Jeûne
Indications
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Présentation
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Pratiqué depuis la nuit des temps, le jeûne est sans doute l’une des plus anciennes approches
d’autoguérison. Même dans la nature, les animaux cessent instinctivement de manger quand ils sont
malades ou blessés. Le jeûne complet consiste à s’abstenir de tout aliment (solide et liquide), à
l’exception de l’eau, pendant une période plus ou moins longue dans le but de reposer, détoxiquer et
régénérer l’organisme. Selon ses tenants, le jeûne contribuerait au maintien d’une bonne santé, au même
titre qu’une saine alimentation, l’exercice physique et l’équilibre émotif. Les gens qui entreprennent un
jeûne, le font généralement pour « faire un grand ménage », et donner au corps des conditions optimales
d’autoguérison. L’application du jeûne à des fins thérapeutiques demeure toutefois un sujet controversé.
Certains praticiens y voient un danger pour la santé ou croient qu’il serait imprudent de l’entreprendre
sans la supervision d’un professionnel de la santé.
Bien que la tradition reconnaisse les vertus du jeûne, les premiers fondements scientifiques ne remontent
qu’à la fin du XIXe siècle. Le Dr Isaac Jennings (1788-1874) fut l’un des premiers médecins américains à
le préconiser. C’est en 1822 qu’il renonce à l’usage de la médication et qu’il opte pour une nouvelle
science de la santé basée sur des principes naturels, dont le jeûne, que l’on appela ensuite hygiène
naturelle ou système hygiénique. D’autres praticiens l’ont imité, mais on doit principalement à Herbert M.
Shelton2 (1895-1985), chiropraticien et naturopathe reconnu comme le père de l’école hygiéniste, d’avoir
élaboré un protocole basé sur un jeûne strict à l’eau, sans exercice physique. Il s’agissait d’un repos
physiologique complet - que recommandait Socrate il y a 2 500 ans! - qui permettrait d’aiguiser son esprit.
Applications thérapeutiques
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Des recherches destinées à déterminer l'efficacité et l'innocuité du jeûne complet, seul ou en combinaison
avec un autre traitement, ont fait état de résultats positifs dans le traitement de diverses affections.
Ainsi, une étude d’observation publiée en 200512 a évalué la faisabilité et l’efficacité de l’intégration d’une
thérapie par le jeûne auprès de 2 121 patients admis dans un département de médecine intégrée d’un
hôpital en Allemagne. Les patients souffraient soit d’une maladie chronique interne soit d’un syndrome de
douleur chronique (arthrite rhumatoïde, maladie inflammatoire de l’intestin, douleur relié au système
locomoteur, syndrome de l’intestin irritable, maladie pulmonaire, migraine, céphalée, etc.).
Tous les patients ont reçu des traitements d’acupuncture, d’hydrothérapie, et de diverses approches corps-
esprit, ainsi que des cours sur la nutrition et les habitudes de vie. Il leur était en outre proposé de
participer à un jeûne modifié de sept jours : la consommation exclusive de deux litres de liquide par jour
(eau minérale, jus de fruits, thé, bouillon de légumes), fournissant au total 350 kcal. Quarante-cinq pour
cent d’entre eux ont participé au jeûne. À leur sortie de l’hôpital, les patients ayant jeûné ont rapporté une
amélioration de leur symptôme principal significativement plus grande comparativement aux autres
patients. Aucun effet secondaire sérieux ne fut rapporté. Les auteurs ont conclu qu’une thérapie par le
jeûne était une méthode sécuritaire et efficace pouvant être incorporée dans un concept de médecine
intégrée.
Recherches
Soulager l’arthrite rhumatoïde. Diverses études ont démontré que des changements dans
l’alimentation peuvent avoir un impact positif sur les symptômes des patients souffrant d’arthrite
rhumatoïde13. En ce qui concerne le jeûne, une synthèse systématique parue en 2001 a identifié quatre
études contrôlées, incluant au total 143 sujets, qui ont évalué l'impact d'un jeûne de 7 à 23 jours suivi
d'une diète végétarienne14. Des améliorations à long terme furent observées chez les sujets des groupes
de jeûneurs (diminution de la douleur, augmentation de la capacité fonctionnelle) comparativement aux
groupes contrôles. Les auteurs de cette synthèse systématique ont conclu qu’il pourrait s’agir d'un
traitement complémentaire intéressant, mais que des études supplémentaires seront nécessaires afin
d’en valider l’efficacité.
Contribuer au traitement de l’hypertension. Deux essais ouverts sans groupe contrôle, ayant
comme objectif d’évaluer l’efficacité d’un jeûne médicalement supervisé dans le traitement de
l’hypertension, ont été publiés15,16. Dans les deux cas, les patients ont consommé uniquement des fruits et
des légumes pendant deux à trois jours, puis seulement de l’eau pendant les dix à onze jours suivants, et
ont complété le programme par une diète végétarienne de six à sept jours. Les 174 patients du premier
essai avaient une pression sanguine élevée (supérieure ou égale à 140/90 mm/Hg depuis au moins
12 mois) et ne prenaient pas de médicaments. Les 68 patients du second essai n’avaient qu’une pression
sanguine limite (pression systolique entre 120 mm/Hg et 140 mm/Hg combinée à une pression diastolique
inférieure à 91 mm/Hg). Les résultats des deux études indiquent une diminution statistiquement
significative de la pression sanguine. De plus, 89 % des sujets de la première étude et 82 % de ceux de la
seconde présentaient des valeurs normales de pression à la fin de l’intervention.
Les auteurs de ces essais ont conclu que, bien que les résultats soient encourageants, des études
contrôlées portant sur un plus grand nombre de sujets et évaluant si les effets se maintiennent dans le
temps seront nécessaires afin de pouvoir statuer sur l’efficacité de cette approche.
Induire une perte de poids. Bien sûr, le jeûne permet de perdre du poids. À long terme cependant, le
jeûne ne semble pas une manière efficace d’y parvenir. Il faut aussi modifier son style de vie, adopter de
saines habitudes alimentaires et faire de l'exercice physique. Une étude ouverte sans groupe contrôle17 a
été effectuée sur 207 personnes souffrant d’obésité morbide et hospitalisées dans le but de perdre du
poids par un jeûne d’une durée prévue d’environ deux mois. Les résultats indiquent que le jeûne (durée
moyenne de 47 jours) a été efficace pour faire perdre du poids (28,2 kg en moyenne). Cependant, parmi
les 121 sujets ayant participé aux visites de suivi, 50 % avaient repris leur poids initial après deux à trois
ans, et plus de 90 %, après sept ans.
Les résultats d’une étude ouverte sans groupe contrôle18 portant sur 16 sujets non obèses indiquent que
jeûner un jour sur deux peut induire une perte de poids. Les sujets ayant suivi ce régime pendant 22 jours
ont vu leur poids diminuer de 2,5 % en moyenne et leur gras de 4 %.
Améliorer la qualité du sommeil. Une étude pilote sans groupe contrôle19, portant sur 15 sujets non
obèses âgés de 19 ans à 59 ans ayant observé un jeûne complet d’une durée de sept jours, a donné des
résultats prometteurs. Les résultats ont démontré que le jeûne n’avait pas d’impact sur le temps total de
sommeil, mais qu’il diminuait le nombre de réveils pendant la nuit. De plus, des améliorations en ce qui
concerne la qualité subjective du sommeil, l’énergie journalière, la balance émotionnelle perçue et la
concentration ont aussi été observées.
Contribuer au traitement de la pancréatite aiguë. En cas de pancréatite aiguë, le jeûne est souvent
de mise en raison des douleurs et de l'intolérance digestive du patient. Un essai clinique randomisé20
réalisé auprès de 88 sujets a comparé les effets de trois traitements : le jeûne complet seul, une
combinaison jeûne complet et cimétidine (un médicament visant à réduire la quantité d’acide produit par
l’estomac), et la succion nasogastrique (aspiration des liquides de l’estomac à l’aide d’un tube inséré par
le nez). Chaque traitement s’est poursuivi jusqu’à ce que le patient ne ressente plus de douleur pendant
au moins 24 heures. Le jeûne seul et le jeûne accompagné de cimétidine ont tous les deux donné de
meilleurs résultats que la succion nasogastrique. La reprise de l’activité intestinale normale a été plus
rapide et la prise d’analgésiques a été réduite. Enfin, il n’y a que le jeûne seul qui a permis de diminuer de
façon significative la durée de la douleur abdominale.
En pratique
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Avant d’entreprendre un jeûne complet ou partiel, il est recommandé de vérifier son état de santé auprès
d’un médecin, particulièrement pour les personnes sous médication. De plus, l’intervenant qui supervisera
le jeûne doit donner des consignes précises. Il effectuera aussi un bilan de santé avant que le jeûne
commence, puis un examen de contrôle quotidien (le pouls, la pression artérielle, le poids, la
température).
Il existe de nombreux centres de jeûne aux États-Unis, au Canada, en Angleterre et en Australie qui
offrent des services selon le protocole établi par l’International Association of Hygienic Physicians (IAHP).
Des professionnels de la santé (infirmières, médecins, naturopathes, psychologues, etc.) offrent
également des jeûnes supervisés dans des centres de détente et des auberges de santé un peu partout
dans le monde. Les établissements qui ne suivent pas la méthode classique (le jeûne à l’eau et le repos
complet) proposent souvent des activités physiques de courte durée (la marche, le yoga, les exercices de
respiration, etc.), d’autres approches complémentaires (la massothérapie, l'aromathérapie, l'acupuncture,
l'art-thérapie, etc.) et même des cours de formation en cuisine végétarienne et en hygiénisme, par
exemple.
Il n’y a pas de moment idéal pour entreprendre un jeûne. Certains praticiens, en accord avec diverses
traditions, recommandent les périodes de transition du printemps et de l’automne, mais ceci n’est pas une
règle absolue. Quand on ressent le besoin de faire un grand ménage, c’est peut-être le bon moment...
Au début du jeûne, il se peut que la faim vous tiraille, mais cette sensation disparaît généralement après
deux ou trois jours. Elle fait souvent place à une sensation de légèreté, voire à une certaine euphorie et
une plus grande clarté d’esprit. La perte de poids initiale est essentiellement attribuable à une élimination
d’eau et de sel. Ensuite, pour chaque kilo en moins, le corps perd approximativement 310 g de protéines
et 550 g de graisse. Si la réduction de nourriture a été respectée durant la phase préparatoire, les
symptômes secondaires (le mal de tête, l'insomnie, la nausée, les étourdissements, l'irritation cutanée, les
odeurs corporelles, les douleurs musculaires) sont généralement momentanés.
Livres, etc.
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Bölling Gisbert. Le Jeûne, Éditions La Plage, France, 2004.
L’auteur accompagne des jeûneurs depuis 1990. Son livre rend compte, sous forme de
questions/réponses, d’à peu près tout ce qui a été écrit sur le jeûne depuis le début du XXe siècle.
Le site de la Soil and Health Library donne accès gratuitement à une série d'ouvrages sur la santé
naturelle, dont le jeûne, publiés par des spécialistes, dont M. Shelton, presque tous en version intégrale.
[Consulté le 6 décembre 2006].
www.soilandhealth.org
Sites d’intérêt
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Fédération française de jeûne et randonnée
Bien documenté, le site présente entre autres les méthodes du Dr Guelpa et du Dr Yves Vivini (section
Textes) avec un exposé des effets du jeûne sur les fonctions de l'organisme.
www.ffjr.com
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Bibliographie
Pizzorno JE Jr, Murray Michael T (Ed). Textbook of Natural Medicine, Churchill Livingstone, États-Unis, troisième
édition, 2006.
Shelton Herbert M. Le jeûne. Courrier du Livre, France, 1994.
Chaitow Leon. Fasting for Health and as an Anti-Aging Strategy, HealthWorld Online. [Consulté le 6 décembre
2006]. www.healthy.net
Vinini Yves. Le Jeûne et les traitements naturels. [Consulté le 6 décembre 2006]. http://perso.wanadoo.fr
Fasting for Health : Psychological and Spiritual Effects of Fasting. [Consulté le 6 décembre 2006].
www.geocities.co.jp
Notes