Vous êtes sur la page 1sur 1

DAUPHINE LIBERE - France / MONDE

Edition du 12/06/2007

ÉLECTIONS LÉGISLATIVES : Les leçons du premier tour


"Une transformation profonde de la vie politique"
Propos recueillis par Gwendoline BEZIAU

Quelles leçons Olivier Ihl, directeur de l'Institut des Sciences politiques de Grenoble, tire-t-il
de ce premier tour des législatives ? Tour d'horizon en quatre questions.

* Les résultats de ce premier tour semblent montrer que la France s'oriente vers le
bipartisme...

- Disons plutôt vers une bipolarisation parfaite alors qu'elle était jusque-là... imparfaite. Aux
notions traditionnelles de droite et gauche se substituent en effet aujourd'hui celles de l'UMP
et des socialistes. Reste cependant à savoir si ce phénomène, qui apparaît finalement comme
une normalisation de la situation française, se confirmera. Car il est éminemment lié au
second tour de l'élection présidentielle et au rôle du vote utile.

* Après cette vague bleue, quelle marge de manoeuvre reste-t-il aux socialistes ?

- Il est temps qu'il y ait une opposition claire, crédible et responsable. Pour cela, les socialistes
doivent agir sur trois terrains spécifiques : élaborer une véritable plate-forme doctrinale, c'est-
à-dire un programme lisible capable de capter l'opinion, dégager un leadership (les divisions
leur ont beaucoup nui) et enfin mettre en place un nouveau système d'alliances, notamment
avec le centre, qui, certes, est en régression mais pèse encore 7 % des voix, mais aussi avec
les Verts. Bien sûr, il faudra certainement du temps pour relever ce défi.

* Laminés, les petits partis ont-ils encore un avenir ?

- Oui, à la faveur des élections municipales, européennes et régionales plus favorables aux
petites listes. La grande nouveauté, c'est surtout pour le Front national la fin d'un cycle ouvert
en 1982, largement mis en selle par Mitterrand, et clos aujourd'hui par Nicolas Sarkozy. Pour
le Parti communiste, ces législatives sont la confirmation de sa disparition et de son incapacité
à représenter la classe populaire. Quant aux Verts, ils mesurent là le travail à faire pour
devenir une vraie force politique... Ces élections sont donc très riches en enseignements et
marquent une transformation profonde de la vie politique française. Notamment parce que la
présidentialisation du scrutin est en train de dénaturer le sens de ces élections et va remettre la
question institutionnelle sur le devant de la scène.

* Justement, cette concentration du pouvoir dans les seules "mains" de l'UMP peut-elle
représenter un danger pour la démocratie ?

- Précisons d'abord que ce pouvoir est sans commune mesure avec ce que la France a déjà
connu. Cette situation est inédite et à mon sens, le danger est double. D'abord, le leader
n'aura-t-il pas une tendance naturelle à abuser de ce pouvoir ? Ensuite, n'y aura-t-il pas le
risque de voir le point de gravité de la politique se déplacer des urnes vers la rue si un
équilibre n'est pas trouvé entre la majorité et l'opposition en place ?

Vous aimerez peut-être aussi