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‘Un conrp de ifirenceimpliqne une dence qu fst Un concept de la répétition implique une répétition qui nest pas seulement celle d'une meme chose ou d'un mene Quelle chance y 2 rence pure et de épé tifent ? 1 profonde, se rejoignent et siden- GD. Gilles Deleuze, né en 1925, profeseur de philosophic, a enseigné Université de Pris VI- Vincennes jusgeen 1967, GILLES DELEUZE Différence et répétition AY fPIMETHEE put’ BPIMETHEE sais PanLosonguss Collection fondée par Jean Hyppolite ct dirigée par Jean-Luc Marion DIFFERENCE ET REPETITION GILLES DELEUZE wis PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE ‘an rae Dei gal — 1 on: 1968 eon + 965 ar 1 Pera Univers de Fane, 168 AVANT - PROPOS Les faiblesses d'un livre sont souvent la contrepartie tions vides qu’on n'a or. Une déclaration d'inter en ce sens, lémoigne modestie par rapport au fal. On dit souvent la fin, Inversement crest vrai de notre In lecture du reste. clusions re, oft la conclusion pourrait rendre inutile peut les signes do Heidegger vers Vexercice du stru téres différentiels dans un espace de coexistence ; l'art du roman ‘contemporain qui Lourne autour de la différence et de la répéti- tion, non seulement dans sa réflexion la plus abstraite, mais dans ses techniques effective eouverte dans toutes sortes de domaines d'une puissance propre de répétition, qui serait aussi wconseient, du langage, de 1 us cos signes js au compte d’un an rnisme généralisé = dentique et celle-ci soit concue, Ia pensée moderne natt de I de la perte des identités, et de la découverte de toutes les forces qui agissent sous Ia représentation de l'identique. Le monde Lthomme n’y survit pas & ln substance. ss, produites comme un sar un jeu plus profond qui est celui de la diffé- rence el. de la répétition. Nous voulons penser la différence en 2 DIFFERENCE ET REPETITION répétition porte dé; déja sur des dilférences. Ge sont des rép et le différenciant qui se différencie. La t faire coexister toutes les répétitions dans un espace oi se distribue la différence. A Vorigine de ce livre, il y a deux directions de recherche : l'une, concernant un con négalion, précisément parce que la donnée a l'identique, n'irait pas ou « n’aurait pas a aller » jusqu's Vopposition et la contradiction — I'autre, concernant un concept de la répétition, tel que les répétitions’ physiques, mécaniques ou nues (répétition du Méme) trouveraient leur raison dans les structures plus profondes d'une répétition cachée ot: se déguise et se déplace un ¢ dilflérentiel ». Ces deux recherches se sont rejointes, parce que ces concepls d'une différence pure et d'une répétition compleze semblaient en toutes oceasions se réunir et se confondre. A la divergonce et. au décentrement perpétuels de la différence, correspondent étroitement. un dépl cement et un déguisement dans la répétiti jen des dangers & invoquer des différenees pures, ‘dentique, devenues indépendantes du négatif. Le plus grand danger est de tomber dans les représentations de la belle-dmo : rien que des différences, conciliables et {édérables, Join des lultes sanglantes. La belle-me dit : nous sommes d rents, mais non pas opposés... Et la nolion de probléme, que nous verrons liée a celle de différence, semble elle aussi nourrir les états d'une belle~ime : seuls comptent les problimes et les ques- tions... Toutefois, nous croyons que, lorsque les problémes attei- gnent au degré de positivilé qui leur est propre, et lorsque I: différence devient l'objet d'une affirmation correspondante, ibérent une puissance d'agression et de sélection qui détruit la belle-dme, en la destituant de son identité méme et en brisant sa AVANT-PROPOS 3 bonne volonté. Le prob des luttes ou des destructions par rapport. a igatif ne sont plus que des apparey ‘ame, autant de mystifications prises dans tient au simulacre, non pas d’étro toutes les copies, en renversant aus doit étre pour une part une espice roman policier, pour une autre part une sorte iction. Par roman policier, nous voulons dire que les concepts doivent intervenir, avec une zone de présence, pour résoudre une situation locale. Ils changent eux-mémes avec les problémes. Ils ont des sphéres d’influence, oit ils s’exercent, nous le verrons, en rapport avec des « drames » voies d'une certaine « eruauté », Is doivent avoir une cohéren appel a 'expérience vécue. Il entreprend au contraire Ia création de concepts qu’on ait jamais vue ou entendue. L’empirisme, c'est le mysti cisme du concept, et son mathématisme. Mais précisément ite le concept comme l'objet d'une rencontre, comme un maintenant, ou plutot comme un Erewhon d’oit sortent, inépui- sables ici » et les maintenant » toujours nouveaux, autre- nués. Il n'y a que lempiriste qui puisse dire : les concepts sont les choses mémes, mais les choses a l'état libre et sauvage, au-deli des « prédicats anthropologiques », Je fais, refais et défais mes concepts & partir d'un horizon mouvant, d'un centre toujours décentré, d'une périphérie toujours déplacée qui les répéte et les différencie. Il appartient & Ia philosophic moderne de surmonter I'alternative temporel-intemporel, his torique-éternel, particulier-universel. A Ia suite de Nietzsche, nous découvrons I'intempestif comme plus profond que le temps et I'éternité : la philosophie n'est ni philosophis ni phi ‘éternel, mai Jement intempestive, ce Vespére, d'un temps’ veni découvrons le Erewhon, comme signifiant & la fois le « nulle part » originaire, et le « ici-maintenant. » déplaeé, déguisé, modifié, toujours recréé. Ni particularités empiriques, ni universel abs. ‘ DIFFERENCE ET REPETITION trait : Cogito pour un moi dissous. Nous croyons & un n les individuations sont impersonnelles, et les sit indi In splende tion, qui dériv aurait di rendre présent, c'est done fiction, encore en un autre sens, ot les faiblesses ment que sur ce woir et notre igr seulement de ceite fag At Ia rendre mnce. Nous avons sentons bien, malheuré scientifique. approche ott il ne sera guére possible d’éerire un ‘ophie comme on en fait depuis si longtemps le viewx style... » La recherche de nouveaux mo losophiques fut Don Quicholle, comme si {VANT-PROPOS 5 » Pierre Ménari Alors la répétition ‘maximum de d dans lequel instrent, Si bien qu'ils ont une existence double, et, pour jen et du texte actuel avons di parf les notes historiques dans notre texte méme, pour approcher de Inrropucrion REPETITION ET DIFFERENCE La répétition n'est pas Ia généralité. La répétition doit atre inguée de la généralité, de plusieurs facons. Toute formule impliquant, leur confusion est facheuse : ainsi quand nous disons que deux choses se ressemblent comme deux gouttes d'eau lorsque nous identifions « il n'y a de science que du général » et «il n'y a de science que de ce qui se répéte ». La différence est de nature entre la répétition et la ressemblance, méme extréme. La généralité présento deux grands ordres, ordre qualitatif des resemblances ot V'ordre quantitatif des ‘équivalences. Les cycles et les égalités en sont les symboles. Mais, de toute maniére, Ja généralité exprime un point de vue d’aprés lequel un terme peut étre échangé contre un autre, un terme, substitué & un autre. L’échange ou la substitution des particuliers définit notre conduite correspondant 4 la généralité. C'est pourquoi les empi- jstes n'ont pas tort de présenter l'idée générale comme une ée partioulire en elle-méme, & condition d’y joindre un sen- timent de pouvoir la remplacer par toute autre idée particuliére qui lui resemble sous le rapport d’un mot. Au contraire, nous voyons bien que In répétition n'est une conduite nécessaire et fondée que par rapport A ce qui ne peut étre remplacé. La répé- tition comme conduite et comme point de vue concerne une singularité inéchangeable, insubstituable. Les reflets, les échos, les doubles, les émes ne sont pas du domaine de Ia resemblance ou de l'équivalence ; et pas plus qu'il n'y a de substitution possible entre les vrais jumeaux, il n'y a possibilité d’échanger son ame. Si I’échange est le critére de la généralité, le vol et le don sont ceux de la répétition. Il y a done une différence éco- nomique entre les deux. Répéter, c'est se comporter, mais par rapport & quelque chose d'unique ou de singulier, qui n’a pas de semblable ou équivalent. Et pout-étre cette répétition comme conduite fexterne fait-elle éeho pour son compte & une vibration plus DIFFERENCE ET REPETITION as d’autre paradoxe apparent : Non pas ajouter une seconde ier. On répite une ceuvre dart comme singularité sans concept, et ce n’est pas par hasard qu’un ‘organe amoureux de la rép que la répétition concerne aussi en est la terreur ou le gages : le langage des seiences, dominé par et oi chaque terme peut éire remplacé :. On peut toujours ¢ représenter » comme une resemblance extréme ou une équi- quion passe par degrés d'une chose & une autre n'empéche ‘pas une différence de nature entre les D'autre part, la généralité est de lordre des lois. Mais la loi détermine seulement la resemblance des sujets qui y sont ralence & des termes qu’ mn, 1a loi montre plutdt comment impossible pour de purs su soumis, et leur éqi et dans la nature, des perma- des persévérations, autant que des flux et des variations. pas davantage une répétition sur tour les variables d'une plus durs rochers deviennent Mais une persév Les constantes d'une INTRODUCTION ° des matiéres molles et fluides géologique d’un mil- lion d’années. Et, & chaque niveau, c'est par rapport & de grands objets permanenis dans la nature qu'un sujet de la loi é sa propre impuissance a répéter, et découvre que ot sance est déja comprise dans l'objet, réfléchie manent ol ‘eondamnation. La loi réuni dies eaux & la permanence du fleuve. De Watte Git; « Il avait placé ce qu'il y a de sager dat notre regard rencontre de ph bois. » Crest la méthode xvin® si Helotee, on avait fait un syste le changement, comme condi semble condamner tou! saint-Preux apprend qu'il ne peut rn raison de ses changements et de , mais en raison des grandes permanences de In ine valeur symbolique, et ne l'excluent, pas moins elle est. du miracle plutot que de la ie semblable et le contenu équivalent . Si Ia répétition peut étre trouvée, méme dans la nature, c'est au nom is sfaffirme contre Ia loi, qui travaille is, Sila répétition existe, elle exprime une singul général, une uni- ‘versalité contre le particulier, un remarquable contre ion, une éternité contre la tition, c'est la transgression, ‘en dénonee le caractére nominal plus profonde et plus artiste. pourtant de nier tout rapport de la répéti- point de vue de I'expérimentation scientifique Mais nous devons demander dans quelles conditions Texpérimentation assure une répétition. Les phénoménes d nature se produisent & re, toute inférence étant pi ddons de vastes cycles de ressemblance : c'est en ce sens que tout réagit sur tout, et. que tout resemble & tout. (ressemblance du ‘divers avec soi). Mais l'expérimentation constitue des milieux elativement clos, dans lesquels nous définissons un phénoméne tn fonction d'un petit nombre de facteurs sélectionnés (deux au ninimum, par exemple lespace et le temps pour le mouvernent Elle met. en question au profit 10 DIFFERENCE ET REPETITION 1, dés lors, de la physique : nus ou les milieux clos constituant aussi bien des systémes de coordonnées géométriques. Dans ces conditions, le phénoméne apparait nécessairement. comme égal & une certaine relation quan titative entre facteurs sélectionnés. Il s'agit donc, dans l'expéri- mentation, de substituer un ordre de généralité & un autre : un ordre d’égalité & un ordre de resemblance. On défait les ressem- blances, pour découvrir une égalité qui permet identifier un phénomene dans les conditions particuliéres de l'expérimentation. La répétition n’apperait ici que dans le passage d'un ordre de généralité & Vautre, aMeurent & la faveur, & Voceasion de ce passage. Tout se passe comme instant, entre les deux généralit encore, on risque de prendre pour une différence de degré ce qui différe en nature. Gar Ia généralité ne représente et ne suppose ¢ répétition hypothétique alors... Cette formule ‘on pourra toujours retenir et sélectionner de: fdentiques qui représentent letre-6 rend compte ainsi ni de ee qui pos besoin de passer par une seconde, une troi- on essence, la répétition renvoie & une puissance lidre qui différe en nature de la généralité, méme quand elle profite, pour apparaitre, du passage artifice d'un ordre général a autre. L’erreur « stotcienne », c'est d’attendre la répétition de la loi de nature. Le sage doit se convertir en vertueux ; le reve de trouver une loi qui rendrait la répétition possible passe du cdté de Ia loi morale. Toujours une tache & recommencer, une fidélité & reprendre dans une vie quotidienne qui se confond avec la réat- firmation du Devoir. Buchner fait dire & Danton fastidieux d’entiler d’abord sa chemise, puis sa cul de ge trainer au lit et le matin de se trainer hors d ‘toujours un pied devant l'autre. Il n'y a guére d'espoir que cela change jamais. Il est fort triste que des millions de gens fait ainsi et que d'autres millions le fessent, encore aprés no que par-dessus le marché nous soyons constitués de deux moitiés qui font toutes deux Ia méme chose, de sorte que tout se produit deux fois. » Mais & quoi servirait la loi morale, si elle ne sanctifiait INTRODUCTION “ a rtération, surtout si elle ne Is rena pssibe, nowt don- ta iano agai dont nous excut lett de nature? oe ies satégorcs da en etd al ae smetyivaues chaque fos que nous esayons de Eas gave comme tes de fx nore (epetition dun "ae pasion) nous nous Tagons das une Meftmauute, qu n'a pas dates isue uel dzespoir Malti, nou domera ARpsahitede la eepetiton, et dv sues 12 Frais de ln repetion, pores qu Chin oat pls elle ef nr, rus weave srons pus sojete sans fie at Bit Moise EE ee que: Kant appele la plus haute Uae ream une dpreave de. pease ul dat dlterner Teste rpredit on tty eesti ce qu pest mbit ans eontradition sous la forme de la foi morse Mira inven une epouve » dolar ayeendnt ce ql pouvat cee rp du point dev haute épreuve, droit. I estime donc avoir vaineu & Ia fois le démoniaque ct le fasti- prion, comme dant Oi inte mane desert fo toe la née uncom peut pastata contre: dieux, Et tel un donner une vraie répét La généralité, cette fois, n'est plus celle de la nature, m de Thabitude comme seconde nature. Il est vain d'invoquer Vexistence d'habitudes immorales, de mauvaises habitudes ; ce aqui est moral essentiellement, ce qui a la forme du bien, c'est forme de I'habitude ou, comme disait Bergson, habitude de prendre des habitudes (le tout de I'obligation). Or, dans ce tout pn cette généralité de 'habitude, nous retrouvons les deux grands ordres : celui des resemblances, dans la conformité variable des Giéments d'action par rapport & un modéle supposé, tant que 2 DIFFERENCE ET REPETITION ‘habitude n'est pas prise ; celui des équivalences, avec les éléments d'action dans des situations divers hhabitude est prise. Si bien que jamai véritable répétition : tantot c'est action qui change, et se per- fectionne, une intention restant constante ; tantot I'action reste \s des intentions et. des contextes différents, L& encore, est possible, elle n’apparait qu'entre ces deux de perfectionnement et d'intégration, sous ces deux its, quitte a les renverser, témoignant d'une tout autre "est contre Ia loi morale autant que contre a loi de nature. On connatt deux maniéres de renverser la loi morale. Tantét par une remontée dans les principes 7 on conteste Vordre de a é, emprunts, ‘on dénonce dans Ia loi un principe de seconde main, tune. force ou usurpe une puissance originelles, Ta loiest d'autant micux renversée qu'on yuo s'y soumet avec une minutie trop parfaite ; c'est a force d'épouser la loi qu'une ame fausse- rent soumise arrive a la tourner, et goiter aux plaisirs qu'elle était censée défendee. On le voit bien dans toutes les démons- trations par I'absurde, dans les gréves du zéle, mais aussi dans certains comportements masochistes de dérision par soumission. La premiére maniére de renverser la loi est ironique, ct lironie Y apparatt- comme un art des principes, de la remontée vers les et du renvorsement. des. principes. La seconde est qui est un art des conséquences et des descentes, des suspens et des chutes, Faut-il comprendre que Ia répé surgit: dans ce suspens comme dans cette remontée, cot istence se reprenait et se « ritérait » en elle-méme, des qu’ n'est plus contrainte par les lois ? La répétition appartient. & humour et & Vronie elle est par nature transgression, excep- tion, manifestant toujours une singularité contre les parti soumis & la loi, un universel contre les généralités qui font loi Il y a une force commune A Kierkegaard et & Nietzsche. (Il faudrait y joindre Péguy pour former le triptyque du pasteur, de antichrist et du eatholique. Chacun des trois, & sa mai fit de la répétition non seulement une puissance propre du lan gage et de la pensée, un pathos et une pathologie supérieure, mais la catégorie fondamentale de la philosophie de l'avenir. A INTRODUCTION 8 chacun correspond un conception sdlre, et un personnag comme héros de la Job-Abraham, D Ce qui les sépare est con a ied ra. celle prodigieuse rencontre autour d'une ponsée de la répétition : ils opposent la nd toules les formes de la généralité. Et le mot « répéti- is ne le prennent pas de maniére ntraire une certaine maniére de le prendre a la de le faire passer dans le style, On peut, on doit d'abord num! w8me quelque chose de nouveau ; une epreuve sélective ; la liberts. Kierkegaard précise : non pas tirer de la quelque chose de nouveau, non pas lui soutirer quelque chose de nou- veau. Car seule 1a contemplation, Vesprit qui contemple du lehors, « soutire ‘au contraire d’agir, de faire de la ne Lelle une nouveauté, c'est-a-dire une liberté et tache de la liberté. Et Nietzsche : libérer la volonté de tout ‘ce qui l'enchatne en faisant de la répétition l'objet méme du vou- loir, Sans doute la répétition est-elle déja ce qui enchatne ; mais sion meurt de la répétition, c'est elle aussi qui sauve et qui rit, et qui guérit d'abord de V'autre répetition. Dans la répé- {ya done & la fois tout le jeu mystique de la perte et du wut le jeu théatral de In mort et de la vie, tout le jeu positit de la maladie et de la santé (cf. Zarathoustra malade et Zarathoustra convalescent, par une seule et méme puissance qui cst celle de la répétition dans I'éternel retour) 2 Des lors, opposer la répétition aux lois de la Nature. Kierkegaard déclare qu'il ne parle méme pas du tout de la réj lition dans la nature, des cycles ou des saisons, des échanges et des égalités. Bien plus : si la répétition concerne le plus inter de la volonté, c'est parce que tout change autour de la volonté, conformément & la loi de nature. D’aprés la loi de nature, Ia tion est impossible. C'est pourquoi Kierkegaard con ma esthétique, tout effort pour obtei répétition des lois de la nature, non seulement comme identifiant au p i, In sit % DIFFERENCE ET REPETITION si claire. Pourtant les décl 1s de Nietzsche sont es, Sil découvre la répétition dans la Physis elle-méme, c'est parce qu'il découvre dans In Physis quelque chose de supérieur au Teane des lois: une volonté se voulant elle-méme a travers tous Tes changements, tune puissance contre la loi, un intérieur de la terre qui s'oppose aux lois de ‘oppose «son » hypothise & Phypothése la repetition dans Vaternel retour comme Etre, mais il oppose est tre a toute forme légale, a Vétre-semblabie autant qu'a T'étreégal. Et eom- rent Ie penseur qui poussa le plus loin la er dle loi pourraitil rintroduire Wéternel retour comn nature ? Comment lui, connaisseur des Grecs, sera ‘stimer sa propre pensée prodigieuse et nouvelle s'il se contentait, de formuler cette platitude naturelle, cette générale de la nature bien connue des Anciens ? A deux reprises, Zarathoustra Corrige les mauvaises interprétations de I'éternel retour : avec Colére, contre son démon (« Esprit. de lourdeur... ne simplifie de choses 1); avee douceur, contre ses animaux ales, ressasscurs.. yous en aver. dei fait une ren ‘La’ rengaine, c'est éternel retour commo cycle ow tirculation, comme étre-semblable et comme élre-tgal, bret comme certitude animale naturelle et comme loi sensible de Ia nature 3° Opposer la répitition & la loi morale, en faire a suspension de Wéthique, la pensée de par-deld le bien et le mal. La répé- tition apparatt comme le logos du solitaire, du singulier, le logos du « penscur privé» Chez Kierkegaard et chez Nietzsche, se développe l'opposition du penseur privé, du penseur-comite, porteur de la répdlilion, avec le professeur public, docteur de la Ini, dont le diseours de seconde main proctde par médialion et prend sa source moralisante dans 1a. général (et. Kierkegaard contre Hegel, Nietzsche contre Kent et Hegel, et de ce point de vue Péguy contre Ia Sorbonne). Job est In infinie, Abraham, la résignation infinie, mais les ine seule et méme chose. Job met en question la aniére ironique, refuse Loutes les. ex estitue le général pour alteindre au pl principe, comme universel. Abraham se s01 inent & fa loi, mais retrouve prévisément dans cette soumission Ja singularité'du fils unique que la loi commandait. de sacrifier. Telle que Ventend Kierkegaard, la répétition est le corrélat transcendant commun de la contestation et de la résignation INTRODUCTION 15 comme intentions psychiques. (Bt l'on retrouverait les deux aspects dans le dédoublement de Péguy, Jeanne d’Are et Ger- sme éclatant de Nietzsche, la haine de la lot ivité et le consentement sont le double age de Zarathoustra, recucilli de Ia Bible et retourné contre lc. D'une certaine maniére encore, on voit Zarathoustra riva- ;preuve de la répétition dans la loi mor quoi que tu veuilles, veuil L'éternel retour se d me » qui renverse Kant sur son propre terrain, une épreuve plus loin, puisque, au lieu de rapporter la répétition a morale supposée, elle semble faire de la répétition méme forme d'une loi par-dela la morale. Mais en réalité, c'est encore plus compliqué. La forme de la répétition dans I’éternel retour, c'est la forme brutale de V'immédiat, celle de I'universel ct du singulier réunis, qui détrone toute loi générale, fait fondre ations, périr les particuliers soumis & la loi, I y a un jela de la loi, et un en-deci de la loi, qui s'unissent dans ternel retour comme Vironie et I'humour noirs de Zarathoustra. 40 Opposer la répétition non seulement aux généralités de abitude, mais aux particularités de la mémoire. Car peut- tre est-ce I'habitude qui arrive a « tirer » quelque chose de nouveau d'une répétition contemplée du dehors. Dans 'habi- tude, nous n'agissons qu’a condition qu'il y ait en nous un petit Moi qui contemple : c'est lui qui extrait le nouveau, e’est-a-dire le général, de la pseudo-répétition des cas particuliers. Et mémoire, ‘peut-étre, retrouve les particuliers fondus dans la mémoire. C'est par Ia que la répétition est Ia pensée de elle s'oppose & la catégorie antique de la réminiscence, et & la catégorie moderne de l'habitus. C'est dans la répétition, c'est par la répétition que VOubli devient une puissance positive, et Vinconscient, un inconscient supérieur positif (par exemple comme force fait partie intégrante de I'expérience vécue do Véternel retour). Tout so résume dans la puissance. Lorsque Kierkegaard parle de la répétition comme de la seconde puis- sane de la conscience, « seconde » ne signifle pas une deuxiéme fois, mais 'infini qui se dit d’une seule fois, 'éternité qui se dit d'un instant, edit de In conscience, 1a puis- sance ¢n ». Et quand Nietzsche présente I'éternel retour comme 16 DIFPERENCE ET REPETITION ulasance , roais at quoi qu’on veuille, porter ce qu'on veut 4 la « niéme » dire en dégager la forme supérieure, grice & sélective de la pensée dar grace de la répétition dans Nous ne suggéro de Nietzsche et le ierkegaard et. Nietzsche philosophic de nouveaux moy pression. On parle volontiers, & leur propos, d’un dépassement . Or ce qui est en question dans toute leur représentation du mouvement ; ‘agit. au contraire de produire pable d’émouvoir I'esprit hors de toute représental de faire du mouvement. Iui- ‘méme une uvre, sans interposition ; de substituer des signes directs & des représentations médiates tions, des rotations, des toumnoiements, des gravitatio danses ou des sauts qui atteignent directement esp est une idée d’homme de thédtre, une idée de metteur en seéne dans leuvre un mou ex pastogee du Jour. iradelion Tae Crate INTRODUCTION ” — en avance sur son temps. Crest en ce sens que quel de tout & fait nouveau commence avec Kierkegaard et, Is ne réfléchissent plus sur le thédtre & Ils ne font pas davantage un tent, dans élément de la réflexion. On découvre un probléme des masques, qui éprouve ce vide le combler, penseur qu intérieur a le rem ‘idéo d'un théatre de kkegaard explique que le che prendre & un bourgeois en faut. prendre cette indi- cation philosophique comme une remarque de metteur en seéne, ie. « Je ne regarde qu’aux mouvements », v une phrase de metteur en scéne, qui pose le ame, et qui serail de I'ame, A plus forte raison pour Nietzsche. La Naissance de la Tra- gédie n'est. pas une réflexion sur Je thédtre antique, mais la fondation pratique d’un théatre de 'avenir, ouverture d'une ‘voie dans laquelle Nietzsche croit encore possible de pousser Wagner. Et la rupture avee Wagner n'est pas affaire de théorie ; elle nest pas non plus affaire de musique ; elle concerne le role Péguy dinone Inteu et ca ‘ierkegnardienn DIFFERENCE ET REPETITION xte, de I'histoire, du bruit, de la musique, de ta inse et du décor dans ce théatre thoustra reprend les deux tentatives leur que Wagner, du thédtre et pour les danses de Zara’ 'asche reproc! et dénaturé le « mouvernent et nager, un thédtre nautique, au liew de mar Zarathousira est concu tout entier dans la philoso; aussi tout entier pour la scéne. Tout y est sonori en marche et en di ler fe son exact du cri de Phomme supérieur, comment logue sans mettre en scéne le funambule qui ouvre ire ? A certains moments, c'est un opéra boule sur es terribles ; et ce n'est pas par hasard que Nielzsche parle du comique dit surhumai te Ia chanson resq rd répugnant. in de joue Et 1a aussi pour agit de coml intérieur du masque dans un espace seénique : en mul- les masques superposés, en inserivant dans cette super. position 'omniprésence de Dionysos, en y mettant T'infini du mouvement réel comme la différence absolue dans la répé de Téternel retour. Lorsque Nietzsche dit que le surhomme resemble & Borgia plutot qu’a Parsifal, lorsqu'll suggére que le surhomme participe a Ia fois de ordre des Jésuites et du corps des olficiers prussiens, 1 encore, on ne peut comprendre cet textes qu’en les prenant pour ce quills sont, des remarques de metteur en scéne indiquant comment. le surhomme doit. éure 08 > "est le mouvement réel Ie mouvement. réel. mouvement, essence et épétition, non pas dénoneé comme ce abstrait, au ion, non pas la médialion. Hegel est Propose un mouvement. du concept jeu du mouvement de la Physis et de In Psyehé. rapport abstrait du particulier avec le concept rapport du singulier et de l'universel dans 'Idée. Ten reste done a l’élément réiléchi de la creprésentation », 4 la simple génér Il représente des concepts, au liew de dramatiser les Idées : i fait un foux thédtre, un faux drame, un INTRODUCTION 49 faux mouvement. Il faut voir comme Hegel trahit et dénature smédiat pour fonder sa dialectique sur cette incompréhension, celui de sa propre pensée, et des généralités de cette pensée. Les successions spéculatives remplacent les coexistences, les oppo- que le mouvemei 1b notre vrai « répate » dans mesure oii Ia piéce n'est pas encore sue. On que, au vide de cet espace, ala maniére dont é, par des signes et des masques, & travers cteur joue un réle qui joue d’autres la répétition se’tisse d'un point remarquable & un autre en comprenant en soi les differences. (Quand Marx le faux mouvement abstrait ou lam trouve lui-méme porté & une id curs » ou les « héros » produisent, dans Uhistoire quelque chose d'effectivement nouveau.) Le thédtre de la répé- tition s'oppose au théatre de la représentation, comme le mouve- ment s'oppose au concept et & la représentation qui le rapporte au concept. Dans le théatre de la répétition, on éprouve des forces pures, des tracés dynamiques dans l'espace qui agissent sur Vesprit sans intermédiaire, et qui Vunissent directement & nature et & V'histoire, un langage qui parle avant les mots, tre posée au niveau spéi Abraham ou du Je mouvement », ou répéter, obtenir sauter, comme le eroit. Kierkegeard ? de danser, comme pense Nietzsche, qui n'aime pas que l'on confonde danser avec sauter (seu! le si thoustra, son démon, son nain, son bouffon, saute 0 DIFFERENCE EY REPETITION INTRODUCTION a gard nous propose un Uhéatss mouvement logique de la foi. Aussi pe la foi; et ce qu'il oppose au esthétique, i dépasser Vronie et méme Vhuumoun avec 50 ropose seule ainsi possible la remémoration et la reeoztition, la mémoire et la ironique et un tel dépassement. conscience de soi (méme quand ces deux facultés ne sont pas le Vineroyanee, du mou infinies pour n le rapport. de ta eruauté. L’humour et i ddu concept et le aspect, tel quill se et celte conscience de soi. nizianisme vulgarisé, mination est eoncep- ment, partie de la ypérant au fond de la nature. Et que serait P trouve effect lest. un mouvement vert On lectionner, D'apris un prineipe de différence. dde détruire comme de produire, non pas de faire revenir tuelle en dernifre instanee, ou en général ? La grande idée de Nietzsche, c'est de fonder la répo- compréhension d'un concept. D'aprés un tition dans P'éternel retour & la fois sur la mort de Dieu et sur la suflisante, il y a toujours un concept. par dissolution du Moi. Mais théatre de la foi, alliance est Diaprés la réciproque, principe des indiscernables, il y a une chose tout autre ; Kierkegaard la réve entre un Dieu et ct une seu concept. L’ensemble de ces principes forme exposition de la différence comme conceptuelle, ou le jeveloppement de la représcntation comme médiation. Mais un concept peut toujours étre bloqué, au chacune de ses determinations, de chacun des” pr comprend. Le propre du préd hose particuliére, vement est-il dans la sphere de esprit, ou bien de la terre, qui ne connail n mieux protégé contre les gén La répétition est-elle surnatur su-dessua des lois d rester fixe dans le concept, tout en devenant autre dans la chose volonté de la Nature (animal devient en cheval, humanité, autre Physis, parce que la nature est par ell 3 en Pierre et Crest. méme pourquoi la compréhi ropres régnes el ses propres concept est inf jevenu autre dans Ia chose, le nation de la répéLition « esthéti pas mélangé toutes comme Vobjet d'un autre sortes de choses vudo-répétilion qu’on attribuerait aux Pourquoi aussi chaque détermination reste générale ou di i de Ia nature, une vraie répétition dans la nature une répétition des passions sur un mode patholo- gique, une répélition dans l'art et I'euvre d'art ? Nous ne pou- Vons maintenant résoudre aucun de ces problémes; suffi de trouver la confirmation thédtrale d'une inréductible entre la généralilé et la répétition. ble d'un blocage artific usage logique. Togique de In comp Weept fe dote d'une extension supericure a 1, infinie en droit, ‘une généralité telle qu'aucun individu existant ne peut . ui correspondre hic ef nunc (régle du rapport inverse de la compré- hension et de l'extension). Ainsi le principe de diff }é s'opposaient du point de vue de la différenee dans le concept, ne s’oppose pas, mais au contraire plus grand jeu possible & l'appréhension des ressem- Déja, du point de vue des devinettes, la question irs se transformer en : Répétition et. géne conduite et du point de vue de la loi, Il faut encore préciser la troisiéme opposition, du point de vue du concept ou de la repr sentation. Posons une question guid juris : le concept peut en droit celui d'une chose particul une compréhension infinie. La mpréhe une extension = 1. Il importe 2 DIFFERENCE ET REPETITION lance n'est pas une identité partielle ; mais c'est. seulement Paree que le prédicat dans le concept, en. vertu de son devenie- autre dans Ia chose, n'est pas une partie de cette chose. Nous voudrions marquer la différence ent artificiel et un tout autre type, qu'on doit appeler du concept. Lun renvoie & la’ simple logique, m logique transcendantale ou & une dialectique de existence Supposons en effet qu'un concept, pris & un moment déterming ou sa compréhension est finie, se voit assigner de force une place dans lespace et dans Ie temps, c'est-A-dite une existence corres. pondant normalement & l'extension = 1. On dirait alors qu'un genre, une espéce, passe & Vexistence hic ef nunc sans augmentas mn de compréhension, Il y a déchirement entre cette exten. sion = 1 imposée au et extension = oo qu’exige en rincipe sa compréhension faible. Le résultat va étre une « exten ion discréte », 'est~4-dire un pullulement.d'individus absolument. identiques quant au concept, et participant de la méme singula- rité dans I'existence (paradoxe des doubles ou des jumeaux)?, Ce phénoméne d'extension discréte implique un bloeage naturel du concept, qui différe en nature du blocage logique : il forme une vraie répétition dans lexistence, au liew de constituer un ordre de resemblance dans la pensée. Il y a une grande différence centre la généralité, qui désigne toujours une puissance logique du concept, et la répétition, qui témoigne de son impuissance ou de sa limite réelle. La répétition, c'est le fait pur d'un concept & compréhension finie, foreé de’ passer comme tel a Vexistence : connaissons-nous des exemples d’un tel passage ? L’atome épi- curien serait un de ces exemples ; individu localisé dans l'espace, iln'en a pas moins une comprehension pauvre, qui se rattrape en extension discréte, au point qu'l existe une infinité datomes de méme forme et de méme taille. Mais on peut douter de I'ex de Vatome épicurien, En revanche, on ne peut douter de tenco des mots, qui sont d'une certaine maniére des atomes line guistiques. Le mot posstde une compréhension nécessairement finie, puisqu'il est par nature objet d'une définition seule- ment nominale. Nous disposons la d'une raison pour laquelle Ia compréhension du concept ne peut pas aller &infini on ne définit lun mot que par un nombre fini de mots. Pourtant Ia parole et Yécriture, dont il est inséparable, donnent au mot une existence ‘ic ef nune ; le genre passe done & Y'existence en tant que tel ; et 1. 1 formule et le phénoméne de extension diserdte sont bien dégagés par Michel Tournler dans un texte h parsiite LNTRODUCTION 23 dans la parole et dans Vécriture. La question est : y a-t-il d'autres luellement intinie). Si a qu'on aille dans ectte compréhension, on pourra toujours env gl nub des obj partalementSdetaque. Cone rement & ce qui se passe dans l'infini actuel, of le concept suillt en droit & distinguer son objet de foul autre objet, nous nous trouvons maintenant devant un cas oi le concept’ peut pour- suivre indéfiniment sa compréhension, tout en subsumant tou- jours une pluralité dobjet elle-méme indéfinie. La encore le Concept est le M&me — indéfiniment le méme — pour des objets distinets. Nous devons alors reconnaitre Vexistence de différences non concept ees objels. Gest Kant qui marqua le tre des concepts doués d'une specification je et. des déterminations non conceptuel iTérence sans concept, qui se dérobe indéfiniment continuée. Elle exprime i tement de Vexistant une puissance propre de l'existant, un entétement di Gans Tintation, qui résiste 4 toute spéifletion par le concept, in qu'on pousse celle. Si loin que vous alliez dans le concept, it Kant, vous pourrez toujours répéter, c'est-A-dire lui faire correspondre plusieurs objets, au moins deux, un pour la gauche ‘on ne peut en tire ine de indisgernables. ~~ Au’ ‘comprehens eb ‘hi concept un “airmen ire 3, virtue! doit alors tre entendu, non pas comme le conta ¥ een We mpresse», 2 qu sat see tI oie denen 2 ben ent § propos d'une espe de vers nes” 3 2 Be ta Where % DIFFERE: cE RT REPETITION tn pour Ia droite, an pour le plus un pour Je moins posit tn pour | néguti. " Pour eunipone le ne tele sluation se comprend mieux si Yon cons les concepts & comprébension indéinie sont. is conepte deta ‘Nature. Ace titre, ils sont toujours en autre cl ss nia Nae, mas dans Teepe l sate on serve, eb qui ae la représente, Ge pourgiai Ton dt gue le we concepts, répondent des objets gui sont cus snarre demas mmole esti qui ne poset ene rene poo eur propres moments, On demande paumuolla Netw ebete parce quelle eat partes ecieapartes, mon monn Lorne: Yeauté alors passe du cote de Teoprl ques renceeate parce que Tespit une memoir, u prond ee febtnwes, Gand {st capable de former des concepts en general td rice chy chose de nouveau, de soutirer quelque chose de nouveau Ala répétition qu'il contemple. yen ils ne sont pas ob- Ia Snip tl tont les concepts de ln Nature. Or ccs deus cos mepuiceal, pag tncor es exemplee de bloape satarl Sa ewok a helo une epsetation partic comroheson in lout de mimo, mais sans cnslence do sol earencema compedhensive ent ben tn su Te souvends ca Wren et toute Ia particularité d'un acte, d’ toute Ja particularté d'un acte, d'une seine, d'un événement, als ce qui man Crea le poursoi de la conscience, cect ce, e'eat ln recognition que 4 la mmoire, eat Ia rememoration, ov BIULL erations La camcince Habit entve la mptsnttion at rapport beaueoup plus profond que clu qut appara dans Vexprescion « jai une repréventation » elle Taprente la Fepréseniation au Je comme & une ibe Taclié enfermer dans aucun de ses, produ eullé qui ne fe laisse Broduil est déj pensé et reconnu comme passe oceaeion, dan Ghangement determing dans le sone intima, Quend manque la craic dy sao ou Flooration i soen esten sof n'est plus que la repetition des c'est-a-dire répété, pe Mo lieu dete coe refoulement, la résistance, qui fait de la répé fine ans INTRODUCTION s sme cas de blocage, qui concerne cette fois les concepts de la liberté, Et la aussi, du point de vue d’un certain freudisme, on peut dégager le principe du rapport inverse entre répétition et snce, répétition et remémoration, répétition et recognition (paradoxe ‘des « sépullures » ou des objets enfouis) : on répite d'autant plus son passé qu’on s’en ressouvient moins, qu'on a moins conscience do s’en souvenir — souvenez-vous, élaborez le souvenir, pour ne pas répéter!, La conscience de soi dans Ia recognition apparalt. comme la faculté de l'avenir ou la fonction du fatur, Ia fonction du nouveau. N’est-il pas vrai que les seuls morts qui reviennent sont ceux qu’on a trop vite et trop profon- dément enfouis, sans leur rendre les devoirs nécessaires, et que le remords témoigne moins d’un excés de mémoire que d'une impuis- sance ou d'un raté dans l'élaboration d'un souvenir ? Tl y a un tragique et un comique de répétition. La répé- tition ‘apparatt_méme toujours deux fois, une fois dans le destin tragique, Pautre dans le caractére comique. Au Uhéatre, le héros répéte, précisément, parce qu'il est séparé d'un savoir essentiel infini. Co savoir est em lui, plonge en lui, agit en lui, mais agit comme une chose cachée, comme une représentat bloquée. La différence entre le comique et le tragique tient & rents : Ia nature du savoir refoulé, tantot savoir naturel iat, simple donnée du sens commun, tantdt terrible savoir ésotérique ; dés lors aussi la maniére dont le personnage en est exclu, la manitre dont e il ne sait pas qu'll sait ». Le probleme pratique en général consiste en ceci : ce savoir non su doit étre eprésenté, comme baignant toute la scine, imprégnant Lous les, léments de la piéce, comprenant en soi toutes les puissances de la nature et. de lespi is en méme temps le héros ne peut pas se le représenter, il doit au contraire le mettre en acte, le jouer, le répéter. Jusqu'au moment aigu qu’Aristote appelait ‘reconnaissance », ol Ia répétition et la représentation se mélent, Saffrontent, sans confondre pourtant leurs deux niveaux, un se rélléchissant dans I'autre, se nourrissant de l'autre, le savoir Gant alors reconnu le méme en tant qu'il est reprisenté sur seine et répété par Pacteur. 1 Em, emia oan, 4 (end Dam a Ent, eae eer, ig tet ies ei eet ier ata Paresh Vath taraeaatae Pare eieearme raaa aie erase etna (a casera 2 DIFFERENCE ET REPETITION Le discret, I'aliéné, Je refoulé sont. les trois cas de blocage on invoque rme de l'identi dans le concept, la forme du. ¥ 4 répitition parce que le concept de la nature est naturellement concept dela liber reteinconseient, le souveats ale eae arguments ne nous donnent qu'une définitior ale et une ,Revenons l'exemple de la psychanalyse : on réj yarce: concepts de INTRODUCTION 2 cette positivité, il lemprunte au principe de plaisir ow au prin- cipe de réalité : positivité seulement dérivée, et d'opposition. Le grand lournant du freudisme apparait dans Au-deld du prin- cipe de plai nstinet de mort est découvert, non pas en ipport aver les tendances destructives, non pas en rapport avec ‘agressivité, mais en fonction d'une considération directe des phénoménes de répétition, Bizarrement, l'instinct de mort vaut if originaire pour la répétition, c'est la son domaine et son sens. je d'un principe transcen- dantal, tandis que le principe de pl lement. psycholo- gique. ‘Crest pourquoi il est avant tout ix (non donné dans Pexpérience), tandis que le principe de plaisir est bruyant. [La premiére question serait done : comment le theme de la mort, qui semble recueillir le plus négatif dans la vie psychologique, ent positif, au rapporté & fan instinct prim jimmédiatement celle-It. Sous quelle forme la répétition est-elle fallinmée et prescrite par l'instinct. do mort ? Au plus profond, il stagit du rapport entre Ia répétition et les déguisements. Les ‘déguisements dans Ie travail du réve ou du symptéme — condensation, le déplacement, Ia dramatisation — viennent-ils recouvrir en''atténuant une’ répétition brute et nue (comme répétition da Méme) ? Dis la pre orie du refoulement, Freud indiquait une autre voie : Dora n’slabore son propre rile, et ne répite son amour pour le pére, qu’a travers d'autres roles tenus par d'autres, et qu'elle tient elle-méme par rapport & ces autres (K, Mme K, Ia gouvernante...). Les déguisements ot les Variantes, Ies masques ou les travestis, ne viennent pas « p: dle a répétitic Cette voio aurait pu diri veritable théatre. Toutefois, si ell mesure oi1 Freud ne peut s'empécher de maintenir le modéle Wune repetition brute, au moins comme tendance, On le voit bien quand il attribue la fixation au Ga ; le déguisement est alors compris dans la perspective d’une simple opposition de forces, la repetition déguisée n'est plus que le fruit d'un compromis fetondaire entre les forces opposées du Moi et du Ga. Méme dans Vau-dela du principe de plaisir, la forme d'une répétition nue subsiste, puisque Freud in Vinstinet de mort comme une tendance & revenir &'état d'une matiére inanimée, qui maintient le modéle d'une répétition toute physique ou materielle. 2s DIFFERENCE ET REPETITION La mort n'a rien & voir avec un modéle matériel. JI suit. de ise en se constituant, ce qui ne: qu’en se déguisant. Elle n’est pas sous les masques, mais se forme d'un masque & l'autre, comme d'un point remarqual masques ne recouvrent rien, sauf d’autres masques. Il n' de premier terme qui soit répété ; et méme notre amour pour la mire répite d'autres amours d’adultes i femmes, un peu comme le héros de la Recherche rej sa mire la passion de Swann pour Odette. Il n'y a done rien de répété qui puisse étre isolé ou abstrait. de Ia répétition dans laquelle il se forme, mais aussi dans laquelle il se cache. I n'y a pas de répétition nue qui puisse étre abstraite ou inférée du déguisement lui-méme. La méme chose est déguisante et déguisée. Un moment décisif de la psychanalyse fut celui ot Freud renonca sur certains points & 'hypothése d’événements réels de lenfance, qui seraient comme des termes ultimes déguists, pour y substituer la puissance du fantasme qui plonge dans instinct de mort, ob tout est déj& masque et encore déguisement. Bref, la répétition est symbolique dans son essence, le symbole, le simulacre, est la lettre de la répétition méme. Par isement. et 'ordre du symbole, la différence est. comprise dans la répétition. C'est. pourquoi les variantes ne viennent pas du dehors, n'expriment entre unc instance refoulante et une instance refoulée, et ne doivent pas se comprendre & partir des formes encore négatives de i du retournement ou du renversement, Les vari Benése de ce qui se répite. Il faudrait méme renverser les rap- ports du « nu » et du vétu » dans Ia répétition. Soit une répé- fition nue (comme répétition du Méme), par exemple un eéré- monial obsessionnel, ou une stéréotypic scl quill y a de mécanique dans Ia répétition, Apparemment répété, sert-de couverture po profonde, qui se joue dans une autre dimension, verticalité secrite oit les réles et les masques s'alimentent A mort. Théatre de la terreur, di 'y est. pas le contraire du sh vu», te rat la mémie chose et sont vécus l'un dans l'autre. nous it déja dans ce proche d'une inspiration nervalienne, INTRODUCTION 29 nous montre Ie héros qui vit & la fois la répétition commé se répéte comme toujours déguisé dans Ia répétition, ‘analyse de Vobsession, apparition du theme de la mort coincide avec le moment oi Fobsédé dispose de to sonnages de son drame, et les réunit dans une répétition dont le « cérémonial » est seulement, l'enveloppe extérieure. Parlout que le répélé ne peut étre représenté, mais doit toujours étre masqué par ce qui le signifie, masquant lui-méme cc si Jo ne répite pas parce que je refoule. Je refoule parce que je répite, foublie parce que je répite. Je refoule p je ne peux vivre certaines choses ou certaines experiences que mn, Je suis déterminé & refouler ce qui m'empécherait de les vivre ‘: qui médiatise le vécu en le rapportant & jet identique ou semblable. Erds et, Thanatos se distinguent en ceci qu’Erds doit étre répété, ne peut étre vécu que dans la répétition, mais que Thanatos (comme principe transcendantal) est ce qui donne la répétition & Bros, ce qui soumet Eros & la répétition, Seul un tel point de vue est capable de nous faire avancer dans les problémes obscurs de lorigine du refoulement, de sa nature, de ses causes et des termes exacts sur lesquels il porte. Car lorsque Freud, au-dela du refoulement « proprement dit » qui porte sur des représentations, montre la nécessité de poser un refoulement ori , concernant d'abord des présentations pures, ou Ia maniére dont les pulsions sont nécessairement ‘vécues, nous eroyons qu'il s'approche au maximum d'une raison positive interme de la répétition, qui lui paraitra plus tard Aéterminable dans Tinstinct de mort, et qui doit expliquer le blocage de In représentation dans le refoulement proprement Gest. pourquoi la loi d'un dit, loin d’étre expliqué par rapport inverse répi 4 tous égards, en tant qu refoulement. Freud marquait dés le début que, pour cesser de répéter, il ne suflisait pas de se souvenir abstraitement (sans affect), ni de former un concept en général, ni méme de se représenter toute sa particularité Pévénement refoulé = il fallait aller c} le souvenir la oi il était, s“installer d’emblée dans le pass fait dépendre Ia répétition du pour opérer la jonction vivante entre le savoir et la résistance, la 0. peur 2 30 DIFFERENCE BT REPETITION locage. On ne guérit. done mn nest malade par amn prise de conscience est peu de chose. L’opération wulrement théatrale et dramatique par laquelle on guerit, et aussi par Inquelle on ne guérit pas, a un nom, le transfert sfert est encore de la répétition, avant tout de la répétition’. la répétition nous rend malades, c'est elle aussi qui nous j si elle nous enchatne et nous détruit, c'est re, Lémoignant dans les deux eas de sa puissance « démo- . Toute Ia cure est un voyage au fond de la répitition. jen dans le transfert. quelque chose d’analogue a Vexpéri- n scientifique, puisque le malade est supposé répéter Yensemble de son trouble dans des conditions artificielles privi- fe, en prenant pour « objet » la personne de l'analyste. Mais lion dans le transfert a moins pour fonction d'identifier dos événements, des personnes et des passions que d’authent des réles, sélectionner des masques. Le transfert n'est pas une expérience, mais un principe qui fonde 'expérience analytique tout entire, Les réles eux-mémes sont par nature érotiques, ‘épreuve des réles fait appel & ce plus haut principe, & co juge plus profond qui est Vinstinet de mort. En effet, la reflexion sur le transfert fut un motif déterminant de la découverte d’un dela », Crest en ee sens que la répétition constitue par elle- méme le jeu sélectf de notre maladie ef de notre santé, de notre rte el de notre salut, Comment. pout-on rapporter’ ce jeu a de mort ? Sans doute en un s Miller dit, dens son livre admirable sur Rimbaud : « Je compris wais fait lexpérience, .» TL apparatt que Vidée d'un instinct de mort doit étre comprise en fonction de trois exigences paradoxales complé- mentaires : donner a la répétition un principe originel positif, mais ‘aussi une puissance autonome de déguisement, enfin un sens immanent of la terreur se méle étroitement au mouvement de la sélection et de la liberté. 1. Fmsuo invoque préistment le transtert pour mettre en question jotste da rapport inven, Cr du-deld da pridcipe de ple fk Eeebizen oo, "eprcto, enemoration ek ion apnoea sa i prtiquemest se eng ce ‘que le malade revive dans lant le ranport ait te siren utment sur Faopec thérapeutique ipa rie apprat da itary arent frzlichen Peyehnalyss, Vienne, aad. nate (ewe Arbeiten zur INTRODUCTION au ir pourquoi la répétition ne se laisse pas expliquer par Ia forme d’identité dans le concept ou dans la représentation — en. quel sens elle réclame un principe « positif » supérieur. Gette recherche doit porter sur ensemble des concepts de la nature et de la libert. Considérons, la frontiére des deux eas, la répétition un motif de décoration : une figure se trouve reproduite sous un concept absolument identique... Mais, en réalité, Vartiste ne procéde pas ainsi. Il ne juxtapose pas des exemplaires de la figure, il combine chaque fois un élément d'un exemplaire avec un auire élément d'un exemplaire suivant. Il introduit dans le processus dynamique de la construction un déséquilibre, une instabilité, une dissymétrie, une sorte de béance qui ne seront conjurés que dans Veffet total. Commentant un tel cas, Lévi- Strauss écrit : « Ces éléments s'imbriquent par décrochement les uns sur les autres, et c'est seulement a la fin que Ia figure trouve tune stabilité qui confirme et. dément tout ensemble le procédé ‘dynamique selon lequel elle a été exécutée »', Ces remarques valent pour la notion de causalité en général. Gar ce qui compte, dans la causalité artistique ou naturelle, ce ne sont pas les élé- ments de symétrie présents, mais ceux qui manquent el ne sont pas dans la cause — c’est'la possibilité pour la cause davoir moins de symétrie que Veffet. Bien plus, Ia causalité resterait Gernellement. hypothétique, simple eatégorie logique, si celte ppossibilité n’était & un moment. quelconque eifectivement remplie. Crest pourquoi le rapport logique de causalité n'est pas séparable d'un processus physique de signalisalion, sans lequel il ne passe rait pas a 'acte, Nous appelons « signal un syslime doué d’élé- ments de dissymétrie, pourvu d'ordres de grandeur disparates ; nous appelons «si passe dans un tel systéme, ce qui fulgure dans V'intervalle, telle une communication qui it entre les disparates. Le signe est bien un effet, mais Veflet a deux aspects, l'un par Iequel, en tant que signe, métrie ‘productrice, autre par lequel il te signe n’est. pas tout & fait ordre du symbole ; prépare en impliquant une différence interne encore & I'extérieur les conditions de sa reprod Lexpression négative «manque de symétrie e doit pas nous 1, Claude Levi-Sonavss, Triste tropigues(Plon, 1985), pp. 107-109, 32 DIFFERENCE ET REPETITION aun remarquable 4 un autre, On peut étrique, fondée sur des proportions symétrie statique, de type cubique wexagonal, et une sy yn du type pentagonal, qui se manifeste dans un tracé spiralique ou dans une pulsation en progr géométrique, bref dans une « évoluti et mortelle. Or, ce second type est au cour du premier, il en est Te coour, et lo procédé actif, positif. Dans un réseau de doubles carrés, on découvre des tracés rayonnants qui ont pour pile asymétrique le centre d’un_pentagone ou d'un pentagramme. Le réseau est comme une étoffe sur une armature, « mais In coupe, le rythme principal de cette armature, est. presque tou- jours un thome indépendant de ce réseau » : tel Mélément de Gissymétrie qui sert & la fois de principe de genése el de réflexion pour un ensembl mique, formée par un pent: pentagrammes qui s'y inscrivent naturcllement Fythmologie nous invite & distinguer immédiatement. deux types de répétition, La répétition-mesure est une division réguliére du 1, Matila Guia, Le nombre dor (N.RLP., 1981), tT, p. 65. INTRODUCTION 8 ent au contraire en créant ins des durées ou des it des points remar- juent toujours une tif. La mesure ues et Intensives agi , des incommensu spaces métriquement. é des instants. privil La encore, 1 nents rythmiques, est plus profonde que la reprodu ments ordinaires homogénes ; si bien que, partout, nous devons iguer In répétition-mesure et la ‘répétition-rythme, Ia iore étant seulement 'apparence ou le. Une répétition mat les d’évolution, spirales iont. la trajectoire a’ deux aspects dis droite et la gauche. Gest toujours dons ce i confond pas avee le négalif, que les eréatures tissent leur répéti- tion, en méme temps qu’ils recoivent le don de vivre et de Revenons enfin aux concepts nominaux. Est-ce l'identité du concept nominal qui explique la ‘ion du mot ? Soit ‘exemple de la rime a mn qui comprend 1 sein d'une Idée poétique, dans un espace q Aussi n'act-elle pas pour sens de marquer des interv ‘mais plutét, comme on le voit dans une conce forte, de mettre les valours de timbre au service du ry tonique, de contr \dépendanee des rythmes toniques ies. Quant & la répétition Ilya deux procédés de cette géné pris en deux sens, assure une re doxales entre ces deux sens. Ou bien, pris en un seul sens, exerce sur ses Voisins une force attractive, leur communique 3% DIFRERENCE ET REPETITION une prodigicuse gravitation, jusqu’a ce qu'un des mots contigus prenne le relais et devienne a son tour centre de répétition. Raymond Roussel et Charles Péguy furent les grands répetiteurs de la littérature ; ils surent porter Ia puissance pathologique du Jangage & un niveau artistique supérieur, Roussel part de mots 4 double sens ou d’homonymes, et comble toute la distance entre ces sens par une histoire et des objets eux-mémes dédoublés, I triomphe ainsi de homonymie sur son crit le maximum de différence dans Ia répétition comme dans I'espace ouvert au sein du mot. Cet espace est encore présenté par Roussel comme celui des masques et de la mort, oits’élaborent A la i jord de celle qui tout se répite et ‘nbs différente est la enchaine. Roussel crée un aprés-langage Tecommence, une fois que tout a éé technique de Péguy : elle substitue Ia répétition non plus & is & Ia. synonymi concerne ee que les ent la fonction de contiguité, non plus celle de forme un avant-langage, un langage auroral oi Yon procide par toutes petites differences pour engendrer de intérieur des mots. Gelte fois, INTRODUCTION € tique. Comment la mort inspire-Lelle le Iangage, présente quand La reprodueti On sait que m 13 simple comprend la diffé- Bien plus, : rence entre ext n n'a le régulateur secondaire dans le montage d’un compor- permet de corriger des mouvements en train de se faire, non pas d’en instaurer. L'apprentissage ne se fait pas dans le rapport de Ia représentation & action (comme reproduction du Méme), mais dans le rapport. du sizne a la réponse (comme rencontre ‘avec De trois signe comprend 'hetérogéneité : d'abord dans Vobjet qui le porte ou qui Pémet, et qui présente nécessairement. une différence de niveau, comme deux ordres de grandeur ou de réalité disparates entre lesquels le signe fulgure ; d’autre part en lui-méme, parce que le signe enveloppe un autre « objet » dans les limites de Yobjet porteur, et incarne une puissance de In nature ou de esprit (Idée) ; enfin dans la réponse qu'il solliite, le mouvement de la réponse ne « ressemblant » pas & celui du signe, Le mouve- ment du nageur ne ressemble pas au mouvement. de la vague ; et précisément, reproduisons sur ments de muvements du mattre-nageur que nous e sable ne sont. rien par rapport aux mouve- vee les signes, q éducation quelque chose d’amoureux, mais ‘aussi de mor Nous n'apprenons rien avec celui qui nous dit : fais comme m seuls mattres sont ceux qui nous disent ¢ fais avec mo le nous proposer des gestes & reproduire, surent développer dans Phétérog?ne, En d'autres nt de la sensori- nts remarqui Vapprentissage, ‘aux limites de espace qu Ia faveur de 'hétérogénéité qu'il développe, erée, Perdu dans le lointain, 36 DIFFERENCE BT REPETITION est mortel ; et sat ai regoit Ie signe “ ‘éternel retour en une ees signes sont les vi représentés. Ils signifient Ia par opposition A la repri ‘comme mouvement récl, ym comme faux mouvement de leur, objet et le sujet, nous es de répétition. De toute maniére, Mérence sans concept. Mais dans un cas, différence est seulement posée comme extérieure au concept, érence entre objels repr ant dans 1 mouvement eréateur d’un espace et d'un t qui correspondent. I'luée, La tion du Meme, qui s'explique par représentation ‘et so comprend «appr ‘autre, allirmative, par exces de I'ldée. L'une est Pautre catégorique. L’une est statique, l'autre n dans effet du concept ou de la wrend la différence, ‘e, dans 'hétéro- INTRODUCTION 37 terre, L'une est inanimée, l'autre a le secret de nos morts et de ‘autre une Iaquelle elle s'enveloppe. Les Loreque nous nous trouvons en présence d'une répélition qui Savance masquée, ou bien qui comporte des déplacements, des précipitations, des ralentissoments, des variantes, des diflérences Capables ila limite de nous entrainer fort loin du point de départ, nous avons lendance & y voir un Glat mixte oi la répétition n’est are, mais seulement. approximative : le mot méme de symboliquement, par métaphore ou par analogie. Il est vrai que nous avons défini jon comme différenes sans concept. Mais nots aurions tort de la réduire & une diflérence qui retombe dans ‘extriorité, sous la forme du Méme dans le concept, sans voir e peut étre intéricure a I'Tdée, et. posséder en elle-méme ules les ressources du signe, du symbole et de Maltérité qui assent le concept en tant que Lel. Les exemples précédemment is concernaient les cas les plus divers, concepts nominaux, je la liberté; et Yon pourrait nous reprocher ‘de répstitions, physique ques ; que, des rep rues du’ type stéréotypie et des répétitions latentes et sym- boliques. C'est que nous voulions montrer dans toute structure répétitive la coexistence de ces instances, et comment la répéti- tion manifeste d'éléments identiques renvoyait nécessairement ‘un sujet latent qui se répétait Iui-méme & travers ccs éléments, 38 DIFFERENCE ET REPETITION formant une « autre »répét autre répétition, nous dit mative ‘ou. mdtaphorique nu coulraire Teaprt, de toute repetition. lle est méme Ia letie de toute repetition, & de ligrane ou de chi constituent, Ces elle qutconsitue essence de In diference sans concept, dela dilfronce. non mitts, en quot consate toute repetition. Gest emer, Ital st spirtue, de ae Fel qu réslte de autre, Nous avions commetet par distinguer lagen epéition. Pus nous avons d eux formes de reptition, ene développe nous nous contentons ion de maniére abstraite, en la vidant de son nous restons incapables prendre pourquoi et un concept peut étre naturellement bloqué, et laisser apparaitre une répétition qui ne se confond pas av 7 ersement, quand nous découvrons tition intérieure se projette ion nue qui la recouvre, les différences qu’el t comme autant de facteurs qui s'opposent la répétition, qi atvent de «générales », Mais sous jours le jeu des singulat nature sont le masque d'une sin leurs interférences ; et vie morale, nous retrou singul domaine des lois doit étre compris, mais Nature et d'un Esprit supérieurs & leurs propres lois, et qui dans les profondeurs de la terre Ia mesure ott quelque chose est rapporté & autre ordre que le sien, que la répétition pour son INTRODUCTION 29 une différence de méme degré qu’ Tarde, ne sut élaborer une now dans la nature et dans esprit adéquation de plus en plus parfai épétition'. jc. Et personne, mieux que jalectique en’'découvrant. fort secret pour instaurer une entre Ia différence et la Tant que nous posons la différence comme une différence coneeptuelle, intrinstquement conceptuelle, et la_répétition comme une différence extrinséque, entre objets représentés sous un méme coneept, il semble que ie probléme de leurs rapports puisse étre résolu par les faits, Oui ou non, y a-tuil des répéti- tions ? ou bien toute différence est-elle en derniére instance intrinséque et conceptuelle ? Hegel raillait Leibniz d'avoir invité les dames de la cour & jue expérimentale en se promenant. dans les jardins, pour vérifier que deux feuilles arbre n'avaient pas le méme’ concept. Remplagons les dames de la cour par des policiers scientifiques : il n' n'y a pas deux grains dde poussiére absolument identiques, pas deux mains qui aient les mémes points remarquables, pas deux machines qui aient la méme frappe, pas deux revolvers qui strient leurs balles de Ia méme fagon... Mais pourquoi pressentons-nous que n'est pas bien posé, tant que nous cherchons dans critére d'un principium individuationis ? Crest qu'une peut étre interne et cependant non conceptuelle (tel est deja le sens du paradoxe des objets symétriques). Un espace dynamique doit étre défini du point de vue d'un observateur lié & cet et non d'une position extérieure. Il_y a des diflérences internes Prone anne tana naee ie rls ‘Dans fa repetition, ‘rangaise rd y voyall-ua concept blen danols. lis veulent dire Tout autre dlalctique que celle de Hegel 40 DIPPERENCE ET REPETITION ‘au concept, comme représentation d’ebjet. C'est pourquoi 'eppo- sition de Kant ot de Leibniz parait bien s'atténuer A mesure que Ton tient compte des facteurs dyna sont pas moins « internes », bien vent tre assignées par un entendement comme « intrinséques » et ne soient représentables que dans leur rapport extérieur a espace entier. C’est dire, conformément & certaines interpréta- ines, qu'il y a de proche en proche une construc- tion dynamique interne de espace qui doit précéder la «représen- tation » du tout comme forme d’extériorité. L’élément de cette genése interne nous sem plutat que dans les concepts de I ceptuel des différences intrinséques ont ‘comme le schéme en témoigne, cest plus profondément grace A ect. élément différentiel intensif, synthése du continu dans I'instant, qui, sous la forme d'une continua repelilio, engendre d'abord intérieurement espace conformément aux Idées. Or chez Leibniz, Valfinité des diffé- rences extrinséques avec les differences conceptuelles intrinséques faisait déja appel au processus interne d'une continua repetitio, uur-un élément différentiel intensif opérant la synthése dit continu dans le point pour engendrer lespace du dedans. pas seulement des différences extrinséques ; intrinséques ou conceptue mieux situer Ia source des ambigu déterminons Ia répétition comme ceroyons pouvoir conclure au earactére seulement extrinséque de la différence dans la répétition ; nous estimons alors que toute « nouvi loigner de la lettre, et n'est ble qu’avec une répétition approximative, dite par nen est pas ainsi. Car nous ne savons pas encore Inversement, quand nous déter- Mérence coneeptuelle, nous eroyons caves INTRODUCTION a voir essex fait pour la détermination du concept de différence Pourtant, li encore, nous n’avons aucune idée ‘un concept de la différence propre. Ce fut peut- ie de la diflérence, d’Aristote & Hegel ‘avoir confondu le concept de ment conceptuelle, e1 ‘concept en général. En le concept en général, on reste seulement, par la repré- sentation, Nous nous trouvons donc devant deux questions : quel est Ie concept de In différenee — qui ne se réduit- pas & la le difference conceptuelle, mais qui réclame une Idée propre, jans I'Idée ? D’autre part, quelle est Y ition — qui ne se réduit pas & une difference sans concept, qul ne se eonfond pas avec le caractire apporent des objels représentés sous un méme concept, mais qui f'son tour de la singularité comme puissance de V'Idée ? La rencontre des deux notions, différence et répétition, ne peut plus fe posée dés le départ, mais doit apparattre a la faveur d’inter- rents entre ces deux ‘une concernant {Mérence. Cuarrrme Premisn LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME Liindifférence a deux aspects : l'abime indifférencié, le néant léterminé dans lequel tout est dissout — mais le néant blanc, la surface redevenue calme oi lottent. des inalions non lies, comme des membres épars, téte sans cou, bras sans épaule, yeux sans front. L’indétermin€ est tout & fait indifférent, mais des déterminations flottantes ne le sont pas moins les une’ par rapport aux autres. La différence est-elle intermédiaire entre ces deux extrémes ? Ou bien n’est-elle pas le seul extréme, le seul moment de la présence et de la précision ? juel on peut parler de La déter- mination. La différence ¢ entre » deux choses est seulement irique, et les déterminations correspondantes, extrinséques. Mais au lieu d’une chose qui se distingue d’autre chose, imaginons quelque chose qui se distingue — ct, pourtant ce dont il se dis- tingue ne se distingue pas de lui. L'éclair par exemple se tingue du ciel noir, mais doit le tratner avec lui, comme s'il se guait de ce qui ne so distingue pas. On dirait que le fond monte a In surface, sans cesser d'étre fond. I y a du cruel, ot mime du monstrueux, de part et d’autre, dans cette lutte contre un adversaire insaisissable, of le distingué s'oppose & quelque chose qui ne peut pas s’en distinguer, et qui continue d’épouser ce qui divorce avec lui. La différence est cet état de la détermi- nation comme distinction unilatérale. De la différence, il faut ire qu’on la fait, ou qu’ ‘expression. la différence ». Cette difference, ou La détermination, est isi bion Ia eruauté, Les platoniciens disaient que le non-Un se distingue de 1'Un, mais non pas V'inverse, puisque I'Un ne se érobe pas a ce qui s'en dérobe : et & l'autre pole, la forme se distingue de la matiére ou du fond, mais non pas l'inverse, puisque la distinction méme est. une forme. A vrai dire, ce sont toutes les formes qui se dissipent, quand elles se réfléchissent dans ce fond qui remonte. Il a cessé lui-méme d’étre le pur oy DIFFERENCE EY REPETITION LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME 6 Yanalogie dans le rapport entre concepts déten Poppe ie ag 3 liens de surface, le visage humain se decompose jour autant 4 dans ce miroir ot, Vindéterminé comme. les determinations felidentiteet iennent se confondre dans une seule fait» A partir d'une premitre impression (la dillérence, c'est le mal), difference. Pour produire un monstre, c'est une pauvre recette on se propose de « sauver ence en la représentant, et de dTentasser des determinations hétéroclites ou de surdéterminer Ja représenter en la rapportant aux exigences du conce} Vonimal. 1 vaut mieux faire monter le fond, et dissoudre la ‘général, Ils'agit alors de nt — forme. Goya procédait par i reux moment grec — oi la différence est comme recon de Tune et la rigueur de obscur et la ligne abstraite. au symbole plastique toute sa fore sa caverne, et cesser d’étre ister comme monstre que straite acquiert ce qui se dérobe & l'hew ce qui constitue seulement s violemment une mauvaise rencontre, une mauvaice occasion. Ici, expression A quel point « faire la dilférence » change done de sens. Elle désigne mainte- le concept. La di un monstre ; ou du moi sans qu'il se distingue d forment dans un tel miroir. Et il n'est pas sir nant une épreuve sélective qui doit déterminer quelle diflérences que ee soit seuloment le sommeil de la Raison qui engendre les peuvent étre inscrites dans le concept en général ionstres. Crest aussi la veille, Vinsomnie de la pensée, car la Une telle épreuve, une tell sélection semble effectivement est ce moment ou la délermination se fait une, & force par le Grand ete Petit. Car le Grand et le Petit ne se disent pas téral et précis avec Vindéterminé, La naturellement de1'Un, mais ¢ ras la diffrence, c'est le monstre done jusqu’oit la di jonner que la différence paraisse maudite, quelle petitesse 2 — it Ia faute ou le péché, la figure du Mal promise & ation. Il n'y a pas d'autre péché que celui de faire monter fond et de dissoudre la forme. Qu’on se rappelle lide d’Artaud : la cruauté, c'est seulement 1a détermination, ce point p le déterminé entretient son rapport essentiel avec l'indéterming, cette ligne rigoureuse abstraite qui s'alimente au clair-obseu poser Ia question médiatiser » la dilférence vable et pensable ? la sélection devait- le étre consister dans Arracher la différence & son état de malédiction semble congue de eette ma alors le projet de la philosophie de Ia différence. La difference répondre & ces questions que si nous déterminons devenir un organisme harmonicux, et rapporter la ment la nature supposée de I'heureux moment. ion & d'autres déterminations dans une forme, e'est-&- dire dans Vélément cohérent. d'une représentation organique ? . Lélément de la représentation comme «raison » a quatre aspects .* Princfpaux : I'identité dans la forme du concept indélermind, Aristote dit : ily @ une différence qui est & la fois Ia plus grande et la plus parfaite, ueylorn et rédatoc. La difference en aénéral se distingue de la diversité ou de Valterite ; car deux iY termes different quand ils sont autres, non pas par eux-mémes, ie Tuire pa es oye oa mais par quelque chose, done quand ils conviennent. aussi en ious en mes ouvtages. Tout mon ars y autre chose, en genre pour des différences d'espéce, ou méme en espéce pour les différences de nombre, ou encore «en étre a DIFFERENCE ET REPETITION selon l'analogie » pour des différences de genre. — Quelle est, dans ces conditions la plus grande différence ? La plus grande différence, c'est toujours opposition. Mais de toutes les formes d'opposition, quelle est la plus parfaite, la plus complete, celle qui « convient » le mieux ? Les relatifs se disent.I’un de l'autre ; it déja d’un sujet, mais pour en rendre Ia ince impossible, et qualifie seulement le changement par lequel il commence ou’cesse d’étre ; Ia privation exprime encore existant, Seule la contra- des opposts mati¢re ow a contrariété je se perfection a la différence ? Tant. que nous, tre coneret. pris dans sa matiére, les contrariétés ions corporelles, qui nous donnent sculement le concept empirique accident férence encore extrinséque (extra quid cident peut atze séparable du sujet comme « blane » et e noir » de « homme modifications qui affectent un sujet considéré dans son genre. Dans l'essence en effet, c'est le propre du genre d’étre divisé ifférences, telles « pédestre » et « ailé », qui se coordon- Bref, la différence parfai le est trop petite, entre ont pas de contrariété non plus. en revanche, que la différence spécitique réponde & toutes les exigenees d'un concept harmonieux ou une représentati intrinséque, LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME a tive ; et dans la mesure oi le genre dési rence est méi qualité de I Siieation est une composition, et la dilférence Tement, au genre qui ne la contient qu’en puissance. Elle est médiatisée, elle est elle-méme médiation, moyen terme en personne. Elle est productrice, car le genre ne se divise pas en différences, mais est divisé par des différences qui produisent, ‘en lui les espéces correspondantes. C'est pourquoi elle est tou- jours cause, cause formelle : le plus court est la différence spé- ‘ifique de I Te comprimant, la diflgrence spécifique de la couleur noire, le dissociant, celle’ de la couleur i aussi elle est. un prédicat d’un type Te genre, et constitue l'espéce & prédicat, synthétique et eonstituant, attributeur plus qu’attribué, table régle de production, a enfin une derniére propriété : d'emporter avec soi co qu'il attribue. En effet, la qualité éciale pour faire du genre quelque chose d'autre, et non pas simplement d'une autre qualité’. Il appar- tient done au genre de rester le méme pour soi tout en devenant mn les differences qui le férence transporte genre et toutes les différences intermédiaires. Trans- différence, diaphora de la diaphora, la spécification différence avec i i celle de ins un concept intuitif et levenantelle-méme ch (Grou, clBec). La spécification garant cohérence et nuité dans la compréhension du concept. Revenons a expression « la plus grande devenu évident que la différence sp que tout relativement. Absolument pa plus grande que la contrariété — ot surt distingue la difference de la diversité o la voie : eest seulement par rapport a Videntité supposée d'un 48 DIFFERENCE ET REPETITION concept que la différence sp lus, c'est par rapport a la forme di inérique que la difléren concept en général. Aussi la diaphora chez Aristote qu'un faux transport : ja rence changer de nature, jam 'y découvre un différenciant de ta différence qui metirait en rapport, dans leur im respective, le pl spécifique’ ne designe qu'un un point d'accommodation pour laril grec, et encore pour lil gree du juste milieu qui a perdu le sens des transports dionysiaques et des ‘métamorphoses. Tel est le principe d’une confusion ruineuse pout toute la philosophic de la différence : on confond aun concept propre de la différence avee I rence dens le concept en général — on du concept de difference avec Videntité d’un concept indéterminé. Crest le tour de passe-passe impliqué dans 'heureux moment. (et peut-étre tout le re la subordination de la différence & Popposition, & logic, & la ressemblance, tous les aspects de la m la différence ne peut plus étre qu'un prédicat dans Ie compréhen- sion du concept. Cette nature prédicative de la difference spéci- fique, Aristote la rappelle constamment ; mais il est. foreé de lui préter des pouvoirs étranges, comme d ‘utant que d’étre altribué, ou dialtérer le genre aulant que d'en modifier la qualité, Toutes les maniéres dont la différence spécifique semble salisfaire aux exigences d'un concept propre (pureté, intériorité, produ Vité, transport...) se rév toires, a partir de la conf La différence spécifique est done petite par rapport a une plus grande différence qui concerne les genres eux-mémes. Méme dans la classification biologique, elle devient toute petite par raj ux grands genres : non pas sans doule différence matériel, mais pourtant simple différence « dans » la matiére, opérant par le plus et le moins. Crest que ln difference spécifique est le mum et la perfection, mais seulement sous la condition de V'iden- tite d'un concept indéterminé (genre). Elle est peu de chose au contraire, si on la compare & la dilférence entre les genres comme Uultimes concepts déterminables (eatégories). Car ceux-ci ne sont LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME 49 plus soumis a la condition d’avoir a leur tour un conc méme n’est pas un genre : c'est, ole, pa renees sont (il foudrait done que le genre puisse s'attribuer & ses dilférences en soi : comme si Vanimal se disait une fois de Pespéce humaine, mais une autre fois de la différence raisonnable en constituant une autre esptce...). Crest done un argument emprunté 4 la nature de la diflérence spécifique qui permet. de conelure & une aulre nature des différences gen passe comme sil y a centremalé ce quon pense et de ce qi Widentité ou d’univocité logos des Genr ravers nous, ¢ "équivocité de I'Btre comme dans la diversité des concepts les généraux. Quand nous disons 'univoque, n’est-ce pas encore équivoque qui se dit en nous ? Et ne faut-il pas reconnattre ici une sorte de félure introduite dans la pensée, qui ne eessera pas de se crouser dans une autre atmosphére (non aristotélicienne) ? Mais surtout, n’est-ce pas déja une nouvelle chance pour la philo- sophie de la différence ? ne va-t-elle pas approcher d’un concept absolu, une fois libérée de la condition qui la maintenait dans un maximum tout relatif ? Pourtant, il n’en est rien chez. Aristote. Le fait est que la érence générique ou catégoriale reste une différence, au sens aristotélicien, et ne tombe pas dans la simple diversité ou altérité, Crest done qu'un concept identique ou commun subsiste encore, que d'une facon trés spéciale. Ce concept d’Etre n'est. pas collectif, comme un genre par rapport f ses espice: ment distributif et hiérarchique : il n’a pas de it différents dont on lo prédique. Ges termes (catégories) n'ont besoin d’avoir un rapport. égal avec Véire ; il suflit que le rapport de chacun avec I'étre soit intérieur & chacun. Les deux caractéres du concept. d’étre — n'avoir un sens commun que istributivement, avoir un sens premier hiérarchiquement — montrent bien qu’il n'a pas, par rapport aux catégories, le réle d'un genre par rapport a des espéces univoques. Mais ils montrent. aussi que 'équivocité de V'étre est tout a fait particuliére : il 1, Anistors, Mélophgsiqu, 11, 3, 998 b, 20-27 ; et Topiques, VI, 6, 144 a, a6, 50 DIPPERENCE ET REPETITION stagit d’une anal: Yon demande quelle est capable de proportionner le concept aux term dont on I'affirme, il est évident que c'est le jugement a précisément. deux fonetions essent ‘deux : In distribution, qu'il assure avec le partage du concept, et la higrarel assure par Ia mesure des A correspond la faculté dans le jugement qu'on appelle sens commun ; & 'autre, celle qu’on appelle bon sens (ou sens premier). Toutes deux constituent la juste mesure, la « justice » comme valeur du jugement. En ce sens toute philosophie des catégories prend pour modéle le jugement — comme on le voit chez Kent, et méme encore chez Hegel. Mais, avec son sens commun et son sens premie identité identité dans jugement. L’analogie es ie du jugement est analogue de la différence dans différence ve'que ehacune tif est bien an here enti arr "y's plos un esp dat ce et concept mp LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME a inéme. Toute Ia philosophie aristotélicionne de la différence tient dans cette double inscription complémentaire, fondée, sur un ime postulat, tragant. les limites arbitraires de Iheureux moment. Entre les differences génériques ot spéeifiques se nove le une complicité dans la représentation. Non pas du tout qurelles tient meme nature ile genre n'est déterminable que du dehors por la différence spécifique, et Videntité du genre par rapport ux espéces eontraste avec Fimpossibilité pour I Btre de former ifiques, mais on ne pourrait nre ne s'attribue pas & ses réquivod ‘On le verra bien dans les exigences de Vid ‘ala fois les grandes unités — yévm ubyso7%, rent embranchements — se déterminent mnalogie qui supposent un choix de caractéres le jugement dans la représentation abstraite, et les petiles unités, les petits genres ou les espéces, se déterminent dans une per directe des ressemblances qui suppose une continuité de T'intuition sensible dans la représentation eoncréte. évolutionnisme retrouvera ces deux aspects |i Or bien que les deux aspects puissent entrer en 0 que les grands genres ou les espéces sont pris comme concepts de la Nature, tous deux constituent les limites de la représenta~ ent nécessaires pour la spensable que Ia distribution rent d’analogie. Mais d’un point de rence apparalt seulement comme sifferenee permet de passer des espices semblabl jentité d'un genre qui les sub- sume, done de prélever ou découper des identités génériques le flux dune série continue sensible. A T'autre péle, elle J. de passer des genres respectivement identiques aux 8 DIFFERENCE ET REPETITION ports d’analogie qu'ils entretiennent entre eux dan le. Comme concept de réflexion, Ia différence Limoigne & toutes les 's de la reprisentation, tation organique ». ference médiatrice et médiatisée so soumet do plein droit a Pidentité du concept, 4 opposition des prédicats, & Vanalogie du jugement, 2 ta res- semblance de la perception. On retrouve ici le caractére nécessai- rement quadripartite de la représentation. La question est. de savoir si, sous tous ces aspects réflexifs, la difference ne perd pas a Ia Tois son concept et sa réalité propres. La différence ne cesse en effet @’étre un concept réflexf, et ne relrouve un concept eifectivement réel, que dans la mesure oi elle désigne des catas- + soit des ruptures de continuité dans la série des ressem- soit des faills bles entre les. structures analogues. Elle ne cesse d’étre réflexive que pour devenir catas- trophique. Ft sans doute ne peut-elleétre l'un sans 'autre. Mais justement, Ia différence comme eatastrophe ne témoigne-t-c pas d'un fond rebelle iréductible qui continue & agir sous Péqui- libre apparent de Ia représentation organique ? I n'y a jamais eu qu'une proposition ontologique : 'Btre est univogue. il n'y a jamais eu qu'une seule ontologie, celle de Duns Seot, qui donne a I’étre une seule voix. Nous disons Duns Scot, parce qu'il sut porter létre univoque au plus hout de subtilité, quitte a le payer d'abstraction. Mais de Parm & Heidegger, c'est Ia méme est reprise, dans un écho qui forme & lui seul tout le déploiement de Vunivoque. Une seule voix fait la clameur de I'étre. Nous n'avons pas de peine & comprendre que I'Btre, s'il est absolument commun, n'est. pas pour cela un genre ; il suffi de remplacer le modéle du jugement par celui de la proj entité complexe, on di sition ; le désigné (ce qui s’exprime dans Ia proposition) ; les exprimants ou désignants, qui sont des modes numériques, c'est- A-dire des facteurs diflérentiels caractérisant les éléments pourvus de sons et de désignation. On eongoit que des noms ou des propo- sitions n’aient, pas le méme sens tout en désignant strictement la mime chose (suivant des exemples eélébres, étoile du soir-étoile du matin, Israél-Jacob, plan-blane). La distinction entre ces sens est bien une distinction réelle (distinetio realis), mais elle LA DIFPERENCE EN ELLE-MEME 5a ontologique : c'est une :méiologique. La question ment assimilables & de tels sens, ou plus vraisemblablement en dérivent, doit él coneevoir plusieurs sens formellement distincts, mais qui se rapportent T'étre comme a un seul désigné, ontologiquement tun. ILest vrai qu'un tel point de vue ne suffit pas encore & nous interdire de considérer ces sens comme des analogues, et cette unité de I'etre comme une analogie. Il faut ajouter que l'étre, ce désigné commun, en tant qu'il s'exprime, se dit & son tour en un seul el méme sens de tous les designants ou exprimants numériquement la proposition ontologi ce n’est done pas seulement le é qui est. ontologi ow exprimants numérique dans la proposition ontologique distincls + (expression dans son ensemble {En effet, Pessentiel de 'univocité n'est pas que I'Btre se dise en un seul et méme sens. C'est quiil se dise, en tn seul et méme sens, de toutes ses differences individuantes ou modalités intrin- séques, L'Btre est le méme pour loutes ces modalités, mais ces modalités ne sont pas les mémes. Il est « égal » pour toutes, mais elles-mémes ne sont pas égales. Ilse di en un soul sens de toutes, mais elles-mémes ont pas we sens. Test de T'es- sence de l'étre univoque de sc rapporter & des différences indivi- duantes, mais ces différences n'ont pas In méme essence, eb ne renciés, L'Rtre se dit en un seul et. r sens de tout ce dont il i se dit do la différence DIFFERENCE EY REPETITION sagit de répartir le distribué comme tel. Crest 1a que les régles dans le jugement. sont toutes-puissant commun ou le bon sens en tant que qualites du jugement sont done représentées comme des principes de répartition, qui se rent euxmdmes le mieux parlagés. Un tel type de dis par déterminations fixes et. proportionnelles, assimilables & des « propriétés » ou des territoires représentation. TI se peut que la question agraire grande importance dans cette organisation du jugement comme faculté de distinguer des parts (ed'une part et d Méme parmi les dieux, chacun a son domaine, sa catégorie, ses atiributs, et tous distribuent aux mortels des limites et des lots conformes au destin. Tout autre est. une distribution qu'il fout sans propriété, enclos ni in distribué, mais plutst Féparlition de ceux qui se distribuent dans un espace ouvert its, du moins sans limites précises!. Rien ne revient jppartient & personne, mais toutes les personnes sont disposées gi el 1, de maniére & couvrir le plus d'espace possible. Méme on dirait un espace de jeu, une par opposition a l'espace comme au nomos séden- e, Se partager en ui, est Urés différent de partager lespace. Gest une distribution d’errance et méme de hoses se déploient sur toute l'étendue d'un Blre univoque et non partagé. Ce n'est pas l'étre qui se partage Ws les exigences de la représentation, mais toutes choses qui sent en Ini dans Tunivocité ‘de la simple présence 'Un-Tout). Une telle distribution est démoniaque plutot que ine ; car In particularité des démons, c tervailes entre les champs da par-dessus les barritres ou les enclos, brouillan choour d'CEdipe s'écrie : « Quel di plus long saut ? » Le saut témoigne iei des troubles bouleversants Lributions nomades introduisent. dans Jes structures ie, un nomos nomade, 'y a plus partage d’u mesure. Lit, il n wit du sérieux de la x délire », ot les ‘est d’opérer dans les ion des dieux, comme de sauter jon a sauté plus fort que le Ct. E. Lanocin, Hisoire de a racine nem — en grec ancien (Klincksieck, 1948]. — E, Laroche montre f LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME 35 sédentaires de la représentation. Et l'on doit en dire autant de la hiérarchie. Il y a une hiérarchie qui mesure les étres d'aprés leurs limites, et d’aprés leur degré de proximité ou ¢’éloignement par rapport & un principe. Mais il y a aussi une hiérarchie qui considere les choses et les étres du point de vue de la puissance ne s'agit pas de degrés de puissance absolument considérés, mai dire dépasse ses limites, en quel qu'en soit le degré. On dira que « jusqu‘au bout » définit encore une limite, Mais la limite, xépac, ne désigne plus iei ce qui Inaintient la chose sous une loi, ai ce qui la termine ou la sépare, mais au contraire ce & partir de quoi elle se déploie et déploie toute sa puissance ; 'hybris cesse d’étre simplement. condam- nable, et le plus peli” devient 'égal du plus grand dés qu'il n'est. pas séparé de ce qu'il peut. Cette mesure enveloppante est la méme pour toutes choses, la méme aussi pour la substance, la qualité, a quontité, ete, ear elle forme un seul maximum ov la dive développée de Lous les degrés touche & l'égalité qui Venveloppe. Gette mesure ontologique est plus proche de la démesure des choses que de la premiére mesure ; cette hiérarchie ontologique, plus proche de V'hybris et de V'anarchie des étres que de la pre- Iniére higrarchie. Elle est le monstre de tous les démons. Alors les mots « Tout est égal » peuvent retentir, mais comme des mots Joyeux, & condition de se dire de ce qui n'est pas égal dans cet Eire égal univoque : V'étre égal est immédiatement présent & toutes choses, sans intermédiaire ni médiation, bien que les choses se tiennent inégalement dans eet étre éal. Mais toutes sont dans une proximité absolue, 14 oi V'hybris les porte, et, grande oa petite, inféricure ou supérieure, aucune ne participe & Foire plus ou moins, ou ne le recoit par analogie. L’univocite de Vétre signifie done aussi 'égalité de Petre. L’Btre univoque est & la fois distribution nomade et anarchie couronnée. Pourtant ne peut-on concevoir une conciliation de V'analogie et de 'univocité ? Car si Vétre est univoque en lui-méme, en tant qu'étre, n’est-il pas « analogue » dés qu'on le prend avec ses modes intrinseques ou facteurs individuants (ce que nous appe- jons plus haut les exprimants, les désignants) ? S'l est égal en luiméme, n’est-il pas inégal dans les modalites qui se tiennent I désigne une entité commune, n’est-ce pas pour des existants qui n'ont « réell métaphysique d'univocité, n'a-til pas un état physique d’ana- logie ? Bt si V'anslogie reconnatt_ un ident Vunivocité ne reconnait-elle pas un quasi-jugement. d’analog 56 DIFFERENCE ET REPETITION LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME 3 ins Vétre les diflé= tante précide ividuelles — comment ‘me indi avons vu, repose différence de nature) entre les r p — identité du eoneept en gi Ce n'est done pas du lout de logie de etre, idiatisent en général, par ropport luelles, et que, dans 1'u v ent des differences individuantes, ou que 'universel singulier indépendamment de toute logie nie que T'étre soit un genre commun sont», inversement Petre univoque est bien ins la mesure ot les diff rences (individuantes) « ne sont pas > el n'ont pas & étre. Sans dloute verrons-nous qu’elles ne sont pas, en un sens trés parti- "elles dépendent, dans mi, Mais il apparatt "-que ce ne sont pas les différences qui sont elont a étre, Crest P'étre qui est Différenco, au sens ott il se dit de la différence. Et ce n'est dans un Btre quine l'est pas Gul reste équivoque dans un Bre, pour un Etre univog Lihistoire de la philosophie déter is moments pavx dans T'élaboration de Vunivocit Feprésenté par Duns Scot. Dans !'Opus Ozoniens it pas pourtant d’ana~ livre de Vontologie pure, I’étre est. pensé sent rapportr Trea des exitants particulier, mais ale ne peut dire ce qui constitu lev naviualite Car ne nant dans Te eee qui est conforn (forme et ma erche le principe indi tel 6 fl ment des inivias tout eons cimmedistement& ds facteurs indivduents, terles pas par ceuxce des ind ‘ques de V'étre, passant d'un et communicant sous les formes juant n'est pas le que! méme pas de ee eta de i mais s'levait jusqu’a Tatre univoque est. pensé comme neuire, neuter, indilférent. & conception d'une individuation comme « dot au tsi, ansinguller et AT 14 Vinerés, individuonte différe en nature de la diflfrence spécifique, mais etre on deca de Ventrecroisement de Puniversel d'abord et surtout comment forme et la matitre, de Vindividu constitué. L’unis rapporte immédiatement & individuation précéde en’ droit sspéce el les parties, et tout autre élément. re, en tant qu'elle se ‘on montre -. Pour neutraliser les forces d’analogie dans le prend les devants, et neutralise d’abord l'étre dans jurquoi il a seulement. pensé I'ttre différence, exige que I pas neutre. Tou! il avait su définir deux types de distinction qui rapportaient, a la dillérence cet, étre neutre indifférent. La distinction formelte, ve toutes eve que Ti e0iesa9, ue te jugement, et se DIFFERENCE ET REPETITION en effet, est bien une distinction réelle, puisqu'elle est fondée dans Vétre ou dans la chose, mais n'est, pas nécessairement une distinction numérique, parce qu’elle s'établit entre des essences fou sens, entre des « raisons formelles » qui peuvent laisser sub- du sujet. auquel on les attribue. Ainsi, non seulement. ‘univocité de cite des vattzibuts», mais, sous la condition Diew peut posséder cts atfributs.univeques tinets Sons rien perdre de son unite. Lautre type de distinction, la distinction modale, stab ou les attsibuts dane part, ot dautre part lev sives dont il sont capables. Ces variations, comme du blanc, sont des modalités individuantes dont l'infini et le fini constituent précisément les intensités singuliéres, Du point. de rye de sa propre neutralité, Petre univeque 1 pas seulement des formes qu fux-mémes univoques, mais se rapporte et les rapporte a des facteurs intensifs ou des degrés individvants qui en varie le mode sons en modifer Vessence en tant qu'tze. Sil eat ai que la distinction en général rapporte Vétre & la diférence, Ia distinction formelle et la distinction modale sont les deur types, sous lesquels Vtre univoque se rapporte tla diérence, en hi, mime, pet luimeme, Avec le second moment, Spinoza opére un progrés consid rable, Au lia de penser etre univoque comme neutre ou indi férent, il en fait um objet daffirmation pure. i se confond avec Ia substance unique, untveres est posé comme Dew st Scot menait contre saint Thomas. Contre la théorie cartésienne des substances toute pénétrée d'analogie, contre la conception cartésienne des distinctions, qui mélange étroitement lontolo- Bique, le formel et le numérique (substance, qualité et quantité) — Spinoza organise une admirable répartition de la substance, des attributs et des modes. Dés les premitres pages de l’Ethique, {fait valoir que les distinctions réelles ne sont jamais numérique mais seulement formelles, c’est-A-dire qualitalives ou essen! (attributs essentiels de Ia substance unique); et inverseme que les distinctions numériques me sont. jamais réelles, mais seulement modales (modes intrinséques de la substance unique et de ses altributs). Les attributs se comportent réellement comme des sens qualitativement différents, qui se rapportent 4 Ia substence comme a un seul et méme désigné; et celte LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME s substance A son tour se comporte comme un sens ontologiquement tun par rapport aux modes qui lexpriment, et qui sont en elle comme des facteurs individuants ou des'degrés intrinséques intenses. En découlent une détermination du mode comme ddogré de puissance, ct une seule « obligation » pour le mo est de déployer toute sa puissance ou son étre dans la limi elle-méme. Les attributs sont done absolument communs & Ia substance et aux modes, bien que la substance et les modes naient pas la méme essence ; V'étre Iui-méme se dit en un seul ce mime sens de la substance et des modes, bien que les modes ct Ia substance n’aient, pas le méme sens, ou n’aient pas cet ‘tre de In méme fagon (in se et in alio). Toute hicrarchie, toute éminence est niée, pour autant que la substance est également désignée par tous les attributs conformément & leur essence, également exprimée par tous les modes conformément a leur degré de puissance. Crest avec Spinoza que l’élre univoque cesse détre neutralisé, et devient expressif, devient une véritable proposition expressive affirmative. Pourtant subsiste encore une indifférence entre la substance et les modes : la substance spinoziste apparatt indépendante des modes, et les modes dépendent de la substance, mais comme d'autre chose. Il faudrait que la substance se dise elle-méme des t seulement des modes. Une telle condition ne peut étre catégorique plus général, Videntité, du différent, dre, qu'elle existe comme principe, mais comme second_princip principe devenu ; qu'elle tourne autour du Different, t nature d'une révolution copernicienne qui ouvre & la la possibilité de son concept propre, au lieu de la maintenir sous la domination d'un concept en général posé déja comme iden- tique. Avec l'éternel retour, Nietzsche ne voulait pas dire autre chose. L'éternel retour ne peut pas signifier le retour de I'Iden- ique, puisqu’il suppose au contraire un monde (celui de la volonté de puissance) oii toutes les identités préalables sont abolies et dissoutes. Revenir est l'étre, mais seulement I'étre da devenir. L’éternel retour ne fait pas revenir «le méme », mais le revenir constitue Ie seul Méme de ce qui devient. Rev identité, mais l'identité comme puissat de la différence, V'identique qui se dit du différent, qui tourne autour du différent. Une telle identité, produite par la différence, est-déterminée comme « répétition ». Aussi bien la répétition dans 60 DIFFERENCE ET REPETITION Véternel retour comsiste--elle i penser le méme & partir du diffé- rent. Mais cette pensée n'est plus du tout une repr théorique : el atiquement une séleetion des @apres leur roduire, c'est-a-dire de revenir ou de supporter V’épreuve de Véternel retour, Le earactire silectit de retour apparatt nettement, ce qui revient, ce n'est pas le Tout, le Méme ou T'idemtité préalable en général. Ce n'est pas davantage le petit ou le grand comme parties du tout ni comme éléments du méme, Scules reviennent les formes extrémes — celles qui, petites ou grandes, se déploient dans la limite et vont jusqu'au Bout. de la extréme, exeessif, ce qui passe dans Gest pourquoi Iéternel retour se dit seulement du monde des métamorphoses et des masques de la Volonté de pui des intensités pures de cette Volonté, comme facteurs mé iduants quine se laissent plus rel de tel ou tel individu, de tel ou tel Moi. r, le revenir, exprime I'étre commun de toutes les métamorphoses, la mesure 'étre commun de tout ce qui est extréme, de tous les degrés de puissance en tant que réalisés ‘tre. inégal, et qui pleinement son est exiréme devenant le méme communique dans un Etre égal et commun qui en détermine Ie retour. C'est pourquoi le surhomme ire de tout ce qui « est ». Il faut, il_emprunte I du physicien de I'énergie, il appelle noble l'énergi transformer. Lorsque Nietzsche dit probléme de tout héraclitéen, ou que la des esprits libres, il veut dire une seule et méme chose : que c'est hybris que chacun trouve 'étre qui le fait revenir, et aussi cette sorte d'anarchie couronnée, cette hiérarchie renversée qui, pour assurer Ia sélection de la différence, commence par subordon- ner Videntique au diflérent?. Sous tous ces aspects, léternel retour est Vunivocité de létre, la réalisation effective de cette univocité. Dans V’éternel retour, soque n'est. pas seule- ment pensé et méme aflirmé, mais effectivement réalisé. L’Etre iérarchie est le probléme yrs ea parr de toushe do ede rage rage Ea nate sore ble do ‘pevleure do tout notre problime. 8 fage 8 6, ‘ect Homo (Al equals 1A DIFFERENCE EN ELLE-MEME ot fois production tion de la dilférence a partir de la Liépreuve du Petit et tion, parce qu'ello renoncait sun concept propre de la diflé- 1 au profit des exigences de Videntité du concept en général, fixail seulement les limites entre lesquelles la déter nait différence en s‘inscrivant dans le concept identique ou ans les concepts analogues (minimum ot maximum). C'est pour- quoi Ia sélection qui consiste avoir un autre sens : laisser parattre et se déploy extrémes dans la simple présence d'un Btre univoque — que de mesurer et de répartir des formes moyennes dap Fr autant qu’ils s’ap nous pas les retrouver comme une alternative caractéristique des cextrémes elles-mémes ? Car lextréme semble se définir extrémes. Quand . apparatt comme représentation orgique, et non. plus organique : elle découvre en soi le tumult tude et Ia passion sous le calme apparent, ou les limites de Vorganisé, Elle retrouve le ne s'agit plus ’un heureux moment qui mar- tt la sortie de la determination dans le concept en général, le minimum et le maximum relatifs, le punelum pro- stimum el le punclum remotum., I faut-au contraire un «il myope, un cil trope, pour que le concept prenne sur soi tous les mncept est maintenant le Tout, soit qu'il étende sa ission ct le malheur s parties se réfléchissent en lui pour recevoir une sorte dabso- tion. Le concept suit donc et épouse la détermination d’un bout 's métamorphoses, et la représente comme ‘ant a un fondement, par rapport auquel oe DIFFERENCE ET REPETITION LA DIPPERENCE EN ELLE-MEME 63 et méme moment « total Vinfini dans Ia représentation rend le déterminé indépendar sement et de la produc genre comme déterminable et de esp étermination, celui de la disparition et de lapparition. fen retenant dans un moyen terme aussi bien l'universalité vraie On remarquera en ce sens 4 quel point Hegel, non moins que ;chappe au genro que la singularité authentique qui échappe Leibniz, attache de 'importance an mouvement infin de l'éva~ a Vespéce. Bref, la représentation orgique a pour principe le ence fondement, et Finfini comme élément — contrairement a la qui est aussi celui oit ‘est Ia notion représentation organique qui gardait pour principe la forme et méme de limite qui el le pour élément le fini, Gest Vinfini qui rend la détermination ne désigne plus les bornes de la représentation finie, mais au pensable eb sélectionnable : la différence apparatt done comme contraire In matrice oit la détermination disparattre et de naltre, Jopper et de se déployer dans la é ie. Elle ne désigne plus Ia limitation d’ Au liew d’animer des jugements sur les choses, la représen- vers un fondement ; non plus la tation orgique fait des choses mémes autant d'expressions, de la corrélation du fondé avec le fonde- propositions : jues ou synthstiques infinies. ¢ Ia puissance, mais I Mais pourquoi y_a-t fe dans la représentation el fondée. Le calcul di tie, alors que les deux points, le petit et le grand, le maximum, leotique, a jérents ou identiques dans puissance . Sil'on traite les bornes de la représentation finie comme deux déterminations mathématiques abstraites qui seraient celles du Petit et du Grand, on remarque encore q tout & e pas de Ja représentati ‘orgiquo de la détermination, non plus comme représentation organique. fondoment ? Crest que lin’ ‘a disparu (ce serait projeter dans Vin‘ini la fausse conception, ‘La représentation orgique ne peut découvrir en soi déterminé est petit ou grand, le plus grand ou le plus petit; la ‘quien laissant. subsister 1a determination considération de l'infini rend le déterminé indépendant de cette int Vinfini de cette détermination finie elle-méme, en la question, en le soumettant & un élément architectonique qui roprésentant non pas comme évanouie et disparue, mais comme ‘découvre dans tous les cas le plus parfait ou le mieux fond ante et sur le point de disparattre, done aussi bien Crest en co sens que la représentation orgique doit étre dite faire ‘engendrant dans l'infini, Cette représentation est telle la difference, puisqu'elle la sélectionne en introduisant eet infini infini et le fini y ont la méme « inguiétude », qui permet 4qui la rapporte au fondement (soit-un fondement par Te Bien qui ‘ment de représenter l'un dons autre. Mais quand Vinfini come principe de choix et de jeu, soit un fondement par la Se dit du fini luieméme sous les conditions de Ia représentation, il négativité qui agit comme douleur et travail). Bt nu bien comme infiniment petit, ow les bornes de Ia représentation finie, c'est~i-dire le Petit et le es, es deux Grand eux-mémes, dans le caractére ou le contenu conerets que leur donnent les genres ct les espices, la encore, dans la représentation orgique, non plus sous \émentarité ou d'une réflexion de deux moments ‘était le cas pour la différence spéci- fique et Ia difference générique), mais sous forme d'une alterna~ tive entre deux processus inassiznables infinis — sous forme d'une lernative entre Leibniz et vrai que le petit et went. petit et infini- 3 et plus durement, pour sudanxentch, autant que Laibnia ot Hegel, chacun eux moderne rend comple séparément échappe a V'alternative du Grand et du Petit, mais meet tous deux ensemble retombent dans Vellernative de Minfiniment 1. Sur Vinditérence au petit ou a ica (Gr Phe Sehr, VU} On eprocte at eae, cst ne mathématique de la % DIFFERENCE ET REPETITION petit et de Vinfiniment grand. Crest pou ‘qui redouble son inquiétude, ou n, et Ja divise en deux types. fait. fork pew ia contradiction se rence en la rapportant a un fondement. La différence est, le seul problime. Ge que Hegel reproche & ses prédécesseurs, cst den étre restés a un maximum tout relatf, sans atteindre au maximum absolu de In difference, 4 la contradiction, a Vinfini (comme nt, grand) de la contradiction, Ils n’osérent pas aller jusqu’au bout : «La difference en général est déja contradiction en s seulement lorsqu’il est. poussé d la pointe de la contradiction que et que les choses rartie de cette variété recoivent la négativité qui est jon immanente du mouvement autonome, spontani Quand on pousse asses loin la difference enire les rél ference par Vopposition des ‘extra position reste abstraite tant. qu’ pas a it chaque fois iors des oppositions finies ; Vintroduction dé identité des contraires, ou fait du contraire de l’Autre un contraire de Soi. Il est vrai que la contrariété représente seule- ‘ment. dans l'infini le mouvement de l'intériorité ; celui-ci lai subsister de Vindifférence, puisque chaque détermination, en tant qu'elle eontient l'autre, est. indépendante de l'autre cot d’un rapport avec I'extérieur. II faut encore que chaque contraire expulse son autre, s'expulse done lui-méme, et devienne l'autre quiil expulse. Telle est la contradiction, comme mouvement de Vextériorité ou de Vobjectivation réclie, constituant. In vraie pulsation de Vinfini. En ele se trouve done dépassée Ia simple identite des contraires, comme identité du positif et du négatit. Gar ce n'est pas de la méme fagon que le et le négatif sont Je Méme ; maintenant le négatif est a Ia fois le devenir du positit quand le’ positif est nié, et le revenir du positif quand il se nie lui-méme ou s'exclut, Sans doute chacun des contraires déter- LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME 6 posée que stern cept propre, qu'elle est le devient pure, intrinséque, essent 1e, productrice, et ne laisss subsister d'indifférence, Supporter, soulever Ia contradic! est 'épreuve sélective qui « fait comme négativi ative, § jérence est. poussée qui n'est pas m ie, de VEns quo nihil majus.. nature de Ia contradiction réclle, e ce quelle n'est pas,'a été pour la pre qui a fail ins summum. IL n'y a done pas liew d’attendre un traibeme; ‘mathématique de eet infiniment grand théologique, de ce subli de Vinfiniment grand. I n'en est. pas de Gar, pour la modestie des eréatures, pour éviter tout mélange de Diew et des eréatures, Leibniz. ne peut introduire Vinfini dans le fini que sous la forme de V'infiniment petit. En ce sens, pourtant, ‘on hésitera & dire qu'il va « moins loin » que Hegel, Lui aussi jipasse la représentation organique vers la représentotion orgique, bien qu’ille fasse par un autre chemin. $i Hegel découvre dans la’ représentation sercine I ivresse et linquiétude de V'infi- went grand, Leibniz découvre dans V'idée claire finie V'inqui ment petit, faite aussi di ifférent. Mais Hegel part de lessentiel comme genre; est ce qui met la scission dans le genre, et Ia suppr scission dans Mespéee. Le genre est done lui-méme et Vespt out est lui-méme etla partie. Dés lors, ilcontientl‘autre en essen ontient essontiellement’, Leibniz au contraire, en ce qui le genre ot egpiee, ef, Phinoménologie (trad, Ta9.t81, B18-R, ‘ 66 DIFFERENCE ET REPETITION ant. posé comme espice et comme genre, et re dans é propriété, en eas. Il est faux d'imposer & l'analyse in! alternative suivante :est-ce un langage des essences, ouune fietion commode ? Car la subsomption sous le « eas », ow ie langage des roprités, a son originalilé propre, Ge proeédé de Vinfiniment it, qui maintient la distinction des essences (en tant que l'une Jue par rapport & autre le re de Vinessentie), est tout & fait jérent de la contradiction ; aussi faut-il lui donner un nom nnn celui de « vice-d Végal contredit l'inégal, pour autant qu’ else contredit lui-méme pour autant qu Vinégal. Mais dans i-méme, pour autant qu'il inclut en eas ce qui l'exelut en essence. Liinessentiel comprend l'essentiel en cas, tandis que Vessentiel contenait linessentiel en essence. in que la contradic~ ne concerne que les propristés ? En réa- érence infiniment petite » indique bien que la difference s'évanouit par rapport |. Ce qu'on montre on disant que de n'est rien par rapport a x, ni dy par rapport & y, mais que {Y cst le rapport qualilatit interne, exprimant Puniversel d'une fonetion séparée de ses valeurs numériques particuliéres, Mats si le rapport n'a pas de déterminations numériques, il n'en a pas moins des degrés de variation correspondant & des formes et Equations diverses. Ces degrés sont eux-mémes comme les rapports de I'u et les rapports différentiels, en ce sens, sont pris dans le processus d'une détermination réciproque qui traduit T'interdépendance des coefficients variables!. Mais encore, In délermination réciproque n’exprime que le premier aspect'd’un véritable principe de raiso sme aspect est, la délermination compléte, Car chaque degré ou rapport, pris Nova cael differentials applica... (968). — Sar un os toque eh ue Gaomat Nt Te te Intophietratacetnite de Salomon Matis Milo tiua on dainguratin gtr {In ddtermnation complete do LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME o comme Vuniversel dune fonction, détermine Vexistence ot répartition de points remarquables de la courbe correspondante, Nous devons prendre grand soin, ici, de ne pas confondre le « complet » avec c'est que, pour l'équation d'une courbe par exemple, le rapport. différentiel renvoie seulement ignes droites détermi la nature de Ia courb jwune partie de Pobjet entier, la a « dérivée »(Vautre partie, exprimée parla fonction dite pri no peut étre trouvée que par lintégration, qui ne se contente nullement d’étre Vinverse de Ia differentiation ; de méme, c'est Vintégration qui définit la nature des points remarquables pré- eédemment déterminés). Gest. pourquoi un objet peut étre complitement déterminé — ens omni modo delerminatum — sans disposer pour eela de son intégrité qui, seule, en constitue ence actuelle, Mais, sous le double aspect de la détermi- réciproque et de ia détermination complite, il detinie parla convergence. Les valeurs numériques, trouvent, leur limite dans | dilférentiels trouvent. leur Non seulement te rapport différentiel est élément. pur de la ialité, mais la limite es snce du continu, comme la ité, celle des limites ell ainsi son concept dans un négatif, mais un négatif de pure limi- tation, um nihil respectioum (dz n'est rien par rapport & 2). De tous ces points de vue, la distinction du remarquable et de Vordinaire, ou du singulier et du régulier, forme dans le continu les deux ¢atégories propres 4 Vinessentiel. Elles animent tout le langage des limites et des propriétés, que tel nous verrons en ce sens it attendre d'une distribution des tout ce que Ia philosophie points remarquables et des points ordinaires pour la description de Pexpérience. Mais déja les deux sortes de points préparent et éterminent, dans Vinessentiel, la constitution des essences elles- mémes. L'inessentiel ne désigne pas ici ce qui est sans importance, mais au contraire le plus profond, l’étoffe ou le continuum uni- versel, ce dont les essences elles-mémes sont finalement faites. En effet, Leibniz pour son compte n’a jamais vu de contra- diction entre la loi de continuité et le principe des indiscernables. L'une régit les propriétés, les affections ou les cas complets, 5 DIFFERENCE BT REPETITION ns que arquables indiquent. oppement, des centres ion ou d'involution possibles qui se tro dans ses lettres Arnauld) que lin renee des prédicats dans chaque sujet suppose la compossi donde expen ar too ca sje Diu fa pan ee Adam ‘Adam a péché. Crest sans oute la continuté qui détinit la compossibilte de chaque monde; et si le monde réel est le meilleur, c'est dans In mesure ott il pré= sente un maximum de continuité dans un maximum de eas, dans un maximum de rapports et de points remarquables, C'est dire qui conver pable de se prolonger dans toutes les utres.séries convergeant autour d'autres mondes se défi On. voit pourquoi la notion d'incompossibilité ne se raméne nullement a Ja contradiction, et n'implique méme pas d'opp« n'implique que la divergence ; et la 1A DIFFERENCE BN BLLE-MEME 69 it seulement Voriginalité du processus de lav ymme prolongement iMérentiels et les poi expressifs (essences ou sul je monde tou individuelles) dans raveloppe d’un cert déroulent et se dével alors eux-mémes le cas » dans le continuum exprimé. La loi de continuilé apparatt ‘comme une Ioi des proprist’s ou des cas du monde, une loi pement qui s'applique au monde exprimé, mais aussi mades elles-mémes dans le monde ; le principe des indis- pe des essences, un principe d’enveloppe- ux expressions, e’est-a-dire aux monades es, Les deux langages ne cessent- de se semble rapportent la ui porte la she tle Tinfiniment petit. La. dilférence me la région du monde exprimée De ees deux maniéres, la représen- détermination, en fait un concept ination dans l'analogie des x on Togique des dlerminations, comme 70 DIFFERENCE ET REPETITION essences, Tantot les particuliers sont, seulement des propriétés ou des figures qui se développent dans le fond universel infini, mais qui renvoient aux essences comme aux vraies déterminations d'un Moi pur ou plutOt d’un « Soi » enveloppé dans ce fond. Dans les deux cas, la représentation infinie est objet d'un double discours : celui des propriétés et celui des essences — celui des points physiques et celui des points métaphysiques ou points de vue chez Leibniz, celui des figures et celui des moments ou catégories chez Hegel. On ne dira pas que Leibniz aille moins loin que Hegel ; il y a méme chez lui plus de profondeur, plus d'orgisme ou de délire bachique, au sens oii le fond jouit d'une initiative plus grande. Mais dans les deux cas aussi, il ne semble pas que la représentation infinie sullise a rendre la’ pensée de la férence indépendante de la simple analogie des essences, ou de 1a simple similitude des propriétés. C'est que, en dernier ressort, {a représentalion infinie ne se dégage pas du principe W'identité comme présupposé de ta représentation. Crest pourquoi elle reste soumise & la condition de la convergence des séries chez Leibniz, et & la condition du monocentrage des cercl représentation infinie invoque un fondement.. Mai -méme, il n’en est pas de prendre particulitrement au sérieux le principe d'identité, de lui donner une valeur infinie, de le rendre coextensif au tout, et par la de le faire régner sur V'existence elle-méme. Il importe peu que l'identité (comme identité du monde et du moi) soit congue comme analytique, sous l'espi infiniment, petit, ou comme synthétique, sous Vespéce de Vinfiniment grand. Dans la raison suffisante, le fondement est ce qui vice-dit dans autre cas, ce qui la contredit. Mais dans tous les eas, la raison suffisante, le fondement, ne fait & travers Pinfini que conduire Videntique’ ezisler dans son identité méme. Et, ici, ce qui est évident de Leibniz ne lest. pas moins de Hegel. La contradiction hégélienne ne nie pas l'identité ou la non- contradiction ; elle consiste au contraire a inscrire dans l'existant les deux Non de la non-contradiction, de telle maniére que l'iden- Lité sous cette condition, dans cette fondation, suflise A pens Vexistant comme tel. selon lesquelles «la chose nie ce qu'elle n'est pas » ou «se distingue de tout ce qu’elle n'est pas », sont des monstres logiques (le Tout de ce que n'est pas la chose} ‘au service de I'identité. On dit que la dillérence est Ia négativité, qu'elle va ou doit aller jusqu'a 1a contradiction, dés qu’on la pousse jusqu’au bout. Ce n’est vrai que dans a’ mesure ob la différence est déja mise sur un chemin, sur un fil tendu par LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME n Videntité, Ge n'est vrai que dans la mesure of c'est Pidentité qui In pousse jusque-la, La différence est le fond, mais seulement le fond pour la manifestation de Videntique. Le cercle de Hegel n'est pas l'éternel retour, mais seulement la circulation infinie de Videntique & travers Ia'négativité. L'audace héj dernier hommage, et le plus puissant, rendu au . Entre Leibniz et Hegel, iimporte peu que le négatif supposé de la différonce soit. pensé comme limitation vice-disante, ou comme opposition contredisante ; pas plus qu’il n'importe que Videntité infinie soit elle-méme posée comme analytique ou synthétique. De toute maniére, la différence reste subordonnée & Videntite, réduite au négatif, incarcérée dans la similitude et.dans l'analogie. Crest pourquoi, dans la représentation infinie, le détire n’est. qu'un faux délire préformé, qui ne trouble en rien le repos ou la sérénité de Videntique. La représentation infinie a done le méme défaut que la représentation finie : celui de confondre le concept propre de la diffévence avec l'inscription de la différence dans Videntité du concept. en général (bien qu'elle prenne Videntité comme pur prineipe infini au lieu de la prendre comme genre, et qu'elle éLende ‘au tout les droits du concept en général au lieu d’en fixer les bornes).. opposition, nous devons demander ce qu’une telle situatio le Suppose un fourmillement de différences, un pluralisme iérences libres, sauvages ou non domptées, un espace et un temps proprement differentiels, originels, qui persistent & travers les simplifications de la limite’ ou de opposition. Pour que des oppositions de forces ou des limitations de formes se dessinent, il faut d’abord un élément réel plus profond qui se définit et se détermine comme une rultiplicité informelle et potentielle. Les oppositions sont grossiérement taillées dans un miliew fin de perspectives chevauchantes, de distances, de divergences et, de disparités communicantes, de potentiels et d'intensités hétéro- genes ; et il ne s'agit pas d’abord de résoudre des tensions dans Tidentique, mais de distribuer des disparates dans une multipli- Cité. Les limitations correspondent & une simple puissance de la premiére dimension — dans un espace a une seule dimension et ‘une seule direction, comme dans lexemple de Leibniz invoquant. des bateaux emportés par le courant, il peut y avoir des chocs, n DIFFERENCE BT REPETITION mais ces chocs ont nécessairement valeur de jon ot dé 1on pas de neutralisation ni d’opposition. Quant & oppo- représente 4 son tour la puissance de In seconde vension, comme un étalement des choses d espace plan, ime une polarisation réduile & un seul et 1a synthose ‘méme se fait seulement dans une fausse profondeur, e'est-A- dire dans une troisieme de libres differences ion linéaire et oppo- supposent. des ants mobiles, & une Partout la profon- in de retrouver pas mise ant les deux autres, et s'envel e. Lespace et le Lemps ne mani ations) qu’a la surface, mais su dans leur profondeur réelle des différences autrement neuses, allrmées et distribuée sont pas réduire & la platitude du négatit. Comme dans le miroir de Lewis Carroll ot P Vespace de jou de difference, Dougie dans aun vain combat ? En ce sens encore, Leibniz va plus profond que Hege remarquables et les léments différenticls d'une mul \écouvre un jeu dans la donc que la premiére dimension, celle de In limite, malgeé toute son imperfection, reste plus proche de Ia profondeur originelle, Le seul tort de Leibniz ne serait pos d'avoir ié la difference au LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME 2 t, comme le plus grand c la plus grande vertu, d'un seul et méme monde de l’éternel retour ? ‘est pas la différence qui suppose suppose la différence ; et loin de conduire jusqu’a um fondeme diflérence. profonde qu’ ‘menée, projetée dans ‘a mise de foree dans ‘au début. de jue hégélienne nologie, le coup de pouce de nt posés comme ‘expliquer que le mouvement é mavement de se piillosophie de Hegel la toute-puis Can prin neffel possible incipe interne. qu i oat en dit possible, % DIFFERENCE ET REPETITION ment de l'infini, mais comme ile fait avee des mots et des repré- sentations, c'est un faux mouvement, et rien ne suit. Il en est chaque fois qu'il y @ médiation, ou représentation. Le représentant dit : « Tout le monde reconnait. que... », mais il ya toujours une singularité non représentée qui ne reconnatt pi parce que précisément elle n’est pas tout le monde ou Puniversel « Tout le monde » reconnatt, 'universel, puisqu’il est lui-méme Vuniversel, mais le singulier ne le reconnatt pas, c'est-i-dire Ia science sensible qui est pourtant censée en faire les heur de parler n'est pas de parler, mais de parler pour {es autres, ou de représenter quelque chose. La conscience sensible (crest-i-dire le quelque chose, la diflérence ou +2 4222) s'obstine. On peut toujours médiatiser, passer dans l'antithése, combiner la synthése, mais la thése ne suit pas, subsiste dans son immé- diateté, dans sa difference qui fait. en soi le vrai mouvement. La différence est le vrai contenu de la thése, entétement de la thise. Le néga ité, ne capture méme pas Je phénomene de la en recoit. seulement le fantéme ou l'épiphénoméne, et toute Ia Phénoménologie est une épiphénoménologie. Ce que la philosophic de la différence refuse : omnis delermi- ratio. negatio. tation infinie : ou bien I'indéterminé, V'indifférent, V'i ou bien une différence déj déterminée comme négation, impli: juant et enveloppant le négalif (par 1 méme on refuse aussi ternative particulidre : négatif de limitation ou négatit do sition). Dans son essence, la différence est, objet ailirmation, affirmation elle-méme. Dans son essence, affirmation est ell méme diflérence. Mais ici, la philosophic de la dilfférence ne risque-Lelle pas dapp: velle figure de la belle ame ? Gest Ia belle ame en effet qui voit partout des iférences, qui en appelle A des différences respectables, conci- 14 of Vhistoire continue a se faire & coup de contradictions sanglantes. La belle me se comporte comme un juge de paix jeté sur un champ de bataille, qui verrait de simples « différends », peut-étre des malentendus, dans les luttes inex- piables. Pourtant, inversement, pour renvoyer le godt des differences pures a la belle ame, et souder le sort des différences réelles & celui du négatif et de la contradiction, il ne suflit pas de se durcir & bon compte, et d'invoquer les ‘complémentarités bien connues de Vaffirmation et de la négation, de Ia vie et de a mort, de la eréation ct de la destruction — comme si elles suflisaient & fonder une dialectique de la négativité. Car de LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME % toutes de revel Ligue, au ver, prolonger un ordre abll dans I tn ordre mtorique qul sollte deja dans le mon de sa repre moment particuliérement agit msi ils ne sont jamais Nut woins que. Nictsche no. peut passer pour une bell me. Son Aime eat extrimement bell, mats non pas au sens de bel me mul plus quo lui n’a le sens do la eruauté, Ie godt de la destruction, Mois présisément dans toute son ure, tl ne cesse opposer, deux conceptions ‘da rapport alfimation: ans un cos, la néga cur et la puissance LLoffnmation en résulte ~~ disons comme un ersalz. Et peut- re west-ce pas trop de deux négations pour faire un fat ‘temation” un erats Waltrmation. Nai comment Tel i! ne conservait pas il le conservatisme vant d on aration ben prod mais pour ‘ui est négati ob négateur, Gr qui peul die nié. Aisi VAne de Zarathoustra dit ou svaflrmer, cest porter, asumer, charger. fardeaux dont on le change (les valeurs divine), cou te charge luiméme (les valeurs humiines), et Te poids de ses muscles fatigues quand itn’ plus rien & porter (absence dle valeurs. Ty a un godt tersble de la responsabilité chea eet {ne ou ee buf ditecticion, et un arriére-gott moral, eomme si Tom ne pouvail alfrmer qu'h force wexpier, comme’ si fllait ce qui est. Jonas : Hibicwat ea conga al ten a ae See mara ae ction qui retentit. du ra sauvie, non p représentation Les reprises ou les tique expriment seulement la conservation du tout, toutes les figures el tous les moments, dans une Mémoire gigantesque. La représentation infinie est mémoire qui conserve. La rj est plus qu'un conservatoire, une puissance de la mémoire éme, Tl y a bien une sélection circulaire dialectique, mais tage de ce qui se conserve dans la représ “iedire de ce qui porte et de ce qui est porté, La ion fonetionne & rebours, et imine impitoyablement ce cerele tortueux, ou qui briserait la Lransparence les les ombres de repr roprement dialectique. res l'autre conception, Vallirmation est, premi distance. La différence est la légire, Alfirmer n'est pas porter, mais tout le vr. Ce n’est plus le négatif qui produit comme un ersatz. C'est le Non qui est son tour lombre, mais plutst. juence, on dirait de nachfolge. Le nége jomene. La négation, telle dans une mare, est I ‘une allirmation trop forte, trop differente, EL peut-étre faut-il deux affirmations pour produire 'ombre de la nézation comme rnachfolge ; et peut-étre y a-t-il deux moments, qui sont la Dit- férence comme minuit et midi ime disparatt. Grest en ce sens que Nietzsehe oppose le Oui ef le Non de I’Ane, el le Oui ef le Non de Dionysos-Zarathoustra — le point de vue de Tesclave qi le fantome d'une affirmation, et point d LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME ” nprendre au sens ‘comme si les valeurs établies avaient, les nouvelles devaient s'établir rence de nature, comme wedre conservateur de Ia reprisentation, et un désordre is que coincider avec ‘un moment de de mature la en portant fennes, en se servant. de leur ion dans le fini pour allirmer leur identité dans 1 représentation infinie, la pseudo pas sorlir des formes moyennes. Aussi bien 2 tous les procédés de la forme supérieure de tout ce rest pas Videntité des contraires, mais bien wre n'est. pas la is bien plutdt de V'éternel travers les métamorphoses et les transfor- Ia forn nachjolge,et-invente une nouvelle formule dela négation de la néga- tion + est’ nié, doit étre nié foul ce qui peut éire nié. Le ginie de ernel retour n'est pas dans la mémoire, mais dans le gaspillage, 3 'oubli devenu actif. Tout ce quiest négatif et tout ce qui nie, toutes ces allirmations moyennes qui portent le mégatif, tous ces pales Oui mal venus qui sortent du non, foul ce gui ne supporte pas lépreuve de U'ternel retour, tout cela doit étre nié. Si ’éternel retour est une roue, encore faut-il doter celle-ci d'un mouvement. 8 DIFPERENCE ET REPETITION centrifuge violent, qui expulse tout ce qui « peut » étre jui_ne supporte’ pas l'épreuve. Nietzsche ‘bre & ceux qui ne « croiront » pas absolu, Ainsi la négation comme conséquence de la pleine affirmation, consume tout ce qui est né; consume elle-mémo au eentre mobile Péternel retour est un cercle, c'est la Diflérence q) et le Méme seulement, au pourtour — cercle i el Ascentré, constam Vinégal. La négation, c'est Ia différence, mais Ia différence vue du petit coté, vue d'en bas. Redressée au contraire, de haut en bas, la différence, c'est Vaflirmation, Mais cette proposition a beau- coup de sens; que la différence est objet dallirmation ; que Pallirmation méme est multiple ; qu'elle est création, mais aussi quielle doit étre créée, comme ‘affirmant la tant dilférence en elle-méme. Ge n'est pas le moteur. Bien plutat il y a des rentiels positifs, qui déterminent a la fois la genése de V'aifirmation et de In alffirmée. crest ce a est au centre, que instant, Wt tortueux, qui ne tourne qu’autour de que la négation surgit & Ia suite de le, mais seulement comme lombre de profond — de cette puissance ou de eette « volonté » qui engendre irmation et la dillérence d ion. Geux qui portent, tif ne savent. pas ce prennent Fombre pour Ja réalit4, ils nourrissent les fantdmes, ils eoupent Ia eonséquence des prémisses, ils donnent & I'épiphénoméne la valeur du phéno- méne et de essence. "La représentation laisse échapper le monde affirmé de Ia ditférence. La représentation n'a qu'un seul centre, une perspec tive unique et fuyante, par li méme une fausse profondeur; elle médiatise tout, mais ne mobilise et no meut rien. Le mouvement pour son compie implique une pluralité de centres, une superpos tion de perspectives, un enchevétrement de points de vue, une coexistence de moments qui déforment essentiellement la repré= sentation : déja un tableau ou une sculpture sont de tels « défor- mateurs » qui nous forcent & faire le mouvement, c'est-a-dire & combiner une vue rasante et une vue plongeante, ou & monter et LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME 9 descendre dans espace & mesure qu’on avance. Suflitil de multiplier les représentations pour obtenir un tel « effet »? La roprésentation infinie comprend précisément une infinité de représentations, soit qu’elle assure 1a convergenee de tous les, points de vue sur un méme objet ou un méme monde, soit fasse de tous les moments les propriétés d'un méme Mi garde ainsi un centre unique qui recueille et représente tous les autres, comme une unité de série qui ordonne, qui organise une fois pour toutes les termes et leurs rapports. Crest que la repré sentation infinie n’est pas séparable d'une loi quila rend possible : la forme du concept comme forme d'identité, qui constitue tantot Ven-soi du représenté (A est A), tanttle pour-soi du représentant (Moi = Moi). Le préfixe RE- dans le mot représentation signifie cette forme conceptuelle de Videntique qui se subordonne les différences, Co n'est done pas en multipliant les représentations cl les points de vue, qu’on atteint & V'immédiat défini comme « sub-représentatif », Au contraire, c’est déja chaque représenta- tion composante qui doit étre déformée, dévide, arrachée & son centre, Il faut que chaque point de vue soit lui-méme la chose, ou que la chose appartienne au point de vue. Il faut done que la chose ‘identique, mais soit éeartelée dans une différence ot s'évanouit l'identité de Vobjet vu comme du sujet voyant, Tl faut que la différence devienne I’élément, Iultime unité, qu'elle renvoie done a d'autres différences qui jamais ne V'identifient, mais la différencient. Il faut que chaque terme d'une série, étant déja différence, soit mis dans un rapport variable avee d'autres termes, ct constitue par la d'autres séries dénutes de centre et de conver- gence. Il faut, dans la série méme, affirmer la divergence et le décontrement. Chaque chose, chaque étre doit voir sa propre identité engloutie dans la différence, chacun n’étant plus qu'une différence entre dos diférences. I! faut montrer la difference allant différant. On sait.que l'ceuvre dart moderne tend a réaliser ces conditions : elle devient en ce sens un véritable théatre, fait dde métamorphoses et. de permutations. Thédtre sans rien de fixe, ou labyrinthe sans fl (Ariane s'est. pendue). L’uvre d'art quitte Te domaine de la représentation pour devenir « expérience », empirisme transcendantal ou science du sensible, ‘Test étrange qu'on ait pu fonder I'esthétique (comme science ddu sensible) sur ce qui peut étre représenté dans le sensible. Ne ‘vaut pas mieux, il est vrai, la démarche inverse qui soustrait de la représentation le pur sensible, et tente de le déterminer comme ‘ce qui reste une fois la représentation Otée (par exemple un flux contradictoire, une thapsodie de sensations). En vérité l'empi- 0 DIFFERENCE ET REPETITION risme devient transcendantal, el Vesthétique dictique, quand nous appré ‘ce qui ne peut étre que sent rence, la différence de pote raison du divers qualitatif. méne fulgure, s'explique comme si produit comme «effet ». Le monde intense des diffe qualités trouvent leur raison et le sensible, son et ment l'objet d’un empirisme supérieur. Cet empirisme nous apprend une étrange « raison », le multiple et le chaos de Ia ditfé- rence (les distributions nomades, les anarchies couronnées). Ce sont toujours les différences qui i gues, opposées ou identiques : hose, mais derriére la dilférence il n'y a rien. Il appartient & haque différence de passer a travers toutes les aulres, et de se «vouloir » ou de se retrouver elle-méme & travers toutes les autres, Crest pourquoi l’éternel retour ne surgit. pas en second, ou ne vient pas aprés, mais est déja présent. dans toute métamorphose, contemporain de ce qu'il fait revenir. L’éternel retour se rapporte 4 un monde de différences impliquées les unes dans les autres, & présentait le vicus of recirculation comme faisant tourner un chaosmos ; et Nietzsche déji disait que le chaos et I’éternel retour n’étaient, pas deux choses distinetes, mais une seule et méme afir- la représentation ; elle exclut In cohérence d’un sujet. qui se représento comme d’un objet représenté. La répétition s'oppose la représentation, le préfixe a changé de sens, car dans un cas la différence se dit seulement par rapport a lidentique, mais dans Tautre cas c'est répétition, c'est I'étre informel de toutes les différences, la puis- sance informelle du fond qui porte chaque chose a cette * forme » extréme ol sa représentation se défait. Le dispars est l'ultime élément de la répétition, qui s’oppose a Videntité de la représen- tation, Aussi le cerele de I'éternel retour, celui de la différence et de la répétition (qui défait celui de V'identique et du contradic- toire), est-il un cercle tortueux, qui ne dit le Méme que de ce qui ere. Le poste Blood exprime la profession de foi de l'empi- jsme transcendantal comme vi est contingente, excessive et my LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME a choses sont étranges... L’univers est sauvage... Le méme ne revient que pour apporter du différent, Le cercle lent du tour du graveur ne gagne que de l'épaisseur d’un cheveu. Mais la diflé- rence se distribue sur la courbe tout entiére, jamais exactement adéquate ». 11 arrive qu’on assigne un changement philosophique consi- dérable entre deux moments représentés par le prék le postkantisme. Le premier se tation, Vautre, par le négatif d par lidentite analytique, l'autre, par l'identité synthétique. L’un, du point de vue de la substance infinie, autre, du point de vue du Moi leibnizienne, ja le Moi introduit. dans le développement de ‘mais dans 1a grande synthése hégélienne, c'est I introduit. dans Fopération du Moi fini, On doutera pourtant de l'importance de pareils changements. Pour une philosophie de la différence, il importe peu que le négatif soit concu comme négatif de limi- tation ou d’opposition, et lidentité, comme analytique ou synthétique, du moment, que la différenee est de toute fagon ‘au négatif et subordonnée & Videntique. L’unicité et iM de la substance divine sont en vérité le seul garant. iu Moi un et identique, et Dieu se conserve tant qu’on garde Je Moi. Moi fini synthétique ou substance divine analytique, chose. Crest pourquoi les permutations Homme- Dieu sont si décevantes et ne nous font pas bouger d’un pas. ‘tre le premier & voir que la mort de Diew ne devient effective qu’avec la dissolution du Moi. Ge qui se révile alors, c'est letre, qui se dit de différences qui ne sont la substance ni dans un sujet : autent d’alfirmations souterraines. Si léternel retour est 1a plus haute pensé jus intense, clest. parce que son extréme coh ‘au point le plus haut, exclut la cohérence d'un sujet pensant, d'un monde pensé comme d’un Dieu garant?. Plutst qu'a ee qui Las philoophiee praises & Angee et 'Amé- rete haves Ge dean Waste sine provonde rane Sauvage ‘apnorte kon hgena de "respons Eonselenee de Nietzsche, lequel 4 on tour se confond aveecetledisparition ne reste plus (ala contcience) qua déclarer que son identite mine est un eas 8 DIFFERENCE ET REPETITION se passe avant et oprés Kant (et qui revient au méme), nous devons nous intéresser & un moment précis du kantisme, moment furlif éclatant. qui ne so prolonge méme pas chez Kant, qui se prolonge encore dans le postkantisme — sauf peut-étre chez Hélderlin, dans Vexpérience ot Vidée d'un « détournement ceatégorique ». Gar lorsque Kant met, en eause la théologie ration- nelle, il introduit. de méme coup une sorte de déséquilibre, de fissure ou de félure, une aliénation de droit, insurmontable en droit, dans le Moi pur du Je pense : le sujet ne peut plus se rupréventer sa propre spontanéité que comme invoque en derniére instance une myst son essence une réeeptivité dintuition par rapport a laquelle, aja, JE est un autre, Peu importe que M'identité synthétique, puis’ la moralité de In raison pratique restaurent Vintégrité du noi, du monde et de Dieu, et préparent. les synthéses post Kantiennes ; un court instant. nous sommes entrés schizophrénie de droit qui caractérise 1a plus haute de la pensée, et qui ouvte directement I'Btre sur la di au mépris de toutes les médiations, de toutes les reconciliations du concept. La Utche de la philosophie moderne a été définie : renverse~ i Jue ce renversement conserve beaucoup 8 n'est. pas seulement inévitable, mais Tl est vrai que le pl tubordination de la dilérence aux puissances de !'Un, de 'Ana- A DIFFERENCE EN ELLE-MEME 8 logue, du Semblable et méme du Négatif. C'est comme en train d’étre dompté, dont les mouvements, dans une derniére crise, témoignent mieux qu’a l'état de liberté d'une nature Ie monde héraclitéen gronde dans le platonisme. ue est encore douteuse ; la médiation n'a pas trouvé son mouvement tout fait. L'Idée n'est pas encore un ‘objet qui soumet le monde aux exigences de la repré- concept d sentation, mais bien plutot une présence brute qui ne peut étre évoquée dans le monde qu’en fonction de ce qui n'est pas « repré- sentable » dans les choses. Au: de rapporter la différence & elle pas encore ch {it précisément une critique ¢: Ja différence a une méthode ‘que des exigences d'un que la divisi mn, par rappo sctique parmi d'autres, tres, n'est-ce autres. procédés, au profit d'une’ veritable mesure & la fois le platonisme et la. possi le platonisme ? Notre tort est d'essayer de comprendre la me a partir des exigences d'Aristote s'agit de diviser un genre en espéces opposées ; manque pas seulement de « raison » par lui-méme, manque aussi une raison pour Iaquelle on décide que quelque chose est du cdté de telle espice plutot que de telle autre. Par exemple on divise art en arts de production et d’acq) i quoi ln pce & a line enale du obté de manque, la_médiation, 'est-&x Concept capable de servir de moyen terme. Nai que objection tombe si la division plato ent. de détorminer les espéces d'un genre. Ou plutot elle propose, mais superficiellement et méme ironiquement, a DIFFERENCE BT REPETITION confuse en partir d’un. « platonons » quis’ ns», Car Pespice p une grosse tspice. La iivision pltonicienne opére domaine, qui est cell des elites eopces son point de aépart esti indifcremment. un genre. espico; mals ee genre, ere gros pour mettre & jour I'Idée comme Te but de la a, spreuve des prétendants — non comme celui qui Sait « pattre les hommes ‘ns surviennent, commercants, labourcurs, jecins qui disent ; le vi moi ! el dans Le Phédre, 0' rritable amant, et of nt la pour dire : Vamant, l'amour, e'est sspéce en tout cela, sauf par iron soucis d’Aristote : il ne s'agi Et'non Te but de La Minas Le Poulton, LA DIFFERENCE EN ELLE-MEME oF fier. Le seul probléme qui traverse Loute la philosophie de Platon, i ‘1 sa classification des sciences ou des arts, c’est de mesurer les rivaux, de de distinguer la chose ef ses simulacres ‘ou d'une grosse espéce. Il s'agit de fai érer dans les profondeurs de l'immédiat, ymédiat, V'épreuve dangereuse, sans fil et san: d'aprés la coutume antique, celle du mythe et de Pépopée, les faux prétendants doivent mourir. Notre question n'est pas encore de savoir si la difference sélective est bien entre les vrais et les faux prétendants, & la manitre dont Platon le dit, mais plutdt de savoir comment, Platon fait cette diflérence, grace & la méthode de division, Le lecteur, ici, a une vive surprise ; car Platon fait intervenit un ‘«mytho », On dirait done que la division, dés qu’elle abandonne son masque de spécification et découvre son véritable but, renonce pourtant a réaliser cclui-ci, se faisant relayer par le simple « jeu » d'un mythe. En effet, dés qu’on en arrive a la question ‘des prétendants, Le Politique invoque Vimage d'un Dieu qui commande au monde et aux hommes dans la période archaique : seul ce dieu mérite & proprement parler le nom de Roi-pasteur des hommes. Mais précisément, par rapport & lui, tous les prétendants ne se valent pas : il y a un certain « soin » de Ja communauté humaine qui renvoie par excellence 4 'homme politique, parce qu'il est le plus proche du modéle du Diew- pasteur archaique. Les prétendants se trouvent en quelque sorte ‘mesurés daprés un ordre de participation élective ; et parmi les rivaux du politique, on pourra distinguer (d’aprés cette mesure fontologique fournie par le mythe) des parents, des servants, des auxiliaires, enfin des charlatans . Méme démarche dans le Phédre : quand il s'agit de distinguer les délires », Platon invoque brusquement un mythe. Il déet circulation des Ames avant T'incarnation, le souvenir qu’ emportent. des Idées qu'elles ont pu contempler. Gest cette contemplation mythique, c'est la nature ou le degré de cette contemplation, mn, c'est le genre d’occasions nécessaires au ressou- ‘venir, qui déterminent la valeur et l'ordre des différents Lypes de délire actuels : nous pouvons déterminer qui est le faux amant, pls ues mito de la méme foil (ef. Pallque, 208 4). 36 DIFFERENCE ET REPETITION 1. véritable ; nous pourrions méme déterminer qui, de lu potte, du prétre, du devin, du philosophe, participe de la réminiscence et de la contemplation — qui est le vrai prétendant, le vrai participant, et dans quel ordre les autres, (On objectera que le troisiéme grand texte concernant la division, celui du Sophiste, ne présente aucun mythe ; c'est que, une utilisation paradoxale de la méthode, par une contre: , Platon se propose d'isoler ici Ie faux prétendant lence, celui qui prétend a tout sans aucun droit : le n’aurait aucune force probante, et devrait se faire relayer par un determing dans le Phare Sous la forme des Tae, tlles quelle is Le Politique, sous la forme du Dieu-pasteur qui ral, cette distinction jue découvre dans la -répétition d’une fonda tion. La division Vexige comme le fondement capable de faire Ia différene ‘exige la division comme Pétat de la différence dans ce qui doit étre fondé, La division est la véritable LA DIFFERENCE EN ELLE-MBME 89 unité de la dialectique et de la, mythologie, du mythe comme Tondation, et du logos comme Méyog soussc. ‘Ge role da fondement apparail en toute clarté dans Ia concep- tion platonicienne de Ia participation. (Et sans doute est-ce lui qui fournit & la division la médiation dont elle semblait manquer, cel qui, du méme coup, rapporte la différence a 'Un ; mais d'une maniére si particuliéte...) Participer veut dire avoir part, avoir pris, avoir en second. Ge qui posstde en premier, c'est le fon- dement lui-méme, Seule la Justice est juste, dit Platon ; quant 4 ceux qu’on appelle les justes, ils possédent en second, ou en troisiéme, ou en quatriéme... ou en simulacre, la qualité d'etre juste. Que seule Ia just juste n'est. pas une simple pro- position analytique. C’ ignation de I'ldée comme fon- Gement qui posséde en premier. Et le propre du fondernent, c'est dde donner i participer, donner en second. Ainsi ce qui participe tt qui participe plus ou moins, & des degrés divers, est nécessa rement un pritendant. Crest le prétendant qui en appelle & un fondement, c'est la pritention qui doit étre fondée (ou dénoneée ‘comme sans fondement). La prétention n’est pas un phénoméne parmi d'autres, mais la nature de tout phénoméne, Le fondement est une épreuve qui donne, aux prétendants, plus ou moins & participer de objet. de la prétention ; c'est en ce sens que le Fondement mesure et fait la différence. On doit. done distingues la Justice, comme fondement ; la qualité de juste, comme objet de la prétention possédé par co qui fonde ; les justes, comme pré- tendants qui participent inégalement & T'objet. Gest, pourquoi les néo-platoniciens nous livrent une compréhension si profonde du platonisme lorsqu'ls exposent, leur triade sacrée : l'Impar- 9, Jes Participants. Le principe qui fonde est ‘mais qui donne quelque chose & par- ipant, possesseur en second, traverser lépreuve du f parce que In triade se reproduit le long d'une série de participations, parce que les prétendants participent dans un ordre et & des degrés qui reprisentent la différence en acte, les néo-platoniciens ont bien que la division avait pour but, non pas In dis- fees en langeur, mais V'établissement d'une dialectique sérielle, de séries ow de lignées en. profondeur, qui marquent les opérations d'un fondement sélectif comme d'une parlicipation elective (Zeus I, Zeus Il Il apparatt dés lors fue Ia contradiction, loin de signifier I'épreuve du fondement Tuiméme, représente au contraire l'état d'une prétention non étendant quia c'est-Adire au ‘dement. On dirait : le pore, la fille et le prétendant. a8 DIFFERENCE ET REPETITION In participation, Si le juste prétendant, -fondé, Pauthentique) a des rivaux qui 'S parents, comme ses auxiliaires, comme ses ipant A titre divers de sa prétention, ila aussi ses simulaeres, ses contrefacons dénoneés par I'spreuve ° tel est selon Platon le « sophiste », bouffon, centaure ou salyre, qui prétend & tout, et, prétendant & tout, n'est jamais fondé, mais contredit tout et se contredit Iui-méme... Mais en quoi consiste exactement I'éprouve du fondement ? Le mythe nous le dit : toujours une tacke & remplir, une énigme & résoudre. On questionne Voracle, mais la réponse de loracle est elle-méme un probleme. La diale Vironie est l'art des problémes et des questions. L'ironie consiste a traiter les choses et les étres comme autant de réponses & des questions cachées, comme autant de cas pour des risoudre. On se rappelle que Platon définit la dial procédant par « problémes », a travers lesquels on s'éleve par principe qui fonde, e'est-i-dire qui les mesure en tant que lels ot distribue les solutions correspondantes ; et le Ménon nlexpose a réminiscence qu'en rapport avec un probleme g6o- métrique, qu'il faut comprendre avant de résoudre, et qui doit avoir la solution qu'il mérite d’apris la fagon dont le réminiscent Va compris. Nous n’avons pas & nous soucier maintenant de la distinction quill convient d’établir entre les deux instances du probléme et de la question, mais & considérer plutét comment leur complexe joue dans la dialectique platonicienne un role cessentiel — rdle comparable en importance a celui que le ne: ‘aura plus tard, par exemple dans la. dialectique Mais prévisément ce n'est pas le négatit Platon. Au point qu'il faut se demander Sophiste, malgré certaines équivoques, ne doit pas étre comprise le « non », dans l'expression « non-étre », exprime quelque autre que le négalf. Sur ex point, le tort des théories traditionnelles est de nous imposer une alternative douteuse + quend nous cherchons & conjurer le négatif, nous nous déclarons satisfaits si nous montrons que l’étre est pleine réalité positive, et n'admet aucun non-itre ; inversement, quand nous cherchons a fonder ta négation, nous sommes satisfaits si nous arrivons 4 poser dans l'étre, ou en rapport avee Vétre, un non-étre quel- conque (il nous semble que ce non-étre est nécessairement Pétre du négatif ou le fondement de la négation). Lallernative est done la suivante : ou bien il n'y a pas de non-dtre, et la négation eat illusoire et non fondée ; ou bien ily a du non-dire, qui met le LA DIFFERENCE EN BLLE-MEME 89 Pout-ttre pourtant. 8 de dire d la fois qu’il y a du non-étre, et nigatif dans avons-nous des rais que le négatit est Le problime ou la question no sont pas des déterminations subjectives, privatives, marquant un moment. d'insuflisance Gans la connaissance. La structure problématique fait partie des objets, el permet de les saisir comme signes, tout, comme Vinstance questionnante ou problématisante fait partie de la connaissance, et permet d’en saisir Ia po la spécificite dans Vacte d'apprendre, Plus profondément encore, e’est Bre (Platon disait ffdée) qui « correspond » & Vessence du probléme fou de la question comme telle. IT y a comme une « ouverture », ique qui rapporte V'étre ot Ia question l'un & l'autre. Dans co rapport V’étre est la Diflérence jen non-8tre, mais le non-éire n'est as Vélre du négatif, c'est Vétre du problomatique, Wétre du pro- ime at de To question, La Diterence mest paste neg c'est au contraire le non-@tre qui est la Diflérence : &repov, non pas fvavetov. Crest pourquoi le non-ttre devrait, plutot s'éerire ju mieux encore ?-étre, Il arrive en ce sens que sse, désigne moins une proposition que l'interrogation iaquelle la proposition est censéo répondre. Ce (non)-tLre est Elément différentiel od l'alfirmation, comme affirmation mul- tiple, trouve le principe de sa genése. Quant & la négatio nest que Pombre do ce plus haut principe, Vombre de la diffé- rence a cété de l'aflrmation produite. Lorsque nous confondons Te (non)-Stre avee le négatit, lest inevitable que la eontr soit portée dans l'stre ; mais la contradiction, c'est encore I'appa- rence ou Tépiphénoméne, T'llusion projetée par le probleme, Pombre dune question qui demeure ouverte et de V'etre qui correspond comme tel avec cette question (avant de tui donner tune réponse), Nrest-ce pas déjien ce sens que Ia contradiction caractériso seulement chez Platon l'état. des dialogues dits apo- ‘Au-dela de la contradiction, lo différence — au-dela ie (non)-étre, aucdel’ du négatif, le probleme et 1, Nove sun a rauotorne oe sa sentnenag oe Hace , d’aprés lequl ells conti- Grest pourquoi régulateur signifle problématique. Les Idées par «lles-mémes sont problématiques, problématisantes — et. Kant, ‘malgré certains textes oi il assimile les termes, s'elTorce de mon- trer la différence entre « problématique » d'une part, et part « hypothétique », « fictif », « général » ou « abstrait ». En quel sens donc la raison kantienne, comme faculté des Idées, pose-t-elle ‘ou constitue-t-elle des problémes ? Crest que, seul capable de réunir en un tout les démarches de Ventendement ede ta rasan pure, preface de la 2° édition Bi rin pa dre cede ctement sa propre puissance; duivant tet i ts ablets de ba pense, faire meme See fagons diferentes de be poser des SYNTHESE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 219 concernant un ensemble d'objetst. L’entendement par lui-méme resterait enfoncé dans des démarches pareellaires, prisonnier dinterrogations ou de recherches empiriques partielles portant sur tel ou tel objet, mais ne s'éleverait jamais jusqu’a la concep- tion d'un « probléme » capable de donner & toutes ses démarches tune unité systématique. L'entendement seul obtiendrait des résultats ou des réponses, ici et li, mais jamais celles-ci ne cons- titueraient une « solution ». Car toute solution suppose un pro- bléme, c'est-i-dire 1a constitution d’un champ systématique unitaire orientant. ct subsumant les recherehes ou les interroga- tions, de telle maniére que les réponses & leur tour forment préci- sément des cas de solution. Il arrive & Kant de dire que les Idées sont des « problémes sans solution », Il veut dire, non pas que les Tdées sont nécessairement de faux problémes, done insolubles, mais au contraire que les vrais problémes sont des Idées, et que ces Idées ne sont pas supprimées par « leurs » solutions, puis~ quelles sont la condition indispensable sans laquelle aucune Solution n'existerait jamais. L'ldée n'a d'usage légitime que rapportée aux concepts de lentendement ; mais inversement les concepts de l'entendement ne trouvent le fondement de leur plein usage expérimental (maximum) que dans la mesure ot ils Sont rapportés aux Idées problématiques, soit qu’ils s’organisent sur des lignes convergeant. vers un foyer idéal hors de V'expé- rience, soit qu’ils se réfléchissent sur le fond d'un horizon supé- rieur qui les embrasse Loust. De tels foyers, de tels horizons sont Tes Idées, c'est-i-dire les problémes en tant que tels, dans leur nature immanente et transcendante a la fois. Les problémes ont une valeur objective, les Idées ont en quel- que maniére un objet. « Problé i lement lune espace particuliérement, importante d’actes subj tune dimension de Vobjectivité comme telle, investie par ces aetes. Un objet hors de l'expérience ne peut étre représenté que sous une forme problématique ; ce qui ne signifie pas que I'Idée na pas d'objet réel, mais que le probléme en tant que probleme est Fobjet réel de I'idée. Liobjet de I'Idée, rappelle Kant, n'est ni une fiction, ni une hypothise, ni un étre de raison : c'est un objet qui ne peut tre donné ni connu, mais qui doit étre repré- senté Sans pouvoir Gtre déterminé directement. Kant aime & dire que I'Idée comme probléme a une valeur & la fois obje; ds, Des Ides transer p. 206. Pappendice ata ditetique U1, p. 181 220 DIFFERENCE ET REPETITION iperfec- crest rizon ou de foyer. Bn effet, objet Tdée, nous sert pas les dé ne prétail vue de leur matitre. remier moment objectif de VIdée devient indirectement le: il est déterminable par analogie avec cvs objets de auxquels il confére Funité, mais proposent en retour une détermination « analogue » aux rapports qu’ils entretiennent entre eux. Enfin, obj idée porte eh soi Vidéal d’une détermination compl puisqu’ll assure une spécification des concepts de went, par laquelle eeux-ei comprennent, de plus en plus de différences en disposant d'un champ de continuité propre L'ldée présente done trois mi jerminée dans son objet, déterminable par rapport aux objets de lexpérience, portant I'idéal d'une détermination infinie par rapport concepts de est évident que I'ldée reprend ici lemps comme forme sous laquelle cette existence est Asterminable, le Je pense comme détermination. Les Idées sont exactement les pensées du Cogito, les différentielles Et pour autant que le Cogito renvoie a un Je félé, autre fendu par la forme du temps qui le traverse, il faut des Idées qu’elles fourmillent da quelles émergent constamment sur les bords de cette félure, sortant et rentrant sans cesse, se composant de mille maniéres diveraes. Aussi n'est-il pas question de combler ce quiine peut pas étre comblé. Mais de la différence réunit et articule immédiatement ce gue, la félure retient ce qu'elle féle, les Idées contien- nent aussi leurs moments déchirés. Il appartient a I'Tdée d rioriser la félure et ses habitants, ses fourmis. Iln'y a dans ication ni confusion, mais une unité objective problé- terne, de Vindéterminé, du déterminable cl do la tion. Gest peut-étrec it pas suffisamment, deux di restent. des carac- teres extrinséque: indéterminée, elle n'est déterminable que par rapport aux objets de Pexpérience, et SYNTHESE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 2 ‘déal de détermination que par rapport aux concepts -nt). Bien plus, Kant. incarnait ces moments dans ntiens le lui reprochérent, s'en tient au p du conditionnement sans atteindre & celui de la genése. Et si le gmatisme est toujours de combler ce qui sépare, celui 8 1 a encore trop d'empirisme dans la Critique (et trop de dogma- tisme chez les postkantions). 1 le point « critique » ois Ia différence fait fon en tant que diffrence, n'est pas encore assigi Nous opposons dz & non-A, comme le symbole de la différence (Differenzphilosophie) & celui de la contra: comme la difference en elle-méme a la négativité. Il est vrai que la contra diction cherche I'Idée du cOté de la plus grand que la différentielle risque de tomber dans lab petit, Mais le probleme ainsi n'est pas bien posé : c'est un tort de lier la valeur du symbole dz & l'existence des infinitésimaux ; mais c'est un tort aussi de lui refuser toute valeur ontologique ou gnoséologique au nom d'une récusation de ceus-ci. Si bien que, philosophique, ct beaucoup d'entrain, pour prendre au sérieux le symbole dr: Kant et méme Leibniz y renoncérent pour leur compte. Mais dans l'histoire ésotérique de la philosophie ditfé- rentielle, trois noms brillent 4’un vif élat : Salomon Maimon, paradoxalement, fonde le postkantisme par une réinterprétation nizienne du ‘calcu profond, élabore un sy jue impliquant une interprétation kant Bordas-Demoulin, a l'occasion d'une réflexion sur Des- platonicienne (1843). run Leibniz, un ilosophie difté- Kant, un Platon du cak d'une et me dépendre en rien des infiniment petits. Le symbole dz 222 DIFFERENCE ET REPETITION fois commo indéterminé, comme déterminable et sets correspondent. trois a ; correspond un principe de détermination complete. Bref, dr, c' Set — I'ldée platonicienne, leibnizienne ou kantienne, le on parle d’interpolation dintermédi de suites intrcalaires infinies ou de parties qui ne sont jan vee: sa cause forme ne se confond ni avec les quantités a (quantum) ni avec les quantités variables comme concepts de l'entendement. (quantilas). Aussi le symbole ‘qui l'exprime est-il tout & fait indéterminé : dz n'est striclement rien par rapport & 2, dy, par rapport a y. Mais tout le probléme est dans la signification’ de ces zéros. Des quanta comme objets \jours des valeurs particuliéres ; et mé naire, chacun garde une valeur indépen- comme concept de Ventende- inéralité désignant iei une infinité res possibles, autant que la variable peut en hargée de reprisenter les autres et de valoir pour elles : algébrique du cercle 2° Re =0. Iln’en est plus de méme pour ydy + adr = 0, qui signifie « Puniversel de la circonférence ‘ou de la fonetion correspondante », Les zéros de dz et de dy, expri inéantissement du quantum et de la quantitas, du général comme du particulier, au profit « de l'universel et de'son ‘elle est la force de Vinterprétation de Bordas- dy 30 Demoulin : ce qui s'annule en $4 ou }, ce ne sont.pas les quantités apparition ». SYNTHESE IDBELLE DE LA DIFFERENCE 223 iduel et tes lividuel » Bordas en! ‘On est passé d'un genre & un autre comme de l'autre cdté du miroir ; 1a fonction a partie muable ou la propriété de varier, elle ne représer ‘comme consistant dans la « coupure » ( tla coupure, en ee sens, qui constitue le genre prochain du nombre, a cause idéelle de la continuité ou 'élé par rapport & 2, dy par rapport ay, mais ils sont parfaitement. déterminable: i rapport & utre, Crest pourquoi un_ prin comme tel ¥ a, suivant l'expression de Bordas, « des rapports de Deet dy sont tout & fait indifférenciés, dans le parti- mais tout a fait différentiés dans Y sect pas comme une fraction Let par lui. Le rapport 2% xs dans V'intuition, mais n'est ntre grandeurs variables ou és algébriques. Chaque terme n’existe absolument que pport avee l'autre ; il n'est plus besoin, 1 iquer une variable indépendante. C'est’ pr maintenant, un principe de détermi "établit entre quanta particu Reno ty We analyve eompeenehelve st GF année, 1977 2m DIFFERENCE ET REPETITION synthise réciproque que I'Idée pose et développe sa fonction effectivement. synthétique, Toute la question est done : sous quelle forme le rapport différentiel estil déterminable ? TI Vest abord sous forme qualitative, et & es titre exprime une fonction qui différe en nature de Ia fonction dite primitive. Quand la siti dy primitive exprime 1a courbe, {¥=—2 exprine pour son compte la tangente trigonométrique de l’angle que la tangente & la courbe fait avec I'axe des abscisses ; et l'on a souvent souligné importance de cette différence qualitative ou de ce « change- ment de fonction » compris dans la different coupure désigne des nombres vent en nature des termes de Ia série des nombres ra Mais co n'est 1a quun premier aspect ; car le rapport di ‘il exprime une autre qualité, reste encore lié aux valeurs indivi- les ou variations qui spondant & cette qua- (par exemple tangent et témoigne seulement de la puissance de I'Idée de donner lieu & une Idée de I'Idée. L’universel par rapport. une qualité ne doit donc pas étre confondu avec les valeurs individuelles qu'il posside encore par rapport & une autre qualité. Dans sa fonction d'universel, il n'exprime pas simplement cette autre qualité, mais un élément pur de la qualitabilité. Gest en ce sens que Mdée a pour objet le rapport différentiel : elle intégre alors la variation, non plus du tout comme determination variable d’un rapport supposé constant (« variabilité »), mais au contraire comme degré de variation du rapport lui-méme (¢ variété »), auquel correspond par exemple la série qualifiée des courbes. MIdée élimine la variabilité, c'est au profit de ce quion doi ppeler variété ou mult L'Idée comme universel coneret s'oppose au concept de Ventendement, et posséde u hension d'autant plus vaste que son extension est gr dépendance réeiproque des degrés du rapport, et & la dépendance réciproque des rapports entre eu: la synthése universelle de I'Idée (Idée de I'l i Crest Salomon Maimon qui propose un remaniement fonda mental de la Critique, en surmontant Ia dualité kantienne du concept et de ion. Une telle dualité nous renvoyait. au critére extrinséque de la constructibilité, et nous dans un rapport extérieur entre le déterminable (I'espace kentien comme pur donné) et la détermination (le concept en tant que pensé). Que Pun s'adapte a Vautre par Vintermédiaire du schéme, ren- force encore le paradoxe dune harmonie seulement extérieure ins la doctrine des facultés cendantale & rule exigence gi conditions pour la diffé elles-mémes. Le jugement. physique tend ainsi A assurer son pr sur le jugement mathématique, et Ia gendse de I pas séparable de la genése des objets q apparait comme le systéme des rapports différenticls entre on écrit : « Quand je dis par exemp rent du vert, le concept de la diff de Ventendement comme le rapport leurs différen des Idées a prior... La Ia production d'un objet, ou le ce qui en fait un objet particulier, et les rapports ferents objets naissent des rapports de leurs dilfé- 226 DIFFERENCE ET REPETITION SYNTHESE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 207 une série constituée par les puissances de i (quantilé rentielles ». Pour mieux comprendt indéterminée) et les coefficients de ces puissances (nouvelles Maimon, revenons 4 un exemple ei plus court chemin. Le plus cour! pouls'interpréter de deux fagons : de telle mane que la fonction de dév ‘ou bien du point de vue du conditionnement, comme un schéme de cette variable soit comparable & celles des autres. 1 de Timogination qui détermine T'espace ‘conformément au pur de la potentialité app: premier coefficient ow concept (ligne droite définie, comme superposable & elle-méme en Ih promiére dérivé es el par conséquent tous toutes ses parties) — et en ce cas la difference reste extérieure, les termes de la série résultant de la répétition des é incarnée par une régle de construction qui s'établit « entre » le rations ; mais précisément tout le probleme est de concept et I'intuition, Ou bien le plus court s'interpréte du point, ient, Ini-méme indépendant de de vue de la genése, comme une 1dée qui surmonte la dualité du 4quiintervient objection de Wronski, concept et de intuition, qui intériorise aussi la différence de la Ia présentation de Lagrange (sri lor) que contre celle droite et de la courbe, et qui exprime cette diflérence interne de Carnot (compensation des erreurs). Gontre réciproque et dans les eondi- i la présentation de Carnot 's séries de Lagrange of, du py Yexhaustion, et qu'elle servait algorithme rigoureux qui caractérise selon Wronski la « eur Wune ligne courbe Ticients discontinus ne regoivent ins Ie savoir ntielles qui les, jéme élément, iL une « som celui de In. pote: pure. La puissance est Ia forme de la re de In génération détermination réciproque d’aprés laquelle des grandeurs variables des quantités ; seule la « graduation » ou continuité en eonstitue sont prises comme fonctions les unes des autres ; aussi le calcul 1a forme, qui appartient aux Idées de la raison. C'est pourquoi ne considére-til que des grandeurs dont Pune au moins se les différentielles ne correspondent certes & aucune quantité trouve & une puissance supérieure 4 une autre. Sans doute, le engendrée, mais sont une régle inconditionnée pour la. genése premier acte du calcul consiste--il en une « dépotentialisation » do Ia connaissance de la quantité, et pour la génération des de, Pquation: (per exemple an lien de '2 ef 2* argh, ‘on & discontinuités qui en constituent la matiére ou pour la construc~ ee . tion des séries!, Comme dit Wronski, la Gem G7): Mais Ponslogue se trouvoit- déid dans tos deux différence idéale », sans laqui figures précédentes, of tilas était condition pour ion, condition pour Vappari é. Cotte fois Ia dépoten lechnte agri ‘a théone et see formules des shies Les ‘na Gu al es me. INCE ET REPETITION SYNTHESE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 229 s_variétés dans on bien ne doit-il pas recevoir un statut ti Cellet concerne front ‘modernes serait, non pas da ‘ul lui-méme, mais dans d'autres déeouvertes comme ct ‘rie des qui, méme si elle a besoin pour son compte d'un axiome interprétation striclement finie du calcul. On sait en effet que la notion de limite a perdu wreux du point de re définissant les courbe, son caractére phoronomique et n'enveloppe plus que des consi- atent le rapport é dérations statiques ; que la variabilité cesse de représenter un passage progressif & travers toutes les valeurs d’un intervalle, pour signifier seulement. 'assomption disjonctive d'une valeut dans eet intervalle ; que la dérivée ot V'inkégrale sont devenues des concepts ordinaux plutst que quantitatifs Uielle enfin ne désigne qu’une grandeur qu'on la pour Ia faire au besoin plus petite qu'un nombre assig Gue le structuralisme est né, en méme temps que mouraient les «lon parle sxprime dans une cette it que les deux séries convergent. ow se pro- et la représentation ongent, soit qu’elles divergent au contraire. Tout métaphysique, sont- du calcul lui-méme. fut énoneée des le déterminabililé se dépassait vers la Crest. pourquoi la. qui eello-ei se dépasse vars Ia déterm form début © pourquoi, te de la quantitabilité, de la qualita négligeables et doivent L'Idée est un universel concret, of et la compré- évident qu’invoquer ici Pr tension vont_de_pair, non seulement parce qu'elle comprend niment petit de Verreur (si « erreur » paree qu'elle cor préjuge de la représentation infinie, La Elle subst donnée par Carnot, dans ses célébres Réfle ; toute sa du point de vue d'une interprétation finie : les équations diffé- 1e caractére de Vidée, rentielles sont de simples « auxi imant les conditions et le remarquable, du probléme auquel répond une équation cherchée ; elles se produit une striete compensation des erreurs, ital, puisque celui-ci is fixes ou finies. jes jusqu'au voisinage d'une autre singularité, Au-del ‘ausdeli du particulier comme du général, it pas un universel abstrait : ce qui est « pré Ih singularité méme. ne peut s'établir qu'entre ; Mais en invoquant essentiellen me », Carnot it le cadre de sa théorie, Déja instrument d'une combinatoire, lémes que l'on ne pouvait pas auparavant résoudre, ni méme et surtout. poser’ (problémes transcendants). On pensera notamment au réle des points régu- inguliers qui entrent dans Ia détermination complete Sans doute Ia spécifieation des points Crest-i-dire exprimait des La question de Finterprétation du eatcul sans doute présentée sous la forme suivante : les it petits sont-ils réels ou fictifs ? Mais dis le début, il s'agit aussi liers et STautre chose : le sort du calcul est-il ié aux infiniment petits, dune e 230 DIFFERENCE ET REPETITION uliers (par exemple cols, neouds, foyers, centres) ne se fait equation différe détermination complete concernant de ces points, d'une to iation méme. La complé- mentarité des deux aspects ne supprime pas leur dillérence de nature, au contraire, Et si la spécification des points montre déja Timmanence nécessaire du probléme & Ia solution, son engagement dans a solution qui le recouvre, 'existence et la répartition témoignent de la transcendance du probleme et de son role directeur dans l'organisation des solutions elles-méme: Bref, la détermination compléte d'un problime se confond aves Elles sont constitutives du probleme et de sa synthése. faute de comprendre la nature objective i r il & des erreurs méme utiles, ow a d fondées, de toute manitre A un moment subject du savoir imparfait, approximatif ou erroné. « problématique » Vensemble du problime et de ses conditions, Si les différentielles disparaissont dans Ie résultat, c'est. dans la mesure oit linstance-probléme différe en nature de linstance- solution, c'est dans le mouvement par lequel les solutions viennent nécessairement recouvrir le probléme, c'est. au sens oi qui ne se laisse pas exprimer dan: jonnels constituant les eas de sol 1. Albert Lavrstay a bien marqué cette tence us repartition des points sulle, ae analytiqn t SYNTHESE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 2a alternative : réel ou ficit ? tombe. Ni réel ni fictif, le différentiel exprime Ia nature du problématique en tant. que tel, sa consis- tance objective comme son autonomie subjective. Peut-étre aussi tombe l'autre alternative, celle de la repré- sentation infinie ou finie. L'infini et le fini, nous l'avons vu, sont bien les caractéres de la représentation pour autant que le concept qu'elle implique développe toute sa compréhension possible, ou la bloque au contraire. Et de toute facon, la représentation de la différence renvoie & Tidentité du coneept comme principe. ‘Aussi peut-on traiter les représentations comme des propositions de la conscience, désignant des cas de solution par rapport. au concept pris en général. Mais I'élément- du problématique, dans son caractére extra-propositionnel, ne tombe pas dans la tepré- sentation. Ni particulier ni générai, ni fini ni infini, il est objet de I'Idée comme universel. Cet élément différentiel est le jeu de la différence en tant que telle, qui ne se laisse ni médietiser par la représentation, ni subordonner & l'identité du concept. L'anti- ie du fini et. de Vinfini surgit précisément lorsque Kant, en du caractire spécial de la cosmologie, se croit obligé de verser dans la représentation le contenu correspondant de I'Idée de monde, Et selon lui, Pantinomie se trouve résolue, lorsque élément irréductible & la fois au fini et a V'infini (régression) ; et lorsque, pour une autre part, il joint & ect élément la pure pensée d'un autre élément qui différe en nature de la représentation Mais dans la mesure oii cette pensée pure reste indéterminée — n'est pas déterminée comme différentielle — la représentation, de son cdté, n'est pas réellement dépassée, non plus que les propositions de Ia conscience qui constituent ta matiére et le détail des antinomies. Or, d'une autre maniére, les mathématiques modernes aussi nous Iaissent. dans Vantinorni parce que la stricte interprétation finie qu’elles donnent du calcul n’en suppose pas moins un axiome de l'infini dans la théorie des ensembles qui la fondent, bien que cet axiome ne trouve pas dillustration dans le calcul, Ce qui nous échappe toujours, ‘est Pélément extra-propositionnel ou sub-représentatif exprimé dans I'ldée par le différentiel, sur le mode précis du probléme, II faut parler d'une dial platst que d'une métaphysique. Par di sndonsmullement 's opposées qui les lément du probleme, en tant qu'il se distingue de l'élément. proj mathématique des solutions. Conformément aux théses géné- 22 DIFFERENCE ET REPETITION fa trois aspects : sa différence de transeendance par rapport aux \Gories mathématiques, et apportées ss. Nous avons vu comment. Lous nse ealeul ction des conditions du probléme. Mais fant. Le calcul différe | appar- smatiques, c'est un instrument matique. Il serait done dy voir le ire aux mathé= ou psyel st vrai, d'une part, je A des ordres différents de méme ; et d’autre part que 5 en vertu de leur immanence non moins essentielle sxpriment eux-mémes techniquement. ns qu’ils engendrent en fonction de ue, Comme la droite et Ie eerele sont doublés yymbolique oi il s’exprime. C'est pourquoi 'on doit dire quill y a des problémes mathématiques, physiques, biolo- probleme soit jue par nature et. qu'il n'y ait. pas d’outre probléme que fmathémalique ns eomprend done ps seulement juoi le calcul différentiel appartient entiérement aux mathé- matiques, au moment méme oii il se trouve son sens dans Ia révélation dune dialectique qui dépasse 1a mathématique. ne peut méme pas considérer que, techniquement, le férentiel soit In seule expression mathématique des SYNTHESE IDEBLLE DE LA DIFFERENCE 233 problémes en tant que tels. Dans des domaines tris divers, les méthodes d’exhaustion jouérent ce réle, Ia géométrie analytique aussi. Plus récemment, ce rdle a pu étre mieux rempli par d'autres procédés. On se rappelle, en effet, Ie cercle dans lequel tourne la théorie des problémes : un problime n'est résoluble que dans Ja mesure oit il est « vrai », mais nous avons toujours tendance A définir la vérité dun probleme par sa résolubilité. Au lieu de fonder le critére extrinséque de la résolubilité dans le caractére intérieur du probleme (Idée), nous faisons dépendre le earactére interne du simple critere extéricur. Or, si un tel cercle a été brisé, clest d’abord par le mathématicien Abel ; c’est lui qui Glabore toute une méthode d’aprés laquelle ta résolubilité doit découler de la forme du probleme. Au lieu de chercher comme au hasard si une équation est résoluble en général, il faut déter- miner des conditions de problémes qui spécitient progressivement des champs de résolubilité, de telle maniére que « I'énoneé contienne le germe de la solution ». I y a la un renversement radical dans le rapport solution-probléme, une révolution plus considérable que la copernicienne. On a pu dire qu’Abel inaugu- rait ainsi une nouvelle Critique de la raison pure, et dépassait prévisément Vealrinsécisme kantien. Le méme ‘jugement se confirme, appliqué aux travaux de Galois : & partir d’un « corps » de base (R), les adjonctions successives & ce corps (R’, R”, R’”..) permettent une distinction de plus en plus précise ‘des rac @une équation, par limitation progressive des. subst possibles. I y a done une cascade de « résolvantes parti fou un emboitement de « groupes », qui font découler la solution des conditions mémes du probléme : qu'une équation ne soit pas résoluble algébriquement, par exemple, cela n'est plus ‘iécouvert & Tissue dune recherche empirique ou dun taton- rnement, mais d’aprés les caractéres des groupes et des résolvantes partielles qui constituent Ia synthése du probléme et. de. ses conditions (une équation n'est résoluble algébriquement, c'est- Andire par radicaux, que lorsque les résolvantes partielles sont des équations bindmes, et les indices de groupes, des nombres premiers). La théorie des problémes est complétement trans- formée, enfin fondée, parce que nous ne sommes plus dans Ia situation classique d'un maitre et d'un éleve — oi I'éleve ne comprend et. ne suit un probléme que dans la mesure ot le maitre en connait la solution et fait, en conséquence, les adjone- tions nécessaires. Car, comme le remarque Georges Verriest, le caractérise A un moment, non pas ce que nous savons des racines, mais objectivité de ce que nous n'en 236 DIFFERENCE ET REPETITION savons past, Inversement ce non-savoir n'est plus un négatif, une insullisance, mais une regle, un apprendre auquel correspond une dimension fondamentale ‘dans l'objet. Nouveau Ménon, c'est tout le rapport pédagogique q lui bien d'autres choses encore, la connaissance et sullisante. La « discerna raison 18 progressive » de Galois réunit dans un méme mouvement. continué le processus de la déter- roque et celui de la détermination complate ines, et distinetion des racines dans un couple). la figure totale de la raison suffisante, et y e lemps. Gest avec Abel et Galois que la théorie des problémes est, mathématiquement, en mesure de remplir 's proprement dialectiques et de briser le On fait done partir les les modernes de la théorie des groupes, ou de la théorie des ensembles, plutot que du calcul différentiel, Pourtent ce n'est pas un hasard si la méthode d'Abel concerne avant tout lintégration des formules différentielles. Ge qui nous importe, c'est moins Ia détermination de telle ou telle coupure dans histoire des mathématiques (géométrie ano- Iytique, ealeul des groupes...) que, & chaque moment de cette ymposent les pro- mathématique et la gene lite. De ce point de vue, ily a comme une téléologie continue dans le devenir ues, qui rendent, secondaires calcul dilférentiel et d'autres instruments. Le calcul reconnait des différentielles d'ordre différent, Mais c'est @une tout autre maniére que les notions de dit dre conviennent différentiels, un systéme de rapports difiérentiels entre éléments génétiques. Il y a dillérents ordres d’Idées, supposés les uns par Tes autres, suivant la nature idéale des rapports et des éléments considérés (Idée de I'Idée, ete.). Ges définitions n'ont encore rien 1. 6. Georges Vennesr, bigs, 1901, fe 41, in ures Conception dela ertique deta Kaloo cher Abel” fe rte dun nouveau prin 4 délermination chet Gatais: surtout pp. 213-221} pp. 290238. SYNTHBSE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 235 \ématiques surgissent avec les champs arent les [dées dialectiques de des problémes relative & ces dernier ordre, eb avec 'expres champs. D'autres ordres dans I'Idée s’incarnent dans d'autres ymps et dans d'autres expressions correspondant & d'autres seiences. C'est ainsi qu’a partir des problémes dialectiques et de leurs ordres se produit une genise des domai divers. Le calcul différentiel au sens le plus préci instrument mathématique qui, méme dans son dom: représente pas néeessairement la forme la plus achevé pression des problemes et de la constitution des solutions por rapport a 'ordre des Idées dialectiques qu'il incarne. Il n'en a pas moins un sens large, par lequel il doit désigner universel ment l'ensemble du composé Probléme ou Idée dialectique — Expression scientifique d'un probleme — Instauration du champ de solution. Plus généralement nous devons conclure quill n'y a pas de difficulté concernant une prétendue application des mathématiques, ct notamment du calcul différent héorie des groupes, & d'autres domaines. lomaine engendré, et oit s'incarnent les Idées dialectiques de tel ou tel ordre, qui posséde son propre calcul. Les Idées ont toujours un élément de quantitatibilits, de qualitabilite, de poten- toujours des processus de déterminabil determina- réciproque et. de détermination compléte ; toujours des distributions de points remarquables et ordinaires, toujours des tique d'une ‘métaphore ou de la raison suffisante. Il n'y a la nulle métaphore, le du transport dialectiq mathématiques qui sap; dialeclique qui instaure pour ses pro ordre et de leurs conditions, Ie calcul pondant au domaine considéré, propre au domaine considéré A Tuniversalité de la dialectique répond en ce sens une mathesis tuniversalis, Si 'ldéo est la différentielle de la pensée, ily a un calcul différentiel correspondant a chaque Idée, alphabet de ce que signifie penser. Le caleul différentiel n'est pas le plat calcul de Tutilitariste, le gros calcul arithmétique qui subordonne la pensée Igdbre de la pensée pure, supérieure des problémes eux-mémes — le seul calcul « par-dela le bien et lo mal ». C'est tout ce earactire aventureux des Idées qui reste & décrire. 236 DIFFERENCE ET REPETITION té ne doit pas désigner une combinaison de multiple et ‘au contraire une organisation propre au multiple en qui n'a nullement besoin de 'unité pour former un feme. Lun et le multiple sont des concepts de l'entendement forment les mailles trop Liches d'une dialectique dénaturée, procédant par opposition. Les plus gros poissons passent. travers, Peut-on eroire tenir le coneret quand on compense Finsuf- fisance d'un abstrait avec l'insuffisance de son opposé ? On peut dire longtemps « l'un est multiple, et le multiple un »— on parle comme ces jeunes gens de Platon qui n’épargnaient méme pas la basse-cour. On combine les contraires, on fait de la contrad: tion ; & aucun moment on n'a dit limportant, « combien », « comment», ¢ en quel cas >. Or Vessence n'est rien, général reuse, quand elle est séparée de cette mesure, de cette mania et de cette casuistique. On combine les prédicats, on rate 'Idée — discours vide, combinaisons vides ott manque’ un substantif. Le vrai substantif, la substance méme, c'est « multipli rend inutile Yun, et non moins le multiple. La m variable, c'est le combien, le comment, le chaque chose est une multiplicité pour autant qu'elle incarne I'Idée. ‘Méme le multiple est une multiplicité ; méme l'un est une mul- tiplicité. Que I'un soit une multiplicté (comme la encore Bergson et Husserl l'ont montré), voila ce qui suffit & renvoyer dos & dos les propositions d’adjectifs du type l'un-multiple et le multiple- un. Partout les différences de multiplicités, et la différence dans Ja multiplicité, remplacent. les oppositions schématiques et frossiéres. Il n'y a que la variété de multiplicité, e'est~A-dire la dittérence, au lieu de I'énorme opposition de l'un et. du multiple. Et c'est peut-dtre une ironie de dire : tout est multiplicité, méme Vun, méme le multiple. Mais lironie elle-méme est. une roultipli- cité, ou plutat Vart des multiplicités, l'art de saisir dans les choses, les Ldées, les problémes qu'elles incarnent, et de saisir les choses comme des incarnations, comme des cas de solution pour des problémes d'ldées. Une Liée est. une multiplicité définie et continue, an dimen- sions. La couleur, ou plutot I'Idée de couleur est une multipli- cité & trois dimensions. Par dimensions, il faut entendre les SYNTHESE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 237 variables ou coordonnées dont dépend un phénoméne ; par continuité, il faut entendre Tensemble des rapports entre les changements de i tique des ditférenti : entendre les éléments réciproquement déter ports, qui ne peuvent pas changer sans que e d'ordre et de métrique. Quand dev. a rmulliplicité, et & quelles conditions ? Ges conditions so ot permettent de définir le moment I faut. que les élén ni forme sensible ni signification conceptuel nable. His n’ont méme pas diexistenee actu inséparables dun potentiel ou d'une virtualité. C’est en ce sens quils nimpliquent aucune identité préalable, aucune position d'un quelque chose qu'on pourrait dire un ou le méme ; mais au contraire leur indétermination rend possible lama: de la dilférence en tant que libérée de toute subordination ; 20 il faut en effet que ces éléments soient déterminés, mois réci- proquement, par des rapports réciproques qui ne lissent sub- sister aucune indépendance. De tels rapports sont. précisément soit qu’ils caractérisent globalement, soit quis procédent par juxtepo- Ia multip! sition de voisinages. Mais toujours Ia multiplicité est maniére intrinséque, sans en sortir ni recourir 4 un espace forme dans lequal elle serait plongée. Les relations spatio-te relles gardent sans doute la multiplicité, mais en pe Trintériorité; les concepts de l'entendement gardent I'intériorité, mais perdent la multiplicité qu’ils remplacent par Videntité d'un Je pense ou d'un quelque chose de pensé. La multiplicité interne, au contraire, est le caractére de V'idée seuleme: 30 une liaison multiple idéale, un rapport différentiel doit s'actua~ liser dans des relations spatio-temporelles diverses, en méme temps que ses élémenls s'incarnent actuellement dans des lermes et formes variées. L'ldée se définit ainsi comme structure, La structure, I'ldée, cest le « théme complexe », une multiplicité interne, c'est-i-dire un systéme de liaison multiple non local sable entre éléments différentiels, qui sincarne dans des relations réelles et des termes aetuels. Nous ne voyons en ce sens aucune Aiffculté & concilier genése et, structure. Conformément aux travaux de Lautman et de Vuillemin concernant les mathéma~ tiques, le « structuralisme » nous parait méme le seul moyen par lequel’ une méthode génétique peut réaliser ses ambitions. I sullit de comprendre que la genése ne va pas d’un terme actuel, 238 DIFFERENCE ET REPETITION si petit soit-il, a un autre terme actuel dans le temps, mais du uel & son’ actualisation, c'est-A-dire de In structure & son incarnation, des conditions’ de problémes aux cas de solution, des éléments différentiels et de leurs liaisons idéales aux termes actuels et aux relations réelles diverses qui constituent & moment F'actualité du temps. Genése sans dy notion do syn- son tour eette notion. Le tort de Vinterpréti I différentiel ne fat-il pas d’en condamner les ambitions génétiques, sous le prétexte qu'elle avait dégagé une « structure » q Te calcul de toute considération phoronomique et dynamique ? Il y a des Tdées qui correspondent aux réalités et relations mathématiques, d'autres, aux faits et lois physiques. I y en a d'autres, daprés leur ordre, qui correspondent aux organismes, aux psychismes, aux langages, aux sociétés : evs correspondances sans resemblance sont struc- turales-génétiques. De méme que Ia structure est indépendante d'un principe d'identité, la genése est indépendante d'une régle de resemblance. Mais une Idée émerge avec tant d'aventures quill se peut qu'elle satisfasse déja a certaines conditions struc~ turales et ron pas encore & dautres. Aussi faut chercher l'application de ces eritéres dans des domaines tres différents, presque au hasard des exemples, Premier exemple, Vatomisme comme Idée physique. — L'ato- misme antique n'a pas seulement multiplié I’étre parménidien, ila concu les Idées comme des multiplicités d'atomes, Vatome étant élément objectif de la pensée. Dés lors, il est. bien essentiel que latome se rapporte & l'autre atome au sein d'une structure qui s'actualise dans les composés sensibles. Le elinamen, & cet égard, n'est nullement un changement de direction dans le mouvement. de latome ; encore moins une indétermination qu Umoignerait d'une liberté physique. C'est la détermination originelle de la direction du mouvement, la synthése du mou- vement et de sa direction, rapportant l'atome & l'autre atome. Incerlo tempore ne veut pas dire indéterminé, mais inassignable, illocalisable. S'il est vrai que Patome, élément de la pensée, se meut « aussi vite que la pensée méme », comme Epicure le dit dans la lettre & Hérodote, alors le clinamen est la détermination réciproque qui se produit ¢ en un temps plus petit que le de temps continu pensable ». Il n'est pas étonnant qu’Epicure emploie ici Ie vocabulaire de exhaustion : il y a dans le elinamen quelque chose d’analogue & un rapport entre différentielles des SYNTHESE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 239 atomes en mouvement. Il y a la une déclinaison qui forme aussi bien pensée, il y a 1a quelque chose dans la pensée qui témoigne d'une a partir de quoi elle pense : plus temps plus petit... ». — Néenmoins l'atome épicurien garde encore trop d'indépendance, une figure et une actualité. La détermination réciproque y a encore trop V'aspect d'une relation spatio-temporelle. La question de savoir si Patomisme moderne remplit, au contraire, toutes les conditions de la structure, doit étre posée en fonction des équations différentielles qui déterminent, is de In nature, en fonction des types de « Tiaisons multiples et non localisables » établies entro les particules, el du caractére de « potentialité », expressément econ & ces particules. Deuziéme exemple, Uorganisme comme Idée biologique. — Geoffroy Saint-Hilaire semble étre le premier a réclamer la considération d’éléments qu'il appelle abstraits, pris indépen- damment de leurs formes et de leurs fonctions. Gest pourquoi il reproche a ses prédécesseurs, mais aussi a ses contemporain (Cuvier), d’en rester & une répartition empirique des dillérences et des ressemblances, Ces éléments purement anatomiques, et atomiques, par exemple des osselets, sont. unis par des rapports idéaux de’ détermination réciproque : ils constituent. ainsi une « essence » qui est comme I’Animal en soi. Ce sont ces rapports différentiels entre éléments anatomiques purs qui s‘incarnent dans les diverses figures animales, les divers organes et leurs fonctions. Tel est Ie triple caractére de l'anatomie : atomique, comparative et transcendante. Geoffroy, dans le théliques et historiques de phi son réve, quit fut aussi le Newton de linfiniment petit, découvrir «le monde des détails » ‘ou des connexions idéales « & trés courte distance », sous le jeu sgrossier des différences ou des resemblances sensibles et concep- tuelles. Un organisme est un ensemble de termes et de relations réelles (dimension, position, nombre) qui actualise pour son compte, & tel ou tel degré de développement, les rapports entre éléments différentiels : par exemple, Vhyoide du chat a neuf osselets, tandis que celui de homme n’en a que cing, les quatre autres se trouvant vers le erdne, en dehors de Vorgane ainsi réduit par Ia station verlicale. La gentse ou le développement des organismes doivent done étre concus comme actualisation de essence, suivant des vitesses et des raisons variées déter- minées par le milieu, suivant des accélérations ou des arréts, 0 DIFFERENCE ET REPETITION mais indépendamment de tout passage transformiste d’un terme actuel 4 un autre terme actuel, Génie de Geoffroy. Mais la encore, la question d’un structu- ralisme en biologie (conformément au mot « structure » souvent employé par Geoffroy) dépend de l'ultime détermination des éléments différentiels et de leurs types de rapports. Des éléments anatomiques, principalement osseux, sont-ils capables de jouer ce role, comme si la nécessité des muscles n'imposait pas de mites & leurs rapports ‘encore une existence actuelle — trop actuelle ? I se peut que la structure renaisse & moyens, tion tout & fait nouvelle d'éléments différentiels et do liaisons idéales, Gest le cas de In génétique. ‘Autant de dillérences peut-étre entre la génétique et Geollroy, 4qu'entre latomisme moderne et Epicure. Mais les chromosomes apparaissent comme des loci, c'est-a-dire non pas simplement comme des liewx dans Tespace, mais comme des complexes. de rapports de voisinage ; les génes expriment des éléments dilfé- rentiels qui caractérisent aussi bien de maniére globale un orge- nisme, et qui jouent le réle de points remarquables dans un double processus de détermination réciproque et compléte ; le double aspect. du géne est. de commander & plusieurs caractéres & la fois, et de n'agir qu’en rapport avec d'autres genes ; I'en~ ble constitue un virtuel, un potentiel ; et cette structure carne dans les organismes actuels, tant du point de vue de jeur spécification que de la différenciation de leurs parties, suivant des rythmes qu'on appelle précisément « différentiels », suivant des vitesses ou des lenteurs comparatives qui mesurent Te mouvement de V'actualisation. Troisitme exemple : y a-til des Idées sociales, en un sens ‘marzisle? — Dans ce que Marx appelle « trav: i fait abstraction des produits qualifiés du travail et de la quali- fication des travailleurs, mais non pas des conditions de produc- tivité, de la force de travail et des moyens de travail dans une société. L'Idée sociale est V'élément de quantitatibilité, de qualitabilité, de potentialité des sociétés. Elle exprime un systme de liaisons multiples idéelles, ou de rapports dilférentiels entre éléments diflérentiels : rapporis de production et. de pro- prigté qui s'établissent, non pas entre des hommes concrets, mais entre des atomes porteurs de force de travail ou représen- tants de la propriété. L’économique est constitué par une telle multiplicité sociale, c'est-i-dire par les variétés de ces rapports différenticls, C'est elle variété de rapports, avec les points remar- SYNTHESE IDEELLE DE LA DIFFERENCE a carne dans les travaux ables qui toi correspondent, 2 4 isent une société déterminée, concrets différenciés qui caracté les relations réelles de cette société (ji nc profondément raison de montrer d ‘une véritable structure, et de récuser ricistes du marxisme, puisque cette structure n’agit nullement de fagon transitive et suivant V'ordre de la succession dans le temps, mais en inearnant ses varidtés dans des sociétés diverses et en rendant compte, dans chacune & chaque fois, de la simul- tanéité de toutes les relations et termes qui en constituent Tactualité : c'est pourquoi « I'économique » n'est jamais donné 2 proprement parler, mais désigne une virtu: & interpréter, toujours recouverte par ses formes tion, un theme, une « problématique » Loujours recouverte par e solution’, Bref I’économique, c'est la dialectique sociale ¢, c'est-aedire Pensemble des problémes qui se posent 8 e société donnée, le champ synthétique et problématisant de cette société. 'y a de problémes sociaux qu’économiques, bien que tions en soient juridiques, idéologiques, et que les problémes s’expriment aussi 8 de résolubilité. La phrase célebre de la Contri- bution d la erilique de U économie politique, « uniquement les tiches qu'elle est capable de résoudre », ne signifi pas que les problémes soient seulement des appar ni qu'ils soient déja résolus, mais au contraire que les con: jiques du probleme déterminent ou engendrent la mai fons dans le cadre des relations ré d'une société, sans toutefois que Vobservateur puisse en tirer Ie moindre optimisme, puisque ces « solutions » peuvent avoir Ja bétise et la eruauté, Vhorreur de la guerre ou de ¢ la solution du probléme juif ». Plus précisément, la solution est toujours celle qu'une société mérite, engendre, en fonction de la maniéere dont elle a su poser, dans ses relations réelles, les problémes qui se posent en elle et & elle dans les rapports diflérentiels qu'elle incarne. Les Idées sont des complexes de coexistence, toutes les Idées coexistent d'une certaine maniére. Mais par points, sur des bords, sous des Iueurs qui n'ont jamais Tuniformité d'une 1, Ch. Louls Auraussen, Etienne Batspan, Roger Fsranutr, Lire te Copl- tat (tsaspéro, 1968), t. IK" surtout pp. 180 54, pp. 204 64 m2 DIFFERENCE ET REPETITION Jumiére naturelle. A chaque fois des zones d’ombre, des obscurités cerespondant eur dno Lar Toes cedngurl non pas du tout de In méme maniére formes et les termes oi elles s‘incarnent. objectivement, suivant les conditions qui thése fluente. Gest qu’elles conjuguent la ‘mpuissance A se différencier. Les Tdées mprennent. en elles-mémes des sous- ions de varisté. D'abord des vant la nature des éléments et Idée mathématique, mathématique- Physique, chimique, biologique, psychique, sociologique, guistique... Chaque niveau implique des diflgrentielles d'un ordre » dialectique différent ; mais les éléments d'un ordre peu- vent passer dans ceux d’un autre, sous de nouveaux rapports, it quills se décomposent dans l'ordre supérieur plus vaste, soit. guile se rfléchisent dans Vorde infrieur, Ensuite, des vais caracléristiques, en largeur, qui correspondent aux'degrés d'un sma Sree ou oem was ee points singuliers pour chaque degré (Lelle équation des coniques donnant suivant le ¢ cas » une ine hyperbole, une para- droite ; ou les variétés elles-mémes ordonnées de l'ani- du pint de'vue de Init de enmpostion oy Ts varia ues du point de vue du systéme phonologique). Enfin, ds aris aztomatiyus, en profondcur. qui active, axiome commun pour des rapports différentiels d’ordre différent, “ond axiome cotneide Iui-méme avec un rapport sitme ordre (par exemple, addition de nombres réels et composition de déplacements ; ou, dans un tout autre domaine, tisser-parler chez. les Dogons de Griaule). — Les Tdées, distinctions d'Idées, ne sont, pas séparables de leurs types de variétés et de la maniére dont chaque type pénétre dans les autres. Nous proposons le nom de perplication pour désigner cet état distinctif et coexistant de I'Idée. Non pas que Ia « per- plexité », comme saisie correspondante, signifle un coefficient de doute, d’hésitation ou d’étonnement, ni quoi que ce s ingchevé dans 'Tdge méme, I s‘agit au'contraire de Vident de I'ldée et du probleme, du caractére exhaustivement. problé= matique de I'ldée, e’est-i-dire de la fagon dont les problémes sont objectivement détermings par leur conditions & portiiper Jes uns des autres d'aprés les oxigences ‘circonsteneiell Ss ‘ie In synthise des dees Liidéo n'est pas du tout Vessence, Le probléme, en tant SYNTHBSE IDBELLE DE LA DIFFERENCE 268 trouve du cbté des événements, des affec- tions, des accidents plutot que de l'essence théorématique. L'Idée se développe dans les auxiliaires, dans les corps d’adjonction qui mesurent son pouvoir synthétique. Si bien que le domaine de Mdée, c'est Vinessentiel. Elle se réclame de M'inessentiel d'une maniére aussi délibérée, avec autant dobstination farouche que celle avec laquelle, au contraire, le rationalisme réclamait pour elle Ia possession et Ia compréhension de l’essence. Le rationa- lisme a voulu que le sort de I'Idée fat lié & Vessence abstraite et morte ; eb méme, dans la mesure oi la forme problématique de VIdée était reconnue, il voulait que cette forme fat liée & la question de Vessence, c'est-i-dire & « Qu’est-ce que ? » Mais combien de malentendus dans eette volonté. Il est vrai que Platon se sert de celle question pour opposer I'essence et l'apparence, et récuser ceux qui se contentent de donner des exemples. Seulement iln'a pas d’autre but, alors, que de faire taire les réponses empi- riques pour ouvir I’hori un probleme transcen- dant comme objet. de de déterminer le probléme ou I'ldée comme telle, dés qu'il s'agit de mettre en Mouvement la dialectique, la question qu'est-ce que? fait, place & autres questions, autrement eificaces et puissantes, autrement impératives : combien, comment, dans quel cas ? La question « qu’est-ce que? » n’anime que les dialogues dits aporétiques, crest-ivdire ceux que la forme méme de la question jette dans lo contradiction et fait déboucher dans le ni parce qu'ils n'ont pas d’autre but. que propédeutique — le but @ouvrir Ia région du probléme en général, en laissant & d'autres procédés le soin de le déterminer comme probléme ow comme quiobjet de I'Idée, Tdée. Quand Vironie socratique fut prise au sérieux, quand la fue tout entiére se confondit, avec sa propédeutique, il fades conséquences extrémement facheuses ; car la dialectique cessa d’tre la science des problémes, et, & la limite, tit eb de Ia se confondit aveo le simple mouvement dun tion. Les philosophes se mirent & parler comme les jeunes gens de la basse-cour. Hegel, de ce point de vue, est I'abou- tissement d'une longue tradition qui prit au sérieux la question qu’est-ce que ?, ct qui s'en servit, pour déterminer I'Tdée comme essence, mais qui, par I substitua le négatif a la nature du pro- blématique, Ge fut lissue d'une dénaturation de Ia dialectique. Et combien de préjugés théologiques dans cette histoire, car ‘ qu'est-ce que ? », c'est toujours Dieu, comme lieu de combina toire des prédicats abstraits. Il faut remarquer combien peu de philosophes ont fait confiance Ia question qu’est-ce que? pour 4 DIFFERENCE ET REPETITION avoir une Idée. Aristote, surtout pas Aristote... Dés que la dia- lectique brasse sa matiére, au lieu de s'exercer A vide & des fins propédeutiques, partout retentissent. « combien », « comment », en quel cas » — et « qui ? », dont nous verrons plus tard le role et le sens. Ces questions sont celles de V'accident, de l'événement, de la multiplicite — de la différence — contre celle de I'essence, contre celle de I'Un, du contraire et du contradictoire. Partout Hippias triomphe, méme et déji dans Platon, Hippias qui FécusaitI'essonce, et qui pourtant ne se contentail pas d’exemples. Le probleme est de Vordre de I'événement. Non seulement parce que les cas de solution surgissent. comme des événements reels, mais parce que les conditions du probléme impliquent elles- mémes des événements, sections, ablations, adjonctions. En ce sons, il eat exact de représenter une double série d'événements qui se déroulent sur deux plans, se faisant écho sans ressem- blance, les uns réels au niveau'des solutions engendrées, les autres idéels ou idéaux dans les conditions du probléme, co des actes ou plutot des réves de dieux qui doubleraient notre histoire. La série idéelle jouit d’une double propriété de trans- cendance et d'immanence par rapport au réel. Nous avons vu, en effet, comment I'existence et la répartition des points singuliers appartenaicnt complétement a I'Idée, bien que leur spécification {0 immanente aux courbes-solutions de leur voisinage, c'est dire aux relations réelles ott I'ldée s'incarne. Péguy, dans son admirable description de l'événement, disposait deux lignes, l'une horizontale, mais l'autre verticale, qui reprenait. en profondeur Jes points remarquables correspondant a la premitre, bien plus, qui devangait et engendrait éterneliement. ces points remar- quables et leur incarnation dans la premiére. A In croisée des deux lignes se nouait le « temporellement. éternel » — le lien de Midge et de actuel, le cordon de poudre — et se dévidait notre plus grande maitrise, notre plus grande puissance, celle q concerne les problémes eux-mémes : « Et tout d'un coup, noi sentons que nous me sommes plus les mémes forgats. Il'n'y a rien eu. Et un probléme dont on ne voyait pas la fin, un problime sans issue, un probléme of tout un monde était aheurté, tout coup n’existe plus et on se demande de quoi on parlait. C'est 4, Jacques Bnonscuwig par exemple a bien montré que es questions aris- totdiiennen tsb bys sig aient, non pas di tout ou eat aque Vatre? el Qu'est Srquestce qul eat Petre Hetant Fret queatce {oat les choses ut son substances {ote Reowe phibrophigae, 1084, SYNTHBSE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 25 dans 'événement de ces états de surfu: se précipitent, qui ne se cristallisent, qui ne se di par Vintrodu in fragmer " Crest pourquoi le procédé de la vice-diction, propre 4 par- courir et & décrire les multiplicités et les thémes, est plus impor- tant que celui de la contradiction qui prétend déterminer I'essence et en préserver Ia simplicité. On dira que le plus « important », ar nature, c'est l'essence, Mais c'est Loute la question ; et d'abord précsément, des notions qui eoneertent Fevénement, Tasty et qui sont beaucoup plus «importantes » au sem de Praceident que ta grosse opposition de Vemence et de Taccident Tucméme, Le probleme de la pensge nest pas lis & Vessence, valuation doce quia de Timportance et de ce quin’en past la repartition du singulier et dt roglier, da remarquable ‘de Yerdinare, qui se fait tou entre dans Vinessentil ou dans fa description dune maltiplicite par rapport aux événements idéau qui constituent les conditions dun « probleme > Avoir Une 11ée ne signiie pas autre chose et esprit faux, la etise tlle méme, se dfinit avant tout par ses perpéuelles confusions Sur Timportant et Tinimportant, Vordinsre et le singulier. 1 Sppartient la vice-dicuon dengendrer les eas, ‘es ires ot des adjonclions. C'est elle qui présido & la répar- tition des points remarquables dans PTGEe; cet elle qui décide ie la rant dont une sen tere prolong, dn point lier sur des points régulirs,jusgu’h un autre point sin- guller et lequel; cest elle qui determine i Tes sériesobtenues fans D'ldée sont convergentes ou divengentes {ily @ done des Singulastés elles-mémes ordinaies d'apris In convergence des Sires, et des singularite remarquables, «'aprs lour divergence) Lees deux procédts de fa vicedition,intervenant la fos dans Ia détermnation des conditions du probléme et dans ln gentse corrélative des eas devolution, sont, dune pat, fa prcision des 1, Charles Pow, Clio, NRF p. 269 6 DIFFERENCE ET REPETITION corps d'adjonclion, d’autre part, la condensation des D'une part, en effet, nous devons, dans la détern dimensions, Ies fragments d'évén ments idéaux faturs ou passés e problime résoluble ; et nous devons fixer le mode sous lequel stenchainent ou s'emboitent. avec i nous devons les cinconstances, les points de fusion, de congélation, de e mn dans une sublime occasion, Kairos, qui fait éclater Ia solution comme quelque chose de brusque, de brutal et de révo- lutionnaire. C'est encore cela, avoir une Idée. Chaque dée a comme deux faces qui sont l'amour et la eolére : 'amour dans la recherche des fragments, dans la détermination progressive et Yenchainement des corps idéaux d'adjonction ; Ia colére, dans la condensation des singularités, qui définit. & coup d’événements «situation révolutionnaire » et fait Gest en ce sens que Lénine eut des de Vadjonction et de la condensati qui signifie que les Idées pas mes ne sont sculement dans notre téle, mais sont ans la production d'un historique actuel.) Et dans toutes ces expressions, « points singuliers et remarquabies », « corps d'adjonction », « condensation de singularités », nous ne devons pas voir des mélaphores mathématiques ; ni des métaphores physiques dans « points de fusion, de congélation...» ni des métaphores lyriques ou mystiques dans e amour et colére », Ge sont les catégories de lectique, les extensions du caleul diffe is universalis, mais aussi la physique universelle, I psychologi, la sociologie universelle) qui répondent A I'ldée dans tous ses domaines de multiplicité. Ce qu'il y a de révolutionnaire et d'amoureux dans toute Idée, ee par quoi les Idées sont toujours des lucurs inéyales d'amour el de courroux qui ne forment pas du tout une (Le plus important da considération des puissances. BL combien injuste la critique de Hegel a cet égard, sur les vachee noires, Des deux philoso st Schelling qui sait foire sortir la différence de la identique avec des éclairs plus fins, plus variés, contradiction : avee progressivi smour sont Tes puissances de I'ldée développent & partir d'un ye fy, c'est-aedire non pas d'un négatif ou d'un non- SYNTHBSE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 27 ‘tre (obx &), mais d'un Ctre problématique ou d'un non-existant, ‘tre implieite des existences au-dela du fondement. Le Diew tune Tdée. A, A’, A¥ forment Ie j ité’ pure, témoignant dans Ia philosophie de Schelling adéquat & le dialectique. Schelling était Ieibnizien. Mais aussi néo-platonicien. Le grand délire néo-platonicien qui donnait une réponse au probléme du Piadre, étage, emboite les Zeus d’aprés une méthode d'exhaustion et de développement des puissances : Zeus, Zeus?, Zeus. C'est Ii {que la division trouve toute sa porlée, qui n'est pas en largeur dans la différenciation des espéces d'un méme genre, mais en profondeur dans la dérivation et la potentialisation, ‘dans une forte de différenfiation déji. Alors s'animent en une dialectique sérielle les puissances d'une Différence qui rassemble et rapproche {8 auvényoc), et qui devient titanique avec colére, démiurgique aveo amour, et encore apolloniaque, aréique, ‘athénaique’.) Pas plus qu'il n'y a d'opposition structure-genése, il opposition entre structure et événement, structure et ser Les structures comportent autant d’événements idéaux que de variétés de rapports et de points singuliers, q nt avee les événements réels qu’elles déterminent, Ge qu'on appelle structure, systéme de rapports et d’éléments différentiels, est aussi bien sens du point de vue génétique, en fonction des rela- ions et des termes actuels oit elle s'incarne. La véritable oppo- ailleurs : entre I'Idée (structure-Svénement-sens) et 1a. Dans la représentation, le concept est comme a possibilité ; mais le sujet de la représentation détermine encore Pobjet’ comme réellement conforme au concept, co1 essence, C'est pourquoi la représentation dans son ensemble est lélément du savoir qui s'effectue dans Ia recollection de ‘objet pensé et sa récognition par un sujet qui pense. Mais Tdée fait valoir des caractéres tout autres. La virtualité de La. multi Tdée n'a rion & voir avec une po: supporte aucune dépendance a identi (ed, Ruel ‘el. notamment les 18 DIFFERENCE ET REPETITION jingularités de Pdée ne Inissent wosition de I'essence comme # ec que In chose jonte esti wr le mot essence, nce est préci= mnt le contraire sément accident, de ce qu’on appelle fessence, mais le contraire du contra rmultip pas plus apparence qu'essence, qu'une. Les procédés de la vice-diction ne issent donc pas exprimer en termes de représentation, mi finie ; ils me on 'a vu chez Lei «apprendre » infini, qui différe en nature du savoir. 6volue tout entier dans la compréh que tels, dans l'appréhens dans la composition des corps et 6vénements idé & nager, apprendre une langue étrangére, signit points singi avec ceux composer les de son propre corps ou de sa. pro ‘ais nous fait pénétrer dans un monde de problémes auteur, ni d'un spectateur, ni d’un personage sur seine, nulle représentation qui puisse '& travers les péripéti iéoe faire Vobjet a’ ou d'un recueillement du savoir, mais thédtre de problémes et de questions toujours ouvertes, entrainant le spectateur, la scéne et les personages dans le mouvement réel d'un apprentissage de tout linconseient dont les derniers éléments sont encore les problémes eux-mémes, SYNTHBSE IDBELLE DE LA DIFFERENCE 29 Comment fautil entendre le caractére nécessairement, in- conseient des Idées ? Faut-il comprendre que I'Idée est objet dune faculté particuliére exclusive, qui trouve d’autant mieux en lui son élément limite ou transcendant qu'elle ne peut pas le saisir du point de vue de lexereice empirique ? Cette h aurait déja Vavantage d’éliminer la Raison ou mém ddement comme faculté des Idées, et plus généralement d toute faculté constitutive d'un’ sens commun sous lequel est subsumé Texereice empirique des autres facultés concernant tun objet supposé le méme. Que la pensée, par exemple, trouve ‘en soi quelque chose qu'elle ne peut pas penser, qui est & la fois Timpensable et ce qui doit étre pensé, 'impensable ct ce qui ne peut étre que pensé — cela n snsible que du point Ue vue d'un sens commun ou d'un exercice déealqué sur 'empi- Fique. Suivant une objection souvent faite contre Maimon, les Ides, congues comme différentielles de la pensée, introduivent cen elles un minimum de « donné » qui ne peut pas étre pensé ; elles restaurent la dualité d’un entendement infini et d'un entendement fini, comme do conditions d'existence et de condi- tions de connaissance, que toute la Critique kantienne s'était, pourtant proposée de supprimer. Mais eette objection ne vaut {que dans la mesure oi les Idées selon Maimon ont pour faculté Ventendement, de méme que selon Kant elles avaient pour faculté la raiton, c'est-t-dire de toute maniére une faculté constituant un sens commun, Iui-méme incapable de supporter dans son sein la présence d'un noyau ot se briserait l'exercice empirique des facultés conjointes. Gest seulement dans ces conditions que I'impensable dans la pensée, ou Vinconscient d'une pensée pure, doit étre réalisé dans’ un entendement infini comme idéal du savoir, et que les différenticlles sont condamnées & devenir de simples fielions si elles ne trouvent pas, dans eet entendement infini, 1a mesure d'une réalité plei- int actuelle. Mais encore une fois Valternative est. fausse Autant dire que la spécificté du problématique, tenance de Vinconscient a la pensée finie, restent méconnues. Iin’en est plus de méme dans la mesure oit les Idées sont rappor- tées & Vexercice transcendant d'une faculté particulitre ibérée dun sens. commun, ‘Toutefois, nous ne croyons pas que cette premiére réponse soit suifisante, et que les Idées ou les structures renvoient & une faculté particuliére. Car I'Idée parcourt et concerne toutes les facultés. Elle rend possibles & la fois, d’aprés son ordre, et I'exis- tence dune faculté déterminée comme tell, et l'objet diflérentiel 250 DIFFERENCE ET REPETITION ou T'exercice transcendant de cette facullé. Soit la mulliplicité linguistique, comme systéme virtuel de liaisons réciproques entre quiss'incarne dans les relations et les Lermes actucls des langues ‘diverses telle multiplicité rend possible parole comme faculté, et objet transcendant de cette parol ce « métalangage » qui ne peut pas étre dit dans l'exercice empi- rique d'une langue donnée, mais qui doit étre dit, qui ne peut tre que dit dans l'exercice postique de la parole coextensif 4 la virtualité, Soit la multiplicité sociale : elle détermine la sociabi comme faculté, mais aussi objet. transcendant de la sociabilité, ne peut pas étre vécu dans les sociétés actuelles oft la multipl incarne, mais qui doit l’étre et ne peut que Pétre dans élément du bouleversement des sociétés (2 savoir simplement la Liberte, toujours recouverte par les restes d'un ancien ordre ct les prémices d'un nouveau). On en dirait autant des autres Idées icités : les multiplicités psychiques, Vimagination et les vitalité et Ie Le et Le sig t tour & tour avec toutes les iif d'aucune en particulier, pas ‘essentiel est. que, ains s du tout la forme d’un sens commu ire, Nous avons vu és, définie par Vexclusivité de l'objet transcendant que chacune appréhende, n’en impliquait pas moins un accord, d’aprés lequel chacune transmet sa violence & l'autre suivant’ un cordon de poudre, mais justement un « accord discordant » qui exelut la , de convergence et de collaboration du sens n. Ce qui nous semblait correspondre & la Dillérence qui articule ou réunit par elle-méme, c'était cette Discordance accordante. Il y a done un point ‘oi penser, parler, imaginer, sentir, etc., sont une seule et méme chose, mais cette chase affirme seulement la divergence des facultés dans leur exer- cice transcendant. Il s'agit donc, non pas d'un sens commun, mais au contraire d'un « para-sens » (au sens oli le paradoxe est aussi bien le contraire du bon sens). Ce para-sens a pour élé- ment les Idées, précisément parce que les Idées sont des mul- tiplicités pures qui ne présupposent aucune forme d'identité dans un sens commun, mais qui animent et décrivent au contraire V'exereice disjoint des facultés du point de vue tran- cendant. Ainsi les Idées sont des multiplicités de lueurs dif- {térentielles, comme des feux follets d'une faculté & l'autre, « virtuelle trainée de feux >, sans avoir jamais Phomogénéité de licités ph les Idées. correspon: SYNTHRSE IDBELLE DE LA DIFFERENCE 251 cette Iumiére naturelle qui caractérise le sens commun. Crest apprendre peut étre défini de deux fagons complémen- sopposent également & la représentation dans le savoir: rendre, c'est pénétrer dans I'ldée, ses variétés et ses points remarquables ; ou bien apprendie, c'est élever une faculté A'son exercice trancendant disjoint, V'élever & cette rencontre et a cette violence qui se communiquent aux autres. Crest pourquoi inconscient a deux déterminations complémentaires, qui excluent nécessairement de la représentation, mais quile rendent ddigne et capable d'une présentation pure : soit que I'ineonscient se définisse por le caractére extra-propositionnel et. non actuel des Idées dans le parasens, soit qu'il se définisse par le earactére non empirique de V'exercice paradoral des facultés. n'en reste pas moins que les Idées ont avec la pensée pure tun rapport tris particulier. Sans doute, la pensée doit-elle étre considerée ici, non pas comme la forme d'identité de toutes les facultés, mais comme une faculté particuliére définie, au méme ttre qué les autres, par sn objet diérentel et. son exercie die joint, Reste que le para-sens, ou Ia violence qui se communique Fane feat eat ent ala pensée ine ne : Ia pensée n'est déterminée & saisir son propre Cogilandum qu'a Vextrémité du cordon de violence Tdée a T'autre, met d’abord en mouvement Ia senliendum, etc. Cette extrémité peut étre aussi ‘ux instances du probléme et de la question, que nous avons laissée dans le vague jusqu’a présent. Il faut rappeler combien le 252 DIFFERENCE ET REPETITION de Ia pensée mode : etest que ce comy a cessé d'étre considéré comme exprimant un état provisoire et subjectif dans la représentation du savoir, pour devenir l'inten é de! Btre par excellence, ou la seule instance & laquelle tre & propremont parler répond, sans que la question soit par 1k supprimée ni dépassée, puisqu'elle seule au contraire a une ouverture coextensive & ce qui doit lui répondre, et & ce qui ne peut lui répondre qu’en la maintenant, la ressassant, la répétant, Geite coneeption de la question comme portée’ ontologique ‘anime aussi bien Yq@uvre d'art que la pensée_philosophique. Lieuvre se développe & partir, autour d'une félure qu'elle ne vient jamais combler. Que le roman, notamment depuis Joyee, ait trouvé tout un nouveau langage sur le mode du e Ques naire » ou de 1 Ing et des porsonnages essent évidemment pas quion n'est sir de rien, n'est évidemment pi pplication d'une méthode de doute généralisée, n'est pas le signe d'un scepticisme moderne, mais au contraire la découverte du problématique et de In question comme horizon transcen- comme foyer transcendantal appartenant de maniére « essenticlle » aux étres, aux choses, a AScouverte romanesque de I'ldée, ou sn découverte théatr sa découverte musicale, ou sa découverte philosophik en méme temps, In découverte dun exercice transcendant de la sensibilité, de la mémoire-imageante, du langage, de I pensée, par laquelle chacuze de ces facultés communique avec les autres dans sa pleine discordance, et s'ouvre sur la différence de I'Btre fen prenant pour l'objet, c'est-Adire pour question, sa propre difference : ainsi cette éeriture qui n’est plus rien que la question Ov'est-ce qu’écrire ? ou cette sensibilité qui n'est rien que Qu'est- ce que sentir ? et cette pensée, Que signifie penser ? En sortent plus grandes monotonies, les plus grandes faiblesses d'un nouveau sens commun, quand le génie de I'ldée mest pas 1a; ‘ais les plus puissantes « répétitions », les plus prodigicuses inventions dans le parasens, quand I'ldée surgi, violente. Rappe~ lons seulement les principes de cette ontologie de la question : Ie loin de signifier un état empirique du savoir appelé & dispa- raitre dans les réponses, une fois la réponse donnée, Ia question fait taire toutes les réponses empiriques qui prétendent la su primer, pour « forcer > la seule réponse qui 'a maintient eb Teprend toujours : tel Job, dans son entétement. d'une réponse de premiére main qui se confond avec la question méme (premiére SYNTHESE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 253 puissance de l'absurde) ; 2° d’oi Ia puissance de la questi de mettre en jeu le questionnant autant que ce sur quoi il questionne, et de se mettre en question elle-méme : tel Odipe, et sa maniére de me pas en finir avec le Sphinx (seconde puissance de I'énigme) ; 3° d’o la révélation de I’Btre comme correspondant & la question, qui me s¢ laisse pas réduire ou questionné ni au questionnant, mais les unissant dans Varti- culation do sa propre Diflérence : wi bv qui n'est pas non-ttre ou étre du négatif, mais non-étant ou étre de In question (tel Ulysse, et la réponse « Personne », troisidme puissance qui est celle de POdyssée philosophiqui Toutefois, cette ontologie moderne souffre ¢’'insuffisances. joue parfois de lindéterminé comme puissance objective de la question, mais pour faire passer tout un vogue subjectif qu'elle porte au compte de I'Btre, substituant & la force de la ppauvrissement d'une redite ou les stéréotypies ‘osité d'une belle ame, en rejetant les problémes du cbté des ion, si elle ne ibstacles extérieurs. Pourtant que serait une se développait. pas sous des champs problématisants de In déterminer dans une « science » caracl it pas de poser la question qui le des flangailles ; mais combien de fianeées disparurent, ou furent abandonnées, dés que la question trouvait son juste pro- bléme qui venait réagir sur elle, la corriger et la déplacer de toute la différence d'une pensée (ainsi le héros de Proust demandant le probleme de Uauore dart & faire, ot In question méme traverse uune radieale métamorphose). Nous devons cherchor comment les questions se développent en problémes dans une Idée, comment les problémes s'enveloppent en questions dans la pensée. Bt la encore, il est nécessaire de confronter Vimage classique de la \sée A une autre image, celle que suggére cette renaissance aujourd'hui de Vontologio. Car de Platon aux postkantiens, la philosophie @ défini le mouvement de In pensée comme un certain passage de Uhypo- thétique & Mapodictique. Méme l'opération cartésienne, du doute {la certitude, est. une variante de ce passage. Autre variante, e passage de la nécessité hypothétique & Ia nécessité métaphy- sique dans Origine radicale. Mais déja chez Platon la dialectique se définissat ainsi : partir a'hypothéses, se servir d'hypothises comme de tremplins, e'est-a-dire comme de « problémes », pour 256 DIPFERENCE BT REPETITION ns quill n'est plus possible, comme on I'a pourtant fait si légérement, d’y voir un jeu, une propédeutique, une gymnas- tique, un exercice formel. Kant lui-méme est plus platoni ‘quand il passe de Ia Critique de ta raison pure, tout ‘dre subordonnée a Ia forme hypothétique de l'expérience possible, & la Critique de la raison pratique, oi il d&couvre, & roblémes, la pure nécessité d'un principe catégorique, A plus forte raison les post-Kentiens, quand ils veulent opérer changer de « critique », la transformation du sique en jugement thétiquet. Tl n'est done pas Hggtime de résumer ainsi le mouvement de fa philosophie, de Platon a Fichte ou & Hegel, en passant par Descartes, quelle que soit Ia diversité des hypothtses de départ et des apodicticités finales. Au moins y 2-t-l quelque chose de commun : le point de départ trouvé dans une « hypothise », cest-A-dire dans une pro- position de la conscience affectée d'un coeMficient d'incertitude {fAt-ce le doute cartésien), et le point darrivée, trouvé dans une apodicticité ow un impératif dordre éminemment moral (U'Un- Bien de Platon, le Diew non trompeur du cogito cartésien, le principe du meilleur de Leibnie, Nimpératif catégorique de Kant, Ie Moi de Fichte, la « Science » de Hegel). Or, cette démarche fréle au maximum le vrai mouvement de la pensée, mais elle est aussi ce qui lo trahit au maximum, ce qui le dénature au maxi- ‘mum ; cel hypothétisme et ce moralisme conjoints, eet hypothé- Sur Puaton st Repatiue, VE iene regarde pas corumne se, cent iedie dea points “tout juaqu’a CAnhypotn ce pr eget ql depend et fdtacende sin vers une co “eC dete et profontnant commen lo, ct. apport de science», SYNTHESE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 255 tisme scientiste et ce moralisme rationaliste, rendent méconnais- sable ce dont ils approchent. Si nous disons : le mouvement ne va pas de 'hypothétique & podictique, mais du problématique 4 yord que la différence soit trés mince. D'autant plus mince que, si V'apodictique n'est pas séparable d’un impératif moral, la question, de son cdté, n'est pas séparable d'un impératif, méme dune autre sorte. Pourtant un abime est entre ces formules. ans Vassimilati hison du probleme ou de I'Idée, le processus réduction & des propositions de la conscience et & des repré tions du savoir : le problématique différe en nature de "hypothé- tique. Le thématique ne se c: Et ce qui est en jeu dans cette diflérence, c'est toute la répartition, toute la détermination, toute la dest facultés dans une doctrine en génér rent de parler de instance apodictiqu le deux formes d'impératifs & tous égards Les questions sont des impératifs, ou plutot les ins expriment le rapport des problémes avec les impéralife ils proctdent, Faut-il prendre Vexemple de la police pour manifestor In nature impérative des questions ? « C'est moi qui pose les questions », mais en vérité c'est déja le moi dissous du questionné qui parle a travers son bourreau. Les problémes ou les Idées émanent d'impératifs d’aventure ou d’événements qui se présentent, comme des questions, C'est pourquoi les problémes ne sont pas séparables d'un pouvoir décisoire, d'un fiat, qui fait de nous, quand il nous traverse, des étres semi-divins. Le mathé- tmaticien ne se dit-il pas déja de la race des dicux ? Dans les deux provédés fondamentaux de ladjonction et de la condensation s'exerce, au plus haut point, ce pouvoir de décision, fondé dans In ture des problémes & résoudre, puisque c'est’ toujours par fal ajouté par le mathématicien qu’ane Puissance infinie d’ajouter ne s'agit plus d’un jeu a la maniére Leibniz, ot if moral de régles prédéterminées se combine avec a d'un espace donné qu'il faut rempli ce hypothesi. Il s'agit plutdt d'un coup de dés, et de tout le ciel « ouvert, et du lancer comme unique régle. Les le dé ; les questions sont les dés eux- cer. Les Idées sont les combinaisons résultent des coups. Clest que le coup de dés propose nullement:d’abolir le hasard (le ciel-hasard). Abolir ie quantité arbitraire 256 DIFFERENCE ET REPETITION le hasard, c'est le fragmenter d'aprés des régles de probs plusieurs coups, de tel bré en hypothéses, ‘moralisé dans le principe d’un choix du met le gain. Le coup de dés, au co) firme en une fois le hasar 4 a persistance d’une méme tition des coupe a constante. Faire du hasard hiypothise, ni 1 un objet d'aflirmati Vimpératif et des questions q comme les singularités émanent de ce point aléatoire qui, chaque fois, condenso tout le hasard on une fois. On dira qu’en assignant ce point l'origine impérative des Idées, nous ne faisons qu’invo- quer Varbitraire, le simple arbitraire d’un jeu d’enfant, Yenfant- dou, Mais ce serait mal comprendre ce que veut dire «a Un’y a d’arbitraire dans le hasard que pour autant qu'il n’est pas affirmé, pas cst réparti dans tun espace, dans un nombre et sous des régles destinés a le conju- rer, Le hasard est-il assez aflirmé, le joucur lus perdre, puisque toute combinaison, et chaque coi ja produit, sont par nature adéquats a place et au commnandement mobiles ddu point aléatoire. Que signifie donc affirmer tout le hosard, chaque fois, en une fois ? Cette alfirmation se mesure a le mise en résonance des disparates émanant. d'un coup, et formant un probléme a cette condition. Tout le hasard alors est bien dans chaque coup est en une fois, bien que la ‘combinaison produite s0 tion progressive. Lo coup de dés opére le « détermination des éléments différentiels ow Ia distribution des inguliers constitutifs d'une structure. Se forme ainsi Ia avec les probleémes q wue la vérité d'un probléme en points relation circulaire des impér ‘découlent. La résonance cons tant que tel, ot naisse lui-méme de V'impératif. Le hasard aflirmé, tout. arbitraire mn dans un probléme. Les corps idéaux d’ad- resteraient livrés & Y'arbi- ‘en incorporant, tou grandeurs exprimables par V'adjoint. Une cuvre en général est toujours un corps idéal, en elle-méme, un corps idéal d’adjone- tion, L'ezuvre est un probléme né de l'impératif, elle est d’autant plus parfaite et totale en un coup que le probleme est d’autant ‘mieux déterminé progressivement comme probleme. L’auteur de SYNTHESE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 257 Veouvre est done bien nommé Vopérateur de I'Idée. Quand Ray- mond Roussel pose ses « quations de faits » comme des probliémes Arrésoudre, faits ou événements idéaux qui se metlent 4 résonner sous le coup d'un impératif de langage, faits qui sont eux-m: des flat; quand beaucoup de romanciers modernes s'insta dans ce’ point aléatoire, cette « tache aveugle », impérative, questionnante, & partir de laquelle l'euvre se développe comme problime en faisant résonner ses séries divergentes — ils ne font pas des mathématiques appliquées, nulle métaphore mathéma- tique ou physique, mais Stablissent, cette « science », mathesis universelle immédiate & chaque domaine, ils font de Meuvre un apprendre ou une expérimentation, et, en méme temps, quelque e de total & chaque fois, oit tout Ie hasard se trouve allirmé dans chaque eas, chaque fois renouvelable, sans que jamais un arbitraire ne subsiste, peut-, impliquant un temps purement logique capable de rer Ia genése ou l'actualisation. La détermination réciproque je des phondmes renvoie a cette détermination progressive qui exprime I'action du systéme virtuel sur la matiére phonique ‘at seulement quand on considére les phonémes abstraite- iro quand on a réduit Te virluel & un simple ‘que leurs rapports ont la forme négative d'une oppo- au lieu de rer tions différentielles autour io, mais introduit des valeurs proprement, problématiques qui ‘erminent la sélection significative des phontmes. Pour now de ce point de vue linguistique que le non-étre trouve 1a imation de sa dissociation nécessaire : d'une part, dans un E qu'on a pu appeler « discordantiel », dispars ou différentie!, et non pas négatif, NE problématique qui doit s’écrire (non)- ‘tre ou 2-étre ; d'autre part, dans un PAS dit ¢forclusif », qui doit s'écrire non-étre, mais qui marque seulement, dans la proposition engendrée, le résultat du processus préeédent. En vérité, ce n'est pas le NE explétif qui présente un cas particulier de négation peu explicable ; au contraire le NE explétif est le sens originel tel que la négation PAS en résulte, mais en résulte & la fois comme une conséquence nécessaire et comme une illusion cgay atamment Confront ing “hare ioBte = Om fours an expanse une ner ton fauna dans fe bea vse de Edmond Ontos, £2 dace ‘ubten tesa oe maine etry ty ten 266 DIFFERENCE ET REPETITION inévitable. « Ne... pas » se divise en NE. problématique et PAS négatif, comme en deux instances qui différent en nature, et seconde n’attire la premiére qu'en la trahissant. La genése du négatif est la suivante : les affirmations de Vétre sont des éléments génétiques, on forme de questions impératives ; elles se développent. dans la positivité de problémes ; les. propositions de In conscience sont comme des affirmations engendrées qui désignent les eas de solution. Mais précisément chaque proposition a un double néx probldme dans le domaine des solutions, e’est-A-dire la maniére dont le probléme subsiste & travers l'image déformée qu’en donne Ja représentation. La formule « ce n'est pas le cas »signifie qu'une hypothése passe dans le négatif pour autant qu’elle ne représente pas les conditions actuellement remplies d'un probléme, aux- 4quelles correspond au contraire une autre proposition. Le négatif ombre tournante du problématique sur "ensemble tions que celui-ci subsume comme cas. En régle la critique du négatif reste ineflicace tant qu'elle se forme d’aifirmation toute faite dans la proposition pre une genése de ‘apparence de négat comment ou comment la fférence en tant. que telle peut étre objet. d’affirmation pure. Cela n'est. possible que dans la mesure oi affirmation comme est produite 4 partir d’éléments géné questions impératives ou bien » & travers jdges probléma- condi is seulement comme l'ombre du pro- bléme auquel la proposition est. censée répondre, c'est-A-dire méme. rentiels et toutes les distributions de poi dans des ordres divers et « perpliquées » les unes dan: . Quand Ie contenu virtuel de I'Idée s'actualise, les variétés de Fapports slincarnent dans des espices distinctes, et corrélati- srrespondent. aux valeurs d'une ‘vement les points singuliers q variété s'incarent dans des pa de telle ou telle espéce. Par exempl SYNTHRSE IDBELLE DE LA DIFFERENCE 267 lanche qui perplique en soi les éléments et rapports couleurs, mais qui s’actualise dans les cespaces respectif és ‘comm Wy a de méme une blane langage qui contient dans sa virtualité tous les phonémes el rapports destinés a s'actu: rerses et dans les parties remarquables ; nous appolons différenciation actu: dans des espéces et des parties di bes. ypport un probléme différentié, & des ns de problémes différentiées, qu'une différenciation et de parties s'opére, comme correspondant aux cas du probléme, C'est toujours jonne une différenciation & ée ignore procés se confond avec In description ité pure, sur le mode du probléme ott sont. assignés des rapports et des ints des places et des fonctions des positions et des suis excluant toute détermination négative et trouvant ians des éléments d’affirmation génétiques ou pro- ducteurs. L'autre procés se confond avec la production daffir- mations ‘engendrées finies, qui portent sur les termes actuels ‘occupant ees places et positions, sur les relations réelles incarnant ‘ces rapports et ces fonctions. Les formes du négatif apparaissent bien dans les termes actucls et relations réelles, mais seulement fen tant quils sont coupés de la virtualité quils actualisent et du mouvement de leur actualisation. Alors, et alors seulement, les affirmations finies paraissent limitées en elles-mémes, opposées les unes aux autres, souffrant de manque ou de privation pour elles-mémes. Bref, le négatif est. toujours dérivé et représenté, is originel ni présent ; toujours le procés de la différence {férenciation est premier par rapport & celui du négatif ‘opposition. Les commentateurs de Marx, qui insistent sur la différenee fondamentale de Marx avec. Hegel, rappellent droit que la catégorie de différenciation au sein d'une mn du travail) se substitue, dans le aux concepts hégéliens d’opposition, de contradiction énation — lesquels forment seulement un mouvement, 268 DIFFERENCE ET REPETITION de Vapparence et ne valent. que pour les el du principe et du vrai mouvement de le demment. ifférences, dans une coexistence paisible en Idée des places et des fonctions sociales... Mais le nom de Marx suflit & la préserver de ce danger. Les problomes d'une société, tels quiils sont déterminés dans Vinfrastructure sous la forme du travail dit, « abstrait », regoi vent. une solution par le processus d’actualisation ou de di renciation (divi travail concret). Mais en méme temps que 'ombre du probléme persiste sur lensemble des eas di renciés formant. la solution, ceux-ci renvoient du probléme lui-méme une image falsifiée.' On ne peut méme pas dire que la falsification vienne aprés ; elle accompagne, elle double Pactua- lisation, Toujours le probléme se réfléchit dans de aus problemes en méme temps qu'il se résout, si bien que la solution se trouve généralement pervertie par ‘une inséparable fausseté. Par exemple, le fétichisine selon Marx est bien une « absurdité », ‘entendre par 1, non pas une illusion subjective qui nattrait de Ia conscience, mais une illusion objective, une illusion transcendantale née des conditions de la conscience sociale au cours de I'actualisation. Il y a des hommes dont toute lexistence sociale différenciée est lige aux faux problémes dont ils vivent, et d'autres, dont existence sociale est tout entiére maintenue dans ces faux problémes dont ils souffrent, et dont ils remplissent les positions truquées. Dans le corps objectif du faux probleme apparaissent toutes les figures du non-sens : c'est-A-dire les contrefacons de affirmation, les malformations des éléments et des rapports, les confusions du remarquable avec Vordinaire. C'est, pourquoi histoire n’est pas moins le liew du non-sens et de la bétise que le procés du sens. Les problémes échappent. par nature & la ‘al pou suspect do scours de om existence ne es Sutia, NRE), p. 10. SYNTHESE IDEELLE DE LA DIFFERENCE 269 science d’étre une fausse cons- lurel de la conscience sociale tion de valeur. Les problémes jue dans une « rectific xercice tran: . Lrobjet transcendant de sociabilité, c'est Ia révolution, C'est en ce sens lution est la puissance soci ce, le paradoxe d'une société, la colére propre de I'Idée sociale. La joment par le négatif. Nous ne pouvions pas fixe (ore détermination du négatif, ombre du probleme fen lant que fel, sans étre déja précipités dans une seconde déter- mination : le’ négatif est jeclif du faux probleme, le fetiche en personne. Ombre du probleme, le négatif est aussi le faux probléme par excellence, La lutte pratique ne passe pas par le négatif, mais par la différence et sa puissance d’allirmer ; guerre des justes est la conquéte du plus haut pouvoir, de décider des problémes en les restituant & leur vérité, luant cette vérité par-delA les représentations de > et les formes du négatif, en aceédant enfin aux Nous n'avons pas cessé dim relomber dans le vague d'une notion plus proche de l'indéter- miné que des déterminations de la différence ? ce que nous voulions éviter, précisément en pi Nous avons opposé le virtuel au réel ; il faut m: cette terminologie, qui ne pouvait pas encore étre virtuel ne s'oppose pas au réel, mais seulement & I'actuc inluel possdde une pleine réalilé, en lant que virtuel. Du virtuel, il faut dire exactement ce que Proust disait des états de réso- 0: « Réels sans étre actuels, idéaux sans étre abstraits »; symboliques sans étre flctifs. Le virtuel doit méme étre défini mme une stricte partic de objet réel — comme si l'objet parties dans le virtuel, et y plongeait comme ion objective. Dans lexposition du calcul diffé- souvent la différentielle & une « portion de la u bien, suivant la méthode de Lagrange, on le est la partie de objet mathématique qui doit rée comme dérivée et qui présente question, La réalité du virluel consiste dans dléments et 270 DIFFERENCE ET REPETITION rapports différentiels, et dans les points singuliers qui leur corres- pondent. La structure est la réalité du virtuel. Aux éléments et aux rapports qui forment, une structure, nous devons éviter & la de donner une actualité quiils n'ont. pas, et de retirer 1a in double processus de déter- ination complete définissait virtuel est complétement ‘art se réelame dune virtualité dans cem- virtuelle de laruvre ou de point de vue privilégié sur le termination doit étre une, détermination complete de pourtant n’en former qu'une partie. C'est que, suivant 2 @ Arnaud, on doit ‘objet comme complet et tinguer avec soin I autres points singul grité comme telle. Ily a done une autre partie de minée par I'actu cette autre partie représentée par la fonction dite intégration, en ce sens, n'est nullement linverse di forme plutot un processus différentiation déte mn est comme la seconde faut former la notion complexe de intégrité ou Vintégralité de objet. « sont ici le trait distinetif ou le rapport phonologique de la différence en personne. Tout objet est double, sans que ses deux moitiés se ressemblent, lune étant image virtuelle, autre SYNTHBSE IDBELLE DE LA DIFFERENCE ant wage actuelle. Moitiés inégales impaires. La différentiation ‘meme a déja deux aspects pour son compte, qui correspon- int aux variétés de rapports et aux points singuliers dépendant s valeurs de chaque variété, Mais la différenciation & son tour eux aspeets, lun qui concerne les qualités ou espéces diverses fclualisant les’ variétés, V'autre qui concerne le nombre ou parties distinetes actualisant les points sing {os genes comme systéme de rapports différent la fois dans une espéce et dans les parties orgeniques qui composent. Il n'y a pas de qualité en général qui ne renvoie & tin espace défini par les singularités eorrespondant aux rapports Uiltérentiels incarnés dans cette qualité. Les travaux de Lavelle tt de Nogué, par exemple, ont bien monteé V'existence d'espaces propres aux qualités, et la maniére dont oes expaces se construi- 1 voisinage de singularités : si bien qu’ a se trouve toujours sous-tendue par Plus encore, la réflexion des peintres nous apprend pace de chaque couleur, et sur le raccordement. de ‘ces espaces dans une @uvre. Des espéces ne sont différenciges que chacune a des parties elles-mémes différenciées. ou spéi dds lors, ces deux aspects de la avec les deux aspects précédents jent les deux moitiés dis cespices incarnent les variétés les parties organiques incarnent les singularités corres- pondantes. Mais Ia précision de 'emboitement apparait. micux, de deux points de vue complément 8. lbte opére la différentiation rrme des courbes intégrales & leur voisinage, c'est~A- ion d'espéces et d’espaces actuels ou différenciés. aspects essentiels de la raison suflisante, détermi- mination réciproque, détermination complete, que dans la déter ‘i un piétinement, mais une véritable progression cites termes réciproques doivent étre gagnés de proche en proche, ‘les rapports eux-mémes, mis en rapport entre eux. La complé- tude de'la détermination n'implique pas moins la progressivite 22 DIFFERENCE ET REPETITION um point de départ comme dans bien plutst, entre A et B, : progressive de ensemble d'un champ problématique. Il en est comme dans le poime de Vitrae, oi les différentes démarches qui forment chacune un potme (I'Berire, le Réver, VOublier, Rechercher son contraire, PHumoriser, enfin le Relrouver en U'analysant) déterminent pro gressivement l'ensemble duu poéme comme Probléme ou M plicité. C'est en ce sens que toute structure, en vertu de cette progressivité, posséde un temps purement’ logique, idéel ow dialectique. Mais ce temps virluel détermine lui-méme un temps do différenciation, ou plutot des rythmes, des temps divers a'actualisation qui correspondent aux rapports et aux singula- rités de la structure, et qui mesurent pour leur compte le passage du virtuel & Yactuel. Quatre termes, a cet égard, sont synonymes : actualiser, différencier, intégrer, résoudre. Tel virtuel, que s'actualiser, c'est. s0 différenci insi que, dans le vivant, le processus — pour pressentir déja Ia puissance logique d’une affirmation des . Mais nous, verrons que Ia distance ai lement, une grandeur extensive, et doit étre rapportée a son origine intensive. Parce que lintensité est. déja différence, elle renvoie & une suite d'autres différences qu'elle affirme en s'affirmant. On remarque en général qu'il n'y a pas de rapports de fréquences nuls, pas de potentiel effectivement nul, pas de pression nulle absolument ; comme sur une régle de graduation logarithmique, le 2éro se trouve a V'infini du ebté de fractions de plus en plus petites. Et il faut aller plus loin, quitte & tomber dans une « éthique » des quantités intensives. Construite au moins sur deux séries, supé- rieure ct inférieure, et chaque série renvoyant & son tour & autres séries impliquées, I'intensité affirme méme le plus bas, elle fait, du plus bas un objet d’affirmation. Il faut la puissance d'une Cascade ou d'une chute profonde pour aller jusque-ti, pour faire de la dégradation méme une affirmation. Tout est vol de Vaigle, tout est surplomb, suspens et descente. Tout va de haut en bas, el, par ce mouvement aifirme le plus bas — synthése asymétrique. Haut et bas ne sont d’ailleurs que des maniéres de dire. I! s'agit de la profondeur, et du bas-fond qui lui appartient. essentiellement. Pas de profondeur qui ne soit « fouilleuse » d’un bas-fond : c'est. 1 que la distance s'élabore, mais la distance nis ul i ust ats mt fe eerste imonsivaion (rads Fevnien, Gaultier [etationae ens deta notion decomplementar re) — ionniate sans nagaion de la giamdtie pro “a Irateue donne fe nombres exemple thematique, tlles que Mme Févrie fant pas venir de ln notion méme de distance ou ‘problemes que SYNTHRSE ASYMETRIQUE DU SENSIBLE 308 distancie, la différence comme comme affirmation de ce q\ Sublimation du bas ‘Quand surgit le négatif ? La négation, c'est V'image renversée die la difference, c'est-i-dire Vimage de V'intensité vue d’en bas. ‘en haut, est affirmation de gatif n'apparatt done qu’avec l’étendue et la qu: avons vu que la premiére dimension de I'étendue était puissance tation, comme la seconde, puissance d’opposition. Et ces deux figures du négatif se trouvent fondées dans le caractére ‘cconservatif » des extensions (on ne peut faire croftre une exten- Sion dans un systéme, sans faire décrottre Pextension de méme nature du systéme en relation). La qualité & son tour semble inséparable de opposition : opposition de contradiction, comme Va montré Platon, dans la mesure oit chaque qualité pose I'iden- tité du e plus » et du « moins » dans les intensités qu'elle isole ; ‘opposition de contrariété dans la distri couplée des qualités les-mémes. Et quand la contrariété fait défaut, comme dans le feas des odeurs, c'est pour faire place & un jeu de limitations ‘dans une série de ressemblances croissant ailleurs, la ressemblance est-ell Ug, celle de l'étendue (ou linvariance celle de tension) : par la, l'étendue et la qualité sont les deux formes de la généralité. Mais précisément, ceci sullit & en faire les éléments de Ia représontation, sans lesquels la représentation méme ne pour- rait remplir sa tiche la plus intime qui consiste & rapporter différence 4 Videntique. Aux deux raisons que nous avons précé- demment déterminées pour rendre compte de Villusion du négatif, nous pouvons done en joindre une troisiéme, La différence n'est pas la négation, c’est le négatif au contrai qui est différence renversée, vue du petit c&té. Toujours la bougie dans Veil du beeut. La différence est renversée, d’abord, par les exigences de la représentation qui la subordonne & M"identité. Ensuite, par lombre des « problimes », qui suscite Vllusion du ‘gatif. Enfin, par 'étendue et la qualité qui viennent recouvrir uw expliquer Vintensité. C'est sous la qualilé, ces! dans Uélendue que Vinlensilé apparatt [a léle en bas, et que sa différence caracté- ristique prend la figure du négatit (de limitation ou d’ opposition). La différence ne lie son sort au négatif que dans l'étendue, sous la qualité qui, précisément, tendent 4 l'annuler. Chaque fois que nous nous trouvons devant des oppositions qualifies, et dans lune étondue of elles se répartissent, nous ne devons pas compter, our les résoudre, sur une synthése extensive qui les surmonte-

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