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AVANT-PROPOS
Ce périodique annuel est l'organe d'un Institut qui n'existe pas encore.
. J'avais eu l'occasion de proposer, il y a quelque vingt ans *), l'organisation
d'un service de fouilles systématiques et, depuis, étais revenu maintes fois
à la charge. Mais les avant-projets pour la création d'un «Institut Archéo-
logique Roumain» par moi rédigés à l'intention des titulaires successifs du
Ministère de l'Instruction ou du Ministère des Beaux-Arts, ne purent
jusqu'à ce jour être transformés en texte de loi.
Souhaitons que l'avenir nous soit plus favorable.
E n publiant les deux premiers volumes de «Dacia», je tiens à m'acquitter
avant tout d'un double devoir: celui de remercier, celui de m'excuser.
J e tiens à remercier la Commission des Monuments Historiques qui
me confia, sans m'embarrasser de titres sonores, le soin de toutes les fouilles
archéologiques de mon pays, avec des fonds encore très modestes 2 ), il est
vrai, mais suffisants pour permettre du moins une certaine activité col-
lective, capable de stimuler les efforts des jeunes chercheurs qui se sont
formés autour du Musée que je dirige et de la chaire que j'occupe.
À remercier de même M. Al. Lapedatu, ancien ministre des Beaux-Arts,
qui voulut bien subventionner l'apparition du premier volume de notre revue.
J e tiens aussi à m'excuser du grand retard avec lequel ces deux volumes
paraissent. L'on ne peut s'imaginer combien il est plus difficile de faire
marcher vingt hommes au même rythme avec la tête qu'avec les pieds. 11
ne saurait être question de mauvais vouloir ni de manque d'amitié; seule
l'inégalité naturelle des enthousiasmes fait tout le tort. Le premier volume
paraît avec un retard de quinze mois, le deuxième avec un retard de trois
mois. J e vais essayer de faire paraître le troisième au terme prévu, c'est-à-
dire vers la fin de l'année courante. Chaque volume contient les résultats
des recherches et des fouilles de l'année précédente. J'ai donné la préférence
au millésime des découvertes mêmes: les savants nous sauront peut-être
l 2
) Préface à mon essai sur le camp romain de ) Voir Dacia, I I 1925, p. 198, note 3,
Salsovia, Bucarest, 1906.
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VASII.i: l'XKVAN
gré de cette explication, qui csi, faite pour montrer que notre retard n'est
à un certain point de vue qu'apparent. L'on verra d'ailleurs par les études
et les compte-rendus de fouilles qui suivent, que malgré notre millésime
archaïsant, nous nous sommes tenus au courant des tout dernières publi-
cations sorties de presse avant notre apparition effective.
Nous publions notre Dacia en français (les autres langues mondiales
sont également admises) pour fournir à tous les savants qui s'occupent des
régions carpatho-danubiennes la possibilité de se concentrer autour de Dacia,
comme ils l'ont fait auparavant autour d'Ausonia, de Syria ou de Byzantion.
A côté donc des publications roumaines d'archéologie, comportant seu-
lement des résumés en une langue universelle (tels les Mémoires de l'Aca-
démie Roumaine, le. Bulletin de la Commission des Monuments Historiques,
etc.), nous avons cru utile de faire paraître une publication archéologique
roumaine rédigée exclusivement en une langue universelle. E n effet la Dacie,"
et en général les régions illyro-thraces, qui nous préoccupent tout spécialement,
sont le berceau des civilisations pré- et protohistoriques, dont ni l'Italie, ni
la Grèce, ni l'Asie Mineure ne pourraient se dispenser de connaître à fond
les phases successives et tous les détails de leur évolution. Les origines
italiques, grecques et asianiques des I l l - e et Il-e millénaires av. J.-Chr.
doivent être attentivement recherchées dans l'Europe danubienne. C'est un
point de vue connu, mais pas encore suffisamment reconnu par tout le
monde. Notre revue aidera à le faire reconnaître grâce au matériel inédit
de t o u t premier ordre qu'elle publiera de plus en plus amplement chaque
année. <*
D'autre p a r t toute la Romania orientale se résume de notre temps à
la Roumanie actuelle. C'est un devoir d'honneur pour ce pays que de pa-
tronner la recherche de t o u t le Romanisme oriental.
Mes chers collègues et amis, MM. Jérôme Carcopino et Roberto Pari-
beni, se sont de suite rangés à mes côtés, en illustrant de leur très précieuse
collaboration l'utilité d'une concentration scientifique autour de Dacia. J e
les en remercie aussi au nom de mes confrères roumains et j ' a t t e n d s avec
confiance la participation aussi bienveillante à nos efforts des autres spé-
cialistes étrangers.
La direction de Dacia se fait un devoir de respecter toutes les opinions
de ses collaborateurs, même celles des plus jeunes, et par suite plus enclins
aux illusions «généralisantes». Il va donc sans dire qu'elle ne s'identifie à au-
cune de ces opinions. E t si le directeur n'a pris lui-même que rarement la
parole pour compléter ou pour corriger tel petit détail, il ne faudrait point
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VI
AVANT-PROPOS
en conclure qu'il est toujours et totalement d'accord avec tout le reste. Chaque
auteur est responsable de ses affirmations.
Cette revue paraît en «français». Un français très approximatif, comme
le latin parlé aux temps du Bas-Empire dans les provinces trop éloignées
du centre. J'ai essayé de lutter, de faire mieux; j ' a i fait appel à des con
naisseurs; j ' a i été cependant accablé. Une longue maladie, dont je ne suis
pas encore remis, a complété le reste. Non seulement la dernière main aux
épreuves n'a pas été donnée avec toute l'attention nécessaire, mais aussi
toute la partie critique (compte-rendus, notes bibliographiques, liste des
dernières publications spéciales) a dû être remise au I l l - e volume de
Dacia, destiné à paraître vers la fin de cette année.
La préparation du matériel des deux premiers volumes de notre revue
m'a chargé d'une multiple dette de reconnaissance envers de nombreux
amis ou anciens élèves. Je mentionne leurs noms sans pouvoir dire par le
détail ce que je dois à chacun, soit pour la mise au point de certains ma
nuscrits, soit pour la version française des différents articles, soit pour la
lecture très attentive des épreuves. J e prie donc M-mes Marcelle Flot-Lam-
brino et Zoé Balş-Marinesco et M-lle Marie Holban ainsi que MM. I. Andrie-
şescu, Scarlat Lambrino, P . P . Panaitescu, C. C. Giurescu et Horia Teodoru
de croire a ma profonde gratitude pour le temps et le travail qu'ils voulurent
consacrer à notre Dacia. M. D. Pecurariu, le dessinateur du Musée National
d'Antiquités, a été infatigable à satisfaire tout le monde avec les ressources
de son talent remarquable. Une mention spéciale à M. H . Metaxa, qui cette
fois aussi, fut mon auxiliaire le plus précieux à la révision des dernières
épreuves.
Une carte schématique publiée en première page du deuxième volume
indique les localités principales dont s'occupent les études et les compte-
rendus des fouilles de 1924 et 1925.
Bucarest, avril 1927.
VASILE PÂRVAN
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LES TYPES DE VASES PEINTS
D'ARIUŞD (ERDSD)
La fabrication des vases peints a occupé dans l'Europe Orientale principale
ment les peuplades habitant la région qui s'étend de Kiew vers l'Ouest jusqu'aux
Carpathes antérieurs Orientaux et continue vers le Sud par les Balkans Orientaux
jusqu'en Thessalie Orientale. Les centres principaux de cette civilisation sont: Tri-
polje, à l'Ouest de Kiew, Petreni en Bessarabie Septentrionale, Cucuteni près de
Jassy, Şipeniţi en Boukovine, Ariuşd (Erôsd) près du cours supérieur de l'Oit, qui
comprend aussi quelques sous-centres, et enfin Dimini en Thessalie Orientale.
L'une des stations les plus importantes sur cette ligne déterminée plus haut
est, ainsi qu'il a été démontré par les fouilles entreprises, la région préhistorique
d'Ariuşd.
Les fouilles à cet endroit ont été continuées par le soussigné de 1907 à 1913 ;
cependant par suite des études minutieuses à faire et des multiples photographies
et esquisses à prendre, les travaux ont marché très lentement de sorte que je n'ai
pu déblayer qu'une étendue d'environ 515 m 2 . Un labeur méthodique a toutefois
permis d'établir les conditions stratigraphiques de l'endroit, l'emplacement des cou
ches ainsi que leur mode de formation jusqu'au niveau du terrain préhistorique,
c'est-à-dire jusqu'à la profondeur d'environ 3,50 m.
En déblayant le terrain on a découvert l'emplacement de quatre maisons d'ha
bitation du type à mégaron; on a pu se rendre compte de leur disposition, de la
construction des parois, des foyers, des fours à cuire les vases ainsi que des matériaux
de construction; on a également pu identifier l'emplacement et reconnaître la con
struction de l'enceinte fortifiée.
L'endroit préhistorique d'Ariuşd appartient aux centres à couches profondes.
Les fouilles ont révélé l'existence de sept couches principales, dont les II-ème—Vll-e
recèlent des traces de l'industrie des vases peints (céramique peinte). Pour plus de
facilité je nommerai ce groupe de six couches du nom d e : culture A.
Les trouvailles de la couche supérieure no. 1, épaisse de 30 à 40 cm et nommée
couche de humus supérieure, appartiennent à une autre civilisation que je nommerai
par rapport à la première, la culture B. Cette couche supérieure est surtout mélangée.
Comme à cet endroit il y avait autrefois un champ cultivé, la charrue et la herse
ont mélangé et fait pénétrer les objets de la couche supérieure dans les couches
inférieures.
C'est au moins de cette manière qu'on peut s'expliquer le manque de documents
de la culture B dans la couche supérieure. E n outre, il y a une trentaine d'années,
1 Dacia I 1924.
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FRANCISC LÀSZLO
cet endroit fut planté d'arbres, afin d'empêcher l'érosion des eaux. Les trous creusés
dans ce but ont naturellement bouleversé et mélangé les objets de cette couche. ,.
Plus récemment, à la recherche d'objets antiques on a creusé de grands et «I ,
petits trous et de la sorte les objets sortis des couches inférieures se sont mélangés ,
à ceux des couches supérieures.
A cause de ce multiple mélange des couches je n'ai pu trouver dans la culture 15
aucun fragment de vase dont il eut été possible d'établir le type. Malgré tout, nous
avons tout de même réussi à définir le mode de fabrication des vases, au point de
vue technique, leur profil, les éléments de l'ornementation et par conséquent à en ,
fixer l'époque. Dans ce but nous avons eu recours en premier lieu à la collection du
Musée National des Szeklers qui comprend le matériel découvert dans plus de qua
rante fouilles faites dans le département de Trei-Scaune l) et en second lieu aux
publications 2) concernant les objets provenant d'autres contrées de Transylvanie.
Enfin, j ' a i eu surtout recours aux études publiées 3) par Hubert Schmidt sur la sta
tion préhistorique de Sărata-Monteoru 4) près de Buzău et sur les tumuli de Ma
cédoine 5 ), ainsi qu'aux études du Dr. Martin Roska sur la station préhistorique de
Pecica-Sâmlac"). Après étude minutieuse des objets de la culture B d'Ariuşd, je
suis d'avis qu'ils appartiennent à l'époque de transition de l'âge de pierre à celui de
bronze, à l'époque nommée l'âge de la pierre et du bronze ; en ce qui concerne la
culture A, vu qu'on y rencontre le cuivre pour la première fois, mais comme d'autre
p a r t elle appartient encore à l'époque néolithique, je la nommerai l'époque de la
pierre et du cuivre (époque chalcolithique). Selon une autre terminologie, la culture A
peut être placée dans l'époque prémycénienne et la culture B dans l'époque proto
mycénienne 7 ). Les quelques fragments de vases du cycle de la céramique cordée 8 )
connus jusqu'à présent sur le territoire de Transsylvanie appartiennent à la même
époque que la culture B d'Ariuşd et d'autres endroits. E n deux endroits j ' a i trouvé
aussi des fragments de vases appartenant à la céramique a bossettes. J e rappellerai
ici que ces deux cultures sont tout à fait indépendantes l'une de l'autre, quoique
quelques éléments de la culture B, p . ex. la couverte, l'emploi des spirales et <lr^
méandres comme ornements aient leur origine dans la culture A. É t a n t donné que
dans les stations à une seule couche du département de Trei-Scaune et des autres
endroits de Transsylvanie on n'a pas trouvé de vases peints, nous devons admettre
que les fragments de vases peints retrouvés dans la couche supérieure d'Ariuşd y
J
) A Székely Nemzeti Muzeum évi jelentései. tion von Monteoru, Bezirk Buzău. Zeitschrift fiir
2
) Dr. Kovâcs I s t v a n : Az Apahidai ôskori telep, Ethnologie, 1917, p . 999 — 1003.
5
etc. Dolgozatok-Travaux, 1911. Dr. Kovâcs I s t v â n : ) I I . S c h m i d t : Die Keramik der Makedonischen
A Korpâdi ôskori telep. Doïogozatok-Travaux, 1913, Tumuli. Zeitschrift fur Ethnologie, 1905, p . 91-113.
8
p . 1 — 17. Dr. Kovâcs I s t v â n : A mezobandi âsa- ) Dr. R o s k a M â r t o n : Asatâsok a peeska-
tâsok. Dolgozatok-Travaux, 1913, p . 265. Orosz szemlaki hatârban lévô Nagy-Silncon. Dolgozatok-
E n d r e : Ujabb lelctek a petrisi ôsteleprol Szamosuj- Travaux, 1912, p . 1 — 73.
7
vdrt. Archeologiai Êrtesitô, 1904, p . 227. ) Sophus Mûller: Urgeschichte Europas, Strass-
3
) Il faut y ajouter l ' é t u d e du Dr. Andrieşescu b u r g , 1905, p . 30 — 35.
8
(Bucarest 1924) intitulée «Piscul-Crăsani» qui vient ) Dr. R o s k a M â r t o n : Erôsdi zsinegdiszes edény-
de paraître et qui t r a i t e d ' u n matériel a p p a r t e n a n t tôredékek. Dolgozatok-Travaux, 1914, p . 420, fig. 2.
en partie à la culture B . Dr. Roska M â r t o n : Nouvelles études sur la céramique
4
) Liedloff-II. S c h m i d t : Die prăhistorische Sta cordée, «Archivelc Olteniei», I I I , p. 131 — 132.
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)
ont été amenés des couches de la culture A par le bouleversement du sol. Cette sup-
i âtion est aussi confirmée par le fait que les fragments de vases en question cor-
i pondent entièrement aux vases peints des couches inférieures.
Les objets de la culture B d'Ariuşd présentent beaucoup d'analogie avec ceux
de Lengyel *) en Hongrie et de plusieurs foyers de Moravie et de l'Autriche Inférieure 2 )
étudiés par I. Palliardi; ensuite avec ceux des centres de B u t m i r 3 ) , Vinca 4 ) et
Turdaş 5 ) qui, malgré qu'on ait trouvé parmi les différents objets aussi quelques vases
peints, ne fait toutefois pas partie de la céramique peinte est-européenne mais du
cycle de la céramique à bandes rubanées de l'Europe centrale.
De sorte que, pendant que la culture A d'Ariusd appartient à la céramique
peinte est-européenne, la culture B peut être considérée comme un des derniers
foyers de la céramique à bandes rubanées de l'Europe Centrale et la rencontre de
ces deux cultures dans un seul et même endroit servira de base pour l'établissement
de leur date chronologique.
Les difficultés que nous rencontrons proviennent du fait que le nombre des ob
jets de la culture B est très restreint et que d'autre part, leur état est peu appro
prié à des recherches typologiques. Ces difficultés sont compensées par les trouvailles
des stations voisines et peut-être aurons-nous la chance dans les futures fouilles de
trouver une partie restée intacte de cette couche. Dans ce cas la station d'Ariuşd
pourrait fournir la solution de certains problèmes très discutés concernant l'étude
de la culture néolithique en Europe Orientale et Centrale.
J'ai publié le résultat des fouilles d'Ariuşd dans les communiqués du Musée
National des Szeklers 6) de St.-Gheorghe, dans Dolgozatok-Travaux, série 1911 7 ),
dans Archeologiai Ertesitô, série 1912 ). C'est toujours dans «Dolgozatok-Travaux» 9 )
8
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*) C'est à peine si j'ai trouvé pendant les fouilles procédé a donné entière satisfaction. Les vases
quelques vases entiers. Environ 150 exemplaires d'Ariuşd n'ont été arrangés dans les vitrines que
ont dû être reconstitués avec les fragments trou dans les deux dernières années et malgré tout,
vés. La reconstitution a réussi a tous les points durant onze ans, aucun d'eux ne s'est abîmé
de vue. Pour la réparation des vases j'ai em quoiqu'il y en avait qui étaient reconstitués de
ployé, suivant le procédé de la section d'antiquités soixante et même de quatre-vingt pièces. Une
du «Museum fur Vôlkerkunde» de Berlin sur les partie des vases ont par suite de leurs propor
instructions de Hubert Schmidt, une matière tions un poids respectable. Cette matière ne sert
nommée «Steinpappe» qu'on peut facilement pré pas seulement à la conservation des vases en
parer chez soi. Dans «Muzcum es Kônyvtdri Êr- argile, mais aussi des objets en bois, pierre
tesito» 1914, p. 217 et dans les «Archivele Olteniei», et os.
année III, no. 13, p. 242, j'ai prouvé que ce
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)
cependant pas de fouilles régulières 1 ). Le résultat des fouilles régulières faites par
Hubert Schmidt à Cucuteni n'est pas encore publié, de sorte que pour l'étude des
trouvailles de cette station importante j ' a i dû me contenter des publications 2) anté
rieures et des documents vus à Berlin.
Selon mon impression, ni les publications sur Petreni 3 ) et Tripolje 4 ), ni les ad
mirables publications sur Dimini 5 ) ne présentent pas toutes les formes y existantes.
Cependant, à l'aide de ces traités, on peut entreprendre l'étude de la ligne princi
pale de répartition de la culture de la céramique peinte sur tout le territoire de l'Eu
rope Orientale, au point de vue de l'établissement t a n t des formes identiques que
des ressemblances et différences. Dans le présent ouvrage je me suis surtout servi
des deux études dans cette direction de Gordon Childe 6 ).
J e répartirai les vases d'Ariuşd dans les groupes suivants:
A (PI. 1) écuelles à fond sphérique ou plat et j a t t e s ; B (PI. 2) bols et petites
jarres; C (PI. 3 — 4 ) jarrres et cruches; D (PI. 5) cruches; E (PI. 6) vases à pied;
F (PI. 7) supports; G (PI. 8) vases plats à pied creux; H (PI. 9) vases rectangu
laires; J (PI. 10) couvercles; K (PL 11) vases en miniature; L (PL 12) vases plasti
ques; M (PL 13) fragments de vases dont le type ne peut être établi.
*) V. Gordon Childe: Schipenitz: A Late neo law, 1905, Moskau 1907, p . 53.
4
lithic Station with Paint Pottery in Bukovina, ) V. V. Chwoiko: Roskopky Plostsadok U. S.
«Journal of the Royal Anthropological Institute», Kurtoborodinax, Moskva 1910. G u s t a v Kossinna:
vol. L I I I , 1923, p . 263 — 288. J ' e n ai fait u n Der Ursprung der Urfinnen und der Urindo-
résumé dans les «Convorbiri literare», vol. 1924, gcrmancn und ihre Ausbreitung nach dem Osten,
p . 876. (<Mannus-Zcitschrift fur Vorgeschichte», Wiirzburg,
2
) H u b e r t S c h m i d t : Vorlăufigcr Bericht iiber 1909, vol. I, p . 17 — 52, 225 — 245.
5
die Ausgrabungen 1909—1910 Cucuteni bei Jassy ) Chrestos T s o u n t a s : Preistoricai Akropoleis
(Rumiinien), «Zeitschrift fur Ethnologie», vol. 1911, Diminiou kai Sesklou, en Athenais, 1908. V.
p . 582 — 601. Kônigliches Museum zu Berlin, Gordon Childe: The East European Relations
Fiihrer durch die vorgeschichtliche Abteilung, p. to the Dimini Culture, «Journal of Hellenic Stu
17 — 18, Tafel 7. dies», p . 252 — 272, 1922 (résumé p a r moi d a n s
3
) l o a n Andrieşescu: La Dacie avant les Ro «Convorbiri Literare», 1924, p . 874).
6
mains, J a s s y , 1912 (en roumain). E. v o n S t e r n : ) Gordon Childe: Schipenitz et The East Euro
Die prămykenische Kultur in Siidrussland. Trudy pean Relations of the Dimini culture, I. c.
des XIII. russ. Arch. Kongress zu Jekaterinos-
5
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diffère par sa forme et son ornementation. La forme no. 7 a l'embouchure séparée |>;ir
une proéminence de l'intérieur du vase. Les nos. 8 et 9 ont une embouchure verticale,
bien développée et haute ; les types 10—12 l'ont courbée à l'intérieur. La plus développée
en hauteur est celle du type 12 qui forme pour cette cause la transition avec les tasses.
Les vases 7 et 10 sont soigneusement polis. À l'exception des types I cl 3, tous les vases
ont la base étroite. 1, 2, 3 et 11 sont des vases larges, 12 est un vase h a u t , les autres types
ont une hauteur moyenne. Le rapport entre le diamètre de l'embouchure et de la base
varie pour les derniers types de la série entre 1/& et x/3. Le diamètre de l'embouchure
du plus grand des vases (no. 4) est de 40 cm. Les vases ont tous des oreillettes proérni-
Pl. 1.
nentes, percées toujours horizontalement, excepté le type 1 dont l'oreillette est verti-
cale. Les oreillettes sont placées sous l'embouchure du vase, ou bien, aux types plus
développés, dans la ligne de l'épaule. Les types principaux sont 2, 4, 6, 10 et 12.
Les numéros d'inventaire des vases, indiqués sur le tableau A sont les s u i v a n t s :
1 = 1635, 2 = 575, 3 = 1942, 4 = 3460, 5 = 2432, 6 = 2328, 7 = 2353, 8 = 591,
9 = 2418, 10 = 2344, 11 = 3461, 12 = 579.
Bibliographie: A 2 Dolgozatok-Travaux, 1911, p . 211, fig. 9 et p . 190, t a b . 10,
fig 13), A 6 (/. c , p . 192, fig. 13), A 7 (/. c, p . 190, pi. 10, fig. 2).
Analogies: I. Des centres de la région de VOlt:
Olteni (Oltszem) «Varmeghe» A 1 (Dolg.-Travaux, 1911, p . 193, fig. 16); A 2
(/. c , p . 193, fig. 17); A 3 (/. c , p . 192, fig. 14, p . 190, t a b . 10, fig. 4 ) ; A. 4 (l. c ,
p. 191, fig. 11, p . 216, fig. 70); A 7 (/. c, p . 194, fig. 19, p . 196, fig. 21); A 9 {l. c.
(»
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)
p. 193, fig. 18); A 12 (/. c , p. 196, fig. 22); A 10 (/. c , p. 190, t a b . I 10 m fig. 1).
Priesterhiigel : A 3 ( J . Teutsch : Spătneolitische Ansiedlungen etc., MittheUungen
der Prăhist. Commission, 1903, p . 373, fig. 47) ; A 4. (/. c , p . 373, fig. 49) ; A 10
( /. c , p . 274, fig. 64);
I I . Des foyers en dehors de la région de VOlt;
Cucuteni: A 1 (Fûhrer durch die vorgeschichtliche Abteilung, Berlin, 1913, t a b .
7, fig. a), A 4 (Convorbiri literare, 1924, p . 97); A 8 (Fuhrer, t a b . 7, fig. c) ;
A 9 (Z. c , t a b . 7, fig. e) ; A 9 (Zeitschrift fur Ethnologie, 1911, p. 586, fig. 3 c) ;
PI. II.
7
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUSD (ERÔSD)
transformé en un vase conique. 6 6 % des vases d'Ariusd sont coniques. Le vase sphé
roïde est le vase du nomade, le vase conique, celui de l'homme fixé. E t même aujour- /
d'hui la partie inférieure d'un vase à poser sur foyer libre est toujours conique, j
Il n'v a que les vases que l'on pend à la crémaillère qui ont une forme sphé
roïde (p. ex. la marmite). J ' a i fait quelques remarques sur la construction des
fovers qui me font supposer qu'en ce temps-là on employait déjà la suspension des
vases au-dessus du foyer.
La perforation des oreillettes, qui sont pour la plupart posées à la hauteur des
épaules, est verticale aux types 1 et 2 (ces deux types servaient en même temps de
couvercle) et horizontale aux autres bols. Les types 5, 7 et 14 n'ont pas d'oreillettes.
Toutes les oreillettes sont proéminentes et percées, sauf les types 8 a et 15 qui ont les
oreillettes pleines. Les types 1 et 8 a ont deux oreillettes, 9 en a quatre, les autres en
ont une seule.
Le type 8 est de fabrication brute, 2 et 9 sont soigneusement polis ; 5, 6, 7, 12
et 15 sont plastiques et peints, les autres sont seulement peints. Le type 6 a une
ornementation en forme de peigne vertical, les types 5 et 7 ont comme ornement
sur leurs parties supérieures quelques bandes en relief et sur leurs parties inférieures
des filets circulaires en relief. 3, 10, 12 et 15 ont les parois extrêmement minces;
il y a des vases dont les parois n'ont pas plus de 2 à 3 mm.
Les formes d'évolution sont 2, 3, 4, 12 et 15. Le type 12 doit être relevé. Des
84 vases d'Ariusd, 26 — près de 3 0 % — sont de ce t y p e .
Les numéros d'inventaire des vases indiqués dans le tableau B sont les suivants:
1 = 2350, 2 - 3640, 3 - 3561, 4 = 594, 5 = 558, 6 - 2422, 7 - 560, 8 a = 2470, 8 b
- 1948, 9 - 1241, 10 = 3375, 11 = 3654, 12 - 3376, 13 - 555, 14 - 3462, 15 = 547.
A consulter: B 3 (Arch. Ért., 1912, p . 61 I I I , I, 8) ; B 7 (Dolgozatok-Trav.,
1912, p . 215, fig. 64); B 8 b (Arch. Ért., 1912, p . 61 I I I , 11, p. 63 IV, 11); B. 13
(Dolg.-Trav. 1912, p . 217, fig. 28); B 7 ( J . Teutsch: Spătneol. Ansiedlungen, dans les
Mitth. der prăhist. Comis., 1903, p. 389, fig. 128); B 5 (Convorhiri literare, 1924, p . 105),
B 12 (/. c , p. 109); B 12 (Dolg.-Trav., 1914, p. 346, fig. 44 t a b . 13 près du foyer).
Analogies: I. Les stations du bassin de VOlt.
Olteni (Oltszem) «Station de Varmeghe»: B 1 (Dolg.-Trav., 1911, p . 190, pi. 10,
fig.8); B 5 (/. c, p . 216, fig. 69); B 7 (l. c , p . 198, fig. 26, p . 196—198, fig. 24—25 et
Arch. Ért., 1912, p . 59, t a b . I I , fig. 7) ; B 12 (Dolg.-Trav., 1911, p . 196, fig. 23 et
Arch. Ért., 1912, p . 61, t a b . I l l , fig. 14). Olteni (Oltszem) «Leânykavâr»: B 2, B
12. Baia Malnaş (Mâlnâsfurdô) : «Fôvenyestetô» B 3, B 13. Sfântul-Gheorghe (Sepsiszent-
gyôrgy) «Gémvâra» B. 3. Reti (Réty) «Tôrôkrétje»: B. 7, B . 8, B. 10, B. 12. Lisneu
(Lisznyô) «Jenejekhegy»: B 12. Priesterhiigel: B 3 ( J . Teutsch: Spătneol. Ansied.,
dans les Mitth. der prăhist. Commis., 1903, p. 377, fig. 46 et p . 385, fig. 60) ; B 2 (/. c ,
p . 374, fig. 60), B 12 (l. c , p . 284, fig. 104 şi p . 386, fig. 120).
I I . Les stations en dehors du bassin de VOlt:
Târgul-Mureş (Marosvâsârhely) B 12 (dr. Kovâcs I s t v â n : Marosvâsârhelyi
âsatâsok, Dolgozatok-Trav., 1915, p. 237, fig. 9 et p . 232, fig. 3, no. 17. Cucuteni:
B 3 (Zeitschrift fur Etnologie, 1911, p. 585, fig. a et c. Fuhrer, t a b . 7, fig. f) ; B 12
(Fiihrer, t a b . 7, fig. d). Petreni: B 12 la partie supérieure plus courbée (E. v. Stern:
Trudy, 1917, t a b . VI, fig. 9, t a b . X I , fig. 13); B 15 rebord plus large (I. c , t a b . I X ,
9
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FRANCISC LASZLÔ
fig. 3). Şipeniţi: B. 12. partie supérieure plus petite (G. Childe: Şipeniţi, p. 273, fig.
14); B 13 (/. c , t a b . XV, fig. 2) grand bol approchant du type B 15 avec deux ma
melons, un rebord arqué à l'extérieur et deux oreilles horizontales sous le rebord (/.
c,. p . 272, fig. 11). Bilcze: B 5 forme de remplacement (Osztr. Magy. Monarchia irâsban
es képekben. Galicia, p. 119). Kozlovce: B 13 (G. Childe : East European, p. 261,
fig. 6). Tripolje: B 1 et B 3 (d'après les photographies envoyées par M. Chwoiko
PI. III.
10
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)
décorées que les parties inférieures. La partie inférieure des types 2 et 4 est sphéroïde,
celle des tvpes 1 et 3 a la forme d'un cône t r o n q u é ; 5 et 6 ont la forme d'un tonneau.
Le col du tvpe 1 n'est pas encore séparé, le type 2 a un col courbé à l'intérieur, 4—6
ont un col élevé ; le type 3 a un col qui présente la fusion de ces deux formations.
La partie supérieure des vases du type piriforme 7 et 8 est sphéroïde, leur partie in
férieure est un cône tronqué élevé. Ils ont un rebord court courbé à l'intérieur. La
partie inférieure et supérieure du type 9 est sphéroïde; le rebord assis verticalement
est bien séparé. Le type 10 est également sphéroïde et la partie supérieure porte la
lisière de la partie inférieure du rebord. Le type 11 est de fabrication grossière; sa
PI. IV.
partie inférieure est conique. Sur la lisière des lèvres il a des lignes incisées (ces lignes
ne sont pas indiquées sur le dessin). Le type 12 est un pot sphéroïde de fabrication
brute ; autour de l'ouverture et à la naissance du col il a une bande horizontale in
cisée verticalement. Le type 13 a une forme sphéroïde aplatie ; la partie supérieure
du pot 14 est sphéroïde, sa partie inférieure conique. La forme sphéroïde la plus ca
ractéristique appartient au type 15. Tandis que la base de tous les autres types est
plate et se sépare du corps par un angle aigu, la base de ce type est formée par une
surface convexe. La partie supérieure des types 1 6 — 1 9 est sphéroïde et leur partie
inférieure conique. Aux types 13—19 dont le col est d'une hauteur médiocre, on re-
11
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riîANCISC LÂSZLÔ
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12
I IS TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)
photographie de M. Chwoiko) C 10, avec col plus haut (/. c ) , C 7 sans rebord (/. c),
C 9 (/. c), C 10 (Mannus, vol. I, t a b . 20). Bilcze: C 9, C 12, C 14 (Osztr. Magy.
Monarch, irâsban es képekben: Galicia, p. 119). Région du Dnjepr: C 6 embouchure
plus haute, rebord plus étroit (C. Childe: East European, p . 272, fig. 14 a.), C 8
le col manque (/. c , p. 272, fig. 14 b.) ; C 16 (/. c , p . 263, fig. 8.), Dutmir: C 1 (Fiala,
Radimsky, Hoernes: Die neolit. Station von Butmir, vol. I I , fig. 23), C 3, forme
rapprochée (/. c., vol. I, fig. 22).
G R O U P E D. — C R U C H E S (Amphores)
(PI. V, 1 — 6)
L'ouverture des cruches est encore plus étroite. En général, elle est de 2.5 fois
plus étroite que le corps du vase. La hauteur des cruches est toujours plus grande
que le grand diamètre horizontal. Caractéristiques pour la cruche type sont les deux
1.5
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FRANCISC LÂSZLÔ
Il
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÛSD)
i:>
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1 KANCISC LÂSZI/)
PL VII.
ment. La hauteur des petits pieds est de 8 — 1 0 cm, celle des moyens 20 — 30 cm et celle
des pieds hauts 30 — 40 cm. Le plus grand des pieds (figure 7) a une hauteur de 44 cm.
Les types de départ sont les types 2 à 7. Les plus nombreux trouvés sont les
types 5 à 7.
Les numéros d'inventaire des pieds creux dessinés sur la planche VII sont:
1 = 1948, 2 = 571, 3 = 2332, 4 = 585, 6 = 2328, 7 = 3653.
À consulter: F 1 (Dr. G. Wilke: Kullurbeziehungen, Mannus-Bibliothek, Wùrz-
burg, 1913, p. 50, fig. 73) (Dolg.-Trav., 1911, p. 204, 217, fig. 4 1 , p . 190, t a b . 10, fig.
12); F 2 (/. c , p. 204, fig. 43, p . 190, t a b . 10, fig. 6) ; F 3 (/. c , p. 190, t a b . 10,
fig. 7); F 4 (/. c , p . 205, fig. 44, p. 205, fig. 45); F 4 (/. c , 1914, p . 313, fig. 18 et
p . 334, fig. 344. Auprès de lui le vase A 4 et A 6).
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)
G R O U P E G. — V A S E S A P I E D C R E U X
(PI. VIII, 1—2)
Au même titre que les pieds creux, les vases à pieds creux sont des plus inté
ressants objets préhistoriques. Nous les avons découvert en exemplaires plus ou
moins nombreux dans plusieurs fouilles et ils semblent avoir été fabriqués depuis
l'époque néolithique jusqu'à celle romaine. Dans le domaine de la céramique peinte
est-européenne, ils ne sont connus jusqu'à présent, en dehors des foyers de la région
de l'Oit, que dans les centres de Cucuteni et Dimini. Dans les trois régions le pied
PL VIII.
creux qui sert de support est haut. La section en profil des pieds de vases d'Ariuşd
montre, comme pour le pieds libres, la forme d'un «S». Pour le maintien de l'équilibre
leur partie inférieure est plus large. La partie supérieure des parois du pied est pour
vue, immédiatement sous le vase, de deux larges ouvertures circulaires placées l'une
en face de l'autre. Leur b u t est le même que celui des ouvertures des pieds libres.
Sur la surface intérieure de ces pieds on a également trouvé des traces de suie. Le vase
est soudé au support. Le vase du type 1 est petit et peu profond. Son fond est con
cave et ses parois extrêmement épaisses. Le vase du type 2 correspond au type A 2.
Son diamètre est de très peu plus petit que la hauteur du vase entier avec support.
Un des exemplaires porte sous l'ouverture du vase une petite oreille proéminente
et horizontale ; deux autres exemplaires en ont deux. Un autre exemplaire a à la
place des oreillettes deux petits trous situés l'un en face de l'autre. Tous les exem
plaires sont soigneusement faits, leur surface est polie et la plupart sont décorés d'or
nements peints en blanc. Un des exemplaires a une ornementation polychrome. Leur
hauteur est de 13, 26, 29, 31 et 44 c m ; il y a aussi certaines miniatures. Deux exem
plaires ont été trouvés sur le plancher des habitations, un autre exemplaire dans
17
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2 Dacia I 1924.
FPANCISC LASZI/)
G R O U P E H.—VASES
RECTANGULAIRES
(PI. I X , fig. 1 — 5)
A l'exception d ' u n seul
exemplaire, tous les autres
PI. IX.
vases retrouvés sont en frag
ments. Les fragments 1—4 sont de fabrication grossière et appartiennent à des
vases d'une forme allongée comme une auge. Ils imitent probablement les auges
en bois. Leurs bords sont arrondis ; les parois intérieurs sont arquées en toutes direc
tions. Le no. 2 a la paroi percée. Le no. 4 est pourvu de deux côtés plus petits et à
mi-hauteur d'une protubérance percée horizontalement. La partie supérieure du type
L8
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÛSD)
G R O U P E J . — COUVERCLES
(PI. X, fig. 1-12)
Les couvercles des vases, sont la preuve du haut développement de la culture
19
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2*
IHANCISC LÀSZLÔ
les couvercles 1 — 5 et 12. Les grands bols indiques par B 5 et B 7 selon les analogies
de Cucuteni servaient aussi de couvercles. La preuve en est la courbe de l'ouverture
et l'ornementation peinte de la surface extérieure du fond. Nous savons aussi à quel
vase appartiennent le couvercle fig. 2 ainsi qu'un autre couvercle qui a été retrouvé.
La forme générale du couvercle est sphéroïde (types 1, 2, 3, 12) ou représente
un cône tronqué (4. 5). 1 et 2 sont pourvus à mi-hauteur des parois de protubé
rances, percées verticalement. Les couvercles 3 et 4 sont percés horizontalement
à leur endroit le plus haut, les autres ont à ce même endroit un bouton (6, 9, 10, 11)
proéminence en forme de cône tronqué ou une languette percée horizontalement
(7, 8) qui permet de les tenir dans la main. Développé en hauteur est le type 9 ; spé
cifique est le bouton fortement profilé du type 11. Les no. 4 et 5 ont la surface polie,
les autres ont des ornements peints.
Les numéros d'inventaire des couvercles indiqués sur le tableau J sont:
1 = 2350, 2 = 2373, 3 = 3621, 4— 2413, 5 = 3273, 6 - 3 7 2 7 , 7 = 3575 8 = 1850,
9 = 2 6 1 4 , 1 0 = 3574, 11 = 3704, 12 = 3371.
A consulter: J 12 (Conv. Lit., 1924, p . 109).
Analogies: I. Des foyers de la région de VOlt : Olteni (Oltszem) «Varmeghe» J
5 (Dolg.-Trav., 1911, p . 202, 204, fig. 34), Olteni (Oltwem) «Leânykavâr» J 4 (/. c ,
p . 205, fig. 46 et t a b . 10, fig. 1).
I L Des centres autres que ceux de la région de VOlt: Cucuteni: J , 12 grand couvercle
peint (d'après le dessin que j ' a i fait dans la collection de Berlin du «Museum fiir
Vôlkerkunde»). Şipeniţi: J . 2 (G. Childe: Şipcnifi, t a b . X I V , fig. 2 ) ; J , 2 plus aplati
(E. v. Stern: Trudy, 1907, t a b . I, fig. 1). Bilcze: J 2 (Osztrâk-Magyar Monarchia,
Irâsban es Képekben. Galicia. p . 119), Tripolje: J 2 corps plus petit, courbé en
dehors, cou séparé. (Chwoiko: Raskopki Plostsadok, Moskau, 1910, t a b . V I I I , et
d'après les photographies de M. V. Chwoiko), J 5 (Mannus: vol. I, p . 242, t a b . 20),
Petreni: J 2 plus aplati (E. v. Stern: Trudy, 1917, t a b . 1, fig. 1, t a b . VI, fig. 7
et t a b . V I I I , fig. 7).
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ElîOSD)
(Dolg.-Trav., 1914, p . 315, fig. 20). Les fours à cuire connus à Ariuşd (/. c, p . 314,
fig. 19, p . 345, fig. 43, p . 313, fig. 18) ont, comme on a pu établir d'après les fragments
de la base et des parois, exactement la même forme. La hauteur du vase est de 6 cm.,
le diamètre de sa base de 5.5 cm. Nous avons encore un pareil vase, un peu plus
grand, provenant des fouilles de«Gémvâra», située sur la limite de Sft.-Gheorghe ; comme
ornements sa surface pré
sente sous l'ouverture qua
tre sillons horizontaux et
plus bas deux sillons ver
ticaux. Son oreillette est
percée horizontalement.
Les numéros d'inven
taire des vases en minia
ture compris dans la PI.
X I sont: 1 = 2 4 3 9 , 2 =
2469, 3 = 2 4 3 8 , 4 = 3 6 7 5 .
A consulter : D. 2 (Dolg.-
Trav.,,1911, p. 217, fi g. 51).
Analogies : D'Oiteni (01-
tszem) A. 2 (Dolg.-Trav., 1911, p . 224, fig. 60); A 2 (/. c, p . 234, fig. 70); B (/. c ,
p . 213, fig. 47), C 6 forme rapprochée (/. c, p . 216, fig. 50) ; F 3 (/. c , p . 217, fig. 52) ;
G 2 (Z. c , p . 214, fig. 48); G 2 (/. c, p . 215, fig. 49); H 4 forme rapprochée (/. c ,
p . 218, fig. 53).
G R O U P E L. — VASES P L A S T I Q U E S
(PI. XII, fig. 1 — 5)
Les preuves les plus vives de la perfection artistique de l'homme d'Ariuşd sont
les figurines d'hommes et d'animaux en argile (idoles). Parmi les formes d'animaux
il y en a qui présentent une ouverture ovale dans le dos, de sorte que leur forme
extérieure n'est pas changée. De ces vases zoomorphes de type très ancien, les fig. 1
et 2 représentent une brebis. Leur pied est musclé, les autres parties du corps bien
modelées. Le fragment de la plus grande forme est présentée sous no. 4. Sa hauteur
est de 11,5 cm. On peut distinguer à la plupart des formes, entre les oreilles, des
têtes d'animaux. L'oreille de vase, dessin no. 3, imite une pareille tête d'animal.
Dans Dolgozatok-Travaux (1911, p . 194, fig. 20) j ' a i publié un vase à surface brute
qui possède sous le bord une proéminence allongée et penchée, ayant une certaine
ressemblance avec un nez d'homme, et sur les deux côtés, à la même hauteur, une
proéminence en forme d'hémisphère. Nous pouvons donc reconnaître dans les pro
éminences du vase, naturellement dans une forme extrêmement primitive, les traits
caractéristiques de la face humaine. La figure 5 représente aussi un fragment d'un
pareil vase antropomorphe. Il diffère du vase précédent principalement par le fait
que le nez commence au bord même du vase.
Les vases de la pi. X I I sont inventoriés comme suit: 1 = 501, 2 = K v . 102,
3 = 3702, 4 = B p . 189, 5 = B p . 126.
A consulter: L 1 (Dolg.-Trav., 1911, p . 221, fig. 86).
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FRANCISC LASZLÔ
GROUPE M . — V A S E S DIVERS
(PI. XIII, fig. 1 — 7)
Ces sont des vases dont le type ne peut être établi d'après les fragments retrouvés.
Afin de compléter cet ouvrage je présenterai aussi ces fragments, dont chacun
garde en partie les traits caractéristiques du vase auquel il appartenait. Les nos. 1 et 3
sont des éviers en forme de cône tronqué. Le no. 3 est ouvert en h a u t ; le no. 2 est le
fragment d'une embouchure de vase à filet saillant. La saillie extérieure sert à soutenir
le couvercle et le canal entre le bord et la saillie à le fixer. H u b e r t Schmidt a esquissé
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22
LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)
* *
Comme conclusion j'établirai ce qui suit concernant la forme des vases d'Ariuşd:
La matière plastique employée à la fabrication des vases a reçu par la perfection
artistique du potier d'Ariuşd une forme si parfaite et correspondant si bien à son
emploi que nous trouverons difficilement dans une autre station de l'époque pré
historique des formes aussi variées et réussies. Le fait que le potier donnait libre
cours à son imagination contribue à la variété des groupes et des formes de vases.
Dans ce qui suit je ferai connaître, par le tableau annexé PL XIV, les 12 groupes de
formes, 102 types de vases et les variétés établies dans la culture A d'Ariuşd. La
forme générale des vases dérive de la forme sphéroïde et du cône tronqué. La plupart
des vases ont gardé à la partie supérieure l'ancienne forme sphéroïde. La partie su
périeure est rarement cylindrique ou arquée, quelques fois elle a la forme d'un cône
tronqué. La partie inférieure des vases est sphéroïde ou en forme de cône tronqué.
Dans la description des bols et petites jarres j ' a i fait remarquer qu'au type B 9 la
forme de cône tronqué de la partie inférieure est née de la fonte du vase sphéroïde et
du pied cylindrique afin de rehausser le vase pendant le chauffage. Ceci se réfère
naturellement aussi aux soupières cruches et écuelles à fond sphérique ou plat. La
forme la plus développée en ce qui concerne le rehaussement du corps par un
cône tronqué renversé appartient aux types C 7, 8 des vases piriformes. J ' a i étudié
tous les vases des groupes A, B , C, D, afin d'établir le pourcentage des vases à
partie inférieure sphéroïde et le pourcentage des vases à partie inférieure trans
formée en forme de cône tronqué. Ces groupes ont 3 9 % de vases du type sphéroïde
et 6 1 % du type à cône tronqué. D'après les exemplaires répertoriés ici, 3 4 %
sont du type sphéroïde et 6 6 % du type à cône tronqué. Le résultat du tableau
statistique établi d'après les couches de la station est presque identique 1 ) . Le fond
des vases à partie inférieure en forme de cône tronqué est toujours étroit et a p l a t i ;
il correspond cependant parfaitement à la stabilité du vase, par suite de la forme
x
) H a n s Reinert : Chronologie der jiïngeren Stein- de la céramique de Bodensee — Pfahlbau (Tabl. V)
zeit in Suddeutschland, Augsburg, 1923. E n p r e n a n t 7 8 % sont sphéroïdes et 2 2 % coniques; dans le
pour base ce livre j ' a i composé ce résultat avec les groupe de la céramique de Mickelsberg (tabl.
résultats des formes de certains groupements de cul V I — V I I I 9 4 % sont sphéroïdes et 6 % coniques;
t u r e néolithique de l ' E u r o p e Centrale: dans le grou dans le groupe de la céramique cordée (tabl.
pe de la céramique à spirales et méandres (tabl. I) I X — X ) tous les vases sont sphéroïdes et arqués
tous les vases sont sphéroïdes, dans le groupe près du fond ; dans le groupe de Mondsee — Laibach
de la céramique de Hinkelstein (tabl. I I ) 94°/ 0 (tabl. X I I ) 6 8 % sont sphéroïdes et 3 2 % co
sont sphéroïdes et 6° 0 coniques ; d a n s le groupe niques.
23
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LES FORMES DE VASES PAR RAPPORT AUX COUCHES D'ARIUŞD
ET PAR RAPPORT À LA STATION À COUCHE UNIQUE D'OLTENI
Ariuşd ( E r o s d ) : «Tyiszkhegy» PL XIV.
o
u A. Les formes d'écuelles B . Les formes de bols et de petites D. Les formes
3 et de j a t t e s jarres
C. Les formes de j a r r e s et cruches
de cruches
A.-D. 1
O
O
1
1 2 3 1,6 5 7 8 9-12 1 2 3 4 5-7 8-9 10-11 12 12-14 15 1 2-4 5 6 7-8 9 10 11-12 13 14 15 16-19 1 2 3 \ 5 6 Total
IL 2 1 1 4 1 1 3 2 2 17
III. 1 1 2 1 1 1 ] I 1 1 1 12
IV. 1 1 2 1 1 l 1 2 3 1 4 2 1 3 1 1 1 1 4 1 2 38
V. 1 3 1 1 1 1 1 1 2 1 8 1 <S 1 1 2 1 27
VI. 1 1 4 1 1 2 5 2 3 1 3 15 1 5 1 1 1 1 1 1 3 1 55
VIL 2 1 1 1 4 2 1 2 1 2 1 1 2 1 22
Total 5 8 1 9 3 2 2 10 4 8 9 1 8 5 5 26 6 12 2 5 1 î 3 1 1 2 1 1 1 11 1 6 2 3 1 171
: '
40+ 84+ 30+ 17 = 171
Olteni ( O l t s z e m ) : «Varmeghe»
5 1 il 6 3 3 — 2 - 3 13 — 9 4 2 7 3 3 1 2 1 î — 2 1 5 — 13 1 1 —5 - 98
- | -
21+ 44+ 26+ 7=98
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Ariuşd ( E r ô s d ) : «Tyiszkhegy»
0)
G. Les for H. Les for K . Les L. Les
V E . Les formes F . Les formes formes de formes de M. Les fragments
s de vases à pied mes de vases mes de vases J . Les formes de couvercles E.-M.
de supports vases en vases plas de vases divers
o à pieds creux rectangulaires,
U miniature tiques
1-2 3-5 6,8 7 1 2 3-4 5-7 I 2 1,2,4 3 5 1 2 3 4-5 7-8 6,9,10-11 12 1 2 3 1 1,2,4 3,5 1,3 2 4,7 5 6 Total
IL 1 3 2 1 1 2 1 11
— —
III. 1 1 2
—
IV. 1 4 2 2 1 1 1 12
— —
V. 3 1 1 2 1 1 2 1 1 1 1 1 1 2 20
:
VI. 1 1 6 13 1 2 1 i 1 27
VIL 2 3 2 1 4 2 5 3 1 1 1 2 1 1 29
Total 3 8 2 1 1 7 16 19 1 5 7 1 1 1 1 1 2 ; 4 1 2 1 1 1 3 2 2 1 2 1 1 101
5 1 9
1
4 — 7
- | -
- -U. - — 1 — — — — 29
- -
14+ 4+ 7+ 3+ 1+ = 29
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FRANCISC LĂSZLO
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26
LES TYPES DE VASES PEIATS D'ARIUŞD (ERÛSD>
Quant aux habitations de la première couche, nous espérons que les fouilles qu'on
projette de faire au centre de la station nous donneront les explications nécessaires.
Dans tous les endroits de la station, à l'intérieur et à l'extérieur des habitations
nous avons trouvé de nombreux foyers, tous de même construction. Le mode de
construction des fours à cuire les vases est également commun. Le nombre des objets
en cuivre est d'autant plus grand que la couche est plus récente. On en a cependant
trouvé aussi dans la couche la plus profonde. Les cinq sceaux en argile (pintaderos)
trouvés pendant les fouilles proviennent de la couche la plus profonde, mais nous
devons considérer ceci comme dû au hasard.
Il résulte de ce qui précède que l'unité de la civilisation est non seulement prouvée
par les types de vases, mais aussi par la totalité des découvertes qui ont été faites.
Afin de pouvoir comparer les formes d'Olteni avec celles d'Ariuşd, j ' a i joint au
tableau statistiqtie des formes d'Ariuşd, une pareille statistique des vases d'Olteni.
En comparant ces 2 tableaux on remarquera que les types d'Olteni correspondent
exactement aux types d'Ariuşd.
Il en est de même des 25 autres stations à céramique peinte de la région de l'Oit.
A Olteni nous n'avons trouvé qu'un seul type de vase qui n'existe pas à Ariusd:
c'est un grand pot sphéroïde à quatre oreilles cylindriques situées à mi-hauteur de
la paroi. (Arch. Ért., 1912, p . 59, t a b . IV).
Nous avons déjà, dans la description des groupes de vases, montré les analogies
avec les stations préhistoriques hors de la région de l'Oit. Des types de vases d'Ariuşd,
les vases des types A 4, A 8, A 9, les bols B 3, B 12, B 15, les vases des types C 3,
C 7, C 8, C 9, C 10, C 14, C 18, les cruches du type D 3, le couvercle J et les
vases plastiques se retrouvent, avec de petites modifications, dans presque toutes les
stations de ce stade de civilisation. Ces types primitifs sont communs sur tout le ter
ritoire de cette culture. À Ariuşd on n'a pas encore retrouvé le vase binoculaire 1 )
si caractéristique aux centres de l'Est, ni la tasse à pied à quatre proéminences2), ni
la cruche à 2 cônes et 2 oreillettes sous le col 3 ). Comme on n'a cependant mis à dé
couvert qu'une petite partie de la station d'Ariuşd, cette opinion peut encore être
changée.
L'étude des formes de vases n'est pas suffisante pour établir des degrés d'évolution
dans l'ensemble de cette civilisation. Lorsque tout le matériel de Cucuteni et encore
d'une autre station située plus à l'est sera publié et lorsque nous aurons à notre dis
position un tableau au moins ressemblant à celui que nous avons d'Ariuşd, mais qui
ne se bornant pas à relever seulement des formes isolées comprendra l'ensemble des
vases donnant ainsi la possibilité de comparer les recherches, il nous sera très facile
d'établir l'évolution de cette civilisation, sur des preuves indubitables et réelles.
FRANCISC LÂSZLÔ f
Sft.-Gheorghe, le 8 juin 1925.
2
*) G. Childe, East European, p . 273, fig. 1 5 ; ) G. Childe, Schipenitz, t a b . X V , fig. 6. Mannus,
Mannus (Tripolje-Kultur), vol. I,, t a b . X X X , vol. I, t a b . X X X I , Petreni, t a b . I, fig. 7.
3
X X X I . G. Childe, Schipenitz, p . 274, fig. 18 et ) G. Childe, Schipenitz, p. 272, fig. 11 et 12.
p . 275, fig. 20. Petreni, t a b . V I , fig. I.
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LES RICHESSES DES DACES
ET LE R E D R E S S E M E N T DE L'EMPIRE ROMAIN,
SOUS T R A J A N àV.PARVAN
en témoiglUkgfl At P'''<mnnissnnr.e
ot d'amitié.
C'est un fait, reconnu de tous, que Domitien laissa derrière lui une situation
financière obérée. Il avait fait la guerre 1 ). Il avait aimé les bâtiments 2 ). Il avait ali-
menté sa popularité de dispendieuses largesses :1). Dès 83, il avait augmenté d'un
quart la solde de ses troupes 4 ). L'argent avait fui par toutes ces brèches, et le seul
reproche que M. Stéphane Gsell, son historien véridique, adresse à son gouvernement,
est de «n'avoir pas suffisamment cherché à restaurer les finances, que Titus avait déjà
compromises» 5 ), et qui n'ont cessé, sous son règne, de péricliter toujours davantage.
Finalement, la pénurie du trésor devait le mener au crime: inopia rapax, comme
Suétone l'a dit de lui 6) ; et les exécutions, dont on le voit frapper à coups redoublés
l'aristocratie, pour en hériter ou confisquer les biens, se multiplient, à partir de 93 7 ),
avec les embarras qui les expliquent, mais qu'elles n'ont pas supprimés.
Quelques années plus tard, tout est changé. Le redressement est un fait accompli.
E t Trajan, sans s'appauvrir, ni s'endetter, fait face à des dépenses immensément ac-
crues avec des impôts qu'il a réduits. Commentée grand empereur a-t-il réalisé ce tour
de force d'équilibrer sans peine, avec des recettes en apparence diminuées, un budget
qu'il avait trouvé en déficit et dont les charges n'ont fait qu'augmenter? C'est un
problème qui n'a pas suffisamment retenu l'attention des historiens 8 ). La contradiction
qu'il implique est flagrante. La solution reste une énigme. Quelques mots me suffiront
à mettre la contradiction en pleine lumière, et j'espère trouver en Dacie le mot de
l'énigme. +
1
) En Germanie, en Pannonie, en Moesie, en Dre- nand, loc. cit., 2572).
4
tagne, en Afrique; cf. Weynand, P. IV., VI, 2551. ) Gsell, Essai sur le règne de Domitien, Paris,
et suiv. 1883, p. 156.
2 6
) Constructions du forum, dit de Nerva, de ) Ibid., p . 334.
6
l'Odéon, du Stade, de la villa d'Albano, dont ) Snét., Dont., 3.
7
toutes les splendeurs revivent dans l'excellente ) Gsell, op. cit., p. 262. Cf. Cass. Dio, LXV1I, 4.
8
étude de G. Lugli (Bull. Com. 1922); des temples ) Il n'est même pas entrevu par De la Berge,
de Vespasien et Titus, sur le Forum, de Minerva dont VEssai sur le règne de Trajan (Paris 1877)
Chalcidica, de Divorum Porticus ; remaniements du reste le plus sérieux auquel nous puissions recourir,
Palatin, achèvement du Colisée ; restauration du en attendant l'histoire de cet empereur, qu'a com-
Capitole, etc.; cf. Weynand, P. IV., VI, 2591. posée M. Roberto Paribeni avec toutes les res-
3
) Je pense à la magnificence de ses jeux (Suét., sources de sa remarquable érudition, mais dont
Dom., 4) et à la distribution de ses «dona» (cf. Wey- l'ampleur même a retardé jusqu'ici la publication.
28
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LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN
T o u t d e s u i t e , il a p p a r a î t q u e l ' h i s t o i r e d u r è g n e se divise e n d e u x p é r i o d e s n e t -
t e m e n t t r a n c h é e s : l ' u n e , a v a n t 106, a n n é e q u e m a r q u e la fin v i c t o r i e u s e des guerres
daciques, l'autre, après.
D a n s la p r e m i è r e p é r i o d e , T r a j a n p o u r s u i t , d a n s t o u s les services de son g o u v e r -
n e m e n t , l ' a p p l i c a t i o n d u p r o g r a m m e d ' é c o n o m i e s é l a b o r é p a r le c o m i t é des c i n q sé-
n a t e u r s q u e N e r v a i n s t i t u a t o u t e x p r è s : V viri minuendis publicis sumptibus *) ; e t ,
si l'on e x c e p t e ses e x p é d i t i o n s de D a c i e , il n ' o u v r e p a s de n o u v e a u x c h a p i t r e s de
d é p e n s e s . E n d e h o r s des réfections d e r o u t e s 2 ) e t d e la c o n s t r u c t i o n d u Portus Tra-
iani, à Ostie 3 ) , le Panégyrique de P l i n e - l e - J e u n e , c e n s é m e n t p r o n o n c é en 100, m a i s
é d i t é sous la f o r m e d é v e l o p p é e où n o u s le lisons a u j o u r d ' h u i , u n p e u p l u s t a r d , e t
p e u t - ê t r e en 103 4 ) , n e c o n t i e n t g u è r e d ' a l l u s i o n s a u x t r a v a u x d e l ' u n des p l u s g r a n d s
b â t i s s e u r s q u e R o m e a i t c o m p t é s p a r m i ses P r i n c e s . D ' a u t r e p a r t , il est b i e n v r a i
q u e T r a j a n a t o u t d e s u i t e 5 ) s u b v e n t i o n n é les f o n d a t i o n s a l i m e n t a i r e s , c o m m e ses
p r é d é c e s s e u r s , m a i s l ' a m p l e u r q u ' a prise a v e c lui c e t t e i n s t i t u t i o n d ' a s s i s t a n c e q u ' a t -
t e s t e , en p a r t i c u l i e r , l ' i n s c r i p t i o n de Veleia, n e r e m o n t e p a s p l u s h a u t q u e les g u e r r e s
d a c i q u e s , c o m m e c e t t e i n s c r i p t i o n m ê m e , où l ' e m p e r e u r p o r t e son s u r n o m d e Daci-
f u s 6 ) , e n c o r e a b s e n t d e la t a b l e des Ligures Baebiani.
E n r e v a n c h e , s'il p r e n d soin de n e p a s a c c a b l e r les c o n t r i b u a b l e s sous u n f a r d e a u
q u i r i s q u e r a i t d ' é c r a s e r la m a t i è r e i m p o s a b l e , si, n o t a m m e n t , p o u r consolider la fa-
mille e t é l a r g i r la «romanité», il r e m a n i e l ' a s s i e t t e d e la vicesima hereditatum dans un
sens d o u b l e m e n t f a v o r a b l e a u x a s s u j e t t i s , p a r les d é g r è v e m e n t s d o n t b é n é f i c i e r o n t
d é s o r m a i s les successions grevées d e p a s s i f 7 ) e t p a r les e x o n é r a t i o n s q u i s e r o n t é t e n -
d u e s des fils a u x p è r e s , frères, a ï e u l s , e t p e t i t s - e n f a n t s 8 ) , et des R o m a i n s d e vieille
s o u c h e a u x n é o - c i t o y e n s e n t r é s d a n s la cité p a r l ' i n t e r m é d i a i r e d u d r o i t l a t i n 9 ) , T r a j a n
c o m p e n s e , e t a u d e l à , les p e r t e s r é s u l t a n t d e ces concessions, en a b a i s s a n t d e 100.000
s e s t e r c e s , chiffre p r o b a b l e d u I-er siècle 10) à 20.000 sesterces, chiffre p r é s u m é , sous
M a r c - A u r è l e , p a r le gnomon d e l ' i d i o l o g u e n ), la l i m i t e a u dessous de l a q u e l l e les «petites»
successions é c h a p p e n t à la t a x e successorale ; e t , p a r ailleurs, n o u s le v o y o n s a t t e n t i f
à r é p r i m e r les f r a u d e s 1 2 ) , à fortifier l ' a u t o r i t é de ses a g e n t s collecteurs 1 3 ), à t i r e r d ' u n e
8
*) Cf. Pline, Pan., 62; Lettres II, 1. 9. La com- ) Pline. P a n . , 38 et 39.
9
mission a donc continué son œuvre sous Trajan. ) Pline. Pan., 39.
2 10 2
) Il a réparé la voie Appienne, la via Salaria, la ) Cf. Willems, Droit Public , p. 4 8 1 , et Pline,
voie L a t i n e , créé les viae in Tuscia, élargi la via Pan., 40.
u
Traiana, de B é n é v e n t à Brindes. ) Cf. J. Carcopino, Le gnomon de Vidiologue,
3
) Le Portus Traiani figure sur des monnaies R. E. A., 1922, p. 20 du tir. à p.: le gnomon, 1.
frappées en 104. Allusion d a n s Pline, Pan., 29. 84 — 86, art. 29, de l'édition de M. Th. Reinach ne
4
) Cf. Schanz, Gesch. der rôm. Lit.3, I. p . 355 et frappe les Romaines non-mariées d'un impôt de
360. Les allusions à la rédaction du P a n é g y r i q u e l°/ 0 que si leur fortune atteint ou dépasse 20.000
se t r o u v e n t d a n s le livre IV des L e t t r e s , publié sesterces.
12
eu 103. ) É d i t de Trajan, au Dig., X L I X , 1 4 , 1 3 , faisant
s
) L a t a b l e alimentaire des Ligures Baebiani est remise de la moitié des sommes dues à ceux qui
de 1 0 1 ; cf. C. 7. L., I X , 1455, 1. 1. p a r leurs déclaration avaient devancé les inquisi-
•) C. I . L M X I , 1147, 1. 2. Il est vrai que le sur- tions du fisc.
13
nom de Dacicus a p p a r a î t dans les monnaies dès la ) Fragm. de iure fisci, 6 6 : Edicto divi Traiani
fin de 102, et, d a n s les inscriptions, dès 1 0 3 ; cf. cavetur ne qui provincialium cum servis fiscalibus
Dessau, Inscriptioncs selectae, 286. contrahant nisi adsignante procuratore.
7
) Pline. Pan., 40.
2<j
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JÉRÔME CARCOPINO
Or, non seulement l'Empire supporte sans fléchir le poids de ces magnificences,
mais on a l'impression que Trajan a pu lui épargner les sacrifices pécuniaires qui en
auraient dû être la rançon.
Jamais, en effet, les impôts que les Romains ont payés n'ont paru plus légers.
A une date, que nous ne saurions préciser, parce que nous ne savons rien de la
carrière du gouverneur auquel le Prince adresse le rescrit qui consacre cet abandon de
droits de l ' E t a t 1 0 ) , mais qui, en raison du silence de Pline en son Panégyrique, doit être
postérieure aux guerres daciques, Trajan renonce solennellement à revendiquer au fisc
8
*) Pline, Pan., 50: circumfcrtur sub nomine Cae- ) C. I.L., VI 1260, Dessau, Inscr. Sel, 290;
saris tabula ingens rerum venalium. (datée entre décembre 108 et décembre 109).
2 7
) Cf. Cass. Dio.. LVIII, 15 et Mommsen, Gesch. ) Sur le prix du terrain (3000 francs-or le
des rôm. Miinzivesens, p. 754 — 758. mètre), cf. Suét., Caes., 26; et, sur l'arasion du pé-
3
) Sur les travaux des Marais Pontins cf. Cass. doncule reliant le Quirinal et le Capitole, et la
Dio, L X V I I I , 15; sur Centumcellae, Pline, Ep. VI, somptuosité du forum de Trajan, cf. Lugli, La
3 1 : Il a ins sinistrum brachium firmissimo opère zona archeologica di iioma, Rome, 1924, p . 44 et
munitum est ; dextrum elaboratur. Or la publication suiv.
de cette lettre date de 107, au plus tôt (cf. Schanz, 8
) Voir au P. W., sous les mots ala et cohors,
op. cit., loc. cit., p. 360). tous les corps dont le gentilice Ulpius a fourni le
4
) L'inscription de l'arc d'Ancone est datée de surnom.
9
115 ap. J. C. (C. I. L., I X , 5849). ) Lesquier, Uarmée Romaine d'Egypte, p. 66.
5 10
) Cf. Lesquier, Uarmée Romaine d'Egypte, Le ) Cf. P. W., V, c. 425.
Caire, 1918, p. 396.
30
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LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN
les biens des condamnés à la relégation x). E t en cette même année 106, à laquelle
nous devons rapporter la donation aux plébéiens de Rome d'un troisième congiaire
de l'Empereur, huit fois supérieur à ses deux précédents et à celui de Nerva 2 ), quin
tuple de celui dont Auguste s'est enorgueilli dans son testament 3 ), Trajan a* suspendu
la perception de l'impôt. Si, en effet, le Chronographe de 354 nous permet d'évaluer
à 650 deniers par tête la distribution faite à la plèbe en 106 4 ), le Chronicon paschale
place, sous le consulat de [L. Ceionius] Commodus et de Ceretanus (Cerealis) qui
coïncide avec cette année-là, le début de ces remises totales de contributions, qu'il
prolonge, d'ailleurs, jusqu'à la fin de la guerre persique: Toatavoç ŒTCEQ"/ÔIUEVOÇ à<peoiv
èyaoloaro xcôv XE/.WV ăyoic ăv ETTIOTQE^EI 5 ).
Par conséquent, en 106, Trajan était devenu tout d'un coup assez riche pour se
passer de l'argent de ses sujets et leur en donner par dessus le marché. Or l'année 106
est justement marquée par l'achèvement de la conquête dacique. N'eussions nous
aucun document pour nous le dire, que nous devrions déjà admettre que Trajan avait
puisé en Dacie les sommes qu'il a répandues alors sur les Romains au lieu de les exiger
d'eux. Nécessaire en elle même, cette hypothèse est confirmée par un texte qu'on n'a
cité, jusqu'à présent, que pour en rire 6 ), et dont il importe de rétablir maintenant
la valeur — et la vérité.
Dans son traité sur les magistrats de Rome, le byzantin Lydus glorifie Justinien
de ses succès sur le Danube : et, pour mieux glorifier le Basileus, il le compare à Trajan
qui, «ayant été le premier à vaincre les Gètes et leur roi Décébale, ramena à Rome
cinq cent fois dix mille livres d'or, le double de livres d'argent, sans compter un nombre
de vases et coupes défiant toute évaluation, des troupeaux, des armes, et plus de cin
quante fois dix mille valeureux guerriers, avec leurs armes» — «TZQÔJXOÇ [Tqaiavoc] èyoiv
ovv AEXE^d/.q) TtEVTaxoataç [xvQiààaç yocolov [ÂIJXQVJV, àmhiolaç ôè dgyvoov êxmofidxcov
ăvEV xai oxEfv&v] xt/xfjç ôoov èxfiEpiixÔTwv, àyel&v ZE xal ÔTthov xal àiôgcov fiayi/uoxdxojv
VTiEQ TTErrrjxovra juvqidôaç ovv roïç OTI/.OIÇ rPœjuai'oiç EtorjyayEv...» 7 ).
Que pourions nous souhaiter de mieux pour éclaircir le mystère qui planait sur
la politique de Trajan? Nous n'avons plus à nous étonner ni de ses largesses inouïes,
ni de ses entreprises gigantesques. E n Dacie, il n'avait pas trouvé seulement des mines
de m é t a u x précieux, dont le rendement est venu graduellement, année par année,
soulager son budget et accroître ses disponibilités. Il avait mis la main sur l'énorme
*) P o m p , au Dig., X L V I I I , 22, 1: caput et re- congiaire s'élèverait encore à 500 deniers [650—
scripto Divi Traiani ad Didium Secundum: scis (75 + 75)].
5
relegatorum bona avaritia superiorum temporum ) Chron. Pasch. p . 223 Mommsen. L a remise
fisco vindicata; sed aliud clementiae meae convcnit. ne saurait avoir d u r é de 106 à 117. Sans d o u t e
2
) Les trois congiaires de T r a j a n sont attestés constatée pour l'an 106, elle fut peut-être à nou
p a r les monnaies (Cohen, 3 2 1 , 324, 330). Le chiffre v e a u concédée en 113, j u s q u ' a u retour, et le Chro
de 75 deniers pour celui de Nerva est a t t e s t é par nicon aurait bloqué en une seule les d e u x mesures.
6
le Chron., 354. Pline (Panégyrique, 25) n'indique ) «Chiffres fantastiques», écrit De la Berge, op.
a u c u n e majoration p o u r le premier. cit., p . 142, n. 7.
3 7
) Res Gestae, I I I , 15: 120 deniers. ) J o h a n n e s L y d u s . De Magistratibus, I I , 28.
4
) Chron., 354, p . 146 M o m m s e n : congiarium J e suis le t e x t e de W u e n s c h , p . 83, 1. 12—19.
dédit DCL. Même si ce chiffre é t a i t global, le 3-e
31
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.IKHÔMK CAKCOriNO
trésor où les rois daces, héritiers des mineurs agathyrses dont parle Hérodote '), avaient
accumulé le produit des exploitations d'argent et d'or auxquelles, de la préhistoire à
nos jours, n'ont cessé de fournir les sites les plus grandioses des monts de Transyl
vanie; et c'est ce trésor dont l'opulence, soudain, ruissela comme un Pactole sur l'Em
pire entier. Quel trésor, d'ailleurs ! Et quel Pactole ! Cinq cent fois dix mille livres d'or
font cinq millions de livres, qui donnent — la livre romaine pesant approximativement
327 grammes — 1 million 650.000 kilogr. d'or, valant 5 milliards 559 millions de francs-or ;
et le double d'argent se monte, en conséquence à 3 millions 310.000 kilogr. d'argent
équivalant à 661 millions de francs-or. Ajoutons à ces comptes fantastiques les
500.000 guerriers, pris les armes à la main, qui, à leur arrivée à Rome, menacée dans
sa sécurité par leur affluence, auraient représenté l'effectif de la «Grande armée» de
Napoléon à son départ pour la Russie; et il nous faudra convenir que ces chiffres
sont trop beaux. 11 sont si beaux qu'il en deviennent absurdes, et qu'à leur seul énoncé
l'envie nous vient de traiter le texte où ils figurent comme une invention forgée de
toutes pièces par un cerveau en délire. Seulement nous n'avons pas le droit de l'é
carter avec cette désinvolture. Car Lydus, sentant lui même tout ce que ses asser
tions avaient d'extravagant, a voulu se couvrir de l'autorité qui les garantissait à
ses y e u x : «...EÎoijyayevy (bç ô KQIXOJV TICLQCOV TÔ> TTOM/U» duoyvQiam.o*)» — «ainsi q u e l'a
affirmé avec force Criton, témoin de cette guerre». Or, cette caution doit nous en
imposer: médecin de Trajan, Criton avait accompagné son impérial «lient en Dacie,
et, à son retour, il avait composé, sur les événements auxquels il avait assisté au
premier rang, un ouvrage en plusieurs livres, intitulé VEtixă, qui aurait constitué
une source inappréciable d'information sur les Gètes, leur pays et leur histoire,
s'il n'avait pas sombré à peu près tout entier 3 ). Si Lydus avait parlé pour son
compte, il serait négligeable. Mais il n'a fait que répéter à sa manière ce qu'il
avait lu — ou cru lire — chez Criton, dont le témoignage ne l'est pas. Ainsi,
d'une part, la statistique établie par Criton nous est parvenue en des termes inac
ceptables; et d'autre part, il nous est interdit de la sacrifier. Force nous est donc
de supposer que de son auteur à son compilateur elle s'est déformée au cours des
transmissions.
Aussi bien parviendrons nous facilement à retrouver le texte authentique de
Criton sous la forme insensée qu'il revêt chez Lydus. Nous n'avons même pas
besoin pour cela de recourir à une correction proprement dite. Il nous suffira de
rétablir en chiffres les nombres exposés en lettres dans le traité byzantin Sur les
Magistrats.
Habituellement, les chiffres de myriades s'expriment en grec par un M majuscule
suscrit de la lettre correspondante à leurs multiples 4 ). Appliquons à la phrase en litige
0
ce système de numération. On aura: E%IQV avv AexE^dXco M%QVOIOV [hJiQÔJv àinlaolaç
N
ôè aQyvQov xal àvôoûv juaxi/icoidTcov VTZEQ M. Mais aussitôt nous saute aux yeux
1
) Hér., IV, 104. Sur l'exploitation antérieure P. W., IV c. 1935.
4
aux Romains, cf. Téglâs, Ungar. Revue, 1889, p . ) Gardthausen, Das Buchtvcsen im Altertum*,
352. Leipzig, 1911, p. 371. Le M est sans apostrophe
2
) Lydus, De Magistratibus, I I , 28. dans les papyri (communication que je dois a l'a-
3
) Cf. F. H. G., IV, p . 373. Sur Criton, cf. mitié de Pierre Jouguet).
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LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN
1 4
) Gardthausen, op. cit. p. 370. Wilcken, Grund- ) 701.379 kilogr. d'or ; 226.400.000 onces trogs
ziige, I, p. XLVI; Bruno Keil, ap. Rubensohn, qui font 7.041.000 kilogr. d'argent (renseignements
Eleph. Pap., p. 84; dans les comptes du Didy- fournis par le Statesman Yearbook de 1925 et que
meion, par exemple, M. Haussoullier a relevé le M. Demangeon m'a aimablement communiqués).
6
cas du nombre 39322 affecté de la numération ) Le stockage était dans les habitudes des rois
r O de Macédoine. Cf. le discours de Persée à ses sol-
f-i. III I C K; des graphies analogues ont été re- dats, ap. Liv., XLII, 52: se pecuniam et frumen-
levées dans les inscription de Pricne (no. 118), turn prœter reditus metallorum in decem annos sepo-
d'Halicarnasse (Michel, 595), de Thessalie (Arvani- suisse.
8
topoullos, Revue de Philologie, 1911, p. 134). ) Plut. L u c , 37, dénombre au triomphe de
2
) Cf. mon. art. Galles et Archigalles, dans les Lucullus 56 mulets chargés de lingots et objets
Mélanges de Rome de 1923, p. 277 et suiv. d'or massif et 107 mulets chargés de 260 mil-
3
) Cf. Annales de Géographie, 1924, p. 582 et suiv. lions de drachmes.
33
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3 Ducia I 1924.
J K R A M E CARCOPINO
JÉRÔME CARCOPINO
Professeur à la Faculté des Lettrée
de l'Université de Paris
2
*) Cf. Pais, Fasti triumph. II, p. 443 et Jullian, ) Cf. Pais, op. cit. I I , p. 446: en plus des 300
Histoire de la Gaule, I I I , p. 65, n. 1. Justin, millions de sesterces distribués (Pline, N. H., 37,
X X X I I I , 3, 70: Fuere autem argenli pondo cen- 16), Pompée aurait pu attribuer a un seul des
tum decem millia, auri pondo quinquies fdeciesj quatre nouveaux sanctuaires dédiés par lui 1000
centum milia. Le trésor tectosage et le trésor talents d'or et 307 talents d'argent (non mon-
dace, si l'on admet ma lecture du texte de Justin, nayés), ce qui représente plus de 550 millions de
d'où decies disparaît, auraient renfermé des quan- francs-or.
tités d'or identiques. La coïncidence mérite d'être
retenue.
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CONSIDERATIONS SUR LES SKPULTURES
CELTIQUES DE GRUIA
Une découverte fortuite ') faite il y a déjà assez longtemps dans l'une des anciennes
îles du Danube serbo-roumain (cp. fig. 1), en face du confluent du Timoc (le Timacus
thraco-romain), nous offre l'occasion de reprendre la question de la pénétration illyrienne
RADVJEVAC [SERBIE]
Fig. 1.
*) Il y a une vingtaine d'années, notre collègue vue des découvertes, M. Bals dut se contenter
M. l'ingénieur Georges Bals ayant à diriger cer- de recueillir les objets mis à part par les ouvriers
taines constructions à Gruia, en face de Radujevac, d'après leur propre entendement de la chose.
dans l'ancienne île du Danube, maintenant réunie Après avoir longtemps conservé chez soi cette pe-
à la rive roumaine, fut avisé par les terrassiers qui tite collection, M. Bals m'a fait l'agréable sur-
exécutaient les fouilles pour les pilots des fonde- prise non seulement de me la communiquer
ments, de la découverte de nombreux ossements, (avec l'esquisse de plan que je reproduis ci-dessus,
tessons et objets en métal, qui étaient mis à fig. 1), mais d'en faire don au Musée National
jour sur toute la largeur de 50 m. de la fouille, d'Antiquités, ce dont je le remercie encore à
à des profondeurs allant de 0.50 —1.50 m. Arrivé cette place.
trop tard pour corriger la fouille au point de
35
3*
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\ \SII I l'\l!\ \\
par les ouvriers qui l'ont découvert, ne représente pas moins un enrichissement tout
à fait remarquable de nos connaissances protohistoriques.
Nous devons tout d'abord préciser le caractère de la nécropole. Si telle urne funé-
raire de Gruia témoigne du rite de l'incinération, le nombre des inhumations paraît
avoir été encore plus grand, à juger d'après les nombreux ossements non calcinés, que
les ouvriers ont bouleversés partout dans les fosses qu'ils avaient exeavées pour les pilots
d'un bâtiment à construire. D'autre part l'inventaire funéraire appartient à deux épo-
ques nettement différentes et à trois civilisations bien caractérisées. Tandis que les
lances en fer et surtout la belle épée parfaitement conservée appartiennent à l'âge
de La Tène (II), la céramique et les objets de parure, tous en bronze, sont de types
illyriens absolumeiits identiques avec ceux constatés dans les couches hallstattienncs
de Donja Dolina d'abord, de Glasinac, Jezerine, etc.,
en second lieu. Certains tessons enfin sont de facture
géto-danubienne, toujours du premier âge du fer.
\A- problème historique est donc très simple: nous
constatons deux couches, dont la plus profonde, du
premier âge du fer, à prolongements typologiques
dans l'âge du bronze récent, est d'aspect plutôt «illy-
rien», tandis que la couche supérieure trahit la pré-
sence des Celtes — après 300 av. J.-Chr. — dans cette
région aussi. Mais l'examen des objets eux-mêmes va
nous procurer des renseignements beaucoup plus précis
que ces conclusions tout à fait générales.
La céramique. Tous les vases de Gruia sont faits
sans l'emploi du tour. Quant aux formes, nous re-
tenons d'abord (fig. 2) la présence des grandes urnes
«en cloche», hautes de c. 33 cm, décorées d'un seul
cordon, en bourrelet entrecoupé, à la hauteur des
"A- anses, et de quatres proéminences placées en croix
tenant lieu d'anses: deux horizontales, à profil con-
cave, et les deux autres verticales, à profil convexe. Ces urnes à pâte très poreuse et
légère, assez mal cuite, de couleur rougeâtre, trouvent leurs analogies d'un côté en
Transylvanie dans la vallée du Mures à la dernière période de l'âge du bronze, p. e.
à Bandul-de-Câmpie J) ou à Lechinla-de-Mures *), de l'autre en Ulyrie, dans la vallée
de la Save, à une époque plus récente 3 ), p. e. à Donja Dolina 4 ). Cependant la fac-
ture et les détails de la décoration de l'urne de Gruia, en premier lieu les proémi-
nences horizontales à profil concave, servant d'anses, tiennent beaucoup plus de
Donja Dolina que de Lechinţa-dc-Mureş. E t de même, tel cas isolé de la présence
des urnes en cloche à Ripacb) ou à Jezerine 6) ne doit pas nous tenter non plus à trouver
des relations plus étroites de la civilisation de Gruia avec ces régions. Ni la haute vallée
du Mures ni les hautes vallées bosniaques des affluents de la Save n'ont pas beaucoup
à dire dans la question des formes de la céramique que nous rencontrons sur le Danube
serbo-valaque vers 500 av. J.-Chr.
En effet les autres formes de vases aussi sont caractéristiques en premier lieu
pour la vallée de la Save au premier âge du fer, et presque point pour la région des
Alpes Dinariqucs. Nous possédons cinq coupes de Gruia appartenant chacune à un
type différent (fig. 3). Parmi ces coupes sans doute le type à deux anses, à canne
lures horizontales sur le col et obliques sur la panse et à deux proéminences faisant
croix avec les anses,
est décisif pour l'iden
tification des origines
de la civilisation de
Gruia. Caractéristique
pour l'âge du bronze
récent dans les pays
carpatho-danubiens ] )
le type de vases a proé
minences en forme de
cornes et à cannelures
horizontales sur le col,
obliques sur la panse,
parfois (les coupes-tas
ses à une seule 'anse)
à bords découpés obli
quement vers l'anse, s'est répandu jusqu'en Dalmatie 2 ) et jusqu'à Troie 3 ). Mais tandis
que dans le pays d'origine ce type disparaît par la suite, il fleurit au contraire dans
les régions d'infiltration et, justement dans la vallée de la Save, jusqu'à l'approche
du second âge du fer, peut-être même pendant les premiers siècles de cette époque.
L'un des centres où ce type est par excellence représentatif, est encore toujours la
station de Donja Dolina 1 ). Quant aux autres quatre formes de coupes elles se ren
contrent aussi en Dalmatie, mais elles ne sont pas caractéristiques pour cette région;
bien au contraire, la coupe à large ouverture à quatre proéminences en croix est très
commune en Dacie aussi à l'âge «scythique» 5 ), c'est-à-dire contemporanément avec les
stations illyriennes, tandis que la coupe à pied surélevé est une apparition habituelle
du premier âge du fer, et ensuite du second âge aussi, un peu partout.
x
) Cp. les vases de Borsod sur la Theiss supé etc., naturellement, plus ou moins modifié.
3
rieure chez H a m p e l , A bronzkor emlékei Magyar- ) Schmidt, chez Dôrpfeld, Troja u. Mon, A t h è
horiban I I , pi. C X L I 2 ; le vase de Boian sur le nes 1902, p . 594 suiv. — Q u a n t a u x t y p e s lusa-
D a n u b e inférieur chez Christescu, d a n s cette re ciens de la m ê m e origine, gétique, ils sont u n peu
v u e m ê m e , I I 1 9 2 5 ; le vase de Târgul-Mureşului différents des vases cités ci-dessus, note 1.
4
(pour les cannelures) chez P â r v a n , Getica, p . 307 e t ) Les exemplaires trouvés ici, des formes les
les considérations historiques chez P â r v a n Dacii la plus variées, d é r i v a n t d u m ê m e t y p e initial, sont
Troia, d a n s la revue Orpheus, I I 1926, p . 3 suiv. très n o m b r e u x ; v. chez T r u h e l k a d a n s les WMBH.
2
) P . e. à Sanskimost (chez Fiala WMBH. VI I X 1904, pi. X X I suiv.
6
1899, p . 66), à Strbci (chez le m ê m e , ibid., p . 55), ) P â r v a n , Getica, p . 427, 4 3 1 , etc.
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VASii.r. I'AKVAN
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA
la manière dont on Ta obtenue d'une simple feuille de bronze coupée en triangle très
aigu. Comme pour les socs de charrue ou les haches à douille ou les talons de lances,
Fig. 6.
en fer, ainsi pour cette lance en bronze, on a rabattu autour d'un noyau rond les
deux marges de la feuille devant
constituer la douille et on les a
réuni autant que possible à force
de coups de marteau.
Un détail caractéristique mé-
rite encore d'être noté. Le pro-
priétaire du torques n'a pas été un
richard : sa modeste parure en
bronze est par deux fois rapiécée,
Fig. 7.
à clous en fer : à chaque brisure la
pauvre barre, originairement tor- Fig. 8.
due avec élégance, a été battue d'une manière très rustique, afin de devenir assez plate
pour être trouée (deux trous pour chaque brisure) et clouée.
Si les objets en bronze vont d'accord avec la céramique en ce qui concerne l'époque,
appartenant sans conteste encore au style du premier âge du fer, tout autre est le
cas des objets en fer, qui ne pourraient être datés qu'après 300 av. J.-Chr.
E n effet les sépultures de Gruia ont fourni plusieurs lances et javelots (fig. 4 et 9)
et deux épées en fer (fig. 10) appartenant à la deuxième période de l'âge de La Tène. E n
voici la description sommaire. 1. Lances à larges ailerons, de 0.38 m et 0.36 m de lon-
gueur et c. 0.06 — 0.055 de largeur; 2. Lances à fer long, à nervure parfois très saillante
et à ailerons plutôt étroits, de c. 0.38 et 0.34 m de longueur et c. 0.04 de l a r g e u r 1 ) ;
c'est le type commun de l'époque en Europe centrale, p. e. en Bavière ou en Suisse 2 );
3. Javelot à pointe très petite: sur 19 cm de longueur, la pointe n'en occupe que 7 ;
les ailerons de la pointe, très étroits: 2 c m ; 4. Javelot à tige conique et pointe quadran-
gulaire, sans ailerons, long de 18 cm; c'est un type connu au premier âge du fer aussi 3 ),
1 2
) Une de ces lances (fig. 4) a les ailerons brisés; ) Cp. chez D é c h e l e t t e , Manuel, I I 3 , p . 1145,
on peut c e p e n d a n t reconstituer avec assez de cer- fig. 1 et 2.
3
titude le contour du profil original. ) Ibidem, I I 2, p . 746, fig. 1.
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VASILK PÂRVAN
mais qui est encore plus répandu à l'âge de La Tènc dans tous les pays carpatho-
danubicns, depuis la Dacie ') jusqu'en Dalmatie 2 ).
Quant à la petite pointe de lance, battue en bronze (fig. 9 en haut à droite)
dont nous avons parlé plus haut, elle rentre aisément dans le système typologique du
second âge du fer.
Cependant les épées seules nous aident à dater les sépultures de Gruia d'une ma-
nière vraiment bien]définie. Des deux exemplaires que l'on y a trouvés, l'un ne re-
présente plus qu'un tron
çon de la lame (mince et
à nervure assez saillante)
long de c. 60 cm et large
de c. 4 cm ; l'autre, au
contraire, admirablement
conservé, long de 1.02 m
et large de 45 mm, est un
très bel exemple, typique,
des longues épées du se-
cond âge du fer, emplo-
yées par les Scordisques
de chez nous entre 300 et
100 av. J.-Chr., et dont
de nombreux exemples
ont été trouvés sur la rive
roumaine du Danube ser-
b e : p . e. à Turnu-Severin
une épée longue de 0.995
m sur 5 cm de largeur,
dans l'île de Simian une
autre de 0.975 x 0.055,
etc. 3 ). L'épée bien con-
servée de Gruia a été trou-
Fig. 9. vée avec une grande par- ^i« I0-
tie de son fourreau ; ce-
pendant par un certain hasard malencontreux 4) la gaine qui était très rouillée, après
avoir rempli sa mission de nous conserver presque intacte la lame de cette épée, s'est
évanouie en poussière.
Pour ne rien omettre, il faut enfin citer la grande hache-marteau en pierre polie,
à ce qu'il paraît, à peine ébauchée, sans trou d'emmanchement, et le fragment de
hache en pierre verte (fig. 4), trouvés dans la même fouille que les autres objets déjà
décrits, de l'âge du fer. L'apparition de ces deux témoignages néolithiques ne peut
cependant rien prouver quant à l'existence d'une couche néolithique à Gruia. Nous les
l 4
) Pârvan, Grtica, p. 513 et fig. 355. ) M. Bals ne peut pas s'expliquer le malheur;
*) P. e. à Bihac, v. WMBH. IV 1896, p. 186. un beau jour il découvrit que l'épée avait perdu
3
) V. chez Pârvan, Getica, p. 505 sniv. et pi. son fourreau: probablement quelque domestique
XXXVII fig. 1 et 3. l'avait laissée tomber par terre.
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA
L'ensemble des objets trouvés à Gruia ne résout pas de par soi-même le pro-
blème historique qui se présente ici: «les restes illyriens sont-ils à Gruia antérieurs aux
restes celtiques, ou bien contemporains?» Car rien n'empêche de retrouver à Gruia
aussi un phénomène très fréquent dans la civilisation de certaines régions de l'Europe
à l'âge de La Tène, c'est-à-dire la survivance des formes hallstattiennes à travers tout
le second âge du fer. E t c'est justement en territoire illyrien que ce phénomène est très
commun. Nous voyons p. e. à Jezerine une synthèse extrêmement curieuse des formes
hallstattiennes avec celles de l'âge de La Tène, avec prédominance absolue des anciennes
traditions illyro-gréco-italiques du premier âge du fer, sur lesquelles les formes «La
Tène» se greffent comme de simples annexes spécialisées (fibules), de nature complète-
ment étrangère à l'esprit général de la civilisation locale 3 ). On peut dire qu'il n'y a pas
de vrai La Tène dans les Alpes Dinariques et dans les hautes vallées illyriennes qui
descendent vers la plaine de la Save. Ni la céramique ni les armes celtiques ne se ren-
contrent dans ces régions. N'était telle fibule de la Il-e ou I l l - e période de La
Tène, nous ne pourrions jamais songer à dater telle urne parfaitement hallstattiennc
ou villanovienne au Il-e ou au I-er s. av. J.-Chr. E t M. Grenier a constaté un phéno-
mène identique en Alsace: «la civilisation de Hallstatt se perpétue, en Alsace, jusqu'aux
abords de la période romaine. La civilisation de La Tène y est peu représentée et mal
caractérisée. Quelques tombes plates à inhumation apparaissent en quelques points,
aussi bien au nord qu'au sud du pays, conjointement aux tumuli qui abritent confusé-
ment des incinérés et un petit nombre d'inhumés. Les deux espèces de sépultures,
tombes plates et tumuli, contiennent des objets identiques (c'est le cas pour les incinérés
et les inhumés de Donja Dolina, de Jezerine et des autres stations illyriennes aussi);
dans les unes et les autres le prolongement des traditions hallstattiennes se mêle au
slyle nouveau de La Tène (ce que nous avons précisé pour l'Illyrie aussi). L'évolution,
en un mot, est lente et sans rupture» 3 ). Or c'est le cas aussi pour les régions de l'Europe
danubienne où les Scythes prenant résidence encore en plein âge de Hallstatt s'assimilent
très vite aux indigènes, acceptent les formes locales de la civilisation du premier âge
du fer, et, lorsque les Celtes arrivent, résistent comme les Illyres, empêchant la flo-
raison des nouvelles formes. M. Louis de Mârton a relevé le fait très intéressant qu'à
Gyongyôs, dans le Heves, l'inventaire iranien — de caractère très différent de l'inven-
taire transylvain, mais identique avec l'inventaire de la Russie scythique — s'entremêle
de formes La Tène ' ) , qui le situent au IV-e s. av. J.-Chr., sans toutefois lui rien
prendre de l'aspect exotique et extrêmement conservatif qui lui était propre. Au con-
traire, comme en Dacie 2 ), comme en Alsace 3 ), comme eu Europe Centrale 1 ), ainsi à
Gyongyôs ce sont les formes de tradition néolithique qui prennent le dessus à l'époque
hallsiaitienne et réussissent à se maintenir même à l'âge de La T è n e 6 ) .
Toute autre est la situation dans les stations hallstattiennes dcl'Illyrie (cp. fig. 11);
à différence de la Dacie où le fil est ininterrompu depuis le néolithique jusqu'il l'âge de
£c£i!ii££)
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3 P A\E O N I A
Localités a découvertes cel/iţnes;Locatile's or eteevut/erfes illy/uenrte.i/ Ljjca/ile\ra c/ecottuer/es rrrï*/es
Fig. 11.
La Tène, il nous semble qu'un certain hiatus dans la continuité ethnographique et de ci-
vilisation est manifeste justement dans la vallée de la Save et les régions voisines de la
Dacie. À Donja Dolina, comme dans les Alpes Dinariques c'est tout un monde nouveau
qui semble surgir vers 1000 av. J.-Chr. L'Illyrie ne possède pas un vrai ancien âge du
bronze. Entre le monde de Donja Dolina et celui de Butmir il n'y a aucune continuité.
Stanley Casson a essayé de trouver la clé de l'énigme dans une migration «danubienne»
des hommes du bronze vers l'O illyrien à une époque assez récente de l'âge du bronze,
migration suivie par une autre, «hallstattienne», vers le S, partant d'un centre de disper-
sion situé dans l'actuelle Autriche, autour de Hallstatt même '). Nous y reviendrons
plus bas. Ce que nous voulons relever tout de suite, c'est qu'un hiatus analogue à celui
qui précède le «hallstatt» illyrien, le suit aussi. Les Iliyres passent du «premier âge du
fer» directement à l'«âge romain». E t tandis que l'Italie septentrionale, le Norique,la
Pannonie et la Dacie deviennent tout-à-fait «celtiques», FIllyrie n'en veut rien savoir 2 ).
Cependant le Danube est un fleuve par excellence celtique: depuis ses sources jusqu'à
son embouchure les châteaux forts celtiques se suivent presque sans interruption.
La capitale des Scordisques est Singidunum (Belgrade), à l'embouchure de la Save
illyrienne 3 ). Heorta, Capedunum et Bononia*) gardent aussi le Danube serbo-roumain 5 ).
E t pourtant, quoique nous soyons à la deuxième période de La Tène, pas un seul tesson
celtique à Gruia: les épées celtiques restent tout-à-fait solitaires au milieu des parures
et de la céramique illyriennes, hallstattiennes. D'autre part l'âge du fer illyrien ne
connaît pas les armes celtiques, tandis que les sépultures de Gruia, tellement illyriennes
par la presque totalité de leur mobilier, sont celtiques par les armes. Il n'y aurait donc
qu'une seule conclusion à toutes ces constatations: les Illyres de Gruia seraient vraiment
d'un autre temps que les Celtes, et l'arrivée de ces derniers aurait été ici plus récente.
Le problème des sépultures celtiques de Gruia se divise donc en deux: I. L'arrivée
des Illyres au milieu des Géto-Thraces de Gruia. I L L'arrivée des Celtes dans cette en-
clave illyrienne, établie au milieu des Thraces.
Casson admet une migration illyrienne, partant de Hallstatt, au début de l'âge
du fer, en aval du Danube, vers la «Bulgarie» aussi: «The same movement which pro-
jected the Iron Age Illyrians into Bosnia sent bodies of a similar stock south-east to
Macedonia and eastwards to Bulgaria. These latter branches reached their destinations,
certainly in the case of Macedonia and probably in t h a t of Bulgaria, at an earlier
date t h a n t h a t at which the Illyrian body descended the Save tributaries. Only
at Donja Dolina and Zara do we find earlier Iron Age sites. The fuller development
of the Serajevo region comes later, after 900 at the earliest and probably later»
(o. c, p. 326). Malgré l'accent et la précision que donne Casson à son opinion
concernant la migration illyrienne en Bulgarie, nous ne pourrions sous aucune forme
admettre cette thèse. D'ailleurs l'auteur lui-même ne peut fournir, sauf quelques in-
dications sur la civilisation de La Tène en Bulgarie, apportée ici par les migrations
celtiques (p. 309), rien d'autre que des appréciations d'ordre général sur l'âge du fer
de la Macédoine, plus ancien que celui de Bosnie, mais «mostly of the same type and
date» qu'en Serbie et en Bulgarie (p. 306).
1
) Macedonia, Thrace and Jllyria; their relations p a r a î t accepter — lui aussi — l'opinion de Munro) ;
to Greece from the earliest times donn to the time of or, d a n s toute l'Illyrie a u S de la Save il n'y a ni
Philip son ofAmyntas, Oxford, 1926, p . 287 — 327. population ni civilisation celtiques: les a r m e s ,
2
) Il est très é t o n n a n t de constater que certains les p a r u r e s , la céramique sont non-celtiques !
3
archéologues o n t cru pouvoir affirmer q u ' à J e - ) J u s t i n , X X X I I 3.
4
zerine nous avons affaire à des Celto-IUyres, ) Cp. Camille Jullian, Histoire de la Gaule I ,
seulement parce que l'on y trouve un certain nom- p . 296 suiv.
5
bre de fibules La Tène (Casson, o. c , p . 302, qui ) P â r v a n , Getica, p . 65.
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4
VA SI LE PÀKVAN
Car presque tous les monuments hallstattiens publiés par Poppoff '), et sur lesquels
s'appuie Casson aussi, sont de Macédoine et non de Bulgarie. Mais même s'ils en étaient,
il ne suffit pas de quelques fibules pour décider d'une question si complexe que les migra-
tions illyriennes vers le S et vers l'E. Il s'agit ici d'une conclusion analogue à celle tirée
par Radimsky 2 ), qui voulait trouver aussi en Bosnie le même La Tène qu'en Autriche
et en Hongrie, seulement parce qu'il avait découvert beaucoup de fibules de l'âge de
La Tène à Jezerine. E n effet la Bulgarie est reliée, à l'âge du fer, aussi étroitement à
la Valachie, qu'elle l'avait été à l'âge énéolithique et à l'âge du bronze. Ni en Valachie
ni en Bulgarie les Illyres n'ont rien à chercher. C'est déjà beaucoup si nous y rencon-
trons quelques faibles échos de leurs industries, d'ailleurs comme activité propre en
pays dinariques, tout-à-fait modestes.
Le problème doit être au contraire totalement renversé: entre 700 et 300 av. J.-Chr.
(les limites extrêmes des documents «illyriens» de Gruia) ce sont plutôt des mouve-
ments de population et de civilisation qui remontent le Danube bulgaro-roumain et
serbo-roumain: ce sont les Scythes qui venant de l'E occupent la Dacie et la Thrace
et repoussent devant eux vers l'O tous ceux qui essayent de leur résister: c'est à cette
époque, que les tribus daco-gètes du Banat et de la Petite-Valachie commencent leur
migrations vers la Dalmatie et la Péonie, où ils fonderont Thermidava, Eiminacium,
Berzumnum, Adzidzium, Asarnum, Blandona, Desudava, etc. etc. 3 ) et le nom des Daoi
aorsoi (Daorsi) : «les Daces blancs», devient épichorique dans la région de Spalato 4 ).
Un mouvement contraire, en aval du Danube, ne se prononce à l'âge du fer qu'à
partir de la fin du V-e s., lorsque la pression celtique commence à repousser vers l'E
tous les peuples du Danube moyen et inférieur. Il est très probable qu'à l'approche des
Taurisques, et plus tard des Boïens et des Scordisques, les tribus illyriennes de la vallée
de la Save aient dû chercher refuge soit dans les hautes vallées des affluents de la Save
et du Danube serbe, soit en aval de ces deux grandes vallées jusqu'en Petite-Valachie et
en Bulgarie occidentale. Les Thraces Triballes qui habitaient la vallée inférieure de la
Morava (Margus) paraissent avoir été déplacés vers l'E, jusqu'à l'Iskcr bulgare
(Oskios — Oescus), déjà vers le commencement du IV-e s. E n effet la grande invasion
triballique de l'an 376 contre Abdère et la côte thrace de l'Egée ne pourrait être expli-
quée sans le bouleversement produit par les Celtes dans les pays du Danube moyen et
de la Save 5 ). Or vers la même époque les Celtes pénétraient chez les Ardiens et les
Autariates aussi, entre les Alpes Dinariques et la région côtière qui s'étend depuis la
péninsule d'Istrie jusqu'à la vallée de la Narcnta (i). Ce qui est maintenant décisif pour
notre démonstration, c'est que déjà en 335 les Autariates s'étaient déplacés très loin
vers l'E, occupant le territoire situé immédiatement au N du pays des Agrianes. Les
renseignements de Ptolémée fils de Lagus, chez Arrien, combinés avec les informations
de Diodore et de Strabon, mènent à la conclusion tirée déjà par Zippel 7 ), que les Auta-
B
' ) D a n s l'Annuaire du Musée National de Sofia ) V. chez G. Zippel, Die rômische Herrschaft in
I I 1921, Sofia 1922, p . 152 suiv. (en b u l g a r e , avec Illyrien bis auf Augustus, Leipzig 1877, p . 31 suiv.,
u n t r è s bref résumé en français). le recueil des t e x t e s anciens c o n c e r n a n t ces évé-
2
) D a n s les WMBH. I I I 1895, p . 2 1 2 ; c p . d'ail- nements.
6
leurs Casson aussi, ci-dessus, p . 4 3 , note 2. ) Cp. Zippel, p . 34 et suiv.
3 7
) P â r v a n , Getica, p . 229 suiv., 672, 745 et 7 5 1 . ) 0. c, p . 38 suiv., avec les passages des au-
4
) Ibid., p . 38, 229 et 745. t e u r s anciens.
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SEPULTURES CELTIQUES DE GRUIA
riates avaient occupé après leur défaite dans leur pays d'origine, sur la Narenta, la
vallée de la Morava bulgare, devenant avec les Dardanes les voisins septentrionaux
des Péoniens.
Ces mouvements étaient encore en 335 en plein développement: c'est la raison pour
laquelle Alexandre le Grand entreprend son expédition contre les Triballes et les Illyres
«voisins entre eux» ' ) . Il pouvait s'attendre à chaque moment à une invasion analogue
à celle de l'an 376 contre Abdère. Or les Triballes sont à cette époque si loin vers l'E,
dans la vallée du Danube, que nous pouvons admettre Oescus déjà en 335 comme ca-
pitale de leur royaume 2 ). Mais en ce cas les Illyres, leurs «voisins» doivent occuper le
territoire immédiatement à l'O du Timacus. La présence d'objets d'aspect illyrien du
premier âge du fer en Triballic et en Dardanie ne devrait donc pas nous surprendre:
tous ces peuples se réfugiant au devant des Celtes portaient avec eux leurs anciennes
traditions industrielles.
Cependant les Celtes occupaient toute la région danubienne depuis Belgrade (Sin-
gidunum) jusqu'à Widdin (Bononia). Lorsque Brennus se décidait en 280 pour sa
fatale invasion en Grèce, les Celtes possédaient en Mésie supérieure un large territoire,
dont la garde était confiée à tout un peuple. E n effet les Celtes laissés en Mésie ad ter-
minas genlis tuendos sont à eux seuls capables, ne soli desides viderentur, d'armer pe-
dilum quindecim millia, equitum tria millia, de faire la guerre aux Gètes et aux Triballes,
réunis, et de les vaincre : fugatis Getarum Triballorumque copiis 3 ).
Or nous sommes arrivés avec ces événements juste dans la région et à Yépoque qui
nous préoccupent: à Gruia, vers la moitié du I l l - e s. av. J.-Chr. Les armes celtiques
de Gruia, dont l'épée formidable, à elle seule, pourrait nous expliquer la défaite et la
fuite au devant des Celtes, des Géto-Triballes armés de leurs petites sicae 4 ), sont le
témoignage de la prise de possession armée de la rive gétique du Danube par les Gau-
lois. Arrivant après les Illyres, auxquels appartiennent les restes pacifiques: vases et
parures, trouvés à Gruia, les Celtes trouvent à un siècle près de distance toute une civi-
lisation «illyrienne», dans ces régions auparavant purement thraces. Comme à Donja
Dolina, ainsi à Gruia les Celtes n'exercent pas leurs talents civilisateurs: ils y passent
1
) E n voir la liste chez P û r v a n , Getica, p . 505 m e n e r p a r les contes d ' A p p i e n vers des h y p o -
suiv. et les n o t e s . thèses p a r f a i t e m e n t inacceplahles.
2 5
) P â r v a n , Getica, p . 66 suiv. ) Cp. sur le rôle de Burebista d a n s l'Orient
3
) Cp. P â r v a n , o. c , p . 72. celto-illyro-thrace, Camille J u l l i a n , Histoire de la
4
) G. Zippcl, o. c , p . 153 et suiv., se laisse Gaule I I I , p . 152 suiv.
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA
yscoQyeïv: Strabon, p . 315, en parlant des *Agôiaîoi). Mais leurs expéditions contre les
Ardiens et les Autariates se compliquèrent aussitôt par des guerillas sans fin contre les
Dardaniens, les Triballes et les Scordisques aussi (Strabon, p. 315 et 318). Or, la situa-
tion était la suivante. Les Celtes arrivés dans la vallée de la Drave et de la Save, où
ils avaient fondé des villes comme Carrodunum ou Neviodunum (v. fig. 11), avaient préféré
d'envahir et de dévaster, plutôt que de coloniser les territoires illyriens des Alpes Dinari-
ques; Strabon nous le dit d'une manière précise à propos des Scordisques: /lexaţv ôè
( AaQÔavlwv ) ie xal XÔJV ""AqbiaUnv ol AaoaQi'pioi elol xal 'AyQiâveç xal alla aarj/ua ëêvrj,
â ênuQÛovv ol IxooÔioxoi /uéxQi rjorj/wioav xi]v %d}Qav xal ÔQvpâjv âpdxov èy rj/iégaç
nleiovç ènofyoav fi.F.oxi)v (p. 318). Mais les invasions celtiques le long de la côte adriatique
au IV-e s. ont dû être encore plus sauvages ! ) . Ce qui est sûr, c'est que les Taurisques
descendant le Noarus, le Dravus et le Savus vers les plaines pannoniennes, se sont
établi au N de la Drave et y ont fondé leurs grands ateliers sidérurgiques, comme celui
de Szalacska au S du lac Pelso. Leur tendance migratoire, de caractère agricole, com
mercial et industriel a été plutôt vers l'E que vers le S. Comme au IV-e et au ITI-e s.
ainsi vers le commencement du I-er s. av. J.-Chr. les Celtes de la Pannonie avaient
(de nouveau ; cp. ci-dessous) dépassé le Danube, et le royaume de Critasiros avait pour
frontière orientale la Theiss, c'est-à-dire le Celte avait envahi tout le territoire gète
compris entre la Theiss et le Danube. Ce dont Burebista ne manque pas de se plain
dre, lorsqu'il commence ses grandes guerres contre les Boïens et les Taurisques de la
Pannonie: (les Daces) xaxaTtole/ir/oavxeç Boîovç xal Tavoloxovç, ëxhr] Kelxixà xà vno
KnnaaiQCi), (pdoxovteç eïvai xr)v %d)qav ocpExeoav, xainen noxa/xov ôieioyovToç xov IlaQioov
(1. Ilaûlnov), Qéovxoç àno xcôv OQÛJV ènl xov "IOXQOV xaxà xovç ZXOQÔLOXOVÇ xalovjuévovç
Falàxaç. xal yàg ovxoi xoïç 'IIIVQIXOÏÇ ëêvem xal xoïç Ooqxloiç àvayàÇ &xr\oav àll'
èxEivovç /ièv ol Aaxol xaxélvoav, xovxoiç ôè xal ov/i/zàxoiç ÈyQi'\navxo Ttolldxiç. Les dé
couvertes archéologiques confirment les dires de Strabon (p. 313): déjà à la deuxième
période de La Tène les Celtes s'étendaient jusqu'à la Theiss et même à l'E de cette ri
vière. Les restes celtiques, de Koszeg, de Dâlj, de Hôdsâg, de Hatvan-Boldog, de Balsa,
de Gyoma, (TApahida 2 ), démontrent que depuis les Alpes jusqu'en Dacie les Celtes
occupaient toutes les plaines du Danube moyen et que le chemin qu'ils avaient découvert
d'abord vers 400 av. J.-Chr., lorsque leurs guerriers en remontant la vallée du Mures,
étaient arrivés jusqu'à Silivaş, en plein centre de la Transylvanie 3 ), n'avait jamais
été désappris.
Or les Celtes dont il s'agit à Gruia étaient les «petits» Scordisques, d'abord adversaires,
ensuite alliés des Daces. Leurs demeures sont définies par Strabon (p. 318) comme il
suit: âxtjoav ô'ovxoi naqà xov "IOXQOV ôirjorj/iévoi bi%a, ol fièv jueyâloi ZXOQÔCOXOI xalov-
[levoi ol ôè (nxQoi ol fièv juexaÇi) ôveïv Tzoxa/xôjv è/À,ftallovxa>v elç xov "IOXQOV, XOV xe
NOÛQOV XOV naQa rrjv Zeyeoxixrjv QEOVXOÇ*) xal xov Màqyov (xivèç ôè BaQyov epa-
ah) '), ol ôè /iixoiH xovxov nênav, ovvâmovreç Tniflattoïç xal Mvaoïç. el%ov ôè xal rdv
njowv rivàç ol ZXOQÔLOXOI, tnl rooovrov ô*fjv$ijô^aav wore xal [ié%Qt x&v ' l/lrnixôjv xal
TÛV IJawrixcov xal Ooaxùov 71QOÎ]\I%V ôoiov xaréa%ov ovv xal ràç Vïjoovç ràç iv rib
"IoTQCp ràç nlriovç, tfoav ôè xal nôleiç avroïç 'Eôqxa xal Kanêôovvov. La description
de Strabon correspond très bien à la situation que les découvertes archéologiques
confirment pour la Il-e période de l'Age de La Tène, c'est-à-dire pour le Ill-e et
le Il-e s. av. J.-Chr. Au contraire à la Jll-e période, après l'an 100 av. J.-Chr., les
Gètes prennent complètement le dessus et les Scordisques subissent le même sort
que les autres Celtes voisins de la Dacie. Ce qu'il faut retenir chez Strabon, c'est
que les Celtes n'habitent de manière vraiment intense que sur la rive même du Danube,
entre les embouchures de la Drave et de la Morava d'un côté, entre celles de la Morava
et du Timoc de l'autre. Ça veut dire que les Scordisques de la rive droite du Danube
ne font que prolonger plus ou moins au sud du fleuve la masse compacte celtique qui
habitait au N de la Drave et du Danube.
Voici maintenant en quelques mots la suite des événements après l'installation dé-
finitive des Romains en Macédoine. En 141 les Scordisques de la Save battent les Ro-
mains; autre guerre en 135. E n 117 le préteur Sexte Pompée est attaqué en Macédoine
par les Gaulois et les Mèdes (les Thraces Maedi). E n 114 C. Porcius Caton essayant
de punir les Scordisques sur leur propre territoire est b a t t u et chassé lui-même, et toute
PIllyrie est ravagée jusqu'à l'Adriatique. Ce n'est qu'en 112 que M. Livius Drusus réussit
à repousser les Gallo-Thraces et à les forcer de faire la paix. Cependant les années
110 et 109 sont troublées par de nouvelles batailles très sanglantes en Thrace (C. Cae-
cilius Metellus) et en pays scordisque, entre le Drin, la Save, le Danube et le Cibre (M.
Minucius Rufus). E n 97 et en 92— 88, d'autres combats et invasions: les barbares ar-
rivent jusqu'à Dodone. Les Gètes sont pendant ces guerres les compagnons fidèles
des Scordisques: Minucius Rufus imperator a Scordiscis Dacisque premebatur, quibus
impar erat numéro, dit Frontin, Strat. I I 4, 3. Mais tandis que les Gètes sont protégés
au-delà du Danube par leurs forêts impénétrables (cp. chez Florus I 39, 6: Scribonius
Curio, en 74 av. J.-Chr. Dacia tenus venit, sed tenebras saltuum expavit), les Scordisques,
comme d'ailleurs les Illyres et les Thraces aussi, sont de plus en plus affaiblis et décimés
par les Romains tenaces et inexorables. Appien, De reb. Illyr. 3, nous le dit ex-
pressément à propos des Triballes et des Scordisques, les voisins directs des Gètes:
les deux nations se sont combattues avec acharnement l'une l'autre jusqu'à ce que
*es restes des derniers Triballes se soient enfuis chez les Gètes de Valachie, de sorte
que leur peuple, qui du temps de Philippe et d'Alexandre était très puissant, perdit
jusqu'à son nom même parmi les nations du Bas-Danube ; quant aux Scordisques affaiblis
dans les mêmes luttes, ils ont été presque anéantis par les Romains et se sont réfugiés
dans les îles du Danube, d'où plus tard ils ont essayé de se sauver en se rassemblant
dans certaines régions de la Pannonie inférieure 2 ).
Nous constatons donc que le travail civilisateur chez les Celtes du Danube méso-
triballique était très enrayé par les suites du désordre ininterrompu qui régnait ici.
Tandis que les Celtes de la Pannonie et de la Dacie développaient toute une civilisation
«celtique», d'une richesse et variété comparables à celles de la Gaule et des pays du Da
nube supérieur, les Scordisques disparaissaient presque sans laisser d'autres traces de leur
existence sauf les armes avec lesquelles ils s'étaient défendus jusqu'à la dernière heure.
Il nous reste maintenant une seule question encore à élucider à propos des sépul
tures de Gruia: celle d'une éventuelle contemporanéité des vases et des parures de ces
tombes, avec les lances et les épées trouvées à la même place. L'on peut aisément
constater en Illyrie que la céramique de type carpatho-danubien de l'âge récent du
bronze et du premier âge du fer continue à être en usage même à l'âge de La Tène.
Radimsky a même relevé le fait suivant, d'une importance décisive: «auf der Drehscheibe
erzeugte Thongefăsse kamen in Jezerine ziemlich selten vor und gehoren fast durchaus dem
Formenkreise rômischer oder griechischer Gefiisse an, so dass man schliessen darf, die
Einwohner des Landes haben in der La Tène-Période nur aus freier Hand Thongefăsse
erzeugt, und der Gebrauch der Tôpferscheibe sei ihnen erst durch die Rômer bekannt
geworden» '). Mais il y a autre chose encore: nulle forme céramique de type celtique n'est
adoptée par les Illyres, comme c'est si souvent le cas en Dacie, où tant de formes nouvelles
se retrouvent en technique paysanne tout simplement façonnées à la main, à côté des
vases tournés, de la même époque, soit importés des Celtes du NO, soit fabriqués en Dacie
Les armes celtiques de Gruia, datables à la deuxième période de La Tène, auraient
donc très bien pu être contemporaines de la poterie «illyrienne» que l'on y a découverte.
Cependant il faut relever de suite le cas tout-à-fait exceptionnel où se trouveraient les
Celtes enterrés de cette façon, pêle-mêle avec des étrangers et avec un mobilier funé
raire étranger.
Encore plus difficilement pourrions-nous admettre une contemporanéité des pa
rures et des épées de Gruia. En effet les fibules de l'âge de La Tène ont vite trouvé
leur chemin même dans les coins les plus reculés de l'Illyrie. Il suffit de parcourir les
rapports des fouilles de Jezerine (Radimsky), de Sanskimost (Fiala), et, naturelle
ment, de Donja Dolina (Truhelka) 2) [l'emplacement classique pour les formes cérami
ques et autres de la civilisation illyrienne de la vallée de la Save], pour se convaincre
aussitôt que les Illyres eux-mêmes ont adopté les types celtiques de fibules et que par
suite en aucun cas et sous aucun motif la belle fibule en arc de Gruia n'aurait pu appar
tenir ni à un homme ni à une femme de l'âge de La Tène. Quant aux pendantifs en forme
de grelots, ils sont si caractéristiques pour l'époque pré-La Tène (ou au plus tard archaeo-
La Tène) d'Illyrie, qu'ils constituent, à côté de la céramique, le trait ethnographique le
plus frappant pour le non-celtisme du mobilier funéraire en bronze trouvé à Gruia.
Force nous est de tirer maintenant les conséquences de notre brève analyse des
sépultures de Gruia. La pénétration illyrienne en aval du Danube, en pays gétiques,
déjà avant l'arrivée des Celtes, mais sûrement provoquée par leurs invasions en terri
toire proprement illyrien, dans la vallée de la Save, nous paraît parfaitement assurée
et datée par les découvertes de la couche la plus ancienne de Gruia. À un siècle près
de distance suivent les Celtes eux-mêmes. Les sépultures celtiques de Gruia sont ex
clusivement de temps de guerre. Nul objet celtique de nature pacifique n'y a été trouvé.
2
*) Radimsky, Die Nekropole von Jezerine in Pri- ) Dans les WMBH. Iïï 1895, VI 1899 et IX
toka, dans les WMBH. III 1895, p. 195. 1904.
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49
VASILE PÂRVAN
3
') Je dois noter encore ici, que la question des ) Les bracelets plurispiraux à têtes de serpent,
migrations illyriennes, vers la Macédoine (tout d'a de Mahrevici (Truhelka, dans les WMBH. X ï ï
bord celle des Autariates eux-mêmes) ne m'a pas 1912, p. 20), n'ont rien de commun avec les bra-
préoccupé ci-dessus ; je renvoie donc aux articles déjà celets analogues de la Dacie, sauf peut-être l'idée
cités de Vulic et de Katzaroff et j'ajoute que le stylistique, tout à fait générale.
4
sujet mériterait d'être traité de nouveau par quelque ) Truhelka, l. c , p. 26 — 28, poursuit sur le
jeune historien slave qui serait en même temps un terrain les trois périodes de l'âge illyrien de La
archéologue militant sur le terrain. Tène, d'après les fibules, et croit pouvoir établir des
2
) Cp. pour les couteaux de Verşeţ, Pârvan progrès et des regrès de la pénétration celtique
Getica, p. 488 et 527 suiv. avec fig. 333 et le9 dans les Alpes Dinariques.
observations p. 528 note 1.
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50
LES FOUILLES DE SULTANA
Nous avons expliqué ailleurs ') les circonstances dans lesquelles nous nous sommes
dirigé vers la région qui, géograpbiquement, porte le nom, assez bien connu, de Câmpia
românà (la Plaine Roi un ai ne).
Immédiatement voisine de la Dobrodgea, la «Câmpia românâ» a été explorée au
cours des vingt dernières années du siècle dernier par Gr. G. Tocilesco, principalement
au point de vue épigraphique, et, en second lieu, en ce qui concerne les monuments
gréco-romains qu'on y rencontre. Tocilesco, élève de Hirschfeld, collaborateur et cor-
respondant de celui-ci, et aussi de Mommsen, était surtout un épigraphiste.
Mais, à partir de 1906, grâce à M. Pârvan, et par suite de l'extension de plus en
plus grande prise par ses études historico-archéologiques, qui ont permis de connaître
en détail l'histoire de la Scythie-Mineure, de Salsovia à Abrittus, y compris les centres
d'Ulmetum, Tropaeum, Tomi, Callatis et Histria, depuis le temps de la pénétration
grecque jusqu'au moyen âge, la Plaine Roumaine, qui n'est séparée de la Dobrodgea
que par le Danube, dont les eaux l'enceignent en décrivant une large courbe, avant
de se diriger vers la mer Noire, la Plaine Roumaine, disons-nous, était tout naturelle-
ment destinée à occuper le premier rang parmi nos récentes préoccupations.
Au temps de la dernière guerre, plusieurs archéologues allemands ont profité des
circonstances qui soumettaient notre pays à l'occupation étrangère pour entreprendre
des recherches dans beaucoup de localités d'Olténie, antérieurement explorées par moi
ou par quelques autres amateurs de la région, soit dans une des îles du Danube, à
Gârla-Mare, soit sur les bords du fleuve, à Mâgura-dela-Fundu-Chiselet (cote 24) etc.
Sauf en ce qui concerne Gârla-Mare 2 ), nous ne possédons jusqu'à présent aucun
renseignement détaillé, ni aucun double. Seule, une communication personnelle de
M. le Professeur Hubert Schmidt, de Berlin, a attiré, en 1923, notre attention sur les
richesses archéologiques exceptionnelles que renferme spécialement la vallée du Danube.
Entre temps, nous avions déjà commencé nos travaux par toute une série de
voyages de reconnaissance, immédiatement suivis de fouilles, d'une part à Piscul-Cra-
sani, actuellement mise au jour, et, plus tard, à Sultana, dont nous nous occupons ici.
Au cours de l'automne de cette même année, un de nos assistants, M. Radu Vlâdesco-
Vulpe, actuellement membre de l'École roumaine de Rome, a exploré pas à pas toute
la région située entre Mostishtea et Calarashi 3 ).
2
' ) I. Andrieçescu: Piscul Crasani, Découvertes ar- ) Léonard Franz: Vorgeschichtliche Funde aus
chcologiques faites en 1923 (Annales de ΓAcadémie Rumànien, Sonderabdruck aus der «Wiener Prâ-
roumaine, Mém. de la Sect. historique, Série I I I , historischen Zeitschrift», I X , 1922, Vienne, 1922.
3
Tome I I I , p . 1 et suiv. ; résumé en langue fran- ) Bulletin de la Commission des Monuments histori-
çaisc, pages 93—94). ques, X V I I , fas. 40, Bucarest, 1924, p . 40 et suivantes.
51
i*
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I. ANDRIEÇESCU
Les fouilles que nous avons dirigées au cours de l'été 1924 à Cetatea-dela-Zimnicea,
Teleorman, ont complété, par un riche matériel, les recherches entreprises à Piscul-
Crasani. De même, les fouilles effectuées à Gumelnitza, près d'Oltcnitza (Ilfov) et en-
treprises par un autre assistant de notre Musée, M. Vladimir Dumitresco, pendant
Fig. 1.
Sultana est un petit village, le plus petit peut-être de ceux qui s'alignent, tout
près les uns des autres, à droite ou à gauche de la Mostishtea, et sur les rives du grand
canal qu'elle forme au Sud de Târiceni, où l'on aboutit, soit par la voie ferrée Buca-
rest-Constantza (gare Sàruleshti), soit par la grand'route, plus ou moins parallèle à la
voie ferrée, route que l'on abandonne à Tâmâdâu, pour descendre plus bas, par Pârlita
et Gurbâneshti, Obileshti et Frâsinet (fig. 1).
Nous sommes là en plein Bâràgan, à peu près au milieu de la plate-forme qui repré-
sente la steppe la plus typique de la Roumanie,— coupée par la rivière Mostishtea et
bornée par la Ialomitza. L'aspect général du paysage est très pittoresque et très spé-
cial. Il a été magistralement décrit par le prosateur et archéologue roumain Alexandre
Odobesco. Aux points de vue géographique et géologique, il faut se reporter aux
œuvres de MM. Em. de Martonne, S. Mehedintzi, feu G. M. Murgoci, G. Vâlsan et
Vintilâ Mihailesco. 1 ).
Les éminences du terrain, qui dépassent rarement une hauteur de 70 mètres, bor-
dent des deux côtés la vallée de la Mostishtea, laquelle toutefois, avant de s'élargir
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LES FOUILLES DE SUI.TANA
2
physique, Bucarest, 1915. Vintilà Mihâilescu: ) Idem, p. 82.
3
Vlâsia §i Mostiçtea, Bucureçti, 1925. ) G. Vâlsan, op. cit., p. 83.
») R. Vlâdesco-Vulpe, loc. cit., p. 81—83.
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I. ANDRIEÇESCU
par les vestiges mêmes, livrés par la partie explorée, elle était entière. Des ve-
stiges nombreux et ca-
ractéristiques, rencon-
trés à la surface du sol
(silex taillés, fragments
de poteries), nous ont
montré, dès notre pre-
mière visite, que nous
nous trouvions dans
une station des plus in-
téressantes au point de
vue de sa richesse. Ces
suppositions devaient
être entièrement con-
firmées.
Nous expliquerons
d ' a b o r d comment se
sont développées les
fouilles ; nous expose-
rons ensuite les résul-
Fig. 2.
tats de ces travaux,
et nous en tirerons les
conclusions qui convi-
ennent aux points de
vue chronologique et
cultural-historique.
*
* *
É t a n t donné l'état
dans lequel nous avons
trouvé la colline de Sul-
tana, coupée par le mi-
lieu, comme nous l'a-
vons déjà dit, et en
continuel éboulement
vers le lac — on peut
le voir d'ailleurs par la
photographie prise sous
Fig. 3. cet angle — nous avons
estimé que les fouilles
devaient, dès le début, être pratiquées, non seulement à l'endroit où la surface révé-
lait le plus grand nombre de vestiges — ce qui est explicable par l'érosion des cou-
ches d'humus que les phénomènes atmosphériques, grâce à l'exposition du lieu, pou-
vaient attaquer avec une force considérable — mais encore, et dans la limite du possible,
:.i
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LES FOUILLES DE SULTANA
qu'on devait explorer tous les environs immédiats de la falaise en cours d'affaisse-
ment, laquelle, même sans fouilles, se serait effondrée en quelques années.
C'est ainsi que nous avons procédé.
La superficie totale occupée actuellement par le plateau, un peu bombé, de la col-
line, représente un diamètre de 25 mètres, et, dans un autre sens, une dimension maxima
(EO — NS) de 71 mètres.
Avant de s'être éboulée, la colline présentait une forme oblongue, dont l'axe était
de direction NE — SO et elle mesurait 130 mètres environ.
Nous avons donc pratiqué une coupe (NE — SO) de 40 mètres carrés (20X2), dans
la pente E de la colline et jusqu'à sa bordure (endroit où se rencontrent les vestiges
les plus nombreux à la surface) ; nous avons fouillé, d'autre part, une étendue plus
considérable : 100 mètres carrés (20 X 5), de manière que vers la fin des travaux, et
suivant les nécessités que la solution des problèmes avait imposées lors des dernières
fouilles, la dernière portion devînt large de 150 mètres carrés (15 X 10), dans la direction
EO, jusqu'à l'extrême limite Ouest de la colline. Le total des fouilles s'étendrait sur
290 mètres carrés (fig. 4).
11 faut ajouter toutefois que la troisième surface n'a pas été creusée au point de
parvenir jusqu'à épuisement de la couche de culture ; le temps manquait d'abord,
puis les objets recueillis étaient, sauf de rares exceptions, à peu près identiques. Mais
nous estimons qu'ainsi un premier résultat avait été déjà atteint, dans la voie de la re-
connaissance et de l'identification des localités, pour la carte archéologique de la Rou-
manie. Un riche matériel et de nombreuses observations sur les conditions dans les-
quelles ont été faites les trouvailles en sont la preuve.
Plus tard, lorsque la région entière sera mieux connue, on pourra poursuivre les
travaux. Grâce à elles, on pourra obtenir la vérification des observations faites, et
compléter une récolte qui, ici comme ailleurs, ne sera certainement point exempte de
surprises. Nous ne croyons pas cependant que l'aspect général de la vie passée en ces
lieux, soit plus tard défini d'une manière trop différente de la nôtre, à la suite des
résultats que nous avons obtenus jusqu'à présent.
*
* *
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I. ANDRIEÇESCU
de bijou en terre cuite, une tête de figurine d'animal au museau mince et allonge.
Nous présenterons en temps utile ces divers objets.
Entre 25 et 40 centimètres de profondeur, les poteries deviennent plus nombreuses,
les silex aussi. Nous avons trouvé une autre hachette en pierre polie. On commence
à découvrir des vases à profils intéressants, dont certains sont garnis de proéminences
simples ou doubles, des fragments de jarres, des débris provenant d'habitations, et
qui renferment encore des morceaux de branchages ayant servi à la confection du
torchis. Pour le moment, signalons de pareils vestiges dans les portions NE de la
surface B, et SE de la surface A, tout autant d'indices d'habitations que nous trouve-
rons en masse à un niveau inférieur. Parmi divers silex éclatés, signalons en particulier
une superbe pointe de flèche. Beaucoup de fragments de poteries, ou de moulins à
bras, dans la partie SE de la surface B, indiquent le voisinage d'autres habitations,
bâties à un niveau plus bas. Il était donc tout naturel de rencontrer, encore, dans cette
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LES FOUILLES DE SULTANA
direction, des débris de murs, avec des traces d'enduit appliqué à la main. Cette ma-
nière de faire, de beaucoup
antérieure à la maçonnerie,
nous la retrouvons cepen-
dant, aujourd'hui encore,
dans les maisons paysannes
les plus élémentaires.
Les fragments de murs
trouvés à Sultana sont so-
lides et bien conservés (fig.
5) ; ils ont été en effet cuits
par l'incendie qui a ravagé
les habitations dont ils fai-
saient partie,
Au même niveau, aussi
bien en B q u ' e n A, on a
également trouvé d ' a u t r e s
Fig. 5.
ustensiles en silex, typiques
ou atypiques ; une perle allongée faite d'argile cuite, intacte, dans la partie sud de la
région A, et une autre, brisée, en B ; un instrument en cuivre ; un disque de parure
percé d'un trou; des fragments de moulins à b r a s ; des fragments de passoires; une
sorte de petite table à pieds (on en rencontrera plus tard d'autres échantillons) ; un
petit percuteur.
Parmi les fragments de céramique recueillis, un certain nombre sont décorés d'une
ornementation très intéressante et tout à fait nouvelle, caractérisée par une rangée
d'incisions courbes et parallèles entre elles, qui se succèdent horizontalement sur la
partie arrondie des vases. Ces incisions servent de points de départ à d'autres, prati-
quées plus bas, toujours courbes et parallèles entre elles, mais disposées en sens inverse.
Nous nous en occuperons lors de la description des résultats obtenus.
Enfin, au même niveau, on a rencontré une figurine d'animal en terre cuite ;
dans la partie sud de la région A, deux autres figurines, réduites en fragments, sont
humaines.
La couche révélant la civilisation s'annonce donc comme exceptionnellement riche.
Toutefois, le terrain a été fortement bouleversé. On en trouve la preuve, non seule-
ment dans des débris de murs beaucoup plus perfectionnés, construits à la chaux, mais
dans la découverte d'une longue aiguille de fer, d'un ciseau et d'autres ustensiles pjus
petits, également en fer, et même d'une icône en bronze qui figure la Vierge Marie
tenant l'enfant Jésus dans ses bras. Cette icône est bordée d'une inscription en langue
slavonne, dont l'étude sera confiée à un spécialiste.
La présence de cet objet est due à un simple hasard et ne modifie en rien l'unité /
de culture du milieu archéologique de Sultana, que, dès la surface même du sol, on r e ^
connaît comme appartenant au néo- et à l'énéolithique.
Entre 40 et 60 centimètres, le sol est uniquement composé de terre végétale, sauf
aux points 1 et 2, où l'on trouve assez fréquemment des vestiges de murs, et des cen-
dres, et même au point 3, où ces restes se rencontrent en quantités moindres.
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I. ANDRIKÇKSCU
Nous nous trouvons donc évidemment au-dessus d'une des régions peuplée autre-
fois de modestes habitants. L'inventaire des objets recueillis présente de nombreux
fragments de céramique, dont beaucoup proviennent de vases de grande dimension.
Un certain nombre portent, à leur surface, des proéminences simples, doubles ou
triples.
Les silex travaillés sont fort nombreux; beaucoup d'entre eux sont typiques.
On a trouvé encore un disque d'argile troué, deux percuteurs, une belle hache
en pierre taillée (pi. I I , fig. 9), un autre percuteur, une petite table en argile cuite
pourvue de quatre pieds (pour la forme, v. pi. X X I I I , fig. 5, 6 et 10) et des moulins
à bras.
Certains fragments de gros vases, découverts aux environs du point 1, présentent,
outre leurs proéminences, une ornementation tout à fait rudimentaire, réalisée, sans
grand soin, à l'aide des doigts, et en sens oblique, sur les parois du vase, avant sa
cuisson.
Ces vases portaient quelquefois des couvercles ; on en a découvert plusieurs, de
formes spéciales (pi. X X I I I , fig. 1—4 et 7 — 9).
Il faut signaler encore une autre hache, de grande dimension, en pierre taillée
(pi. II, fig. 7); et, parmi les débris de poteries, encore un fragment orné d'incisions
courbes, dans les sens horizontal et vertical, et parallèles entre elles; nous en avons
déjà parlé.
Au milieu de la région A et à 50 centimètres de profondeur, on a découvert la
partie supérieure d'une figurine en terre cuite.
A partir de 60 et jusqu'à 75 centimètres, les traces de murs sont beaucoup plus
apparentes, relativement au sol environnant, qui est d'une couleur plus sombre, si
on le compare à la teinte de l'argile souvent cuite et agglomérée par une chaleur
ardente.
Aux points 1 et 2 et en moindre quantité au point 3, les débris dont il vient d'être
question se trouvent épars dans la masse considérable des restes de clôtures, de paille
et de clayonnages que l'on distingue mieux au niveau atteint par nous, sur le point
4. Des vestiges assez importants de murs, de paille et de clayonnages commencent
également à se révéler au point 5.
Comme inventaire, nous relevons en B : des silex, un lest de filet, un disque
troué de parure, une passoire, une figurine d'animal à long cou, cette dernière en
terre cuite (pi. X X X I V , fig. 19) ; 3 percuteurs en silex, plusieurs perles, grosses et
de forme allongée, faites d'argile cuite.
En A et spécialement dans le voisinage du point 4 : une hache en pierre; un
petit couteau en pierre ; un lest de filet ; un moulin à bras ; au dessous du point 4,
une idole entière, bien conservée, (pi. X X X V , fig. 6 et 7), une hachette de pierre
dont l'œil n'est pas terminé ; une gaine, ou hache perforée, en corne de cerf,
brisée au niveau de l'emmanchement (pi. I X , fig. 2 et pi. X, fig. 2).
Un peu plus loin vers le Nord, un autre exemplaire de manche semblable, demeuré
intact; une figurine plate, en os, également très bien conservée (pi. X X X V I , fig. 6 et
pi. X X V I I , fig. 6 a).
Signalons parmi les silex, une superbe pointe de flèche, et, parmi les fragments
de céramique, un grand nombre qui présentent des proéminences simples ou doubles,
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LES FOUILLES DE SULTANA
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I. AND1UEÇESCU
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LES FOUILLES DE SULTANA
peinte; ils sont peu nombreux. Remarquons qu'à ce niveau ils commencent à peine
à apparaître.
Une nouvelle série de parois — assez restreinte toutefois — se révèle au Sud-Ouest
de l'habitation 10, au point 13; ces bâtiments auront dû constituer un simple abri
d'été, au voisinage des habitations proprement dites. Dans toute cette partie NE
de la surface B, on a rencontré des fragments de vases, du charbon, et une partie im-
portante d'une; moulin à bras.
À côté des ruines, il faut mentionner en outre les trouvailles suivantes: un petit
vase, des restes de moulins, des poids pour filets ; des tessons de poteries dont certains
présentent des proéminences larges et aiguës.
Un petit vase, découvert au point 2, porte à sa surface deux rangées de proémi-
nences superposées (pi. XV, fig. 11 et pi. X V I I I , fig. 6).
Les vases trouvés sont la plupart trop petits pour être d'un usage pratique. L'un
d'entre eux est d'une forme et d'une technique supérieure à celles de tous les autres
échantillons découverts jusqu'ici. De même, les poids de filets, beaucoup mieux con-
stitués au point de vue de la forme et de la cuisson, se distinguent totalement des ob-
jets similaires découverts dans les autres stations, néo-, ou même énéolithiques.
Nous ne pouvons donc, d'une part, écarter une impression assez claire du culte
et du rite funéraire que représentent tous ces restes. D'autre part, étant donné tou-
jours que tous les éléments de l'inventaire et surtout, bien entendu, la céramique de
caractère supérieur — est sûrement plus récente que celle du milieu général, primitif
néolithique, de Sultana, — elle ne peut s'expliquer ici, par rapport à la couche et au
niveau auxquels nous sommes parvenus, que par une superposition de populations. Les
nouveaux venus ont creusé et bouleversé le sol, en beaucoup d'endroits, à une profon-
deur bien plus grande que celle du niveau où se tenaient leurs devanciers.
Depuis 1 m 30 jusqu'à 1 m 75, sous le point 1, et le long du talus de l'Est, on re-
trouve des débris de parois. Le terrain environant est surtout de couleur jaune, argileux.
En divers endroits, on trouve des traces de feu, de charbon, de calcaire, partout
des silex, et aussi des tessons de poteries, dont beaucoup présentent des proé-
minences.
Vers le talus Ouest, au même niveau, on a trouvé une figurine en os (pi. X X X V I ,
fig. 1 et pi. X X X V I I , fig. l a ) ; une autre, en terre cuite, assez informe; deux têtes,
toujours en terre cuite et un poids de filet.
En A, c'est-à-dire parmi les restes de parois incendiées portant des empreintes
bien visibles de chaumes trouvées dans la partie Sud-Est, on a trouvé deux percuteurs,
un fragment de vase portant un ornement en spirale, des silex, un moulin de 0 m, 50 X
0 m, 25, ressemblant à une cuve de blanchisseuse, et un autre du même genre, mais
plus petit.
Un peu plus profondément, au point 1, et le long du talus Est, on rencontre peu
à peu et de plus en plus clairement une nouvelle série de débris de parois, mêlés de
cendres et de bois carbonisé.
Ces ruines s'étendent successivement sur des surfaces qui commencent par 0 m, 80 X
0 m, 80 — 1 m, et le dernier ensemble comporte 1 m 8 0 X 1 m 80 (fig. 4 : 1 3 , 1 2 , l t ) . Un
groupe, à peu près aussi considérable, se trouve au même niveau, dans la direction
verticale du point 8 (fig. 4 : 8j).
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I. ANDKIEÇESCU
Dans ces deux portions, les débris de poteries sont rares. Relevons-en seulement
un, avec proéminences, qui provient d'une jarre ou d'une urne.
Nous voici donc parvenus à une profondeur de 1 m 60. L'inventaire est toujours
le même. Aux environs des ruines du point lv et vers le Nord, on a trouvé un moulin
à bras. Au même niveau, dans la portion A, plusieurs autres ont été découverts. Dans
B, un peu plus à l'Ouest du moulin dont nous venons de parler, on a trouvé encore un
instrument en cuivre, et une figurine d'animal long et mince, en terre cuite (pi. X X X I V ,
fig. 19), surtout des silex, dont beaucoup sont typiques; une hache en pierre, une petite
figurine féminine en os (pi. X X X V I , fig. 3 et pi. X X X V I I fig. 3), un disque d'os
percé, une perle de forme oblongue en argile cuite.
De la portion A, on a retiré aussi des silex, et, dans la direction du Sud-Est, de
nombreux fragments de poteries, de débris de coquilles et des cendres.
Mais ce n'est pas seulement à 1 3 , 1 2 et l j que nous avons rencontré des vestiges
d'habitation à ce niveau. Nous trouvons les mêmes débris de parois avec traces de
branchages aux points 10 et 13 ; tout auprès, nous avons rencontré une partie de
moulin à main, et des poteries, avec des restes de charbon ; une figurine d'animal en
terre cuite, avec des mamelles (pi. X X X V , fig. 15), un poids de filet, des fragments
de grands vases et un petit ustensile en cuivre.
Le caractère technique de la céramique ne se montre pas inférieur, ce qui
est tout à fait remarquable à ce niveau, où, nous avons découvert au-dessus, les
habitations dont nous parlions tout à l'heure, séparées par une couche de terre
jaune.
Depuis 1 m 75 jusqu'à 2 m, l'aspect du sol se révèle le même, aussi bien en A qu'en B,
et l'inventaire ne change pas. Ce sont les mêmes silex éclatés, dont beaucoup sont
typiques. On a trouvé là trois haches de silex taillé, trois autres, plus petites, en
pierre polie; un fragment de moulin, un fragment de grande jarre avec une proé-
minence très accusée, un percuteur en silex, sur lequel on découvre un essai de perfo-
rage ; un poinçon en os, une moitié de fuseau, une figurine en terre cuite, et un petit
vase, sans caractère utilitaire.
Au-dessous du point 2, on a découvert également un petit vase piriforme, et des
débris d'autres poteries plus grandes, de qualité bien supérieure. De même, en fon-
çant plus bas à partir de ce niveau, on a extrait des céramiques dont la plupart
sont d'un genre supérieur à celles qui ont été découvertes jusqu'à présent. Les unes
sont patinées, d'autres revêtues de couleurs ou d'ornements en spirale. Nous les dé-
crirons plus loin, en détail.
Au coin NE de la portion B se trouvent actuellement les derniers vestiges des
ruines situées entre les points 11 et 5, à la même profondeur que celle atteinte par les
autres fouilles.
Au-dessous du point 81? et au point 8 même, les débris sont nombreux et ren-
ferment souvent des traces de chaume. Au même endroit, on a trouvé un poids co-
nique en terre cuite, non percé, travaillé avec soin, et une anse de couvercle. Un peu
plus loin, vers le Sud-Est, on a découvert une partie de plateau, de bonne facture,
revêtue d'une légère patine.
L'inventaire des objets en os s'accroît de deux fragments de figurines dont la
partie inférieure est ornementée ; l'une d'elles surtout présente des trous pointillés
(>1>
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LES FOUILLES DE SULTANA
Les résultats des fouilles de Sultana — fouilles qui n'ont duré que peu de temps,
et qu'on a pratiquées sur une surface relativement restreinte, si l'on considère le ter-
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I. ANDKIEÇESCU
rain resté intact— sont cependant assez satisfaisants. Nous avons, grâce à elles, repré-
senté à peu près entièrement l'inventaire des stations similaires d'Europe les mieux
pourvues sous le point de vue préhistorique.
Ce qui manque encore, nous le trouverons, sans aucun doute, en fouillant le sol
sur une étendue aussi grande que possible. Nous pourrons ainsi élucider les doutes
et les imprécisions qui ont été la conséquence forcée de nos premières recherches.
*) Ici, comme ailleurs, les recherches bien in- tentionnées n'avaient point manqué. On pourra
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LES FOUILLES DE SULTANA
et au Sud du Danube, elle présente une signification spéciale, que nous essaierons de
préciser en terminant.
Comme dans toutes les stations similaires, l'industrie du silex est bien représentée
à Sultana.
En commençant par les instruments qui servaient à la fabrication d'outils et
d'armes — qu'on nomme percuteurs et nueléus — nous en trouvons à Sultana de nom-
breux échantillons, surtout des premiers.
Sur 23 percuteurs en silex, presque tous, d'après les données classiques précédem-
ment acquises, ont tellement servi que tous leurs angles sont effacés et sont deve-
nus tout à fait sphériques (pi. I, fig. 1, 2,
3 et 4 ; pi. I I , fig. 1 et 2 ; pi. XIV, fig.
4, 5 et 7). Un autre présente une forme
à peu près discoïde (pi. I I , fig. 2) ').
En outre, dans tous ces percuteurs,
on a pratiqué un léger creux, évidemment
pour que le doigt s'y fixât et ne glissât
point ; mais ce creux n'est pas aussi pro-
fond que dans la forme typique présentée
par de Mortillet 2 ).
Les nueléus découverts à Sultana sont
au nombre de 14, et de taille moyenne
ou petite. Deux d'entre eux présentent
une forme plus ou moins arrondie (pi. I I ,
fig. 3 et 4), semblable à celle de projectiles
de même nature, dits «nucléiformes» 3 ).
Mais comme le prouvent les étoilures de
leurs extrémités, il n'est pas impossible
qu'ils aient servi de percuteurs 4 ).
Si nous considérons le nombre rela-
tivement restreint des «nueléus», compa-
rativement à celui des «percuteurs» et sur-
tout à l'abondance d'instruments en silex,
typiques ou atypiques, entiers ou fragmen-
taires, qui se chiffrent par environ 1850,
parmi lesquels 1000 pourraient être défi- Pi. IL
nis propres à l'usage, nous pouvons avoir
l'impression qu'à Sultana, même si la matière brute a été apportée en quantités ap-
préciables, elle a été travaillée, non seulement avec beaucoup de conscience, mais
même avec parcimonie.
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3 Daeta î 19i4.
1. VNDKIK.SESCr
Parmi les instrumente en silex découverts à Sultana, les plus nombreux sont des
lames et des couteaux, entiers on fragmentaires. Les bords en sont souvent très tran-
chants. Plates sur la face d'éclatement, ces lames ou ces couteaux portent au dos une
ou deux nervures longitudinales (pi. I I I , fig. 1—45). Il est évident qu'en beaucoup de
cas ces objets ont été faits pour être bien tenus en main.
Beaucoup plus rares, et sans autre distinction, on trouve des lames de silex qui
portent des dentelures pins on moins fortes; on peut les considérer comme de petites
scies (pi. IV, fig. 1 — 7).
En revanche, les grattoirs sont
très nombreux et très caractéristi-
ques (pi. IV, fig. 8 — 12,17 - 24,25 —
26, 33 et 34, 36 — 3 8 ; pi. V, fig. 1
et 2). À notre avis, ceux découverts
à Sultana ne peuvent être distin-
gués d'une autre sorte d'instruments
similaires, les rocloirs, qui se trou-
vent également en assez grand nom-
bre.
Nous présenterons ici seulement
quelques exemplaires (pi. IV, fig.
13 — 16, 27 — 32 et 35).
Il n'est cependant pas impos-
sible que certains de ces grattoirs
(pi. IV, fig. 12, 17, 19 et 37; pi. V,
fig. 1), aient été utilisés également
comme retouchoirs. Mais leur pointe
a été brisée par l'usage.
lîlllllllull
Parmi les instruments que nous
venons de eiter, l'un présente une
forme archaïque spéciale (pi. IV, fig.
33). Il y a là, peut-être, seulement
Γ 58
53 54 35 56 37 58 39 40 41 42 43 44 45 un hasard ; peut-être aussi un reste
ri. i de types antérieures, ce qui concorde
assez bien avec l'emploi fréquent des
retouchoirs, qui, à Sultana, se rapprochent beaucoup, comme aspect, des types mou-
stériens.
Tous les instruments sont confectionnés de telle manière qu'ils peuvent être saisis
solidement entre le pouce et l'index de la main droite.
Il n'y a rien à observer quant aux perçoirs (pi. V, fig. 3 — 21); les seuls qui aient
été travaillés avec soin sont les deux derniers, mais, comme ils sont trop petits, ils
ne semblent pas, certainement, avoir été pratiquement utilisés.
Un exemple de retouche plus soigné est celui qui est représenté par la fig. 13.
Cette pièce était probablement une pointe de flèche.
Ce sont les instruments représentés dans la planche V (fig. 22 — 44), qui semblent
avoir surtout servi de retouchoirs. Leur pointe est le plus souvent rompue et devenue
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LES FOUILLES DE SULTAN A
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5*
Si nous passons m a i n t e n a n t a u x a u t r e s é l é m e n t s de l ' i n v e n t a i r e que nous pro-
duisons ici, de nouvelles p r e u v e s du genre ainsi q u e des p h a s e s du travail n o u s seront
données p a r u n e série c o m p l è t e de huches en silex, d é c o u v e r t e d a n s t o u t e s les couches,
et qui r e p r é s e n t e n t , ici, c o n n u e ailleurs ( B u t m i r , etc.), non seulement les a p t i t u d e s
W
1 2 . 4 5 6 7 β 9 10 * 3 4- W
12 13
11 a 15 1* 17 18 IV 20 21
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J? 3θ 39 40 41
PI. V.
42 43 44 54 35 36 37 38
PL VI
39 40 *1
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LES FOUILLES DE SULTANA
représentés par les exemplaires figurés dans les reproductions (pi. I, fïg. 13, 15 et 12
ou pi. I I , fig. 5, 7 et 10).
L'exemplaire à peu près typique comme forme pourrait être celui représenté dans
la fig. 14 de la planche I (pi. I I , fig. 9). Un autre exemplaire de même ordre a été
brisé à l'usage (pi. I, fig. 12 et 13 ou pi. II, fig. 5 et 10). De même, le dernier exem-
plaire de la planche II (fig. 14), utilisé comme hache, a été, à un moment donné, em-
Pl VII
ployé comme nucléus, en détachant d'une de ces surfaces deux lames, faciles à re-
connaître (pi. I, fig. 16).
Comme Montelius le dit, cette sorte de haches appartient aux dernières périodes
de l'époque néolithique *) et, vu leur abondance dans toute la station de Sultana,
elle constitue une première indication chronologique plus précise, dont nous devons
tenir compte.
*) Schlemm, «p. cit., p. 99, et l'opinion de Mon- keilen und flachen Hacken, das der dritten in spitz-
teliui concorde parfaitement avec le parallélisme nackigen Beilen, das der Steinkupferzeit in schmal-
établi par Moritz Hoernes, à savoir: «1. Spiral- nackigen Beilew>. M. Hoernes: Urgeschichte der bil-
maanderkeramik ohne Malerei ; 2. Stichbandke- denden Kunst in Europa von den Anfângen bis um
ramik; 3. bemaltc Keramik. Das Steingeriit der 500 vor Christi, ΙΙΙ-e Aufl. hg. v. O. Menghin,
ersten und zweiten Stufe besteht in Schuhleisten- Wien, 1925, p. 300.
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I. ANDRIEÇESCU
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LES FOUILLES DE SULTAN A
PI. IX.
' ) Franz v. P u l s k y : Die Kupfcrzeit in Ungarn, plaires en bronze provenant de Sinaïa, v. Andrie-
Budapcst, 1884, p. 71, fig. 1 — 6 ; Hampel Jozsef: sescu: Sur Vâge du bronze en Roumanie. 1915,
A bronzkor rmlékri Magyarhonban, Budapest, où il est parlé d'un exemplaire tout en cuivre
1892—1896, I I I , p. 51, fig. 4 — 8. Pour les exem- découvert en Posnanie.
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I. 4NDRIEÇESC1
') G. et A. de Mortillet: Musée, pi. LI, fig. 516 et 548; Déchelette, op. cfo, I, p· 532, fig. 192.
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LE9 FOUILLES DK SULTANA
verrons plus loin, nous avons trouvé aussi des objets bien travaillés en terre cuite,
soit pour la parure, soit pour des usages pratiques, à savoir: pour le filage, la pêche.
Comme bois, il ne nous est resté que les empreintes des étais employés pour les
16 17 18 „ „ | | 1\ ^
27 28
21 22 2", 24
29 50 25 26
27 M
PI \ I . PI. XII.
habitations. Ceci est explicable en raison de la nature grasse de notre sol, ainsi que des
pluies fréquentes qui le pénètrent et l'imbibent.
En ce qui concerne Vos, nous signalerons, tout d'abord, plusieurs poignards, les
uns plus petits (pi. X I , fig. 3 et 4 ; pi. X I I , fig. 31 et 32" (long. 0 m 094), un autre
assez grand et puissant (pi. X I I , fig. 26 (long. 0 m 148).
Le plus grand nombre sont des poinçons ou des perçoirs (pi. X I , fig. 1, 2, 5, 6,
12—16; pi. X I I , fig. 14, 18, 19,20, 25 et 30); les dimensions en sont habituellement
réduites.
On a aussi trouvé à Sultana deux ciseaux également en os, dont l'un est usé
et moins régulièrement travaillé (pi. X I I , fig. 13), l'autre plus soigneusement ouvré,
quoique la rugosité soit fort apparente sur la partie déclive du tranchant (pi. X I I ,
fig. 12).
Enfin on a découvert à Sultana toute une série d'Objets de parure, pendantifs, en
os également, dont certains tout prêts à être fixés ou adaptés aux vêtements (pi. X I ,
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T. ANDRIEÇESCU
fig. 7 — 9; de même fig. 1 1 ; ensuite pi. I X , fig. 9, la même que celle de la pi. X I I ,
fig. 24; pi. VII, fig. 25, 21, 23, 24 ou pi. X I I , fig. 15, 21, 17, 23 et 22).
On a trouvé, par contre, en plus grand nombre des disques-parures en terre cuite
(pi. X I , fig. 21 — 30; pi. VII, fig. 22 et 27 ou pi. X I I , fig. 4 et 5).
Une seule perle percée, en os, a été trou-
vée (pi. X I , fig. 31), mais on a découvert un
bien plus grand nombre de semblables paru-
res en terre cuite (25) présentant la forme
de grains de perles percés dans toute leur lon-
gueur (pi. X I I I , fig. 1 — 2 1 ; pi. VII, fig. 30
et 31). On a fermement l'impression que les
habitants, plus accoutumés aux produits cé-
ramiques, trouvaient plus commode d'exé-
cuter également leurs parures en terre cuite.
À Sultana, comme ailleurs, les fusa'ioles
sont aussi en terre cuite, très simples d'ail-
leurs (pi. VII, fig. 29 et 28 ou pi. X I I , fig. 11
et 9 ; de même pi. X I I I , fig. 22 — 25); en ce
qui concerne les tissus on n'en trouve pas la
moindre trace à Sultana. Il en est de même
des poids pour filets (23) (pi. V I I , fig. 3 2 ;
pi. I X , fig. 8, 12, 13, et 6, de même pi. X I V ,
• il m
*9 20
23
fig. 2 et 3). L'un de ces poids de filet (pi. IX»
fig. 6) présente sur son fonds, trois empreintes
circulaires. Un deuxième exemplaire (pi. XIV,
^ÊÊL fig. 2) présente, situées au même endroit, < :inq
•
W pareilles empreintes à la file. La ebose ne
24 25 peut être due au hasard. Ce sont-là probable-
p. χ τ ment des signes conventionnels, dont nous ne
connaîtrons peut-être jamais le mystère.
L'exemplaire suivant (pi. I X , fig. 7 ou pi. XIV, fig. 1) est d'une forme ne res-
semblant aux poids de filet qu'en apparence, sans trou de suspension, mais d'une
régularité complète que ne possèdent point les poids de filet. On ne peut préciser
l'emploi de cet objet, qui n'était certainement pas un poussoir. Bien qu'on en ait
trouvé très peu, les poussoirs de Sultana ont une tout autre forme (pi. I X , fig. 5 et
10 ou pi. X X I I I , fig. 1 et 2), par rapport aux couvercles des vases. Cela n'a pas pu
être non plus un pilon à semences, car on a trouvé à Sultana un assez grand nombre
de meules à bras, destinées à écraser les grains (pi. XIV, fig. 6) ; or, leur forme est
bien différente. Il est bien plus probable que des instruments du genre de celui dont
nous nous occupons, étaient des molettes à broyer les couleurs employées dans l'in-
dustrie céramique.
De même, n'oublions pas, dans cet ordre d'idées, quelques petites tables à quatre
pieds, toujours en terre cuite (pi. X X I I I , fig. 5, 6 et 10), dont l'emploi n'a pu être
que de caractère religieux, en tout cas, d'aucune utilité pratique.
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LES FOUJLF.ES DE SULTANA
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i. A\i>mi:si:s<:r
souvent réduite à un simple passage à la flamme. Les exemplaires sont néanmoins ré-
sistants. Le contour présente une ligne assez sûre et, d'autre part, l'ornementation,
quelque naïve et simple qu'elle soit, est disposée suivant certaines lois qui, en aucun
cas, ne contredisent le cadre des motifs ornementaux de l'Europe du Sud-Est. Il n'est
pas rare, comme nous le verrons par la suite, que de nouvelles variations documentent
des motifs connus d'une autre manière.
Les grandes formes sont à peu près toujours aussi le plus primitives comme tech-
nique.
Les petites formes, d'un profil plus délicat, accusent aussi une meilleure tech-
nique. La pâte de ces vases est plus uniforme et plus uniformément cuite, quelque-
fois même très bien et très également cuite et façonnée.
Beaucoup plus rarement, la surface des vases a une patine, au sens préclassique,
mais propre du mot, patine fréquente plus tard dans la céramique de l'âge du bronze
en Dacie comme aussi au Sud-Est de l'Europe.
A Sultana du moins, les vases ne sont pas grands; il n'y en a que de petits; leur
profil est particulièrement élégant, mais n'appartient qu'au Sud-Est, dans des limites
géographiques, sur l'étendue desquelles on discutera encore fort longtemps ' ) . Cette
céramique représente à Sultana le maximum, en ce qui concerne la capacité tech-
nique.
Les formes. — Si la céramique de Sultana ne diffère, quant à la technique, presque
en rien de la céramique néo- et énéolithique en général et encore moins de l'Europe
du Sud-Est, comme nous venons de le voir, en ce qui concerne les formes et l'orne-
mentation, cette céramique nous apporte beaucoup de nouvelles données intéres-
santes, d'autant plus qu'elles comblent une lacune, ressentie depuis un long temps
dans tout le monde carpatho-balcanique, presque entièrement inconnu jusqu'à pré-
sent, en ce qui a trait à la région comprise entre les Carpathes et le Bas-Danube.
Sultana n'est, il est vrai, sous ce point de vue, qu'un simple début, mais je crois
qu'il est, comme on le verra, assez concluant.
Ce qui prédomine à Sultana, depuis les couches les plus basses de la période de
civilisation et jusqu'en haut, c'est, sans nul doute, une céramique primitive en tant
que matériel et comme travail et tout aussi simple comme forme et ornementation.
Ayant des parois épaisses et droites, que les vases soient grands ou petits, ils
n'ont d'autres ornements que l'accolement, autour du goulot, d'une ceinturette alvéo-
laire, ou d'incrustations parallèles. Il en va de même d'une ou de plusieurs grandes
proéminences, surtout excécutées sans soin, d'où partent assez souvent vers le bas,
obliquement, d'autres ceinturettes, ou encore, très souvent, le plus simple ornement
que nous puissions imaginer pour recouvrir la surface des vases (— (1er Flàchenfullende
' ) Soit dit en passant, je suis loin de croire nier m o t : La Thessalie appartiendrait pour cette
que les opinions de M. C. L. Woolleys (Afia minor, époque au milieu de culture de l'Asie Mineure, etc.
Syria and the Acgcan, «Liverpool Annals», 1922) Plus justifiées me semblent les réserves et la ré-
bien que nouvelles et intéressantes, ainsi que les pétition de la p . 794 ainsi que de la note 131 de
commentaires de M. O. Mengbin (M. Hoernos M. Mengbin, quand il dit: «Es wiire aber immerliin
Mengbin: Urgeschichtc drr bildvndvn Kunst in Eu- moglich, dass kiinfti^r Fnrscbungcn uns veranlassen
ropa von den Anfàngcn bis zu 500 vor Christi, kônnen, eine andere Aufteilung vorzunebmcn».
Wien, 1925, p. 772), soient, à ce sujet, le der-
7(.
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LES FOUILLES DE SULTANA
PI. XV.
XVI, fig. 1 — 7). Il est bon de noter que les trois derniers fragments cités de la pi.
X V I , bien que situés tout à fait au bas de la couche de civilisation, sont supérieurs
aux autres comme pâte et comme cuisson. Il ne s'agit pas d'une variation accidentelle,
mais, comme nous le verrons dans beaucoup d'autres cas, d'un abaissement général de
bas en haut du niveau général de culture.
Dans une forme de vase, aux parois intérieures inclinées, le genre d'ornementa-
tion est le même (pi. XV, fig. 3 ou pi. XVI, fig. 8).
Enfin, dans un fragment de vase aux parois encore plus inclinées — le travail et
la cuisson ayant été plus soignés — l'ornementation est constituée par des incisions et
des égratignures, plus ou moins régulières, partant du fond et allant en s'effilant
vers le goulot du vase (pi. XV. fig. 5).
Avec une même technique, d'autres vases, entiers ou fragmentaires, présentent
des formes toutes différentes, et ce, surtout pour les petits vases.
Un petit vase, trouvé dans les couches basses de la fouille, vase très probablement
destiné au culte, de cuisson assez bonne, nous permet de distinguer deux lignes presque
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I. ANDRIKÇKSCtl
égales du profil (pi. XV, fig. 8 ou pi. XXI, fig. 4); la ligne la plus petite se trouve
au fond.
Nous pouvons, en accentuant certaines de ces lignes de profil,poursuivre une varia-
tion des plus intéressantes dans le
cadre des formes du milieu néo- et
énéolithique Carpathn-Dnnubien, ainsi
que du Sud-Est européen.
Un petit vase, à moitié conservé,
aux parois droites relativement épais-
ses et travaillées avec moins de soin,
a la ligne du goulot assez distincte,
mais irrégulièrement tracée, et porte
deux proéminences, qui se répétai-
ent probablement aussi sur l'autre
face (pi. XV, fig. 7). 11 a été trouvé
dans les couebes les plus basses et de
proportions inusitées; c'était proba-
blement aussi un vase destiné au
culte.
Petit également, mais moins pro-
fond, un autre vase a la forme d'une
coupe basse, avec un ornement d'in-
cision, radial mais irrégulier, à sa
partie inférieure; comme le précé-
/
- ^ÊÊMÊË^ - dent, il ;i été trouvé dans les plus
^w.' v m I basses couebes de la période de cul-
4 1 turc (pi. XV, fig 9).
Il y a des formes beaucoup plus
13
nombreuses, qui, s'il leur manquait
le fond, auraient beaucoup de res-
semblance avec les coupes en céramique peintes de la Transylvanie, et même, en allant
plus loin, de l'Europe centrale.
Elles n'ont toutefois jamais les parois droites et leur fond est toujours grand, mais
jamais spliérique (pi. XV. fig. 10) ; les proéminences en diagonale séparent la ligne su-
périeure du corps du vase de la ligne inférieure. Avec quelques variantes, c'est l'une
des plus fréquentes formes trouvées à Sultana.
Une semblable variante nous est offerte par le vase suivant, qui présente une
légère accentuation du goidot et deux fois quatre proéminences en diagonale (pi. XV,
fig. 11 ou pi. XVIII, fig. 6) λ). Il en est de même pour un autre, avec cette différence
qu'ici les proéminences, répétées et plus ou moins régulières, constituent un véritable
ornement (pi. XV, fig. 13). On trouve encore de pareils exemplaires en Valachie, mais
en petit nombre. Ce sont-là les exemplaires les plus caractéristiques qui illustrent
l
) Seules trois paires de proéminences sont autres, constituant la 4-e paire, sont disparates,
constituées p a r paires, l'une sous l'autre ; les deux
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LES FOUILLES DE SULTANA
PI. XVII
ornement à raies verticales, sans doute postérieur comme ornement à l'ancien, réduit
à varier les surfaces par les traces parallèles des doigts promenés verticalement ou
obliquement.
D'autre fois, plus rarement, la ligne du goulot manque ; le vase possède alors
une anse puissante et l'ornementation consiste en des raies plus ou moins courbes qui
ornent à leur manière la partie supérieure du vase (pi. XV, fig. 14),
E n allant du plus ancien au plus nouveau, de l'inférieur au supérieur, stratigraphi-
qiiement parlant, nous avons une fois de plus l'occasion de constater, non pas une évolu-
tion, mais une régression sous le rapport des formes ; quant aux autres éléments, ils
ne diffèrent pas d'une manière discordante (pi. XV, fig. 15, 16 et 6; pi. X V I I , fig.
1, 2, 11, 5, 10 et 4 ; de même pi. XVI, fig. 9 —15). Ces formes ne représentent pas
seulement une liaison avec les figures antérieures; l'une d'entre elles, tout particu-
lièrement (pi. XV, fig. 6 ou pi. XVI, fig. 11), de par le caractère de son profil,
représente une liaison avec d'autres formes similaires que nous verrons plus loin,
d'une autre technique et d'une autre ornementation, beaucoup plus caractéristiques à
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S u l t a n a . La forme devient ainsi un élémenl d ' o r i e n t a t i o n s t y l i s t i q u e particulièrement
précieux.
Il y a plusieurs g r a n d s vases p l u s
c o n s i s t a n t s c o m m e p â t e , bien venus à
la cuisson, p o s s é d a n t une o r n e m e n t a -
tion s e m b l a b l e à celle dont nous a v o n s
parlé plus h a u t , o r n e m e n t a t i o n e m p l o -
yée plus l i b r e m e n t et d ' u n e m a n i è r e
plus sûre (fig. t e x t e 7 - 9 et pi. X V I I ,
fig. 7).
U n v a s e s e m b l a b l e au p r é c é d e n t ,
a y a n t des parois p l u s épaisses, n o u s
p r é s e n t e d e u x anses i m p o r t a n t e s e t u n e
o r n e m e n t a t i o n c o n s t i t u é e p a r des grou-
pes de q u a t r e lignes p r o é m i n e n t e s , dis-
posées en d e u x rangées a l t e r n a t i v e s (fig. t e x t e 1 0 ; p i . X I X , fig. 1). Le f r a g m e n t
d ' u n a u t r e v a s e , de forme et f a c t u r e similaires, a u n e a n s e r e p r é s e n t a n t u n e t ê t e
d ' a n i m a l (fig. t e x t e 11).
Q u a n d la p a r t i e inférieure du vase
est p l u s basse et q u e le v a s e en son
t o u t est plus p e t i t , alors il est p r i v é
d ' a n s e s q u i s o n t r e m p l a c é e s p a r des
p r o é m i n e n c e s ; l ' o r n e m e n t a t i o n est
aussi plus simple, c o m m e n o u s l ' a v o n s
v u plus h a u t (pi. X X , fig. 1).
N o u s a r r i v o n s ainsi à l'une des
formes p r é d o m i n a n t e s de la c é r a m i -
q u e de S u l t a n a , bien c o n n u e p a r sa
fréquence, s u r t o u t «dans le N o r d de la
région C a r p a t h o - B a l c a n i q u e » néo- e t
Fi
é n é o l i t h i q u e , la c é r a m i q u e incisée et 8- 8 ·
p e i n t e : la forme en poire 1 ) .
A S u l t a n a n o u s la t r o u v o n s d a n s u n e série e n t i è r e d ' e x e m p l a i r e s , p a r m i lesquels
le plus c a r a c t é r i s t i q u e est, sans d o u t e , celui q u e r e p r é s e n t e la figure (texte) 12 a, 6, ainsi
q u e la pi. X V I I , fig. 9 e t p i . X V I I I , fig. 2. L e v a s e a le fond r o n d , le r e b o r d l é g è r e m e n t
relevé, e t il s ' a p p u i e , a p p r o x i m a t i v e m e n t , sur q u a t r e pieds en d i a g o n a l e , q u i a t t e i g -
n e n t à peine la ligne h o r i z o n t a l e d u fond. E n t r e d e u x de ces pieds le v a s e p r é s e n t e u n e
a n s e , en forme de t ê t e d ' a n i m a l , p e r c é e ; d a n s la p a r t i e d i a m é t r a l e m e n t opposée e t
e n t r e les d e u x a u t r e s p i e d s , le v a s e n ' a q u ' u n e p r o é m i n e n c e é g a l e m e n t p e r c é e . L a
couleur d u v a s e est foncée et l é g è r e m e n t p a t i n é e . D e p a r la forme et de p a r ses dé-
tails p l a s t i q u e s , le v a s e de S u l t a n a est u n e x e m p l e c a r a c t é r i s t i q u e de la c o m b i n a i s o n
de la c é r a m i q u e e t de la p l a s t i q u e ; celle-ci, c o m m e n o u s le v e r r o n s , e s t t r è s bien
représentée à Sultana.
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LES FOUILLES DE SULTANA
Trois autres exemplaires, sans posséder la patine du vase ci-dessus, mais ayant
subi une bonne cuisson exécutée avec soin, ont le fond plus sûr (pi. X V I I , fig. 6 et
12 (pi. X V I I I , fig. 4), de même pi. XVII, fig. 8 (pi. X V I I I , fig. 5); le dernier, de
même, a une petite proéminence et
un léger ornement peint en zigzag,
sur tout le corps du vase (visible
seulement sur la pi. X V I I I , fig. 5).
Nous reviendrons à l'ornement; en
l ont cas il faut remarquer, encore
une fois, la liaison entre la forme du
vase, la proéminence qu'il porte et
l'ornement colorié ; on doit aussi re-
marquer le motif ornemental; tou-
tes ces données sont caractéristiques
pour l'unité de style de la céramique
de Sultana.
Bien cuits, possédant souvent
une patine foncée, plusieurs vases ont l'aspect de casseroles, formes qui ne sont
pas étrangères au Sud-Est. L'ornementation répète des motifs connus ou bien manque
complètement (pi. X V I I , fig. 13 ; pi. X X , fig. 8 et 4).
Il y a deux autres casseroles d'une
forme approximativement analogue,
ayant une partie supérieure bien plus
basse, d'un aspect général beaucoup
plus commun et sans aucun ornement
(pi. X X , fig. 2 ou pi. X V I I I , fig. 1, de
même pi. X V I I I , fig. 3).
Une petite casserole, ressemblant
aux précédentes, ayant toutefois des
parois verticales à sa partie inférieure
et ne possédant aucune ornementation,
est d'une correction et d'une délica-
tesse de lignes remarquables ; elles a
été trouvée beaucoup plus profondé-
ment que la plupart des autres (pi. X X ,
fig. 6). Le fragment d'un vase tout à
Fig. 10. fait semblable, un peu moins souple,
bien façonné toutefois, possède aussi un
léger ornement de lignes incisées, constituant une bande verticale, qui probablement se
répète (pi. X V I I , fig. 3).
Il faut également mentionner que parmi les formes de vases indiquées plus haut,
dont l'une a les parois de sa partie supérieure légèrement inclinées, a sur les lignes de la
panse une série d'excavations ou creux régulières s'étendant tout autour (pi. X X , fig. 9) ;
d'autre part, le rapport entre la partie supérieure et la partie inférieure des mêmes
formes peut varier, comme nous en donnons des exemples (pi. X X , fig. 11).
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6 Ducin T l'.i-'l.
I. ANDRIEÇESCU
*) Contribution à la Dacie avant les Romains, possède une légère patine foncée,
3
p. 57 — 58 et note 79— 84. ) Collection de Berlin. Précisions de II. Schmidt:
2
) La panse du vase constitue un angle aigu; Tongefàssc drr jiingcren Kultur. B. Jùngcre Stil·
sans ornements, le vase est façonné avec soin et arten.
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LUS FOI ILI.FS DE SULTANA
Par contre, une autre série de formes aux parois droites, mais bien moins soi-
gneusement ouvrées, toujours patinées néanmoins, et avec les creux du profil emplis
d'une pâte blan-
che ornementale,
se répète de bas
en haut, dans
toute l'étendue
de la couche de
culture (pi. XX,
fig. 20, 22 et 19;
pi. XIX, fig. 3,
4 (pi. XX, fig.
20,5) (pi. X X , fig.
22) et 6). On se
tromperait en cro- PI. XVIII
yant que les pre-
miers fragments sont plus anciens ; au contraire, la chose a été en se simplifiant. Il est
à noter également que le fragment le
plus nouveau (pi. X I X , fig. 3) porte
une proéminence qui souligne l'inci-
sion blanchâtre située près du rebord
du vase.
D'autres formes de vases bas, un
genre de coupes, les unes répétant, en
plus petit, des variantes déjà signa-
lées, mais d'une technique et d'un
travail de beaucoup supérieurs, re-
présentent ce que nous pouvons con-
sidérer comme la dernière expression
de perfection céramique à Sultana
(pi. X X , fig. 7, 10, 18 et 21). Leur
nombre relativement beaucoup plus
petit, ainsi que leur caractère peu uti-
litaire ont été mis en liaison, comme
nous l'avons déjà vu, avec leur em-
ploi comme vases du culte. Il faut
également mentionner ici qu'ils ont
tous été trouvés aux plus grandes
profondeurs des couches de l'époque
de civilisation. Le rebord de l'un
10 des fragments est légèrement tordu
(pi. X X , fig. 18). La patine noirâ-
PI. X I X .
tre du dernier fragment, d'ailleurs
sans autre ornementation, est tout à fait remarquable.
D'utilité douteuse, peut-être sans même en avoir eu, un petit vase de Sultana a la
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e*
forme d'une fusaïole; il est travaillé sans soin et insuffisamment cuit (pi. X X , fig. 15).
Un autre ressemble à une petite auge, possédant deux proéminences latérales percées
de trous verticaux et une ornementation d'incisions légères, en manière de virgules su-
perposées (pi. X X I I , fig. 1 ou pi. X X I , fig. 7 1 ) ; d'une technipuc de la pâte et d*un
travail assez primitifs, ce vase contraste avec la profondeur à laquelle il a été trouvé,
ainsi qu'avec son ornementation. Un troisième a la forme d'une corne coupée (pi. X X ,
PI. XX.
fig. 14), une sorte de rhyton en miniature. Le fragment d'un quatrième vase, d'une
forme qui, elle aussi, n'est pas rare, a une proéminence percée verticalement et qui
très probablement se répète sur l'autre face (pi. X X I I , fig. 2).
Un cinquième petit vase est beaucoup plus caractéristique (pi. X X I I , fig. 3 ou pi.
X X I , fig. 3). Découvert dans la couche la plus élevée, il a non seulement une forme
familière à notre Sud-Est, mais, par la terminaison de sa partie supérieure en figu-
rine plastique, il représente, encore une fois à Sultana, l'étroite relation qui existe
ici entre la céramique et la plastique.
Parmi les dernières formes de vases entiers, ou presque entiers, de Sultana, que nous
pouvons présenter, l'un au fond arrondi et possédant deux rosaces (ou tortils) latérales,
l
) Sans aucun ornement, d'autres semblables une cloison médiane,
cuvettes sont doubles, c'est-à-dire séparées par
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LES FOUILLES DE SULTANΛ
PI. XXII.
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î. \M)Hii;si;scr
me semble d'autant plus fondée, qu'un couvercle véritable, venant toujours de Sul-
tana, beaucup plus régulier (pi. X X I I , fig. 7), porte un ornement tout à fait simi-
laire comme intention, mais d'une autre exécution et très rapproché, comme manière,
de ce qui a été indiqué plus haut (pi. XV, fig. 12, 15 etc.).
Comme ailleurs, il a été trouvé
à Sultana, de nombreux couvercles
de vases. En dehors de celui que
nous avons présenté, ils se réduisent
à trois types: un type de couvercle
trouvé plus profondément, certaine-
5, ment plus ancien, avec une poignée
* représentant une tête d'homme, à peu
près telle qu'elle est [représentée à
part (pi. X X I I , fig. 10 et X X I I I ,
fig. 3 et 8) ; un deuxième type, tou-
jours plus ancien que le suivant, avec
la poignée d'une forme beaucoup
plus éloignée de la représentation plas-
tique de la tête humaine (pi. X X I I ,
fig. 4) ; enfin un troisième type, plus
nouveau, comprend une série entière
de couvercles, plus ou moins fragmen-
taires, de différentes grandeurs, tous
munis de manches puissants (fig. texte
13 et 14; pi. X X I I , fig. 14 et pi. X X I I I ,
fig. 9).
Des formes céramiques pouvant
être illustrées par des fragments inar
ginaux et par des rosaces, nous en don
nons, enfin, une série entière pour com
pléter la présentation ci-dessus ( pi
Fig. 14.
X I X , fig. 7 —10 ; pi. X X I V , fig. 1 —14)
J e reproduis aussi quelques fragments dans le texte, pour permettre d'apprécier le
profil: la fig. 16 de la pi. X X I I est la pi. X X I V , fig. 10; la fig. 11 de la pi. X X I I est
la pi. X X I V , fig. 1 1 ; la fig. 13 de la pi. X X I I est la fig. 12 de la pi. X X I V ; le profil
fragmentaire marginal pi. X X I V , fig. 1 est approximativement celui représenté par la
fig. 8 de la pi. X X I I avec les variantes pi. X X I I , fig. 15 et pi. X X V , fig. 1 (pi. X X I V ,
fig. 13) ; un dernier fragment est de beaucoup le plus élancé (pi. X X V , fig. 5 ; pi. X X I V ,
fig. 14), avec sa rosace commençant tout de suite sous la ligne de panse du vase.
Dans un seul cas, un fragment représentant le fond d'un vase a une rosace obtenue
par percement horizontal, vers l'intérieur du vase et non point vers l'extérieur (pi.
X X I I , fig. 6). Dans un seul cas aussi, une rosace, puissante et large, habituellement ver-
ticale par rapport à la surface du vase, a, en plus d'une ligne verticale saillante, sur
sa surface, deux proéminences à sa partie supérieure (pi. X X V , fig. 6). Comme nouvel
exemple de l'étroite liaison qui existe à Sultana entre la céramique et la plastique,
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il
fragment a été trouvé
à 1 m 20 de profon-
deur.
Dans la présenta- 10
tion du matériel céra-
PI. XXIII.
mique, les formes con-
stituent un meilleur critérium que la technique. Mais le complément des deux c'est
l'ornement.
* *
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I. A N D R I K S I x l
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I. INDRIEÇESCU
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LES FOUILLES DF SULTANA
fragment marginal (pi. X X V I I I , Kg. 6) les lignes obliques sont plus rares et plus en relief
que sur le fragment marginal de la planche XVI, fig. 5. L'avant-dernier fragment men-
tionné (pi. X X V I I I , fig. 5) présente aussi de l'intérêt par le fait que les lignes en re-
lief sont obliques de gauche à droite et tracées sans aucune considération pour la
symétrie des proéminences ; de pareils cas sont rares.
Les lignes en relief, légèrement obliques ou verticales, arrivent enfin à constituer
de véritables petits registres (si l'on peut ici utiliser ce mot) en lesquels est répartie,
avec une remarquable symétrie, toute la surface du vase et particulièrement la sur-
face supérieure, (pi. X X V I I I , fig.
13, 14 et 23). La pâte et la nature
du travail de l'ornementation sont
d'une même simplicité. Les proémi-
nences, quand il y en a, sont d'anci-
enne facture. Nous nous trouvons
toutefois, et sans doute, en des temps
très avancés au point de vue de la
culture ; ces temps sont encore illus-
trés par deux autres fragments à
proéminences et à raies saillantes,
partant obliquement ou verticale-
ment des proéminences (pi. X X V I I I ,
fig. 11 et 18). Nous arrivons ainsi
aux vases dont les panses ne son!
ornementées que par de semblables
raies saillantes, parallèles et plus ou
moins proéminentes. Un semblable
fragment, de bonne cuisson' (pi.
X X V I I I , fig. 19), mais en pâte com-
mune, a des parois assez épaisses ;
sa découverte dans les couches infé-
rieures de la station concorde com-
plètement avec tout ce que l'on a
trouvé à des niveaux supérieurs. L'o-
rigine néolithique et énéolithique de PI. XXVIII.
la céramique côtelée est mise une fois
de plus en évidence d'une manière tout à
fait concluante.
Des observations tout aussi intéressantes au point de vue du caractère général
archéologique, nous sont offertes à Sultana, d'un côté par l'ornementation d'incrusta-
tion et de fouille en profondeur, et, de l'autre, par l'ornementation à ceinturettes. Nous
avons, en passant, donné un aperçu sur l'emploi des deux procédés. Il est évident
que leur maximum d'utilisation ne pouvait tendre qu'à recouvrir de l'un ou l'autre
de ces ornements, la plus grande partie de ces vases. L'amour de la variation inter-
vient ici également, surtout en ce qui concerne le premier ornement cité, et nous amène
à des motifs nouveaux, inconnus jusqu'à Sultana, lesquels trouvent leur explication
avec toutes les données stylistiques convaincantes, allant du plus ancien au plus
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é. fit 31 "^2
PI \ \ l \ .
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b a s , plus ou moins parallèles (pi.
X X I X , fig. 24). Comme u n t e l
o r n e m e n t é t a i t , t e c h n i q u e m e n t dif-
ficile à réaliser sans utilisation de
certaines lignes horizontales de di-
rection t o u t a u t o u r du vase, p o u r
é v i t e r le m a n q u e de parallélisme des o r n e m e n t s de tous les vases cités plus h a u t , il a
fallu p r o c é d e r en c o n s é q u e n c e . E t alors, ou l'on a t r a c é d i r e c t e m e n t des lignes horizon-
t a l e s , q u i , de m ê m e q u e l ' o r n e m e n t a t i o n composée de simples creux p r e s q u e r o n d s
qu'elles e n f e r m a i e n t , é t a i e n t emplies d ' u n e p â t e blanche — les cas sont très rares (pi.
X X I X , fig. 18), ou bien l'on a procédé b e a u c o u p plus h a b i l e m e n t , d ' u n e m a n i è r e plus
raffinée m ê m e — et c'est le procédé, c o m p a r a t i v e m e n t le plus utilisé à S u l t a n a — en
t r a ç a n t les lignes horizontales de direction de telle façon, q u e , v u e de profil, la p a r t i e
o r n e m e n t a l e d u vase se p r é s e n t e c o m m e u n e rangée de s o r t a n t s et de r e n t r a n t s super-
posés, m a r q u é s d e ces signes de p a r e n t h è s e d o n t nous avons p a r l é (pi. X X I X , fig. 17,
22, 2 3 , 2 5 , 26, 2 8 , 29 — 32). Ces d e n t e l u r e s , disposées l'une derrière l ' a u t r e , c o u p e n t plus
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I. ANDRIKÇESCU
ou moins régulièrement (en tous cas beaucoup plus régulièrement que d'après le pro-
cédé précédent) une grande partie du vase (pi. X X I X , fig. 32 et pi. X X V , fig. 2),
ou même sa plus grande partie (pi. X X I X , fig. 31). Si les lignes horizontales de
direction sont creusées plus négligemment, l'ornement en souffre comme symétrie
(pi. X X I X , fig. 20), avec une exception explicable lorsque le vase est tout petit (pi.
X X I X , fig. 27 et X X I I , fig. 9). Au contraire, lorsque les creux horizontaux ont été
tracés avec assurance et profondément, l'ornement arrive à se présenter comme dans
le fragment (pi. X X I X , fig. 28), où un creux avec un clair ornement de fermeture de
la parenthèse alterne avec un autre, inverse, d'ouverture du même signe. L'effet est
le même que celui de l'ornement auquel les archéologues allemands ont donné le nom
de falsches Schnurornament, mais celui de Sultana est plus complexe, dont les élé-
ments sont, je crois, ceux que nous avons présentés.
Nous arrivons ainsi à un ornement tout à fait à part dans le cadre de l'archéo-
logie de la Dacie, ainsi que de l'Europe du Sud-Est, dont quelque fragments vont
nous servir d'exemples, les uns marginaux, un autre d'un petit vase presque entier,
trouvés — notons-le — dans la couche la plus basse de la station de Sultana. Nous
les présentons, d'après ce qui vient d'être dit, dans cette succession même, du moins
profond au plus profond (pi. X X I X , fig. 30 — 32; puis fig. 29, 33 et 34; enfin pi. X X X ,
fig. 1 — 17 et X X X I , fig. 4). Il est à remarquer, qu'aux points de vue technique et
de la forme, nous avons dépassé depuis longtemps les possibilités des premiers groupes
céramiques établis plus haut et que nous nous trouvons en présence de quelques-uns
des meilleurs produits céramiques de Sultana.
De quoi se compose l'ornement qu'ils portent? Eu égard aux éléments de filia-
tion stylistique indiqués plus haut, la réponse ne semble pas trop difficile. II y a
certes et en premier lieu ces signes de parenthèse parallèles entre eux, que nous
avons vus plus haut (plus haut aussi comme niveau), en rangées sur la surface des
vases et disposés de manière d'autant plus régulière, que les lignes horizontales de
direction ont été mieux tracées. Nous retrouvons le même ornement sur trois frag-
ments exécutés très simplement (pi. X X I X , fig. 29, 33 et 34). Il est évident que pour
des vases de plus en plus parfaits, l'ornement prend des aspects variés ; le prototype
reste le même. Ce sont tous les mêmes signes de paranthèse mis bout à bout (par exem-
ple pi. X X X , fig. 3, 7 et 12), reliés entre eux avec habileté. Deux fragments nous don-
nent surtout une preuve éclatante de la finesse du matériel employé et du fini du tra-
vail (pi. X X X , fig. 5, ou pi. X X V , fig. 4 et pi. X X X , fig. 17 ou pi. X X I I , fig. 18).
Si nous ajoutons à cela la présence du même ornement sur une forme comme
celle représentée par la fig. 3 de la pi. X X V et 4 de la pi. X X X (piriforme et avec
des proéminences, forme et accessoires également caractéristiques de la Dacie et du
Sud-Est), et le fait que, dans un autre cas (pi. X X X , fig. 16), nous trouvons le même
ornement à côté d'un autre peint sur le col du vase (fait caractéristique pour cette
époque à la Dacie et au Sud-Est), l'ornement dont nous parlons plus haut, nous
apparaît comme organiquement lié à notre milieu archéologique et parmi les plus
beaux produits de l'époque néolithique et énéolithique de la Dacie. Ce sont d'ailleurs
les moins nombreux.
Ils ont, pour la plupart, de toutes petites formes et ont été fort probablement
employés aux rites religieux.
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LES FOUILLES DE SULTANA
Mais la céramique de Sultana compte encore deux séries de produits qui, se dis-
tinguant de ceux qui viennent
d'être vus, surtout comme décor
( en partie aussi comme tech-
nique ), nous ont obligés à les
grouper à p a r t : une céramique à
bandes, linéaire, spiralo-méandri-
que, monochrome, avec peu de
traces d'ornementation par in-
crustation de pâte blanche ; enfin,
une céramique peinte de deux
manières : l'une plus primitive,
sous tous les rapports, utilisant
comme motif le même ornement
spiraloïde antérieurement cité ; un ( " \
;
-^ v
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I. WDKIKSI'.Sd
1
) Voyez aussi pi. XIX, fig. 3—6.
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LES FOUILLES DE SULTAINA
qui sont remplies d'autres incisions, plus ou moins régulières (pi. X X X , fig. 34-37; pi.
X X X I I , fig. 2, 7, 9 et 11).
L'ornement spiraloïde résulte du groupement de deux ou plusieurs creux ou d'in-
cisions spirales parallèles, qui entourent toute la rotondité des vases (deux incisions
profondes, pi. X X X I I , fig. 1; quatre minces, pi. X X X I I , fig. 5).
D'autres fois, l'ornement spiraloïde est plus schématique et résulte de creux en
spirales assez soigneusement tra-
cés sur les parois des vases (pi.
X X X , fig. 33).
Une catégorie à part est for-
mée tout naturellement par les
cas où l'ornement est en spirale
mate, en bande en léger relief,
laquelle contourne les parois des
vases. Maintenant la surface res-
tante des vases est laissée sans
aucun ornement (pi. X X X I I , fig.
12) ou laissée sans aucun soin
(pi. X X X I I , fig. 13) ; d'autres
fois elle est recouverte de lignes
légèrement incisées, plus ou moins
régulièrement (pi. X X X I I , fig.
14, 15 et 17 ; pi. X X X I I I , fig.
16 et 17).
Parmi ces fragments, l'un spé-
cialement (pi. X X X I I , fig. 17)
laisse se détacher l'élément spirale
d'une manière très claire, avec un
luisant mat, par rapport à la face
du vase grattée sans ordre. En-
core plus fortement profilée est
la bande spirale d'un autre frag-
ment (pi. X X X I I , fig. 14).
Il est plus rare de voir, toujours sous l'influence de l'ornement spirale, dans une
des variantes ci-dessus, la partie supérieure du vase, au-dessous de la ligne du col,
laquelle est ceinte d'une bande remplie de légères incisions (pi. X X X I I , fig. 6).
Il est également rare de voir à Sultana des incisions courbes, d'ailleurs peu ré-
gulières, accompagner une bande visible sur l'intérieur d'un petit vase plat (pi. X X X I I ,
fig. 19) ; son extérieur, au rebord droit, est orné non seulement de courtes dentelures
de la ligne séparant le col du corps du vase, mais encore d'incisions obliques (pi. X X X I ,
fig. 1).
L'ornementation d'un fragment de grand vase (pi. X X X I I , fig. 10) est schéma-
tique, toujours en spirale et du même genre.
Enfin, le seul exemple d'ornementation à méandres, qui ait été fourni par Sul-
tana, est constitué par un fragment de grand vase (pi. X X X I I , fig. 8) sur lequel
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7 Dacia l 1924.
T. ANDRIEÇESCU
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LES FOUILLES DE SULTANA
99
7*
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I. ANDIUKÇKSCU
PI. XXXIV.
et aquilin, une fente à l'endroit de la bouche, et enfin les orbites, dont l'une plus pro-
fonde que l'autre (pi. X X X I V , fig. 2 et pi. X X X V , fig. 2). Le cou est indiqué par deux
incisions horizontales, mais de face seulement. Rien que de face également on aper-
çoit quelques incisions obliques, irrégulières, qui entrecoupent la ligne du cou et re-
présentent très probablement des bijoux ou parties de vêtement. Trouvée au-dessous
de B 6 ' "> à 1 m 20 profondeur.
Plus près de la surface, au niveau de la case B 5 et dans ses environs on a trouvé
la partie supérieure d'une autre figurine (haut. 0.083; larg. 0.063), creuse; la figure
*) Une autre, de moindres dimensions, est moins et la même ligne nasale au centre de la figure,
soigneusement travaillée, mais a les 4 mêmes trous
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LES FOUILLES DE SULTANA
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I. VNDRIEÇ] 5C1
par l'expression plastique des seins pointus et durs et une légère courbe à la ligue
du ventre, également bien comprise (pi. X X X V , fig. 18).
Ce n'est pas le seul cas à Sultana. I n autre petit torse (haut. 0.065; larg. 0.043),
sans tête, ni bras, ni la jambe droite (PI. X X X I V , fig. 7 et pi. X X X V , fig. 9 et 10),
présente un grand intérêt du point de vue plastique, et dénote une compréhension
de la natuie et un savoir-faire, non commun pour cette époque, non seulement dans
ces parages, mais partout ailleurs. Bien que le seul bras qui existe soit incomplet,
le restant du torse démontre d'une façon précise la figurine féminine typique, et dont
le sexe, contrairement à la généralité, n'est pas indiqué par ce qu'on pourrait nommer
le triangle de la vie, mais par la ligne plus accentuée du ventre, ainsi que des hanches et
des fesses, mais sans exagération de la manière stéatopygique. Il est à remarquer
qu'elle a été trouvée à une grande profondeur, 2 m 90, c'est-à-dire au niveau ar-
chéologique de la céramique peinte.
Un autre torse, appartenant aussi aux couches profondes de Sultana, présente
le même sens plastique remarquable (pi. X X X I V , fig. 8 et pi. X X X V , fig. 11 et 12).
Dans la position assise, quoique la tête, les bras et les pieds manquent, la ligne du
dos, des épaules et des hanches est réellement harmonieuse (haut. 0.056; larg. 0.049),
Il a été travaillé et cuit assez soigneusement; il est chargé d'une légère patine couleur
chair, sans que l'on puisse affirmer que cela ait été fait exprès.
En tout cas, ce genre de travail plastique est unique même à Sultana. Un peu
plus haut, mais à une assez grande profondeur quand même (2 m 50), on a trouvé une
autre figurine, pieds et bras brisés (pi. X X X I V , fig. 9: haut. 0.070, larg. 0.035). La tête
est intacte, les yeux sont marqués par l'arcade sourcilière, le nez par une petite pro-
éminence. L'œil droit est particulièrement visible, et une ligne assez profonde au-des-
sous fait penser à des rides. Au-dessous de la bouche, très grande, représentée par
une incision horizontale, se trouvent 4 petits trous. Les seins sont légèrement profilés.
Les lignes représentant le triangle de la vie et celle du sexe proprement dit sont, par
contre, très prononcées.
Dans les mêmes couches, on a trouvé 3 pieds, ayant le même aspect extérieur et
cuits; il sont de la même pâte que les figurines. Le premier et le plus grand (haut.
0.085 ; larg. 0.030 et 0.032) représente la partie du bas ventre jusqu'au talon (pi.
X X X I V , fig. 10). À l'intérieur il est plat. Il appartient sans doute à une autre moitié
qui manque. Trouvé dans A, à environ 2 m 40.
Du second nous n'avons que la partie inférieure et la semelle (pi. X X X I V , fig.
11). Il est cave jusqu'à proximité de la plante du pied. Tout rond, il appartenait
sans doute à une figurine cave. Trouvé également en A, au coin de NE, à 1 m 10
profondeur.
Le troisième, plus petit et d'un travail plus primitif (pi. X X X I V , fig. 12), a été
trouvé en B, à 2 m 65 profondeur.
Chose caractéristique et que nous devons retenir, c'est que toutes les figurines
humaines dont on a parlé plus haut, ont été trouvées exclusivement dans les parties
inférieures de la couche de cuîture, comme par exemple à Butmir 1 ), et jamais d'autre
façon.
a
) Radirnsky, Hoernes, Fiala: Die ncolilhischc I, p. 15 et I I , p . 22.
Station von Butmir bei Serajeuo, 1895 n. 1898
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LES FOUILLES DE SULTANA
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T. A N I H U I . S I . S C r
fait qui ne peut pas être dû au hasard. D'un côté, par leurs dimensions réduites
(pi. X X X I V , fig. 17: long. 0.035; haut. 0.020; larg. 0.020; pi. X X X I V , fig. 18 est
encore plus petite) ; d'autre part, toutes les deux sont percées d'un trou, pour les sus-
pendre ou les accrocher, ce qui nous fait croire qu'elles servaient d'amulettes. La plas-
tique cesse d'avoir à Sultana son importance antérieure. J e ne crois pas le moment
opportun d'insister sur les suggestions de caractère religieux que cette transformation
nous inspire.
Les figurines en os, de Sultana, ne présentent pas moins d'intérêt. Au nombre
de 6, il est à remarquer qu'aucune n'a été trouvée à moins de 0.65 de profondeur; elles
correspondent donc entièrement avec les autres figurines humaines en terre cuite.
La première de ces figurines en os, trouvée à Sultana, ne présente que la partie
inférieure d'une figurine soigneusement travaillée (pi. X X X V I , fig. 6 et pi. X X X V I I ,
fig. 6 a), ayant le triangle de la vie, duquel part une ligne verticale qui sépare les
jambes et trois séries de points ronds, d'une profondeur égale, à savoir: une série de
deux fois quatre (16) sous le triangle et une autre série de trois fois trois (18) plus bas
et irrégulièrement disposés ; enfin, près de l'extrémité, un point seulement de chaque
côté de la ligne qui sépare les jambes. Sur le dos, une seule ligne horizontale sépare
le corps des membres. Trouvée au milieu des fouilles A, et non loin de la figurine
féminine en terre cuite déjà citée (pi. X X X I V , fig. 6 et pi. X X X V , fig. 6 et 7). Hau-
teur 0.063; larg. 0.027; grosseur 0.004.
Dans B, à 1 m 40 de profondeur et non loin de 1, on a trouvé une autre moitié
d'une figurine en os (pi. X X X V I , fig. 4 et pi. X X X V I I , fig. 4 a). Une simple ligne hori-
zontale à l'endroit du triangle de la vie et deux trous au-dessus de celle-ci. Une seule
ligne verticale sépare les jambes. La fissure sur la partie supérieure de cette figu-
rine est petite. Cette partie avait peut-être une forme rhomboïde, large; la tête est
du même format que la figurine suivante. Les deux entailles de côté représentent pro-
bablement la séparation du corps et des membres. Sur le dos et à la partie infé-
rieure, une seule ligne verticale indique la séparation des jambes. Hauteur 0.072 ;
largeur 0.025; grosseur 0.003.
Une autre figurine féminine, presque intacte, a été trouvée au même niveau que
la précédente, c'est-à-dire non loin des habitations de la partie NE des fouilles B et
à leur base (pi. X X X V I , fig. 1 et pi. X X X V I I , fig. 1 a). La tête, le torse et les membres
sont bien définis. La tête a deux trous percés, représentant les oreilles. Deux autres
trous représentent les yeux, une ligne horizontale, la bouche, et au-dessous trois pe-
tits trous sont trop loin du cou pour qu'on puisse supposer un collier. Sur le corps,
trois autres petits trous sont pointillés en sens horizontal. A la partie inférieure les
jambes sont nettement séparées, et, au-dessus du triangle de la vie, la figurine a six
petits trous et deux autres de chaque côté. Sous le triangle et vers les extrémités,
deux entailles pourraient indiquer la séparation des semelles et des pieds. Dans le
dos rien qu'une ligne horizontale séparant le torse de la partie inférieure, et deux
petits trous au-dessous de cette ligne. Hauteur 0.059; largeur 0.020; grosseur 0.001.
Dans le même voisinage des débris d'habitation de B 1 , et non loin de la figurine
d'animal long et mince, présentée plus haut (pi. X X V I , fig. 2 et 3), mais à une plus
grande profondeur, on a découvert une autre figurine, presque intacte aussi (pi. X X X V I ,
fig. 3 et pi. X X X V I I , fig. 3 a). Légèrement plus bombée, elle a également les parties
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LES FOUILLES DE SULTAN A
du corps nettement distinctes, mais le travail est moins soigné. La tête a les mêmes
trous percés pour les oreilles, deux points pour les yeux; la fente de la bouche est
plus légère et au-dessous deux petite trous sont à peine perceptibles. Deux autres
trous percés sur le corps représentent les épaules. En échange, la partie inférieure de
la figurine, divisée en deux par une ligne verticale, est entièrement couverte par six
trous d'un côté et cinq de l'autre. À l'extrémité, la figurine est percée, afin qu'on
puisse la suspendre, détail précieux en ce qui concerne l'utilisation moins fréquente
de ces figurines féminines en os. Dans le dos, deux lignes horizontales séparent le
bassin, et un autre verticale les jambes. Cette dernière passe outre le trou percé,
ce qui prouve que celui-ci a été fait postérieurement aux autres détails. Hauteur
0.057; larg. 0.020; grosseur 0.015.
À une plus grande profondeur, toujours en B, on a trouvé un autre fragment de
figurine plate, brisée à partir de la ligne supérieure du triangle de la vie. (pi. X X X V I ,
fig. 5 et pi. X X X V I 1 , fig. 5a). Celle-ci a de même la ligne verticale séparant les
jambes et neuf trous pointillés de chaque côté et aussi la même ligne verticale sur
le dos. Hauteur 0.039; larg. 0.024; grosseur 0.002.
Enfin, la dernière figurine plate en os de Sultana est la plus grande, la mieux
conservée et d'un travail plus minutieux (pi. X X X V I , fig. 2 et pi. X X X V I I , fig. 2 a).
La tête a de chaque côté 3 trous percés, au lieu de deux, deux points pour les yeux, une
ligne horizontale pour la bouche et 4 points au-dessous. Le torse, à l'endroit des épaules,
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I ANDRIEÇESCU
a u n trou percé de c h a q u e côté, mais aussi trois petits points au milieu, dont l'un
plus haut q u e les deux a u t r e s . La partie inférieure a au-dessus du triangle «le la vie
7 points, el 9 a u t r e s sur les bords de ce m ê m e triangle. Plus bas. 12.'5 a n t r e s p o i n t s sont
distribués sans o r d r e . Des entailles et de légères incisions horizontales s'aperçoi-
v e n t vers l ' e x t r é m i t é de la figurine. Dans le dos. la ligne séparant le corps des mem-
bres est représentée par une double incision, au-dessus «le laquelle on r e m a r q u e d e u x
p o i n t s . Tout à l ' e x t r é m i t é , les entailles et incisions de l'ace se prolongent aussi d a n s le
dos. La ligne séparant l e s . j a m b e s m a n q u e t o t a l e m e n t . H a u t e u r 0 . 0 8 2 ; larg. 0 . 0 2 0 ;
grosseur 0.013. T r o u v é e à - m 12."> d a n s lî.
Bien q u e de c o u r t e d u r é e (un peu pins de dru\ semaines), les fouilles faites à Sul-
t a n a sur u n e superficie r é d u i t e (à peine 290 m è t r e s carrés) n o u s a u t o r i s e n t , croyons-
n o u s , à é m e t t r e quelques c o n s i d é r a t i o n s c o n c l u a n t e s , se référant d ' u n e part a u x résul-
t a t s q u e n o u s a v o n s p r é s e n t é s ci-dessus, d ' a u t r e p a r t à la s i t u a t i o n de S u l t a n a d a n s
les confins de la Daeie et du S u d - E s t de l ' E u r o p e .
C o m m e m a i n t endroit des a u t r e s régions de la Dacie, la g r a n d e b u t t e de S u l t a n a
a été h a b i t é e vers la fin de l'époque néolithique p a r u n e p o p u l a t i o n q u i a v a i t fait choix
de ce lieu p a r c e qu'il p r é s e n t a i t de plus sûrs m o y e n s de défense et q u ' i l c o m m a n d a i t
u n plus large horizon.
Si l'on s'en r a p p o r t e à l'épaisseur de la couche de civilisation, c e t t e s t a t i o n a dû
ê t r e h a b i t é e p e n d a n t u n e période assez l o n g u e ; elle a pris fin, c o m m e t a n t d ' a u t r e s ,
à la suite d ' u n incendie qui a e n t i è r e m e n t c o n s u m é ce qui e x i s t a i t a u p a r a v a n t . Dès
l'époque à laquelle a p p a r t i e n n e n t les objets de c u i v r e , r a r e s et sans i m p o r t a n c e , qui
o n t été d é c o u v e r t s ici, ces p a r a g e s o n t été a b a n d o n n é s et s o n t restes d é s e r t s . Ce n ' e s t
q u e b e a u c o u p plus t a r d q u e des n o u v e a u x v e n u s q u i , a c c i d e n t e l l e m e n t et p o u r p e u d e
t e m p s , o n t passé p a r là, y o n t enfoui ou p e r d u la p e t i t e icône de la Vierge et d ' a u t r e s
m e n u s ustensiles en fer sans a u c u n i n t é r ê t .
L a colline de S u l t a n a é t a i t sans d o u t e occupée p a r u n assez g r a n d n o m b r e d'habi-
t a t i o n s exiguës, les unes isolées, les a u t r e s contiguës. On distingue assez n e t t e m e n t les
décombres de leurs parois, et, n o u s espérons q u e de nouvelles fouilles entreprises sur u n e
é t e n d u e aussi v a s t e q u e possible, p o u r r o n t fournir des détails encore plus précis sur le
p r o b l è m e des h a b i t a t i o n s de S u l t a n a .
Mais il n ' y a v a i t pas s e u l e m e n t des h a b i t a t i o n s à S u l t a n a : il y a v a i t aussi — e t c'est
fort explicable — des t o m b e a u x et des objets sacrés. Nous a v o n s , en effet, l'impression cer-
t a i n e q u e p a r m i les vestiges d é c o u v e r t s , soit a u t o u r , soit à l'intérieur, soit au-dessous
des h a b i t a t i o n s il n ' y a pas e x c l u s i v e m e n t des ustensiles et des objets u t i l i t a i r e s ; d ' a u t a n t
plus q u e , s o u v e n t , c o m m e j e l'ai i n d i q u é à plusieurs reprises, il s'y mêle des tessons de
g r a n d s vases, primitifs, m u n i s de p r o é m i n e n c e s ; ce sont c e r t a i n e m e n t de ces u r n e s funé-
raires q u i o n t conservé l o n g t e m p s , n o n s e u l e m e n t leur facture, mais aussi leur a s p e c t
t r a d i t i o n n e l s , et q u i , en raison des débris qui les e n t o u r e n t , s o n t a u t a n t d'indices i n d u b i -
t a b l e s de sépultures et d ' o b j e t s sacrés.
S'il en est ainsi, n o u s p o u v o n s d ' a u t a n t plus facilement n o u s e x p l i q u e r p o u r q u o i
la p l u p a r t des exemplaires et n o t a m m e n t t o u s les plus b e a u x de c e u x q u e c o m p o r t e
l ' i n v e n t a i r e de S u l t a n a o n t été t r o u v é s à la plus g r a n d e p r o f o n d e u r . U n e a u t r e h y p o t h è s e
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LES IOI II.I.KS l)i: SI ITANA
I. ANDRIEÇESCU.
1 3
) L'Allemagne de Sud ou l'Autriche. Voir Cari ) Cari Schuchhardt, Cernavoda, l. c, p. 23.
Schuchardt, Cernavoda, cine Steinzeitsiedrlung in *) G. Wilke, article Bulgarie dans le Reallexikon
Thrakien, d a n s Praehistorische Zeitschrift, XV, cité, vol. I I , fascicule 3, pag. 204 et suiv. Voir
1923, 26. en particulier la planche reproduisant des figu-
2
) Volume I I , 4-ème fascicule, p . 295, Berlin rines en os.
1925.
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C A L L A TI S
j.ER R A P P O R T P R É L I M I N A I R E .
FOUILLES ET RECHERCHES DE L'ANNÉE 1924
E n 1922, M. V. P â r v a n plaignant le sort des restes antiques de Callatis que détrui-
sent sans pitié les barbares de nos jours, écrivait dans les Annales de la Dobrogea,
An. I I I , n. 3, p . 318: «Callatis se couvrira peu à peu de laideurs modernes. Les anti-
ques dormiront encore longtemps sous le gravois. Leur joie enfantine — énoncée sur
t a n t de leurs pierres tombales — de revoir encore un jour la bonne lumière du
soleil, ne leur sera pas destinée. Ce seront les sous-sols des boucheries et tavernes
modernes qui descendront aux tombeaux de leur art et de leur vie. Du marbre antique
on fera du mortier et des moellons pour d'informes casernes modernes».
Combien de réalité, combien de vérités tristes dans cette description que nous
donne M. P â r v a n de la situation de l'ancienne Callatis au point de vue archéologique !
Car, après les recherches et les commencements des fouilles archéologiques, faites
p e n d a n t l'été de l'année 1924, nous avons pu nous convaincre que la destruction des
restes antiques se fait sur une vaste échelle de la p a r t de ceux qui voient en n ' i m p o r t e
quelle muraille antique seulement une excellente carrière de pierres déjà travaillées,
propres à la maison ou à être vendues ; nous avons vu que la disparition au-delà des
frontières des objets de valeur, découverts incidemment par les h a b i t a n t s à l'occasion
de la construction d'un fondement, progresse à la suite du grand gain que réalisent
les amateurs spéculateurs par les ventes de collections d'antiquités ; nous pouvons
affirmer que t o u t retard à a t t a q u e r systématiquement les terrains non bâtis de Man-
galia et à noter chaque trace découverte à l'occasion des fouilles faites pour telle ou
telle construction, signifie une perte irréparable pour les études archéologiques, pour
l'histoire de la ville et pour la science.
La science doit être reconnaissante à M. V. P â r v a n pour avoir attiré l'atten-
tion de tous sur ce point d'importance exceptionnelle, historique et archéologique,
en a l a r m a n t ceux qui sont compétents de sauver les restes antiques de la destruc-
tion ou aliénation, et pour avoir obtenu, par la Commission des Monuments Histori-
ques, près le Ministère des Arts, les fonds nécessaires aux fouilles archéologiques de
Mangalia qui se trouve exactement sur l'emplacement de l'ancienne Callatis.
Les fouilles faites a u x mois d'août et de septembre 1924, peuvent être qualifiées
à peine d'essais de fouilles systématiques. Car, dans la Mangalia d'aujourd'hui, les
fouilles archéologiques ne peuvent être faites que dans des conditions extrêmement
difficiles à cause des établissements modernes. Les t r a v a u x archéologiques, avec
t o u t le personnel et l'appareil scientifique et technique, ne peuvent avoir à Mangalia
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CAI.LATIS
le succès et le résultat que nous présentent tant d'autres endroits plus heureux, situés
loin des installations modernes, libres, et depuis longtemps abandonnés par les éta
blissements humains plus compacts, touchés tout au plus à la surface, une fois
par an, par le fer de la charrue. A Mangalia, sur l'emplacement de l'ancienne ville
dorique de Callatis, les fouilles ne peuvent se faire que sur des terrains fort étroits,
sur de petites parcelles ou dans des cours trop peu spacieuses. Des installations et
des constructions nombreuses couvrent presque toute l'étendue de l'ancienne Callatis.
A Mangalia, le chercheur dépend plus que nulle part de la bienveillance de la
population mélangée des Roumains, Grecs, Turcs et Bulgares, et de chaque habi
tant à part, pour pouvoir faire les études et sondages nécessaires dans les cours ou
sur les parcelles étroites des particuliers, souvent peu enchantés du dérangement
causé.
A cause des nombreuses installations qui se sont succédé à l'endroit de l'an
cienne Callatis, la terre a été remuée plusieurs fois jusqu'à des profondeurs consi
dérables qui varient en différents points de Mangalia. Ce fait est peu favorable aux
fouilles archéologiques. Les constatations et les conclusions que nous pourrions tirer
d'après les couches de terre, ne sont pas strictes à Mangalia, où nous trouvons
souvent, après les objets de l'époque gréco-romaine, à une profondeur plus grande,
près de la terre vierge, des objets de date plus récente.
Le gravois qui se trouve au-dessus des restes antiques atteint, par-ci par-là,
jusqu'à 5 mètres de hauteur et sa masse inerte nous empêche, elle aussi — en de
hors de l'étroitesse des terrains à fouiller et des constructions modernes — de pour
suivre les vestiges antiques sous la terre, de continuer la découverte d'une muraille où
d'un monument partiellement déblayé.
Nos recherches et fouilles faites sur l'emplacement de l'ancienne Callatis depuis le
1 août — 20 Sept. 1924 n'ont pu être exécutées que sur une échelle réduite. Il nous
manquait en outre le personnel nécessaire à la surveillance technique, les instruments
et le matériel roulant indispensable là-bas.
Nous nous sommes contenté et nous nous contentons d'enregistrer, année par
année, dans notre rapport préliminaire sur l'ancienne ville de Callatis, quelque chose
des restes de la fille fière et héroïque, fidèle et glorieuse d'Héraclée pontique, de Cal
latis qui, devenu un centre puissant de commerce et d'art, a su résister à un Lysi-
maque, a osé braver les Byzantins. Nous espérons pouvoir reconstruire ensuite, au
moins en traits généraux, une image pâle de la lumineuse polis d'autrefois, à l'aide de
la somme des restes enregistrés provenant des fouilles et des découvertes.
L'une des plus importantes questions est celle de fixer les limites de l'ancienne
ville de Callatis 1 ).
Du côté oriental, de NE — SO, se trouve la mer qui, à en juger par les puits et les
restes de bâtiments trouvés dans la mer, a rongé une bonne portion du rivage, au
jourd'hui assez haut et abrupt. Celui-ci s'incline, avec de nombreux restes de con
structions et de céramique du côté de la mer, vers la plaine avoisinant le jardin
public d'aujourd'hui. Au coin NE du plateau sur lequel était bâtie l'ancienne ville,
*) Presque tous les dessins sont faits par M. le photographies que je dois à M. le professeur O.
professeur VI. Nichitovici de Cernăuţi. Il y a trois Tafrali.
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
I. L E S FOUILLES
D a n s la c o u r du m a r é c h a l f e r r a n t C. D a n , où, en 1923, à l'occasion de la con
s t r u c t i o n d ' u n e p e t i t e d é p e n d a n c e , o n t é t é d é c o u v e r t s des f o n d e m e n t s p u i s s a n t s et où
l'on v o y a i t à n o t r e a r r i v é e à M a n g a l i a p l u s i e u r s restes a r c h i t e c t o n i q u e s , a u v o i s i n a g e
d e la forge ( q u a t r e b a s e s de colonnes e t 2 f r a g m e n t s d e c h a p i t a u x i o n i q u e s ) , n o u s
a v o n s t r o u v é , d u côté de l ' e n t r é e de c e t t e d é p e n d a n c e , 4 m è t r e s au S., à 1.25 m de p r o
f o n d e u r , u n f o n d e m e n t de p i e r r e calcaire, 3.50 m de l o n g u e u r et e n v i r o n 0.55 m
de l a r g e u r . Le m a t é r i e l de ce f o n d e m e n t est la p i e r r e calcaire q u i se t r o u v e d a n s les
carrières a v o i s i n a n t e s . L a p r e m i è r e c o u c h e de ce f o n d e m e n t est formée de 3 g r a n d s
blocs r e c t a n g u l a i r e s , de 38 c m de h a u t sur 107 c m , 152 c m e t 91 c m de l o n g u e u r . Les
blocs s o n t s o i g n e u s e m e n t t r a v a i l l é s s a n s ê t r e c e p e n d a n t polis. A 54 c m du b o u t d u
bloc de 107 c m de long, se t r o u v e la p a r t i e inférieure d ' u n e colonne de 22 c m de h a u
t e u r . S u r u n e b a s e de 50 c m c a r r é s et de 8 c m de h a u t e u r s'élève, à 3 c m de h a u t e u r ,
le c y l i n d r e inscrit d a n s ce c a r r é . A u - d e s s u s de ce cercle c o m m e n c e le t o r e , a p r è s lequel
s'élève le fût de la colonne q u i , sur u n e h a u t e u r de 8 c m , a u n d i a m è t r e de 43 c m .
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CAU.ATJS
égal à celui de la colonne dans sa partie inférieure (Fig. 2). c) 55 cm, 22 cm, 8 cm,
4 cm, 47 cm, 6 cm. Cette base est brisée au socle, dans deux coins opposés et
moins soigneusement travaillée (Fig. 3). La pierre aussi est d'une autre qualité que
celle des autres. C'est un calcaire plus poreux qui paraît criblé, m o n t r a n t des trous
et des élévations comme une masse bouillonnante. A 2 ) / 2 cm du bord de la co-
lonne se trouve, parallèlement à la circonférence de la colonne, un cercle gravé.
Au-dessous des blocs qui supportent les bases des colonnes on peut distinguer,
à l'extrémité sud de ce bâtiment, 6 couches de pierres calcaires, de 30 cm, 20 cm, 34
cm, 28 cm, 20 cm, et de 35 cm d'épaisseur, dont la plus basse se trouve, à 3.10 m
de profondeur, sur la terre vierge de couleur j a u n â t r e . A partir de 1.85 m de pro-
fondeur, on trouvait une telle quantité de fragments de céramique ordinaire qu'il
semble qu'on y déposait des tessons et des vases usés.
Après avoir établi de cette manière la direction et l'extrémité sud du bâtiment,
nous avons essayé de nous orienter aussi du côté est, vers le mur et la propriété de
I. G. Aldea. Voulant éviter t o u t désagrément et conflit, nous ne nous sommes ap-
proché de lui qu'à une distance d'environ 1 mètre (Voir fig. 4).
A 1.50 m de cette muraille et à 1.05 m au-dessous du sol, nous avons trouvé, a
l'extrémité sud de la construction aux colonnes une mauvaise masure dans la direction
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVKANU
le mur ô'QÏAea:
iî«jj- 1. J f ' » y
I
Fig. 4.
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CALLATIS
113
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8 Dacia I 1924.
THÉOPHILE SAUCI1 C SĂVEANU
a u - d e s s o u s d e l u i , o n voit u n e p i e r r e d e 1 m è t r e d e l o n g e t 40 c m d e l a r g e q u i e s t
c r e u s é e à 5 c m d e p r o f o n d e u r s u r 10 c m d e l a r g e u r . E l l e est i n c l i n é e v e r s l ' o u e s t
s a n s q u ' o n p u i s s e e n d é c o u v r i r la c o n t i n u a t i o n .
L e b l o c d e 195 c m , m e n t i o n n é p l u s h a u t , t r a h i t , p a r l'incision d e 5 c m s u r u n e
s u r f a c e d e 20 c m , la d i s p a r i t i o n d ' u n e c o n s t r u c t i o n en b o i s d o n t le b u t d o i t r e s t e r
énigmatique.
Ici se t r o u v e , a u n i v e a u du bloc m e n t i o n n é plus h a u t , u n c o m p l e x e e n t i e r d e
r a n g é e s d e blocs d e h a u t e u r d i f f é r e n t e , s a n s q u ' o n a i t la p o s s i b i l i t é de les d é t e r m i
n e r d e p l u s p r è s , la c o n t i n u a t i o n des fouilles y é t a n t e x c l u e . P o u r s u i v a n t le m u r a u x
c o l o n n e s v e r s le n o r d d e r r i è r e la p e t i t e d é p e n d a n c e je l'ai t r o u v é , à 14.35 m d e dis
t a n c e d e la p r e m i è r e b a s e d e c o l o n n e , à 1.3 m d e p r o f o n d e u r s o u s la t e r r e ( F i g . 7).
Il y a v a i t p l u s i e u r s b l o c s en d é s o r d r e e t , a p r è s les a v o i r é c a r t é s , j ' y ai r e n c o n t r é
la s e c o n d e b a s e d e c o l o n n e , u n p e u d é p l a c é e , d e m ê m e s d i m e n s i o n s q u e celle q u e
n o u s a v o n s d é c o u v e r t e «in situ» a u s u d d e la d é p e n d a n c e .
D u m u r a u x c o l o n n e s p a r t , a u p o i n t d é b l a y é , u n a u t r e v e r s l ' e s t e t v e r s la m a i
s o n d ' A l d e a . D a n s la p a r t i e d é c o u v e r t e , il a 72 c m d ' é p a i s s e u r . J ' a i t r o u v é a u d e s s o u s
d e ce m u r u n e c o l o n n e lisse d e c a l c a i r e , c a s s é e en d e u x , a u d i a m è t r e d e 37 c m d a n s
la partie supérieure. Elle ne p e u t q u ' a p p a r t e n i r à cette construction. Elle a été pla
cée s u r le m u r a u x d e u x b a s e s d é c o u v e r t e s p a r n o u s «in situ».
À 140 c m d u m u r d e l'est p a s s e en a n g l e d r o i t u n a u t r e m u r d e 50 c m d ' é p a i s
s e u r v e r s la p r o p r i é t é d ' A l d e a .
P a r le m u r d e 72 c m e t celui d e 50 c m se f o r m e u n e s p a c e r e s s e m b l a n t à u n e
p e t i t e c a v e . O n t r o u v e des m u r s p a r a l l è l e s n o n s e u l e m e n t d u c ô t é e s t d u b â t i m e n t
a u x c o l o n n e s , m a i s d u c ô t é o u e s t a u s s i p a r t u n m u r o p p o s é à celui d e 72 c m d ' é p a i s
s e u r . I c i n o u s n ' a v o n s p u faire les r e c h e r c h e s n é c e s s a i r e s q u e s u r u n e l o n g u e u r d e
1.10 m . L a p r o f o n d e u r d e ce m u r e s t la m ê m e q u e celle d u m u r l o n g i t u d i n a l .
A l ' i n t é r i e u r d u m u r , le b l o c r e c t a n g u l a i r e d e 189 c m d e l o n g u e u r e t d e 4 8 c m de
h a u t e u r e s t d i g n e d ' ê t r e r e l e v é . A 87 c m du b o r d m é r i d i o n a l d e ce b l o c e t 79 c m d e la
m a r g e s u p é r i e u r e des b l o c s a u x c o l o n n e s , n o u s c o n s t a t o n s les t r a c e s d ' u n e p o r t e ( ?) d e 84
c m de h a u t , qui était a p p a r e m m e n t m u r é e . Les m o n t a n t s étaient formés de 3 rangs de
b l o c s d e 2 9 , 2 8 , 27 c m d e h a u t e u r , q u i é t a i e n t polis à 6 c m d e la m a r g e . L a p o r t e se t r a h i t
a u s s i p a r le fait q u e la p i e r r e d ' a u - d e s s o u s d e 31 c m d e h a u t e u r s ' a v a n c e d e 14 c m . L e
seuil n ' e s t p a s fait d ' u n b l o c u n i q u e e t s u r p a s s e d e 6 c m la ligne d é m a r q u a n t la p o r t e .
L a l i a i s o n a v e c les blocs d e la p o r t e se fait a u m o y e n d e 2 p i e r r e s d e 31 c m d e h a u t e t
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CAM ATI S
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8»
THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
deux parlies différentes: A 70 cm au-dessus de la terre vierge qui s'y trouve à une
profondeur de 3.7(> m, le mur est composé de grands blocs non taillés. Après cette
partie suit une autre de 80 cm à I0(> cm de hauteur, formée de blocs rectangulaires,
qui à leurs bords sont polis t a n t du côté horizontal que du côté vertical de l'exté
rieur. D'ailleurs, ces blocs ont l'apparence brute. C'est une sorte de «rustica» ha
bituelle du temps hellénistique (p. ex. à Priène) qu'on constate dans 3 ou 4 rangées
de blocs. Au-dessus de cette «rustica» on rencontre des pierres non travaillées d'une
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CALLATIS
Une construction d'une longueur si considérable, aux murs qui partent d'un côté
et de l'autre du mur longitudinal, ne peut pas ne pas avoir eu un rôle important
dans la ville de Callatis à travers les siècles qui se sont succédé. Au cours de ce temps,
cette construction aura dû souffrir bien des modifications et des amplifications que
l'on peut entrevoir dans les parties du mur découvertes par nous.
On peut facilement déduire de la céramique extrêmement riche que l'on rencontre
à l'est et à l'ouest du mur longitudinal, que cet édifice se trouvait à un endroit bien
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TU ÊOPH11 -I : s\ ucn ( :-s\ v KANU
importance spéciale, il s'est développé peu à peu et est devenu un établissement indé-
pendant, l u e place libre, propre aux réunions comme axi commerce, a été séparée
des rues et des édifices voisins par un mur pourvu ou non de colonnes. Des portes et
des portails y permettaient l'ac-
cès de plusieurs côtés. Les murs
entourant la place étaient sou-
vent des portiques couverts pou-
vant, aussi contenir sur un ou
plusieurs côtés des espaces en re-
trait servant de boutiques.
Le mur découvert dans la
cour de C. Dan pouvait servir
d'enceinte au marché et une par-
tie en était munie de colonnes
provenant d'une époque que nous
ne saurions déterminer avec cer-
Fig. 13. titude.
Au bord de la mer, entre la
sous-préfecture et le palais de la douane, nous avons mis au jour des murs d'un
édifice important construits
en pierres de taille (Fig. 11 et
12) dont le plan met en évi-
dence les dimensions des ru-
ines. Nous n'avons pas été à
même de continuer les fouil-
les sans démolir la rue le long
du littoral (Fig. 13).
Dans la cour d'Anastas
Curti nous avons rencontré,
à une profondeur de 1.50 m
deux grands blocs des dimen-
sions de 1 3 0 x 5 5 x 3 0 et de
Fip. 14.
1 3 0 X 7 1 X 3 0 cm qui, par la
fente à l'endroit où ils se touchaient, nous ont trahi une terre moins rassise, Nous
l'avons facilement perforée avec un fer pointu.
En levant les blocs, nous avons découvert un canal grandiose formé de blocs la-
téraux de 80 cm de hauteur et de 85 — 90 cm de largeur placés sur les blocs du fond
de ce canal. La profondeur du canal est de 1.05 m. (Voir la fig. 14).
Nous sommes entrés à l'intérieur du canal, après en avoir extrait la terre, sur
une longueur de 7.5 m vers la rue et la propriété de G. Georgescu. Nous n'y avons
trouvé que fort peu de céramique romaine. Nous nous sommes proposé de nous
orienter plus spécialement sur ce canal l'année prochaine.
Nous avons encore fait des fouilles sur les parcelles de N. Stoya et Halit Mu-
stafa, sur la parcelle du Dr. Buterescu, Boulevard Maria, sur la colline du théâtre
et près de la mosquée ancienne. Rien de remarquable.
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CALLATI S
II. R E S T E S A R C H I T E C T U R A U X E T SCULPTURAUX
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
cm de diamètre. Les deux trous, l'un en bas, l'autre en haut, ont les dimensions de
8X9
— cm.
4
Près de la «colline du théâtre» un fragment de colonne a les dimensions
46 X35 cm.
Un autre fragment de colonne cassée, en calcaire, trouvé chez G. Georgescu-Suc
cesseurs, a 94 cm de long et 4 1 — 4 4 cm de diamètre.
Près de la maison de A. Gheorghiu un fragment de colonne lisse a 45 cm de
h a u t et 33 cm de diamètre.
Dans la cour de Manoli Comino se trouve à la surface de la terre un fragment de
base de colonne en calcaire, 59 cm de diamètre.
Dans la rue en face du docteur Mardari nous avons trouvé une base de colonne
en calcaire conchylien, dont la plinthe a 45 cm carrés et 8 cm de
haut. Le diamètre du fût de la colonne est de 39 cm. Elle a été
( transportée au musée de la sous-préfecture, n. 32.
Dans la cour de Ismail Secheria se trouve une base de co
lonne en marbre, avec les dimensions indiquées à la figure 17.
Un fragment de base, en calcaire, trouvé près de la glacière
de Theodoru, a les dimensions indiquées à la figure 18.
Un autre fragment, en calcaire, trouvé au même
lieu, a la base de 27 cm carrés, 20 cm de diamètre,
et 13y 2 de haut (fig. 19).
FiK. 17.
Les nombreuses bases de dimensions différentes
trahissent le grand nombre des édifices péristyles de l'ancienne ville
de Callatis.
Un chapiteau en calcaire conchylien, 18 cm de haut, 43 cm de
diamètre, a un abaque de 53 cm carrés. Fig. 18.
■+ O ZO La couronne plastique de feuilles que nous trou-
vons sur l'échiné de ce chapiteau, a son importance sous le rap-
port technique ainsi qu'esthétique.
Cf. le chapiteau du temple aux six colonnes de Paestum chez
Springer-Wolters, Die Kunst des Altertums 1921, p . 160, fig. 331.
Un fragment de chapiteau en beau marbre blanc à gros grains,
des dimensions 3 5 x 2 9 cm, trouvé chez H. Theocharidis, main-
N
tenant chez le Dr. H. Slobozeanu à Bucarest, rue Pompiliu Eliade 15. Le cous-
yj sinet est plein d'ornementations végétales, de sorte qu'il semble que l'artiste n'ait eu
'yS d'un autre but, que de laisser le moins de vide possible.
Le coussinet est lié au milieu par un ruban à rinceaux flanqué de deux bourrelets
tournés. Du ruban partent, au-dessus du coussinet, deux rinceaux qui se répan-
dent vers les deux bouts du coussinet ornementé chacun de 4 rangs de feuilles im-
briquées ce qui lui donne l'aspect d'un artichaut. Les rinceaux servent à remplir
les coins vides.
L'édifice de style ionique, auquel appartient ce chapiteau, a dû être d'une splen-
deur magnifique à en juger par ce chapiteau. (Voir le dessin et la photographie,
fig. 20 et fig. 21).
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CALLATIS
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Ill ÊOPH11 ,E SAUCIUC-SAVEANU
-f-
Fig. 2(>.
Fig. 29.
bucrânes, on remarque une rosette stylisée. Le travail est fin, malgré les défauts
du détail. Les bucrânes sont munis d'une espèce de chapiteaux auxquels sont sus-
pendues des deux côtés des bandes, parure habituelle des bucrânes. Musée de la sous-
préfecture, no. 16.
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r.M.LATIS
Un travail plus expressif se voit sur une autre pièce du musée, no. 70, en marbre,
19.5 cm de h a u t , 55 cm de large cl 15 cm d'épaisseur Les bucrânes y sont ornés d'un
filet d'astragals, qui semble pendre en gouttes du côté gauche et droit des bu-
crânes. Cette pièce nous rappelle la frise de la construction de la porte de Samo-
thrace de l'époque de Ptolérnée II (Springer-Wolters, 1. c , éd. 11, p . 357, fig. 689).
La partie supérieure de la pièce est cassée, et nous ne pouvons savoir si elle a eu
un cymation, un profil ou un bord simple. (Fig. 31).
Un fragment profilé, en marbre, 12 cm de haut, a un trou de 3 . 5 x 3 . 5 cm.
Un relief en marbre, cassé à
gaUcne a la partie intérieure, a
droite et en bas, 20 cm de h a u t ,
48 cm de large, et 12 cm de gros,
découvert aux fouilles dans la cour
de C. Dan, m a i n t e n a n t au mu-
sée de la sous-préfecture, no. 40
(Fig. 32).
Dans le c h a m p , encadré à gau- -fjf I
Fig. 31.
che et en h a u t d'une marge de 5 cm
et 3 cm de large, et 1 cm de profondeur, nous voyons deux déesses tournées à gauche.
L'une des déesses est commodément assise sur un objet cylindrique. Le buste
est plein, la chevelure riche. La main gauche est levée. Le bras et l'avant-bras for-
ment un angle obtus. Il est vraisem-
j- o 48 •*■
blable qu'elle tenait à la main gauche
une lance. L'autre déesse est debout.
Par l'égide et par le casque elle se ré-
vèle comme la déesse Athéné. La déesse
se présente vigoureuse et majestueuse.
| Elle est ceinte, en h a u t sous la poi-
_i trine, et les plis de son vêtement sont
Fig. 32. indiqués assez schématiquement. C'est
le type d ' A t h é n é au casque corin-
thien 1 ). La main gauche <!<• la déesse Athéné est levée de la même manière que
celle de l'autre déesse. Le pied gauche est un peu avancé. La j a m b e est un peu cour-
bée au genou. La position de la main droite ne peut être éclaircie.
Toutes les deux déesses regardent a t t e n t i v e m e n t vers la droite.
Nous avons ici sans doute un relief qui ornait un décret public. Il devait être
placé à u n lieu nèmyavéoiaxoç», où il était visible et lisible pour chacun. Le t r o u
de 2 cm de large, qui se trouve à 13 cm du bord gauche, et les restes d'un autre trou
a droite, nous dénotent que ce relief a été fixé au moyen de ces trous et du métal.
Ce relief a p p a r t i e n t au groupe de n o m b r e u x reliefs, qui devaient être publiés
par mon arni le directeur de l'école autrichienne d'Athènes, M. Dr. O. Walter dans
son oeuvre «Griechische Urkundenreliefs».
1
) J,c casque corinthien est très r a r e , sur les re- R o s c h e r , Lexikon der griveh. und rôm. Mythologie
liefs du I V è m e siècle a v . J . Chr. Furtwiingler, I, 1, c. 701 e t suiv.
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THÉOPHILE SAl'CIUC-SĂVEAMJ
Nous ne voulons pas entrer dans le domaine des hypothèses en ce qui concerne
l'interprétation de la scène où nous trouvons avec certitude la déesse principale
d'Athènes. 11 est possible que l'Etat athénien ait entretenu avec la ville de Cal-
latis de tels rapports, qu'un décret athénien orné d'un relief ait été placé à l'un des
principaux points de la ville de Callatis, peut-être sur Vâyogà.
L'antre déesse, dans la société de laquelle se trouve la déesse Athéné peut être celle
qui joue un rôle important à Callatis. Ce rôle s'explique par la productivité et par
la richesse en céréales des regions situées au voisinage de la ville de Callatis. Mais
il faut d'abord poser la question si ce monument concerne la ville de Callatis.
Dans la cour du président de la Com. intérimaire de Mangalia, M. I. Roşculeţ,
se trouve un relief en marbre dont les dimensions sont 93 X 64 X 18 cm. (Voir la fig. 33).
Le coin de gauche en liant manque, ainsi que celui de droite en bas.
La surface de cet haute-relief est rongée et détériorée, de sorte qu'à peine si l'on
peut distinguer les contours des trois figures. C'est dommage, que même dans ces
déplorables conditions il ne puisse être abrité dans un musée et être placé dans un
lieu, où il ait un autre sort que celui auquel il est sujet à présent dans la cour de
I. Roşculeţ. Les trois figures qu'on voit sont, sans doute, féminines. On remarque
cela mieux à la partie supérieure de la figure qui se trouve au milieu, et puis à la
figure de droite ; moins bien ou, plutôt, on ne le voit pas du tout à la figure de
gauche.
Les figures, telles qu'elles se présentent au nombre de trois et dans l'attitude
où nous les voyons, nous font penser aux trois déesses du destin, aux trois Parques,
Clotho, Lachésis et Atropos.
La figure de gauche tient d'une main un bâton, celle du milieu lève la main
droite, le geste de la troisième ne peut être déterminé, le relief étant complètement
abîmé. Il est compréhensible que, vu l'état déplorable de ce relief, l'interprétation
des trois Parques soit problématique. C'est dommage que nous ne puissions ajouter
avec certitude ce relief aux rares monuments d'art qui représentent «les Moires»,
«les cantatrices de l'avenir» ] ) .
1
) Voir Weizsackcr, Roschcr, Ausfiïhrl. Lexikon der griech. u. rôm. Mythologie II, 2, c. 3093.
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C.AI.LATIS
Muller-Wieseler, D.
d. a. K. 2, 292, en-
*
suite d'autres dans
Miillcr-Wieseler, 2,
890, 2, 838 a et
841).
Fi
Clotho a partout S- 36-
le même rôle. Elle file. Lachésis tient à la main le globe et le style ou écrit sur le
globe. Atropos montre un cadran solaire ou tient à la main les rouleaux ouverts
du sort.
Le relief d'un couvercle de sarcophage du Musée Cap.
4, 29, montre au milieu Lachésis avec les attributs de Tyché,
avec la corne d'abondance et la balance. A gauche, on voit
Clotho filant, Atropos tenant le rouleau du sort ouvert du
côté droit.
Le relief de Mangalia, lui aussi, a peut-être été en rap
port avec un ou plusieurs autres groupes. Il est difficile de
croire que l'artiste l'ait laissé en complet isolement. Nous
n'oserions former aucune hypothèse sur ce point.
La partie inférieure d'un tronc de femme (fig. 34), des
hanches aux pieds en marbre, des dimensions 4 0 x 3 5 X25 cm,
chez I. Roşculeţ de Mangalia. C'est une femme assise, vêtue Fig. 37
du peplos et du chiton. A sa gauche se voient les contours
les pattes de devant.
d'un animal assis sur les pattes de derrière et appuyé sur
D'après les vestiges d'une patte, c'est un lion, compagnon habituel de la déesse Cy-
bèle ou Magna Mater qui joue un grand rôle dans les villes de la côte occidentale de
la Mer Noire.
Un fragment de stèle profilée en marbre, à fronton et acrotères, de dimensions
de 5 1 X 2 9 X 7 cm, se trouve dans le musée de Mangalia, no. 8. On n'y voit aucune
inscription. N'y-a-t-il peut-être pas eu une inscription peinte? Aucune trace de couleur
ne nous trahit ce secret (Fig. 35).
Un angle droit en marbre, aux côtés de 75 et 62 cm de longs, 30 cm de
haut et 24 cm d'épaisseur, fait voir à l'extérieur des rinceaux en relief. (Voir la
figure 36).
Deux fragments, l'un en marbre, de la forme indiquée à la figure 37, l'autre en
pierre calcaire se trouvent dans la cour de Ismail Sekeria à Mangalia.
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THÉOPHILE S M i l l i SĂ^ KANU
I I I . INSCRIPTIONS
A. En marbre et pierre calcaire
Les plus importantes des inscriptions notées en 1924 à Mangalia sont les deux
des thiasitcs de Callatis, que nous avons copiées à partir du (> Août dans la cour
de M. Theoharidis où nous avait conduit le maître maçon Gaetano lanachi. C'est
là que M. O. Tafrali les a vues plus tard et les a copiées.
Ces inscriptions ont été découvertes en 1921 par Theoharidis sur sa parcelle
près de la mer, dans un bâtiment antique que lui-même a mis au jour. Elles étaient
placées dans le mur coin me simple matériel et y ont été trouvées, les surfaces gra
vées face à face. Le but auquel a servi l'édifice qui cachait les inscriptions des thia
sitcs ne saurait être précisé. Au moment de notre arrivée à Mangalia on ne pou
vait constater qu'un grand trou dont on avait extrait les blocs formant l'antique
édifice. Les inscriptions sont brisées en plusieurs morceaux, l'une en 8, l'autre en 5.
Cela peut s'expliquer par le grand poids de la partie d'en haut de l'édifice qui
pesait sur les plaques de marbre placées dans le mur. Les stèles étaient en outre
profilées et à frontons; Tune d'entre elles avait même le bord élevé, et le poids du
mur devait exercer ses effets avant tout sur les bords élevés de stèles.
Les stèles étant posées face à face dans le mur «l'origine romaine ou post-romaine
(la propriété de Theoharidis se trouve au quartier romain noble, comme nous le nom
mons par suite des indices que nous avons), les parties non brisées nous montrent
les lettres intactes et non altérées par des différents facteurs. A l'endroit où elles se
trouvent depuis 3 ans et où nous les avons vues elles souffrent des détériorations
journalières; elles s'abîment, s'effritent sous l'influence de toutes sortes d'intempéries,
par l'écoulement des gouttes d'eau de la gouttière p. ex. Nous avons fait les démar
ches nécessaires — sans réussir cependant — auprès du propriétaire pour qu'il les cède
au musée de Mangalia qui a été inauguré le 14/IX, 1924 dans une chambre de la sous-
préfecture avec le concours de M. C. Melidi.
Dernièrement les inscriptions sont parvenues, à ce que nous avons entendu dire,
pour une somme de 3900 Ici, au musée de Iassy.
No. 1.
Stèle en marbre, bleuâtre, profilée, à un cyma de 2 cm et une plaque de 1.8
cm de large, composée de 8 fragments dont les marges sont dépourvues de petites
écailles perdues.
La hauteur de la stèle est de 85 cm, la largeur en bas de 46 cm, en haut 44 cm,
l'épaisseur de 8.5 — 8 cm.
La face gravée est de 72 cm de long. Le fronton avec les acrotères a au milieu
13 cm de haut, à gauche et a droite 8 cm. Le tympan est 5 cm de haut et 1 cm de
profond. A 4 cm des bords droit et gauche de la face gravée il y a 2 incisions de 3
cm de long, 2.3 cm de large, 0,5 cm de profond. Elles servaient à fixer la stèle au
moyen de crampons métalliques.
La partie de derrière de la stèle n'est pas travaillée.
Les lettres commencent à 0.5 cm du bord. Leur hauteur est de 1.1 — 1.2 cm
La forme des lettres o et 0) est plus petite que celle des autres.
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CALLATIS
l 2
) Voir le facsimile Ath. Mitt. 1911, p. 3 et ) Larfeld, Handbuch der griech. Epigraphik
suiv. II, 2, p. 463, 472.
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THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU
signe < | . Cette forme pourrait être expliquée par la forme du Z qui se trouve dans
les inscriptions athéniennes à partir de l'an 180 av. J . Chr. ! ) .
Supposant que cette forme soit exacte, nous admettrions une erreur du lapicide,
qui devrait être expliquée par le manque d'habitude d'employer la forme nouvelle du Z.
A la ligne 37 on voit, sans doute, la forme plus ancienne du Z. (Voir le facsimile 2)
de l'inscription, fig. 38).
Dans la suite, nous donnons la transcription de l'inscription avec les compléments
que nous allons justifier plus bas.
'Ayadăi xv%ai. 'ETCL fïaaiXéoç Zi/iov xofv
'AoxXamdôa, /njroç ăiovvaCov^ nquioijunov-
zoç 'Ayrj/iovcç xov Ilvêuoroç- ëôoÇe xoïç ùiaoi-
zatç' ôncoç xazaoxevao&r] vaoç x<oi &eidi xovç
5 iiéXovxaç T&V ïïtaoïxàv ènayyékXeoûat elç xày xa-
zaaxevàv 6 xi xa ëxaoxoç nQoaiQfjrai' xoïç ôè ènay-
yeiXa^évoiç ëcoç /ièu xqvoov eî/nev oxéyarov (piXo-
zi/uiaç ôià (it'ov xai êyyqacpàv elç ozdXav, xoïç ôè ë-
laooov yjjroov ènayyeiXafiÂvoiÇ ëaJÇ àqyvqûv
10 [xjQtăxovra eî/iev xdv xe èyyqacpàr xai oxé(pavov an
feveqyjeoiaç xài xqiexyqt'ôi ôià (iioxr xoïç ôè Xoinoïç xoïç ë-
Xaaoov èrtayfyeiXaftévoiçJ elfi[e]v èyyqo.<fàv xaç ènay-
yeXtaç elç xàv azdXav Ô7i<oç ô[è] xai xazaoxEvao&f] ô vfaj-
oç (hç xdXXioxa xaflj ovvxo/itœxaza, êXéoêai avôqaç
15 ZQEÏÇ èx nàvxow x(bv ftiaoïxâv oi ôè aîqedêvzeç Xafïôvzeç
naqà TCÔJ' ênayyeÛM/téi'iov %Eiqitovvxi xà ôidqoqa xai Xô-
yov ànoô(i)Ocvvxi ëyyqayov xcv x£lQi0/l°v' ovvexeXe-
o&évxoç ôè xov ëqyov eljuey x[ai] xoïç alqevxeïoi èni xày xaxa-
oxevàv oxé<pavov èv zaïç avfvjôôoiç âç xa ovvœvzt oi êtafoïj-
20 zaï xazà zqiexrjqîôa' vacat 3-5 cm 'Aya&ăi zv^ai. vacat 14 cm.
Oïôe ènayyelXavxo elç zàv olxoÔo/uav xov vaov' vacat 3.5 cm.
'Anollojvloç Zaxvqov ^ Mfjnç 'Eqeoîov JPA
'Ano?.?.d)vioç ''Ajtolhoviov vacat 2 cm. Zcooîfiioç llqanofidxov AJA
[0](?d7T7toç AnoXXwvfov [Xajiqéaç Aa/ufocpjcôvxoç JPA
25 ALOVVGIOÇ [Kal]%aô[6v]oç vacat 2 cm. Evyoaïoç Zaxvqov JPA
Olxoô6[ii]o[a]v [xov vjafojv Evatojv i JPA
Mevioxoç 'HqaxX,e[i6ixr\]ç X .. a i x ç A*A
Aa^uixqioç Aa/naxqiov ^ vacat 1*2 cm. Z
Zijuft'ajç II qe^aêioivoç îf£ [ZJÏ/ioç Aa
30 . . vxïroç M (xov % ' AnoXXoônoç
[Ajalxifioç IJaoïdôa,. ^ vacat 3*2 cm. xoç èqydxaç xgidxofvxaj.
ZOJ7CVQOÇ IIQOJxcnôXdoç îf£ Ilqo/ia'&îojv Il QOfrnftuovcc
r
Eqjuayévr]ç Aa/ioyâjvxoç % èqydxaç ôexanévxe.
KqixôfiocXoç IJvqoov ^ 'Ayrjjuojv ITw&îwvoç xaflaX-
35 'AoxXajiioèojqoç 'AnoXXoô6xov% Xeïov xai iqydxaç ôexanhxe.
2
') Larfeld, 1. c. p. 472. ) Fait par M. I. Manoli.
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CALLATIS
10 c m .
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9 Dacia T 1924.
THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
x
) P â r v a n , Cerusia din Callatis, An. Acad. IV, 4, 1, p. 714.
R o m . , séria I I , 1919, X X X I X , p. 58. *) Pour la Laconie voir Hoffmann, 1. c. p. 714.
2 5
) Dans l'inscription suivante nous trouvons la ) Kiïhncr-Blass, Ausfiihrliche G r a m m a t i k der
forme râtv ftiaoeircôv. griech. Sprache I 3 , 2, p , 57.
3 6
) Voir O. Hoffmann dans Collitz - Bcchtel, ) Kùhner-Blass, /. c , p. 49.
7
S a m m l u n g der griechischen Dialektinschriftcn ) Kùhner-Blass, l. c, p. 106 et suiv.
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CALLATIS
4
') Voir l'inscription des Iobacches d'Athènes ) Poland, Geschichte des griechischen Vereins-
chez Dittenberger, Sylloge éd. 3, 1109,1. 40 et 80. wesens, Preisschriften der Jablonowskischen Ge-
2
) Voir O. Hoffmann l. c , IV, 4, 1, p. 720. sellschaft, 1909, Leipzig, p. 22 et suiv.
3 5
) K u h n e r - G e r t h , Ausfuhrliche G r a m m a t i k der ) Voir Pape-Benseler, W o r t e r b u c h der griechi-
griech. Sprache I I 3 , 1, p. 208, et Kùhner-Blass, schen Eigennamen s. v. ZÏ/JIOÇ. Uîfioç (qui a le nez
Ausfiihrliche G r a m m a t i k der griech. Sprache camus) se trouve dans la même inscription et en-
I 3 , 1, p . 281. core aux lignes 29 et 41 ; cf. 2i/J,laç à la ligne 29.
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•j*
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CALLATIS
x
) Sur l'aisimnatas voir Solmscn, Beitrăge zur ei d'une époque postérieure et dans l'adn.,*** nous
griechischen Wortforschung I, 1908, p. 36 et suiv. voyons les différences dialectales de ce mot.
6
A P a t r a i aloifivfrijt est l'cpithète de Dionysos, ) Eurip. Bacch. 680; Poland, /. c. p. 16.
d'après Pausanias V I I , 20, 1. •) Poland, l. c. p. 198.
2
) A Chalcédoine le président du conseil (Pov?.rj) ') Cf. Arist. Eth. Nie. V I I I , 11, p. 1160 a, 19 et
et du collège des aisimnatai s'appelle aye^Kov ou suiv.: ëviai ôè xûv xoivcoviœv ô'rjôovijv ôoxovoiv
âye/iwv (iovlrjç. yiyveadai &iaoa)T(»v xal eqaviaxibv avxai yào &v-
3
) Poland, l. c. p. 25. oîaç ëvexa xal avvovaiaç. Poland, /. c. p. 31.
4
) Ici nous constatons des oscillations entre i et "; Poland, /. c. p. 17, 526.
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
contribuer pour la somme qu'ils voulaient. Ceux qui souscrivaient une somme j u s q u ' à
un xQvaâç recevaient le atêcparov rptlorifitaç ôtà fti'ov (1. 7 — 8) xal èyyqaxpàv eiç ozdXav.
Les payeurs d'une somme inférieure à un yqvaoç jusqu'à trente iiQyvQOÏ recevaient
xàv xe èyyqacpàv xal arétpavov evRQyeotaç (?) xa XQIEXIJQIÔL Ôià fit'ov (1. 10 — 1 1 ) , et enfin
ceux d'une somme au dessous de 30 àqyvQol, èyyQCMpàv xaç èmiyyeHaç (1. 12 — 13).
Pour que le temple fût construit le mieux et le plus vite possible, une commission de
trois thiasites devait être élue. Ces trois commissaires avaient le devoir de recevoir
les différentes contributions des souscripteurs et de rendre par écrit leurs comptes
de l'administration du fonds. Le travail terminé, les trois élus ènl xàv xaxaoxevàv
avaient le droit de porter une couronne aux réunions triétériques. Après le texte de
la résolution des thiasites suivent les noms des souscripteurs en deux colonnes.
C'est une chose très générale dans le monde grec, que dans un cercle ou dans
l'autre les membres d'un club décrètent et lancent des listes de souscription parmi
les membres, pour la construction d'un temple de quelque divinité 1 ).
Pour la restauration du temple apollinien de Delphes, qui a été détruit par un
incendie et par un tremblement de t e r r e 2 ) , les appels ont été faits à tous les Grecs de
partout3). é.
D'après les contributions, nous distinguons trois catégories de souscripteurs :
Ceux d'un %QVOUÇ au moins, ceux de trente aQyvQoî au moins, et ceux qui ont souscrit
moins de 30 àqyvQOÏ.
E n ce qui concerne la valeur d'un %QVO6Ç et d'un ÙQyvQovç, les rapports entre un
XQVOÔÇ et un âgyvQOVÇ, l'étalon de ces monnaies, nous ne pouvons rien préciser, parce
que nous ne pouvons pas déterminer avec certitude la chronologie de l'inscription.
Si nous convenons de l'époque autour de l'année 200 av. J . Chr. nous pou
vons calculer le %QVOOÇ à un statère d'or macédonien, qui à l'époque d'Alexandre-
le-Grand n ' a v a i t que 0.003 d'argent, le reste é t a n t d'or pur. L' àQyvqovç était à la
même époque identique à une drachme, qui n ' a y a n t que 0.009 de plomb, de fer et
un minimum d'or, était au reste d'argent pur 4 ).
La valeur d'un àqyvQovç n ' a u r a pas été trop différente de celle de la monnaie
courante attique 5 ).
La valeur de la monnaie d'or, d'un XQVOOÇ, ne peut être déterminée absolument,
parce que dans cette évaluation interviennent les oscillations des rapports entre l'or
et l'argent, depuis un multiple de 14 j u s q u ' à 10.
A l'époque d'Alexandre-le-Grand le rapport de l'argent à l'or était de 1 : 1 2 ^ e t
30 drachmes macédoniennes étaient au statère d'or dans le même rapport de poids
que l : 1 2 1 / 2 6 ) .
L'inscription des thiasites, qui établit les trois classes des souscripteurs (êcoç...
XQVOOV à la ligne 7; êcoç àqyVQmv xqiàxovxa à la ligne 9 — 10, et xoiç ëkioaov ènayyEi-
lafiêroLÇ à la ligne 11 — 12) nous indique la limite inférieure pour les distinctions
] 3
) Cf. les catalogue des eranistai de R h o d e s , ) D i t t e n b e r g e r , /. c. p. 236 et suiv.
D i t t e n b e r g e r , Sylloge 3 , 116, 1. 3 et ss.: rolôe 4
) H u l t s c h , Griech. u. rôm. Métrologie, p. 240 et
ènavyEO.GLVTO elç ràv àroixoôo/iàv roil TOÎ%OÏ) xal suiv.
rœv /j,va/j,e{cov r&v Tteaôvrœv êv râ) oeiofiâ). °) H u l t s c h , Z. c. p . 235.
-) Voir D i t t e n b e r g e r , Sylloge, ed, 3, 295, 1. 8 •) H u l t s c h , /. c. p . 246.
et la n o t e 4.
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CALLATIS
qui devaient être accordées ; elle indique le XQVOÔÇ et les trente àoyvnoï comme les
sommes les plus petites, dont le payement était la condition principale et unique
de la première et de la seconde distinction de notre inscription.
La limite au-dessus d'un iQVoàq, n'est pas prévue ; on ne pouvait attendre que quel-
qu'un, dans un accès de philanthropie, offrît plus d'un %QVO6Ç pour le naos des thiasites.
L'inscription nous montre que le nombre des souscripteurs d'un xQva°? était
assez grand.
Ceux qui souscrivaient et payaient moins d'un XQvaôç jusqu'à trente âoyvooï au
moins, avaient à recevoir une distinction moins importante.
Le montant de trente àoyvQoï ne peut être expliqué qu'en se basant des rapports
et les usages des valeurs enracinées à l'époque de l'inscription et par le nombre de
trente âçyvQOÏ, connu comme un équivalent du statère d'or de l'époque d'Alexandre-
le-Grand.
D'après le degré descendant des distinctions énumérées dans l'inscription, nous
pouvons voir que la valeur d'un XQva°Ç n'était pas celle d'un statère simple, mais
d'un statère double ou d'une tétradrachme en or x ).
Après la destination du orécpavoç (pùon/uaç, accordée à ceux qui avaient souscrit
jusqu'à un XQV0(>Ç, suit la distinction de ceux qui avaient souscrit jusqu'à trente
àqyvQOÏ.
Le qualificatif de la couronne fixée aux derniers souscripteurs nous manque,
parce que le morceau du commencement de la ligne 11 avec la majeure partie des
lettres du qualificatif ne nous est pas conservée. Nous sommes réduits à des hypo-
thèses en ce qui concerne la seconde couronne.
D'après le mot (piXori/ua, le substantif abstrait qui qualifie la couronne des
souscripteurs jusqu'à un XQVOf)Ç, nous attendrions aussi pour la qualification de la
couronne, destinée aux souscripteurs jusqu'à trente ànyvgoï. un qualificatif ab-
strait. Les lettres initiales du second qualificatif semblent être Ail, que nous pou-
vons lire à la ligne 10.
Mais avec ces lettres nous ne pouvons pas rétablir le mot propre à combler cette
lacune et qui aurait la terminaison eoîaç, indiquée par les restes des lettres à la
ligne 11. D'après la désinence eoîaç nous sommes tenté à compléter evEQyeolaç.
Ce qualificatif a besoin d'être complété. Car le titre de eveoyjeoiac, à côté du titre
cpilôxifwç 2) est une des distinctions les plus habituelles, accordées aux bienfaiteurs de
tous les degrés dans toutes les parties de la Grèce et dans toutes les organisations
d'une polis grecque.
Mais la difficulté consiste d'abord dans le fait qu'à la fin de la ligne 10 se trou-
vent les lettres CLT, par lesquelles le nom de la couronne semble commencer. En-,
suite nous avons des difficultés d'espace pour le mot eveoysolaç au commencement
de la ligne 11.
Pour une lecture certaine et plausible, nous sommes dans l'embarras. Nous pou-
vons admettre une erreur du graveur du décret, qui après le mot oxécpavov a fait fausse
J
) H u l t s c h , I. c. p . 240 et s. ; 243 et suiv. Voir Pin- l. c. 368, 1. 1 9 ; 369, 1. 4 5 ; de C a r p a t h o s , D i t t .
scription d'Olbia chez D i t t e n b e r g e r , Sylloge, éd. Sylloge 3 , 570, 1. 1 6 ; de P a t m o s (c. 200 a v . J .
3, n o . 4 9 5 , 1 . 68, n o . 1 9 ; cf. l'inscription d ' E p h è s e , Chr.), D i t t . Sylloge 3 , 1068, 1. 20.
D i t t . Sylloge 3 , 352, 1. 14 — 1 5 ; de l'île de Crête, 2
) P o l a n d l. c , p . 437 et suiv.
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route, ce qui nous est arrivé en lisant pour la première fois le 6/VI11 1924 la ligne 10 et
surtout les lettres otécpavov an. Le lapicide a pu être entraîné par la formule presque
stéréotype d'Athènes et des autres villes du IV-ème siècle av. J. Chr. indiquant le
nombre des drachmes fixées pour acheter la couronne, par la formule oxetpàvov àrro
(le chiffre) àQa%[AÔ>V. *).
Quoique la lecture eôegyeolaç corresponde admirablement à cette lacune de l'in
scription— voir l'exposé des motifs de l'inscription suivante, 1. 34 — 35, où nous
trouvons le mot evEQyeola—, admettre une erreur du graveur avec les lettres an ne
signifie que relever la possibilité d'un expédient.
Nous nous demanderons: quel atétpavoç était nommé tpi/.ortiii'ftç et quel était
l'autre ?
La distribution de couronnes, de grande importance d'abord dans les questions
sacrales, comme signes distinctifs d'honneur, est connue dans toute la Grèce, depuis
les temps les plus reculés, et ensuite surtout aux grands agones célèbres, aux jeux
Phythiens, Olympiens, Néméens, et Isthmiens 2 ).
Les couronnes de fleurs (aré<paroç arûtvoç) étaient rares 3 ). Dans la plupart
des cas elles étaient de feuilles toujours vertes soit de laurier (Ôdyn/ç oxéiparoç ou
oxêtpavoç ôàxpvivoç) 4 ), de l'arbre d'Apollon Pythios, soit d'olivier (èXaiaç oxé<pavoç 5 ),
auquel nous devons penser, quand nous lisons ûallov OTEtpàvq) ou i%ûMr(p Oxe<pàv(p
dans les nombreuses inscriptions de partout, soit de myrte 0 ) (pi,V(5£(vr)Ç axérpavoç),
soit de cyprès 7 ).
Dans notre inscription, la couronne a été probablement un oxé(pavoç legôç, i. e.
rod '&eov, une couronne sacrée de Bacchus, une couronne de lierre (voir xixxov oretpdvo)
x(J> Txaxoup xov &EOV de Péparèthe, chez Dittenberger, Sylloge, éd. 3, 587, 1. 31—32).
Il y a eu deux oxéqoavoi: l'un çpiloxitiiaç,, l'autre e/deoyeoiac (?), dont nous ne
pouvons pas deviner les signes distinctifs. L'une des couronnes se porte ôiù fiiov à
tous les festivals, l'autre ôià fiiov, mais seulement xâ xnu:r>)Qtôi (1. 11).
Il est intéressant de voir ces oxéqoavoi qualifiés par des substantifs abstraits. Mais
de quelle façon a été la couronne destinée aux membres élus pour le contrôle de la
construction du temple et pour l'administration des fonds recueillis? Etait-ce une
autre que l'une des deux couronnes nommées plus haut? A cause des mots xuxà
xniex7]Qi'Ôa (1. 19 — 20) nous sommes tenté de croire que la couronne des trois com
missaires était la même que la seconde.
Pour ce qui concerne le mot ovvoôoç de la ligne 19, il est très usité dans le
langage de la vie sociétaire postérieure des Grecs, et signifie des associations aux buts
religieux et économiques-sociaux.
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CALLATIS
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ÏIICOlMIII.I, S U Cil C - S \ \ IWl
*) Confer la salle des Iobacches découverte par êv Aî/ivaiç. Voir mon article, Statutele Iobachilor,
Dôrpfeld à Athènes, dans le district de Dionysos Orpheus, 1925, no. 3, p. 1 et suiv.
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CALLATIS
N r . 2.
Stèle en m a r b r e b l a n c , c o m p o s é e
a u j o u r d ' h u i d e c i n q m o r c e a u x , de 96
c m de h a u t e u r , a v e c u n f r o n t o n 85
c m d e h a u t a u m i l i e u , s u r les d e u x
c ô t é s de 4 c m d e h a u t .
L a l a r g e u r d e la stèle est en b a s
d e 42 c m , e n h a u t de 37 c m , l'épais-
s e u r d e 16 e t 10 c m .
L a face g r a v é e e s t a p p r o f o n d i e de
1.8 c m e t l ' i n s c r i p t i o n e s t e n c a d r é e
p a r u n b o r d élevé d e 4.5 c m d e l a r g e ,
à g a u c h e e t à d r o i t e . L e b o r d a u des-
sous d u f r o n t o n est de 1.8 cm de l a r g e u r .
Le t y m p a n du fronton sans acro-
t è r e s e s t u n p e u a p p r o f o n d i et e n c a d r é
p a r t r o i s c ô t é s de 1.8 c m de l a r g e u r .
A d r o i t e d u t y m p a n on v o i t es-
q u i s s é en lignes incisées u n d a u p h i n ,
le s y m b o l e de la p r o t e c t i o n b é n é v o l e
d i v i n e , le s y m b o l e d u v o y a g e h e u r e u x ,
la m a s c o t t e des n a v i g a t e u r s . S u r son
r a p p o r t avec Dionysos, voir T h r a e m e r ,
R o s c h e r Ausfiihrliches L e x i c o n der
griech. u n d r ô m . Mythologie, I, p .
1 0 8 3 , s. v . D i o n y s o s . Fig. 39.
A 3 c m d u b o r d s u p é r i e u r e t à 1.2
c m d u b o r d à g a u c h e c o m m e n c e l ' i n s c r i p t i o n de 42 lignes. A p a r t i r d e la ligne
29 les l e t t r e s s o n t u n p e u p l u s g r a n d e s q u e 0,8 c m .
L a stèle e n b a s , s u r ses d e u x c ô t é s , à 6 cm d u b o u t est a r r o n d i e j u s q u ' à u n e
p r o f o n d e u r d e 2 c m ; elle est a u r e v e r s , à 6 cm d u b o u t , p l u s p r o f o n d é m e n t t a i l l é e ,
d e v a n t ê t r e m o n t é e s u r u n socle, sur u n e b a s e .
l
) Cf. l'inscription argienne, Michel, Rec. 1011, 1. 2 6 : VJieQÛvgœf &fjvat] rf/v eïooôov. Voir Poland
l. c. p . 468 et suiv.
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
D a n s la s u i t e n o u s d o n n o n s la p h o t o g r a p h i e (fig. 39) e t la t r a n s c r i p t i o n de
l'inscription.
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CALLATIS
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THÉOPHILE SAUCIUr.-SĂVEANU
3
*) M e i s t e r h a n s - S c h w y z e r , G r a m m a t i k der a t - ) Dessau, Regcs T h r a c i a e qui f u e r u n t i m p e -
tischen I n s c h r i f t e n , p . 49. Voir encore nolehaç à r a n t e A u g u s t o , E p h e m . epigr. I X , p . 697 et suiv.
4
la ligne 11 et 18 ; [reij/idç, Tereifiào&ai et xeifiaïç ) Plut., A p o p h t h . Caes. A u g . 2, p . 207 A ; cf.
a u x lignes 16, 28 et 29, (fiXcaeinov et (pdorei/uaç v i t a R o m . 17.
6
a u x lignes 33 et 36. ) Voir H e r w c r d e n , Lexicon graec. suppl. e
2
) Collitz-Bechtel, /. c. 3094, 1. 2. dialect. 1902, s. v. Avxrjoç.
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CALLATIS
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVKANU
L'inscription devait être placée elç rov inupavèaxaxov rov fxvjipv xônov. Le lieu
doit être ènupavêaraTOÇ ] ), non pas de la ville mais rov [ivyj>v.
Le mot /tv%6ç nous est connu par Homère 2 ), où nous le trouvons dans la phrase
stéréotype êç fiv%àv ê$ ovÔov ou e£ ovôoïo. Cette phrase indique qu'une fois étaient
des %â).XEoi xoïyoi, une autre fois des finovoi neol TOÏ%OV3) depuis le seuil jusqu'au
coin le plus reculé et plus caché de la salle. Dans la phrase èç fÂV%àv t'| ovÔov le
mot juv%6ç a le sens d'intérieur. C'est dans le même sens que le mot est employé dans
notre inscription. Il est évident qu'il ne s'agit ici que de l'intérieur d'un édifice des
thiasites, soit du temple du dieu protecteur du thiasos, connu par l'inscription pré
cédente, soit de la salle des assemblées que nous pouvons nous imaginer pareille
au Baccheion des Iobacches d'Athènes.
La distinction accordée à Ariston devait être publiée jusqu'au mois de Avxijov,
mois d'Apollon Lykeios, adoré aussi à Mégare (I. G. VII, 1, 35). Au mois de Avxijaç
ont été célébrés rà Çerixà Aiovvoia, probable
ment la plus importante fête de Dionysos
de Callatis correspondant aux Aiorvata fxe-
yâla ou rà èv "Aarei d'Athènes du mois
de l'Elaphébolion, où les Athéniens con
cluaient des conventions avec les Etats
étrangers et où ils distribuaient les distin
ctions 4 ).
A côté des Çenxà Aiovvoia, il est évident
que les Callatiens auront eu aussi d'autres
Dionysia.
Il est probable que ces Çevixà Atorvaia
étaient triétériques 5 ).
Sur Ariston, fils d'Ariston, membre du
Fig. 40. thiasos de Callatis, dont la mascotte était
le dauphin et dont les distinctions devaient
être publiées jusqu'aux Çenxà Aiorvoia du mois de Avxtjoç, nous n'avons pas d'autres
informations. Les distinctions décrétées aux deux Ariston, père et fils, nous montrent
qu'ils appartenaient à une famille influente de Callatis à une époque où la ville
accordait le titre de bienfaiteur et fondateur à tous ceux qui venaient moralement
et matériellement au secours de la ville, de ses institutions politiques-religieuses et
au secours de ses citoyens tombés en péril par suite des complications nombreuses
avec les tribus barbares des régions thraces durant la vie et l'activité d'Ariston
père et Ariston fils.
2
') Voir à Delphes àva&éfiev èv râ> èmqpave- ) Od. VII, 87 et 96.
3
aràrq) TÔTCO) rod leoov, Dittenberger, Sylloge, éd. ) Voir aussi Herwerden, Lex. suppl. et dial.,
3,438, 1. 29 — 30 ; à Erétrie, àva&eïvai èv rib éd. 2, s. v. nvyrôç.
yvfxvaaioi èv rGi ênirpaveararw râncp, Ditt. Syl- *) A Mégare nous connaissons les Aiovvoia par
l o g e \ 714, 1. 44; Chalassarnai (Crête), xaï à- l'inscription. I. G. V I I , 1, 21, 1. 34.
5
vaMvro) èç rà leqàv rov 'ATI6U.O)VOÇ èç ràv èm- ) Cf. pour Athènes, Moinmscn, Fcste der Stadt
(favéararuv rônov, Ditt. Syllogc 3 , 368, 1. 45 — 46. Athen im Altertum, Leipzig, 1898, p. 2 9 ; Kern,
Chez Pârvan, /. c , p. 63, 1. 20 nous trouvons les Dionysos, dans Pauly-Wissowa, R E , V, 1021 et
mots: èç ràv èmantiôrarov rônov rov yvfivaolov. suiv.
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CALIATIS
No. 3.
Dans la cour de Ismail Secheria nous avons trouvé u n fragment de stèle en
marbre, 23 cm de long, 23 */2 de large, 8 cm de gros. On y voit (Fig. 40) en deux
lignes, les m o t s :
0AABIOC E— | AQPOC, en lettres de 1.8 cm de grandeur.
Après ÔCOQOÇ l'espace est libre de 11 cm, non taillé de 5 cm. Au-dessous de
Ô(»QOÇ, l'espace est libre de 15 cm.
Le nom de Flavius est un terminus post quem pour la détermination chro-
nologique de ce m o n u m e n t .
r
ÔCOQOÇ est la seconde partie du nom qui peut avoir été E[on6Jôcoooç (Bechtel-
Fick, Die griech. Personnenamen, éd. 2, 1894,
p . 105), si, après le nom de Flavius, il n ' y
a eu, en effet, q u ' u n espace libre de 6 cm
-. -~-—,
3T
destiné à l'inscription.
l|KfOE No. 4.
Une grosse colonne en marbre, à inscrip-
N tion (voir la figure 41), a été coupée en mor-
ceaux et transformée en corniche, à ce que
nous montre le fragment qui se trouve dans
■ »
ax o v
AV N A
AEITA
cli TtanoJôeÏTa
Nous relevons la ligature de trois lettres à la première ligne. L ' Y
m o n t r e une petite barre transversale.
Fig. 43. No. 6.
U n a u t r e motif de représentations plastiques habituel au sud du Danube se
t r o u v e sur un fragment d'ex-voto, en marbre de la riche collection de M. Roşculeţ
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10 Ducia T 1924.
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
Fig. 44.
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CALLATIS
No. 8.
Sur un fragment de stèle (72X22.5X20 cm), en marbre (Fig. 45), ayant à gauche
et à droite des marges, nous lisons, en lettres de 3.8 cm de grandeur, les mots:
fivtf[tf]Ç
xavx è-
No. 9.
A une époque postérieure, chrétienne, appartient l'inscription xov (pûcoxxîoxov
d'un fragment en marbre profilé ( 1 9 X 3 2 X 7 6 cm), au musée no. 13. E n relief
on voit dans un cercle le signe de la croix. Devant l'inscription il y a une feuille gra-
vée. Voir les figures 46 et 47.
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m»
THÉOPHILE SAIJCIUC-SAVKANU
i ri ! M 'T " '.•*. '.V t '. *. ' l M H11111 '.'î '." 7: ','i '?r. JiT; ■'.■.am » iH» 11 " ;v.'i T? '.• • '.J?^^f w'.Jl'".v.':V/.'SB^**"
'"■wWWlwniiwiiiiuiw'liiwiiiwniriiiiWWiiiiiili ■'wptiMit«miw,:tin*nV»"utHn«wti*nrtri.
Fig. 47.
I
AI10A
J
*) Cf. Walter Altmann, Die romischen Grab- ) Je dois le dessin du monument à M. Dc-
altare der Kaiserzeit, 1905, Berlin. mianov.
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CALLATIS
E n i ... o
A
APX . . IOY
1
) Conf. l ' a t t r i b u t chez D u m o n t , l. c. pi. 6, no. u n d R ô m e r . Ed. 6, p a g . 267, fig. 321.
3
12 et pi. 8 n o . 17. ) Bechtel-Fick, Die griechischen Personen-
2
) On voit q u e l q u e chose de pareil sur u n e n a m e n , p . 286.
4
t a b l e d'argile qui se t r o u v e à P a r i s . Voir la repro- ) Hellas I V , 5 — 6, p . 57.
d u c t i o n chez G u h l - K o n e r , Leben der Griechen
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T H É O P H I L E SAUCIUC-SĂVEANU
6) Un fragment d'anse avec une partie du goulot, long de 8 cm, large de 4.3 cm,
épais de 2.2 cm (mesure du pourtour de l'anse de 11 cm), de courbure très arrondie.
La terre en est très fine, bien travaillée avec un peu de petites paillettes blanches.
La couleur est jaune-clair à la surface et à l'intérieur.
L'anse n'est pas soigneusement travaillée et le timbre est imprimé à la hâte,
de sorte que la partie inférieure seule et un peu de la partie gauche sont visibles.
On voit là les lettres AEO. Le delta ne peut être alpha.
On remarque au milieu du timbre un quadrupède (Fig. 52) probablement un
chien courant la queue touffue en l'air.
7) Un petit fragment d'anse double (Fig. 53), formé par deux anses rondes réunies,
de courbure lente, long de 6 cm, large de 4.6 cm, épais de 2.3 cm, pourtour 12.3
cm, est formé de terre fine et bien travaillée. On y remarque de petites paillettes
fines et brillantes. La surface est teinte en jaune vert. A l'intérieur, la terre est de
couleur rouge-clair. Sur la partie d'en bas de l'anse double on voit un sceau frag
mentaire, rectangulaire, long de 4.4 cm, large de 0.7 cm, avec les lettres KEPAD,
hautes de 0.6 cm. Les deux barres parallèles et verticales, devant le K ne peuvent
appartenir qu'à la forme du sceau. Dans les lettres KKPAQ nous ne pouvons voir
que le nom Kégôcov, commun en Grèce (Pape-Benseler, "Wôrtcrbuch der griech. Ei-
gennamen, s. v.) pour les esclaves et hommes libres, d'autant plus qu'après l'eo
nous pouvons remarquer les traces d'une barre verticale. Conf. aussi Bechtel-Fick,
Die griech. Personennamen, p . 160. Dans la partie intérieure de l'anse double on
voit encore l'impression du doigt de l'ouvrier qui a mis le sceau.
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CALLATIS
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THÉOPHILE SAUCTUC-SĂVEANU
12) Un fragment d'anse (Fig. 58), long de 8.0 cm, large de 4.3 cm, épais de 2.3 cm,
pourtour de 11.5 cm, en terre fine, bien travaillé, de couleur rosâtre, à la surface
légèrement poudreuse, à teinte d'un jaune pâle, à la courbure élégante (voir fig. 59),
montre le sceau rectangulaire, long de 6 cm, large de 2 cm, avec les lettres :
IZT1AI0
AIT YNO
nOIEIAD
TOY IIPQNYMOY
TOY IlOZl ADN 10 Y
On n'a que des traces méconnaissables de l'attribut. Parmi les lettres de forme
petite sont remarquables l'omicron fort petit, comme un point, et le pi avec la se
conde barre parallèle plus courte.
15) Un fragment d'anse double, formé par deux anses rondes, soudées sur toute
leur longueur et collées à l'embouchure et à la panse, en terre rosée à l'intérieur,
rouge pâle à la surface, porte du côté intérieur d'une anse la lettre A (Fig. 62).
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CALLATI S
16) Une anse double, de couleur rose, a sur une moitié une estampille à inscrip-
tion fragmentaire dont on peut distinguer les lettres êm (Fig. 63).
17) Un fragment (Fig. 64), 7 % cm, de long. 4 cm de large, 2 cm d'épaisseur pour-
tour 10 cm, en terre fine, bien travaillée, avec un grand nombre de paillettes bril-
lantes et blanches, couleur rouge brique clair, à courbure brusque, presque rectan-
gulaire, porte un sceau avec l'attribut en forme de quadrupède dont le cou est
long. Au dessus et au dessous de ce quadrupède on lit en deux lignes les lettres
IA ITHI
Il A YIANJHI
La forme ïonienne du second nom mérite d'être relevée.
18) Fragment d'anse (Fig. 65), 7 cm de long, 3.5 cm de large, 2 cm de gros, avec
une partie de l'embouchure.
Pourtour 10 cm, à courbure gracieuse, en terre fine, bien travaillée, avec
des petites paillettes jau-
ne doré et blanches, à la
surface jaune gris et pou-
dreuse, à l'intérieur rouge
brique clair.
Le sceau, légèrement
imprimé et pour cela dé-
fectueux, à l'exception
du coin droit d'en haut,
Fig. 66.
est long de 3 cm et large
de iy2 cm. Au centre on voit un trépied de forme nor-
Fig. 65.
male et le long d'un pied on lit les lettres IITEIAII,
évidemment ''AqJiaTEiaric. Conf. le nom 'Açioreiôaç sur les inscriptions d'origine rho-
dienne chez Dumont, Z. c. p. 83, n. 50 — 53.
Un thêta paraît être sous le second pied du trépied. En haut du trépied, à gauche,
incertaines, les lettres QX.
19) Fragment d'embouchure de vase (Fig. 66), 9 % c m ^ e l° n g> ^a corde de l'arc de
7 cm est de 5 cm. Terre grossière, rougeâtre, avec beaucoup de paillettes blanches. Le
sceau, long de 5 cm, large de 2 % cm, a des lettres altérées et à peine lisibles. On y lit:
. . XXOOIV
êm 'AjtMpna
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
dreuse et d'un rouge brique clair à la surface, de travail peu soigné. Le sceau fra
gmentaire (large de 1.5 cm) montre une feuille en forme de coeur (Fig. 67).
21) Fragment de l'embouchure d'un vase avec une partie (celle-ci longue de 6.5
cm, large de 4.5 cm, épaisse de 2 cm, pourtour de 10.7 cm) d'anse (Fig. 68), en terre
fine, bien travaillée, dont les fractures montrent un rose pâle ; à la surface légèrement
poudreuse, de teinte d'un jaune pâle. Le sceau (large de 2.2 cm) légèrement im
primé est cassé à droite et porte dans la partie conservée une inscription, proba
blement en trois lignes, dont la troisième ne nous a conservé aucune lettre.
EI11 APAKOfN]-
roi EYOPY
Cf. l'inscription no. 65 chez Dumont, /. c. p . 347, où nous rencontrons les mots
*Eni AçàxovToç, et no. 66 de la dixième série des
inscriptions d'origine enidienne où peut-être se
trouvent quelques lettres du nom qui commence,
comme dans notre inscription, par les lettres
EV&Q.
22) Fragment d'anse, long de 7 cm, large de
4 cm, épais de 2.3 cm, pourtour de 11 cm, en terre
fine, bien travaillée, avec un grand nombre de
paillettes blanches, couleur rouge brique, portant
un sceau, long de 1.5 cm,
large de 1.3 cm avec le mo
nogramme indiqué dans la
fig. 69.
Sur les sigles des po
tiers voir Courby, Les va
ses grecs à reliefs, 1922, p .
394 ; cf. les monogrammes
sur les monnaies de Calla- 71.
Fig. 70.
tis chez Pick, Die antiken Mûnzen Nordgriechenlands I, p . 97,
n. 197 et 198.
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CALLATIS
23) Fragment d'anse, long de 4 cm, large de 4.5 cm, épais de 2 cm, pourtour de
10.7 cm, en terre fine, très bien travaillée, couleur brun clair. Le sceau, large de 1.1 cm,
montre les lettres finales CTO d'une forme peu soignée. L'estampille y a été profon
dément imprimée (Fig. 70).
L'intérieur du vase auquel appartient cette anse était cannelé comme nous le
démontre un reste attaché à l'anse.
24) Un fragment d'anse, d'argile très fine et molle, couleur ocre clair blanc, long
de 9.5 cm, large de 4.5 cm, gros de 2.5 cm, porte deux signes en forme de x.
Des amphores et des fragments de vases trouvés au lit de la mer reculée à Man-
galia, qui aujourd'hui font partie de la collection précieuse de l'avocat N. Roşculeţ à
Constanta, rue Badescu 8, je n'en ai pu noter à la hâte que les inscriptions suivantes,
incisées sur le col dont j ' a i fait les copies sans autres indications (Voir fig. 71):
25) EY0PAIO2
A YZWE
Après l'epsilon du mot Avnlêe on voit
l'attribut d'un vase.
26) EYnOPOZ
A YZWE
Entre les deux lignes on voit à droite
un canthare couché.
27) XAIPEZ1
AYII0E
L'attribut comme dans l'inscription précédente.
Le nom Avoîêefoç] qui se répète avec trois autres noms, Euphraios, Euporos
et Chairesikles ( ?) peu têtre plutôt le patronymique, le nom du père des trois fils
potiers, que le nom d'une autorité municipale.
28) Un fragment de col de vase, trouvé à Tatlagiac sur le terrain de Vlas Tra-
himac près de la pêcherie.
Le fragment est en terre moins fine, à l'intérieur couleur rouge brique, à la sur-
face grise, avec des paillettes brillantes et blanches. Il est pourvu d'une estampille
en creux portant l'inscription (Fig. 72):
ZKY0A2
MAAAKOI
A la fin, entre les deux lignes, on voit la figure d'un canthare couché.
Le sigma et le my semblent être un griffonnage postérieur, d'autant plus que
l'on voit deux barres formant un angle, qui ont été ajoutées au pied du sigma.
Si nous n'avons pas d'indications dans l'empreinte même, nous pouvons fort
facilement commettre une erreur voulant déterminer la provenance d'un fragment
d'anse quelconque par la nature de la terre, par la couleur de l'anse ou par la
courbure.
Dans la plupart des cas la terre ne varie que très peu et la courbure est beau-
coup sujette aux hasards. Dans l'argile on trouve presque partout des paillettes
brillantes ou blanches.
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THÉOPHILE SAUCItJC-SĂVEAMJ
Les paillettes noires ou dorées sont une indication plus précieuse pour déterminer
à quel centre de production peut appartenir un fragment quelconque.
En ce qui concerne la couleur, elle est encore plus incertaine. Car la cou
leur de la même argile varie en mille nuances et dépend de l'intensité et de la
durée du feu auquel les vases ont été exposés. Pour ces considérations, j ' a i préféré
n'indiquer que deux fois dans ce rapport préliminaire le centre et l'origine auxquels
les fragments d'anse énumérés pourraient appartenir. E t dans les deux cas les in-
scriptions nous in
diquent l'origine de
"N
l'île de Thasos. Dans A
l'ordre de remune \
ration je me suis EnrxYo
Fig. 73. guidé plutôt par la \...
couleur de l'argile. Al
La forme de l'anse pourrait, elle aussi, être
d'une importance déterminante au sujet de l'ori
gine, si nous avions plus que les très petits frag
ments d'anse trouvés dans les endroits différents
où nous avons fait les fouilles dans une profon- J'j——
deur atteignant 4 mètres.
Fig. 74.
29) Un fragment de pithos qui se trouvait
chez Theoharidis, aux dimensions de 2 6 X 9 X 8 cm, porte autour de l'embouchure les
lettres W II III qui devraient indiquer la capacité du vase (Voir la fig. 73).
30) Une tuile du musée de la sous-préfecture, no. 18, porte l'in
scription (Voir la figure 74) :
EIII2X YO
A KO ^NO
J e n'enregistrerai pas au chapitre suivant, mais immédiatement
Fig. 75.
ici, les inscriptions gravées sur de la céramique vernie.
31) Fragment de fond rond (de 4 cm de diamètre) d'un vase à vernis noir. Autour
du point central, couleur d'argile, des bandes circulaires, t a n t ô t plus larges, tantôt
plus étroites, à vernis noir luisant, de couleur de l'argile et de couleur brune al
ternent.
Sur le verni noir de la bande circulaire de la marge du fond on lit les lettres
OYFA soigneusement et joliment gravées.
La petite forme du thêta avec le point au milieu nous rappelle les caractères
du IV-ème siècle av. J. Chr. (Fig. 75).
Sur la partie inférieure du vase à embouchure évasée, on voit, autour d'un
cercle du milieu du vase, deux palmettes, liées entre elles par un arc, qui passe du
centre d'une palmette au centre de l'autre. On remarque aussi des restes d'une
autre paire de cercles, qui auront été attachés à deux autres palmettes.
32) La partie inférieure d'un vase d'argile, couleur ocre jaune brûlé blanc. La
base ronde de 12 cm diamètre a un pied de 12 cm de h a u t et de 0.6 d'épaisseur. Le
fond intérieur de la base est un peu creux et porte sur le vernis noir mat les let
tres ME.
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CAI I.ATIS
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
gauche. Elle était posée probablement dans un groupe. Conf. Eros adolescent dans
Courby, /. c , p. 208, fig. 34, 2, et le moulage antique en plâtre du musée Hildesheim,
p. 211, fig. 35 a. (Fig. 79).
Moule en terre cuite rouge d'une tête de femme, 8 cm de long, le cou 2 cm de
long, aux boucles de type archaïque. La tête porte une sorte de couronne. C'est
peut-être la tête d'une déesse à nuance locale, peut-être Cybèle (Fig. 80).
Une main avec le bras inférieur depuis le coude, long de lx/2 c m ' excellemment
travaillé, appartenant à une statuette d'environ 28 cm de hauteur (Fig. 81).
Un morceau du bras inférieur (3.2 cm) et le bras supérieur (5 cm), en terre cuite
rouge, d'une figurine vêtue.
A>- Un petit reste appartient
à une statuette en terre cuite
rouge.
Fig. 82.
Nous possédons aussi un
petit masque de Silène à la
fig. 82.
Nous enregistrons ici en
core deux de ces objets, nom
més poids à tisser, en terre
cuite rouge en forme de pyra- l
mide tronquée, trouvés au fou- I
illes chez Dan. L'un est 4.5 cm ^
Fig. 80. de haut et a la base carrée de *
3.3 cm, l'autre 6 cm de haut I
et 4.2 cm-. I
Chez Ionaşcu à Mangalia, nous I
avons vu la figurine féminine, envelop- I
pée, en terre cuite rouge, de 15.5 cm '
p;„ ai de haut, sur une plinthe (Voir fig. 83). ,
b) Vases. La récolte de céramique *- Fig. 83.
est extrêmement pauvre au point de vue des vases intacts, mais
assez riche en fragments. La plupart en ont été découverts dans la cour de C. Dan.
Nous sommes tenté de supposer qu'il y avait ici un magasin potier.
Nous divisons ces fragments en fragments en argile commune, non vernie et
sans décor, et en ceux qui sont vernis et décorés.
La céramique simple appartient pour la plupart aux amphores destinées au
commerce de vin ou d'huile. A ces amphores, quelque uniformité que fût pro
duite par la roue, il y a une vaste échelle de possibilités qui fait varier les formes. E t
cette variation dépend de bien de circonstances qui peuvent se produire plus faci
lement pour la partie inférieure des vases.
Trois spécimens nous montrent les formes de pareilles amphores. Elles ont été
trouvées incidemment par les habitants du pays.
La fig. 71 montre 3 amphores de formes diverses, photografiées chez l'avocat
N. Roşculeţ de Constanta. Deux autres fragments d'amphores, trouvés de même à
Mangalia, appartiennent au même M. Roşculeţ.
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CALLATIS
Une amphore entière et la partie supérieure avec l'anse d'une autre amphore
ont été photografiées par nous chez M. D. Ionaşcu de Mangalia.
Les Callatiens auront sans doute eu leurs propres amphores faites en l'argile qui
se trouve au voisinage de la ville et qui est merveilleusement propre à la fabrication
des vases. La carrière d'argile, située au chemin des bains sulfureux, est encore aujour
d'hui fort recherchée par les habitants de la ville de Mangalia à cause de ses qualités
supérieures.
Les amphores qui se trouvent depuis la Russie méridionale jusqu'en Provence,
et temporellement depuis l'époque La Têne jusqu'aux grandes migrations qui ont
coupé et achevé les relations commerciales, ont servi aussi à Callatis au cours des
siècles comme ustensils indispensables pour toute espèce de liquides. E t le nombre des
ici les types les plus intéressants de pieds notés, sans pouvoir affirmer s'ils ont été
fabriqués à Callatis ou ailleurs (Fig. 84).
Parmi les fragments de vases en argile commune, on en relève un de pâte
grossière. Le fragment nous fait voir trois impressions de pouces l'une près de
l'autre.
Plus intéressants sont les fragments de vases vernis et aux ornements peints et
en relief. Les vases peints ne sont pas polychromes. Pour la plupart des cas ce sont
l'argile et le vernis qui constituent les couleurs de l'ornement.
Les vases à relief sont à glaçure et à vernis mat. Nous avons encore des fra
gments de vases vernis côtelés, en argile, qui sont fort répandus et datent de la fin
du IV-ème et du commencement du III-ème siècle. Ils semblent être nés en Crète,
et pour leur commerce la ville d'Athènes doit avoir joué un rôle important.
Un seul vase est intact. Sur un pied de 4.2 cm de diamètre et 0,6 cm de
hauteur, qui, dans une excavation centrale de 2.5 cm de diamètre porte un om
phalos pointu, s'élève une petite écuelle de 9 cm de diamètre et de 2.5 cm de profon
deur. E n vernis noir mat, il peut constituer une sorte de cendrier (Voir la fig. 85).
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THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU
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CALLATIS
Entre les feuilles, en haut et en bas de la tige ondulée, il y a trois petits points
blancs; un seul petit point de masse blanche se voit entre les pétioles de chaque
feuille.
Nous avons plusieurs fragments de vases côtelés, en argile fine, couleur ocre
chair blanche. La figure 88 nous montre un pareil fragment; le pied, à vernis noir
brun mat. 11 se compose d'une partie ronde de 7.2 cm de diamètre, à profil mouluré.
Dans l'excavation de son intérieur on voit un omphalos. La partie ronde est surmontée
d'un cône tronqué d'une circonférence de 11 —10 cm et de 3.6 cm de hauteur. La
partie inférieure de la panse de vase conservée a 4 champs. Deux champs opposés
sont munis de 23 ou 25 cannelures, les deux autres ne montrent que 3 cannelures
irrégulièrement gravées au milieu de chaque champ.
Pour la partie supérieure, cf. Courby, /. c , p. 202, fig. 32.
Il y a un autre fragment
à peu-près de la même espèce,
de dimensions plus grandes ;
il nous est parvenu sans pied.
Les deux champs cannelés ont
19 — 20 cannelures. Chacun des
autres champs n'a que deux
lignes, convergentes vers une
partie qui est aujourd'hui per-
due.
On voit les mêmes lignes
Fig. 88. sur un autre fragment de vase Fig. 89.
cannelé dont la panse est, à la
partie inférieure, couleur rouge de Venise, à la partie supérieure, d'un vernis de cou-
leur d'argent (Fig. 89).
Très usé est un petit
fragment.
Un fragment de vase
^ËvSil
en argile, gris, sans ver-
nis, a des incisions pri-
mitives à partir du mi-
Fig. 90. Fig. 91. Fig. 92.
lieu de la panse jus-
qu'en bas. Nous pouvons considérer ce fragment comme appartenant à la phase
initiale de l'imitation des vases métalliques.
Il y a des petits fragments à glaçure avec un décor en relief qui peut être
qualifié d'oves ou des côtelettes.
La figure 90 nous montre des incisions en barres courtes et parallèles, suivies
en bas d'autres incisions qui sont faites dans les intervalles des incisions précé-
dentes et ainsi de suite.
Le décor d'un autre fragment de vase de couleur ocre chair est à peu près le même.
Nous attribuerons beaucoup de fragments trouvés aux vases dont le nom antique
est ignoré et que les modernes ont convenu d'appeler bols. Voir Courby, î. c , p .
329 et ss.
161
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I I Dacin I 1084.
THÉOPHILE SAUCIUC-SÂ.VEANU
Deux fragments (Fig. 91, 92), de la partie inférieure d'un bol, de couleur grise,
sans vernis, au fond concave, nous montrent en relief une ligne pointillée suivie de
deux lignes parallèles. Les points et les lignes couvrent probablement la surface to-
tale du bol. Car, deux autres fragments d'un bol (Fig. 93) à vernis mat, font voir
des godrons et des lignes pointillées verticales de la même sorte, sous le rebord de
1.5 cm de largeur incliné vers l'intérieur et après une bordure de parallélogrammes,
formés de lignes pointillées et entourés de deux lignes horizontales.
Un petit fragment de vase, couleur d'argent rougeâtre, montre un décor en re-
lief similaire.
Fragment de bol, partie inférieure, de couleur gris cendré. Sur le fond un peu
concave de 5 cm de diamètre on voit le sigle EY.
La partie inférieure du bol est ornée de folioles, de palmettes imbriquées. Voir
Courby, l. c. p . 353, fig. 73 o. p . et p . 368 fig. 80, 8; p. 394, f. 383. Comment était le
décor de la partie supérieure c'est ce que nous pouvons seulement soupçonner.
162
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CALLATIS
Petit fragment de panse de bol brisé en deux (Fig. 95), haut de 3 cm, 7 cm
de large, 0.4 cm de gros, couleur gris cendre, de vernis noir mat. Après une bordure
d'oves et de dards suit une zone de 3 cm de largeur où l'on voit des figures humaines
en relief. Une figure assise sur un bloc tient à la main gauche une lyre et en touche
de l'autre main les cordes. Les pieds semblent être d'un quadrupède cornu, ce qui
se confirme par l'entourage du joueur de lyre.
Devant cette figure assise, il y a une deuxième figure debout, type de Silène.
Elle tient à la main gauche un bâton en forme de croix. C'est peut-être un thyrse et
un habit ou une grappe de raisin. Elle court, la jambe gauche un peu avancée. Une
autre figure ailée, le pied droit avancé, tient à ses deux mains un bâton qui grossit
vers le b o u t ; peut-être est-ce une massue. Son visage ne peut être si facilement
distingué que celui du Silène qui court après lui.
Mais on remarque assez clairement sur le dos de
cette figure une queue, de sorte
que nous ne pouvons douter de
sa signification. Nous avons à
faire à une scène bacchique. Der-
rière la figure assise on voit les
restes des pieds d'une quatrième
Fig. 96. Fig. 97.
figure et un objet indéterminé.
Les restes d'une seconde zone sont trop exigus.
Un fragment de vase en relief en couleur rouge indien. Il y a un reste exigu de
décor. Un reste plus remarquable nous montre un petit fleuron.
Un fragment de pied de vase a, à l'intérieur, un objet tordu, en couleur ocre
chair, comme tout l'extérieur du fragment sauf le fond du pied qui est brun noir.
D'intérêt est encore un petit fragment de rebord et de la partie supérieure
de la panse d'un vase.
La plupart des fragments découverts appartiennent au type de patères plates, à
lustre noir, aux rebords plus ou moins droits, plus ou moins évasés, souvent aux bords
qui s'amoindrissent, inclinés en bas. Ces patères portent à l'intérieur decors de pal-
mettes estampées en cercle, disposées parfois autour d'un décor central.
Autour des palmettes estampées on voit souvent un ou plusieurs cercles simples
ou des cercles formés de barres courtes et parallèles. Ces dernières sont incisées, sur le
vase mis en rotation, au moyen d'un instrument pointu. Il y a encore des cercles
formés par des points deux à deux, incisés au moyen d'un instrument plus ou moins
pointu. Une fois nous voyons autour des palmettes, dirigées et liées au centre du
vase au moyen d'incisions oviformes, deux cercles simples et parallèles, dont l'in-
tervalle est rempli de crochets parallèles. Autour des cercles il y a des demi-cercles
qui s'entrecoupent et puis des palmettes rangées en cercle.
Le pied d'un tel vase fragmentaire est de 2 cm de haut. Sur le revers du pied,
garni de bandes circulaires, en couleur alternativement d'argile et de vernis noir
ou brun, on lit la lettre A. La base du vase porte au milieu un omphalos plus ou
moins prononcé.
Les variétés de cette sorte de vases (fig. 96 — 98), d'un lustre admirable, sont
données par le diamètre du vase entier, du pied, de la grandeur et d'épaisseur
163
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u*
THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
164
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CALLATI S
crampons fixés. Leur emploi est devenu clair: les crampons servaient à consolider les
parois grandes et lourdes des vases, qui se seraient cassés facilement à cause de leur
masse pesante.
Dans la partie inférieure d'une amphore découverte à une profondeur de 2.5 cm
dans la cour de C. Dan, se trouvait une masse verdâtre qui nous semblait huileuse.
Ne pouvant faire l'analysese sur les lieux, nous nous sommes adressé à notre collègue,
M. F . Netolitzki de Cernăuţi. M. Netolitzki a bienvoulu nous donner l'information
demandée au sujet de la masse trouvée dans le fragment d'amphore et de quel
ques restes d'os mélangés avec de la terre, trouvés dans un autre fragment. Nous
reproduisons la constation de M. Netolitzki écrite en allemand:
1. Amphoraftiss:
lin Inneren befindet sich grunlich-graue erdige Masse, welche in unregelmăssig-
kantige Stiicke durch Austrocknen zerfăllt. An einem der Stiicke ist ein rinnenfôr-
mig vertiefter Abdruck vorhanden, der keiner Erhabenheit an dem Gefassstiicke
entspricht. Mit Wasser befeuchtet zerfăllt die Masse sofort in ein griinlich-graues
Pulver, das unter dem Mikroskope nur aus sehr kleinen kantigen Gesteinssplitterchen
besteht, die auch jetzt einen schwach grùnlichen Farbton besitzen. Mineralsauren
losen nicht ; nur ein leichter schwach-rôtlicher Anflug auf den Bruchstellen der er-
digen Massen lôst sich in Salzsăure unter Entwicklung von Kohlensâureblàschen.
Organisierte Bestandteile, etwa Kieselskelette von Getreidepflanzen etc. fehlen.
2. Erde mit Knochenstiicken.
Durch Abziehen werden getrennt:
a) Knochen von mindestens zwei Tierarten, die ich mit Sicherheit nicht unter-
scheiden kann. Es findet sich ein Kieferstuck, dessen Form und Bezahnung auf eine
Eidechse weist. Andere Knochen gehôren aber bestimmt nicht zu diesem Tiere.
b) Zwei Stiicke Metalldraht mit rauher, grubig-warziger Oberflăche, welche ganz
in Patina verwandelt ist (kohlensaures Kupfer). Die angefeilte Flăche zeigt einen
Kupferkern umgeben von einem anderen Metall (Silber?).
c) Die Erde enthalt keine Pflanzenreste.
THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU
Professeur à VUniversité de Cernăuţi
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LES FOUILLES DE TINOSUL
I. LA STATION AVANT LES FOUILLES
1
) I. Andrieşescu, Piscul-Crăsani, An. Acad. torn. I l l , p p . 415, n. 3 ; 5 3 8 ; Dicfionarul geografic
Rom., sect, ist., ser. I l l , torn. I l l , mem. 1, Bu- al României, Bucurcşti, 1902, vol. V, p. 601, s. v . ;
cureşti, 1924 (avec résumé en français). Alex. Odobcscu, Artele din Romania, tn periodul
2
) Radu Vulpe, Raport asupra săpăturilor arheo- preistoric, Opère complete, I I I , Bucureşti, 1908,
logice delà Piscul-Coconilor, Bulct. Comis. Monum. p . 198; C. Moisil, Privire asupra antichităţilor pre-
Istorice, X V I I , Bucureşti, 1924, fasc. 39 (avec istorice ale României, Bui. Com. Mon. 1st., I I I , Bu-
résumé en français), p . 46 seqq. cureşti, 1910, p. 121 ; I. Andrieşescu, Contribuée la
3
) Aujourd'hui ce «Comité archéologique» n'e Dacia înainte de Romani, Iasi, 1912, p . 23, n. 44.
6
xiste plus. ) La collection Bolliac ne peut pas être visitée,
4
) Cctatea Tinosul, Trompeta Carpaţilor, 1869, No. quoiqu'elle se trouve déposée dans de caisses au
739. Nous reproduisons cette citation d'après C. Musée National de Bucarest. À la suite d'un in
Moisil (v. la note suivante), sans avoir à ce moment terminable procès de succession, elle est mise sous
la possibilité de voir l'article même de Bolliac. séquestre judiciaire. Nous n'avons pas sous la
5
) Gr. Tocilescu, Dacia înainte de Romani, An. main l'article publié dans la Trompeta Carpafilor,
Acad. Rom., Bucureşti, 1880, sect. I I , ser. I I , pour savoir s'il est illustré.
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LES FOUILLES DE TINOSUI.
Aucune information écrite ne nous laisse supposer que depuis Bolliac il y eut de nou
velles recherches à cette station. Toutefois, les habitants nous apprennent que, peu
de temps avant la guerre de 1916, l'endroit a été visité d'une manière superficielle par
Alexandre Dumitrescu, fonctionnaire de l'Académie Roumaine, auteur de quelques
communications au Bulletin de la Commission des Monuments Historiques, qui aurait
trouvé entre autres l'anse d'une amphore portant un timbre l ). Nous doutons qu'il
ait publié les résultats de ses recherches.
Au mois d'avril 1922, nous avons fait de notre propre initiative une première ex
cursion à Tinosul avec deux de nos collègues. Les quelques heures que nous y avons
passées nous ont permis de faire en hâte un relevé du plan et de trouver une certaine
quantité de débris de poteries grecques et de poteries primitives indigènes, ainsi qu'un
grand fragment de moulin à bras (v. pag. 210). Plus tard, au mois de juillet 1922
nous y avons accompagné notre maître, M. V. Pârvan. Cette fois-ci nous avons relevé
un plan plus complet de la station et nous avons emporté une plus grande quantité
de débris, preuve évidente d'une station préromaine, tout au plus protoromaine 2 ).
Les fouilles fructueuses entreprises par M. I. Andrieşescu en 1923 à Piscul-Crăsani,
station contemporaine de celle qui nous occupe, ont hâté la décision de M. Pârvan
de faire faire des fouilles également de ce côté-ci, sur les bords de la Prahova. Et c'est
à nous qu'il a pensé pour diriger les travaux.
A cela se réduit l'historique des recherches faites jusqu'à présent à Tinosul. On
trouvera plus bas l'exposé détaillé de nos fouilles et les résultats obtenus.
I I . SITUATION DE LA STATION
La station de Tinosul se trouve sur la rive gauche de la Prahova, à 45 km de Bu
carest et à 15 km de Ploeşti, plus précisément, à 1500 m ouest de la gare Prahova
du chemin de fer qui réunit ces deux villes, et à 500 m est du hameau Pisculeşti (la
commune de Tinosul). Le village de Tinosul 3) lui fait face de l'autre côté de l'eau.
La station consiste en un promontoire élevé de 21 m au-dessus des eaux de la
Prahova qui le minent, et de 141 m au-dessus du niveau de la mer (fig. 1). Point
trigonométrique de premier ordre de l'Institut géographique de l'Armée, c'est l'endroit
le plus haut de la région. Le promontoire fait partie d'un plateau isolé qui s'étend
entre la vallée de la Prahova et la vallée de Viişoara, petit ruisseau. Il est séparé de
ce plateau par une tranchée à rempart, ouvrage exécuté par les anciens habitants de
la station.
Sous la couche de terre végétale et sous la couche contenant les vestiges de vie
humaine, commence une couche profonde de terre brune qui repose sur le gravier et
le sable du lit de la rivière. Celui-ci a une largeur moyenne de 500 m ; à travers les
1
) Alex. Dumitrescu, tout en n ' a y a n t pas la rile Dunării, p. 139, 2 0 3 ; Getica, p. 133, 137,
prétention d'être un archéologue compétent, a 174 — 178, 219, sqq.
3
visité un grand nombre de stations antiques de ) La station se trouve sur la limite des com
la plaine valaque, mais à part quelques informa munes de Tinosul et de Puchenii-Crainici et fait
tions publiées dans les journaux habituels, il n'a partie au point de vue administratif de cette der
fait paraître aucun travail à leur sujet. Tout au nière. Nous l'appellerons toutefois Tinosul, vu que
moins sur Tinosul il n ' a rien publié. la commune du même nom est plus proche.
2
) V. P â r v a n , Inceputurile vielii romane la gu-
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
cailloux l'eau coule en petits filets qui tantôt se séparent tantôt se n'unissent. L'eau
ne dépasse 1 m de profondeur qu'à la suite de la fonte des neiges ou des pluies abon
dantes. Presque partout on peut passer la rivière à gué soit à pied, soit en voiture.
La région où est située la station est boisée. Ce sont les dernières ramifications
vers le nord, des vastes forêts massives de Vlăsia, qui s'étendent entre le Danube et
la région des collines comprenant les départements de Vlaşca, Teleorman, Ilfov et Pra-
hova. Un peu plus au nord se trouve la limite de la région des forêts de plaine et de
rmwm
i
*"*'* ^Pfe^cHftkâSH
la région des colhnes sous-carpathines. Les tumuli antiques, tellement répandus dans
les régions de plaine non boisée, font complètement défaut de ce côté-ci, bien que
nous nous trouvons en présence d'une époque où on avait l'habitude d'élever des tu
muli funéraires a ). Cela s'explique par le fait, que dans l'antiquité la forêt devait
être encore plus épaisse que de nos jours 2 ). Il nous faut aller à 12 km au nord de
*) Pour les tumuli de l'époque romaine en Do- les forêts. C'est une remarque que nous avons
brogea et dans la plaine moldo-valaque, cf. V. fait dans nos fréquentes excursions archéologiques
Pârvan, Descoperiri noua în Scythia Minor, Bu- dans la plaine roumaine et q u ' u n examen mi
cureşti, 1913, An. Acad. Rom., sect, ist., s. I I , v. nutieux des cartes topographiques militaires sur
X X X V , p . 52 sqq., avec un résumé en français; l'échelle 1:50.000 pourrait la confirmer. La raison
id., Castrul delà Poiana fi drumul roman prin en est que les tumuli étaient des monuments fu
Moldova de Jos, ibid., ser. I I , vol. X X X V I , Bu- néraires et que par conséquent on les mettait
cureşti, 1913, p. 20, avec un résumé en français; dans les endroits les plus visibles, souvent le long
id., Archaologischer Anzeiger: Rumănien, Jahr- des voies naturelles de communication (Joseph
buch des kaiserl.-deutsch. arch. Inst., Berlin, 1915, Déchelette, Manuel d'archéologie cdliquc, I I 2*
4, p. 255: Histria. Paris, 1913, p. 631) et près des lieux habités. On
2 n'observe presque jamais des tumuli sur les thal
) Ordinairement les tumuli sont situés en pleine
campagne et tout à fait exceptionnellement dans wegs des vallées ou aux fonds des forêts.
168
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LES FOUILLES DE TINOSUL
*) Voir la carte de l'État Majeur de l'Armée 1:100.000 ne comprend pas tous les détails comme
Roumaine, échelle 1:100.000, edition 1913. celles de 1:50.000 ou 1:20.000 (dont nous n'avons
2
) Dans la carte militaire citée on remarque un aucune sous la main), de sorte que sur le terrain
groupe de 22 tumuli, à 4 km ouest de la ville de les tumuli de Strejnicul pourraient être dans un
Plocsti, près du village de Strejnicul, sur une éten- plus grand nombre,
due de 2 km 2 environ. A savoir que la carte de
169
www.cimec.ro ;
RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
a m
Tout d'abord l'endroit s'imposait à ses premiers habitants comme lieu fortifié,
par sa position élevée, défendue par les eaux de la Prahova, par les vastes forêts qui
l'entourent et par le grand escarpement peu accessible. Cette défense naturelle ne
demandait, pour être complète, que la fortification vers le nord-est. "W
170
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LES FOUILLES DE TTNOSUL
III. LA D E S C R I P T I O N D E S FOUILLES
Sur t o u t e l ' é t e n d u e de la s t a t i o n , l'attention~2rû v o y a g e u r n ' e s t spécialement a t
tirée q u e p a r la présence d u r e m p a r t nord-ouest. H a u t de 1,50 m vers l'intérieur et
de 5 m v e r s l'extérieur, il laisse voir p a r endroits des m o t t e s d'argile calcinée p a r le
feu. N o u s a v o n s c o m m e n c é nos fouilles à p a r t i r de cet é l é m e n t visible, p l u s préci
s é m e n t à p a r t i r de l'angle n o r d , où se t r o u v e le p o i n t h a u t . Les t r a v a u x exécutés a n t é
r i e u r e m e n t en cet endroit p a r le service géographique militaire n e n o u s o n t p a s e m p ê c h é
d ' y puiser les meilleurs r é s u l t a t s en ce q u i concerne la fortification et les vestiges d'ha
bitation.
Le t e m p s et les m o y e n s n e n o u s p e r m e t t a i e n t p a s d ' e n t r e p r e n d r e la fouille t o t a l e
de la s t a t i o n . P o u r en avoir u n e connaissance générale, nous avons dû nous résoudre
à faire plusieures groupes de fouilles d a n s les différents p o i n t s p r i n c i p a u x . Nous a v o n s
c o m p l é t é nos recherches p a r quelques p e t i t s sondages a u x environs de la s t a t i o n .
À la fin des t r a v a u x t o u t e s les t r a n c h é e s et t o u t e s les a u t r e s fouilles ont été com
blées.
Au t o t a l on a fouillé 731 m 2 , r é p a r t i s de la m a n i è r e s u i v a n t e : 214 m 2 au groupe
n o r d ; 162 m 2 au g r o u p e e s t ; 90 m 2 a u x groupes de sud et de sud-ouest, 100 m 2
a u c e n t r e et 165 m 2 à la g r a n d e t r a n c h é e L .
P o u r faciliter l'exposé d e nos recherches n o u s suivrons cet o r d r e : 1. L'explo
r a t i o n d u r e m p a r t (v. fig. 3 , B, C, D , E, J , K, M ) ; 2. Les t r a v a u x A-N; 3. La
fouille F; 4 . L a fouille J du groupe E s t ; 5. La g r a n d e t r a n c h é e L; 6. L a t r a n c h é e G;
7. L a t r a n c h é e H; 8. Les sondages d a n s les environs de la s t a t i o n . Le premier p a r a
g r a p h e concerne la fortification ; le second, le troisième, le q u a t r i è m e concernent les h a b i
t a t i o n s ; le c i n q u i è m e , le sixième et le septième c o n c e r n e n t les t o m b e s .
1. T R A V A U X D ' E X P L O R A T I O N D U REMPART
N o u s a v o n s d a n s la t r a n c h é e C-M la plus complète coupe t r a n s v e r s a l e du r e m p a r t .
P o u r contrôler les r é s u l t a t s de c e t t e t r a n c h é e n o u s avons établi d ' a u t r e s fouilles en ri
goles e t des fouilles de g r a n d p é r i m è t r e .
Tranchée C-M. Dimensions : C = 15 m X 1 m , M = 12 m X 1 m , t o t a l = 27
m X 1 m . D e p r o f o n d e u r v a r i a b l e , parcequ'elle coupe le r e m b l a i et le fossé; ainsi le
m a x i m u m est de 4,40 m à l'endroit d u s o m m e t et le m i - LÉGENDE
nimum <l<- L,75 m - m aux e x t r é m i t é s . WWfy^W lïsy&inn^i °"^" 50 "" s£T
L a coupe r e p r o d u i t e à la fig. 5 r e p r é s e n t e la p a r o i ' ^ ^ ^ ^ f f i ?FBBE"MOTPÎ!I,
E s t de la t r a n c h é e . Les couches du r e m b l a i et de 1' i n t é - Sf?5^cSû(i CMABSCII
'/.'■-' V . ' '•:}.''^j TCOHE CALClMte
rieur <l<- l enceinte sont bien distinctes à l'endroit de rnSÈÊESk CEMDRC
f m f 55£ŞŞ3©ţ|p8 G3AV1J1H
l ' a n t i q u e p u i t s figure en z, rempli de t e r r e calcinée jj|J ||f| TERDE. GLAISE
j u s q u ' à la vitrification. A p a r t i r du fond du p u i t s n o u s ^ ^ ^ ^ ^ TERPC VCDDÂTRC
t r o u v o n s une légère couche de 0,01 m de résidus de J | | l | i | IËT^RE: VIE.HOL
c h a r b o n , 6, q u i forme l ' a x e quasi horizontale de la stra- ţ^jjgj^j^^ TLRQE. NON FOUILLEZ
Fi
tification. Sous c e t t e couche, il y a u n e d e u x i è m e de 8- 4-
t e r r e v e r d â t r e , a, q u i a u milieu devient plus profonde, a t t e i g n a n t l'épaisseur de 2 m
en é p o u s a n t la forme d ' u n e fosse. Les fragments céramiques c o n t e n u s sont t o u s d'origine
p r i m i t i v e , travaillés à la m a i n , noirs ou rouges, b r i l l a n t s . Cette couche a c o n t i n u e v e r s
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
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LES FOUILLES DE TINOSUL
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RADII VULPE ET ECATERINA VULPE
sur le même croquis la section D et la section d (fig. 8 ; v. aussi la fig. 9). On trouve,
de même que dans les sections B et C, la couche de terre glaise. Elle contient des ossements
d'animaux, du charbon, un tesson avec proéminence et des tessons rudimcntaires noires ou
rougeâtres polies. En d on a trouvé également des restes de terre glaise calcinée par le feu
et qui du temps où le rempart n'était pas encore détruit, constituait probablement une
COUPE
petite habitation (fig. 3, l).
Nous retrouvons successivement la couche de
débris et de terre calcinée, coupée par endroits par
les fouilles récentes (fig. 8, sect. D, en s), la couche
La Tène de la station et enfin la couche végétale.
Fi 8 Sur la paroi SO de la tranchée Dd, entre la couche
de débris calcinés du rempart et la couche générale
La Tène, se trouve sur une certaine étendue, une couche de grosses pierres de rivière
(fig. 3, p). Nous avons déblayé cette couche, qui se trouve à une profondeur de
0,50 — 0,70 m, sur une étendue d\ de 5 m X 5,50 m. Au-dessus de ces pierres et
peut-être en rapport avec elles, nous avons trouvé une grande quantité de céra
mique La Tène, de nombreux fragments d'amphores grecques, quelques fragments de
miroirs en métal blanc, un petit couteau en fer, un petit vase en miniature, une perle
en terre cuite, plusieures «fusaïoles» x) en terre cuite, deux petites idoles rudimentaires,
un vase La Tène contenant des pierres, des ossements d'animaux, surtout de cheval,
du charbon, etc. Probablement, nous nous trouvons en présence d'une tombe profanée,
ce qui nous empêche d'y trouver tous ces éléments en bon ordre. Il est certain que ces
l
) Nous appelions ces objets avec le terme plus toujours employés au filage; cf. plus-bas, pag.
commun de «fusaïoles», quoiqu'ils ne soient pas 208.
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LES FOUILLES DE TINOSUL
objets n'ont pas des rapports avec les couches du rempart. Le pavé en pierre en re
lation avec une tombe n'est pas inconnu en Dacie; nous le rencontrons à la nécropole
La Tone d'Apahida l).
Tranchée J. Longueur 21 m, largeur 2 m, profondeur variant entre 1,60 m à l'ex
trémité intérieure et 3 m sur la crête du rempart. La coupe de la paroi Nord, figurée par
le croquis (fig. 10) présente la même stratification que celle trouvée à 36 m de ce point,
dans la tranchée C. Le profil inférieur de la couche de terre verdâtre contenant des
restes de terre calcinée, des ossements, du charbon, et des tessons exclusivement pré
historiques, présente à l'endroit de la crête du rempart une bosse de 0,35 m X 0,50
m (fig. 10, v) et descend vers la pente extérieure du rempart jusqu'à 3,50 m de pro
fondeur (a).
Au-dessus se trouve la couche de terre glaise c, contenant du gravier, des débris
calcinés, des ossements et du charbon.
La couche d de débris, de terre calcinée et de charbon a une épaisseur de 0,60 m —
1 m. De même que dans la coupe C cette couche est très compacte sur la pente intérieure
sous la couche générale La Tène de la station, f (fig. 10) et presqu'inexistente sur la pente
extérieure, perdue dans la couche végétale.
Tranchée K. Longueur 20,50 m ; largeur 1 m ; profondeur 1,50 m aux extrémités,
2,60 m au milieu. La fouille n'a pas été poussée jusqu'à la terre vierge, de sorte que
nous ne connaissons pas, à cet endroit, la profondeur de la couche de terre verdâtre
a, contenant des débris calcinés et du charbon. On a trouvé dans cette couche une
importante quantité de céramique préhistorique façonnée à la main et totalement dif
férente par la technique, par les ornements et par les formes, de celle de la couche La Tène
de la station (v. plus bas, pag. 190 seqq.). Aucun objet en silex ou en métal n'a pas
été trouvé parmi ces tessons qui constituent comme nous le verrons plus loin un élément
plus précis pour compléter les remarques suggérées par la coupe C. Le reste de la stra
tification est identique à la coupe C.
On observe de même que dans les tranchées J et B (v. fig. 11), que la couche
générale La Tène de la station, / , descend davantage vers l'extrémité de la pente inté
rieure du rempart. On peut considérer qu'il s'agit d'une excavation faite dans la terre
vierge, soit pour l'écoulement des eaux pluviales du rempart, ou plutôt pour compléter
avec la terre enlevée le profil du rempart (v. plus précisément dans la fig. 10, g).
l
) Kovâcs I s t v â n , La station préhistorique et le section archéologique du musée national de Tran-
cimetière celtique de Vépoque La Tène d'Apahida sylvanie à Kolozsvâr (Cluj), I I , 1911, p. 62.
(hongrois et français), Dolgozatok-Travaux de la
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
COUDC K
couche de charbon b, déposée par endroits sur la couche de terre verdâtre (v. sect. C,
fig. 5), témoigne la présence des foyers établis avant toute intention d'organiser une
défense. Ce n'est qu'un peu plus tard qu'on a exécuté le grand fossé et qu'on a construit
le rempart avec la terre du déblai, auquel on a ajouté du gravier extrait du lit
des eaux de la Prahova 2 ). L'examen de la section M (fig. 5) nous montre que les cou
ches du rempart sont d'une époque moins récente que celles du fossé, déposées et amas
sées à cet endroit au cours des siècles par les agents physiques. En tout cas on ne peut
pas mettre en doute que l'exécution du fossé est en liaison directe avec celle du rempart.
Celui-ci a été établi à l'aide d'une armature formée par une rangée de gros poteaux pro
fondément plantés dans la couche de terre verdâtre, dans des trous dont on peut re
marquer le profil en v, coupe J e t enph, coupe C (fig. 5 et 10). Ces poteaux, dans leur partie
supérieure qui dépassait de beaucoup le rempart, ont été reliés entre eux par des tra
verses et du clayonnage, constituant de la sorte l'armature sur laquelle on est venu coller
et presser soigneusement de l'argile mélangée avec de la paille. Le parapet ainsi construit,
relativement assez solide, achève le système de fortification de la station de Tinosul.
Les poteaux étaient en chêne et en frêne, essences très répandues dans les forêts voisines.
Ils devaient avoir 0,20 m de diamètre au minimum, comme on peut le voir dans la section
C (fig. 5, t), où se sont conservées les traces d'un poteau carbonisé sur une hauteur de
0,70m. Les traverses carbonisées, trouvées en e (fig. 3), avaient 0,10 m d'épaisseur; les
*) Ordinairement, à une fortification à fossé et p. 233. A Tinosul nous ne trouvons aucun indice
à rempart, la porte et signalée par une interrup pareil ; le fossé s'étend ininterrompu d'une ex
tion du fossé. A Mayen, dans l'Allemagne occi trémité à l'autre, ce qui nous suggère l'opinion
dentale, les dix-sept portes de l'enceinte, décou exprimée plus haut.
2
vertes par les fouilles du rempart, correspondent ) La proportion du mélange d'argile et de
à u n nombre égal d'interruptions du fossé aux gravier n'est pas la même sur toute la longueur
mêmes endroits ; H a n s Lehner, Der Festungsbau du rempart. Très abondant dans la tranchée C,
der jiingeren Steinzeit, Prahistorische Zeitschrift, le gravier ne se rencontre plus dans les tranchées
I I , Berlin, 1910, I Heft, p . 1 8 ; M. Ebert, Real- B et K.
lexikon der Vorgeschichte, Berlin, 1925, Festung,
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LES FOUILLES DE TINOSUL
branchages du clayonnage, dont les mottes de terre calcinée par le feu en ont gardé le
moule, avaient 0,02 — 0,05 m d'épaisseur. La distance entre le poteau carbonisé t, coupe
C (fig. .r>) et le point n, où on a trouvé plusieures traverses carbonisées, est de 2 m environ
et doit représenter l'épaisseur du parapet antique. Le rapport qu'on peut établir entre
cette largeur et la couche de débris calcinés, épaisse de 0,50 m env. (d, fig. 5) représen
tai! I les restes du parapet incendié, nous permet de déduire que celui-ci avait tout au
moins 3 m de hauteur. En réalité il devait dépasser 4 m.
Ce sont des ennemis victorieux qui ont dû mettre le feu à la station. L'incendie n'a
pas épargné le parapet. La quantité de bois que celui-ci renfermait était suffisante pour
calciner la masse de terre mélangée avec de la paille, qui le constituait. Le tout s'est
écroulé formant la couche de débris calcinés et de charbon, dernier vestige de la fortifi
cation d'autrefois.
C'est la «Komerschanze» de Potsdam *), entre autres fortifications du même genre,
qui nous aide à bien comprendre la fortification de Tinosul. Nous y trouvons dans le
profil général, à l'extrémité de la pente intérieure du rempart, la même dépression que
celle notée plus haut dans les différentes coupes et surtout en J (fig. 10, g). Plus évidente
à Postdam, où elle est accusée par les fondations des habitations, elle n'est à Tinosul
qu'une légère excavation, produite par l'enlèvement des terres employées à la construc
tion du rempart. A Potsdam les poteaux du parapet traversent toutes les couches du
rempart, pénétrant jusque dans la terre vierge, ce qui prouve que le parapet a été con
struit, de même qu'à Tinosul, sur une armature en bois préalablement établie. Le terrain
sabloneux de Potsdam a conservé mieux, détachées en brun, les traces des poteaux de la
palissade, qui pourris à Tinosul sont complètement disparus. À ce sujet une comparaison
avec la fortification de Potsdam est utile à l'étude de la palissade de Tinosul. Les poteaux
de Potsdarn ont une épaisseur d'env. 0,30 m. Sans doute, à Tinosul ils devaient avoir la
même dimension, pour assurer la solidité de la palissade, qui exigeait des fondements tout
aussi profonds ; d'ailleurs les trous faits dans la terre vierge pour fixer les poteaux ont
0,50 — 0,70 m de largeur à Potsdam et 0,50 m à Tinosul (par ex. en v, coupe J , fig. 10).
La forme générale de la fortification de Potsdam est poligonale et suit la conforma
tion du terrain. À Tinosul cependant, le fragment conservé du rempart épouse seulement la
forme d'un arc de cercle à grand diamètre et défend le promontoire qui constitue la station.
C'est la forme la plus simple d'une fortification préhistorique, répondant à une stratégie
élémentaire et suffisamment pratique, lorsque la position s'y prête. En effet, pour fortifier
un promontoire défendu de par la nature même du terrain par les eaux et les escarpements
abrupts, il suffit de s'occuper seulement d'un seul côté, celui qui fait face au plateau. Il en
résulte la fortification dénommée éperon barré 2 ), qui se retrouve très souvent à l'époque
préhistorique et protohistorique, en Roumanie 3) comme dans le reste de l'Europe 4 ).
x
) C. Schuchhardt, Die Romerschanze bei Pots- pra antichităfilor preistorice aie României, Bulet.
dam, Priihistorische Zeitschrift, I, 1909, p . 209; Com. Mon. Istor., I I I , 1910, p . 118 sqq.) ; Ariuşd,
id., Alteuropa in seiner Kultur- und Stilcntwicklung, Cisnădie, Grădiştea-Orăştie, Jacul R o m a n , Mă-
Bcrlin, 1919, p . 293. ghieruş, Monor, Murăş-Sâncraiu, Peşteana, Porum-
2
) J . Déchelette, Manuel, I, p . 371. bul-Mare, Sovata, Uroiu, etc., (cf. I. Martian,
3
) P a r exemple: Piscul-Crăsani (cf. Andrieşescu, Reperloriu arheologic pentru Ardeal, Bistriţa, 1920,
Piscul-Cràsani, p. 20); Poiana (cf. V. Pârvan, passim).
Castrul delà Poiana, p. 2 sqq.); Sultana, Calom- *) Cf. M. Wosinsky, Das prahistorische Schanz-
fircşti, Nctoţi, etc. (cf. C. Moisil, Privire asu- werk von Lengyel, seine Erbauer und Bewohner,
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12 Dacia I 1924.
RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
Le systhème de fortification comme sa technique, qui sont dans leur simplicité les
mêmes à toutes les époques, ne nous permettent pas de leurs fixer une date. Tout
au plus peut-on espérer que de nouvelles recherches dans la plaine roumaine amène
ront plus de précision. Ce qui est certain c'est que la couche Latène de la station couvre
complètement le parapet démoli et qu'aucun élément de cette couche ne se retrouve ni
dans les restes du parapet, ni dans les couches inférieures du rempart. Ceci met en
évidence que la démolition de la fortification précède, on ne saurait dire de combien,
l'époque Latène. Dans la couche des débris de la palissade et dans la couche du rem
part, on n'a trouvé aucun objet en métal ou en silex; le petit rasoir en silex trouvé
en B (pag. 210) est un élément trop isolé pour retenir notre attention. Le peu de frag
ments céramiques trouvés dans ces couches, quoique antérieurs à l'époque Latène par
la technique, ne présentent aucune forme précise et aucun ornement, qui puisse fixer
leur époque. Dans la couche la plus profonde et antérieure à la construction du rem
part on a trouvé plusieurs éléments céramiques qui peuvent être considérés, avec une
assez grande certidude, comme datant de l'époque énéolithique (éventuellement de l'âge
de bronze; v. plus bas, pag. 193). Nous arrivons ainsi à trouver deux dates entre les
quelles nous pouvons fixer la construction, l'existence et la destruction de la fortifi
cation de ïinosul. L'une post quem c'est l'époque énéolithique, l'autre ante que m c'est
l'époque Latène. Entre ces deux dates le reste de la station ne présente aucune autre
couche significative. Puisqu'il faut exclure l'époque du bronze et la première époque
du fer, c'est toujours avec les tessons éncolithiques trouvés dans ses substructions
et recueillis à l'intérieur de l'enceinte dans les fouilles H et L, que nous devons compter.
11 nous faut conclure que la fortification de Tinosul a été construite par les premiers
habitants de la station, peut-être même peu de temps après leur établissement. lie
peu de restes énéolithiques de la station nous laisse supposer qu'elle a été détruite peu
de temps après la construction du parapet. Celui-ci a été consumé par le feu et
la disposition des couches nous montre qu'on n'a fait aucun essai de reconstruc
tion et que même plus tard, à l'époque Latène, on ne s'est plus servi de la fortifi
cation.
2. LES FOUILLES A et N
I I I , Budapest, 1891, p. 221 sq. ; W. R a d i m s k y , ùber die Fortsehritte der rom.-germ. Forschung,
Die vorgeschichtliche und rômischen Altcrtumcr des 1905, p. 26 s q q . ; Déchelctte, Manuel, I, p . 368
Bezirkcs Zupanjac in Bosnien, Wiss. Mitt. a. Bosn. sqq. ; II. Lehner, Der Fcslungsbau der jiingcren
u. d. H e r e , IV, 1896, p. 135 s q q . ; C. Marchesetti, Stcinzvit, Prah. Zeitschr., 1910, 1 ; Ebert, Fc-
/ castellicri preistorici di Trieste e délia regione stung, Reallexikon der Vorgcschichte, v. I I I , p .
Giulia, Trieste, 1903, passim; E d u a r d Anthes, Der 233 sq.
gcgenuàrtige Stand der Ringrvallforschung, Bericht
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LES FOUILLES DE TTNOSUL
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KADU VULPE ET KCATERINA VULPE
fragment d'amphore grecque, traverse la tranchée A sur une longueur de 2,30 m env.
(fig. 13).
Avant d'arriver à la couche de terre végétale on rencontre la couche de terre noire,
/ , contenant de la céramique Latène I I I , des débris d'amphores grecques, des fragments
de terre calcinée, du charbon, des ossements, etc., qui s'étend d'une manière générale
sur toute la surface de la station. Elle a en moyenne 0,70 m d'épaisseur; vers le rempart
la couche s'amincit et disparaît complètement sur la crête. A une profondeur de 0,25 m
sous la terre végétale (fig. 12) on remarque une rangée plus dense de tessons, d'ossements
et de débris, e, d'une épaisseur variable. Au-dessus et au-dessous de cette rangée les tessons
sont plus rares, mais de la même espèce et de la même époque. Dans la coupe C, tout
près du trou z, se trouve le trou o (fig. 5), large de 0,50 m et haut de 0,60 m, rempli de
terre glaise et de débris calcinés, éléments se rapportant à l'époque Latène. En A, au
tour du point a (fig. 13) on a trouvé à une profondeur de 0,30 — 0,50 m de nombreux
fragments de verre coloré, en même temps qu'un fragment de bronze d'une forme et
d'une destination indéterminables (fig. 41,6). Tout près de là, en JV, on a trouvé plusieurs
fragments de verre transparent et de verre coloré, des objets en fer et en bronze, des
perles et des fusaïoles de terre cuite, ainsi qu'un grès façonné en forme de marteau. En E
on a trouvé le beau calice de candélabre eu bronze, dont nous donnons la reproduction
(fig. 45 et 46), ainsi que quelques petits objets en fer, en bronze et en terre cuite. En E
on a rencontré des ossements d'animaux et des coquilles d'escargots qui constituent
sans doute des restes d'aliments. Tous ces éléments, dont on a parlé plus haut, autant
ceux trouvés en A, que ceux trouvés au nord et à l'est, font un ensemble qui ne dépasse
pas la surface occupée par la couche inférieure de débris (fig. 13), ce qui prouve une fois
de plus qu'entre ces deux couches il y a une étroite liaison et que nous avons à faire à
un emplacement de l'époque Latène.
Du côté B de la tranchée A, il n'y a plus que deux couches. Au-dessus de la terre
vierge on trouve la mince couche de 0,10 — 0,15 m contenant de rares fragments de terre
calcinée, de charbon et des tessons travaillés à la main et d'un lustrage noir. Tout de
suite après on rencontre la couche/, plus riche en céramique de l'époque Latène I I I et
épaisse, comme partout ailleurs, de 0,70 m. En b (fig. 3) à une profondeur de 0,80 m
on a trouvé l'anse d'une amphore à inscription (fig. 34,9) et quelques grands fragments
d'épaisse poterie grecque.
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LES FOUILLES DE TINOSUL
*) Lâszlô Ferencz, op. cit. lia, Milano, 1923, p. 8 3 ; pour la Dacie cf. V. Pâr-
2
) I. Andricşcscu, op. cit. van, Gctica, p. 183 sqq.
3 s
) Id., Piscul-Crăsani, p. 27 sq. ) L. Ferencz, o. c.
4 6
) J . Dcchelette, Manuel, I, p. 348; I I 1, p. ) I. Andrieşescu, Les fouilles de Sultana, sous
130; I I 3, p. 942 sqq. ; C. Schuchhardt, AIteuropa, presse.
p . 1 6 ; G. Pinza, Sloria délie civiltà antiche </'Ita ') V. Pârvan, Gctica, p . 135, 185.
181
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
En ce qui concerne les portes et la toiture des habitations, quoique nous n'avons
trouvé aucune indication archéologique, par analogie avec les maisons du Latène III
de la Dacie (Costeşti-Transylvanie) on peut supposer que les portes étaient en bois et la
toiture en paille, en roseau ou en jonc ').
3. FOUILLE F
LifiBiil | YuÂmtmnmMi En d (fig. 3)' cette couche pénètre dans la terre vierge
+ à line profondeur de 0,50 m en forme de puits de 1,70 m de
T diamètre. Le trou est rempli de terre noire avec des fragments
de terre calcinée, de charbon, d'ossements, de tessons Latène
et grecs et avec une grande quantité de graines carbonisées
et aglomérées, de millet, d'orge, de seigle et surtout de blé. Les graines ne se trouvent
que jusqu'à 0,20 m de profondeur; au-delà il n'y a plus que du charbon de bois de
chêne mélangé avec de la terre.
Tout contre, à une profondeur de 0,50 m se trouve une couche de débris d'habi
tation, a, épaisse de 0,40 m, qui ne dépasse pas 3 m de longueur sur 1,80 m de largeur
et qui contient des fragments d'argile calcinée, du charbon de bois de chêne et de
frêne, des ossements d'animaux, des restes d'aliments, de nombreux tessons de vases
Latène et d'amphores grecques d'importation. On a trouvé également un fragment
de passoir en terre cuite et un anneau en bronze (fig. 49,3). En a (fig. 3) on rencontre
de grosses pierres de rivière. En somme il s'agit des vestiges d'une habitation incendiée
et le trou d constitue peut-être un dépôt de graines, semblable à ceux qu'on a encore
aujourd'hui l'habitude de faire dans certains endroits de la région. Une petite couche
de restes calcinés d'habitation se trouve également en / (fig. 3) à 0,40 m de profondeur,
qui paraît se rattacher aux vestiges mentionnés plus haut (a).
A 1 m de a, à une profondeur de 1 m, on aperçoit sur une étendue de 0,50 m X 0,60
m un petit tas, c, haut de 0,20 m constitué par de jolis tessons lustrés (fig. 21), d'une
technique supérieure et différents des autres fragments céramiques trouvés dans la
l
) V. P â r v a n , l. c. ; Déchelette, Manuel, I I 3, p . 943 sqq. ; C. Schuchhardt, Altvuropa, 1. c.
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