On pouvait sattendre ce que Carnegie et ses adeptes rduisent le management la prise de dcision. Mais Harvard a fait exactement la mme chose. Par exemple, le manuel de Business Policy, dont nous avons parl plus haut (Christensen et al. 1982), utilisait frquemment les mots choix et dcision pour dcrire le processus de la stratgie, comme si laborer une stratgie tait lquivalent de prendre une dcision (ce qui est vrai, bien sr, dans une tude de cas ralise dans une salle de cours). Mme la Harvard Business Review sest longtemps dcrite comme le magazine des dcideurs. Nous lavons dj fait remarquer : sil est vident que les dirigeants doivent prendre des dcisions, il apparat incomparablement plus important, surtout dans les grandes entreprises en rseau constitues essentiellement de travailleurs du savoir, de voir ce quils font pour amliorer les capacits de prise de dcision des autres. Sil est dj hautement regrettable de rduire le management la prise de dcision, il est plus grave encore de rduire la prise de dcision lanalyse. Formellement, au moins, le processus de prise de dcision comporte plusieurs tapes : on commence par identifier le problme, on en diagnostique ensuite la nature, puis on trouve ou on invente des choix possibles, on value ces derniers pour en slectionner un seul, enfin on passe laction. La plupart de ces tapes relvent de lintangible (voir Mintzberg et al. 1976), elles ne se prtent donc pas lanalyse systmatique. La seule exception, cest lvaluation des choix possibles, cest donc sur ce point prcis que se concentre la prise de dcision traite en analyse. Approche troite sil en est. Cest un problme classique de type push et pull. Les programmes de management poussent des thories, des concepts, des modles, des outils et des techniques, quelles offrent des tudiants coups du rel. Dans la pratique du management, en revanche, il sagit plutt de pull tirer, aller chercher ce qui convient dans une situation donne.