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AVANT-PROPOS
Ce périodique annuel est l'organe d'un Institut qui n'existe pas encore.
. J'avais eu l'occasion de proposer, il y a quelque vingt ans *), l'organisation
d'un service de fouilles systématiques et, depuis, étais revenu maintes fois
à la charge. Mais les avant-projets pour la création d'un «Institut Archéo-
logique Roumain» par moi rédigés à l'intention des titulaires successifs du
Ministère de l'Instruction ou du Ministère des Beaux-Arts, ne purent
jusqu'à ce jour être transformés en texte de loi.
Souhaitons que l'avenir nous soit plus favorable.
E n publiant les deux premiers volumes de «Dacia», je tiens à m'acquitter
avant tout d'un double devoir: celui de remercier, celui de m'excuser.
J e tiens à remercier la Commission des Monuments Historiques qui
me confia, sans m'embarrasser de titres sonores, le soin de toutes les fouilles
archéologiques de mon pays, avec des fonds encore très modestes 2 ), il est
vrai, mais suffisants pour permettre du moins une certaine activité col-
lective, capable de stimuler les efforts des jeunes chercheurs qui se sont
formés autour du Musée que je dirige et de la chaire que j'occupe.
À remercier de même M. Al. Lapedatu, ancien ministre des Beaux-Arts,
qui voulut bien subventionner l'apparition du premier volume de notre revue.
J e tiens aussi à m'excuser du grand retard avec lequel ces deux volumes
paraissent. L'on ne peut s'imaginer combien il est plus difficile de faire
marcher vingt hommes au même rythme avec la tête qu'avec les pieds. 11
ne saurait être question de mauvais vouloir ni de manque d'amitié; seule
l'inégalité naturelle des enthousiasmes fait tout le tort. Le premier volume
paraît avec un retard de quinze mois, le deuxième avec un retard de trois
mois. J e vais essayer de faire paraître le troisième au terme prévu, c'est-à-
dire vers la fin de l'année courante. Chaque volume contient les résultats
des recherches et des fouilles de l'année précédente. J'ai donné la préférence
au millésime des découvertes mêmes: les savants nous sauront peut-être
l 2
) Préface à mon essai sur le camp romain de ) Voir Dacia, I I 1925, p. 198, note 3,
Salsovia, Bucarest, 1906.

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VASII.i: l'XKVAN

gré de cette explication, qui csi, faite pour montrer que notre retard n'est
à un certain point de vue qu'apparent. L'on verra d'ailleurs par les études
et les compte-rendus de fouilles qui suivent, que malgré notre millésime
archaïsant, nous nous sommes tenus au courant des tout dernières publi-
cations sorties de presse avant notre apparition effective.
Nous publions notre Dacia en français (les autres langues mondiales
sont également admises) pour fournir à tous les savants qui s'occupent des
régions carpatho-danubiennes la possibilité de se concentrer autour de Dacia,
comme ils l'ont fait auparavant autour d'Ausonia, de Syria ou de Byzantion.
A côté donc des publications roumaines d'archéologie, comportant seu-
lement des résumés en une langue universelle (tels les Mémoires de l'Aca-
démie Roumaine, le. Bulletin de la Commission des Monuments Historiques,
etc.), nous avons cru utile de faire paraître une publication archéologique
roumaine rédigée exclusivement en une langue universelle. E n effet la Dacie,"
et en général les régions illyro-thraces, qui nous préoccupent tout spécialement,
sont le berceau des civilisations pré- et protohistoriques, dont ni l'Italie, ni
la Grèce, ni l'Asie Mineure ne pourraient se dispenser de connaître à fond
les phases successives et tous les détails de leur évolution. Les origines
italiques, grecques et asianiques des I l l - e et Il-e millénaires av. J.-Chr.
doivent être attentivement recherchées dans l'Europe danubienne. C'est un
point de vue connu, mais pas encore suffisamment reconnu par tout le
monde. Notre revue aidera à le faire reconnaître grâce au matériel inédit
de t o u t premier ordre qu'elle publiera de plus en plus amplement chaque
année. <*
D'autre p a r t toute la Romania orientale se résume de notre temps à
la Roumanie actuelle. C'est un devoir d'honneur pour ce pays que de pa-
tronner la recherche de t o u t le Romanisme oriental.
Mes chers collègues et amis, MM. Jérôme Carcopino et Roberto Pari-
beni, se sont de suite rangés à mes côtés, en illustrant de leur très précieuse
collaboration l'utilité d'une concentration scientifique autour de Dacia. J e
les en remercie aussi au nom de mes confrères roumains et j ' a t t e n d s avec
confiance la participation aussi bienveillante à nos efforts des autres spé-
cialistes étrangers.
La direction de Dacia se fait un devoir de respecter toutes les opinions
de ses collaborateurs, même celles des plus jeunes, et par suite plus enclins
aux illusions «généralisantes». Il va donc sans dire qu'elle ne s'identifie à au-
cune de ces opinions. E t si le directeur n'a pris lui-même que rarement la
parole pour compléter ou pour corriger tel petit détail, il ne faudrait point
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VI
AVANT-PROPOS

en conclure qu'il est toujours et totalement d'accord avec tout le reste. Chaque
auteur est responsable de ses affirmations.
Cette revue paraît en «français». Un français très approximatif, comme
le latin parlé aux temps du Bas-Empire dans les provinces trop éloignées
du centre. J'ai essayé de lutter, de faire mieux; j ' a i fait appel à des con­
naisseurs; j ' a i été cependant accablé. Une longue maladie, dont je ne suis
pas encore remis, a complété le reste. Non seulement la dernière main aux
épreuves n'a pas été donnée avec toute l'attention nécessaire, mais aussi
toute la partie critique (compte-rendus, notes bibliographiques, liste des
dernières publications spéciales) a dû être remise au I l l - e volume de
Dacia, destiné à paraître vers la fin de cette année.
La préparation du matériel des deux premiers volumes de notre revue
m'a chargé d'une multiple dette de reconnaissance envers de nombreux
amis ou anciens élèves. Je mentionne leurs noms sans pouvoir dire par le
détail ce que je dois à chacun, soit pour la mise au point de certains ma­
nuscrits, soit pour la version française des différents articles, soit pour la
lecture très attentive des épreuves. J e prie donc M-mes Marcelle Flot-Lam-
brino et Zoé Balş-Marinesco et M-lle Marie Holban ainsi que MM. I. Andrie-
şescu, Scarlat Lambrino, P . P . Panaitescu, C. C. Giurescu et Horia Teodoru
de croire a ma profonde gratitude pour le temps et le travail qu'ils voulurent
consacrer à notre Dacia. M. D. Pecurariu, le dessinateur du Musée National
d'Antiquités, a été infatigable à satisfaire tout le monde avec les ressources
de son talent remarquable. Une mention spéciale à M. H . Metaxa, qui cette
fois aussi, fut mon auxiliaire le plus précieux à la révision des dernières
épreuves.
Une carte schématique publiée en première page du deuxième volume
indique les localités principales dont s'occupent les études et les compte-
rendus des fouilles de 1924 et 1925.
Bucarest, avril 1927.
VASILE PÂRVAN

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LES TYPES DE VASES PEINTS
D'ARIUŞD (ERDSD)
La fabrication des vases peints a occupé dans l'Europe Orientale principale­
ment les peuplades habitant la région qui s'étend de Kiew vers l'Ouest jusqu'aux
Carpathes antérieurs Orientaux et continue vers le Sud par les Balkans Orientaux
jusqu'en Thessalie Orientale. Les centres principaux de cette civilisation sont: Tri-
polje, à l'Ouest de Kiew, Petreni en Bessarabie Septentrionale, Cucuteni près de
Jassy, Şipeniţi en Boukovine, Ariuşd (Erôsd) près du cours supérieur de l'Oit, qui
comprend aussi quelques sous-centres, et enfin Dimini en Thessalie Orientale.
L'une des stations les plus importantes sur cette ligne déterminée plus haut
est, ainsi qu'il a été démontré par les fouilles entreprises, la région préhistorique
d'Ariuşd.
Les fouilles à cet endroit ont été continuées par le soussigné de 1907 à 1913 ;
cependant par suite des études minutieuses à faire et des multiples photographies
et esquisses à prendre, les travaux ont marché très lentement de sorte que je n'ai
pu déblayer qu'une étendue d'environ 515 m 2 . Un labeur méthodique a toutefois
permis d'établir les conditions stratigraphiques de l'endroit, l'emplacement des cou­
ches ainsi que leur mode de formation jusqu'au niveau du terrain préhistorique,
c'est-à-dire jusqu'à la profondeur d'environ 3,50 m.
En déblayant le terrain on a découvert l'emplacement de quatre maisons d'ha­
bitation du type à mégaron; on a pu se rendre compte de leur disposition, de la
construction des parois, des foyers, des fours à cuire les vases ainsi que des matériaux
de construction; on a également pu identifier l'emplacement et reconnaître la con­
struction de l'enceinte fortifiée.
L'endroit préhistorique d'Ariuşd appartient aux centres à couches profondes.
Les fouilles ont révélé l'existence de sept couches principales, dont les II-ème—Vll-e
recèlent des traces de l'industrie des vases peints (céramique peinte). Pour plus de
facilité je nommerai ce groupe de six couches du nom d e : culture A.
Les trouvailles de la couche supérieure no. 1, épaisse de 30 à 40 cm et nommée
couche de humus supérieure, appartiennent à une autre civilisation que je nommerai
par rapport à la première, la culture B. Cette couche supérieure est surtout mélangée.
Comme à cet endroit il y avait autrefois un champ cultivé, la charrue et la herse
ont mélangé et fait pénétrer les objets de la couche supérieure dans les couches
inférieures.
C'est au moins de cette manière qu'on peut s'expliquer le manque de documents
de la culture B dans la couche supérieure. E n outre, il y a une trentaine d'années,

1 Dacia I 1924.

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FRANCISC LÀSZLO

cet endroit fut planté d'arbres, afin d'empêcher l'érosion des eaux. Les trous creusés
dans ce but ont naturellement bouleversé et mélangé les objets de cette couche. ,.
Plus récemment, à la recherche d'objets antiques on a creusé de grands et «I ,
petits trous et de la sorte les objets sortis des couches inférieures se sont mélangés ,
à ceux des couches supérieures.
A cause de ce multiple mélange des couches je n'ai pu trouver dans la culture 15
aucun fragment de vase dont il eut été possible d'établir le type. Malgré tout, nous
avons tout de même réussi à définir le mode de fabrication des vases, au point de
vue technique, leur profil, les éléments de l'ornementation et par conséquent à en ,
fixer l'époque. Dans ce but nous avons eu recours en premier lieu à la collection du
Musée National des Szeklers qui comprend le matériel découvert dans plus de qua­
rante fouilles faites dans le département de Trei-Scaune l) et en second lieu aux
publications 2) concernant les objets provenant d'autres contrées de Transylvanie.
Enfin, j ' a i eu surtout recours aux études publiées 3) par Hubert Schmidt sur la sta­
tion préhistorique de Sărata-Monteoru 4) près de Buzău et sur les tumuli de Ma­
cédoine 5 ), ainsi qu'aux études du Dr. Martin Roska sur la station préhistorique de
Pecica-Sâmlac"). Après étude minutieuse des objets de la culture B d'Ariuşd, je
suis d'avis qu'ils appartiennent à l'époque de transition de l'âge de pierre à celui de
bronze, à l'époque nommée l'âge de la pierre et du bronze ; en ce qui concerne la
culture A, vu qu'on y rencontre le cuivre pour la première fois, mais comme d'autre
p a r t elle appartient encore à l'époque néolithique, je la nommerai l'époque de la
pierre et du cuivre (époque chalcolithique). Selon une autre terminologie, la culture A
peut être placée dans l'époque prémycénienne et la culture B dans l'époque proto­
mycénienne 7 ). Les quelques fragments de vases du cycle de la céramique cordée 8 )
connus jusqu'à présent sur le territoire de Transsylvanie appartiennent à la même
époque que la culture B d'Ariuşd et d'autres endroits. E n deux endroits j ' a i trouvé
aussi des fragments de vases appartenant à la céramique a bossettes. J e rappellerai
ici que ces deux cultures sont tout à fait indépendantes l'une de l'autre, quoique
quelques éléments de la culture B, p . ex. la couverte, l'emploi des spirales et <lr^
méandres comme ornements aient leur origine dans la culture A. É t a n t donné que
dans les stations à une seule couche du département de Trei-Scaune et des autres
endroits de Transsylvanie on n'a pas trouvé de vases peints, nous devons admettre
que les fragments de vases peints retrouvés dans la couche supérieure d'Ariuşd y

J
) A Székely Nemzeti Muzeum évi jelentései. tion von Monteoru, Bezirk Buzău. Zeitschrift fiir
2
) Dr. Kovâcs I s t v a n : Az Apahidai ôskori telep, Ethnologie, 1917, p . 999 — 1003.
5
etc. Dolgozatok-Travaux, 1911. Dr. Kovâcs I s t v â n : ) I I . S c h m i d t : Die Keramik der Makedonischen
A Korpâdi ôskori telep. Doïogozatok-Travaux, 1913, Tumuli. Zeitschrift fur Ethnologie, 1905, p . 91-113.
8
p . 1 — 17. Dr. Kovâcs I s t v â n : A mezobandi âsa- ) Dr. R o s k a M â r t o n : Asatâsok a peeska-
tâsok. Dolgozatok-Travaux, 1913, p . 265. Orosz szemlaki hatârban lévô Nagy-Silncon. Dolgozatok-
E n d r e : Ujabb lelctek a petrisi ôsteleprol Szamosuj- Travaux, 1912, p . 1 — 73.
7
vdrt. Archeologiai Êrtesitô, 1904, p . 227. ) Sophus Mûller: Urgeschichte Europas, Strass-
3
) Il faut y ajouter l ' é t u d e du Dr. Andrieşescu b u r g , 1905, p . 30 — 35.
8
(Bucarest 1924) intitulée «Piscul-Crăsani» qui vient ) Dr. R o s k a M â r t o n : Erôsdi zsinegdiszes edény-
de paraître et qui t r a i t e d ' u n matériel a p p a r t e n a n t tôredékek. Dolgozatok-Travaux, 1914, p . 420, fig. 2.
en partie à la culture B . Dr. Roska M â r t o n : Nouvelles études sur la céramique
4
) Liedloff-II. S c h m i d t : Die prăhistorische Sta­ cordée, «Archivelc Olteniei», I I I , p. 131 — 132.

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)

ont été amenés des couches de la culture A par le bouleversement du sol. Cette sup-
i âtion est aussi confirmée par le fait que les fragments de vases en question cor-
i pondent entièrement aux vases peints des couches inférieures.
Les objets de la culture B d'Ariuşd présentent beaucoup d'analogie avec ceux
de Lengyel *) en Hongrie et de plusieurs foyers de Moravie et de l'Autriche Inférieure 2 )
étudiés par I. Palliardi; ensuite avec ceux des centres de B u t m i r 3 ) , Vinca 4 ) et
Turdaş 5 ) qui, malgré qu'on ait trouvé parmi les différents objets aussi quelques vases
peints, ne fait toutefois pas partie de la céramique peinte est-européenne mais du
cycle de la céramique à bandes rubanées de l'Europe centrale.
De sorte que, pendant que la culture A d'Ariusd appartient à la céramique
peinte est-européenne, la culture B peut être considérée comme un des derniers
foyers de la céramique à bandes rubanées de l'Europe Centrale et la rencontre de
ces deux cultures dans un seul et même endroit servira de base pour l'établissement
de leur date chronologique.
Les difficultés que nous rencontrons proviennent du fait que le nombre des ob­
jets de la culture B est très restreint et que d'autre part, leur état est peu appro­
prié à des recherches typologiques. Ces difficultés sont compensées par les trouvailles
des stations voisines et peut-être aurons-nous la chance dans les futures fouilles de
trouver une partie restée intacte de cette couche. Dans ce cas la station d'Ariuşd
pourrait fournir la solution de certains problèmes très discutés concernant l'étude
de la culture néolithique en Europe Orientale et Centrale.
J'ai publié le résultat des fouilles d'Ariuşd dans les communiqués du Musée
National des Szeklers 6) de St.-Gheorghe, dans Dolgozatok-Travaux, série 1911 7 ),
dans Archeologiai Ertesitô, série 1912 ). C'est toujours dans «Dolgozatok-Travaux» 9 )
8

que j ' e n ai commencé la translation monographique. En 1914 j ' a i publié la strati­


graphie de la station.
J ' a i aussi progressé sensiblement dans la classification des documents, mais
je n'ai pas encore eu la possibilité d'en publier le résultat, d'abord par suite des oc­
cupations nombreuses dues à la guerre et ensuite à cause du fait que la publication
en question a cessé de paraître.
6
*) Mauritius Wozsinszky: Das prăhistorische ) Année 1907, p . 15 — 19, années 1908 et 1909,
Schanzwcrk von Lengyel, B u d a p e s t , 1891. p . 39 — 4 3 ; années 1910 et 1911, p. 50 — 6 1 ;
2
) J a r o s l a v Palliardi: Die neolitischen Ansied- année 1912, p. 8 ; année 1913, p . 11 — 13. Muzeum
lungen mit bcmaltcr Keramik in Maehren und Nie- es Kbnyvtâri ertesitô, 1911, p . 185, 1912, p . 174.
derôsterreich. Mitteilungen der Prăhistorischen Kom- A Muzeumok es Kônyvtârak Orszâgos Fôfelugye-
mission der kais. Akademie der Wissenschaften, loségének jelcntése: Vol. 1907, p . 196 — 1 9 8 ; vol.
I. B a n d , Wien 1897, p. 237. 1908, p . 205 — 2 0 6 ; vol. 1910, p . 27 — 2 8 ; vol.
3
) W. R a d i m s k y - M. H ô r n e s : Die neolitische Sta­ 1911, p . 3 3 ; vol. 1914, p . 1 5 0 — 1 5 3 .
7
tion von Butmir bei Sarajevo in Bosnien, Wien, ) Dr. 'Lâszlô Ferencz: Hâromszékvârmegyci
1895. praemykaenei jellegiï telepek. Dolgozatok-Travaux,
*) M. M. W a s s i t s : Die Hauptergebnisse der pră- vol. 1911, p . 1 — 27.
8
historischen Ausgrabung in Vinca im Jahre 1908, ) Dr. Lâszlô Ferencz: Festctt edények az erbsdi
«Prăhistorische Zeitschrift», 1910, Bd. I I , p . 23. es oltszemi telepekrôl., Arch. Êrt., vol. 1912, p .
M. M. W a s s i t s : «Die Datierung der Vincaschicht, 57 — 66.
9
«Prahistorische Zeitschrift» (1911), I I I . Bd., p . 126. ) Dr. Lâszlô Ferencz: Asatâsok az erôsdi ôste-
6
) H u b e r t Schmidt : Tordos, Zeitschrift fiir lepen (1907 — 1912), I. Kôzlemény. Dolgozatok-
Ethnologie, vol. 1903, p . 438—469. Travaux, vol. 1914, p . 279—417.

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FRANCISC LÂSZLO

Dans cette étude je me suis proposé de publier la classification systématique mor­


phologique des vases trouvés pendant les fouilles. Comme L'assemblage et la recon­
stitution des fragments de vases ont été faits depuis longtemps, le nombreux maté­
riel trouvé est à mon entière disposition 1 ). Comme je n'ai trouvé parmi le matériel
de la culture B d'Ariuşd aucun fragment de vase dont le type puisse être défini,
je ne m'occuperai ici que des vases de la culture A.
Parmi les vases de la culture A d'Ariuşd, j ' a i trouvé aussi, en dehors des
vases peints, des vases à décor creux ou en relief, ainsi que des vases sans aucun
ornement ; leur fabrication technique ainsi que la cuisson est la même. J'ai
trouvé dans un des fours à cuire des vases plus grossiers et non peints mêlés à des
vases plus fins et peints. Cette circonstance confirme également que des vases qui
semblent être de fabrication différente, sont certainement sortis du même atelier.
En dehors de ce fait, j ' a i déjà très souvent remarqué que l'embouchure des vases de
fabrication brute et non peints est soigneusement polie et que le même vase pour­
rait très bien être décoré soit de peinture, soit d'incisions. Ces considérations font
que la classification des types de vases d'après leur ornementation devient inutile.
J'essaierai donc de grouper les vases uniquement d'après leurs éléments typolo­
giques. Mon intention était de présenter seulement les contours des vases, mais
comme dans beaucoup de cas, l'ornementation est en liaison avec le type même
du vase, j ' a i ajouté aux contours des types, au moins en esquisse, leurs ornements.
Dans certains endroits, là où j ' a i cru nécessaire, j ' a i présenté aussi les profils, en
observant strictement les mesures ; les figures en dehors d'une brève description, don­
neront elles-mêmes à une personne spécialisée dans ce genre d'études, toutes les ex­
plications voulues, en ce qui concerne les types et les formes.
Afin de réduire le texte à sa plus simple expression et de donner un aperçu
des rapports des types et des formes aux couches, j ' a i établi le tableau statistique
no. 14, dans lequel j ' a i indiqué aussi le nombre de vases a p p a r t e n a n t aux différentes
couches.
Pour compléter les indications du tableau ci-joint, je me réfère aux illustra­
tions que j ' a i déjà publiées des vases d'Ariuşd, ainsi que des autres centres du
département de Trei-Scaune, principalement d'Olteni (Oltszem).
Le nombre de formes des vases d'Ariuşd dépasse celui de tout autre centre de
céramique peinte de l'Europe Orientale. La plupart des types et des formes sont
publiés dans l'ouvrage de Gordon Childe, sur Şipeniţi, dont le matériel ne provient

*) C'est à peine si j'ai trouvé pendant les fouilles procédé a donné entière satisfaction. Les vases
quelques vases entiers. Environ 150 exemplaires d'Ariuşd n'ont été arrangés dans les vitrines que
ont dû être reconstitués avec les fragments trou­ dans les deux dernières années et malgré tout,
vés. La reconstitution a réussi a tous les points durant onze ans, aucun d'eux ne s'est abîmé
de vue. Pour la réparation des vases j'ai em­ quoiqu'il y en avait qui étaient reconstitués de
ployé, suivant le procédé de la section d'antiquités soixante et même de quatre-vingt pièces. Une
du «Museum fur Vôlkerkunde» de Berlin sur les partie des vases ont par suite de leurs propor­
instructions de Hubert Schmidt, une matière tions un poids respectable. Cette matière ne sert
nommée «Steinpappe» qu'on peut facilement pré­ pas seulement à la conservation des vases en
parer chez soi. Dans «Muzcum es Kônyvtdri Êr- argile, mais aussi des objets en bois, pierre
tesito» 1914, p. 217 et dans les «Archivele Olteniei», et os.
année III, no. 13, p. 242, j'ai prouvé que ce

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1
LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)

cependant pas de fouilles régulières 1 ). Le résultat des fouilles régulières faites par
Hubert Schmidt à Cucuteni n'est pas encore publié, de sorte que pour l'étude des
trouvailles de cette station importante j ' a i dû me contenter des publications 2) anté­
rieures et des documents vus à Berlin.
Selon mon impression, ni les publications sur Petreni 3 ) et Tripolje 4 ), ni les ad­
mirables publications sur Dimini 5 ) ne présentent pas toutes les formes y existantes.
Cependant, à l'aide de ces traités, on peut entreprendre l'étude de la ligne princi­
pale de répartition de la culture de la céramique peinte sur tout le territoire de l'Eu­
rope Orientale, au point de vue de l'établissement t a n t des formes identiques que
des ressemblances et différences. Dans le présent ouvrage je me suis surtout servi
des deux études dans cette direction de Gordon Childe 6 ).
J e répartirai les vases d'Ariuşd dans les groupes suivants:
A (PI. 1) écuelles à fond sphérique ou plat et j a t t e s ; B (PI. 2) bols et petites
jarres; C (PI. 3 — 4 ) jarrres et cruches; D (PI. 5) cruches; E (PI. 6) vases à pied;
F (PI. 7) supports; G (PI. 8) vases plats à pied creux; H (PI. 9) vases rectangu­
laires; J (PI. 10) couvercles; K (PL 11) vases en miniature; L (PL 12) vases plasti­
ques; M (PL 13) fragments de vases dont le type ne peut être établi.

GROUPE A. Ecuelles à fond sphérique ou plat et jattes


(PL I, fig. 1 — 12).
Les types 1 et 2 de la série ont gardé l'ancienne forme sphéroïde. Les types 3 et
12 ont pour forme initiale un cône tronqué. La base du type 1 n'est pas encore déve­
loppée, tandis que le type 2 a une base un peu convexe et un rebord de forme et
d'ornementation différentes. Ce vase est déjà bien développé et approche, en ce qui
concerne sa constitution, du type 11 ; c'est seulement à cause de sa forme sphéroïde
que je l'ai placé en tête de la série. Son profil montre sous le rebord une proéminence
arrondie. Le type 3 est un vase large, de fabrication grossière, aux parois épaisses,
au fond large et sans parties distinctes. Les vases 4 et 5 n'ont également pas de parties
distinctes ; leur profil est simple. Le no. 5 est aussi de fabrication brute à ornements
en forme de sillons spiraux incisés ; le fond étroit s'élève vers le rebord en s'évasant
largement. Le grand vase no. 6 diffère du vase no. 4 par le fait que son rebord

*) V. Gordon Childe: Schipenitz: A Late neo­ law, 1905, Moskau 1907, p . 53.
4
lithic Station with Paint Pottery in Bukovina, ) V. V. Chwoiko: Roskopky Plostsadok U. S.
«Journal of the Royal Anthropological Institute», Kurtoborodinax, Moskva 1910. G u s t a v Kossinna:
vol. L I I I , 1923, p . 263 — 288. J ' e n ai fait u n Der Ursprung der Urfinnen und der Urindo-
résumé dans les «Convorbiri literare», vol. 1924, gcrmancn und ihre Ausbreitung nach dem Osten,
p . 876. (<Mannus-Zcitschrift fur Vorgeschichte», Wiirzburg,
2
) H u b e r t S c h m i d t : Vorlăufigcr Bericht iiber 1909, vol. I, p . 17 — 52, 225 — 245.
5
die Ausgrabungen 1909—1910 Cucuteni bei Jassy ) Chrestos T s o u n t a s : Preistoricai Akropoleis
(Rumiinien), «Zeitschrift fur Ethnologie», vol. 1911, Diminiou kai Sesklou, en Athenais, 1908. V.
p . 582 — 601. Kônigliches Museum zu Berlin, Gordon Childe: The East European Relations
Fiihrer durch die vorgeschichtliche Abteilung, p. to the Dimini Culture, «Journal of Hellenic Stu­
17 — 18, Tafel 7. dies», p . 252 — 272, 1922 (résumé p a r moi d a n s
3
) l o a n Andrieşescu: La Dacie avant les Ro­ «Convorbiri Literare», 1924, p . 874).
6
mains, J a s s y , 1912 (en roumain). E. v o n S t e r n : ) Gordon Childe: Schipenitz et The East Euro­
Die prămykenische Kultur in Siidrussland. Trudy pean Relations of the Dimini culture, I. c.
des XIII. russ. Arch. Kongress zu Jekaterinos-

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FRANCISC LÀSZLO

diffère par sa forme et son ornementation. La forme no. 7 a l'embouchure séparée |>;ir
une proéminence de l'intérieur du vase. Les nos. 8 et 9 ont une embouchure verticale,
bien développée et haute ; les types 10—12 l'ont courbée à l'intérieur. La plus développée
en hauteur est celle du type 12 qui forme pour cette cause la transition avec les tasses.
Les vases 7 et 10 sont soigneusement polis. À l'exception des types I cl 3, tous les vases
ont la base étroite. 1, 2, 3 et 11 sont des vases larges, 12 est un vase h a u t , les autres types
ont une hauteur moyenne. Le rapport entre le diamètre de l'embouchure et de la base
varie pour les derniers types de la série entre 1/& et x/3. Le diamètre de l'embouchure
du plus grand des vases (no. 4) est de 40 cm. Les vases ont tous des oreillettes proérni-

Pl. 1.

nentes, percées toujours horizontalement, excepté le type 1 dont l'oreillette est verti-
cale. Les oreillettes sont placées sous l'embouchure du vase, ou bien, aux types plus
développés, dans la ligne de l'épaule. Les types principaux sont 2, 4, 6, 10 et 12.
Les numéros d'inventaire des vases, indiqués sur le tableau A sont les s u i v a n t s :
1 = 1635, 2 = 575, 3 = 1942, 4 = 3460, 5 = 2432, 6 = 2328, 7 = 2353, 8 = 591,
9 = 2418, 10 = 2344, 11 = 3461, 12 = 579.
Bibliographie: A 2 Dolgozatok-Travaux, 1911, p . 211, fig. 9 et p . 190, t a b . 10,
fig 13), A 6 (/. c , p . 192, fig. 13), A 7 (/. c, p . 190, pi. 10, fig. 2).
Analogies: I. Des centres de la région de VOlt:
Olteni (Oltszem) «Varmeghe» A 1 (Dolg.-Travaux, 1911, p . 193, fig. 16); A 2
(/. c , p . 193, fig. 17); A 3 (/. c , p . 192, fig. 14, p . 190, t a b . 10, fig. 4 ) ; A. 4 (l. c ,
p. 191, fig. 11, p . 216, fig. 70); A 7 (/. c, p . 194, fig. 19, p . 196, fig. 21); A 9 {l. c.


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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)

p. 193, fig. 18); A 12 (/. c , p. 196, fig. 22); A 10 (/. c , p. 190, t a b . I 10 m fig. 1).
Priesterhiigel : A 3 ( J . Teutsch : Spătneolitische Ansiedlungen etc., MittheUungen
der Prăhist. Commission, 1903, p . 373, fig. 47) ; A 4. (/. c , p . 373, fig. 49) ; A 10
( /. c , p . 274, fig. 64);
I I . Des foyers en dehors de la région de VOlt;
Cucuteni: A 1 (Fûhrer durch die vorgeschichtliche Abteilung, Berlin, 1913, t a b .
7, fig. a), A 4 (Convorbiri literare, 1924, p . 97); A 8 (Fuhrer, t a b . 7, fig. c) ;
A 9 (Z. c , t a b . 7, fig. e) ; A 9 (Zeitschrift fur Ethnologie, 1911, p. 586, fig. 3 c) ;

PI. II.

Petreni: A 4 (G. Childe: East European, p . 259, fig. 2 a et b) ; A 4 (Z. c , p. 263,


fig. 10 a ) ; A 4 (E. von Stern, t a b . IV, fig. 1, 9, 11, t a b . VI, fig. 10—11, t a b . X I I ,
fig. 10); A 8 (Z. c , t a b . X I I , fig. 5) ; A 8 (G. Childe: East European, p . 259, fig. 3 ) ;
A 12 (Z. c , p . 263, fig. 10 b). Şipeniţi: A 4 (G. Childe : East European, p . 263,
fig. 9 a ) ; A 4 (Z. c , p . 269, fig. 3) ; A 9 {I. c, p . 263, fig. 9 b) ; A 10 (I. c , p . 269,
fig. 4). Kozlovce: A 4 (I. c., t a b . X I I , fig. a). Tripolje: A 4 (d'après une photo-
graphie envoyée en 1912 par M. Cwoiko), A 4 (Mannus, vol. I, p . 242, t a b . 20).
Dimini: A 3 (Tsountas : Dimini kai Sesklon, Athènes 1908, t a b . XV, fig. 2) ; A 6
(Z. c , t a b . X X , fig. 1) ; A 8 (Z. c , t a b . X I I , fig. 3) ; A 8 (G. Childe, East European,
p . 259, fig. 4).

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FRANCISC LÂSZLÔ

G R O U P E B. Bols et petites jarres


(PL II, fig. 1 — 15)
Leur ouverture par rapport à celle des vases précédents est étroite, mais le diamètre
de l'ouverture est seulement de très peu plus petit que celui du corps. La partie in-
férieure des bols 1 — 7 est sphéroïde, celle des numéros 10 à 15 conique. La forme
sphéroïde est gardée aussi par le fond du type 1, le type 2 a le fond large. L'ouver-
ture du no. 3 est surélevée, les parois du type 4 arquées, au no. 5 s'ajoute à la
partie inférieure sphéroïde un fort rebord courbé à l'extérieur, bien distinct aussi
par l'ornementation. L'équilibre du vase est maintenu par son pied; il en est égale-
ment ainsi du no. 7, dont la forme est cependant plus svelte. Le no. 6 a aussi un
rebord bien détaché, mais assis verticalement. La partie supérieure des vases 10—14
est arquée. Le no. 15 a la partie supérieure conique, terminée par un rebord courbé
vers l'extérieur. Tous ont une base étroite. Tous les vases à pied sont grands. La
hauteur des vases varie entre 17 et 38 cm. La plus haute des jarres est le type 13.
Les vases 4, 5, 7, 11, 13 et 14 sont grands, les types 2, 3, 6, 9, 10, 12 et 15 sont petits,
leur hauteur moyenne étant de 11 — 1 2 c m ; le plus petit des bols a une hauteur
de 6 cm.
J e dois mentionner spécialement la forme no. 9, dont on a trouvé jusqu'à présent
3 exemplaires. La partie inférieure de ce bol est cylindrique, la partie supérieure
sphéroïde et elles se détachent bien l'une de l'autre. Nous devons admettre que
la partie inférieure de ce t y p e correspond au bol cylindrique présenté sous le nu-
méro 8 a, ou bien au pied 8 b resp. F 1 ; quant à la partie supérieure, elle correspond
au bol sphéroïde B 2. Le vase est né de l'union de ces deux parties. Quoique cette
union soit encore plus avancée aux vases piriformes de Butmir, les deux parties
sont encore bien distinctes 1 ).
Une plus grande évolution dans l'union des deux parties présente le bol B 10
dont la partie inférieure est arquée. Cette forme arquée disparaît ensuite, aux vases
12 et 13 — 1 5 , dont la partie inférieure forme un parfait cône tronqué. E n tenant
compte de ces quatre phases d'évolution, nous pouvons établir que la tasse conique
est née de l'union du pied annulaire ou de la tasse cylindrique à la tasse sphéroïde.
C'est ce procès d'évolution qui nous explique pourquoi la partie inférieure de l'an-
tique forme sphéroïde s'est transformée en une forme conique. Le motif est le même
que celui qui a fait placer sous le vase un pied annulaire indépendant, pour que le
corps du vase en soit élevé. A cause de sa grande largeur horizontale, le vase sphé-
roïde posé sur le foyer libre de l'époque néolithique occupait la place de l'air néces-
saire a la combustion ; les bûches sous le vase s'éteignaient rapidement, de sorte
qu'il ne recevait la chaleur que par ses parois latérales. Le contenu du vase ne pou-
vait être chauffé que très lentement, alors que la partie inférieure d'un vase élevé
d'une manière quelconque ou ayant comme support une forme conique subissait
suffisamment l'influence de la chaleur. Comme d'autre p a r t nous savons que les
hommes du temps de la culture de la céramique peinte en Europe orientale ont quitté
la vie nomade pour se fixer en construisant des maisons avec bon nombre de foyers,
nous comprendrons pourquoi justement à cette époque, le vase sphéroïde s'est
x
) Fiala, Radimsky, Hoernes; Die neol. Station von Butmir, 1895, 1898, tab. VI, fig. 4 a, 4 b 6.

8
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUSD (ERÔSD)

transformé en un vase conique. 6 6 % des vases d'Ariusd sont coniques. Le vase sphé­
roïde est le vase du nomade, le vase conique, celui de l'homme fixé. E t même aujour- /
d'hui la partie inférieure d'un vase à poser sur foyer libre est toujours conique, j
Il n'v a que les vases que l'on pend à la crémaillère qui ont une forme sphé­
roïde (p. ex. la marmite). J ' a i fait quelques remarques sur la construction des
fovers qui me font supposer qu'en ce temps-là on employait déjà la suspension des
vases au-dessus du foyer.
La perforation des oreillettes, qui sont pour la plupart posées à la hauteur des
épaules, est verticale aux types 1 et 2 (ces deux types servaient en même temps de
couvercle) et horizontale aux autres bols. Les types 5, 7 et 14 n'ont pas d'oreillettes.
Toutes les oreillettes sont proéminentes et percées, sauf les types 8 a et 15 qui ont les
oreillettes pleines. Les types 1 et 8 a ont deux oreillettes, 9 en a quatre, les autres en
ont une seule.
Le type 8 est de fabrication brute, 2 et 9 sont soigneusement polis ; 5, 6, 7, 12
et 15 sont plastiques et peints, les autres sont seulement peints. Le type 6 a une
ornementation en forme de peigne vertical, les types 5 et 7 ont comme ornement
sur leurs parties supérieures quelques bandes en relief et sur leurs parties inférieures
des filets circulaires en relief. 3, 10, 12 et 15 ont les parois extrêmement minces;
il y a des vases dont les parois n'ont pas plus de 2 à 3 mm.
Les formes d'évolution sont 2, 3, 4, 12 et 15. Le type 12 doit être relevé. Des
84 vases d'Ariusd, 26 — près de 3 0 % — sont de ce t y p e .
Les numéros d'inventaire des vases indiqués dans le tableau B sont les suivants:
1 = 2350, 2 - 3640, 3 - 3561, 4 = 594, 5 = 558, 6 - 2422, 7 - 560, 8 a = 2470, 8 b
- 1948, 9 - 1241, 10 = 3375, 11 = 3654, 12 - 3376, 13 - 555, 14 - 3462, 15 = 547.
A consulter: B 3 (Arch. Ért., 1912, p . 61 I I I , I, 8) ; B 7 (Dolgozatok-Trav.,
1912, p . 215, fig. 64); B 8 b (Arch. Ért., 1912, p . 61 I I I , 11, p. 63 IV, 11); B. 13
(Dolg.-Trav. 1912, p . 217, fig. 28); B 7 ( J . Teutsch: Spătneol. Ansiedlungen, dans les
Mitth. der prăhist. Comis., 1903, p. 389, fig. 128); B 5 (Convorhiri literare, 1924, p . 105),
B 12 (/. c , p. 109); B 12 (Dolg.-Trav., 1914, p. 346, fig. 44 t a b . 13 près du foyer).
Analogies: I. Les stations du bassin de VOlt.
Olteni (Oltszem) «Station de Varmeghe»: B 1 (Dolg.-Trav., 1911, p . 190, pi. 10,
fig.8); B 5 (/. c, p . 216, fig. 69); B 7 (l. c , p . 198, fig. 26, p . 196—198, fig. 24—25 et
Arch. Ért., 1912, p . 59, t a b . I I , fig. 7) ; B 12 (Dolg.-Trav., 1911, p . 196, fig. 23 et
Arch. Ért., 1912, p . 61, t a b . I l l , fig. 14). Olteni (Oltszem) «Leânykavâr»: B 2, B
12. Baia Malnaş (Mâlnâsfurdô) : «Fôvenyestetô» B 3, B 13. Sfântul-Gheorghe (Sepsiszent-
gyôrgy) «Gémvâra» B. 3. Reti (Réty) «Tôrôkrétje»: B. 7, B . 8, B. 10, B. 12. Lisneu
(Lisznyô) «Jenejekhegy»: B 12. Priesterhiigel: B 3 ( J . Teutsch: Spătneol. Ansied.,
dans les Mitth. der prăhist. Commis., 1903, p. 377, fig. 46 et p . 385, fig. 60) ; B 2 (/. c ,
p . 374, fig. 60), B 12 (l. c , p . 284, fig. 104 şi p . 386, fig. 120).
I I . Les stations en dehors du bassin de VOlt:
Târgul-Mureş (Marosvâsârhely) B 12 (dr. Kovâcs I s t v â n : Marosvâsârhelyi
âsatâsok, Dolgozatok-Trav., 1915, p. 237, fig. 9 et p . 232, fig. 3, no. 17. Cucuteni:
B 3 (Zeitschrift fur Etnologie, 1911, p. 585, fig. a et c. Fuhrer, t a b . 7, fig. f) ; B 12
(Fiihrer, t a b . 7, fig. d). Petreni: B 12 la partie supérieure plus courbée (E. v. Stern:
Trudy, 1917, t a b . VI, fig. 9, t a b . X I , fig. 13); B 15 rebord plus large (I. c , t a b . I X ,

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FRANCISC LASZLÔ

fig. 3). Şipeniţi: B. 12. partie supérieure plus petite (G. Childe: Şipeniţi, p. 273, fig.
14); B 13 (/. c , t a b . XV, fig. 2) grand bol approchant du type B 15 avec deux ma­
melons, un rebord arqué à l'extérieur et deux oreilles horizontales sous le rebord (/.
c,. p . 272, fig. 11). Bilcze: B 5 forme de remplacement (Osztr. Magy. Monarchia irâsban
es képekben. Galicia, p. 119). Kozlovce: B 13 (G. Childe : East European, p. 261,
fig. 6). Tripolje: B 1 et B 3 (d'après les photographies envoyées par M. Chwoiko

PI. III.

en 1912); B. 12 (Mannus, vol. I, p . 242, t a b . 20). Butmir : B 1 (Fiala, Radimsky,


Hoernes: Die neol. Station von Butmir, I, fig. 16); B 2 (/. c , fig. 20); B. 8 a (/. c ,
fig. 22).
G R O U P E C. Jarres et cruches
(PI. III et IV, 1 — 8 et IV 9 — 19)
Leur caractéristique commune est une base étroite et le grand diamètre du corps,
environ deux fois le diamètre de l'ouverture, à l'exception des types 1—4 et 9 — 1 1
qui forment la transition vers les jarres m a r q u a n t les formes de départ. Les types
1 — 5 sont de grands pots de fabrication grossière. La h a u t e u r du pot présenté par
le dessin No. 4 est de 65.5 cm (on a trouvé des pots du même type d'une hauteur
de 80 cm). Autour de l'entrée et à la partie extérieure du col ces pots sont également
polis. E n général les parties exposées à la vue sont décorées ou plus soigneusement

10
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)

décorées que les parties inférieures. La partie inférieure des types 2 et 4 est sphéroïde,
celle des tvpes 1 et 3 a la forme d'un cône t r o n q u é ; 5 et 6 ont la forme d'un tonneau.
Le col du tvpe 1 n'est pas encore séparé, le type 2 a un col courbé à l'intérieur, 4—6
ont un col élevé ; le type 3 a un col qui présente la fusion de ces deux formations.
La partie supérieure des vases du type piriforme 7 et 8 est sphéroïde, leur partie in­
férieure est un cône tronqué élevé. Ils ont un rebord court courbé à l'intérieur. La
partie inférieure et supérieure du type 9 est sphéroïde; le rebord assis verticalement
est bien séparé. Le type 10 est également sphéroïde et la partie supérieure porte la
lisière de la partie inférieure du rebord. Le type 11 est de fabrication grossière; sa

PI. IV.

partie inférieure est conique. Sur la lisière des lèvres il a des lignes incisées (ces lignes
ne sont pas indiquées sur le dessin). Le type 12 est un pot sphéroïde de fabrication
brute ; autour de l'ouverture et à la naissance du col il a une bande horizontale in­
cisée verticalement. Le type 13 a une forme sphéroïde aplatie ; la partie supérieure
du pot 14 est sphéroïde, sa partie inférieure conique. La forme sphéroïde la plus ca­
ractéristique appartient au type 15. Tandis que la base de tous les autres types est
plate et se sépare du corps par un angle aigu, la base de ce type est formée par une
surface convexe. La partie supérieure des types 1 6 — 1 9 est sphéroïde et leur partie
inférieure conique. Aux types 13—19 dont le col est d'une hauteur médiocre, on re-

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riîANCISC LÂSZLÔ

m a r q u e à la n a i s s a n c e et t o u t a u t o u r d u col u n c r e u x assez p r o f o n d q u i s e r t à fixer


le c o u v e r c l e . L e col des t y p e s 15 et 16 est d'uni- seule piece, celui des p o t s 17 — 19
est divisé en d e u x p a r t i e s . Le pot 15 c o n t e n a i t u n e collection assez i m p o r t a n t e d e p a ­
r u r e s et le p o t 16 des l a m e s de silex. Les d e u x p o t s ont un c o u v e r c l e q u i e n t r e b i e n
d a n s le c r e u x q u i se t r o u v e s o u s le col et d o n t l ' o r n e m e n t a t i o n c o r r e s p o n d à l ' o r n e ­
m e n t a t i o n d u p o t . La h a u t e u r des t y p e s 1 à 11 e s t b e a u c o u p p l u s g r a n d e q u e le p l u s
g r a n d d i a m è t r e du v a s e , t a n d i s q u e la h a u t e u r des t y p e s 12 — 1 9 est t o u j o u r s p l u s p e ­
t i t e . Les t y p e s 12 et 19 o n t a u s s i u n p i e d , a l o r s q u e les a u t r e s t y p e s n ' e n o n t p a s .
L e t y p e 1 a en h a u t p r e s q u e s o u s l ' e n t r é e 3 o r e i l l e t t e s h o r i z o n t a l e s et p l u s b a s 2
oreillettes v e r t i c a l e s ; t o u t e s les o r e i l l e t t e s s o n t p e r c é e s . L e t y p e 2 a 4 o r e i l l e t t e s p r o é ­
m i n e n t e s s i t u é e s a u milieu d u v a s e . L e t y p e 3 a 12 o r e i l l e t t e s h o r i z o n t a l e s mises s u r
3 r a n g s . L e t y p e 4 e s t p o u r v u en h a u t , à la n a i s s a n c e du col, d e 4 o r e i l l e t t e s p e r c é e s
h o r i z o n t a l e m e n t a l t e r n a n t a v e c la r a n g é e d ' e n h a u t . Le t y p e 5 a u s s i a les o r e i l l e t t e s
placées en d e u x r a n g é e s : en h a u t , s o u s le col, 3 o r e i l l e t t e s v e r t i c a l e s , e t s o u s la ligne
d e milieu d u v a s e 4 a u t r e s , c o u p l é e s 2 à 2. Les o r e i l l e t t e s des t y p e s 6 à 8 s o n t p e r ­
cées v e r t i c a l e m e n t et p l a c é e s s u r d e u x r a n g s : la r a n g é e d ' e n h a u t s o u s le col e t celle
inférieure s u r la p a r t i e la p l u s renflée d u v a s e . L e t y p e 9 a 2 o r e i l l e t t e s h o r i z o n t a l e s
à la n a i s s a n c e d u col, le t y p e 10 é g a l e m e n t 2 s u r sa p a r t i e la p l u s l a r g e . 11 e t 12 n ' o n t
p a s d ' o r e i l l e t t e s ; 14 a des o r e i l l e t t e s p r o é m i n e n t e s n o n p e r c é e s , 18 a d e s o r e i l l e t t e s
p r o é m i n e n t e s n o n p e r c é e s . 1 3 , 1 5 , 16, 17 e t 19 o n t 2 — 2 o r e i l l e t t e s v e r t i c a l e s a u milieu
d e la p a r t i e s u p é r i e u r e s p h é r o ï d e .
6, 9, 13 — 1 5 o n t des o r n e m e n t s p e i n t s . Le c o r p s d u t y p e 10 a u n e o r n e m e n t a t i o n
en forme de peigne. 16—19 sont plastiques et peints.
L e s t y p e s d e d é p a r t 4 , 16 — 19.
Les n u m é r o s d ' i n v e n t a i r e des p o t s p r é s e n t é s s u r la PI. I I I e t I V d u g r o u p e
C : 1 = 2 0 2 4 , 2 = 4 9 3 0 , 3 *= 5 6 3 , 4 = 5 8 9 , 5 = 5 6 2 , 6 = 2 3 0 9 , 7 = 3 5 4 5 , 8 — 4 8 9 5 ,
9 = 4 9 2 4 , 10 = 2 3 2 6 , 1 1 = 5 5 2 , 1 2 = 3 6 5 5 , 1 3 = 5 8 4 , 14 = 5 6 4 , 1 5 = 2 3 7 3 A . ,
16 = 2 3 5 5 , 17 = 2 3 5 1 , 18 = 2 3 1 4 , 19 = 5 5 9 .
A consulter: C 3 (Arch. Ért., 1912, t a b . I V , fig. 1 6 ) ; C 5 (/. c , 1912, t a b . I V ,
fig. 1 5 ) ; C 5 (Dolg.-Trav., 1914, p . 3 1 3 , fig. 1 8 ) ; C 5 (Dolg.-Trav., 1911, p . 201—202,
fig. 3 2 ) ; C 14 (/. c , p . 212 — 2 1 3 , fig. 2 9 ) ; C 15 (/. c, p . 187, fig. 6 ) ; C 16 (/. c ,
p . 186, fig. 6 ) ; C 18 (/. c, p . 2 1 4 , fig. 3 1 , p . 2 1 3 , fig. 3 0 ) ; C 13 ( J . T e u t s c h : Spătneol.
Ansiedl., d a n s les Mitth. der pràhist. Commis., 1 9 1 3 , p . 3 8 8 , fig. 1 2 4 ) ; C 18 (/. c,
p . 3 8 9 , fig. 1 2 9 ) ; C 18 (Conv. lit., 1924, p . 103).
Analogies: I . Des Stations du bassin de VOlt:
Olleni ( O l t s z e m ) «Varmeghe» C 1 (Dolg.-Trav., 1 9 1 1 , p . 198, fig. 2 7 ) , C 6 (1. c,
p . 2 1 9 , fig. 7 3 ) ; C 18 (1. c, p . 2 1 6 , fig. 6 8 ) . Olteni ( O l t s z e m ) « L e â n y k a v â r » C 4 ,
C 16. Sfântu-Gheorghe ( S e p s i s z e n t g y ô r g y ) « G é m v à r a » C 1, C 4 , C 1 8 ; Reti ( R é t y )
«Tôrôkrétje» C 6, C 7, C 17. Aninoasa ( E g e r p a t a k ) «Olâhulés» C 4 ; Cernatul de Jos
(Alsôcsernâton) «Templomdomb» C 4.
I I . Des Stations en dehors du bassin de VOlt:
Cucuteni: f o r m e s d e t r a n s i t i o n e n t r e C 8 e t C 1 8 , a v e c l ' a r c d u col u n p e u
c o u r b é en d e h o r s (Conv. Liter., 1924, p . 9 5 ) . C 10, C 14 (Z. f. E., p . 5 8 6 , fig. 3 a
et b ) , C 3 , C 9, C 10 d e f a b r i c a t i o n p l u s g r o s s i è r e (/. c, p . 5 8 7 , fig. 4 e. f. g) ; C 16
(Fùhrer, t a b . 7, fig. 6). Petreni: C. 7 la p a r t i e i n f é r i e u r e p l u s p e t i t e ( E . v . S t e r n :

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12
I IS TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)

Trudy, 1917, t a b . X I I , fig. 3 et t a b . I I , fig. 3 h) ; C 9 (/. c , t a b . V I I ) ; C 15 le col


plus petit (/• <*•• t a n - V I I I , fig. 11). Şipeniţi: C 3 (G. G u i d e : East European, p .
277, fig. 24). C 10 (/. c , t a b . XV, fig. 5), forme de transition de C 8 à 18, le col
en forme de cône tronqué, l'ouverture arquée en dehors (/. c, t a b . X I V , fig. 1),
forme de transition de C 8 à 18 (/. c , p. 261, fig. 7). C 16 (/. c, p . 270, fig. 6, p .
270, fig. 7, p . 270, fig. 8, p. 271, fig. 9, t a b . XV, fig. 3, entrée plus étroite Tab. XV,
fig. 1). C 14 entrée arquée en dehors (/. c , p. 271, fig. 10); C 18, entrée plus étroite
(/. c, p . 270, fig. 5). Kozlovce: C 14 le col courbé en dehors (/. c , t a b . X I I , fig. c),
C 14 (/. c , t a b . X I I , fig. b). Tripolje: C 3 un exemplaire plus petit (d'après la

photographie de M. Chwoiko) C 10, avec col plus haut (/. c ) , C 7 sans rebord (/. c),
C 9 (/. c), C 10 (Mannus, vol. I, t a b . 20). Bilcze: C 9, C 12, C 14 (Osztr. Magy.
Monarch, irâsban es képekben: Galicia, p. 119). Région du Dnjepr: C 6 embouchure
plus haute, rebord plus étroit (C. Childe: East European, p . 272, fig. 14 a.), C 8
le col manque (/. c , p. 272, fig. 14 b.) ; C 16 (/. c , p . 263, fig. 8.), Dutmir: C 1 (Fiala,
Radimsky, Hoernes: Die neolit. Station von Butmir, vol. I I , fig. 23), C 3, forme
rapprochée (/. c., vol. I, fig. 22).

G R O U P E D. — C R U C H E S (Amphores)
(PI. V, 1 — 6)
L'ouverture des cruches est encore plus étroite. En général, elle est de 2.5 fois
plus étroite que le corps du vase. La hauteur des cruches est toujours plus grande
que le grand diamètre horizontal. Caractéristiques pour la cruche type sont les deux

1.5
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FRANCISC LÂSZLÔ

oreillettes proéminentes percées verticalement et placées sur la partie la plus renflée


de la panse. La forme de départ no. I est une amphore parfaite à fond s p h é r i q u e ; l a
partie inférieure des autres a la forme d'un cône tronqué. La partie supérieure du type
2 est plus ou moins sphéroïde. Le type 1 a un col vertical, le type 2 un peu courbé en
dedans, mais ni à l'une ni à l'autre cruche le col n'est séparé du corps. Le type 3 a
un col bien séparé, formé d'une seule pièce ; le col 5 a deux parties. Au 4, le col un peu
courbé en dehors, est séparé du corps par un cercle en relief. Sous la naissance du col
très haut de la forme no. 6, on aperçoit tout autour comme aux C 13 — 1 9 , un creux
assez prononcé qui servait ici aussi à la fixation du couvercle. 4 et 6 sont sur pieds.
4 a deux oreillettes percées horizontalement; 6 n ' a ni oreillettes, ni proéminences.
Le no. 1 est de fabrication brute, 2 et 4 sont polis, 3, 5 et 6 ont des ornements
peints.
Les formes de départ sont 2, 3 et 5.
Les numéros d'inventaire des figures du tableau V : 1 = 553, 2 = 536, 3 = 534,
4 = 46, 5 = 565, 6 = 3362.
A consulter: D 2 (Dolg.-Trav., 1911, p. 201, fig. 33); D 2 (/. c, 1914, p . 313,
fig. 18).
Analogies: I. Des stations de la région de VOlt:
Olteni (Oltszera) «Varmeghe» D 2, D 3, D 5. Cernatul de Jos (Alsôcsernâton)
«Templomdomb» D 2.
I L Des foyers en dehors de la région de VOlt:
Cucuteni: D 4 sans la proéminence du col (Filhrer, t a b . 7), Petreni: D 3 oreille
plus haute, ouverture arquée en dehors ( E . v . Stern: Trudy, 1917, t a b . I I , fig. 1. 8.).
Şipeniţi: D 3 l'ouverture arquée en dehors (G. Childe: Şipeniţi, p . 272, fig. 13), Zlo-
talipa: D 3 avec col courbé en dehors, (Mannus, vol. I, p . 237, fig. 12 a), Bilcze: D 5
(Osztr. Magy. Monârchia irâsban es képekben, Galicia, p . 119). Tripolje: D 1 avec
oreillette (d'après la photographie de M. Chwoiko), D 3 avec un corps plus petit, arqué
en dehors, col séparé (Chwoiko: Roskopky Plostsadok, Moskva, 1910. T a b . V I I I ) ,
Dimini'. D 4 sans la proéminence sous le col (Tsountas: Dimini kai Sesklou, Athènes
1908, t a b . VI, fig. 1).

GROUPE E.—VASES A PIED


(PI. VI, Kg. 1 8 )
Le pied des bols, jarres et cruches (B 5, 7, 11, 14 C 12, 19, D 4, 6) est une plaque
circulaire plate ou un peu convexe qui sert à maintenir l'équilibre des vases à fond
étroit. E n dehors de cela, le pied hausse le corps du vase et en change aussi la forme
générale. Le pied des vases à pied proprement dits peut être plein (type 1) ou creux
(types 2 — 8 ) . Sa forme est celle d'un cône tronqué (3 — 5) ou cylindrique (2, 6,8).
Le no. 7 s'élargit sous son pied en forme de cône tronqué. 1, 2 et 4 sont des tasses
à pied, 3 est un pichet dont le col est développé en hauteur. Des numéros 5 et 7 on
n'a retrouvé, comme d'ailleurs presque de tous les vases de cette catégorie, que des
fragments, mais d'après la courbe de la panse nous pouvons les considérer comme
vases à pied. Tous ont les parois épaisses, la majorité la surface polie et sont dé-
pourvus d'ornementation. Le no. 3 est soigneusement poli, pourvu d'une oreillette
et peint en blanc. Le pied du no. 5 est pourvu de larges trous.

Il
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÛSD)

Les numéros d'inventaire des figures de la pi. VI sont: 1 = 4 2 0 8 , 2 = 2 3 3 6


3 = 2467, 4 = 1945, 5 = 2436, 6 = 2356, 7 = 582, 8 == 1718.
A consulter: E 1 avec pied plus large, sous l'ouverture avec 2 + 2 trous ( J . Teutsch:
Prăhistorische Funde aus dem Burzenland., Mith. der Antr. Gesellsch. in Wien, Vol.
X X X . 1900, p. 199, fig. 153) E 4 (Dolg.-Trav., 1911, p . 202, fig. 35) ; E 4 (/. c ,
p. 190, t a b . 10, fig. 5).
Analogies: I. Des foyers de la région de VOlt:
Olteni (Oltszem): «Varmeghe» E 2, E 2/3 (Dolg.-Trav., 1911, p . 202, 206, 217,
fig. 36, 37, Arch. Ért., 1912, p . 57, t a b .
I, fig. 2), E 3 (Dolg.-Trav., 1911, p . 190,
t a b . 10, fig. 9); E 3 (/. c , p . 214, fig.
38); E 4, 5 Olteni «Oltszem» «Leânykavâr»;
E 4 Reti (Réty) «Tôrôkrétje»; E 6 Baia
Malnaş (Mâlnâsfùrdô) ; E 5, Cernalul de
Jos (Alsôcsernâton) «Templomdomb» E 6.
Priesterhiigel E 1 avec pied plus large,
sous l'entrée avec 2 + 2 trous ( J . T e u t s c h :
Prăhist. Funde ans den Burzenlande, Mit-
theil. d. Antrop. Gesellschaft in Wien, Vol.
X X X , p . 199, fig. 153).
I I . Des autres foyers que ceux de la
région de VOlt:
Cucuteni : E 2/3 identique avec l'exem­
plaire d'Olteni. (D'après l'esquisse que j ' a i P1 V I
faite dans la collection du Museum fur Vôl-
kerkunde de Berlin). Butmir: E 4 (Fiala, Radimsky, Hoernes : Die neolit. Station
von Butmir, t a b . V I I , fig. 4) ; E 7 (I. c , vol. I, fig. 27).

G R O U P E F . — S U P P O R T S C R E U X (en forme de tuyau), I N D É P E N D A N T S


(PI. VII. fig. 1—7)
D'après la croyance générale ces objets d'une forme peu commune, ouverts en
haut et en bas, servaient de supports aux vases, dont ils rehaussaient le corps. Nous
avons remarqué plus d'une fois, à Ariuşd, aussi que la surface intérieure du tuyau était
recouverte de suie, ce qui dénote que ces supports servaient aussi au chauffage. Les
pieds sont de différentes dimensions: petits (types 1 et 2), moyens (3 et 4) et hauts
(5—7). Selon toutes probabilités, les pieds moyens ont dû servir à soutenir des vases et
des pots de dimensions plus grandes, tandis que les pieds hauts sont indiqués comme
supports de vases à fond étroit. Caractéristiques au point de vue typologique sont
les deux ouvertures larges et circulaires qui se trouvent en face l'une de l'autre sous
le col des pieds moyens et des pieds hauts. Ces ouvertures servaient pendant le
chauffage à l'échange d'air et par conséquent à éloigner la fumée. Pour assurer le courant
d'air nécessaire à la combustion, il est probable qu'on mettait ces pieds sur des pierres,
afin de permettre à l'air de parvenir à la braise, qui se trouvait à l'intérieur du tuyau,
ainsi qu'au brasier qui se trouvait en dessous. Comme aucun des types de pieds re-

i:>
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1 KANCISC LÂSZI/)

trouvés jusqu'à présent, ne présente ni oreillettes ni autres parties proéminentes, il


est probable que pour leur transport on se servait d'un petit bâton qu'on passait
par ses ouvertures.
Le No. 1 est un peu arqué, en forme de cône tronqué. Le type 2 est formé de
deux cônes tronqués superposés par leurs parties étroites. 3 — 7 ont un col formé
séparément et courbé en dehors. Abstraction faite du col, le profil des parois est tou-
jours en forme de «S» allongé. La partie inférieure courbée en dehors servait au main-
tien de l'équilibre; plus le pied est grand, plus cette courbe est prononcée (types
6 — 8). Les types 2 et 5 ne sont pas peints, alors que tous les autres le sont soigneuse-

PL VII.

ment. La hauteur des petits pieds est de 8 — 1 0 cm, celle des moyens 20 — 30 cm et celle
des pieds hauts 30 — 40 cm. Le plus grand des pieds (figure 7) a une hauteur de 44 cm.
Les types de départ sont les types 2 à 7. Les plus nombreux trouvés sont les
types 5 à 7.
Les numéros d'inventaire des pieds creux dessinés sur la planche VII sont:
1 = 1948, 2 = 571, 3 = 2332, 4 = 585, 6 = 2328, 7 = 3653.
À consulter: F 1 (Dr. G. Wilke: Kullurbeziehungen, Mannus-Bibliothek, Wùrz-
burg, 1913, p. 50, fig. 73) (Dolg.-Trav., 1911, p. 204, 217, fig. 4 1 , p . 190, t a b . 10, fig.
12); F 2 (/. c , p. 204, fig. 43, p . 190, t a b . 10, fig. 6) ; F 3 (/. c , p. 190, t a b . 10,
fig. 7); F 4 (/. c , p . 205, fig. 44, p. 205, fig. 45); F 4 (/. c , 1914, p . 313, fig. 18 et
p . 334, fig. 344. Auprès de lui le vase A 4 et A 6).

16
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)

Analogies: I. Des foyers de la région de VOlt: Olteni (Oltszem) «Varmeghe» F 5


(Dolg.-Trav., 1911, p . 190, Tab. 10 — fig. 10), F 5, 6, 7, Reti (Réty) «Tôrokrétje»
F 2, F 3, Lisneu (Lisznyô) «Jenejekhegy» F 3, F 5, Boroşineul Mie (Kisborosnyô)
Borzvâra F 5.
I I . Des foyers autres que ceux de la région de VOlt: Cucuteni F 5 à col plus
haut (Z. f. E., 1911, p . 585, fig. 2 b), Dimini: F 1 (Tsountas, Dimini kai Sesklon,
T a b . V I I , fig. 1).

G R O U P E G. — V A S E S A P I E D C R E U X
(PI. VIII, 1—2)
Au même titre que les pieds creux, les vases à pieds creux sont des plus inté­
ressants objets préhistoriques. Nous les avons découvert en exemplaires plus ou
moins nombreux dans plusieurs fouilles et ils semblent avoir été fabriqués depuis
l'époque néolithique jusqu'à celle romaine. Dans le domaine de la céramique peinte
est-européenne, ils ne sont connus jusqu'à présent, en dehors des foyers de la région
de l'Oit, que dans les centres de Cucuteni et Dimini. Dans les trois régions le pied

PL VIII.

creux qui sert de support est haut. La section en profil des pieds de vases d'Ariuşd
montre, comme pour le pieds libres, la forme d'un «S». Pour le maintien de l'équilibre
leur partie inférieure est plus large. La partie supérieure des parois du pied est pour­
vue, immédiatement sous le vase, de deux larges ouvertures circulaires placées l'une
en face de l'autre. Leur b u t est le même que celui des ouvertures des pieds libres.
Sur la surface intérieure de ces pieds on a également trouvé des traces de suie. Le vase
est soudé au support. Le vase du type 1 est petit et peu profond. Son fond est con­
cave et ses parois extrêmement épaisses. Le vase du type 2 correspond au type A 2.
Son diamètre est de très peu plus petit que la hauteur du vase entier avec support.
Un des exemplaires porte sous l'ouverture du vase une petite oreille proéminente
et horizontale ; deux autres exemplaires en ont deux. Un autre exemplaire a à la
place des oreillettes deux petits trous situés l'un en face de l'autre. Tous les exem­
plaires sont soigneusement faits, leur surface est polie et la plupart sont décorés d'or
nements peints en blanc. Un des exemplaires a une ornementation polychrome. Leur
hauteur est de 13, 26, 29, 31 et 44 c m ; il y a aussi certaines miniatures. Deux exem­
plaires ont été trouvés sur le plancher des habitations, un autre exemplaire dans

17
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2 Dacia I 1924.
FPANCISC LASZI/)

un four à cuire les vases. Les exemplaires de Cucuteni correspondent au type G 1


d'Ariuşd: leur vase est plus petit. Le renflement de la partie supérieure du pied ainsi
que les deux trous manquent aux exemplaires retrouvés à Dimini, dont les vases
ont 4 côtés ').
Quant à l'emploi de ces vases, nous n'avons pu d'après les exemplaires d'Ariusd,
établir qu'une chose: c'est qu'ils servaient à chauffer les matières qu'on y mettait.
Les vases ne servaient probablement pas seulement aux sacrifices, mais ils devaient
avoir aussi un emploi domestique. Si nous pouvons retrouver le cimetière apparte­
nant au centre d'Ariusd, lequel résoudrait t a n t de problèmes, mais dont on a jusqu'à
présent vainement cherché la place, nous sommes sûrs de retrouver ces vases dans
les tombeaux, fussent-ils d'inhumation ou d'incinération 2 ).
Les numéros d'inventaire de vases à pied creux dessinés sur PI. G sont:
1 = K v . 815, 2 - 2 4 7 8 .
À consulter: G 1 (Conv. Lit., 1924, p . 107); G 2 (Dolg.-Trav., 1911, p. 214—215,
fig. 39 et Dolg.-Trav., 1914, p . 333, fig. 33 et p. 313, fig. 18).
Analogies: I. Des stations de la région de FOU. Olteni (OItszem) «Varmeghe» G 2
(Dolg.-Trav., 1911, p . 206, fig. 49 et Arch. Ért., 1912, p . 57, t a b . I, fig. 3). Reti (Réty)
«Tôrôkrétje» G 1/2.
I I . Des centres autres que
ceux de la région de FOU.
Cucuteni: G 1, le vase plus
petit (Fiïhrer, t a b . 7, fig. j ) .
Dimini: G 2. Le vase est à
quatre côtés (Tsountas: Di­
mini kai Sesklon, t a b . X ,
fig. 2 et t a b . X X I I I , fig. 3).

G R O U P E H.—VASES
RECTANGULAIRES
(PI. I X , fig. 1 — 5)
A l'exception d ' u n seul
exemplaire, tous les autres
PI. IX.
vases retrouvés sont en frag­
ments. Les fragments 1—4 sont de fabrication grossière et appartiennent à des
vases d'une forme allongée comme une auge. Ils imitent probablement les auges
en bois. Leurs bords sont arrondis ; les parois intérieurs sont arquées en toutes direc­
tions. Le no. 2 a la paroi percée. Le no. 4 est pourvu de deux côtés plus petits et à
mi-hauteur d'une protubérance percée horizontalement. La partie supérieure du type

*) Des fragments de ces vases à 4 côtés et à Selon t o u t e s probabilités l'exemplaire de Sf.


o r n e m e n t a t i o n incisée ont été retrouvés d a n s des Gheorghe a v a i t u n pied creux. — On connaît
stations du d é p a r t e m e n t de Trei-Scaune, contem­ aussi quelques exemplaires de B a n d (Mczôbând)
poraines de la culture B d'Ariusd: Sfântu-Gheor- Dolg-Trav., 1913, page 272, et de Vârchetz (Wo-
ghe (Sepsiszentgyôrgy), Băile Malnas (Mûlnàs- zsinsky Môr.): Az iishor mészbetctes diszitésù agyag-
fùrdô), Cernatoni (Csenâton) et Sânzieni et d a n s mivessége— B u d a p e s t 1904 — T a b . 83 figure 3).
2
la c o m m u n e Roşia Săsească du d é p a r t e m e n t de ) Wozsinsky Môr: Pràhislorikus talpcsôves
Braşov. edények, Arch. Êrt., 1891, p . 211—224.

L8
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÛSD)

3 a un bord servant à fixer le couvercle. Les 4 fragments ne sont pas peints. Le


fragment no. 5 est développé en hauteur, poli soigneusement et peint. En ce qui
concerne sa forme, on peut se rendre compte qu'il appartient à un vase à 4 angles
plus haut et fixé sur 4 pieds.
Les numéros d'inventaire des vases à 4 angles représentés sur la PI. I X sont:
1 = 3701, 2 = 4776, 3 = Bp. 125, 4 = , 5 = Bp. 42.
Analogies: I. Des foyers de la région de VOlt: Reti (Réty) «Tôrôkrétje» H 1, H 4.
I I . Des foyers autres que ceux de la région de VOlt: Şipeniţi: H 1 (G. Childe,
Şipeniţ, p . 275, fig. 22).

G R O U P E J . — COUVERCLES
(PI. X, fig. 1-12)
Les couvercles des vases, sont la preuve du haut développement de la culture

de la céramique peinte est-européenne. La plupart ont le type d'un b o l ; il y en a


même qui servaient en même temps de bol et de couvercle. De pareille forme sont

19
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2*
IHANCISC LÀSZLÔ

les couvercles 1 — 5 et 12. Les grands bols indiques par B 5 et B 7 selon les analogies
de Cucuteni servaient aussi de couvercles. La preuve en est la courbe de l'ouverture
et l'ornementation peinte de la surface extérieure du fond. Nous savons aussi à quel
vase appartiennent le couvercle fig. 2 ainsi qu'un autre couvercle qui a été retrouvé.
La forme générale du couvercle est sphéroïde (types 1, 2, 3, 12) ou représente
un cône tronqué (4. 5). 1 et 2 sont pourvus à mi-hauteur des parois de protubé­
rances, percées verticalement. Les couvercles 3 et 4 sont percés horizontalement
à leur endroit le plus haut, les autres ont à ce même endroit un bouton (6, 9, 10, 11)
proéminence en forme de cône tronqué ou une languette percée horizontalement
(7, 8) qui permet de les tenir dans la main. Développé en hauteur est le type 9 ; spé­
cifique est le bouton fortement profilé du type 11. Les no. 4 et 5 ont la surface polie,
les autres ont des ornements peints.
Les numéros d'inventaire des couvercles indiqués sur le tableau J sont:
1 = 2350, 2 = 2373, 3 = 3621, 4— 2413, 5 = 3273, 6 - 3 7 2 7 , 7 = 3575 8 = 1850,
9 = 2 6 1 4 , 1 0 = 3574, 11 = 3704, 12 = 3371.
A consulter: J 12 (Conv. Lit., 1924, p . 109).
Analogies: I. Des foyers de la région de VOlt : Olteni (Oltszem) «Varmeghe» J
5 (Dolg.-Trav., 1911, p . 202, 204, fig. 34), Olteni (Oltwem) «Leânykavâr» J 4 (/. c ,
p . 205, fig. 46 et t a b . 10, fig. 1).
I L Des centres autres que ceux de la région de VOlt: Cucuteni: J , 12 grand couvercle
peint (d'après le dessin que j ' a i fait dans la collection de Berlin du «Museum fiir
Vôlkerkunde»). Şipeniţi: J . 2 (G. Childe: Şipcnifi, t a b . X I V , fig. 2 ) ; J , 2 plus aplati
(E. v. Stern: Trudy, 1907, t a b . I, fig. 1). Bilcze: J 2 (Osztrâk-Magyar Monarchia,
Irâsban es Képekben. Galicia. p . 119), Tripolje: J 2 corps plus petit, courbé en
dehors, cou séparé. (Chwoiko: Raskopki Plostsadok, Moskau, 1910, t a b . V I I I , et
d'après les photographies de M. V. Chwoiko), J 5 (Mannus: vol. I, p . 242, t a b . 20),
Petreni: J 2 plus aplati (E. v. Stern: Trudy, 1917, t a b . 1, fig. 1, t a b . VI, fig. 7
et t a b . V I I I , fig. 7).

GROUPE K.—VASES EN MINIATURE


(PI. XI, fig. 1—4)
Leur valeur typologique se résume au fait que leurs formes sont plus anciennes
que celles des vases développés. Ils ne sont pas seulement des jouets d'enfants, mais
aussi des vases employés aux enterrements. Dans les tombeaux d'enfants de Lcngyel
on a toujours trouvé de pareils vases. Leur fabrication est souvent tellement primi-
tive qu'on ne peut pas reconnaître le t y p e du vase ; il y en a cependant d'assez bien
travaillés. Les vases en miniature que nous avons étudiés appartiennent aux types
suivants de grands vases: A 1, 2, 3, 4, 5, 8, 1 2 ; B 1, 2, 3, 6, 10, 12, 1 3 ; C 1, 9, 13,
16; D 1 ; E 1, 2, 3, 4, 7, 8 ; F 3, 5 ; G 1, 2. La plupart de ces vases ont une hauteur
de 3 à 6 cm. ; il y en a aussi dont la h a u t e u r est de 1 à 3 cm.
J ' a i aussi trouvé certains vases en miniature dont le type ne ressemble à aucun
des grands vases. J ' a i donc établi pour ces types la planche K. Les nos. 1 et 3 sont de
petits vases de forme ovale ; l'intérieur du vase no. 3 est séparé en deux par une paroi
verticale. Le no. 2 a la forme parfaite d'une demi-coquille de noix. Le vase en forme
de ruche d'abeille, indiqué sous le no. 4, imite la forme d'un four à cuire les vases.

20
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ElîOSD)

(Dolg.-Trav., 1914, p . 315, fig. 20). Les fours à cuire connus à Ariuşd (/. c, p . 314,
fig. 19, p . 345, fig. 43, p . 313, fig. 18) ont, comme on a pu établir d'après les fragments
de la base et des parois, exactement la même forme. La hauteur du vase est de 6 cm.,
le diamètre de sa base de 5.5 cm. Nous avons encore un pareil vase, un peu plus
grand, provenant des fouilles de«Gémvâra», située sur la limite de Sft.-Gheorghe ; comme
ornements sa surface pré­
sente sous l'ouverture qua­
tre sillons horizontaux et
plus bas deux sillons ver­
ticaux. Son oreillette est
percée horizontalement.
Les numéros d'inven­
taire des vases en minia­
ture compris dans la PI.
X I sont: 1 = 2 4 3 9 , 2 =
2469, 3 = 2 4 3 8 , 4 = 3 6 7 5 .
A consulter : D. 2 (Dolg.-
Trav.,,1911, p. 217, fi g. 51).
Analogies : D'Oiteni (01-
tszem) A. 2 (Dolg.-Trav., 1911, p . 224, fig. 60); A 2 (/. c, p . 234, fig. 70); B (/. c ,
p . 213, fig. 47), C 6 forme rapprochée (/. c, p . 216, fig. 50) ; F 3 (/. c , p . 217, fig. 52) ;
G 2 (Z. c , p . 214, fig. 48); G 2 (/. c, p . 215, fig. 49); H 4 forme rapprochée (/. c ,
p . 218, fig. 53).

G R O U P E L. — VASES P L A S T I Q U E S
(PI. XII, fig. 1 — 5)
Les preuves les plus vives de la perfection artistique de l'homme d'Ariuşd sont
les figurines d'hommes et d'animaux en argile (idoles). Parmi les formes d'animaux
il y en a qui présentent une ouverture ovale dans le dos, de sorte que leur forme
extérieure n'est pas changée. De ces vases zoomorphes de type très ancien, les fig. 1
et 2 représentent une brebis. Leur pied est musclé, les autres parties du corps bien
modelées. Le fragment de la plus grande forme est présentée sous no. 4. Sa hauteur
est de 11,5 cm. On peut distinguer à la plupart des formes, entre les oreilles, des
têtes d'animaux. L'oreille de vase, dessin no. 3, imite une pareille tête d'animal.
Dans Dolgozatok-Travaux (1911, p . 194, fig. 20) j ' a i publié un vase à surface brute
qui possède sous le bord une proéminence allongée et penchée, ayant une certaine
ressemblance avec un nez d'homme, et sur les deux côtés, à la même hauteur, une
proéminence en forme d'hémisphère. Nous pouvons donc reconnaître dans les pro­
éminences du vase, naturellement dans une forme extrêmement primitive, les traits
caractéristiques de la face humaine. La figure 5 représente aussi un fragment d'un
pareil vase antropomorphe. Il diffère du vase précédent principalement par le fait
que le nez commence au bord même du vase.
Les vases de la pi. X I I sont inventoriés comme suit: 1 = 501, 2 = K v . 102,
3 = 3702, 4 = B p . 189, 5 = B p . 126.
A consulter: L 1 (Dolg.-Trav., 1911, p . 221, fig. 86).

21
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FRANCISC LASZLÔ

Analogies: I. Des foyers


de la région de VOlt: Sft.-Gheorghe (Szepsiszentgyôr-
gy) «Gemvâra», Lisneu
( L i s z n y ô ) : «Jenejek-
hegy».
I I . Des foyers autres
que ceux de la région de
VOlt: Şipeniţi: L (G.
Ghilde, Op. cit., p . 276,
fig. 23) ; L 1, ouvert en
h a u t et sur les deux
côtés plus étroits une
tête d'animal (/. e.,tab.
X V I ) ; Petreni: L (E.
v. Stern: Trudy, 1917,
t a b . I, fig. 7) ; L 3 (/.
c , t a b . VI, fig. 1 3 - 1 4 )
à laquelle correspond
la forme du fragment
de Sft.-Gheorghe qui
représente une tête de bélier; Butmir: IL 3 (Fiala, Radimsky, Hoernes: Die neoli-
tische Station von Butmir, vol. I I , fig. 25).

GROUPE M . — V A S E S DIVERS
(PI. XIII, fig. 1 — 7)
Ces sont des vases dont le type ne peut être établi d'après les fragments retrouvés.

Afin de compléter cet ouvrage je présenterai aussi ces fragments, dont chacun
garde en partie les traits caractéristiques du vase auquel il appartenait. Les nos. 1 et 3
sont des éviers en forme de cône tronqué. Le no. 3 est ouvert en h a u t ; le no. 2 est le
fragment d'une embouchure de vase à filet saillant. La saillie extérieure sert à soutenir
le couvercle et le canal entre le bord et la saillie à le fixer. H u b e r t Schmidt a esquissé

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22
LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)

un vase exactement pareil provenant de la station la plus ancienne de Troie (Troja-


nische AUertumer, Berlin, 1912, p . 4, fig. 114). Les nos. 4 et 7 sont les fragments d'un
vase pareil à deux compartiments ; un relief circulaire sur la paroi intérieure montre
cette séparation du vase. Sur la paroi extérieure on n'en voit aucune trace. Le no. 5
est le fragment d'un vase à fond large dont les parois sont arquées en dedans. Enfin
le no. 6 est la partie cylindrique du goulot d'un vase, dont l'ouverture est extrêmement
étroite.
Les objets de la planche M sont inventoriés: 1 = 4879, 2 = B p . 279, 3 = B p .
95, 4 = B p. 204, 5 = B p. 205, 6 = B p . 282, 7 = B p . 203.

* *
Comme conclusion j'établirai ce qui suit concernant la forme des vases d'Ariuşd:
La matière plastique employée à la fabrication des vases a reçu par la perfection
artistique du potier d'Ariuşd une forme si parfaite et correspondant si bien à son
emploi que nous trouverons difficilement dans une autre station de l'époque pré­
historique des formes aussi variées et réussies. Le fait que le potier donnait libre
cours à son imagination contribue à la variété des groupes et des formes de vases.
Dans ce qui suit je ferai connaître, par le tableau annexé PL XIV, les 12 groupes de
formes, 102 types de vases et les variétés établies dans la culture A d'Ariuşd. La
forme générale des vases dérive de la forme sphéroïde et du cône tronqué. La plupart
des vases ont gardé à la partie supérieure l'ancienne forme sphéroïde. La partie su­
périeure est rarement cylindrique ou arquée, quelques fois elle a la forme d'un cône
tronqué. La partie inférieure des vases est sphéroïde ou en forme de cône tronqué.
Dans la description des bols et petites jarres j ' a i fait remarquer qu'au type B 9 la
forme de cône tronqué de la partie inférieure est née de la fonte du vase sphéroïde et
du pied cylindrique afin de rehausser le vase pendant le chauffage. Ceci se réfère
naturellement aussi aux soupières cruches et écuelles à fond sphérique ou plat. La
forme la plus développée en ce qui concerne le rehaussement du corps par un
cône tronqué renversé appartient aux types C 7, 8 des vases piriformes. J ' a i étudié
tous les vases des groupes A, B , C, D, afin d'établir le pourcentage des vases à
partie inférieure sphéroïde et le pourcentage des vases à partie inférieure trans­
formée en forme de cône tronqué. Ces groupes ont 3 9 % de vases du type sphéroïde
et 6 1 % du type à cône tronqué. D'après les exemplaires répertoriés ici, 3 4 %
sont du type sphéroïde et 6 6 % du type à cône tronqué. Le résultat du tableau
statistique établi d'après les couches de la station est presque identique 1 ) . Le fond
des vases à partie inférieure en forme de cône tronqué est toujours étroit et a p l a t i ;
il correspond cependant parfaitement à la stabilité du vase, par suite de la forme

x
) H a n s Reinert : Chronologie der jiïngeren Stein- de la céramique de Bodensee — Pfahlbau (Tabl. V)
zeit in Suddeutschland, Augsburg, 1923. E n p r e n a n t 7 8 % sont sphéroïdes et 2 2 % coniques; dans le
pour base ce livre j ' a i composé ce résultat avec les groupe de la céramique de Mickelsberg (tabl.
résultats des formes de certains groupements de cul­ V I — V I I I 9 4 % sont sphéroïdes et 6 % coniques;
t u r e néolithique de l ' E u r o p e Centrale: dans le grou­ dans le groupe de la céramique cordée (tabl.
pe de la céramique à spirales et méandres (tabl. I) I X — X ) tous les vases sont sphéroïdes et arqués
tous les vases sont sphéroïdes, dans le groupe près du fond ; dans le groupe de Mondsee — Laibach
de la céramique de Hinkelstein (tabl. I I ) 94°/ 0 (tabl. X I I ) 6 8 % sont sphéroïdes et 3 2 % co­
sont sphéroïdes et 6° 0 coniques ; d a n s le groupe niques.

23
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LES FORMES DE VASES PAR RAPPORT AUX COUCHES D'ARIUŞD
ET PAR RAPPORT À LA STATION À COUCHE UNIQUE D'OLTENI
Ariuşd ( E r o s d ) : «Tyiszkhegy» PL XIV.

o
u A. Les formes d'écuelles B . Les formes de bols et de petites D. Les formes
3 et de j a t t e s jarres
C. Les formes de j a r r e s et cruches
de cruches
A.-D. 1
O
O

1
1 2 3 1,6 5 7 8 9-12 1 2 3 4 5-7 8-9 10-11 12 12-14 15 1 2-4 5 6 7-8 9 10 11-12 13 14 15 16-19 1 2 3 \ 5 6 Total

IL 2 1 1 4 1 1 3 2 2 17

III. 1 1 2 1 1 1 ] I 1 1 1 12

IV. 1 1 2 1 1 l 1 2 3 1 4 2 1 3 1 1 1 1 4 1 2 38

V. 1 3 1 1 1 1 1 1 2 1 8 1 <S 1 1 2 1 27

VI. 1 1 4 1 1 2 5 2 3 1 3 15 1 5 1 1 1 1 1 1 3 1 55

VIL 2 1 1 1 4 2 1 2 1 2 1 1 2 1 22

Total 5 8 1 9 3 2 2 10 4 8 9 1 8 5 5 26 6 12 2 5 1 î 3 1 1 2 1 1 1 11 1 6 2 3 1 171
: '
40+ 84+ 30+ 17 = 171

Olteni ( O l t s z e m ) : «Varmeghe»

5 1 il 6 3 3 — 2 - 3 13 — 9 4 2 7 3 3 1 2 1 î — 2 1 5 — 13 1 1 —5 - 98
- | -
21+ 44+ 26+ 7=98

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Ariuşd ( E r ô s d ) : «Tyiszkhegy»

0)
G. Les for­ H. Les for­ K . Les L. Les
V E . Les formes F . Les formes formes de formes de M. Les fragments
s de vases à pied mes de vases mes de vases J . Les formes de couvercles E.-M.
de supports vases en vases plas­ de vases divers
o à pieds creux rectangulaires,
U miniature tiques

1-2 3-5 6,8 7 1 2 3-4 5-7 I 2 1,2,4 3 5 1 2 3 4-5 7-8 6,9,10-11 12 1 2 3 1 1,2,4 3,5 1,3 2 4,7 5 6 Total

IL 1 3 2 1 1 2 1 11
— —
III. 1 1 2

IV. 1 4 2 2 1 1 1 12
— —
V. 3 1 1 2 1 1 2 1 1 1 1 1 1 2 20
:
VI. 1 1 6 13 1 2 1 i 1 27

VIL 2 3 2 1 4 2 5 3 1 1 1 2 1 1 29

Total 3 8 2 1 1 7 16 19 1 5 7 1 1 1 1 1 2 ; 4 1 2 1 1 1 3 2 2 1 2 1 1 101

14+ 43+ 6+ '> 12+ 5+ 5+ 7 = 101

Olteni (Oltszem): «Varmeghe»

5 1 9
1
4 — 7
- | -
- -U. - — 1 — — — — 29
- -
14+ 4+ 7+ 3+ 1+ = 29

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FRANCISC LĂSZLO

parfaite et équilibrée du vase. La base se détache toujours de la partie inférieure


du vase en un angle aigu. Aux vases plus simples le col est remplacé par l'extension
de la partie supérieure du corps. L'endroit du col est indiqué, aux vases plus déve­
loppés, par le décor. Là où il forme une partie bien distincte, le col est droit
et dans la plupart des cas vertical ou un peu courbé en d e d a n s ; il est rarement
courbé en dehors. Le col arqué en dehors, que l'on rencontre plus souvent dans les
stations orientales, n'a été remarqué que dans un seul cas. Beaucoup de vases n'ont
ni oreilles ni autres parties proéminentes. Afin de pouvoir les saisir et lever, on les
a pourvu de petits boutons en forme de roue, en relief sur la surface du vase ou bien
de proéminences indépendantes, percées ou non percées. Il est plus rare de rencon­
trer des proéminences, droites ou de travers, à bout droit ou arqué, qui sortent des
parois du vase. Une anse en forme de ruban dont les deux bouts sont appliqués
sur le vase, n'a été rencontrée qu'une seule fois sur un grand vase du type C 4, sur la
ligne de séparation du col. Certains vases ont les oreillettes en forme de têtes d'animaux.
L'endroit des proéminences ou des oreillettes n'influence jamais la forme générale du
vase. On peut dire que tout relief pareil se fond dans la forme caractéristique du vase.
La courbure des parois des vases est toujours, ainsi que l'indiquent les profils,
décidée et n'est jamais artificielle, même dans les vases les plus précieux. Le bord est
toujours poli avec le plus de soin possible.
Tous ces traits déterminent dans une telle mesure la forme du vase que d'après
un fragment d'embouchure ou de fond ou d'après une oreille on peut établir avec certi­
tude si le vase appartient à ce cycle de culture, même s'il ne présente aucune trace
d'ornementation.
Ainsi que j ' a i dit plus haut, j ' a i établi le tableau statistique ci-joint afin de
réduire les textes et de donner la possibilité de saisir l'ensemble d'un seul coup
d'oeil. Le tableau montre les rapports entre les formes et les couches et le nombre de
vases a p p a r t e n a n t aux différentes couches.
Le tableau donne les explications nécessaires q u a n t à l'endroit dans les couches
d'un total de 272 vases étudiés. Ces résultats ne peuvent être considérés comme dé­
finitifs, si nous songeons que des vases piriformes comme C 7 et 8, si caractéristiques
pour la culture de la céramique peinte, on n'a retrouvé qu'un seul exemplaire après
6 ans de fouilles. On trouvera encore certainement des types et des formes nouvelles
dont pourrait s'accroître l'importance de certaines formes. Une chose est cependant
bien établie et résulte aussi des données de ce t a b l e a u : c'est que la culture A d'Ariuşd
est ininterrompue et intégralement unitaire et qu'on n'y peut distinguer aucune phase
de culture. Selon toutes probabilités, cette culture a atteint son apogée dans les vases d'A-
riuşd. Les six couches établies durant les fouilles ont révélé quatre foyers qui con­
tiennent tous les mêmes formes de vases.
Ce résultat, obtenu par l'étude des formes de vases, est confirmé aussi par la com­
paraison avec le reste des trouvailles. Des objets de culture comme les outils en pierre
polie ou b r u t e , les figurines d'hommes et d'animaux, la fabrication et l'ornementation
technique des vases le prouvent encore. E n ce qui concerne les habitations construites
sur pilotis et aux murs en branches entrelacées, nous ne sommes fixés jusqu'à présent
que sur celles du second centre. Le même type de maisons à mégaron ouvert en
face doit probablement être aussi l'habitation des hommes de la troisième couche.

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26
LES TYPES DE VASES PEIATS D'ARIUŞD (ERÛSD>

Quant aux habitations de la première couche, nous espérons que les fouilles qu'on
projette de faire au centre de la station nous donneront les explications nécessaires.
Dans tous les endroits de la station, à l'intérieur et à l'extérieur des habitations
nous avons trouvé de nombreux foyers, tous de même construction. Le mode de
construction des fours à cuire les vases est également commun. Le nombre des objets
en cuivre est d'autant plus grand que la couche est plus récente. On en a cependant
trouvé aussi dans la couche la plus profonde. Les cinq sceaux en argile (pintaderos)
trouvés pendant les fouilles proviennent de la couche la plus profonde, mais nous
devons considérer ceci comme dû au hasard.
Il résulte de ce qui précède que l'unité de la civilisation est non seulement prouvée
par les types de vases, mais aussi par la totalité des découvertes qui ont été faites.
Afin de pouvoir comparer les formes d'Olteni avec celles d'Ariuşd, j ' a i joint au
tableau statistiqtie des formes d'Ariuşd, une pareille statistique des vases d'Olteni.
En comparant ces 2 tableaux on remarquera que les types d'Olteni correspondent
exactement aux types d'Ariuşd.
Il en est de même des 25 autres stations à céramique peinte de la région de l'Oit.
A Olteni nous n'avons trouvé qu'un seul type de vase qui n'existe pas à Ariusd:
c'est un grand pot sphéroïde à quatre oreilles cylindriques situées à mi-hauteur de
la paroi. (Arch. Ért., 1912, p . 59, t a b . IV).
Nous avons déjà, dans la description des groupes de vases, montré les analogies
avec les stations préhistoriques hors de la région de l'Oit. Des types de vases d'Ariuşd,
les vases des types A 4, A 8, A 9, les bols B 3, B 12, B 15, les vases des types C 3,
C 7, C 8, C 9, C 10, C 14, C 18, les cruches du type D 3, le couvercle J et les
vases plastiques se retrouvent, avec de petites modifications, dans presque toutes les
stations de ce stade de civilisation. Ces types primitifs sont communs sur tout le ter­
ritoire de cette culture. À Ariuşd on n'a pas encore retrouvé le vase binoculaire 1 )
si caractéristique aux centres de l'Est, ni la tasse à pied à quatre proéminences2), ni
la cruche à 2 cônes et 2 oreillettes sous le col 3 ). Comme on n'a cependant mis à dé­
couvert qu'une petite partie de la station d'Ariuşd, cette opinion peut encore être
changée.
L'étude des formes de vases n'est pas suffisante pour établir des degrés d'évolution
dans l'ensemble de cette civilisation. Lorsque tout le matériel de Cucuteni et encore
d'une autre station située plus à l'est sera publié et lorsque nous aurons à notre dis­
position un tableau au moins ressemblant à celui que nous avons d'Ariuşd, mais qui
ne se bornant pas à relever seulement des formes isolées comprendra l'ensemble des
vases donnant ainsi la possibilité de comparer les recherches, il nous sera très facile
d'établir l'évolution de cette civilisation, sur des preuves indubitables et réelles.

FRANCISC LÂSZLÔ f
Sft.-Gheorghe, le 8 juin 1925.

2
*) G. Childe, East European, p . 273, fig. 1 5 ; ) G. Childe, Schipenitz, t a b . X V , fig. 6. Mannus,
Mannus (Tripolje-Kultur), vol. I,, t a b . X X X , vol. I, t a b . X X X I , Petreni, t a b . I, fig. 7.
3
X X X I . G. Childe, Schipenitz, p . 274, fig. 18 et ) G. Childe, Schipenitz, p. 272, fig. 11 et 12.
p . 275, fig. 20. Petreni, t a b . V I , fig. I.

27
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LES RICHESSES DES DACES
ET LE R E D R E S S E M E N T DE L'EMPIRE ROMAIN,
SOUS T R A J A N àV.PARVAN
en témoiglUkgfl At P'''<mnnissnnr.e
ot d'amitié.

C'est un fait, reconnu de tous, que Domitien laissa derrière lui une situation
financière obérée. Il avait fait la guerre 1 ). Il avait aimé les bâtiments 2 ). Il avait ali-
menté sa popularité de dispendieuses largesses :1). Dès 83, il avait augmenté d'un
quart la solde de ses troupes 4 ). L'argent avait fui par toutes ces brèches, et le seul
reproche que M. Stéphane Gsell, son historien véridique, adresse à son gouvernement,
est de «n'avoir pas suffisamment cherché à restaurer les finances, que Titus avait déjà
compromises» 5 ), et qui n'ont cessé, sous son règne, de péricliter toujours davantage.
Finalement, la pénurie du trésor devait le mener au crime: inopia rapax, comme
Suétone l'a dit de lui 6) ; et les exécutions, dont on le voit frapper à coups redoublés
l'aristocratie, pour en hériter ou confisquer les biens, se multiplient, à partir de 93 7 ),
avec les embarras qui les expliquent, mais qu'elles n'ont pas supprimés.
Quelques années plus tard, tout est changé. Le redressement est un fait accompli.
E t Trajan, sans s'appauvrir, ni s'endetter, fait face à des dépenses immensément ac-
crues avec des impôts qu'il a réduits. Commentée grand empereur a-t-il réalisé ce tour
de force d'équilibrer sans peine, avec des recettes en apparence diminuées, un budget
qu'il avait trouvé en déficit et dont les charges n'ont fait qu'augmenter? C'est un
problème qui n'a pas suffisamment retenu l'attention des historiens 8 ). La contradiction
qu'il implique est flagrante. La solution reste une énigme. Quelques mots me suffiront
à mettre la contradiction en pleine lumière, et j'espère trouver en Dacie le mot de
l'énigme. +
1
) En Germanie, en Pannonie, en Moesie, en Dre- nand, loc. cit., 2572).
4
tagne, en Afrique; cf. Weynand, P. IV., VI, 2551. ) Gsell, Essai sur le règne de Domitien, Paris,
et suiv. 1883, p. 156.
2 6
) Constructions du forum, dit de Nerva, de ) Ibid., p . 334.
6
l'Odéon, du Stade, de la villa d'Albano, dont ) Snét., Dont., 3.
7
toutes les splendeurs revivent dans l'excellente ) Gsell, op. cit., p. 262. Cf. Cass. Dio, LXV1I, 4.
8
étude de G. Lugli (Bull. Com. 1922); des temples ) Il n'est même pas entrevu par De la Berge,
de Vespasien et Titus, sur le Forum, de Minerva dont VEssai sur le règne de Trajan (Paris 1877)
Chalcidica, de Divorum Porticus ; remaniements du reste le plus sérieux auquel nous puissions recourir,
Palatin, achèvement du Colisée ; restauration du en attendant l'histoire de cet empereur, qu'a com-
Capitole, etc.; cf. Weynand, P. IV., VI, 2591. posée M. Roberto Paribeni avec toutes les res-
3
) Je pense à la magnificence de ses jeux (Suét., sources de sa remarquable érudition, mais dont
Dom., 4) et à la distribution de ses «dona» (cf. Wey- l'ampleur même a retardé jusqu'ici la publication.

28

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LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN

T o u t d e s u i t e , il a p p a r a î t q u e l ' h i s t o i r e d u r è g n e se divise e n d e u x p é r i o d e s n e t -
t e m e n t t r a n c h é e s : l ' u n e , a v a n t 106, a n n é e q u e m a r q u e la fin v i c t o r i e u s e des guerres
daciques, l'autre, après.
D a n s la p r e m i è r e p é r i o d e , T r a j a n p o u r s u i t , d a n s t o u s les services de son g o u v e r -
n e m e n t , l ' a p p l i c a t i o n d u p r o g r a m m e d ' é c o n o m i e s é l a b o r é p a r le c o m i t é des c i n q sé-
n a t e u r s q u e N e r v a i n s t i t u a t o u t e x p r è s : V viri minuendis publicis sumptibus *) ; e t ,
si l'on e x c e p t e ses e x p é d i t i o n s de D a c i e , il n ' o u v r e p a s de n o u v e a u x c h a p i t r e s de
d é p e n s e s . E n d e h o r s des réfections d e r o u t e s 2 ) e t d e la c o n s t r u c t i o n d u Portus Tra-
iani, à Ostie 3 ) , le Panégyrique de P l i n e - l e - J e u n e , c e n s é m e n t p r o n o n c é en 100, m a i s
é d i t é sous la f o r m e d é v e l o p p é e où n o u s le lisons a u j o u r d ' h u i , u n p e u p l u s t a r d , e t
p e u t - ê t r e en 103 4 ) , n e c o n t i e n t g u è r e d ' a l l u s i o n s a u x t r a v a u x d e l ' u n des p l u s g r a n d s
b â t i s s e u r s q u e R o m e a i t c o m p t é s p a r m i ses P r i n c e s . D ' a u t r e p a r t , il est b i e n v r a i
q u e T r a j a n a t o u t d e s u i t e 5 ) s u b v e n t i o n n é les f o n d a t i o n s a l i m e n t a i r e s , c o m m e ses
p r é d é c e s s e u r s , m a i s l ' a m p l e u r q u ' a prise a v e c lui c e t t e i n s t i t u t i o n d ' a s s i s t a n c e q u ' a t -
t e s t e , en p a r t i c u l i e r , l ' i n s c r i p t i o n de Veleia, n e r e m o n t e p a s p l u s h a u t q u e les g u e r r e s
d a c i q u e s , c o m m e c e t t e i n s c r i p t i o n m ê m e , où l ' e m p e r e u r p o r t e son s u r n o m d e Daci-
f u s 6 ) , e n c o r e a b s e n t d e la t a b l e des Ligures Baebiani.
E n r e v a n c h e , s'il p r e n d soin de n e p a s a c c a b l e r les c o n t r i b u a b l e s sous u n f a r d e a u
q u i r i s q u e r a i t d ' é c r a s e r la m a t i è r e i m p o s a b l e , si, n o t a m m e n t , p o u r consolider la fa-
mille e t é l a r g i r la «romanité», il r e m a n i e l ' a s s i e t t e d e la vicesima hereditatum dans un
sens d o u b l e m e n t f a v o r a b l e a u x a s s u j e t t i s , p a r les d é g r è v e m e n t s d o n t b é n é f i c i e r o n t
d é s o r m a i s les successions grevées d e p a s s i f 7 ) e t p a r les e x o n é r a t i o n s q u i s e r o n t é t e n -
d u e s des fils a u x p è r e s , frères, a ï e u l s , e t p e t i t s - e n f a n t s 8 ) , et des R o m a i n s d e vieille
s o u c h e a u x n é o - c i t o y e n s e n t r é s d a n s la cité p a r l ' i n t e r m é d i a i r e d u d r o i t l a t i n 9 ) , T r a j a n
c o m p e n s e , e t a u d e l à , les p e r t e s r é s u l t a n t d e ces concessions, en a b a i s s a n t d e 100.000
s e s t e r c e s , chiffre p r o b a b l e d u I-er siècle 10) à 20.000 sesterces, chiffre p r é s u m é , sous
M a r c - A u r è l e , p a r le gnomon d e l ' i d i o l o g u e n ), la l i m i t e a u dessous de l a q u e l l e les «petites»
successions é c h a p p e n t à la t a x e successorale ; e t , p a r ailleurs, n o u s le v o y o n s a t t e n t i f
à r é p r i m e r les f r a u d e s 1 2 ) , à fortifier l ' a u t o r i t é de ses a g e n t s collecteurs 1 3 ), à t i r e r d ' u n e

8
*) Cf. Pline, Pan., 62; Lettres II, 1. 9. La com- ) Pline. P a n . , 38 et 39.
9
mission a donc continué son œuvre sous Trajan. ) Pline. Pan., 39.
2 10 2
) Il a réparé la voie Appienne, la via Salaria, la ) Cf. Willems, Droit Public , p. 4 8 1 , et Pline,
voie L a t i n e , créé les viae in Tuscia, élargi la via Pan., 40.
u
Traiana, de B é n é v e n t à Brindes. ) Cf. J. Carcopino, Le gnomon de Vidiologue,
3
) Le Portus Traiani figure sur des monnaies R. E. A., 1922, p. 20 du tir. à p.: le gnomon, 1.
frappées en 104. Allusion d a n s Pline, Pan., 29. 84 — 86, art. 29, de l'édition de M. Th. Reinach ne
4
) Cf. Schanz, Gesch. der rôm. Lit.3, I. p . 355 et frappe les Romaines non-mariées d'un impôt de
360. Les allusions à la rédaction du P a n é g y r i q u e l°/ 0 que si leur fortune atteint ou dépasse 20.000
se t r o u v e n t d a n s le livre IV des L e t t r e s , publié sesterces.
12
eu 103. ) É d i t de Trajan, au Dig., X L I X , 1 4 , 1 3 , faisant
s
) L a t a b l e alimentaire des Ligures Baebiani est remise de la moitié des sommes dues à ceux qui
de 1 0 1 ; cf. C. 7. L., I X , 1455, 1. 1. p a r leurs déclaration avaient devancé les inquisi-
•) C. I . L M X I , 1147, 1. 2. Il est vrai que le sur- tions du fisc.
13
nom de Dacicus a p p a r a î t dans les monnaies dès la ) Fragm. de iure fisci, 6 6 : Edicto divi Traiani
fin de 102, et, d a n s les inscriptions, dès 1 0 3 ; cf. cavetur ne qui provincialium cum servis fiscalibus
Dessau, Inscriptioncs selectae, 286. contrahant nisi adsignante procuratore.
7
) Pline. Pan., 40.

2<j
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JÉRÔME CARCOPINO

aliénation systématique des biens fiscaux J ), comme de la démonétisation et de la


refonte des aurei frappés antérieurement à la réduction Néroniennc 2 ), les ressources
immédiates dont sa trésorerie avait besoin.
Après 106, au contraire, Trajan, dont l'attitude devient littéralement parado-
xale, se montre de moins en moins exigeant, quant à ses recettes, et de plus en plus
prodigue, quant à ses débours.
Avec une intensité que n'avait éprouvée aucun des Flaviens, la fièvre du bâtiment
le saisit à son tour. Notons, au passage, dès 106, le dessèchement des Marais Pontins,
puis en 107, l'agrandissement du port de Centumcellae (Civitavecchia 3 ), et, plus tard 1 ),
celui du port d'Ancone; en 109, la réfection du Canal du Nil à la mer Rouge 5 ),
et l'adduction de Vaqua Traiana du lac de Bracciano au Trastevere 6 ). Considérons
surtout les monuments que l'empereur consacre à sa gloire dacique: le forum, la
basilique et la colonne qui gardent son nom, et dont la splendeur, obtenue à coups
de nivellements et d'expropriations onéreuses, a coûté des sommes incalculables de
sesterces ' ) .
En même temps, et sans avoir l'air de se préoccuper des répercussions budgétaires
qu'entraînera la création de ces unités nouvelles, Trajan augmente le nombre de ses
corps auxiliaires 8 ), et lève deux légions de plus, la X X X Ulpia et la II Traiana,
dont la première mention n'apparaît qu'en 109 9 ).
Enfin, sans se laisser arrêter par les frais et les risques d'une expédition de cette
envergure, il ose reprendre le plan formidable auquel, depuis César, nul n'avait osé
songer, et prépare la guerre parthique qui, de 113 à 116, portera à son comble la puis-
sance d'expansion des armes et de la civilisation romaines.

Or, non seulement l'Empire supporte sans fléchir le poids de ces magnificences,
mais on a l'impression que Trajan a pu lui épargner les sacrifices pécuniaires qui en
auraient dû être la rançon.
Jamais, en effet, les impôts que les Romains ont payés n'ont paru plus légers.
A une date, que nous ne saurions préciser, parce que nous ne savons rien de la
carrière du gouverneur auquel le Prince adresse le rescrit qui consacre cet abandon de
droits de l ' E t a t 1 0 ) , mais qui, en raison du silence de Pline en son Panégyrique, doit être
postérieure aux guerres daciques, Trajan renonce solennellement à revendiquer au fisc

8
*) Pline, Pan., 50: circumfcrtur sub nomine Cae- ) C. I.L., VI 1260, Dessau, Inscr. Sel, 290;
saris tabula ingens rerum venalium. (datée entre décembre 108 et décembre 109).
2 7
) Cf. Cass. Dio.. LVIII, 15 et Mommsen, Gesch. ) Sur le prix du terrain (3000 francs-or le
des rôm. Miinzivesens, p. 754 — 758. mètre), cf. Suét., Caes., 26; et, sur l'arasion du pé-
3
) Sur les travaux des Marais Pontins cf. Cass. doncule reliant le Quirinal et le Capitole, et la
Dio, L X V I I I , 15; sur Centumcellae, Pline, Ep. VI, somptuosité du forum de Trajan, cf. Lugli, La
3 1 : Il a ins sinistrum brachium firmissimo opère zona archeologica di iioma, Rome, 1924, p . 44 et
munitum est ; dextrum elaboratur. Or la publication suiv.
de cette lettre date de 107, au plus tôt (cf. Schanz, 8
) Voir au P. W., sous les mots ala et cohors,
op. cit., loc. cit., p. 360). tous les corps dont le gentilice Ulpius a fourni le
4
) L'inscription de l'arc d'Ancone est datée de surnom.
9
115 ap. J. C. (C. I. L., I X , 5849). ) Lesquier, Uarmée Romaine d'Egypte, p. 66.
5 10
) Cf. Lesquier, Uarmée Romaine d'Egypte, Le ) Cf. P. W., V, c. 425.
Caire, 1918, p. 396.

30
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LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN

les biens des condamnés à la relégation x). E t en cette même année 106, à laquelle
nous devons rapporter la donation aux plébéiens de Rome d'un troisième congiaire
de l'Empereur, huit fois supérieur à ses deux précédents et à celui de Nerva 2 ), quin­
tuple de celui dont Auguste s'est enorgueilli dans son testament 3 ), Trajan a* suspendu
la perception de l'impôt. Si, en effet, le Chronographe de 354 nous permet d'évaluer
à 650 deniers par tête la distribution faite à la plèbe en 106 4 ), le Chronicon paschale
place, sous le consulat de [L. Ceionius] Commodus et de Ceretanus (Cerealis) qui
coïncide avec cette année-là, le début de ces remises totales de contributions, qu'il
prolonge, d'ailleurs, jusqu'à la fin de la guerre persique: Toatavoç ŒTCEQ"/ÔIUEVOÇ à<peoiv
èyaoloaro xcôv XE/.WV ăyoic ăv ETTIOTQE^EI 5 ).
Par conséquent, en 106, Trajan était devenu tout d'un coup assez riche pour se
passer de l'argent de ses sujets et leur en donner par dessus le marché. Or l'année 106
est justement marquée par l'achèvement de la conquête dacique. N'eussions nous
aucun document pour nous le dire, que nous devrions déjà admettre que Trajan avait
puisé en Dacie les sommes qu'il a répandues alors sur les Romains au lieu de les exiger
d'eux. Nécessaire en elle même, cette hypothèse est confirmée par un texte qu'on n'a
cité, jusqu'à présent, que pour en rire 6 ), et dont il importe de rétablir maintenant
la valeur — et la vérité.

Dans son traité sur les magistrats de Rome, le byzantin Lydus glorifie Justinien
de ses succès sur le Danube : et, pour mieux glorifier le Basileus, il le compare à Trajan
qui, «ayant été le premier à vaincre les Gètes et leur roi Décébale, ramena à Rome
cinq cent fois dix mille livres d'or, le double de livres d'argent, sans compter un nombre
de vases et coupes défiant toute évaluation, des troupeaux, des armes, et plus de cin­
quante fois dix mille valeureux guerriers, avec leurs armes» — «TZQÔJXOÇ [Tqaiavoc] èyoiv
ovv AEXE^d/.q) TtEVTaxoataç [xvQiààaç yocolov [ÂIJXQVJV, àmhiolaç ôè dgyvoov êxmofidxcov
ăvEV xai oxEfv&v] xt/xfjç ôoov èxfiEpiixÔTwv, àyel&v ZE xal ÔTthov xal àiôgcov fiayi/uoxdxojv
VTiEQ TTErrrjxovra juvqidôaç ovv roïç OTI/.OIÇ rPœjuai'oiç EtorjyayEv...» 7 ).
Que pourions nous souhaiter de mieux pour éclaircir le mystère qui planait sur
la politique de Trajan? Nous n'avons plus à nous étonner ni de ses largesses inouïes,
ni de ses entreprises gigantesques. E n Dacie, il n'avait pas trouvé seulement des mines
de m é t a u x précieux, dont le rendement est venu graduellement, année par année,
soulager son budget et accroître ses disponibilités. Il avait mis la main sur l'énorme

*) P o m p , au Dig., X L V I I I , 22, 1: caput et re- congiaire s'élèverait encore à 500 deniers [650—
scripto Divi Traiani ad Didium Secundum: scis (75 + 75)].
5
relegatorum bona avaritia superiorum temporum ) Chron. Pasch. p . 223 Mommsen. L a remise
fisco vindicata; sed aliud clementiae meae convcnit. ne saurait avoir d u r é de 106 à 117. Sans d o u t e
2
) Les trois congiaires de T r a j a n sont attestés constatée pour l'an 106, elle fut peut-être à nou­
p a r les monnaies (Cohen, 3 2 1 , 324, 330). Le chiffre v e a u concédée en 113, j u s q u ' a u retour, et le Chro­
de 75 deniers pour celui de Nerva est a t t e s t é par nicon aurait bloqué en une seule les d e u x mesures.
6
le Chron., 354. Pline (Panégyrique, 25) n'indique ) «Chiffres fantastiques», écrit De la Berge, op.
a u c u n e majoration p o u r le premier. cit., p . 142, n. 7.
3 7
) Res Gestae, I I I , 15: 120 deniers. ) J o h a n n e s L y d u s . De Magistratibus, I I , 28.
4
) Chron., 354, p . 146 M o m m s e n : congiarium J e suis le t e x t e de W u e n s c h , p . 83, 1. 12—19.
dédit DCL. Même si ce chiffre é t a i t global, le 3-e

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.IKHÔMK CAKCOriNO

trésor où les rois daces, héritiers des mineurs agathyrses dont parle Hérodote '), avaient
accumulé le produit des exploitations d'argent et d'or auxquelles, de la préhistoire à
nos jours, n'ont cessé de fournir les sites les plus grandioses des monts de Transyl­
vanie; et c'est ce trésor dont l'opulence, soudain, ruissela comme un Pactole sur l'Em­
pire entier. Quel trésor, d'ailleurs ! Et quel Pactole ! Cinq cent fois dix mille livres d'or
font cinq millions de livres, qui donnent — la livre romaine pesant approximativement
327 grammes — 1 million 650.000 kilogr. d'or, valant 5 milliards 559 millions de francs-or ;
et le double d'argent se monte, en conséquence à 3 millions 310.000 kilogr. d'argent
équivalant à 661 millions de francs-or. Ajoutons à ces comptes fantastiques les
500.000 guerriers, pris les armes à la main, qui, à leur arrivée à Rome, menacée dans
sa sécurité par leur affluence, auraient représenté l'effectif de la «Grande armée» de
Napoléon à son départ pour la Russie; et il nous faudra convenir que ces chiffres
sont trop beaux. 11 sont si beaux qu'il en deviennent absurdes, et qu'à leur seul énoncé
l'envie nous vient de traiter le texte où ils figurent comme une invention forgée de
toutes pièces par un cerveau en délire. Seulement nous n'avons pas le droit de l'é­
carter avec cette désinvolture. Car Lydus, sentant lui même tout ce que ses asser­
tions avaient d'extravagant, a voulu se couvrir de l'autorité qui les garantissait à
ses y e u x : «...EÎoijyayevy (bç ô KQIXOJV TICLQCOV TÔ> TTOM/U» duoyvQiam.o*)» — «ainsi q u e l'a
affirmé avec force Criton, témoin de cette guerre». Or, cette caution doit nous en
imposer: médecin de Trajan, Criton avait accompagné son impérial «lient en Dacie,
et, à son retour, il avait composé, sur les événements auxquels il avait assisté au
premier rang, un ouvrage en plusieurs livres, intitulé VEtixă, qui aurait constitué
une source inappréciable d'information sur les Gètes, leur pays et leur histoire,
s'il n'avait pas sombré à peu près tout entier 3 ). Si Lydus avait parlé pour son
compte, il serait négligeable. Mais il n'a fait que répéter à sa manière ce qu'il
avait lu — ou cru lire — chez Criton, dont le témoignage ne l'est pas. Ainsi,
d'une part, la statistique établie par Criton nous est parvenue en des termes inac­
ceptables; et d'autre part, il nous est interdit de la sacrifier. Force nous est donc
de supposer que de son auteur à son compilateur elle s'est déformée au cours des
transmissions.
Aussi bien parviendrons nous facilement à retrouver le texte authentique de
Criton sous la forme insensée qu'il revêt chez Lydus. Nous n'avons même pas
besoin pour cela de recourir à une correction proprement dite. Il nous suffira de
rétablir en chiffres les nombres exposés en lettres dans le traité byzantin Sur les
Magistrats.
Habituellement, les chiffres de myriades s'expriment en grec par un M majuscule
suscrit de la lettre correspondante à leurs multiples 4 ). Appliquons à la phrase en litige
0
ce système de numération. On aura: E%IQV avv AexE^dXco M%QVOIOV [hJiQÔJv àinlaolaç
N
ôè aQyvQov xal àvôoûv juaxi/icoidTcov VTZEQ M. Mais aussitôt nous saute aux yeux
1
) Hér., IV, 104. Sur l'exploitation antérieure P. W., IV c. 1935.
4
aux Romains, cf. Téglâs, Ungar. Revue, 1889, p . ) Gardthausen, Das Buchtvcsen im Altertum*,
352. Leipzig, 1911, p. 371. Le M est sans apostrophe
2
) Lydus, De Magistratibus, I I , 28. dans les papyri (communication que je dois a l'a-
3
) Cf. F. H. G., IV, p . 373. Sur Criton, cf. mitié de Pierre Jouguet).

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32
LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN

l ' a m p h i b o l o g i e à l a q u e l l e p o r t e c e t t e t r a n s c r i p t i o n . Si e n effet, à l ' é p o q u e b y z a n -


t i n e , les chiliades se chiffrent c o u r a m m e n t p a r les l e t t r e s des u n i t é s , p r é c é d é e s d ' u n e
a p o s t r o p h e s o u s c r i t e , il a r r i v e , à l ' é p o q u e c l a s s i q u e , q u ' e l l e s n e s o i e n t g u è r e m a r q u é e s a u -
t r e m e n t q u e les m y r i a d e s . C o m m e le m o n t r e G a r d t h a u s e n , les mille s o n t s o u v e n t n o t é s
alors, d a n s les papyri, e t s u r des i n s c r i p t i o n s , p a r u n des signes, d é r i v é s d u t s a d è e t d u
s a m p i e t é q u i v a l a n t à 9 0 0 , m, .f, o u A\, q u e l'on s u s c r i t , lui a u s s i , de la l e t t r e c o r r e s -
p o n d a n t e à l e u r s m u l t i p l e s ] ) . E n g é n é r a l , p a r c o n s é q u e n t , la confusion q u i e x i s t e ,
en l a t i n , e n t r e les signes n u m é r a u x d u mille et c e u x des centaines de mille 2 ) se con-
s t a t e en grec e n t r e les signes des mille et c e u x des dix-mille; e t , d a n s le cas p a r t i -
culier, la t r a n s c r i p t i o n chiffrée, q u e s u p p o s e le d é v e l o p p e m e n t e n l e t t r e s d u t e x t e d u
t r a i t é sur les Magistrats, d e v i e n t s u s c e p t i b l e , a priori, de d e u x i n t e r p r é t a t i o n s : l'in-
t e r p r é t a t i o n p a r les m y r i a d e s (10.000), q u ' a choisie L y d u s , a u V I e siècle d e n o t r e
ère, q u i n ' e n c o n n a i s s a i t p l u s d ' a u t r e , l ' i n t e r p r é t a t i o n p a r les c h i l i a d e s (1.000), q u ' a u -
t o r i s a i t l ' u s a g e d u m o n d e g r é c o - r o m a i n , q u e le b o n sens c o m m a n d e e t q u i j u s t i f i e les
données de Criton.
D ' a b o r d , u n effectif de p r i s o n n i e r s , r a m e n é d e 500.000 à 50.000, n ' a p l u s rien
d'excessif ni d e c h o q u a n t . E n s u i t e , u n t o t a l d e l i v r e s , r a m e n é d e 5 millions à 500.000
n o u s m e t a u x prises a v e c u n e r é a l i t é i n t e l l i g i b l e e t v r a i s e m b l a b l e . O n en d é d u i r a des
p o i d s d e 165.500 kilogr. d ' o r , e t , p a r d o u b l e m e n t , de 331.000 kilogr. d ' a r g e n t , d ' o ù
r é s u l t e n t , r e s p e c t i v e m e n t , les s o m m e s d e 555.900.000 francs-or et 62.200.000 francs-or.
Ces p o i d s s ' a c c o r d e n t s a n s p e i n e a v e c ce q u e n o u s s a v o n s de la p r o d u c t i o n a c t u e l l e ,
e t ce q u e n o u s p o u v o n s i m a g i n e r de la p r o d u c t i o n a n c i e n n e des g i s e m e n t s aurifères
e t a r g e n t i f è r e s d e la R o u m a n i e t r a n s y l v a i n e . D e 1919 à 1 9 2 3 , c e t t e p r o d u c t i o n a é t é ,
en m o y e n n e p a r a n , d e 1400 kilogr. d ' o r e t de 2100 kilogr. d ' a r g e n t . Mais elle s'élevait
à p l u s d u d o u b l e d a n s les a n n é e s q u i o n t p r é c é d é la g u e r r e 3 ) , e t m ê m e alors elle r e s t a i t
c e r t a i n e m e n t t r è s en a r r i è r e d e ce q u ' e l l e a d û ê t r e , alors q u e les filons a b o n d a i e n t e n
l e u r n o u v e a u t é , il y a d i x - h u i t c e n t s a n s . E n s o r t e q u e , inférieures a u q u a r t de la p r o -
d u c t i o n m o n d i a l e en or p o u r 1912 et a u v i n g t i è m e de la p r o d u c t i o n m o n d i a l e en a r g e n t
p o u r la m ê m e a n n é e 4 ) , les p o i d s d é d u i t s des d o n n é e s de C r i t o n n e r e p r é s e n t e n t , à t o u t
p r e n d r e , q u e le «stockage» d e l ' e x p l o i t a t i o n locale p e n d a n t u n e t r e n t a i n e d ' a n n é e s 5 ) .
Q u a n t a u x s o m m e s m o n n a y é e s q u e ces p o i d s i m p l i q u e n t , elles s o n t d u m ê m e
o r d r e de g r a n d e u r q u e les q u a n t i t é s de m é t a u x p r é c i e u x r a p p o r t é e s à R o m e , p a r L u -
c u l l u s , d u t r i o m p h e s u r l ' A r m é n i e e t s u r M i t h r i d a t e 6 ) , ou e n c o r e q u e celles q u e Q.

1 4
) Gardthausen, op. cit. p. 370. Wilcken, Grund- ) 701.379 kilogr. d'or ; 226.400.000 onces trogs
ziige, I, p. XLVI; Bruno Keil, ap. Rubensohn, qui font 7.041.000 kilogr. d'argent (renseignements
Eleph. Pap., p. 84; dans les comptes du Didy- fournis par le Statesman Yearbook de 1925 et que
meion, par exemple, M. Haussoullier a relevé le M. Demangeon m'a aimablement communiqués).
6
cas du nombre 39322 affecté de la numération ) Le stockage était dans les habitudes des rois
r O de Macédoine. Cf. le discours de Persée à ses sol-
f-i. III I C K; des graphies analogues ont été re- dats, ap. Liv., XLII, 52: se pecuniam et frumen-
levées dans les inscription de Pricne (no. 118), turn prœter reditus metallorum in decem annos sepo-
d'Halicarnasse (Michel, 595), de Thessalie (Arvani- suisse.
8
topoullos, Revue de Philologie, 1911, p. 134). ) Plut. L u c , 37, dénombre au triomphe de
2
) Cf. mon. art. Galles et Archigalles, dans les Lucullus 56 mulets chargés de lingots et objets
Mélanges de Rome de 1923, p. 277 et suiv. d'or massif et 107 mulets chargés de 260 mil-
3
) Cf. Annales de Géographie, 1924, p. 582 et suiv. lions de drachmes.

33
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3 Ducia I 1924.
J K R A M E CARCOPINO

S e r v i l i u s Car-pio a e x t o r q u é e s a u x s a n c t u a i r e s et e x t r a i t e s des é t a n g s saerés des V o l q u e s


T e c t o s a g e s ' ) . Elles n ' a t t e i g n e n t m ê m e p a s la m o i t i é des q u a n t i t é s m o n s t r u e u s e s
d ' a r g e n t e t d ' o r r a m e n é e s en 6 1 , p a r P o m p é e , d e ses c a m p a g n e s d ' O r i e n t 2 ) . E l l e s suf-
f i s e n t a m p l e m e n t , n é a n m o i n s , à e x p l i q u e r le r e g a i n de p r o s p é r i t é e t d e g r a n d e u r q u e
T r a j a n a p r o c u r é a u x R o m a i n s : c o n q u i s e s a v e c la D a c i e , s o n r o y a u m e , les «réserves»
de Décébale ont, pour u n t e m p s , redoré l ' E m p i r e et son éclat.

JÉRÔME CARCOPINO
Professeur à la Faculté des Lettrée
de l'Université de Paris

2
*) Cf. Pais, Fasti triumph. II, p. 443 et Jullian, ) Cf. Pais, op. cit. I I , p. 446: en plus des 300
Histoire de la Gaule, I I I , p. 65, n. 1. Justin, millions de sesterces distribués (Pline, N. H., 37,
X X X I I I , 3, 70: Fuere autem argenli pondo cen- 16), Pompée aurait pu attribuer a un seul des
tum decem millia, auri pondo quinquies fdeciesj quatre nouveaux sanctuaires dédiés par lui 1000
centum milia. Le trésor tectosage et le trésor talents d'or et 307 talents d'argent (non mon-
dace, si l'on admet ma lecture du texte de Justin, nayés), ce qui représente plus de 550 millions de
d'où decies disparaît, auraient renfermé des quan- francs-or.
tités d'or identiques. La coïncidence mérite d'être
retenue.

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34
CONSIDERATIONS SUR LES SKPULTURES
CELTIQUES DE GRUIA
Une découverte fortuite ') faite il y a déjà assez longtemps dans l'une des anciennes
îles du Danube serbo-roumain (cp. fig. 1), en face du confluent du Timoc (le Timacus
thraco-romain), nous offre l'occasion de reprendre la question de la pénétration illyrienne

* H LES SEPVLTVRES E/GRVIA ^ * ^


PRÉH1STOR1QVES
UQVES A 4W)M£ SS

RADVJEVAC [SERBIE]

Fig. 1.

dans les régions daco-gétiques du Bas-Danube. Il s'agit de plusieurs tombes hallstat-


tiennes et celtiques, dont le mobilier funéraire, recueilli d'une manière très négligente

*) Il y a une vingtaine d'années, notre collègue vue des découvertes, M. Bals dut se contenter
M. l'ingénieur Georges Bals ayant à diriger cer- de recueillir les objets mis à part par les ouvriers
taines constructions à Gruia, en face de Radujevac, d'après leur propre entendement de la chose.
dans l'ancienne île du Danube, maintenant réunie Après avoir longtemps conservé chez soi cette pe-
à la rive roumaine, fut avisé par les terrassiers qui tite collection, M. Bals m'a fait l'agréable sur-
exécutaient les fouilles pour les pilots des fonde- prise non seulement de me la communiquer
ments, de la découverte de nombreux ossements, (avec l'esquisse de plan que je reproduis ci-dessus,
tessons et objets en métal, qui étaient mis à fig. 1), mais d'en faire don au Musée National
jour sur toute la largeur de 50 m. de la fouille, d'Antiquités, ce dont je le remercie encore à
à des profondeurs allant de 0.50 —1.50 m. Arrivé cette place.
trop tard pour corriger la fouille au point de

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3*

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\ \SII I l'\l!\ \\

par les ouvriers qui l'ont découvert, ne représente pas moins un enrichissement tout
à fait remarquable de nos connaissances protohistoriques.
Nous devons tout d'abord préciser le caractère de la nécropole. Si telle urne funé-
raire de Gruia témoigne du rite de l'incinération, le nombre des inhumations paraît
avoir été encore plus grand, à juger d'après les nombreux ossements non calcinés, que
les ouvriers ont bouleversés partout dans les fosses qu'ils avaient exeavées pour les pilots
d'un bâtiment à construire. D'autre part l'inventaire funéraire appartient à deux épo-
ques nettement différentes et à trois civilisations bien caractérisées. Tandis que les
lances en fer et surtout la belle épée parfaitement conservée appartiennent à l'âge
de La Tène (II), la céramique et les objets de parure, tous en bronze, sont de types
illyriens absolumeiits identiques avec ceux constatés dans les couches hallstattienncs
de Donja Dolina d'abord, de Glasinac, Jezerine, etc.,
en second lieu. Certains tessons enfin sont de facture
géto-danubienne, toujours du premier âge du fer.
\A- problème historique est donc très simple: nous
constatons deux couches, dont la plus profonde, du
premier âge du fer, à prolongements typologiques
dans l'âge du bronze récent, est d'aspect plutôt «illy-
rien», tandis que la couche supérieure trahit la pré-
sence des Celtes — après 300 av. J.-Chr. — dans cette
région aussi. Mais l'examen des objets eux-mêmes va
nous procurer des renseignements beaucoup plus précis
que ces conclusions tout à fait générales.
La céramique. Tous les vases de Gruia sont faits
sans l'emploi du tour. Quant aux formes, nous re-
tenons d'abord (fig. 2) la présence des grandes urnes
«en cloche», hautes de c. 33 cm, décorées d'un seul
cordon, en bourrelet entrecoupé, à la hauteur des
"A- anses, et de quatres proéminences placées en croix
tenant lieu d'anses: deux horizontales, à profil con-
cave, et les deux autres verticales, à profil convexe. Ces urnes à pâte très poreuse et
légère, assez mal cuite, de couleur rougeâtre, trouvent leurs analogies d'un côté en
Transylvanie dans la vallée du Mures à la dernière période de l'âge du bronze, p. e.
à Bandul-de-Câmpie J) ou à Lechinla-de-Mures *), de l'autre en Ulyrie, dans la vallée
de la Save, à une époque plus récente 3 ), p. e. à Donja Dolina 4 ). Cependant la fac-
ture et les détails de la décoration de l'urne de Gruia, en premier lieu les proémi-
nences horizontales à profil concave, servant d'anses, tiennent beaucoup plus de
Donja Dolina que de Lechinţa-dc-Mureş. E t de même, tel cas isolé de la présence
des urnes en cloche à Ripacb) ou à Jezerine 6) ne doit pas nous tenter non plus à trouver

*) Pârvan, Gctica, p. 422 et fig. 286. La Tène.


2
) Popescu, Fouilles de Lechinţa de Mures, dans *) Cp. les planches du long rapport de Truhelka
cette revue même, II 1925. dans les WMBH. IX 1904.
3 6
) En général nous nous trouvons ici au premier ) Radimsky, ibid., V 1897, pi. XXXV suiv.
âge du fer ; cependant telle forme «hallstattienne» «) Radimsky, ibid., I l l 1895, p. 93, 114, 170.
se retrouve aussi à côté des formes de l'âge de
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

des relations plus étroites de la civilisation de Gruia avec ces régions. Ni la haute vallée
du Mures ni les hautes vallées bosniaques des affluents de la Save n'ont pas beaucoup
à dire dans la question des formes de la céramique que nous rencontrons sur le Danube
serbo-valaque vers 500 av. J.-Chr.
En effet les autres formes de vases aussi sont caractéristiques en premier lieu
pour la vallée de la Save au premier âge du fer, et presque point pour la région des
Alpes Dinariqucs. Nous possédons cinq coupes de Gruia appartenant chacune à un
type différent (fig. 3). Parmi ces coupes sans doute le type à deux anses, à canne­
lures horizontales sur le col et obliques sur la panse et à deux proéminences faisant
croix avec les anses,
est décisif pour l'iden­
tification des origines
de la civilisation de
Gruia. Caractéristique
pour l'âge du bronze
récent dans les pays
carpatho-danubiens ] )
le type de vases a proé­
minences en forme de
cornes et à cannelures
horizontales sur le col,
obliques sur la panse,
parfois (les coupes-tas­
ses à une seule 'anse)
à bords découpés obli­
quement vers l'anse, s'est répandu jusqu'en Dalmatie 2 ) et jusqu'à Troie 3 ). Mais tandis
que dans le pays d'origine ce type disparaît par la suite, il fleurit au contraire dans
les régions d'infiltration et, justement dans la vallée de la Save, jusqu'à l'approche
du second âge du fer, peut-être même pendant les premiers siècles de cette époque.
L'un des centres où ce type est par excellence représentatif, est encore toujours la
station de Donja Dolina 1 ). Quant aux autres quatre formes de coupes elles se ren­
contrent aussi en Dalmatie, mais elles ne sont pas caractéristiques pour cette région;
bien au contraire, la coupe à large ouverture à quatre proéminences en croix est très
commune en Dacie aussi à l'âge «scythique» 5 ), c'est-à-dire contemporanément avec les
stations illyriennes, tandis que la coupe à pied surélevé est une apparition habituelle
du premier âge du fer, et ensuite du second âge aussi, un peu partout.
x
) Cp. les vases de Borsod sur la Theiss supé­ etc., naturellement, plus ou moins modifié.
3
rieure chez H a m p e l , A bronzkor emlékei Magyar- ) Schmidt, chez Dôrpfeld, Troja u. Mon, A t h è ­
horiban I I , pi. C X L I 2 ; le vase de Boian sur le nes 1902, p . 594 suiv. — Q u a n t a u x t y p e s lusa-
D a n u b e inférieur chez Christescu, d a n s cette re­ ciens de la m ê m e origine, gétique, ils sont u n peu
v u e m ê m e , I I 1 9 2 5 ; le vase de Târgul-Mureşului différents des vases cités ci-dessus, note 1.
4
(pour les cannelures) chez P â r v a n , Getica, p . 307 e t ) Les exemplaires trouvés ici, des formes les
les considérations historiques chez P â r v a n Dacii la plus variées, d é r i v a n t d u m ê m e t y p e initial, sont
Troia, d a n s la revue Orpheus, I I 1926, p . 3 suiv. très n o m b r e u x ; v. chez T r u h e l k a d a n s les WMBH.
2
) P . e. à Sanskimost (chez Fiala WMBH. VI I X 1904, pi. X X I suiv.
6
1899, p . 66), à Strbci (chez le m ê m e , ibid., p . 55), ) P â r v a n , Getica, p . 427, 4 3 1 , etc.
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VASii.r. I'AKVAN

Objets en bronze. Encore plus spécifiquement illyriens sont quelques-uns des


objets de parure recueillis dans les tombes de Gruia. La fibule en bronze à arc demi-
circulaire (fig. 4 et f>) longue de T.iî cm. est d'un type connu à Glasinac (en argent) 1 )
et surtout à Donja Dolina 2 ). Truhelka a fait la statistique des découvertes de ce type
«grec», et il a constaté qu'il est assez fréquent
en territoire illyrien, en bronze et en argent,
mais qu'en ce qui concerne sa dispersion vers
le N il ne dépasse pas la Save'*). Moins carac-
téristiques sont les autres objets, sauf un seul
dont nous nous occuperons aussitôt; en effet
le torques tordu (fig. 4, en haut), le bracelet en
barre massive dépassant des deux bouts le
cercle (fig. 4, en bas), les doubles aiguilles
enroulées en papillotes, constituant éventuel-
lement un bracelet, comme en fig. 6, et les
petits cercles en feuille de bronze très mince,
décorés de simples rainures superficielles dans
le sens de la longueur (fig. 7), ne pourraient
pas passer pour des produits exclusivement
illyriens. Au contraire le pendantif ajouré, en
grelot 4 ), à boule intérieure en plomb, ayant
servi comme parure annexe des ceintures ou
des franges des vêtements r') (fig. 8), est clas-
sique pour les tombes du premier âge du
fer — et probablement dans les commence-
ments du La Téne aussi — dans tout le ter-
ritoire illyrien: à Maladji en Albanie 6 ), à
Fig. 4. Stagno7), à Glasinac8), à Jezerine9) et, natu-
rellement, très souvent, à Donja Dolina l 0 ) , —
partout Ton rencontre ces petits ornements à sonnette, dont les Illyriens paraissent avoir
raffolé. — À côté de ces parures en bronze, l'apparition à Gruia aussi d'une lance
en bronze (toutes les autres sont en fer: v. ci-dessous) est tout-à-fait inattendue (fig. 9
en haut, à dr.). Or, à l'examiner de plus près, cette lance — d'ailleurs très petite: à
peine de 21 cm avec la douille — se trouve être une simple imitation des lances en
fer contemporaines et n'a rien de commun avec les lances authentiques de l'âge du
bronze. En effet elle n'est pas fondue, mais b a t t u e : l'on peut très bien reconnaître

») Stratimirovié, dans les WMBH. I 1893, p. 5


) Truhelka, /. c , p. 86.
122, fig. 22. •) Nopcsa, WMBH. X I I 1912, p. 174.
2 7
) Truhelka, ibid. I X 1904, pi. LVIII, fig. 4 ; ) Poscdel, ibid., X I , pi. X X I , 12 et 18.
L I X 7 ; L X V I I I 9 ; cp. p. la description, p. 110 *} Fiala, ibid., I l l p. 10; Truhelka, I, p. 100;
suiv. et 122. Fiala, V, p. 5, etc.
3
) Ibid., p. 69 suiv. 9
) Radirnsky, ibid., I l l , p. 113.
4 ,0
) Truhelka les appelle: triinenforrnigegeschlitzte, > Truhelka, ibid., I X , pi. X L 11, L U I 23,
an einem Ringe hangende Bronzeaiihiingsel, l.'c, LVIII 28, L X X V I 6, 8, 9.
p. 131.

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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

la manière dont on Ta obtenue d'une simple feuille de bronze coupée en triangle très
aigu. Comme pour les socs de charrue ou les haches à douille ou les talons de lances,

Fig. 6.

en fer, ainsi pour cette lance en bronze, on a rabattu autour d'un noyau rond les
deux marges de la feuille devant
constituer la douille et on les a
réuni autant que possible à force
de coups de marteau.
Un détail caractéristique mé-
rite encore d'être noté. Le pro-
priétaire du torques n'a pas été un
richard : sa modeste parure en
bronze est par deux fois rapiécée,
Fig. 7.
à clous en fer : à chaque brisure la
pauvre barre, originairement tor- Fig. 8.
due avec élégance, a été battue d'une manière très rustique, afin de devenir assez plate
pour être trouée (deux trous pour chaque brisure) et clouée.
Si les objets en bronze vont d'accord avec la céramique en ce qui concerne l'époque,
appartenant sans conteste encore au style du premier âge du fer, tout autre est le
cas des objets en fer, qui ne pourraient être datés qu'après 300 av. J.-Chr.
E n effet les sépultures de Gruia ont fourni plusieurs lances et javelots (fig. 4 et 9)
et deux épées en fer (fig. 10) appartenant à la deuxième période de l'âge de La Tène. E n
voici la description sommaire. 1. Lances à larges ailerons, de 0.38 m et 0.36 m de lon-
gueur et c. 0.06 — 0.055 de largeur; 2. Lances à fer long, à nervure parfois très saillante
et à ailerons plutôt étroits, de c. 0.38 et 0.34 m de longueur et c. 0.04 de l a r g e u r 1 ) ;
c'est le type commun de l'époque en Europe centrale, p. e. en Bavière ou en Suisse 2 );
3. Javelot à pointe très petite: sur 19 cm de longueur, la pointe n'en occupe que 7 ;
les ailerons de la pointe, très étroits: 2 c m ; 4. Javelot à tige conique et pointe quadran-
gulaire, sans ailerons, long de 18 cm; c'est un type connu au premier âge du fer aussi 3 ),
1 2
) Une de ces lances (fig. 4) a les ailerons brisés; ) Cp. chez D é c h e l e t t e , Manuel, I I 3 , p . 1145,
on peut c e p e n d a n t reconstituer avec assez de cer- fig. 1 et 2.
3
titude le contour du profil original. ) Ibidem, I I 2, p . 746, fig. 1.
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39
VASILK PÂRVAN

mais qui est encore plus répandu à l'âge de La Tènc dans tous les pays carpatho-
danubicns, depuis la Dacie ') jusqu'en Dalmatie 2 ).
Quant à la petite pointe de lance, battue en bronze (fig. 9 en haut à droite)
dont nous avons parlé plus haut, elle rentre aisément dans le système typologique du
second âge du fer.
Cependant les épées seules nous aident à dater les sépultures de Gruia d'une ma-
nière vraiment bien]définie. Des deux exemplaires que l'on y a trouvés, l'un ne re-
présente plus qu'un tron
çon de la lame (mince et
à nervure assez saillante)
long de c. 60 cm et large
de c. 4 cm ; l'autre, au
contraire, admirablement
conservé, long de 1.02 m
et large de 45 mm, est un
très bel exemple, typique,
des longues épées du se-
cond âge du fer, emplo-
yées par les Scordisques
de chez nous entre 300 et
100 av. J.-Chr., et dont
de nombreux exemples
ont été trouvés sur la rive
roumaine du Danube ser-
b e : p . e. à Turnu-Severin
une épée longue de 0.995
m sur 5 cm de largeur,
dans l'île de Simian une
autre de 0.975 x 0.055,
etc. 3 ). L'épée bien con-
servée de Gruia a été trou-
Fig. 9. vée avec une grande par- ^i« I0-
tie de son fourreau ; ce-
pendant par un certain hasard malencontreux 4) la gaine qui était très rouillée, après
avoir rempli sa mission de nous conserver presque intacte la lame de cette épée, s'est
évanouie en poussière.
Pour ne rien omettre, il faut enfin citer la grande hache-marteau en pierre polie,
à ce qu'il paraît, à peine ébauchée, sans trou d'emmanchement, et le fragment de
hache en pierre verte (fig. 4), trouvés dans la même fouille que les autres objets déjà
décrits, de l'âge du fer. L'apparition de ces deux témoignages néolithiques ne peut
cependant rien prouver quant à l'existence d'une couche néolithique à Gruia. Nous les
l 4
) Pârvan, Grtica, p. 513 et fig. 355. ) M. Bals ne peut pas s'expliquer le malheur;
*) P. e. à Bihac, v. WMBH. IV 1896, p. 186. un beau jour il découvrit que l'épée avait perdu
3
) V. chez Pârvan, Getica, p. 505 sniv. et pi. son fourreau: probablement quelque domestique
XXXVII fig. 1 et 3. l'avait laissée tomber par terre.
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40
CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

attribuons, surtout la moitié de hache en pierre verte, au culte de la foudre et aux


autres superstitions de l'âge du fer, en rapport avec le culte ancestral de la hache.
Comme en Gaule 1 ), ainsi en Dacie les hommes du second âge du fer ajoutaient aux
autres offrandes faites au mort aussi la moitié d'une hache en pierre polie.

L'ensemble des objets trouvés à Gruia ne résout pas de par soi-même le pro-
blème historique qui se présente ici: «les restes illyriens sont-ils à Gruia antérieurs aux
restes celtiques, ou bien contemporains?» Car rien n'empêche de retrouver à Gruia
aussi un phénomène très fréquent dans la civilisation de certaines régions de l'Europe
à l'âge de La Tène, c'est-à-dire la survivance des formes hallstattiennes à travers tout
le second âge du fer. E t c'est justement en territoire illyrien que ce phénomène est très
commun. Nous voyons p. e. à Jezerine une synthèse extrêmement curieuse des formes
hallstattiennes avec celles de l'âge de La Tène, avec prédominance absolue des anciennes
traditions illyro-gréco-italiques du premier âge du fer, sur lesquelles les formes «La
Tène» se greffent comme de simples annexes spécialisées (fibules), de nature complète-
ment étrangère à l'esprit général de la civilisation locale 3 ). On peut dire qu'il n'y a pas
de vrai La Tène dans les Alpes Dinariques et dans les hautes vallées illyriennes qui
descendent vers la plaine de la Save. Ni la céramique ni les armes celtiques ne se ren-
contrent dans ces régions. N'était telle fibule de la Il-e ou I l l - e période de La
Tène, nous ne pourrions jamais songer à dater telle urne parfaitement hallstattiennc
ou villanovienne au Il-e ou au I-er s. av. J.-Chr. E t M. Grenier a constaté un phéno-
mène identique en Alsace: «la civilisation de Hallstatt se perpétue, en Alsace, jusqu'aux
abords de la période romaine. La civilisation de La Tène y est peu représentée et mal
caractérisée. Quelques tombes plates à inhumation apparaissent en quelques points,
aussi bien au nord qu'au sud du pays, conjointement aux tumuli qui abritent confusé-
ment des incinérés et un petit nombre d'inhumés. Les deux espèces de sépultures,
tombes plates et tumuli, contiennent des objets identiques (c'est le cas pour les incinérés
et les inhumés de Donja Dolina, de Jezerine et des autres stations illyriennes aussi);
dans les unes et les autres le prolongement des traditions hallstattiennes se mêle au
slyle nouveau de La Tène (ce que nous avons précisé pour l'Illyrie aussi). L'évolution,
en un mot, est lente et sans rupture» 3 ). Or c'est le cas aussi pour les régions de l'Europe
danubienne où les Scythes prenant résidence encore en plein âge de Hallstatt s'assimilent
très vite aux indigènes, acceptent les formes locales de la civilisation du premier âge
du fer, et, lorsque les Celtes arrivent, résistent comme les Illyres, empêchant la flo-
raison des nouvelles formes. M. Louis de Mârton a relevé le fait très intéressant qu'à
Gyongyôs, dans le Heves, l'inventaire iranien — de caractère très différent de l'inven-
taire transylvain, mais identique avec l'inventaire de la Russie scythique — s'entremêle

») Cp. Déchelettc, Manuel I , p . 1 0 ; I I 3, p . (p. 212) v i s a n t à d é m o n t r e r l'existence d'une ci-


1042 et 1300. vilisation celtique n o n seulement d a n s les Alpes
2
) Cp. le mobilier de la tombe 161 (p. 101), ou noriques et p a n n o n i e n n e s , mais en D a l m a t i e aussi,
de la t o m b e 208 (p. 111), ou encore celui de la sont c o m p l è t e m e n t erronées.
3
t o m b e 278 (p. 126 suiv.), ou de la t o m b e 414 ) A. Grenier, La population de VAlsace à l'époque
( p . 159), chez R a d i m s k y , d a n s les WMBH. III gallo-romaine, d a n s Revue Anthropologique, XXXVI
1895, p . 39 — 218. Les conclusions de R a d i m s k y 1926, p . 232.
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41
VASILE TAIWAN

de formes La Tène ' ) , qui le situent au IV-e s. av. J.-Chr., sans toutefois lui rien
prendre de l'aspect exotique et extrêmement conservatif qui lui était propre. Au con-
traire, comme en Dacie 2 ), comme en Alsace 3 ), comme eu Europe Centrale 1 ), ainsi à
Gyongyôs ce sont les formes de tradition néolithique qui prennent le dessus à l'époque
hallsiaitienne et réussissent à se maintenir même à l'âge de La T è n e 6 ) .
Toute autre est la situation dans les stations hallstattiennes dcl'Illyrie (cp. fig. 11);
à différence de la Dacie où le fil est ininterrompu depuis le néolithique jusqu'il l'âge de

LÏLLYRIE ET L'EMPIRE CEUIQVE DE LA PLAINE PACOPANNONIENNE AV ffl-i S


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Localités a découvertes cel/iţnes;Locatile's or eteevut/erfes illy/uenrte.i/ Ljjca/ile\ra c/ecottuer/es rrrï*/es

Fig. 11.

La Tène, il nous semble qu'un certain hiatus dans la continuité ethnographique et de ci-
vilisation est manifeste justement dans la vallée de la Save et les régions voisines de la
Dacie. À Donja Dolina, comme dans les Alpes Dinariques c'est tout un monde nouveau
qui semble surgir vers 1000 av. J.-Chr. L'Illyrie ne possède pas un vrai ancien âge du
bronze. Entre le monde de Donja Dolina et celui de Butmir il n'y a aucune continuité.

») D a n s VArchaeologiai Értesitô, X X V I I I 1908, 1926, p . 231 suiv.


4
p . 5 2 : «midon h a z â n k foldén a La Tène k u l t û r a ) Hoerncs-Mcnghin, llrg. d. bild. Kunst, Vienne
m â r ismert volt». 1925, p . 488 suiv.
*) P â r v a n , Getica, p . 367. •) Cp. chez M â r t o n , d a n s Y Arch. Êrt., X X V I I I
3
) Forcer et Grenier: cp. Rev. Anthrop. X X X V I 1908, les tessons de la p . 40.
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CONSIDÉRATIONS SIJK L I S SKI'I l/IUKKS CKLTIQl KS DE GRUIA

Stanley Casson a essayé de trouver la clé de l'énigme dans une migration «danubienne»
des hommes du bronze vers l'O illyrien à une époque assez récente de l'âge du bronze,
migration suivie par une autre, «hallstattienne», vers le S, partant d'un centre de disper-
sion situé dans l'actuelle Autriche, autour de Hallstatt même '). Nous y reviendrons
plus bas. Ce que nous voulons relever tout de suite, c'est qu'un hiatus analogue à celui
qui précède le «hallstatt» illyrien, le suit aussi. Les Iliyres passent du «premier âge du
fer» directement à l'«âge romain». E t tandis que l'Italie septentrionale, le Norique,la
Pannonie et la Dacie deviennent tout-à-fait «celtiques», FIllyrie n'en veut rien savoir 2 ).
Cependant le Danube est un fleuve par excellence celtique: depuis ses sources jusqu'à
son embouchure les châteaux forts celtiques se suivent presque sans interruption.
La capitale des Scordisques est Singidunum (Belgrade), à l'embouchure de la Save
illyrienne 3 ). Heorta, Capedunum et Bononia*) gardent aussi le Danube serbo-roumain 5 ).
E t pourtant, quoique nous soyons à la deuxième période de La Tène, pas un seul tesson
celtique à Gruia: les épées celtiques restent tout-à-fait solitaires au milieu des parures
et de la céramique illyriennes, hallstattiennes. D'autre part l'âge du fer illyrien ne
connaît pas les armes celtiques, tandis que les sépultures de Gruia, tellement illyriennes
par la presque totalité de leur mobilier, sont celtiques par les armes. Il n'y aurait donc
qu'une seule conclusion à toutes ces constatations: les Illyres de Gruia seraient vraiment
d'un autre temps que les Celtes, et l'arrivée de ces derniers aurait été ici plus récente.
Le problème des sépultures celtiques de Gruia se divise donc en deux: I. L'arrivée
des Illyres au milieu des Géto-Thraces de Gruia. I L L'arrivée des Celtes dans cette en-
clave illyrienne, établie au milieu des Thraces.
Casson admet une migration illyrienne, partant de Hallstatt, au début de l'âge
du fer, en aval du Danube, vers la «Bulgarie» aussi: «The same movement which pro-
jected the Iron Age Illyrians into Bosnia sent bodies of a similar stock south-east to
Macedonia and eastwards to Bulgaria. These latter branches reached their destinations,
certainly in the case of Macedonia and probably in t h a t of Bulgaria, at an earlier
date t h a n t h a t at which the Illyrian body descended the Save tributaries. Only
at Donja Dolina and Zara do we find earlier Iron Age sites. The fuller development
of the Serajevo region comes later, after 900 at the earliest and probably later»
(o. c, p. 326). Malgré l'accent et la précision que donne Casson à son opinion
concernant la migration illyrienne en Bulgarie, nous ne pourrions sous aucune forme
admettre cette thèse. D'ailleurs l'auteur lui-même ne peut fournir, sauf quelques in-
dications sur la civilisation de La Tène en Bulgarie, apportée ici par les migrations
celtiques (p. 309), rien d'autre que des appréciations d'ordre général sur l'âge du fer
de la Macédoine, plus ancien que celui de Bosnie, mais «mostly of the same type and
date» qu'en Serbie et en Bulgarie (p. 306).

1
) Macedonia, Thrace and Jllyria; their relations p a r a î t accepter — lui aussi — l'opinion de Munro) ;
to Greece from the earliest times donn to the time of or, d a n s toute l'Illyrie a u S de la Save il n'y a ni
Philip son ofAmyntas, Oxford, 1926, p . 287 — 327. population ni civilisation celtiques: les a r m e s ,
2
) Il est très é t o n n a n t de constater que certains les p a r u r e s , la céramique sont non-celtiques !
3
archéologues o n t cru pouvoir affirmer q u ' à J e - ) J u s t i n , X X X I I 3.
4
zerine nous avons affaire à des Celto-IUyres, ) Cp. Camille Jullian, Histoire de la Gaule I ,
seulement parce que l'on y trouve un certain nom- p . 296 suiv.
5
bre de fibules La Tène (Casson, o. c , p . 302, qui ) P â r v a n , Getica, p . 65.

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43
4
VA SI LE PÀKVAN

Car presque tous les monuments hallstattiens publiés par Poppoff '), et sur lesquels
s'appuie Casson aussi, sont de Macédoine et non de Bulgarie. Mais même s'ils en étaient,
il ne suffit pas de quelques fibules pour décider d'une question si complexe que les migra-
tions illyriennes vers le S et vers l'E. Il s'agit ici d'une conclusion analogue à celle tirée
par Radimsky 2 ), qui voulait trouver aussi en Bosnie le même La Tène qu'en Autriche
et en Hongrie, seulement parce qu'il avait découvert beaucoup de fibules de l'âge de
La Tène à Jezerine. E n effet la Bulgarie est reliée, à l'âge du fer, aussi étroitement à
la Valachie, qu'elle l'avait été à l'âge énéolithique et à l'âge du bronze. Ni en Valachie
ni en Bulgarie les Illyres n'ont rien à chercher. C'est déjà beaucoup si nous y rencon-
trons quelques faibles échos de leurs industries, d'ailleurs comme activité propre en
pays dinariques, tout-à-fait modestes.
Le problème doit être au contraire totalement renversé: entre 700 et 300 av. J.-Chr.
(les limites extrêmes des documents «illyriens» de Gruia) ce sont plutôt des mouve-
ments de population et de civilisation qui remontent le Danube bulgaro-roumain et
serbo-roumain: ce sont les Scythes qui venant de l'E occupent la Dacie et la Thrace
et repoussent devant eux vers l'O tous ceux qui essayent de leur résister: c'est à cette
époque, que les tribus daco-gètes du Banat et de la Petite-Valachie commencent leur
migrations vers la Dalmatie et la Péonie, où ils fonderont Thermidava, Eiminacium,
Berzumnum, Adzidzium, Asarnum, Blandona, Desudava, etc. etc. 3 ) et le nom des Daoi
aorsoi (Daorsi) : «les Daces blancs», devient épichorique dans la région de Spalato 4 ).
Un mouvement contraire, en aval du Danube, ne se prononce à l'âge du fer qu'à
partir de la fin du V-e s., lorsque la pression celtique commence à repousser vers l'E
tous les peuples du Danube moyen et inférieur. Il est très probable qu'à l'approche des
Taurisques, et plus tard des Boïens et des Scordisques, les tribus illyriennes de la vallée
de la Save aient dû chercher refuge soit dans les hautes vallées des affluents de la Save
et du Danube serbe, soit en aval de ces deux grandes vallées jusqu'en Petite-Valachie et
en Bulgarie occidentale. Les Thraces Triballes qui habitaient la vallée inférieure de la
Morava (Margus) paraissent avoir été déplacés vers l'E, jusqu'à l'Iskcr bulgare
(Oskios — Oescus), déjà vers le commencement du IV-e s. E n effet la grande invasion
triballique de l'an 376 contre Abdère et la côte thrace de l'Egée ne pourrait être expli-
quée sans le bouleversement produit par les Celtes dans les pays du Danube moyen et
de la Save 5 ). Or vers la même époque les Celtes pénétraient chez les Ardiens et les
Autariates aussi, entre les Alpes Dinariques et la région côtière qui s'étend depuis la
péninsule d'Istrie jusqu'à la vallée de la Narcnta (i). Ce qui est maintenant décisif pour
notre démonstration, c'est que déjà en 335 les Autariates s'étaient déplacés très loin
vers l'E, occupant le territoire situé immédiatement au N du pays des Agrianes. Les
renseignements de Ptolémée fils de Lagus, chez Arrien, combinés avec les informations
de Diodore et de Strabon, mènent à la conclusion tirée déjà par Zippel 7 ), que les Auta-

B
' ) D a n s l'Annuaire du Musée National de Sofia ) V. chez G. Zippel, Die rômische Herrschaft in
I I 1921, Sofia 1922, p . 152 suiv. (en b u l g a r e , avec Illyrien bis auf Augustus, Leipzig 1877, p . 31 suiv.,
u n t r è s bref résumé en français). le recueil des t e x t e s anciens c o n c e r n a n t ces évé-
2
) D a n s les WMBH. I I I 1895, p . 2 1 2 ; c p . d'ail- nements.
6
leurs Casson aussi, ci-dessus, p . 4 3 , note 2. ) Cp. Zippel, p . 34 et suiv.
3 7
) P â r v a n , Getica, p . 229 suiv., 672, 745 et 7 5 1 . ) 0. c, p . 38 suiv., avec les passages des au-
4
) Ibid., p . 38, 229 et 745. t e u r s anciens.

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CONSIDÉRATIONS SUR LES SEPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

riates avaient occupé après leur défaite dans leur pays d'origine, sur la Narenta, la
vallée de la Morava bulgare, devenant avec les Dardanes les voisins septentrionaux
des Péoniens.
Ces mouvements étaient encore en 335 en plein développement: c'est la raison pour
laquelle Alexandre le Grand entreprend son expédition contre les Triballes et les Illyres
«voisins entre eux» ' ) . Il pouvait s'attendre à chaque moment à une invasion analogue
à celle de l'an 376 contre Abdère. Or les Triballes sont à cette époque si loin vers l'E,
dans la vallée du Danube, que nous pouvons admettre Oescus déjà en 335 comme ca-
pitale de leur royaume 2 ). Mais en ce cas les Illyres, leurs «voisins» doivent occuper le
territoire immédiatement à l'O du Timacus. La présence d'objets d'aspect illyrien du
premier âge du fer en Triballic et en Dardanie ne devrait donc pas nous surprendre:
tous ces peuples se réfugiant au devant des Celtes portaient avec eux leurs anciennes
traditions industrielles.
Cependant les Celtes occupaient toute la région danubienne depuis Belgrade (Sin-
gidunum) jusqu'à Widdin (Bononia). Lorsque Brennus se décidait en 280 pour sa
fatale invasion en Grèce, les Celtes possédaient en Mésie supérieure un large territoire,
dont la garde était confiée à tout un peuple. E n effet les Celtes laissés en Mésie ad ter-
minas genlis tuendos sont à eux seuls capables, ne soli desides viderentur, d'armer pe-
dilum quindecim millia, equitum tria millia, de faire la guerre aux Gètes et aux Triballes,
réunis, et de les vaincre : fugatis Getarum Triballorumque copiis 3 ).
Or nous sommes arrivés avec ces événements juste dans la région et à Yépoque qui
nous préoccupent: à Gruia, vers la moitié du I l l - e s. av. J.-Chr. Les armes celtiques
de Gruia, dont l'épée formidable, à elle seule, pourrait nous expliquer la défaite et la
fuite au devant des Celtes, des Géto-Triballes armés de leurs petites sicae 4 ), sont le
témoignage de la prise de possession armée de la rive gétique du Danube par les Gau-
lois. Arrivant après les Illyres, auxquels appartiennent les restes pacifiques: vases et
parures, trouvés à Gruia, les Celtes trouvent à un siècle près de distance toute une civi-
lisation «illyrienne», dans ces régions auparavant purement thraces. Comme à Donja
Dolina, ainsi à Gruia les Celtes n'exercent pas leurs talents civilisateurs: ils y passent

*) V. t o u s l e s détails de l'expédition chez Arrien, moignages des sources littéraires de l ' a n t i q u i t é


I 1 suiv. e t cp. P â r v a n , Getica, p . 43 suiv. avec les découvertes archéologiques de nos t e m p s . —
2
) Cp. chez P t o l é m é e , Gêogr. I I 10, 5 : Oloxoç La question mérite pleinement d'être reprise:
TnipuXX&v. les Celtes — qui o n t évité l'Illyrie — ont long-
3
) Trogue chez J u s t i n , X X V 1. — V . p o u r l'his- t e m p s résidé en territoire thrace (Serbie et Bulga-
toire des Celtes d a n s les B a l k a n s , Camille J u l l i a n , rie). Ils se sont dénationalisés (Florus appelle, p. c.
o. c. I 296 suiv. — Le problème de la diffusion de les Scordisques: saevissimi omnium. . .. Thracum),
l'élément celtique d a n s la péninsule Balkanique mais les traces de leur influence sur la civilisation
a été t r a i t é aussi p a r G. Katzaroff d a n s son é t u d e , des deux Mésies et de la Thrace devraient être
Les Celtes dans l'ancienne Thrace et Macédoine (en appréciables. Les découvertes sur le terrain per-
bulgare), d a n s les „Spisanié" de l'Académie Bul- m e t t r a i e n t — à notre a v i s — d é j à m a i n t e n a n t des
gare des Sciences, X V I I I , 1919, p . 4 1 — 8 0 , et conclusions assez bien définies.
p a r N . Vulié d a n s son article, Les Celtes dans les *) P o u r les sicae trouvées en Olténie, v. I s t r a t i ,
régions yougoslaves (en serbe) d a n s le Glas de l'Aca- d a n s les Mém. de la Sect. Scient, de VAcad. Roum.,
démie R o y a l e Serbe C X X I , Belgrade 1926. Cp. X X X I V 1912, p . 141 suiv. et pi. V I I ; pour celles
aussi Niese, Gesch. d. griech. u. maked. Staaten, I de Bulgarie, Poppoff, d a n s VAnnuaire du Mus.
p . 304 et I I p . 12 s u i v . — A u c u n de ces a u t e u r s Nat. de Sofia, I I 1921, p . 167 et 173.
n ' a c e p e n d a n t essayé de m e t t r e d'accord les té-
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VASILE PÂRVAN

exclusivement en guerriers. Les nombreuses épées celtiques trouvées en Olténie, de Turnu-


Severin à Craiova '), prouvent que les nouveaux venus ont essayé, comme en Bulgarie,
de se créer ici aussi un petit état à eux au milieu des Gèles. Toutefois les renseignements
que les auteurs anciens fournissent sur l'époque suivante montrent qu'au contraire ce
sont les Gètes qui petit-à-petit ont assimilé et anéanti les Celtes '-).
Mais il y a un auteur, c'est vrai, assez tardif, Appien, qui nous donne même le
nom des Illyres que nous devrions chercher dans les îles du Danube serbo-roumain :
dans ses Illyrica, 4, il recueille une légende sur les migrations des Autariatcs, dont nous
avons parlé ci-dessus, et où il les fait prendre résidence dans les régions marécageuses
du Danube gétique: xal r.t)v revwv êXcùôr/xal àotxrjzov, naçà T,<) BaozatQV&P ë&voç, &Xr)oav?)*
Or nous avons déjà poursuivi le mouvement des Autariatcs jusqu'en Dardanie orien-
tale et dans la région des sources du Timacus: il n'y a qu'un pas d'ici jusqu'au Danube
et le récit fantastique d'Appien 4 ), corrigé par les renseignements très précis de Stra-
bon, p . 318, peut servir à l'explication du fait que nous trouvons des éléments de civi-
lisation illyrienne jusqu'en Petite-Valachie.
Il s'agit donc, non pas, comme Casson croyait pouvoir le supposer, d'une migration
«illyrienne» en Bulgarie déjà vers 900 av. J.-Chr., mais tout simplement des Illyres re-
poussés par les Celtes au V-e et au IV-e s. toujours plus loin en aval du Danube.
I I . Il nous reste maintenant à élucider la seconde question principale soulevée par
les découvertes de Gruia, c'est-à-dire à quelle époque et dans quel territoire les Celtes
prennent résidence, lorsqu'ils arrivent sur le Danube moyen. E t avant de commenter
les informations des auteurs anciens, nous allons de suite établir quelques faits histori-
ques de nature plutôt générale.
Le caractère de la pénétration celtique en Illyrie, comme en Dacie et en Thrace,
a été sporadique: des enclaves isolées et d'autant moins nombreuses et peuplées, que
l'on s'éloignait du centre d'irradiation celtique, sis en Pannonie, resp. en Tchéco-
slovaquie. Ces enclaves ont toujours eu t a n t à faire avec leur propre défense, qu'elles
n'étaient pas dans la situation de développer, comme dans les Alpes Orientales ou dans
les Carpathes septentrionaux, les industries par excellence celtiques: la sidérurgie et
la céramique, — ou, pour le moins, de vivre d'une manière indépendante, comme popu-
lation pacifique, agricole et commerçante. C'est pourquoi les Celtes pénétrant en Illyrie»
en Dacie, en Mésie, en Dardanie, en Thrace se sont dissous dans la masse des abori-
gènes. Strabon (p. 304) racontant les guerres du grand roi gète Burebista, dit: tfdr}
ôè xal 'Pcojiiaioiç cpopeqoç tfv, ôtafiaivaov âôewç xov "IOXQOV xal xi)v Sqâxrjv h:i}Xaxô)V [lé.XQi
Maxeôoviaç xal xfjç ' DIVQÎÔOÇ, xovç xe KeXxovç XOVÇ àva/œjiuyjuévovç xoïç xe Oqat-l xal
xoïç 'Ikh'Qioïç èt-£7iÔQ'&r]0£...6). Mais les Romains aussi, dont la pénétration dans les
pays illyriens commence dès la fin du I l l - e s. av. J.-Chr., avaient combattu avec
système et d'une manière très persistante tout essai de prise de possession celtique en
territoire soumis à l'influence romaine. La politique romaine avait poursuivi d'abord
la pacification des pirates Illyriens qu'ils forcèrent à s'occuper d'agriculture (rjvdyxaoav

1
) E n voir la liste chez P û r v a n , Getica, p . 505 m e n e r p a r les contes d ' A p p i e n vers des h y p o -
suiv. et les n o t e s . thèses p a r f a i t e m e n t inacceplahles.
2 5
) P â r v a n , Getica, p . 66 suiv. ) Cp. sur le rôle de Burebista d a n s l'Orient
3
) Cp. P â r v a n , o. c , p . 72. celto-illyro-thrace, Camille J u l l i a n , Histoire de la
4
) G. Zippcl, o. c , p . 153 et suiv., se laisse Gaule I I I , p . 152 suiv.
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

yscoQyeïv: Strabon, p . 315, en parlant des *Agôiaîoi). Mais leurs expéditions contre les
Ardiens et les Autariates se compliquèrent aussitôt par des guerillas sans fin contre les
Dardaniens, les Triballes et les Scordisques aussi (Strabon, p. 315 et 318). Or, la situa-
tion était la suivante. Les Celtes arrivés dans la vallée de la Drave et de la Save, où
ils avaient fondé des villes comme Carrodunum ou Neviodunum (v. fig. 11), avaient préféré
d'envahir et de dévaster, plutôt que de coloniser les territoires illyriens des Alpes Dinari-
ques; Strabon nous le dit d'une manière précise à propos des Scordisques: /lexaţv ôè
( AaQÔavlwv ) ie xal XÔJV ""AqbiaUnv ol AaoaQi'pioi elol xal 'AyQiâveç xal alla aarj/ua ëêvrj,
â ênuQÛovv ol IxooÔioxoi /uéxQi rjorj/wioav xi]v %d}Qav xal ÔQvpâjv âpdxov èy rj/iégaç
nleiovç ènofyoav fi.F.oxi)v (p. 318). Mais les invasions celtiques le long de la côte adriatique
au IV-e s. ont dû être encore plus sauvages ! ) . Ce qui est sûr, c'est que les Taurisques
descendant le Noarus, le Dravus et le Savus vers les plaines pannoniennes, se sont
établi au N de la Drave et y ont fondé leurs grands ateliers sidérurgiques, comme celui
de Szalacska au S du lac Pelso. Leur tendance migratoire, de caractère agricole, com­
mercial et industriel a été plutôt vers l'E que vers le S. Comme au IV-e et au ITI-e s.
ainsi vers le commencement du I-er s. av. J.-Chr. les Celtes de la Pannonie avaient
(de nouveau ; cp. ci-dessous) dépassé le Danube, et le royaume de Critasiros avait pour
frontière orientale la Theiss, c'est-à-dire le Celte avait envahi tout le territoire gète
compris entre la Theiss et le Danube. Ce dont Burebista ne manque pas de se plain­
dre, lorsqu'il commence ses grandes guerres contre les Boïens et les Taurisques de la
Pannonie: (les Daces) xaxaTtole/ir/oavxeç Boîovç xal Tavoloxovç, ëxhr] Kelxixà xà vno
KnnaaiQCi), (pdoxovteç eïvai xr)v %d)qav ocpExeoav, xainen noxa/xov ôieioyovToç xov IlaQioov
(1. Ilaûlnov), Qéovxoç àno xcôv OQÛJV ènl xov "IOXQOV xaxà xovç ZXOQÔLOXOVÇ xalovjuévovç
Falàxaç. xal yàg ovxoi xoïç 'IIIVQIXOÏÇ ëêvem xal xoïç Ooqxloiç àvayàÇ &xr\oav àll'
èxEivovç /ièv ol Aaxol xaxélvoav, xovxoiç ôè xal ov/i/zàxoiç ÈyQi'\navxo Ttolldxiç. Les dé­
couvertes archéologiques confirment les dires de Strabon (p. 313): déjà à la deuxième
période de La Tène les Celtes s'étendaient jusqu'à la Theiss et même à l'E de cette ri­
vière. Les restes celtiques, de Koszeg, de Dâlj, de Hôdsâg, de Hatvan-Boldog, de Balsa,
de Gyoma, (TApahida 2 ), démontrent que depuis les Alpes jusqu'en Dacie les Celtes
occupaient toutes les plaines du Danube moyen et que le chemin qu'ils avaient découvert
d'abord vers 400 av. J.-Chr., lorsque leurs guerriers en remontant la vallée du Mures,
étaient arrivés jusqu'à Silivaş, en plein centre de la Transylvanie 3 ), n'avait jamais
été désappris.
Or les Celtes dont il s'agit à Gruia étaient les «petits» Scordisques, d'abord adversaires,
ensuite alliés des Daces. Leurs demeures sont définies par Strabon (p. 318) comme il
suit: âxtjoav ô'ovxoi naqà xov "IOXQOV ôirjorj/iévoi bi%a, ol fièv jueyâloi ZXOQÔCOXOI xalov-
[levoi ol ôè (nxQoi ol fièv juexaÇi) ôveïv Tzoxa/xôjv è/À,ftallovxa>v elç xov "IOXQOV, XOV xe
NOÛQOV XOV naQa rrjv Zeyeoxixrjv QEOVXOÇ*) xal xov Màqyov (xivèç ôè BaQyov epa-

' ) Cp. p o u r les sources, Zippel, o. c , p . 35 suiv. é t a i t aussi i m p o r t a n t que le D r a v u s m ê m e . Q u a n t


2
) Cp. mes Getica, s. v. e t en premier lieu p . à Siscia, «voisine d u Dravus», c'est de la p u r e
482 suiv. confusion: les informations de S t r a b o n é t a i e n t
3
) V. R o s k a , d a n s les Archivele Olteniei V 1926, t o u t à fait erronées; en effet d ' a p r è s cet a u t e u r
p . 50 et P â r v a n , Getica, p . 464. la Save est u n affluent de la D r a v e ; celle-ci à son
4
) P a r le Noarus la source de S t r a b o n indiquait t o u r est u n affluent d u N o a r o s et le N o a r o s est
c Dravus, d o n t l'affluent septentrional, le Noarus, de n o u v e a u identique avec la Save parce qu'il
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VASII.E PA H VAN

ah) '), ol ôè /iixoiH xovxov nênav, ovvâmovreç Tniflattoïç xal Mvaoïç. el%ov ôè xal rdv
njowv rivàç ol ZXOQÔLOXOI, tnl rooovrov ô*fjv$ijô^aav wore xal [ié%Qt x&v ' l/lrnixôjv xal
TÛV IJawrixcov xal Ooaxùov 71QOÎ]\I%V ôoiov xaréa%ov ovv xal ràç Vïjoovç ràç iv rib
"IoTQCp ràç nlriovç, tfoav ôè xal nôleiç avroïç 'Eôqxa xal Kanêôovvov. La description
de Strabon correspond très bien à la situation que les découvertes archéologiques
confirment pour la Il-e période de l'Age de La Tène, c'est-à-dire pour le Ill-e et
le Il-e s. av. J.-Chr. Au contraire à la Jll-e période, après l'an 100 av. J.-Chr., les
Gètes prennent complètement le dessus et les Scordisques subissent le même sort
que les autres Celtes voisins de la Dacie. Ce qu'il faut retenir chez Strabon, c'est
que les Celtes n'habitent de manière vraiment intense que sur la rive même du Danube,
entre les embouchures de la Drave et de la Morava d'un côté, entre celles de la Morava
et du Timoc de l'autre. Ça veut dire que les Scordisques de la rive droite du Danube
ne font que prolonger plus ou moins au sud du fleuve la masse compacte celtique qui
habitait au N de la Drave et du Danube.
Voici maintenant en quelques mots la suite des événements après l'installation dé-
finitive des Romains en Macédoine. En 141 les Scordisques de la Save battent les Ro-
mains; autre guerre en 135. E n 117 le préteur Sexte Pompée est attaqué en Macédoine
par les Gaulois et les Mèdes (les Thraces Maedi). E n 114 C. Porcius Caton essayant
de punir les Scordisques sur leur propre territoire est b a t t u et chassé lui-même, et toute
PIllyrie est ravagée jusqu'à l'Adriatique. Ce n'est qu'en 112 que M. Livius Drusus réussit
à repousser les Gallo-Thraces et à les forcer de faire la paix. Cependant les années
110 et 109 sont troublées par de nouvelles batailles très sanglantes en Thrace (C. Cae-
cilius Metellus) et en pays scordisque, entre le Drin, la Save, le Danube et le Cibre (M.
Minucius Rufus). E n 97 et en 92— 88, d'autres combats et invasions: les barbares ar-
rivent jusqu'à Dodone. Les Gètes sont pendant ces guerres les compagnons fidèles
des Scordisques: Minucius Rufus imperator a Scordiscis Dacisque premebatur, quibus
impar erat numéro, dit Frontin, Strat. I I 4, 3. Mais tandis que les Gètes sont protégés
au-delà du Danube par leurs forêts impénétrables (cp. chez Florus I 39, 6: Scribonius
Curio, en 74 av. J.-Chr. Dacia tenus venit, sed tenebras saltuum expavit), les Scordisques,
comme d'ailleurs les Illyres et les Thraces aussi, sont de plus en plus affaiblis et décimés
par les Romains tenaces et inexorables. Appien, De reb. Illyr. 3, nous le dit ex-
pressément à propos des Triballes et des Scordisques, les voisins directs des Gètes:
les deux nations se sont combattues avec acharnement l'une l'autre jusqu'à ce que
*es restes des derniers Triballes se soient enfuis chez les Gètes de Valachie, de sorte
que leur peuple, qui du temps de Philippe et d'Alexandre était très puissant, perdit
jusqu'à son nom même parmi les nations du Bas-Danube ; quant aux Scordisques affaiblis
dans les mêmes luttes, ils ont été presque anéantis par les Romains et se sont réfugiés
dans les îles du Danube, d'où plus tard ils ont essayé de se sauver en se rassemblant
dans certaines régions de la Pannonie inférieure 2 ).
Nous constatons donc que le travail civilisateur chez les Celtes du Danube méso-
triballique était très enrayé par les suites du désordre ininterrompu qui régnait ici.

a p o u r affluent le Colapis (p. 314). schichtc der gricch. Sprache, p . 236.


2
*) E n thracc le 6 et le m sont c o u r a m m e n t i n t e r ) Cp. p o u r ces é v é n e m e n t s , P â r v a n , Gctica,
c h a n g e a b l e s : v. K r c t s c h m e r , Einleitung in die Gc- p . 65 — 75 et les a u t e u r s cités p . 4 5 , n. 3.
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

Tandis que les Celtes de la Pannonie et de la Dacie développaient toute une civilisation
«celtique», d'une richesse et variété comparables à celles de la Gaule et des pays du Da­
nube supérieur, les Scordisques disparaissaient presque sans laisser d'autres traces de leur
existence sauf les armes avec lesquelles ils s'étaient défendus jusqu'à la dernière heure.
Il nous reste maintenant une seule question encore à élucider à propos des sépul­
tures de Gruia: celle d'une éventuelle contemporanéité des vases et des parures de ces
tombes, avec les lances et les épées trouvées à la même place. L'on peut aisément
constater en Illyrie que la céramique de type carpatho-danubien de l'âge récent du
bronze et du premier âge du fer continue à être en usage même à l'âge de La Tène.
Radimsky a même relevé le fait suivant, d'une importance décisive: «auf der Drehscheibe
erzeugte Thongefăsse kamen in Jezerine ziemlich selten vor und gehoren fast durchaus dem
Formenkreise rômischer oder griechischer Gefiisse an, so dass man schliessen darf, die
Einwohner des Landes haben in der La Tène-Période nur aus freier Hand Thongefăsse
erzeugt, und der Gebrauch der Tôpferscheibe sei ihnen erst durch die Rômer bekannt
geworden» '). Mais il y a autre chose encore: nulle forme céramique de type celtique n'est
adoptée par les Illyres, comme c'est si souvent le cas en Dacie, où tant de formes nouvelles
se retrouvent en technique paysanne tout simplement façonnées à la main, à côté des
vases tournés, de la même époque, soit importés des Celtes du NO, soit fabriqués en Dacie
Les armes celtiques de Gruia, datables à la deuxième période de La Tène, auraient
donc très bien pu être contemporaines de la poterie «illyrienne» que l'on y a découverte.
Cependant il faut relever de suite le cas tout-à-fait exceptionnel où se trouveraient les
Celtes enterrés de cette façon, pêle-mêle avec des étrangers et avec un mobilier funé­
raire étranger.
Encore plus difficilement pourrions-nous admettre une contemporanéité des pa­
rures et des épées de Gruia. En effet les fibules de l'âge de La Tène ont vite trouvé
leur chemin même dans les coins les plus reculés de l'Illyrie. Il suffit de parcourir les
rapports des fouilles de Jezerine (Radimsky), de Sanskimost (Fiala), et, naturelle­
ment, de Donja Dolina (Truhelka) 2) [l'emplacement classique pour les formes cérami­
ques et autres de la civilisation illyrienne de la vallée de la Save], pour se convaincre
aussitôt que les Illyres eux-mêmes ont adopté les types celtiques de fibules et que par
suite en aucun cas et sous aucun motif la belle fibule en arc de Gruia n'aurait pu appar­
tenir ni à un homme ni à une femme de l'âge de La Tène. Quant aux pendantifs en forme
de grelots, ils sont si caractéristiques pour l'époque pré-La Tène (ou au plus tard archaeo-
La Tène) d'Illyrie, qu'ils constituent, à côté de la céramique, le trait ethnographique le
plus frappant pour le non-celtisme du mobilier funéraire en bronze trouvé à Gruia.
Force nous est de tirer maintenant les conséquences de notre brève analyse des
sépultures de Gruia. La pénétration illyrienne en aval du Danube, en pays gétiques,
déjà avant l'arrivée des Celtes, mais sûrement provoquée par leurs invasions en terri­
toire proprement illyrien, dans la vallée de la Save, nous paraît parfaitement assurée
et datée par les découvertes de la couche la plus ancienne de Gruia. À un siècle près
de distance suivent les Celtes eux-mêmes. Les sépultures celtiques de Gruia sont ex­
clusivement de temps de guerre. Nul objet celtique de nature pacifique n'y a été trouvé.

2
*) Radimsky, Die Nekropole von Jezerine in Pri- ) Dans les WMBH. Iïï 1895, VI 1899 et IX
toka, dans les WMBH. III 1895, p. 195. 1904.
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VASILE PÂRVAN

11 s'agit s a n s d o u t e d ' u n e de ces e x p é d i t i o n s ou r e t r a i t e s m a l h e u r e u s e s , s c o r d i s q u e s , d a n s


les îles d u D a n u b e , si s o u v e n t m e n t i o n n é e s p a r les a u t e u r s a n c i e n s . Mais les t o m b e s
d e G r u i a s o n t décisives aussi à u n a u t r e p o i n t de v u e , d e c a r a c t è r e h i s t o r i q u e g é n é r a l .
Les r e l a t i o n s d e la D a c i e a v e c le SO illyrien s o n t t r è s a n c i e n n e s : déjà à l'âge énéoli-
thiqtic des formes et des motifs a r t i s t i q u e s d a n u b i e n s t r o u v e n t leur c h e m i n v e r s l'A­
d r i a t i q u e . À la d e r n i è r e p é r i o d e d e l'âge du b r o n z e c'est l'ouest v é n é t o - i l l y r e q u i r e m ­
plit d e ses p r o d u i t s i n d u s t r i e l s t o u t le massif des C a r p a t h e s . Or l'invasion s e y t h i q u e
r e p o u s s e v e r s l'O t o u t e s les n a t i o n s d e la vallée d u D a n u b e et d e la m o i t i é o c c i d e n t a l e
de la P é n i n s u l e des B a l k a n s . Les s é p u l t u r e s illyriennes de Gruia q u i s o n t p o s t é r i e u r e s
à la g r a n d e i n v a s i o n s e y t h i q u e , m a i s a n t é r i e u r e s à la g r a n d e i n v a s i o n c e l t i q u e d u I l l - e s.,
m o n t r e n t c o m b i e n i m p o r t a n t e , p r o f o n d e , et loin poussée v e r s l ' E , a été la v a g u e i l l y r i e n n e
q u i a d e n o u v e a u déferlé v e r s la D a c i e , à p e i n e la pression s e y t h i q u e affaiblie ' ) . Telle
d é c o u v e r t e c a r a c t é r i s t i q u e du B a n a t , c o m m e les c o u t e a u x , b i s t o u r i s ou rasoirs à d o u b l e
l a m e d e V e r s e t , i d e n t i q u e s p a r leur forme et l e u r d é c o r a t i o n a v e c les c o u t e a u x a n a l o g u e s
d e l'Illyrie a d r i a t i q u e '-) m o n t r e n t q u ' à l'âge de L a T è n e la D a c i e o c c i d e n t a l e (le B a n a t
et la P e t i t e - V a l a c h i e ) n o n s e u l e m e n t p r o l o n g e a i t j u s q u ' e n D a l m a t i e ses e x p é d i t i o n s guer­
rières, m a i s e m p r u n t a i t à l ' o u e s t m a i n t e s formes i n d u s t r i e l l e s , i n c o n n u e s en D a c i e
p r o p r e : i ). Les formes c é r a m i q u e s d e G r u i a d é m o n t r e n t q u e des e n c l a v e s i l l y r i e n n e s
s ' é t a i e n t aussi établies a u milieu des G è t e s d e la D a c i e o c c i d e n t a l e . Elles font p r é v o i r
d ' a u t r e s d é c o u v e r t e s a n a l o g u e s soit d a n s les îles d u D a n u b e soit s u r la rive m ê m e du
fleuve en t e r r i t o i r e d a c e .
Q u a n t a u x Celtes d ' I l l y r i e , il f a u t r e t e n i r ce fait. L e u r s p r e m i è r e s i n v a s i o n s , a u
d é b u t d u IV-e s., o n t p r o f o n d é m e n t b o u l e v e r s é les c o n d i t i o n s e t h n o g r a p h i q u e s d e ces
r é g i o n s - c i : c e p e n d a n t les Celtes n ' y p r i r e n t p a s r a c i n e . Les a r m e s , les v a s e s en t e r r e
c u i t e , les p a r u r e s d u d e r n i e r âge d u fer en Illyrie a p p a r t i e n n e n t à la civilisation illy­
r i e n n e , d o n t les t r a d i t i o n s s o n t en t r è s b o n n e s m a i n s . Il f a u t d o n c se b i e n g a r d e r d ' a t ­
t r i b u e r a u x Celtes e u x - m ê m e s p . e. les fibules L a T è n e e t d ' e n t i r e r p o u r l'Illyrie a u s s i
t r o i s é t a p e s d a n s le d é v e l o p p e m e n t d e la civilisation d e L a T è n e d a n s ces p a r a g e s 4 ) .
D o n j a D o l i n a s u r la S a v e , en plein v o i s i n a g e c e l t i q u e , a des r a p p o r t s p l u s i n t i m e s a v e c
le m o n d e g é t i q u e q u ' a v e c le c e l t i q u e , bien q u e la D a c i e g é t i q u e fut si loin et la P a n -
n o n i e c e l t i q u e si p r o c h e . C'est q u e les r e l a t i o n s a n c e s t r a l e s d u b a s s i n d e la S a v e a v e c
celui d e la Theiss et d u M u r e s é t a i e n t b i e n p l u s fortes q u e celles, n o u v e l l e m e n t créées,
a v e c la P a n n o n i e . R i e n d ' é t o n n a n t si à G r u i a a u s s i , «Donja Dolina» e t l'Illyrie se m a n i ­
f e s t e n t d ' u n e m a n i è r e si i n s i s t a n t e .
VASILE PÂRVAN

3
') Je dois noter encore ici, que la question des ) Les bracelets plurispiraux à têtes de serpent,
migrations illyriennes, vers la Macédoine (tout d'a­ de Mahrevici (Truhelka, dans les WMBH. X ï ï
bord celle des Autariates eux-mêmes) ne m'a pas 1912, p. 20), n'ont rien de commun avec les bra-
préoccupé ci-dessus ; je renvoie donc aux articles déjà celets analogues de la Dacie, sauf peut-être l'idée
cités de Vulic et de Katzaroff et j'ajoute que le stylistique, tout à fait générale.
4
sujet mériterait d'être traité de nouveau par quelque ) Truhelka, l. c , p. 26 — 28, poursuit sur le
jeune historien slave qui serait en même temps un terrain les trois périodes de l'âge illyrien de La
archéologue militant sur le terrain. Tène, d'après les fibules, et croit pouvoir établir des
2
) Cp. pour les couteaux de Verşeţ, Pârvan progrès et des regrès de la pénétration celtique
Getica, p. 488 et 527 suiv. avec fig. 333 et le9 dans les Alpes Dinariques.
observations p. 528 note 1.
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LES FOUILLES DE SULTANA
Nous avons expliqué ailleurs ') les circonstances dans lesquelles nous nous sommes
dirigé vers la région qui, géograpbiquement, porte le nom, assez bien connu, de Câmpia
românà (la Plaine Roi un ai ne).
Immédiatement voisine de la Dobrodgea, la «Câmpia românâ» a été explorée au
cours des vingt dernières années du siècle dernier par Gr. G. Tocilesco, principalement
au point de vue épigraphique, et, en second lieu, en ce qui concerne les monuments
gréco-romains qu'on y rencontre. Tocilesco, élève de Hirschfeld, collaborateur et cor-
respondant de celui-ci, et aussi de Mommsen, était surtout un épigraphiste.
Mais, à partir de 1906, grâce à M. Pârvan, et par suite de l'extension de plus en
plus grande prise par ses études historico-archéologiques, qui ont permis de connaître
en détail l'histoire de la Scythie-Mineure, de Salsovia à Abrittus, y compris les centres
d'Ulmetum, Tropaeum, Tomi, Callatis et Histria, depuis le temps de la pénétration
grecque jusqu'au moyen âge, la Plaine Roumaine, qui n'est séparée de la Dobrodgea
que par le Danube, dont les eaux l'enceignent en décrivant une large courbe, avant
de se diriger vers la mer Noire, la Plaine Roumaine, disons-nous, était tout naturelle-
ment destinée à occuper le premier rang parmi nos récentes préoccupations.
Au temps de la dernière guerre, plusieurs archéologues allemands ont profité des
circonstances qui soumettaient notre pays à l'occupation étrangère pour entreprendre
des recherches dans beaucoup de localités d'Olténie, antérieurement explorées par moi
ou par quelques autres amateurs de la région, soit dans une des îles du Danube, à
Gârla-Mare, soit sur les bords du fleuve, à Mâgura-dela-Fundu-Chiselet (cote 24) etc.
Sauf en ce qui concerne Gârla-Mare 2 ), nous ne possédons jusqu'à présent aucun
renseignement détaillé, ni aucun double. Seule, une communication personnelle de
M. le Professeur Hubert Schmidt, de Berlin, a attiré, en 1923, notre attention sur les
richesses archéologiques exceptionnelles que renferme spécialement la vallée du Danube.
Entre temps, nous avions déjà commencé nos travaux par toute une série de
voyages de reconnaissance, immédiatement suivis de fouilles, d'une part à Piscul-Cra-
sani, actuellement mise au jour, et, plus tard, à Sultana, dont nous nous occupons ici.
Au cours de l'automne de cette même année, un de nos assistants, M. Radu Vlâdesco-
Vulpe, actuellement membre de l'École roumaine de Rome, a exploré pas à pas toute
la région située entre Mostishtea et Calarashi 3 ).
2
' ) I. Andrieçescu: Piscul Crasani, Découvertes ar- ) Léonard Franz: Vorgeschichtliche Funde aus
chcologiques faites en 1923 (Annales de ΓAcadémie Rumànien, Sonderabdruck aus der «Wiener Prâ-
roumaine, Mém. de la Sect. historique, Série I I I , historischen Zeitschrift», I X , 1922, Vienne, 1922.
3
Tome I I I , p . 1 et suiv. ; résumé en langue fran- ) Bulletin de la Commission des Monuments histori-
çaisc, pages 93—94). ques, X V I I , fas. 40, Bucarest, 1924, p . 40 et suivantes.

51

i*

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I. ANDRIEÇESCU

Les fouilles que nous avons dirigées au cours de l'été 1924 à Cetatea-dela-Zimnicea,
Teleorman, ont complété, par un riche matériel, les recherches entreprises à Piscul-
Crasani. De même, les fouilles effectuées à Gumelnitza, près d'Oltcnitza (Ilfov) et en-
treprises par un autre assistant de notre Musée, M. Vladimir Dumitresco, pendant

Fig. 1.

l'été de 1925, sont destinées à compléter heureusement celles de Sultana, où M. Du-


mitresco m'a précieusement secondé.

Sultana est un petit village, le plus petit peut-être de ceux qui s'alignent, tout
près les uns des autres, à droite ou à gauche de la Mostishtea, et sur les rives du grand
canal qu'elle forme au Sud de Târiceni, où l'on aboutit, soit par la voie ferrée Buca-
rest-Constantza (gare Sàruleshti), soit par la grand'route, plus ou moins parallèle à la
voie ferrée, route que l'on abandonne à Tâmâdâu, pour descendre plus bas, par Pârlita
et Gurbâneshti, Obileshti et Frâsinet (fig. 1).
Nous sommes là en plein Bâràgan, à peu près au milieu de la plate-forme qui repré-
sente la steppe la plus typique de la Roumanie,— coupée par la rivière Mostishtea et
bornée par la Ialomitza. L'aspect général du paysage est très pittoresque et très spé-
cial. Il a été magistralement décrit par le prosateur et archéologue roumain Alexandre
Odobesco. Aux points de vue géographique et géologique, il faut se reporter aux
œuvres de MM. Em. de Martonne, S. Mehedintzi, feu G. M. Murgoci, G. Vâlsan et
Vintilâ Mihailesco. 1 ).
Les éminences du terrain, qui dépassent rarement une hauteur de 70 mètres, bor-
dent des deux côtés la vallée de la Mostishtea, laquelle toutefois, avant de s'élargir

' ) Emmanuel de Martonne: La Valachie, Essai 1904. G. M. Murgoci: La Plaine Roumaine et la


de monographie géographique, Paris, 1902. S. «Balte» du Danube, Guide des excursions du I I l - c
Mehedintzi: Die rumànische Steppe, étude publiée Congrès du Pétrole, Bucarest, 1907. G. Vâlsan:
dans Zu Friedrich Ratzels Gcdachtnis, Leipzig, Câmpia Românâ, Contribution à la Géographie

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LES FOUILLES DE SUI.TANA

en l a g u n e , n e ressemble en rien a u x t e r r a i n s bas qui b o r d e n t la l a l o m i t z a : ici, la vallée


p r é s e n t e u n e configuration b e a u c o u p plus r é g u l i è r e ; elle est l a r g e m e n t o u v e r t e vers
le S u d et le S u d - E s t . E n r e v a n c h e , l'aspect de la l a g u n e est p a r l u i - m ê m e des p l u s
i m p o s a n t s . D a n s le c a d r e d ' u n e v a s t e p e r s p e c t i v e , on d i s t i n g u e t o u s les villages en-
v i r o n n a n t s : v e r s le N o r d - E s t , F a u r e i ; p l u s au Sud, Chirnogi, U l m u , B o s n e a g u , j u s q u ' à
D o r o b a n t u . E n b e a u c o u p d ' e n d r o i t s on t r o u v e des vestiges p r é h i s t o r i q u e s , en p a r t i -
culier des p o t e r i e s ; ces e n d r o i t s é t a i e n t donc h a b i t é s en ce t e m p s - l à 1 ) .
Piscul Coconi, situé sur la rive Sud du lac, e t où les sondages p r a t i q u é s p a r M.
Vlâdesco-Vulpe o n t mis au j o u r des éléments caractéristiques d u second âge d u fer,
r e s s e m b l a n t à c e u x de Crâsani 2 ) , est dissimulé à la v u e p a r les e s c a r p e m e n t s des ter-
rasses situées sur la rive d r o i t e .
C'est à la cote 5 7 , d ' o ù l'on p e u t apercevoir t o u t ce q u e n o u s v e n o n s de citer, à
q u e l q u e s c e n t a i n e s de m è t r e s du village de S u l t a n a , et sur la rive élevée de la l a g u n e ,
q u e n o u s t r o u v o n s la localité de «Mâgura Sultanei» (colline de S u l t a n a ) , d o n t il v a
être question.
D a n s la l a g u n e m ê m e , à quelques centaines de m è t r e s vers le N o r d - E s t , on dis-
t i n g u e G r a d i s h t e a - M a r e , q u i se profile a g r é a b l e m e n t sur l ' e a u ; plus loin, G r a d i s h t e a -
Mica ; on t r o u v e , d a n s ces d e u x localités, des vestiges p r é h i s t o r i q u e s , p l u s rares
toutefois.
Il en est de m ê m e p o u r d ' a u t r e s e n d r o i t s situés d a n s les prairies en b o r d u r e du
D a n u b e . Ces p e t i t e s éminences de t e r r a i n (grâdisti) o n t d û ê t r e h a b i t é e s , n e fût-ce
q u e p o u r c o n s t i t u e r des refuges et des p o i n t s de défense. L e n o m de «gradishte» n e
peut être dû au hasard.
L a région, d u p o i n t de v u e g é o g r a p h i q u e , se p r é s e n t e , en général, c o m m e bien con-
servée. D e v a n t l ' a b o n d a n c e des e a u x , q u i se d é v e r s e n t v e r s le S u d , on a la claire vision
du t e m p s où «la P l a i n e R o u m a i n e t o u t e n t i è r e , et s u r t o u t sa p a r t i e orientale, é t a i t cou-
v e r t e de lacs, ou t o u t a u moins semblable, p a r son régime, à la «Balte» (plaine inon-
dable) d u D a n u b e , alors q u e la p a r t i e occidentale, et p r i n c i p a l e m e n t c e n t r a l e de c e t t e
m ê m e plaine é t a i t arrosée de t o r r e n t s q u i é t a l a i e n t les g r a v i e r s d e B u c a r e s t et q u i no-
y a i e n t les t r a c e s d u relief a n t é r i e u r » 3 ) .
S u r la m ê m e ligne q u e M â g u r a , et plus vers le S u d , a u lieu dit «La Câldare», on
a t r o u v é des débris d ' a n i m a u x diluviens d a n s u n e b r è c h e de la r i v e .
M â g u r a S u l t a n e i se p r é s e n t e c o m m e u n saillant d ' u n e des terrasses b o r d a n t à
d r o i t e le lac de M o s t i s h t e a . P l u s élevé q u e ses voisins, il est escarpé de t o u s côtés
et facile à s é p a r e r de l'intérieur. C'était d o n c u n v é r i t a b l e r e t r a n c h e m e n t ; le fossé
s'est c o m b l é a u cours des siècles. Si on la r e g a r d e de la p l a i n e , la colline de Sul-
t a n a ressemble à t o u t e a u t r e d u B â r â g a n ou d'ailleurs ; elle se profile l é g è r e m e n t , mais
c l a i r e m e n t , sur la ligne h o r i z o n t a l e de la l a g u n e de la vallée (fig. 2). Mais, v u e de face,
elle s'érige, a u - d e s s u s du n i v e a u de l'eau, c o m m e u n e citadelle formidable, en falaise
q u e le t o u r b i l l o n des e a u x a b r u t a l e m e n t taillée à pic, j u s q u ' e n son milieu (fig. 3).
Ces e a u x c i n g l e n t son flanc d e p u i s des siècles, depuis le t e m p s où, à la d a t e assignée

2
physique, Bucarest, 1915. Vintilà Mihâilescu: ) Idem, p. 82.
3
Vlâsia §i Mostiçtea, Bucureçti, 1925. ) G. Vâlsan, op. cit., p. 83.
») R. Vlâdesco-Vulpe, loc. cit., p. 81—83.

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I. ANDRIEÇESCU

par les vestiges mêmes, livrés par la partie explorée, elle était entière. Des ve-
stiges nombreux et ca-
ractéristiques, rencon-
trés à la surface du sol
(silex taillés, fragments
de poteries), nous ont
montré, dès notre pre-
mière visite, que nous
nous trouvions dans
une station des plus in-
téressantes au point de
vue de sa richesse. Ces
suppositions devaient
être entièrement con-
firmées.
Nous expliquerons
d ' a b o r d comment se
sont développées les
fouilles ; nous expose-
rons ensuite les résul-
Fig. 2.
tats de ces travaux,
et nous en tirerons les
conclusions qui convi-
ennent aux points de
vue chronologique et
cultural-historique.

*
* *

É t a n t donné l'état
dans lequel nous avons
trouvé la colline de Sul-
tana, coupée par le mi-
lieu, comme nous l'a-
vons déjà dit, et en
continuel éboulement
vers le lac — on peut
le voir d'ailleurs par la
photographie prise sous
Fig. 3. cet angle — nous avons
estimé que les fouilles
devaient, dès le début, être pratiquées, non seulement à l'endroit où la surface révé-
lait le plus grand nombre de vestiges — ce qui est explicable par l'érosion des cou-
ches d'humus que les phénomènes atmosphériques, grâce à l'exposition du lieu, pou-
vaient attaquer avec une force considérable — mais encore, et dans la limite du possible,

:.i

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LES FOUILLES DE SULTANA

qu'on devait explorer tous les environs immédiats de la falaise en cours d'affaisse-
ment, laquelle, même sans fouilles, se serait effondrée en quelques années.
C'est ainsi que nous avons procédé.
La superficie totale occupée actuellement par le plateau, un peu bombé, de la col-
line, représente un diamètre de 25 mètres, et, dans un autre sens, une dimension maxima
(EO — NS) de 71 mètres.
Avant de s'être éboulée, la colline présentait une forme oblongue, dont l'axe était
de direction NE — SO et elle mesurait 130 mètres environ.
Nous avons donc pratiqué une coupe (NE — SO) de 40 mètres carrés (20X2), dans
la pente E de la colline et jusqu'à sa bordure (endroit où se rencontrent les vestiges
les plus nombreux à la surface) ; nous avons fouillé, d'autre part, une étendue plus
considérable : 100 mètres carrés (20 X 5), de manière que vers la fin des travaux, et
suivant les nécessités que la solution des problèmes avait imposées lors des dernières
fouilles, la dernière portion devînt large de 150 mètres carrés (15 X 10), dans la direction
EO, jusqu'à l'extrême limite Ouest de la colline. Le total des fouilles s'étendrait sur
290 mètres carrés (fig. 4).
11 faut ajouter toutefois que la troisième surface n'a pas été creusée au point de
parvenir jusqu'à épuisement de la couche de culture ; le temps manquait d'abord,
puis les objets recueillis étaient, sauf de rares exceptions, à peu près identiques. Mais
nous estimons qu'ainsi un premier résultat avait été déjà atteint, dans la voie de la re-
connaissance et de l'identification des localités, pour la carte archéologique de la Rou-
manie. Un riche matériel et de nombreuses observations sur les conditions dans les-
quelles ont été faites les trouvailles en sont la preuve.
Plus tard, lorsque la région entière sera mieux connue, on pourra poursuivre les
travaux. Grâce à elles, on pourra obtenir la vérification des observations faites, et
compléter une récolte qui, ici comme ailleurs, ne sera certainement point exempte de
surprises. Nous ne croyons pas cependant que l'aspect général de la vie passée en ces
lieux, soit plus tard défini d'une manière trop différente de la nôtre, à la suite des
résultats que nous avons obtenus jusqu'à présent.

*
* *

A l'exception de la région extrême NO de la terrasse, vers le bord qui s'éboule


continuellement, et de la pente Ouest, où nous avons vu que des vestiges se montrent
même à la surface du sol, la couche d'humus présente, dans la partie que nous avons
creusée, une épaisseur assez forte, qui dépasse 55 centimètres. Son aspect est celui
de la «terre noire» végétale des environs, laquelle recouvre les champs célèbres du Bâ-
râgan, ensemencés de blé et de maïs, dont la hauteur, la saison venue, dépasse celle
d'un cavalier sur sa monture.
Actuellement, la colline de Sultana n'est pas cultivée ; elle est seulement utilisée
comme pâturage. Il n'en a pas été toujours ainsi. On constate que le sol a été autrefois
remué. On rencontre souvent des fragments de poteries dans la terre végétale, les
unes grossières, d'autres portant des proéminences, d'autres encore, en moins grand
nombre, garnies d'ornements en cordons, comme nous le verrons plus loin. Citons en
outre des silex, des nucléus, des tamis, une petite hache en pierre polie, un fragment

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I. ANDRIEÇESCU

de bijou en terre cuite, une tête de figurine d'animal au museau mince et allonge.
Nous présenterons en temps utile ces divers objets.
Entre 25 et 40 centimètres de profondeur, les poteries deviennent plus nombreuses,
les silex aussi. Nous avons trouvé une autre hachette en pierre polie. On commence

à découvrir des vases à profils intéressants, dont certains sont garnis de proéminences
simples ou doubles, des fragments de jarres, des débris provenant d'habitations, et
qui renferment encore des morceaux de branchages ayant servi à la confection du
torchis. Pour le moment, signalons de pareils vestiges dans les portions NE de la
surface B, et SE de la surface A, tout autant d'indices d'habitations que nous trouve-
rons en masse à un niveau inférieur. Parmi divers silex éclatés, signalons en particulier
une superbe pointe de flèche. Beaucoup de fragments de poteries, ou de moulins à
bras, dans la partie SE de la surface B, indiquent le voisinage d'autres habitations,
bâties à un niveau plus bas. Il était donc tout naturel de rencontrer, encore, dans cette

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LES FOUILLES DE SULTANA

direction, des débris de murs, avec des traces d'enduit appliqué à la main. Cette ma-
nière de faire, de beaucoup
antérieure à la maçonnerie,
nous la retrouvons cepen-
dant, aujourd'hui encore,
dans les maisons paysannes
les plus élémentaires.
Les fragments de murs
trouvés à Sultana sont so-
lides et bien conservés (fig.
5) ; ils ont été en effet cuits
par l'incendie qui a ravagé
les habitations dont ils fai-
saient partie,
Au même niveau, aussi
bien en B q u ' e n A, on a
également trouvé d ' a u t r e s
Fig. 5.
ustensiles en silex, typiques
ou atypiques ; une perle allongée faite d'argile cuite, intacte, dans la partie sud de la
région A, et une autre, brisée, en B ; un instrument en cuivre ; un disque de parure
percé d'un trou; des fragments de moulins à b r a s ; des fragments de passoires; une
sorte de petite table à pieds (on en rencontrera plus tard d'autres échantillons) ; un
petit percuteur.
Parmi les fragments de céramique recueillis, un certain nombre sont décorés d'une
ornementation très intéressante et tout à fait nouvelle, caractérisée par une rangée
d'incisions courbes et parallèles entre elles, qui se succèdent horizontalement sur la
partie arrondie des vases. Ces incisions servent de points de départ à d'autres, prati-
quées plus bas, toujours courbes et parallèles entre elles, mais disposées en sens inverse.
Nous nous en occuperons lors de la description des résultats obtenus.
Enfin, au même niveau, on a rencontré une figurine d'animal en terre cuite ;
dans la partie sud de la région A, deux autres figurines, réduites en fragments, sont
humaines.
La couche révélant la civilisation s'annonce donc comme exceptionnellement riche.
Toutefois, le terrain a été fortement bouleversé. On en trouve la preuve, non seule-
ment dans des débris de murs beaucoup plus perfectionnés, construits à la chaux, mais
dans la découverte d'une longue aiguille de fer, d'un ciseau et d'autres ustensiles pjus
petits, également en fer, et même d'une icône en bronze qui figure la Vierge Marie
tenant l'enfant Jésus dans ses bras. Cette icône est bordée d'une inscription en langue
slavonne, dont l'étude sera confiée à un spécialiste.
La présence de cet objet est due à un simple hasard et ne modifie en rien l'unité /
de culture du milieu archéologique de Sultana, que, dès la surface même du sol, on r e ^
connaît comme appartenant au néo- et à l'énéolithique.
Entre 40 et 60 centimètres, le sol est uniquement composé de terre végétale, sauf
aux points 1 et 2, où l'on trouve assez fréquemment des vestiges de murs, et des cen-
dres, et même au point 3, où ces restes se rencontrent en quantités moindres.

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I. ANDRIKÇKSCU

Nous nous trouvons donc évidemment au-dessus d'une des régions peuplée autre-
fois de modestes habitants. L'inventaire des objets recueillis présente de nombreux
fragments de céramique, dont beaucoup proviennent de vases de grande dimension.
Un certain nombre portent, à leur surface, des proéminences simples, doubles ou
triples.
Les silex travaillés sont fort nombreux; beaucoup d'entre eux sont typiques.
On a trouvé encore un disque d'argile troué, deux percuteurs, une belle hache
en pierre taillée (pi. I I , fig. 9), un autre percuteur, une petite table en argile cuite
pourvue de quatre pieds (pour la forme, v. pi. X X I I I , fig. 5, 6 et 10) et des moulins
à bras.
Certains fragments de gros vases, découverts aux environs du point 1, présentent,
outre leurs proéminences, une ornementation tout à fait rudimentaire, réalisée, sans
grand soin, à l'aide des doigts, et en sens oblique, sur les parois du vase, avant sa
cuisson.
Ces vases portaient quelquefois des couvercles ; on en a découvert plusieurs, de
formes spéciales (pi. X X I I I , fig. 1—4 et 7 — 9).
Il faut signaler encore une autre hache, de grande dimension, en pierre taillée
(pi. II, fig. 7); et, parmi les débris de poteries, encore un fragment orné d'incisions
courbes, dans les sens horizontal et vertical, et parallèles entre elles; nous en avons
déjà parlé.
Au milieu de la région A et à 50 centimètres de profondeur, on a découvert la
partie supérieure d'une figurine en terre cuite.
A partir de 60 et jusqu'à 75 centimètres, les traces de murs sont beaucoup plus
apparentes, relativement au sol environnant, qui est d'une couleur plus sombre, si
on le compare à la teinte de l'argile souvent cuite et agglomérée par une chaleur
ardente.
Aux points 1 et 2 et en moindre quantité au point 3, les débris dont il vient d'être
question se trouvent épars dans la masse considérable des restes de clôtures, de paille
et de clayonnages que l'on distingue mieux au niveau atteint par nous, sur le point
4. Des vestiges assez importants de murs, de paille et de clayonnages commencent
également à se révéler au point 5.
Comme inventaire, nous relevons en B : des silex, un lest de filet, un disque
troué de parure, une passoire, une figurine d'animal à long cou, cette dernière en
terre cuite (pi. X X X I V , fig. 19) ; 3 percuteurs en silex, plusieurs perles, grosses et
de forme allongée, faites d'argile cuite.
En A et spécialement dans le voisinage du point 4 : une hache en pierre; un
petit couteau en pierre ; un lest de filet ; un moulin à bras ; au dessous du point 4,
une idole entière, bien conservée, (pi. X X X V , fig. 6 et 7), une hachette de pierre
dont l'œil n'est pas terminé ; une gaine, ou hache perforée, en corne de cerf,
brisée au niveau de l'emmanchement (pi. I X , fig. 2 et pi. X, fig. 2).
Un peu plus loin vers le Nord, un autre exemplaire de manche semblable, demeuré
intact; une figurine plate, en os, également très bien conservée (pi. X X X V I , fig. 6 et
pi. X X V I I , fig. 6 a).
Signalons parmi les silex, une superbe pointe de flèche, et, parmi les fragments
de céramique, un grand nombre qui présentent des proéminences simples ou doubles,

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LES FOUILLES DE SULTANA

ainsi qu'une quantité considérable de fragments de vases de grande dimension, à parois


épaisses.
Entre 75 et 93 centimètres de profondeur, la terre présente une coloration plus claire.
Nous arrivons ici au terrain proprement dit, dans lequel ont été pratiquées les habi-
tations.
Au voisinage du point 5, et vers le Sud-Ouest, de nombreux débris de parois don-
nent l'impression qu'il y avait là une habitation différente. On y a découvert un grand
moulin à bras, et des débris de poteries, en grande quantité.
Dans les vestiges du point 4, dont les ruines occupent visiblement la plus grande
partie de la ligne du talus Sud-Ouest, les débris de branchage se reconnaissent parfaite-
ment. L'inventaire des trouvailles, aux environs, est toujours le même: des silex, et
des perles en argile de forme allongée. Dans B 5, on a découvert aussi une moitié de
vase, de petite dimension, et dont la surface présente de nombreuses proéminences
(pi. XV, fig. 13). Ce vase n'avait évidemment aucune utilité. Nous ajouterons qu'aux
environs on a trouvé encore un petit disque perforé, servant d'ornement, deux figurines
en terre cuite (pi. X X X I V , fig. 3 et 1, v. aussi pi. X X X V , fig. 3 et 1) — dont la deu-
xième présente, à la tête, quatre trous de chaque côté; — une troisième figurine, en
argile cuite, représente un animal. Ici nous avons l'impression très nette qu'il s'agit
d'objets destinés au culte ou aux rites funéraires, c'est-à-dire devant figurer lors de
l'incinération des cadavres, soit dans l'habitation même, soit aux environs de celle-ci.
D'autres objets découverts à ce niveau nous font revenir à la vie courante: un
poids, un percuteur, un débris de moulin à bras, un couvercle de vase, un fuseau. Plu-
sieurs fragments de gros vases, à parois épaisses, et de forme primitive, pourraient pro-
venir, ici comme ailleurs, d'urnes funéraires, si l'on se rapporte à l'hypothèse ci-dessus.
On ne saurait aller plus loin.
Entre 93 centimètres et l m 10, on trouve d'autres débris d'habitations, aux points
6 et 7. Ces ruines sont calcinées. Comme elles sont séparées les unes des autres par le
sol habituel, elles ont dû, malgré leur faible dimension, faire partie de maisons dis-
tinctes. Près de la dernière, on a découvert une superbe pointe de lance en silex (pi.
X I I , fig. 7). Un peu plus loin, vers le Nord, on a trouvé une hache en pierre, un fuseau,
plusieurs fragments de céramique avec proéminences.
Un grand nombre de débris de gros vases, proches les uns des autres, font songer
a un dépôt. Signalons encore un petit moulin à bras, des pierres pour décortiquer
les grains, et un poids de filet.
Au fur et à mesure que nous fonçons davantage, le nombre de points fournissant
des débris de parois amoncelés s'accroît.
Aux points 8, 9, 10 et 11, près de plusieurs fragments de parois calcinés, on a ren-
contré beaucoup de cendres. Il en est de même vers le Sud-Ouest du point 2, ce qui,
à ce niveau, ne peut représenter, à notre avis, que les anciens foyers d'habitations si-
tués au point 2, plus vastes que les autres, à l'exception de ceux rencontrés au point
4, lesquels s'étendent vers le Nord-Est, et au-dessous des vestiges isolés et peu im-
portants d'un seul point dans la direction 4 2 , sur une longueur d'environ 3 / 4 du talus
Sud-Ouest—Nord-Est, à l'accès par l'Est.
Nous pouvons donc voir, assez clairement, par le profil (fig. 6), que nous devons
opérer ici sur un lit de trois habitations, dont les dimensions peuvent être cette fois

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I. AND1UEÇESCU

précisées : leur longueur est de 4 1 = 6, 4 2 — 4, 4 3 — 3 mètres. Par malheur, le


terrain était trop effondré pour qu'on pût déterminer aussi le contour de ces habi-
tations.
On a découvert encore des vestiges d'une autre habitation plus petite au point
12. L'inventaire n'en est pas moins intéressant.
Aux environs des habitations situées au point 11, et vers le Sud-Ouest, on a dé-
couvert une idole grossière en terre cuite (pi. X X X I V , fig. 4 et pi. X X X V , fig. 4). Dans
l'habitation située au point 10, on a rencontré un moulin à bras et des tessons de vases.
De pareils fragments, calcinés et déformés par l'incendie, ont été trouvés aussi au
point 12. Beaucoup d'entre eux présentent des proéminences: l'un porte deux proémi-
nences, au bas desquelles se profilent, vers le milieu du vase, de petites côtes légè-
rement en relief.
Au point 11, on a également trouvé un poids de filet et un débris de moulin à bras.
SECTWNEA Λ W t . "
Un peu plus vers
le Sud-Est de ces
ruines d'habitations,
on a ramené au jour
une hache de pierre
taillée. L'incendie a
ravagé très visible-
ment le point 1 : la
WmÈÉÈMnËÊKÊËSKm preuve en est dans
— *0 oo · .
les débris de pote-
M/à ΓΑΜΛΝΤ VEOCTAL
rie, déformés, qui se
PAWANTCV CIOBVK1 SI ΟΑ5Γ.
• VRME DE PARI rencontrent à ce ni-
ΡΑΛ\ΑΝΤ AU S
CENVSE
ZJUARIE ARSA
veau ; au fond de
CARBVNK
ΓΑΜΑΝΤ GALBIIN
cette habitation, on
Fig. 6. rencontre un cer-
tain nombre de silex.
Dans l'ordre de la céramique, et en dehors de nombreux fragments à proéminences, ce
qu'on a trouvé de plus intéressant est un vase entier, à quatre pieds, et qui présente
un système d'emmanchement et de proéminences que nous décrirons en temps utile
(pi. X V I I I , fig. 2 et fig. 12). Ce vase a été découvert parmi les restes du point 4 2 . À la
hauteur du point 4j, et au même niveau, on a trouvé encore deux percuteurs.
À partir de 1 m 10, et au-dessous de ce niveau, la coloration de la terre devient
plus jaune, sauf, spécialement, dans la région des habitations situées aux points 6 et 7,
qu'il est aisé de reconnaître, comme ayant été creusées dans ce sol. Evidemment, l'in-
ventaire est plus réduit, mais il est similaire: des silex, un percuteur, des poteries, des
fragments de moulins à bras. L'un des tessons exhumés porte en relief une tête d'animal
à la gueule ouverte (pi. X X V I , fig. 1). Une autre tête de figurine, en argile, trouvée
au même niveau, présente trois trous sur ses côtés ; un des yeux est figuré avec un soin
particulier (pi. X X X I V , fig. 2 et pi. X X X V , fig. 2). Un peu plus loin, on a trouvé un
petit ustensile en cuivre. Dans la région des habitations plus resserrées, en B, dont nous
avons déjà parlé, les vestiges d'un pieu horizontal sont les seules restes de matériel li-
gneux d'une des cabanes. Parmi les tessons de poteries, certains sont en céramique

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LES FOUILLES DE SULTANA

peinte; ils sont peu nombreux. Remarquons qu'à ce niveau ils commencent à peine
à apparaître.
Une nouvelle série de parois — assez restreinte toutefois — se révèle au Sud-Ouest
de l'habitation 10, au point 13; ces bâtiments auront dû constituer un simple abri
d'été, au voisinage des habitations proprement dites. Dans toute cette partie NE
de la surface B, on a rencontré des fragments de vases, du charbon, et une partie im-
portante d'une; moulin à bras.
À côté des ruines, il faut mentionner en outre les trouvailles suivantes: un petit
vase, des restes de moulins, des poids pour filets ; des tessons de poteries dont certains
présentent des proéminences larges et aiguës.
Un petit vase, découvert au point 2, porte à sa surface deux rangées de proémi-
nences superposées (pi. XV, fig. 11 et pi. X V I I I , fig. 6).
Les vases trouvés sont la plupart trop petits pour être d'un usage pratique. L'un
d'entre eux est d'une forme et d'une technique supérieure à celles de tous les autres
échantillons découverts jusqu'ici. De même, les poids de filets, beaucoup mieux con-
stitués au point de vue de la forme et de la cuisson, se distinguent totalement des ob-
jets similaires découverts dans les autres stations, néo-, ou même énéolithiques.
Nous ne pouvons donc, d'une part, écarter une impression assez claire du culte
et du rite funéraire que représentent tous ces restes. D'autre part, étant donné tou-
jours que tous les éléments de l'inventaire et surtout, bien entendu, la céramique de
caractère supérieur — est sûrement plus récente que celle du milieu général, primitif
néolithique, de Sultana, — elle ne peut s'expliquer ici, par rapport à la couche et au
niveau auxquels nous sommes parvenus, que par une superposition de populations. Les
nouveaux venus ont creusé et bouleversé le sol, en beaucoup d'endroits, à une profon-
deur bien plus grande que celle du niveau où se tenaient leurs devanciers.
Depuis 1 m 30 jusqu'à 1 m 75, sous le point 1, et le long du talus de l'Est, on re-
trouve des débris de parois. Le terrain environant est surtout de couleur jaune, argileux.
En divers endroits, on trouve des traces de feu, de charbon, de calcaire, partout
des silex, et aussi des tessons de poteries, dont beaucoup présentent des proé-
minences.
Vers le talus Ouest, au même niveau, on a trouvé une figurine en os (pi. X X X V I ,
fig. 1 et pi. X X X V I I , fig. l a ) ; une autre, en terre cuite, assez informe; deux têtes,
toujours en terre cuite et un poids de filet.
En A, c'est-à-dire parmi les restes de parois incendiées portant des empreintes
bien visibles de chaumes trouvées dans la partie Sud-Est, on a trouvé deux percuteurs,
un fragment de vase portant un ornement en spirale, des silex, un moulin de 0 m, 50 X
0 m, 25, ressemblant à une cuve de blanchisseuse, et un autre du même genre, mais
plus petit.
Un peu plus profondément, au point 1, et le long du talus Est, on rencontre peu
à peu et de plus en plus clairement une nouvelle série de débris de parois, mêlés de
cendres et de bois carbonisé.
Ces ruines s'étendent successivement sur des surfaces qui commencent par 0 m, 80 X
0 m, 80 — 1 m, et le dernier ensemble comporte 1 m 8 0 X 1 m 80 (fig. 4 : 1 3 , 1 2 , l t ) . Un
groupe, à peu près aussi considérable, se trouve au même niveau, dans la direction
verticale du point 8 (fig. 4 : 8j).

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I. ANDKIEÇESCU

Dans ces deux portions, les débris de poteries sont rares. Relevons-en seulement
un, avec proéminences, qui provient d'une jarre ou d'une urne.
Nous voici donc parvenus à une profondeur de 1 m 60. L'inventaire est toujours
le même. Aux environs des ruines du point lv et vers le Nord, on a trouvé un moulin
à bras. Au même niveau, dans la portion A, plusieurs autres ont été découverts. Dans
B, un peu plus à l'Ouest du moulin dont nous venons de parler, on a trouvé encore un
instrument en cuivre, et une figurine d'animal long et mince, en terre cuite (pi. X X X I V ,
fig. 19), surtout des silex, dont beaucoup sont typiques; une hache en pierre, une petite
figurine féminine en os (pi. X X X V I , fig. 3 et pi. X X X V I I fig. 3), un disque d'os
percé, une perle de forme oblongue en argile cuite.
De la portion A, on a retiré aussi des silex, et, dans la direction du Sud-Est, de
nombreux fragments de poteries, de débris de coquilles et des cendres.
Mais ce n'est pas seulement à 1 3 , 1 2 et l j que nous avons rencontré des vestiges
d'habitation à ce niveau. Nous trouvons les mêmes débris de parois avec traces de
branchages aux points 10 et 13 ; tout auprès, nous avons rencontré une partie de
moulin à main, et des poteries, avec des restes de charbon ; une figurine d'animal en
terre cuite, avec des mamelles (pi. X X X V , fig. 15), un poids de filet, des fragments
de grands vases et un petit ustensile en cuivre.
Le caractère technique de la céramique ne se montre pas inférieur, ce qui
est tout à fait remarquable à ce niveau, où, nous avons découvert au-dessus, les
habitations dont nous parlions tout à l'heure, séparées par une couche de terre
jaune.
Depuis 1 m 75 jusqu'à 2 m, l'aspect du sol se révèle le même, aussi bien en A qu'en B,
et l'inventaire ne change pas. Ce sont les mêmes silex éclatés, dont beaucoup sont
typiques. On a trouvé là trois haches de silex taillé, trois autres, plus petites, en
pierre polie; un fragment de moulin, un fragment de grande jarre avec une proé-
minence très accusée, un percuteur en silex, sur lequel on découvre un essai de perfo-
rage ; un poinçon en os, une moitié de fuseau, une figurine en terre cuite, et un petit
vase, sans caractère utilitaire.
Au-dessous du point 2, on a découvert également un petit vase piriforme, et des
débris d'autres poteries plus grandes, de qualité bien supérieure. De même, en fon-
çant plus bas à partir de ce niveau, on a extrait des céramiques dont la plupart
sont d'un genre supérieur à celles qui ont été découvertes jusqu'à présent. Les unes
sont patinées, d'autres revêtues de couleurs ou d'ornements en spirale. Nous les dé-
crirons plus loin, en détail.
Au coin NE de la portion B se trouvent actuellement les derniers vestiges des
ruines situées entre les points 11 et 5, à la même profondeur que celle atteinte par les
autres fouilles.
Au-dessous du point 81? et au point 8 même, les débris sont nombreux et ren-
ferment souvent des traces de chaume. Au même endroit, on a trouvé un poids co-
nique en terre cuite, non percé, travaillé avec soin, et une anse de couvercle. Un peu
plus loin, vers le Sud-Est, on a découvert une partie de plateau, de bonne facture,
revêtue d'une légère patine.
L'inventaire des objets en os s'accroît de deux fragments de figurines dont la
partie inférieure est ornementée ; l'une d'elles surtout présente des trous pointillés

(>1>

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LES FOUILLES DE SULTANA

soigneusement ouvrés (pi. X X X V I , fig. 6 et pi. X X X V I I , fig. 6 a). Mentionnons


encore une pointe aiguë en os et un autre instrument en cuivre.
Au même niveau, on a extrait une hachette en pierre, et une autre, véritablement
minuscule. Des ciseaux en pierre ont été également découverts à ce niveau, et en A.
A partir de 2 mètres de profondeur, le sol est de moins en moins bouleversé.
A deux reprises seulement on a trouvé des fragments de moulin. Plus de débris d'ha-
bitations. On continue à rencontrer surtout des fragments de céramique, les uns re-
vêtus d'ornements en spirale colorés, d'autres portant des ornements en relief, d'autres
enfin patines. À côté de ces débris, on en trouve beaucoup d'autres plus communs,
portant des proéminences simples, sans autre ornementation.
Le même niveau a livré une figurine mince, en os, parfaitement conservée (pi.
X X X V I , fig. 2 et pi. X X X V I I , fig. 2 a).
Au-dessous de 2 m 30, l'inventaire est moindre. Eclats de silex, fragments d'objets
en os ou de petits vases d'un gracieux profil, en pâte bonne et légère. Un vase à peu
près entier, de profil différent, présente un ornement — que nous définirons de pré-
férence par le mot «parenthèse», incisé dans la pâte — comme ceux dont nous avons
parlé précédemment, et de légères proéminences.
Des fragments de vases ornés de la même manière se rencontrent toutefois en plus
grand nombre. Comme technique, comme forme et comme ornements, ils contrastent
avec les sortes de céramiques dont nous avons parlé ci-dessus, mais, en même temps,
ils concordent d'autant mieux ici, comme nous le verrons d'ailleurs en décrivant les
détails de trouvailles.
Un débris de vase est orné seulement de petites proéminences. Un vase-support,
à parois épaisses, porte un ornement colorié et mat.
Une figurine est certainement féminine ; le sexe est indiqué aussi bien par les seins
que par le triangle de la vie (pi. X X X I V , fig. 9).
Quelques couvercles munis d'un bouton révèlent un travail et une technique
supérieurs à ceux employés pour les travaux similaires dont nous avons parlé ci-
dessus.
Nous voici donc à un profondeur de 2 m 75.
Jusqu'à 3 mètres, on découvre encore, mais plus rarement, des silex, dont cer-
tains sont caractéristiques. Nous avons trouvé encore une hache en pierre, deux
poids de filet ; des fragments de vases revêtus d'ornements «en paranthèse» ; une figu-
rine représentant un animal. Une autre figurine, humaine celle-là et en terre cuite,
a été modelée avec un talent tout à fait remarquable (pi. X X X I V , fig. 7 et pi. X X X V ,
fig. 9 et 10).
On rencontre là aussi de petits fragments de poteries ou de céramiques, ornés de
proéminences, et dont la plupart proviennent de vases de petites dimensions. L'un de
ces fragments présente un ornement colorié, en forme de bande. Sur un autre, l'orne-
ment colorié souligne, à l'intérieur, le bord du vase.

Les résultats des fouilles de Sultana — fouilles qui n'ont duré que peu de temps,
et qu'on a pratiquées sur une surface relativement restreinte, si l'on considère le ter-

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I. ANDKIEÇESCU

rain resté intact— sont cependant assez satisfaisants. Nous avons, grâce à elles, repré-
senté à peu près entièrement l'inventaire des stations similaires d'Europe les mieux
pourvues sous le point de vue préhistorique.
Ce qui manque encore, nous le trouverons, sans aucun doute, en fouillant le sol
sur une étendue aussi grande que possible. Nous pourrons ainsi élucider les doutes
et les imprécisions qui ont été la conséquence forcée de nos premières recherches.

D'autre part, certaines pièces documentaires — elles sont nombreuses — sortent du


commun, et donnent matière à des observations intéressantes, tant au point de vue
typologique général, que principalement aux points de vue local et régional. E t a n t
donné le lieu et le cadre de cet ouvrage, il est évident que nous insisterons spécialement
sur ces dernières.
Les circonstances, en tout cas, sont telles qu'après la station bien connue de Cu-
cuteni, fouillée, en 1909 et en 1910, par M. le Professeur H. Schmidt, de Berlin, —
les résultats sont, à notre connaisance, encore en cours de publication, — la sta-
tion de Sultana, datant de la même époque, offre, en effet, pour la première fois
dans l'Ancien Royaume, un matériel plus complet, avec des détails plus précis 1 ). Par
sa situation géographique, au Sud-Est de l'Europe, et entre les régions situées au Nord

*) Ici, comme ailleurs, les recherches bien in- tentionnées n'avaient point manqué. On pourra

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LES FOUILLES DE SULTANA

et au Sud du Danube, elle présente une signification spéciale, que nous essaierons de
préciser en terminant.
Comme dans toutes les stations similaires, l'industrie du silex est bien représentée
à Sultana.
En commençant par les instruments qui servaient à la fabrication d'outils et
d'armes — qu'on nomme percuteurs et nueléus — nous en trouvons à Sultana de nom-
breux échantillons, surtout des premiers.
Sur 23 percuteurs en silex, presque tous, d'après les données classiques précédem-
ment acquises, ont tellement servi que tous leurs angles sont effacés et sont deve-
nus tout à fait sphériques (pi. I, fig. 1, 2,
3 et 4 ; pi. I I , fig. 1 et 2 ; pi. XIV, fig.
4, 5 et 7). Un autre présente une forme
à peu près discoïde (pi. I I , fig. 2) ').
En outre, dans tous ces percuteurs,
on a pratiqué un léger creux, évidemment
pour que le doigt s'y fixât et ne glissât
point ; mais ce creux n'est pas aussi pro-
fond que dans la forme typique présentée
par de Mortillet 2 ).
Les nueléus découverts à Sultana sont
au nombre de 14, et de taille moyenne
ou petite. Deux d'entre eux présentent
une forme plus ou moins arrondie (pi. I I ,
fig. 3 et 4), semblable à celle de projectiles
de même nature, dits «nucléiformes» 3 ).
Mais comme le prouvent les étoilures de
leurs extrémités, il n'est pas impossible
qu'ils aient servi de percuteurs 4 ).
Si nous considérons le nombre rela-
tivement restreint des «nueléus», compa-
rativement à celui des «percuteurs» et sur-
tout à l'abondance d'instruments en silex,
typiques ou atypiques, entiers ou fragmen-
taires, qui se chiffrent par environ 1850,
parmi lesquels 1000 pourraient être défi- Pi. IL
nis propres à l'usage, nous pouvons avoir
l'impression qu'à Sultana, même si la matière brute a été apportée en quantités ap-
préciables, elle a été travaillée, non seulement avec beaucoup de conscience, mais
même avec parcimonie.

en connaître la succession et les caractéristiques ' ) V. G. et A. de Mortillet : Musée Préhisto-


clans ma Contribution à la Dacie avant la conquête rique, éd. I I , Paris, 1903, pi. X X X V , fig. 335.
2
des Romains, Iassy, 1912, et Sur Vâge du bronze en ) Idem, op. cit., pi. X X X V , fig. 339.
3
Roumanie, publiée clans le Bulletin de la Commis- ) Dcchelettc: Manuel d'archéologie préhistorique,
sion des Monuments Historiques, 1915 (avec un celtique et gallo-romaine, t. I, p. 490 — 491.
résumé en langue française). *) Op. cit., pi. X X X V , p. 339.

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3 Daeta î 19i4.
1. VNDKIK.SESCr

Parmi les instrumente en silex découverts à Sultana, les plus nombreux sont des
lames et des couteaux, entiers on fragmentaires. Les bords en sont souvent très tran-
chants. Plates sur la face d'éclatement, ces lames ou ces couteaux portent au dos une
ou deux nervures longitudinales (pi. I I I , fig. 1—45). Il est évident qu'en beaucoup de
cas ces objets ont été faits pour être bien tenus en main.
Beaucoup plus rares, et sans autre distinction, on trouve des lames de silex qui
portent des dentelures pins on moins fortes; on peut les considérer comme de petites
scies (pi. IV, fig. 1 — 7).
En revanche, les grattoirs sont
très nombreux et très caractéristi-
ques (pi. IV, fig. 8 — 12,17 - 24,25 —
26, 33 et 34, 36 — 3 8 ; pi. V, fig. 1
et 2). À notre avis, ceux découverts
à Sultana ne peuvent être distin-
gués d'une autre sorte d'instruments
similaires, les rocloirs, qui se trou-
vent également en assez grand nom-
bre.
Nous présenterons ici seulement
quelques exemplaires (pi. IV, fig.
13 — 16, 27 — 32 et 35).
Il n'est cependant pas impos-
sible que certains de ces grattoirs
(pi. IV, fig. 12, 17, 19 et 37; pi. V,
fig. 1), aient été utilisés également
comme retouchoirs. Mais leur pointe
a été brisée par l'usage.

lîlllllllull
Parmi les instruments que nous
venons de eiter, l'un présente une
forme archaïque spéciale (pi. IV, fig.
33). Il y a là, peut-être, seulement
Γ 58
53 54 35 56 37 58 39 40 41 42 43 44 45 un hasard ; peut-être aussi un reste
ri. i de types antérieures, ce qui concorde
assez bien avec l'emploi fréquent des
retouchoirs, qui, à Sultana, se rapprochent beaucoup, comme aspect, des types mou-
stériens.
Tous les instruments sont confectionnés de telle manière qu'ils peuvent être saisis
solidement entre le pouce et l'index de la main droite.
Il n'y a rien à observer quant aux perçoirs (pi. V, fig. 3 — 21); les seuls qui aient
été travaillés avec soin sont les deux derniers, mais, comme ils sont trop petits, ils
ne semblent pas, certainement, avoir été pratiquement utilisés.
Un exemple de retouche plus soigné est celui qui est représenté par la fig. 13.
Cette pièce était probablement une pointe de flèche.
Ce sont les instruments représentés dans la planche V (fig. 22 — 44), qui semblent
avoir surtout servi de retouchoirs. Leur pointe est le plus souvent rompue et devenue

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LES FOUILLES DE SULTAN A

i n u t i l i s a b l e . On p e u t citer, c o m m e robustesse et aisance de prise en m a i n , l'exemplaire


r e p r é s e n t é d a n s la fig. 32. Il n ' e s t pas impossible toutefois q u e ces outils, ou t o u t a u
moins c e r t a i n s d ' e n t r e e u x , a i e n t été utilisés c o m m e g r a t t o i r s , après r e t o u c h e soignée
de la p a r t i e inférieure.
L ' e x e m p l a i r e q u i se r a p p r o c h e le plus de la forme t y p i q u e est celui q u e r e p r é s e n t e
la fig. 30 l ) .
Les objets r e p r o d u i t s d a n s la p l a n c h e V I (fig. 1—41), o n t été utilisés p o u r des usages
variés, mais dont nous ne sommes point
s û r s . Le p r e m i e r , à d a r d aigu, et à
côtés c o u p a n t s , c o n s t i t u e u n e p u i s s a n t e
p o i n t e de l a n c e , n o n t e r m i n é e , et qui,
p e u t - ê t r e , a été e m p l o y é e c o m m e poin-
çon et c o m m e c o u t e a u .
U n p u i s s a n t découpoir est celui q u e
l'on v e r r a sur la fig. 2. L ' a u t r e (fig. 3),
est moins bien affilé. Un troisième (fig. 4)
a été brisé à l'usage. La p o i n t e d ' u n
q u a t r i è m e , m a l t r a v a i l l é e , s'est rom-
p u e . P a r c o n t r e , il en existe u n a u t r e ,
q u e n o u s v o y o n s d a n s la figure 6. U n e
p o i n t e de flèche, assez bien travaillée
est brisée d a n s le sens rectiligne (fig. 7).
C e t t e p o i n t e c o m p o r t a i t aussi d ' a u t r e s
i n s t r u m e n t s , m a l t r a v a i l l é s , mais p r o -
p r e s à ê t r e bien t e n u s en m a i n (fig. 8).
V i e n n e n t e n s u i t e u n g r a t t o i r déli-
c a t , m a i s p r o b a b l e m e n t sans utilité p r a -
t i q u e (fig. 9) et u n p u i s s a n t outil de per-
cussion (fig. 10). S u r ce dernier, q u i
affecte la forme d ' u n râcloir, et q u i a
dû servir à cet u s a g e , la c r o û t e r u g u e u s e
PI. IV.
est restée sur la p a r t i e s u p é r i e u r e , m a i s
la p o r t i o n s e r v a n t au t r a v a i l a été brisée à l'usage (fig. 11). L ' i n s t r u m e n t q u e r e p r é s e n t e
la fig. 12 a été r e t o u c h é avec u n soin e x t r ê m e .
T o u s les a u t r e s i n s t r u m e n t s d é c o u v e r t s o n t été utilisés p o u r l'un ou l ' a u t r e
des usages d o n t n o u s v e n o n s de p a r l e r . Certains s o n t travaillés a v e c b e a u c o u p
de soin.
I l r e s t e toutefois hors de d o u t e q u e la plus g r a n d e h a b i l e t é d a n s le t r a v a i l d u silex
se révèle, à S u l t a n a , d a n s les pointes de flèches, a u n o m b r e de 8 en t o u t , d o n t n o u s
r e p r é s e n t o n s six (pi. X I I , fig. 1 — 3 et 6 — 8 ou p i . I , fig. 5 — 7). T o u t e s ces p o i n t e s , à
b a s e rectiligne, sont c o m p a r a b l e s , c o m m e t r a v a i l et c o m m e b e a u t é , a u x meilleurs
e x e m p l a i r e s b u t m i r i e n s , ou d é c o u v e r t s t a n t en Occident q u ' a u N o r d .
O n t r a v a i l l a i t d o n c t r è s a s s i d û m e n t le silex à S u l t a n a .

') G. et A. de Mortillet, O. c, pi. XLIX, fig. 525—526.

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5*
Si nous passons m a i n t e n a n t a u x a u t r e s é l é m e n t s de l ' i n v e n t a i r e que nous pro-
duisons ici, de nouvelles p r e u v e s du genre ainsi q u e des p h a s e s du travail n o u s seront
données p a r u n e série c o m p l è t e de huches en silex, d é c o u v e r t e d a n s t o u t e s les couches,
et qui r e p r é s e n t e n t , ici, c o n n u e ailleurs ( B u t m i r , etc.), non seulement les a p t i t u d e s

W
1 2 . 4 5 6 7 β 9 10 * 3 4- W

12 13
11 a 15 1* 17 18 IV 20 21

{{mil il**"·
llltlia iHiM'i
J? 3θ 39 40 41
PI. V.
42 43 44 54 35 36 37 38
PL VI
39 40 *1

des h a b i t a n t s , m a i s encore les diverses é t a p e s de leurs efforts (pi. I , fig. 8 — 1 7 ou


pi. I I , fig, 5 - 1 4 ) .
La forme c h e r c h é e , e t en p a r t i e réalisée, est celle q u e les archéologues a l l e m a n d s
o n t définie p a r dicknackiges Beil, à t ê t e épaisse, à p e u p r è s de m ê m e épaisseur q u e
le milieu de la h a c h e , et à q u a t r e côtés *). P l u s p e t i t e s q u e celles d é c o u v e r t e s à B u t -
mir, elles s o n t n é a n m o i n s p l u s fortes.
C o m m e s t a d e s de t r a v a i l , v i e n d r a i e n t d ' a b o r d les o b j e t s r e p r é s e n t é s d a n s les
fig. 8 et 9 de la p l a n c h e I (pi. I I , fig. 8 et 11), p u i s s u c c é d e r a i t l ' e x e m p l a i r e r e p r o d u i t
d a n s les fig. 10 et 11 d e la p l a n c h e I (pi. I I , fig. 12 et 13).
A u s t a d e s u i v a n t , les lignes de profil a n t é r o - p o s t é r i e u r e s , la taille, et les lignes
l a t é r a l e s se r a p p r o c h e n t b e a u c o u p plus de la p h a s e du p o l i s s a g e 2 ) . Ces s t a d e s s o n t

M J. Schleinin: Wortvrbuch zur Vorgeschichte, ") W. Radimsky u. M. Hoerncs: Die ncolithische


Berlin, 1908, p. 98. Station von Butmir, Vienne, 1895, p. 31.

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LES FOUILLES DE SULTANA

représentés par les exemplaires figurés dans les reproductions (pi. I, fïg. 13, 15 et 12
ou pi. I I , fig. 5, 7 et 10).
L'exemplaire à peu près typique comme forme pourrait être celui représenté dans
la fig. 14 de la planche I (pi. I I , fig. 9). Un autre exemplaire de même ordre a été
brisé à l'usage (pi. I, fig. 12 et 13 ou pi. II, fig. 5 et 10). De même, le dernier exem-
plaire de la planche II (fig. 14), utilisé comme hache, a été, à un moment donné, em-

Pl VII

ployé comme nucléus, en détachant d'une de ces surfaces deux lames, faciles à re-
connaître (pi. I, fig. 16).
Comme Montelius le dit, cette sorte de haches appartient aux dernières périodes
de l'époque néolithique *) et, vu leur abondance dans toute la station de Sultana,
elle constitue une première indication chronologique plus précise, dont nous devons
tenir compte.

*) Schlemm, «p. cit., p. 99, et l'opinion de Mon- keilen und flachen Hacken, das der dritten in spitz-
teliui concorde parfaitement avec le parallélisme nackigen Beilen, das der Steinkupferzeit in schmal-
établi par Moritz Hoernes, à savoir: «1. Spiral- nackigen Beilew>. M. Hoernes: Urgeschichte der bil-
maanderkeramik ohne Malerei ; 2. Stichbandke- denden Kunst in Europa von den Anfângen bis um
ramik; 3. bemaltc Keramik. Das Steingeriit der 500 vor Christi, ΙΙΙ-e Aufl. hg. v. O. Menghin,
ersten und zweiten Stufe besteht in Schuhleisten- Wien, 1925, p. 300.

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I. ANDRIEÇESCU

D'autre part — et nous ne nous y attendions pas — la station de Sultana manque


totalement de ces sortes de haches que les archéologues allemands ont dénommées
spitxnackiges Beil, à tête pointue et à deux côtés 1 ). Il y a là, certainement, un hasard,
alors que, d'un autre côté — par un hasard encore, sans doute — parmi les haches qui
caractérisent principalement le style et la région de l'Europe orientale et méridio-
nale, les échantillons dénommés Schuh-
leîstenkeil ou Schuhleistenformiges Stein-
heil2) se rencontrent à Sultana sous la
forme d'un seul exemplaire, et non des
plus beaux (pi. VII, fig. 1 ou pi. V I I I ,
fig. 13 3).
Les haches en pierre polie ne sont
pas non plus très nombreuses. La plu-
part d'entre elles sont de petite di-
mension, ce qui leur enlève un caractère
usuel. Elles constituent toutefois un élé-
ment d'inventaire intéressant par leur
forme, qui se rapproche des formes ty-
piques, connues ailleurs (pi. I, fig. 17
ou pi. V I I I , fig. 1; pi. V I I , fig. 2 — 1 1
et 19 ou pi. V I I I , fig. 2 — 1 2 ; pi. V I I ,
fig. 13 — 14 ou pi. V I I I , fig. 14 — 17).
Toutes les haches, faites de pierres
diverses, sont bien polies, sauf la pre-
mière, qui représente la phase antéri-
eure du polissage complet (pi. I, fig. 17
ou pi. V I I I , fig. 1). Pour être mieux
utilisée, une autre hache (pi. V I I , fig.
2 ; pi. V I I I , fig 2) présente vers son
" sommet une cavité que l'on peut très
bien remarquer dans la photographie.
Le tranchant est brisé. Une troisième hache est la plus bombée de toutes, mais sa
tête est brisée, ce qui est fort explicable (pi. VII, fig. 3 ; pi. V I I I , fig. 3). Tout
à fait différente, une autre a le tranchant formé par un plan complètement plat sur
l'une des faces, et par un plan bombé sur l'autre ; c'est évidemment une herminette
(pi. V I I , fig. 4 ou pi. V I I I , fig. 4.)
1
) Schlemm, op. cit., p. 367. loc. cit.
2 3
) «Von Portugal zu Siebenbiïrgcn und Serbien ) Les détériorations, visibles sur la partie bom-
zu Hunderten», Reinecke apud Schlemm, op. cit., bée, ne proviennent pas d'une tentative de per-
p . 535. La période à laquelle elles appartiennent cage, mais de la rupture de la pierre. D'autre p a r t ,
est celle de la «Bandkeramik» (Reinecke), ou de la M. O. Menghin, dans ses Appendices à l'œuvre de
«Bogenbandkeramik», Forrer Reallexikon der prà- M. Hoernes, a écrit sur le groupe oriental de la
historischen, klassischen und friihchristlichen Altcr· céramique rubané»; «Der Schuhleistenkeil kommt in
tiimer, Berlin u. S t u t t g a r t , p . 719; H . Schmidt: dieser Gruppe nur mehr ganz selten von, Op. cit.,
Vorgeschichte Europas, I, «Natur und Geisteswell», p. 788.
Tcubner, 1924, p. 54. M. Hoernes - O. Menghin,

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LES FOUILLES DE SULTAN A

Beaucoup plus intéressants sous le rapport de la forme et surtout au point de


vue du caractère régional sont les deux autres exemplaires (pi. VII, fig. 5 ou pi. V I I I ,
fig. 5 ; pi. VII, fig. 14 ou pi. VIII, fig. 15). Légèrement recourbés, et amincis vers la
partie destinée à recevoir le manche de bois, ces outils constituent, sans nul doute
sinon à Sullana seulement, mais dans tout le reste de l'Europe sud-orientale, le mo-
dèle de certaines formes similaires reproduites en cuivre et en bronze *).

PI. IX.

Un autre exemplaire découvert est une hache de proportions régulières, et polie


avec soin (pi. V I I , fig. 6 ou pi. VIII, fig. 6). Les quatre autres (pi. VII, fig. 7—10
ou pi. V I I I , fig. 7 —10) sont, également, de petites herminettes dont la dernière, faite
de pierre très dure, a été travaillée avec un soin spécial.
Dans tout l'ensemble des fouilles, on a trouvé une seule hache-marteau, d'ailleurs
brisée (pi. V I I , fig. 11, ou pi. V I I I , fig. 11).
Sauf quelques haches plus grandes, et de forme habituelle (pi. VII fig. 19, ou
pi. V I I I , fig. 12), tous les autres échantillons découverts sont des herminettes bien

' ) Franz v. P u l s k y : Die Kupfcrzeit in Ungarn, plaires en bronze provenant de Sinaïa, v. Andrie-
Budapcst, 1884, p. 71, fig. 1 — 6 ; Hampel Jozsef: sescu: Sur Vâge du bronze en Roumanie. 1915,
A bronzkor rmlékri Magyarhonban, Budapest, où il est parlé d'un exemplaire tout en cuivre
1892—1896, I I I , p. 51, fig. 4 — 8. Pour les exem- découvert en Posnanie.

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I. 4NDRIEÇESC1

travaillées, d o n t certaines sont de d i m e n s i o n s très r é d u i t e s (pi. V I I , fig. 13 — 1 6 , p i .


V I I I , fig. 14 — 17).
On a t r o u v é encore à S u l t a n a u n e p e t i t e h a c h e , avec perforation c o m m e n c é e ,
mais non t e r m i n é e . Le cas n ' e s t p a s r a r e d a n s nos s t a t i o n s néo- et é n é o l i t h i q u e s . P a r
m a l h e u r , elle a été p e r d u e , ou s o u s t r a i t e .
S u l t a n a a livré en o u t r e , p a r m i d ' a u t r e s i n s t r u m e n t s de pierre polie q u e l q u e s
ciseaux (pi. V I I , fig. 12, 17 et 18 o u
pi. V I I I , fig. 2 1 , 19 et 18). U n i n s t r u -
m e n t s e m b l a b l e eu p a r t i e , c o m m e profil,
m a i s de section carrée et n o n aigu (pi.
V I I , fig. 20 ou pi. V I I I , fig. 20) a dû
ê t r e u n aiguisoir, m a i s il ne c o m p o r t e
p a s de t r o u d e suspension.
E v i d e m m e n t , t o u s les ustensiles en
pierre d o n t il est q u e s t i o n ci-dessus de-
v a i e n t , p o u r ê t r e utilisés, ê t r e a d a p -
tés à des emmanchures en bois ou en
corne. Il est s u r p r e n a n t q u ' o n n ' a i t dé-
c o u v e r t à S u l t a n a q u ' u n seul e x e m -
plaire de ce g e n r e : u n e gaine à douille
ou gaine perforée x), en corne de cerf po-
lie (pi. I X , fig. 1 ou pi. X , fig. 1). L a
corne de cerf est p r e s q u e c o m p l è t e m e n t
pétrifiée.
E n r e v a n c h e , on a d é c o u v e r t plu-
sieurs haches en corne de cerf, q u i , bien
q u e n o n e n t i è r e s , s o n t s u f f i s a m m e n t ca-
r a c t é r i s t i q u e s (pi. I X , fig. 2 — 4 ou pi.
X , fig. 2 — 4 , ainsi q u e les f r a g m e n t s
figurés pi. X , fig. 5 e t 6). La m a j o r i t é
s o n t n a t u r e l l e m e n t privées de leur p a r l i e
aiguisée, laquelle a été plus ou m o i n s
PI. \ .
brisée loin de l ' e m m a n c h e m e n t . U n e
seule d ' e n t r e elles a conservé son t r a n c h a n t (pi. I X , fig. 4 ou pi. X fig. 4). L a p l u p a r t
n ' o n t rien p e r d u de leur rugosité n a t u r e l l e à l ' e x t é r i e u r .
E n f i n , q u e l usage o n t p u t r o u v e r c e r t a i n s a u t r e s o b j e t s , faits d ' a n d o u i l l e r s d e
c e r f ? : l ' u n est percé s e u l e m e n t en p a r t i e (pi. I X , fig. 11 ou p i . X , fig. 7), u n a u t r e
l'est c o m p l è t e m e n t , m a i s les p a r o i s d u t r o u s o n t à m o i t i é brisées (pi. X I , fig. 10), —
t o u s les d e u x s o n t , d ' a i l l e u r s , de p e t i t e d i m e n s i o n . Ils n e f u r e n t , sans d o u t e , d ' a u c u n e
utilité pratique.
C o m m e e n b e a u c o u p d ' a u t r e s e n d r o i t s , il est r e c o n n u q u ' à S u l t a n a , o u t r e le
silex, la pierre et la corne, on a t r a v a i l l é l'os avec succès. N o u s a v o n s recueilli d a n s
la s t a t i o n de n o m b r e u x objets en os ( a r m e s , ustensiles ou p a r u r e s ) . C o m m e n o u s le

') G. et A. de Mortillet: Musée, pi. LI, fig. 516 et 548; Déchelette, op. cfo, I, p· 532, fig. 192.

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LE9 FOUILLES DK SULTANA

verrons plus loin, nous avons trouvé aussi des objets bien travaillés en terre cuite,
soit pour la parure, soit pour des usages pratiques, à savoir: pour le filage, la pêche.
Comme bois, il ne nous est resté que les empreintes des étais employés pour les

16 17 18 „ „ | | 1\ ^

27 28

21 22 2", 24

29 50 25 26
27 M

PI \ I . PI. XII.

habitations. Ceci est explicable en raison de la nature grasse de notre sol, ainsi que des
pluies fréquentes qui le pénètrent et l'imbibent.
En ce qui concerne Vos, nous signalerons, tout d'abord, plusieurs poignards, les
uns plus petits (pi. X I , fig. 3 et 4 ; pi. X I I , fig. 31 et 32" (long. 0 m 094), un autre
assez grand et puissant (pi. X I I , fig. 26 (long. 0 m 148).
Le plus grand nombre sont des poinçons ou des perçoirs (pi. X I , fig. 1, 2, 5, 6,
12—16; pi. X I I , fig. 14, 18, 19,20, 25 et 30); les dimensions en sont habituellement
réduites.
On a aussi trouvé à Sultana deux ciseaux également en os, dont l'un est usé
et moins régulièrement travaillé (pi. X I I , fig. 13), l'autre plus soigneusement ouvré,
quoique la rugosité soit fort apparente sur la partie déclive du tranchant (pi. X I I ,
fig. 12).
Enfin on a découvert à Sultana toute une série d'Objets de parure, pendantifs, en
os également, dont certains tout prêts à être fixés ou adaptés aux vêtements (pi. X I ,

73
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T. ANDRIEÇESCU

fig. 7 — 9; de même fig. 1 1 ; ensuite pi. I X , fig. 9, la même que celle de la pi. X I I ,
fig. 24; pi. VII, fig. 25, 21, 23, 24 ou pi. X I I , fig. 15, 21, 17, 23 et 22).
On a trouvé, par contre, en plus grand nombre des disques-parures en terre cuite
(pi. X I , fig. 21 — 30; pi. VII, fig. 22 et 27 ou pi. X I I , fig. 4 et 5).
Une seule perle percée, en os, a été trou-
vée (pi. X I , fig. 31), mais on a découvert un
bien plus grand nombre de semblables paru-
res en terre cuite (25) présentant la forme
de grains de perles percés dans toute leur lon-
gueur (pi. X I I I , fig. 1 — 2 1 ; pi. VII, fig. 30
et 31). On a fermement l'impression que les
habitants, plus accoutumés aux produits cé-
ramiques, trouvaient plus commode d'exé-
cuter également leurs parures en terre cuite.
À Sultana, comme ailleurs, les fusa'ioles
sont aussi en terre cuite, très simples d'ail-
leurs (pi. VII, fig. 29 et 28 ou pi. X I I , fig. 11
et 9 ; de même pi. X I I I , fig. 22 — 25); en ce
qui concerne les tissus on n'en trouve pas la
moindre trace à Sultana. Il en est de même
des poids pour filets (23) (pi. V I I , fig. 3 2 ;
pi. I X , fig. 8, 12, 13, et 6, de même pi. X I V ,

• il m
*9 20
23
fig. 2 et 3). L'un de ces poids de filet (pi. IX»
fig. 6) présente sur son fonds, trois empreintes
circulaires. Un deuxième exemplaire (pi. XIV,
^ÊÊL fig. 2) présente, situées au même endroit, < :inq

W pareilles empreintes à la file. La ebose ne
24 25 peut être due au hasard. Ce sont-là probable-
p. χ τ ment des signes conventionnels, dont nous ne
connaîtrons peut-être jamais le mystère.
L'exemplaire suivant (pi. I X , fig. 7 ou pi. XIV, fig. 1) est d'une forme ne res-
semblant aux poids de filet qu'en apparence, sans trou de suspension, mais d'une
régularité complète que ne possèdent point les poids de filet. On ne peut préciser
l'emploi de cet objet, qui n'était certainement pas un poussoir. Bien qu'on en ait
trouvé très peu, les poussoirs de Sultana ont une tout autre forme (pi. I X , fig. 5 et
10 ou pi. X X I I I , fig. 1 et 2), par rapport aux couvercles des vases. Cela n'a pas pu
être non plus un pilon à semences, car on a trouvé à Sultana un assez grand nombre
de meules à bras, destinées à écraser les grains (pi. XIV, fig. 6) ; or, leur forme est
bien différente. Il est bien plus probable que des instruments du genre de celui dont
nous nous occupons, étaient des molettes à broyer les couleurs employées dans l'in-
dustrie céramique.
De même, n'oublions pas, dans cet ordre d'idées, quelques petites tables à quatre
pieds, toujours en terre cuite (pi. X X I I I , fig. 5, 6 et 10), dont l'emploi n'a pu être
que de caractère religieux, en tout cas, d'aucune utilité pratique.

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LES FOUJLF.ES DE SULTANA

Il est bien inutile d'insister ici sur l ' i m p o r t a n c e q u e la céramique p r é s e n t e des p o i n t s


de v u e archéologique, e t h n o g r a p h i q u e et c u l t u r a l o - h i s t o r i q u e , c o m p a r a t i v e m e n t à t o u t e s
les sortes d ' i n d u s t r i e s p r é h i s t o r i q u e s de S u l t a n a , i n d u s t r i e s q u e n o u s a v o n s citées plus
h a u t en e x e m p l e s .
P l u s q u e le t r a -
\ ail «II- la pierre qui WT%
p r o u v e de la t é n a -
cité e t d e la persé-
vérance patiente,
aptitudes que nous
remarquons sur
t o u t e la t e r r e ; plus
q u e le t r a v a i l du
silex, qui d é m o n t r e
u n e h a b i l e t é et u n
d e x t é r i t é inaccou-
5 6 7
t u m é e s , m a i s com-
m u n e s à t o u t e s les PI. XIV.
races aussi q u i o n t
â p r e m e n t - l u t t é d a n s la voie d u progrès, le t r a v a i l de la t e r r e glaise — q u ' o n lui ait
d o n n é des formes a p p r o p r i é e s à l'outillage ou a u x objets du culte exécutés en céra-
m i q u e , ou encore a u x formes p l a s t i q u e s , a n t h r o p o m o r p h e s ou zoomorphes — est, m a l h e u -
r e u s e m e n t , le seul miroir où l'on entrevoie q u e l q u e chose de l ' â m e de ceux q u i , d a n s
u n e p a r t i e d u m o n d e ou d a n s u n e a u t r e , o n t vécu et t r a v a i l l é , p o u r n o u s laisser la
p l u p a r t des vestiges de c e t t e s o r t e .
C'est aussi le cas de S u l t a n a . La m a n i è r e d o n t les h a b i t a n t s de l'époque choisis-
saient et p é t r i s s a i e n t la glaise, donc la technique ; les formes qu'ils d o n n a i e n t a u x vases,
les u n s , et p a s les m o i n d r e s , d ' u n profil choisi, la p l u p a r t du t e m p s , sans d o u t e , d ' u n e
façon v o u l u e et consciente ; enfin Vornementation des vases, s o n t p o u r n o u s le dernier
d é t a i l q u i n o u s p e r m e t d'assigner à la s t a t i o n de S u l t a n a , de p a r le style de sa cé-
r a m i q u e , la place qui lui c o n v i e n t sous les p o i n t s de v u e m e n t i o n n é s p l u s h a u t et a u x -
quels s ' a d j o i n t la plastique, d o n t n o u s n o u s occuperons p a r la suite.
L a technique se r a p p o r t a n t à la c é r a m i q u e de S u l t a n a est, aussi bien c o m m e m a -
tériel et c o m p o s i t i o n , q u e c o m m e m o d e de t r a v a i l , la t e c h n i q u e h a b i t u e l l e de la céra-
m i q u e n é o - e t é n é o l i t h i q u e du S u d - E s t de l ' E u r o p e . Le t o u r n ' e x i s t a i t p a s d u t o u t .
Ils s ' e n s u i t q u e sous le r a p p o r t du m a t é r i e l c é r a m i q u e , la s t a t i o n de S u l t a n a r ê v e t
u n c a r a c t è r e u n i t a i r e , ancien p r é h i s t o r i q u e , en pleine c o n c o r d a n c e avec le g r a n d
n o m b r e d ' i n s t r u m e n t s en silex, avec la r a r e t é de l'emploi d u m é t a l et avec les a u t r e s
d o n n é e s déjà énoncées, plus c o n c l u a n t e s c h r o n o l o g i q u e m e n t , de l ' i n v e n t a i r e , telles q u e
les h a c h e s à t ê t e épaisse, e t c . Cela signifie toutefois q u e n o u s n e r e m o n t o n s p a s a u x
t e m p s n é o l i t h i q u e s m ê m e les p l u s anciens. La p â t e est en effet p e u r é s i s t a n t e et po-
r e u s e , la cuisson est i m p a r f a i t e , et, malgré t o u t , m ê m e les vases p l u s p r i m i t i v e m e n t
façonnés o n t u n e solidité et une précision de c o n t o u r s , dignes d ' ê t r e m e n t i o n n é e s . I l
y a à S u l t a n a des vases grossiers, s u r t o u t p a r m i ceux de g r a n d e taille, m a i s aussi p a r m i
les p e t i t s , à parois épaisses, en p â t e grumeleuse, très peu p é t r i e , la cuisson é t a n t

75

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i. A\i>mi:si:s<:r

souvent réduite à un simple passage à la flamme. Les exemplaires sont néanmoins ré-
sistants. Le contour présente une ligne assez sûre et, d'autre part, l'ornementation,
quelque naïve et simple qu'elle soit, est disposée suivant certaines lois qui, en aucun
cas, ne contredisent le cadre des motifs ornementaux de l'Europe du Sud-Est. Il n'est
pas rare, comme nous le verrons par la suite, que de nouvelles variations documentent
des motifs connus d'une autre manière.
Les grandes formes sont à peu près toujours aussi le plus primitives comme tech-
nique.
Les petites formes, d'un profil plus délicat, accusent aussi une meilleure tech-
nique. La pâte de ces vases est plus uniforme et plus uniformément cuite, quelque-
fois même très bien et très également cuite et façonnée.
Beaucoup plus rarement, la surface des vases a une patine, au sens préclassique,
mais propre du mot, patine fréquente plus tard dans la céramique de l'âge du bronze
en Dacie comme aussi au Sud-Est de l'Europe.
A Sultana du moins, les vases ne sont pas grands; il n'y en a que de petits; leur
profil est particulièrement élégant, mais n'appartient qu'au Sud-Est, dans des limites
géographiques, sur l'étendue desquelles on discutera encore fort longtemps ' ) . Cette
céramique représente à Sultana le maximum, en ce qui concerne la capacité tech-
nique.
Les formes. — Si la céramique de Sultana ne diffère, quant à la technique, presque
en rien de la céramique néo- et énéolithique en général et encore moins de l'Europe
du Sud-Est, comme nous venons de le voir, en ce qui concerne les formes et l'orne-
mentation, cette céramique nous apporte beaucoup de nouvelles données intéres-
santes, d'autant plus qu'elles comblent une lacune, ressentie depuis un long temps
dans tout le monde carpatho-balcanique, presque entièrement inconnu jusqu'à pré-
sent, en ce qui a trait à la région comprise entre les Carpathes et le Bas-Danube.
Sultana n'est, il est vrai, sous ce point de vue, qu'un simple début, mais je crois
qu'il est, comme on le verra, assez concluant.
Ce qui prédomine à Sultana, depuis les couches les plus basses de la période de
civilisation et jusqu'en haut, c'est, sans nul doute, une céramique primitive en tant
que matériel et comme travail et tout aussi simple comme forme et ornementation.
Ayant des parois épaisses et droites, que les vases soient grands ou petits, ils
n'ont d'autres ornements que l'accolement, autour du goulot, d'une ceinturette alvéo-
laire, ou d'incrustations parallèles. Il en va de même d'une ou de plusieurs grandes
proéminences, surtout excécutées sans soin, d'où partent assez souvent vers le bas,
obliquement, d'autres ceinturettes, ou encore, très souvent, le plus simple ornement
que nous puissions imaginer pour recouvrir la surface des vases (— (1er Flàchenfullende

' ) Soit dit en passant, je suis loin de croire nier m o t : La Thessalie appartiendrait pour cette
que les opinions de M. C. L. Woolleys (Afia minor, époque au milieu de culture de l'Asie Mineure, etc.
Syria and the Acgcan, «Liverpool Annals», 1922) Plus justifiées me semblent les réserves et la ré-
bien que nouvelles et intéressantes, ainsi que les pétition de la p . 794 ainsi que de la note 131 de
commentaires de M. O. Mengbin (M. Hoernos M. Mengbin, quand il dit: «Es wiire aber immerliin
Mengbin: Urgeschichtc drr bildvndvn Kunst in Eu- moglich, dass kiinfti^r Fnrscbungcn uns veranlassen
ropa von den Anfàngcn bis zu 500 vor Christi, kônnen, eine andere Aufteilung vorzunebmcn».
Wien, 1925, p. 772), soient, à ce sujet, le der-

7(.

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LES FOUILLES DE SULTANA

ou dcr Umiaufstil de M. Hoornes—), ornement résultant du passage, verticalement


ou obliquement, des doigts de la main sur la pâte encore humide. Avec ces moyens
tout à fait simplistes, l'effet ornemental est assez varié (pi. XV, fig. 1, 2 et 4 et pi.

PI. XV.

XVI, fig. 1 — 7). Il est bon de noter que les trois derniers fragments cités de la pi.
X V I , bien que situés tout à fait au bas de la couche de civilisation, sont supérieurs
aux autres comme pâte et comme cuisson. Il ne s'agit pas d'une variation accidentelle,
mais, comme nous le verrons dans beaucoup d'autres cas, d'un abaissement général de
bas en haut du niveau général de culture.
Dans une forme de vase, aux parois intérieures inclinées, le genre d'ornementa-
tion est le même (pi. XV, fig. 3 ou pi. XVI, fig. 8).
Enfin, dans un fragment de vase aux parois encore plus inclinées — le travail et
la cuisson ayant été plus soignés — l'ornementation est constituée par des incisions et
des égratignures, plus ou moins régulières, partant du fond et allant en s'effilant
vers le goulot du vase (pi. XV. fig. 5).
Avec une même technique, d'autres vases, entiers ou fragmentaires, présentent
des formes toutes différentes, et ce, surtout pour les petits vases.
Un petit vase, trouvé dans les couches basses de la fouille, vase très probablement
destiné au culte, de cuisson assez bonne, nous permet de distinguer deux lignes presque

77

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I. ANDRIKÇKSCtl

égales du profil (pi. XV, fig. 8 ou pi. XXI, fig. 4); la ligne la plus petite se trouve
au fond.
Nous pouvons, en accentuant certaines de ces lignes de profil,poursuivre une varia-
tion des plus intéressantes dans le
cadre des formes du milieu néo- et
énéolithique Carpathn-Dnnubien, ainsi
que du Sud-Est européen.
Un petit vase, à moitié conservé,
aux parois droites relativement épais-
ses et travaillées avec moins de soin,
a la ligne du goulot assez distincte,
mais irrégulièrement tracée, et porte
deux proéminences, qui se répétai-
ent probablement aussi sur l'autre
face (pi. XV, fig. 7). 11 a été trouvé
dans les couebes les plus basses et de
proportions inusitées; c'était proba-
blement aussi un vase destiné au
culte.
Petit également, mais moins pro-
fond, un autre vase a la forme d'une
coupe basse, avec un ornement d'in-
cision, radial mais irrégulier, à sa
partie inférieure; comme le précé-
/
- ^ÊÊMÊË^ - dent, il ;i été trouvé dans les plus
^w.' v m I basses couebes de la période de cul-
4 1 turc (pi. XV, fig 9).
Il y a des formes beaucoup plus
13
nombreuses, qui, s'il leur manquait
le fond, auraient beaucoup de res-
semblance avec les coupes en céramique peintes de la Transylvanie, et même, en allant
plus loin, de l'Europe centrale.
Elles n'ont toutefois jamais les parois droites et leur fond est toujours grand, mais
jamais spliérique (pi. XV. fig. 10) ; les proéminences en diagonale séparent la ligne su-
périeure du corps du vase de la ligne inférieure. Avec quelques variantes, c'est l'une
des plus fréquentes formes trouvées à Sultana.
Une semblable variante nous est offerte par le vase suivant, qui présente une
légère accentuation du goidot et deux fois quatre proéminences en diagonale (pi. XV,
fig. 11 ou pi. XVIII, fig. 6) λ). Il en est de même pour un autre, avec cette différence
qu'ici les proéminences, répétées et plus ou moins régulières, constituent un véritable
ornement (pi. XV, fig. 13). On trouve encore de pareils exemplaires en Valachie, mais
en petit nombre. Ce sont-là les exemplaires les plus caractéristiques qui illustrent

l
) Seules trois paires de proéminences sont autres, constituant la 4-e paire, sont disparates,
constituées p a r paires, l'une sous l'autre ; les deux

78

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LES FOUILLES DE SULTANA

la céramique dite «à proéminences» (die Buckelkeramik), dont nous aurons l'occa-


sion de parler plus tard.
Sur un grand fragment d'un vase de forme similaire (pi. XV, fig, 12), la roton-
dité plus ample du vase, partant de dessous la ligne du goulot, est recouverte d'un

PI. XVII

ornement à raies verticales, sans doute postérieur comme ornement à l'ancien, réduit
à varier les surfaces par les traces parallèles des doigts promenés verticalement ou
obliquement.
D'autre fois, plus rarement, la ligne du goulot manque ; le vase possède alors
une anse puissante et l'ornementation consiste en des raies plus ou moins courbes qui
ornent à leur manière la partie supérieure du vase (pi. XV, fig. 14),
E n allant du plus ancien au plus nouveau, de l'inférieur au supérieur, stratigraphi-
qiiement parlant, nous avons une fois de plus l'occasion de constater, non pas une évolu-
tion, mais une régression sous le rapport des formes ; quant aux autres éléments, ils
ne diffèrent pas d'une manière discordante (pi. XV, fig. 15, 16 et 6; pi. X V I I , fig.
1, 2, 11, 5, 10 et 4 ; de même pi. XVI, fig. 9 —15). Ces formes ne représentent pas
seulement une liaison avec les figures antérieures; l'une d'entre elles, tout particu-
lièrement (pi. XV, fig. 6 ou pi. XVI, fig. 11), de par le caractère de son profil,
représente une liaison avec d'autres formes similaires que nous verrons plus loin,
d'une autre technique et d'une autre ornementation, beaucoup plus caractéristiques à

79

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S u l t a n a . La forme devient ainsi un élémenl d ' o r i e n t a t i o n s t y l i s t i q u e particulièrement
précieux.
Il y a plusieurs g r a n d s vases p l u s
c o n s i s t a n t s c o m m e p â t e , bien venus à
la cuisson, p o s s é d a n t une o r n e m e n t a -
tion s e m b l a b l e à celle dont nous a v o n s
parlé plus h a u t , o r n e m e n t a t i o n e m p l o -
yée plus l i b r e m e n t et d ' u n e m a n i è r e
plus sûre (fig. t e x t e 7 - 9 et pi. X V I I ,
fig. 7).
U n v a s e s e m b l a b l e au p r é c é d e n t ,
a y a n t des parois p l u s épaisses, n o u s
p r é s e n t e d e u x anses i m p o r t a n t e s e t u n e
o r n e m e n t a t i o n c o n s t i t u é e p a r des grou-
pes de q u a t r e lignes p r o é m i n e n t e s , dis-
posées en d e u x rangées a l t e r n a t i v e s (fig. t e x t e 1 0 ; p i . X I X , fig. 1). Le f r a g m e n t
d ' u n a u t r e v a s e , de forme et f a c t u r e similaires, a u n e a n s e r e p r é s e n t a n t u n e t ê t e
d ' a n i m a l (fig. t e x t e 11).
Q u a n d la p a r t i e inférieure du vase
est p l u s basse et q u e le v a s e en son
t o u t est plus p e t i t , alors il est p r i v é
d ' a n s e s q u i s o n t r e m p l a c é e s p a r des
p r o é m i n e n c e s ; l ' o r n e m e n t a t i o n est
aussi plus simple, c o m m e n o u s l ' a v o n s
v u plus h a u t (pi. X X , fig. 1).
N o u s a r r i v o n s ainsi à l'une des
formes p r é d o m i n a n t e s de la c é r a m i -
q u e de S u l t a n a , bien c o n n u e p a r sa
fréquence, s u r t o u t «dans le N o r d de la
région C a r p a t h o - B a l c a n i q u e » néo- e t
Fi
é n é o l i t h i q u e , la c é r a m i q u e incisée et 8- 8 ·
p e i n t e : la forme en poire 1 ) .
A S u l t a n a n o u s la t r o u v o n s d a n s u n e série e n t i è r e d ' e x e m p l a i r e s , p a r m i lesquels
le plus c a r a c t é r i s t i q u e est, sans d o u t e , celui q u e r e p r é s e n t e la figure (texte) 12 a, 6, ainsi
q u e la pi. X V I I , fig. 9 e t p i . X V I I I , fig. 2. L e v a s e a le fond r o n d , le r e b o r d l é g è r e m e n t
relevé, e t il s ' a p p u i e , a p p r o x i m a t i v e m e n t , sur q u a t r e pieds en d i a g o n a l e , q u i a t t e i g -
n e n t à peine la ligne h o r i z o n t a l e d u fond. E n t r e d e u x de ces pieds le v a s e p r é s e n t e u n e
a n s e , en forme de t ê t e d ' a n i m a l , p e r c é e ; d a n s la p a r t i e d i a m é t r a l e m e n t opposée e t
e n t r e les d e u x a u t r e s p i e d s , le v a s e n ' a q u ' u n e p r o é m i n e n c e é g a l e m e n t p e r c é e . L a
couleur d u v a s e est foncée et l é g è r e m e n t p a t i n é e . D e p a r la forme et de p a r ses dé-
tails p l a s t i q u e s , le v a s e de S u l t a n a est u n e x e m p l e c a r a c t é r i s t i q u e de la c o m b i n a i s o n
de la c é r a m i q u e e t de la p l a s t i q u e ; celle-ci, c o m m e n o u s le v e r r o n s , e s t t r è s bien
représentée à Sultana.

*) I. Andrieçescu: Contribution, p. 51 et suiv.

80

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LES FOUILLES DE SULTANA

Trois autres exemplaires, sans posséder la patine du vase ci-dessus, mais ayant
subi une bonne cuisson exécutée avec soin, ont le fond plus sûr (pi. X V I I , fig. 6 et
12 (pi. X V I I I , fig. 4), de même pi. XVII, fig. 8 (pi. X V I I I , fig. 5); le dernier, de
même, a une petite proéminence et
un léger ornement peint en zigzag,
sur tout le corps du vase (visible
seulement sur la pi. X V I I I , fig. 5).
Nous reviendrons à l'ornement; en
l ont cas il faut remarquer, encore
une fois, la liaison entre la forme du
vase, la proéminence qu'il porte et
l'ornement colorié ; on doit aussi re-
marquer le motif ornemental; tou-
tes ces données sont caractéristiques
pour l'unité de style de la céramique
de Sultana.
Bien cuits, possédant souvent
une patine foncée, plusieurs vases ont l'aspect de casseroles, formes qui ne sont
pas étrangères au Sud-Est. L'ornementation répète des motifs connus ou bien manque
complètement (pi. X V I I , fig. 13 ; pi. X X , fig. 8 et 4).
Il y a deux autres casseroles d'une
forme approximativement analogue,
ayant une partie supérieure bien plus
basse, d'un aspect général beaucoup
plus commun et sans aucun ornement
(pi. X X , fig. 2 ou pi. X V I I I , fig. 1, de
même pi. X V I I I , fig. 3).
Une petite casserole, ressemblant
aux précédentes, ayant toutefois des
parois verticales à sa partie inférieure
et ne possédant aucune ornementation,
est d'une correction et d'une délica-
tesse de lignes remarquables ; elles a
été trouvée beaucoup plus profondé-
ment que la plupart des autres (pi. X X ,
fig. 6). Le fragment d'un vase tout à
Fig. 10. fait semblable, un peu moins souple,
bien façonné toutefois, possède aussi un
léger ornement de lignes incisées, constituant une bande verticale, qui probablement se
répète (pi. X V I I , fig. 3).
Il faut également mentionner que parmi les formes de vases indiquées plus haut,
dont l'une a les parois de sa partie supérieure légèrement inclinées, a sur les lignes de la
panse une série d'excavations ou creux régulières s'étendant tout autour (pi. X X , fig. 9) ;
d'autre part, le rapport entre la partie supérieure et la partie inférieure des mêmes
formes peut varier, comme nous en donnons des exemples (pi. X X , fig. 11).

81

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6 Ducin T l'.i-'l.
I. ANDRIEÇESCU

Il est c u r i e u x de c o n s t a t e r q u ' à S u l t a n a n o u s n e puissions citer q u ' u n e x e m p l e


d'égalisation de la p a r t i e s u p é r i e u r e à la p a r t i e inférieure de semblables formes de
vases et l ' e x e m p l e est assez c o m m u n (pi. X V I I I , fig. 7). P a r ailleurs, d a n s n o t r e milieu
d u S u d - E s t , semblables v a r i a n t e s s o n t n o n s e u l e m e n t n o m b r e u s e s , m a i s c e r t a i n e s
d ' e n t r ' e l l e s s o n t caractérisées p a r u n e d i s t i n c t i o n p a r t i c u l i è r e de la forme et de l'orne-
m e n t a t i o n , s u r t o u t lorsqu'il s'agit de l ' o r n e m e n t p e i n t ' ) . D e m ê m e , u n e seule fois,
à S u l t a n a u n e x e m p l a i r e , p r e s q u e e n t i e r , a sa p a r -
tie s u p é r i e u r e plus allongée q u e sa p a r t i e infé-
r i e u r e 2 ) (pi. X X . fig. 12 ou pi. X X I , fig. 2). A Cu-
c u t e n i , p a r e x e m p l e , certaines formes de vases res-
s e m b l a n t en p r i n c i p e à ce v a s e de S u l t a n a s o n t
en é t r o i t r a p p o r t s t y l i s t i q u e a v e c l ' a u t r e forme d u
S u d - E s t citée plus h a u t et a p p a r t i e n n e n t , d ' a p r è s

Fig. 11. Fig. 12.

les précisions de celui q u i les a d é c o u v e r t e s , à la c u l t u r e «cucuténienne» p l u s r é c e n t e (B),


r e p r é s e n t a n t d a n s c e t t e c u l t u r e la m a n i è r e s t y l i s t i q u e n o u v e l l e 3 ) . E n t o u t cas, d a n s
ce r a p p o r t formel, la présence à S u l t a n a du v a s e cité m e semble p a r t i c u l i è r e m e n t
significative.
Mais n o u s s o m m e s loin ainsi d ' a v o i r p r é s e n t é t o u t e s les formes de vases de
Sultana.
L ' u n e des formes assez f r é q u e n t e s , a v e c des v a r i a n t e s de différentes d i m e n s i o n s ,
est celle q u i est p l u s large q u e p r o f o n d e , sans anses e t t o u j o u r s d ' u n t r a v a i l s u p é r i e u r ,
j u s q u ' à la p a r f a i t e p a t i n e noire q u i les r e c o u v r e . N o u s d o n n o n s q u e l q u e s profils (voir
pi. X X , fig. 17, 1 3 , 3 , 16 e t 5). N o u s s o m m e s à u n n i v e a u de c u l t u r e i m p o r t a n t , m ê m e
si l'on n e considère q u e la t e c h n i q u e et les formes. Le fait de n ' a v o i r t r o u v é les
f r a g m e n t s de la forme citée n o n p r è s de la surface, m a i s bien p l u s b a s , i n d i q u e assez
le déclin de c u l t u r e q u e n o u s a v o n s déjà signalé.

*) Contribution à la Dacie avant les Romains, possède une légère patine foncée,
3
p. 57 — 58 et note 79— 84. ) Collection de Berlin. Précisions de II. Schmidt:
2
) La panse du vase constitue un angle aigu; Tongefàssc drr jiingcren Kultur. B. Jùngcre Stil·
sans ornements, le vase est façonné avec soin et arten.

82
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LUS FOI ILI.FS DE SULTANA

Par contre, une autre série de formes aux parois droites, mais bien moins soi-
gneusement ouvrées, toujours patinées néanmoins, et avec les creux du profil emplis
d'une pâte blan-
che ornementale,
se répète de bas
en haut, dans
toute l'étendue
de la couche de
culture (pi. XX,
fig. 20, 22 et 19;
pi. XIX, fig. 3,
4 (pi. XX, fig.
20,5) (pi. X X , fig.
22) et 6). On se
tromperait en cro- PI. XVIII
yant que les pre-
miers fragments sont plus anciens ; au contraire, la chose a été en se simplifiant. Il est
à noter également que le fragment le
plus nouveau (pi. X I X , fig. 3) porte
une proéminence qui souligne l'inci-
sion blanchâtre située près du rebord
du vase.
D'autres formes de vases bas, un
genre de coupes, les unes répétant, en
plus petit, des variantes déjà signa-
lées, mais d'une technique et d'un
travail de beaucoup supérieurs, re-
présentent ce que nous pouvons con-
sidérer comme la dernière expression
de perfection céramique à Sultana
(pi. X X , fig. 7, 10, 18 et 21). Leur
nombre relativement beaucoup plus
petit, ainsi que leur caractère peu uti-
litaire ont été mis en liaison, comme
nous l'avons déjà vu, avec leur em-
ploi comme vases du culte. Il faut
également mentionner ici qu'ils ont
tous été trouvés aux plus grandes
profondeurs des couches de l'époque
de civilisation. Le rebord de l'un
10 des fragments est légèrement tordu
(pi. X X , fig. 18). La patine noirâ-
PI. X I X .
tre du dernier fragment, d'ailleurs
sans autre ornementation, est tout à fait remarquable.
D'utilité douteuse, peut-être sans même en avoir eu, un petit vase de Sultana a la

83

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e*
forme d'une fusaïole; il est travaillé sans soin et insuffisamment cuit (pi. X X , fig. 15).
Un autre ressemble à une petite auge, possédant deux proéminences latérales percées
de trous verticaux et une ornementation d'incisions légères, en manière de virgules su-
perposées (pi. X X I I , fig. 1 ou pi. X X I , fig. 7 1 ) ; d'une technipuc de la pâte et d*un
travail assez primitifs, ce vase contraste avec la profondeur à laquelle il a été trouvé,
ainsi qu'avec son ornementation. Un troisième a la forme d'une corne coupée (pi. X X ,

PI. XX.
fig. 14), une sorte de rhyton en miniature. Le fragment d'un quatrième vase, d'une
forme qui, elle aussi, n'est pas rare, a une proéminence percée verticalement et qui
très probablement se répète sur l'autre face (pi. X X I I , fig. 2).
Un cinquième petit vase est beaucoup plus caractéristique (pi. X X I I , fig. 3 ou pi.
X X I , fig. 3). Découvert dans la couche la plus élevée, il a non seulement une forme
familière à notre Sud-Est, mais, par la terminaison de sa partie supérieure en figu-
rine plastique, il représente, encore une fois à Sultana, l'étroite relation qui existe
ici entre la céramique et la plastique.
Parmi les dernières formes de vases entiers, ou presque entiers, de Sultana, que nous
pouvons présenter, l'un au fond arrondi et possédant deux rosaces (ou tortils) latérales,
l
) Sans aucun ornement, d'autres semblables une cloison médiane,
cuvettes sont doubles, c'est-à-dire séparées par

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LES FOUILLES DE SULTANΛ

percées verticalement et de biais (pi. X X I I , fig. 5 o u p L X X I f i g > 5 ) a u r a é t é p | u g


probablement un couvercle. Un vase d'autre forme, trouvé à Sultana, quoiqu'à fond ar-
rondi, aura servi au
contraire d'écuelle
(pi. X X I I , fig. 19
ou pi. X I X , fig. 2).
D'une technique et W
d'une cuisson assez
soignées, 1 ' écuelle
est ornée extérieu-
rement d'une sorte
de bande pressée
dans la masse de la
glaise, en forme de _ «oé*.
large spirale, d'une
PI. XXI.
largeur irrégulière,
bande partant du fond du vase et se terminant à l'un de ses bords. De la bande

PI. XXII.

spirale, largement conduite, se détache un deuxième ornement intermédiaire et paral-


lèle qui correspond aux raies antérieures en tous leurs aspects variées. La liaison

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î. \M)Hii;si;scr

me semble d'autant plus fondée, qu'un couvercle véritable, venant toujours de Sul-
tana, beaucup plus régulier (pi. X X I I , fig. 7), porte un ornement tout à fait simi-
laire comme intention, mais d'une autre exécution et très rapproché, comme manière,
de ce qui a été indiqué plus haut (pi. XV, fig. 12, 15 etc.).
Comme ailleurs, il a été trouvé
à Sultana, de nombreux couvercles
de vases. En dehors de celui que
nous avons présenté, ils se réduisent
à trois types: un type de couvercle
trouvé plus profondément, certaine-
5, ment plus ancien, avec une poignée
* représentant une tête d'homme, à peu
près telle qu'elle est [représentée à
part (pi. X X I I , fig. 10 et X X I I I ,
fig. 3 et 8) ; un deuxième type, tou-
jours plus ancien que le suivant, avec
la poignée d'une forme beaucoup
plus éloignée de la représentation plas-
tique de la tête humaine (pi. X X I I ,
fig. 4) ; enfin un troisième type, plus
nouveau, comprend une série entière
de couvercles, plus ou moins fragmen-
taires, de différentes grandeurs, tous
munis de manches puissants (fig. texte
13 et 14; pi. X X I I , fig. 14 et pi. X X I I I ,
fig. 9).
Des formes céramiques pouvant
être illustrées par des fragments inar
ginaux et par des rosaces, nous en don
nons, enfin, une série entière pour com
pléter la présentation ci-dessus ( pi
Fig. 14.
X I X , fig. 7 —10 ; pi. X X I V , fig. 1 —14)
J e reproduis aussi quelques fragments dans le texte, pour permettre d'apprécier le
profil: la fig. 16 de la pi. X X I I est la pi. X X I V , fig. 10; la fig. 11 de la pi. X X I I est
la pi. X X I V , fig. 1 1 ; la fig. 13 de la pi. X X I I est la fig. 12 de la pi. X X I V ; le profil
fragmentaire marginal pi. X X I V , fig. 1 est approximativement celui représenté par la
fig. 8 de la pi. X X I I avec les variantes pi. X X I I , fig. 15 et pi. X X V , fig. 1 (pi. X X I V ,
fig. 13) ; un dernier fragment est de beaucoup le plus élancé (pi. X X V , fig. 5 ; pi. X X I V ,
fig. 14), avec sa rosace commençant tout de suite sous la ligne de panse du vase.
Dans un seul cas, un fragment représentant le fond d'un vase a une rosace obtenue
par percement horizontal, vers l'intérieur du vase et non point vers l'extérieur (pi.
X X I I , fig. 6). Dans un seul cas aussi, une rosace, puissante et large, habituellement ver-
ticale par rapport à la surface du vase, a, en plus d'une ligne verticale saillante, sur
sa surface, deux proéminences à sa partie supérieure (pi. X X V , fig. 6). Comme nouvel
exemple de l'étroite liaison qui existe à Sultana entre la céramique et la plastique,

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LES FOUILLES DE SULTANA

nous citerons un fragment qui a pour rosace la représentation plastique et expressive


d'un animal qui meugle (PI. X X V I , fig. 1). La ligne du front se profile comme une proé-
minence horizontale allongée et effilée; de même, les cornes, massives, assez clairement
indiquées par dessus
et par les côtés des
orbites des yeux; de
même encore le mu-
seau prolongé, avec la
gueule entr'ouvertc. Ce

il
fragment a été trouvé
à 1 m 20 de profon-
deur.
Dans la présenta- 10
tion du matériel céra-
PI. XXIII.
mique, les formes con-
stituent un meilleur critérium que la technique. Mais le complément des deux c'est
l'ornement.

* *

L'ornementation.— Quand j ' a i


passé en revue les formes céra-
miques de Sultana, comme on l'a
vu plus haut, j ' a i cru qu'il était
bon de mentionner toujours l'élé-
ment ornemental des différentes
formes que j'ai choisies comme les
plus caractéristiques.
^^^^^w wf3T- Habituellement, une tech-
\ ^^6 nique commune et à des formes
r?*J' J-fiiÉfi courantes correspondent aussi des
ornements de même valeur. Il y
a aussi des exceptions, mais elles
sont rares.
Nous avons vu ainsi comme
éléments ornementaux: des cein-
turettes alvéolaires et d'incrusta-
tions parallèles ; de plus ou moins
grandes proéminences, qui servent
de points de départ aussi à des
ceinturettes ; certains ornements
sont dus au simple passage de la
main sur la pâte encore humide;
d'autres sont constitués par des
PI. XXIV.
égratignements ou des incisions
plus ou moins régulières, partant du fond et allant en s'amincissant vers l'orifice du

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I. A N D R I K S I x l

vase. D'autres (ois, la dispersion de proéminences en nombre beaucoup plus grand


qu'il n'est utile (deux ou quatre), sur la surface du vase, constitue également un orne-
ment, au sujet duquel
nous ajouterons qu'il
est d'autant plus na-
turel, que dans notre
milieu archéologique,
néolithique, énéolithi-
que et du bronze, la
céramique à proémi-
nences est particulière-
ment bien représentée.
Nous avons ensuite no-
té des raies et des côtés
obliques, et parallèles
ou bien verticaux et en-
core parallèles, plus on
moins distants ; nous
ne risquons guère en
disant qu'on doit voir
dans cet ornement l'o-
rigine des vases dits
PI. XXV.

côtelés, en argile et métalliques, qui ont paru


plus tard 1 ), ensuite des groupes d'incisions
parallèles constituant des bandes, etc.
5LJ
Maintenant se pose la question : com-
ment se présente la céramique de Sultana,
cette fois-ci sous le jour de tous les éléments
ornementaux — dont nous n'avons vu que
quelques-uns — par rapport à la variation
des formes de vases?
La classification qui me semble la plus
logique et en harmonie avec le milieu ar- •
chéologique dans lequel nous nous trouvons,
serait la suivante:
1. Une première catégorie, la mieux re-
présentée dans l'étendue de- la couche que
nous avons appelée couche de civilisation,
correspondant plus ou moins à celle que nous
avons présentée en premier lieu, au point de
vue de la technique et de la forme.
C'est la catégorie céramique qui, au point PI. XXVI.

') F. Courby: Les vases grecs à reliefs. Paris, 1922, p. I9.'5.

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LES FOUILLES DE SULTANA

de v u e de l ' o r n e m e n t aussi, est plus ancienne en d ' a u t r e s e n d r o i t s de nos régions


q u ' à S u l t a n a , de m ê m e qu'elle persiste d a n s les m ê m e s régions géographiques long-
t e m p s a p r è s le t e m p s ou l'époque a u q u e l ou à laquelle a p p a r t i e n t S u l t a n a .
2. S a n s p o u v o i r la séparer de la première d ' u n e m a n i è r e t r a n c h a n t e , la d e u x i è m e
catégorie c é r a m i q u e de S u l t a n a c o m p r e n d r a i t tous les exemplaires de vases à o r n e m e n -
t a t i o n plus c o m p l i q u é e et à motifs variés q u i , simples en t a n t q u ' é l é m e n t s c o m p o -
s a n t s , se p r é s e n t e c o m m e u n e série
e n t i è r e d ' é c h a n t i l l o n s . Les vases de
c e t t e catégorie ainsi q u e d e u x de la
p r e m i è r e catégorie se d i s t i n g u e n t t r è s
n e t t e m e n t des catégories s u i v a n t e s .
Il n e m a n q u e toutefois p a s des t r a i t s
s o u v e n t r é p é t é s de filiation stylis-
tique que nous mentionnerons. Cette
catégorie est é g a l e m e n t bien r e p r é -
s e n t é e , sans posséder la diffusion de
la p r e m i è r e .
3. Le g r o u p e m e n t de t o u s les
e x e m p l a i r e s c é r a m i q u e s de S u l t a n a
à o r n e m e n t a t i o n à incisions en b a n -
des, s u r t o u t en spirales, vases m o n o -
c h r o m e s , mais aussi p e i n t s , en u n e
troisième catégorie, m e semble s'im-
p o s e r ; enfin,
4. P l u s r e s t r e i n t e , q u a n t i t a t i v e -
m e n t , q u e t o u t e s les catégories a n t é -
rieures, la d e r n i è r e c o m p r e n d r a i t les
e x e m p l a i r e s c é r a m i q u e s à p a t i n e et
à couleur, q u i , aussi bien sous le
r a p p o r t t e c h n i q u e q u e sous celui de
la forme et de l ' o r n e m e n t a t i o n , repré-
s e n t e n t à S u l t a n a un m a x i m u m de
perfection. C e t t e perfection corres- PI. XXVII.
p o n d a n t au n i v e a u le plus b a s , au
p o i n t de v u e s t r a t i g r a p h i q u e , où ces échantillons céramiques o n t été t r o u v é s , c o m m e
n o u s l ' a v o n s i n d i q u é plus h a u t , n o u s obligera à y revenir, p o u r chercher l'explication la
plus p l a u s i b l e .
C o m m e n ç o n s , p o u r le m o m e n t , p a r quelques détails p o u r c h a c u n e des catégories
établies.
Il est v r a i m e n t r e m a r q u a b l e de voir, c o m m e n t , avec des m o y e n s simples, le m a î t r e -
p o t i e r p r é h i s t o r i q u e s'efforce toujours à d o n n e r à ses p r o d u i t s u n e o r n e m e n t a t i o n
la plus v a r i é e possible. Le procédé t e c h n i q u e , la disposition et le m o t i f v a r i e n t t r è s
s o u v e n t ; la s y m é t r i e des p a r t i e s des vases, p a r t i e s p r e s q u e toujours soulignées, est
u n v r a i c a n o n . Le m o t i f et l'échantillonnage v a r i e n t c o n s t a m m e n t , quoique le procédé
et m ê m e l ' é l é m e n t o r n e m e n t a l soient p r e s q u e toujours les m ê m e s .

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I. INDRIEÇESCU

Nulle p a r t c o m m e d a n s nos régions, et cela se confirme u n e fois de plus à S u l t a n a ,


la prédilection p o u r le détail o r n e m e n t a l ne p r é s e n t e c o m p a r a t i v e m e n t des formes
plus variées et plus r a p p r o c h é e s , c o m m e i n t e n t i o n et c o m m e esprit inventif, de l ' a r t
populaire de n o t r e t e m p s .
Plus ou moins h a u t sur le bord des vases, n o t a n t ou bien i n d i q u a n t a p p r o x i m a t i -
v e m e n t la ligne de leur col, de simples c e i n t u r e t t e s se d é t a c h e n t o r g a n i q u e m e n t d e
la p â t e du v a s e — c e i n t u r e t t e s n o n superposées, il y a aussi de celles-là; sans ê t r e
pareilles c o m m e t r a v a i l , les c e i n t u r e t t e s s o n t p r e s q u e i d e n t i q u e s c o m m e effet (pi.
X X V I I , fig. 1 — 3).
Les lignes obliques q u i se d é t a c h e n t en relief et s o n t dues au passage des m a i n s
s u r la p â t e encore c r u e , n e p a r t e n t q u ' e x c e p t i o n n e l l e m e n t du b o r d m ê m e d u v a s e (pi.
X X V I I , fig. 4). S u r les vases u n p e u plus s o i g n e u s e m e n t o u v r é s et a v e c des p a r t i e s d ' u n
c o n t o u r plus précis, ces lignes l é g è r e m e n t en relief s ' é t a l e n t sur le corps s e u l e m e n t ,
soit qu'elles p a r t e n t ou n o n d ' u n e p r o é m i n e n c e , soit q u e d ' a u t r e s lignes les a c c o m -
p a g n e n t (pi. X X V I I , fig. 5 — 7).
L a ligne virtuelle du m a x i m u m de r o t o n d i t é des vases est s o u v e n t soulignée p a r
une g r a n d e p r o é m i n e n c e , q u i t r è s p r o b a b l e m e n t se r é p è t e , au m o i n s u n e fois. Le m a î t r e
p o t i e r s ' a r r a n g e a i t alors de telle m a n i è r e q u ' u n o r n e m e n t t o m b â t v e r t i c a l e m e n t sur
la p a r t i e s u p é r i e u r e d u vase au milieu m ê m e de la p r o é m i n e n c e et q u ' u n e c e i n t u r e t t e
alvéolaire l ' a c c o m p a g n â t o b l i q u e m e n t sur la p a r t i e inférieure, en p a r t a n t de l ' e x t r é -
m i t é d r o i t e de la m ê m e p r o é m i n e n c e . L ' o r n e m e n t de la p a r t i e s u p é r i e u r e d u vase est
c o m p o s é d ' u n e ligne m é d i a n e l é g è r e m e n t en relief, q u i , d ' u n côté (le d r o i t ) , p r e n d la
forme d ' u n e b a n d e (pi. X X V I I , fig. 8).
G é n é r a l e m e n t , la p a r t i e inférieure des vases est m o i n s m i n u t i e u s e m e n t t r a i t é e ,
e t cela fait q u ' u n o r n e m e n t o b t e n u de la m ê m e façon q u e le p r é c é d e n t ( p a r t a n t d e
l'anse à b o u t o n , percé v e r t i c a l e m e n t ) , se d é t a c h e c l a i r e m e n t sur le corps d u v a s e , qui
n ' a subi a u c u n t r a i t e m e n t spécial (pi. X X V I I , fig. 9).
U n f r a g m e n t de p e t i t e c o u p e , s o i g n e u s e m e n t o u v r é , n o u s p r é s e n t e l ' o r n e m e n t le
plus simple p o u v a n t r é s u l t e r d ' u n e r a n g é e de c r e u x r é g u l i è r e m e n t et e x a c t e m e n t r o n d s ,
au-dessus de la ligne idéale s é p a r a n t la p a r t i e s u p é r i e u r e de la coupe de l ' i n f é r i e u r e ;
l ' o r n e m e n t n ' e s t d'ailleurs n u l l e m e n t naïf (pi. X X V I I , fig. 10).
A S u l t a n a , l ' o r n e m e n t r é s u l t a n t de l ' a l i g n e m e n t , sur le corps d u v a s e , soit d ' u n e
p r o é m i n e n c e (pi. X X V I I , fig. 4 ) , soit d ' u n e p r o é m i n e n c e en forme d ' a n s e , g r a n d e e t
large, d ' o ù p a r t u n e c e i n t u r e f o r t e m e n t profilée, q u i se r é p è t e s û r e m e n t aussi d u côté
a b s e n t (pi. X X V I I , fig. 12), soit enfin d u d o u b l e m e n t ou d u t r i p l e m e n t des p r o é m i -
n e n c e s , a c c o m p a g n é e s ou n o n de lignes en relief (pi. X X V I I , fig. 14 et 15), cet o r n e -
m e n t , disons-nous, est p l u s a n c i e n , p l u s naïf et t r è s f r é q u e n t , m a i s n u l l e m e n t stéréo-
t y p e . U n a u t r e f r a g m e n t n o u s m o n t r e (pi. X X V I I , fig. 13), u n e ligne d u col précise,
u n e c e i n t u r e t t e a v e c laquelle c o m m e n c e la ligne de p a n s e d u v a s e , c e i n t u r e t t e accom-
p a g n é e de lignes l é g è r e m e n t en relief, qui sans d o u t e o r n e n t le corps d u v a s e .
L a v a r i a t i o n o r n e m e n t a l e c o n t i n u e . S u r le f r a g m e n t m a r g i n a l d ' u n p e t i t v a s e ,
u n e p r o é m i n e n c e p r é s e n t e l ' a s p e c t d ' u n e figure h u m a i n e ou a n i m a l e (pi. X X V I l I , f i g . 1),
ce q u i est é g a l e m e n t possible à S u l t a n a . Le plus s o u v e n t r e v i e n n e n t toutefois les p r o -
é m i n e n c e s simples ou à peine a p p r o f o n d i e s , d a n s les p e t i t s v a s e s , a v e c ou sans c e i n t u -
r e t t e s et lignes i n é g a l e m e n t en relief (pi. X X V I I I , fig. 2 — 4 , 7—9, 12 et 15). S u r u n a u t r e

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LES FOUILLES DF SULTANA

fragment marginal (pi. X X V I I I , Kg. 6) les lignes obliques sont plus rares et plus en relief
que sur le fragment marginal de la planche XVI, fig. 5. L'avant-dernier fragment men-
tionné (pi. X X V I I I , fig. 5) présente aussi de l'intérêt par le fait que les lignes en re-
lief sont obliques de gauche à droite et tracées sans aucune considération pour la
symétrie des proéminences ; de pareils cas sont rares.
Les lignes en relief, légèrement obliques ou verticales, arrivent enfin à constituer
de véritables petits registres (si l'on peut ici utiliser ce mot) en lesquels est répartie,
avec une remarquable symétrie, toute la surface du vase et particulièrement la sur-
face supérieure, (pi. X X V I I I , fig.
13, 14 et 23). La pâte et la nature
du travail de l'ornementation sont
d'une même simplicité. Les proémi-
nences, quand il y en a, sont d'anci-
enne facture. Nous nous trouvons
toutefois, et sans doute, en des temps
très avancés au point de vue de la
culture ; ces temps sont encore illus-
trés par deux autres fragments à
proéminences et à raies saillantes,
partant obliquement ou verticale-
ment des proéminences (pi. X X V I I I ,
fig. 11 et 18). Nous arrivons ainsi
aux vases dont les panses ne son!
ornementées que par de semblables
raies saillantes, parallèles et plus ou
moins proéminentes. Un semblable
fragment, de bonne cuisson' (pi.
X X V I I I , fig. 19), mais en pâte com-
mune, a des parois assez épaisses ;
sa découverte dans les couches infé-
rieures de la station concorde com-
plètement avec tout ce que l'on a
trouvé à des niveaux supérieurs. L'o-
rigine néolithique et énéolithique de PI. XXVIII.
la céramique côtelée est mise une fois
de plus en évidence d'une manière tout à
fait concluante.
Des observations tout aussi intéressantes au point de vue du caractère général
archéologique, nous sont offertes à Sultana, d'un côté par l'ornementation d'incrusta-
tion et de fouille en profondeur, et, de l'autre, par l'ornementation à ceinturettes. Nous
avons, en passant, donné un aperçu sur l'emploi des deux procédés. Il est évident
que leur maximum d'utilisation ne pouvait tendre qu'à recouvrir de l'un ou l'autre
de ces ornements, la plus grande partie de ces vases. L'amour de la variation inter-
vient ici également, surtout en ce qui concerne le premier ornement cité, et nous amène
à des motifs nouveaux, inconnus jusqu'à Sultana, lesquels trouvent leur explication
avec toutes les données stylistiques convaincantes, allant du plus ancien au plus

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I. WDKIKSKSCr

nouveau, du plus ancien au plus récent, du supérieur à l'inférieur ou dégénéré, du


plus complexe au plus simple.
Cette fois aussi, ce qui est inférieur ou dégénéré ou plus simple indique, à Sultana,
ce qui est plus nouveau ou plus haut placé dans la terre; ce qui est supérieur et plus
complexe est plus ancien et a été trouvé plus profondément dans la terre. D'autre
part, ni le fil d'évolution du plus simple au plus complexe et du plus ancien au plus
nouveau, n'est trop difficile à reconnaître; il est bien entendu qu'à ce point de vue
et surtout pour cet ornement, les données de Sultana ne sont qu'un commencement.
Alors qu'un fragment marginal ayant un commencement de lobes (pi. X X V I I I ,
fig. 10), ou un autre n'en ayant pas (pi. X X V I I I , fig. L6), ne possède,— peut-être tous les
deux — que des dentelures ornementales sur le bord, la plupart des autres présentent
semblable ornementation aussi sur le corps des vases, soit à la ligne de séparation du
col d'avec le corps, soit en rangées sur une grande partie du corps· Avec des détails
approximativement semblables, les motifs diffèrent toutefois. Lorsque seul le bord du
vase et la ligne du col sont dentelés, le motif est tout autre (pi. X X V I I I , fig. 17 et 20)
que celui où un ornement semblable se répète au-dessus et au-dessous de cette même
ligne; cette répétition, plus irrégulière, est accompagnée, dans un cas (pi. X X V I I I , fig.
27), de plusieurs lignes en relief tombant perpendiculairement sur la ligne précitée; la
même répétition peut aussi être plus régulière, formée de deux rangées de petits trian-
gles à pointe tournée vers le bas (pi. X X I X , fig. 4). Ce crénelage ou cet approfondisse-
ment, loin d'être exécuté de la même manière, varie volontairement. Une rangée de
creux plus longs (pi. X X V I I I , fig. 24) ou bien une autre rangée de semblables creux
pointus en haut et en bas (pi. X X V I I I , fig. 25) diffère beaucoup d'autres rangées obli-
ques et de forme presque triangulaire, et peu importe si ces dernières (pi. X X V I I I , fig.
26 et 28) sont interrompues par une proéminence de même espèce, bien que les frag-
ments appartiennent à des vases différents. Sur un autre fragment (pi. X X I X , fig. 1),
les rainures creuses sont régulièrement triangulaires avec la pointe tournée vers le bas.
Les rangées creuses sont, dans un autre cas (pi. X X I X , fig. 5), plus denses et moins
régulièrement géométriques, pour varier, d'autres fois, par la flexion des têtes (pi. X X I X ,
fig. 2), et, dans un troisième cas, par la flexion, avec certaine régularité, des creux li-
néaires et parallèles dans la pâte encore molle du vase avant qu'il fût cuit (pi. X X I X ,
fig. 6). D'un détail infime le maître-potier essaie de faire — et il y réussit — un élément
ornemental varié et original. Les variantes sont nombreuses, soit que les lignes s'amin-
cissent et s'allongent, tout en s'incurvant un peu (pi. X X I X , fig. 3), soit qu'elles se
rapprochent à nouveau de la forme triangulaire (pi. X X I X , fig. 7 et 8) ; soit qu'excep-
tionnellement de pareils creux parallèles et verticaux soient coupés, en leur moitié,
d'autant de lignes horizontales (pi. X X I X , fig. 11). En un seul cas, l'ornement, similaire
en principe, n'est constitué que de lignes d'incision qui, entre elles, en laissent autant
d'autres en relief (pi. X X I X , fig. 15).
Il est tout naturel que de pareils creux se répètent. Beaucoup plus que les cein-
turettes, elle arrivent à occuper la plus grande partie de la surface du vase (pi. X X I X ,
fig. 12, 14, 19 et 20). L'ornement est naturellement beaucoup plus varié, quoique le
procédé diffère légèrement d'un cas à l'autre. Que l'on compare, par exemple, les frag-
ments pi. X X V I I I , fig. 21 (la ceinturette symétrique qui accompagne la proéminence
se répète, comme celle-ci d'ailleurs, au moins encore une fois et tout au plus encore

<>-
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LES FOUILLES DE SULTANA

trois fois) et 22 ou pi. X X I X , fig. 9, avec les fragments de la planche X X I X , fig.


12, 13 et 16. Nous p o u v o n s considérer le dernier fragment cité c o m m e u n exemple
d ' é t r o i t e liaison e x i s t a n t e n t r e la t e c h n i q u e de l ' o r n e m e n t de profondeur et les cein-
turettes.
Il est é v i d e n t , de m ê m e , q u e , bien que d ' u n effet différent, c e r t a i n e m e n t voulu,
d ' a u t r e s f r a g m e n t s (pi. X X I X , fig. 10 et 20) p o r t e n t des c r e u x , faits d a n s la p â t e en-
core molle du v a s e , q u i , l'un serré contre l ' a u t r e , faisaient saillir e n t r e elles a u t a n t de
raies p r o é m i n e n t e s , semblables à
celles d ' u n e c e i n t u r e t t e . Nous a-
vons, u n e fois de plus, l'occasion
de c o n s t a t e r u n e étroite logique
décorative d a n s ces modestes p r o -
d u i t s de l'industrie h u m a i n e . A v e c
des m o y e n s des p l u s simples, on
réalise des ouvrages t o u j o u r s meil-
leurs, d é n o t a n t u n véritable sens
plastique et a r t i s t i q u e .
Moins capables de v a r i a t i o n ,
l ' o r n e m e n t de c e i n t u r e t t e s est
a b a n d o n n é p o u r les meilleurs p r o -
d u i t s de c é r a m i q u e . On emploie,
p a r c o n t r e , d ' a u t a n t plus sou-
v e n t , le procédé de d e n t e l u r e e t
de c r e u s e m e n t , soit qu'il ait la
forme de p a r a n t h è s e s (pi. X X I X ,
fig. 17 et 22), soit qu'il ait celle de
points d ' e x c l a m a t i o n sans p o i n t ,
soit celle de rangées de p e t i t s t r i -
angles, la p o i n t e t o u r n é e vers le

30
é. fit 31 "^2

PI \ \ l \ .
53
34
b a s , plus ou moins parallèles (pi.
X X I X , fig. 24). Comme u n t e l
o r n e m e n t é t a i t , t e c h n i q u e m e n t dif-
ficile à réaliser sans utilisation de
certaines lignes horizontales de di-
rection t o u t a u t o u r du vase, p o u r
é v i t e r le m a n q u e de parallélisme des o r n e m e n t s de tous les vases cités plus h a u t , il a
fallu p r o c é d e r en c o n s é q u e n c e . E t alors, ou l'on a t r a c é d i r e c t e m e n t des lignes horizon-
t a l e s , q u i , de m ê m e q u e l ' o r n e m e n t a t i o n composée de simples creux p r e s q u e r o n d s
qu'elles e n f e r m a i e n t , é t a i e n t emplies d ' u n e p â t e blanche — les cas sont très rares (pi.
X X I X , fig. 18), ou bien l'on a procédé b e a u c o u p plus h a b i l e m e n t , d ' u n e m a n i è r e plus
raffinée m ê m e — et c'est le procédé, c o m p a r a t i v e m e n t le plus utilisé à S u l t a n a — en
t r a ç a n t les lignes horizontales de direction de telle façon, q u e , v u e de profil, la p a r t i e
o r n e m e n t a l e d u vase se p r é s e n t e c o m m e u n e rangée de s o r t a n t s et de r e n t r a n t s super-
posés, m a r q u é s d e ces signes de p a r e n t h è s e d o n t nous avons p a r l é (pi. X X I X , fig. 17,
22, 2 3 , 2 5 , 26, 2 8 , 29 — 32). Ces d e n t e l u r e s , disposées l'une derrière l ' a u t r e , c o u p e n t plus

93

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I. ANDRIKÇESCU

ou moins régulièrement (en tous cas beaucoup plus régulièrement que d'après le pro-
cédé précédent) une grande partie du vase (pi. X X I X , fig. 32 et pi. X X V , fig. 2),
ou même sa plus grande partie (pi. X X I X , fig. 31). Si les lignes horizontales de
direction sont creusées plus négligemment, l'ornement en souffre comme symétrie
(pi. X X I X , fig. 20), avec une exception explicable lorsque le vase est tout petit (pi.
X X I X , fig. 27 et X X I I , fig. 9). Au contraire, lorsque les creux horizontaux ont été
tracés avec assurance et profondément, l'ornement arrive à se présenter comme dans
le fragment (pi. X X I X , fig. 28), où un creux avec un clair ornement de fermeture de
la parenthèse alterne avec un autre, inverse, d'ouverture du même signe. L'effet est
le même que celui de l'ornement auquel les archéologues allemands ont donné le nom
de falsches Schnurornament, mais celui de Sultana est plus complexe, dont les élé-
ments sont, je crois, ceux que nous avons présentés.
Nous arrivons ainsi à un ornement tout à fait à part dans le cadre de l'archéo-
logie de la Dacie, ainsi que de l'Europe du Sud-Est, dont quelque fragments vont
nous servir d'exemples, les uns marginaux, un autre d'un petit vase presque entier,
trouvés — notons-le — dans la couche la plus basse de la station de Sultana. Nous
les présentons, d'après ce qui vient d'être dit, dans cette succession même, du moins
profond au plus profond (pi. X X I X , fig. 30 — 32; puis fig. 29, 33 et 34; enfin pi. X X X ,
fig. 1 — 17 et X X X I , fig. 4). Il est à remarquer, qu'aux points de vue technique et
de la forme, nous avons dépassé depuis longtemps les possibilités des premiers groupes
céramiques établis plus haut et que nous nous trouvons en présence de quelques-uns
des meilleurs produits céramiques de Sultana.
De quoi se compose l'ornement qu'ils portent? Eu égard aux éléments de filia-
tion stylistique indiqués plus haut, la réponse ne semble pas trop difficile. II y a
certes et en premier lieu ces signes de parenthèse parallèles entre eux, que nous
avons vus plus haut (plus haut aussi comme niveau), en rangées sur la surface des
vases et disposés de manière d'autant plus régulière, que les lignes horizontales de
direction ont été mieux tracées. Nous retrouvons le même ornement sur trois frag-
ments exécutés très simplement (pi. X X I X , fig. 29, 33 et 34). Il est évident que pour
des vases de plus en plus parfaits, l'ornement prend des aspects variés ; le prototype
reste le même. Ce sont tous les mêmes signes de paranthèse mis bout à bout (par exem-
ple pi. X X X , fig. 3, 7 et 12), reliés entre eux avec habileté. Deux fragments nous don-
nent surtout une preuve éclatante de la finesse du matériel employé et du fini du tra-
vail (pi. X X X , fig. 5, ou pi. X X V , fig. 4 et pi. X X X , fig. 17 ou pi. X X I I , fig. 18).
Si nous ajoutons à cela la présence du même ornement sur une forme comme
celle représentée par la fig. 3 de la pi. X X V et 4 de la pi. X X X (piriforme et avec
des proéminences, forme et accessoires également caractéristiques de la Dacie et du
Sud-Est), et le fait que, dans un autre cas (pi. X X X , fig. 16), nous trouvons le même
ornement à côté d'un autre peint sur le col du vase (fait caractéristique pour cette
époque à la Dacie et au Sud-Est), l'ornement dont nous parlons plus haut, nous
apparaît comme organiquement lié à notre milieu archéologique et parmi les plus
beaux produits de l'époque néolithique et énéolithique de la Dacie. Ce sont d'ailleurs
les moins nombreux.
Ils ont, pour la plupart, de toutes petites formes et ont été fort probablement
employés aux rites religieux.

94
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LES FOUILLES DE SULTANA

Mais la céramique de Sultana compte encore deux séries de produits qui, se dis-
tinguant de ceux qui viennent
d'être vus, surtout comme décor
( en partie aussi comme tech-
nique ), nous ont obligés à les
grouper à p a r t : une céramique à
bandes, linéaire, spiralo-méandri-
que, monochrome, avec peu de
traces d'ornementation par in-
crustation de pâte blanche ; enfin,
une céramique peinte de deux
manières : l'une plus primitive,
sous tous les rapports, utilisant
comme motif le même ornement
spiraloïde antérieurement cité ; un ( " \
;
-^ v

deuxième genre, qui ne peut s'ex-


pliquer sans la préexistence du 9 24
premier, comprenant des produits
d'une distinction technique, de
formes et d'ornements parmi les
plus parfaites des temps préclas-
siques. Connus dans toute la Dacie
et dans tout le Sud-Est de l'Eu-
rope, aucun de ces groupes n'a livré
à Sultana des formes tout à fait
neuves, à l'exception du dernier
sous-groupement cité. Toutefois les
conditions dans lesquelles la trou-
PL XXX.
vaille a été faite en rapport avec
les autres détails (forme, technique, ornement) sont particulièrement intéressantes et nous
amènent à poursuivre
l'examen avec quelque
minutie. Le niveau in-
férieur au point de vue
stratigraphique auquel
nous nous trouvons, ni-
veau au-dessus duquel
passent quelques pro-
duits de l'avant - der-
nier groupe — la plu-
part n'y passant pas,
ceux du dernier grou-
pe n'y passant pas du
PI. XXXI.
t o u t — t o u t e s ces don-
nées sont surtout destinées à susciter une ardente discussion en ce qui concerne

95
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I. WDKIKSI'.Sd

remplacement que ce genre de céramique occupe à Sultana, comparativement à d'autres


stations préhistoriques de la Dacie et du Sud-Est. Or, dans cet ordre d'idées, Sul-
tana n'est qu'un commencement.
D'une technique souvent assez soignée, sans dépasser, bien entendu, une certaine
limite, qui est très éloignée, et de la qualité technique de la céramique à ornements en
forme de parenthèses, et de celle du dernier groupe établi, la céramique de l'avant-
dernier groupement possède des formes qui, loin de différer d'une manière remarquable
de celles des autres groupes, se rapprochent au contraire de beaucoup d'entre elles.
Nullement empreinte de distinction, elle nous donne souvent l'impression d'une céra-
mique destinée à un usage commun, ou à une population assez rustre et besogneuse.
Cette impression se dissipe quand la spirale intervient, puis elle fait place à une impres-
sion nouvelle de véritable luxe et de raffinement lorsque nous examinons les formes
ainsi que l'ornementation intérieure et extérieure des exemplaires céramiques du dernier
groupe. Nous allons donner quelques exemples de chacun:
Très souvent, des groupes d'incisions linéaires, parallèles entre elles et obliques,
ou verticales comme direction, recouvrent, dans un entrecroisement varié, tout le vase
ou du moins une grande partie de sa surface (pi. X X X , fig. 20, 21, 27 et 32).
De même que dans la manière primitive, établie plus haut et à laquelle les hommes
sont revenus après l'époque de vie supérieurement florissante d'ici, ce genre de lignes
se retrouve dans des angles plus ou moins réguliers (pi. X X X , fig. 20 — 26). Il est
à remarquer que l'un des fragments (pi. X X X , fig. 20) possède une proéminence qui
certainement devait se répéter; qu'un autre (pi. X X X , fig. 24), bien que plus grand
et plus grossier, est identique, coin me profil, au splendide fragment à ornements en
parenthèses cité plus haut (pi. X X X , fig. 17 et pi. X X I I , fig. 18), et que deux autres
(pi. X X X , fig. 25 et 26) ont, elles aussi, des proéminences. Rien de plus naturel qu'à
Sultana, comme ailleurs, de pareils incisions soient groupées en véritables bandes, plus
étroites ou plus larges (pi. X X X , fig. 18, 28 et 31 ; pi. XXXT, fig, 3, le profil pi. X X I I ,
fig. 12). L'ornement d'une anse (pi. X X X , fig. 29), avec une ligne médiane verticale et
d'autres obliques en angle, parallèles entre elles, n'est pas moins familier. Et l'ornement
à incisions profondes verticales et obliques (pi. X X X I I , fig. 3 et 4, le premier appar-
tient au corps d'un vase) est tout aussi peu étranger. Plus rarement qu'ailleurs, et
notamment dans les parages Ouest de la Dacie, ces ornements se sont montrés par-
fois emplis d'une couleur blanche ' ) , comme cela est visible sur un fragment de vase
minuscule, mais soigneusement ouvré (pi. X X X , fig. 30). Cette fois-ci, l'ornement
se trouve sur la partie intérieure du vase, ce qui est d'usage assez courant en Dacie
et dans notre Sud-Est ; extérieurement, l'ornement est beaucoup plus simple ; simples
aussi les dentelures de la base, lesquelles sont emplies de couleur blanche (pi. X X X I ,
fig. 2 et le profil pi. X X I I , fig. 17).
L'ornement en spirale est assez bien représenté à Sultana; celui en méandres ne
l'est pas du tout.
Au point de vue des variations de l'ornement en spirale, nous avons noté, à Sul-
tana, les variantes suivantes:
Des bandes spirales, composées de deux incisions parallèles profondes, bandes

1
) Voyez aussi pi. XIX, fig. 3—6.

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LES FOUILLES DE SULTAINA

qui sont remplies d'autres incisions, plus ou moins régulières (pi. X X X , fig. 34-37; pi.
X X X I I , fig. 2, 7, 9 et 11).
L'ornement spiraloïde résulte du groupement de deux ou plusieurs creux ou d'in-
cisions spirales parallèles, qui entourent toute la rotondité des vases (deux incisions
profondes, pi. X X X I I , fig. 1; quatre minces, pi. X X X I I , fig. 5).
D'autres fois, l'ornement spiraloïde est plus schématique et résulte de creux en
spirales assez soigneusement tra-
cés sur les parois des vases (pi.
X X X , fig. 33).
Une catégorie à part est for-
mée tout naturellement par les
cas où l'ornement est en spirale
mate, en bande en léger relief,
laquelle contourne les parois des
vases. Maintenant la surface res-
tante des vases est laissée sans
aucun ornement (pi. X X X I I , fig.
12) ou laissée sans aucun soin
(pi. X X X I I , fig. 13) ; d'autres
fois elle est recouverte de lignes
légèrement incisées, plus ou moins
régulièrement (pi. X X X I I , fig.
14, 15 et 17 ; pi. X X X I I I , fig.
16 et 17).
Parmi ces fragments, l'un spé-
cialement (pi. X X X I I , fig. 17)
laisse se détacher l'élément spirale
d'une manière très claire, avec un
luisant mat, par rapport à la face
du vase grattée sans ordre. En-
core plus fortement profilée est
la bande spirale d'un autre frag-
ment (pi. X X X I I , fig. 14).
Il est plus rare de voir, toujours sous l'influence de l'ornement spirale, dans une
des variantes ci-dessus, la partie supérieure du vase, au-dessous de la ligne du col,
laquelle est ceinte d'une bande remplie de légères incisions (pi. X X X I I , fig. 6).
Il est également rare de voir à Sultana des incisions courbes, d'ailleurs peu ré-
gulières, accompagner une bande visible sur l'intérieur d'un petit vase plat (pi. X X X I I ,
fig. 19) ; son extérieur, au rebord droit, est orné non seulement de courtes dentelures
de la ligne séparant le col du corps du vase, mais encore d'incisions obliques (pi. X X X I ,
fig. 1).
L'ornementation d'un fragment de grand vase (pi. X X X I I , fig. 10) est schéma-
tique, toujours en spirale et du même genre.
Enfin, le seul exemple d'ornementation à méandres, qui ait été fourni par Sul-
tana, est constitué par un fragment de grand vase (pi. X X X I I , fig. 8) sur lequel

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7 Dacia l 1924.
T. ANDRIEÇESCU

l ' o r n e m e n t p r i n c i p a l , de t e i n t e m a t e , compris e n t r e des lignes incisées, d'ailleurs peu


précises, est. e n t o u r é , sur la surface du vase, d ' u n ornement linéaire oblique, composé
de groupes de d e u x lignes p r o f o n d é m e n t incisées, à égale d i s t a n c e les unes des a u t r e s ,
groupes séparés, e u x aussi, p a r d ' a u t r e s incisions plus légères, p r e s q u e parallèles.
N o n moins i n t é r e s s a n t e s m e s e m b l e n t les différences q u e n o u s d e v o n s é t a b l i r
en ce qui concerne l ' o r n e m e n t a t i o n , au p o i n t de v u e , c e t t e fois, d ' u n é l é m e n t i m p o r -
t a n t , q u i s'est révélé à S u l t a n a : la couleur. À ce sujet, n o u s p o u v o n s n o t e r les v a -
riations suivantes:
1. Lorsque l'ornement, techniquement constitué, comme il a été dit plus haut,
se compose d'une bande emplie d'incisions plus ou moins régulières et quand cette
bande est emplie d'une couleur d'ocre mat, le reste du vase ayant une patine légère
habituelle à l'énéolithique de nos régions, jusqu'en plein âge du bronze.
2. Lorsque l'ornement, toujours en spirale, est beaucoup plus soigné, mais aussi
beaucoup plus compliqué. Le maître potier s'est arrangé pour que l'effet ornemental
fût double: d'une part, celui de l'ornement spiraloïde est recouvert d'ocre m a t ; d'autre
part, celui de la surface légèrement patinée est recouverte d'incisions parallèles de ca-
ractère également spiraloïde (pi. X X X I I I , fig. 24). Il est très probable que ces incisions
étaient remplies de blanc ; nous en avons la preuve par deux fragments plus petits
(pi. X X X I I I , fig. 22 et 23), où la bande en spirale est coloriée de la même façon et
serrée entre des incisions remplies d'une matière blanche. Enfin :
3. Une troisième variation sous le rapport de l'emploi de la couleur, serait celle
— peu représentée à Sultana — dont un exemple est fourni par le petit vase déjà
mentionné quand il s'est agi des formes (pi. X V I I , fig. 8 et pi. X V I I I , fig. 5). L'orne-
ment est constitué par des zigzags verticaux faits en ocre et qui, parallèles entre eux,
tout autour de la surface du vase, laissent voir assez clairement cette surface patinée
légèrement, de la manière bien connue. Ne pas omettre, à cette occasion, le détail de la
forme spécifique du Sud-Est, de même que les proéminences de ce vase.
Nous avons aussi un cas (pi. X X X I I , fig. 16) inverse, où l'ornement principal, de
caractère spiraloïde, est constitué non pas par la couleur de la surface, mais où il fait
partie de la surface légèrement patinée du vase, laquelle est coloriée en somme par
une terre, qui n'est en tout qu'un enduit primitif; l'intention du coloriste est claire
toutefois.
Deux fragments de supports de Sultana (pi. X X X I I I , fig. 19 et 20) ont aussi de
larges bandes horizontales, couvertes d'ocre, sans lignes de délimitation marginale.
La composition de la pâte, dans tous les cas ci-dessus, est relativement très simple
et, à l'exception de la patine, n'a rien de la finesse, de la pureté et de la résonance de
la dernière catégorie de céramique peinte, à laquelle nous arrivons (pi. X X X I I I , fig.
1 — 1 5 , 18 et 21), céramique représentant tout ce qui a été réalisé de plus parfait, sous
ce rapport, à Sultana.
De formes toujours petites, ce qui leur enlève tout caractère utilitaire commun,
en forme de timbale, de coupes au bord droit, plus ou moins haut, tous ces exemplaires,
petites écuelles, coupes plus hautes ou petit vases piriformes, au rebord plus haut,
ont sur leur surface bien patinée, un ornement linéaire et spiraloïde qui recouvre, avec
une réelle délicatesse, la surface et, chose remarquable, aussi leur intérieur (pi. XXXIIT,
fig. 1 — 3 , 5, 6 et 12).

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LES FOUILLES DE SULTANA

D ' a u t r e s fois, le m a î t r e potier se c o n t e n t e de formes élégantes et d'une surface bien


p a t i n e r , sans aucun o r n e m e n t (pi. X X X I I I , f i g . 7, 3 , 11 et 14), t o u t au plus, c o m m e
d a n s le d e r n i e r cas, d'incisions sûres, radiales, sur la p a r t i e inférieure. Les incisions, exé-
cutées de la m a n i è r e indiquée a n t é r i e u r e m e n t , plus irrégulières, r e m p l i s s a n t les b a n d e s ,
n e s o n t toutefois p a s exclues (pi.
X X X I I I , fig. 18), ce qui est éga-
l e m e n t significatif. La couleur est
légère sur le m o t i f en spirale, s t y -
lisé ou linéaire, se d é t a c h e clai-
r e m e n t de la surface des vases.
Les f r a g m e n t s s o n t m a l h e u r e u -
s e m e n t p e t i t s ; on n e distingue
q u ' u n e spirale de v o l u t e sur
l'une d ' e n t r e e u x (pi. X X X I I I ,
fig. 15). ^
E n r é s u m é et é t a n t d o n n é les
c o n d i t i o n s s t r a t i g r a p h i q u e s où elle
a été t r o u v é e , la c é r a m i q u e de
S u l t a n a p e u t ê t r e divisée en trois
g r a n d s g r o u p e s , q u i , en d e h o r s des
c o n s i d é r a t i o n s et des probabilités
s t y l i s t i q u e s de détail, r é s u m e r a i e n t
les aspects de la c u l t u r e en ces
lieux. Ces g r o u p e s sont les sui-
vants.
1. U n e c é r a m i q u e c o m m u n e ,
m o n o c h r o m e a v e c des o r n e m e n t s
linéaires et des p r o é m i n e n c e s , cé-
r a m i q u e o c c u p a n t t o u t e la période
de c u l t u r e .
2. U n e c é r a m i q u e spiralo- PI. XXXIII.
méandrique, proportionnellement
b e a u c o u p plus r e s t r e i n t e , incisée et peinte.
3 . L a c é r a m i q u e à o r n e m e n t s en forme de p a r e n t h è s e , avec laquelle, c o m m e avec
le dernier g r o u p e de la c é r a m i q u e p e i n t e , se clôt le plus ancien et le plus i m p o r t a n t
c h a p i t r e de la c u l t u r e en c e t t e région et les h o m m e s r e t o u r n e n t à leur vie a n t é r i e u r e ,
sans m a n i f e s t a t i o n s supérieures.

A u p o i n t de v u e p l a s t i q u e , le r é s u l t a t des fouilles de S u l t a n a est u n e p e t i t e col-


lection de figurines en t e r r e cuite et en os. Nous en c o m p t o n s 25 en t e r r e cuite (14
h u m a i n e s et 11 d ' a n i m a u x ) et 6 en os, u n i q u e m e n t h u m a i n e s . De m ê m e q u e p a r t o u t
ailleurs où de telles d é c o u v e r t e s o n t été faites, les figurines en t e r r e cuite s o n t , é t a n t
d o n n é leur c o m p o s i t i o n , moins conservées q u e celles en os. P a r m i celles en t e r r e
c u i t e , certaines ne c o n s e r v e n t q u e la t ê t e , d ' a u t r e s le torse e n t i e r ; u n e seule est

99

7*
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I. ANDIUKÇKSCU

intacte. Deux ont la partie inférieure complète ou facile à reconstituer. On a égale-


ment trouvé 3 fragments de pieds, très probablement humains.
La tête d'une de ces figurines (haut. 0,057; larg. 0,037), n'a qu'une ligne en relief
à l'emplacement du nez et 4 petits trous de chaque côté latéral (pi. X X X I V , fig. 1 et
pi. X X X V , fig. 1). On a découvert cette pièce au niveau de la case B 5 , à 0, 80 au-
dessous de la surface 1 ).
La tête d'une autre de ces figurines (haut. 0,052 ; larg. 0,037) est beaucoup plus
détaillée, ayant 3 petits trous irrégulièrement placés sur les côtés, le nez proéminent

PI. XXXIV.

et aquilin, une fente à l'endroit de la bouche, et enfin les orbites, dont l'une plus pro-
fonde que l'autre (pi. X X X I V , fig. 2 et pi. X X X V , fig. 2). Le cou est indiqué par deux
incisions horizontales, mais de face seulement. Rien que de face également on aper-
çoit quelques incisions obliques, irrégulières, qui entrecoupent la ligne du cou et re-
présentent très probablement des bijoux ou parties de vêtement. Trouvée au-dessous
de B 6 ' "> à 1 m 20 profondeur.
Plus près de la surface, au niveau de la case B 5 et dans ses environs on a trouvé
la partie supérieure d'une autre figurine (haut. 0.083; larg. 0.063), creuse; la figure

*) Une autre, de moindres dimensions, est moins et la même ligne nasale au centre de la figure,
soigneusement travaillée, mais a les 4 mêmes trous

100

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LES FOUILLES DE SULTANA

n e se r e c o n n a î t q u ' à la p r o é m i n e n c e de la courbe nasale. Les b r a s , sans être brisés,


s o n t s e u l e m e n t i n d i q u é s ; p a s d ' i n d i c a t i o n de sexe (pi. X X X I V , fig. 3 et pi. X X X V ,
fig. 3).
P a r c o n t r e , u n e a u t r e figurine est complète dans sa p a r t i e inférieure, sans ê t r e
creuse ( h a u t . 0 . 0 9 5 ; larg. 0 . 0 9 5 ; d i a m è t r e de la base d a n s la direction des b r a s : 0.052),
m a i s encore sans b r a s ; la p a r t i e supérieure se r é d u i t à u n t r o u b é a n t q u i p o u r r a i t indi-
q u e r la b o u c h e , a v e c , a u milieu, u n e taille verticale, le reste é t a n t informe (pi. X X X I V
fig. 4 et p i . X X X V , fig. 4). T r o u -
vée e n t r e B 9 et B 1 1 , à 1 m p r o -
fondeur.
U n e a u t r e de ces figurines,
cave à l ' i n t é r i e u r j u s q u ' à la ligne
des é p a u l e s et d o n t seule la
p a r t i e s u p é r i e u r e s'est conservée
( h a u t . 0 . 0 6 5 ; l a r g . d a n s la direc-
t i o n des épaules et d i a m è t r e de
la b a s e : 0,044) a la t ê t e modelée
de la m ê m e façon q u e la p r é -
c é d e n t e , m a i s d ' u n t r a v a i l plus
grossier (pi. X X X I V , fig. 5, et
p i . X X X V , fig. 5). L ' a r c n a s a l
est m o i n s a c c e n t u é et n ' a q u e 2
t r o u s de c h a q u e c ô t é . À l'endroit
de la b o u c h e , d e u x p o i n t s r o n d s .
Les b r a s m a n q u e n t . P r e s q u e a u -
dessous de la b o u c h e , d e u x seins
p r o é m i n e n t s , séparés p a r u n e ligne
légère. T r o u v é e a u milieu d'A, à
0.50 p r o f o n d e u r .
À u n e p r o f o n d e u r plus sensi-
ble (0.60), d a n s la m ê m e région
et d a n s u n voisinage caractéristi-
q u e (une h a c h e en pierre avec
t r o u c o m m e n c é , u n m a n c h e en
corne de cerf, etc.) on a t r o u v é
u n e a u t r e figurine, c e t t e fois-ci i n t a c t e (pi. X X X I V , fig. 6 et pi. X X X V , fig. 6
et 7). Elle est de forme à peu près cylindrique ( h a u t . 0 . 0 7 3 ; d i a m è t r e s des b a s e s : 0.048
e t 0.042), nez u n p e u aquilin, 2 t r o u s de c h a q u e côté de la t ê t e . Celle-ci a la b o u c h e
assez bien dessinée et au-dessus d e u x p e t i t s p o i n t s r e p r é s e n t e n t t r è s p r o b a b l e m e n t les
n a r i n e s ; 4 a u t r e s , placés j u s t e au-dessus des seins, figurent p r o b a b l e m e n t u n collier.
D a n s le d o s , la p r o é m i n e n c e des fesses est légèrement m a r q u é e (pi. X X X V , fig. 7) ;
m a i s , t a n d i s q u ' à la p a r t i e supérieure du cylindre on t r o u v e u n e n f o n c e m e n t , la p a r t i e
inférieure est t o u t e d r o i t e .
À u n e p l u s g r a n d e profondeur, toujours en A, on a t r o u v é le torse d ' u n e figurine
féminine, q u i , sans t ê t e , sans b r a s et sans p a r t i e inférieure, s'impose à n o t r e a t t e n t i o n

101

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I. VNDRIEÇ] 5C1

par l'expression plastique des seins pointus et durs et une légère courbe à la ligue
du ventre, également bien comprise (pi. X X X V , fig. 18).
Ce n'est pas le seul cas à Sultana. I n autre petit torse (haut. 0.065; larg. 0.043),
sans tête, ni bras, ni la jambe droite (PI. X X X I V , fig. 7 et pi. X X X V , fig. 9 et 10),
présente un grand intérêt du point de vue plastique, et dénote une compréhension
de la natuie et un savoir-faire, non commun pour cette époque, non seulement dans
ces parages, mais partout ailleurs. Bien que le seul bras qui existe soit incomplet,
le restant du torse démontre d'une façon précise la figurine féminine typique, et dont
le sexe, contrairement à la généralité, n'est pas indiqué par ce qu'on pourrait nommer
le triangle de la vie, mais par la ligne plus accentuée du ventre, ainsi que des hanches et
des fesses, mais sans exagération de la manière stéatopygique. Il est à remarquer
qu'elle a été trouvée à une grande profondeur, 2 m 90, c'est-à-dire au niveau ar-
chéologique de la céramique peinte.
Un autre torse, appartenant aussi aux couches profondes de Sultana, présente
le même sens plastique remarquable (pi. X X X I V , fig. 8 et pi. X X X V , fig. 11 et 12).
Dans la position assise, quoique la tête, les bras et les pieds manquent, la ligne du
dos, des épaules et des hanches est réellement harmonieuse (haut. 0.056; larg. 0.049),
Il a été travaillé et cuit assez soigneusement; il est chargé d'une légère patine couleur
chair, sans que l'on puisse affirmer que cela ait été fait exprès.
En tout cas, ce genre de travail plastique est unique même à Sultana. Un peu
plus haut, mais à une assez grande profondeur quand même (2 m 50), on a trouvé une
autre figurine, pieds et bras brisés (pi. X X X I V , fig. 9: haut. 0.070, larg. 0.035). La tête
est intacte, les yeux sont marqués par l'arcade sourcilière, le nez par une petite pro-
éminence. L'œil droit est particulièrement visible, et une ligne assez profonde au-des-
sous fait penser à des rides. Au-dessous de la bouche, très grande, représentée par
une incision horizontale, se trouvent 4 petits trous. Les seins sont légèrement profilés.
Les lignes représentant le triangle de la vie et celle du sexe proprement dit sont, par
contre, très prononcées.
Dans les mêmes couches, on a trouvé 3 pieds, ayant le même aspect extérieur et
cuits; il sont de la même pâte que les figurines. Le premier et le plus grand (haut.
0.085 ; larg. 0.030 et 0.032) représente la partie du bas ventre jusqu'au talon (pi.
X X X I V , fig. 10). À l'intérieur il est plat. Il appartient sans doute à une autre moitié
qui manque. Trouvé dans A, à environ 2 m 40.
Du second nous n'avons que la partie inférieure et la semelle (pi. X X X I V , fig.
11). Il est cave jusqu'à proximité de la plante du pied. Tout rond, il appartenait
sans doute à une figurine cave. Trouvé également en A, au coin de NE, à 1 m 10
profondeur.
Le troisième, plus petit et d'un travail plus primitif (pi. X X X I V , fig. 12), a été
trouvé en B, à 2 m 65 profondeur.
Chose caractéristique et que nous devons retenir, c'est que toutes les figurines
humaines dont on a parlé plus haut, ont été trouvées exclusivement dans les parties
inférieures de la couche de cuîture, comme par exemple à Butmir 1 ), et jamais d'autre
façon.
a
) Radirnsky, Hoernes, Fiala: Die ncolilhischc I, p. 15 et I I , p . 22.
Station von Butmir bei Serajeuo, 1895 n. 1898

102

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LES FOUILLES DE SULTANA

Les figurines en t e r r e cuite représentant des a n i m a u x ne sont pas moins n o m b r e u s e s .


N o t r e espoir a m ê m e été dépassé à ce sujet. Mais, c o n t r a i r e m e n t a u x figurines h u m a i n e s ,
on les t r o u v e m ê m e d a n s les couches supérieures du t e r r a i n . Le p h é n o m è n e n ' a y a n t
pas encore été étudié à fond, nous n e p o u v o n s pas e n t a m e r ici u n e discussion et d o n n e r
u n e raison plausible q u a n t à la cause. E n t o u t cas, on ne p e u t pas s'empêcher d e
r e m a r q u e r la différence de style e n t r e les figurines d ' a n i m a u x c o n t e m p o r a i n e s des figu-
rines h u m a i n e s , d o n t on a p a r l é plus h a u t , et celles trouvées à u n niveau supérieur
des fouilles.
U n e figurine a n i m a l e , t r o u v é e d a n s B , à environ 2 m 30 (pi. X X X I V , fig. 14 et
pi. X X X V , fig. 13 et n o n loin d ' u n e a u t r e figurine h u m a i n e , p l a t e et en os, d o n t nous
p a r l e r o n s plus b a s , e t de tessons de céramique peinte), a le corps modelé assez soigneu-
s e m e n t ( h a u t . 0 . 0 4 2 ; long. 0 . 0 7 0 ; larg. 0.035). Les cornes et la queue sont brisées. Mais
sur le d o s , en p a r t a n t du milieu et vers la p a t t e gauche de d e v a n t , on aperçoit u n
p e t i t cordon q u i , se c o n t i n u a n t des d e u x côtés, nous fait supposer u n genre de h a r n a i s .
U n e a u t r e figurine d ' a n i m a l est encore plus r e m a r q u a b l e (pi. X X X I V , fig. 15 et
pi. X X X V , fig. 14). Les p a t t e s et les oreilles m a n q u e n t , mais la gueule est i n t a c t e ,
p r o l o n g é e ; sur le dos, il y a u n e légère bosse (long. 0 . 0 8 3 ; h a u t . 0 . 0 4 4 ; larg. 0.035). L a
p â t e , la cuisson et le t r a v a i l r a p p e l l e n t ceux de l'époque. Il nous est difficile de pré-
ciser ce q u e la bosse dorsale p e u t bien signifier.
D e u x a u t r e s figurines de moindres dimensions p r é s e n t e n t la m ê m e p a r t i c u l a r i t é .
Voici les d i m e n s i o n s de l'une de celles-ci: pi. X X X I V , fig. 16, h a u t . 0 . 0 2 8 ; long.
0 . 0 6 3 ; l a r g . 0.026. T o u t e s les d e u x a v a i e n t des cornes, q u i se sont brisées.
P a r m i les débris de parois de B 10 et 13 , à 1 m 70 de profondeur, on a t r o u v é
u n e a u t r e figurine d ' a n i m a l , a y a n t d e u x mamelles (pi. X X X I V , fig. 13 et pi. X X X V ,
fig. 15). Les p a t t e s d'arrière m a n q u e n t . Dimensions : long. 0.052 ; h a u t . 0.030 ;
l a r g . 0.023.
E n c o r e p l u s h a u t , d a n s les environs de B 1 , vers le NO et à 1 m 60 de profondeur,
plus ou m o i n s adjointe à u n p e t i t outil en cuivre et u n e h e r m i n e t t e en pierre, on a
t r o u v é la figurine d ' u n a n i m a l long et mince (long. 0 . 0 6 3 ; h a u t . 0 . 0 2 0 ; larg. 0.020),
la gueule p o i n t u e , la t ê t e bien séparée du torse, p a t t e s et queue brisées et d'un travail
p e u soigné (PI. X X V I , fig. 2 et 3).
Il est i m p o r t a n t , j e crois, de r e m a r q u e r , que les figurines q u i suivent, et qui o n t
été d é c o u v e r t e s à u n n i v e a u plus élevé q u e celle présentées plus h a u t , o n t u n carac-
t è r e différent, d ' u n e p a r t d a n s le sens d ' u n e manière plus s c h é m a t i q u e , d ' a u t r e p a r t
d a n s le sens d ' u n emploi a u t r e q u e celui qu'elles a v a i e n t a u p a r a v a n t .
U n e figurine d ' a n i m a l , t r o u v é e au coin de N o r d - E s t près de B 5 , à 0.80 de p r o -
fondeur (pi. X X X I V , fig. 20), la t ê t e a y a n t des t r a i t s h u m a i n s , n e n o u s d é m o n t r e
p l u s le soin d u d é t a i l e t le sens p l a s t i q u e r e m a r q u é s sur les figurines a n t é r i e u r e s ,
e x c e p t é p o u r la p a r t i e postérieure d u corps.
U n e a u t r e figurine, t r o u v é e toujours au coin de N E de B , à 0.70 de p r o f o n d e u r ,
est t r a i t é e d ' u n e façon encore plus s c h é m a t i q u e (pi. X X X I V , fig. 19). Le cou est
allongé, les p a t t e s d e d e v a n t s o n t i n t a c t e s ; celles d'arrière m a n q u e n t . Dimensions :
long. 0.118 h a u t . 0 . 0 7 0 ; larg. à la base des p a t t e s a v a n t 0.043.
Les d e u x dernières figurines sont plus petites et ont été trouvées d a n s la n a p p e
superficielle de la couche de c u l t u r e (0.30—0.35 de profondeur). Elle se r e s s e m b l e n t ,

103'
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T. A N I H U I . S I . S C r

fait qui ne peut pas être dû au hasard. D'un côté, par leurs dimensions réduites
(pi. X X X I V , fig. 17: long. 0.035; haut. 0.020; larg. 0.020; pi. X X X I V , fig. 18 est
encore plus petite) ; d'autre part, toutes les deux sont percées d'un trou, pour les sus-
pendre ou les accrocher, ce qui nous fait croire qu'elles servaient d'amulettes. La plas-
tique cesse d'avoir à Sultana son importance antérieure. J e ne crois pas le moment
opportun d'insister sur les suggestions de caractère religieux que cette transformation
nous inspire.
Les figurines en os, de Sultana, ne présentent pas moins d'intérêt. Au nombre
de 6, il est à remarquer qu'aucune n'a été trouvée à moins de 0.65 de profondeur; elles
correspondent donc entièrement avec les autres figurines humaines en terre cuite.
La première de ces figurines en os, trouvée à Sultana, ne présente que la partie
inférieure d'une figurine soigneusement travaillée (pi. X X X V I , fig. 6 et pi. X X X V I I ,
fig. 6 a), ayant le triangle de la vie, duquel part une ligne verticale qui sépare les
jambes et trois séries de points ronds, d'une profondeur égale, à savoir: une série de
deux fois quatre (16) sous le triangle et une autre série de trois fois trois (18) plus bas
et irrégulièrement disposés ; enfin, près de l'extrémité, un point seulement de chaque
côté de la ligne qui sépare les jambes. Sur le dos, une seule ligne horizontale sépare
le corps des membres. Trouvée au milieu des fouilles A, et non loin de la figurine
féminine en terre cuite déjà citée (pi. X X X I V , fig. 6 et pi. X X X V , fig. 6 et 7). Hau-
teur 0.063; larg. 0.027; grosseur 0.004.
Dans B, à 1 m 40 de profondeur et non loin de 1, on a trouvé une autre moitié
d'une figurine en os (pi. X X X V I , fig. 4 et pi. X X X V I I , fig. 4 a). Une simple ligne hori-
zontale à l'endroit du triangle de la vie et deux trous au-dessus de celle-ci. Une seule
ligne verticale sépare les jambes. La fissure sur la partie supérieure de cette figu-
rine est petite. Cette partie avait peut-être une forme rhomboïde, large; la tête est
du même format que la figurine suivante. Les deux entailles de côté représentent pro-
bablement la séparation du corps et des membres. Sur le dos et à la partie infé-
rieure, une seule ligne verticale indique la séparation des jambes. Hauteur 0.072 ;
largeur 0.025; grosseur 0.003.
Une autre figurine féminine, presque intacte, a été trouvée au même niveau que
la précédente, c'est-à-dire non loin des habitations de la partie NE des fouilles B et
à leur base (pi. X X X V I , fig. 1 et pi. X X X V I I , fig. 1 a). La tête, le torse et les membres
sont bien définis. La tête a deux trous percés, représentant les oreilles. Deux autres
trous représentent les yeux, une ligne horizontale, la bouche, et au-dessous trois pe-
tits trous sont trop loin du cou pour qu'on puisse supposer un collier. Sur le corps,
trois autres petits trous sont pointillés en sens horizontal. A la partie inférieure les
jambes sont nettement séparées, et, au-dessus du triangle de la vie, la figurine a six
petits trous et deux autres de chaque côté. Sous le triangle et vers les extrémités,
deux entailles pourraient indiquer la séparation des semelles et des pieds. Dans le
dos rien qu'une ligne horizontale séparant le torse de la partie inférieure, et deux
petits trous au-dessous de cette ligne. Hauteur 0.059; largeur 0.020; grosseur 0.001.
Dans le même voisinage des débris d'habitation de B 1 , et non loin de la figurine
d'animal long et mince, présentée plus haut (pi. X X V I , fig. 2 et 3), mais à une plus
grande profondeur, on a découvert une autre figurine, presque intacte aussi (pi. X X X V I ,
fig. 3 et pi. X X X V I I , fig. 3 a). Légèrement plus bombée, elle a également les parties

104

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LES FOUILLES DE SULTAN A

du corps nettement distinctes, mais le travail est moins soigné. La tête a les mêmes
trous percés pour les oreilles, deux points pour les yeux; la fente de la bouche est
plus légère et au-dessous deux petite trous sont à peine perceptibles. Deux autres
trous percés sur le corps représentent les épaules. En échange, la partie inférieure de
la figurine, divisée en deux par une ligne verticale, est entièrement couverte par six
trous d'un côté et cinq de l'autre. À l'extrémité, la figurine est percée, afin qu'on
puisse la suspendre, détail précieux en ce qui concerne l'utilisation moins fréquente
de ces figurines féminines en os. Dans le dos, deux lignes horizontales séparent le
bassin, et un autre verticale les jambes. Cette dernière passe outre le trou percé,

PI. XXXVI. Pi XXXVII.

ce qui prouve que celui-ci a été fait postérieurement aux autres détails. Hauteur
0.057; larg. 0.020; grosseur 0.015.
À une plus grande profondeur, toujours en B, on a trouvé un autre fragment de
figurine plate, brisée à partir de la ligne supérieure du triangle de la vie. (pi. X X X V I ,
fig. 5 et pi. X X X V I 1 , fig. 5a). Celle-ci a de même la ligne verticale séparant les
jambes et neuf trous pointillés de chaque côté et aussi la même ligne verticale sur
le dos. Hauteur 0.039; larg. 0.024; grosseur 0.002.
Enfin, la dernière figurine plate en os de Sultana est la plus grande, la mieux
conservée et d'un travail plus minutieux (pi. X X X V I , fig. 2 et pi. X X X V I I , fig. 2 a).
La tête a de chaque côté 3 trous percés, au lieu de deux, deux points pour les yeux, une
ligne horizontale pour la bouche et 4 points au-dessous. Le torse, à l'endroit des épaules,

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I ANDRIEÇESCU

a u n trou percé de c h a q u e côté, mais aussi trois petits points au milieu, dont l'un
plus haut q u e les deux a u t r e s . La partie inférieure a au-dessus du triangle «le la vie
7 points, el 9 a u t r e s sur les bords de ce m ê m e triangle. Plus bas. 12.'5 a n t r e s p o i n t s sont
distribués sans o r d r e . Des entailles et de légères incisions horizontales s'aperçoi-
v e n t vers l ' e x t r é m i t é de la figurine. Dans le dos. la ligne séparant le corps des mem-
bres est représentée par une double incision, au-dessus «le laquelle on r e m a r q u e d e u x
p o i n t s . Tout à l ' e x t r é m i t é , les entailles et incisions de l'ace se prolongent aussi d a n s le
dos. La ligne séparant l e s . j a m b e s m a n q u e t o t a l e m e n t . H a u t e u r 0 . 0 8 2 ; larg. 0 . 0 2 0 ;
grosseur 0.013. T r o u v é e à - m 12."> d a n s lî.

Bien q u e de c o u r t e d u r é e (un peu pins de dru\ semaines), les fouilles faites à Sul-
t a n a sur u n e superficie r é d u i t e (à peine 290 m è t r e s carrés) n o u s a u t o r i s e n t , croyons-
n o u s , à é m e t t r e quelques c o n s i d é r a t i o n s c o n c l u a n t e s , se référant d ' u n e part a u x résul-
t a t s q u e n o u s a v o n s p r é s e n t é s ci-dessus, d ' a u t r e p a r t à la s i t u a t i o n de S u l t a n a d a n s
les confins de la Daeie et du S u d - E s t de l ' E u r o p e .
C o m m e m a i n t endroit des a u t r e s régions de la Dacie, la g r a n d e b u t t e de S u l t a n a
a été h a b i t é e vers la fin de l'époque néolithique p a r u n e p o p u l a t i o n q u i a v a i t fait choix
de ce lieu p a r c e qu'il p r é s e n t a i t de plus sûrs m o y e n s de défense et q u ' i l c o m m a n d a i t
u n plus large horizon.
Si l'on s'en r a p p o r t e à l'épaisseur de la couche de civilisation, c e t t e s t a t i o n a dû
ê t r e h a b i t é e p e n d a n t u n e période assez l o n g u e ; elle a pris fin, c o m m e t a n t d ' a u t r e s ,
à la suite d ' u n incendie qui a e n t i è r e m e n t c o n s u m é ce qui e x i s t a i t a u p a r a v a n t . Dès
l'époque à laquelle a p p a r t i e n n e n t les objets de c u i v r e , r a r e s et sans i m p o r t a n c e , qui
o n t été d é c o u v e r t s ici, ces p a r a g e s o n t été a b a n d o n n é s et s o n t restes d é s e r t s . Ce n ' e s t
q u e b e a u c o u p plus t a r d q u e des n o u v e a u x v e n u s q u i , a c c i d e n t e l l e m e n t et p o u r p e u d e
t e m p s , o n t passé p a r là, y o n t enfoui ou p e r d u la p e t i t e icône de la Vierge et d ' a u t r e s
m e n u s ustensiles en fer sans a u c u n i n t é r ê t .
L a colline de S u l t a n a é t a i t sans d o u t e occupée p a r u n assez g r a n d n o m b r e d'habi-
t a t i o n s exiguës, les unes isolées, les a u t r e s contiguës. On distingue assez n e t t e m e n t les
décombres de leurs parois, et, n o u s espérons q u e de nouvelles fouilles entreprises sur u n e
é t e n d u e aussi v a s t e q u e possible, p o u r r o n t fournir des détails encore plus précis sur le
p r o b l è m e des h a b i t a t i o n s de S u l t a n a .
Mais il n ' y a v a i t pas s e u l e m e n t des h a b i t a t i o n s à S u l t a n a : il y a v a i t aussi — e t c'est
fort explicable — des t o m b e a u x et des objets sacrés. Nous a v o n s , en effet, l'impression cer-
t a i n e q u e p a r m i les vestiges d é c o u v e r t s , soit a u t o u r , soit à l'intérieur, soit au-dessous
des h a b i t a t i o n s il n ' y a pas e x c l u s i v e m e n t des ustensiles et des objets u t i l i t a i r e s ; d ' a u t a n t
plus q u e , s o u v e n t , c o m m e j e l'ai i n d i q u é à plusieurs reprises, il s'y mêle des tessons de
g r a n d s vases, primitifs, m u n i s de p r o é m i n e n c e s ; ce sont c e r t a i n e m e n t de ces u r n e s funé-
raires q u i o n t conservé l o n g t e m p s , n o n s e u l e m e n t leur facture, mais aussi leur a s p e c t
t r a d i t i o n n e l s , et q u i , en raison des débris qui les e n t o u r e n t , s o n t a u t a n t d'indices i n d u b i -
t a b l e s de sépultures et d ' o b j e t s sacrés.
S'il en est ainsi, n o u s p o u v o n s d ' a u t a n t plus facilement n o u s e x p l i q u e r p o u r q u o i
la p l u p a r t des exemplaires et n o t a m m e n t t o u s les plus b e a u x de c e u x q u e c o m p o r t e
l ' i n v e n t a i r e de S u l t a n a o n t été t r o u v é s à la plus g r a n d e p r o f o n d e u r . U n e a u t r e h y p o t h è s e

106

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LES IOI II.I.KS l)i: SI ITANA

possible, suivant laquelle la civilisation va en rétrogradant, des couches profondes aux


couches supérieures ne nous paraît admissible que subséquemment.
Ce qui est certain, c'est que, en fait de céramique, tout ce qui n'est pas «vieil-euro-
péen» (alteuropaisch, selon l'expression de MM. H. Schmidt et Cari Schuchhardt) ou en
général sud-oriental, se trouve ici en quantité bien moindre, et produit l'impression
nette d'une importation d'objets de luxe et de culte, mais qui ne proviennent pas de
régions fort éloignées, ni, en aucun cas, de l'Occident l ). Cependant nous n'avons rien
préjugé, en reconnaissant dans ce travail un caractère autochtone et sud-oriental au
style de la céramique la plus belle et la plus originale de Sultana; ce n'est que plus tard,
en effet, que nous avons pris connaissance de l'étude de M. Schuchhardt sur Cernavoda,
ainsi que de ses opinions, que M. G. Wilke a résumées dans un article concernant la même
station publié par le Reallexiknn der Vorgeschichte de M. Max Ebert 2 ).
Quant à la présence des haches en silex taillé, elle ne saurait nous surprendre. De
même que pour les harpons, et non seulement à Cernavoda 3 ), mais encore ailleurs, dans
la Plaine Roumaine, comme le prouvera le résultat d'autres fouilles, récemment entre-
prises par le Musée d'Antiquités, — de telles immixtions d'éléments d'inventaire plus
anciens doivent être attribuées, croyons-nous, à une tradition persistante, qui s'est
souvent révélée dans l'évolution de la culture humaine et qui est d'autant plus naturelle
en ces temps reculés.
Dans les limites de la Dacie et des régions du Sud-Est, c'est Sultana qui, par hasard,
occupe la première place dans la Plaine Roumaine pour la richesse et la variété d'un
apport archéologique plus caractéristique, étant donné surtout sa situation géographique
intermédiaire, qui, de tout temps, en a fait un point de passage.
Particulièrement riche en poteries dites à proéminences, Sultana, par sa céramique
peinte et surtout par sa plastique en os, que l'on rencontre pour la première fois au Nord
du Damibe, présente des analogies et une orientation en liaison immédiate avec les ré-
gions bulgares, situées sur la rive droite de ce fleuve '). Dès cette époque, le Danube
était loin de constituer une frontière infranchissable; bien au contraire.
Mais c'est en vain que nous chercherions dans les environs des exemples analogues
en terre cuite d'une plastique de la figure humaine comparables à ceux de Sultana,
qui par la ligne et le sens de la forme dépassent incontestablement tout ce que nous
ont légué ces temps, dans la mesure de nos connaissances actuelles, cela va sans dire.
A cet égard encore, à notre avis, toute déduction et toute théorie seraient prématu-
rées. Les fouilles de Sultana ne sont qu'un début. Des fouilles récentes, faites par d'autres
membres du Musée d'Antiquités que dirige M. V. Pârvan, sont appelées à ajouter aux
matériaux existants des données de plus en plus neuves et de plus en plus concluantes.

I. ANDRIEÇESCU.

1 3
) L'Allemagne de Sud ou l'Autriche. Voir Cari ) Cari Schuchhardt, Cernavoda, l. c, p. 23.
Schuchardt, Cernavoda, cine Steinzeitsiedrlung in *) G. Wilke, article Bulgarie dans le Reallexikon
Thrakien, d a n s Praehistorische Zeitschrift, XV, cité, vol. I I , fascicule 3, pag. 204 et suiv. Voir
1923, 26. en particulier la planche reproduisant des figu-
2
) Volume I I , 4-ème fascicule, p . 295, Berlin rines en os.
1925.

107

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C A L L A TI S
j.ER R A P P O R T P R É L I M I N A I R E .
FOUILLES ET RECHERCHES DE L'ANNÉE 1924
E n 1922, M. V. P â r v a n plaignant le sort des restes antiques de Callatis que détrui-
sent sans pitié les barbares de nos jours, écrivait dans les Annales de la Dobrogea,
An. I I I , n. 3, p . 318: «Callatis se couvrira peu à peu de laideurs modernes. Les anti-
ques dormiront encore longtemps sous le gravois. Leur joie enfantine — énoncée sur
t a n t de leurs pierres tombales — de revoir encore un jour la bonne lumière du
soleil, ne leur sera pas destinée. Ce seront les sous-sols des boucheries et tavernes
modernes qui descendront aux tombeaux de leur art et de leur vie. Du marbre antique
on fera du mortier et des moellons pour d'informes casernes modernes».
Combien de réalité, combien de vérités tristes dans cette description que nous
donne M. P â r v a n de la situation de l'ancienne Callatis au point de vue archéologique !
Car, après les recherches et les commencements des fouilles archéologiques, faites
p e n d a n t l'été de l'année 1924, nous avons pu nous convaincre que la destruction des
restes antiques se fait sur une vaste échelle de la p a r t de ceux qui voient en n ' i m p o r t e
quelle muraille antique seulement une excellente carrière de pierres déjà travaillées,
propres à la maison ou à être vendues ; nous avons vu que la disparition au-delà des
frontières des objets de valeur, découverts incidemment par les h a b i t a n t s à l'occasion
de la construction d'un fondement, progresse à la suite du grand gain que réalisent
les amateurs spéculateurs par les ventes de collections d'antiquités ; nous pouvons
affirmer que t o u t retard à a t t a q u e r systématiquement les terrains non bâtis de Man-
galia et à noter chaque trace découverte à l'occasion des fouilles faites pour telle ou
telle construction, signifie une perte irréparable pour les études archéologiques, pour
l'histoire de la ville et pour la science.
La science doit être reconnaissante à M. V. P â r v a n pour avoir attiré l'atten-
tion de tous sur ce point d'importance exceptionnelle, historique et archéologique,
en a l a r m a n t ceux qui sont compétents de sauver les restes antiques de la destruc-
tion ou aliénation, et pour avoir obtenu, par la Commission des Monuments Histori-
ques, près le Ministère des Arts, les fonds nécessaires aux fouilles archéologiques de
Mangalia qui se trouve exactement sur l'emplacement de l'ancienne Callatis.
Les fouilles faites a u x mois d'août et de septembre 1924, peuvent être qualifiées
à peine d'essais de fouilles systématiques. Car, dans la Mangalia d'aujourd'hui, les
fouilles archéologiques ne peuvent être faites que dans des conditions extrêmement
difficiles à cause des établissements modernes. Les t r a v a u x archéologiques, avec
t o u t le personnel et l'appareil scientifique et technique, ne peuvent avoir à Mangalia

108

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CAI.LATIS

le succès et le résultat que nous présentent tant d'autres endroits plus heureux, situés
loin des installations modernes, libres, et depuis longtemps abandonnés par les éta­
blissements humains plus compacts, touchés tout au plus à la surface, une fois
par an, par le fer de la charrue. A Mangalia, sur l'emplacement de l'ancienne ville
dorique de Callatis, les fouilles ne peuvent se faire que sur des terrains fort étroits,
sur de petites parcelles ou dans des cours trop peu spacieuses. Des installations et
des constructions nombreuses couvrent presque toute l'étendue de l'ancienne Callatis.
A Mangalia, le chercheur dépend plus que nulle part de la bienveillance de la
population mélangée des Roumains, Grecs, Turcs et Bulgares, et de chaque habi­
tant à part, pour pouvoir faire les études et sondages nécessaires dans les cours ou
sur les parcelles étroites des particuliers, souvent peu enchantés du dérangement
causé.
A cause des nombreuses installations qui se sont succédé à l'endroit de l'an­
cienne Callatis, la terre a été remuée plusieurs fois jusqu'à des profondeurs consi­
dérables qui varient en différents points de Mangalia. Ce fait est peu favorable aux
fouilles archéologiques. Les constatations et les conclusions que nous pourrions tirer
d'après les couches de terre, ne sont pas strictes à Mangalia, où nous trouvons
souvent, après les objets de l'époque gréco-romaine, à une profondeur plus grande,
près de la terre vierge, des objets de date plus récente.
Le gravois qui se trouve au-dessus des restes antiques atteint, par-ci par-là,
jusqu'à 5 mètres de hauteur et sa masse inerte nous empêche, elle aussi — en de­
hors de l'étroitesse des terrains à fouiller et des constructions modernes — de pour­
suivre les vestiges antiques sous la terre, de continuer la découverte d'une muraille où
d'un monument partiellement déblayé.
Nos recherches et fouilles faites sur l'emplacement de l'ancienne Callatis depuis le
1 août — 20 Sept. 1924 n'ont pu être exécutées que sur une échelle réduite. Il nous
manquait en outre le personnel nécessaire à la surveillance technique, les instruments
et le matériel roulant indispensable là-bas.
Nous nous sommes contenté et nous nous contentons d'enregistrer, année par
année, dans notre rapport préliminaire sur l'ancienne ville de Callatis, quelque chose
des restes de la fille fière et héroïque, fidèle et glorieuse d'Héraclée pontique, de Cal­
latis qui, devenu un centre puissant de commerce et d'art, a su résister à un Lysi-
maque, a osé braver les Byzantins. Nous espérons pouvoir reconstruire ensuite, au
moins en traits généraux, une image pâle de la lumineuse polis d'autrefois, à l'aide de
la somme des restes enregistrés provenant des fouilles et des découvertes.
L'une des plus importantes questions est celle de fixer les limites de l'ancienne
ville de Callatis 1 ).
Du côté oriental, de NE — SO, se trouve la mer qui, à en juger par les puits et les
restes de bâtiments trouvés dans la mer, a rongé une bonne portion du rivage, au­
jourd'hui assez haut et abrupt. Celui-ci s'incline, avec de nombreux restes de con­
structions et de céramique du côté de la mer, vers la plaine avoisinant le jardin
public d'aujourd'hui. Au coin NE du plateau sur lequel était bâtie l'ancienne ville,

*) Presque tous les dessins sont faits par M. le photographies que je dois à M. le professeur O.
professeur VI. Nichitovici de Cernăuţi. Il y a trois Tafrali.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

p r è s de la b a s i l i q u e T e o d o r e s c u ou des Ihernies r o m a i n s Tafrali, on c o n s t a t e u n e


p a r t i e du m u r e n t o u r a n t la ville, qui a 3.15 m de l a r g e u r , d ' u n e é p o q u e assez r é c e n t e .
Ce m u r longeait-il p e n d a n t tout le c o u r s de l'histoire a n t i q u e le fossé q u i est visible
e n c o r e a u j o u r d ' h u i et qui a u r a i t ceint l ' a n c i e n n e ville, c'est ce q u ' o n ne p e u t p a s
encore d é c i d e r . Il est évident q u e du côté N ou p l u t ô t iNE le m u r d ' e n c e i n t e , d ' u n e
é p o q u e assez r é c e n t e , va p a r a l l è l e m e n t au fossé. Des s o n d a g e s faits p o u r d é l i m i t e r la
ville a n t i q u e a p p o r t e r a i e n t de la l u m i è r e à ce sujet, p o u r u n e ou p l u s i e u r s é p o ­
q u e s d u passé de C a l l a t i s . Il n ' e s t p a s impossible q u e les C a l l a t i e n s a i e n t eu p l u ­
sieurs r a n g é e s de m u r s parallèles de fortification, d o n t l ' e x t r ê m e a u r a i t é t é , à u n e
c e r t a i n e é p o q u e , parallèle au fossé c o n s e r v é j u s q u ' à nos j o u r s .
Q u a n t à l ' i n t é r i e u r de la ville de C a l l a t i s , a v e c ses t e m p l e s et ses p o r t i q u e s ,
a v e c ses t h é â t r e s et ses g y m n a s e s , ses édifices publics et p a r t i c u l i e r s , a v e c ses che­
m i n s p a v é s et ses c a n a u x , n o u s n ' a v o n s a u c u n p o i n t c e r t a i n de d é p a r t ni d'orien­
t a t i o n . O n a fait des fouilles a r c h é o l o g i q u e s à M a n g a l i a , à ce q u e j ' a i p u a p p r e n d r e
chez les h a b i t a n t s de la localité. Ainsi s ' e x p l i q u e n t le n o m de la colline «lu t h é â t r e
a u c e n t r e de la ville, de forme h é m i c y c l i q u e , d ' o ù l'on a u n e v u e a d m i r a b l e de la
ville e n t i è r e , ou celui du bain r o m a i n d e r r i è r e la s o u s - p r é f e c t u r e , ou de l'édifice r o m a i n
sur le t e r r a i n de l ' i n g é n i e u r B ă d e s c u . Mais n o u s n ' a v o n s des i n f o r m a t i o n s q u e s u r les
fouilles faites en 1915 p a r M. T e o d o r e s c u et publiées d a n s le R a p p o r t s u r l ' a c t i v i t é d u
Musée N a t i o n a l des A n t i q u i t é s p e n d a n t l ' a n n é e 1915. ( R a p p o r t spécial n o . 6. P r e m i è r e
c a m p a g n e de fouilles à Callatis, B u c u r e ş t i 1916, p . 31 e t c . ) . N o u s y a p p r e n o n s la
d é c o u v e r t e d ' u n e b a s i l i q u e c h r é t i e n n e , où M. 0 . Tafrali, c o n t i n u a n t les fouilles p e n ­
d a n t l'été de 1924, croit a v o i r t r o u v é u n é t a b l i s s e m e n t de b a i n s de l ' é p o q u e r o m a i n e
postérieure.
Nos fouilles de l'été 1924 o n t a t t a q u é plusieurs p o i n t s , t a n t ô t à l ' i n t é r i e u r , t a n t ô t à la
p é r i p h é r i e de la ville, selon les a r r a n g e m e n t s conclus a v e c les p r o p r i é t a i r e s des t e r r a i n s .
L ' u n des p o i n t s s u r lequel j ' a i c o n c e n t r é le t r a v a i l de p l u s i e u r s s e m a i n e s est
la c o u r d u m a r é c h a l f e r r a n t C. D a n , s i t u é e p r e s q u e au c e n t r e de la ville.

I. L E S FOUILLES
D a n s la c o u r du m a r é c h a l f e r r a n t C. D a n , où, en 1923, à l'occasion de la con­
s t r u c t i o n d ' u n e p e t i t e d é p e n d a n c e , o n t é t é d é c o u v e r t s des f o n d e m e n t s p u i s s a n t s et où
l'on v o y a i t à n o t r e a r r i v é e à M a n g a l i a p l u s i e u r s restes a r c h i t e c t o n i q u e s , a u v o i s i n a g e
d e la forge ( q u a t r e b a s e s de colonnes e t 2 f r a g m e n t s d e c h a p i t a u x i o n i q u e s ) , n o u s
a v o n s t r o u v é , d u côté de l ' e n t r é e de c e t t e d é p e n d a n c e , 4 m è t r e s au S., à 1.25 m de p r o ­
f o n d e u r , u n f o n d e m e n t de p i e r r e calcaire, 3.50 m de l o n g u e u r et e n v i r o n 0.55 m
de l a r g e u r . Le m a t é r i e l de ce f o n d e m e n t est la p i e r r e calcaire q u i se t r o u v e d a n s les
carrières a v o i s i n a n t e s . L a p r e m i è r e c o u c h e de ce f o n d e m e n t est formée de 3 g r a n d s
blocs r e c t a n g u l a i r e s , de 38 c m de h a u t sur 107 c m , 152 c m e t 91 c m de l o n g u e u r . Les
blocs s o n t s o i g n e u s e m e n t t r a v a i l l é s s a n s ê t r e c e p e n d a n t polis. A 54 c m du b o u t d u
bloc de 107 c m de long, se t r o u v e la p a r t i e inférieure d ' u n e colonne de 22 c m de h a u ­
t e u r . S u r u n e b a s e de 50 c m c a r r é s et de 8 c m de h a u t e u r s'élève, à 3 c m de h a u t e u r ,
le c y l i n d r e inscrit d a n s ce c a r r é . A u - d e s s u s de ce cercle c o m m e n c e le t o r e , a p r è s lequel
s'élève le fût de la colonne q u i , sur u n e h a u t e u r de 8 c m , a u n d i a m è t r e de 43 c m .

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CAU.ATJS

La différence entre le rayon du cercle inscrit dans le carré et le rayon de la co-


lonne à la partie d'en bas, est de 3 % cm.
La base de la colonne touche les bords du bloc qui la supporte. E t ce fait,
comme aussi l'arrangement plus soigné des blocs du côté ouest, sont des indices
précieux pour pouvoir juger de la façade de la construction. La partie ouest du
bâtiment est plus lisse et mieux construite que celle de l'est, où l'on trouve de
petites pierres et du remblai entre les blocs.
E n ce qui concerne les 4 bases trouvées près de la forge et celle découverte par
nous «in situ», il n'y a que des différences insignifiantes de dimensions. Il est diffi-
cile d'établir si les quatre bases appartiennent à la même construction et à la même
époque. Une seule d'entre elles a les mêmes dimensions que celle que nous avons
découverte. C'est la base no. 29 (voir fig. 1) du musée de la sous-préfecture, qui,
bien conservée, a un socle de 50 cm et une hauteur de 22 cm. La hauteur du socle
carré est de 8 cm, celle du cylindre inscrit dans ce socle est de 3 cm, et le diamètre
de la colonne s'élevant 8 cm au-dessus du tore est de 43 cm.
Les dimensions des 3 autres bases sont: a) 50.5 cm, 20 cm, 8 cm, 3 cm, 43
cm, 6 cm. Elle est brisée aux 2 coins du même bord ; b) 54 cm, 20 cm, 7 cm,
3 cm, 46 cm, 6 cm. Cette base porte sur la partie inférieure un cercle de diamètre

égal à celui de la colonne dans sa partie inférieure (Fig. 2). c) 55 cm, 22 cm, 8 cm,
4 cm, 47 cm, 6 cm. Cette base est brisée au socle, dans deux coins opposés et
moins soigneusement travaillée (Fig. 3). La pierre aussi est d'une autre qualité que
celle des autres. C'est un calcaire plus poreux qui paraît criblé, m o n t r a n t des trous
et des élévations comme une masse bouillonnante. A 2 ) / 2 cm du bord de la co-
lonne se trouve, parallèlement à la circonférence de la colonne, un cercle gravé.
Au-dessous des blocs qui supportent les bases des colonnes on peut distinguer,
à l'extrémité sud de ce bâtiment, 6 couches de pierres calcaires, de 30 cm, 20 cm, 34
cm, 28 cm, 20 cm, et de 35 cm d'épaisseur, dont la plus basse se trouve, à 3.10 m
de profondeur, sur la terre vierge de couleur j a u n â t r e . A partir de 1.85 m de pro-
fondeur, on trouvait une telle quantité de fragments de céramique ordinaire qu'il
semble qu'on y déposait des tessons et des vases usés.
Après avoir établi de cette manière la direction et l'extrémité sud du bâtiment,
nous avons essayé de nous orienter aussi du côté est, vers le mur et la propriété de
I. G. Aldea. Voulant éviter t o u t désagrément et conflit, nous ne nous sommes ap-
proché de lui qu'à une distance d'environ 1 mètre (Voir fig. 4).
A 1.50 m de cette muraille et à 1.05 m au-dessous du sol, nous avons trouvé, a
l'extrémité sud de la construction aux colonnes une mauvaise masure dans la direction

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVKANU

est, sans qu'on puisse établir sa cohérence avec le bâtiment mentionné. A 20 — 25 cm


du bord supérieur des blocs aux colonnes, nous avons trouvé, vers l'est, un pavage bien

le mur ô'QÏAea:

iî«jj- 1. J f ' » y
I
Fig. 4.

construit de pierres moyennes, en deux couches, sur une étendue de 1.5 m. A 95 cm


de ce bord, il y a une rangée de grands blocs, parmi lesquels deux bien travaillés, aux

dimensions de 6 0 X 4 0 X 2 0 cm et 8 0 x 4 5 x 2 0 cm, probablement écroulés d'en haut


dans la direction est.
Ici se trouve, à une profondeur de 1.40 m au-dessous du bord susdit, un coin de
muraille, probablement la plus vieille construction que nous ayons trouvée (Fig. 5).

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CALLATIS

Ce coin se trouve à 22 cm est des blocs aux colonnes et on en a pu découvrir à


1.45 m vers l'est et à 1.65 m au nord. Les blocs rectangulaires, médiocrement tra-
vaillés, varient en ce qui concerne les dimensions. La hauteur du coin conservé est d'un
mètre et sa largeur varie entre 30 et 40 cm. Un bloc de ce coin est intéressant parce
qu'il constitue à la fois une partie des fondations et la partie supérieure.
Du côté ouest du bâtiment aux colonnes, nous avons trouvé, à 50 cm de pro-
fondeur, une couche de pierres de 7 cm de hauteur. Elle commence à 40 — 43 cm
à l'ouest du dit bâtiment et s'étend sur une longueur de 120 cm. Sans doute, nous
avons là le niveau
d'un établissement
qui se révèle à 35
cm du bout méri-
dional du bâtiment
aux colonnes, il y
a, du côté ouest,
plus bas de 10 cm,
un bloc de 105 cm
de long, 35 cm de
large et 28 cm de
hauteur et un mur
de 30 cm de large. A
peu près à la même
profondeur, nous a-
vons découvert, à
1.8 m à l'ouest de la
construction aux co-
lonnes, un autre pa-
Fig. 6.
vage avec un cani-
veau de 40 cm de large sur une longueur de 7 m (Fig. 6). Le caniveau est formé de
grosses pierres brutes placées sur une arête et est incliné vers le sud et vers la rue
d'aujourd'hui. Sa profondeur a été de 48 cm et ensuite de 25 cm, sur une distance
de 2.3 m. Le fond en est pavé de pierres.
Les fouilles faites immédiatement à l'ouest de cet égout, jusqu'à une profondeur
de 3.1 m, n'ont fait découvrir rien d'important. On a pu cependant constater que,
à 2:8 m vers le sud de l'endroit où le caniveau cesse d'être bien construit, com-
mence une bonne construction en blocs. La poursuite du canal et de ces fondations
s'imposait, mais elle s'arrêta à cause du puits qui se trouve au voisinage.
Au S. O. de l'égout qui se perd sans que nous ayons pu découvrir un puits ré-
cepteur, nous avons trouvé, à 1 m de profondeur, des fragments de chapiteaux et
de colonnes en pierre calcaire appartenant probablement au bâtiment aux bases de
colonnes. Nous y avons trouvé encore des fragments d'une pierre volcanique tra-
vaillée et le relief dont il sera question plus bas.
A une profondeur de 2 mètres, nous avons rencontré un bloc de 195 cm de
grandeur, bien travaillé sur le côté ouest. Après 30 cm, la pierre est taillée de 5 cm
de profondeur sur une largeur de 20 cm. Au bout méridional de ce bloc, passant

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8 Dacia I 1924.
THÉOPHILE SAUCI1 C SĂVEANU

a u - d e s s o u s d e l u i , o n voit u n e p i e r r e d e 1 m è t r e d e l o n g e t 40 c m d e l a r g e q u i e s t
c r e u s é e à 5 c m d e p r o f o n d e u r s u r 10 c m d e l a r g e u r . E l l e est i n c l i n é e v e r s l ' o u e s t
s a n s q u ' o n p u i s s e e n d é c o u v r i r la c o n t i n u a t i o n .
L e b l o c d e 195 c m , m e n t i o n n é p l u s h a u t , t r a h i t , p a r l'incision d e 5 c m s u r u n e
s u r f a c e d e 20 c m , la d i s p a r i t i o n d ' u n e c o n s t r u c t i o n en b o i s d o n t le b u t d o i t r e s t e r
énigmatique.
Ici se t r o u v e , a u n i v e a u du bloc m e n t i o n n é plus h a u t , u n c o m p l e x e e n t i e r d e
r a n g é e s d e blocs d e h a u t e u r d i f f é r e n t e , s a n s q u ' o n a i t la p o s s i b i l i t é de les d é t e r m i ­
n e r d e p l u s p r è s , la c o n t i n u a t i o n des fouilles y é t a n t e x c l u e . P o u r s u i v a n t le m u r a u x
c o l o n n e s v e r s le n o r d d e r r i è r e la p e t i t e d é p e n d a n c e je l'ai t r o u v é , à 14.35 m d e dis­
t a n c e d e la p r e m i è r e b a s e d e c o l o n n e , à 1.3 m d e p r o f o n d e u r s o u s la t e r r e ( F i g . 7).
Il y a v a i t p l u s i e u r s b l o c s en d é s o r d r e e t , a p r è s les a v o i r é c a r t é s , j ' y ai r e n c o n t r é
la s e c o n d e b a s e d e c o l o n n e , u n p e u d é p l a c é e , d e m ê m e s d i m e n s i o n s q u e celle q u e
n o u s a v o n s d é c o u v e r t e «in situ» a u s u d d e la d é p e n d a n c e .

D u m u r a u x c o l o n n e s p a r t , a u p o i n t d é b l a y é , u n a u t r e v e r s l ' e s t e t v e r s la m a i ­
s o n d ' A l d e a . D a n s la p a r t i e d é c o u v e r t e , il a 72 c m d ' é p a i s s e u r . J ' a i t r o u v é a u d e s s o u s
d e ce m u r u n e c o l o n n e lisse d e c a l c a i r e , c a s s é e en d e u x , a u d i a m è t r e d e 37 c m d a n s
la partie supérieure. Elle ne p e u t q u ' a p p a r t e n i r à cette construction. Elle a été pla­
cée s u r le m u r a u x d e u x b a s e s d é c o u v e r t e s p a r n o u s «in situ».
À 140 c m d u m u r d e l'est p a s s e en a n g l e d r o i t u n a u t r e m u r d e 50 c m d ' é p a i s ­
s e u r v e r s la p r o p r i é t é d ' A l d e a .
P a r le m u r d e 72 c m e t celui d e 50 c m se f o r m e u n e s p a c e r e s s e m b l a n t à u n e
p e t i t e c a v e . O n t r o u v e des m u r s p a r a l l è l e s n o n s e u l e m e n t d u c ô t é e s t d u b â t i m e n t
a u x c o l o n n e s , m a i s d u c ô t é o u e s t a u s s i p a r t u n m u r o p p o s é à celui d e 72 c m d ' é p a i s ­
s e u r . I c i n o u s n ' a v o n s p u faire les r e c h e r c h e s n é c e s s a i r e s q u e s u r u n e l o n g u e u r d e
1.10 m . L a p r o f o n d e u r d e ce m u r e s t la m ê m e q u e celle d u m u r l o n g i t u d i n a l .
A l ' i n t é r i e u r d u m u r , le b l o c r e c t a n g u l a i r e d e 189 c m d e l o n g u e u r e t d e 4 8 c m de
h a u t e u r e s t d i g n e d ' ê t r e r e l e v é . A 87 c m du b o r d m é r i d i o n a l d e ce b l o c e t 79 c m d e la
m a r g e s u p é r i e u r e des b l o c s a u x c o l o n n e s , n o u s c o n s t a t o n s les t r a c e s d ' u n e p o r t e ( ?) d e 84
c m de h a u t , qui était a p p a r e m m e n t m u r é e . Les m o n t a n t s étaient formés de 3 rangs de
b l o c s d e 2 9 , 2 8 , 27 c m d e h a u t e u r , q u i é t a i e n t polis à 6 c m d e la m a r g e . L a p o r t e se t r a h i t
a u s s i p a r le fait q u e la p i e r r e d ' a u - d e s s o u s d e 31 c m d e h a u t e u r s ' a v a n c e d e 14 c m . L e
seuil n ' e s t p a s fait d ' u n b l o c u n i q u e e t s u r p a s s e d e 6 c m la ligne d é m a r q u a n t la p o r t e .
L a l i a i s o n a v e c les blocs d e la p o r t e se fait a u m o y e n d e 2 p i e r r e s d e 31 c m d e h a u t e t

114

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CAM ATI S

de 35 — 40 cm de long. Après elles suit une pierre de 35 cm de hauteur et de 95 cm


de longueur qui, d'un bout de 13 cm de longueur et de 9 cm de hauteur, couvre
la pierre d'une hauteur de 20 cm et d'une longueur de 40 cm à gauche de la porte.
A 48 cm au-dessous du bord inférieur des blocs aux colonnes, on constate du côté
occidental une sorte de banc d'une largeur de 42 cm et d'une hauteur de 18 cm, un
pavage de dalles, de pierres et de cailloutis. A partir de 2.25 m de profondeur, on ren-
contre du côté occidental du mur longitudinal la même quantité de céramique simple
qu'à l'extrémité méridionale de cet édifice. A 3.4 m de la surface du sol on rencontre la
terre vierge.
Au nord de la seconde base trouvée «in situ» suit un bloc de 116 cm de long, 42
cm de large et 38 cm d'épaisseur qui
se dirige vers l'est (Fig. 8). Au-des-
sus de ce bloc, une génération de date
plus récente a placé un four à chaux,
à ce qu'on peut conclure de la quan-
tité de chaux durcie trouvée.
Après ce bloc une autre espèce
de construction se prolonge vers le
nord. Celle-ci a un mur de 50 cm
d'épaisseur. A une distance de 2 mè-
tres de la seconde base de colonne, à
un mètre de profondeur des blocs
mentionnés, nous voyons un petit
canal couvert de dalles. 11 est formé
de 2 pierres latérales de 3 centimè-
tres d'épaisseur, placées au-dessus du
fond du canal (Fig. 9). C'est un petit
écoulement de 10 cm de profondeur
et de 11 cm de largeur. En dehors
des pierres calcaires et des cailloux
on y trouve des restes innombrables
d'amphores simples.
Après une étendue de 7.50 m
du mur longitudinal, passe un mur
vers l'ouest. Vers le milieu de ce mur
on voit, à la-même profondeur de 1.40
m, un mur puissant de 170 cm d'épaisseur. On y distingue deux parties, dont l'une,
d'un mètre d'épaisseur, est composée de grands blocs bien travaillés.
A une distance de 7 m de la seconde base de colonne, nous atteignons, à 2.3
m au-dessous du sol, un canal creusé en pierre qui se voit aussi du côté est du mur
longitudinal. E t là, nous constatons au-dessus de ce canal, à l'intérieur du mur lon-
gitudinal, une niche de 130 cm de longueur et de 30 cm de profondeur. A 2.10 m
plus loin on trouve une autre niche de mêmes dimensions, moins les blocs de dessus.
Vers le nord, l'aspect du mur longitudinal change. Après la seconde base de co-
lonne il continue sans l'euthynterie, avec une largeur de 50 à 80 cm. Le mur montre

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

deux parlies différentes: A 70 cm au-dessus de la terre vierge qui s'y trouve à une
profondeur de 3.7(> m, le mur est composé de grands blocs non taillés. Après cette
partie suit une autre de 80 cm à I0(> cm de hauteur, formée de blocs rectangulaires,
qui à leurs bords sont polis t a n t du côté horizontal que du côté vertical de l'exté­
rieur. D'ailleurs, ces blocs ont l'apparence brute. C'est une sorte de «rustica» ha­
bituelle du temps hellénistique (p. ex. à Priène) qu'on constate dans 3 ou 4 rangées
de blocs. Au-dessus de cette «rustica» on rencontre des pierres non travaillées d'une

Fig. 9. Eïg. 10.

hauteur de 80 cm. Les dimensions de celles-ci varient entre 57 — 70 cm de longueur


et entre 30 — 40 cm de hauteur.
Nous avons découvert encore à peu près 5 m de muraille au nord du canal
récemment mentionné et nous nous sommes heurtés à un puits dans la cour
d'Achilles.
Sur le mur longitudinal, entre deux blocs taillés à la «rustica» de 26 cm de lar­
geur et de 30 cm de hauteur, se trouve une muraille d'une longueur de 1.50 m qui
est retirée de 15 cm dans la direction est vers le mur de 170 cm d'épaisseur.
Il manque ensuite, sur une étendue de 155 cm, une rangée de blocs dans la direc­
tion nord. Des deux côtés du mur longitudinal on trouve d'innombrables fragments
de céramique simple et des briques. La continuation des fouilles dans la direction
septentrionale n'a pas pu être opérée à cause des constructions particulières qui se trou­
vent à travers l'alignement du mur longitudinal. Celui-ci a été trouvé aussi au-delà
de la glacière de Theodoru (Fig. 10. Vue du nord).

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CALLATIS

Une construction d'une longueur si considérable, aux murs qui partent d'un côté
et de l'autre du mur longitudinal, ne peut pas ne pas avoir eu un rôle important
dans la ville de Callatis à travers les siècles qui se sont succédé. Au cours de ce temps,
cette construction aura dû souffrir bien des modifications et des amplifications que
l'on peut entrevoir dans les parties du mur découvertes par nous.
On peut facilement déduire de la céramique extrêmement riche que l'on rencontre
à l'est et à l'ouest du mur longitudinal, que cet édifice se trouvait à un endroit bien

Fig. 11. Fig. 12.

fréquenté de la ville, peut-être même au centre, où la vie était plus intense. Où la


vie de tous les jours se manifeste-t-elle plus clairement encore aujourd'hui, sinon
dans les endroits où l'on débite les choses nécessaires à tous les ménages, même aux
plus petits et aux plus modestes?»
Pour Callatis nous ne disposons pas d'informations directes concernant des
modifications radicales de la ville ni des installations nouvelles de quartiers entiers,
ce qui ne signifie point qu'il n'y en a pas eu. Il est probable cependant que, dans
une ville dorique dont la fondation se place au Vl-ème siècle ou encore plus t ô t ,
des places plus importantes on été remplies successivement de constructions et que
les édifices les plus remarquables ont subi les amplifications et les innovations du
temps.
Nous pouvons supposer que le marché de Callatis se sera développé d'une ma-
nière analogue aux autres villes. Le point qui a été d'abord le lieu de réunions
et le centre d'une ou de plusieurs communes, est devenu un marché. Ayant une

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TU ÊOPH11 -I : s\ ucn ( :-s\ v KANU

importance spéciale, il s'est développé peu à peu et est devenu un établissement indé-
pendant, l u e place libre, propre aux réunions comme axi commerce, a été séparée
des rues et des édifices voisins par un mur pourvu ou non de colonnes. Des portes et
des portails y permettaient l'ac-
cès de plusieurs côtés. Les murs
entourant la place étaient sou-
vent des portiques couverts pou-
vant, aussi contenir sur un ou
plusieurs côtés des espaces en re-
trait servant de boutiques.
Le mur découvert dans la
cour de C. Dan pouvait servir
d'enceinte au marché et une par-
tie en était munie de colonnes
provenant d'une époque que nous
ne saurions déterminer avec cer-
Fig. 13. titude.
Au bord de la mer, entre la
sous-préfecture et le palais de la douane, nous avons mis au jour des murs d'un
édifice important construits
en pierres de taille (Fig. 11 et
12) dont le plan met en évi-
dence les dimensions des ru-
ines. Nous n'avons pas été à
même de continuer les fouil-
les sans démolir la rue le long
du littoral (Fig. 13).
Dans la cour d'Anastas
Curti nous avons rencontré,
à une profondeur de 1.50 m
deux grands blocs des dimen-
sions de 1 3 0 x 5 5 x 3 0 et de
Fip. 14.
1 3 0 X 7 1 X 3 0 cm qui, par la
fente à l'endroit où ils se touchaient, nous ont trahi une terre moins rassise, Nous
l'avons facilement perforée avec un fer pointu.
En levant les blocs, nous avons découvert un canal grandiose formé de blocs la-
téraux de 80 cm de hauteur et de 85 — 90 cm de largeur placés sur les blocs du fond
de ce canal. La profondeur du canal est de 1.05 m. (Voir la fig. 14).
Nous sommes entrés à l'intérieur du canal, après en avoir extrait la terre, sur
une longueur de 7.5 m vers la rue et la propriété de G. Georgescu. Nous n'y avons
trouvé que fort peu de céramique romaine. Nous nous sommes proposé de nous
orienter plus spécialement sur ce canal l'année prochaine.
Nous avons encore fait des fouilles sur les parcelles de N. Stoya et Halit Mu-
stafa, sur la parcelle du Dr. Buterescu, Boulevard Maria, sur la colline du théâtre
et près de la mosquée ancienne. Rien de remarquable.

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CALLATI S

II. R E S T E S A R C H I T E C T U R A U X E T SCULPTURAUX

En ce qui concerne les restes antiques, architecturaux et sculpturaux, intéres-


sants en eux mêmes ainsi qu'importants pour des fouilles et recherches futures, nous
énumérerons tous ceux que nous avons trouvés, soit a u x fouilles, soit incidemment
sur les routes, dans les cours et dans les murs modernes de Mangalia. La plupart
ont été transportés au musée de la sous-pré-
fecture.
Un fragment de colonne dorique en cal-
caire conchylien, 1.40 cm de long et 60 cm
de diamètre en bas, 56 cm en h a u t , a la dis-
tance des cannelures de 10 cm. Un trou rond
de 8 cm de diamètre se voit en bas, u n autre
carré de 10 cm et de 10 cm de profondeur, en
haut.
Ce fragment de colonne sert aujourd'hui
d'abreuvoir dans la cour de Manoli Comino.
(Voir la fig 15.)
Sur la route de Tomis, près du terrain de
P r o m . Vasiliu se trouve un fragment de co-
lonne dorique en calcaire conchylien, 98 cm de
long, cassé en h a u t , 50 cm de diamètre. Les
cannelures ont une dis-
tance de 8 cm l'une de
l'autre.
Un fragment de co-
lonne dorique en marbre,
60 cm de h a u t et 50 cm
de diamètre, a la distance Fig. 15.
des cannelures de 8 cm.
J e l'ai noté près du boulevard Elisabeta.
Un autre fragment de fût de colonne dorique en calcaire
conchylien, se trouve près du puits, en face de la maison de
St. Gheorghiu, 43 cm de h a u t et 39 cm de diamètre, 6.15 cm
Fig. 16.
de distance des- cannelures. Le trou rond de la colonne a 5
cm de profondeur et 8 cm de diamètre.
Un fragment de colonne dorique que j ' a i vu sur la propriété de Garofile
Panaitis, en calcaire, 40 cm de h a u t et 45 cm de diamètre. Les cannelures sont très
endommagées et à peine r e c o n n a i s s a n t s . (Voir la figure 16). Il montre un trou rectan-
gulaire des dimensions de 1 0 x 1 0 x 1 0 cm.
Deux fragments de fût d'une petite colonne en marbre, 37 et 33 cm de h a u t , et
9 cm de diamètre ont été trouvés sur le terrain du Dr. Buterescu, m a i n t e n a n t au
musée de la sous-préfecture n. 43. La distance des cannelures est de 2.5 cm.
Nous avons noté les colonnes lisses suivantes:
Près de la vieille mosquée se trouve une colonne de 140 cm de h a u t et de 34 — 37

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

cm de diamètre. Les deux trous, l'un en bas, l'autre en haut, ont les dimensions de
8X9
— cm.
4
Près de la «colline du théâtre» un fragment de colonne a les dimensions
46 X35 cm.
Un autre fragment de colonne cassée, en calcaire, trouvé chez G. Georgescu-Suc­
cesseurs, a 94 cm de long et 4 1 — 4 4 cm de diamètre.
Près de la maison de A. Gheorghiu un fragment de colonne lisse a 45 cm de
h a u t et 33 cm de diamètre.
Dans la cour de Manoli Comino se trouve à la surface de la terre un fragment de
base de colonne en calcaire, 59 cm de diamètre.
Dans la rue en face du docteur Mardari nous avons trouvé une base de colonne
en calcaire conchylien, dont la plinthe a 45 cm carrés et 8 cm de
haut. Le diamètre du fût de la colonne est de 39 cm. Elle a été
( transportée au musée de la sous-préfecture, n. 32.
Dans la cour de Ismail Secheria se trouve une base de co­
lonne en marbre, avec les dimensions indiquées à la figure 17.
Un fragment de base, en calcaire, trouvé près de la glacière
de Theodoru, a les dimensions indiquées à la figure 18.
Un autre fragment, en calcaire, trouvé au même
lieu, a la base de 27 cm carrés, 20 cm de diamètre,
et 13y 2 de haut (fig. 19).
FiK. 17.
Les nombreuses bases de dimensions différentes
trahissent le grand nombre des édifices péristyles de l'ancienne ville
de Callatis.
Un chapiteau en calcaire conchylien, 18 cm de haut, 43 cm de
diamètre, a un abaque de 53 cm carrés. Fig. 18.
■+ O ZO La couronne plastique de feuilles que nous trou-
vons sur l'échiné de ce chapiteau, a son importance sous le rap-
port technique ainsi qu'esthétique.
Cf. le chapiteau du temple aux six colonnes de Paestum chez
Springer-Wolters, Die Kunst des Altertums 1921, p . 160, fig. 331.
Un fragment de chapiteau en beau marbre blanc à gros grains,
des dimensions 3 5 x 2 9 cm, trouvé chez H. Theocharidis, main-
N
tenant chez le Dr. H. Slobozeanu à Bucarest, rue Pompiliu Eliade 15. Le cous-
yj sinet est plein d'ornementations végétales, de sorte qu'il semble que l'artiste n'ait eu
'yS d'un autre but, que de laisser le moins de vide possible.
Le coussinet est lié au milieu par un ruban à rinceaux flanqué de deux bourrelets
tournés. Du ruban partent, au-dessus du coussinet, deux rinceaux qui se répan-
dent vers les deux bouts du coussinet ornementé chacun de 4 rangs de feuilles im-
briquées ce qui lui donne l'aspect d'un artichaut. Les rinceaux servent à remplir
les coins vides.
L'édifice de style ionique, auquel appartient ce chapiteau, a dû être d'une splen-
deur magnifique à en juger par ce chapiteau. (Voir le dessin et la photographie,
fig. 20 et fig. 21).

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CALLATIS

Un chapiteau ionique fragmentaire, en calcaire fin, hlanc, 38 cm de diamètre,


a une volute de dimensions 36 X 16 cm. Le diamètre de l'oculus est de 3 cm. Jadis
propriété de Dobrota, maintenant au musée de la sous-
préfecture, no. 7.
OZ5
Le carré d'en
haut a la base
de 37.5 cm et au
milieu on voit
un trou (dimen-
sions 6 x 5 x 4
cm ) rempli de
plomb.
De trois côtés
on voit près de
la marge du carré
un canal de 2 cm Fig. 21.
de profondeur et de 2 cm de largeur, qui se ter-
3x2
mine du côté de la volute par un trou des dimensions ~ 33 cm. (Voir la fig. 22).
Un petit fragment de chapiteau découvert par nous, en calcaire, nous montre
une volute. Le coussinet est ornementé de feuilles lancéolées (Fig. 23).
Un autre fragment de chapiteau découvert par nous,
en calcaire, des dimensions 2 2 x 4 4 cm, fait voir une
volute cassée et l'ornementation de deux corolles gracieu-
ses et expressives, placées l'une à côté de l'autre (Fig. 24).
Un petit frag-
ment de chapi-
teau, en cal-
caire, découvert
aux fouilles. La
distance du cen-
tre de l'oculus
jusqu' au bord Fig. 23.
conservé est de 9 cm.
Un autre petit fragment de chapiteau, en calcaire, dé-
pj 22 couvert par nous a les dimensions de 2 9 x 2 3 cm. (Voir la
fig. 25).
Deux fragments de chapiteaux
se trouvent au musée de la sous-
préfecture. (Voir la figure n. 26).
Nous ne saurions attribuer plus
d'un de ces chapiteaux fragmentaires
au-mème bâtiment antique à en ju-
Fig. 24.
ger par les dimensions qu'ils nous
montrent et par la forme des volutes. Plusieurs chapiteaux de style corinthien, du
musée de la sous-préfecture, démontrent l'ampleur d'autrefois de cette ville. Nous

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Ill ÊOPH11 ,E SAUCIUC-SAVEANU

reproduisons par exemple le chapiteau de dimensions de 17X42, au musée, no. 3.


(Voir la figure no. 27).
Au musée se trouve, sous le numéro 10. un triglvplic et une métope, en calcaire,

-f-

Fig. 2(>.

dont les dimensions sont 6 5 x 3 9 . (Voir la figure no. 28).


Nous avons trois fragments d'une mutule en calcaire, qui portent des gouttes de
1 cm de haut et 4 cm de diamètre. Ils appartenaient au geison d'un temple dorique.
Deux fragments d'un epistylion en marbre (voir les
5«» »o - ' i
Mr fig. no. 29, 30 et la section), 30 cm de haut, 100 cm de

Fig. 29.

ţ long et 17 cm d'épaisseur, nous montrent, en relief au-


dessus de deux bandes et entre deux profils, des guir­
landes entre des bucrânes. Sur l'espace libre entre deux

Fig. 28 Fig. 30.

bucrânes, on remarque une rosette stylisée. Le travail est fin, malgré les défauts
du détail. Les bucrânes sont munis d'une espèce de chapiteaux auxquels sont sus-
pendues des deux côtés des bandes, parure habituelle des bucrânes. Musée de la sous-
préfecture, no. 16.

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r.M.LATIS

Un travail plus expressif se voit sur une autre pièce du musée, no. 70, en marbre,
19.5 cm de h a u t , 55 cm de large cl 15 cm d'épaisseur Les bucrânes y sont ornés d'un
filet d'astragals, qui semble pendre en gouttes du côté gauche et droit des bu-
crânes. Cette pièce nous rappelle la frise de la construction de la porte de Samo-
thrace de l'époque de Ptolérnée II (Springer-Wolters, 1. c , éd. 11, p . 357, fig. 689).
La partie supérieure de la pièce est cassée, et nous ne pouvons savoir si elle a eu
un cymation, un profil ou un bord simple. (Fig. 31).
Un fragment profilé, en marbre, 12 cm de haut, a un trou de 3 . 5 x 3 . 5 cm.
Un relief en marbre, cassé à
gaUcne a la partie intérieure, a
droite et en bas, 20 cm de h a u t ,
48 cm de large, et 12 cm de gros,
découvert aux fouilles dans la cour
de C. Dan, m a i n t e n a n t au mu-
sée de la sous-préfecture, no. 40
(Fig. 32).
Dans le c h a m p , encadré à gau- -fjf I
Fig. 31.
che et en h a u t d'une marge de 5 cm
et 3 cm de large, et 1 cm de profondeur, nous voyons deux déesses tournées à gauche.
L'une des déesses est commodément assise sur un objet cylindrique. Le buste
est plein, la chevelure riche. La main gauche est levée. Le bras et l'avant-bras for-
ment un angle obtus. Il est vraisem-
j- o 48 •*■
blable qu'elle tenait à la main gauche
une lance. L'autre déesse est debout.
Par l'égide et par le casque elle se ré-
vèle comme la déesse Athéné. La déesse
se présente vigoureuse et majestueuse.
| Elle est ceinte, en h a u t sous la poi-
_i trine, et les plis de son vêtement sont
Fig. 32. indiqués assez schématiquement. C'est
le type d ' A t h é n é au casque corin-
thien 1 ). La main gauche <!<• la déesse Athéné est levée de la même manière que
celle de l'autre déesse. Le pied gauche est un peu avancé. La j a m b e est un peu cour-
bée au genou. La position de la main droite ne peut être éclaircie.
Toutes les deux déesses regardent a t t e n t i v e m e n t vers la droite.
Nous avons ici sans doute un relief qui ornait un décret public. Il devait être
placé à u n lieu nèmyavéoiaxoç», où il était visible et lisible pour chacun. Le t r o u
de 2 cm de large, qui se trouve à 13 cm du bord gauche, et les restes d'un autre trou
a droite, nous dénotent que ce relief a été fixé au moyen de ces trous et du métal.
Ce relief a p p a r t i e n t au groupe de n o m b r e u x reliefs, qui devaient être publiés
par mon arni le directeur de l'école autrichienne d'Athènes, M. Dr. O. Walter dans
son oeuvre «Griechische Urkundenreliefs».

1
) J,c casque corinthien est très r a r e , sur les re- R o s c h e r , Lexikon der griveh. und rôm. Mythologie
liefs du I V è m e siècle a v . J . Chr. Furtwiingler, I, 1, c. 701 e t suiv.

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THÉOPHILE SAl'CIUC-SĂVEAMJ

Nous ne voulons pas entrer dans le domaine des hypothèses en ce qui concerne
l'interprétation de la scène où nous trouvons avec certitude la déesse principale
d'Athènes. 11 est possible que l'Etat athénien ait entretenu avec la ville de Cal-
latis de tels rapports, qu'un décret athénien orné d'un relief ait été placé à l'un des
principaux points de la ville de Callatis, peut-être sur Vâyogà.
L'antre déesse, dans la société de laquelle se trouve la déesse Athéné peut être celle
qui joue un rôle important à Callatis. Ce rôle s'explique par la productivité et par
la richesse en céréales des regions situées au voisinage de la ville de Callatis. Mais
il faut d'abord poser la question si ce monument concerne la ville de Callatis.
Dans la cour du président de la Com. intérimaire de Mangalia, M. I. Roşculeţ,
se trouve un relief en marbre dont les dimensions sont 93 X 64 X 18 cm. (Voir la fig. 33).
Le coin de gauche en liant manque, ainsi que celui de droite en bas.
La surface de cet haute-relief est rongée et détériorée, de sorte qu'à peine si l'on

peut distinguer les contours des trois figures. C'est dommage, que même dans ces
déplorables conditions il ne puisse être abrité dans un musée et être placé dans un
lieu, où il ait un autre sort que celui auquel il est sujet à présent dans la cour de
I. Roşculeţ. Les trois figures qu'on voit sont, sans doute, féminines. On remarque
cela mieux à la partie supérieure de la figure qui se trouve au milieu, et puis à la
figure de droite ; moins bien ou, plutôt, on ne le voit pas du tout à la figure de
gauche.
Les figures, telles qu'elles se présentent au nombre de trois et dans l'attitude
où nous les voyons, nous font penser aux trois déesses du destin, aux trois Parques,
Clotho, Lachésis et Atropos.
La figure de gauche tient d'une main un bâton, celle du milieu lève la main
droite, le geste de la troisième ne peut être déterminé, le relief étant complètement
abîmé. Il est compréhensible que, vu l'état déplorable de ce relief, l'interprétation
des trois Parques soit problématique. C'est dommage que nous ne puissions ajouter
avec certitude ce relief aux rares monuments d'art qui représentent «les Moires»,
«les cantatrices de l'avenir» ] ) .
1
) Voir Weizsackcr, Roschcr, Ausfiïhrl. Lexikon der griech. u. rôm. Mythologie II, 2, c. 3093.

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C.AI.LATIS

Le relief en marbre d'une bouche de puits du musée de Madrid (Baumeister,


Denkmăler, fig. 172; Roscher, 1. c , c. 3095, fig. 2) nous montre Clotho assise
et filant. A côté d'elle, à droite, se trouve Lachésis debout, tirant l'un des trois sorts
la figure tournée, et Atropos écrit la sentence sur une tablette, tout comme les autres
deux déesses tournée à droite. Ce groupe devait être attaché du côté droit à une
scène de naissance. / &
(Voir le relief ana­ 4P ->. .-
logue du château S î ■■

Tegel près Berlin, 9 ^

Muller-Wieseler, D.
d. a. K. 2, 292, en-
*
suite d'autres dans
Miillcr-Wieseler, 2,
890, 2, 838 a et
841).
Fi
Clotho a partout S- 36-
le même rôle. Elle file. Lachésis tient à la main le globe et le style ou écrit sur le
globe. Atropos montre un cadran solaire ou tient à la main les rouleaux ouverts
du sort.
Le relief d'un couvercle de sarcophage du Musée Cap.
4, 29, montre au milieu Lachésis avec les attributs de Tyché,
avec la corne d'abondance et la balance. A gauche, on voit
Clotho filant, Atropos tenant le rouleau du sort ouvert du
côté droit.
Le relief de Mangalia, lui aussi, a peut-être été en rap­
port avec un ou plusieurs autres groupes. Il est difficile de
croire que l'artiste l'ait laissé en complet isolement. Nous
n'oserions former aucune hypothèse sur ce point.
La partie inférieure d'un tronc de femme (fig. 34), des
hanches aux pieds en marbre, des dimensions 4 0 x 3 5 X25 cm,
chez I. Roşculeţ de Mangalia. C'est une femme assise, vêtue Fig. 37
du peplos et du chiton. A sa gauche se voient les contours
les pattes de devant.
d'un animal assis sur les pattes de derrière et appuyé sur
D'après les vestiges d'une patte, c'est un lion, compagnon habituel de la déesse Cy-
bèle ou Magna Mater qui joue un grand rôle dans les villes de la côte occidentale de
la Mer Noire.
Un fragment de stèle profilée en marbre, à fronton et acrotères, de dimensions
de 5 1 X 2 9 X 7 cm, se trouve dans le musée de Mangalia, no. 8. On n'y voit aucune
inscription. N'y-a-t-il peut-être pas eu une inscription peinte? Aucune trace de couleur
ne nous trahit ce secret (Fig. 35).
Un angle droit en marbre, aux côtés de 75 et 62 cm de longs, 30 cm de
haut et 24 cm d'épaisseur, fait voir à l'extérieur des rinceaux en relief. (Voir la
figure 36).
Deux fragments, l'un en marbre, de la forme indiquée à la figure 37, l'autre en
pierre calcaire se trouvent dans la cour de Ismail Sekeria à Mangalia.

125

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THÉOPHILE S M i l l i SĂ^ KANU

I I I . INSCRIPTIONS
A. En marbre et pierre calcaire
Les plus importantes des inscriptions notées en 1924 à Mangalia sont les deux
des thiasitcs de Callatis, que nous avons copiées à partir du (> Août dans la cour
de M. Theoharidis où nous avait conduit le maître maçon Gaetano lanachi. C'est
là que M. O. Tafrali les a vues plus tard et les a copiées.
Ces inscriptions ont été découvertes en 1921 par Theoharidis sur sa parcelle
près de la mer, dans un bâtiment antique que lui-même a mis au jour. Elles étaient
placées dans le mur coin me simple matériel et y ont été trouvées, les surfaces gra­
vées face à face. Le but auquel a servi l'édifice qui cachait les inscriptions des thia­
sitcs ne saurait être précisé. Au moment de notre arrivée à Mangalia on ne pou­
vait constater qu'un grand trou dont on avait extrait les blocs formant l'antique
édifice. Les inscriptions sont brisées en plusieurs morceaux, l'une en 8, l'autre en 5.
Cela peut s'expliquer par le grand poids de la partie d'en haut de l'édifice qui
pesait sur les plaques de marbre placées dans le mur. Les stèles étaient en outre
profilées et à frontons; Tune d'entre elles avait même le bord élevé, et le poids du
mur devait exercer ses effets avant tout sur les bords élevés de stèles.
Les stèles étant posées face à face dans le mur «l'origine romaine ou post-romaine
(la propriété de Theoharidis se trouve au quartier romain noble, comme nous le nom­
mons par suite des indices que nous avons), les parties non brisées nous montrent
les lettres intactes et non altérées par des différents facteurs. A l'endroit où elles se
trouvent depuis 3 ans et où nous les avons vues elles souffrent des détériorations
journalières; elles s'abîment, s'effritent sous l'influence de toutes sortes d'intempéries,
par l'écoulement des gouttes d'eau de la gouttière p. ex. Nous avons fait les démar­
ches nécessaires — sans réussir cependant — auprès du propriétaire pour qu'il les cède
au musée de Mangalia qui a été inauguré le 14/IX, 1924 dans une chambre de la sous-
préfecture avec le concours de M. C. Melidi.
Dernièrement les inscriptions sont parvenues, à ce que nous avons entendu dire,
pour une somme de 3900 Ici, au musée de Iassy.

No. 1.
Stèle en marbre, bleuâtre, profilée, à un cyma de 2 cm et une plaque de 1.8
cm de large, composée de 8 fragments dont les marges sont dépourvues de petites
écailles perdues.
La hauteur de la stèle est de 85 cm, la largeur en bas de 46 cm, en haut 44 cm,
l'épaisseur de 8.5 — 8 cm.
La face gravée est de 72 cm de long. Le fronton avec les acrotères a au milieu
13 cm de haut, à gauche et a droite 8 cm. Le tympan est 5 cm de haut et 1 cm de
profond. A 4 cm des bords droit et gauche de la face gravée il y a 2 incisions de 3
cm de long, 2.3 cm de large, 0,5 cm de profond. Elles servaient à fixer la stèle au
moyen de crampons métalliques.
La partie de derrière de la stèle n'est pas travaillée.
Les lettres commencent à 0.5 cm du bord. Leur hauteur est de 1.1 — 1.2 cm
La forme des lettres o et 0) est plus petite que celle des autres.

126

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CALLATIS

Les l e t t r e s g r a n d es et belles n o u s r a p p e l l e n t les c a r a c t è r e s d ' A t h è n e s d u milieu


du I V - è m e siècle a. J. Chr. L a forme ressemble b e a u c o u p à celle q u e n o u s t r o u -
v o n s d a n s l'inscrip-
t i o n d ' A n d r o s du mi-
lieu d u II V-ème siècle
à. J . C h r . I . G. X I I ,
5, 714, s u r t o u t a u su-
j e t des l e t t r e s A et
~ ,fArAOAITTXAIEFIBA<l
2?»).
A<KAAFIAAAMHNO<AlO lOYFPAKIM
L'yl a u n e b a r r e T O < A r H M O N O < T O Y F YOIJ N O <E.AO H E T O K O l A < f ;
transversale droite, T À I < O F Q<K A T A < k E Y A H N A o < T a i oEorror«j|
quelquefois u n p e u | G E A O N T A < T n N O I A < I T A N E A P T E A A E < ©AI El O T A r M
l'TA <K E Y ANOTIfc AEk A*TO < V O A I P H T A I T O K A E E F A H
c o u r b é e . Les b a r r e s
r E l A A / A E K I O K E a <MENXPY< ElttEN<TE4>ANON<NAQ
f o r m a n t L'angle poin- TIM! A < AIA BIOYK A I E r T T A * A E K < T A A A N T O K A E E i ;
t u de VA s o n t pres- AA<<ONXPY < O Y E F A T r E l A A \ E N O K E a < A P r Y P i n N ^
que droites. L e u r ^JAKONTAEIMENTANTEErrP *ANkAKTE*ANOKA
^ ^ ^ T A J T PIETHPIAIAIABIO OJ<AEA
c o u r b u r e n e se r e -
A À < <ONI A+ANTA^EFAF
m a r q u e pas de la fa- jf" E Al A <EI<TANCr^AMO"Fa<: ifl«*ç A T A < K E YA<OHON^
çon d o n t on la con- O < A < KA AAI<TAKA\< Y NTOA\ A ï ^ E A E < O A l A N A PA <
s t a t e a u Z. TPEI<EKFANTnNTr4NOIA <l TA EAIPEOENTE<AAB ONTE£
x TAPATriNEFArTTIAAnEN Cl NXE KOYNTITAAlA*OPAKAlAO]
Les l e t t r e s Z et M [rONAFOA H «DYNTIEiTPAfON •YXEIPKAOY a N T E A E J
n'ont aucune ten- < OENTO<AETOYEPr MErfcff: TOt<AlPEOD<IEnTArKATA!
dance aux formes |<kEYAN<TE4>ANONE £ <Y?fpAOI<A<KA ^YNONTIOIOIA U
TAIKATATPIETHP1AA AITYXAI
carrées, qui à Athè- lAEErArrEi A A N T O E K [O | H OAOMIANTOYNAOY S
nes c o m m e n c e n t a u - OA A DNYAO « AT YP OY# NI<E*E<IOY^A
t o u r de l ' a n 300 a v . < A F O A A n N | 0 V < A < IB IO <FPnTCrAAXOYtf>
4>IAIFFO<A AHNIOY HPEA < A ArtjffiLfiirro <A<i
J . Chr. 2 ) .
AIONY<IO< ONO<# Y+PA I O < f/-i . POYAA
:
L e 0, p o r t a n t a u f OlKOAO/AH EYAfAW [ fi?A
centre u n point, et ,A\ENKfcO<nPAkA i ■£ XA?
A A M A T P U 5 <AAA\ATPlOY *
l'omicron sont plus
< iM'^j/FFcttAOïnN o < * ?iWlMO<AAvî
petits que l'oméga, ) > X r 5 T I N O <A\lkOY *' A T O A A O A O T O iMJ^Ï^
mais, comparés aux ™TI/AO<FA<IAAA % T O < EPrATA<TPlAK ONTA^
a u t r e s l e t t r e s de l'in- >T.nFYPo<FpnTOFOAio< # T P OMAOinNTPOMAOinNO <
E PMATENH<AAA\OtilNTO < % E P r ATA <AEVATENTE
s c r i p t i o n , le S e t l'O KPrrOBOYAO<FYP<OY # A r HmNTYOLONO<KAPA A
sont plus grands que AOAAFIOA^PO<AFOAAOAOTOY^AEiONIcAIEFTATA<AEI^FEri^:,
les l e t t r e s des m o n u - NO<<iaNIEPOKAEO< t OAYAFO«aTHRXOYEPrATA<m
IOFYPO<E<T!OY t AinNAPI<TOKAEO*EPTATA<lE
ments épigraphiques
AAAO<OENH<AIONY<IOY AtAKTinN<KYOAEPTATA<IE
d ' A t h è n e s du milieu y\AEANEl<TOOYP^A\A AIONY<IO<<TE4ANAFAO|«r o <
d u I V - è m e siècle a v . l I<01AANKA1YAA1AA< EPTATA<AEk A
J . Chr. AFOAAnNlO<<IA\OYEPrATA<l;
r
L e Z , d ' a p r è s la Fig. 38.
ligne 3 7 , a la forme n o r m a l e . Le Z n ' e s t p a s clair à la ligne 32, d o n t j ' a i n o t é le

l 2
) Voir le facsimile Ath. Mitt. 1911, p. 3 et ) Larfeld, Handbuch der griech. Epigraphik
suiv. II, 2, p. 463, 472.

127

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THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU

signe < | . Cette forme pourrait être expliquée par la forme du Z qui se trouve dans
les inscriptions athéniennes à partir de l'an 180 av. J . Chr. ! ) .
Supposant que cette forme soit exacte, nous admettrions une erreur du lapicide,
qui devrait être expliquée par le manque d'habitude d'employer la forme nouvelle du Z.
A la ligne 37 on voit, sans doute, la forme plus ancienne du Z. (Voir le facsimile 2)
de l'inscription, fig. 38).
Dans la suite, nous donnons la transcription de l'inscription avec les compléments
que nous allons justifier plus bas.
'Ayadăi xv%ai. 'ETCL fïaaiXéoç Zi/iov xofv
'AoxXamdôa, /njroç ăiovvaCov^ nquioijunov-
zoç 'Ayrj/iovcç xov Ilvêuoroç- ëôoÇe xoïç ùiaoi-
zatç' ôncoç xazaoxevao&r] vaoç x<oi &eidi xovç
5 iiéXovxaç T&V ïïtaoïxàv ènayyékXeoûat elç xày xa-
zaaxevàv 6 xi xa ëxaoxoç nQoaiQfjrai' xoïç ôè ènay-
yeiXa^évoiç ëcoç /ièu xqvoov eî/nev oxéyarov (piXo-
zi/uiaç ôià (it'ov xai êyyqacpàv elç ozdXav, xoïç ôè ë-
laooov yjjroov ènayyeiXafiÂvoiÇ ëaJÇ àqyvqûv
10 [xjQtăxovra eî/iev xdv xe èyyqacpàr xai oxé(pavov an
feveqyjeoiaç xài xqiexyqt'ôi ôià (iioxr xoïç ôè Xoinoïç xoïç ë-
Xaaoov èrtayfyeiXaftévoiçJ elfi[e]v èyyqo.<fàv xaç ènay-
yeXtaç elç xàv azdXav Ô7i<oç ô[è] xai xazaoxEvao&f] ô vfaj-
oç (hç xdXXioxa xaflj ovvxo/itœxaza, êXéoêai avôqaç
15 ZQEÏÇ èx nàvxow x(bv ftiaoïxâv oi ôè aîqedêvzeç Xafïôvzeç
naqà TCÔJ' ênayyeÛM/téi'iov %Eiqitovvxi xà ôidqoqa xai Xô-
yov ànoô(i)Ocvvxi ëyyqayov xcv x£lQi0/l°v' ovvexeXe-
o&évxoç ôè xov ëqyov eljuey x[ai] xoïç alqevxeïoi èni xày xaxa-
oxevàv oxé<pavov èv zaïç avfvjôôoiç âç xa ovvœvzt oi êtafoïj-
20 zaï xazà zqiexrjqîôa' vacat 3-5 cm 'Aya&ăi zv^ai. vacat 14 cm.
Oïôe ènayyelXavxo elç zàv olxoÔo/uav xov vaov' vacat 3.5 cm.
'Anollojvloç Zaxvqov ^ Mfjnç 'Eqeoîov JPA
'Ano?.?.d)vioç ''Ajtolhoviov vacat 2 cm. Zcooîfiioç llqanofidxov AJA
[0](?d7T7toç AnoXXwvfov [Xajiqéaç Aa/ufocpjcôvxoç JPA
25 ALOVVGIOÇ [Kal]%aô[6v]oç vacat 2 cm. Evyoaïoç Zaxvqov JPA
Olxoô6[ii]o[a]v [xov vjafojv Evatojv i JPA
Mevioxoç 'HqaxX,e[i6ixr\]ç X .. a i x ç A*A
Aa^uixqioç Aa/naxqiov ^ vacat 1*2 cm. Z
Zijuft'ajç II qe^aêioivoç îf£ [ZJÏ/ioç Aa
30 . . vxïroç M (xov % ' AnoXXoônoç
[Ajalxifioç IJaoïdôa,. ^ vacat 3*2 cm. xoç èqydxaç xgidxofvxaj.
ZOJ7CVQOÇ IIQOJxcnôXdoç îf£ Ilqo/ia'&îojv Il QOfrnftuovcc
r
Eqjuayévr]ç Aa/ioyâjvxoç % èqydxaç ôexanévxe.
KqixôfiocXoç IJvqoov ^ 'Ayrjjuojv ITw&îwvoç xaflaX-
35 'AoxXajiioèojqoç 'AnoXXoô6xov% Xeïov xai iqydxaç ôexanhxe.

2
') Larfeld, 1. c. p. 472. ) Fait par M. I. Manoli.

128

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CALLATIS

Noooùov 'hooxh'oç •$ vacat 5 cm. "OXvţmoc SonrjQtxov èçydraç IE


Z(ï>7lVQ0Ç 'EOTCOV % 5 ' / 2 cm. vacat Aùov 'AQIOTOXMLÇ êoydraç' IE.
Aafiooêévt,ç Aiovvotov v a c a t 2 ' / 2 cm. 'Açiariov Zxé&a èayaxaç IE.
à?Jav elç rô êvQo/ia v a c a t 4.3 c m . Aiovvaicç eneyavajiXoxoç
40 xolXav xcd ipaXtôaç v a c a t 5 ' / 2 cm èoydxaç ôéxa v a c a t p o u r 8 l e t t r e s .
, 'ATIO).XO)VIOÇ ZI/ÂOV ègyâtaç I.

10 c m .

A la ligne 10 VA est la dernière l e t t r e p a r f a i t e m e n t lisible. A p r è s cet A n o u s


v o y o n s u n e b a r r e p e r p e n d i c u l a i r e q u i m o n t r e en h a u t d a n s u n angle d r o i t u n e p a r -
tie d ' u n e b a r r e h o r i z o n t a l e . Cette b a r r e , à g a u c h e dépasse u n p e u la b a r r e p e r p e n d i -
culaire, d e s o r t e q u ' i l est p l u s q u e p r o b a b l e , q u e la l e t t r e q u i succède à VA et q u i
a é t é la d e r n i è r e de c e t t e ligne, é t a i t H et "non T.
A la ligne 1 1 , on a des difficultés à cause de la f r a c t u r e a u c o m m e n c e m e n t
de la ligne. I l n ' y a q u e des restes insuffisants de l e t t r e s . A p r è s u n espace d ' à p e u
p r è s 2 l e t t r e s on v o i t u n e b a r r e h o r i z o n t a l e , p e u t - ê t r e la p a r t i e inférieure d ' u n E,
I ou = , p l u t ô t d ' u n E, suivie de la b a r r e s u p é r i e u r e oblique, d ' u n Z. A p r è s ces
vestiges de l e t t r e s on r e m a r q u e la p o r t i o n s u p é r i e u r e d ' u n e l e t t r e , qui p e u t ê t r e A, A
ou A e t q u i sera p l u t ô t u n i à cause du sigma q u i suit i m m é d i a t e m e n t . Ce sigma
est a s s u r é p a r la p r e m i è r e b a r r e oblique de dessus. N o u s a v o n s ainsi la t e r m i n a i s o n
g é n é t i v a l e d u g e n r e féminin d ' u n s u b s t a n t i f q u i c o m m e n c e à la fin de la ligne 10
et c o n t i n u e a u c o m m e n c e m e n t de la ligne 1 1 . L ' e s p a c e d e v a n t les l e t t r e s aç et
a p r è s le s i g m a q u i p r é c è d e , serait suffisant p o u r c o m p r e n d r e l'iota d o n t n o u s
n ' a v o n s p a s de vestige à cause de la f r a c t u r e .
Les débris des l e t t r e s à la fin de la ligne 1 1 , n o u s laissent voir, après les l e t t r e s
/oino, u n e p o r t i o n assez a p p a r e n t e d ' u n i o t a et des f r a g m e n t s t a n t ô t plus g r a n d s
t a n t ô t p l u s p e t i t s , de la p a r t i e inférieure des l e t t r e s ZTOIZE.
A la ligne 2 5 , n o u s c o n s t a t o n s a p r è s le n o m Aiovvoioç u n e l a c u n e de d e u x let-
t r e s q u i est suivie des restes conservés d ' u n X.
A la ligne 2 6 , la l e t t r e initiale est u n p e u effacée, et n o u s h é s i t o n s e n t r e VO e t
VQ. I l est p r o b a b l e , q u e n o u s a v o n s ici la forme de l ' a o r i s t e , et c'est la t r o i s i è m e per-
s o n n e d u pluriel d u v e r b e oïxoôo/zéw, sans l ' a u g m e n t . Les restes sont t r o p insuffisants
p o u r p e r m e t t r e d ' é t a b l i r a v e c c e r t i t u d e la t e r m i n a i s o n av p o u r les l e t t r e s oixcôô/zrjo
g r a v é e s t r è s l i s i b l e m e n t . L a l e t t r e A semble ê t r e assurée p a r u n e p o r t i o n inférieure de
la s e c o n d e b a r r e o b l i q u e . A p r è s VA on p e u t lire le N. L a lecture des m o t s xov vaôv
e s t p r o b l é m a t i q u e . N o u s n ' a v o n s q u ' u n a p e x i m m é d i a t e m e n t a p r è s les l e t t r e s
olxoÔô/ir]oav, d a n s la m ê m e h a u t e u r des a u t r e s l e t t r e s , et p a r suite les restes d ' u n A e t
d ' u n N. Ces l e t t r e s s o n t m a r q u é e s d a n s la t r a n s c r i p t i o n p a r u n p o i n t souscrit. D e -
v a n t VA, n o u s c r o y o n s a v o i r v u , à la h a u t e u r n o r m a l e des l e t t r e s , u n e p o r t i o n de
b a r r e h o r i z o n t a l e , ce q u i d é m e n t i r a i t la lecture proposée p a r n o u s . Mais la lecture-
p r o p o s é e c o r r e s p o n d p a r f a i t e m e n t p o u r les i n t e r v a l l e s des f r a g m e n t s de l e t t r e s
conservés s u r le m a r b r e .
A la fin de la ligne 26 il n ' y a q u e des restes i n c e r t a i n s de l e t t r e s , les m a r g e s des
m o r c e a u x r é u n i s é t a n t d é t r u i t e s . Ces restes d o n n e n t à p e u près u n n o m c o m m e Evaiotv,
sans certitude.

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9 Dacia T 1924.
THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

A la ligne 27 l'inscription est abîmée. A droite, après la lettre X et après un


intervalle de deux lettres, on voit les restes de la partie supérieure de trois lettres,
qui sont VA ou A ou A, puis 1'/ et probablement un T.
Le S de la ligne 29 est incertain. Mais dans cet endroit il ne peut être une autre
lettre que le sigma. Après le nom ZJTnoç suivent une ligne horizontale, peut-être le
reste d'en bas d'un A et la portion gauche d'un A.
A la ligne 32 le Z semble avoir la forme erronée de <I.
L'inscription est gravée dans le dialecte dorien, ce qui s'explique facilement dans
une colonie de la ville d'Héraclée Politique.
Callalis était la Cille de la ville d'Héraclée Politique et la petite-fille de la ville
péloponnésienne de Mégare.
Le dorisme se maintient très fidèlement à Callatis ainsi qu'à la Chersonese
Taurique, une soeur de Callatis ').
Nous trouvons des formes doriennes dans les mots suivants: à la ligne 1 et 20:
âyaiïâi rv%ai, 1. 2 : 'AoxXamdôa, Tioatottivoivroç., 1. 3 et 34 ' AyijiiovoQ resp. rAyijiioi•,
1. 5 et 15: TOJV ïïuwirâva), 1. 8: elç ordXav fyyQa<pâvf 1. 10: rdv re èyyqa<pdv, 1. 1 1 : râi
rQlETt)Qtoi, 1. 12: êyyQa(fàr ràç èxayyt-h'aç, 1. 13: sic ràv ordhiv, 1. 18—19: ènl rày
xaraoxevdv, 1. 2 1 : eîç ràv olxodo/u'av, 1. 28: Aajuârgioç Aa/iurQ/'ov, 1. 3 1 : TlaoïdôaA. 35:
'AoxkamSôcoQOÇi 1.38: Aa/ioa-âévrjç et'Acpaioruov Zxv&a,l. 39: àXéav et orerpavaTrAdxcç,
1. 40: xoO.av et xpaXiàaç.
La forme du génitif des radicaux en t]F est à Callatis la même qu'en Laconic
et dans d'autres villes doriennes. La forme dorienne du génitif se trouve dans
cette inscription à la ligne 1 dans le nom fiaaiXéoç ainsi que dans l'inscription
suivante et dans les noms propres de la ligne 36 'IEQOXXEOÇ et 1. 37 'Aqioro-
xXéoç*).
Le génitif d'un radical en iota, dans notre inscription, a la même forme qu'en
Laconie. À la ligne 5 — 6 nous lisons nôXioç au lieu de nôXxioç et à la ligne 37 llnio-
roTiâXioç au lieu de IlQioroTidlEinç*).
Comme formes doriennes s'expliquent l'infinitif EÎ/IEV, resp. elfiey dans les lignes 7
et 12, resp. 18, le futur âxoôœoovvri de la ligne 17 et %EiQiŞovvri de la ligne 16, et
le subjonctif du présent ovvâjvri à la ligne 19.
L'infinitif eï/iev (= eïvai) est formé par le suffixe court /IEV ; il est employé
dans le dialecte dorien, là où le dialecte ionien a l'infinitif en vai 5 ).
Les formes du futur dorien %eiQiî;ovvri et anooiooovvri, au lieu de %EIQIOOVOIV
et âjioôa)oovoiv, dérivent des formes xeiQl°ê~°~vri r e s P - ànoàmaè-o-vri formées par
le suffixe dorien 6 ).
Dans la forme %EiQiţovvn de la ligne 16 nous avons aussi une analogie d'après
les radicaux à gutturale (par exemple le pindarien ?>e{jovvri fr. 122, Bergk.) 7 ).
En Laconie les radicaux verbaux en lô ont au futur et à l'aoriste -£eo et - | a

x
) P â r v a n , Cerusia din Callatis, An. Acad. IV, 4, 1, p. 714.
R o m . , séria I I , 1919, X X X I X , p. 58. *) Pour la Laconie voir Hoffmann, 1. c. p. 714.
2 5
) Dans l'inscription suivante nous trouvons la ) Kiïhncr-Blass, Ausfiihrliche G r a m m a t i k der
forme râtv ftiaoeircôv. griech. Sprache I 3 , 2, p , 57.
3 6
) Voir O. Hoffmann dans Collitz - Bcchtel, ) Kùhner-Blass, /. c , p. 49.
7
S a m m l u n g der griechischen Dialektinschriftcn ) Kùhner-Blass, l. c, p. 106 et suiv.

130

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CALLATIS

au lieu de -oœ et -oa (Voir V. Hoffmann, Collitz-Bechtel, Sammlung der griechi-


schen Dialektinschiftcn IV, 4, 1, p. 721) et pour Callatis nous connaissons cette
particularité dorienne encore par deux autres inscriptions de la collection Collitz-
Bechtel (Z. c. I I I , 1, 47, 1. 14: èxQTjiuhtÇev et I I I , 1, 48, 1. 2 : xaraoxeva^dfisvoc).
Le subjonctif avv&vti de la ligne 19, et non avvùovri, que nous attendrions l ) , est
formé par le même suffixe dorien vn à l'aide de la voyelle intermédiaire allongée 2 ).
Le subjonctif (xamoxevaoêfj à la ligne 4 et 13) sans le iotas ouscrit se trouve
aussi dans les inscriptions de la Laconie. Voir Hoffmann, 1. c. IV, 4, 1, p. 719 — 720.
A la ligne 21 nous trouvons ènayyeiXavxo sans l'augment.
Pour olxoôé/jirjaav de la ligne 26 sans l'augment voir oîxoôo^/xéva chez Hoff-
mann, /. c , p. 721.
Nous pouvons constater encore un dorisme dans les lignes 6 et 19: ou xa et âç
xa. C'est la forme dorienne de l'enclitique modal xd. Dans la langue homérique le
xd a la forme de xé ou xév et ils est employé avec prédilection dans les propositions
relatives 3 ).
L'origine dorienne de Callatis n'empêche pas les callatiens d'employer au cours
des siècles, à la suite du contact et de la communication avec les colonies ioni-
ennes du rivage occidental de la Mer Noire, les formes ioniennes, de sorte que les
dorismes disparurent de plus en plus dans les inscriptions callatiennes.
L'inscription présente est un décret des membres d'un êiaooç, relatif à la con-
struction d'un temple au dieu dont le culte était servi par les thiasites de Callatis.
L'institution des clubs, nommés ïïlaooi, se trouve surtout dans les îles de la Mer Egée,
et sur les rivages occidentaux de la Mer Noire.
Les regions de la Mer Noire semblent être la patrie de l'institution, qui a atteint
les bords occidentaux de l'Asie-Mineure, sans avoir pénétré dans l'intérieur de l'Asie-
Mineure, et qui est arrivée aux îles de la Mer Egée. Sur le continent grec nous ne
la trouvons qu'à Athènes 4 ).
La forme -ùiaomjç, qui se trouve dans notre inscription, est la même que dans
les autres inscriptions callatiennes (Tocilescu, Arch, epigr. Mitteilungen aus Oester-
reich-Ungarn X I , 1888, 34, 33 et XIV, 1891, 32, 7 5 ; Dittenberger, Sylloge, éd. 3,
1108). Une autre forme nous est connue à Athènes par plusieures inscriptions et
à Chalcédoine par Dittenberger, Sylloge, éd. 3, no. 1010. C'est la forme êiaocoT7]ç.
Après la formule de bénédiction (àya-ùàt tvyai) suit le prescript avec le fon-
ctionnaire éponyme qui est le ftaodevç Zï/xoç, fils d'Asclapiadas.
Le nom Zï/wç de l'éponyme est répandu partout en Grèce 5 ). L'éponyme porte
le titre de (iaodevç.
La question est si ce fiaoifavc est le magistrat éponyme de la ville de Callatis
ou s'il n'est que l'éponyme du thiase. On peut poser la question si l'éponymité

4
') Voir l'inscription des Iobacches d'Athènes ) Poland, Geschichte des griechischen Vereins-
chez Dittenberger, Sylloge éd. 3, 1109,1. 40 et 80. wesens, Preisschriften der Jablonowskischen Ge-
2
) Voir O. Hoffmann l. c , IV, 4, 1, p. 720. sellschaft, 1909, Leipzig, p. 22 et suiv.
3 5
) K u h n e r - G e r t h , Ausfuhrliche G r a m m a t i k der ) Voir Pape-Benseler, W o r t e r b u c h der griechi-
griech. Sprache I I 3 , 1, p. 208, et Kùhner-Blass, schen Eigennamen s. v. ZÏ/JIOÇ. Uîfioç (qui a le nez
Ausfiihrliche G r a m m a t i k der griech. Sprache camus) se trouve dans la même inscription et en-
I 3 , 1, p . 281. core aux lignes 29 et 41 ; cf. 2i/J,laç à la ligne 29.

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•j*
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d u paoïltvç Simos s ' e x p l i q u e c o m m e u n e fonction de l ' E t a t , ou si le n o m du ftaodevç


est d e v e n u u n simple t i t r e d a n s les c a d r e s d u c l u b de C a l l a t i s , u n j o u e t a u cercle
des t h i a s i t e s de C a l l a t i s . Car on t r o u v e des t i t r e s d e f o n c t i o n n a i r e s s u p r ê m e s
d e l ' E t a t a t h é n i e n c o m m e c e u x d' ăQ%(ov ou d ' â o ^ o j j ' èxa)rv/ioç, d e fiaotÂevç, d e
7ioléf.ian%oç d a n s l ' o r g a n i s a t i o n des é p h è b e s a t h é n i e n s , q u i zélés p o u r leurs i n s t i ­
t u t i o n s se c o m p l a i s e n t à e m p l o y e r et à copier le m é c a n i s m e de l ' E t a t d a n s leur
o r g a n i s a t i o n . Mais chez les t h i a s i t e s la q u e s t i o n se p r é s e n t e a u t r e m e n t q u e chez les
é p h è b e s . Les é p h è b e s c o n s t i t u e n t u n e i n s t i t u t i o n de l ' E t a t , e t l ' i m i t a t i o n d u m é ­
c a n i s m e de l ' E t a t a v e c ses o r g a n e s e s t p l u s f a c i l e m e n t e x p l i c a b l e d a n s u n e i n s t i t u ­
tion p u b l i q u e telle q u e l ' o r g a n i s a t i o n des é p h è b e s 1 ) . L e c l u b des t h i a s i t e s c e p e n d a n t
est u n e a s s o c i a t i o n p u r e m e n t p a r t i c u l i è r e , q u i n ' é t a n t p a s en c o n t r a d i c t i o n a v e c l'idée
d ' E t a t n e p o u v a i t p a s ê t r e c o n t r a r i é e p a r les r e p r é s e n t a n t s de l ' E t a t . A u c o n t r a i r e , le
club des t h i a s i t e s a y a n t u n e sollicitude e x t r a o r d i n a i r e p o u r le c u l t e d ' u n dieu i m p o r ­
t a n t c o m m e D i o n y s o s e t d é c h a r g e a n t l ' E t a t d ' u n e p a r t i e d e ses o b l i g a t i o n s religieuses,
d e v a i t a v o i r t o u t le c o n c o u r s de l ' E t a t . Mais le c l u b de t h i a s i t e s é t a i t u n e i n s t i t u ­
tion particulière.
L ' i m i t a t i o n de l ' o r g a n i s a t i o n de l ' E t a t , a v e c le fiaadevç en t ê t e , n e p e u t p a s
e n t r e r d a n s la vie des sociétés g r e c q u e s . Le ftaaùevç n e p e u t ê t r e d a n s c e t t e c o r p o ­
r a t i o n p a r t i c u l i è r e u n s i m p l e t i t r e d u '&i'aaoc.
V u l ' i m p o r t a n c e d u d é c r e t , v o t é d a n s l ' a s s e m b l é e des t h i a s i t e s et é t e r n i s é p a r
l ' i n s c r i p t i o n p r é s e n t e , d e c o n s t r u i r e u n vaoç, ce q u i signifie u n a c t e i m p o r t a n t , u n
é v é n e m e n t p o u r t o u t e la ville, n o u s v o y o n s d a n s le fiaodevç Zï/wç le f o n c t i o n n a i r e
é p o n y m e d e Callatis e t cela d ' a u t a n t p l u s , q u e les a c t e s de M é g a r e s o n t aussi d a t é s
d ' a p r è s le fiaadevç (se. âqioiv) ( C o l l i t z - B e c h t e l , 1. c. I I I , 1, 3 0 0 3 , 3 0 0 4 , 3007 — 3011).
A C h a l c h é d o i n e (1. c. n . 3054 e t 3055), e t à A i g o s t h è n e aussi ( P o r t o G e r m a n o )
n o u s t r o u v o n s l ' é p o n y m i t é d u fïaodevç (èm ftaodîa)ç) a p r è s celle d u s e c r é t a i r e (èm
ynafifiaxéoiç), chez C o l l i t z - B e c h t e l , 1. c. I I I , 1, 3094, 1. 2 .
L e d é c r e t est d a t é d u m o i s d e D i o n y s i o s , n o m m é d ' a p r è s le dieu D i o n y s o s , q u i , j o u a n t
u n rôle i m p o r t a n t d a n s le c u l t e r e l i g i e u x d e C a l l a t i s , a v a i t u n mois n o m m é d ' a p r è s
son n o m . Le mois de D i o n y s i o s se t r o u v e aussi à A n t i c y r e , Callipolis e t N a u p a c t e 2 ) .
N o u s n e p o u v o n s p a s préciser, à q u e l m o i s a t h é n i e n c o r r e s p o n d le D i o n y s i o s
de C a l l a t i s .
A la ligne 2 —3 il y a e n c o r e u n f o n c t i o n n a i r e d e Callatis q u i est n o m m é H a g é m o n
fils de P y t h i o n 3 ) ; il é t a i t nqaioifivcbv.
Ce m o t i n d i q u e la f o n c t i o n des a i s i m n è t e s . Ce s o n t les a i s i m n è t e s q u i à M é g a r e
d i r i g e n t les affaires p u b l i q u e s , e t les C a l l a t i e n s a u r o n t r e ç u c e t t e fonction de leur
première métropole.
L e m o t aloifivdraç et les m o t s q u i a p p a r t i e n n e n t a u m ê m e r a d i c a l se t r o u v e n t
à M é g a r e e t d a n s les colonies d e c e t t e ville. L e m o t TiQaioi/ircôvTFÇ4) n e se t r o u v e

>) Voir Poland, /. c. p. 411. respond au mois 'EvôvanoiTQÔmoç de Delphes,


2
) A Anticyra le mois de Dionysios est le même d'après Bischoff, /. c. 363 et ss.
3
que Amalios de Delphes, et Gigantios d'Am- ) 'Ayr'j/ÂCDV TIV{)[MVOÇ est n o m m é encore une
phisse, d'après Bischoff, De fastis Graecorum fois dans notre inscription, à la ligne 34.
antiquioribus. Diss. Lipsicnsis 1884, p. 361. A *) Collitz-Bechtel, l. c. 3016, 1.
Callipolis et Naupacte le mois de Dionysios cor­

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qu'à Chersonese; il est composé de TIQO et de aloi/tvâw (cf. aîav/jir^tijç), de la même


manière que dans l'inscription callatienne.
A Calchédoine on rencontre la forme nQoaioifiva&éi'&a1), chez Collitz-Bechtel,
1. c. 3052 a, 10, et nnoaioi/irdor], ibidem 13.
A Chalcédoine il y a eu dix aisimnatai, d'après Collitz-Bechtel, 1. c , 3053, 1, au
mois de Potamios, et seulement huit, d'après l'inscription 3054, 9.
Le TiQaioifivûv doit avoir été à Callatis ainsi qu'à Selymbrie et à Chersonese 2 )
le président du collège des aisimnètes, du comité exécutif du conseil (fiovb)). Le pré-
sident se renouvelait chaque mois en même temps que les aisimnètes. Nous ne
pouvons pas insister sur les rapports entre le fiuoi/.evç et le noaioijurûv, parce que
nous ne voulons pas entrer dans le domaine des hypothèses.
Par les fonctions du ftaodEVÇ et du nqaioiiivGiv la ville de Callatis se rélève
comme appartenant à la sphère d'influence mégarienne.
Les noms des suprêmes fonctions de Callatis proviennent de Mégare.
A la ligne 3 nous avons dans la formule de sanction ëôoÇs TOÏÇ dtaoïxaiç la
forme concrète de ftuxoïxai, au lieu du nom collectif ûîaooç, qui se trouve consé-
quemment dans les inscriptions bosporaniques et avec prédilection dans les inscrip-
tions des îles ioniennes et dans les villes de la Propontide 3 ).
En ce qui concerne la forme ûiaoïxai, on peut prendre en considération la di-
stinction de Moeris p. 180: ftiaounai ôià xov to * Axxixûç^iaoïxai 'ElXtpnxcôç.
Dans les inscriptions bosporaniques, comme nous atteste Poland, 1. c. p. 16
et adn., ** 4 ), se trouve aussi la forme avec l'a>.
Il est évident que le mot &iaoïxai ne se trouve pas ici au sens primitif et original
de membre qui fait partie d'une procession tumultuaire en honneur de Dionysos 5 ).
Sans doute, qu'à Callatis, sur le téritoire thrace, dans la patrie de Bacchus, qui
s'étend jusqu'au bord nordique de la Mer Noire, les thiasites servaient le culte de Dio-
nysos 6 ) qui dominait directement toutes les associations de l'Asie-Mineure et qui
semble avoir été à Callatis le dieu noct k.ţoyr\v.
Les thiasites formaient d'abord une corporation, dans laquelle les intérêts reli-
ligicux prépondéraient. Au cours du temps les intérêts sociaux, économiques des
membres changeaient, mais surtout les intérêts politiques parvinrent au premier plan,
sans que la corporation acceptât une fonction plus administrative et sans qu'elle
servît, comme à Athènes 7 ), à diviser et coordonner les différentes parties de l'orga­
nisme de l ' E t a t 8 ) .
Dans l'exposé des motifs du décret nous apprenons que pour la construction d'un
temple (rao'ç à la ligne 14) de leur dieu ceux des thiasites qui le désiraient, pouvaient

x
) Sur l'aisimnatas voir Solmscn, Beitrăge zur ei d'une époque postérieure et dans l'adn.,*** nous
griechischen Wortforschung I, 1908, p. 36 et suiv. voyons les différences dialectales de ce mot.
6
A P a t r a i aloifivfrijt est l'cpithète de Dionysos, ) Eurip. Bacch. 680; Poland, /. c. p. 16.
d'après Pausanias V I I , 20, 1. •) Poland, l. c. p. 198.
2
) A Chalcédoine le président du conseil (Pov?.rj) ') Cf. Arist. Eth. Nie. V I I I , 11, p. 1160 a, 19 et
et du collège des aisimnatai s'appelle aye^Kov ou suiv.: ëviai ôè xûv xoivcoviœv ô'rjôovijv ôoxovoiv
âye/iwv (iovlrjç. yiyveadai &iaoa)T(»v xal eqaviaxibv avxai yào &v-
3
) Poland, l. c. p. 25. oîaç ëvexa xal avvovaiaç. Poland, /. c. p. 31.
4
) Ici nous constatons des oscillations entre i et "; Poland, /. c. p. 17, 526.

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contribuer pour la somme qu'ils voulaient. Ceux qui souscrivaient une somme j u s q u ' à
un xQvaâç recevaient le atêcparov rptlorifitaç ôtà fti'ov (1. 7 — 8) xal èyyqaxpàv eiç ozdXav.
Les payeurs d'une somme inférieure à un yqvaoç jusqu'à trente iiQyvQOÏ recevaient
xàv xe èyyqacpàv xal arétpavov evRQyeotaç (?) xa XQIEXIJQIÔL Ôià fit'ov (1. 10 — 1 1 ) , et enfin
ceux d'une somme au dessous de 30 àqyvQol, èyyQCMpàv xaç èmiyyeHaç (1. 12 — 13).
Pour que le temple fût construit le mieux et le plus vite possible, une commission de
trois thiasites devait être élue. Ces trois commissaires avaient le devoir de recevoir
les différentes contributions des souscripteurs et de rendre par écrit leurs comptes
de l'administration du fonds. Le travail terminé, les trois élus ènl xàv xaxaoxevàv
avaient le droit de porter une couronne aux réunions triétériques. Après le texte de
la résolution des thiasites suivent les noms des souscripteurs en deux colonnes.
C'est une chose très générale dans le monde grec, que dans un cercle ou dans
l'autre les membres d'un club décrètent et lancent des listes de souscription parmi
les membres, pour la construction d'un temple de quelque divinité 1 ).
Pour la restauration du temple apollinien de Delphes, qui a été détruit par un
incendie et par un tremblement de t e r r e 2 ) , les appels ont été faits à tous les Grecs de
partout3). é.
D'après les contributions, nous distinguons trois catégories de souscripteurs :
Ceux d'un %QVOUÇ au moins, ceux de trente aQyvQoî au moins, et ceux qui ont souscrit
moins de 30 àqyvQOÏ.
E n ce qui concerne la valeur d'un %QVO6Ç et d'un ÙQyvQovç, les rapports entre un
XQVOÔÇ et un âgyvQOVÇ, l'étalon de ces monnaies, nous ne pouvons rien préciser, parce
que nous ne pouvons pas déterminer avec certitude la chronologie de l'inscription.
Si nous convenons de l'époque autour de l'année 200 av. J . Chr. nous pou­
vons calculer le %QVOOÇ à un statère d'or macédonien, qui à l'époque d'Alexandre-
le-Grand n ' a v a i t que 0.003 d'argent, le reste é t a n t d'or pur. L' àQyvqovç était à la
même époque identique à une drachme, qui n ' a y a n t que 0.009 de plomb, de fer et
un minimum d'or, était au reste d'argent pur 4 ).
La valeur d'un àqyvQovç n ' a u r a pas été trop différente de celle de la monnaie
courante attique 5 ).
La valeur de la monnaie d'or, d'un XQVOOÇ, ne peut être déterminée absolument,
parce que dans cette évaluation interviennent les oscillations des rapports entre l'or
et l'argent, depuis un multiple de 14 j u s q u ' à 10.
A l'époque d'Alexandre-le-Grand le rapport de l'argent à l'or était de 1 : 1 2 ^ e t
30 drachmes macédoniennes étaient au statère d'or dans le même rapport de poids
que l : 1 2 1 / 2 6 ) .
L'inscription des thiasites, qui établit les trois classes des souscripteurs (êcoç...
XQVOOV à la ligne 7; êcoç àqyVQmv xqiàxovxa à la ligne 9 — 10, et xoiç ëkioaov ènayyEi-
lafiêroLÇ à la ligne 11 — 12) nous indique la limite inférieure pour les distinctions

] 3
) Cf. les catalogue des eranistai de R h o d e s , ) D i t t e n b e r g e r , /. c. p. 236 et suiv.
D i t t e n b e r g e r , Sylloge 3 , 116, 1. 3 et ss.: rolôe 4
) H u l t s c h , Griech. u. rôm. Métrologie, p. 240 et
ènavyEO.GLVTO elç ràv àroixoôo/iàv roil TOÎ%OÏ) xal suiv.
rœv /j,va/j,e{cov r&v Tteaôvrœv êv râ) oeiofiâ). °) H u l t s c h , Z. c. p . 235.
-) Voir D i t t e n b e r g e r , Sylloge, ed, 3, 295, 1. 8 •) H u l t s c h , /. c. p . 246.
et la n o t e 4.

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CALLATIS

qui devaient être accordées ; elle indique le XQVOÔÇ et les trente àoyvnoï comme les
sommes les plus petites, dont le payement était la condition principale et unique
de la première et de la seconde distinction de notre inscription.
La limite au-dessus d'un iQVoàq, n'est pas prévue ; on ne pouvait attendre que quel-
qu'un, dans un accès de philanthropie, offrît plus d'un %QVO6Ç pour le naos des thiasites.
L'inscription nous montre que le nombre des souscripteurs d'un xQva°? était
assez grand.
Ceux qui souscrivaient et payaient moins d'un XQvaôç jusqu'à trente âoyvooï au
moins, avaient à recevoir une distinction moins importante.
Le montant de trente àoyvQoï ne peut être expliqué qu'en se basant des rapports
et les usages des valeurs enracinées à l'époque de l'inscription et par le nombre de
trente âçyvQOÏ, connu comme un équivalent du statère d'or de l'époque d'Alexandre-
le-Grand.
D'après le degré descendant des distinctions énumérées dans l'inscription, nous
pouvons voir que la valeur d'un XQva°Ç n'était pas celle d'un statère simple, mais
d'un statère double ou d'une tétradrachme en or x ).
Après la destination du orécpavoç (pùon/uaç, accordée à ceux qui avaient souscrit
jusqu'à un XQV0(>Ç, suit la distinction de ceux qui avaient souscrit jusqu'à trente
àqyvQOÏ.
Le qualificatif de la couronne fixée aux derniers souscripteurs nous manque,
parce que le morceau du commencement de la ligne 11 avec la majeure partie des
lettres du qualificatif ne nous est pas conservée. Nous sommes réduits à des hypo-
thèses en ce qui concerne la seconde couronne.
D'après le mot (piXori/ua, le substantif abstrait qui qualifie la couronne des
souscripteurs jusqu'à un XQVOf)Ç, nous attendrions aussi pour la qualification de la
couronne, destinée aux souscripteurs jusqu'à trente ànyvgoï. un qualificatif ab-
strait. Les lettres initiales du second qualificatif semblent être Ail, que nous pou-
vons lire à la ligne 10.
Mais avec ces lettres nous ne pouvons pas rétablir le mot propre à combler cette
lacune et qui aurait la terminaison eoîaç, indiquée par les restes des lettres à la
ligne 11. D'après la désinence eoîaç nous sommes tenté à compléter evEQyeolaç.
Ce qualificatif a besoin d'être complété. Car le titre de eveoyjeoiac, à côté du titre
cpilôxifwç 2) est une des distinctions les plus habituelles, accordées aux bienfaiteurs de
tous les degrés dans toutes les parties de la Grèce et dans toutes les organisations
d'une polis grecque.
Mais la difficulté consiste d'abord dans le fait qu'à la fin de la ligne 10 se trou-
vent les lettres CLT, par lesquelles le nom de la couronne semble commencer. En-,
suite nous avons des difficultés d'espace pour le mot eveoysolaç au commencement
de la ligne 11.
Pour une lecture certaine et plausible, nous sommes dans l'embarras. Nous pou-
vons admettre une erreur du graveur du décret, qui après le mot oxécpavov a fait fausse
J
) H u l t s c h , I. c. p . 240 et s. ; 243 et suiv. Voir Pin- l. c. 368, 1. 1 9 ; 369, 1. 4 5 ; de C a r p a t h o s , D i t t .
scription d'Olbia chez D i t t e n b e r g e r , Sylloge, éd. Sylloge 3 , 570, 1. 1 6 ; de P a t m o s (c. 200 a v . J .
3, n o . 4 9 5 , 1 . 68, n o . 1 9 ; cf. l'inscription d ' E p h è s e , Chr.), D i t t . Sylloge 3 , 1068, 1. 20.
D i t t . Sylloge 3 , 352, 1. 14 — 1 5 ; de l'île de Crête, 2
) P o l a n d l. c , p . 437 et suiv.

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route, ce qui nous est arrivé en lisant pour la première fois le 6/VI11 1924 la ligne 10 et
surtout les lettres otécpavov an. Le lapicide a pu être entraîné par la formule presque
stéréotype d'Athènes et des autres villes du IV-ème siècle av. J. Chr. indiquant le
nombre des drachmes fixées pour acheter la couronne, par la formule oxetpàvov àrro
(le chiffre) àQa%[AÔ>V. *).
Quoique la lecture eôegyeolaç corresponde admirablement à cette lacune de l'in­
scription— voir l'exposé des motifs de l'inscription suivante, 1. 34 — 35, où nous
trouvons le mot evEQyeola—, admettre une erreur du graveur avec les lettres an ne
signifie que relever la possibilité d'un expédient.
Nous nous demanderons: quel atétpavoç était nommé tpi/.ortiii'ftç et quel était
l'autre ?
La distribution de couronnes, de grande importance d'abord dans les questions
sacrales, comme signes distinctifs d'honneur, est connue dans toute la Grèce, depuis
les temps les plus reculés, et ensuite surtout aux grands agones célèbres, aux jeux
Phythiens, Olympiens, Néméens, et Isthmiens 2 ).
Les couronnes de fleurs (aré<paroç arûtvoç) étaient rares 3 ). Dans la plupart
des cas elles étaient de feuilles toujours vertes soit de laurier (Ôdyn/ç oxéiparoç ou
oxêtpavoç ôàxpvivoç) 4 ), de l'arbre d'Apollon Pythios, soit d'olivier (èXaiaç oxé<pavoç 5 ),
auquel nous devons penser, quand nous lisons ûallov OTEtpàvq) ou i%ûMr(p Oxe<pàv(p
dans les nombreuses inscriptions de partout, soit de myrte 0 ) (pi,V(5£(vr)Ç axérpavoç),
soit de cyprès 7 ).
Dans notre inscription, la couronne a été probablement un oxé(pavoç legôç, i. e.
rod '&eov, une couronne sacrée de Bacchus, une couronne de lierre (voir xixxov oretpdvo)
x(J> Txaxoup xov &EOV de Péparèthe, chez Dittenberger, Sylloge, éd. 3, 587, 1. 31—32).
Il y a eu deux oxéqoavoi: l'un çpiloxitiiaç,, l'autre e/deoyeoiac (?), dont nous ne
pouvons pas deviner les signes distinctifs. L'une des couronnes se porte ôiù fiiov à
tous les festivals, l'autre ôià fiiov, mais seulement xâ xnu:r>)Qtôi (1. 11).
Il est intéressant de voir ces oxéqoavoi qualifiés par des substantifs abstraits. Mais
de quelle façon a été la couronne destinée aux membres élus pour le contrôle de la
construction du temple et pour l'administration des fonds recueillis? Etait-ce une
autre que l'une des deux couronnes nommées plus haut? A cause des mots xuxà
xniex7]Qi'Ôa (1. 19 — 20) nous sommes tenté de croire que la couronne des trois com­
missaires était la même que la seconde.
Pour ce qui concerne le mot ovvoôoç de la ligne 19, il est très usité dans le
langage de la vie sociétaire postérieure des Grecs, et signifie des associations aux buts
religieux et économiques-sociaux.

') Voir l'index chez Dittenberger, Sylloge 3 , 3


) Le prêtre de Neptune porte un av&lVOÇ axé-
IV, 2, p. 556, s. v. oxéqxivoç, où se trouve un rpavoç, Ditt. Sylloge 3 , 1017, 1. 11.
grand nombre d'inscriptions contenant les mots *) Voir l'index dans Dittenberger, Sylloge, éd.
oxéqpavoç cuio.... ôoaxniùv 3. IV, 2, p. 556, s. v. oxêtpavoç.
s 5
) Voir le travail Kochling, De coronarum apud ) Voir l'index cité.
antiquos vi atque usu, caput unum. Diss. Munster °) Nous avons dans les inscriptions d'Eleusis
1913. Religionsgeschichtliche Versuche und Vorar- cette couronne, p. e. Dittenberger, Sylloge, éd.
beiten, X I V , fasc. 2, 1914, p . 22 et suiv. Voir le 3, 540, 1. 45 — 46, 1050, 1. 8.
chap, de coronarum historia, p . 89 et suiv. 7
) Kochling, /. c. p. 24.

136

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CALLATIS

La signification primitive du mot ovvoôoç a été celle de réunion, de rassem-


blement, de séance. Dans notre inscription, à la ligne 19, le mot ovvoôoç a le sens
d'assemblée générale, qui avait lieu xaxà xoiexrjoiôa (1.20), quand se célébraient les
grands festivals de Bacchus.
Dans la controverse Ziebarth-Poland >), nous ne pouvons pas intervenir avec
cette acception du mot ovvoôoç. Voir les mots des inscriptions de Callatis, Arch,
ep. Mitt. VI, 9, 14 : èfi nâomç xaïç ovvoôoiç, et Arch, epigr. Mitt. X I , 35, 35 : èx xov ôôy-
ftaxoç ovvéâov.
Par l'inscription présente, où est mentionné un oxéyavoç (pdoxifiiaç à côté
d'un autre, se résout la question litigieuse, si le mot <pdâxi/mç est un titre d'honneur
ou le nom d'une fonction, d'une charge du iïîaooç. Longtemps il parut que (pdoxifioç,
qui ne se trouve qu'à Tomi et dans les villes voisines 2 ) pour désigner les membres
d'une corporation, était le nom d'une fonction, qui aurait son origine dans le do-
maine de conceptions éthiques, jusqu'à ce que Poland ait établi que ce titre a été ac-
cordé à tous ceux qui avaient quelque mérite pour le thiasos. Poland a démontré,
que (pd/m/wç et EVEoyéx^ç n'est qu'une confirmation des mérites qui donnaient
à ceux qui en étaient honorés droit à une place d'honneur dans un certain cercle
et à certains festivals et arrangements. Il résulte clairement de notre inscription que
fpdoxtfioç n'est qu'un titre, qui, comme nous croyons, ne pouvait jamais devenir une
fonction officielle.
Une distinction commune à toutes les trois classes de souscripteurs est Yèyyoacpà
ènayyeUaç (1. 12) ou èyyqacpà eîç oxdlav (1. 8) ou simplement èyyqacpà (1. 10).
La liste de souscription commence par les mots: oïôe êTcayyedavxo (sic!) elç
xàfvj olxoôo/uav xov vaov.
Les noms de souscripteurs suivent, disposés en deux colonnes. Dans la colonne
gauche on lit les noms propres avec le patronymique. En 4 cas (1. 23, 24, 25, 27) à
droite des noms propres nous n'avons pas le signe qui signifie un XQV°ÔÇ- Dans ces
4 cas on voit après les noms propres un espace libre, qui peut-être a été réservé à
des annotations ultérieures.
A la ligne 26 de la colonne gauche on ne lit pas un nom propre, mais le verbe
olxoôofiéa) qui se rapporte à des contributions en argent ainsi qu'aux bras de tra-
vail et à la construction d'une partie du temple 3 ). C'est ce qu'on constate à la ligne 39
et 40 de l'inscription pour les parties suivantes du temple: àléav elç êvQoy^a xodav
et xpaliôaç. Pour ces parties le mérite revient à Démosthène, fils de Dionysios.
Dans la colonne de droite nous lisons des souscriptions plus petites, de 30 aQyvooï,
indiquées par le sigle A*. L'indication manque à la ligne 28 et 29, qui n'est pas conservée.
A la ligne 30, aussi détruite, nous ne croyons pas qu'il y ait eu l'indication
d'une somme. La ligne 30 de la seconde colonne doit être rattachée à la ligne 31 de la
même colonne, ainsi que la ligne 32 à la ligne 33, la ligne 34 à la ligne 35 et la ligne
39 à la ligne 40.
Dans la colonne de droite, l'indication de la contribution ne manque qu'à la
ligne, qui n'est pas conservée.
3
) Confer r à oidcpoqa de la ligne 16 de l'inscrip-
1
) P o l a n d , l. c. p . 158 et suiv. tion, qui est une expression vague désignant
2
) Poland, /. c, p . 411. contributions diverses.

137

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ÏIICOlMIII.I, S U Cil C - S \ \ IWl

La question peut-être posée si les contributions de l'un ou de l'autre se réfèrent


à ces parties de la construction, à la droite de laquelle se trouvent leurs noms avec
la somme souscrite.
Les caractères épigraphiques ne donnent aucun indice, ils ne montrent aucune
différence de l'écriture, ni à la ligne 26 ni à la ligne 39. Nous ne pouvons pas dire que
les souscriptions aient été faites à plusieures étappes, et nous n'avons pas constaté
qu'après un nom quelconque la somme ait été ajoutée plus tard.
Il est possible de penser que les personnes de la colonne première à gauche, après
les noms desquelles ne suit pas le sigle ^ , avaient à declarer et souscrire ultérieu-
rement la somme d'un %QVOOÇ ou avaient à fournir le travail ou les matériaux cor-
respondant à la valeur d'un %QVO6Ç.
Nous ne croyons pas qu'il soit possible d'expliquer l'espace libre de la première
colonne à gauche par un rapport du nom propre de la première colonne à la somme
indiquée dans la même ligne de la seconde colonne, à droite, après le nom propre.
Onze personnes ont donné chacune un %QVOOÇ. Il n'est pas certain si Méniscos de
la ligne 27 a contribué pour un ^l'ooç, car la lettre #, qui est lisible après le sigma
final du patronymique, est incertaine. Le % peut être aussi le sigle tft et peut être rat-
taché au nom défectueux de la seconde colonne. Six personnes ont souscrit chacune
trente àgyvQOVÇ. Le nombre de ceux qui ont contribué à la construction du temple avec
des êQydrai est relativement grand. Le nombre des êçyarai est indiqué en toutes
lettres ou par des signes pour 30, 15 ou 10. Apollodotos a contribué avec 30 EQ-
ydzai, Promathion, Hagémon, Olympos, Dion et Aristion, chacun avec 15, Dionysios
et Apollonios avec 10 êgydrai. Hagémon a contribué en outre avec un xafialleïov.
E n ce qui concerne les noms des souscripteurs : Pour la première fois nous rencon-
trons le nom de Protopolis à la ligne 32, IÏVQOIJÇ à la ligne 34, Noaotov à la ligne 36.
La formation de ces noms est grecque.
Pour Pyrses cf. IJVQOCOV, pour Nooauov cf. Ndoooç, Nooaîç, Nôaovloç chez Pape-
Benseler, Wôrterbuch der griech. Eigennamen, s. vv. Le nom oriental Zopyros est
à cette époque répandu aussi en Grèce.
A la ligne 34 après les nom 'Ay/j/iov IIvOi'oroç nous voyons les lettres KAPAA.
Les lettres doivent être rattachées aux lettres de la ligue suivante de la même co-
lonne. C'est ce qui est indiqué aussi par la copule xai. A cet endroit nous convien-
drait parfaitement le mot xafidlleiov. Mais, a d m e t t a n t au lieu de P un B, nous ne
savons si à l'époque de notre inscription le mot était employé.
Le temple des thiasites de Callatis aura été comme les temples des autres cor-
porations des autres villes, un édifice modeste 1 ) qui ne pouvait être comparé aux
bâtiments somptueux et pleins de richesse et de splendeur de l ' E t a t . Le nombre des
souscripteurs de Callatis confirme assez notre assertion. Nous trouvons cependant à la
ligne 39 et 40 mentionnées une aléa xoila et des ipaMôeç.
L' aléa est un mot employé par Homère Od. 17, 23 et par Aristoph. Eccl. 591.
Chez Hés. O. 543 nous trouvons l'explication vexov âlérj. Le mot signifie ici une
espèce de verandah, qui abrite contre les intempéries.

*) Confer la salle des Iobacches découverte par êv Aî/ivaiç. Voir mon article, Statutele Iobachilor,
Dôrpfeld à Athènes, dans le district de Dionysos Orpheus, 1925, no. 3, p. 1 et suiv.

138

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CALLATIS

L ' a l é a d e l ' i n s c r i p t i o n p e u t ê t r e u n e e n t r é e , u n v e s t i b u l e a v e c u n e xoO.a, sans


Vàéttûpia1).
Les xpàklàeç signifient d e m i - c e r c l e s ,
a r c s ; elles s e m b l e n t n ' ê t r e a u t r e chose
q u e les àtplôeÇ, d o n t le n o m b r e a u r a é t é
plus grand qu' au Baccheion d'Athènes. , r .t -m~
L a c o n s t r u c t i o n d u vaôç d é d i é à
D i o n y s o s d é n o t e la s i t u a t i o n aisée d o n t
j o u i s s a i e n t les C a l l a t i e n s à l ' é p o q u e à
laquelle a p p a r t i e n t cette inscription.

N r . 2.
Stèle en m a r b r e b l a n c , c o m p o s é e
a u j o u r d ' h u i d e c i n q m o r c e a u x , de 96
c m de h a u t e u r , a v e c u n f r o n t o n 85
c m d e h a u t a u m i l i e u , s u r les d e u x
c ô t é s de 4 c m d e h a u t .
L a l a r g e u r d e la stèle est en b a s
d e 42 c m , e n h a u t de 37 c m , l'épais-
s e u r d e 16 e t 10 c m .
L a face g r a v é e e s t a p p r o f o n d i e de
1.8 c m e t l ' i n s c r i p t i o n e s t e n c a d r é e
p a r u n b o r d élevé d e 4.5 c m d e l a r g e ,
à g a u c h e e t à d r o i t e . L e b o r d a u des-
sous d u f r o n t o n est de 1.8 cm de l a r g e u r .
Le t y m p a n du fronton sans acro-
t è r e s e s t u n p e u a p p r o f o n d i et e n c a d r é
p a r t r o i s c ô t é s de 1.8 c m de l a r g e u r .
A d r o i t e d u t y m p a n on v o i t es-
q u i s s é en lignes incisées u n d a u p h i n ,
le s y m b o l e de la p r o t e c t i o n b é n é v o l e
d i v i n e , le s y m b o l e d u v o y a g e h e u r e u x ,
la m a s c o t t e des n a v i g a t e u r s . S u r son
r a p p o r t avec Dionysos, voir T h r a e m e r ,
R o s c h e r Ausfiihrliches L e x i c o n der
griech. u n d r ô m . Mythologie, I, p .
1 0 8 3 , s. v . D i o n y s o s . Fig. 39.
A 3 c m d u b o r d s u p é r i e u r e t à 1.2
c m d u b o r d à g a u c h e c o m m e n c e l ' i n s c r i p t i o n de 42 lignes. A p a r t i r d e la ligne
29 les l e t t r e s s o n t u n p e u p l u s g r a n d e s q u e 0,8 c m .
L a stèle e n b a s , s u r ses d e u x c ô t é s , à 6 cm d u b o u t est a r r o n d i e j u s q u ' à u n e
p r o f o n d e u r d e 2 c m ; elle est a u r e v e r s , à 6 cm d u b o u t , p l u s p r o f o n d é m e n t t a i l l é e ,
d e v a n t ê t r e m o n t é e s u r u n socle, sur u n e b a s e .
l
) Cf. l'inscription argienne, Michel, Rec. 1011, 1. 2 6 : VJieQÛvgœf &fjvat] rf/v eïooôov. Voir Poland
l. c. p . 468 et suiv.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

D a n s la s u i t e n o u s d o n n o n s la p h o t o g r a p h i e (fig. 39) e t la t r a n s c r i p t i o n de
l'inscription.

'Enl flaoOJoç Kôxvoç xov 'Pot[ir]xàlxa,


fiyroc Atovvai'ov èv XQiExrjQi'ôr
EÔOÇE xoTç ■ùiaoehaiç, AI6Ô(OQOÇ Aaţia-
xoiov elne' ETTEIÔX) AQI'OXOV ' Aot'axtovoç
5 ctatQÔç ècov Evepytxa xal xxîoxa xâç no-
Àioç xal qnXoxfi'/iov xov -Oidoor ènavtcov
fièv aiïv xàç xov yevvdoavxoç àpExàç v a c a t
ôiaxehï ô/wt'av xe èmôei'xvvxat xàv
lôiav aÎQEOiv noxl xov ôâ/itov èv narxl
10 xaïQÔJ xal xivàvvw ocbÇtov xal EVEQŢE-
xœv xovç noXEixaç xal ènavyeXlô-
fiEvoç âfci'J xivoç àyaêov napalxioç è-
OEtoêai [n]oxi XE XOV ftiaoov xov
nan' â/icôv EVVOVV èavxov èvnaqe-
15 %6[tsvoç xal ovvETtavŞiov xâç xov
Aiovvoov [xEiJfidç, xaiTtEQ ÔJV jtavxd-
naoïv véoç, {IEÏÇOV êvÔEixvvxai xo
Tioxl xovç TioÏEi'xaç çpilôàoÇov na­
tta xovç xà%iov EVEQyexfjOai (jiooai in r a s u r a )
20 TtQoawty&évxaq ÔJIOJÇ o$v xal oi -&iao-
EÏxai (paivcovxaft] xàv nox* avxov rvvoiav ôi-
[a]xi]QOVvxEÇ xal àjto/iva/iovEvovxEÇ vacat
xàv noif êavxovç yvrjoiôxaxa xal xd^tov
[10 l e t t r e s ] TTpàxtoç xtôv naxQi avxuv xàç
25 [xaïïiixovoaç] xsi/iiàç napà xovç xoivovç
[10 l e t t r e s ] vvv TTQaxcoç avxov 7ioit]oaf.iè-
vov xàv àrayoQEfvoivJ xov oxEcpdvov ôià xo av­
xov xEXEi/idoi}a[i] vno xov ôd/xov xaXç ïa-
atç X(~> Tiaxpl XEi/iaïfç ôeôoJxïïai xoïç ftiaost-
30 xaiç oxEvpavovv xaxàfxàjv ovvoôov xal
xaxà Ttâoav rf/iéoav èv alç â[ïïpolL,o]vxai vacat
3
An!oxQ)va ' Aploxwvoç XOV ev£pytx[a]v xov
èd/iov xal (pilôxEifiov xov &[idJa[ov], ôsôéo-
tiai ôè xov oxécpavov EIÇ XO xfajxà ïôiov EV-
35 EQyEolaç /dv xal àpExàç EVEXEV xâç EÎÇ
xov iă/Âov, Evvoîaç ôè xal (pû.oxEifuaç
xâç EIÇ XOVÇ ■ùiaOEÎxaç èvyqd^ai ôfè] vacat
xovç êiaOEÎxaç xo ipdçi^jua xovxo EIÇ
xs?M{j,ă)va IEVXOV )MOV êo)Ç /irjvoç
40 Avxrjov xâ)v l-zvtxcbv AIOVVOIOJV xal
àvaêé/iiEv EIÇ XOV èm(pavéoxaxov
xov ţivyjov XÔTIOV. v a c a t 1 5 x / 2 c m .

140
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CALLATIS

Les caractères épigraphiques de l'inscription trahissent une date plus récente


que l'inscription précédente.
Il y a une «varietas et inconstantia scripturae» 1 ), qui commence, et qui se révèle
surtout par le & et l'a». Ces lettres sont tantôt de la hauteur des autres lettres,
tantôt plus petites, même plus petites que l'o, qui a la forme petite constante. Les
autres lettres sont 0.9 — 0.11 cm. de hauteur. La barre transversale de VA est tantôt
brisée t a n t ô t courbée. L'A a la barre droite au milieu, qui à Athènes commence
d'être rare à partir de 150 av. J . Chr. 2 ), est sporadique dans l'inscription présente.
Là lettre ?*> a au milieu, au lieu du point, une petite barre horizontale.
On remarque cependant des réminiscences du § avec le point au milieu, qui dis-
parait complètement entre 30 av. J. Chr. et 50 ap. J. Chr. 3 ).
v
La lettre M montre la tendance aux formes carrées, qui commence en Attique
autour de 300 av. J. Chr. 4 ). Le sigma a presque sans exception des formes carrées,
qui prédominent à Athènes à partir d'environ l'an 90 av. J. Chr. 5 ).
Le 77 se présente avec deux barres perpendiculaires parallèles, de la même lon-
gueur. Le Q a une forme ronde. La bifurcation de 1' Y commence près du milieu de la
hauteur.
Nous avons ici une écriture assez soignée, sans vestiges d'ornementation, sans
lignes et sans hachettes. Même les bouts des barres des différentes lettres ne sont
pas enflées, comme nous les avons trouvées dans l'inscription précédente, ce qu'on
constate aussi à Athènes à partir d'environ 200 av. J. Chr. 6 ).
Nous n'avons pas dans cette inscription des caractères d'une écriture plus déve-
loppée, comme nous l'attendrions à la fin du premier siècle av. J . Chr. Il semblerait,
que les lettres de cette inscription aient un caractère plus ancien. Mais elle ne peut
être que d'une époque postérieure à l'inscription précédente, qui nous montre des
éléments caractéristiques au commencement du développement de cette écriture,
des éléments qui n'apparaissent plus dans l'inscription de l'an du roi Cotys, fils de
Rhoimétalcas.
Au point de vue purement épigraphique pour dater l'inscription de l'an du roi
Cotys nous ne pouvons dépasser le premier siècle av. J. Chr.
Si nous avions à déterminer le rapport de l'ancienneté de ces deux inscriptions
seulement par des éléments linguistiques, et cela à l'aide du mot qui indique les
membres du §(,aooç et qui se trouve dans les deux inscriptions, nous accorderons une
ancienneté plus grande à l'inscription de l'an du roi Simos, fils d'Asclapiadas.
Le dialecte dorien y est plus conséquemment observé. Le génitif pluriel du mot
ûiaàÏTiu se trouve à la ligne 4 et 15 de l'inscription précédente sous la forme ûiaonav,
tandis que l'inscription du temps de Cotys, fils de Rhoimétalcas, ne nous montre
pas de telles formes.
Nous avons dans l'inscription de Cotys, fils de Rhoimétalcas, encore une forme
plus récente du mot, qui indique les membres du iïiaooç. Au lieu de la forme ûiaoï-
rai de l'inscription précédente nous trouvons ici la forme ûiaoeïrai. A 1 époque
x 4
) Elle caractérise t o u t e l'époque impériale. Lar- ) Larfeld, Z. c. p . 463, 372.
6
feld, H a n d b u c h d e r g r i e c h . E p i g r a p h i k , I I , 2,484. ) Larfeld, l. c. p . 481.
2 6
) Larfeld, /. c. p . 472. ) Larfeld, l. c. p . 472.
3
) Larfeld, l. c. p . 484.

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THÉOPHILE SAUCIUr.-SĂVEANU

des empereurs romains on trouve à Athènes ci au lieu du /, en grand nombre surtout


dans les désinences (aïoç, tvrjç et ïvoç ').
Nous pouvons déterminer la chronologie de l'inscription de l'an du fiaoûevç
2ï/toç à peu près aussi par la comparaison avec l'inscription d'Aigosthène (Porto-
Germano) 2 ), qui, avec des formes comme [luot/.nnc et avec VA à la harre trans­
versale brisée en deux, a été placée par Foucart entre 288 — 255 a. J. Chr. Sans doute,
l'inscription callatienne de l'époque du (lumievç ~ï/ioç * Aaxhmiàoa peut être datée
du lll-ème siècle av. J . Chr., si nous n'hésitons pas à attribuer celle d'Aigosthène
au l l l - è m e siècle av. J. Chr., quoiqu'elle soit plus récente au point de vue de la
langue et de l'écriture.
L'éponyme de la seconde inscription des thiasites est le fiaoïkevç Cotys, fils de
Rhoimélalcas. Ce Cotys ne peut être un autre que cehii qui a été tué en 19 ap. J .
Chr., et dont la femme était Antonia Tryphaina, la fille du roi pontique Polémon.
Le roi Cotys, nommé par Strabo X I I , p . 556 ÏLanaïoç, était de la tribu des
Sapéens, qui habitaient dans la Thrace voisine à la Macédoine, depuis l'Abdère
jusqu'à Philippi. Leur vigueur et leur puissance datent du temps de la bataille de
Philippi 8 ).
Le père de Cotys est Rhoimétalcas, contemporain d'Auguste, qui après la
bataille actiaque passe du côté de César 4 ). Rhoimétalcas, fils de Cotys, s'empare en
11 av. J . Chr. de la domination des Odryses, dont le roi Rhescuporis avait été tué
par les Resses. Ceux-ci avaient envahi le territoire de Rhescuporis. Les Odryses cher­
chèrent la protection de Rhoimétalcas pour se défendre avec le secours des Ro­
mains contre toutes hostilités dangereuses.
Rhoimétalcas est roi, et non pas ôvvdoxi]Ç Sqaxaiv. Ce dernier titre est celui
de Rhoimétalcas, fils de Rhescuporis.
Au temps d'Auguste l'influence des rois sapéens dans la Thrace et dans les ré­
gions de la Mer Noire était grande.
Ainsi nous expliquerons l'éponymité de Cotys à Callatis dans une des années
antérieures à 19 av. J . Chr.
L'inscription montre aussi des formes doriennes. A la ligne 1: ftandéoç el'Poi/it]-
xd?.xa, I. 3 — 4 : Aa/m/xotov, 1. 5 — 6: EVEQyéxa xai xxiaxa raç 7id/?aoç, 1. 7: yevvdoavxoç
(employé au lieu de xov yevvdoavxoç naxqôç; le verbe yevvdu) est employé en parlant
du père, xîxxeiv en parlant de la mère); 1. 8: xàv, 1. 9: ôâtiov 1. 14: âfiâv, 1. 2 1 : xàv
nox avxov evvoiav, 1. 22 : v7io/i,vafi,ovevovxeç, 1. 23 : xàv noff eavxovç yvrjotdxaxa, 1. 24
et 26: 7iodxcoç (voir nqaxoç elo^ytjoaxo à la ligne 9 de l'inscription callatienne pu­
bliée par Pârvan, An. Acad. Rom. X X X I X p . 12), 1. 27: xàv àvayônevoiv, 1. 2 8 :
xexeifiàoiïai VTIO XOV ôd/AOV, 1. 32 — 3 3 : eveoyexav xov/ôd/wv, 1. 35 — 36: àoexâç ëvExsv
xâç elç xov/ôaf.iov, 1. 37: xâç, 1. 38: ipd(piÇ/m, 1. 40: Avxrjov (la forme laconienne au
lieu de AVXEIOÇ5).

3
*) M e i s t e r h a n s - S c h w y z e r , G r a m m a t i k der a t - ) Dessau, Regcs T h r a c i a e qui f u e r u n t i m p e -
tischen I n s c h r i f t e n , p . 49. Voir encore nolehaç à r a n t e A u g u s t o , E p h e m . epigr. I X , p . 697 et suiv.
4
la ligne 11 et 18 ; [reij/idç, Tereifiào&ai et xeifiaïç ) Plut., A p o p h t h . Caes. A u g . 2, p . 207 A ; cf.
a u x lignes 16, 28 et 29, (fiXcaeinov et (pdorei/uaç v i t a R o m . 17.
6
a u x lignes 33 et 36. ) Voir H e r w c r d e n , Lexicon graec. suppl. e
2
) Collitz-Bechtel, /. c. 3094, 1. 2. dialect. 1902, s. v. Avxrjoç.

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CALLATIS

A la ligne 12 — 1 3 n o u s a v o n s le f u t u r dorien êoéïoêai, q u i se t r o u v e d a n s l a


m ê m e p h r a s e d ' u n e a u t r e i n s c r i p t i o n c a l l a t i e n n e , p u b l i é e p a r Tocilescu, A r c h , e p i g r .
M i t t . V I , 10, n . 16 ( C o l l i t z - B e c h t e l , l. c. I I I , 1, 3090), 1. 7 ' ) .
À la ligne 4 1 n o u s a v o n s la f o r m e âvaiïé/iev, l'infinitif a u suffixe dorien fisv.
Aux lignes 19 e t 23 n o u s t r o u v o n s la forme d u c o m p a r a t i f xd%iov, de l ' a d j e c t i f
xaxvç, a u lieu de iiàxxov. Voir K ù h n e r - B l a s s , A u s f u h r l i c h e G r a m m a t i k d e r grie-
chischen S p r a c h e , I 3 , 1, p . 5 5 6 .
L a f o r m e a d v e r b i a l e jigdxojç à la ligne 24 et 2 6 , a u lieu de nocôxov, est formée
d e nqô-a-xoç a v e c le coç, a u Kcu de ov, q u ' o n a a u x a d v e r b e s de lieu et de
temps 2).
A u x lignes 1 3 , 18 e t 21 n o u s a v o n s a u lieu de nodq la forme b é o t i e n n e , t h e s s a -
l i e n n e e t d o r i e n n c TIOXL ( K û h n e r - G e r t h , Ausfiihrl. G r a m m a t i k d e r griech. S p r a c h e ,
I I 3 , 1, p . 515), q u i se t r o u v e aussi d a n s le d i a l e c t e é p i q u e . Le p a r t i c i p e iév de la
ligne 5 n o u s e s t c o n n u a u s s i d ' H o m è r e .
R e m a r q u a b l e s s o n t e n c o r e èvyodyai à la ligne 3 et ydcpiÇ/ita 1. 3 8 . In rasura
s o n t à la ligne 19 les l e t t r e s nqoai.
D a n s c e t t e i n s c r i p t i o n n o u s a v o n s u n d é c r e t h o n o r i f i q u e , q u i a été v o t é p a r
les t h i a s i t e s d e C a l l a t i s s u r la p r o p o s i t i o n de D i o d o r e , fils de D a m a t r i o s , a u m o i s de
D i o n y s i o s , l ' a n n é e où se c é l é b r è r e n t à Callatis les fêtes t r i é t é r i q u e s de D i o n y s o s .
D a n s l ' e x p o s é des m o t i f s d u d é c r e t s o n t relevés les m é r i t e s d u p è r e d ' A r i s t o n
q u i é t a i t h o n o r é . A r i s t o n , le p è r e d ' A r i s t o n , t i t u l a i r e d u d é c r e t p r é s e n t , s ' é t a i t a c q u i s
des m é r i t e s e n v e r s la ville e t e n v e r s le êidooç. I l est n o m m é à la ligne 5 — 6 eveoysxa
xal xxioxa xaç nâlioç xal cpdoxeîfiov xov ftidoov. Son fils A r i s t o n , xaineq a>v naitd-
naaiv véoç (1. 16 — 1 7 ) excelle p l u s q u e le p è r e p a r ses m é r i t e s p o u r le p e u p l e de Cal-
l a t i s , èv navxl xaigw xal xtvôvvoj oé'Qov xal eveQyexôiV (1. 1 0 — 1 1 ) , p o u r les c i t o y e n s
c a l l a t i e n s , p o u r le c u l t e de D i o n y s o s , e t p o u r la c o r p o r a t i o n des t h i a s i t e s de C a l l a t i s .
A c a u s e d e ses m é r i t e s les t h i a s i t e s d é c i d e n t de lui conférer les m ê m e s h o n n e u r s d o n t
les C a l l a t i e n s a v a i e n t h o n o r é son p è r e . Les t h i a s i t e s d é c i d e n t de c o u r o n n e r à c h a q u e
ovvoôoç e t t o u t e s les fois q u e les t h i a s i t e s se r a s s e m b l e n t , A r i s t o n fils d ' A r i s t o n , xov
evEpyéxav xov ôd/iov xal (pddxei/iov xov ûidoov (1. 32 et ss.). D e c e t t e c o u r o n n e il est
h o n o r é Eveoyeaiaç [tèv xal àoexâç EVEXEV xaç eîç xov èatxov, .evvoiaç ôè xai (pdoxeijutaç
xaç eîç XQVÇ êiaoeîxaç. Les t h i a s i t e s d e v a i e n t inscrire le d é c r e t elç xelafxtbva levxov
XIÛOV êo)Ç fii]voç Avxrpv xiôv Çevixâiv Aiovvaww (1. 38 et ss.) et le p l a c e r elç xov èm-
(pavéoxaxov xov /Ltv%ov xônov ( 1 . 4 1 — 4 2 ) .
TnhifiQiv signifie, d ' a p r è s H e r w e r d e n , L e x . s u p p l . et dial. s. v . xe/.ajiicôv, 1902,
p . 805 «fascia m a r m o r e a » , ce q u i se c o n f i r m e p a r le s u p p l é m e n t XEVXOV Xlûov d e l a
ligne 39 (cf. ïevxdhdov chez P â r v a n , G e r u s i a din Callatis, A n . A c . R o m . X X X I X ,
p . 6 3 , 1. 19 — 2 0 ) . L e xela/iôiv levxov XLftov est i d e n t i q u e à la axy\lr\ h&fari, q u i se
t r o u v e t r è s s o u v e n t d a n s les i n s c r i p t i o n s d ' A t h è n e s e t d ' a i l l e u r s , et à la oxd/.a
s i m p l e ce q u e n o u s lisons d a n s l ' i n s c r i p t i o n c a l l a t i e n n e p r é c é d e n t e , à la ligne 8
et 13.
]
) 'EnuvyèU.exai àel nvoç àyaêov nagairioç è- vô/tevoç.
2
oelo&ai roïç ftiaoehaiç. Dans l'inscription mé- ) Kiïhner-Blass, Ausf. Gramm. der griech.
garienne, Collitz-Bechtel, /. c. III, 1, 3094, 1. Sprache P , 1, p. 577.
10 — 11, nous lisons âeirivoç àyaêov Jtaoahtoç ys-

143

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVKANU

L'inscription devait être placée elç rov inupavèaxaxov rov fxvjipv xônov. Le lieu
doit être ènupavêaraTOÇ ] ), non pas de la ville mais rov [ivyj>v.
Le mot /tv%6ç nous est connu par Homère 2 ), où nous le trouvons dans la phrase
stéréotype êç fiv%àv ê$ ovÔov ou e£ ovôoïo. Cette phrase indique qu'une fois étaient
des %â).XEoi xoïyoi, une autre fois des finovoi neol TOÏ%OV3) depuis le seuil jusqu'au
coin le plus reculé et plus caché de la salle. Dans la phrase èç fÂV%àv t'| ovÔov le
mot juv%6ç a le sens d'intérieur. C'est dans le même sens que le mot est employé dans
notre inscription. Il est évident qu'il ne s'agit ici que de l'intérieur d'un édifice des
thiasites, soit du temple du dieu protecteur du thiasos, connu par l'inscription pré­
cédente, soit de la salle des assemblées que nous pouvons nous imaginer pareille
au Baccheion des Iobacches d'Athènes.
La distinction accordée à Ariston devait être publiée jusqu'au mois de Avxijov,
mois d'Apollon Lykeios, adoré aussi à Mégare (I. G. VII, 1, 35). Au mois de Avxijaç
ont été célébrés rà Çerixà Aiovvoia, probable­
ment la plus importante fête de Dionysos
de Callatis correspondant aux Aiorvata fxe-
yâla ou rà èv "Aarei d'Athènes du mois
de l'Elaphébolion, où les Athéniens con­
cluaient des conventions avec les Etats
étrangers et où ils distribuaient les distin­
ctions 4 ).
A côté des Çenxà Aiovvoia, il est évident
que les Callatiens auront eu aussi d'autres
Dionysia.
Il est probable que ces Çevixà Atorvaia
étaient triétériques 5 ).
Sur Ariston, fils d'Ariston, membre du
Fig. 40. thiasos de Callatis, dont la mascotte était
le dauphin et dont les distinctions devaient
être publiées jusqu'aux Çenxà Aiorvoia du mois de Avxtjoç, nous n'avons pas d'autres
informations. Les distinctions décrétées aux deux Ariston, père et fils, nous montrent
qu'ils appartenaient à une famille influente de Callatis à une époque où la ville
accordait le titre de bienfaiteur et fondateur à tous ceux qui venaient moralement
et matériellement au secours de la ville, de ses institutions politiques-religieuses et
au secours de ses citoyens tombés en péril par suite des complications nombreuses
avec les tribus barbares des régions thraces durant la vie et l'activité d'Ariston
père et Ariston fils.
2
') Voir à Delphes àva&éfiev èv râ> èmqpave- ) Od. VII, 87 et 96.
3
aràrq) TÔTCO) rod leoov, Dittenberger, Sylloge, éd. ) Voir aussi Herwerden, Lex. suppl. et dial.,
3,438, 1. 29 — 30 ; à Erétrie, àva&eïvai èv rib éd. 2, s. v. nvyrôç.
yvfxvaaioi èv rGi ênirpaveararw râncp, Ditt. Syl- *) A Mégare nous connaissons les Aiovvoia par
l o g e \ 714, 1. 44; Chalassarnai (Crête), xaï à- l'inscription. I. G. V I I , 1, 21, 1. 34.
5
vaMvro) èç rà leqàv rov 'ATI6U.O)VOÇ èç ràv èm- ) Cf. pour Athènes, Moinmscn, Fcste der Stadt
(favéararuv rônov, Ditt. Syllogc 3 , 368, 1. 45 — 46. Athen im Altertum, Leipzig, 1898, p. 2 9 ; Kern,
Chez Pârvan, /. c , p. 63, 1. 20 nous trouvons les Dionysos, dans Pauly-Wissowa, R E , V, 1021 et
mots: èç ràv èmantiôrarov rônov rov yvfivaolov. suiv.

144

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CALIATIS

No. 3.
Dans la cour de Ismail Secheria nous avons trouvé u n fragment de stèle en
marbre, 23 cm de long, 23 */2 de large, 8 cm de gros. On y voit (Fig. 40) en deux
lignes, les m o t s :
0AABIOC E— | AQPOC, en lettres de 1.8 cm de grandeur.
Après ÔCOQOÇ l'espace est libre de 11 cm, non taillé de 5 cm. Au-dessous de
Ô(»QOÇ, l'espace est libre de 15 cm.
Le nom de Flavius est un terminus post quem pour la détermination chro-
nologique de ce m o n u m e n t .
r
ÔCOQOÇ est la seconde partie du nom qui peut avoir été E[on6Jôcoooç (Bechtel-
Fick, Die griech. Personnenamen, éd. 2, 1894,
p . 105), si, après le nom de Flavius, il n ' y
a eu, en effet, q u ' u n espace libre de 6 cm
-. -~-—,
3T
destiné à l'inscription.
l|KfOE No. 4.
Une grosse colonne en marbre, à inscrip-
N tion (voir la figure 41), a été coupée en mor-
ceaux et transformée en corniche, à ce que
nous montre le fragment qui se trouve dans
■ »

la cour d e l à sous-préfecture. Les dimensions


Fig. 41.
du profil sont celles que l'on voit à la fi- Vjj 'g*
gure 42. Le nom d'Antoneinos nous donne des indices de chronologie, j ' fm
Le nom de Moschion est connu à Callatis par des monnaies \ ţrr"1*?
où nous rencontrons les lettres Moo%i (Pick, pag. 103, 240). i/&jàgçs$i&i&&.
Fi
*-i~ No. 5. &- 4 2 '
\ \ U n fragment de relief en marbre porte en bas les restes d'une in­
scription grecque. Nous l'avons copiée chez D. Ionaşcu à Mangalia.
C'est la partie droite du relief et de l'inscription qui nous est parvenue.
Dimensions: 38 cm de h a u t , 7.9 cm de large, 13 cm d'épaisseur.
Du relief nous ont été conservés les pieds et une partie du pul-
vinar avec les volutes des coussins. C'est un fragment de b a n q u e t fu­
néraire d'origine gréco-romaine, un motif de représentations plastiques
très fréquent sur le Danube inférieur et plus spécialement sur la rive
droite du D a n u b e (Anal. Ac. X X X V , 1912 — 1913, p . 480).
Les lettres de 1.9 cm de grandeur sont (Fig. 43):
ENTN
/AK o ¥ EV XY\V

ax o v
AV N A
AEITA
cli TtanoJôeÏTa
Nous relevons la ligature de trois lettres à la première ligne. L ' Y
m o n t r e une petite barre transversale.
Fig. 43. No. 6.
U n a u t r e motif de représentations plastiques habituel au sud du Danube se
t r o u v e sur un fragment d'ex-voto, en marbre de la riche collection de M. Roşculeţ

145

10 Ducia T 1924.
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

de Constanta. Voir la photographie avec une partie de la collection (Fig. 44). Le


relief est brisé en haut à droite; il a 14 cm de haut, 23 cm de large, 5 cm d'épais­
seur. Nous y voyons en relief la partie inférieure d'un cavalier luttant contre un
sanglier. Il est aidé par un chien. C'est le cavalier chasseur d'origine thrace.
Dans un espace libre en bas du relief se voit l'inscription:
APIITQNAN
HPQIIZXYPO
PUT II PION AN
Ariston a dédié (àvfé&rjxevj 1. 3) ce relief d'ex-voto à titre de remerciement
(%a]Qioz)JQiov) à rjotoç lo%v()àç nommé aussi XVQIOÇ l'jooç. (Voir Tocilescu, Monumen-

Fig. 44.

tele epigrafice şi sculpturale aie Muzeului National de Antichităţi, 1902, Bucureşti


p. 90). Sur cet rJQCoç voir Capovilla, Il dio Heron in Thracia e in Egitto, Rivista di
filologia I, 4, p . 424.
No. 7.
Au champ près du cimetière turc de Mangalia nous avons vu le sarcophage en
pierre calcaire incidemment découvert en Mars 1895 par le fer de la charrue.
On y voit l'inscription publiée par Tocilescu, Arch, epigr. Mitteil. X I X , 109,
no. 65. Nous donnons ici les dimensions relatives. Le sarcophage a une longueur
de 222 cm, une largeur de 96 cm. La hauteur ne peut être précisée, la partie
inférieure étant enfoncée dans la terre. Le creux du sarcophage est de 67 cm de
profond et de 68 de large. Ses parois ont une épaisseur de 14 cm. La moitié ex-
térieure de l'épaisseur de la parois est plus basse de 2 cm.

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CALLATIS

Le couvercle a une ongueur de 222 cm et la forme d'une selle; sa hauteur ma-


xima est de 48 cm A 14 cm. du bord, il porte tout autour une excavation de 4 cm
de profondeur. Sur le devant, au milieu du sarcophage, à 12 cm de la marge supé-
rieure, il y a une tabula ansata (70 cm de longue et 33 cm de large). La table a
les dimensions de 45 X 33 cm, les anses ont la forme de triangles isocèles, la base de
33 cm, les deux côtés égaux de 20 cm.
Sur cette table se trouve l'inscription publiée par Tocilescu. L'âpreté du maté-
riel fait qu'on distingue difficilement les lettres gravées, quoique la surface de la
table soit polie.
Depuis 1895, l'inscription a beaucoup souffert à cause des facteurs atmosphé-
riques, de sorte que quelques unes des lettres lues par Toci-
lescu n'ont pu être relues par nous que partiellement. L'epsi-
lon de la troisième ligne, après le mot (pQov(7>v, n'est plus vi- y^l
TATTE
sible, de même l'ypsilon et le tau à la quatrième ligne au mot
iiKLvrÔK A la septième ligne, au lieu de 7ioi?jo£iç il faut lire Tioirj-
or]Çi care le sigma est lié, à gauche, par une barre horizontale
à une barre perpendiculaire.
Cette liaison montre Vrj sans i adscriptum.
La forme des lettres alpha, zêta, sigma, omega est peu
soignée.
Les ligatures nombreuses (à la ligne 2: v\ + o, rj + o, r\ + x, v + T,
à la ligne 4 : r\ + o + e, à la ligne 7 : /i+r/ + n, rj + o + rj) comme .
Fig. 45.
aussi le nom de Gaios nous indiquent le premier siècle après
J . Chr. et les suivants (Larfeld, Handbuch der griech. Epigraphik, I I , 2, p . 483).
Le patronymique nous est connu par C. I. G. 1239 et 1276.
Les mots adressés au passant se trouvent aussi dans d'autres inscriptions cal-
latiennes. E n dehors de l'inscription mentionnée plus haut (à la quatrième ligne
il y a le vocatif d> naQoàeixa) voir encore Arch. Epigr. Mitt. VI, 5, 8 ; VI, 7, 1 1 ;
X I V , 85, 89.
Le dicton : «Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît»,
se trouve sous une autre forme dans l'inscription du sarcophage.

No. 8.
Sur un fragment de stèle (72X22.5X20 cm), en marbre (Fig. 45), ayant à gauche
et à droite des marges, nous lisons, en lettres de 3.8 cm de grandeur, les mots:
fivtf[tf]Ç
xavx è-

No. 9.
A une époque postérieure, chrétienne, appartient l'inscription xov (pûcoxxîoxov
d'un fragment en marbre profilé ( 1 9 X 3 2 X 7 6 cm), au musée no. 13. E n relief
on voit dans un cercle le signe de la croix. Devant l'inscription il y a une feuille gra-
vée. Voir les figures 46 et 47.

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THÉOPHILE SAIJCIUC-SAVKANU

L ' F et le A ont une barre trasversale au point de la bifurcation.


Le sigma est rond et presque fermé.
L'cw est rendu par un seul signe.
L'oméga a une forme cursive.
No. 10.
Dans la cour de la sous-préfecture il y a, sous le numéro 37, la partie supérieure
d'un autel sépulcral (70
cm de haut, 60 cm de
large) en pierre calcaire.
Le profil en est simple '),
composé d'un dcmicreux,
tore et cyma.
En haut se trouve un
abaque (72.5 X 76.5 cm)
de 16.3 cm de haut. 11 a au
:• $M^**»**> milieu un trou de 8 cm
de diamètre avec un ca-
nal d'écoulement pour le
plomb.
A 41.2 cm en bas du
profil, on voit l'inscrip-
Fig 46
- ' tion en 3 lignes : D(is)
M(anibus)/ FI. Sabina Vi\ xit annis XXX. (Voir la fig. 48).
Le nom de Fia via Sabina nous rappelle le gouverneur de la Mésie (43—49
après J.-Chr.), le grand bienfaiteur des Histriens. *
"\v.

i ri ! M 'T " '.•*. '.V t '. *. ' l M H11111 '.'î '." 7: ','i '?r. JiT; ■'.■.am » iH» 11 " ;v.'i T? '.• • '.J?^^f w'.Jl'".v.':V/.'SB^**"

'"■wWWlwniiwiiiiuiw'liiwiiiwniriiiiWWiiiiiili ■'wptiMit«miw,:tin*nV»"utHn«wti*nrtri.

Fig. 47.
I

(Pârvan, Inceputurile vieţii romane la gurile Du-


nării (Tara noastră), 1923, p . 78, 80, 82, 84, 8 6 - 8 8 , i
95, 181). v FLSAB1 NAVI,
B. Inscriptions de vases et de fragments
de céramique Fig. 48.

1) Chez D. Ionaşcu, à Mangalia, nous avons vu une grande amphore, haute de


67 cm. Le diamètre de l'embouchure est de 9.5 cm. La circonférence de la panse est
de 65 cm, la distance entre la panse et l'embouchure est de 28 cm. L'amphore, faisant à
présent partie de la collection du docteur H. Slobozcanu de Bucarest, porte l'inscription:

AI10A
J
*) Cf. Walter Altmann, Die romischen Grab- ) Je dois le dessin du monument à M. Dc-
altare der Kaiserzeit, 1905, Berlin. mianov.

148

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CALLATIS

Le Rho est tourné à gauche au lieu d'être à droite.


2) Chez le même Ionaşcu, nous avons vu encore un fragment d'amphore à anses,
haut de 25.5 cm. Le diamètre de l'embouchure est de 10.5 cm.
L'inscription 'ÀQ/Jôa (~)aw»v est gravée en rond. Au milieu on voit le signe <..
3) Un autre fragment d'anse d'amphore, également thasienne, a été mis au jour
aux fouilles de la cour de C. Dan. (Fig. 49).
L'argile est bien travaillée, rouge brun clair, et contient un grand nombre
de petites paillettes brillantes de mica et d'autres de couleur blanche d'un autre
minéral. L'anse, d'une courbure assez brusque, a 10 cm de longueur, 5.4 cm de
largeur et 2.5 cm de épaisseur. La mesure de la circonférence au milieu de l'em­
preinte est de 13 cm. Le sceau d'une longueur de 3.1 cm et d'une largeur de 2.3
cm porte en deux lignes les mots Sanuov Xatgéaç, séparés par un objet en forme
de clef ou de râble, instrument nécessaire au potier pour tisonner le feu et pour
ouvrir la porte du four 1 ). Cet objet paraît être en fer et avoir un manche d'un
autre matériel. Sans doute,
il est la marque de la fabri­
que 2 ).
De l'autre côté de l'anse
on voit clairement les vesti­
ges d'un doigt humain. C'est
certainement le doigt de l'ou­
vrier occupé à empreindre le sceau.
Les lettres thêta et oméga sont petites, comme
nous en rencontrons au IVème s. av. J. Chr., tandis que le sigma a la forme de
demi-lune.
L'alpha a une fois la ligne transversale droite, deux fois un peu arrondie. L'ono­
mastique de Thasos s'enrichit du nom de Chaireas qui se trouve aussi ailleurs 3 ).
Les relations commerciales entre Callatis et l'île de Thasos étaient fort intenses.
Les inscriptions récemment découvertes à Thasos nous informent que le vin formait
l'article principal de leur commerce et qu'il ne pouvait être exporté que dans des
pithoi estampillés*). Les estampilles indiquaient fort probablement les noms du ma­
gistrat annuel ou de la maison livrante. Les amphores portant les inscriptions des
Thasiens arrivaient à Callatis pleines de vin.
4) Un fragment d'anse (pourtour 11 cm, épaisseur 2.3 cm, longueur 5.5 cm, lar­
geur 3.7 cm) de terre fine, de couleur rouge de cinabre, jaune à la surface, porte
un sceau 4.1 cm de long et 2 cm de large, avec 3 lignes de lettres. La plupart sont
effacées (Fig. 50). On y distingue cependant encore:

E n i ... o
A
APX . . IOY
1
) Conf. l ' a t t r i b u t chez D u m o n t , l. c. pi. 6, no. u n d R ô m e r . Ed. 6, p a g . 267, fig. 321.
3
12 et pi. 8 n o . 17. ) Bechtel-Fick, Die griechischen Personen-
2
) On voit q u e l q u e chose de pareil sur u n e n a m e n , p . 286.
4
t a b l e d'argile qui se t r o u v e à P a r i s . Voir la repro- ) Hellas I V , 5 — 6, p . 57.
d u c t i o n chez G u h l - K o n e r , Leben der Griechen

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T H É O P H I L E SAUCIUC-SĂVEANU

5) Un fragment d'anse ( 8 % cm de long, 2.2 — 2.5 cm d'épaisseur 4 cm de large,


10 Y2 cm de pourtour), à courbure lente (fig. 51), en terre très fine, bien travaillée,
mêlée de paillettes brillantes, de couleur jaune-pâle.
Le sceau rectangulaire (long de 2.7 cm, large de 1.8 cm) montre au centre la
tête bien modelée d'un boeuf.
L'inscription commence au-dessus de la tête et se continue à droite. On y dis­
distingue les lettres: J/arrt/u'oov. Cet attribut se rencontre sur les timbres ampho-
riques de Cnide, chez Dumont, l. c. pi. X I , 1, 4, 9 — 1 1 , 13 et pi. X I I , 11.
Timides est un nom connu. Voir Bechtel-Fick, Die Griech. Personennamen nach
ihrer Bildung erklărt, Gottingen, 1894, p . 266 et 268. Le nom composé I/arTi/dàtjÇ

Fig. 51. Fig. 52. Fig. 53.

6) Un fragment d'anse avec une partie du goulot, long de 8 cm, large de 4.3 cm,
épais de 2.2 cm (mesure du pourtour de l'anse de 11 cm), de courbure très arrondie.
La terre en est très fine, bien travaillée avec un peu de petites paillettes blanches.
La couleur est jaune-clair à la surface et à l'intérieur.
L'anse n'est pas soigneusement travaillée et le timbre est imprimé à la hâte,
de sorte que la partie inférieure seule et un peu de la partie gauche sont visibles.
On voit là les lettres AEO. Le delta ne peut être alpha.
On remarque au milieu du timbre un quadrupède (Fig. 52) probablement un
chien courant la queue touffue en l'air.
7) Un petit fragment d'anse double (Fig. 53), formé par deux anses rondes réunies,
de courbure lente, long de 6 cm, large de 4.6 cm, épais de 2.3 cm, pourtour 12.3
cm, est formé de terre fine et bien travaillée. On y remarque de petites paillettes
fines et brillantes. La surface est teinte en jaune vert. A l'intérieur, la terre est de
couleur rouge-clair. Sur la partie d'en bas de l'anse double on voit un sceau frag­
mentaire, rectangulaire, long de 4.4 cm, large de 0.7 cm, avec les lettres KEPAD,
hautes de 0.6 cm. Les deux barres parallèles et verticales, devant le K ne peuvent
appartenir qu'à la forme du sceau. Dans les lettres KKPAQ nous ne pouvons voir
que le nom Kégôcov, commun en Grèce (Pape-Benseler, "Wôrtcrbuch der griech. Ei-
gennamen, s. v.) pour les esclaves et hommes libres, d'autant plus qu'après l'eo
nous pouvons remarquer les traces d'une barre verticale. Conf. aussi Bechtel-Fick,
Die griech. Personennamen, p . 160. Dans la partie intérieure de l'anse double on
voit encore l'impression du doigt de l'ouvrier qui a mis le sceau.

150

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CALLATIS

8) [/inscription du goulot d'une amphore, reproduite à la fig. no. 54, haute de


26.5 cm, diamètre de l'embouchure de 9 cm, de couleur ocre jaune brûlé, est tel-
lement compliquée, que nous ne l'avons pu déchiffrer.
9) Un fragment d'anse long de 7.5 cm, large de 4.5 cm, gros de 2.5 cm, en terre
lourde rouge foncé à gros grains, avec un grand nombre
de paillettes noires et quelques unes blanches et jaunes.
Le reste d'un sceau avec une corne d'abondance, montre
les terminaisons de 3 mots d'une inscription.
On y Ut les lettres en trois lignes.
HZ
MO Y
110Y

Le sigma a les deux barres extérieures obliques, ainsi


que le m y ; l'omicron est petit (Fig. 55).
10) Un fragment d'embouchure de vase (Fig. 56), avec
un morceau d'anse, (long de 3.5 cm, large de 4.5 cm, épais
de 2.5 cm, pourtour 12 cm) en terre rose à l'intérieur,
à la surface poudreuse, à teinte jaune pâle. Le sceau
(large de 2.3cm) porte dans quatre lignes les lettres très élégantes:
AST Y
ZHN1
A110 A
AHM
Remarquables sont les let-
tres : le zêta de forme antique
avec deux barres horizontales
parallèles traversées par une
barre perpendiculaire, le sigma
Fig. 55.
avec les barres extérieures obli-
ques, le pi avec la seconde barre plus courte et l'omicron
Fig. 56.
petit.
Nous rencontrons ici 3 noms dans une inscription datée par le âoxv [vôfioç.
Zeni peut-être complété en Zrjnxérrjç, ZÏJVIOJV ou Zf]nç.
11) Le fragment d'anse d'une courbure gracieuse,
long de 10.2 cm, large de 3.7 cm, épais de 2.2 cm au
point de la fracture, en terre de même qualité que le
fragment précédent, porte le sceau entier (long de 5
cm, large de 1.8 cm) avec l'inscription (Fig. 57):
MWPAAATHI
Fig. 57. AITYNOMOY
APTEMIAQPOY
L'attribut est un canthare, de forme et de travail très jolis; il se trouve à droite
de l'inscription. Le pied et sa partie supérieure sont sveltes et élégants.

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THÉOPHILE SAUCTUC-SĂVEANU

12) Un fragment d'anse (Fig. 58), long de 8.0 cm, large de 4.3 cm, épais de 2.3 cm,
pourtour de 11.5 cm, en terre fine, bien travaillé, de couleur rosâtre, à la surface
légèrement poudreuse, à teinte d'un jaune pâle, à la courbure élégante (voir fig. 59),
montre le sceau rectangulaire, long de 6 cm, large de 2 cm, avec les lettres :

IZT1AI0
AIT YNO
nOIEIAD

Les barres extérieures du sigma ne sont pas horizontales, mais obliques, la


barre transversale et la seconde barre verticale du ny sont plus courtes. L'omicron
est petit, l'alpha porte une barre transversale droite.
L'attribut se trouve au
coin droit du sceau: Un oiseau
de proie, avec les ailes éployées
et la tête baissée, paraît tou­
cher quelque chose avec son
bec recourbé. Au-dessus de sa
tête, on remarque les vestiges
de deux barres perpendiculai­
Fip. 58.
res à une distance de 0.4 cm
l'une de l'autre. La taille de l'oiseau est conforme à la Fig. 59.
nature et d'une élégance exquise.
En ce qui concerne l'inscription, voir le sceau d'origine enidienne chez Dumont,
/. c , p . 141, troisième série, no. 2.
13) Un petit fragment d'anse plate (Fig. 60), long de 4.7 cm, large de 3.7 cm, épais
de 1.4 cm, en terre fine, de couleur rose
à l'intérieur, jaune pâle à la surface, avec
de petites paillettes blanches, porte un
sceau qui a les lettres suivantes :
OVIOXOV
Fig. 60. (OV Fig. 61.

Le reste de l'attribut ne saurait nous en indiquer le sens.


14) Un fragment d'anse (Fig. 61), long de 9 cm, large de 3.5 cm, gros de 2.1 cm,
pourtour 9.5 cm, en terre rosacée, tirant à gris à l'intérieur, gris-cendré à la surface,
avec des paillettes brillantes et noires, porte un sceau avec les noms

TOY IIPQNYMOY
TOY IlOZl ADN 10 Y

On n'a que des traces méconnaissables de l'attribut. Parmi les lettres de forme
petite sont remarquables l'omicron fort petit, comme un point, et le pi avec la se­
conde barre parallèle plus courte.
15) Un fragment d'anse double, formé par deux anses rondes, soudées sur toute
leur longueur et collées à l'embouchure et à la panse, en terre rosée à l'intérieur,
rouge pâle à la surface, porte du côté intérieur d'une anse la lettre A (Fig. 62).

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CALLATI S

16) Une anse double, de couleur rose, a sur une moitié une estampille à inscrip-
tion fragmentaire dont on peut distinguer les lettres êm (Fig. 63).
17) Un fragment (Fig. 64), 7 % cm, de long. 4 cm de large, 2 cm d'épaisseur pour-
tour 10 cm, en terre fine, bien travaillée, avec un grand nombre de paillettes bril-
lantes et blanches, couleur rouge brique clair, à courbure brusque, presque rectan-

Fig. 62. Fig. 63. Fig. 64.

gulaire, porte un sceau avec l'attribut en forme de quadrupède dont le cou est
long. Au dessus et au dessous de ce quadrupède on lit en deux lignes les lettres
IA ITHI
Il A YIANJHI
La forme ïonienne du second nom mérite d'être relevée.
18) Fragment d'anse (Fig. 65), 7 cm de long, 3.5 cm de large, 2 cm de gros, avec
une partie de l'embouchure.
Pourtour 10 cm, à courbure gracieuse, en terre fine, bien travaillée, avec
des petites paillettes jau-
ne doré et blanches, à la
surface jaune gris et pou-
dreuse, à l'intérieur rouge
brique clair.
Le sceau, légèrement
imprimé et pour cela dé-
fectueux, à l'exception
du coin droit d'en haut,
Fig. 66.
est long de 3 cm et large
de iy2 cm. Au centre on voit un trépied de forme nor-
Fig. 65.
male et le long d'un pied on lit les lettres IITEIAII,
évidemment ''AqJiaTEiaric. Conf. le nom 'Açioreiôaç sur les inscriptions d'origine rho-
dienne chez Dumont, Z. c. p. 83, n. 50 — 53.
Un thêta paraît être sous le second pied du trépied. En haut du trépied, à gauche,
incertaines, les lettres QX.
19) Fragment d'embouchure de vase (Fig. 66), 9 % c m ^ e l° n g> ^a corde de l'arc de
7 cm est de 5 cm. Terre grossière, rougeâtre, avec beaucoup de paillettes blanches. Le
sceau, long de 5 cm, large de 2 % cm, a des lettres altérées et à peine lisibles. On y lit:
. . XXOOIV
êm 'AjtMpna

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

Devant le premier À on remarque deux incisions verticales.


20) Fragment d'anse, long de 4.8 cm, large de 5 cm, épais de 2.4 cm, pourtour
de 12 cm, en terre fine, avec des paillettes brillantes, couleur rosée à l'intérieur, pou-

Fig. 67. Fig. (.It. Fig. 69.

dreuse et d'un rouge brique clair à la surface, de travail peu soigné. Le sceau fra­
gmentaire (large de 1.5 cm) montre une feuille en forme de coeur (Fig. 67).
21) Fragment de l'embouchure d'un vase avec une partie (celle-ci longue de 6.5
cm, large de 4.5 cm, épaisse de 2 cm, pourtour de 10.7 cm) d'anse (Fig. 68), en terre
fine, bien travaillée, dont les fractures montrent un rose pâle ; à la surface légèrement
poudreuse, de teinte d'un jaune pâle. Le sceau (large de 2.2 cm) légèrement im­
primé est cassé à droite et porte dans la partie conservée une inscription, proba­
blement en trois lignes, dont la troisième ne nous a conservé aucune lettre.
EI11 APAKOfN]-
roi EYOPY
Cf. l'inscription no. 65 chez Dumont, /. c. p . 347, où nous rencontrons les mots
*Eni AçàxovToç, et no. 66 de la dixième série des
inscriptions d'origine enidienne où peut-être se
trouvent quelques lettres du nom qui commence,
comme dans notre inscription, par les lettres
EV&Q.
22) Fragment d'anse, long de 7 cm, large de
4 cm, épais de 2.3 cm, pourtour de 11 cm, en terre
fine, bien travaillée, avec un grand nombre de
paillettes blanches, couleur rouge brique, portant
un sceau, long de 1.5 cm,
large de 1.3 cm avec le mo­
nogramme indiqué dans la
fig. 69.
Sur les sigles des po­
tiers voir Courby, Les va­
ses grecs à reliefs, 1922, p .
394 ; cf. les monogrammes
sur les monnaies de Calla- 71.
Fig. 70.
tis chez Pick, Die antiken Mûnzen Nordgriechenlands I, p . 97,
n. 197 et 198.

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CALLATIS

23) Fragment d'anse, long de 4 cm, large de 4.5 cm, épais de 2 cm, pourtour de
10.7 cm, en terre fine, très bien travaillée, couleur brun clair. Le sceau, large de 1.1 cm,
montre les lettres finales CTO d'une forme peu soignée. L'estampille y a été profon­
dément imprimée (Fig. 70).
L'intérieur du vase auquel appartient cette anse était cannelé comme nous le
démontre un reste attaché à l'anse.
24) Un fragment d'anse, d'argile très fine et molle, couleur ocre clair blanc, long
de 9.5 cm, large de 4.5 cm, gros de 2.5 cm, porte deux signes en forme de x.
Des amphores et des fragments de vases trouvés au lit de la mer reculée à Man-
galia, qui aujourd'hui font partie de la collection précieuse de l'avocat N. Roşculeţ à
Constanta, rue Badescu 8, je n'en ai pu noter à la hâte que les inscriptions suivantes,
incisées sur le col dont j ' a i fait les copies sans autres indications (Voir fig. 71):
25) EY0PAIO2
A YZWE
Après l'epsilon du mot Avnlêe on voit
l'attribut d'un vase.
26) EYnOPOZ
A YZWE
Entre les deux lignes on voit à droite
un canthare couché.
27) XAIPEZ1
AYII0E
L'attribut comme dans l'inscription précédente.
Le nom Avoîêefoç] qui se répète avec trois autres noms, Euphraios, Euporos
et Chairesikles ( ?) peu têtre plutôt le patronymique, le nom du père des trois fils
potiers, que le nom d'une autorité municipale.
28) Un fragment de col de vase, trouvé à Tatlagiac sur le terrain de Vlas Tra-
himac près de la pêcherie.
Le fragment est en terre moins fine, à l'intérieur couleur rouge brique, à la sur-
face grise, avec des paillettes brillantes et blanches. Il est pourvu d'une estampille
en creux portant l'inscription (Fig. 72):
ZKY0A2
MAAAKOI
A la fin, entre les deux lignes, on voit la figure d'un canthare couché.
Le sigma et le my semblent être un griffonnage postérieur, d'autant plus que
l'on voit deux barres formant un angle, qui ont été ajoutées au pied du sigma.
Si nous n'avons pas d'indications dans l'empreinte même, nous pouvons fort
facilement commettre une erreur voulant déterminer la provenance d'un fragment
d'anse quelconque par la nature de la terre, par la couleur de l'anse ou par la
courbure.
Dans la plupart des cas la terre ne varie que très peu et la courbure est beau-
coup sujette aux hasards. Dans l'argile on trouve presque partout des paillettes
brillantes ou blanches.

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THÉOPHILE SAUCItJC-SĂVEAMJ

Les paillettes noires ou dorées sont une indication plus précieuse pour déterminer
à quel centre de production peut appartenir un fragment quelconque.
En ce qui concerne la couleur, elle est encore plus incertaine. Car la cou­
leur de la même argile varie en mille nuances et dépend de l'intensité et de la
durée du feu auquel les vases ont été exposés. Pour ces considérations, j ' a i préféré
n'indiquer que deux fois dans ce rapport préliminaire le centre et l'origine auxquels
les fragments d'anse énumérés pourraient appartenir. E t dans les deux cas les in-
scriptions nous in­
diquent l'origine de
"N
l'île de Thasos. Dans A
l'ordre de remune­ \
ration je me suis EnrxYo
Fig. 73. guidé plutôt par la \...
couleur de l'argile. Al
La forme de l'anse pourrait, elle aussi, être
d'une importance déterminante au sujet de l'ori­
gine, si nous avions plus que les très petits frag­
ments d'anse trouvés dans les endroits différents
où nous avons fait les fouilles dans une profon- J'j——
deur atteignant 4 mètres.
Fig. 74.
29) Un fragment de pithos qui se trouvait
chez Theoharidis, aux dimensions de 2 6 X 9 X 8 cm, porte autour de l'embouchure les
lettres W II III qui devraient indiquer la capacité du vase (Voir la fig. 73).
30) Une tuile du musée de la sous-préfecture, no. 18, porte l'in­
scription (Voir la figure 74) :
EIII2X YO
A KO ^NO
J e n'enregistrerai pas au chapitre suivant, mais immédiatement
Fig. 75.
ici, les inscriptions gravées sur de la céramique vernie.
31) Fragment de fond rond (de 4 cm de diamètre) d'un vase à vernis noir. Autour
du point central, couleur d'argile, des bandes circulaires, t a n t ô t plus larges, tantôt
plus étroites, à vernis noir luisant, de couleur de l'argile et de couleur brune al­
ternent.
Sur le verni noir de la bande circulaire de la marge du fond on lit les lettres
OYFA soigneusement et joliment gravées.
La petite forme du thêta avec le point au milieu nous rappelle les caractères
du IV-ème siècle av. J. Chr. (Fig. 75).
Sur la partie inférieure du vase à embouchure évasée, on voit, autour d'un
cercle du milieu du vase, deux palmettes, liées entre elles par un arc, qui passe du
centre d'une palmette au centre de l'autre. On remarque aussi des restes d'une
autre paire de cercles, qui auront été attachés à deux autres palmettes.
32) La partie inférieure d'un vase d'argile, couleur ocre jaune brûlé blanc. La
base ronde de 12 cm diamètre a un pied de 12 cm de h a u t et de 0.6 d'épaisseur. Le
fond intérieur de la base est un peu creux et porte sur le vernis noir mat les let­
tres ME.

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CAI I.ATIS

L'intérieur du vase montre après une incision circulaire, à 2.5 cm de la paroi


perdue, une excavation ronde jusqu'à une profondeur de 1.2 cm.
33) Sur un fragment de pied rond, de 1 cm de haut, d'un vase, à vernis luisant,
inégalement cuit — on voit des taches vert rougeâtre — on lit deux lettres négli-
gemment gravées. La première lettre peut être A ou A, la. deuxième a la forme ar-
chaïque ou archaïsante d'un alpha, d'après Larfeld, Handbuch der griech. Epigra-
phik I I , 2, p . 423 et 487, de l'époque 525—480 av. J.-Chr. ou 50 — 120 après J.-Chr.
Le vase semble être ouvert de la
forme d'une (pidty, car à l'intérieur du
vase on voit des cercles faits dans un but
\ décoratif et non par hasard. Un cercle
est formé par des points rangés deux à
deux dans l'argile molle.
34) Pied, de 1 cm de haut, d'un
petit vase rond, peut-être une qpcâlrj, de
6 cm de diamètre, au bord incliné vers
Fig. 77.
l'intérieur. Il montre à son fond intérieur
Fig. 76. creusé en rond, 3 cm de diamètre et 0.5 cm de profondeur, sur
le vernis foncé, gravée la lettre 2 ou M de 1 cm de haut (Fig.
76). La partie du pied sur laquelle est placé le vase de 1.3 cm de largeur, a la cou-
leur de l'argile, ainsi que la partie qui fait la transition du pied à la panse. Les autres
parties montrent un vernis noir foncé luisant.
35) Sur le revers du pied d'un vase frag-
mentaire du type de patères pla- 'fci
tes on lit la lettre A.
35) Un fragment de bol mon-
tre sur le fond un peu concave les
lettres EY'. La lettre epsilon pa-
raîtrait incertaine, en tant que,
sans la barre verticale à peine
reconnaissable, elle pourrait être
aussi un xi (Voir la fig. 77).
Fig. 78. Fig 79.
IV. P E T I T S O B J E T S D I V E R S
A. Monnaies
Nous avons trouvé fort peu de monnaies. Les exemplaires mis au jour sont très
détériorés et tellement détruits par l'oxydation que nous ne pouvons enregistrer
ici pas même une seule pièce.
B. Armes
Nous avons pu mettre au jour, aux fouilles chez C. Dan, trois pointes de lances
en fer, ayant la forme indiquée à la fig. 78.
C. Céramique
a) Figures: Un fragment de petite figure masculine, nue, en terre cuite rouge,
sans tête ni pieds ni mains, haute de 8 cm, le vêtement rejeté en arrière sur l'épaule

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

gauche. Elle était posée probablement dans un groupe. Conf. Eros adolescent dans
Courby, /. c , p. 208, fig. 34, 2, et le moulage antique en plâtre du musée Hildesheim,
p. 211, fig. 35 a. (Fig. 79).
Moule en terre cuite rouge d'une tête de femme, 8 cm de long, le cou 2 cm de
long, aux boucles de type archaïque. La tête porte une sorte de couronne. C'est
peut-être la tête d'une déesse à nuance locale, peut-être Cybèle (Fig. 80).
Une main avec le bras inférieur depuis le coude, long de lx/2 c m ' excellemment
travaillé, appartenant à une statuette d'environ 28 cm de hauteur (Fig. 81).
Un morceau du bras inférieur (3.2 cm) et le bras supérieur (5 cm), en terre cuite
rouge, d'une figurine vêtue.
A>- Un petit reste appartient
à une statuette en terre cuite
rouge.
Fig. 82.
Nous possédons aussi un
petit masque de Silène à la
fig. 82.
Nous enregistrons ici en­
core deux de ces objets, nom­
més poids à tisser, en terre
cuite rouge en forme de pyra- l
mide tronquée, trouvés au fou- I
illes chez Dan. L'un est 4.5 cm ^
Fig. 80. de haut et a la base carrée de *
3.3 cm, l'autre 6 cm de haut I
et 4.2 cm-. I
Chez Ionaşcu à Mangalia, nous I
avons vu la figurine féminine, envelop- I
pée, en terre cuite rouge, de 15.5 cm '
p;„ ai de haut, sur une plinthe (Voir fig. 83). ,
b) Vases. La récolte de céramique *- Fig. 83.
est extrêmement pauvre au point de vue des vases intacts, mais
assez riche en fragments. La plupart en ont été découverts dans la cour de C. Dan.
Nous sommes tenté de supposer qu'il y avait ici un magasin potier.
Nous divisons ces fragments en fragments en argile commune, non vernie et
sans décor, et en ceux qui sont vernis et décorés.
La céramique simple appartient pour la plupart aux amphores destinées au
commerce de vin ou d'huile. A ces amphores, quelque uniformité que fût pro­
duite par la roue, il y a une vaste échelle de possibilités qui fait varier les formes. E t
cette variation dépend de bien de circonstances qui peuvent se produire plus faci­
lement pour la partie inférieure des vases.
Trois spécimens nous montrent les formes de pareilles amphores. Elles ont été
trouvées incidemment par les habitants du pays.
La fig. 71 montre 3 amphores de formes diverses, photografiées chez l'avocat
N. Roşculeţ de Constanta. Deux autres fragments d'amphores, trouvés de même à
Mangalia, appartiennent au même M. Roşculeţ.

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CALLATIS

Une amphore entière et la partie supérieure avec l'anse d'une autre amphore
ont été photografiées par nous chez M. D. Ionaşcu de Mangalia.
Les Callatiens auront sans doute eu leurs propres amphores faites en l'argile qui
se trouve au voisinage de la ville et qui est merveilleusement propre à la fabrication
des vases. La carrière d'argile, située au chemin des bains sulfureux, est encore aujour­
d'hui fort recherchée par les habitants de la ville de Mangalia à cause de ses qualités
supérieures.
Les amphores qui se trouvent depuis la Russie méridionale jusqu'en Provence,
et temporellement depuis l'époque La Têne jusqu'aux grandes migrations qui ont
coupé et achevé les relations commerciales, ont servi aussi à Callatis au cours des
siècles comme ustensils indispensables pour toute espèce de liquides. E t le nombre des

ici les types les plus intéressants de pieds notés, sans pouvoir affirmer s'ils ont été
fabriqués à Callatis ou ailleurs (Fig. 84).
Parmi les fragments de vases en argile commune, on en relève un de pâte
grossière. Le fragment nous fait voir trois impressions de pouces l'une près de
l'autre.
Plus intéressants sont les fragments de vases vernis et aux ornements peints et
en relief. Les vases peints ne sont pas polychromes. Pour la plupart des cas ce sont
l'argile et le vernis qui constituent les couleurs de l'ornement.
Les vases à relief sont à glaçure et à vernis mat. Nous avons encore des fra­
gments de vases vernis côtelés, en argile, qui sont fort répandus et datent de la fin
du IV-ème et du commencement du III-ème siècle. Ils semblent être nés en Crète,
et pour leur commerce la ville d'Athènes doit avoir joué un rôle important.
Un seul vase est intact. Sur un pied de 4.2 cm de diamètre et 0,6 cm de
hauteur, qui, dans une excavation centrale de 2.5 cm de diamètre porte un om­
phalos pointu, s'élève une petite écuelle de 9 cm de diamètre et de 2.5 cm de profon­
deur. E n vernis noir mat, il peut constituer une sorte de cendrier (Voir la fig. 85).

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THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU

U n f r a g m e n t de p a n s e d ' u n v a s e en argile m o i n s fine (on r e m a r q u e b e a u c o u p


de m i c a et d e s u b s t a n c e s b l a n c h e s ) a à l ' i n t é r i e u r u n v e r n i s n o i r m a l , à l ' e x t é r i e u r
u n v e r n i s n o i r l u i s a n t . A u - d e s s u s d ' u n e ligne incisée, on v o i t des a n g l e s d r o i t s p a r a l -
lèles, c o u l e u r d ' a r g i l e .
F r a g m e n t d e r e b o r d d e v a s e , en argile, t e r r e d ' o m b r e + b l a n c h e , v e r n i s gris cou-
leur d'argent.
S o u s u n cercle d e c o u l e u r b l a n c sale, des p o i n t s d ' e x c l a m a t i o n p a r a l l è l e s , de la
c o u l e u r d u cercle.
U n r e b o r d d e v a s e é v a s é , en argile ocre c h a i r , à l ' i n t é r i e u r à v e r n i s r o u g e , à
l'extérieur à vernis vert couleur d'argent brillant, a un décor de masse blanche.
L e p i e d r o n d et la p a r t i e i n f é r i e u r e d ' u n v a s e d ' a r g i l e d e c o u l e u r t e r r e d e S i e n n e
n a t . + b l a n c h e s o n t v e r n i s e n n o i r l u i s a n t , à l ' e x c e p t i o n d e l ' e x t é r i e u r de la p a r t i e con-
servée d u vase qui nous m o n t r e u n décor d ' o r n e m e n t a t i o n réticulée.
U n f r a g m e n t d e v a s e e n argile fine, c o u l e u r ocre j a u n e b r û l é e I b l a n c h e , v e r n i s
à l ' i n t é r i e u r , p o r t e à l ' e x t é r i e u r s u r le fond d e la c o u l e u r d ' a r g i l e des dessins e n v e r n i s
b r u n n o i r l u i s a n t d e la m a n i è r e i n d i q u é e à la fig. 8 6 .
I l e s t à r e l e v e r q u e ce f r a g m e n t a p p a r t e n a i t à u n v a s e q u i a v a i t a u s s i u n cou-
v e r c l e . C a r c ' e s t s e u l e m e n t a i n s i q u ' o n p e u t e x p l i q u e r la feuillure de la m a r g e s u p é -
r i e u r e des d i m e n s i o n s 0 . 4 X 0 . 6 c m e n b a s ; le v a s e é t a i t a r r o n d i et v e r n i s en noir.
A u n c o u v e r c l e a p p a r t e n a i t s a n s d o u t e le p e t i t f r a g m e n t q u i n o u s m o n t r e e n
r o u g e d ' a r g i l e s u r u n f o n d n o i r la p a r t i e inférieure d ' u n c o r p s h u m a i n élevé s u r l a
p o i n t e des p i e d s .
L e v e r n i s e s t p l u s n o i r l u i s a n t s u r les f r a g m e n t s p o r t a n t le d é c o r i n d i q u é a u x
fig. 8 7 . Ces f r a g m e n t s se c o r r e s p o n d e n t e x a c t e m e n t , a y a n t fait p a r t i e d e la m ê m e
pièce.
Moins soignés s o n t les dessins stylisées d ' a u t r e s f r a g m e n t s c é r a m i q u e s .
U n f r a g m e n t d e v a s e d o n t u n e p a r t i e d u r e b o r d u n p e u é v a s é , en a r g i l e , n o u s
e s t p a r v e n u e . D e c o u l e u r t e r r e d e S i e n n e n a t . , il m o n t r e a p r è s d e u x cercles incisés,
u n e d o u b l e t i g e , l o n g u e , o n d u l é e , a v e c des feuilles e n f o r m e d e c o e u r e t d e c o u l e u r
b r u n gris.
L e fond d ' u n v a s e e n argile, de c o u l e u r r o u g e i n d i e n n e b r û l é e I b l a n c h e , de v e r n i s
b r u n , n o u s m o n t r e des r a y o n s q u i , p a r t a n t d ' u n c e n t r e , a l t e r n e n t d a n s les c o u l e u r s :
blanc, b r u n et rouge indien.
L e r e b o r d d ' u n v a s e c a s s é , e n argile grise, à v e r n i s n o i r m a t à l ' e x t é r i e u r , v e r t
n o i r b r i l l a n t à l ' i n t é r i e u r , a u n d é c o r f o r m é p a r t r o i s t a c h e s de c o u l e u r ocre b l a n c h e
q u i se r é p è t e n t .
R e b o r d d ' u n v a s e t r è s fin. S u r le v e r n i s n o i r l u i s a n t u n d a u p h i n e n c o u l e u r ocre
b l a n c h e . Les r e s t e s d ' u n a u t r e o r n e m e n t n e s o n t p l u s r e c o n n a i s s a b l e s .
F r a g m e n t d ' u n r e b o r d des m ê m e s c o n d i t i o n s . S o n d é c o r c o n s i s t e e n u n épi.
Les r e s t e s d ' u n e a u t r e d é c o r a t i o n n e p e u v e n t ê t r e p r é c i s é s .
U n a u t r e rebord de vase, à vernis b r u n couleur d ' a r g e n t , a c o m m e b o r d u r e un
d é c o r d ' u n e m a s s e ocre b l a n c h e .
T r o i s f r a g m e n t s d ' u n v a s e e x t r a o r d i n a i r e m e n t fin, e n a r g i l e ocre j a u n e b r û l é e 4 -
b l a n c h e , d e v e r n i s n o i r l u i s a n t , m o n t r e n t , s u r le r e b o r d , u n e t i g e o n d u l é e d e lierre
de la c o u l e u r d e l'argile.

160

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CALLATIS

Entre les feuilles, en haut et en bas de la tige ondulée, il y a trois petits points
blancs; un seul petit point de masse blanche se voit entre les pétioles de chaque
feuille.
Nous avons plusieurs fragments de vases côtelés, en argile fine, couleur ocre
chair blanche. La figure 88 nous montre un pareil fragment; le pied, à vernis noir
brun mat. 11 se compose d'une partie ronde de 7.2 cm de diamètre, à profil mouluré.
Dans l'excavation de son intérieur on voit un omphalos. La partie ronde est surmontée
d'un cône tronqué d'une circonférence de 11 —10 cm et de 3.6 cm de hauteur. La
partie inférieure de la panse de vase conservée a 4 champs. Deux champs opposés
sont munis de 23 ou 25 cannelures, les deux autres ne montrent que 3 cannelures
irrégulièrement gravées au milieu de chaque champ.
Pour la partie supérieure, cf. Courby, /. c , p. 202, fig. 32.
Il y a un autre fragment
à peu-près de la même espèce,
de dimensions plus grandes ;
il nous est parvenu sans pied.
Les deux champs cannelés ont
19 — 20 cannelures. Chacun des
autres champs n'a que deux
lignes, convergentes vers une
partie qui est aujourd'hui per-
due.
On voit les mêmes lignes
Fig. 88. sur un autre fragment de vase Fig. 89.
cannelé dont la panse est, à la
partie inférieure, couleur rouge de Venise, à la partie supérieure, d'un vernis de cou-
leur d'argent (Fig. 89).
Très usé est un petit
fragment.
Un fragment de vase
^ËvSil
en argile, gris, sans ver-
nis, a des incisions pri-
mitives à partir du mi-
Fig. 90. Fig. 91. Fig. 92.
lieu de la panse jus-
qu'en bas. Nous pouvons considérer ce fragment comme appartenant à la phase
initiale de l'imitation des vases métalliques.
Il y a des petits fragments à glaçure avec un décor en relief qui peut être
qualifié d'oves ou des côtelettes.
La figure 90 nous montre des incisions en barres courtes et parallèles, suivies
en bas d'autres incisions qui sont faites dans les intervalles des incisions précé-
dentes et ainsi de suite.
Le décor d'un autre fragment de vase de couleur ocre chair est à peu près le même.
Nous attribuerons beaucoup de fragments trouvés aux vases dont le nom antique
est ignoré et que les modernes ont convenu d'appeler bols. Voir Courby, î. c , p .
329 et ss.

161

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I I Dacin I 1084.
THÉOPHILE SAUCIUC-SÂ.VEANU

Deux fragments (Fig. 91, 92), de la partie inférieure d'un bol, de couleur grise,
sans vernis, au fond concave, nous montrent en relief une ligne pointillée suivie de
deux lignes parallèles. Les points et les lignes couvrent probablement la surface to-
tale du bol. Car, deux autres fragments d'un bol (Fig. 93) à vernis mat, font voir
des godrons et des lignes pointillées verticales de la même sorte, sous le rebord de
1.5 cm de largeur incliné vers l'intérieur et après une bordure de parallélogrammes,
formés de lignes pointillées et entourés de deux lignes horizontales.
Un petit fragment de vase, couleur d'argent rougeâtre, montre un décor en re-
lief similaire.
Fragment de bol, partie inférieure, de couleur gris cendré. Sur le fond un peu
concave de 5 cm de diamètre on voit le sigle EY.
La partie inférieure du bol est ornée de folioles, de palmettes imbriquées. Voir
Courby, l. c. p . 353, fig. 73 o. p . et p . 368 fig. 80, 8; p. 394, f. 383. Comment était le
décor de la partie supérieure c'est ce que nous pouvons seulement soupçonner.

Fig. 93. Fig. 91. Fig. 95.

vert à l'extérieur, de couleur rougeâtre à l'intérieur, a un rebord lisse, un peu évasé, de


1.5 cm de largeur. Après la bordure d'oves et de dards, délimités par des listels entre
une suite de points et une autre ligne continue, on voit des folioles imbriquées (Fig. 94).
Sur un fragment de bol, de couleur grise, sans vernis, nous voyons le rebord de
2 cm suivi d'une bordure de rais de coeur et de dards entre deux lignes. Le décor
au-dessous de la bordure paraît être des folioles, des palmettes imbriquées, de sorte
que nous pouvons reconstituer le décor du vase auquel appartient le fragment men-
tionné plus haut.
Un fragment de vase fait voir, après le rebord de 3.5 cm de largeur, et avec 3
incisions circulaires entourant le rebord, un décor en relief. Le vernis couleur d'ar-
gent n'est conservé que sur le rebord. Le décor et l'intérieur du vase sont de cou-
leur ocre chair pastel.
Un autre fragment de la même couleur a, à l'extérieur sous un rebord de 2.4
cm de largeur et après des oves et des dards entre deux lignes, un décor végétal, deux
espèces de tiges fleuries. Deux tiges de la même espèce entourent un exemplaire d'une
autre espèce.
Un troisième fragment de la même couleur d'argent nous montre un rebord de
1.5 cm de largeur. Sous une bordure d'oves et de dards, garnis en haut et en bas
d'une suite de points, la zone de pampres et de grappes est séparée par une suite de
points d'autres zones qui ne nous ont pas été conservées.
Un petit fragment de vase, à vernis sombre luisant, nous montre, en relief,
des palmes et des épis alternés.

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CALLATIS

Petit fragment de panse de bol brisé en deux (Fig. 95), haut de 3 cm, 7 cm
de large, 0.4 cm de gros, couleur gris cendre, de vernis noir mat. Après une bordure
d'oves et de dards suit une zone de 3 cm de largeur où l'on voit des figures humaines
en relief. Une figure assise sur un bloc tient à la main gauche une lyre et en touche
de l'autre main les cordes. Les pieds semblent être d'un quadrupède cornu, ce qui
se confirme par l'entourage du joueur de lyre.
Devant cette figure assise, il y a une deuxième figure debout, type de Silène.
Elle tient à la main gauche un bâton en forme de croix. C'est peut-être un thyrse et
un habit ou une grappe de raisin. Elle court, la jambe gauche un peu avancée. Une
autre figure ailée, le pied droit avancé, tient à ses deux mains un bâton qui grossit
vers le b o u t ; peut-être est-ce une massue. Son visage ne peut être si facilement
distingué que celui du Silène qui court après lui.
Mais on remarque assez clairement sur le dos de
cette figure une queue, de sorte
que nous ne pouvons douter de
sa signification. Nous avons à
faire à une scène bacchique. Der-
rière la figure assise on voit les
restes des pieds d'une quatrième
Fig. 96. Fig. 97.
figure et un objet indéterminé.
Les restes d'une seconde zone sont trop exigus.
Un fragment de vase en relief en couleur rouge indien. Il y a un reste exigu de
décor. Un reste plus remarquable nous montre un petit fleuron.
Un fragment de pied de vase a, à l'intérieur, un objet tordu, en couleur ocre
chair, comme tout l'extérieur du fragment sauf le fond du pied qui est brun noir.
D'intérêt est encore un petit fragment de rebord et de la partie supérieure
de la panse d'un vase.
La plupart des fragments découverts appartiennent au type de patères plates, à
lustre noir, aux rebords plus ou moins droits, plus ou moins évasés, souvent aux bords
qui s'amoindrissent, inclinés en bas. Ces patères portent à l'intérieur decors de pal-
mettes estampées en cercle, disposées parfois autour d'un décor central.
Autour des palmettes estampées on voit souvent un ou plusieurs cercles simples
ou des cercles formés de barres courtes et parallèles. Ces dernières sont incisées, sur le
vase mis en rotation, au moyen d'un instrument pointu. Il y a encore des cercles
formés par des points deux à deux, incisés au moyen d'un instrument plus ou moins
pointu. Une fois nous voyons autour des palmettes, dirigées et liées au centre du
vase au moyen d'incisions oviformes, deux cercles simples et parallèles, dont l'in-
tervalle est rempli de crochets parallèles. Autour des cercles il y a des demi-cercles
qui s'entrecoupent et puis des palmettes rangées en cercle.
Le pied d'un tel vase fragmentaire est de 2 cm de haut. Sur le revers du pied,
garni de bandes circulaires, en couleur alternativement d'argile et de vernis noir
ou brun, on lit la lettre A. La base du vase porte au milieu un omphalos plus ou
moins prononcé.
Les variétés de cette sorte de vases (fig. 96 — 98), d'un lustre admirable, sont
données par le diamètre du vase entier, du pied, de la grandeur et d'épaisseur

163

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u*
THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

des b o r d s , dirigés en h a u t ou en b a s , et de la b a s e . Ce s o n t des v a s e s c o m p a r a b l e s


à c e u x d e n o s j o u r s d e s t i n é s à c o n t e n i r des fruits ou des c a r t e s d e v i s i t e .
U n f r a g m e n t d e v a s e , u n m o r c e a u d u p i e d , 1 c m . d e h a u t , 0.4 c m d ' é p a i s s e u r ,
m o n t r e u n o m p h a l o s a u r e v e r s d u p i e d d e 2.5 cm d e d i a m è t r e . A u fond d u v a s e , de
v e r n i s c o u l e u r d ' a r g e n t , est i m p r i m é u n cercle d e 2 c m de d i a m è t r e a v e c u n e rosace
à 6 pétales séparées p a r 6 barres. R e m a r q u a b l e est un fragment de vase de vernis
n o i r l u i s a n t . Ce f r a g m e n t a a u milieu (2 c m d ' é p a i s s e u r ) u n e o u v e r t u r e p r o l o n g é e , d e
1 c m d e d i a m è t r e d ' u n c ô t é , d e 1.8 c m d e d i a m è t r e de l ' a u t r e c ô t é . Ce v a s e a é t é
probablement employé comme entonnoir.
F r a g m e n t d e v a s e en f o r m e d ' u n e n t o n n o i r , a u x r e b o r d s c o u r b é s en b a s . Si
n o u s faisons a b s t r a c t i o n des m a r g e s , le v a s e à sa p a r t i e s u p é r i e u r e a la f o r m e d ' u n
e n c r i e r à gorge r e n v e r s é e . L ' i n t é r i e u r d u v a s e p o r t e a u s s i des v e s t i g e s de v e r n i s n o i r
m a t . Il e s t v r a i s e m b l a b l e q u e le f r a g m e n t a p p a r t i e n t à u n
v a s e d o n t l ' e m p l o i e s t i n d i q u é p a r la
forme.
D a n s le c a n a l r o m a i n de la c o u r d e
A n . Curti nous n ' a v o n s trouvé que de petits
f r a g m e n t s c a n n e l é s , c o u l e u r ocre j a u n e
Fig. 98. Fig. 99.
b r û l é + b l a n c h e . Ils a p p a r t i e n n e n t à u n
vase de grandes dimensions.
Nous n'avons pas l'inten­
t i o n d e faire des c o n c l u s i o n s
d e ces p e t i t s f r a g m e n t s de
céramique grecque trouvés
a u x fouilles de l ' é t é 1924.
Fig. 101.
P o u r la p l u p a r t des frag­
m e n t s n o u s n ' a v o n s p a s d ' i n d i c e s c e r t a i n s d e la r e c o n ­
Fig. 100.
s t r u c t i o n s des f o r m e s d e v a s e s . Car, à t o u t e s les fouilles n o u s
n ' a v o n s t r o u v é q u ' u n seul p e t i t v a s e i n t a c t , d e v e r n i s n o i r m a t , u n c e n d r i e r , et t r o i s
Xvyyoi, m a u v a i s e m a r c h a n d i s e ( F i g . 99 et 100). U n u n i q u e f r a g m e n t de v a s e de v e r n i s
n o i r l u i s a n t , p o r t a n t a u fond i n t é r i e u r u n cercle d ' i n c i s i o n s , n o u s m o n t r e u n p e t i t
r e s t e d ' a n s e p e r p e n d i c u l a i r e , q u i d é p a s s e p r o b a b l e m e n t le r e b o r d d u v a s e e t t r a h i t
ainsi sa f o r m e .
c) A u t r e s o b j e t s . Mêlé à d e u x f r a g m e n t s d ' u n e a m p h o r e s i m p l e n o n c o l o r é e , q u i
o n t à l e u r s m a r g e s c h a c u n u n e m o i t i é d e t r o u r o n d , n o u s a v o n s t r o u v é u n o b j e t en
p l o m b , 8 c m d e l o n g , 2.5 c m d e l a r g e ( F i g . 101). Il e s t c o m p o s é d e d e u x b a r r e s p a r a l l è l e s
d o n t l ' u n e e s t p l u s p l a t e , l ' a u t r e c o n v e x e e t u n p e u c o u r b é e . E l l e s s o n t reliées p a r
d e u x t r a v e r s e s d e 1.5 c m d e l o n g . L ' e m p l o i d e ce c r a m p o n n e n o u s é t a i t p a s assez
clair, q u o i q u e les d e u x f r a g m e n t s d e v a s e q u i se r a c c o r d a i e n t p a r f a i t e m e n t l ' u n à
l ' a u t r e , i n d i q u a s s e n t é v i d e m m e n t p a r le t r o u q u ' i l s é t a i e n t r é u n i s p a r ce c r a m p o n
d e p l o m b . Mais n o u s a v o n s e u l ' o c c a s i o n d e d é c o u v r i r à u n e d i s t a n c e d e q u e l q u e s
c e n t a i n e s d e m è t r e s v e r s l ' o u e s t , s u r la p r o p r i é t é d e N . C h i r i a c h i , u n p i t h o s cassé d e
120 c m d e d i a m è t r e à la h a u t e u r c o n s e r v é e d e 80 c m , e t d e 3 c m d ' é p a i s s e u r . A l'in­
t é r i e u r d e ce p i t h o s n o u s a v o n s t r o u v é d e u x c r a m p o n s l i b r e s , d e d i m e n s i o n s p l u s
g r a n d e s (11 c m de l o n g e t 4 c m d e l a r g e ) , et d a n s la p a r o i d u v a s e s i x a u t r e s

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CALLATI S

crampons fixés. Leur emploi est devenu clair: les crampons servaient à consolider les
parois grandes et lourdes des vases, qui se seraient cassés facilement à cause de leur
masse pesante.
Dans la partie inférieure d'une amphore découverte à une profondeur de 2.5 cm
dans la cour de C. Dan, se trouvait une masse verdâtre qui nous semblait huileuse.
Ne pouvant faire l'analysese sur les lieux, nous nous sommes adressé à notre collègue,
M. F . Netolitzki de Cernăuţi. M. Netolitzki a bienvoulu nous donner l'information
demandée au sujet de la masse trouvée dans le fragment d'amphore et de quel­
ques restes d'os mélangés avec de la terre, trouvés dans un autre fragment. Nous
reproduisons la constation de M. Netolitzki écrite en allemand:
1. Amphoraftiss:
lin Inneren befindet sich grunlich-graue erdige Masse, welche in unregelmăssig-
kantige Stiicke durch Austrocknen zerfăllt. An einem der Stiicke ist ein rinnenfôr-
mig vertiefter Abdruck vorhanden, der keiner Erhabenheit an dem Gefassstiicke
entspricht. Mit Wasser befeuchtet zerfăllt die Masse sofort in ein griinlich-graues
Pulver, das unter dem Mikroskope nur aus sehr kleinen kantigen Gesteinssplitterchen
besteht, die auch jetzt einen schwach grùnlichen Farbton besitzen. Mineralsauren
losen nicht ; nur ein leichter schwach-rôtlicher Anflug auf den Bruchstellen der er-
digen Massen lôst sich in Salzsăure unter Entwicklung von Kohlensâureblàschen.
Organisierte Bestandteile, etwa Kieselskelette von Getreidepflanzen etc. fehlen.
2. Erde mit Knochenstiicken.
Durch Abziehen werden getrennt:
a) Knochen von mindestens zwei Tierarten, die ich mit Sicherheit nicht unter-
scheiden kann. Es findet sich ein Kieferstuck, dessen Form und Bezahnung auf eine
Eidechse weist. Andere Knochen gehôren aber bestimmt nicht zu diesem Tiere.
b) Zwei Stiicke Metalldraht mit rauher, grubig-warziger Oberflăche, welche ganz
in Patina verwandelt ist (kohlensaures Kupfer). Die angefeilte Flăche zeigt einen
Kupferkern umgeben von einem anderen Metall (Silber?).
c) Die Erde enthalt keine Pflanzenreste.

THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU
Professeur à VUniversité de Cernăuţi

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LES FOUILLES DE TINOSUL
I. LA STATION AVANT LES FOUILLES

Monsieur le Professeur V. Pârvan, Directeur du Musée National d'Antiquités,


à la suite des recherches qu'il a entreprises sur l'époque préromaine de la Dacie, nous
a chargé d'étudier la station gète de Tinosul (département de Prahova).
Grâce aux moyens accordés et au concours bienveillant des autorités commu­
nales et départementales, nous avons pu poursuivre nos fouilles avec un nombre suf­
fisant de terrassiers durant un mois entier, du 20 août au 20 septembre 1924.
Comme il s'agit d'une station de proportions restreintes, entourée de toutes parts
par les vastes forêts qui s'étendent du Danube aux Carpathes, les résultats obtenus
dépassent les prévisions les plus optimistes. Ils ne font d'ailleurs que compléter et
confirmer ce que les fouilles exécutées l'année précédente à Piscul-Crâsanix) et à
Piscul-Coconi2) nous avaient appris sur l'histoire et l'ethnographie des Gètes.
C'est le dilettante César Bolliac, archéologue passionné, ancien président du «Co­
mité archéologique» 3 ), qui, le premier, en 1869, parle de Tinosul. Il a publié dans son
journal Trompeta Carpaţilor 4) les résultats de la recherche sommaire faite sur place et
tousles archéologues, qui depuis mentionnent Tinosul 5 ), le citent. Il y est question de
plusieurs fragments de poterie ornementée rouge, grise et noirâtre, faite d'une argile
de bonne qualité, soigneusement pétrie et bien cuite. On y parle également de restes
de charbon, d'une petite quantité de millet carbonisé, de pots contenant des substances
carbonisées, d'un fer de lance, d'un petit couteau en fer, etc. Personnellement, nous
n'avons pas vu ces objets 6) ni en nature ni en reproduction.

1
) I. Andrieşescu, Piscul-Crăsani, An. Acad. torn. I l l , p p . 415, n. 3 ; 5 3 8 ; Dicfionarul geografic
Rom., sect, ist., ser. I l l , torn. I l l , mem. 1, Bu- al României, Bucurcşti, 1902, vol. V, p. 601, s. v . ;
cureşti, 1924 (avec résumé en français). Alex. Odobcscu, Artele din Romania, tn periodul
2
) Radu Vulpe, Raport asupra săpăturilor arheo- preistoric, Opère complete, I I I , Bucureşti, 1908,
logice delà Piscul-Coconilor, Bulct. Comis. Monum. p . 198; C. Moisil, Privire asupra antichităţilor pre-
Istorice, X V I I , Bucureşti, 1924, fasc. 39 (avec istorice ale României, Bui. Com. Mon. 1st., I I I , Bu-
résumé en français), p . 46 seqq. cureşti, 1910, p. 121 ; I. Andrieşescu, Contribuée la
3
) Aujourd'hui ce «Comité archéologique» n'e­ Dacia înainte de Romani, Iasi, 1912, p . 23, n. 44.
6
xiste plus. ) La collection Bolliac ne peut pas être visitée,
4
) Cctatea Tinosul, Trompeta Carpaţilor, 1869, No. quoiqu'elle se trouve déposée dans de caisses au
739. Nous reproduisons cette citation d'après C. Musée National de Bucarest. À la suite d'un in­
Moisil (v. la note suivante), sans avoir à ce moment terminable procès de succession, elle est mise sous
la possibilité de voir l'article même de Bolliac. séquestre judiciaire. Nous n'avons pas sous la
5
) Gr. Tocilescu, Dacia înainte de Romani, An. main l'article publié dans la Trompeta Carpafilor,
Acad. Rom., Bucureşti, 1880, sect. I I , ser. I I , pour savoir s'il est illustré.

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LES FOUILLES DE TINOSUI.

Aucune information écrite ne nous laisse supposer que depuis Bolliac il y eut de nou­
velles recherches à cette station. Toutefois, les habitants nous apprennent que, peu
de temps avant la guerre de 1916, l'endroit a été visité d'une manière superficielle par
Alexandre Dumitrescu, fonctionnaire de l'Académie Roumaine, auteur de quelques
communications au Bulletin de la Commission des Monuments Historiques, qui aurait
trouvé entre autres l'anse d'une amphore portant un timbre l ). Nous doutons qu'il
ait publié les résultats de ses recherches.
Au mois d'avril 1922, nous avons fait de notre propre initiative une première ex­
cursion à Tinosul avec deux de nos collègues. Les quelques heures que nous y avons
passées nous ont permis de faire en hâte un relevé du plan et de trouver une certaine
quantité de débris de poteries grecques et de poteries primitives indigènes, ainsi qu'un
grand fragment de moulin à bras (v. pag. 210). Plus tard, au mois de juillet 1922
nous y avons accompagné notre maître, M. V. Pârvan. Cette fois-ci nous avons relevé
un plan plus complet de la station et nous avons emporté une plus grande quantité
de débris, preuve évidente d'une station préromaine, tout au plus protoromaine 2 ).
Les fouilles fructueuses entreprises par M. I. Andrieşescu en 1923 à Piscul-Crăsani,
station contemporaine de celle qui nous occupe, ont hâté la décision de M. Pârvan
de faire faire des fouilles également de ce côté-ci, sur les bords de la Prahova. Et c'est
à nous qu'il a pensé pour diriger les travaux.
A cela se réduit l'historique des recherches faites jusqu'à présent à Tinosul. On
trouvera plus bas l'exposé détaillé de nos fouilles et les résultats obtenus.

I I . SITUATION DE LA STATION
La station de Tinosul se trouve sur la rive gauche de la Prahova, à 45 km de Bu­
carest et à 15 km de Ploeşti, plus précisément, à 1500 m ouest de la gare Prahova
du chemin de fer qui réunit ces deux villes, et à 500 m est du hameau Pisculeşti (la
commune de Tinosul). Le village de Tinosul 3) lui fait face de l'autre côté de l'eau.
La station consiste en un promontoire élevé de 21 m au-dessus des eaux de la
Prahova qui le minent, et de 141 m au-dessus du niveau de la mer (fig. 1). Point
trigonométrique de premier ordre de l'Institut géographique de l'Armée, c'est l'endroit
le plus haut de la région. Le promontoire fait partie d'un plateau isolé qui s'étend
entre la vallée de la Prahova et la vallée de Viişoara, petit ruisseau. Il est séparé de
ce plateau par une tranchée à rempart, ouvrage exécuté par les anciens habitants de
la station.
Sous la couche de terre végétale et sous la couche contenant les vestiges de vie
humaine, commence une couche profonde de terre brune qui repose sur le gravier et
le sable du lit de la rivière. Celui-ci a une largeur moyenne de 500 m ; à travers les
1
) Alex. Dumitrescu, tout en n ' a y a n t pas la rile Dunării, p. 139, 2 0 3 ; Getica, p. 133, 137,
prétention d'être un archéologue compétent, a 174 — 178, 219, sqq.
3
visité un grand nombre de stations antiques de ) La station se trouve sur la limite des com­
la plaine valaque, mais à part quelques informa­ munes de Tinosul et de Puchenii-Crainici et fait
tions publiées dans les journaux habituels, il n'a partie au point de vue administratif de cette der­
fait paraître aucun travail à leur sujet. Tout au nière. Nous l'appellerons toutefois Tinosul, vu que
moins sur Tinosul il n ' a rien publié. la commune du même nom est plus proche.
2
) V. P â r v a n , Inceputurile vielii romane la gu-

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

cailloux l'eau coule en petits filets qui tantôt se séparent tantôt se n'unissent. L'eau
ne dépasse 1 m de profondeur qu'à la suite de la fonte des neiges ou des pluies abon­
dantes. Presque partout on peut passer la rivière à gué soit à pied, soit en voiture.
La région où est située la station est boisée. Ce sont les dernières ramifications
vers le nord, des vastes forêts massives de Vlăsia, qui s'étendent entre le Danube et
la région des collines comprenant les départements de Vlaşca, Teleorman, Ilfov et Pra-
hova. Un peu plus au nord se trouve la limite de la région des forêts de plaine et de

rmwm
i
*"*'* ^Pfe^cHftkâSH

Fig. 1. Vue de la Station de Tinosul.

la région des colhnes sous-carpathines. Les tumuli antiques, tellement répandus dans
les régions de plaine non boisée, font complètement défaut de ce côté-ci, bien que
nous nous trouvons en présence d'une époque où on avait l'habitude d'élever des tu­
muli funéraires a ). Cela s'explique par le fait, que dans l'antiquité la forêt devait
être encore plus épaisse que de nos jours 2 ). Il nous faut aller à 12 km au nord de

*) Pour les tumuli de l'époque romaine en Do- les forêts. C'est une remarque que nous avons
brogea et dans la plaine moldo-valaque, cf. V. fait dans nos fréquentes excursions archéologiques
Pârvan, Descoperiri noua în Scythia Minor, Bu- dans la plaine roumaine et q u ' u n examen mi­
cureşti, 1913, An. Acad. Rom., sect, ist., s. I I , v. nutieux des cartes topographiques militaires sur
X X X V , p . 52 sqq., avec un résumé en français; l'échelle 1:50.000 pourrait la confirmer. La raison
id., Castrul delà Poiana fi drumul roman prin en est que les tumuli étaient des monuments fu­
Moldova de Jos, ibid., ser. I I , vol. X X X V I , Bu- néraires et que par conséquent on les mettait
cureşti, 1913, p. 20, avec un résumé en français; dans les endroits les plus visibles, souvent le long
id., Archaologischer Anzeiger: Rumănien, Jahr- des voies naturelles de communication (Joseph
buch des kaiserl.-deutsch. arch. Inst., Berlin, 1915, Déchelette, Manuel d'archéologie cdliquc, I I 2*
4, p. 255: Histria. Paris, 1913, p. 631) et près des lieux habités. On
2 n'observe presque jamais des tumuli sur les thal­
) Ordinairement les tumuli sont situés en pleine
campagne et tout à fait exceptionnellement dans wegs des vallées ou aux fonds des forêts.

168

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LES FOUILLES DE TINOSUL

Tinosul p o u r r e n c o n t r e r , près de P l o e ş t i , à Mimiul (cote 153) ^ u n p r e m i e r tumulus,


d a n s u n e région éloignée de la forêt et où ces tumuli n e sont p a s r a r e s 2 ) . A l'ouest, à
Test et a u s u d , où la forêt est p l u s épaisse nous n ' a p e r c e v o n s sur la c a r t e a u c u n tu­
mulus, e x c e p t é celui de G o r g o t a , isolé sur la P r a h o v a à 6 k m en a v a l de Tinosul.
T o u t e s ces c o n s t a t a ­
tions s ' e x p l i q u e n t p a r
le c a r a c t è r e é m i n e m ­
m e n t forestier de la
région.
La station de Tino­
sul, d a n s l ' é t a t a c t u e l ,
p a r a î t avoir u n e sur­
face approximative
d'un quart d'hectare
limitée de trois côtés
p a r l ' e s c a r p e m e n t de
la P r a h o v a et du q u a ­
t r i è m e côté p a r la
tranchée à rempart.
Au-delà du fossé le
t e r r a i n suit u n e pen­
t e douce v e r s l'escar­
p e m e n t . L ' e n d r o i t le
plus élevé, le p o i n t tri-
g o n o m é t r i q u e du Ser­
vice g é o g r a p h i q u e de
l ' A r m é e , se t r o u v e à
l'angle n o r d du rem­
part.
L e t e r r a i n de la sta­
tion est c u l t i v a b l e . On
ne v o i t des t r a c e s d'an­
ciennes fouilles q u e
sur le r e m p a r t : quel­
ques t r a n c h é e s et quel­
ques e x c a v a t i o n s à
Fig. 2. Les environs de Tinosul.
l'endroit d u p o i n t t r i -
g o n o m é t r i q u e ; u n e e x c a v a t i o n sur le faîte de r e m p a r t , au milieu et d e u x e x c a v a t i o n s
p l u s b a s , vers l'angle est, faites p a r les chercheurs de sources de pétrole.

*) Voir la carte de l'État Majeur de l'Armée 1:100.000 ne comprend pas tous les détails comme
Roumaine, échelle 1:100.000, edition 1913. celles de 1:50.000 ou 1:20.000 (dont nous n'avons
2
) Dans la carte militaire citée on remarque un aucune sous la main), de sorte que sur le terrain
groupe de 22 tumuli, à 4 km ouest de la ville de les tumuli de Strejnicul pourraient être dans un
Plocsti, près du village de Strejnicul, sur une éten- plus grand nombre,
due de 2 km 2 environ. A savoir que la carte de

169

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

Du côté de l'escarpement, au niveau de la couche contenant les vestiges de vie


humaine on pouvait voir le profil de plusieures excavations antiques comblées, qui,
toutes, ont été fouillées par nous.

a m

Tout d'abord l'endroit s'imposait à ses premiers habitants comme lieu fortifié,
par sa position élevée, défendue par les eaux de la Prahova, par les vastes forêts qui
l'entourent et par le grand escarpement peu accessible. Cette défense naturelle ne
demandait, pour être complète, que la fortification vers le nord-est. "W

170

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LES FOUILLES DE TTNOSUL

III. LA D E S C R I P T I O N D E S FOUILLES
Sur t o u t e l ' é t e n d u e de la s t a t i o n , l'attention~2rû v o y a g e u r n ' e s t spécialement a t ­
tirée q u e p a r la présence d u r e m p a r t nord-ouest. H a u t de 1,50 m vers l'intérieur et
de 5 m v e r s l'extérieur, il laisse voir p a r endroits des m o t t e s d'argile calcinée p a r le
feu. N o u s a v o n s c o m m e n c é nos fouilles à p a r t i r de cet é l é m e n t visible, p l u s préci­
s é m e n t à p a r t i r de l'angle n o r d , où se t r o u v e le p o i n t h a u t . Les t r a v a u x exécutés a n t é ­
r i e u r e m e n t en cet endroit p a r le service géographique militaire n e n o u s o n t p a s e m p ê c h é
d ' y puiser les meilleurs r é s u l t a t s en ce q u i concerne la fortification et les vestiges d'ha­
bitation.
Le t e m p s et les m o y e n s n e n o u s p e r m e t t a i e n t p a s d ' e n t r e p r e n d r e la fouille t o t a l e
de la s t a t i o n . P o u r en avoir u n e connaissance générale, nous avons dû nous résoudre
à faire plusieures groupes de fouilles d a n s les différents p o i n t s p r i n c i p a u x . Nous a v o n s
c o m p l é t é nos recherches p a r quelques p e t i t s sondages a u x environs de la s t a t i o n .
À la fin des t r a v a u x t o u t e s les t r a n c h é e s et t o u t e s les a u t r e s fouilles ont été com­
blées.
Au t o t a l on a fouillé 731 m 2 , r é p a r t i s de la m a n i è r e s u i v a n t e : 214 m 2 au groupe
n o r d ; 162 m 2 au g r o u p e e s t ; 90 m 2 a u x groupes de sud et de sud-ouest, 100 m 2
a u c e n t r e et 165 m 2 à la g r a n d e t r a n c h é e L .
P o u r faciliter l'exposé d e nos recherches n o u s suivrons cet o r d r e : 1. L'explo­
r a t i o n d u r e m p a r t (v. fig. 3 , B, C, D , E, J , K, M ) ; 2. Les t r a v a u x A-N; 3. La
fouille F; 4 . L a fouille J du groupe E s t ; 5. La g r a n d e t r a n c h é e L; 6. L a t r a n c h é e G;
7. L a t r a n c h é e H; 8. Les sondages d a n s les environs de la s t a t i o n . Le premier p a r a ­
g r a p h e concerne la fortification ; le second, le troisième, le q u a t r i è m e concernent les h a b i ­
t a t i o n s ; le c i n q u i è m e , le sixième et le septième c o n c e r n e n t les t o m b e s .

1. T R A V A U X D ' E X P L O R A T I O N D U REMPART
N o u s a v o n s d a n s la t r a n c h é e C-M la plus complète coupe t r a n s v e r s a l e du r e m p a r t .
P o u r contrôler les r é s u l t a t s de c e t t e t r a n c h é e n o u s avons établi d ' a u t r e s fouilles en ri­
goles e t des fouilles de g r a n d p é r i m è t r e .
Tranchée C-M. Dimensions : C = 15 m X 1 m , M = 12 m X 1 m , t o t a l = 27
m X 1 m . D e p r o f o n d e u r v a r i a b l e , parcequ'elle coupe le r e m b l a i et le fossé; ainsi le
m a x i m u m est de 4,40 m à l'endroit d u s o m m e t et le m i - LÉGENDE
nimum <l<- L,75 m - m aux e x t r é m i t é s . WWfy^W lïsy&inn^i °"^" 50 "" s£T
L a coupe r e p r o d u i t e à la fig. 5 r e p r é s e n t e la p a r o i ' ^ ^ ^ ^ f f i ?FBBE"MOTPÎ!I,
E s t de la t r a n c h é e . Les couches du r e m b l a i et de 1' i n t é - Sf?5^cSû(i CMABSCII
'/.'■-' V . ' '•:}.''^j TCOHE CALClMte
rieur <l<- l enceinte sont bien distinctes à l'endroit de rnSÈÊESk CEMDRC
f m f 55£ŞŞ3©ţ|p8 G3AV1J1H
l ' a n t i q u e p u i t s figure en z, rempli de t e r r e calcinée jj|J ||f| TERDE. GLAISE
j u s q u ' à la vitrification. A p a r t i r du fond du p u i t s n o u s ^ ^ ^ ^ ^ TERPC VCDDÂTRC
t r o u v o n s une légère couche de 0,01 m de résidus de J | | l | i | IËT^RE: VIE.HOL
c h a r b o n , 6, q u i forme l ' a x e quasi horizontale de la stra- ţ^jjgj^j^^ TLRQE. NON FOUILLEZ
Fi
tification. Sous c e t t e couche, il y a u n e d e u x i è m e de 8- 4-
t e r r e v e r d â t r e , a, q u i a u milieu devient plus profonde, a t t e i g n a n t l'épaisseur de 2 m
en é p o u s a n t la forme d ' u n e fosse. Les fragments céramiques c o n t e n u s sont t o u s d'origine
p r i m i t i v e , travaillés à la m a i n , noirs ou rouges, b r i l l a n t s . Cette couche a c o n t i n u e v e r s
171

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

l'intérieur de l'enceinte par une couche de transition de 0,20 ni située à la surface de


la terre vierge.
Au-dessus et partant toujours de la cou­
che de charbon, il y a une couche de terre
glaise c, mélangée de gravier, laquelle con­
stitue le remblai primitif qui va en s'épais-
sissant vers le milieu jusqu'à la cote 1,80 m,
à différence de la fosse mentionnée a, avec
de la terre verdâtre. Cette couche va en s'a-
mincissant vers les extrémités jusqu'à se
perdre.
Ensuite nous voyons la couche de débris,
de terre calcinée, de charbons, d, couche
épaisse de 0,60-0,85 m, compacte sur le ver­
sant intérieur du rempart (côté enceinte) et
plutôt rare et mélangée de terre sur le côté
opposé. Sur le sommet du remblai, pareil à
un coin, nous retrouvons s'enfonçant de 0,70
m dans la couche de terre glaise et de gra­
vier, les traces de charbon et de terre cal­
cinée d'un pieux gros de 0,14 m (fig. 5, t).
Au-dessus de la couche de débris, de
terre calcinée et de charbon, d, sur le versant
intérieur, commence la couche de terre noire
et de débris Latène *), laquelle se continue
dans toute l'enceinte; quant au sommet, et
sur le versant opposé on retrouve directement
la couche végétale de 0,06 m — 0,10 m.
A la moitié de la pente extérieure du
rempart (m) se trouve la limite entre les stra­
tifications du remblai et du fossé. Au point
le plus bas du fossé la terre vierge se retrouve
à la profondeur de 2,50 m. Au-dessus de cette
terre vierge il y a une grosse couche d'environ
1,50 m de terre noirâtre e, mélange de terre,
de débris, de terre calcinée, d'ossements de
mammifères et fragments céramiques Latène
et grecs. Cette couche s'étend sur une largeur
de 7 m. Au-dessus il y a une couche de terre

*) JNous adoptons la forme Latine, pour éviter


la confusion entre Vépoque de La Tène, et la sta-
tion celtique de La Tène, suivant l'exemple de
nombreux spécialistes et en premier lieu suivant
la proposition faite par M. Salomon Reinach dans
la Revue archéologique, XVI, 1910, p. 192.

172

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LES FOUILLES DE TINOSUL

glaise g, épaisse de 0,61 m, large d'environ 14 m et se terminant sur le bord nord-est


du fossé, contenant de la terre calcinée et du charbon. La recouvre la couche végétale
épaisse de 0,10 — 0,20 m.
On remarque (voir la coupe, fig. 5) que les couches du remblai, vers l'intérieur
de l'enceinte, sont recouvertes par la couche générale Latène III (voir aussi la fig. 6
représentant une partie de la paroi ouest de la tranchée C, versant intérieur), tandis
que du côté extérieur elles sont brusquement coupées par les couches du fossé. On ar­
rive aux mêmes constatations en considérant les autres fouilles faites pour explorer
le remblai.
COUPE C l
Fouille E. On a poussé cette fouille sur le versant
intérieur, en allant jusqu'à la couche de débris et de
charbon d (fig. 6) sur une étendue de 10 m X 7 m avec
le but d'élibérer une portion du rempart de la couche
superposée Latène I I I , / (fig. 6). De cette portion, une
bande large de 2 m, e (fig. 3), a été encore approfondie
jusqu'à la couche de terre glaise et gravier, c (fig. 6).
Par cette nouvelle fouille, on a mis à découvert de
Fig. 6.
grands morceaux de remplissage en paillante brûlés, de
grands madriers carbonisés en désordre, des scories, des tessons, tous contenus par la
couche d (fig. 6). Les tessons sont tous primitifs, certains noirs brillants ou rougeâ-
tres, d'autres poreux, aucun travaillé au tour, rien du Latène.
Tranchée B. Longueur 13 m, largeur 1 m, profondeur 1,70 m aux extrémités
et 2,40 m au milieu. Nous donnons (fig. 7) la paroi Est de cette section. Quoique sem­
blable pour l'ensemble à la section C, elle présente les couches bouleversées par les tra­
vaux faits antérieurement à cet endroit. Notre fouille que nous n'avons pas poussé
jusqu'à la terre vierge, ne nous renseigne que sur les couches supérieures.
Nous trouvons la mê­
COUPCD me couche de terre verdâ-
tre a, contenant des rési­
dus de charbon que nous
avons rencontré dans la
section C, toutefois sur
Fig. 7. une moindre épaisseur.
Dans la couche inter­
médiaire de terre glaise c, nous avons trouvé à 1,60 m. de profondeur un objet en
silex et à 1,10 m de profondeur un petit tas de cendres et de pierres calcinées (v. fig. 7, w).
La couche de débris et de terre calcinée d a une épaisseur d'environ 0,60 m. Au-
dessus, la couche végétale contient des fragments céramiques Latène, qui répandus
dans toute la couche supérieure de la station ne se trouvent pas dans les couches consti­
tuant le rempart proprement-dit.
On peut constater que la stratification de la tranchée B, quoique bouleversée et
imprécise, confirme les rémarques suggérées par la section C.
Tranchée D. Longueur 5 m, largeur 1 m, profondeur jusqu'à 1,70 m, tranchée
parallèle au rempart près de la crête, sur la pente intérieure. La petite fouille d, pro­
fonde 2 m, fait arriver cette tranchée presqu'à la crête du rempart. Nous donnons

173

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RADII VULPE ET ECATERINA VULPE

sur le même croquis la section D et la section d (fig. 8 ; v. aussi la fig. 9). On trouve,
de même que dans les sections B et C, la couche de terre glaise. Elle contient des ossements
d'animaux, du charbon, un tesson avec proéminence et des tessons rudimcntaires noires ou
rougeâtres polies. En d on a trouvé également des restes de terre glaise calcinée par le feu
et qui du temps où le rempart n'était pas encore détruit, constituait probablement une
COUPE
petite habitation (fig. 3, l).
Nous retrouvons successivement la couche de
débris et de terre calcinée, coupée par endroits par
les fouilles récentes (fig. 8, sect. D, en s), la couche
La Tène de la station et enfin la couche végétale.
Fi 8 Sur la paroi SO de la tranchée Dd, entre la couche
de débris calcinés du rempart et la couche générale
La Tène, se trouve sur une certaine étendue, une couche de grosses pierres de rivière

Fig. 9. Vue des fouilles D, d et d'.

(fig. 3, p). Nous avons déblayé cette couche, qui se trouve à une profondeur de
0,50 — 0,70 m, sur une étendue d\ de 5 m X 5,50 m. Au-dessus de ces pierres et
peut-être en rapport avec elles, nous avons trouvé une grande quantité de céra­
mique La Tène, de nombreux fragments d'amphores grecques, quelques fragments de
miroirs en métal blanc, un petit couteau en fer, un petit vase en miniature, une perle
en terre cuite, plusieures «fusaïoles» x) en terre cuite, deux petites idoles rudimentaires,
un vase La Tène contenant des pierres, des ossements d'animaux, surtout de cheval,
du charbon, etc. Probablement, nous nous trouvons en présence d'une tombe profanée,
ce qui nous empêche d'y trouver tous ces éléments en bon ordre. Il est certain que ces
l
) Nous appelions ces objets avec le terme plus toujours employés au filage; cf. plus-bas, pag.
commun de «fusaïoles», quoiqu'ils ne soient pas 208.

174

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LES FOUILLES DE TINOSUL

objets n'ont pas des rapports avec les couches du rempart. Le pavé en pierre en re­
lation avec une tombe n'est pas inconnu en Dacie; nous le rencontrons à la nécropole
La Tone d'Apahida l).
Tranchée J. Longueur 21 m, largeur 2 m, profondeur variant entre 1,60 m à l'ex­

trémité intérieure et 3 m sur la crête du rempart. La coupe de la paroi Nord, figurée par
le croquis (fig. 10) présente la même stratification que celle trouvée à 36 m de ce point,
dans la tranchée C. Le profil inférieur de la couche de terre verdâtre contenant des
restes de terre calcinée, des ossements, du charbon, et des tessons exclusivement pré­
historiques, présente à l'endroit de la crête du rempart une bosse de 0,35 m X 0,50
m (fig. 10, v) et descend vers la pente extérieure du rempart jusqu'à 3,50 m de pro­
fondeur (a).
Au-dessus se trouve la couche de terre glaise c, contenant du gravier, des débris
calcinés, des ossements et du charbon.
La couche d de débris, de terre calcinée et de charbon a une épaisseur de 0,60 m —
1 m. De même que dans la coupe C cette couche est très compacte sur la pente intérieure
sous la couche générale La Tène de la station, f (fig. 10) et presqu'inexistente sur la pente
extérieure, perdue dans la couche végétale.
Tranchée K. Longueur 20,50 m ; largeur 1 m ; profondeur 1,50 m aux extrémités,
2,60 m au milieu. La fouille n'a pas été poussée jusqu'à la terre vierge, de sorte que
nous ne connaissons pas, à cet endroit, la profondeur de la couche de terre verdâtre
a, contenant des débris calcinés et du charbon. On a trouvé dans cette couche une
importante quantité de céramique préhistorique façonnée à la main et totalement dif­
férente par la technique, par les ornements et par les formes, de celle de la couche La Tène
de la station (v. plus bas, pag. 190 seqq.). Aucun objet en silex ou en métal n'a pas
été trouvé parmi ces tessons qui constituent comme nous le verrons plus loin un élément
plus précis pour compléter les remarques suggérées par la coupe C. Le reste de la stra­
tification est identique à la coupe C.
On observe de même que dans les tranchées J et B (v. fig. 11), que la couche
générale La Tène de la station, / , descend davantage vers l'extrémité de la pente inté­
rieure du rempart. On peut considérer qu'il s'agit d'une excavation faite dans la terre
vierge, soit pour l'écoulement des eaux pluviales du rempart, ou plutôt pour compléter
avec la terre enlevée le profil du rempart (v. plus précisément dans la fig. 10, g).

l
) Kovâcs I s t v â n , La station préhistorique et le section archéologique du musée national de Tran-
cimetière celtique de Vépoque La Tène d'Apahida sylvanie à Kolozsvâr (Cluj), I I , 1911, p. 62.
(hongrois et français), Dolgozatok-Travaux de la

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

Conclusions au sujet de la fortification. Le fossé à rempart, légèrement incurvé,


qui défendait la station vers NE, s'étend aujourd'hui sur 82 m de longueur. On ne re­
marque nulle part les vestiges de la porte d'entrée. On pourrait déduire qu'elle se
trouvait à l'une des extrémités, tout près de l'escarpement '). Les eaux de la Prahova
l'auront détruit en même temps qu'une grande partie de l'étendue de la station.
La manière dont le rempart a été construit peut être déduite de l'examen des sections
décrites plus haut. La couche la plus ancienne, de terre verdâtre, a, nous prouve par
ses vestiges de cendre, de terre calcinée, d'ossements et de tessons, que le terrain
était habité avant l'exécution du fossé de défense et du rempart. De même la légère

COUDC K

couche de charbon b, déposée par endroits sur la couche de terre verdâtre (v. sect. C,
fig. 5), témoigne la présence des foyers établis avant toute intention d'organiser une
défense. Ce n'est qu'un peu plus tard qu'on a exécuté le grand fossé et qu'on a construit
le rempart avec la terre du déblai, auquel on a ajouté du gravier extrait du lit
des eaux de la Prahova 2 ). L'examen de la section M (fig. 5) nous montre que les cou­
ches du rempart sont d'une époque moins récente que celles du fossé, déposées et amas­
sées à cet endroit au cours des siècles par les agents physiques. En tout cas on ne peut
pas mettre en doute que l'exécution du fossé est en liaison directe avec celle du rempart.
Celui-ci a été établi à l'aide d'une armature formée par une rangée de gros poteaux pro­
fondément plantés dans la couche de terre verdâtre, dans des trous dont on peut re­
marquer le profil en v, coupe J e t enph, coupe C (fig. 5 et 10). Ces poteaux, dans leur partie
supérieure qui dépassait de beaucoup le rempart, ont été reliés entre eux par des tra­
verses et du clayonnage, constituant de la sorte l'armature sur laquelle on est venu coller
et presser soigneusement de l'argile mélangée avec de la paille. Le parapet ainsi construit,
relativement assez solide, achève le système de fortification de la station de Tinosul.
Les poteaux étaient en chêne et en frêne, essences très répandues dans les forêts voisines.
Ils devaient avoir 0,20 m de diamètre au minimum, comme on peut le voir dans la section
C (fig. 5, t), où se sont conservées les traces d'un poteau carbonisé sur une hauteur de
0,70m. Les traverses carbonisées, trouvées en e (fig. 3), avaient 0,10 m d'épaisseur; les

*) Ordinairement, à une fortification à fossé et p. 233. A Tinosul nous ne trouvons aucun indice
à rempart, la porte et signalée par une interrup­ pareil ; le fossé s'étend ininterrompu d'une ex­
tion du fossé. A Mayen, dans l'Allemagne occi­ trémité à l'autre, ce qui nous suggère l'opinion
dentale, les dix-sept portes de l'enceinte, décou­ exprimée plus haut.
2
vertes par les fouilles du rempart, correspondent ) La proportion du mélange d'argile et de
à u n nombre égal d'interruptions du fossé aux gravier n'est pas la même sur toute la longueur
mêmes endroits ; H a n s Lehner, Der Festungsbau du rempart. Très abondant dans la tranchée C,
der jiingeren Steinzeit, Prahistorische Zeitschrift, le gravier ne se rencontre plus dans les tranchées
I I , Berlin, 1910, I Heft, p . 1 8 ; M. Ebert, Real- B et K.
lexikon der Vorgeschichte, Berlin, 1925, Festung,

176

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LES FOUILLES DE TINOSUL

branchages du clayonnage, dont les mottes de terre calcinée par le feu en ont gardé le
moule, avaient 0,02 — 0,05 m d'épaisseur. La distance entre le poteau carbonisé t, coupe
C (fig. .r>) et le point n, où on a trouvé plusieures traverses carbonisées, est de 2 m environ
et doit représenter l'épaisseur du parapet antique. Le rapport qu'on peut établir entre
cette largeur et la couche de débris calcinés, épaisse de 0,50 m env. (d, fig. 5) représen­
tai! I les restes du parapet incendié, nous permet de déduire que celui-ci avait tout au
moins 3 m de hauteur. En réalité il devait dépasser 4 m.
Ce sont des ennemis victorieux qui ont dû mettre le feu à la station. L'incendie n'a
pas épargné le parapet. La quantité de bois que celui-ci renfermait était suffisante pour
calciner la masse de terre mélangée avec de la paille, qui le constituait. Le tout s'est
écroulé formant la couche de débris calcinés et de charbon, dernier vestige de la fortifi­
cation d'autrefois.
C'est la «Komerschanze» de Potsdam *), entre autres fortifications du même genre,
qui nous aide à bien comprendre la fortification de Tinosul. Nous y trouvons dans le
profil général, à l'extrémité de la pente intérieure du rempart, la même dépression que
celle notée plus haut dans les différentes coupes et surtout en J (fig. 10, g). Plus évidente
à Postdam, où elle est accusée par les fondations des habitations, elle n'est à Tinosul
qu'une légère excavation, produite par l'enlèvement des terres employées à la construc­
tion du rempart. A Potsdam les poteaux du parapet traversent toutes les couches du
rempart, pénétrant jusque dans la terre vierge, ce qui prouve que le parapet a été con­
struit, de même qu'à Tinosul, sur une armature en bois préalablement établie. Le terrain
sabloneux de Potsdam a conservé mieux, détachées en brun, les traces des poteaux de la
palissade, qui pourris à Tinosul sont complètement disparus. À ce sujet une comparaison
avec la fortification de Potsdam est utile à l'étude de la palissade de Tinosul. Les poteaux
de Potsdarn ont une épaisseur d'env. 0,30 m. Sans doute, à Tinosul ils devaient avoir la
même dimension, pour assurer la solidité de la palissade, qui exigeait des fondements tout
aussi profonds ; d'ailleurs les trous faits dans la terre vierge pour fixer les poteaux ont
0,50 — 0,70 m de largeur à Potsdam et 0,50 m à Tinosul (par ex. en v, coupe J , fig. 10).
La forme générale de la fortification de Potsdam est poligonale et suit la conforma­
tion du terrain. À Tinosul cependant, le fragment conservé du rempart épouse seulement la
forme d'un arc de cercle à grand diamètre et défend le promontoire qui constitue la station.
C'est la forme la plus simple d'une fortification préhistorique, répondant à une stratégie
élémentaire et suffisamment pratique, lorsque la position s'y prête. En effet, pour fortifier
un promontoire défendu de par la nature même du terrain par les eaux et les escarpements
abrupts, il suffit de s'occuper seulement d'un seul côté, celui qui fait face au plateau. Il en
résulte la fortification dénommée éperon barré 2 ), qui se retrouve très souvent à l'époque
préhistorique et protohistorique, en Roumanie 3) comme dans le reste de l'Europe 4 ).
x
) C. Schuchhardt, Die Romerschanze bei Pots- pra antichităfilor preistorice aie României, Bulet.
dam, Priihistorische Zeitschrift, I, 1909, p . 209; Com. Mon. Istor., I I I , 1910, p . 118 sqq.) ; Ariuşd,
id., Alteuropa in seiner Kultur- und Stilcntwicklung, Cisnădie, Grădiştea-Orăştie, Jacul R o m a n , Mă-
Bcrlin, 1919, p . 293. ghieruş, Monor, Murăş-Sâncraiu, Peşteana, Porum-
2
) J . Déchelette, Manuel, I, p . 371. bul-Mare, Sovata, Uroiu, etc., (cf. I. Martian,
3
) P a r exemple: Piscul-Crăsani (cf. Andrieşescu, Reperloriu arheologic pentru Ardeal, Bistriţa, 1920,
Piscul-Cràsani, p. 20); Poiana (cf. V. Pârvan, passim).
Castrul delà Poiana, p. 2 sqq.); Sultana, Calom- *) Cf. M. Wosinsky, Das prahistorische Schanz-
fircşti, Nctoţi, etc. (cf. C. Moisil, Privire asu- werk von Lengyel, seine Erbauer und Bewohner,

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12 Dacia I 1924.
RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

Le systhème de fortification comme sa technique, qui sont dans leur simplicité les
mêmes à toutes les époques, ne nous permettent pas de leurs fixer une date. Tout
au plus peut-on espérer que de nouvelles recherches dans la plaine roumaine amène­
ront plus de précision. Ce qui est certain c'est que la couche Latène de la station couvre
complètement le parapet démoli et qu'aucun élément de cette couche ne se retrouve ni
dans les restes du parapet, ni dans les couches inférieures du rempart. Ceci met en
évidence que la démolition de la fortification précède, on ne saurait dire de combien,
l'époque Latène. Dans la couche des débris de la palissade et dans la couche du rem­
part, on n'a trouvé aucun objet en métal ou en silex; le petit rasoir en silex trouvé
en B (pag. 210) est un élément trop isolé pour retenir notre attention. Le peu de frag­
ments céramiques trouvés dans ces couches, quoique antérieurs à l'époque Latène par
la technique, ne présentent aucune forme précise et aucun ornement, qui puisse fixer
leur époque. Dans la couche la plus profonde et antérieure à la construction du rem­
part on a trouvé plusieurs éléments céramiques qui peuvent être considérés, avec une
assez grande certidude, comme datant de l'époque énéolithique (éventuellement de l'âge
de bronze; v. plus bas, pag. 193). Nous arrivons ainsi à trouver deux dates entre les­
quelles nous pouvons fixer la construction, l'existence et la destruction de la fortifi­
cation de ïinosul. L'une post quem c'est l'époque énéolithique, l'autre ante que m c'est
l'époque Latène. Entre ces deux dates le reste de la station ne présente aucune autre
couche significative. Puisqu'il faut exclure l'époque du bronze et la première époque
du fer, c'est toujours avec les tessons éncolithiques trouvés dans ses substructions
et recueillis à l'intérieur de l'enceinte dans les fouilles H et L, que nous devons compter.
11 nous faut conclure que la fortification de Tinosul a été construite par les premiers
habitants de la station, peut-être même peu de temps après leur établissement. lie
peu de restes énéolithiques de la station nous laisse supposer qu'elle a été détruite peu
de temps après la construction du parapet. Celui-ci a été consumé par le feu et
la disposition des couches nous montre qu'on n'a fait aucun essai de reconstruc­
tion et que même plus tard, à l'époque Latène, on ne s'est plus servi de la fortifi­
cation.

2. LES FOUILLES A et N

Tranchée A : 20 m de longueur, 2 m de largeur, 1,30 m de profondeur. Tran­


chée N (fig. 13), 2,50 m de largeur, 0,95 m de profondeur et 8,50 m de longueur, pro­
longée par un élément de 5 m de longueur et de mêmes profondeur et largeur. Ces
deux fouilles ne font que continuer et confirmer les recherches faites en B, C et
E. La stratification est la même dans toute cette région (fig. 13), aussi faut-il
voir dans les sections de la tranchée A (fig. 12, v. aussi la fig. 3) des sections
types.

I I I , Budapest, 1891, p. 221 sq. ; W. R a d i m s k y , ùber die Fortsehritte der rom.-germ. Forschung,
Die vorgeschichtliche und rômischen Altcrtumcr des 1905, p. 26 s q q . ; Déchelctte, Manuel, I, p . 368
Bezirkcs Zupanjac in Bosnien, Wiss. Mitt. a. Bosn. sqq. ; II. Lehner, Der Fcslungsbau der jiingcren
u. d. H e r e , IV, 1896, p. 135 s q q . ; C. Marchesetti, Stcinzvit, Prah. Zeitschr., 1910, 1 ; Ebert, Fc-
/ castellicri preistorici di Trieste e délia regione stung, Reallexikon der Vorgcschichte, v. I I I , p .
Giulia, Trieste, 1903, passim; E d u a r d Anthes, Der 233 sq.
gcgenuàrtige Stand der Ringrvallforschung, Bericht

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LES FOUILLES DE TTNOSUL

Au-dessus de la t e r r e vierge se t r o u v e u n e couche de gravier de 0,05 m d'épaisseur.


Ce gravier prolonge la couche de terre glaise c qui c o n s t i t u e le
r e m p a r t (cf. sect. C, fig. 5 et 6) et s'étend sur u n e surface q u i n e
dépasse p a s 4 m de l a r g e u r sur 10 m de longueur (fig. 13). Cer­
t a i n e m e n t il s'agit des restes du d é p ô t de gravier r a p p o r t é du lit
des e a u x de la P r a h o v a , gravier q u e les h a b i t a n t s ont mélangé à
l'argile du r e m p a r t p o u r lui d o n n e r plus de consistance.
Au-dessus se t r o u v e u n e couche de 0,20 m d'épaisseur, d e
-L' l
t e r r e glaise c o n t e n a n t de t r è s rares fragments de c h a r b o n , des
débris de t e r r e calcinée et quelques tessons d ' u n e t e c h n i q u e p r i m i ­
t i v e et d ' u n l u s t r a g e noir ou r o u g e â t r e . P a r m i ces f r a g m e n t s , à
l ' e x t r é m i t é E s t de la t r a n c h é e A on a r e n c o n t r é u n e p e t i t e t a ­
b l e t t e en b r o n z e d ' u n e forme imprécise. Sous c e t t e couche, d a n s
le p o i n t q (fig. 6 et 13) se t r o u v e u n e p e t i t e fosse profonde de 0,25
m , large de 0,38 m et longue de 0,60 m , remplie de cendre
b l a n c h e et d o n t le fond est occupé p a r des tessons d ' u n l u s t r a g e
noir ou r o u g e â t r e et p a r quelques fragments d'argile mélangée
avec de la paille et calcinée p a r le feu.
L a couche q u i suit, épaisse de 0,15 m s ' é t e n d a n t sur u n e
surface d'environ 34 m 2
(fig. 13), est composée de
DCBCI5 CALCINES
c h a r b o n , de gravier cal­
ciné et de débris calcinés
0DAVIEQ -HH H * -
d'argile mélangée avec d e
la paille p o r t a n t encore la
t r a c e du c l a y o n n a g e q u i
les s o u t e n a i e n t , et consti­
t u e les derniers vestiges
Fig. 13.
d ' u n e h a b i t a t i o n incen­
diée. P a r m i les tessons t r o u v é s d a n s c e t t e couche, plusieurs sont
travaillés à la m a i n et o n t d e m ê m e q u e ceux de la couche in­
férieure, u n l u s t r e noir ou r o u g e â t r e . Des tessons caractéristiques
de l ' é p o q u e L a t è n e III n e font p a s défaut n o n p l u s . D a n s le p e t i t
p u i t s n (fig. 13), de 0,70 m de d i a m è t r e et profond de 0,60 m on
a t r o u v é q u e l q u e s tessons d ' u n e t e c h n i q u e p r i m i t i v e et d ' u n lu­
s t r a g e j a u n â t r e et noir, en m ê m e t e m p s q u e des ossements d'ani­
m a u x et des m o r c e a u x d e t e r r e calcinée j u s q u ' à la vitrification.
E n y (fig. 13) on a t r o u v é u n p e t i t v a s e grec (fig. 35), et t o u t près
u n e fusaïolc en t e r r e c u i t e . C e t t e couche s'étend sur u n e surface «•-»-»■♦***•>
limitée d a n s la coupe C p a r le t r o u z et d a n s la coupe A p a r le t r o u x. L e
t r o u z (fig. 5 et 13) r e m p l i p a r des débris calcinés, du c h a r b o n et des m o r c e a u x de
t e r r e vitrifiée p a r le feu, se t r o u v e au-dessus de la couche, à u n e h a u t e u r de 0,35
m et u n e largeur de 0,60 m et p a r a î t se r a p p o r t e r p l u t ô t a u r e m p a r t q u ' à l ' h a b i ­
t a t i o n . Le trou x (fig. 12 et 13), profond de 0,55 m et large d e 0,80 m env., r e m p l i
de c e n d r e s , de débris calcinés et de tessons de facture p r i m i t i v e , p a r m i lesquels u n

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KADU VULPE ET KCATERINA VULPE

fragment d'amphore grecque, traverse la tranchée A sur une longueur de 2,30 m env.
(fig. 13).
Avant d'arriver à la couche de terre végétale on rencontre la couche de terre noire,
/ , contenant de la céramique Latène I I I , des débris d'amphores grecques, des fragments
de terre calcinée, du charbon, des ossements, etc., qui s'étend d'une manière générale
sur toute la surface de la station. Elle a en moyenne 0,70 m d'épaisseur; vers le rempart
la couche s'amincit et disparaît complètement sur la crête. A une profondeur de 0,25 m
sous la terre végétale (fig. 12) on remarque une rangée plus dense de tessons, d'ossements
et de débris, e, d'une épaisseur variable. Au-dessus et au-dessous de cette rangée les tessons
sont plus rares, mais de la même espèce et de la même époque. Dans la coupe C, tout
près du trou z, se trouve le trou o (fig. 5), large de 0,50 m et haut de 0,60 m, rempli de
terre glaise et de débris calcinés, éléments se rapportant à l'époque Latène. En A, au
tour du point a (fig. 13) on a trouvé à une profondeur de 0,30 — 0,50 m de nombreux
fragments de verre coloré, en même temps qu'un fragment de bronze d'une forme et
d'une destination indéterminables (fig. 41,6). Tout près de là, en JV, on a trouvé plusieurs
fragments de verre transparent et de verre coloré, des objets en fer et en bronze, des
perles et des fusaïoles de terre cuite, ainsi qu'un grès façonné en forme de marteau. En E
on a trouvé le beau calice de candélabre eu bronze, dont nous donnons la reproduction
(fig. 45 et 46), ainsi que quelques petits objets en fer, en bronze et en terre cuite. En E
on a rencontré des ossements d'animaux et des coquilles d'escargots qui constituent
sans doute des restes d'aliments. Tous ces éléments, dont on a parlé plus haut, autant
ceux trouvés en A, que ceux trouvés au nord et à l'est, font un ensemble qui ne dépasse
pas la surface occupée par la couche inférieure de débris (fig. 13), ce qui prouve une fois
de plus qu'entre ces deux couches il y a une étroite liaison et que nous avons à faire à
un emplacement de l'époque Latène.
Du côté B de la tranchée A, il n'y a plus que deux couches. Au-dessus de la terre
vierge on trouve la mince couche de 0,10 — 0,15 m contenant de rares fragments de terre
calcinée, de charbon et des tessons travaillés à la main et d'un lustrage noir. Tout de
suite après on rencontre la couche/, plus riche en céramique de l'époque Latène I I I et
épaisse, comme partout ailleurs, de 0,70 m. En b (fig. 3) à une profondeur de 0,80 m
on a trouvé l'anse d'une amphore à inscription (fig. 34,9) et quelques grands fragments
d'épaisse poterie grecque.

Conclusions au sujet de Vhabitation. Les vestiges de l'emplacement découvert par les


fouilles dont on a parlé plus haut, sont les plus riches de la station. Nous n'avons trouvé
aucune trace de poteaux en bois, comme cela arrive pour les stations dont le terrain est
plus propice, comme par exemple dans le Brandebourg à Potsdam *), à Ciistrin 2 ), etc.,
ainsi qu'en Roumanie à Ariusd 3 ), à Piscul-Crăsani 4 ) et à Sultana 5 ). C'est pourquoi
x 3
) C. Scbuchhardt,DieRômcrschanzeb.Potsdam, I.e. ) Lâszlô Ferencz, Erôsd, Dolgozatok-Travaux,
2
) A. Kiekebusch, Die altgermanische Siedlung V, CIuj, 1914, p. 337 (hongr. et franc.). Sur les
von Lagardesmiihlen bei Ciistrin, Priih. Zeitschr., fouilles d Ariuşd on trouve dans le présent nu­
V I , 1914, fasc. 3, p . 303 seqq. ; id., Die Ausgra- méro de la Dacia le dernier ouvrage du regretté
bungen des Markischen Museums bei Ciistrin, archéologue transylvain Lâszlô Ferencz.
4
Zeitschr. fur Ethnol., 1914, p. 880 sqq. ; id., ) I. Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 28 sqq.
5
Die Ausgrabung des bronzezeitlichen Dorfes Buch ) Id., Les fouilles de Sultana, Dacia, I, 1924,
bei Berlin, Berlin 1923, p. 29 sqq. sous presse.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

il nous a été impossible de déterminer la forme, les dimensions et la disposition


des habitations de Tinosul. Nous ne pouvons préciser que l'époque, la surface aproxima-
tivc, la technique et une partie des objets contenus. L'emplacement appartient à l'époque
Latène III, la dernière de la station. La surface occupée par les débris a 30 m 2 ; sans
doute les habitations avaient une étendue beaucoup plus petite. La technique et les maté­
riaux sont les mêmes que ceux du rempart, quoique d'époques différentes. Ceci n'a au­
cune importance chronologique, car le système de construction avec poteaux, clayon-
nage et argile mélangée avec de la paille, se trouve autant dans les stations néolithiques,
comme Ariuşd ]) et Sultana 2 ), que dans celles Latène comme Piscul-Crăsani. A Piscul-
Crăsani, station beaucoup plus grande et plus importante que Tinosul, on a trouvé
même des fragments d'argile avec enduit blanchi au gypse 3 ). D'ailleurs cette manière de
bâtir en bois et en terre mélangée avec de la paille est commune à toutes les régions eu­
ropéennes et à toutes les époques 4 ). Aujourd'hui même, à Tinosul, à Crăsani et dans
tous les villages roumains de plaine, on bâtit de la même manière que dans les stations
préhistoriques mentionnées plus-haut. A défaut de pierre et à défaut de brique, les seuls
matériaux qui s'imposent nécessairement sont le bois et l'argile mélangée avec de la
paille et bien comprimée.
Si on ne peut pas déduire avec précision la forme des habitations de Tinosul, on ne
peut pas douter qu'elles n'étaient pas rondes, mais rectangulaires, le type le plus courant
autant dans les stations préhistoriques de la Dacie (Ariuşd 5 ), Sultana 6 ), etc.), que
dans les stations gètes, comme Piscul-Crăsani 7 ). D'ailleurs, les ruines de cette habita­
tion épousent plutôt la forme rectangulaire (fig. 13).
Que nous avons à faire à des habitations élevées au-dessus du niveau de la terre
et non pas enterrées, comme les huttes troglodytiques, la chose est évidente; il n'y a
qu'à se rapporter à la c o u p é e (fig. 12, II, III). Ce fait est commun à toute la station de
Tinosul: on n'a trouvé aucune trace d'habitation enterrée. D'ailleurs dans cette région
il n'y a aucun des motifs qui peuvent faire préférer les huttes enterrées aux autres ha­
bitations, c'est à dire le manque du bois et une situation mal abritée contre le vent du
nord. Les vastes forêts, qui entourent la station, l'abritent contre l'aquilon et fournissent
abondamment le bois nécessaire.
Le trou z (fig. 5 et 13) est en relation avec l'habitation, dont il constitue probable­
ment l'âtre. Le trou n (fig. 13) se rapporte à une époque antérieure, la même que celle du
rempart. En y le vase grec, le petit gobelet en miniature de l'époque Latène III et le
charbon qui les entoure, sont de la même époque que l'habitation et peuvent être consi­
dérés comme appartenant à une petite tombe d'incinération près ou sous la maison. La
principale maison identifiable dans les débris devait appartenir à un personnage d'une
situation sociale plus élevée, vue la richesse des objets trouvés, pour la plupart importés
par le commerce grec, par exemple le vase de candélabre en bronze (fig. 45) ainsi que
les autres fragments d'amphores, de flacons à parfum, de petits objets en métal, etc.

*) Lâszlô Ferencz, op. cit. lia, Milano, 1923, p. 8 3 ; pour la Dacie cf. V. Pâr-
2
) I. Andricşcscu, op. cit. van, Gctica, p. 183 sqq.
3 s
) Id., Piscul-Crăsani, p. 27 sq. ) L. Ferencz, o. c.
4 6
) J . Dcchelette, Manuel, I, p. 348; I I 1, p. ) I. Andrieşescu, Les fouilles de Sultana, sous
130; I I 3, p. 942 sqq. ; C. Schuchhardt, AIteuropa, presse.
p . 1 6 ; G. Pinza, Sloria délie civiltà antiche </'Ita­ ') V. Pârvan, Gctica, p . 135, 185.

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

En ce qui concerne les portes et la toiture des habitations, quoique nous n'avons
trouvé aucune indication archéologique, par analogie avec les maisons du Latène III
de la Dacie (Costeşti-Transylvanie) on peut supposer que les portes étaient en bois et la
toiture en paille, en roseau ou en jonc ').

3. FOUILLE F

La fouille F située à 4,50 m de la tranchée N (fig. 3) a une surface de 10 m X 10


m et une profondeur de 1,10—1,20 m. La coupe schématique que nous donnons
(fig. 14) nous montre que la couche contenant des vestiges de vie humaine est très
mince (0,50 — 0,60 m). En échange elle est très riche en fragments céramiques «le l'é­
poque Latène III et grecs d'importation, qu'on retrouve en profondeur jusqu'à la terre
vierge. Au-dessus de celle-ci surtout du côté NE de la fouille, se trouve une mince
couche de gravier, qui continue celle de A et de N (fig. 13). Les restes les plus nombreux
de céramique se trouvent à une profondeur de 0,40 m. Au-dessous ils sont plus rares et
les fragments primitifs à proéminences, comme ceux représentés dans la fig. 23, pré­
dominent, quoique des tessons de vases grecs et de vases grisâtres travaillés au tour
ne font pas défaut non plus. De ce côté-ci on a trouvé également des ossements d'animaux,
des dents de cheval, des fusaïoles, de petits objets en métal, etc., ainsi que le bout de
r r rhyton modelé en forme de tête de vautour représenté dans

LifiBiil | YuÂmtmnmMi En d (fig. 3)' cette couche pénètre dans la terre vierge
+ à line profondeur de 0,50 m en forme de puits de 1,70 m de
T diamètre. Le trou est rempli de terre noire avec des fragments
de terre calcinée, de charbon, d'ossements, de tessons Latène
et grecs et avec une grande quantité de graines carbonisées
et aglomérées, de millet, d'orge, de seigle et surtout de blé. Les graines ne se trouvent
que jusqu'à 0,20 m de profondeur; au-delà il n'y a plus que du charbon de bois de
chêne mélangé avec de la terre.
Tout contre, à une profondeur de 0,50 m se trouve une couche de débris d'habi­
tation, a, épaisse de 0,40 m, qui ne dépasse pas 3 m de longueur sur 1,80 m de largeur
et qui contient des fragments d'argile calcinée, du charbon de bois de chêne et de
frêne, des ossements d'animaux, des restes d'aliments, de nombreux tessons de vases
Latène et d'amphores grecques d'importation. On a trouvé également un fragment
de passoir en terre cuite et un anneau en bronze (fig. 49,3). En a (fig. 3) on rencontre
de grosses pierres de rivière. En somme il s'agit des vestiges d'une habitation incendiée
et le trou d constitue peut-être un dépôt de graines, semblable à ceux qu'on a encore
aujourd'hui l'habitude de faire dans certains endroits de la région. Une petite couche
de restes calcinés d'habitation se trouve également en / (fig. 3) à 0,40 m de profondeur,
qui paraît se rattacher aux vestiges mentionnés plus haut (a).
A 1 m de a, à une profondeur de 1 m, on aperçoit sur une étendue de 0,50 m X 0,60
m un petit tas, c, haut de 0,20 m constitué par de jolis tessons lustrés (fig. 21), d'une
technique supérieure et différents des autres fragments céramiques trouvés dans la

l
) V. P â r v a n , l. c. ; Déchelette, Manuel, I I 3, p . 943 sqq. ; C. Schuchhardt, Altvuropa, 1. c.

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