le cadre de la pluridisciplinarité
Dr E. PHAN CHAN THE
Médecin du Travail
I. DEFINITIONS
I.1 Le bruit
Le bruit est un son ou un « ensemble de sons qui se produisent en dehors de toute harmonie
régulière » (Dictionnaire de l’Académie française). Le bruit possède des caractéristiques
physiques précises mais est aussi défini par la sensation qu’il engendre, un son interprété
comme désagréable ou gênant.
I.2.1 Norme AFNOR NF S 31-084 (version Août 1987 et version Octobre 2002)
La norme française AFNOR NF S 31-084 (Août 1987) définit trois types de bruit (bruit
stable, fluctuant et impulsionnel).
Un bruit stable est un bruit présentant des fluctuations de niveaux telles que l'écart total de
lecture soit inférieur ou égal à 5 dB sur un sonomètre réglé avec la caractéristique temporelle
S (lente), au cours de l'intervalle d'observation.
Ces définitions ne sont pas reprises dans sa dernière version (Octobre 2002) qui, dans sa
méthodologie cible deux objectifs de mesurage (le mesurage de contrôle et l’évaluation du
risque à moyen terme).
La norme ISO 3746 distingue également quatre types de bruit (stable, fluctuant, intermittent et
impulsif).
Ils différencient également un bruit particulièrement « stable », bruit dont les fluctuations de
niveaux telles que l’écart total de lecture soit inférieur voire égal à 2 dB sur un sonomètre
réglé avec la caractéristique temporelle S (lente), au cours de l’intervalle d’observation.
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Cette différenciation facilite jusqu’à présent le choix de la stratégie de la métrologie à
employer (sonométrie, exposimétrie, postographie, cartographie) et donc du choix de
l’appareillage (sonomètre simple ou intégrateur avec ou sans mémoire, exposimètre).
I.2.3 Conseil National du Bruit et Groupe de Travail animé par l’I.N.R.S. (1994)
Pour ce Groupe de Travail, il y a toujours trois aspects dans le bruit :
- il est émis par une machine ou une activité bruyante,
- il se propage dans un milieu, le local de travail,
- il est reçu par les oreilles de travailleurs exposés.
Ainsi, quand on parle d’exposition, on s’intéresse au bruit que reçoivent les travailleurs. Il
dépend de trois facteurs indiqués : les machines ou équipements bruyants en fonctionnement,
les caractéristiques des locaux de travail, la localisation de l’activité professionnelle. Le bruit
reçu varie donc en fonction de l’espace et du temps. Le type de bruit reçu par un travailleur
peut donc être classé selon la présence ou l’absence de trois caractéristiques :
- les évènements acoustiques intenses,
- les fluctuations du bruit reçu habituellement,
- le caractère répétitif, cyclique, de l’exposition.
Le classement du bruit reçu par les travailleurs dans ces diverses catégories permettra
d’élaborer un plan de mesurage adapté aux situations d’exposition professionnelle.
II. APPAREILLAGE
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II.2 Chaînes de mesure par enregistrement
Ces chaînes de mesurage enregistrent le signal acoustique en continu, pendant une durée
comprise entre quelques minutes et plusieurs heures. Le traitement différé des données fournit
de nombreuses indications (séries chronologiques, analyses spectrales,…) utiles pour les
études de réduction du bruit des machines, mais peu adaptées au mesurage de l’exposition
sonore des opérateurs.
Les constantes Impulse, Fast et Slow sont appelées les pondérations temporelles.
Leur choix pour la mesure d’un bruit est très important.
Ainsi, une impulsion isolée d'une durée de 50 ms, mesurée sur la constante Slow, sera trop
pondérée : la moyenne est effectuée sur un temps trop long.
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II.5 Types d’appareillage
II.6 Calibrage
Avant d’entamer une série journalière de mesurage, tous les appareils doivent être calibrés.
Cette opération s’effectue sur le site à contrôler, avant le début et au terme de chaque série
journalière de mesurage, à l’aide d’une source sonore d’étalonnage. Si la vérification de
calibrage fait apparaître une dérive de plus de 0,5 dB entre le début et la fin de la journée, il
faut annuler les résultats et recommencer le mesurage.
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- un niveau d’exposition sonore quotidienne atteignant ou dépassant 85 dB (A),
- et/ou un niveau de pression acoustique de crête atteignant ou dépassant 135 dB(C).
Ce tableau, sans aucune valeur réglementaire, permet une estimation très approximative. Il
aide essentiellement à identifier les locaux (ici en gras) où une estimation plus précise, à l'aide
d'un sonomètre, paraît souhaitable. Cette estimation sera bien sûr réalisée en des lieux et à des
moments significatifs de l'exposition.
La norme NF S 31-047 (Mai 1975) fournit des critères de perception de la parole dans le
bruit, mais sans prise en compte du port d'un Protecteur Individuel Contre le Bruit (P.I.C.B.).
La norme NF ISO 7731 (1987) remplacée par la norme NF EN 457 (1992) présente des
critères objectifs et subjectifs de perception des signaux sonores auditifs de danger, prenant en
compte l'utilisation d'une protection auditive et éventuellement une déficience auditive du
porteur.
L’employeur procède à une nouvelle estimation tous les trois ans ou lorsqu’une modification
des installations ou des modes de travail est susceptible d’entraîner une élévation des niveaux
de bruit (Art. R. 232-8-1,1 du Code du Travail).
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Il est à rappeler que la Directive 2003/10/CE du 6 février 2003 concernant les prescriptions
minimales de sécurité et de santé relatives à l’exposition des travailleurs aux risques dus aux
agents physiques (bruit) fixent comme indicateurs d’exposition sonore :
- P acoustique de crête (Pcrête) : valeur maximale de la P acoustique instantanée mesurée
avec la pondération fréquentielle C,
- Niveau d’exposition quotidienne au bruit (L EX, 8h ) et niveau d’exposition hebdomadaire au
bruit, niveaux définis par la norme ISO 1999 :1990.
Cette directive fixe également :
- les valeurs limites d’expositions L EX, 8h = 87 dB (A) et Pcrête = 200 Pa ou 140 dB (C),
- les valeurs d’exposition supérieures déclenchant l’action : L EX, 8h = 85 dB (A) et Pcrête =
140 Pa ou 137 dB (C),
- les valeurs d’exposition inférieures déclenchant l’action : L EX, 8h = 80 dB (A) et Pcrête = 112
Pa ou 135 dB (C).
Cette directive préconise d’utiliser la norme ISO 1999 :1990 pour évaluer les expositions
sonores et entre en vigueur pour les Etats membres au plus tard le 15/02/2006.
Cette technique consiste à définir un maillage (ou quadrillage) des ateliers, puis à mesurer le
niveau sonore dans chaque maille. Dresser une "carte de bruit" peut faciliter la localisation
dans un atelier des zones d'activités les plus bruyantes et guider le choix de priorités dans des
programmes de réduction sonore dès lors que ces zones correspondent aussi à des lieux de
forte exposition sonore pour le personnel.
Mais une carte, établie par ce procédé, ne représente pas l'exposition des travailleurs au cours
de leur travail : le microphone placé dans une maille d'atelier, capte le bruit ambiant à cet
endroit, mais pas le bruit que reçoivent les travailleurs exposés durant leurs diverses activités.
Elles n'ont de signification que si le bruit est stable, ou s'il est fluctuant mais périodique.
IV. Norme AFNOR NF S 31-084 (Octobre 2002) – Méthode de mesurage des niveaux
d’exposition au bruit en milieu de travail
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variations à moyen terme du processus de travail (quelques semaines, quelques mois, une
année par exemple).
Les rapports de mesurage d'exposition sonore qui font référence à cette norme se doivent de
respecter scrupuleusement ses recommandations au risque sinon de voir leurs résultats
discutables et/ou contestés sur le fond et/ou sur la forme.
V.2 Pluridisciplinarité
La loi de modernisation sociale n° 2002-73 du 17 janvier 2002 rend obligatoire la
pluridisciplinarité. Cette obligation est conforme aux recommandations européennes plus
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anciennes (Directive 89/391/CEE du 12 juin 1989).
Le Décret n° 2003-546 du 24 juin 2003 pris pour application de l’article L. 241-2 du Code du
Travail décrète que les services de santé au travail fassent appel aux intervenants en
prévention des risques professionnels.
Le médecin du travail en tant que préventeur de terrain occupe donc une place privilégiée
dans cette équipe pluridisciplinaire en devenir.
Grâce à sa connaissance de l’état de santé du salarié à travers le dossier médical, son action
sur le terrain comme coordonnateur de cette équipe pluridisciplinaire ne sera que plus efficace
afin de répondre au mieux aux attentes du monde du travail.