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1. LA PEDAGOGIE TRADITIONNELLE
Emile Durkheim
Alain
Eduquer, c’est connaître et faire connaître,c’est un instrument pour saisir les choses, pour
atteindre la vérité et refuser l’erreur de l’immédiat, c’est disposer d’un jugement, rejeter tout
ce qui est de l’ordre des croyances, c’est d’abord l’éducation de l’Homme, de sa volonté et de
sa liberté. Selon lui l’enfance est un état mental et non un âge réel, c’est une manière
d’appréhender le monde. Le petit enfant se passe de règles et de modèles dans sa première
connaissance, et il confond le réel et l’imaginaire .Ses connaissances commencent par les
sens : le premier étant la vue, qui est, par essence, trompeuse car elle donne à voir sans laisser
comprendre pourquoi. Vivant dans un monde déjà humanisé, il doit faire des signes pour se
faire comprendre, il a donc un rapport actif aux mots. Son désir spécifique est de devenir
adulte. Ce qui le pousse hors de l’enfance, c’est l’orgueil et l’ambition. Sans ces sentiments, il
n’est pas éducable. L’enfant aime imiter l’adulte.
Le modèle d’Alain est la discipline et l’effort, c’est une pédagogie sévère où le bonheur est le
résultat final du travail. Il prêche une approche méthodologique semblable au solfège et à
l’apprentissage d’un instrument de musique : patience, répétitions, imitation. L’école est un
lieu où l’erreur est normale, c’est même une pratique répétée.
Jean Piaget
Comprendre la nature de l’enfance est pour lui une nécessité. En effet, l’enfant passe par un
certain nombre d’étapes de son développement qui sont des structures successives et stables :
il les appelle les stades. A chaque stade correspond un enseignement.
L’épistémologie génétique qu’il étudie est une analyse critique des processus fondamentaux
d’acquisition des connaissances. Il veut décrire les modes d’apparition de structuration
cognitive. Les connaissances ne s’acquièrent pas par une addition d’informations extérieures,
elles s’organisent, se structurent par une relation du sujet connaissant et de l’objet à connaître.
Il affirme la possibilité universelle de résoudre des problèmes et d’évoluer, il croit en la
perfectibilité de l’homme au-delà de l’innée. Sa psychologie de l’intelligence est conçue
comme une faculté globale de co-ordinner des actions et des opérations. La connaissance se
construit par l’expérience sensorielle en interaction avec la raison. Il propose des méthodes
actives où le rôle de l’adulte est fondamental : il doit favoriser la construction des
connaissances. Toute conduite consiste en une assimilation d’une donnée nouvelle qui
modifie le schéma intérieur de comportement. L’intelligence est donc successive et
progressive. Le rôle de l’école est d’aider les assimilations et les accumulations qui
impliquent cette évolution. En outre l’école doit adapter les valeurs transmises à celles de la
société par les programmes.
Henri Wallon
Skinner
2. LA PEDAGOGIE NOUVELLE
A la fin du 19è siècle, naît une nouvelle pédagogie fondée sur deux postulats :
- l’enfant a sa propre vie et a le droit de vivre heureux
- la nature de l’enfant est bonne, c’est l’éducation mal conçue par l’adulte et l’adulte lui-
même qui pervertissent cette nature (cf. J.J.Rousseau)
Edouard Claparède
Auguste Ferrière
Sa pédagogie active est fondée sur les centres d’intérêt. L’activité spontanée est la base de
tout travail. Il parle d’appétit de savoir. A partir des centres d’intérêt, s’expriment la curiosité
et la spontanéité naturelles des enfants. Les leçons se systématisent grâce à ces deux qualités.
L’éducation morale de Durkheim doit s’effectuer à l’intérieur d’un groupe qui doit pratiquer
l’autogouvernement et permettre ainsi l’autonomie relative des élèves qui s’entraident.
Dewey
Il crée une école laboratoire, selon lui démocratique, où les programmes sont définis par
l’ensemble des enseignants. Toute activité développée dispose de périodes libres par travail en
équipe : c’est le principe de concertation. Il met en relation l’activité sociale , le principe
d’expérience et la situation comme déterminants de l’activité des élèves. Il est contre un
programme nationalisé dans lequel les enfants ne retiennent que des informations et non de
véritables connaissances. L’école doit être centrée sur le principe d’expérience. Les classes
sont fonctionnelles et commencent toujours par une discussion entre les élèves et le professeur
à propos des activités.
Il distingue cinq étapes de pensée réfléchie qui surgissent quotidiennement :
- la reconnaissance d’un problème
- la définition et la clarification du problème
- la définition d’hypothèses, de solutions possibles
- la projection des conséquences
- le choix d’une hypothèse et sa mise à l’épreuve
Ces étapes doivent être nécessairement développées auprès des élèves.
La tâche principale de l’éducation réside dans la coordination des facteurs psychologiques et
sociaux. La psychologie requiert que l’individu puisse utiliser librement toutes ses capacités
personnelles. La coordination exige que l’enfant s’exprime à des fins sociales. Le rôle de
l’école est de servir la société. La communauté permet de développer chez l’enfant un
sentiment de coopération mutuelle grâce à une division des tâches dans la salle de classe.
L’éducation est une nécessité sociale, elle consiste en une transmission par la
communication, le partage de l’expérience permettant une possession commune.
Ovide De Croly
Médecin qui s’intéresse aux maladies mentales et aux enfants anormaux qu’il appelle
« irréguliers », il adopte une approche psychologique appropriée à la variété des enfants :
c’est la pédagogie différenciée. L’enfant doit s’interroger, réfléchir et traiter un sujet dans sa
globalité. C’est tout un programme pour et par la vie. Sa volonté est que l’école se développe
dans un milieu naturel où les enfants pourront assister aux phénomènes naturels. Pour le
bonheur des enfants, il faut les aider à se préparer à l’existence, les éduquer à la vie. Les
activités proposées permettent l’autonomie et livrent les qualités morales nécessaires pour
affronter les difficultés de la vie, pour créer et développer une cellule familiale, pour entrer
dans la société.
Selon lui l’évolution de l’enfant dépend de deux facteurs :
-l’hérédité qui donne les traits communs au groupe
-le milieu qui exerce une influence et fait évoluer les tendances héréditaires.
Les tendances acquises seront confrontées à la réalité et à la puissance d’un milieu favorable
ou non.
La pédagogie doit s’inspirer de l’histoire biologique de l’homme et la rapporter au système
éducatif, permettant à l’enfant les mêmes conditions d’observation et d’adaptation qui ont
conduit l’homme dans son évolution. L’enfant reproduit ainsi les étapes vécues par l’espèce
humine : c’est la théorie de la récapitulation.
Sa deuxième idée est celle de la globalisation : c’est la totalité de l’individu qui pense, agit,
perçoit. L’esprit se développe par syncrétisme. Cette fonction a trois étapes :
- l’observation, qui encourage le travail et stimule l’intérêt
- l’association : élaboration d’idées grâce à l’étude et la comparaison des objets
- l’expression, ou la traduction des idées induites par association.
L’apprentissage ne doit plus se faire que par l’ouïe mais aussi par la vue et tous les autres
sens ; et il doit être réaliste, (il critique par exemple les récits de fiction où la réalité est
déformée). L’enfant doit être éduqué à la vie.
Première femme médecin d’Italie, elle porte un intérêt aux enfants « arriérés ». Elle est
persuadée qu’il faut développer tous les sens et propose une pédagogie réparatrice. Le
développement sensoriel est assuré par un matériel spécifique adapté à l’âge et qui respecte la
liberté et la nature de chacun. Chaque enfant choisit librement ses activités car elles
correspondent intuitivement aux besoins immédiats de son développement. Son objectif est de
développer les sens, de réveiller les activités motrices, de susciter l’attention. L’enfance n’est
pas seulement une étape vers la vie adulte, ce sont des formes différentes de vie humaine.
L’enfant est situé au centre des activités. Il règne dans les écoles une ambiance de liberté,
dans laquelle l’enfant doit pouvoir évoluer librement. Mais la liberté a toujours comme limite
l’intérêt de la collectivité. Le premier devoir de l’éducation est de favoriser le développement
psychique des enfants. La structure et l’ordre y sont pourtant loin d’être négligés, du fait que
le matériel a une place et un rôle fondamental. L’environnement est agencé selon les besoins
de l’enfant et permet de réaliser une tâche du début à la fin. Apprendre à partager et à
maintenir l’ordre font partie de cette pédagogie. Enfin l’enfant doit être en contact avec la
réalité des choses et avec la nature afin de se rapprocher des conditions de vie réelle.
Ses particularités : pas de punition ni de récompense, pas d’entrave à la liberté individuelle,
pas de livres de lecture.
Célestin Freinet(1896-1966)
Freinet élimine l’estrade et place ses élèves en U , il organise ses cours en ateliers par petits
groupes et utilisera des techniques nouvelles comme la photographie ou l’imprimerie. Le vécu
doit devenir une réalité culturelle et laisser des traces : les élèves apprennent à lire et à écrire
en créant un journal de classe où chacun peut écrire les articles sur les nombreuses
« promenades » (on dirait aujourd’hui sortie pédagogique) faites en classe pour découvrir le
village, les métiers, …Il développe aussi la correspondance scolaire et les échanges.
C’est une culture qui repose sur la qualité de la relation à autrui, qui propose une attitude de
compréhension et de tolérance parfois extrême.
August Neill
Pour lui la liberté doit passer par une consécration pour l’éducation. Il créera l’école de
Summerhill, qui sera une expérience inédite de pédagogie libertaire. Il y accueille des enfants
caractériels, marginaux, à qui le système scolaire classique ne convient pas. L’origine de la
délinquance serait la névrose, due à la répression morale et sexuelle, au manque de
compréhension du monde adulte. L’éducateur, qui lui aussi est névrosé, se projette sur
l’enfant et lui transmet ses défauts. Son école spécialisée prend donc le relais de l’autorité
scolaire qui a ses limites. Les enfants y seront libres d’assister ou non aux cours de leur choix,
et il n’y aura ni règlement ni programme déterminés ou officiels.
Le mal moral réside dans la perversion d’une liberté spontanée par des forces anti-vie qui
viennent contredire sa libre extension vers le bonheur. Il suffit d’imposer la liberté pour que
les enfants se développent harmonieusement. Aucun enfant ne doit travailler avant 18 ans. Le
rôle de cette éducation est de permettre de vivre sa propre vie et non celle proposée par les
éducateurs ou les parents. La finalité de l’éducation reste toutefois la socialisation, même si
l’école de Summerhill prépare à une société utopique qui n’existe pas.
Les trois axes de Neill seront :
- ni punition, ni pression, ni contrainte, ni suggestion sur les enfants
- il faut laisser s’exprimer leur sexualité librement
- apprendre à partager spontanément, ou « la régulation par le désir »
Son but était le bonheur des enfants.
Carl Rogers
Lewin
Michel Lobrot
Vasquez et Oury
Leur approche est centrée sur une réorganisation des relations dans la classe et dans
l’établissement en prenant compte explicitement de l’inconscient. Le comportement et le style
des relations dépendent de la qualité et du nombre des échanges. L’institution scolaire codifie
le langage selon trois critères : le réel, l’imaginaire, le symbolique. Le groupe classe se situe
entre le réel et l’imaginaire. Une des sources de cette pratique se trouve dans la
psychothérapie institutionnelle, à laquelle les deux chercheurs ajouteront la théorie de la
médiation. Le maître y a un rôle fondamental : c’est lui qui apporte le savoir, qui multiplie les
échanges et les activités pour que la classe devienne un lieu de parole.
Ivan Illich
L’école obligatoire conduit à l’élitisme et est une entrave aux droits à l’éducation.
L’enseignant est un tuteur, un conseiller, un arbitre, c’est un adulte qui aide dans une relation
éducationnelle. L’école institutionnelle est remplacée par un réseau souple d’échanges, de
relations individuelles : c’est une révolution urgente. L’école est un lieu où l’on rassemble des
enfants autour d’un adulte, obligatoirement, suivant un programme officiel. Or ils
apprendraient plus en dehors de l’école. La critique du système capitaliste se traduit par le
refus de relever le niveau pour des raisons industrielles, technologiques, et donc économiques.
Les institutions visent à satisfaire une certaine catégorie sociale. Il souhaite libérer les savoirs
en créant des réseaux d’accès aux objets éducatifs, d’échange des connaissances,
d’appariement des égaux, d’éducateurs professionnels. Il veut rendre tous les savoirs
accessibles à tous ceux qui ont l’envie d’apprendre.
4. LA PEDAGOGIE DE LA MEDIATION
En rupture avec la pédagogie traditionnelle, les praticiens veulent adopter une approche
pédagogique qui permet d’atténuer les effets négatifs de l’école. Elle est développée pour
lutter contre l’échec scolaire, et consiste dans un premier temps à mettre en place un dispositif
de réparation ou d’assouplissement. Ils mettent en place des groupes de soutien, d’aide.
Philippe Meirieu parle de pédagogie de la « remédiation » : c'est-à-dire porter remède aux
difficultés scolaires. Il définit une relation a trois pôles : l’apprenant, le médiateur, la tâche. Il
faut mettre en place les interactions familiales, sociales et le développement cognitif, car il
s’agit d’un processus où c’est le groupe- personnes qui facilite l’apprentissage d’un individu.
La croyance en l’intelligence de l’être humain est un des postulats, et la médiation,
préventive, rénovatrice, curative, intervient lorsque l’individu a souffert d’une privation,
d’une carence culturelle affectant sa modificabilité.
Psychologue soviétique qui a mis à jour les lois du développement des fonctions psychiques
supérieures : « Chaque fonction psychique supérieure apparaît deux fois au cours du
développement de l’enfant, d’abord, comme activité collective, sociale et interpersonnelle,
puis comme activité individuelle c'est-à-dire comme une propriété intérieure de l’enfant :
intrapsychique. » Le passage de l’inter à l’intra caractérise la médiation. La nature de l’aide
apportée par autrui renvoie aux outils culturels que l’adulte introduit dans l’interaction sujet -
tâche. Dans chaque tâche réalisée par l’enfant, l’éducation doit mettre à disposition les outils
adaptés. La zone proximale du développement permet au jeune, grâce à la médiation et l’aide
de l’adulte, d’apprendre à utiliser certains actes mentaux, avant ue ceux-ci ne soient construits
dans une autre structure mentale.
J. Brunner
Grâce à sa conscience, l’adulte peut fournir un étayage à l’enfant dans le contexte des
interactions sociales, lorsque sa capacité ne lui permet pas de les accomplir tout seul. L’adulte
enrôle l’enfant en suscitant de l’intérêt pour la tâche, en rendant le but plus accessible ; il
maintient l’orientation vers le but en évitant que d’autres objectifs n’interfèrent avec l’activité
en cours ; il signale les caractéristiques déterminantes de la tâche et permet ainsi l’évaluation ;
il contrôle la frustration en rendant moins pénible la résolution des problèmes ; il démontre à
l’enfant, à travers la présentation de modèles, des solutions dans lesquelles se trouve un
certain style d’action. L’apprentissage est perçu comme une transaction, un échange entre
l’apprenant et un membre de sa culture plus expérimenté. Son postulat : le système cognitif
d’un individu est a priori éducable, quel que soit son âge. Les nouveaux outils de cette
méthode sont destinés aux adultes ayant perdu, ou jamais acquis, les capacités élémentaires
d’attention, de contrôle, de planification de l’action sans lesquels l’apprentissage est difficile.
Construire une image positive de soi est déjà un grand pas.
Feuerstein