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La nature de l’idée, en tant que représentant formellement une chose qu’elle n’est
pas, rattache cependant Descartes et Malebranche à une pensée qui n’est plus celle de
l’identité entre vérité et réalité mais celle de la conformité de l’idée à la chose :
« aedequatio rei et intellectus » écrit Saint-Thomas. Cette formule a l’avantage de
souligner l’écart qui sépare la représentation ou la proposition de la réalité, écart qui leur
interdit de se fondre l’une dans l’autre ; ce n’est plus une identité qui est postulée, mais
un accord, une correspondance, une adéquation. Cette thèse, qui a été qualifiée de
réaliste, trouve son origine dans la pensée d’Aristote qui se sépare de la conception
platonicienne. Aristote définit la vérité comme la conformité de la proposition, de ce qui
est dit, à la réalité. La proposition est vraie si les faits dont elle rend compte sont tels
qu’elle les décrit ; elle est fausse si les faits sont autrement qu’elle ne les décrit.
La vérité-forme
« Ils (Galilée, Torriccelli, Stahl) comprirent que la raison ne voit que ce
qu’elle produit elle-même d’après ses propres plans et qu’elle doit prendre les
devants avec les principes qui déterminent ses jugements, suivant des lois
immuables, qu’elle doit obliger la nature à répondre à ses questions et ne pas se
laisser conduire pour ainsi dire en laisse par elle ; car autrement, faites au hasard
et sans aucun plan tracé d’avance, nos observations ne se rattacheraient point à
une loi nécessaire, chose que la raison demande et dont elle a besoin. » Kant,
Critique de la raison pure.
Kant semble être le premier à fournir une alternative à une telle pensée de la
vérité-correspondance. Kant se pose la question de savoir comment la science est possible.
Ce problème de la possibilité d’une connaissance s’avère plus aigu encore pour la
métaphysique en tant que celle-ci prétend atteindre la chose en soi. Kant rejette les
théories empiristes de Hume selon lesquelles les principes rationnels de la connaissance
(par exemple la causalité) ne serait que des habitudes imprimées en nous par la répétition
d’expériences similaires (par exemple l’expérience d’une connexion constante entre un
événement A et un événement B qui le suit). Il faut selon Kant distinguer la matière des
choses connues de la forme que confère à l’esprit à cette connaissance, forme qui est a
priori, c’est-à-dire précède toute expérience. L’esprit, bien loin de recevoir passivement
les choses, leur impose une forme, une loi qui est la sienne (ainsi temps et espace ne sont
pas des propriétés du monde mais des formes de la sensibilité ; de même pour la cause et
l’effet, la causalité étant l’une des douze catégories de l’entendement). Ceci implique que
ce que nous connaissons, ce n’est jamais la chose en soi, indépendante de l’esprit que
nous connaissons mais les phénomènes, c’est-à-dire la manière dont elles nous
apparaissent. Il y a donc nécessairement un relativisme de la connaissance. Tel est le sens
de la révolution copernicienne opérée par Kant : la connaissance ne se fonde plus dans
l’objet mais dans le sujet. Cependant, ce relativisme ne conduit aucunement à un
arbitraire de la connaissance car les lois a priori de l’esprit sont universelles ; c’est
pourquoi la science peut être dite vraie (remarquons, que sur le plan spéculatif, les
prétentions de la métaphysique sont réduites à néant puisque la chose en soi est
insaisissable). La vérité ne repose donc pas dans la matière de la connaissance et donc
dans une adéquation à la réalité mais dans l’universalité de la forme de la connaissance.
La vérité scientifique
La vérité-utilité
« Qu’est-ce donc que la vérité ? Une multitude mouvante de métaphores,
de métonymies, d’anthropomorphismes, bref, une somme de relations
humaines qui ont été poétiquement et rhétoriquement haussées, transposées,
ornées, et qui, après un long usage, semblent à un peuple fermes, canoniales
et contraignantes : les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le
sont, des métaphores qui ont été usées et qui ont perdu leur force sensible,
des pièces de monnaie qui ont perdu leur empreinte et qui entrent dès lors en
considération, non plus comme des pièces de monnaie, mais comme métal. »
Nietzsche, Vérité et mensonge au sens extra-moral.
- Idées vraies et réalité : Pour Descartes, les idées claires et distinctes, les idées
vraies, représentent immédiatement des natures simples, des réalités. Pour
Malebranche, les idées, en tant qu’éternelles et nécessaires ne peuvent être
produites par l’esprit ; elles sont vues en Dieu.
- La vérité scientifique : La science, bien que dépendante des faits, n’est pas une
pure et simple description de la réalité. Les hypothèses scientifiques sont des
anticipations, des interprétations qui précèdent l’expérience. De plus, la science ne
vise pas l’essence des choses, mais leurs rapports mutuels (les lois de la nature).
La science est un construit. Elle échappe à la fois à l’idéalisme et au réalisme (elle
n’est ni dialogue de l’esprit avec lui-même, ni copie de la réalité)
- L’intuition : Bergson pose que l’intelligence, en tant qu’elle est fondée sur
l’activité première de la fabrication d’outils et donc sur la manipulation d’une
matière inerte, passive méconnaît le réel en tant que celui se définit par sa
mobilité. Seule l’intuition peut, par sympathie, pénétrer dans l’intimité,
l’intériorité des choses. Pour Husserl, la conscience est toujours conscience de
quelque chose, elle tend vers autre chose qu’elle. L’intuition phénoménologique ne
donne pas l’idée de la chose mais la chose elle-même.
- Vérité et existence ; Jaspers affirme que la vérité est l’autorévélation de
l’existence singulière. Quant à la communication, elle nous permet de dépasser
notre singularité en nous dévoilant la vérité d’autres existences. Pour Heidegger,
la vérité est aletheia, dévoilement de l’Être, celui-ci n’étant jamais définitif en ce
qu’il s’accompagne toujours d’un voilement, d’un retrait.
Indications bibliographiques