu Genre humain, il s'est laissé flageller
cations, il est maintenant évident que par porter les iniquités il est par les Juifs, cracher au visage et ensuite crucifier comme malédic-
entendu, non les ôter, mais représenter la profanation des vérités tion de Dieu, - Deutér. XXI, 23; - que le Père, après l'accom-
de la Parole. plissement de cette œuvre, est devenu propice, et a par amour pour
131. Ce sujet peut aussi être illustré par des comparaisons, et son Fils retiré la damnation, mais seulement de dessus ceux pour
cela, en faveur des personlJessimples qui voient mieux par des com- lesquels intercéderait le Fils, qui s'est fait ainsi Médiateur à perpé-
paraisons que par des déductions formées analytiquemeut d'après la tuité devant son Père? Ces raisonnements et d'autres semblables
Parole et en même temps d'après la raison: Tout citoyen ou sujet retentissent aujourd'hui dans les Temples, et réperculés par les
est uni au Roi, par cela qu'il exécùte ses ordres et ses commande- murs, comme l'écho par les forêts, ils remplissent les oreilles de
:ments, et davantage si pour lui il supporte des dangers, et plus lous les assistants. Mais quel est l'homme qui, s'étant fait d·'après
encore si pour lui il subit la mort, ce qui a1'rive dans les combats et la Parole une Raison éclairée et saine, ne puisse voir que Dieu,
dans les batailles: pareillement un ami est uni à son ami, un fils à étant la lUisériéorde même et la Clémence même, parce qu'il est
son père, et un serviteur â son maître, par cela qu'ils exécutent ce l'Amour même et le Bien même, et que les deux appartieunent à
qui concerne leur volonté, et davantage s'ils les défendent contre son Essence, il y a contradiction à dire que la Miséricorde même ou
des ennemis, et plus encore s'ils comballent pour leur honnenr. l{\ Bien même puisse re~arder l'homme avec colère, et conclure sa
Celui qui désire évouser une jeune fille, ne s'unit-il pas à elle en damnation, et néanmoins rester l'Essence de Dieu? De tels raisonne-
comballant contre ceux qui la diffament, et en s'exposant à être ments frappent à peine l'11on;me probe, mais ils sont accueillis par
blessé par un rival? S'il Ya union au moyen de tels actes, c'est con- l'homme vicieux; ils ne frappent point l'Ange du Ciel, mais ils sont
formément à une loi gravée dans la nature. Le Seigneur dit: « Moi:?" accueillis par l'Esprit de LEnfer ; il est donc abominable de les appli-
je suis le bon Pasteur; le bon Pasteur dépose son âme pOUl' les quer·à Dieu. Toulefois, si on recherche la cause, on trouve que c'est
brebis; ci cause de ceci mon Pè1'e M'aime. " - Jean, X, il, i 7. parce qu'on a pris la Passion de la croix pour la Rédemption même;
132. VII. LA CROYANCE QUE LA PASSION DE LA CROIX A ÉTÉ u. de là sont découlées ces erreurs, comme d'un seul Faux découlent
RÉDEMPTION ELLE-MÊME, EST L'ERREUR FONDAMENTALE DE L'ÉGLISE; des faux en série continue, ou comme d'un Baril de vinaifjre ne
ET CETTE ERREUR, JOINTE A L'ERREUR SUR LES TROIS PERSONNES DI- sort que du vinaigre, ou d'un Mental insensé que des folies; car
VINES DE TOL'TE ÉTERNITÉ, A TELLE?tIENT PERVERTI TOUTE L'ÉGLISE, d'une seule Conclusion résultent des théorêmes de même souche,
~U'IL NE RESTE RIEN DE SPIRITUEL EN ELLE. ils sont intérieurement contenus dans la Conclusion et en sortent
Qu'est-ce qui remplit et farcit le plus aujourd'hui les livres des successivement; et de ce Conclusum que la Passion de la croix est

..
200 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 201
la Rédemption peuvent enèore sortir el être extraites plusieurs pro- appelé Triumpersonat; el alors quoi de plus facile pour le Dia-
1
positions scandaleuses et ignominieuses pour Dieu, jusqu'à ce qu'il ble. que d'appliquer la maxime: Divise et commande, c'est-à-
arrive ce que dit Esaïe: " P1'h1'e et Prophète s'égarent par la dire, de partager les esprits, et d'exciter des mouvements de ré-
1 cervoise. ils chancellent par le jugement,. toutes les tables sont bellion, tantôt contre un Dieu, tantôt contre un autre, comme il est
,1

pleines d'un vomissement d'évacuation . .. XXVIII, 7, 8. arrivé depuis l'époque d'Arius jusqu'à présent, et ainsi de renver-
133. Par cette idée sur Dieu et sur:la Rédemption, toute la Théo- ser du Trône le Seigneur Dieu Sauveur, à Qui tout pouvoir appar-
logie, de spirituelle est devenue bassement naturelle; et cela, parce tient dans le Ciel et sur la telTe - Hatth. XXVIII, 18, - et d'y
que des propriétés purement naturelles sont attribuées il Dieu; et placer un de ces Clients, et de lui décerner le culte, ou, parce qu'on
cependant le tout de l'Église dépend de l'idée de Dieu~ et de l'idée a décerné le culte à ce client, de l'enlever aussi au Seigneur Lui-
de la Rédllmption qui fait 'un avec la Salvation; car cette idée est . Même?
comme la Tête, d'où procèdent toutes les autres parties du corps; . . .. .. ..
lors donè qu'elle est spirilueOe, toutes les choses de l'Eglise devien- 1.34, A ce qui vient d'être dit, j'ajouterai ces MÉMORABLES. -
nent spirituelles, et lorsqu'elle est natnrelle toules les choses de l>REMIEn MÉMORABLE: Un jour j'entrai dans un Temple du Monde
l'Église deviennent naturelles ; c'est pourquoi, comme l'idée de des esprits, où plusieurs Esprits étaient, assemblés, et avant la Pré-
Dieu et de la Rédemption est devenue purement naturelle, c'est-à:' dication raisonnaient entre eux sur la RÈDE~IPTION. Le Temple était
dire, sensuelle et corporelle, c'est pour cela que sont purement quarré, et sans aucune feJ1être aux murailles, mais dans le haut au
naturelles toutes les choses que Chefs et Membres de l'Eglise ont milieu du toit il y avait une grande ouverture, par laquelle la lu-
enseignées et enseignent dans leurs dogmatiques: si de là il ne peut mière du Ciel entrait et donnait plus de clarté que s'il y avait eu des
être tiré que des faux, c'est parce que l'homme naturel agit conti- fenêtres sur les c.ôtés : et voici que tout à coup, comme ils étaient ft
nuellement contre l'homme spirituel, et que pal' suite il regarde les discourü' sur la Rédemption, une Nuée noire venant du septentrion
spirituels comme des chimères et des fantômes dans l'air; on peut couvrit J'ouverture, ce qui produisit Jes ténèbres au point que cha-
donc dire qu'en raison de celte idée sensuelle sur la Rédemption et cun ne voyait pas son voisin, et apercevait à peine sa propre main;
par suite SUI' Dieu, les chemins pour aller au Ciel, qui sont les che.... comme cette obscurité les tenait dans l'étonnement, voici, cette nuée
mins condu isant au Seigneur Dieu S:luveur, ont été investis par des noire se fendit par le milieu, et par la fente on vit des anges en-
voleurs et des larrons, - Jean, X, 1, 8,9; - et que dans les voyés du Ciel, et ceux-ci écartèrent la Nuée des deux côtés, de ma-
Temples les b:lllants des por,tes ont été renversés, et qu'ainsi les nière qu'il y eut de nouveau de la clarté dans le Temple; et les
drag'ons, les hiboux, les tziim et les jiim y sont entrés, et y font des Anges envoyèrent dans le Temple l'un d'entre eux, afin de deman-
concerts discordants. Que cette idée sur la Rédemption et sur Dieu: der de leur part à ceux qui étaient assemblés sur quel sujet ils
ait été introduite dans la foi d'auj6urd'hui, cela est noloire; celte discutaient, pour qu'une Nuée si obscure fût venue leur enlever la
foi consiste li s'adresser il Dieu le Père polir qu'ill'emette les péchés lumière et les couvrir de ténèbres; ils répondirent: Sur la Rédemp-
en considération de la croix et du sang de son fils, .et à Dieu le Fils tion, et nous disioRs que le Fils de Dieu l'a opéré par la Passion
pour qu'il prie et intercède, et à Dieu l'Esprit Saint pour qu'il jus- de la croix, et que par'celle passion il a fait expiation et a délivré
tifie et sanctifie; qu'est-ce autre chose sinon supplier trois Dieux le·Genre humain de la damnation et de la mort éternelle; mais à ces
chacun dans son ordre? et alors qu'est-ce que la pensée sur le mots l'Ange qui avait ,été envoyé leur dit: Qu'entendez-vous par la
Gouvernement Divin? Est-elle autre que sur On gouvernement Passion de la croix? Exposez pourquoi la Rédemption a été faite pal"
Aristocratique ou Hiérarchique, ou sur le Triumvirat te.l qu'il elle? Et alors un Prê,tre s'avança et dit.: Je vais exposer en série ce
fut une fois à Rome? I\lais au lieu de Triumvirat il peut être. que nous savons et croyons; le voici: Dieu le Père, irrité contre le

n _ ln
202 .LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 203
Genre humain, l'avait damné et exclu de sa clémence, il avait dé­ d'être (ens), tel qu'est votre foi, la Justice de la rédemption, qui en
claré tous Jes hommes voués à l'exécration, maudits, et les avait soi appartient il la Divine Toute-Puissance, et de l'imputer et l'ap­
destinés à l'Enfer; cependant il a voulu que son Fils prit sur lui pliquer à l'homme, et, sans allcun autre moyen, le déclarer juste,
Cette damnation, et le Fils y a consenti, et pour cëla il est descendu, a pur et saint? N'est-il pas impossible de remettre à qui que ce soit
1111
pris l'Humain, et il a souffert le supplice de la croix, et a transféré ses péchés, et d'innover, régénérer et sauver qui que ce soit
ainsi en lui la damnation du Genre humain, car on lit: Maudit est par l'imputation seule, et ainsi de changer l'injustice en justice, .et
il quiconque est suspendu au bois d'une croix: » ainsi le Fils a rendu la malédiction en bénédiction? Dieu pourrait ainsi changer l'Enfer
propice le Père en se faisant intercesseur et médiateur; et alors le en Ciel et le Ciel en Enfer, Ol! le Dragon eu ~lichel et Michel en
Père par amour pour le Fils, et touché des souffrances qu'il lui vit Dragon, et ainsi renouveler en sens inverse le combat entre eux; il
1 endurer sur le bois de la croix, a décidé qu'il pardonnerait, mais ne serait besoin que d'enlever à l'un l'imputation de votre foi, et
seulement, lui a-t-il dit, li ceux auxquels j'imputerai la Justice, je de la donner à l'autre; par conséquen l, nous qui sommes dans le
les ferai de fils de colère et de malédiction fils de grâce et de béné" .Ciel, nous devons trembler éternellement. De plus, est-il conforme
l"
diction, et je les justifierai et sauverai; quant à tous les autres, qu'ils • à la justice et au jugement que l'un prenne sur lui le crime de l'au.­
restent, comme il a été précédemment décidé, fils de colère. Voilà 1re; que le criminel devienne non coupable, et que le crime soit
MIre foi, et c'est là la justice que Dieu le Père introduit dans notre­ ainsi effacé? Cela n'est-il pas et contre la Justice Divine et contre
foi, qui seule justifie et sauve. L'ange, ayant entendu ces paroles, la justice humaine? Le Monde Chrétien ignore encore qu'il y a un
fut longtemps sans parler, car l'étonnement le rendait muet, enfin Ordre, et de plus il ignore ce que c'est que l'Ordre, que Dieu a in­
il rompit le silence et s'exprima en ces termes: Le Monde Chrétien lfoduit dans le Monde en même temps qu'il l'a créé, et que Dieu ne
peut-il être fou il ce point, et s'écarter de la saine raison pour de peut agir contre cet Ordre, puisqu'alors il agirait contre Soi, car
semhlables rê11eries, et tirer de ces Paradoxes le dogme fondamental Dieu est Lui-Mème l'Ordre. Le Prêtre comprit ce que l'Ange avait
du salut? Qui ne peut voir que ces Paradoxes sont diamétralement dit, parce que les Anges qui étaient au-dessus avaient répandu une
opposées il l'Essence de Dieu, c'est-il-dire, à son Amour et à sa lumière du Ciel; et alors il gémit et dit: Que faut-il faire? Tous
Sagessse, et en même tetllps à sa Toule-Puiss:lDce ét il sa Toute-Pré­ aujourd'hui prëchent, prient etcroient ainsi; tout le monde a dans
sence? Allenn maître probe n'agirait ainsi envers ses serviteurs et la bouche ces p3l'oles: Père bon! aie pitié de nous, et remets-nous
ses servan les; ni même une bête féroce envers ses petits; cela est nos péchés, à cause du sang de ton Fils, qu'il a répandu pOlir nous
abominable: N'est-il pas contre la Dil'ine Essence de rendre nulle la sur la croix; et l'on dit au Christ: Seigneur intercède pour nous;
Vocation qni a été faite il tous les 110mmes en général et à chacun et nous Prêtres, nous ajoutons: Envoie-nous l'Esprit Saint; et alors
en particulier? N'est-il pas contre la Divine Essnce de changer l'Or­ l'Ange dit: J'ai remarqué que de la Parole, non comprise intérieu­
dre établi de toute éternité, il savoir, que chacun soit jugé selon sa rement, Jes prêtres tirent des collyres qu'ils s'appliquent sur les
vie? N'est-il pas contre la Divine Essence de retirer l'amour et la yeux aveuglés par leur foi, ou dont ils se font un emplâtre qu'ils
mi!\éricorde il un seulllOmme, et à plus forte raisbn à tout le genre mettent sur les bl-essures produites par leurs dogmes, mais néan­
humain? N'est-il pas contre l'Essence de Dieu d'être, à la vue des moins ils ne les guérissent pas, parce qu'elles sont invétérées; va
souffrances endurées par le Fils, ramené à la miséricorde, et la mi­ donc vers celui qui se tient là, - et il me montra du doigt, - Il
séricorde étant l'Essence même de Dieu, d'être ramené dans son t'enseignera, d'après le Seigneur, que la Passion de la croix a été,
Essence et n'est-ce pas abominable je penser qu'il en soit jamais non la Rédemption, mais l'union de l'Humain du Seigneur avec le
sorti, cal' celle Essence est Lui-l\fême de toute éternité à toute éter­ Divin du Père: que la Rédemption a été la subjugation des Enfers
nité? N'est-il pas impossible aussi de transporter dans une sorte: et l'ordination des Ci~ux, et que sans ces deux actes que le SeisneuI'
RELIGION CHRÉTIENNE. 205
201 LA VRAIE Rédemption, et au troisième la Sanctification; et quand, de plus, il
a accomplis, quand il étai t dans le Monde, il n'y aurait eu de salut attribue à chacun d'eux des propriétés qu'il affirme incommunica­
pour personne sur Terre, ni pour personne dans les Cieux; et' en bles aux deux autres, propriétés ,qlii sont non-seulement la Création,
outre il t'enseignera l'ordre introduit par la création, ordre selon la Rédemption et la Sanctification, mais encore l'Imputation, la Mé­
lequel on doit vivre pour être sauvé, et que ceux qui vivent selon diation et l'Opél'ation? Dès lors est-ce qu'il n'yen a pas un qui nous
cet ordre sont comptés au nombre des Rachetés et sont nommés a créés, et lui aussi impute; un autre qui nous a rachetés, et lui
Elus. Après qu'il eut prononcé ces paroles, il se forma sur I~s côtés, aussi fait médiation; et un troisième qui opère l'imputation obtenue
dans le Temple, des fenêtres par lesqllelles une lumière brillante par la médiation, et lui aussi sanctifie? Qui ne sait que le Fils de Dieu
influa des quatre plages du Monde, et il apparut des Chérubins a été envoyé dans le !\fonde par Dieu le Père, pour racheter le Genre
qui ,"olaient dans la splendeur de la lumière; et l' .\nge fut enlevé humain, et ainsi devenir Expiateur, Médiateur, Propitiateur et Inter­
vers les siens au-dessus de l'ouverture; et nous nous relirâmes cesseur? et comme celui-ci est un avec le Fils de Dieu de toute éter­
joyeux. nité, ne sont-ce pas là deux Personnes distinctes par elles-mêmes?
135. SECOND MÉ~IORAULE. Un jour, m'étant le malin éveillé de .et puisque ces deux personnes sont dans le ciel, l'une assise à la
mon sommeil, le Soleil du Monde spirituel m'apparut dans son éclat, droite de l'autre, n-e doit-il pas y avoir une troisième Personne pour
et au-dessous je vis les Cieux, qui en étaient aussi éloignés, que la exécuter dans le Monde ce qui a été décrété dans le Ciel? Quand
Terre l'est de son Soleil; et alors il se fit entendre des Cieux des j'eus entendu ces paroles, je gardai le silence, mais je pensais en
paroles ineffables, qui, réunies ensemble, formaient par articulation moi-même: Oh ! quelle folie! ils ne savent rien de ce qui est en­
cette phrasesaisissable: Il n'y a qu'un seul Dieu, qui est Homme, tendu, dans la Parole, par Médiation: et alors d'apl'ès l'ordre du
dont l'habitacle est dans ce Soleil; cette phrase articulée tomba par Seigneur trois Anges descendirent du Ciel, et me furent associés,
les Cieux Moyens vers le Ciel Infime, et de la dans le Monde des afin que, d'après une perception intérieure, je parlasse avec ceux
Esprits, où j'étais; et je remarquai que l'idée d'un seul Dieu, que qui étaient dans l'idée de trois Dieux, et spécialement sur la Média­
les Anges avaient exprimée, était, selon les degrés de descente, tion, l'Intercession, la Propitiation et l'Expiation, qui sont attri­
changée en une idée de trois Dieux; pendant que je faisais celte buées par eux ~ la Seconde Personne, ou au Fils, mais seulement
remarque j'entrai en conversation avec ceux qui pensaient trois après qu'il eut été fait Homme, et il a été fait Homme plusieurs
Dieux, leur disant: Oh! quelle énormité! d'où vous vient-elle? Et siècles après la Création, alors que ces quatre moyens de salut n':I­
ils répondirent: Nous pensons trois d'après notre idée perceptible , vaient pas encore existé, et qu'ainsi Dieu le Père n'avait pas été
de Dieu Tri-un, mais cette idée ne tombe jamais dans notre bouche; rendu propice, le genre humain n'avait pas été expié, et personne
quand nous parlons, nous disons toujours à bouche pleine qne Dieu n'avait été envoyé du Ciel pour intercéder et opérer la médiation.
est un; peu imporle qu'il y ait dans nos mentais une autre idée, D'après l'inspiration qui me fut donnéje parlai alors avec ellX, en
pourvu qu'elle n'en découle pas, et ne scinde pas l'unité de Dieu disant: Approchez en aussi grand nombre qu'il est possible, et écou­
dans la bonche ; mais néanmoins elle en découle de temps en temps, tez ce qui est entendu dans la Parole par Médiation, In tercessioD,
puisqu'elle y est, et alorssi nous parlions, nous dirions trois Dieux, Expiation et Propitiation; ce sont là quatre Attributions de la grâce
mais nous nous en gardons bien, de peur de nous exposer à la ri­ du Dieu unique dans son Humain; Dieu le Père ne peut jamais être
sée de nos :\Ildileurs: et alors ils parlèrent ouvertement d'après approché, ni ne peut Lui-Même s'approcher d'aucun homme, parce
leur pensée, disant: Est-ce qu'il n'y a pas trois Dieux, puisqu'il y qu'il est Infini et dans son Être qui est Jéhovah, et que si par son
a trois Personnes Divines, dont chacune est Dieu; Et llouvons-nous ttre iL approchait de thomme il le dissoudrait, comme le feu dis­
penser autrement, quand le Chef de notre Eglise, dans le précieux .sout le bois,et le réduit en cendres; cela est évident d'après ces pa­
recueil de ses saints dogmes, assigne à l'un la Création, à l',ollItre la
206 LA VRAIE RELIGlUN CHRETIENNE 201
roles qu'il adressa à Moïse qui voulait Le voir: Il Personne ne peut un autre sens, locutions selon les apparences dans les expressions
Me voir et vivre, " - Exod. xxxm, 20; - et le Seigneur dit, d'Expiation, Propiliation, Intercession et Médiation, par lesquelles
que" Dieu, personne ne (le) vit jamais, sinon le Fils qui est dans sont entendues des attributions de l'accès auprès de Dieu, et de la
le sein du Père, ) - Jean, l, t8. Matt~. Xl, 27; - et que Il per­ grâce provenant de Dieu, par son Humain; comme ces attributions
sonne n'a entendu la voix du Père, ni vu son aspect," - Jean, n'ont point été comprises, on a divisé Dieu en Trois, et sur ces
V, 37 ; - on lil, il est vrai, que Moïse a vu Jéhovah face à face, et Trois on a fondé toute la doctrine de l'Eglise, et ainsi l'on a falsifié
a parlé avec Lui bouche à bouche; mais cela est arrivé par l'inter­ la Parole; de là l'ABOMlNAT ION DE LA DÉSOLATION, prédite par le Sei­
médiaire d'lin Ange, comme pour Abraham et Gédéon. Puis donc gneur dans Daniel, et en outre dans Matthieu, Chap. XXIV, - A
que lei est Dieu le Père en Lui-Même, il Lui a plu de prendre l'Hu­ ees DIois, la Cohorte des Esprits se retira d'autour de moi, et je re­
main, el dans cet Humain d'admettre les hommes, et ain~i de les marquai que ceux qui en actualité pensaient trois Dieux regardaient
écouter et de parler avec eux; et cel Humain est ce qu'on nomme vers l'Enfer, et que ceux qui pensaient un seul Dieu dans lequel est­
le Fils de Dieu, el c'est là ce qui opère médiation, intercession, la Divine Trinité, et que celle Trinité esL dans le Seigneur Dieu
p ropiliation et expialion. Je vais dire par conséquent ce que signi­ Sauveur, regardaient vers le Ciel; et à ceux-ci apparut le Soleil
fient ces quatre Attributs de l'Humain de Dieu le Père: La MÉDIA­ du Ciel, dans lequel est Jéhovah dans son Humain.
l'ION signifie q1le cet Humain est l'intermédiaire par lequel l'homme 136. TnolslÈME MÉMORABLE, Je vis de loin cinq Gymnases, clont
petit s'approcher de Dieu le Père, et Dieu le Père s'approcher de chacun était environné d'une lumière provenant du Ciel; le Premier
l'homme, et ainsi l'enseigner el le conduire pour qu'il soit sauvé; Gymnase était environné d'une lumière pourpre, telle qü'elle est
c'est pourquoi le Fils de Dieu, par qui est entendu l'Humain de Dieu dans les nuées avant le lever du Soleil le matin dans les lerres; le
le Père, est appelé Sauveur, et dans le Monde, Jésus, c'est-il-dire, Second était cuvironn'é d'une lumière jaune telle qu'est celle de
Salut. L'INTERCESSION signifie une perpétuelle l\Jédiation, car l'Amour l'aurore après le lever du soleil; le Tr~isième, d'une lumière blan­
même, auquel appartiennent .la Miséricorde, la clémence et la grâce, che telle qu;elle est dans le Monde à midi; le QuaLrième, d'une lu­
intercède perpétuellement, c'est-à-dire, est perpétuellement en mé­ mière moycnnc, Lelle qu'elle est quar.d elle commence à se mêler
dialion, pour ceux qui font ses ]Jréceptes, et qui sont ceux qu'il ~ l'ombre du soir; et le CinquièmeéLait dans l'ombre même du soir.
aime. L'ExPIATION signifie l'éloignement des péchés, dans lesquels Dans le Monde des Esprits les Gymnases sont des Édifices ou les
l'homme se précipiterait. s'il s'approchait de Jéhovah nu (non re­ Erudits s'assemblent et agiLent divers arcanes qui sel'vent il leur
vêtu de l'Humain) La PROPITIATION signifie l'opération de la clé- . science, à leur intelligence et à leur sagesse, A la vue de ces Gym­
, mence et de la grâce, afin que l'homme par les péchés ne se préci­ nases j'eus .Ie désir d'aller vers l'un d'eux, et j'allai en esprit vers
pite pas dans la damnation; elle sign ifie aussi la surveillance afin celui qui était environné d'une lumière moyenne, et j'entrai, et je
qu'il ne profane pas la sainteté, c'est ce que signifiait le Propitia­ vis une Assemblèe composée (J'Erudits qui agitaient entre eux cette
toire sur l'Arche dans le Tabernacle. Il est notoire que Dieu dans question: Qu'est-ce qu'enveloppe ce qui est dit du Seigneur, qu'ayant
la Parole a parlé selon les· apparences, par exemple, quand il dit été élevé au Ciel, il s'assit à la droite de Dieu? - Marc, XVI, t9..
qu'il se met en colère, qu'il se venge, qu'il tente, punit, jette en - La plupart des membres de l'Assemblée dirent que selon les pa..
enfer, damne, et même qu'il fait le mal, lorsque cependant il ne se roles il fallait absolument entendre que le Fils est ainsi assis auprès
met en colère contre personne, ne se venge de personne, ne tente, du Père: il leur fut demandé pourqu'oi cela est ainsi: quelques-uns
1)e punit, ne,jette'en enfer, ne damne personne, ces actions sont dirent que le Fils a été placé par le Père à sa droite à cause de la
aussi éloignées de Dieu, que l'Enfer l'est du Ciel, et infiniment plus; Rédemption qu'il. a accomplie; d'autres, ,qu'il est ainsi assis par
ce sont donc déS locutions selon les apparences; il Ya aussi, dans amour; d'autres, que c'e$t afin qu'il soit le Conseiller du Père~ et

IL
208 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE 209
que comme tel les Anges Lui rendent honneur; et d'autres, que si tu en sais quelque chose, parle; et je répondis: Je parlerai;

o'est parce que le Père lui a accordé de régner à sa place, car on mais ordonne, je te prie, que le tumulte cesse; et je dis: Par s'as!

lit qu'il Lui a été don.né tout pouvoir dans le Ciel et sur Terre; tou­ seoir à la droite, il n'est pas entendu s'asseoir à la droite, mais il

tefois, le plus grand nombl'e dit qu'il est à la droite, afin que le est entendu la Toute-Puissance de Dieu par l'Humain qu'il a pris

Père exauce ceux pour qui il intercède; car dans l'Église aujour­ dans le Monde; par cet Humain il est dans les dèl'lliel's comme dans

d'hui tous s'adressent à Dieu le Père et le prient qu'il ait pitié par les premiel's, par lui il est en lré dans les Enfers, les a renvel'"és et

égard pour le Fils, et cela fait que le Père se tourne vers le Fils su'bjugués, et par llii il a mis en ordre les Cieux, aillsi par lui il cl.

pour recevoir sa médiation; mais quelques-uns dirent que c'est seu­ racheté et les hommes et les anges, et il les a rachetés pOlir l'étel'­

lement le Fils de Dieu de toute éternité qui s'est assis à la droite du nité: si VOliS consultez la Parole, el ql/e vous soyez tels, que vous

Père, afin de communiquer sa :Divinité au Fils de l'homme né dans puissiez être illustrés, vous apercevrez que par la Droite il y est en­

ie Monde. Qua nd j'eus entendu ces diverses opinions, je fus très­ tendu la Taute-Puissance ; par exemple, dans Esaïe: ~L\ MAIN A

étonné que des Erudits, quoiqu'ils eussent demeuré quelque temps Foxoé ta Terre, et MA DI\OITE de sa paume a (m'rné tes Cieux. ))'

,dans le Monde spirituel, fussent néanmoins dans une si grande igno­ - XLVIII, 13. - « Dieu a jW'é par SA DROITE, et pm' te Bl'as de

rance des choses célestes; mais je perçus que c'était parce que, se sa (oree. » - LXII, 8. - Dans David: « TA DROITE me soutient. ))

confiant sur la propl'e intelli~ence, ils ne s'étaient pas laissé ins­ - Ps. XVIII, 36,- « Regarde vers te Fils que tlt t'étais fortifié;

truire par les Sages. Toutefois, pour qu'ils ne restassent pas plus que soit TA MAIN pour L'HO)f,\IE DE TA DROITE, pOW' te Fils de l' homme'

longtemps dans l'ignorance sur le Fils assis à la droite du Père, je que tu t'es fortifié. .. - Ps. LXXX, 16, 18. - Par là on voit

levai la main, en les priant de prêter l'oreille,aux quelques paroles CDmment doit être entendu ce passa~e: Parole de Jéhovah à mon'

que je désirais leur adresser sur ce sujet; et comme ils y consenti­ Seigneur: Assieds-toi à )1.'1. DROITÉ, jusqu'a ce que j'aie mis tes

rent, je dis: Ne savez-vous pas d'après la Parole, que le Père et le ennemis pour marche-pied de tes pieds; Jéhovah de Sion en­
Fils sont un, et que le Père est dans le Fils et le Fils dans le Père'! verra te scept?'e de ta (orce'; domine au mitieu de tes ennemis, »

le Seigneur le dit clairement, - Jean, X, 30. XIV, 10, H; - si - Ps. CX, f, ~ ; - dans tout ce Psaume, il s'agit d Il. combat du

vous ne le croyez pas, vous divisez Dieu en deux, et cela fait, vous SeigneuI' contre le,; Enfers ct de la suhjugalion des Enfers; comme

ne pouvez penser sur Dieu que naturellement, sensuellement et qui la Droile de Dieu signifie la Toute-Puissance, voilà pourquoi le

plus est matériellenlent, ce qui se fait même dans le Monde depuis Seigneul' dit qu'il sera assis A DIIOITE DE LA PUISSANCE, - l\Ialth.

1e CONCILE DE NICÉE, qui introduisit les Trois Personnes Divines de


toute éternité, et par là changea l'Eglise en lin Théâtre; où il sus­ l'
XXVI, 63, 61-; - et A DROITE DE LA VERTU DE OLEU. - Luc,

xxn, 69. - A ces mols, l'Assemblée fit entendre des murmures;'


pendit des Toiles peintes, entre lesquelles des personnages repré­ mais je dis; Prenez gàrde qu'il ne vous apparaisse du Ciel une Main,'
sentaient de nouvelles scènes. Qui ne sait et ne reconnaît que Dieu qui, lorsqu'fllle apparaît, comme elle m'est apparue, imprime une
est Un? Si vous reconnaissez cela de cœur et d'espl'it, tout ce que incroyable telTeur de la puissance, ce qui a été pour moi llne con.
'l'OUS avez dit se dissipe de soi-même, et rebondit dans l'air comme firmation que la Droite de Dieu signifie la Toute-Puissance; à peine
.I1ls bagatelles que rejette l'oreille du sage. A ces pal'oles, plusieurs, avais-je prononcé ces paroles, que l'on vil une !\Iain étendue au-des­
transportés de colère, désiraient vivement me tirer les oreille's et sous du Ciel, et à cette vue une si grande terreur s'empara d'eux,
m'imposer silence? le Présiden t de l'assemb'lée, avec indignation qu'ils se précipitèrent en masse vers les portes, et quelques-uns
me dit: Le sujet de la discussion n'est ni l'unité, ni la pluralité de vers les fenêtres pour se jeter dehors, et d'autres manquant de res­
Dieu, puisque nous croyons rune et l'autre, mais c'est de savoir ce piration tombaient évanouis; mais moi je restai sans être effrayé,
1

qu'enveloppent ces paroles: Le Fils est assis à ladroite de son père; et, je m'en allai lentement après eux, et quand je fus à une certaine
L 14

~\ b. -

2iO LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 2H


distance, je me retournai, et je vis ce Gymnase enveloppé d',une « sanctification et la salvation ; cet homme, au lieu de notre Foi sou­
nuée obscure; et il me fut dit du Ciel, que cela était arrivé ainsi, « verainement salvifique, parce qu'elle est en trois Personnes Di­
parce qu'ils avaient parlé d'après la foi de trois Dieux, et que la (1 vines, ainsi en Dieu tout entier, a transféré sa foi dans la Seconde

précédente Lumière qui l'entourait reviendrait, quand des Esprits « Personne, non pas même dans cette Personne, mais dans l'Humain
plus sensés y seraient assémblés. « de cette Personne, que nous disons Divin, il est vrai, d'après l'in.
13i. QUATRIÈ)IE MËMORABLE. (( J'appris qu'il avait été convoqué e carnation du Fils de toute éternité, mais qui est-'ce qui pense sur
« un Consistoire composé de personnages renommés par leurs écrits « cet Humain autre chose que le simple Humain? et alors qu'en ré­
« et leur érudition sur la Foi d'aujourd'hui et sur la justification e sulte-t-il autre chose qu'une foi, de laquelle découle comme d'une J
« des élus par cette foi; c'était dans le Monde des Esprits, et il me « source le naturalisme? et comme une telle foi n'est point spi ri- 1

(1 fut donné d'y être présent en esprit; et je vis ceux qui avaient « tuelle, elle ditfèl'e peu de la foi en un Vicaire ou en ùn Saint;
«( été convoqués d'entre le Clergé se grouper selon qu'ils étaientdu « vous savez ce que Calvin, dans son tetpps, a dIt du Culte qui
« même sentimen t, ou d'un sentiment opposé; du côté droit se te­ « vient d'une telle foi: et, je vous prie, que l'un de vous dise d'où.
(( naient ceuxqui dans le l'Ionde ont été appelés Pères Apostoliques, ( vient la Foi? n'est-ce pas immédiatement de Dieu, en qui par con­
Il et ont ~écu dans les siècles antérieurs au ConcileaeN;c~e; du « s~quent sont toutes les choses du salut? A ces mots, les membres

« côté gauche étaient des hommes qui, après ces SièCles,se sont <l du côté gauche, qui avaient le menton chauve, une perruque fri­

« reudus célèbres par des ouvrages impl'imés ou transcrits par des « sée, et une collerette autour du cou, applaudirent des mains et
« copistes, plusieurs d'entre eux avaient le menton chauve et la têto et s'écrièrent: Tu as parlé très-sagement '; nous savons que nous ne

« couverte de perruques frisées faites avec des cheveux de femmes, « pouvons rien prendre qui ne soit donné du Ciel; que ce prophète
(1 et quelques-uns de ceux-ci étaient en collerettes à rouleaux, et « nous dise d'où vicnt la foi, et qu'est-ce que c'est que la foi, si ce
« d'autres en collerettes à ailes: mais ceux du côté droit avaient de « n'est celle-là; il est impossible qu'il y en ait une a.utre et qu'eÎle
« la barbe et_ d~s c~eveux na,turels; devant 'les uns et les autres so « vienne d'autre part; exposer une autre foi que ce'tle-ci, qui soit
« tenait un Personnage qui avait été Juge et Arbitre des écrivains « la foi, cela est aussi impossible que d'aller à cheval vers une des

«( de ce siècle; il avait il la main lin bâton dontll frappa le sol, et « constellations du Ciel, d'y saisir une étoile, de la serrer dans la
~ il fit faire silence; alors il monla jusqu'a.u plus haut degré de la « poche de son habit, et de l'emporter. - Il s'exprima ainsi pour /1
u Chaire et poussa un gémissement, et ensuite il \'oulut s'écrier à « que ses confrères se moquassent de toute foi nouvelle. - Alors
« haute voix, mais la respiration de son gémissement retint le cri « les Hommes du côté droit. qui a\'aient de la. barbe et des cheveux.
« dans son gosier; mais enfin, pouvant parler, il dit: Frères! oh! Il naturels, furent saisis d'indignation, et l'un d'eux se leva"y.n

« quel siècle! il s'est élevé de la foule des Laïques un hom~e,,_q,ui « Vieillard, mais qui néanmoins fut vu ensuite comme jeune homme,
« n'a ni le manteau, ni la mitre, ni le laurier, et qui a arraché du « car c'était un Ange du Ciel, où tout âge revient à la jeunesse; il
1< Ciel notre foi, et l'a jetée dans le Styx; oh ! scélératesse! et cep en­ « prit la parole et dit: J'ai entendu quelle est votre foi, que l'Homme
« dant elle seule est notre Étoile, qui luit comme Orion dans les « qui occupe la Chaire a tant exaltée; mais qu'est-ce que cette foi,
.( nuits, et comme Lucifer le matin; cet homme, quoique d'un grand «( sinon le sépulcre de no~re Seigneur après la résurrection, fermé
« âge, est entièrement aveugle dans les mystères de notre Foi, parce « de-nouveau par les soldats de Pilate? j'ai ouvert cette foi, et je

" qu'il ne l'a pas ouverte, et n'a point vu en elle la justice du Sei­ « n'ai vu que les baguettes des prestigiateurs, par lesquelles les
« gneur notre Sauveur, ni sa médiation, ni sa propitiation, et comme « Mages en Egypte firent des l\[iracles ; bien plus, votre fO,i, est exté­
«il n'a pas vu ces actes, il n'a pas vu non plus les merveilles de sa «( rieure~ dans vos yeux comme un écrin en or massif et ,rami

« justification, qui sont la rémission des péchés, la régénération, la (1 dè--pïëITes précieuses, et qui, lorsqu'on l'ouvre, est vide, à moio&
2i2 LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE 2i3
" que peut-être dans les coins il n'y ai ~ de la poussière des reliqu~&
(( des Pontificaux, car ceux-ci ont la même foi, à l'exception (}!J'~~­ .1 - et le Seigneur dit Lui-Mêmè, Il qu'il lui a été donné tout
jourd'hui ils l'ont couvert_~ge $~intetés ex~rnes; voIre foi aussi,
(l
( pouvoir dans le Ciel et sùr Terre. Malth. - XXVIII, i8;
» -
Il "- m:lis ce n'est là qu'un très-petit nombre des passages confir­
« pour me servir de comparaisons, a été enfouie en terre comII]e
li matifs. Après cela, l'Ange me regarda, et dit: Tu sais ce que les
« chez les anciens la Vestale qui laissait éteindre le feu sacré; et je

-~ «puis affirmer I}ue devant mes yeux elle est comme le "eau d'or, te soi-disant Evangéliques croient ou doivent croire sur le Seigneur
l" autour duquel dansèr-enL les fils d'IsràeJ, après que Moïse leSë~;t (1 Sauveur; récite-nous-en quelque chose, afin que nous sachions
(c s'ils sont dans celle folie, de croire qne l'Humain du Seigneur
cc quittés et fut monté sur la montagne du Sinaï vers Jéhovah: ne
tl est simplement Humain, et s'ils ~'y aLLachent point quelque chose
li soyez pas étonnés que j'aie parlé de votre Foi p~~~elles co';­

cc paraisens, car nous eu parlons ainsi. nous, dans le Ciel. Quant à


~c de Divin, ou comment ils l'y aLLachent ; et alors, devant toute l'as­
« semblée, je lus les articles suivants tirés de leur Livre d'OrtRo­
Il notl'e Foi, elle est, elle a été, et elle sera éternellemeut a~§ei­

Il gneur Dieu Sauveur, dont l'Humain est Divin et le Divin est Hu­
~( doxie, intitulée FORMULE DE CONCORDE, et imprimée à Leipsick
(1 en 1706 : Dans le Clu'ist la Nature Divine et la Natw'e Hu­
cc main, ainsi rendue convenable à la réception, et d'après elle le
JI (1 Divin spirituel est uni au naturel de l'homme, et devient la foi (1 maine ont été tellement unies, quOelles font une seule Personne~
1Il spirituelle dans le naturel, de là le na~urel devient comme dia­
IC - pag. 606, 762, - Le Christ est véritahtement Dieu et
Cc Homme en une Personne indivisihle, et y deme1.I1'e pour l'é­
(C p'h~ne d'après la lumière spirituelle dans laquelle est notre foi; .

les vérités dont elle se compose sont en aussi grand nombre qu'il
(1
« ternité, - pag. 609, 673, 76'2. - Dans le Christ Dieu eSt
Il y a de petits Versets dans le Code sacré; ces vérités sont toutes.
«fJomme, etfHommeestJ)teu, -pag. 607,765. - La Na­
n ture Humaine du Christ a été élevée à toute la Majesté Di­
Il comme des étoiles, qni par leurs lumières la manifestent et lui
i( vme ; cela est m~me tiré de plusieurs Pères, - pag. 84-4- à
(1 donnent une forme; l'homme la tire de la Parole au moyen de sa

(Clueur natnrelle. dans laquelle elle est science, pensée et persua­ ~c 852, 860 à 865, 869 à 878. - Le Clu,ist quant à la Nature.

cc sion; mais le Seigneur, chez ceux qui croient en I.ui, fait qu'elle,
Il Humaine est Tout-Présent et remplit t'outes choses, - pag.
« 768,783, 784, 785. - Le Chl'ist quant à la Nature Hu­
Il ~Et c~victi()n, assurance ~!so!1fiance, ainsi __ el~e devient le.!­

rituelle-~,~tur~tle, et par la charité elle devient vive; cette Foi


(C
(c maine a tout pouvoir dans le Ciel et sur la Terre, - pag, 775,
Il chez nous est comme une Reine ornée d'autant de pierres pré­
(1776, 780. - Le Christ quant à la Nature humaine est assis
,,_ Cl cieuses que la mUl'aille de la sainte Jérusalem, - Apoc. xxr, .. à la dl'oite du Père, - pag. 608, 764-.- Le Ch1'ist quant à
Il 17 il 20. - Mais ne croyez pas que les paroles que j'ai dites .. la Nature Humaine doit ~tre invoqué; ce qui a été confirmé
« soient seulement des paroles d'exaltation; el, pour que vous ne
il la pm' des passages de l'Ecriture, - pag. 226. - La Con­
Il les considériez pas comme des puérilités, je vais lire quelques pas­
.. fession d'Augsbourg approuve principalement ce Culte,"":"
(1 sages de la Sainte Parole, pal' lesquels vous verrez clairement que
.. pag. 19. - Après avoir lu ces passages devant l'assemblée, je me
« tournai vers l'Homme qui était dans la chaire, et je dis: Je sais
Il notre Foi est non pas en l'Homme, comme VOliS le croyez, mai's

1cc au vraI Dieu, dans qui est tout Divin; Jean dit:Jésus-Christ est . qne tous ceux qui son t ici out été consociés 11 des hommes sem­
Cl le-vrai Dieu et la Vie éternelle,» - 1 Epit. V, 2L -Paul: r « blables à eux dans le l\londe naturel; dis, je te prie, sais-tu, toi,

Cl Dans le Christ hahite toute la plénitude de la Divinité CD1pO­


(! rellement, " - Coloss. II, 9 ; - et dans les Actes des Apôtres:
( Il a pr~clté et aux Juifs et aux Grecs la pénitence envers
41 Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus-Chl'ist,.» - XX, 21 ;
l (C avec qui tu es? 11 répondit d'ùn tOIl grave: je le sais; j'ai été
.. con~c~à un H_0J.llme célèbre, Chef des Illustres phala'nges tirées
« de la ~lilice de l'Egl ise ; et comme il avait répondu d'un ton si

si
~ grave, je lui dis: Pardonne·moi, je t'Interroge: Sais-tu où b~­
lo-m­
.. bite ce Chef célèbre! Èt il'dit : je le sais; il habite non loin du
-214 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 215
« beau de Lulh_er. A ces mols, je lui dis en souriant: PourguoLdis­ 'f( au-dessus et l'autre au-dessous, vous êtes des insensés, car vous

f( 10 le 10mbeau1' Ne sais-tu pas que Luther est ressuscité, et « pourriez ainsi de Dieu Sauveur faire deux Dieux, comme de Dien
<<qu'aujourd'hui il a rejelé ses erreurs sur la justification par la foi « "ous en faites trois; mais si vous dites que c'est une union person:"
(
«en trois Personnes Divines de toute éternité, et qu'en conséquence « nelle, comllJe est celle de l'Ame et du Corps, vous dites bien;
\ «( il a été transporté parmi les heureux du Nouveau Ciel, eLq~'il « cela est conforme aussi à votre doctrine, puis aussi à celle des
Cl voit les insensés qui l'ont suivi et rit de leur folie? Il r~Jiqua ~}e
i « Pèr es; consulte la FOR~IULE DE CONCORDE, pag. 765 à 768. Et con­
l
1 Il le sais, maIs que Il'l'importe ? Et alors du méme ton qu'il m'avait (1 suite Je SnllloLE D'ATHANASE, où sont ces paroles: Il est de foi
(1 parlé, je lui répondis, en disanl: Inspire à [on Homn~~.çél~hre, l( saine, que nous croyions et confessions, que notre Seigneut'

(1 auqu~ lU as élé consocié, que je crains que, conlr~irement à l'Or­ (\ Jésus-Clllist est Dieu et Homme; lequel, quoiqu'il soît Dieu
«( thodoxie de son Eglise, il n'ait en cet instanl enlevé au Seigneur (( et Homme, est cependant, non deux, mais un seul Ch1'ist,
(c son Divin, ou qu'il n'ait laissé sa plume tracer un lIillon dans lequel «( absolument un, non par confusion de substance, mais par
f( il a inconsidérément semé le Nalu ralisme, quand il a écrit contre «( unité de Personne; cm' de mème que l'âme rationnelle et la
(1 le culle du Seigneur notre Sauveur. Il me répondit: Je ne le peux « chair sont un seul homme, de même Dieu et l'Homme sont un
(1 pas, parce que moi et lui, quant ~ celte chose, nous ne fa,isons pres-I { « seul Christ. Je ferai encore une question: Quelle a été 'la dam­
«( qu'un seul mental, mais ce que je dis il ne le comprend pas, tandi~ «( nable hérésie d'ARIus, pour laquelle le Concile de Nicée a été con­
f( que tout ce qu'il dit je le comprends c]aiJ'ement; - ëiJ effet, le « voqué par l'Empereur Constantin le Grand? Ne consistait-elle
f( Monde spirituel pénètre dans le Monde naturel, et y perçoit les (1 pas en ce qu'il niail la Divinité de l'Humain du Seigneur? Or,

(c pensées des hommes, mais non réciproquement; c'est là l'élat de (1 dite~, Qui entendez-vous par ces paroles dans Jérémie: «( Voici,

(1 consocialion des esprits el des hommes. - Puis donc que j'avais Cl les jow's viendront que je susciterai li David un Gm'me juste,
« commencé il parler au Personnage de la chaire, je dis: je l'inter­ (1 qui régnera Roi; et voici son Nom: JÉHOVAH i'\OTRE JUSTICE? »

« romprai encore, si tu le permels, par une interrogation: Sais-tu CI - XXIII, 5, 6. XXXHl, 15, t6 ; - si vous dites que c'est le FIls
« que l'orthodoxie des Evangéliques, dans le Livre manuel de leur ( de loute éternité, vous êles des insensés, celui-là n'a point été
« Eglise, appelé FOIUIULE DE CO~CORDE, enseigne que dans le Christ . «( Rédempteur; mais si YOUS dites que c'est le Fils né dans le temps,
(l1Jieu est Homme et l'Homme est Dieu, et que son Divin el son Hu­ « qui a élé l'Unique engendré Fils de Dieu, - Jean, l, 18. m, 16.
(1 main sont et demeurent pour l'éternilé dans une Personne indi­ « _ VOliS dites bien; Celui·ci par la Rédemption est devenu la jus­
(( visible? Comment 310rs Ion associé a-t-il pu, et comment toi « tic e, dont vous faites votre Foi. Lisez aussi Esaïe, - IX, 5, ­
(1 peUX-lu souiller de naturalisme le culte du Seigneur? A celle in­ «( et en oulre les autres passages dans Jesquels il est prédit que Jé­
(c terpellalion il répondit: Je sais cela, et cependant je ne le sais «( hova h Lui-~lême dev:lit venir dans le Monde, A toutes ces preuves
(1 pas. Jeconlinuai donc en disant: Je lui demande, quoiqu'il soit (1 le Personnage de la chaire se tut et se détourna.

(1 absent, ou je te demande à toi-même à sa place: D'où est venu~ « Après celte discussion, le Président voulut terminer le Consis­
(1 l'Ame du Seigneur notre Sauveur? Si vous répondez, qu'elle es~ Il toire par un discours; mais alors un Personnage (Vir) qui avait
« venue de sa l\lère, "ous êles des insensés; si vous dites: De Jo­ « sur la tête une mitre et un bonnet par-dessus, félança tout à
'(1 seph, vous profanez la Parole; mais si vous dites: De l'Esprit
(1 coup du côté gauche de l'Assemblée, toucha du doigt son bonnet,
«( Saint, vous dites bien, pourvu que par l'Esprit Saint vous enten­
(1 et prenant la parole, il dit: Moi aussi j'ai été consocié à un Homme

.«diezle Divin procédant etopérant, qu'ainsi il est le Fils de Jéhovah


« qui, dans ton Monde, a été éminemment constilué en honneur;
:Cl Dieu. De plus je demande: Qu'est-ce que l'Union hypostatique?
«( je le sais, parce que je pade d'après lui comme d'après moi-même;
,C< Si vous répondez, que c'est une union comme entre deux, l'une
« alors)e demandai: Où demeure cet Homme éminent; il répondit:
fH6 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 2'i7
(e A Gothembourg ; et d'après lui j'ai quelquefois pensé que ta nOtl­
(c velle Docti'ine sent le Mahométisme. Aussitôt que ce mot eut été
cc entendu, je vis tous ceux de la oroite, où se tenaient les Pères
« Apostoliques, frappés d'étonnement, et le visage chan~é ; et j'en­
(c tendis sortir de leurs mentais par leurs bouches ces exclamat'ions; CHAPITilE TROISIÈME
cc Oh! infâme invective! ô quel siècle 1 Mais afin d'apaiser leur
« juste emportement, j'étendis la main, et je demandai à être enrT
D·E J/ESPRIT SATNT ET DE LA DIVINE OPÉI\ATlON
(C tendu; la parole m'ayant été accordée, je dis: Je sais qu'un homme

" de cette éminence a inséré une telle infamie dans une Lettre,
(C qui a été ensuite imprimée; mais si alûrs il eût su quel blas­ 138. Tous ceux de l'Ordre Sacré, qui ont embrassé quelqu'idée
« phème est renfermé dans cette assertion, il aurait sans doute dé­ juste du Seigneur notre Sauveur, dès qu'ils entrent dans le Monde
« chiré celte leUre, et l'aurait jetée au feu: c'est tin tel outrage qui spirituel, ce qui arrive ordinairement le troisième jour après la
,(1 est entendu par les paroles du Seigneur aux Juifs, lorsqu'ils di­
mort, sont d'abord instruits sur la Divine Trinité; et spécialement
(C saient que le Christ faisait des miracles d'après un pouvoir autre
sur l'Esprit-Sainl, en cela qu'il n'est pas Dieu par soi, mais que
(C que le pouvoir Divin, - Matth. XII, 22 à 32; - outre ces pa­ dans la Parole par lui il est entendu la Divine Opération procédant
« l'oIes le Seigneur y dit encore: Cl Celui qui n'est pas at1ec Moz
de Dieu Un et Tout-Présent; s'ils sont spécialement instruits sur
cc est contre Moi, et celui qui n'assemble pas avec Moi disperse. Il
l'Esprit-Saint, c'est parce que la plupart des Enthousiastes après
« -- Vers. 30. - A ces mots, le consocié de cet l10mme ))aissa la la mort tombent dans la folle phantaisie qu'ils sont eux-mêmes l'Es­
cc tête, mais peu après Hia releva et dit: Je n'ai jamais entendu des
prit-Saint, et parce que plusieurs de l'Eglise qui ont cru, dans le
(C paroles plus dures que celles (lue tu viens de Jn'adresser. !\lais je
monde, que l'Esprit-Saint a parlé par eux, effraient les ~utres par
•« continuai: II y a ici en cause deux accusations, celle de Natura­ les paroles du Seigneur dans i\Iatthieu, en disant que c'est un péché
« Iisme et celle de Mahométisme; ce sont deux infâmes Mensonges
irrémissible de parler contre les choses que l'Esprit-Saint leur:i
(c inventés avec aSluce, et deux flétrissures mortelles pour effrayer
inspirées. - XII,3i, 32. - Ceux qui, après celte instruction, se
c( les volontés elle!l détourner du Saint Culte du Seigneur: et je me
retirent de la foi que l'Eprit-Saint est Dieu par soi, sont ensuite
cc tournai vers le dernier consocié, et je dis: Dis, si tu le peux, à
instruits, à l'égard de l'Unité de Dieu, qu'elle n'est point divisée en
cc celui qui est à Gothembourg, ùe lire ce qui a été dit par le Sei­
trois Personnes, dont chacune est en particulier Dieu et Seigneur,
cc gneurdans l'Apocalypse,.Chap. III, 18; et aussi ce qui a été dit
selon le sJmbole d'Athanase, mais que la Divine Trinité èst dans
(C Chap. II, 16. - A ces mots, il se fit un tumulte; mais il fut 'le Seigneur Sauveur, comme l'Ame, le COI'PS et la Vertu qui eil
CC apaisé par une Lumière envoyée du Ciel, d'après laquelle plu­ :procède sont chez chaque homme; ceux-ci ensuite sont préparés pour'
cc sieurs de ceux qui étaient à gauche passèrent vers ceux qui étaient
recevoir la foi du Nouveau Ciel; et, après qu'ils ont été préparés, il
cc il droite; à gauche restèrent ceux qui ne pensent que des choses
leur est ouvert un chemin vers une Société dans le Ciel, où il ya.
(c vaines, et qui par conséquent dépendent de l'éloquence d'un maέ
une foi semblable, et il leur est donné une demeure avec des con­
(C tre, quel qu'il soit, et aussi ceux qui à l'égard du Seigneur ne frères avec qui ils vivront éternellement dans la béatitude. Mainte­
« croient qu'à l'Humain; la Lumière envoyée du Ciel semblait étue nant, puisqu'il a été question de Dieu Créateur, et du Seigneur Ré­
(C répercutée par ceux-ci et par ceux·là, et influer dans ceux qui dempteur, il est nécessaire qu'il soit aussi traité de l'Esprit-Saint;
fI étaient passés du côté gauche au côté droit. Il
ce sujet va être divisé, comme les autres, par Articles, ainsi qu'il'
~mit :
cJ

2i8 LA VRAIE 1
RELIGION CHRÉTIENNE 2i9
I. L'Esprit-Saint est la Divine Vérité, et aussi la Divine Que le Seigneur soit le Divin Vrai Même, ou la Divine Vérité, cela
Vertu et la Divine Opération procédant de Dieu Un, en qui est a été monlré ci·dessus; que l'Esprit.Saint le soit aussi, on le voit
la Divine Trinité,. ainsi, procédant du Seigneur Dieu Sauveur. par ces passages: « Ji sortira un rameau du tronc de Jishaï, sur
Il. La Divine Vm'tu et la Divine Opération, qui sont enten­ lui reposera l'Esp1'it de Jéhovah, Esprit de sagesse et d'intelli­
dues par l'Esprit-Saint, sont en général la Ré/ormation et la gence, Esprit de conseil et de force; il frappm'a la terre de la
Régénération,. et, selon celles-ci, l'Innovation, la Vivification, verge de sa oouche, et par l'esprit de ses lèvres il tuera l'impie,. la
la Sanctification et la Justification,. et, selon ces derniè1'es, la iustice sera la ceinture de ses reins, et la Vb,ité la ceintw'e de ses
Purification des maux et la Rémission des péchés, et enfin la cuisses. " - Esaïe, XI, 1, 2, 4, 5. - « Il viendra comme le
Salvation. fleuve resser1'é, l'Esprit de Jéhovah mettra son signe en lui;
IJ[. Cette Divine Vertu et cette Divine Opération, qui sont alors viendra a Sion le Rédempteur. " - Es. L1X. 19, 20.­
entendues par l'envoi de l'Esprit-Saint, chez les Ecclésiastiques ct L'Esprit du Seigneur Jéhôvih (est) sur Moi, Jéhovah M'a oint,

spécialement, sont l'Illustration et l'Instruction. pour évangéliser les pauvres il M'a envoyé. ) - Esa. LXI, 1.
IV. Le Seiguew' opère ces Vertus dans ceux qui croient en Luc, IV, i8, - « Voici mon alliance: Mon Esprit qui (est) sur
Lui. Toi, et mes paroles ne se retireront point de ta bouche dès main­
V. Le Seigneur opère de Lui-Même d'après le Père, et n01~ tenant et dans l'éternité. » - Esa. LIX, 21. - Puisque le Sei­
vice versâ. gneur est la Vérité elle-même, tout ce qui procède de Lui est par
V[. L'esp1'Ù de l'Homme est son Mental et tout ce qui en pro­ conséquent la vérilé, et ce Procédant est entendu par le Paraclet,
cède. qui est aussi nommé Esprit de vérilé et Esprit-Saint; cela est évi­
139. L'ESPRIT-SAINT EST LA DIVINE VÉRITÉ, ET AUSSI LA DI­ dent d'après ces passages: (( Moi je vous dis la VÉRITÉ, il vous
VINE VERTU ET LA DIVINE OPÉRATION} PROCÉDANT DE DIEU UN, EN est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas, le
QUI EST. LA DIVINE TRINITÉ; AINSI, PROCÉDANT DU SEIGNEUR DIEu· Paraclet ne viendra point cl vous, mais sije m'en vais, je vous
SAUVEUR. l'enverrai. JI - Jean, XVI, 7. - « Quand il sem venu, lui,
Par !'Esprit-Saint il est proprement signifié le Divin Vrai, par l'ESPRIT DE LA VÉRITÉ, il vous conduira dans TOUTE LA VÉlUTÉ ;
conséquent aussi la Parole; et, dans ce sens, le Seigneur Lui-l\Iême il '1e pa1'le1'a pas d'ap1'ès lui-même, mais tout ce qu'il aura en
est aussi l'Esprit-Saint; mais comme dans l'Eglise aujourd'hui pal' tendu il prononcera. " - Jean XVI, 13 . ..,- « Lui me glorifiera,
l'Esprit-Saint il est désigné la Divine Opération, qui est la Justifi­ parce que du MIEN il recevra, et il vous l' annonce1'a: toutes
cation actuelle, c'est pour cela que celte Opération est prise ici pOUl' les choses que le Père a sont MIENNES; c'est pourquoi j'ai dit
l'Esprit-Saint, et qu'il en est principalement question, et aussi par que du ~llEN il recevra et vous l'annoncera. » - Jean XVI, 14,
celle raison, que la Divine Opération se fait par le Divin Vrai qui 15. - « Moi je demande1'ai au Père qu'il vous donne un aut1'e
procède du Seigneur, et que ce qui procède est d'une seule et Paraclet, l'ESPRIT DE LA VÉnITÉ, que le Monde ne peut recevoir,
même essence avec ce don t il procède, comme ces Trois, l'Ame, le parce qu'il ne le 'Coit point, et ne le connaît point; mais vous,
Corps et le PI'océdant, qui font ensemble une Seule Essence, chez: vous le connaissez, parce que chez vous il demeure, et qu'en vous
l'homme essence purement humaine, mais chez le Seigneur Essence il sera,. je ne vous laisse1'ai poznt orphelins, je viens cl vous; et
Divine et en même Lemps Essence Humaine, unies l'une avec l'autre 1 vous, vous Me verrez. Il Jean, XIV, 16, i7, 18. - " Quandsera
après la Glorification, comme l'Antérieur avec son Postérieur, et venu le Paraclet, que Moi je vous enverrai du Père, l'ESPRIT DE
comme l'Essence avec sa Forme; ainsi, les Irois Essentiels, qui LA VÉRITÉ, Celui-là rendra témoignage de Moi." .- Jean, XV,
sont appelés Père, Fils et Esprit-Saint, sont un dans le Seigneur. !6 : - le Paraclet est appelé l'Esprit-Saint, dans Jean, - XIV} 26.
220 LA VitAlE RELIGION CHRÉTIESNE 221
~s: C'est comme si quelque l\'Iinistre de l'Eglise enseignait du haut
- Que le Seigneur se soit désigné Lui-Même par le Paraèlet ou
l'Esprit·Saint, cela est 'évidéilt par ces paroles du Seigneur, qûe le d'une chaire ce qu'il faut croire el ce qu'il faut faire, et qu'auprès
de lui il y eût un autre Ministre lui disant à ('oreille: Tu as bien
Monde ne le connaissait point encore; mais vous, '-'ous le conndis~
parlé, ajoute encore qllelqu,e chose; et qu'ils disent à un troisième,
sez,. je ne vous laisserai point orphelins, je viens à vous; et voits;
vous Me verrez: et ailleurs: Voici, Moi, avec vous je suis tous
ft
qui serait sur les marches de la chaire: Descends dans le Temple,
les iours jusqu'à la consommation du siècle. .. - nIatth. XXVIII,
ouvre leurs oreilles, et répands ces paroles dans leurs cœurs, et en
.même temps fais qu'ils soient dp.s puretés, des saintetés et des gages
~o ; - puis par ces paroles: Il ne rarlera pas d'après Lui-Même,
mais clu Mien il recevra, de justice. La Divine Trinité divisée en Personnes, dont chacune en
particulier est Dieu et Seigneur, est semblable aussi à trois Soleils
140. Maintenant, puisqûe par l'Esprit-Saint est entendue la Di­
. dans un seull\londe, deux en haut l'un près de l'autre, et au-dessous
vine Vérité, et que celle-ci a été /;lans le Seigneur et le Seigneur
le troisième, qui répand autour des anges et des hommes, et porte
Lui-Même, - Jean, XIV, 6, - et qu'ainsi elle n'a pas pu procéder
d'autre part, c'est pour cela qu'il est dit: Il n'y avait pas en­
ft
la chaleur et la lumière des deux premiers avec toute puissance
dans leurs mentais, dans leurs cœurs et dans leurs corps, et agit sur
tore un Esprit-Saint, pm'ce que Jésus n'était pas enC01'e glori­
,eux de même que le feu pénètre, clarifie et sublime les matières
fié . .. - Jean, VU, 39 ; - et après la Glorification: «Il souffla
dans des cornues; qui ne voit que, s'il en était ainsi, l'homme se­
sur ses Disciples, et il dit: Recevez un Esprit-Saint. » - Jean,
rait brûlé jusqu'à être réduit en cendré? Le gouvernement de Trois
XX, 2~. - Si le Seigneùr a soufflé sur les disciples, et leur a dit
Personnes Divines dans le ciel, serait semblable aussi au gouverne­
ces paroles, c'est parce que le souffle était le signe représentatif el­
ment de Trois Rois dans un même Royaume; ou au gouvernement
terne de la Divine inspiration: or l'Inspiration est l'insertion dans
de trois Généraux ayant même pouvoir sur une seule Armée; O{J
les sociétés angéliques. D'àprès cela, l'entendement peut saisir cè
plutôt ail Gouvernement Romain avant le temps des Césars, quand
qui a été dit par l'Ange Gabriel sur la Conception du Seigneur:
il y avait un Consul, un Sénat et un Tribun du peuple, entre les­
" Un Esprit-Saint viendra sur toi, et une Vertu du T1'ès-Haut
quels, il est vrai, le pouvoir était divisé, mais cependant souverain
t' omo1'age1'a, c'est pOlu'quoi ce qui naîtra de toi Saint sera ap'"'
chez tous en même temps; qui ne voit combien il serait discordant,
pelé Fils de Dieu. » - Luc. l,3D. - Puis: «L'Ange du Sei-"­
ridicule et extravagant, d'introduire un tel gouvernement dans le
gneur dit en songe à Joseph: Ne c1'ains point de recevoir Marie
Çiel? et on l'y introduit, quand on attribue à Dieu le Père un pou­
ta Fiancée, cm' ce qui en elle est né est d'Espl'it-Saint, et Joseph
voir comme celui d'un Consul Suprême, au Fils un pouvoir comme
ne la connut point, jusqu'à ce qu'elle eilt enfanté son Fils lè
premier-né. .. - Matth. l, 20. 2D. - Là, l'Esprit-Saint est le Di­
celui d'Ull Sénat, et à l'Esprit-Saint un pouvoir comme celui d'ul).
vin Vrai procédant de Jéhovah, le Père; et ce procédant est la vertu Tribun du peuple, ce qui arrive, quand on allribue à chacun d'eux
du Très-Haut, qui alors ombragea la Mère: cela coïncide donc une fonction propre, et plus encore, quand on 3joute que ces pro­
avec ce passa!\,e dans Jean: « La pal'ole était chez Dieu, et [)z'eu pI:iétés ne sont point communicables.
était la Parole, et la Parole Chaù' a été faite . .. - l, 1, 14 j 142. II. LA DIVINE VERTU ET LA DIVINE OPÉRATION, QUI SONT EN­
TENDUES PAR L'ESPRIT-SAINT, SONT EN GÉNÉRAL LA RÉFORnlATION ET
- que là par la Parole soi t entendu le' Divin Vrai, on le voit dans
LA RÉGÉNÉRATION; ET, SELON, CELLES-CI, L'INNOVATION, LA VIVIFI­
LA FOI DE LA NOUVELLE EGLISE, ci-dessus, N° 3.
CATION, LA SANCTIFICATION ET LA JUSTIFICATION; ET, SELON CE~
U1. Que la Divine Trinité soit dans le Seigneur, cela a été dé~
DEJtNI~RES, LA PURIFICATION DES lIIAUX ET LA RÉlII,IS~ION DES PÉCHÉS,
montré ci-dessus, et le sera plus amplement dans la suite lorsqu'il
:ET ENFIN LA SALVATION.
en sera tl'aité ex professo ,. Ici, il sera seulement rapporté certaines
discordances qui résultent de celte Trinité diVIsée en tro,is Persob... Ce sont là dans lelir ordre les Verlus que le Seigneur opère ch~
222 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 223
·ceux qui croient en Lui, et qui se préparent et se disposent i lUi SPONTANÉ me soutienne. Il - Ps. LI, 12, H. - « Jéhovah/orme
servir de récipient et dé demeure, et cela est fait par le Divin Vrai, L'ESPRIT DE L'HOMME au milieu de lui. " - Zach. XII, L ­
et chez les Chrétiens par la Parole, car c'est l'unique medium pat ft Dé mon dme je T'ai attendu la nuit, et de MON ESPRIT au mi­
lequel l'homme s'approche du Seigneur, et dans lequel le Seigneur lieu de moi je Tai attendu le matin. " - Esaïe, XXVI, 9. ­
entre; en elfet, comme il a été dit ci-dessus, le Seigneur est le DiM

ct Faites-vous un Cœur nouveau, et un ESPRIT NOUVEAU, pour­

vin Vrai mème, et tout ce qui procède de Lui est ce vrai; mais il faut quoi mourriez-vous ~ Maison â ISl'aël ? " - Ezéch. XVIII, 3t :
entendre le Divin Vrai d'après le Divin Bien, ce qui est la même - et en outre ailleurs. Dans ces passages, par le Cœur nouveau est
chose la Foi d'après la ChariLé, car la foi n'e~t autre chose que entendue la volonté du bien, et par l'Esprit nouveau l'entendenJent
la vérité, et la charité n'est autre chose que la bonté. Par le Divin du vrai; que le Seigneur opère ces choses chez ceux qui font le bien
Vrai d'après le Divin Bien, c'est-à-dire, par la Foi d'après la Cha­ et croient le vrai, ainsi chez cellx qui sont dans la foi de la charité,
rité, l'homme est réformé et régénéré, et aussi renouvellé, vivifié, cela est bien é\'ident par ces paroles: " Dieu donne l'âme à ceux.
sanctifié, justifié, et selon ce:; progressions et ces accroissements il qui y marèhent; " et en ce qu'il est dit: " Un esprit spontané...
est purifié des maux, et la purification des maux est la rémission Que l'homme doi ve opérer de son côté, cela est encore bien évident
des péchés. Mais toutes ces Opérations du Seigneur ne peuvent être par ces expressions: "Faites-vous un cœur nouveau et un esprit,
exposées ici en particulier, car chacune demande une Analyse spé­ nouveau, pourquoi inourriez-vous, ô maison d'Israël? "
ciale, confirmée d'après la Parole, et illustrée par .la raison, et ce .144. On lit que, pendant que Jésus était baptisé, les Cieux s'ou­
n'est pas ici le lieu; le Lecteur est donc renvoyé aux explications vril'ent, et que 1ean vit l'Esprit-Saint descendre comme une Co­
qui seront données en ordre dans la suite de cet Ouvrage, lesquelles lombe, -I\Iauh. III, 16. l\farc, l, 10. Luc, 111,22. Jean, l, 3~,
concel'llent la Charité, la Foi, le Libre Arbitre, la Pénitence, la Ré­ 33; - cela arriva, parce que le Baptême signifie la Régénération
formation et la Régénération. Il faut qu'on sache que le Seigneur et la purification, et qu'il en est de même de la Colombe; qui est-ce
opère continuellement chez chaque homme ces saluts: ce sont, en qui ne peut percevoir que la Colombe n'était pas l'I!:sprit-Saint, et.
effet, des degrés pour le Ciel, car le Seigneur veut le salut de tous; que l'Espl'it-Saint n'étai t pas dans la Colombe? dans le Ciel il ap­
c'est pourquoi le salut de tous est pour Lui ia fin, et qui veut la paraîL très-souvent des Colombes, et toutes les fois qu'elles appa­
fin, veut les moyens: c'est pour le salut des hommes qu'il ya eu raissent, les Anges savent qu'elles sont des conespondances d'affec­
Avènement du Seigneur, Rédemption et Passion de la croix, ­ tions et de pensées sur la régénération et la pllrification chez ceux
Matth~ XVIII, 11. Luc, XIX, to ; - et comme le salut des hommes qui sont dans le voisinage; c'est pourquoi dès qu'ils s'approchent
a été et est pour l'éternité la fin que le Seigneur s'est proposée, il d'eux, et qu'ils leur parlent de choses autres que celles qui étaient.
s'ensuit que les opérations sus-mentionnées sont les fins moyennes, le sujet de leurs pensées quand cette apparition avait lieu, aussitôt
et que la salvation est la fin dernière. les colombes s'évanouissent: il en est de cela comme de plusieurs
i43. L'opération de ces vertus est l'Esprit-Saint, que le Seigneur autres choses qui ont été vues par les Prophètes, par exemple,
envoie à ceux qui croient en Lui et se disposent à Le recevoir, et comme de l'Agneau que Jean vit sur la montagne de Sion, - Apoc_
elle est entendue par l'Esprit dans ces passages: « Je donnerai un XIV, 1; et ailleur:;; - qui ne sait que le Seigneur n'était
nouveau Cœur et un ESPRIT NOUVEAU; MON ESPRIT je donnera't pas cet Agneau, ni dans cet Agneau, mais que l'Agneall
au milieu de vous, et je ferai que dans le chemin du salut était la représentation de l'innocence du Seigneur? par là
vous marchiez. » - Ezéch, XXXVI, 26, 27. XI, t9. - ct Un :lpparalt l'erreur de ceux qui déduisent les trois Personnes
Cœur pur crée en nous, d Dieu! et UN ESPRIT FERME innove au de la Trinité de ce qu'une Colombe a été vue sur le Sei­
milieu de moi,. ramène-moi la joie de ton salut, et qU'UN ESPRIT gneur pendant gu'il était baptisé, et de ce qu'alors on entendit da
22~ LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 225
Ciel une voix, qui dit: " Celui-ci est mon Fils bien-aimé. » Que toule argile, de toute pierre lant précieu~e que vile, de tout minél'al .
le Seigneur régénère l'homme par la foi el par la charité, c'est ce et de tout métal.
qui esl entendu par ces paroles de Jean-Baptisle : " Moi je vous 146. III. CETTE DIVINE VERTU ET CETTE DIVINf> OPÉRATION, QUI

baptise d'eau pour la 1'epentance, mais Celui qui doit venir SONT ENTENDUES J'AR L'ENVOI DE L'EsPRU SAINT, CHEZ LES ECCLÉ­

ap1'es moi, Celui·là vous baptise?'a D'ESPRIT-SAINT et de feu. » SIASTIQUES SPÉr.IUElIENT, 'SONT r.'(LLVSTllATION ET L'INSTRUC­

.,.....-Mallh.lII, il .l\Iarc, J, 8. Luc. III, i6; - baptiser d'Esprit-Saint et TION.


de feu, c'est régénérel' par le Divin Vrai qui appartient à la foi, et Les Opérations du Seigneur, énumérées dan~ l'Article précédenl,
par le Divin Bien qui appartient à la charité. La même chose est c'est-à-dire, la réformation, la régénéralion, la renovation; la vi­
signifiée par ces paroles du Seigneur: " Si quelqu'un n'a pas éte vification, la sanclification, la justificalion, 'la pu rification, la rémis­
engendré d'eau et D'EsPRIT, il ne peut entrer dans le Royaume sion des péchés,et enfin la salvalion, innuent du Seigneur lanl chez
de Dieu. » - Jean, UI, 5; - ici, comme ailleurs dans la Parole, les Ecclésiastiques que chez les Laïques, et sont reçue& par ceux qui
l'eau signifie le vrai dans \'homme nalurel ou externe, eL l'esprit si­ sont dans le Seigneur et dans lesquels eslle Seignenr, - Jean, VI,
gnifie le vrai d'après le bien dans l'homme spirituel ou interne. 56. XIV; 20. XV, 4, 5. - Quanl à l'IlIu3tration et 11 l'Instruction,
145. Maintenanl, pui&qlJe le Seigneur est le Divin Vrai même d'a­ si elles SOlit spécialement chez les Ecclésiastiques, en voici les rai­
près le Divin Bien, et que c'est là son Essence même, et puisque sons; c'est qu'elles appartiennenl il leur fo_nction, et que l'inaugu­
c'est d'après son Essence que chacun fail ce qu'il fail, il est évident ration dans leminislère les porle avec elie,- et mênle ils c!~oicnt qn~,
ql1e continuellement le Seigneur veut et ne peut vouloir autre chose lorsqu'ils prêchent avec zèle, ils sonl inspil'és, comme les Dis~iples
qu'implanter le vrai et le bien, ou la foi et la charifé, dans chaque du Seigneul', sur lesquels le Seigneur souma ell disanl: " Recevez
homme. Cela peut êlre illustré d'après plusieurs choses dans le un Espl'il-Saint. " - Jean XX, 22, - voù' en outre Marc, - XUI,
'Monde; ainsi, d'après celles-ci, que lout homme veut et pense, et. i i ; - quelques-uns même alleslent qu'ils ont senli l'innux. Mais
autant qu'jllui est permis, pade et agit d'après son essence, pal' qu'ils se gardent bien de se persuader que le zèle, dont plusicul'~
exemple, l'homme loyal pense el a pour inlention des choses loyales, sont saisis quand ils prêchent, soil la Divine opéralion dans leurs
l'homme honnête, le probe, le pieux et le religieux, des choses hon­ cœurs, car il y a un zèle semblable, el encore plus ardent chez les
nêtes, probes, pieuses et religieuses; et, vice versâ, le faslueux, Enthousiasles, el aussi cheZ ceux qui sont dans les faux extrêllJ~s
l'astucieux, le fourbe, l'avare, des choses qui font un avec son es­ de la doctrine, même chez ceux qui mépl'isenl la Parole, qui ado­
sence; le devin ne veut que prédire, elle sot ne veut que dire des rent la nature pour Dieu, qui rejeltent derrière leur dos comme
choses opposées à celles qui appartiennent à la sagesse; en' un mot, dans un sac la foi et la charité, el qui, quand ils prêchent et ins­
l'Ange n'agite et ne médite que des choses célestes, et le diable que truisent', suspendent devant leur face une sorle d'estomac rlllllina­
des choses infernales. Il en est de même de tout sujet d'une classe toire d'où ils tirent et dégorgenl de telles choses qu'ils savent faire
inférieure dans le Règne animal, par exemple, d'un oiseau, d'une avaler à leurs audileurs. Le zèle, en effet, considéré en lui-même,
bête, d'un poisson, d'un vermisseau ailé ou non ailé, chacun est est un emportement de l'homme naturel; si l'amour du \'l'ai y est
connu d'après son essence ou nature, l'instinct de chacun vient de illtérieurement, cet emportement est alors comme le feu sacré qui
cette essence et y est conforme. Pareille.ment dans le Règne végétal, influa dans les Apôtres, et dout il esl parlé ainsi dans leurs Actes:
tout arbrisseau, et toute plante, es.t connu d'après son fruit et sa se­ a: Ils virent des Langues séparées, comme de feu, qui se po­

~c~, dans lesquels son essence est inJ'l.ée, et il ne peut être pro­ , sèl'ent sur chacun d'eux, et ils fm'ent tous 1'emplis d'Esprit
duit par lu\i aucune chose qui ne soit semblable à lui et sienne; Saint. » -II, 3, 4; - mais si dans ce zèle ou cet emportement
bi~1l plus, c'est d'après l'essence qu'on juge de tout humus, de se cache intérieurement l'amour du faux, alors c'est comme un feu
1. i5
226 LA. VRA.IE
RELIGION CHRÉTIENNE. 221
renfermé dans une poutre, qui s'en échappe et embrase la maison:
dans les temples el dans les assemblées; et, ce qui est étonnant,.
Toi, qui nies la Sainteté de_~J..e_~t la Divinité du ~eigneur,
ils sont alors persuadés qu'ils parlent et enseignent d'après leur foi.
lire, je te prie, ton sac de dessus ton dos, el ouvre-le, ainsi que tu
lorsquè cependant, quand ils sont dans leur liberté, ce qui arrive
fais librement chez toi, et tu verras . .le sais que ceux qui sont dési­
lorsqu'ils rentrent dans leur maison, la porte qui fermait l'intel'De
gnés dans Esaïe par Lucifer, lesquels sont cellx de Babel, quand ils
-de leur mental s'ouvre, et alors parfois ils se moquent des choses
entrent dans un Temple, et plus encore quand ils monlent en chaire,
qu'ils ont prêchées devant l'assemblée, disant dans leur cœur que la
surlout ceux qui se disent de la société de Jésus, sont saisis d'un
Théologie est un excellent filet ponr prendre les colombes.
zèle qui, chez plusieUl's, vient d'un amour inferna·l, et que par suite
148. L'Interne et l'Externe de tels hommes peuvent être comparés
ils s'expriment avec plus de· véhémence et tirent de leut· poitrine des
~ des Poisons couverts d'une croùte de sucre, puis à ces coloqui
soupirs plus !Jrofonds, que ceux qui sont dans le zèle d'après J'a­ ntes
ramassées et mises dans un potage par les enfants des prophètes,
moul' céleste. Que chez les Ecclésiastiques il y ait encore deux opé­
qui s'écrièrent en mangeant: " La mort dans la marmite! Il
rations spirituelles, ou le voit ci-dessous, N° 105. J) -
Rois, IV, 38 à 43. - Ils peuvent aussi être comparés à la Bête
Hi. L'Eglise ignore pour ainsi nire encore que dans toule vo­
:nontant de la mer, qui avait deux cornes comme l'Agneau, et qui
lonté el dans toute pensée, et par suile dans toule aclion el dans
parla cOlllme le dragon~ - Apoc. XIIf, 11 ; - dans la suite du
tout langage de l'homme, il y a un Inleroe et un Externe, et ~
texte, celte bête est appel~e faux-prophète. Ils sont encore comme
l'homme dès l'enfance a été instrui_t! parler d'aprèsJ'E~_te!:ne, quel
-des voleurs qui, lorsqu'ils résident comme citoyens dans une Ville,
que SOit Je dis~entiment de l'Interne, d'où résultent les déguise­
y agissent avec moralité et parlent avec rationalité, mais qui, reve­
ments, les f1alleries et les hypocrisies; (lue conséquemment il est
nus dans les forêls, y son t des bêtes féroces: ou enCOlle cOOlme des
double, et quecelui-H seulement est simple, dont l'Externe pense et
pirates qui, sur la terre, sont des hornme~, mais SU" mer des Cl'O­
parle, veut et agit d'après l'Interne; ceux-ci aussi sont entendus par
.codiles: pendant que les uns et les autres sont sur terre ou dans la
les si'PJ:!~s dans la Parole, ­ Luc, VIII, HL XI, 34, et ailleurs, ­
ville, ils marchent comme des panthères couvertes de peaux de
quoiqu'ils soient plus sages~q!!.e les doubles. Qu'il y ail duplicité et
brebis, ou comme des singes en vêtements d'homme, ayant SUI' le
triplicité dans toute chose créée, on le voit par celles qiJi sont d.Uïs
visage un masque de face humaine. fis peuvent encore être assimilés
le corps humain: Tout Nerf y est composé de tlbres, et la fibl'e de
il une prostituée qui se parfume, se met du rouge sur le visage, et
fibriiles: tout l\I'Jscie, de faisceaux de libres, et ceux· ci de fibres
revêt une J'obe de soie blanche garnies de guirlandes de fleurs, et
motrices; toute Artère, de tuniques en triple série; il Cil est de
.qui, rentrée dans sa maison, se met nue devant les débauchés, et
même dans le Mental humain, dont l'ol'ganisme spirituel est sem­
les infecte de sa lèpre. Que tels soient ceux qui de cœur enlèven.1..à
blable; et cela, parce que le !\fental humain, comme il a élé dit ci­
la Parole le Saint et au Seigneur le Divin, c'est ce qu'il m'a été
desslls, a été distingué en tl'ois régions, dont la suprême, qui est
rdonné de connaître dans le Monde Spiri~uel par des expériences de
allssi l'intime, est nommée célest~; la moyenne, spirituelle; et l'in­
plusieurs années, car là tous sont d'abord tenus dans leurs externes,
fime, natul'elle. Les Mentais de tous les hommes, qui nienUa Sain­
mais ensuite les externes leur élant enlevés ils sont mis dans les in­
teté de la Parole et la Divinité du Seigneur, pensent dans la région
.le-rnes, et alo .. ~ lelll' comédie devient une tragédie, •
infime; mais comme dès l'enfance ils ont aussi appris les spirituels
149. IV. LE SEIGNEU R orERE CES VEnTUS DANS CEUX QUI CROIENT
qui appartiennent à l'Eglise, ils les reçoivent, mais ils les placent
EN LUT.
au-dessous des naturels qui sont diverses choses scientifiques, poli­
Quc·le Seigneur opère ces vertus, qui sont entcndues par l'envoi
tiques, civiles et morales, et comme ces Spil'ituels sont situés dans le
de l'Esprit-Saint, dans ceux qui croient en Lui, c'est-à-dire, qu'il
lP.ental au lieu le plus bas et très-près du langage, ils en parlent
les réforme, régénère, renouvelle, vivifie, 5anctifie, jusHne, pu~ifie des

t-"I1!1111!1~
228 LA VRAIE RELlGlON CHRÉTIENNE, '229
maux, el ellfin les sauve, on. le voit dans la Pal'ole d'après tous ces mais aussi faire ses préceptes, car le ,'econnailre seulement n'ap­
passages qui confirment que le salut et la vie éternelle sont à ceux. partient qu'à la pensée d'après quelqu'entendement, mais faire ses
qui croient au Seigneur, passages rapportés ci-dessus, N° 108; et préceptes appartien t aussi à la reconnaissance d'après la volonté;
en outre d'après celui-ci: Jésus dit: Quiconque Cl\OIT .EN MOI,
ct
le mental de l'homme se compose de l'Entendement et de la Vo­
comme dit l'Écriture, des fleuves de son ventre cOllh'1'ont, d'eau lonté; penser appartient à l'Entendement, et faire appartient 11 la
vive,. il disait cela de L'ESPIHT que devaient recevoir CEUX QUI Volonté; lors donc que l'homme reconnatl seulement d'après la
CROIRAiENT EN Lt;I ... - Jean, VII, 38,39. - Puis d'après celui­ pensée de l'entendement, il ne vient au Soigneur que par la mOitié
ci: « LE TÉ3IOIGNAGE DE JÉSUS EST J:ESPRIT DE LA PROPHl~TIE ... du mental; mais quand il fait, il y vient par le mental entier, et
- Apoc. XIX, 10; - par l'espl'il de la prophétie est entelldu l~ cela est croire: d'ailleurs l'homme peut diviser son cœu!' et en con­
Vrai de la doctrine d'après la Parole, la ()l'ophétie ne sign ifie pas traindre la superficie à s'élever en haut, tandis qlle sa chair se
autre chose 'lue la doctrine, et prophétisel', c'est enseigner la doc­ tourne en bas, et de celle manière il vole comme un aigle entre le
trine; et par le témoignage de Jésus est entendue la con­ Ciel et l'Eufel" et cependant l'homme ne suit p:rs son aspect, mais
fession d'apûs la foi en Lui; la même chose est entendu~· il suit le plaisir de sa chair, et cela parce qu'il est dans l'Enfer; il
par son témoignage dans ce passage: IC Les Anges de Michel , Y vole donc, et lorsqu'il y a sacrifié 11 ses voluptés, et fait des liba­
ont vaincu le dragon pal' le sang de l'Agneau, et par la Parole tions aux démons, il prend un visage riant et un regard d'où jaillis­
de SON TÉMOIGNAGE: et le dmgon s·'en alla pour faù'e la gue1'1' sent des étincelles de feu, et il contrefait ainsi l'ange de lumière:
aux restes de Sa semence, qui observaient les commandements ceux qui reconnaissent le Seigneur et ne font point ses préceptes de­
de Dieu, et ont le TÉMulGi'iAGE DE JÉSUS-CHRIST. » - Apoc. XII .. viennent de semblables Satans après la mort. .
H,17, 1.52. Dans un Article précédent, il a été montré que le salut et la
HW. Si ceux qui cl'oient au Seigneur Jésus-Christ doivent rece­ vic éternelle des hommes sont la fin première et dernière du Sei­
voir ces verlus spirituelles, c'est parce qu'il est Lili-Même le Salut gneur; et comme la fin première ella fin dernière con tiennent en elles
et la Vie éternelle; le Salut, car il est le Sauveur, et son nom Jé­ les fins moyennes, il s'en !'uit qlle les vertus spiI'ituelles sus-énon­
sus signifie aussi le Salut; la Vie éternelle, cal' la vie éternelle est cées sont ensemble dans le Seigneur, et aussi par le Seigneur dans
à ceux en qui il est Lui-Mênle et qui sont en Lui, aussi est-il Lui­ l'homme, mais néanmoins se manifestent successivement; .en effet,
Même appelé la Vie éternelle, dans Jean, - Epi! V, 21; - mainte­ le Mental de l'homme croîl comme son corps, mais celui-ci en sta­
nant, puisqu'il est le Salut et la Vie éternelle, il s'en suit qu'il est ture, et celui-là en sagesse; ainsi le mental est élevé de région en
aussi tout ce par quoi le salut et la vie étel'nelle sont obtenus, que région, savoir, de la région naturelle à la région spirituelle, et de
par conséquent il est le tout de la réformation, de la régénération~ celle-ci à la région céleste; dans la région céleste est l'homme sage,
de la rénovation, de la vivification, de la sanctification, de la justi­ dans la région spirituelle l'homme intelligent, dans la région natu­
fieation, de la purification des maux, et qu'enfin il est la Salvation ;. turell'homme savant; mais cette élévation du mental ne se fait que
le Seigneur ch~z chaque homme opère ces vertus, c'est-il-dire, s'ef:­ de temps en temps, et elle se fliit suivant que l'homme s'acquïert des
force de les y meUre, et les y met quand l'homme se prépare et se vrais et les conjoint au bien: c'est absolument conlme lorsqu'un
dispose à la réctlption; l'actif llIême de la préparation et de la dis­ homme bàtit une maison; il se"pourvoit d'abord de matériaux né­
position vient aussi du Seigneur; mais si l'homme ne les reçoit pas cessaires, comme briques, tuiles. poutres, chevrons, et ainsi il pose
d'un esprit spontané, alors le Seigneur, malgré l'effort qui persiste le fondement, il élève les mIHS, il la divise en chambres, y place
continuellement, ne peut les y mettre! des portes, construit des fenètres, et pose des escaliers d'un étage à
1.51. Croire au Seigneur. c'est non-seule~ent Le reconnaîlre~ l'autre; toutes ces choses ensemble sont dans la fin, qui est une 'flà.
230 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 231
bitatioll commode et honorable, que l'homme VOiL d'avance et à la­ qu'il l'enverra du Père; qu'il l'enverra vers eux; qu'il n'y avait pas
quelle il pourvoit, Il en est de même pour un Temple, quand on le· encore un Esprit-Saint, parce qne Jésus n'était pas encore glorifié;
construit; tout ce qui en concerne la construction est dans la fin, qui qu'après la glurification il souffla sur les Disciples et dit: Recevez
est le culte de Dieu, Il en est de même de tauLes les autres choses. un Esprit-Saint; puis, en ce qu'il dit: Tont ce que vous demande­
par exemple, des jardins et des champs, et aussi des emplois et des. rez en mon Nom, Moi je le ferai; et aussi: Le Paraclet recevra de
affaires, pour lesquels la fin elle-même se prépare ce qui est néces­ ce qui est il moi, et il vous l'annoncera; que le Paraclet soit la
saire. même chose que t'Esprit-Saint, on le voit dans Jean, XIV, 26. ­
Hi3. V. LE SEIGNEUR OPÈRE DE LUI-MÊME D'APRÈS LE PÈRE, Er Oue Dieu le Père n'opère point ces vertus de Lui-Même par le Fils,
NON vice ~'el'sâ. mais que le Fils les opère de Lui-l\Iême d'après le Père, on le voit
Par Opérel', il est signifié ici la même cho!>e que par envoyer l'Es­ par ces p:lssages: « Personne ne vit jamais Dieu ,. l'Unique en­
priL-~aint, puisque les Opérations sus-énoncées qui sont en général gendré Fils qui est dans le sein du PrJ7'é, lui l'Il exposé. » ­
la Réformation, la Régénél';llion, la Rénovation, la Vivification, lac Jean, I, 18 ; - et ailleul's: « Ni la voix du Pè1'e vous n'avez en­
Sanctification, la JusLification, la Purification des maux, la Rémis-. tendu jamais, ni son aspectvousn'ave::, vu.» -Jean, V, 37.­
sion des péchés, lesquelles sont allribuées aujourd'hui à l'Esprit­ Il.'ésulte lloncdeces passages, que Dieu le Père opère dans le Filset sur
Saint comme Dieu pal' soi, sont les Opérations du Seigneur: Que Je Fils, et non par le Fils, mais que le Seigneur opère de Lui-Même
ces opérations viennent du Seigneur d'après le Père, et non vice d'après son Père, car il dit:« Toutes les choses que le Père a,
vel'sà, c'est ce (lui sel'a d'abord confirmé d'après la Parole, et eo­ sont Miennes." - Jean, XVI, 10. - « Le Pè1'o a donné touteS
'suite illustré par plusieurs choses qui sont du ressort de la raison ~ choses dans la main du Fils. » - Jean, III, 3;). - « Comme le
D'après la Pal'ole, par ces passages:" Quand sera venll le Pa­ Pè1'e a la vie en Lui-Même, ainsi il (l donné au Fils d'avoir la
_l'ac/et, QUE MOI JE VOUS ENVERRAI DU PÈRE, l'Esprit de la vé­ Vie en Lui-Même. Il - Jean, V, 26. - Et aussi: « Les pa­
rité qui S01't du Père, celui-là rendra témoignage de Moi. » ­ roles que Moi je prononce sont esp1'it et sont vie. » - Jean, VI,
Jean, XV, 26. - « Si je ne m'en vais pas, le Pm'aclet ne vien­ 63, - Si le Seigneur dit que l'Esprit de la vérité sort du Père, ­
d1'a pas à vow;,. mais si je m'en vais, JE VOUS L'ENVERIIAI. » ­ Jean, X v, 26, ~ c'est parce que de Dieu le Père il sort dans le Fils,
Jean, XVI, 7. - « Le Paraclet, l'Esprit de la vérité, il ne et qu'il sort du Fils d'après le Père, c'est pourquoi il dit aussi:
padera pas d'après lui-même, mais DU MIEN IL REŒVHA, et il « En ce jour-là vous cunnaitrez que le Père (est) en Moi, et Moi
VallS tannoncera,. toutes les choses que le Père a, SONT ~ItENNES ; dans le Père, et vous en il'Ioi, et Moi en vous. » -Jean, XIV, H,
c'est pourquoi j'ai dit, que du MIEN il recevra, et vous l'an­ 20. - D'après ces paroles explicites du Seigneur, on voit bien clai­
noncera. » - Jean, XVI, 13, 14, Hl. - « Il n'y avait pas remeut celle erreur, dans le Monde Chrétien, laquelle est, que Dieu
encore un Esp1,it.Saint, parce que Jésus n'était pas encore glo­ le Père envoie l'Esprit-Saint il l'homme; et j'eneur de l'Eglise
rifié. » - Jean, VJl, 39. ---:- « Jésus souffla sur les Disciples, et Grecque, que Dieu le Père L'envoie immédia tement: ce (doctrinal),
il dit: Recevez un Esprit-Saint.) -- Jean, XX, 22. - « Tout que c'est le Seigneul' qui l'envoie de Lui-Même d'après Dieu le Père,
ce que vous demande1'ez, en mon Nom, JE I.E FERAI, afin que le 'et non vice ve1'sd, vient du Ctel, et les Anges l'appellent Arcane,
Père soit gl01'ifié dans le Fils,. si vous demandez quelque chose parce qu'il n'a point encore été dévoilé dans le Monde.
en mon "\Torn, MOI JE LE FERAI. » - Jean, XIV, 13, 14. - D'a­ 154. Ce sujet peut êtl'e iliusLré par plusieurs choses qui sont du
près ces passages, il est bien évident que le Seigneur envoie un ressort de la raison; par e~emple, par celles-ci: Il est notoire que
Esprit-Saint, c'est-à-dire, opère les choses qui sont aujourd'hui les Apôtres, après que le Seigneur les eut gratifiés de l'Esl'rit­
..attribuées à l'Esprit-Saint comme Dieu par soi; en effet, il a dit, Saint, prêchèrent l'Évangile dans une grande partie du globe, et
232 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. '233
qu'ils le répandirent de bouche et par des écrits, et firent cela d'eux­ reillement j;i le bien' qui proçède du Seigneur agissait par l'homme,
mêmes d'après le Seigneur; en effet, Piet're a enseigné et écrit l'homme ne serait pas 'non plus réformable; mais comme l'un et
d'une manièl'e, Jacques d'une autre, Jean d'une autre, ét Paul d'lIl1e J'autre dépend du libre choix de l'homme, l'homme devient coupa­
autre, chacun selon son intelligence, le Seigneur les a tous remplis 'ble, lorsqu'il agit. de lui';même d'après l'e mal, et innocent lorsqu'il
de son esprit, mais chacun en a pris une mesure selon la qualité agit de lui-même d'après le bien; or, puisque le mal est le diable,
de sa perception, et ils ont agi chaclin selon la (lualité de sa puis­ et que le bien est le Seigneur, il devient coupable s'il agit
sance. Tous les Anges dans les cieux ont été remplis du Seigneur, .d'après le diable, et innocent s'il agit d'après le Seigneur;
car ils sont dans le Seigneur et le Seigneur est dans eux, mais c'est d'après ce libre choix, qui est chez chaque homme, que
néanmoins chacun parle et agit selon l'état de son mental, les uns l'homme peut être réformé. Il en est de même de tout Interne
avec simplicié, les autres avec sagesse, ainsi avec une variété infinie, et de tout Extel'l1e chez l'homme, les deux sont distincts, mais néan­
et cependant chacun parle de soi-même d'après le Sei~lleur. Il en moins réciproquement unis; l'Interne agit dans l'Externe et sur
est de même de tout Ministre de l'Eglise, tant de celui qui est dans l'Externe, mais il n'agit pas par l'Externe, car l'Interne agite des
les vrais que de celui qui est dans les faux, chacun a sa bouche et milliers de choses, dont l'Externe prend seulement celles qui sont
son intelligence, et chacun parle d'après son mental, c'est-à-dire, ,convenables pour l'usage; en efl'et, dans l'Intel'l1e de l'homme, par
. d'après l'esprit qu'il possède. Tous les Protestants,soit qu'ils se lequel est entendu son Mental volontaire et perceptif, il y a en cir­
nomment Èvangéliques ou Réformés,après qu'ils ont été instruits culation une masse d'idées, qui, si elles s'écoulaient par la bouche
des dogmatiqùps établis par Luther, Mélanchton ou Calvin, ne par­ de l'homme, produiraient comme l'effet du vent qui sort d'un souf­
Ient point, eux ou leurs dogmatiques, 'd'eux-mêmes par ces chefs, flet; l'Interne, parce qu'il agile les idées universelles, peut être
mais ils parlent d'eux-mêmes d'après ces chefs; chaque dogme peut comparé à un Océan, ou à un Parterre, ou il un Jardin, d'olt l'Ex­
même être exposé de mille manièri...s, car chaque dogme est comme terne tire ce qui lui suffit pOUl' l'usage: la Parole du Seigneur est
une corne d'abondance, d'où chacun tire ce qui est favol'able et comme un Océan, lin Partene et un Jardin; quand la Parole est en
adéquat à son génie, et il l'expose selon sa faCilité. Cela peut être quelque plénitude dans l'Interne de l'homme, l'homme parle et agit
illustré pal' l'action du cœur dans le poumon et Slll' le poumon, et de lui-même d'aprts la Parole et non la Parole par lui: il en est de
par la réaction du poumon de soi-même d'après le cœur; ces deux même du Seigneur, comme il est Lui-Même la Parole, c'est-il-dire,
choses sont distinctes, mais néanmoins réciproquement unies; le leDivin Vrai et le Divin Bien dans la Parole, le Seigneur de Lui-l\I~me,
poumon respire de soi-mème d'après le cœur, mais non le cœur ou d'après la Parole, agit dans l'homme et sur l'homme, mais'non par
pal' le poumon, si cela se faisait, l'un et l'autre s'arrêterait; il en l'homme, parce que l'homme agit et parle libIlemcnt d'après le Sei­
est aussi de même de l'action du cœur dans les viscères et sur les gneur, quand il agit et parle librement d'après la Parole. Mais cela
viscèl'es de tout le corps; le cœur envoie le sang de tout côté, mais peut être illustré de plus près par le commerce mutuel de l'âme et
les viscères y puisent chacun leur mesure selon la qualité de l'usage ,du corps; l'âme et le corps sont distincts mais l'éci proqucment unis;
qu'ils remplissent, et chacun aussi agit selon cette qualité, ainsi l'âme agit dans le corps et sur le corps, mais non par le corps, et
d'une manière différente. La même chose peut encore être illustrée 'le corps agit de soi·même d'après l'àme; que l'âme n'agisse point
ainsi: Le mal qui provient des pal'ents, et qu'on nomme mal héré­ par le corps, c'est parce qll'ils ne consultent pas et ne délibèrent
ditail'e, agit dans l'homme et sur l'homme; il èn est de même du pas entre eux, et qlle l'âme ne commande pas ou ne demande pas
bien qui procède du Seigneur; le bien en dessus ou en dedans, le que le corps agisse de telle ou telle manière, ou prononce telle 011
mal en dessous ou en dehors; si le mal agissait par l'homme, telle chose, et que le corps n'exige pas ou ne demande pas que l'âme
l'homme ne serait pas réformable et ne serait pas coupahle; pa- ~onne et fournisse quelque chose, car tout ce qui est à l'âme est ail

"
234 LA VRAIE 235
RELIGION CHRÉTIE:\TNE.
corps .réciproquement et vice versâ: il en est de même du Divin et Par l'Esprit de l'homme, dans le concret, il n'est pas entendll au,
de l'Humain du Seigneur, car le Divin du Père est l'Ame de l'Hu- tre chose que son l\lental, car c'est le mental qui vit après la mort,.
main du Seigneur, et l'Hu main est son Corps, et l'Humain ne de- et qui alors est appelé esprit; s'il est bon, Esprit angélique, et en~
mande pas à son Divin de 'lui dire ce qu'il doit prononcer et opérer; suite Ange; s'il est mauvais, Esprit satanique, et ensuite Satan. Le
c'est pour cela que le Seigneur dit: « En ce jour-là, en mon Mental de chaque homme est son homme Interne, qui en actualité
Nom vous demanderez, et je ne vous dz's }Joint que Moz' je de- est homme et au dedans de l'bomme ExtE'rne qui fait son COl'pS ;
manderai au Pere }Jour vous, car le Père Luz'-Même vous aime, lors donc que le corps est rejeté ce qui arrive après la mort, il est
parce que vous M'avez aimé. » -.Jean, XVI, 26, 2i: - en ce en pleine forme humaine. Ils se trompent donc, ceux qui croient
jour-là, c'est après la glorification, c'est-à-dire, après l'union par- que le l\Iental de l'homme est seulement dans la Tête; là seulement
faite et absolue avec le Père. Cet Arcane vient du Seigneur ~Iême il est dans les principes, d'Olt sort d'abord tout ce que l'homme
pour ceux qui seront de sa nou~'elle Eglise. pense d'après l'entendement et fait d'après lavolon"té ; mais dans le
155. Il a été montré ci-dessus, dans l'Article HI, qlle cette Divine corps il est dans les principiés formés pour sentir et agir, et
Vertu, qui est entendue par l'opération de J'Esprit~Saint, chez les comme au dedans il est adhérent aux corporels, il y porte le sens et
Ecclésiastiques spécialement, est l'Illustration, et l'Instruction, mais le mouvement, et aussi il inspire la perception, comme si le corps
11 ces deux-ci il s'en joint deux autres placées enlre elles, savoir, la pensait et agissait de lui-même; mais que cela soit une illusion,
Perception et la Disposition; ainsi il y a quatre choses qui se suivent tout homme s:lge le sail. Maintenant, puisque l'esprit de l'homme
en ordre chez les Ecclésiastiques, l'Illustration, la Perception, la pense d'après l'entendement et agit d'après la volonté, et que le
Disposition et l'Instruction: L'ILLUSTRATION vien t dIl Seigneur. La eorps pense et agit non de soi-même mais d'après I;esprit, il s'en
PERCEPTION est chez l'homme selon l'état de son mental, état fOl'mé suit que par l'esprit de l'homme il est entendu l'intelligence etl'af-
par les doctrinaux; si les doctrinaux sont vrais, la perception de- fection de l'amoul' de l'homme, et tout ce qui en procède et est
vient claire par la lumière qui illustre; mais s'ils sont faux, la per- opéré d'apl'ès elles. Que l'esprit de l'homme signifie de telles choses
ception devient obscure, et cependant elle peut apparaitr'e comme qui appartiennent à son mental, cela est évident'd'après un gl'and
claire d'après les confirmations, mais c'est d'après une lumière fan- nombre de passages de la Pal'ole, qu'il suffit de rappol'ler pour que
tastique qui devant la vue purement naturelle est semblable à la chacun puisse voir qu'il ne signifie pas autre chose: de ce grand
clarté. La DISPOSITION vient de l'affection de l'arriour de la nombre de passages, en voici quelques-uns: « Béiatéel (ut remplz
volonté; le plaisir de cet amour dispose; si c'est :\Ie plaisir de l'espl'it de sagesse, d'intelligence et de science. Il - Exod.
de l'amour du mal et du faux de ce mal, il excite un zèle qui xxxr, 3. - Nébuchadnézar dit de Daniel, « qu'il y avait en hii
au dehors est âpre, rude, ardent et vomit du feu, et au dedans, un esp'l'it excellent de science, d'intelligence et de sagesse.)l-
c'est la colère, la rage et l'immiséricorde; mais si c'est le plaisir Dan. V, 12, 14. - « Josué fut 'l'empli d'un esprit de sagesse. Il
de l'amour du bicn et du vrai de ce bien, le zèle au dehors est dQux, - Deutér. XXXIV, 9. - « Faites-vous un cœw' nouveau et un
poli, retentissant et embrasant, et au dedans, c'est la charité, la esprit nouveau. » - Ezéch. XVIII, 31. - {( Hew'eux les pauV1'es
grâce et la miséricorde. L'1i'iSTRUCTION vient ensuite comme effet pm' l'esprit, car à eux est le Royaume des Cieux. » - l\Iallh. V,
résultant de celles-là comme causes. Ainsi l'lIluslration, qui vient 3, - « J'habite dans le contrit et l'humble d'espl'it, poU?' vivi-
du Seigneur, se change en différentes lumières et en différentes cha. fiel' l'es}Jl'it des humbles. » -Esaïe, LVII, 15. - « Les sacrifices
leurs chez chacun, selon l'état de son menlal. de Dieu (sont) l'esprit (l·oissé. )) - Ps. LI, 19. - « Je donnerai
156. VI. L'ESPRIT DE L'HOMME EST SON MENTAL ET TOUT CE QUI un manteau de louallge au lieu aun esprit accablé. )) - Esaïe,
EN PROCEDE.
LXI, 3 ; - et en outre ailleurs. Que l'esprit signifie des choses qui
236 LA VRAlE' RELIGION CHRÉTIENNE. 237
appartiennent au Mental perverti et inique, on le voit d'après ces maux, qui étaient des Chérubins, et plusieurs autres choses
passages: C( !rIalheur aux prophètes insensés, qui s'en vont apl'ès qui les concernaient. " ,- 1 et X. - Puis « une nouvelle Terre
leur espl~it 1 » - Ezéch. XlII, 3. - (1 Concevez de la balle, et un nouveau Temple, et un Ange qui les mesurait. Il - XL
enfantez du chaume,. quant cl votre esprit, un (eu vous dévo­ à XLVlIJ. - « Qu'il était alors en Vision et en Esprit, " - XL,
rera. l) - Esaïe, XXXIII, 11, - C( Un homme vagabond d'es­ 2. XUH, 5. - Il en arriva de même il Zacharie, en qui était alors
prit, et qui débite le mensonge. » - Mich. Il, 11, - Cl Une gé­ un Ange, lorsqu'II vit" un Homme à cheval qui se tenait enb'e
nération, drmt l'esJJ1'it n'est point constant avec Dieu. » - Ps, des myrtes. " l, -1, et suiv. - Lorsq'J'rl vit" quab'e C01"nes, et
LXXVIII, 8, - lC Un esprit de scortations.» - Hos. V, 4. IV, un homme tenant cl la main un c01,deau cl mesurer. » - Il, 1,
i 2. - cc Afin que tout CŒW' se fonde, et que soit ressel'é tout es­ 3, et suiv. - Lorsqu'il vit « le !lrand P1'êt1'e J oshua. )1 - Ill, i,
prit. » - Ezéch. XXI, 1.2. - (c Ce qui s'élève dans vo!1'e esprz't el suÎv. - Lorsqu'il vit" quatre Chm's qui sm'taient d'entre
n'arrive1'Cl jamais, ) - Ezéch, XX, 3':2, - « Pourvu que' dans deux montagnes, et des Chevaux. » - VI. 'l, et suiv. - Daniel
son espl'itil12'y aitpointdefl'o'ude.» - Ps. XXXII, 2. - (c L'es­ était dans lin semblable état, lorsqu'il vit Il quatre Bêtes montant
prit de Phm'aon lut tl'oublé. J) - Gen. XLI, 8; - pal'eillement, de la mer, et plusieurs choses qui tes concernaient, n - VII,
« l'espl'it de NébuC!wdnézal', » - Dan. II, 3. - D'après ces pas­ i, et slliv. - Lorsqu'il vit" les cumbats entre le bélier et le
sages, et beaucoup d'autres il est hien évident que l'esprit signifie le 6ouc. » - VIII, 1, et suiv. - Qu'il ait vu ces choses" en Visiun,)l
Menlal de l'homme, et les choses qui appartiennent au mental. c'estcequ'onlitcT1ap.VII, 1,2,7,13. VIII, 2. X,'1,7,8.­
un. Puisque par l'Esprit de l'homme est entendu son Menlal, Il dit que" l'Ange Gabriel lui appa1'ltt en Vision et conVe1'sa
c'est pour cela que par l'expression ETRE EN ESPRIT, quelquefois avec lui. " - IX, 21, - Il en arriva de même il JEAN, lorsqu'il
employée dans la Parole, il est entendu l'élat du mental séparé d'a­ écrivit l'Apocalypse; il dit qu'il se trouva en Esprit un jour de
vec le corps, et comme dans cet état les Prophètes on t vu des cboses Dimanche, - 1, 10 ; - qu'il fut transporté en Esprit oans un
qui existent dans le Monde Spiriluel, voilà pourquoi il est nommé désert. - XVII, 3 ; - qll'il fut transporté en Esprit sur une
Vision de Dieu; cet état était alors pour eux tel qu'il est pour les haute montagne; - XXI, 10 : - qu'il vit des chevaux dans la Vi­
Esprits mêmes el pour les Anges mêmes dans Je Monde Spiriluel ; sion, -- IX, 17: - et ailleurs, qu'il Vit les choses qu'il a dé­
dans cet état l'esprit de l'homme, comme son mental, quant à la cri tes: par exemple, le Fils de l'homme au milieu des sept chande­
vue, peu t être transporté d'un lieu dans un au tre, le corps restan t dans delie(s; le Tabernacle, le Temple, l'Arche et l'Autel· dans le Ciel;
sa place, C'est dans cet étalque j'ai été moi-même depuis maintenant le Livre scellé de sept sceaux, et les chevaux qui en sortaient; les
26 ans, avec celle différence, que j'y étais en esprit et en même quatre animaux autour du Trône; les douze"mille Élus, de chaque
temps dans le corps, el seulement quelque fois hors du corps. Qu'E­ Tribu; l'Agneau alors sur la Montagne de Sion; les Sau terelles qui
zéchiel, Zacharie, Daniel, et Jean quand il écrivit l'Apocalypse, montaient de l'abîme; le Dragon et son combat contre Michel; la
aient été dans cet état, on le voit par les passages suivants: Ezé­ Femme qui enfante un Fils mâle, et qui s'enfuit dans le désert à
chiel dit: "L'Esprit m'enléva, et il me ramena en Chaldée cause du Dragon; les deux Bêtes, l'une montant de la mer, et l'au­
vel'S la Capt1'vité, dans la VISION DE DIEU, en ESPRIT DE DIEu; tre de la terre; la Femme assise sur la Bête de cOllleu!' d'écar~ate ;
ainsi monta sm' moi la VrS)I)N, que je vis. " - XI, i, 24 _ )e Dragon jeté dans l'étang de feu etde souffre; le Cheval blanc et
« Que l'Esp1,it l'enleva, et qu'il entendit derrièl'e lui un trem­ le grand Souper; la Sainte Ville, Jérusalem, descendant du Ciel,
blement de terre. » - III, 1.2, 1.4. - Que l'Esprit l'enleva en­ décri~e quan t à ses. portes, à sa. muraille et à ses fondements; le
tre la Terl'e et le Ciel, et l'amena à Jérusalem, et qu'il vit des Fleuve d'eau vive, et le~_arbres (le Yie, faisant.du fruit chaque mois;
abominations. » - VJII, '3, et suiv. - Il Qu'il vit quab'e Ani- -et, plusieurl' au~r.eschQse~. Dans un semblable état étaient Pierre,
238 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 239
Jacques et Jean, lorsqu'ils virent Jésus transfiguré; et Paul, lors­ '22. - VII, 1,3, 11, 13, 19,20, 21. - VIII, 1, 3, t!, t3. ­

qu'i1 entendit du Ciel des choses ineffables. 'IX, 2,6, 8, t2. H, t6, 21,22, 23,24. - X, 1, 2, 18. - XI,

t, 6, 9, H, 17, t8, 2t, 22. - XII, 14, t7. - xm, t, 3, 6,8,

9, H, 12, 13, 14, 15,25. - XIV, 1, tO, 14,15. -- XV, 1, 2,

3,6, H, t9, 20. - XVI, 1,3,5, lJ, 14, t6. - XVII, 5,9,15,

t9, 20,21, 24. - XVIII, 1, D, 6, 11, 13. - XIX, 1, 3, 6, 1'2,

COI\OLLAIRE. Hi. - XX, 4 ..- XXI, 1, 4, 7, 8, H, 12. - XXII, 1, 2,3,5,

6, H, 16,18,24,29,30. - XXIII, 1,2,4, 5,7,11, t2, 15,

158. Puisque, dans ce Chapitre, il a été traité de L'EsPRIT SAINT, 24,28,29, 30, 3t, 32, 33, 38. - XXIV, 3, 4, 5, 8. - XXV,l,

il est absolument important de faire remal'quer que l'Esprit Saint .3,7,8,9, f2, 15, 27, 28, 29, 32. -XXVI,i, 2, '18. - XXVII,

n'est nommé nulle part dans la Parole de "Ancien Testament, mais t, 2,4,8, H, t6, t9, 21, 22, -XXVIH, 2,12, 14.16.­

qu'il est dit seulementl'EslJrit de Sainteté dans trois endroits, une XXIX, 4, 8,9,10,11,14,16,19,20, 21, 20, 30, 31,32.-'

fois dans David, - Ps. LI, 13; - et deux fois dans Esaïe,­ XXX, t, 2,3,4,5,8, iD, 11, 12, 17, 18, 21. - XXXI, 1,2,

LXIII, 10, 11. - Mais, dans la Parole du Nouveau Testament, tant 7, tO, 15,16,17,23,27,28,31,32,33, 34, 35, ;~6, 37,38.

dans les Evangélistes, que dans les Acles des Apôtres et dans leurs - XXXII, 1,6,14, Hi, 25, 26,28, 30,36,42, 44. - XXXIII,

Épîtres, il est fréquemment nommé, et cela, parce qu'il y cut pour i, 2, 4,10,12,1.3,14,17,19,20,23,25. - XXXIV. 1, 2, 4,

la première fois un Esprit Saint, alors que le Seignenr vint dans le 5,8,12,13,17,22. - XXXV, 1,13, 17, t8, 19. - XXXVI,

monde; en elfet, l'Esprit Saint procède du Seigneur d'après le Père, i, 6,27,29,30. - XXXVII, 6, 7,9. - XXXVIII, 2, 3, 17. ­

car le SEIGNEUR EST SEUL SAINT, - Apoc. XV, 4. - C'est même XXXIX, 15, 16, 17, 18. - XL, 1. - XLII, 7, 9, 15,18, 19. ­

pour cela qu'il est dit par l'Ange Gabriel à l\Iarie Mère: Le SAINT XLIII, 8,10. - XLIV, 1, 2, 7, 11, 24, !5, 26, 36. - XLV, 1.

(SA~CTU:lI) qui naîél'a de toi.» - Luc, l, 35. - S'il a été dit: 2,4, D. - XLVI, 1, 23, 25,26, 28. - XLVII, 1, 2. - XLVIII,

t< Il n'y avait pas encOI'e un Esprit Saint pm'ce que Jésus n'é­
'i, 8,12,30,35,38,40,43, .i4, 47. - XLIX, 2, 5, 6, 7, 12,

tait pas enCOl'e .qlorifié,» - Jean, VII, 39, - tandis qu'aupa­


t3, 16,18,26,28,30, 32,34, 30, 37, 38, 39. - L, 1, 4, 10,

ravant il est dit qU'lin Esprit Saint a rempli Elisabelh. - Luc, l,


18, 20, 21, 30,31, 33, 35, 40. - LI, 1, 25, 33,36, 39, 52, 53,

4t, puis Zacharieo, - Luc, l, 67, - et aussi Siméon, - Luc, II,


58, - Voilà seulement pour JÉRÉMIE; des expl'es!ion& semblables

25, - c'était parce que l'Esprit de Jéhovah le Père les avait rem­
se trouvent dans tous les autres Prophètes, el il n'y est pas dit que

plis, lequel Esprit fut n0ll!mé Esprit Saint à cause du Seigneur,


l'E~prit Saint ail padé, ni que Jéhovah leur ait parlé par l'Esprit

qui était déjà dans le l\Jonde. C'est pOUl' celle raison que dans la
Saint.

* • • • •
Parole de I~Ancien Testament il n'est dit, en aucun endroit, que

les Prophètes aient parlé d'après l'Esprit Saint, mais il est dit que
t59. A ce qui précède j'ajoulerai ces MÉMORABLES. - PREMIER
c'est d'après Jéhovah; en effet, il est dit partout: « JÊHOVAJI M'A
ME:lIORABLE: Un jour que j'étais en société avec des Anges dans le'
PARLÊ ; LA PAROLE ~r'A ÉTÉ ADRESSÉE PAR JÉHOVAH; JÉHOVAH A DIT;
Ciel, je vis à une certaine distance en bas une grande Fumée, et
PAHOLE DE JÉHOVAH ; 'afin que personne ne doute qu'il en soit ainsi,
du feu qui parfots s'en échappait, et alol's je dis aux Anges qui cau­
je vais seulement citer les passages de Jérémie, où ces expressions
saient avec moi: Il y en a peu ici qui sachent que la fumée vue dans
sont employées: Chap. 1,4, i, 11, 12,13, 14, 19. - II, 1,2,3,
dans les Enfers sort des faux confirmés par les raisonnements, et
4, 5,9, 10,22, 29, 3t. -III, 1,6, 10, 12, 14, 16. -IV, 1, 3,
.que le feu est la colère s'emportant contre ceux qui contredisent;
9,17, 27. - V, H, 14, 18, 22, 29. - VI, 6, 9, i2, 10, 16, 21~
~ela, ajoutai-je, est aussi inconnu dans ce Monde, qu'il est inconnu
240 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE, 2U
dans-le milln, où je vis par le co.rps, que la flamme n'.est.autre. chose, sellce dans nos mentais; nous sOlllmes aiusi affectés, parce que nous
que de la fumée enflammée; j'ai souvent fait l'expérience qu'il en dirigeons tous nos sens vers le Dieu invisible, qui opère par l'en­
est ainsi, car j'ai vu dans un foyer des fumées. s'élever au-dessus du 'Voi de son esprit non pas singulièrement dans la vue de notre enkn­
bois, et quand j'y portais le feu avec un tisou, je voyais ces fumées dement, mais universellement dans toul le système de notre mental
se changel' en des flammes, et ces flammes avoir la. même forme r. et de notre corps; le culte d'un Dieu visible ou apercevable comllle
que les fumées, car toutes les particules de fumée deviennent de pe­ homme devantlesmentals, ne présenterait point de semblables effets.
tites étincelles qui s'enflamment conjointement, comme il arrive Lorsqu'ils eurent ainsi parlé, les iguorants d'entre les Ecclésiasti­
aussi pour la poudre à canon embrasée: il en est de mêl\l8' de ceLLe ques, qUi s'étaient tenus derrière eu>:, applaudirent; et ils ajoutè­
Fumée, qiJe nous voyons en bas, elle consisle entout autant de faux, rent: D'où vient le Saint, sinon d'un Divin non-visible et non-per­
et le feu qui s'en échappe comme une flamme y est l'emportement ceptible? dès que cette expression louche l'entrée de [Jotre ouïe,
Il du zèle pour ces faux. Alors les Angss me dirent: Prions le Sei­ notre visage s'épanouit, et nous SOlllllles réjouis conlme parla dOI­
gneul' qu'il nous soit permis de descendre et d'approcher, afin que ceur d'une aure odoriférante, et aussi frappons-nous nos poitrines;
Il
nous percevions quels sonlles faux qui fument et s'enflamment ainsi. si, au coutraire, il s'agit d'un Divin visible et perceptible, dès 4ue
chez eux; et cela fut accordé; et voici, il apparut ail tour de nous. cette expression entre dans l'oreille, cela devient purement natu­
une colonne de lumière sc continuant jusqu'à ce lieu; et alors nous rel et non-Divin: c'est pOUl' ullesemblable raison qlle les Catholiques­
vîmes quatre Troupes d'Esprits, qui confirmaient fortement qlle Romains chantent leurs ~Jtsses en latin, et qu'ils tireul tlu sanc­
Dieu le Père, parce qu'il e.~t invisible, doit être imploré et adol'é, luail'e des autels les hosties qu'ils disent conleuir des lIlystères divins,
et non son .Fils né dans le Monde, parce qu'il est homme et visible: et les montrent au peuple, qui devaut elles, COlllllle Jel'Jllt ce qUI!
quand je portai 'mes regards SUI' les côtés, 11 gauche je vis des Sa­ ya de plus mystérieux, tombe sur les genou:( et respire la sain(eté.
"ants d'entre les Ecclésiastiques, et derrièl'e eux des ignorants; et Apl'ès cela, nous nous tournà'lles vers la droite, où s'étaient placés
à droite, des Erudits d'entre les Laïques, et derrière eux des illet­ les Erudits, et derrière eux les illettrés d'eutre les Laïques, et j'en­
trés; mais entre nous et eux il y av:lÏt un inlenal!e béant, ~Ili ne tendis les Erudits parler en ces termes: NOliS ~avons que les plus
pouvait être franchi: Or, nous lOurnàmes les ):eux et Jes oreilles à sages d'entre les Ancieus ont adoré lin Dieu invisibll', qUlts ont
gauche, oil étaieut les Savants d'entre les Ecclési!lstiques et der­ nommé .Jéhovah, mais qu"après eux, daus les siècl~s 4ui suivirent,
rière eux les ignorants, et nous les entendîmes raisonner ainsi sur les hommes se firent de leurs Monarques défuuts des dieux, parmi
Dieu: Nous savons par la Doctrine de notre Eglise, qui est une sur lesquels élaient Saturne, Jupiter, Neptune, Pluton, Apollon, puis
Dieu dans toute l'Europe, que c'est il Dieu le Père, parce qu'il est. Minerve, Oiane, Vénus, Thémis; qu'ils leur élevèrent des temples
invisible, qu'il faut s'adresser, et en même temps alors à Dieule el leur rendirent un culte Divin; et que de ce culte, par l'action
Fils, et à Dieu l'Esprit Saint, qui sont aussi invisibles, parce qu'ils du temps, naquit l'idolâtrie, qui jeta enfin tout le globe dans l'ex­
sont co-éternels avec le Père, et comme Dieu le Père est Créateur travagance; nous, en conséquence, nous accédons d'un consente­
de l'univers et par conséquent dans l'Univers, quelque part que nous ment unanime à celle décision du Sacerdoce et d~ nos prêtres, qu'il
tourniolJsles yeux, il est présent; et quand nous Le prions, il nous y a eu et qu'il y a trois Personnes Divines de toute éternité, dout
écoute favorablement, et après la Médi.:ttion par le Fils acceptée, il chacune est Dieu; il nous suffit qu'ils soient invisibles: les illettrés
envo.ie l'Esprit Saint qui répand daAs nos cœurs la gloire de la jus­ ajoutèrent après eux: Nous sommes du même avis; est-ce que Dieu
tice de son Fils,. et nous. béatifie; no.us,.créés Docteurs de l'Eglise, n'est pas Dieu; et l'homme, homme? mais nous savons que si quel­
quand nous prêchions,. nous sentions dans nos poitrines la sainte qu'un propose un Dieu-homme, la Masse du peuple, qui a de Dieu
opération de cet envoi, et nous e~ha\joDs la.dévotion d'après sa pré- une idée sensuelle, y accédera. Après ces discours, leurs yeux fu-
I, ~6

242 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 24.3


reot ouverls, et ils nous virent près d'eux; el alors, de dépit de ce 'voilà ce que le Seigneur dit dans Jean. - lU, 11>, 16,36. XIV, 6
que nous les avions entendus, ils gardèrent le silénce; mais les à HS. - Lorsqu'ils eurent entendu cela, plusieurs de ceux qui com­
Anges, par la puissance qui leur avait été donnée, bouchèrent alors posaient les quatre Troupes s'emportèrent au point qu'il sortait de
les extérieurs ou inférieurs de leurs pensées d'après lesquels ils leurs narines de la fumée et du feu; alors nous nous en allâmes, et
avaient parlé, et ouvrirent leurs intérieurs ou supérieurs, et ils les JesAnges, après m'avoir accompagné à la maison montèrent dans
forcèrent à parler de Dieu d'après ces intérieurs; et alors ayant leul' Ciel.
pris la parole ils dirent: Qu'est-ce que Dieu? Nous n'avons pas vu 160. SECOND l\JKMORARLE: Un jour je marchais, accompagné d'An­
sa forme, et nous n'avons pas entendu sa voix; qu'est-ce donc que :ges, dans le Monde des esprits, qui tient le milieu enlre 10 Ciel et
Dieu, si non la Nature dans ses premiers et dans ses derniers? nous l'Enfer, et dans lequel tous les hommes après la mort viennent d'a­
l'avons vue, elle, parce qu'elle brille fi nos yeux, et nous l'avons .bord, et sont prépar6s, les bons pour le Ciel, et les méchants pour
entendue, parce qu'elle retentit à no5. oreilles. A ces mots, nous t'Enfel"et je conversais avec ces Anges sur divers sujets; entre
leur dimes: N'avez-vous jamais vu Sociu qui a reconnu seulement autres choses je leur dis: Dans le Monde, où je suis de corps, il
Dieu le Père, ou Arius qui éi nié le Divin du Seigneur Sauveur, ou .1Ipparail pcndantla nuit d'innombrables Etoiles, grandes et petites,
quelques-uns de leurs sectateurs? Ils nous répondirent: NOl1s ne ..et ce sont autant de soleils qui seulement, dans le monde de notre
les avons point vus. Ils sont, leur dîmes-nous, dans un gouffre au­ .'Soleil, transmettent de la lumière; et quand j'ai vu que dans votre
dessous de vous; et incontinent quelques-uns en furent retir€'s', et Monde on aperçoit aussi des Etoiles, j'ai présumé qu'elles étaient
ayant été interrogés sur Dieu, ils parlèrent de la même manière en aussi grand nombre qlle dans le Monde où je suis: les Anges,
que les précédeuts; et en outre ils clirent: Qu'est-ce que Dieu? charmés de celle conversation, disaient qu'il y en avail sans doute
nous pouvons faire des dieux autant que nous vOilions; et alors nous .autant, puisque chaque Société du Ciel brille parfois COlllme une
leur'dimes: Il est inutile dc vous parler du Fils de Dieu né dans le Étoile devant ceux qui sont au-dessous du Ciel, et que les Sociétés
Monde, mais nénnmoins voici ce que nous VOliS dirons: Afin qu'à .du Ciel sont innombrables, et toules disposées cn ordre selon les
J'égarcl cie Dieu la foi en Lui et par Lui, par ceta même que per­ variétés des affections. de l'amour du bien, qui en Dieu sont infinies,
sonne n'a vu Dieu, Ile devint,"comme ulle bulle de savon dans l'air, t qui par suite d':lprès Dieu sont innombrables. Et comme ces so­
parée de helles couleurs dans le prcmier et le second âge, et ré­ cietésonl été pl'é\'ues avant la cré~tion, je pense qlle selon leur
duite à l'.ien dans le troisième et le suivant, il a plu à Jéhovab Dieu nombre il a été pourvu, c'est-à· dire, créé tout autant d'Etoiles.
de descendre el de prendre l'Humain, et ainsi de Se rendre visible, <dans le Monde où devaient habiter les hommes dans un corps natu­
et de cOllyaincre les hommes que Dieu n'est point un être de raison rel-matériel. Pendant que nous conversions ainsi, je vis au septen­
(eus), mais qu'il est Celui qui A été, Est et sera de toule éternité à 41'ion un chemin battu, tellement couvert d'Esprits qu'à peine si
toute éternité, et que Dieu n'est point un mot de trois syllabes. ·entre deux il y a\'ait l'espace d'un pas; et je dis aux Anges que j'a­
mais C)u'il est le tout de la chose depuis l'Alpha jusqu'à l'Oméga, vais vu aussi ce chemin pl'écéllemment, et des Esprits y marcher
qu'il est pal' eonsécluent la Vie et le Salut de tous ceux qui croient ~errés comme des bataillons, et qlle j'avais appris que c'est par ce
en Lui visible, et non de ceux qui disent croire en un Dieu invisible. ~hemin que passent tous ceux qui sorlent du Monde naturel: si ce
car cl'ûire, voir et connaître font un; aussi le Seigneur a-t-il dit à Chemin était couvert d'un si grand nombre d'Esprits, c'est parce
Philippe: "Celui qui Me voit et Me connaît, voit et c·onnaîL le Père; " qu'il meure chaque semaine des myriades d'hommes, et que tous
et ailleurs: " La volonté du Père est qu'on croie au Fils, et celui ceux-là après la mort transmigrent dans CP, Monde. A cela, les An­
qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit pas au ses ajoutèrent: Ce chemin a~outit dans ce Monde à son milieu, où
Fils ne verra pas la rie, mais la colère de Dieu demeure sur lui; ,. nous nous trouvons dans ce moment; s'il aboutit au milieu, c'est
24.4 LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE. 24,5
parce que snr le côté vers l'Orient sonl les Sociétés composées de:
ceux (lui sonl dans l'Amour envers Dieu el dans l'Amour à l'égard un seul n'en est-il' revenu· el n'en a-t-il donné des nouvelles? Le
du prochain, à gauche vers l'Occidenl les Sociétés composées de Q&JA-TRIÈME qui était tout proche, lui dit: Je t'apprendrai pourquoi
ceux qui sont contre ces amours, et en a'·ant au Midi les Sociétés -perllonne n'en est revenu et n'en a donné des nouvelles, c'est que,
composées de 'Ceux qui sont plus intelligents que les autres; de là .quand l'homme a rendu l'âme et esl morl, cette âme alors
résulte que les nouveaux venus du !\Ionde naturel affluent d'abord ~. .OU devient un speclre et se dissipe, ou elle esl comme le
iCI: quand ils y arrlrent, ils sont alors dans les externes, dans les­ souffle de la bouche, qui n'esl qu'un venl; cOlllment peut-elle
quels ils étaient en dernier lieu dans le rtlonde précédent, el ensuite· revenir el parler avec quelqu'un? Le CINQ1lJÈME pril la parole
ils sont successivement mis dans leurs inlernes, el examinés quant et dit: Amis, attendez jnsqu'au jour du Jugement Dernier, car tous
il leur qualité, el après l'examen les bons sont porlés à leul' place alors reviendront dans leur corps, el vous les verrez, et vous parlerez
dans le Ciel, et les méchanls à leur place dans l'Enfer. .a~ec eux, et chacun alors racontera à l'au Ire sa deslinée. Le SIXIÈME,
Nous nous arrêlâmes au milieu, où se terminaient le chemin dans qui se tenait à l'opposé, dit en riant: Commenl l'esprit qui est un
lequel affluaienlles Esprits; et nous dîmes: Restons ici quelque souffle, peut-il revenir dans un corps rongé par les vers, et en méme
temps, et parlons llvec quelques-uns des nouveaux venus; el nous temps dans son squelette brûlé par le soleil eL réduil en poussière!·
ell choisîmes douze; el comme ils étaient lous récemmenl arrivés El commenl un Égyptien devenu Momie, el mêlé par un pharma­
du!\londe naturel, ils ne savaient autre chose, sinon qu'ils y étaient -cten avec des extraits ou des émulsions, avec des choses qui ont été
encore; el nous les inlerrogeâmes sur ce qu'ils pensaienl du CIEL et bues ou mangées, peul-il revenir et l'aconIer quelque chose; alten­
de l'ENFEI\, el de LA VIE AI'RES LA AIORT. L'UN d'eux répondit: Notre ·<lez donc, si c'ei\l votre foi, ce dernier jour, mais ce sera une attente
Ordre Sacré a impl'imé en moi la foi que nous vivl'ons après la mOI'I, perpétuelle, et perpétuelle en vain. Après celui-ci le SEPTIÈME dit:
et qu'il y a un Ciel ct un Enfer, et pal' suite j'ai cru que tous ceux Si je croyais 11 un Ciel el 11 un Enfer, et par suile à une vie après la
qui vivent moralelflent viennenl dans le Ciel, el que, comme tou~ mort, je croirais allssi que les oiseau x et les bétes doiven 1également
vivent moralement, personne ne va dans ['Enfer, et qu'ainsi l'En­ vivre; n'yen a-f-il pas quelques espèces aussi morales el aussi ra­
fer est une fable inventée par le Clergé pour détourner de mal vi­ tionnelles que les hommes? on nie que les bêtes vivent, moi donc je
vre ; qu'importe que j'aie de Dieu telle ou telle pensée? la pensée nie que les hommes vivent; il ya parilé de raison, l'un résulte de
n'est qu'une pellicule ou une bulle sur l'eau, qui se dissipe el dis­ l'autre; qu'est-ce que l'homme, sinon un animal? Le HUITIÈME, qui
parait. Un AUTRE, qui était près de lui, parla ainsi: Ma foi est qu'il se tenait derrière celui-là, s'avança el dit: Croyez, si vous voulez,
ya un Ciel et un Enfer, el que Dieu gouverne le Ciel, el le Diable .aù Ciel, mais moi je ne crois poinl à l'Enfer; .Dieu n'est-il pas Tout­
l'Enfer; el comme ils sont ennemis el par conséquent opposés l'un Puissant, et ne peut-il pas sauver chaque homme? Alors le NEU­
à l'aulre, l'un appelle mal ce que l'autre appelle bien; et l'homme ·VIÈME lui frappa dans la main, el dit: Non-seulement Dieu est Tout­
moral hYPocl'ite, qui peut faire que le mal apparaisse comme bien. Pui:,sant, mais il est aussi rempli de grâces; il ne peut envoyer qui
el le bien comme mal, se tient dans l'un etl'aull'e parti; alors que que ce soil dans un feu élernel, et si quelqu'un y était, il serait
m'importe que je sois avec l'un ou avec l'aulre Seigneur, pourvu impossible qu'il ne l'en délivr,\l pas et ne l'en retir:Ît pas. Le DI­
qu'il me soil favorable? le mal el le bien plaisenl également aux XIÈME s'élança de son rang dans le milieu, el dit: Moi non plus je
hommes. Le TflOISIi!~IE, qui était à côlé de celui-ci, dil : De quelle ne crois poinl à l'Enfer; Dien n'a-t-il pas envoyé son Fils, et le
importance esl- il pour moi de croire qu'il y a un Ciel et un Enfer? Fils n'a-t-il pas expié et enlevé les péchés de tout le monde? qu'est­
qui en est J1eVenu ? qui en a donné des ,nouvelles? :si tout homme· ce que peul alors le Diable contre cela? el puisqu'il ne peul rien,
vil'ait après la mort, pourquoi parmi une si.gFande multi,tude pas qu'est-ce alors que l'Enfer? Le ONZIÈME, qui avait été Prêtre, s'em­
porta, en entendant ces paroles; el il dit: Ne sais-lu pas que ceux l

! ~
-

246 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 247


qui ont obtenu la foi, à laquelle a été allaché le mérite du Cliris~,. ouvraient la porte et les admettaient; et nous dîmes à ceux qui
sont sauvés, et que ceux que Dieu a élus obtiennent cet:e foi? Est­ recevaient à l'entrée ces nouveaux venus: Soumettez-les à l'examen;
ee que l'Élection n'appartient pas à l'Arbitre du Tout-Puissant et et ils leur firent tourner le dos, et ils virent que leurs occiputs
â son Jugement? Qui sont ceux qui en sont dignes? qui est-ce qui étaient fort excavés; et alors ils leur dirent: Retirez-,ous d'ici,
peut s'oPI)Oser à cet Arbitre et à ce Jugement? Le DOUZIÈME, qui car il y a en vous le plaisir de j'amour de mal faire, et par oonsé­
était un Politique, gardait le silence; mais, ayant été prié de COIl­ quent VOliS n'ave1, point été conjoints au Ciel, car dans 'os cœurs
rouner les réponses par la sienne, il dit: Je ne manifesterai rien de: vous avez nié Dieu et méprisé la religion; et nous alors nous leur
ce que je pense du Ciel, de l'Enfer et de la vie après la mort, puis­ dillles : Ne restez pas, parce qu'autrement vous seriez chassl's, et
que personne ne sait.sur ces sujets la moindre chose; mais néan.· ils se hâtèrent de descendre et s'en allèrent.
moins permeliez aux Prêtres, sans les en blâmer, de les pl'êcher" Dans le chemin pour revenir chez moi nous recherchàmes pour
car les mentais du Vulgaire sont ainsi par un lien invisible tenus quelle raison les Occiputs de ceux qui sont dans le plaisir de mal
aiLachés aux lois et aux chefs,. le Salut puLlic ne dépend-il pas de faire ont été excavés dans ce Monde; el je présentai celle-ci: C'est
là? que chez l'hoITlme il y a deux CerveaulI, l'un dans l'Occiput, qu'on
Nous, après avoir entendu ces divers sentiments, nous étions in-· nomme Cervelet, et l':lutre dans le Sinciput, qlj'On nomme Cerveau;
terdits de surprise, et nous dîmes entre nous: Ce sont pourtant là que dans le Cervelet habite l'amour de la volonté, et dans le Cer­
des gcns qui sont appelés Chrétiens; ce ne sont ni desllOmmes, ni veau la pensée de l'entendement; et que, quand la pensée de l'en­
des bêtes, ce sont des hommes-bêtes; néanmoins pour les retirer­ tendement ne conduit pa51'amour de la volonté de l'homme, les
du sommeil, nous leur dîmes: Il ya un Ciel et un Enfer, et il ya intimes du Cervelet, qui en eux··mêmes sont célestes, s'affaissent';
une Vie après la mort; vous en serez convaincus, quand nous aurons de là l'Excavation.
dissipé l'ignorance sur l'état de vie dans lequel vous êtes mainte­ i61. TROISIÈME l\IE~IORARLE, Un jour, dans le Monde spirituel,
nant; chacun, en effet, dans les premiers jours aptès la mort, ne: j'entendis un bruit comme celui que fait une Meule; c'était dans la
sait autre chose, sinon qu'il vit enCOI'e dans le même Monde, où il Plage Septentrionale de ce monde: d'abord je m'étonnai de ce que
était précédemment, car Je temps écoulé est comme un sommeil, cela pouvait être; muis je me rappelai qlle la Meule et Moudre si­
et lorsqu'on son de ce sommeil, al! ne peut faire autrement que de gnifient rechercher d'après la Parole ce qui sert à la doctrine; je
croire qu'on est Ol! l'on était auparavant; il en est de même de: m'auançai donc vers le lieu d'ou ce bruitsc faisait entendre, et lors­
vous aujourd'hui; aussi avez-vous parlé comme vous pensiez dan·s que j'en fus près, le bruit cessa; et alors je vis sur la terre une
le l\londe précédent. Et les Anges dissipèrent l'ignorance ; et alors sorle de cavité à laquelle on parvenait par un an Ire; ayant aperçu
ces gens se vircnt dans un autre i\Jonde, et parmi des personnes l'autre, je descendis et j'entrai; et voici, c'était une Chambre dans
qu'ils ne connaissaient point; et alors ils s'écrièrent: Oh! où laquelle je vis un Homme vieux, assis au milieu de livres, tenant de­
sommes-nous? Et nous leur dimes : Vous n'ètes plus dans le Monde vant lui la Parole, et y cherchant ce qni pouvait servil' à sa doc­
natul'el, vous êtes dans le Monde spiriluel ; el nous, nous sommes trine; autour de lui gis<lient il terre ùes feuilles de papier, sur les­
des Anges. Alors, élant bien éveillés, ils direnl: Si vous êles des.. quelles il écrivail les passages qui devaient lui servir; ùans une
Anges, montrez-nous le Ciel. El nous répon~imes: restez un peu Chambre adjacente il y avait des secrétaires qui recueillaient ces
ici, et nous reviendrons: et Ilne demi-heure après, étant reve­ feuilles de papier, et transcrivaient dans lin volume ce Clui avait
nus, nous les trou vâmes qui nous allendaien t, et nous leur dîmes: été écrit dessus. Je·le questionnai d'abol'd au sujet des Livres qui
.Suivez-nous dans le Ciel ; et ils nous suivil'ent, et nous -étaient auleur de lui; il me dit qu'ils trailaient tons de LA FOI JUs­
montâmes avec eux, et parce que nous étions avec eux, les gardes. TIFIANTE, ceux de Suède et de Danemarck profondémen l, ceux
248 LA VRAIE 24.9
RELIGION CHRÉTIENNE.
d'Allemagne plus profondément, ceux d'Angleterre encore plus pro- vourquoi dis-tu accès auprès-de Dieu le Père à la considération du
fondément, et ceux de la Hollande le plus profondément; et il Fils, et ne dis-tu pas par le Fils? Est-ce que le Fils n'est pas Mé-
ajouta qu'ils différaient ~n divers points, mais qu'ils s'accordnient diateur et Sauveur? pourquoi ne l'adresses- tu pas au Médiateur et
tous sur l'Article de la Justification et de la Salvation par la foi .ail Sauveur Lui-même? n'est-il pas Lui-l\fême Dieu et Homme? sur
seute. Ensuite il me dit que maintenant il recueillait de la Parole 'terre est-il quelqu'un qui s'adresse immédiatement. il un Empereur.
ce point principal de la Foi justifiante, que Dieu le Père s'élait à un Roi ou à un Prince? N'est-ce pas à un Intendant et à un In-
détourné de la grclce envers le Genre humain à cause de ses ini- troducteur qu'on doit s'adresser? Ne sais-lU pas que le Seigneur
quités, et que par conséquent pour sauver les hommes il y avait eu .est venu dJns te Monde pour être Lui-Même l'introducteur auprès
néces3ité Divine qu'une satisfaction, une réconciliation, une propi- du Père; qu'il n'y a d'accès que par Lui; et ,que cet accès est per-
tiation, une médiation 'fussent faites par quelqu'un, qui prit sur soi pétuel, lorsqu'on s'adresse immédiatement au Seigneur Lui-Mème,
la damnaI ion de la justice, et que cela n'avait pu être fait que par puisqu'il est dans le Père et que le Père est en Lui? Cherche main-
son Fils unique; el qu'aprè:; que cela eut été fait, il y eut à cause tenant dans l'Écriture, et tu verras que cela y est conforme, et que
de lui accès auprès de Dieu le Père: car nous disons: Père, aie lon chemin pour allel' vers le Père yest opposé, de même qu'il est
pitié de nous à cause du Fils; et il ajouta: Je vois et j'ai VII que cela opposé il la raison; je te dis même qu'il y il impudence de s'élancer
est conforme à toute raison et conforme à l'Ecriture; comment vers Dieu le Père, et de ne pas y parvenir par Celui qui est dans le
Dieu le Pè"e aurait-il pu étre approché autrement tIue par la foi Sein, du Père et Seul chez le Père; est-ce que tn n'as pas lu dans
dans le mérite du Fils? Je l'écoutais, et j'élais extrêmement surpris Jean le Vers. 6 du XIV· Chapitre? A ces mots, ce vieillard entra
de lui entendre dire que cela était conforme à la raison etconforme dans IIne telle fureur, qu'il s'élança de dessus son siége, et cria à
à l'Ecriture, lorsque cependant cela est contre la raison et contre ses secrétaires de me jeter dehors; et comme à l'Instant même je
l'Ecriture, et même je te lui dis ouvertement. Alors ill-épandit dans sortis de mon plein gré, il lança après moi hors de la porte un Li-
l"emportement de son zèle: Comment peux-tu parler ainsi? Je lui vre que sa main saisit au hasard, et cc Livre était ta Parole.
-ouvris donc complétement mon mental, en disant: N'est-il pas con- 1.62. QUATRIÈME MÉMORABLE. II s'éleva une discussion entre les
tre la raison, de penser que Dieu le Père s'est détourné de la grâce Esprits sur celte question: Peut-on voir quelque vrai doctrinal
envers le Genre humain, et qu'il l'a réprouvé et excommunié? La -Théologique dans la Parole, sinon d'après le Seigneur? Tous s'ac-
GI'âce Divine n'est-elle pas un attribut de l'Essence Divine? Se dé- cordèrent en cela, que personne ne le peut sinon d'après Dieu, parce
tourner de la grâce, ce serait donc se détourner de l'Essence Di- .que un homme ne peut prend1'e rien, à moins qu'il ne lui ait
ft

vine, et se détourner de son Essence Divine, ce serait ne plus êlre été donné du Ciel, I l - Jean, Ill, 27 ; ~ il restait donc à disùu-
Dieu; est-ce que Dieu peut se séparer de Soi-Même? Crois-moi, du 1er si quelqu'un le peut sans s'adresser immédiatement au Seigneur;
côté de Dieu, de même que t~ Grâce est infinie, de même aussi elle on disait d'un côté, qu'il fallait s'adresser immédiatement au Sei-
est éternelle; du côt~. de l'homme, la grâce de Dieu peut être per- ~neur, parce qu'il est la Parole; de l'autre côté, que le vrai doc-
due, si l'homme ne la reçoit pas; si la ~ràce se retirait de Dieu, c'eR trinal était aussi vu, quand on s'adressait immédiatement à Dieu le
~erait fait du Ciel tout entier et du Genre humain tl}tJt entier; du père; c'est pourquoi la discussion se portait d'abord sur ce point:
côté de Dieu, lil grâce demeure donc éternellemenl, non-seulement Est-il permis à un Chrétien de s'adresser immédiatement il Dieu le
enyers les Auges et les Hommes, mais même envers les diables d'ans Père, et ainsi, de sauter par-dessus le Seigneur; et n'est-ce pas là
l'Enfer; puisque cela est conforme à la rais<1n, pourql!loi dis-tu qu'il une insolence et une audace indécente et téméraire, puisque le Sei-
n_'ya d'autre accès auprès du Père que par la foi dans le mérite du ~oeur dit, que personne ne' vient au Père que par Lui? -Jeao.
Fils, lorsque cependant il y a a.ccès perpétuel par l,a grâce! Mais XIV, 6. - Toutefois, ils laissèrent ce point, et ils dirent que,

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250 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 25t
l'homme peul voir le vrai doclrinal d'après la parole par sa propre son origine du feu des concupiscences, et qu'elle ressemblait assez
lueur naturel; mais celle opinion fut rejetée ; c'est pourquoi ils à la lumière des chats, dont les yeux, par le désir ardent de tl·ou­
insistèrent, en disant que ce vrai peut être vu par ceux qui prient ver des rats dans les caves, paraissent pendant la nuit comme des
Dieu le Père; et on lut devant eux un passage de la Parole, et alors,. chandelles. A ces mots ils dirent avec emportement, qu'ils n'étaient
ils prièrent il genoux Dieu le Père de les illumer, et ils dirent à l'é­ point des chats; ni comme des chats, parce qu'ils pouvaient quand
gard du passage de la Parole, qui avail été lu devant eux, que telle ils voulaient; mais comme "ils craignaient qu'il ne leur fut dit:
et telle chose était un vrai, tandis que c'était un faux; cela fut ré­ Pourquoi ne voulez-vous pas? ils se retirèrent; et ils se précipitè­
»élé plusieurs fois jusqu'à produire l'ennui; enfin ils avouèrent rent dans leur Abîme; ceux qui son t dans cet Abîme, et ceux qui
qu'ils ne pouvaient point: mais de l'autre coté ceux qui s'adressèrent leur ressemblent, sont même appelés par les Anges Hiboux et
immédiatement au Seigneur voyaient les vrais, et les expliquaient Chauve-Souris, et aussi Sauterelles.
aux autres. Après celle discussion ainsi terminée, il monta de l'A­ Quand ils furent arrivés près des leurs dans l'abime, et qu'ils eu­
bîme quelques Esprits qui apparurent J'abord comme des Saute­ rent raconté que des Anges leur avaient dit qu'ils ne savaient aucun
relles, et ensuite comme de petits hommes; c'étaient ccux qui, dans vrai doctrinal, pas mème un seul, et qu'ils les avaient appelés Hi­
le Monde, avaient prié Dieu le Père et confirmé la Justification par boux, Chauve-Souris et Sauterelles, il y eut du tumulte, et ils di­
la foi seule; c'6taient ceux-mêmes dont il est parlé dans l'Apoca­ ren t: Prions Dieu de nous permelire de monter, et nous démontre­
lypse, Chap. IX, 1 il 11 ; ils disaient qu'ils voyaient dans une lu­ rons clairement que nous avons un- grand nomb~e de vrais doctri­
mière claire, et aussi d'après la Parole, que l'homme est justifié par naux, que les Archanges eux-mèmes reconnaîtront; et p:lrce qu'ils
la foi seule sans les œuvres de la loi; il leur fut demandé par quelle prièrent Dieu, la permission fut donnée, et ils montèrent jusqu'au
foi; ils répondirent: Par la foi en Dieu le Pèl'e ; mais après qu'ils nombre de trois eents, et lorsqu'ils apparurent sur la terre, ils­
eurent été examinés, il leur fut dit du Ciel qu'ils ne savaient pas dirent: Nous avons été célèbres et renommés dans le Monde. pat'ce
même un seul vrai doctrinal d'après la Parole; toutefois, ils répli­ que nOlis avons connu et enseigné les arcanes de la Justification par
quèrent qu'ils voyaient cependant leurs vrais dans la lumiere; alors ]a foi seule, et d'après les confirlllations non-seulement nous avons
il leur fut dit qu'ils les voyaient dans une lumière fantastique; ils vu la lumière, mais nous l'avons mème vue comme un éclat brillant,
demanàèrent ce que c'est qu'une lumière fantastique; on leur apprit et nous la voyons encore de même dans nos cellules; et cependant
que la IUllJière fantastique est la lumière de la confirmation du faux, nous venons d'apprendre de nos compagnons, qui ont été chez vous.
et que celte lumière correspond il la lumière dans laquelle sont les que cette lumière était non pas la lumière, mais des ténèbres, par
Hiboux et les Chauve-Soul'is, pour lesquels les ténèbres sont lumière celle raison que nous n'avons, comme vous dites, aucun Vrai doc­
et la lumière est ténèbres: cela fut confirmé en ce que, lorsqu'ils trinal d'après la Parole; nous savons que tout vrai de la Parole
regardaient en haut vers le Ciel, où est la Lumière mème, ils voyaient brille, et nous avons cru que c'était de là que vellait la splendeur
des ténèbres, et que lorsqu'ils regardaient en bas vers l'Abime, d'oit Elont nous étions environnés quand nous méditions profondément
ils étaient, ifs voyaient de fa lumière. Indignés de cette épreuve sur nos arcanes; c'est pourquoi nous vous démontrerons que nous.
confirmative, ils dirent que de la sorle la Lumière et les Ténèbre~ avons, d'après la Parole, des Hais en grande quantité; et ils di­
Ile sont pas quelque chose, malS sont seulement un état de l'œil, rent: N'avons-nous pas ce Vrai, qu'il ya une Trinité, Dieu le Père,
d'après lequel on dit que la lumière est lumière, et que les lénèbres )e Fils et J'Esprit Saint, et qu'il faut croire en la Trinité? n'avons­
sonlténèbres; mais il leur fut mon,tré que la Lumière fanta~tique, nous pas ce Vrai, que le Christ est notre Rédempteur et notre Sau­
qui est la lumièl'e de la confirmation du faux. était chez eux, et que veur? n'avons-nous pas ce Vrai, que le Christ seul est la Justice, et
leur lumière était seulement une activité de leur mental, qui tirait qu'à Lui Seul est le Mérite, et que celui qui veut s'attribuer quel-­
RELIGION CHRl!:TIENNE. 253
252 LA VRAIE
Vous voyez mailltenant que les Vérités, dont vous avez abusé pour
q.ue chose du méri te et de la justice du Seigneur est injuste et.im- .confirmer les Arcanes de votre Justification, sont en ellcs-mêmes
pie? n'avon&-nous pas ce Vrai, que nul mortel ne peut faire par des Vél'ités, mais qu'elles sont en vous des Yérités falsifiées. Ceux-là
lui-même aucun bien spirituel, mais que tout bien, qui en, soi est regardèrent alors en haut, et le Ciel leur apparut comme du sang,
le bien, est de Dieu? n'avons-nolis pas ce Vrai, qu'il y. a un bien et ensui te comme une obscurité; et eux· mêmes aj)parurent aux
méritoire et un bien hypocrite, et que ces biens sont des maux? yeux des Espri ts angéliq ues, les uns comme des Chauve-Souris, les
(n':!von!i-nous pas ce Vrai, que l'homme' par ses propres forces ne autres comme des Hiboux, et quelques-uns comme des Chats-Huant!!,
peut contribuer en rien à son salut?) n'avons-nolis pas ce Vrai, (lue et ils s'enfuirent dans leurs ténèbres, qui brillaient fantastiquement
néanllloif'ls il faut faire des bonnes œuvres? n'avons-nous pas ce: à leurs yeux.
Vrai, qu'il ya une foi, et qu'il faut croire en Dieu, et que chacun Les Esprits angéliques, qui étaien t présen ts, furent très-étonnés,
a la vie selon qu'il croit ?outre plusieurs autres vrais d'alJ rès la Pa- parce quejllsqll'alors ils n'avaient rien su concernant ce lieu et la
role. Qui de ~ous peut nier un de ces vrais? et cependant vous table qui s'y trouvait; et alors il vint de la Plage méridionale une
avez dit que dans nos écoles nous n'avions aucun Vrai, pas même voix qui leul' dit: Approchez ici, et vous verrez quelque chose de
un seul; n'est-ce pas là ce que vous nous a\'ez injustement reproché. plus merveilleux encore; et ils s'approchèrent, et ils entrèrent dans
Mais ils reçurent alors celle réponse: Toutes les propof'itions que une Chambre dont les murs brillaient comme d'or, et ils y virent
VOliS avez énoncées sont en elles-mêmes des vrais, mais (vous, vous aussi une Table, sur laquelle était placée la Parole, entourée de
les avez falsifiées, en les aprl iquan t à confirmer un faux principe, pierres précieuses en forme céleste: et l'Ange chargé de la garde
et de là ce sont) chez vous et en vous des vrais falsifiés, qui tirent du leul' dit: Quand la Parole est ouverte, il en jaillit une lumière d'un
principe faux leur caractère de faux. Qne cela soit ainsi; c'est même éclat ineffable, et alors il apparaît en même temps au-dessus et au-
ce qne nous démontrerons à vos yeux: Il y a non loin d'ici un .en- tour de la Parole ulle sorte d'Arc-en-Ciel produit par les l}ierres
droit sur laquel la lumière influe directement du Ciel; au M.ilieu est précieuses; lorsqu'il vient ici un Ange du troisième Ciel, il appa-
une Table, et quand il y est posé un papier sur lequel est écrit un raît au-dessus et autour de la Parole un Arc-en-Ciel dans lin plan
Vrai tiré de la Parole, ce papier, d'après le Vrai qui y est écrit. rouge; lorsqu'il y vient un Ange du second Ciel, et qu'il regarde la
brille comme une Étoile; écrivez donc vos Vrais sur un papier, et Parole, il appal'ailun Arc-en-Ciel dans un plan bien de ciel; lors-
mettez-le sur la Table, et VOllS verrez. Ils les écrivirent sur un pa- qu'il )' vient un Ange du dernier Ciel et qu'il regarde, il apparaît un
pier, et Je donnèrent au garde, qui le mit sur la Table, et qui alors Arc·en-Ciel dans UII plan blanc; lorsqu'il y vient un bon esprit et
leUl' dit: ltloignez-vons. et regardez vers la table; et ils s'éloignè- qu'il regarde, il apparaît une lumière dont les variétés sont comme
rent et re~ardèr()nt ; I~t voici, ce Papier brillait comme une étoile; celles du marbre; il leur fut même montré à l'œil que cela arrive
et alors le garde leur dit : Vous voyez que ce sont des Vrais que vous ainsi. Ensuite l'Ange chargé de la garde leur dit: S'il vient quel-
avez écrils sur le papier; mais approchez plus près, et fixez votre qu'un qui a falsifié la Parole, la splendeur disparaît d'abord; et
vile sur le papier; et ils le firent, et tout à coup la lumière dispa. s'il approche et fixe' les yeux sllr la Parole, il se forme comme du
fIIt, et le papier devint noir comme s'il eût été couvert de suie: et sang tout autour, et alors il est averti de se retirel', parce qu'il y a
ensuile le gal'de leur dit: Touchez le papier avec vos mains, mais péril. Cependant un Esprit qui, dans le Monde, avait écrit comme
gardez-vous de toucher l'écriture; et dès qu'ils y eurent touché, UDB Chef d'une doctrine sur la Foi Seule justifiante, s'avança avec au-
flamme en sortit et Je consllma. Après qu'ils eurent vu l'embrase- dace, et dit: Uoi, lorsque j'étais dans le Monde, je n'ai point fal-
n
ment du papier, leur fut dit: Si vous eussiez louché l'écriture. sifié la Parole ; rai même exalté la Charité· en même temps que la
vous auriez entendu lin brllit éclatant, et vous vous seriez hrülé les foi, et j'al enseigné que l'homme dans l'élat de la foi l dans lequel
doigts: et alors ceux qlli se tenaient derrière eux leur dirent:

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