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Hémorragie génitale
de la femme après la puberté
Orientation diagnostique
• L’échographie pelvienne se réalise par voie sus- quantitatif des hCG plasmatiques et les données de
pubienne, vessie pleine, à l’aide d’une sonde de 3 à 5 MHz l’échographie pelvienne sont utiles au diagnostic
et par voie vaginale, vessie vide, à l’aide d’une sonde de lorsque les symptômes sont frustes : métrorragies isolées,
7 MHz. Cet examen permet de définir la topographie de absence de signes généraux et de signes fonctionnels.
l’œuf, sa vitalité et sa qualité au cours du 1er trimestre de • Grossesse intra-utérine évolutive : cliniquement, les
la grossesse. En dehors de la grossesse, elle permet hémorragies sont modérées, le volume utérin correspond
d’évaluer la morphologie de l’utérus et l’ultrastructure à l’âge de la grossesse et le col est fermé. Le taux des
de l’endomètre. C’est un examen de choix pour rechercher hCG plasmatiques est conforme à l’âge gestationnel.
une pathologie annexielle. L’échographie pelvienne recherche les signes évoquant
• L’hystérosalpingographie est de moins en moins la bonne évolutivité de cette grossesse. Grâce à la qualité
pratiquée et ses indications concernent essentiellement de la résolution des sondes vaginales haute fréquence
la recherche d’une adénomyose et l’évaluation de la actuellement sur le marché, un sac ovulaire tonique est
perméabilité tubaire. visible à partir de la 4e semaine d’aménorrhée, l’em-
• L’hystérosonographie est une méthode plus récente bryon est visible à partir de la 5e semaine d’aménorrhée
qui consiste à injecter du sérum physiologique dans la et son activité cardiaque est visualisée à partir de la
cavité utérine pour rechercher sous échographie des 6e semaine d’aménorrhée. Les causes des métrorragies
lésions intracavitaires. dans les grossesses intra-utérines évolutives sont mal
• Une hystéroscopie avec biopsie endométriale est définies : décollement partiel du trophoblaste par un
indiquée systématiquement chez la femme ménopausée hématome décidual marginal ou défaut d’accolement
ou sur signes d’appel cliniques ou paracliniques chez la trophoblastique, lyse d’un deuxième œuf, infection. Le
femme en période d’activité génitale, en l’absence de repos associé au traitement progestatif permet une issue
grossesse. favorable dans 90 % des cas.
• En cas de pathologie cervicale, le diagnostic cyto- • Grossesse intra-utérine non évolutive : cliniquement,
logique et histologique est respectivement obtenu par le les métrorragies sont d’intensité variable, le volume
frottis cervical et par la biopsie cervicale guidée par utérin est souvent inférieur à l’âge gestationnel et le col
colposcopie. peut s’ouvrir dans les avortements spontanés. Le taux
• Sur le plan biologique, une hémorragie génitale sévère des hCG plasmatiques est inférieur à celui attendu à un
impose la détermination du groupe sanguin et son phéno- âge gestationnel donné. La non-évolutivité d’une grossesse
typage, le Rhésus, la recherche des agglutinines irrégu- intra-utérine est souvent en relation avec des anomalies
lières et un bilan de coagulation. chromosomiques majeures. Plusieurs situations sont
décrites :
Diagnostic différentiel – œuf clair : sac ovulaire déformé dont le diamètre est
supérieur à 25 mm sans embryon visible ;
L’interrogatoire et l’examen clinique sont essentiels – mort embryonnaire : embryon visible sans activité
pour éliminer les causes non génitales de saignement : cardiaque, de taille inférieure à celle que l’on attend
– causes digestives basses : hémorroïdes, ulcération pour un âge gestationnel donné ;
thermométrique, pathologie rectocolique ; – avortement imminent : sac ovulaire déformé, volontiers
– causes urinaires : ectropion, polype du méat urétral, situé au niveau de l’isthme, embryon en partie lysé ;
hématurie. – avortement complet : expulsion complète du produit de
conception, col ouvert et utérus vide à l’échographie ;
– avortement incomplet : trophoblastique résiduel
Hémorragie génitale en période visualisé en échographie après expulsion de l’œuf.
d’activité génitale • Grossesse extra-utérine : la forme typique concerne
la grossesse tubaire ampullaire non rompue. Les facteurs
Une grossesse doit être recherchée par l’interrogatoire de risque sont les antécédents de grossesse extra-utérine
(retard de règles) et l’examen clinique. Son existence et de chirurgie tubaire, les maladies sexuellement trans-
sera confirmée par le dosage des hCG plasmatiques. missibles et les antécédents d’infection pelvienne. Les
métrorragies sont distillantes, peu abondantes, noirâtres
ou sépia. Les douleurs pelviennes sont volontiers localisées
Hémorragies génitales gravidiques au niveau d’une fosse iliaque. L’examen clinique peut
retrouver une masse latéro-utérine sensible à la mobili-
1. Hémorragie génitale du 1er trimestre sation. Le taux des hCG plasmatiques est inférieur à
Les hémorragies génitales du 1er trimestre sont fréquentes celui attendu pour un âge gestationnel donné.
(25 % des grossesses) et leur pronostic est réservé L’échographie pelvienne révèle rarement des signes
(50 % d’interruption). Les examens paracliniques ne sont directs (masse latéro-utérine) et plus fréquemment des
pas utiles lorsque les symptômes sont importants : avorte- signes indirects (utérus vide, image de pseudo-sac
ment spontané hémorragique avec expulsion du produit arrondi par décollement de la caduque, épanchement du
de conception, grossesse extra-utérine rompue avec cul-de-sac de Douglas sous la forme d’une lame liqui-
hémopéritoine et état de choc hypovolémique. Le dosage dienne). Les formes cliniques sont les suivantes : forme
sein, etc.) doivent être recherchés. Il se manifeste par • Causes : les hémorragies utérines fonctionnelles sont
des métrorragies parfois associées à une hydrorrhée. habituellement rythmées par le cycle menstruel ou peuvent
L’échographie pelvienne couplée au doppler par voie être déclenchées par une prise médicamenteuse (cause
vaginale montre dans les formes précoces un épaissis- iatrogénique) :
sement anormal de l’endomètre hypervascularisé pour – hémorragies fonctionnelles de l’ovulation : elles appa-
la période considérée du cycle menstruel. L’hystéro- raissent au 14e jour du cycle au point bas de la courbe
salpingographie montre une image lacunaire irrégulière thermique. Ces métrorragies peu abondantes sont
intracavitaire. Le diagnostic positif repose sur la biopsie souvent associées à une douleur localisée à une fosse
endométriale guidée par hystéroscopie ; iliaque ;
– dispositif intra-utérin : il est classiquement responsable – hémorragies fonctionnelles prémenstruelles : elles
de ménorragies par augmentation de la synthèse locale sont en rapport avec une insuffisance lutéale. Le plateau
des prostaglandines. Cette cause ne peut être retenue thermique est court. Des pertes brunâtres précèdent de
qu’après avoir éliminé les précédentes. quelques jours la survenue de règles normales ;
• Causes annexielles : les touchers pelviens peuvent – hémorragies fonctionnelles postmenstruelles : elles
retrouver un empâtement d’un cul-de-sac vaginal, une sont liées à une insuffisance de la sécrétion œstrogé-
infiltration du cul-de-sac de Douglas ou une masse nique en début de cycle ;
latéro-utérine. Ils sont douloureux lorsqu’ils sont en – hémorragies fonctionnelles de la périménopause :
rapport avec une infection. Les anomalies annexielles elles sont liées à l’hyperplasie de l’endomètre dans le
sont explorées en premier lieu par une échographie cas d’une hyperœstrogénie relative induite progres-
pelvienne et accessoirement par une hystérosalpingo- sivement par plusieurs cycles anovulatoires. Le
graphie. En fonction des signes d’appel échographiques, diagnostic d’hyperplasie de l’endomètre est évoqué
une cœlioscopie, voire une laparotomie, est indiquée : par l’échographie pelvienne par voie vaginale et
– salpingites aiguës : elles peuvent entraîner des métror- confirmé par l’hystéroscopie et la biopsie ;
ragies (40 %) peu abondantes, associées à des douleurs – dystrophies ovariennes : elles sont dues à un dysfonc-
pelviennes dans un contexte fébrile. L’échographie tionnement de l’axe gonadotrope responsable d’une
peut être normale ou montrer un épaississement des dysovulation ou d’une anovulation. Elles se manifestent
parois tubaires dans les salpingites catarrhales. Elle par des cycles irréguliers, plutôt longs (spanioménor-
peut montrer un épanchement dans le cul-de-sac de rhée) et parfois par des métrorragies. L’hirsutisme et
Douglas, voire une collection tubaire (pyosalpinx) l’obésité sont inconstants. Le toucher vaginal met en
dans les salpingites sévères. Le bilan infectieux évidence de gros ovaires lisses et indolores. L’écho-
(sérologies, prélèvements bactériologiques cervico- graphie peut retrouver des ovaires multikystiques avec
vaginaux) permet d’identifier le germe responsable. une hypertrophie stromale. Les dystrophies ova-
La cœlioscopie confirme le diagnostic, permet les riennes ont un profil biochimique bien défini : hyper-
prélèvements bactériologiques (cul-de-sac de Douglas, androgénie ovarienne et augmentation de la sécrétion
brossage tubaire) et autorise certains gestes thérapeu- de luteinizing hormone (LH) ;
tiques. Elle est essentielle chez les femmes désireuses – hémorragies utérines iatrogéniques : elles sont induites
de grossesses ; par un traitement mal équilibré : œstroprogestatif
– tumeurs de la trompe : elles sont exceptionnelles (arrêt prématuré de la pilule, spottings sous pilule à
(0,1 à 0,5 % des cancers génitaux de la femme) ; faibles doses d’œstrogène), progestatif par atrophie de
– tumeurs de l’ovaire : elles provoquent rarement des l’endomètre, anticoagulant (antivitamines K, héparine),
métrorragies. Toutefois, certaines formes endocrines antiagrégeant (aspirine). Une cause organique doit
(fibrothécome ou tumeur de la granulosa) sécrétant être recherchée si les symptômes perdurent malgré
des œstrogènes peuvent provoquer des hémorragies l’arrêt du traitement.
utérines par hyperplasie endométriale. Les kystes de
l’ovaire posent le plus de problèmes diagnostiques 3. Causes générales
pour définir leur nature fonctionnelle ou organique, Les hémorragies utérines peuvent être liées à une anomalie
bénigne ou maligne. L’examen clinique, l’échographie de l’hémostase : hémopathie congénitale (maladie de
pelvienne couplée au doppler couleur et le dosage du Willebrand) ou acquise (hémopathie maligne, thrombo-
cancer antigen 125 (CA 125) permettent d’orienter le pénie, thrombopathie, troubles de la coagulation, insuffisance
diagnostic. La cœlioscopie, voire la laparotomie, sont hépatocellulaire). Elles peuvent aussi entrer dans le cadre
indiquées en cas de forte suspicion d’organicité ou de d’une endocrinopathie : obésité, diabète, hyperthyroïdie.
malignité.
2. Causes fonctionnelles
Hémorragies génitales
• Définition : les hémorragies utérines fonctionnelles de la postménopause
sont dues à une anomalie de la maturation de l’endomètre
induite par un déséquilibre hormonal. Elles ne doivent Elles concernent les différents étages des voies génitales
être retenues qu’après avoir éliminé les causes citées basses ou hautes. Elles peuvent être d’origine organique
plus haut par l’examen clinique et le bilan paraclinique. ou fonctionnelle.
Modification de présentation
Le dosage de CODENFAN mentionné dans la question sur « La douleur » (Lassalle-Fontaine C, Rev Prat 2000 ; 50 : 539-47)
a changé. Il est dorénavant dosé à 1 mg de codéine base par mL et non 0,62 mg/mL.