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Crise financière : le rôle des banques centrales


Marche - 11 octobre 2008 - Auteur : Fimarkets

Continuons notre dossier sur la crise financière d’octobre 2008 avec


l’analyse du rôle des banques centrales. Fimarkets nous présente le
rôle des banques centrales en temps normal et leurs rôles durant cette
crise.
La crise financière actuelle a mis sur le devant de la scène les banques
centrales qui jouent un rôle important à la fois au cœur des marchés en
tant que régulatrices de la quantité (masse monétaire) et du prix (taux à
court terme) de la monnaie, et au-dessus des marchés en tant
qu’autorités de surveillance. Le présent article vise à décrire un peu
plus précisément l’action des banques centrales en ce qui concerne le
premier volet et ce faisant, à dissiper quelques incompréhensions dues
aux raccourcis souvent opérés dans la presse à ce sujet assez
technique il faut bien le dire.

Les banques centrales et leurs outils


Régulateur du marché interbancaire
Les banques commerciales interviennent sur le marché interbancaire pour placer leurs liquidités
excédentaires ou au contraire pour obtenir des liquidités, ou pour lisser leur trésorerie prévisionnelle en
fonction des mouvements de fonds qu’elles prévoient. Les paiements interbancaires se font exclusivement en
monnaie centrale, c’est-à-dire par mouvements entre les comptes que les agents bancaires détiennent à la
banque centrale.
En fonction des tensions constatées sur le marché interbancaire, la banque centrale intervient pour injecter
ou au contraire retirer des liquidités. Ces interventions lui permettent d’influer sur les taux pratiqués sur le
marché interbancaire, qui eux-mêmes déterminent les taux auxquels peuvent emprunter les agents non
bancaires, et ainsi de contrôler la croissance de la masse monétaire afin d’éviter l’inflation (objectif principal
de la BCE tel que le traité de Maastricht l’a établie).

Les outils de régulation


Au sein de l’Eurosystème (ensemble formé par par la BCE (Banque Centrale Européenne) et les Banques
Centrales), ces interventions se font principalement:
En permanence, par le biais des réserves obligatoires, qui imposent aux banques d’immobiliser une partie
de leur trésorerie à la banque centrale. Cette disposition contraint les banques à venir plus souvent se
refinancer auprès de la banque centrale et permet donc à celle-ci de mieux contrôler les taux.
Au jour le jour, par le biais des facilités permanentes, auxquelles les banques ont un accès discrétionnaire
(à condition d’apporter des garanties suffisantes pour les prêts, cf plus bas). Les facilités permanentes sont
des prêts (facilité de prêt) ou des emprunts (facilité de dépôt) d’une durée de 1 jour consentis par la banque
centrale à tout établissement de crédit titulaire d’un compte dans ses livres qui en fait la demande.
A une semaine ou à 3 mois, par le biais d’apports de liquidité sous forme de prêts aux établissements de
crédit négociés par voie d’appels d’offres. Cette fois le montant global alloué est plafonné par la BCE en
fonction de ses prévisions de liquidité du marché interbancaire. Ce sont donc les établissements qui font les
meilleurs offres qui seront « servis » en premier.
Les taux de rémunération des facilités permanentes constituent 2 des taux directeurs de la BCE, celui de la
facilité de dépôt étant le plancher et celui de la facilité de prêt le plafond d’un « corridor » au sein duquel va
s’établir le taux des prêts-emprunts que les banques négocient entre elles (l’EONIA). Le taux des appels
d’offres hebdomadaires ou « opérations principales de refinancement » constitue le le principal taux directeur
de la BCE et est situé très exactement au milieu du « corridor ».

Le cadre et l’objectif des outils de régulation


D’autres instruments de mise en œuvre de la politique monétaire sont à la disposition de la BCE mais il serait
trop long de les détailler ici. De même, les autres banques centrales comme la Federal Reserve ou la Bank of
England interviennent également avec des outils similaires.
Cependant, il est très important, en particulier en ce qui concerne les opérations d’octroi de liquidité, d’avoir
en tête que :
Ce sont des prêts consentis par la banque centrale aux établissements de crédit, que ceux-ci vont donc
devoir rembourser. Quand on dit que la banque centrale « injecte des liquidités », cela ne signifie donc pas
qu’elle fait marcher la planche à billets.
Elles n’ont pas pour objectif de renflouer un ou plusieurs établissements de crédit en particulier. Tous les
établissements de crédit y ont en effet accès, et l’objectif de l’opération est d’agir sur le marché monétaire
dans sa globalité.
Ces opérations se font systématiquement contre des garanties, titres ou créances, que les établissements
remettent à la banque centrale. Si l’établissement est en défaut, et ne peut pas rembourser, la banque
centrale conserve les titres et les vend sur le marché pour rembourser le prêt.

Le rôle de la banque centrale en fonction de la situation économique


En temps normal, les établissements de crédit ne vont se refinancer auprès de la banque centrale qu’en
dernier recours, car il peuvent en principe trouver des conditions plus avantageuses sur le marché
interbancaire. Tout le jeu - subtil - de la banque centrale consiste donc à entretenir un certain déficit global de
liquidité de façon à contraindre les banques à venir se refinancer auprès de la banque centrale juste assez
pour que celle-ci puisse maintenir son contrôle sur les taux mais pas trop pour ne pas créer une situation de
déficit général de liquidité qui bloquerait les circuits financiers normaux.
En temps de crise, la confiance mutuelle que se font généralement les établissements de crédit est mise à
mal : chacun soupçonne les autres d’aller plus mal que lui, et de ce fait les transactions sur le marché
interbancaire ne se font plus. Les banques qui ont des excédents de trésorerie répugnent à placer ceux-ci
auprès de leurs consoeurs, et celle qui ont un besoin de financement ne trouvent pas à se couvrir sur le
marché. Elles vont donc toutes se tourner vers la banque centrale.

Le rôle des banques centrales pour la crise des subprimes


En parallèle, la valeur boursière des titres chute, or ceux qui acceptent encore de prêter ne le font que contre
des garanties : le gisement de collatéral disponible pour obtenir du refinancement tend également à
s’assécher. La crise actuelle, partie du marché du crédit avec la crise des subprimes, est particulièrement
symptomatique de ce type de situation. Ainsi, la quantité de titres disponibles a même chuté dans la mesure
où les émissions nouvelles d’actifs issus de la titrisation ont quasiment stoppé, et où les actifs titrisés
présents sur le marché, y compris ceux qui pourraient en temps normal être considérés comme « sains », ont
perdu considérablement de la valeur.
Dans ce contexte, que peuvent faire les banques centrales ? Tout d’abord il faut se convaincre qu’elles ne
vont pas pouvoir, ni à court ni à moyen terme, agir sur les causes de la crise qui dépasse largement leur
périmètre d’action. Par contre les outils dont elles se sont dotées peuvent leur permettre d’assouplir les
tensions constatées sur le marché monétaire.

Se substituer au marché interbancaire


Dans l’immédiat, les banques centrales vont donc se substituer au marché interbancaire, bloqué, pour fournir
davantage de liquidité en:

http://www.finance-etudiant.fr/articles/crise-role-des-banques-centrales.html 16/03/2009
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Allongeant la maturité des opérations de refinancement, ce qu’à fait la BCE en augmentant le montant
de ses opérations à 3 mois, et en créant une nouvelle opération de refinancement à 6 mois.
Augmentant la fréquence et le volume des opérations d’apport de liquidité : la BCE a déclenché 6
opérations d’apport de liquidité à 3 mois et 2 opérations à 6 mois depuis juillet 2008 (les opérations à 3 mois
ont normalement lieu tous les mois).
Elargissant l’éventail des créances ou titres admis en collatéral, ce qu’a fait la Federal reserve en
acceptant en garantie l’équivalent américain des billets de trésorerie (commercial paper).
Elargissant l’éventail des contreparties éligibles (banques) au refinancement direct auprès de la banque
centrale : la BCE l’a fait en autorisant l’ensemble des banques éligibles aux opérations principales à
participer à certaines opérations plus spécifiques (non décrites dans ce document), dites de « réglage fin ».
Sur ce plan la Fed est allée beaucoup plus loin en donnant l’accès à ses opérations à des agents non
bancaires.
Renforçant la coopération internationale entre banques centrales :
Ainsi la Fed et la BCE ont conclu un accord de « swap » permettant aux établissements de crédit européens
de venir se refinancer en dollar, via la « Term Auction Facility » de la Fed, auprès de la BCE contre du
collatéral éligible aux opérations de refinancement en Euro. En effet depuis le début de la crise les
établissements européens ont du mal à se refinancer en dollar.
La récente baisse des taux directeurs s’est fait simultanément sur plusieurs places, en concertation entre les
banques centrales concernées (Union Européenne, Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Suisse, Suède) .

Intervention directe auprès des banques


La Federal Reserve est allée encore plus loin en intervenant directement auprès de certains établissements
comme AIG, ce que la BCE n’a pour le moment jamais fait (et ne fera probablement pas, ni ses statuts ni ses
moyens ne le lui permettant).

Rétablir la confiance et pérenniser le marché


Ces actions à court terme visent à rétablir la confiance au sein du marché interbancaire, mais il ne faut pas
oublier que les banques centrales agissent également en tant que régulateurs et autorités de surveillance. A
ce titre elles participent à la réflexion concernant les moyens de prévenir la survenance de crises de ce type,
et participeront à la mise en œuvre des décisions qui en découleront. Il est encore trop tôt pour connaître les
modifications du paysage réglementaire que la crise va induire, mais il est certain que seules une négociation
et une mise en œuvre au niveau international leur donneront une réelle efficacité.
Suite du dossier : Les conséquences de la crise sur la Bourse

http://www.finance-etudiant.fr/articles/crise-role-des-banques-centrales.html 16/03/2009

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